# 135 avril • juin 2014 • 1,50 €
www.defense.gouv.fr/sante ACTUALITÉS DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES
Dossier
Les réservistes du SSA
Le point sur le projet SSA 2020
1 an d'« Écoute Défense »
Solidarité à la mer
Exercice MEDEVAC aux EAU
# 135
SOMMAIRE ACTU SANTÉ avril • juin 2014 ÉDITO
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Projet ssa 2020 Actualités DOSSIER
Les réservistes
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N
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du SSA
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11-27 VIE DU SERVICE 1 an d'« Écoute Défense » HIA Laveran : cuisine thérapeutique OPEX : un scanner nouvelle génération
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Activités opérationnelles Huit médecins stagiaires participent à la mission Jeanne d'Arc 2014 Solidarité à la mer Exercice MEDEVAC aux Émirats Arabes Unis
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CULTURE Livres
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© Photos couverture : BCISSA /ECPAD - photomontage : BCISSA
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DIRECTION CENTRALE DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES Bureau communication et information - Fort neuf de Vincennes - Cours des Maréchaux - 75614 Paris Cedex 12 - Tél : 01 41 93 27 07 bcissa@dcssa.fr
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Directeur de la publication : Médecin général inspecteur Patrick Godart ; Rédacteur en chef : Médecin chef des services Denis Gutierrez Secrétaire de rédaction : Capitaine Sandra Marcon ; Graphiste - Maquettiste PAO : Technicien supérieur hospitalier Anne-Cécile Delpeuch Impression : Pôle graphique de Tulle BP 290 - 19007 Tulle Cedex - Tél : 05 55 93 61 00 ; Édition : DICOD - 1, place Joffre - 75007 Paris Abonnements payants : ECPAD 2 à 8 route du Fort - 94205 Ivry-sur-Seine - routage-abonnement@ecpad.fr Régie publicitaire : Mme Christelle Touzet (ECPAD) Tél : 01 49 60 58 56 - regie-publicitaire@ecpad.fr ; Numéro de commission paritaire : N°0211 B05691 ISSN : 1165-2268 ; Dépôt légal : Février 2011 ; Tirage : 10 000 exemplaires - 4 numéros annuels
ÉDITO
L
e premier trimestre 2014 se termine. Comme nous le pressentions, il s’est révélé particulièrement dense et exigeant. La sujétion opérationnelle reste élevée et le service doit décliner pour ce qui le concerne les multiples réformes que vivent actuellement les mondes de la Défense et de la Santé.
© DiCoD
Simultanément, le projet de service est entré dans sa phase de mise en œuvre. La « Mission projet » finalise la conception du modèle SSA 2020 grâce à la contribution de multiples groupes de travail. Dans le même temps, chaque chef établissement élabore avec son personnel un projet qui dessine le futur de nos entités à l’échelon local. De ces deux démarches découleront des feuilles de routes qui seront validées dès l’hiver prochain.
Médecin général des armées Jean-Marc Debonne Directeur central du service de santé des armées
Comme je m’y suis engagé, quatre idées forces guident cette étape. Tout d’abord elle est conduite dans le respect de l’identité du Service, de ses valeurs et de sa raison d’être. Ensuite, elle se fait progressivement afin d’atteindre les objectifs sans déstabiliser notre communauté. Elle est également associée à une communication porteuse de sens et transparente pour que chacun puisse s’approprier ce projet. Et enfin, elle s’accompagne d’une large concertation avec l’ensemble des acteurs pour intégrer la grande variété des sensibilités de nos personnels comme de nos partenaires. La condition du personnel, en effet, est un facteur majeur de réussite du projet. C’est pourquoi j’ai voulu qu’un enjeu « Considération », dédié au respect de la condition du personnel dans cette période de changement, soit clairement identifié au sein de la mission projet. Toutefois, et sans attendre, l’action du Conseil de la fonction militaire du service de santé des armées (CFMSSA) sera renforcée au niveau local comme national. Par ailleurs, un comité de la condition du personnel vient d’être créé, ainsi que des postes de conseillers nationaux « Personnel officier» et « Personnel non-officier », qui seront les relais auprès de moi des présidents de catégorie. C’est dans le même esprit que la commission consultative de la réserve opérationnelle a récemment été mise en place. Parallèlement, le dialogue social sera favorisé en veillant tout particulièrement à sa promotion au sein de tous nos établissements. C’est ainsi que nous construirons un dispositif cohérent qui permettra à travers la concertation et le dialogue d’améliorer la condition de tout le personnel du Service, civil et militaire, d’active et de réserve. Parce que le projet SSA 2020 est notre projet, c’est ensemble que nous construirons l’avenir du Service de santé des armées.
4 • Actu santé • # 135 • avril - juin 2014
PROJET SSA 2020
SSA 2020
LE POINT SUR LES TRAVAUX DU PROJET SSA 2020 Le projet de service SSA 2020 préfigure ce que sera le SSA dans les années futures. Passé l’étape de rédaction et de validation du document, les travaux en cours mobilisent un nombre conséquent d’acteurs du SSA, du Ministère de la défense, d’autres ministères et de la société civile, qui constituent la Mission Projet SSA 2020.
Le Médecin général inspecteur Claude Pierre, chef de cette Mission, fait le point sur l’avancement des travaux.
Calendrier du projet SSA 2020 ▼
Calendrier de la phase de conception détaillée ▼
Équipe de coordination de la mission Projet SSA 2020 ▼
Mon général, vos travaux ont débuté à l’issue de la validation du projet par le Ministre de la Défense, le 8 novembre 2013, et de sa présentation au personnel du service, le 25 novembre 2013 par le Directeur central. En quoi consistent-ils? MGI C. Pierre : Le document de 210 pages que constitue le projet de service SSA 2020 n’est pas une fin en soi. Il fonde d'abord une ambition. Il décrit une conception générale de ce que sera le Service en 2020 et au-delà. Avant la mise en œuvre proprement dite, il convient d'assurer une phase de conception détaillée, celle dans laquelle nous sommes actuellement. Elle vise à décrire le modèle du Service à l’horizon 2020, c'est-à-dire ses activités, son organisation, sa gouvernance, ses moyens et les équilibres entre ses grandes fonctions (premier recours, hôpital, ravitaillement, formation et recherche). D’un point de vue méthodologique, ce Modèle SSA 2020 va résulter d’une mise en cohérence de modèles cibles élaborés pour chacune des grandes composantes du Service, à partir d’une description précise du cadre de réalisation du Projet (modalités de mise en œuvre des principes concentration, ouverture, simplification) et des facteurs conditionnant sa réussite (ressources humaines, financières, matérielles et en systèmes d’information). Cette démarche répond à une double logique. Dans une logique descendante, des modèles cibles sont élaborés pour chacune des composantes du Service et dans le même temps, une logique ascendante, fondée sur les projets d’établissements, authentiques visions locales des opportunités, alimente le travail de conception des fonctions. Durant l'année qui vient, mon souci sera de veiller à la cohérence de l’ensemble de ces travaux, d’arbitrer les éventuels débats ou de porter les arbitrages devant le directeur central. Il s'agira aussi de garantir le respect des grands enjeux et principes énoncés dans le projet de service. Pour cela, je m’appuie sur l’équipe de coordination de la Mission Projet SSA 2020. Elle est composée de deux praticiens et de deux OCTA. Elle veille à la cohérence des travaux de la Mission tout en apportant, autant que de besoin, un appui méthodologique à l’ensemble des acteurs. Actu santé • # 135 • avril - juin 2014 •
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Actualités
Ravivage de la flamme sous l’Arc de triomphe © CCH E. Chérel - BCISSA
Plus de trois siècles d’Histoire Créé le 17 janvier 1708 par l’édit du roi Louis XIV, le Service de santé des armées fête cette année ses 306 ans. Le jeudi 16 janvier 2014, le médecin général des armées JeanMarc Debonne, directeur central du service de santé des armées, a ravivé la flamme aux côtés du GCA (2S) Dary, en présence de délégations de l’École du Val-de-Grâce, des hôpitaux militaires, des centres médicaux des armées, de l’Institut de recherche biomédicale des armées et de la direction centrale. Depuis 300 ans, les médecins militaires participent à l’écriture des plus belles pages de l’Histoire. Leurs travaux et recherches contribuent directement aux progrès de la santé publique. Les prix Nobel de médecine de Laveran et de Jacob en témoignent. Le service de santé des armées cultive sa réputation d’excellence aussi bien sur le terrain grâce au concept de prise en charge du blessé au plus près des combats que sur le territoire national avec son parc hospitalier militaire.
Coopération accrue entre hôpitaux civils et militaires Cet accord-cadre est une étape importante dans la perspective d’ouverture à la santé publique que prévoit le nouveau projet du service de santé des armées, SSA 2020. « Nous partageons les mêmes valeurs de service auprès des usagers, qu’ils soient civils ou militaires » a dit M. Jean-Yves Le Drian. Le SSA réforme actuellement en profondeur sa politique d’offre de soins hospitalière, tout en œuvrant pour conserver son excellence dans le soutien médical opérationnel des forces armées pour leur permettre d’entrer en premier sur un théâtre d’opérations, et cela, de façon autonome.
Cette coopération s’inscrit dans l’application de la loi hôpital - patient - santé - territoire (HPST). Elle « vient conforter l’insertion de votre hôpital dans l’offre de soins locale, elle est une garantie du meilleur pour la patientèle de défense et la population messine » a déclaré le ministre de la Défense. 6 • Actu santé • # 135 • avril - juin 2014
© Photos : SIRPA Terre
Un accord cadre de coopérations civilo-militaires a été signé entre l'Hôpital d'instruction des armées (HIA) Legouest de Metz et le CHR de Metz-Thionville, en présence de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, le 6 janvier. Les compétences et techniques en traumato-orthopédie et en imagerie médicale seront désormais mutualisées. Les deux établissements collaboraient déjà dans le domaine de la dermatologie. Le ministre a exprimé le souhait de la constitution d’un groupement de coopération sanitaire (GCS).
Actualités
7 mars
Visite du CEMA au Service de santé des armées
© CC1 E. Chérel - BCISSA/DCSSA
Pose de la première pierre du futur bâtiment d'ingénierie biomédicale des armées ▼
Le général d’armées Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, a effectué sa première visite officielle au service de santé des armées le 7 mars 2014, sur le site de la direction des approvisionnements en produits de santé (DAPSA) d’Orléans. Cette visite du CEMA avait pour but de présenter le SSA et ses cinq composantes à travers la chaîne opérationnelle santé : role 1, role 2, module de chirurgie vitale (forces spéciales) ainsi que la chaine de ravitaillement sanitaire, de la fabrication des produits au stock et transport des matériels médico-chirurgicaux, vitaux pour le soutien santé des militaires en opération.
VISITES DU DIRECTEUR CENTRAL 29 Janvier - Brigade des sapeurs pompiers de Paris (BSPP) ▼
© DAPSA - LTN O. Hyvernat
23 Janvier - DAPSA ▼
© Mme A. Wroblewski - HIA VDG
© BSPP
6 mars - HIA du Val-de-Grâce ▼
Retrouvez toute l’actualité du Service sur Intrasan et sur www.defense.gouv.fr/sante Actu santé • # 135 • avril - juin 2014 •
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Actualités Retrouvez toute l’actualité du Service sur Intrasan et sur www.defense.gouv.fr/sante Carte du soutien médical en OPEX TRIDENT - EULEX 3 RÔLE 1
HERACLES DAMAN
Hivernage
2 RÔLE 1 + 2 AMET
PAMIR
SERVAL
1 RÔLE 2 11 RÔLE 1 + 4 AMET 1 UMT 1 RÔLE 2
EPERVIER 3 RÔLE 1 + 1 AMET 1 RÔLE 2
HARPIE 1 RÔLE 1
SANGARIS 11 RÔLE 1 + 2 AMET 1 RÔLE 2
LICORNE 1 RÔLE 1 + 1 AMET 1 RÔLE 2
© Armée de Terre/JR. Drahi
Marine Corps Trials 2014 : 16
FAN 10 RÔLE 1
médailles pour les soldats blessés français Du 4 au 12 mars 2014, dix soldats français blessés en service ou en opération ont participé aux Marine Corps Trials, compétition sportive américaine réunissant plus de 350 militaires blessés de dix nations, à Camp Pendlenton aux États-Unis. Nos militaires repartent de cette compétition avec un record de 16 médailles : 4 en or, 8 en argent et 4 en bronze, soit 4 de plus qu’en 2013. Le caporal Cécile Trompette (photo), auxiliaire sanitaire du centre médical de Nîmes-Orange-Laudun / antenne médicale des Garrigues, a remporté deux médailles d’or, en 100 m course et en relais natation, et une médaille de bronze en natation individuel.
Femmes du SSA décorées
par le ministre de la Défense
Parmi les décorées, la médecin en chef Vidal a été élevée au grade de chevalier de l’Ordre national du mérite et la brigadier-chef Pujapujane s'est vue remettre la Croix de la valeur militaire. « Cette décoration valorise notre rôle dans les armées au même titre que les hommes, et nous sommes toutes très fières de pouvoir servir » a déclaré la MC Vidal. 8 • Actu santé • # 135 • avril - juin 2014
© ECPA-D
Mardi 6 mars, à la veille de la Journée internationale de la femme, JeanYves Le Drian, ministre de la Défense, a décoré à l’hôtel de Brienne sept femmes civiles et militaires particulièrement méritantes, en présence du médecin général inspecteur Valérie André, première femme nommée officier général.
r À l'honneu
Actualités en bref… en bref… en bref… en bref… en bref… en bref… en bref… en bref…
© S. Marchou - Brive-mag
Une allée major Thibault Miloche à Brive
Le samedi 21 décembre 2013, sur l'emplacement de l'ancienne caserne Brune, dans le centre de Brive (Corrèze), a été inaugurée l'allée Major Thibault Miloche, en présence du député-maire et d'autorités militaires et civiles. Le service de santé des armées était représenté par le directeur régional de Bordeaux. L'infirmier de classe supérieure Thibault Miloche servait au 126e Régiment d'infanterie. Il a trouvé la mort sous le feu insurgé le 14 octobre 2010 en Afghanistan.
Distinction du Médecin-Colonel (ER) Guy Charmot Dans sa 100e année, le Professeur Guy Charmot, professeur agrégé du Pharo, vient d’être élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur par Décret du 31 décembre 2013. Seul médecin militaire Compagnon de la Libération encore vivant, doyen de cet Ordre, il est titulaire, entre autres, de la Croix de Guerre 39/45 avec 4 citations. Spécialiste de la recherche en médecine tropicale, le Professeur Charmot a participé à la rédaction de nombreux ouvrages médicaux et à 300 publications scientifiques, en particulier sur le traitement de la Bilharziose. Ancien président de la Société de Pathologie exotique, il a été élu, en 1994, membre de l’Académie des Sciences d’Outremer.
EPPA : 89 kmS pour ceux d’Afghanistan Le 1er mars 2014, des élèves de l’EPPA ont participé à la course symbolique de 89 kms organisée à Saint-Cyr Coëtquidan en hommage aux 89 militaires français décédés sur le théâtre afghan. Des élèves de la 2e compagnie de l’EPPA ont présenté trois équipes de cinq coureurs . L'une rassemblait les sous-officiers élèves infirmiers ayant servi en Afghanistan avant leur intégration à l’école. Ils tenaient à marquer la contribution du SSA à la mission sur le sol afghan. En mémoire du maître principal Paré et des infirmiers de classe supérieure Toinette et Miloche, anciens élèves de l’EPPA, les trois équipes sont parvenues au bout de cette épreuve après 6 h 30 d’efforts dans un esprit de cohésion et de dépassement de soi. Dans la soirée, une émouvante cérémonie militaire a marqué l’inauguration d’une stèle qui honore chacun des 89 soldats tombés au champ d’honneur. De plus, 15 000 € de bénéfices ont été reversés à l’association Terre Fraternité.
L’infirmier de classe supérieure Hugues Corbet est le premier MITHA à recevoir la médaille de bronze pour travaux scientifiques ou techniques du service de santé des armées. Il est distingué pour son travail d’amélioration de la maîtrise des risques et de la qualité et de la sécurité des soins au sein des centres médicaux des armées. Il a notamment unifié les pratiques et supports pour aider le personnel des centres médicaux dépendant de la DRSSA de Metz à assurer la maintenance préventive des dispositifs médicaux et la traçabilité de cette activité. Il a aussi travaillé sur l’élaboration d’un référentiel d’autoévaluation (RAE).
© SM Vilolleau
L’ICS Corbet reçoit la médaille pour travaux scientifiques ou techniques
SIRMED : un outil pour la régulation médicale Le marché SIRMED a été notifié par la DGA à la société STERIA/INEO Défense le 5 mars 2014. SIRMED (système d’information et de régulation médicale), composante de l’opération d’armement Infostructure santé, est un système d’information et de communication métier dont l’objectif est d’optimiser la prise en charge des blessés afin de réduire les délais d’évacuation et améliorer la qualité de la prise en charge. Cette forte activité de régulation s’inscrit dans les grandes fonctions de la télémédecine. Il est attendu du système de fournir des informations tout au long de la chaîne santé dans un objectif de qualité de soin et de traçabilité. Dans ses interventions OPINT ou OPEX, SIRMED est un outil pour la régulation médicale initiée dès la prise en charge du patient par un intervenant de l’avant sur le lieu d’un évènement santé et se prolongeant jusqu’au traitement définitif du patient. L’objectif de la régulation médicale est de mettre en adéquation des ressources médicales aux besoins du patient en respectant les délais d’urgence qui préservent toutes les chances de survie des victimes HIA du Val-de-Grâce : convention sur la permanence des soins en neurochirurgie adulte Le vendredi 7 mars, le médecin général inspecteur Dominique Felten, médecinchef de l’HIA du Val-de-Grâce, et monsieur Jean-Luc Chassaniol, directeur du centre hospitalier Sainte-Anne (14e arrondissement), spécialisé en psychiatrie et neurosciences, ont signé une convention formalisant la coordination de la prise en charge du patient et son parcours de soins dans le cadre de la Permanence des Soins en neurochirurgie adulte. Les deux établissements avaient décidé de répondre conjointement au cahier des charges de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France afin d’assurer ensemble la permanence des soins de proximité et de recours dans ce domaine. La nouvelle organisation, proposée dans ce dossier, prévoit de faire appel à un coordinateur unique, qui aura la charge d’aiguiller pompiers et SAMU vers l’un ou l’autre des établissements, en fonction des spécialités et des disponibilités de chacun. Actu santé • # 135 • avril - juin 2014 •
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Vie du service
1 an d'« Écoute Défense » Lancé à la demande du ministre de la Défense pour lever les tabous sur le stress post-traumatique dans les armées, le numéro d’appel national « Ecoute défense » fête sa première année d’existence.
« Écoute défense », c'est quoi ?
et thérapeutique, prioritairement auprès des soignants du service de santé des armées ou vers le réseau civil de proximité. Ce dispositif s’intègre dans un plan d’action de lutte contre les troubles psychiques post- traumatiques dans les forces armées. Centré vers le militaire en souffrance, simple et efficace, il permet de mieux sensibiliser et d’élargir l’offre de soins pour les blessés psychiques. « Un service que le ministère de la défense doit rendre à ses agents et à leurs proches» déclarait le ministre de la Défense en janvier 2013, date de lancement du numéro national.
Une écoute informative dans le strict respect de l’anonymat des appelants et de la confidentialité. Au bout du fil, des psychologues des hôpitaux d’instruction des armées tiennent à tour de rôle une astreinte téléphonique d’une semaine, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
« Écoute défense », combien d'appel en un an ? Le numéro 08 08 800 321 a reçu 330 appels. 71 % correspondent à une souffrance psychologique et, parmi eux, 54 % sont un état de stress post-traumatique (ESPT). Après un pic d’appels durant ses premiers mois d’existence, le nombre s’est stabilisé autour d’un appel par jour en moyenne. 5 % des appelants souffrant d’ESPT sont des anciens combattants de conflits de plus de 20 ans, l’Indochine et l’Algérie. Les trois théâtres d’opérations les plus impliqués sont l’Afghanistan, les Balkans et le Mali. 80 % des appels concernent des militaires de l’Armée de terre.
« Écoute défense » : un premiers pas vers une demande d’aide ? © SSA
Oui. « Ecoute défense » est un véritable premier pas vers une demande d’aide : 77 % des appels correspondent à une primo prise en charge. Si les appelants sont, pour 53 %, des militaires ou d’anciens militaires, 47 % sont des membres de la famille (conjoints ou parents) ou des proches. Témoins d’une souffrance, ils cherchent de l’information et une orientation vers des soins. Les psychologues les orientent vers le correspondant le mieux adapté à la prise en charge diagnostique
IN Memoriam MCS Patrick Devillières
Coordonnateur national du service médico-psychologique des armées au sein de la DCSSA depuis le 21 novembre 2011, le MCS P. Devillières est décédé le 25 février 2014 à l'âge de 59 ans.
Entre le 23 janvier 2013 et le 23 janvier 2014 :
80%
330 appels
Théâtres d’opérations les + impliqués : des appels
Armée de Terre
de l’
235 en souffrance psychologique
5%
des appelants souffrant d’ESPT sont des
176 ESPT*
anciens combattants
de conflits de plus de 20 ans, l’Indochine et l’Algérie
primo prise en charge pour
*ESPT : État de Stress Post-Traumatique
77%
Origine des appelants :
des appels
Structures de soin conseillées : nombre d’appelants
nombre d’appels
48% conjoint
120
26% parent 8% soignant
100
7% fratrie
© BCISSA/DCSSA
60
4% enfant
40
0
SSA
...............................
SSA
Armées
150
.............
7% camarade
80
20
200
anciens militaires
militaires
100
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civil
proches
10 • Actu santé • # 135 • avril - juin 2014
SSA + Armées
0
Centres médicaux des armées Hôpitaux d’instruction des armées SSA + Cellules d’aide aux blessés et cellules de soutien psychologique des armées et de la gendarmerie
dossier
Les réservistes du service de santé des armées
B © CC1 E. Chérel - BCISSA/DCSSA
ien qu'omniprésente dans la vie du Service, la réserve opérationnelle du service de santé des armées (SSA) demeure une grande inconnue tant des cadres d'active que des personnels extérieurs. Certains en ignorent l’existence, d'autres en conservent une image d’un autre temps ou la considèrent comme une « agence d’intérim ».
Médecin chef des services Serge Cueff Délégué aux réserves du SSA Chef du bureau « gestion des réserves » de la Direction centrale du SSA
Ce numéro vous donnera, je l’espère, une image plus juste de la réserve du SSA. Elle est constituée de femmes et d'hommes, riches d’expériences variées, n'hésitant pas à adapter leur vie professionnelle, familiale, pour venir apporter leurs compétences techniques, souvent de haut niveau, à notre service et partager nos valeurs et les diffuser dans leur environnement proche. Vous allez découvrir certains d'entre eux tout au long de ce numéro « spécial réserve ». Sa richesse se traduit par une grande diversité d’origines et de parcours, une forte motivation, une passion et un engagement pour le service et les activités auxquelles ils participent. La réserve SSA est partie intégrante du Service, elle est indispensable à son fonctionnement. Ce numéro spécial réserve vous permettra de mieux comprendre le fonctionnement de la réserve, ses qualités, ses spécificités et ses activités réalisées dans un budget contraint. Pour ceux qui la découvrent, actifs ou civils, ce sera l'occasion d’envisager de la rejoindre dans un avenir plus ou moins proche
Les activités de la réserve sont fondées sur le volontariat qui laisse ainsi une grande latitude d'emploi aux réservistes comme à l'Institution. La réserve se traduit par le partage quotidien des activités avec les militaires et civils de la défense au sein des structures du Service. Les expériences vécues en commun peuvent revêtir au sein de la réserve opérationnelle, un caractère exceptionnel dans le cadre des opérations extérieures (OPEX) ou des missions de courte durée telle que celles réalisées en Guyane, ou lors embarquements sur des bâtiments de la marine Nationale. Ceux qui ne peuvent libérer du temps ou mettre directement leurs compétences au profit du Service, ont la possibilité d'épauler l'Institution et de mieux la faire connaître, en devenant réservistes citoyens du service de santé des armées. Les actions menées par ces derniers sont également fondamentales pour le Service. Elles contribuent à diffuser l’image et les valeurs du service de santé des armées tant dans leur environnement familial que professionnel, à faciliter l’ouverture du Service vers le service public de santé. Au moment où le Service s’engage dans un projet ambitieux, les actions menées par les réserves opérationnelle et citoyenne seront majeures dans la réorganisation et le bon fonctionnement du Service. Les cultures multiples, civiles et militaires, qu'elles représentent sont nécessaires à la vie du Service et à la poursuite de son histoire. Cette diversité doit être en permanence entretenue. Actu santé • # 135 • avril - juin 2014 •
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IVITÉ IVITÉ
Exercer autrement Médecins, infirmiers, vétérinaires, mais aussi psychologues, légistes ou chirurgiens dentistes. La réserve est reconnue comme étant une composante essentielle des armées et plus particulièrement au sein du service de santé des armées du fait des compétences identiques ou complémentaires qu’elle apporte. État des lieux, par le MCS Cueff, délégué aux réserves du Service de santé des Armées.
Un rôle complémentaire Un réserviste est « un militaire à part entière, formé et entraîné, travaillant à temps partiel ». Partie intégrante du service, la réserve est constituée de deux types de réserves : la réserve opérationnelle et la réserve citoyenne (voir l’encadré). La réserve opérationnelle a un rôle indispensable pour renforcer et soutenir le personnel d’active, apporter si besoin des compétences non détenues par le Service, et maintenir l’esprit de défense. Le recours aux réservistes permet également d’alléger les contraintes qui pèsent sur le personnel d’active, tant en métropole que sur certains théâtres. Par exemple, depuis le début de l’opération SERVAL au Mali, l’activité des réservistes en métropole a permis d’assurer la continuité de fonctionnement des centres médicaux des armées (CMA) chargés du suivi médical, de l’aptitude et de la prévention des militaires, surtout lors de la phase intense de l’opération.
Des compétences techniques transposables Les réservistes du SSA occupent majoriorigine des réservistes
composition de la
“
„
Répartition par catégorie et par corps
civils (48%) ex-contingent (26%) civils (48%) ancien d’active (26%) civils (48%) (26%) ex-contingent ex-contingent ancien d’active(26%) (26%) 208 réservistes ancien d’active (26%) réserve ducitoyens SSA 2921 réservistes opérationnels 208 réservistes 10% en OPEX citoyens 208 réservistes 2921 réservistescitoyens opérationnels 2921 en réservistes opérationnels 10% OPEX
10% en OPEX
activitéS
tairement des emplois de haute technicité, en subsidiarité ou en complément des ressources militaires d’active, par exemple en apportant des expertises non détenues par le Service, comme c’est le cas d’un addictologue dans un centre médical en Corse ou d’une arthérapeute dans un hôpital d’instruction des armées. La particularité du réserviste du SSA fication. Le réserviste peut bénéficier, tout au est le bénéfice, pour lui comme pour ses em- long de sa carrière, des formations du SSA ployeurs, de l’exercice de sa profession dans civils (voir(48%) notre encart, ndlr). Il est rémunéré à la ex-contingent (26%) une structure civile (comme salarié ou en ancien journée : cette solde journalière correspond d’active (26%) e libéral) et aussi occasionnellement, dans une au 1/30 de la solde d’un personnel d’active même grade et du même échelon. Il peut structure militaire. L’expérience de la pratique 208du réservistes citoyens de sa profession dans le milieu militaire est 2921 réservistes opérationnels d’ailleurs souvent considérée comme un atout 10% en OPEX La pratique de sa profession par son employeur dans le civil, car celle-ci dans le milieu militaire est reste toujours transposable. Si l’employeur d’ailleurs souvent doit se passer d’un salarié pour un nombre de considérée comme jours limité, celui-ci lui apporte en échange Soutienun atout par son employeur. des forces Hôpitaux de nouvelles techniques, des capacités d’auACTIVITÉ obtenir les mêmes médailles et récompenses. tonomie ainsi qu’une culture de la gestion de Recherche Formation Le personnel de réserve est géré selon son crise. lieu de résidence par une des six directions Tous les corps de l’active sont représentés régionales du service de santé des armées dans la réserve. Ils sont accessibles avec les (DRSSA- voir carte) ou, pour les ultramarins, mêmes diplômes et le même niveau de quali- par une direction interarmées du service de
“
1790 officiers internes cadres de santé vétérinaires pharmaciens dentistes OCTASSA
Les réservistes du SSA occupent majoritairement des emplois de haute technicité.
„
1081
sous-officiers
médecins
Soutien des forces Hôpitaux Recherche Soutien des forces Formation Soutien des forces Hôpitaux
autres manip. radio IBODE IADE
Hôpitaux Recherche Recherche Formation Formation
IDE
50 militaires du rang VSSA/MDR
RÉPARTITION PAR CATÉGORIE ET PAR CORPS
12 • Actu santé • # 135 avril - juin 2014 LA FORMATION DES•RÉSERVISTES DU SSA Formation initiale obligatoire
pour les réservistes issus du civil (sans passé militaire)
Formation complémentaire
ICN (R) Cindy Schneider
IVITÉ
dossier : Les réservistes du SSA
Formation continue
dossier : LES réservistes du SSA santé (DIASS). Celles-ci cherchent à optimiser au maximum leurs compétences et qualités spécifiques. Elles font preuve, à ce sujet, d’une très grande souplesse de gestion.
en métropole ou se porter volontaires pour participer aux opérations extérieures en MCD (Missions de Courte Durée) ou en embarquements.
Réserve opérationnelle (RO)
La haute technicité des métiers du Service, place la réserve face à un univers civil extrêmement concurrentiel, entre autres dans le cadre de la rémunération. Être réserviste du SSA représente donc un acte citoyen : les apports professionnels et humains sont la principale motivation d’engagement du réserviste.
Souplesse d’emploi Cette flexibilité permet aux réservistes de personnaliser leur engagement en fonction de leurs compétences, de leurs besoins, de leurs souhaits et de leur emploi du temps, tout en répondant au besoin du Service. Le caractère interarmées du SSA leur permet de s’acculturer et de se spécialiser dans divers milieux (Terre, Air, Marine, Gendarmerie), selon leur sensibilité personnelle. D’autre part, ils peuvent également choisir de travailler au sein d’une ou plusieurs branches du SSA : médecine hospitalière dans l’un des 9 hôpitaux d’instruction, médecine des forces, dans un centre médical des armées, formation dans l’une des 3 écoles, recherche, ravitaillement. Enfin, ils peuvent décider de pratiquer leur métier uniquement
La réserve opérationnelle de niveau 1 (RO1) est constituée de réservistes volontaires sous contrat effectuant des activités au profit du SSA. Ils sont issus du civil, du contingent ou sont d’anciens militaires. La limite d’âge d’activité est celle de l’active additionnée de 5 ans. La réserve opérationnelle de niveau 2 (RO2) dite réserve « de disponibilité » comprend tout le personnel d’active radié des cadres qui a une obligation de disponibilité pour une période de 5 ans. Il ne peut être convoqué que par le premier Ministre, et pour une durée maximale de 30 jours renouvelable, dans le cadre de la loi sur la sécurité nationale. Le réserviste RO2, peut s’il le souhaite, souscrire à un contrat pour RO1.
Certaines compétences sont particulièrement recherchées telles que les chirurgiens, les médecins et infirmiers anesthésistes, les infirmiers de bloc opératoire qui représentent, pour le Service de santé des armées, des maillons indispensables de la chaine santé opérationnelle. Propos recueillis par SLT (R) Alexandra Caussard, BCISSA
Réserve citoyenne
© SLT A. Caussard
Le réserviste citoyen est un volontaire agréé agissant en tant que collaborateur bénévole du service public. Il n’a pas de limite d’âge. La réserve citoyenne n’est pas contingentée et ne donne pas le statut de militaire lors de ses activités (mais le réserviste dispose d’un grade honorifique). Ses missions : participer au rayonnement du Service, entretenir l’esprit de défense, consolider le lien Armée-Nation et renforcer les réseaux d’expertise.
La formation des réservistes LA FORMATION DES RÉSERVISTES DU SSAdu SSA Formation initiale obligatoire Module 1
ou
pour les réservistes issus du civil (sans passé militaire)
Module 1 bis
Module 2
Formation complémentaire Formation milieu
Formation continue Technique
Médicale
Formation générale
ex : FRAOS* public
durée
volontaires - 30 ans sans contrat
réservistes sous contrat et/ou spécialité hospitalière pure et/ou + 30 ans
5 jours
description
préparation militaire initiale
objectifs
découverte du milieu militaire
Tous sauf : spécialité hospitalière pure et/ou + 50 ans (sur volontariat)
Tous
5 jours formation militaire à orientation santé
Secourisme de combat de 1er niveau (SC1) Départ OPEX possible
médecine d’armée, embarquée chirurgie OPEX techniques de réanimation de l’avant adaptation des compétences civiles au milieu militaire
Tous
Tous
Tous
variable
7 jours
plusieurs jours/an
catalogue EVDG
mises en situation ateliers théoriques + pratiques
perfectionnement
Conférences actualiser les connaissances sur la Défense et le contexte géopolitique
* FRAOS : Formation Réserves d’Aguerrissement Opérationnelle Santé
Actu santé • # 135 • avril - juin 2014 •
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dossier : Les réservistes du SSA
Généraliste "touche à tout" Alice Gavet
La médecin des armées (R) Alice Gavet est généraliste dans le civil et médecin de montagne au CMA GrenobleAlpes-Chambéry. Membre actif de l’Institut de formation et de recherche en médecine de montagne (Ifremmont), elle pense toujours garder une place pour la réserve. La médecin (R) Gavet a intégré la réserve en février 2005, durant sa 3e année de médecine à Grenoble. Ses premiers contacts avec l’armée, très superficiels, remontent à son enfance, lors de stages de ski ou d’escalade, encadrés par des hommes de l’Ecole Militaire de Haute Montagne (EMHM). « Cela a peutêtre joué sur mon attirance pour la médecine militaire. J’étais particulièrement intéressée par la brigade d’infanterie de montagne ».
tagne ou dans l’artillerie. C’est d’ailleurs une de ses principales motivations de réserviste : « j’ai fait beaucoup de formation, beaucoup de terrain. J’ai bénéficié de plusieurs formations, j’ai un diplôme de montagne, de tir… La réserve me permet de rester à jour sur les dernières techniques et de toucher à tout. Et puis, il y a aussi la perspective de partir en OPEX ! »
“
Je suis plus autonome qu'en médecine générale.
„
La médecine de montagne est quelque chose de très spécifique. « Quand je suis en cabinet, mon travail consiste à faire des plâtres, des radios, etc… Je suis plus autonome qu’en médecine générale ». En parallèle, elle mène également des recherches portant sur les pathologies liées au froid et sur leur prévention. Son expérience de réserviste l’a notamment aidée en tant qu’étudiante. « J’ai appris à faire un vrai examen clinique. Ça été mon premier contact avec la médecine générale – en tant qu’externe, dans le civil, on fait plus de tâches très spécialisées ». À partir de sa 4e année de médecine, elle participe à plusieurs stages de terrain, de mon14 • Actu santé • # 135 • avril - juin 2014
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activités opérationnelles
Huit médecins stagiaires
participent à la mission Jeanne d’Arc 2014 Huit médecins stagiaires, tout juste titulaires du brevet de médecine navale (BMN), participent à la mission Jeanne d’Arc 2014. L’objectif de ce déploiement en Atlantique jusqu’à la fin du mois de mai : mieux appréhender leur futur univers de travail et mieux connaître leurs futurs patients. « L’apprentissage par l’expérience du fonctionnement de l’articulation du bord sera pour moi un élément précieux. Il me permettra d’être préparée de façon optimale à mon prochain poste qui sera un poste embarqué », souligne Typhaine Ressort, l’un des médecins stagiaires à bord du Mistral. Les médecins stagiaires sont intégrés au sein d’une promotion d’officiers-élèves de l’Ecole navale. Au cours de la mission, ils embarquent tour à tour sur les deux unités du groupe. À bord de la frégate d’escorte, ils découvrent un autre type de bâtiment, proche de ceux sur lesquels ils navigueront dans les premières années de leur carrière. Les nombreux entraînements de débarquement prévus au cours de la mission leur permettront également de découvrir in situ le soutien médical apporté aux opérations amphibies et aux forces déployées à terre. Encadré par un professeur agrégé du Val-deGrâce et en collaboration avec le médecin major du BPC Mistral, les médecins stagiaires bénéficient d’une formation complémentaire au brevet de médecine navale. Outre les cours théoriques sur la connaissance du milieu et leur rôle de chef de service, les rôles spécifiques du médecin embarqué sont abor-
dés avec différentes mises en situations pratiques. De nombreux exercices (« Macopex », homme à la mer, intervention suite au crash d’un hélicoptère, alarmes blessés de tous types...) rythment leurs journées à la mer. Ils participent également à l’alerte « Medevac » lors des différents entraînements à terre. Les médecins-stagiaires animent également des communications santé, avant les escales, pour sensibiliser l’équipage aux différents risques sanitaires encourus (paludisme, maladies sexuellement transmissibles, drogues,
accidents de la voie publique…). Ils forment également les officiers-élèves au secourisme de combat en milieu maritime. Cette formation plurielle facilitera l’adaptation dans leur future unité, déjà choisie : frégates de surveillance, pétroliers-ravitailleurs ou groupe des plongeurs-démineurs de Cherbourg. Lieutenant de vaisseau Caroline Ducret Sirpa Marine
Photos : © M. Brebel/Marine Nationale
Un médecin-stagiaire supervise les officiers-élèves pendant l’enseignement de secourisme de combat.
Un médecin-stagiaire joue le rôle d’un blessé pendant un entrainement « Macopex » à bord du BPC Mistral. Actu santé • # 135 • avril - juin 2014 •
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activités opérationnelles
Solidarité à la mer Le 13 février 2014, le TCD Siroco, navire amiral de la force Atalante, patrouille au nord-est des côtes somaliennes. Au petit matin, le Siroco reçoit l’appel de détresse d’un navire de pêche sud-coréen l’« IXTHUS 8 », relayé par le bâtiment militaire coréen Kang Gam Chan. Il s’agit d’une demande d’assistance médicale urgente : piqure abdominale d’un membre de l’équipage par l’aiguillon d’une raie lors de la remontée d’un filet. Le TCD situé à 18 nautiques du pêcheur rejoint la zone au bout d’une heure. Dès son arrivée, les conditions d’hélitreuillage n’étant pas optimales, l’équipe médicale composée d’un infirmier anesthésiste et du médecin se rend sur place à l’aide de moyens nautiques. Une équipe paramédicale de trois infirmiers reste à bord. L’infirmier major, en contact avec le commandement, prépare l’accueil du blessé au déchocage. Il s’agit en fait d’une plaie abdominale profonde avec éviscération : une prise en charge chirurgicale s’impose dans les plus brefs délais. L’information est transmise à l’état-major à bord du TCD Siroco pour coordination des moyens. La zone est un désert médical et chirurgical, à terre comme à la mer. Seule solution potentielle, le rôle 1 déployé à bord de la frégate 16 • Actu santé • # 135 • avril - juin 2014
allemande Hessen renforcé d’un chirurgien et d’un médecin anesthésiste-réanimateur. Le Hessen, sous commandement de la force Atalante, se trouve à une centaine de nautiques du bâtiment français. Il se situe hors de portée de l’Alouette III du Siroco. L’état du patient se dégrade. Le pronostic vital est engagé à court terme. Les impératifs de la régulation médicale sont transmis en direct à l’amiral commandant la force par le conseiller santé, également médecin major du TCD. Le CTF 465 décide le transfert du patient stabilisé à bord du TCD Siroco vers le Hessen à l’aide du LYNX allemand dans des conditions de vol particulièrement délicates.
Après quatre heures d’intervention chirurgicale, l’hémorragie et les plaies viscérales sont maîtrisées. Le jeune pêcheur sera admis à l’hôpital de Salalah (Oman) le lendemain et rejoindra son bord une semaine plus tard. Au total, opération réussie tant sur le plan médical que militaire et bel exemple de solidarité à la mer. MC Fabienne Deniel ép. Lafrogne, médecin major du TCD Siroco/medical adviser TF 465 opération Atalante, IACS Jean-Yves Tusseau, ICS Laurent Matte, ICN Aurore Robert, ICN Agnès Lemoine.
Il s’agit d’une plaie abdominale profonde avec éviscération une prise en charge chirurgicale s’impose dans les plus brefs délais.
Photos : © Marine nationale - Valérie Guyoton
Le patient stabilisé est transféré à bord du TCD Siroco vers le « Hessen » à l’aide du LYNX allemand dans des conditions de vol particulièrement délicates.
Après quatre heures d’intervention chirurgicale, l’hémorragie et les plaies viscérales sont maitrisées.
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activités opérationnelles
Exercice MEDEVAC
Photos : © DIASS/FFEAU
aux Émirats Arabes Unis
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Trois équipes médicales, dont une émirienne, ont participé au 2e exercice MEDEVAC franco-émirien aux Émirats Arabes Unis en mars 2014. Cet exercice annuel est directement inspiré du concept Médichos (médicalisation en milieu hostile). Il a répondu aux objectifs fixés : s’entraîner aux soins tactiques en terrain désertique à partir de scénarios aussi réalistes que possible, depuis le secourisme au combat jusqu’à l’évacuation héliportée.
dossier : LES réservistes du SSA
Chirurgiens dentisteS de réserve en couple Les époux Le Van sont chirurgiens-dentistes. Ils travaillent ensemble en cabinet. Ils sont aussi tous deux réservistes. Si Vincent a fait son service militaire en 1989 à Mutzig (Bas-Rhin). Laurence n'avait quant à elle aucun contact avec le monde militaire. Le couple a rejoint la réserve opérationnelle en 2003, guidés dans leur engagement par un chirurgien-dentiste d'active.
Vincent et Laurence Le Van
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Au niveau humain et professionnel, c'est un enrichissement immense qu'il ne faut absolument pas manquer.
Quelles sont vos missions ? Laurence Le Van : Je participe, dans une logique de mutualisation, au soutien des formations dans lesquelles je me rends. En 10 ans, j'ai travaillé (et je travaille toujours) à Mourmelon, Mailly Le Camp, Châlons, Suippes, Verdun, Etain, Sissonne et Troyes. Souvent, ce sont des missions de détermination de l'aptitude qui me sont demandées. Mon expérience me pousse à insister beaucoup sur la prévention individuelle, ce qui me permet de renforcer l'action de prévention collective de mon mari. Il m'arrive aussi de traiter des urgences quand la formation qui nous accueille dispose du plateau technique adéquat. Vincent le Van : Les missions sont très variées du fait de l'étendue du secteur et des régiments soutenus. Elles vont du soutien classique des forces (aptitudes, soins, urgences, prévention) à la représentation du SSA (en partenariat avec les CIRFA de Champagne-Ardenne) aux forums étudiants, en passant par la création d'un module SSA pour les 4e et 5e années de médecine, pharmacie et dentaire à la faculté de Reims. J’ai également eu la chance de partir une fois au Sénégal. Si mes contraintes professionnelles et privées le permettent, je compte bien repartir. Au niveau humain et professionnel, c'est un enrichissement immense qu'il ne faut absolument pas manquer.
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Chirurgie dentaire civile et militaire : quelles différences ? LLV : La chirurgie dentaire reste de la chirurgie dentaire. Seul le milieu change. Très rigoureuse moi-même, j'apprécie ce cadre sérieux. Le très grand nombre de patients que nous rencontrons nous permet aussi de voir plus de pathologies peu courantes. Cela a amélioré ma rapidité à poser un diagnostic et m'a aussi ouvert l'esprit, car le militaire n'appréhende pas la même pathologie sous le même angle. Il est très riche d'avoir ces deux visions. Cela me permet aussi de rencontrer des confères médecins ou dentistes et de travailler en réseau. VLV : Ce qui change, c'est que l'on doit prévoir les conséquences sur les capacités opérationnelles du patient. Et je peux vous dire qu'il y en a ! Un chirurgien-dentiste civil n'est absolument pas formé pour donner cet avis. Le fait d'expertiser une multitude de personnels m'a permis de développer une sorte de 6e sens. Au cabinet je vais désormais beaucoup plus vite, je suis beaucoup plus efficace. Pour moi la réserve opérationnelle reste un engagement militaire. La santé, c'est du soutien et c'est un facteur limitant de l'efficacité de nos troupes. Cela demande bien sûr quelques sacrifices, mais c'est tellement enrichissant !
* GORSSA : Groupement des associations de réservistes du SSA - cf. p. 26
Antenne médicale de Mailly
CFIM de Verdun avec le MC Sébastien Donnard MC du CMA de Verdun Etain
Vincent est également le trésorier de l'ACDR (Association des Chirurgiens-Dentistes de Réserve) en zone de défense Est, qui fait partie de la FNCDR (Fédération Nationale des ChirurgiensDentistes de Réserve) et du GORSSA*. Dans ce cadre, il participe à l'organisation de journées pour les réservistes du SSA.
« Mon conseil pour un jeune réserviste, c'est de se tourner vers les anciens qui le guideront par l'intermédiaire des associations de réserve (ACDR, FNCDR pour les chirurgiensdentistes) afin de réussir durablement et pleinement sa vie de réserviste ». Actu santé • # 135 • avril - juin 2014 •
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dossier : Les réservistes du SSA
De la biologie au ravitaillement
Séverine Cunat
“ Comment et pourquoi avoir intégré la réserve ? Ph S. Cunat : J’ai intégré la réserve opérationnelle en 2006. Ce sont des discussions avec un ami chirurgien réserviste qui réalisait des missions en Opex, qui m’ont orientée vers le SSA, un univers qui ne m’était pas du tout familier mais que j’avais envisagé « de loin » au tout début de mes études. D’autres échanges m’ont ensuite permis de découvrir le métier de pharmacien ravitailleur et de préciser mon envie d’intégrer le SSA. Ma motivation première était de pouvoir réaliser mon métier de pharmacien dans un contexte particulier, celui des Opex notamment. C’était aussi de m’engager dans la continuité et de m’ouvrir à d’autres perspectives professionnelles. Mes missions sont diverses mais s’inscrivent dans une même
Les expériences professionnelles civile et militaire s’articulent comme des vases communicants : ce que j’apprends d’un côté, je le transpose de l’autre, et vice versa.
dynamique. Je ne m’ennuie pas et j’ai l’impression d’apporter un soutien. Comment s'est passée votre acclimatation au milieu militaire ? S. C. : D’abord directement au sein de l’ERSA Marseille lors de mon intégration, par l’accueil et les échanges avec les cadres et les techniciens qui m’ont facilité les choses. Ensuite par les différentes formations militaires auxquelles j’ai participé, notamment la FMIR (Formation Militaire Initiale du Réserviste), le Raid des réserves et la formation aux Opex. C’est vrai qu’au départ, j’avais l’impression de marcher sur des œufs concernant tous les us et coutumes militaires et leurs acronymes. Au final, ça s’apparente beaucoup à la vie civile professionnelle.
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Quels sont les points communs et les différences entre vos emplois civil et militaire ? S. C. : Dans le civil, j’occupe un poste de pharmacien biologiste en hématologie au CHRU de Montpellier. Mon activité se répartit sur deux secteurs spécialisés : en génétique constitutionnelle (maladies rares et pharmacogénétique) et en cytogénétique des hémopathies malignes. Elle est principalement dédiée au diagnostic génétique et à la validation biologique. Mes missions de réserviste en établissement de ravitaillement sanitaire sont multiples. Quelques exemples : constitution et révision de dotations, encadrement de personnels venus en renfort pour la constitution de 2 500 trousses individuelles du combattant lors de l’opération Serval, préparations des stupéfiants pour les chantiers de constitution des unités médicales opérationnelles, formation du nouveau personnel à la réception des commandes, etc. Je suis positionnée là où l'on a besoin de moi. Le travail est identique dans son organisation et sa planification avec peut-être parfois une plus grande réactivité nécessaire en Ravitaillement. Les choses sont similaires dans les deux cas : il faut toujours s’adapter et trouver des solutions, pour produire un résultat dans les meilleurs délais.
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dossier : LES réservistes du SSA
Vétérinaire sur tous les fronts Réserviste opérationnelle depuis juin 2004, diplômée de « médecine vétérinaire de catastrophe et environnement », la vétérinaire principale (R) Ingrao aménage volontairement son planning de façon à pouvoir participer aux missions que lui propose le SSA en métropole et aux quatre coins du monde : gestion des risques alimentaires, hygiène des eaux de consommation humaine, soins aux animaux militaires. Annie Ingrao « Servir mon pays est quelque chose qui me paraît important. J’ai toujours été attirée par l’armée et j’aurais aimé m’engager plus tôt. J’envisage par ailleurs de rejoindre le service actif. J’avais déjà déposé une candidature en 2008, pour un poste qui n’a malheureusement pas été créé. »
« Le monde militaire est un milieu dans lequel je me sens vraiment très bien. J’y ai toujours rencontré un grand respect. Ma fonction me permet de rentrer en contact avec tout le monde, du général au soldat. Il faut savoir parler à chacun et se positionner en tant que conseiller du Commandement. C’est un travail passionnant et qui m’apporte énormément au point de vue humain.»
Examen du chien mascotte Mistral Dayr Kifa, Liban, 2013
« Je suis en train de désinfecter un robinet par flambage pour effectuer un prélèvement à des fins d’analyse. Je réalisais des prélèvements chaque semaine sur chaque site militaire et j’effectuais moi-même les mesures et analyses courantes (pH, température, turbidité, recherches de bactéries). » Prélèvements d’eau Liban, poste médical de l’AMET à Naqurah
Camp militaire chinois de la Finul, mars 2013
GMC de Plana, Kosovo, en 2006, radiographie de patte sur un chien du détachement cynotechnique basé au camp du belvédère
« La composante chinoise de la FINUL avait une unité de déminage relativement importante dont un seul chien de recherche d’explosifs. Ce malinois avait été opéré en septembre 2012 d’une tumeur non cancéreuse. En décembre 2013, lorsqu’il a de nouveau présenté un gonflement anormal, ils ont pris contact avec moi par l’intermédiaire du COMSANTÉ, pour me demander de le soigner. Le traitement nécessitait une chirurgie compliquée que je ne pouvais pratiquer. Devant à cette époque visiter des cliniques vétérinaires civiles libanaises pour évaluer les possibilités de référer des chiens militaires français ne pouvant être soignés par les moyens à disposition du vétérinaire de théâtre, j’ai également vérifié si elles pouvaient traiter chirurgicalement ce chien. Bien que cela n’ait été que normal dans le cadre des mes missions, l’équipe de déminage a été très reconnaissante des soins prodigués et du mal que je m’étais donné.» Actu santé • # 135 • avril - juin 2014 •
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dossier : Les réservistes du SSA
Sortir du milieu hospitalier Étudiant en médecine au CHU à Nancy, l’IHA Théophile Genelot a intégré la réserve opérationnelle lors de sa 2e année, en attendant de pouvoir s’engager dans l’active. Menuisier de formation, l’IHA Théophile Genelot s’est orienté relativement tard vers la médecine. Ne pouvant postuler au concours l’ESA de part sa formation non-scientifique, il a rejoint la réserve opérationnelle en 2009, durant sa 2e année d’études de médecine. « Je suis pompier volontaire depuis 2000, ce qui m'a en partie aidé dans mon orientation militaire : mon rêve était a l'époque de rentrer dans les marins pompiers de Marseille ».
militaire. L’armée m’apporte une forte autonomie sans parler de l’amélioration de mes pratiques. L'armée présente un cadre disciplinaire et organisé que j'aime, qui m’aide à rester clair et objectif dans mon travail. La réserve représente aussi une échappatoire ; c’est une bonne raison de sortir du milieu civil hospitalier. »
Théophile Genelot Depuis longtemps attiré par le milieu militaire, c’est la découverte du module optionnel d’un de ses professeurs de la faculté de médecine de Nancy, le Pr Crance, général réserviste, qui le pousse finalement à s’engager dans la réserve. En 2011, l’IHA Genelot
est d’ailleurs devenu le co-responsable de ce module médico-militaire. « Il y a une grande complémentarité entre les milieux civil et
Actuellement interne en médecine d'urgence, l’IHA Genelot veut devenir médecin-urgentiste ou réanimateur. « L'objectif final, après mes études ? Faire de l'enseignement, intégrer l'armée en tant qu'officier sous contrat dans le SSA et avoir la possibilité de faire de la médecine d'unité, de l'humanitaire, de partir en OPEX… ».
Infirmière parachutiste
France Daudé
L'ICN France Daudé, infirmière au service d'accueil des urgences de Pau, est affectée au CMA de Pau-Bayonne-Tarbes. Urgentiste, parachutiste puis réserviste depuis 2010, elle recherche avant tout le travail de terrain. Le profil de l'ICN Daudé est clairement celui de quelqu'un qui aime l'action et il est particulièrement cohérent. Son engagement dans la réserve a débuté en 2010, non sans qu'elle ait déjà envisagé de rejoindre l'active. Dans 22 • Actu santé • # 135 • avril - juin 2014
le civil, elle travaille aux urgences et effectue notamment des interventions extrahospitalières, un métier qui demande « polyvalence et réactivité ». En parallèle, elle pratique également le saut en parachute. C'est cette passion qui a en partie motivé son engagement dans la réserve puisqu'elle est affectée au CMA de Pau-Bayonne-Tarbes, proche des unités parachutistes et travaille avec l'ETAP (l'Ecole des Troupes Aéroportées de Pau). Elle a l'avantage de bien connaître les
hommes et les pathologies propres au parachutisme. « C'est un travail très intéressant humainement, notamment au niveau des échanges avec les militaires de retour de missions. Pour eux, discuter avec une infirmière est moins effrayant, au premier abord, que de consulter un psychiatre. J'essaie donc de leur prêter une oreille attentive. Et puis, la possibilité de partir en opération extérieure est aussi une de mes motivations pour poursuivre mon engagement dans la réserve. »
dossier : LES réservistes du SSA
PSYCHIATRE DE PROXIMITé Engagée dans la réserve depuis octobre 2011, la médecin Sylvie Barotto fait partie d’une équipe psychiatrique de proximité composée de trois réservistes et d’une militaire d’active. Spécialisée dans la relaxation thérapeutique, elle prend en charge les militaires atteints de stress post-traumatique (SPT). En tant que praticienne hospitalière spécialisée en psychiatrie, elle connaît bien son sujet, puisqu’elle travaillait déjà avec des anciens combattants, avant de rejoindre la réserve.
Le stress post-traumatique chez soin qui commence avec le médecin d’unité. ou se passent le relais selon la spécialité de les militaires Une fois le patient aiguillé vers cette an- chacun et les besoins du patient. « Le patient « Dans le cadre de la prise en charge du stress post-traumatique chez les militaires, il y a une approche très particulière et vraiment intéressante. Les anciens combattants ont une certaine éthique de vie. Il y a un contact différent, car ce sont des personnes qui sont avant tout militaires. Le statut de réserviste est un plus dans les deux cas ». En effet, certains anciens militaires, notamment ceux qui préfèrent être soignés dans le civil, apprécient souvent d’avoir affaire à « quelqu’un qui connaît le milieu militaire mais qui est aussi un peu en dehors ».
tenne, l’équipe peut à son tour le diriger, si besoin, vers l’HIA Robert Picqué (Bordeaux), qui pourra lui fournir de l’aide pour ses démarches militaires notamment. Une des particularités de ce type de structure, c’est sa flexibilité. Les quatre personnels qui y officient travaillent en équipe, consultent en duo
Une offre de soins psychiatriques personnalisée Le rôle de cette cellule de proximité dont elle fait partie s’inscrit dans un parcours de
bénéficie donc à la fois d’une offre de santé de proximité et d’une approche très personnalisée des soins. L’avantage par rapport au civil, c’est que l’on a aussi plus de temps pour traiter les patients ».
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Quelqu'un qui connaît le milieu militaire mais qui est aussi un peu en dehors.
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Sylvie Barotto
OPhtalmo et réserviste citoyen Le MC (R) Michel Montard est le médecin responsable du module universitaire « médecine en milieu militaire », vice-président de l’UNMR (Union Nationale de Médecins de Réserve), ancien réserviste opérationnel, aujourd’hui réserviste citoyen.
De la réserve opérationnelle à la réserve citoyenne Dans le civil, le MC (R) Montard est ophtalmologiste et professeur d’ophtalmologie. Il est aussi ex-chef de service en CHU. À travers son engagement de réserviste, il met à
Michel Montard
disposition ses compétences et spécialités dans le cadre de ses consultations au CMA de Besançon, dans lequel il parvient notamment à créer et pérenniser un cabinet d’ophtalmologie. Il participe aussi à une mission à Djibouti, en 2012. Aujourd’hui, âgé de plus de 65 ans (l’âge limite pour la réserve opérationnelle), il a choisi de continuer son engagement au sein du SSA sous une nouvelle casquette, celle du réserviste citoyen.
appelé module "d'exercice de la médecine en milieu militaire". Cet enseignement, labellisé, s'adresse aux étudiants en médecine, pharmacie et odontologie. Au programme, des intervenants civils et militaires dispensent des cours sur des thématiques variées où leurs deux visions de la médecine se complètent (par exemple, concernant la prévention des traumatismes sonores) ou plus ciblées (avec notamment le secours au combat).
Le module "d'exercice de la médecine en milieu militaire"
Avec un nombre d’étudiants limités à 120 par an, ce module a vite fait salle comble. Ce module d’enseignement concerne désormais, outre Besançon et Nancy, les CHU de Dijon, Strasbourg et prochainement de Reims - c'est à dire la totalité des universités de la région de Metz.
Mais son aspiration de réserviste est avant tout de faire découvrir l’univers de la Défense et de renforcer le lien Armée-Nation, « distendu depuis l’arrêt du service militaire ». C’est dans ce but qu’il a créé, en 2002, un module optionnel d’enseignement militaire,
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dossier : Les réservistes du SSA
Examen corps Haïti
Médecin légiste
Le Médecin principal (MP) Stéphane Malbranque est médecin légiste. Le réserviste est affecté à l’IRCGN (Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale) tandis que le praticien hospitalier officie au CHU d’Angers. Découverte d’un métier souvent mal connu.
Stéphane Malbranque est diplômé d’un double cursus en médecine d’urgence et de catastrophe et en médecine légale. Il a rejoint la réserve opérationnelle en 1997, à l’issue de son service militaire. Affecté à l’IRCGN, il travaille en collaboration avec des dentistes et des gendarmes pour apporter son aide dans des affaires criminelles particulières, notamment quand des ressortissants français décèdent dans des conditions suspectes. Sa mission consiste à la fois à confirmer l’identité des victimes (au moyen d’analyses ADN, dentaires et d’analyses d’empreintes) et à déterminer les causes de la mort. Il est aussi régulièrement appelé à se rendre 24 • Actu santé • # 135 • avril - juin 2014
sur place lors de catastrophes naturelles ou d’accidents aériens. « J’aime que les choses bougent, l’action et l’aventure, cette extraordinaire exaltation », explique-t-il pour expliquer ses motivations à rejoindre la réserve. Sa première expérience a lieu en 2005, au Vénézuela, sur les lieux du crash d’un avion de la compagnie colombienne West Carribean qui transportait 152 ressortissants français et 8 membres d’équipage. Suivent ensuite d’autres missions à Haïti, en Mauritanie, en Corse ou plus récemment, au Laos. Ces catastrophes de grande ampleur et de portée internationale représentent un vrai défi (collaboration, barrière de la langue,
Stéphane Malbranque
“
Ces missions représentent un véritable challenge technique.
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etc…) ; les conditions aggravées, par rapport à l’exercice classique de la médecine légale, nécessitent de suivre des procédures bien spécifiques. Pour le MP Malbranque, qui se voit comme « le dernier médecin de [son] patient », ces missions représentent « un véritable challenge technique ».
dossier : LES réservistes du SSA
CHIRURGIEn-dentiste embarqué Le chirurgien dentiste en chef Stéphane Barek est maître de conférences des Universités et praticien hospitalier à temps partiel. Réserviste depuis 1986, il tient une consultation hebdomadaire à l'HIA du Val de Grâce où il assure, avec d'autres réservistes et un chef de service d'active, des activités de soins « souvent pour des militaires partant en opération avec un caractère urgent ». Il est affecté à la force d'action navale (CSS/FAN) depuis 2011. Témoignage de son expérience comme chirurgien-dentiste embarqué. Stéphane Barek
Activité au cabinet dentaire
« Ce fut d'abord le Surcouf avec un embarquement de nuit par une échelle de coupée en face de Suez, puis en 2003 sur l'aviso Commandant Blaison. En 2005, j'ai embarqué sur le porte hélicoptère Jeanne d'Arc pour la mission BERYX d'assistance aux populations victimes du Tsunami ». Suiveront ensuite différentes missions en 2006 sur le SNA PERLE, en 2009 sur la Frégate (FASM) Montcalm, en 2010 Mission Corymbe à bord du BPC Mistral, en 2011 Mission Jeanne d'Arc à bord du BPC Mistral et en 2013, Mission Jeanne d'Arc à bord du BPC Tonnerre.
particulier lors des missions embarquées : on n'est pas dans la même logique de rapports humains lorsque chacun rentre chez soi le soir. Il ne s'agit pas toujours de longues discussions, tout le monde sait que le marin est taiseux. Un regard, un geste, on sait ce qu'on doit faire, on le fait. C'est tout. » S'il apprécie tous ces types de missions, même celle plus routinière au sein de l'HIA du Val-de-Grâce, certaines viennent bien sûr surpasser les autres : « il y a par exemple le cas de la mission BERYX en 2005, un mélange de service au profit des forces et d'assistance aux populations victimes du Tsunami. Ou la mission Corymbe en 2010, où j'ai pu connaître une Afrique qui m'a rapproché de mon histoire militaire familiale ». Aujourd'hui, après près de 30 ans à servir dans la réserve opérationnelle, toujours aussi passionné et mobilisé, il conclut : « poursuivre cet engagement est pour moi une manière de ne pas se rider l'âme »
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Je suis amené à réaliser tous les actes de pratique générale et à être très réactif, ce qui est tout à fait intéressant pour conserver un bon niveau d'omnipraticien.
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Assistance opératoire au chirugien du bord lors d'une intervention benigne sur le BPC Tonnerre
Soins dentaires à bord de la frégate Montcalm ▼
La chirurgie dentaire embarquée Si l'exercice de la chirurgie-dentaire est très similaire dans les milieux militaire et hospitalier, il n'en est pas de même lors des embarquements. « Je suis amené à réaliser tous les actes de pratique générale et à être très réactif, ce qui est tout à fait intéressant pour conserver un bon niveau d'omnipraticien. » L'atmosphère, elle aussi, est différente. « Le sens du service est profondément ancré à tous les niveaux du SSA, j'y suis très sensible. Il y a un esprit de cohésion que l'on ne retrouve pas dans le civil. On le sent en
Portraits : interviews et mise en forme SLT (R) Alexandra Caussard, BCISSA
Actu santé • # 135 • avril - juin 2014 •
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dossier : Les réservistes du SSA
Groupement des associations de réservistes du SSA :
le GORSSA
Le GORSSA, Groupement des Organisations des Réservistes du Service de Santé des Armées, rassemble toutes les associations de praticiens de réserve, l’association des officiers du corps technique et administratif du SSA et celle des militaires infirmiers et techniciens de réserve. Chacune de ces associations garde son identité propre au sein du groupement, qui représente plus de 1000 personnes, dont 80 % environ de réservistes. Interlocuteur du Directeur Central du SSA, le GORSSA représente le personnel de réserve du SSA auprès des autorités civiles et militaires, participe à la promotion de l'esprit de défense et au resserrement du lien Armée-Nation. Il est organisé en délégations régionales implantées sur le territoire de chacune des directions régionales du service. Chaque délégation est composée d’un représentant de chacune des associations constitutives du GORSSA et l’un d’eux assure la représentation de la délégation auprès du directeur régional du SSA.
rôle, organise les journées nationales d’instruction du GORSSA, qui se dérouleront cette année à Paris, les 16 et 17 mai 2014. Le Groupement est doté d’une revue commune à toutes les spécialités, Actu GORSSA, et d’un site Internet qui, outre les nouvelles associatives, participent à la formation continue du personnel par la publication d’articles d’intérêt médico-militaire.
MCS (R) X. Sauvageon
Le GORSSA, membre du Conseil Supérieur de la Réserve Militaire est également agréé en qualité de partenaire de la réserve citoyenne.
Chaque délégation a toute liberté pour organiser des journées régionales d’instruction en accord avec le directeur régional, et, à tour de
Site : www.gorssa.fr Secrétariat 01 53 96 00 19 gorssa.national@gmail.com
MCS (R) X. Sauvageon Président du GORSSA
la section réserve
Le lien entre réservistes et employeurs Une section réserve est présente dans chaque direction régionale. Elle est le point de contact privilégié du réserviste.
La section réserve a un rôle de gestionnaire et de "recruteur". Elle gère entre 400 et 700 réservistes sous contrat (CESR) dans sa région (cf carte). Elle assure également un travail de prospection de volontaires réservistes pour les différentes OPEX, missions extérieures, embarquements ou demandes de soutien temporaire. Enfin, elle étudie les nombreux dossiers de candidature de civils ou d’anciens militaires désireux de s'engager dans la réserve opérationnelle. Pour cela, elle doit être à l'écoute à la fois des besoins des structures d’emploi et des spécificités et desiderata des candidats qui vont déterminer leur affectation. Elle est en contact avec les correspondants réserves dans tous les CMA et hôpitaux (BLRH), sans qui la 26 • Actu santé • # 135 • avril - juin 2014
gestion du personnel réserviste ne pourrait pas se faire "au plus près" des besoins. L’objectif : pourvoir les emplois dont le service a besoin et faire en sorte que militaires d'active et réservistes travaillent en symbiose.
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1
DRSSA ST-GERMAIN-EN-LAYE
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DRSSA METZ
3
DRSSA LYON
4
DRSSA TOULON
5
DRSSA BORDEAUX
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DRSSA BREST
Les sections réserves ont été créées en 2005, en même temps que les directions régionales. Sous les ordres d’un médecin en chef, elles se composent au maximum de deux sous-officiers et d'un personnel civil de la défense renforcés de réservistes.
dossier : LES réservistes du SSA
Projet SSA 2020 :
ÉVOLUTION DE LA RÉSERVE
L
es réserves du service de santé vont jouer un rôle important dans l'évolution du Service dans les années à venir. A côté des missions actuelles, dont certaines seront intensifiées, de nouvelles vont leur être confiées dans des postes de responsabilité dont certains pourront être orientés vers le monde de la santé publique. Afin de mener à bien les actions du Service, il sera nécessaire d’accroître les effectifs des réserves opérationnelles et citoyennes. En effet leurs activités conjointes et coordonnées en réseau nécessiteront un maillage territorial plus dense que celui existant actuellement.
Le personnel de réserve sera réparti en deux composantes : l’une dite « forces » comprenant le personnel affecté dans les centres médicaux des armées, la formation et le ravitaillement sanitaire et l’autre dite « hôpitaux » regroupant le personnel ayant des activités au sein des hôpitaux des armées ou des établissements de recherche. À partir de ces deux composantes une « réserve opérationnelle de crise » va être identifiée afin de répondre aux besoins inopinés du Service de compétences stratégiques mais aussi afin d’honorer au mieux les demandes exprimées par les autorités civiles lors de crises sanitaires ou de catastrophes naturelles et participer ainsi à la résilience de la Nation. Une meilleure connaissance des réserves autres que militaires sera nécessaire afin de coordonner les actions du Service, au profit de la Nation, lors ou en dehors des crises pour optimiser l’emploi des compétences. L’accueil de nouveaux réservistes implique
© SLT A. Caussard
Les missions de la réserve seront toujours fondamentales dans le fonctionnement quotidien du Service mais elles seront nécessaires pour l'ouverture vers le service de santé civil. Les réservistes apporteront leur connaissance des réseaux de soins tout en jouant un rôle de facilitateurs lors des mutualisations ou des réorganisations dans les territoires de santé dans lesquelles le service de santé souhaite s'intégrer.
l’apport d’une formation opérationnelle permettant au réserviste d'obtenir des compétences proches de celles du personnel d’active. Les deux domaines, recrutement et formation, viennent d'être réorganisés autour de structures mises en œuvre par les réservistes sensibilisés aux besoins du Service et responsabilisés sur la qualité des réservistes opérationnels et citoyens attendus. La réserve citoyenne, constituée de personnel agréé par le Service pour réaliser certaines actions, va devoir augmenter ses effectifs et diversifier ses missions pour épauler le personnel d’active et de réserve opérationnelle. Elle va jouer un rôle extrêmement important dans l'évolution du service de santé des armées et son ancrage vers la santé publique et privée. Il s'agira de personnel partageant les valeurs du Service que nous aurons sensibilisé aux questions de défense et informé sur les
armées et le Service. Le personnel pourra ainsi expliquer dans son environnement familial et professionnel son rôle, ses missions, ses valeurs et ce qu’il peut apporter à la Nation. Les missions de la réserve vont s'enrichir et le destin des réserves sera intimement lié à celui du SSA. La motivation, l’implication, l’attachement au Service ainsi que le professionnalisme des réservistes permettra certainement au SSA de répondre aux attentes, en participant à l'évolution du Service dans un contexte de réorganisation de la santé publique, des armées et des ministères. Ainsi, c’est dans ces défis futurs où se jouera l’avenir du modèle d’armées et de la conception française du soutien médical, que la réserve du SSA prendra pleinement la place qui lui revient.
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Vie du service
HIA Laveran : cuisine thérapeutique Le 27 janvier 2014, une cuisine dite thérapeutique a été inaugurée au sein du service de médecine physique et de réadaptation (MPR) de l’Hôpital d’instruction des armées Laveran à Marseille, au profit des blessés et malades militaires et civils. Ce projet a pu voir le jour grâce au soutien moral et financier du GMPA, représenté par le général (2S) Rouquier.
de réadapter le patient handicapé moteur avant son retour à domicile. La capacité à cuisiner conditionne parfois la fin d’hospitalisation. Les ateliers pratiques permettent de voir les adaptations à mettre en place au domicile du patient », explique le médecin en chef Laurent Thefenne, chef du service de MPR. Les patients de psychiatrie présentant par exemple une aversion à la nourriture ou un besoin de socialisation peuvent effectuer des ateliers thérapeutiques dans des conditions d’hygiène et de sécurité améliorées. La cuisine pourra aussi servir pour l’éducation thérapeutique des patients obèses devant subir une chirurgie bariatrique et pour celle des patients dénutris.
© Ergo Mobilys
Les activités dans la cuisine sont organisées avec le thérapeute, en individuel ou en groupe, avec à chaque fois des objectifs précis. « Il s’agit
© HIA Laveran
La cuisine thérapeutique de l'hôpital Laveran a été conçue, par les ergothérapeutes, les services de MPR et de psychiatrie ainsi que les diététiciens, comme un outil de rééducation, encore rare dans les établissements de santé. Les équipements y sont adaptés aux handicaps des patients pour leur faciliter l’accessibilité aux équipements : hauteur du plan de travail et de l’électroménager, systèmes d’ouverture et de fermeture des placards et tiroirs, plateaux tournants et pivotants… Dans la cuisine de l’hôpital Laveran, deux espaces chaleureux et conviviaux coexistent. D’un côté, en vert anis, l’espace est dédié aux patients ayant des problèmes de préhension ou pour se mettre debout et se déplacer. De l’autre côté, couleur framboise, l’espace prévu pour les patients atteints de troubles psychiatriques ou de la nutrition.
Les concepteurs de cette cuisine appartiennent à la société Ergo Mobilys.
OPEX : un scanner nouvelle génération Le service de santé des armées (SSA) s’est enrichi d’un scanner de nouvelle génération déployable sur les théâtres d’opérations. Ce matériel d'imagerie assurera une prise en charge médicale d'une qualité équivalente à celle proposée dans les hôpitaux militaires.
© SSA
© SSA
Essai climatique de l'AMS
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Le contrat opérationnel du SSA implique de pouvoir soutenir les forces projetées hors du territoire national avec des dispositifs médicaux performants. Intérieur de l'abri modulaire avec scanographe intégré Dans le cadre de son programme d'équipement opérationnel (PEO) 2013, il a acquis un nouvel Abri modulaire avec Scanographe intégré (AMS) de dernière génération. Projetable par voie aérienne ou maritime, le conteneur est déployable avec deux extensions latérales intégrées pour permettre la mise en oeuvre d’un scanographe Philips Brilliance 64 barrettes, des moyens d’injection de produit de contraste et d’une station d'interprétation complète. Le premier exemplaire AMS devrait être projeté au cours de l'été 2014 au profit des Éléments Français au Tchad. D'autres viendront compléter les capacités que le SSA détient au titre du contrat opérationnel.
activités opérationnelles
Inauguration du Groupement Médico-Chirurgical Sahel de Gao par le Général commandant la force Serval
Implanté sur le site de la Plateforme Opérationnelle Désert (PfOD) de Gao, le Groupement Médico-Chirurgical (GMC) Sahel, a inauguré ses nouveaux locaux en présence du Général de division Marc Foucaud, Commandant la force Serval, le 11 février 2014. Initialement déployé sous tentes, le GMC, a récemment été doté d’une structure métallo-textile permettant d’optimiser les conditions de travail et d’assurer une meilleure robustesse face aux intempéries (vent, inondations). Le nouveau GMC Sahel dispose d’un bloc opératoire spacieux, équipé d’un amplificateur de brillance de dernière génération permettant la réalisation de clichés radiographiques per-opératoire et d’artériographies. Il compte deux postes de déchocage, deux lits de réanimation, trois chambres d’hospitalisation de quatre lits chacune et un cabinet de radiologie permettant la réalisation des examens standards. Il ne possède pas de scanner. Il est complété d’une tente de triage de quatre postes, d’une tente d’hospitalisation supplémentaire de huit lits, d’un cabinet dentaire et d’un laboratoire d’analyses biologiques permettant la réalisation des examens courants et de cultures bactériologiques. Enfin, le dispositif est soutenu par une Unité de distribution des produits de santé (UDPS) et une antenne de maintenance des équipements biomédicaux. Le nouveau GMC Sahel a déjà fait preuve de sa capacité opérationnelle. Le 11 janvier, trois militaires tchadiens appartenant à la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali (MINUSMA) présentaient des plaies balistiques lors de combats dans la région de Kidal. Ils ont été pris en charge et opérés la nuit même avant d’être évacués, dès le lendemain matin, vers le rôle 2 Togolais situé à Mopti. Le 23 janvier,
un militaire français était gravement blessé par balle au cours de combats dans la région de Tombouctou. Il a bénéficié d’une chirurgie de reconstruction vasculaire avec exo-fixation osseuse avant son rapatriement vers Bamako puis la France, dès le lendemain. Le GMC entretient par ailleurs une activité d’Aide médicale aux populations (AMP), en collaboration avec les structures sanitaires locales. Des créneaux quotidiens de soins externes et une consultation médico-chirurgicale bi-hebdomadaire sont proposés. Une vingtaine d’interventions de chirurgie
générale et de traumatologie orthopédique a été réalisée au décours du dernier mois du mandat. Situé au plus près des activités des combattants, le nouveau GMC occupe une place centrale au sein de la réorganisation du dispositif militaire français au Sahel, et c’est donc naturellement qu’il a été baptisé ainsi. Médecin Principal Guillaume Boddaert Chirurgien des Hôpitaux des Armées 4e Antenne Chirurgicale Aérotransportable Groupement Médico-Chirurgical Sahel Actu santé • # 135 • avril - juin 2014 •
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culture
Livres…
Un médecin de marine au Sénégal (1882-1884) Auteur : Jean Goasguen Éditions : L'Harmattan Louis Carrade est né en 1859 près de Castres. Le baccalauréat obtenu, il entre en 1879 à l’École de médecine navale de Toulon. Il est affecté au Sénégal en mai 1882. Après son arrivée là-bas, il écrit à ses parents et leur demande de garder sa correspondance. Il raconte avec humour sa vie quotidienne, ses aventures, ses démêlés avec les autorités administratives locales et les Maures Bracknas. Les détails sont autant d’éléments marquants au cours d’une affectation relativement sereine et trop souvent monotone. L’intérêt de cette correspondance réside dans sa qualité d’archives privées. Après avoir eu la chance de trouver ces documents si précieux, l’auteur a décidé de présenter ces 78 lettres. L’intégralité des droits d’auteur perçus sur la vente de cet ouvrage sera reversée à l’Association Terre Fraternité.
Guide à la reconversion pour les médecins des armées Le Service de santé 1914-1918 Auteurs : Marc Morillon Jean-François Falabrègues Éditions : Bernard Giovanangeli Éditeur Ce livre, bien au-delà de l’histoire du Service de santé militaire, évoque toutes les professions de santé mobilisées au cours de la Grande Guerre. Avec plus de quatre cents images dont la plupart sont inédites, l’ouvrage illustre la guerre des médecins, pharmaciens, dentistes, officiers d’administration, brancardiers, infirmières et aumôniers, tous dévoués au secours des blessés. Il permet de suivre et de comprendre le parcours des soldats depuis leur relève sur le champ de bataille jusqu’aux hôpitaux de l’arrière. Il sera utile à tous ceux qui, amateurs de la grande histoire ou simplement curieux de leur histoire familiale, voudront décoder les photographies et documents laissés par un aïeul, que celui-ci ait été soignant ou blessé.
Aux poilus 14-18 Les martyrs bleus Auteur : Docteur Jean Rateau-Landeville Commande à jean-louis.rateau1@orange.fr Jean Rateau est à l’École du Service de Santé des Armées de Lyon, dans ses premières années d’études, quand la guerre éclate. Il est Médecin auxiliaire au 19e Bataillon de Chasseurs à Pieds quand il va dans les tranchées en Argonne, aux Eparges, puis en Champagne où il est blessé. Le dernier Poilu vient de nous quitter, une page se tourne. Bientôt la célébration du centenaire à Verdun. Cet ouvrage retrace, par le vécu, la vie dans les tranchées de nos Poilus, ces héros et martyrs en bleu horizon. Pensons aussi, à l’heure de l’Europe, que ce vécu fut identique dans les deux camps. 30 • Actu santé • # 135 • avril - juin 2014
Syndicat Professionel des Anciens Médecins des Armées (apolitique) 79 rue de Tocqueville 75017 Paris www.sama-syndicat.com 01 44 29 01 24 Le Syndicat des anciens médecins des armées (SAMA), publie le « Guide à la reconversion pour les médecins des armées ». Cet ouvrage constitue une aide précieuse pour les médecins militaires qui quittent le service actif pour les démarches d'installation, l'exercice en milieu privé et libéral, les contrats, etc. « L’adhésion au syndicat permet de parler le même langage. Vous avez besoin de nous et nous avons besoin de vous. Plus nous serons nombreux plus nous aurons de poids pour vous défendre. » Docteur Jean Lartigue - Vice Président du SAMA.
Histoire du Débarquement en Normandie Auteur : Olivier Wieviorka Coédité par le ministère de la Défense et les éditions du Seuil Du Débarquement, en 1944, des troupes alliées en France, on semble tout connaître. Mais si nombre d'analyses ont été consacrées au Jour J, aucune n'avait encore envisagé le problème dans sa globalité, des origines à la Libération de Paris, en intégrant l'ensemble des points de vue, en envisageant la pluralité des aspects - économiques, militaires, diplomatiques, mais également politiques et sociaux. S'appuyant sur des sources inédites, pour l'essentiel américaines et anglaises, Olivier Wieviorka retrace cette longue épopée, des tous premiers projets à l'assaut final.