Kiblind 56 - Super by Kiblind Magazine

KIblINd Atelier imprimé, Super – n°56.

LYON

4-8 MAI MAI

2016

14e 14e

NUI S OR NUI NUITS SON ORES R O NORES NUITS O O S NUIT N SO NUI NUITS N NUITS NUI NUITS SON ES R O N SO 14e ÉDIT ION ION www.nuitssonores.com

LE CRÉDIT MUTUEL DONNE LE

IMAGINE LA CULTURE DE DEMAIN 6e édition | 4 — 6 mai 2016 | Lyon — France www.europeanlab.com | #eurolabforum2016

jusqu’au 08/05/2016 01 53 35 50 00 www.104.fr

Mesk-ellil (détail), 2015 – Hicham Berrada | photo © Fabrice Seixas Courtesy the artist and kamel mennour, Paris

direction artistique : José-Manuel Gonçalvès

exposition collective avec Agapanthe (Konné & Mulliez) Hicham Berrada Ali Cherri Miranda Creswell Nathalie Joffre Anish Kapoor Johann Le Guillerm Julie Ramage Ronny Trocker performances de Eric Arnal-Burtschy Adrian Schindler

Dans le cadre du programme européen NEARCH, financé par le programme Culture de la Commission européenne. Avec l’expertise scientifique de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) et de l’ensemble des partenaires.

ENTRﾃ右

ÉDITO

Édito —

Bien souvent, nous nous demandons quel pourrait être le lien entre un personnage Disney, un hélicoptère, une chanson de Michel Jonasz et la plomberie. La réponse est pourtant sous notre nez : ils ont tous les trois pu accéder à un niveau de puissance élevée, par l’enchantement d’une manipulation lexicale. Cinq lettres suffisent en effet à rendre les choses et les gens meilleurs : S-U-P-E-R. Et, oh tiens ! c’est également par ces mêmes lettres que débute le doux nom de Superscript², l’un de nos studios graphiques chouchous, célébrant cette année ses dix ans. Pour fêter ça, on boit un coup, mais surtout on les invite à réaliser notre couverture sur ce thème qui leur va si bien : « Super ».

Atelier imprimé - Entrée

LIEU

Plan de l'a telier Vestiaire p.54

Labo p.16

8 Galerie p.34 Entrée p.6 Sortie d'atelier p.64 Salon p.46 * STAFF Directeur de la publication : Jérémie Martinez Direction Kiblind & Klar : Jean Tourette Gabriel Viry Baptiste Viry Jérémie Martinez

Rédaction Kiblind : Maxime Gueugneau Gabriel Viry - Jean Tourette - Jérémie Martinez Baptiste Viry - Olivier Trias - Simon Bournel-Bosson Alizée Lagé - Justine Ravinet - Margot Chauvin Matthieu Sandjivy Cahier Mode : DA | Baptiste Viry - Assistante | Alizée Lagé - Photographe | Thomas Chéné

Atelier imprimé - Entrée

Réviseur : Raphaël Lagier Merci à : Mathilde Dubois - Sarah Isman Direction artistique : Klar (www.agence-klar.com)

ÉQUIPE

Les habitants* + Les contributeurs

Superscript² Les Superscript² ont réalisé pour nous cette couverture en hommage à Super Picsou Géant et pour fêter les 10 ans de leur super studio graphique. Ils ont travaillé pour Nuits sonores, Scopitone, Tolix ou Opinel.

Simon Boileau Hormis sa gestion plaquée or des réseaux sociaux chez Arte, Simon Boileau sillonne les mers agitées de la planète rap et de la bande dessinée. Son pied marin fait des merveilles.

Marine Normand Nonobstant sa fougueuse passion pour Claude François, Marine Normand est une personne formidable : elle a fondé Retard Magazine, travaille aux Inrocks et pense que Blackout est le meilleur album de Britney.

Basil Sedbuk Basil Sedbuk est un passionné d'illustration qui abreuve son monde sur son excellent blog, LaBelleIllustration.blogspot.com.

Claire Cornillon Docteure en littérature comparée, agrégée de lettres modernes, spécialiste du cinéma de sciencefiction et des séries télévisées, Claire Cornillon est comme Buffy, une super-héroïne.

Elora Quittet Brillante étudiante avignonnaise, Elora a également l’avantage d’écouter plein de trucs et d’écrire ce qu’elle en pense pour nous ou pour Hartzine.com.

Ted Supercar Activiste artistique et écrivain public pour Hartzine.com, Ted Supercar a l'oreille aiguisée comme peu dans ce monde. Et quand il nous dit que la musique est bonne, lui, on le croit.

Alix Hassler Tous les matins, nous prenons un temps de recueillement pour bénir le jour où Alix nous a demandé un stage.

Manon Raupp Férue de musique indépendante jouissive, Manon Raupp, depuis Toulouse, fabrique tout aussi indépendamment son fanzine Ductus Pop.

Julien Achard Fort heureusement, le XXIe siècle nous a donné Julien Achard, qui s'est lui-même confié la mission d'imprimer Internet avant qu'il ne soit trop tard via son super-magazine, Nichons-nous dans l'Internet.

Delphine Zehnder Ancienne du Petit Bain parisien, Delphine est également amoureuse de la bande dessinée dont elle colporte les ébats autant qu’elle peut.

+ Les artistes invités Building Paris – Chevalvert – Hector de La Vallée Helmo – Mau Lencinas – Violaine Leroy Jérémy Perrodeau – Mathias Schweizer – Orane Sigal

INFOS Le magazine Kiblind est imprimé sur papier Fedrigoni Couverture : Symbol Freelife Gloss 350gr Papier intérieur : Arcoprint Milk 100g Typographies : Kiblind Magazine (Benoît Bodhuin) et Orphéon (Marine Stephan) Imprimeur : DEUX-PONTS Manufacture d'histoires www.deux-ponts.fr

Édité à 40 000 exemplaires par Kiblind Édition & Klar Communication. SARL au capital de 15 000 euros - 507 472 249 RCS Lyon . 27 rue Bouteille - 69001 Lyon 04 78 27 69 82 - www.kiblind.com Le magazine est diffusé en France. Liste complète sur www.kiblind.com.

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Ce numéro comprend un cahier supplémentaire de 32 pages pour la région Rhône-Alpes. ISSN : 1628-4146 // Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. Iris love ! Contact : redaction@kiblind.com

Pour s'introduire gentiment dans le magazine, voici, rassemblées en encarts éparses, quelques-unes des actualités visuelles du trimestre passé, à grands coups de flyers, magazines, clips et logos. Sans oublier le petit coin divertissement, pour évacuer tout ça.

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IMAGES

SCREEN SHOOT 1 → KANYE WEST <3 THE PIRATE BAY Il y a 39 ans naissait le chat de Schrödinger musical, Kanye West, à la fois génie et débilos de la pop moderne. Il y a 17 ans se créait Napster et avec lui le monde merveilleux du téléchargement illégal. Il y a trois semaines, Kanye a été pris en flag sur The Pirate Bay. On leur souhaite de joyeuses noces.

2 → CALIFORNIUM Arte et le studio parisien Darjeeling ont eu la super idée d'entrer dans le cerveau éblouissant de Philip K. Dick. Ça a donné le jeu vidéo Californium qui explore les mondes pas si fous du romancier américain, dont on s'aperçoit peu à peu qu'il est l'écrivain le plus important du XXe siècle.

LOGO TYPES Paris-Tokyo-Tokyo-Paris ? Pour la plupart d’entre nous, les Jeux Olympiques ne sont qu’amour du sport, canapé molletonné et Banga frais. Mais le sport de salon n’est pas la seule compétition en jeu. Depuis 1913 et l’introduction des cinq fameux anneaux par Pierre de Coubertin, les graphistes du monde entier se tirent la bourre pour savoir qui aura le droit de porter la flamme du graphisme olympique. Alors que Paris, ville candidate, a dévoilé en février dernier son logo officiel, mi-moche et réalisé par l’agence Dragon Rouge, le voilà déjà entaché d’un soupçon de plagiat (rapport au logo de l’agence 4 Global Consulting). Une caractéristique qu’il peut fièrement partager avec le logo mort-né de Tokyo 2020, réalisé par le designer Kenjiro Sano avec deux fortes inspirations : une belge, celle du Studio Debie et son travail pour le Théâtre de Liège et une japonaise, avec l’affiche d’une exposition réalisée par Yoshihisa Shirai. Pourtant, avant cette sombre période, Paris et Tokyo avaient en leur temps révolutionné le graphisme olympique. La première en inventant, en 1924, le principe même de logotypage des Jeux. La seconde, en ouvrant en 1964 la voie à un simplisme et une géométrie exacerbée, à tel point que certains ricanent sur le temps de travail de Yusaku Kamekura. Peut-être, mais il ouvrira la voie à quelques merveilles type Grenoble 68, Munich 72, Montréal 76, Moscou 80 ou encore Sarajevo 84.

3 → EXCUSE MY FRENCH En 2010, on se marrait devant le projet collaboratif Pardon My French qui traduisait littéralement nos tubes préférés. Tom Le French, graphiste français installé à Londres, a suivi le chemin tracé et réalisé une francisation de pochettes cultes. À voir, les albums de Stéphane Merveille, Eaux Boueuses ou Sel & Poivre.

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IMAGES

CLIP De l'ours en milieu créatif Les ours modernes ont comme caractéristiques un corps grand, trapu et massif. C'est pourquoi il semble tout à fait naturel, pour l'homme, de s'en éloigner le plus possible. Mais comme il y en a toujours deux-trois pour faire les idiots, on se retrouve parfois avec du sang sur les vêtements. Exemple #1 : Leonardo Di Caprio dans The Revenant, voilà, merci, c'est qui qui a failli y passer ? Exemple #2 : la si virale publicité pour le saumon John West, où le coup de pied retourné y tient le haut du pavé. Exemple #3 : Booba dans le clip de « Comme les autres ». Oui, mais lui c'est pas pareil. Il les comprend les ours. Rapport à son nom.

COUVERTURES SZ Magazin Alors, oui, c'est vrai, les magazines hebdo des grands quotidiens ressemblent souvent à des brochures publicitaires pour personnes financièrement obèses. Mais il arrive parfois que la qualité vienne s'immiscer dans ce plan bien huilé. C'est le cas pour le SZ Magazine du Süddeutsche Zeitung, artistiquement dirigé par Mirko Borsche puis par Thomas Kartsolis, qui soigne sa couverture en faisant preuve d'une élégance rare dans le choix de ses auteurs. Lesquels auteurs peuvent s'exprimer sur une pleine page simplement et discrètement barrée par le logo du journal. Parmi ces veinards, on compte Eugenia Loli, Mrzyk & Moriceau ou Luke Pearson.

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IMAGES

IMAGE DE SYNTHESE L'actualité de l'hiver 2015-16 en une image. Dôme

Dans le cadre du Festival d'Angoulême, les Français de Lagon et les Anglais de Breakdown Press ont conçu ensemble un objet éditorial dédié à l'illustration. C'est beau, c'est collaboratif, c'est transfrontalier, c'est une vision. 28 X 35,5 cm / 40 pages / 500 ex/ lagonrevue.com Atelier imprimé - Entrée

ÇA CARTOON

Vol au dessus d'un nid de coucou

— Matthieu Chiara

— Rémy Mattei

— Antoine Marchalot

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LABO

INTRO PICTO Texte — M.Gueugneau Pictos — Klar

SUPER S'il est un mot qui rend les

et les plombiers meilleurs, s'il

est une expression qui nous fait croire, pendant la demi-seconde de son élocution, que nous sommes Américains, s'il est une exclamation, enfin, qui souligne un palpable enthousiasme, c'est bien le mot « super ». Partagé par les euphoriques du joie est universelle et remplit le Ce mot

entier, sa

des optimistes de tout poil.

est en effet une sorte de miracle lexical, utilisable

à toute heure, en tout lieu pour faire advenir le positif et/ou la puissance. Alors nous sommes allés en pèlerinage, dans les divers endroits où se trouvent le mot et ses pouvoirs. Ce qui est pratique, c'est qu'on a pu le dénicher un peu partout. On l'a trouvé dans des vieux comics

dans une partie de Loto-Bingo, dans nos vieilles peurs et dans la déclinaison française du sport le plus d'un

qui soit. On l'a extirpé

de Kanye West, des épisodes de Buffy contre les

et du téton de Janet Jackson. Et d'autres se sont chargés de le sublimer, dans la partie Galerie, qui rassemble neuf artistes pour neuf créations originales dédiées à ce saint mot « Super ».

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DESSINS DE CURT SWAN THE AMAZING STORY OF SUPERMAN RED AND SUPERMAN BLUE (JUIN 1963)

AU LENDEMAIN D’UNE BOOM CHEZ LES POTES BATMAN ET ROBIN. T’INQUIÈTE, ILS EN PARLEN T SUR DOCTISSIMO. JE SUIS VRAIMENT SUPERMAL... À CHAQUE FOIS (JE METS AU MAX, C'EST PAREIL TAC… HINHIN…) PUTAIN,ON NE SAIT PAS S ’A R R Ê T E R … T’ES SÛRE DE TON TRUC, LÀ ?

TOUT À COUP.

QUELQUES MINUTES PLUS TARD, L’ENGIN COMMENCE À FAIRE SON PETIT EFFET. AÏE, AÏE, AÏEEE !!… C’EST CHELOU TON MACHIN. ÇA A TENDANCE À ME CRISPER LÉGÈREMENT.

PUTAIN !!!! MAIS ÇA FAIT SUPERMAL !!!

APRÈS UN SUPER SUPER LONG MOMENT.

ET LA MAGIE OPÉRA... JE DOIS ENCORE ÊTRE BOURÉE, C ' E S T P A S POSSIBLE... OU ALORS J'AI MERDÉ...

ALORS REGARDE, REGARDE UN PEU... JE VAIS PAS ME TAIRE PARCE QUE T'AS MAL AUX YEUX.

ALORS REGARDE, REGARDE UN PEU... TU VERRAS TOUT C' QU'ON PEUT FAIRE SI ON EST DEUX. TANIN NIN NIN NIN...

AH NAN MAIS... J'HA-LLU-CINE !!!

DÉSOLÉ DE TE PRENDRE LA TÊTE EN DE TELLES C I R C O N S TA N C E S , MAIS SI ON SOIGNAIT LE MAL PAR LE MÂLE ?

TU VEUX DIRE QU'IL SERAIT PEUT-ÊTRE TEMPS DE BOIRE UN COUP POUR FAIRE DISPARAÎTRE CES CHIFFRES ÉTRANGES QUI TOURNENT AU DESSUS DE NOUS ?

T'AS RAISON MAN, T'ES TROP UN MEC SUPER, MAN. JE SUIS VRAIMENT RÂVI DE FAIRE TA CONNAISSANCE !

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MOI AUSSI MAN ! RÂVI MAN ! REGARDE MOI CETTE PETITE BOUTEILLE DE RHUM ARRANGÉ QUI NOUS FAIT DE L'OEIL... AVEC ÇA, C'EST SÛR, ON VA S'ENVOLER (HUHU).

SUPER COMICS Texte — O. Trias & J.Martinez Intégration — M. Dubois

LA VEILLE DE LA FASHION WEEK CHEZ LA STYLISTE, DANS UNE CAVE PARISIENNE. T’INQUIÈTE ! C’EST THE MACHINE À PELOTE !! J E T E FA I S CONFIANCE. DEMAIN, FAUT ABSOLUMENT QUE JE SOIS SAPÉ COMME JAMAIS !

SOUDAIN

QUELQUES MINUTES PLUS TARD, L’ENGIN COMMENCE À FAIRE SON PETIT EFFET. TOUTES CES PELOTES ME FONT PENSER AUX PULLS DE MAMIE.

IL CONNAÎT RIEN À LA MODE.

PAR LA FORCE DU MOUTON !!!!!!!!

ET LA MAGIE OPÉRA...

DE FILS EN AIGUILLES...

VOUS ÊTES PARFAITS ! IL VOUS MANQUE PLUS QU’UN ACCESSOIRE.

AH VOILÀ ENFIN LE ROI DE LA CLASSE, L’HOMME TROP BIEN SAPÉ.

MMMMM, C’EST DOUX... CE MÉLANGE 80% MÉRINOS, 20% CACHEMIRE, ME REND TERRIBLEMENT SEXY.

CA VA ÊTRE MAGNIFAÏÏKE !

SUPER LE CHAPEAU MEXICAIN ! CA NOUS DONNE L’AIR SUPER INTELLIGENT !

T'AS RAISON, JE ME SENS TELLEMENT MIEUX DANS MA PEAU. J'AI ENVIE DE CRIER MA JOIE DE VIVRE.

D’AILLEURS, JE VOULAIS TE DIRE, JE TE TROUVE VRAIMENT SUPER, MAN !

MERCI :-) ON EST BON POUR LE DÉFILÉ... MAIS PAS POUR S’ENFILER MEC. T'ES GENTIL, IL Y A MA MEUF JUSTE DERRIÈRE. TU PEUX ENLEVER TA MAIN DE MON ÉPAULE S'TE PLAIT?

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CARNET DE VOYAGE Sujet — G.Viry

SUPER LOTO

Photo — Yohann Borel

Les lotos rassemblent chaque année trois millions de Français, à la recherche du gros lot, d’un loisir partagé, d’une adrénaline de salle des fêtes ou d’un fer à lisser. C'est un Carnet de voyage, au pays d'Argenteuil, dont seuls les revenants savent s’ils ont fait carton plein ou chou blanc… 19h30. Un samedi soir, plein d'espoirs. Il y a foule devant l'espace Jean Vilar, le patronyme préféré des salles municipales, qui rappelle qu'Hervé n'a pas le monopole des vieilles dames. Coup de bigot à Rico, fondateur de l'association Agora et organisateur du loto, en guise de laissez-passer. « C'est complet, on a près de 200 participants ! Je vous ai installé au fond de la salle, en bout de rangée, pour les photos… »

À l'accueil, passage à la caisse, au milieu d'une cohue bienveillante, teintée d'invectives en portugais et de superstitions colorées : « On prend les cartons verts ou la planche jaune ? » Le rose, c'est pour le tirage spécial, doté de la machine à laver. Nous choisissons la formule 10 cartons/20 euros, soit la mise réglementaire maximale, par joueur, dans le cadre d'un loto associatif.

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CARNET DE VOYAGE Sujet — G.Viry

« Ça ? Ben..., c’est un ramasse-jetons. » Nos voisins de tablée sont des habitués, originaires d'Argenteuil ou de plus loin, jusqu'en Picardie. « On joue quasiment chaque week- end », explique l'un d'eux, bien en verve, pendant que le petit groupe nous rappelle les règles : « Ils vont annoncer une ligne, 2 lignes ou un carton (...), c'est le premier qui dit Quine ! ». Dans la salle, tous les joueurs sont équipés de petits jetons et d'un manche aimanté pour les attraper. Nous utiliserons les graines de haricots, servies à volonté.

« T'es content mais tu sais que t’as gagné un truc de merde! » La nature des lots et les "marques" sont au coeur des échanges, qui remontent des allées, à l'approche du podium, où les 18 cadeaux sont exposés (1 par tirage) : un service Ricard, une centrale vapeur, le sèche-linge, etc. De l'autre côté du boulier, repose fièrement l'écran plasma, objet de toutes les convoitises et tête d'affiche évidente de la communication d'Agora.

« On a fait le pari de la qualité » Rico n'est pas peu fier de ses achats, également très axé sur les marques : « On a pris du Philips, Senseo, Moulinex...» Chaque participant a un souvenir, son meilleur gain, comme un scooter, un bon d'achat en hyper, des chèques d'essence ou du gros électroménager. Certains lotos proposent également de la nourriture, comme des crevettes, ou des paniers garnis. À la campagne, il est encore fréquent de gagner 1 cochon ou de la viande, même si la réglementation interdit la volaille vivante et le gibier. Atelier imprimé - Labo

CARNET DE VOYAGE Sujet — G.Viry

« Y a qu'un juge : c'est moi! » Avec ses grandes moustaches et son pantalon en flanelle extra- large, Daniel, ancien pompier, lance enfin les hostilités. Petit clin d’oeil à Kiblind (« ici présent »), rappel des règles et premier tirage : il concerne la tombola, dotée d'un coffret DVD de Johnny et d'une pochette FDJ ( 60 euros de tickets à gratter). Puis le loto commence, pour une ligne, avec le sèche-cheveux Elite. Les boules s'enchaînent, le public remplit religieusement ses cartons, jusqu’à ce que deux voix n’explosent en même temps : « J'ai! ». Leurs numéros sont vérifiés, à l'oral, par l'arbitre de salle. « C'est gagné. Vous pouvez démarquer ».

« J'ai déjà un batteur à mayonnaise... » Les tirages essaiment, entre trois et 5 minutes pour chacun, avec la petite ritournelle du M.C. : « Pour 2 lignes... Ne démarquez pas... C'est une meuleuse Black et Decker... Carton plein...». Plus le tirage dure, plus la salle véhicule logiquement une sorte d'ébullition silencieuse, qui s'achève toujours avec l'éclat sonore des gagnants, puis les intermèdes, souvent bien garnis : « Meuleuse, perceuse, on voit bien que c'est organisé par une association de Portuguais... ». Hi hi. « Ils font chier, les fumeurs ! » À 21h30, c'est l'heure de la pause. Rico fait le tour du propriétaire, en commençant par la grande salle mitoyenne : « Il y a quelques semaines, pour le Téléthon, les Pompiers ont organisé un loto avec 10 00 personnes! ». De retour dans nos allées, certains joueurs sont habitués des grandes messes, organisées un peu partout, où l'on a coutume de prier davantage pour la voiture à gagner que pour les progrès de la thérapie génique. « Les lots sont parfois démesurés ; dans certains cas, ça sent même un peu l’arnaque... » « 51, le pastis » Daniel recommence à énoncer ses numéros avec une terminologie bien à lui : 6, elle est en haut (la queue) - 11, les gambettes à Ginette - 21, l'assassin y habite - 69, le bonheur (commentaire à ma gauche : « nettoyage des outils ») - 90 , le grand-père... « Chaque animateur a ses codes et il faut aussi tenir compte du public : si je sais qu'il y a des Auvergnats dans la salle, je vais éviter de dire que le 15, le Cantal, ça pue des pieds ».

Atelier imprimé - Labo

CARNET DE VOYAGE Sujet — G.Viry

« Il dort, cet enfant? » Surprenante question du pompier de service, en uniforme, qui aura le mérite de rappeler que le loto est, ici comme ailleurs, une activité familiale. Toutes les générations sont représentées dans la salle, même si l'heure commence à devenir avancée et qu'elle ne joue pas toujours en faveur des aînés, toujours bien en force : « Vous me portez la poisse », vient de lâcher sévèrement une grand-mère à ses deux petites filles... « Bon ben moi, je vais me saouler... » La machine à laver vient de trouver preneur, grâce au fameux carton rose. Pas de chance pour notre voisin préféré, à 1 numéro près, qui enchaîne malgré tout un sourire de beau joueur et une bonne bière. La buvette est juste derrière mais, malgré notre large contribution, elle est restée bien isolée, toute la soirée : on ne boit pas, semble-t-il, au loto mais on n’hésite pas à exhumer, sur la table, tout son frigo.

« 68, les portes du bonheur » À l'issue d'un interminable suspense, dont nous sommes partie prenante grâce à un carton quasiment plein, les portes s'ouvrent enfin pour la gagnante du plasma. Clameur, applaudissements, dernier tirage, rentrée bredouille : Jean Vilar se quitte, comme on sort d'une scène, avec un condensé d'Argenteuil en argentique et des 10 00 00 lotos organisées chaque année. La France, on s’en souvient : c’est super bien. Atelier imprimé - Labo

DOCUMENTAIRE ILLUSTRÉ Texte — M. Gueugneau Illustration — S. Bournel-Bosson

SUPERBOL

Pour beaucoup en France, le football américain n’a jamais été qu’un de ces incompréhensibles particularismes culturels, à l’instar de Ronald McDonald ou du cul de Kim Kardashian. Mais pour certains, il est une passion pour laquelle il est naturel de passer ses lundis, mercredis et vendredis soirs à se prendre des bugnes et à réciter

par cœur les tactiques à appliquer le dimanche. C’est le cas des Molosses d’Asnières-sur-Seine, des Tonnerre de Brest ou encore des Templiers d’Élancourt. C’est le cas, évidemment, des Cougars de Saint-Ouen-l’Aumône et de leur coach, Xavier Mas, champions de France en titre et objets de nos pérégrinations.

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D’emblée, coach Xavier nous affirme une vérité implacable : « C’est peut-être le sport le plus complexe à appréhender ». Parfait. Tant mieux. On aime ça, on a fait un bac S. S’en est suivie une autoroute d’explications, schémas improvisés à l’appui, dont on a gardé les principaux péages.

1. « La règle de base, c’est que c’est un jeu de gagne-terrain. Y a une équipe qui attaque, une équipe qui défend. »

2. « Le but c’est de franchir la ligne de but adverse avec le ballon, sans forcément l’aplatir, simplement franchir. »

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3. « 3 façons de marquer des points : le Touchdown qui rapporte 6 points, la transformation du TD qui rapporte 1 point au pied et 2 points si l’on tente à nouveau de franchir la ligne et la tentative entre les poteaux à 3 points, comme au rugby. »

4. « Pour progresser sur le terrain, vous avez quatre tentatives pour avancer de 10 yards. Si vous arrivez à passer les 10 yards vous avez droit à 4 nouvelles tentatives pour passer les 10 yards suivant. »

5. « Si le porteur du ballon est plaqué, l’action s’arrête et on repart pour un nouvel essai. »

Après ça, on était contents, on pensait avoir compris. Et puis il y a eu le match. Et en fait, non. Atelier imprimé - Labo

Mais comme le dit si bien Marie-Anne Chazel, minute papillon. L’heure n’est pas au combat contre les robustes Gladiateurs de La Queue-en-Brie. L’heure est à la révision, et à la gueulante. Xavier Mas nous l’a clairement dit : « Je suis un peu gueulard parfois, et j’ai vite tendance à dégonfler les têtes un peu trop grosses. Je préfère avoir une équipe soudée, même si c’est contre moi. » Soit.

Pas de boîte, pas de gnons pour ce dernier rappel avant le match. Mais une révision en long, en catch et en bump-and-run. Ça peaufine, ça huile, ça rigole et ça cohésionne à coups de « GO COUGARS GO » criés très très fort, par beaucoup de gens et autour d’un casque levé vers le ciel. Atelier imprimé - Labo

Le ciel, parlons-en. Enflure. Et la politesse, merde ! Ça coûte quoi de nous foutre un grand beau sur La Queue-en-Brie ? Un dimanche en plus. Parfait. Ça ne rendra l’affrontement que plus épique. La pluie ruisselle sur les casques, les visages sont burinés, ça sent le Vietnam dans le Val-de-Marne. Et encore. Franchement, c’est quoi un Viêt-Cong par rapport à un Gladiateur de La Queue-en-Brie ? Walou.

C’est donc cette bande de 30 types bâtis comme le Vésuve que les Cougars de SaintOuen-l’Aumône vont devoir se taper, 3 heures durant. Les spectateurs arrivent comme la pluie, et on se retrouve une bonne centaine dans les tribunes du stade Robert Barran écoutant, alternativement, Rihanna et la speakerine. Et comme China, on ne sait laquelle choisir. Atelier imprimé - Labo

Boum. Le kick-off. C’est parti, on est plein dedans. Christophe aka « Spike », nous embête drôlement du côté des Gladiateurs. Mais les Cougars restent calmes. « C’est le groupe l’important, la cohésion, le dépassement de soi, c’est ça qui est mis en avant. » Les mots de Xavier Mas résonnent plutôt pas mal en ce début de match

C’est balbutiant, mais concentré. Les phases de jeu défilent, des mouchoirs jaunes sont lancés par des arbitres, des gens crient des mots en anglais, les actions s’arrêtent sans raison apparente, on comprend pas, on adore.

Et puis, tiens, comme l’envie de bouger la fesse sur le « Bubble Butt » lancé par les enceintes. Et... Oh ! La foutue douche froide. Notre mouvement de hanches s’accompagne d’un Touchdown des Gladiateurs par Brice Jacques-André-Coquin, transfuge des Corsaires d’Évry. La claque. En plus, il est vachement beau avec sa passe mignonne de 80 yards. Atelier imprimé - Labo

Bon, trêve de suspense. Le football américain c’est 3 heures de match et à la fin c’est les Cougars qui gagnent. Les gars de Saint-Ouen ont égalisé rapidement, puis se sont envolés. Ont trébuché de nouveau, et se sont relevés pour finir à 25-14. Mais peu importe. Car l’important, ce dimanche 14 février, n’était certes pas sur le terrain. Malgré la pluie, malgré le froid. Malgré les boîtes, malgré la boue. Malgré le mec qui s’est pris une tonne de personnes sur la joue pour avoir voulu choper la balle. Malgré tout cela, il y a eu du Zouk-Love. Et pourquoi ?

À la mi-temps, la musique se coupe. Les Gladiateurs ne rentrent pas immédiatement aux vestiaires et forment une haie d’honneur devant les tribunes. Au milieu de celles-ci, un homme à genou, une bague dans la main. L’amour. L’amour comme symbole. L’amour dans les tribunes comme un miroir de ce qui se passe sur le terrain. Le sport est rude et le vocabulaire est guerrier. Mais dans le football américain, la solidarité et la fraternité l’emportent sur ces superficialités. L’amour toujours. Atelier imprimé - Labo

Vous êtes actuellement à la page 30 du magazine Kiblind n°56. Ce n’est pas par hasard. Parce que si vous additionnez les 7 lettres de K I B L I N D, en leur attribuant le chiffre qui correspond à leur place dans l’alphabet, vous obtiendrez 11 + 9 + 2 + 12 + 9 + 14 + 4 = 61. 61, c’est le numéro du département de l’Orne en Normandie, dont le chef-lieu est Alençon. Comme tout le monde le sait, l’Orne – et Alençon – sont réputés pour leurs célèbres haras et leur tradition équestre. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que figure une silhouette chevaline sur le logo du Conseil départemental de l’Orne. Ils pensent à tout là-bas. Et comme les Ornais sont prévoyants et qu’ils ne veulent pas tomber quand ils montent à cheval, ils les ferrent. N’est-ce pas étonnant que ce soit précisément dans ce numéro 56, dont la thématique est « Super » et où il est question de l’Orne, que l’on vous parle justement de fer à cheval ? Vous avez de la chance on dirait.

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SUPER MENTAL Sujet — J. Tourette

SUPER STICION Et pourtant… comme vous vous trompez ! Prenez à nouveau ce nombre 56 de cette fameuse page 30 sur laquelle vous vous figez à l’instant même, et additionnez ses chiffres. Vous trouverez : 5 + 6 = 11. Or, en multipliant ce résultat par le numéro du département de l’Orne (61), correspondant à la somme des 7 lettres de Kiblind, soit 11 x 61, vous arrivez à 671. Bizarrement, vous constatez que le chiffre 7, caractérisant Kiblind et ses 7 lettres, est venu s’insérer entre le 6 et le 1 du numéro normand, comme si ces deux entités se trouvaient mystérieusement liées. Glaçant. Pourtant, comme 7 est un chiffre porte-bonheur, qu’il est contenu dans le mot Kiblind et aussi dans l’addition du numéro de l’Orne (6 + 1), vous vous dites que tout va bien, et que cette journée va vraiment être super. Mais, c’est tout le contraire ! Car 671 = 6 + 7 + 1 = 14, c’est-à-dire 1 + 4, soit 5, le chiffre des sens. Et c’est précisément en changeant de sens, et en retranchant ce 5, du nombre fusionnel de Kiblind et de l’Orne, que vous obtenez : 671 - 5 = 666. 666, « le chiffre de la Bête », selon L’Apocalypse de saint Jean, le sceau que porte au crâne Damien l’enfant du mal dans La Malédiction de Richard Donner (1976), la figure renversée du 999 de la Trinité, dont l’inversion maligne figure Satan, l’Antéchrist et les Faux Prophètes : 666, le chiffre le plus maléfique, à côté duquel 13 est vraiment ridicule. Et vous croyez encore au hasard ? Alors, si vous ne faites pas passer ce magazine à 666 personnes avant ce soir, franchement, je vous raconte même pas comme ça craint pour vous.

Historique — Au commencement de la superstition, il y a donc l’Homme. L’Homme et son fascinant cortex cérébral, cette matière grise et grasse pleine de nœuds et de couches, qui renferment les neurones, interneurones et cellules gliales, aux connexions et circuits complexes grâce auxquels prendrait naissance la pensée. Cette faculté fabuleuse, qui le distingue encore essentiellement de l’animal, lui permet notamment par l’exercice

de la réflexivité de se penser soi-même ; c’est-à-dire de s’envisager de l’extérieur et de se considérer dans le « grand tout » de l’espace et du temps, ici et maintenant, en un lieu et à une place. De sorte que, s’il sait où il est aujourd’hui et où il était hier, il a de fortes chances de prévoir où il sera demain. C’est pas mal comme super pouvoir. Mais ça, c’est quand tout marche bien. Parce que s’il est désorienté l’Homme, s’il ne sait pas vraiment ce qu’il fait là, d’où il vient ni ce qu’il est, il commence à angoisser sévère. Lui, il a besoin de comprendre, de tisser un réseau de connaissances logiquement échafaudées sur des certitudes, pierre après pierre ; alors quand il se heurte à un phénomène qu’il ne comprend pas et auquel échappe toute analogie, il invente quelque chose. Il a tellement peur du vide – qu’il est d’ailleurs incapable de penser – qu’il préfère échanger le savoir et sa scientifique méthode contre la croyance et sa candide naïveté. Mais au moins il met un nom sur l’inconnu : « Dieu » pour certains, et son corollaire social « religion » ; pour d’autres, « la superstition ». Aussi, ses croyances lui font voir des signes, qu’il interprète comme des présages : la chance, la fortune, la malédiction ou le malheur, lui apparaissent dans une forêt de symboles qu’il a lui-même plantée. Alors, pour peu qu’il ait envie d’être rassuré, ou bien que son esprit s’attarde suffisamment longtemps là où il n’y avait auparavant pas de sens à chercher, lui il en trouve. Il a même établi une codification précise, aux instruments plus ou moins ingénieux ou grotesques. Pourquoi ? Parce qu’il a peur de l’avenir. Peu lui importe finalement de ne pas savoir ce qui s’est passé au début : ça a déjà eu lieu. Ce qui l’angoisse, anthropologiquement, c’est la grande inconnue future. La Mort. Il en a une trouille bleue. Alors il cherche à la tromper, en s’inventant des histoires de trèfle, de fer à cheval, de ligne de vie, de gui et de coccinelle ; ou à la défier à travers des chiffres, des échelles, des chats noirs et des miroirs. Pourtant, la seule et unique chose dont il soit sûr, son unique certitude, c’est qu’il va mourir… un jour.

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Le Top 777 des superstitions — Croiser un chat noir

Le fer à cheval

… attire le mauvais œil ! Ça, c’est la superstition number one. La crème de la crème. Pour certains, il faut que ce chat traverse devant vous, voire même qu’il vous coupe la route de droite à gauche, pour les plus tatillons. Pourquoi ? Parce que personne n’aime les chats, voilà tout ! Sauf les Anglais, chez qui le chat noir porte bonheur paraît-il, histoire encore une fois d’être contradictoire. Et aussi parce qu’au Moyen Âge, le chat noir fréquentait les sorcières (comme tout ce qui est noir d’ailleurs, coq, chien ou corbeau) ; alors, comme ce qui s’assemble se ressemble, on l’a considéré comme une créature satanique :(

… apporte la fortune et protège du démon ! On en trouve l’origine dans la légende de saint Dunstan, qui était maréchal-ferrant avant de devenir évêque de Canterbury en 959. Un jour, un homme lui demande de ferrer ses pieds fourchus. Dunstan reconnut le diable et rendit la manœuvre si douloureuse que ce dernier promit de ne jamais entrer dans une demeure qui porterait un fer à cheval sur la porte d’entrée. Efficace. Et pour la fortune, l’histoire est beaucoup moins édifiante : à l’époque, si vous trouviez un fer à cheval sur un chemin, vous pouviez l’amener au maréchal-ferrant, qui vous le rachetait argent comptant. C’était donc un sacré coup de pot d’en trouver un par hasard, sauf dans l’Orne bien entendu, où c’est encore très courant.

Passer sous une échelle

… c’est la poisse garantie ! La malédiction de l’échelle est liée, comme très souvent chez nous, à la symbolique chrétienne. La disposition de l’échelle, posée au sol et contre le mur figure un triangle, image de la Sainte-Trinité, et passer à travers ce symbole relève du sacrilège. Par ailleurs, ce présage est aussi signe de bon sens : passer sous une échelle, c’est potentiellement se prendre un truc sur la tronche.

Briser un miroir … apporte 7 ans de malheur ! Le miroir accueille le reflet de celui qui s’y regarde ; alors le casser, c’est briser sa propre âme. Mais aussi, on raconte que les mauvais esprits se cachent dans les miroirs ; les casser permettrait de les libérer, ce qui est très risqué. Quant aux sept années de malheur, elles font référence aux sept vaches maigres du songe de Pharaon dans la Bible, annonçant les sept années de plaies qui allaient frapper l’Égypte.

Le chiffre 13 … porte carrément malheur ! C’est évidemment la référence à la Cène, le dernier repas du Christ où les convives étaient 13 à table. Par extension, le vendredi est le jour où le Christ a été crucifié. Autre explication, les services de porcelaine ne comportaient habituellement que 12 assiettes ; par conséquent, le 13e invité se retrouvait avec une assiette dépareillée, ce qui est, avouons-le, la honte suprême. … mais le vendredi 13 porte aussi carrément chance ! Ça, c’est sans aucun doute une invention de la Française Des Jeux.

Le trèfle à quatre feuilles … porte bonheur et argent ! Il est une forme mutante du traditionnel 3-feuilles, que les barmen cherchent à reproduire dans la mousse de votre Guinness avec plus ou moins de succès. Parfois, ils tentent de faire une harpe, pour changer, mais ça n’a pas de rapport ici. Pourquoi il porte chance ? Bin parce qu’il est très rare justement (1 sur 10 000) et qu’il faut donc en avoir beaucoup pour en trouver un. Ajoutons aussi qu’à défaut d’être botaniste, il faut aussi – par hasard - se retrouver le nez dans la pelouse, chose somme toute peu courante dans le train de nos journées urbaines.

Toucher du bois … conjure le mauvais sort !« Donnez-moi Zidane et 10 bouts de bois, et je gagnerai la Ligue des Champions », disait sir Alex Ferguson, qui avait récemment relu la Bible. Car ce bois représente bien encore une fois la croix du martyr du Christ. Toucher du bois, en 1 ou 10 morceaux, revient donc à formuler une prière pour éviter qu’un malheur se produise. CQFD

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GALERIE

LES ARTISTES

BUILDING PARIS

HELMO

JÉRÉMY PERRODEAU

Guillaume Grall et Benoît Santiard sont comme les deux doigts de la main. Si ce n'est qu'ils ont en plus un goût certain du bel ouvrage, option typographie, qu'ils appliquent pour quelques types, comme Télérama, la Fête de la musique ou l'année du graphisme en France. buildingparis.fr

Thomas Couderc et Clément Vauchez se rencontrent en 1997 dans la fraîche ville de Besançon. Ce n'est qu'en 2007 qu'ils officialisent leur union professionnelle sous le nom d'Helmo, pour ravir le CCN de Rillieux-la-Pape, le Lieu unique ou encore Palais, le magazine du Palais de Tokyo. helmo.fr

Il y a des gens, comme ça, dont on accepte assez facilement le cumul des mandats. Alors qu'il faisait des études de design graphique, Jérémy Perrodeau vint nous mettre une gifle avec sa BD, Isles, La Grande Odyssée, parue chez FP&CF en 2013. Depuis, nous ne sommes qu'admiration. jeremyperrodeau.com

CHEVALVERT

MAU LENCINAS

MATHIAS SCHWEIZER

En 2007, Patrick Pelata et Stéphane Buellet proposent d'ajouter un nouvelle couleur à la race des équidés. Le studio Chevalvert naît donc et incorpore d'autres designers pour apporter un peu de beauté aux divers projets qu'ils esthétisent, à l'instar des live de Chamberlain ou de la Transat AG2R. chevalvert.fr

Lorsque nous étions adolescents, il nous arrivait bien souvent de lire des mangas et de fantasmer sur nos cahiers 24x32 des dessins de badass stylés. C'était ultra-moche, bien sûr. L'Argentin Mau(ro) Lencinas, lui, en a fait un plan de carrière. Et c'est ultra-beau. xmau.tumblr.com

Loup solitaire du graphisme européen, Mathias est du genre orfèvre. Entre travaux pratiques et recherches fondamentales, les créations de Mathias Schweizer repoussent toujours un peu plus loin l'idée de design graphique. Une espèce rare que ce loup-là.

HECTOR DE LA VALLÉE

VIOLAINE LEROY

ORANE SIGAL

Quelques années après sa naissance et l'an de grâce 1981, Violaine Leroy s'est mise à dessiner joliment. De façon exponentielle, son trait admirable a rempli nos yeux, nos âmes et le papier, de travaux pour XXI, Muze jusqu'à sa BD magistrale, Dérangés, parue l'an passé. cargocollective.com/violaine-leroy

Encore étudiante à la Haute École des Arts du Rhin, Orane Sigal n'en a pas moins un style bien affirmé qui nous a instantanément fait rêver. Partie prenante du non moins onirique projet Pochette Surprise, elle diffuse par ce biais quelques-unes de ses délicieuses créations. orane-sigal.blogspot.fr

Quand un dessinateur nomme son œuvre globale Le Lac de feu et qu'il choisit comme baseline une rime de Karlito, on se dit qu'il ne peut vraiment pas être mauvais. Et après avoir vu quelques-uns de ses rejetons sur Pure Baking Soda, Les Inrocks ou Society, putain c'est vrai. lelacdefeu.fr

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weizer.ch

Building Paris â&#x2020;&#x201C; Supernet buildingparis.fr

Violaine Leroy â&#x2020;&#x201C; Super Structure cargocollective.com/violaine-leroy

Helmo â&#x2020;&#x201C; Super-robot helmo.fr

Orane Sigal â&#x2020;&#x201C; SuperioritĂŠ animale orane-sigal.blogspot.fr

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Hector De La VallĂŠe â&#x2020;&#x201C; Super! maintenant je vois quand je pense lelacdefeu.fr

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Mathias Schweizer ↓ Super Bisous, Crespi style weizer.ch

Man Lencinas â&#x2020;&#x201C; Superstar xmau.tumblr.com

SU PER NO VA supernova —

Chevalvert ↓ Supernova chevalvert.fr

— chevalvert.fr

Jérémy Perrodeau ↓ Puissance 10 jeremyperrodeau.com

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DISCUSSION AVEC CLAIRE CORNILLON Photographie — Klar

BUFFY : WE COULD BE (SUPER) HEROES

47 SÉRIE TV Buffy Summers. Lycéenne californienne le jour, tueuse de vampires la nuit. Elle a marqué la télévision des années 1990 et a propulsé son créateur, Joss Whedon, au sommet de la culture geek. De 1997 à 2003, ce dernier va casser les codes et mettre en tête d’affiche un personnage féminin complexe dans une œuvre qui devient culte pour toute une génération. Buffy n’est pas seulement l’élue à la force exceptionnelle et aux qualités de combattante innées, elle est aussi une super-héroïne qui nous invite à découvrir les super-pouvoirs qui sont en chacun de nous. Buffy The Vampire Slayer nous raconte comment affronter les démons inhérents à toute vie humaine. Buffy déjoue les conventions et les attentes : avec sa blondeur, ses mini-jupes et ses mains manucurées, elle semble avoir tout du cliché de la « valley girl » superficielle, apparemment sans défense, celle qui constitue la victime idéale de n’importe quel film d’horreur. Mais dans les ruelles sombres de Sunnydale, il vaut mieux, pour le vampire qui s’est égaré, ne pas tomber sur elle. Forte et courageuse, Buffy ne se contente pas de déjouer les plans machiavéliques de toutes les créatures qui croisent son chemin, elle empêche même des apocalypses et sauve le monde, souvent, comme l’indique d’ailleurs sa pierre tombale (« She saved the world a lot »). Mais Buffy est surtout une rebelle qui, dès que la série commence, souhaite délaisser

sa mission pour vivre une existence normale. Dès lors, elle en fait voir de toutes les couleurs à son observateur, Giles, un bibliothécaire anglais censé l’entraîner mais aussi la surveiller. Lui-même, rebelle dans sa jeunesse, retrouve, à son contact et au fil des saisons, l’esprit d’aventure qui était le sien. L’humour de la série n’est pas non plus étranger à cet esprit pop et rebelle, à coups de répliques cultes et de références en tous genres.

Contre les forces du mal — La vie de super-héroïne, à la fois par le secret qu’implique sa double identité, mais aussi par le poids des responsabilités qui sont les siennes et du danger que sa mission représente au quotidien, implique un grand nombre de sacrifices pour la jeune femme. Assumant jusqu’au bout son rôle, dans la solitude, Buffy incarne un esprit épique et une volonté d’affronter toutes les difficultés qui se présentent, armée de sa meilleure tagline. En cela, elle est aussi inspirée par les amis qui l’accompagnent, le Scooby Gang, notamment Xander, Giles et Willow, qui affronteront également leurs propres démons avec le courage des héros. « À chaque génération il y a une Élue, seule elle devra affronter les vampires, les démons et les forces du Mal. Elle s’appelle Buffy… » La Tueuse est censée être une héroïne solitaire. C’est

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DISCUSSION AVEC CLAIRE CORNILLON

tradition et libère le pouvoir qu’elle possédait pour le partager ce que la tradition veut lui imposer, mais Buffy en a décidé et continuer la lutte avec tous. « La mort est ton cadeau », ne autrement. Elle opte pour l’union des forces et chacun de ses cessait de lui répéter la première Tueuse dans ses visions, mais amis joue un rôle crucial dans la lutte qu’elle mène contre les son cadeau sera bien au contraire le pouvoir. forces du mal. C’est par exemple Xander qui la ressuscite à la Buffy a souvent été vue comme une héroïne émancipatrice fin de la saison 1 lorsqu’elle succombe aux attaques du Maître. pour les femmes. Ce qu’elle est évidemment. Mais elle parle Toute l’intrigue de la série repose sur la construction d’une finalement à tout un chacun. Elle famille autour de la Tueuse, fondée nous invite à comprendre que nous sur l’amitié. Par cela, elle déjoue son pouvons prendre nos vies en mains destin et survit, contrairement à et que nous ne devons laisser person avatar d’un monde parallèle qui Nous pouvons prendre sonne nous faire croire le contraire. avait choisi de mener sa mission en nos vies en mains Buffy a le courage de montrer la solitaire. voie, mais le courage de ceux qui la Ainsi Buffy est celle qui défie les inset nous ne devons suivent n’est pas moindre. Xander, titutions au nom des valeurs qu’elle laisser personne nous jeune homme ordinaire sans poudéfend. Le conseil des observateurs faire croire le contraire voir, devient ainsi un véritable héros cherche à la garder sous son égide : et s’affirme comme le cœur du groupe elle les enverra balader pour suivre et son pilier. Sans jamais se prendre son propre chemin. Héritière d’une au sérieux, tout en creusant toujours tradition centenaire, elle interroge davantage le tragique de l’existence, Buffy a proposé un regard pourtant sa condition, comme aucune Tueuse ne l’avait rafraîchissant et unique sur ce qui fait notre vie, car le fantasfait avant elle, au point d’en découvrir l’origine. La première tique n’y est jamais qu’une métaphore pour les événements Tueuse a été créée par des mages qui lui ont transmis de force que nous rencontrons tous. En les transfigurant sous la forme l’essence d’un démon. Là encore, le choix final de Buffy sera d’une galerie de créatures surnaturelles, la série leur donne de s’affranchir des schémas préétablis : en activant toutes les corps et permet ainsi de les combattre. tueuses potentielles, elle opère une rupture par rapport à la — Claire Cornillon

SUPER SÉRIES

→ The Leftovers : Super Absence Élue, par nous, meilleure série de ces dernières années, The Leftovers met au prise les habitants de Mapleton avec la disparition soudaine et inexpliquée d’un partie de ses habitants, dans un événement qui a frappé le monde entier. À eux, alors, de se dépatouiller avec l’absence, l’incompréhension et l’abus de nicotine.

→ Misfits :

→ Awake :

→ Mr.Robot :

→ Lost :

→ The Wire :

Super Normaux La si sympathique série anglaise créée par Howard Overman met en scène cinq jeunes, tous losers à leur façon, qui, frappés par la foudre, obtiennent des super-pouvoirs. Sauf qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Et là ça devient galère. Même si ça donne une vraie bonne chronique de la jeunesse anglaise.

Super Éveillé C’est vrai, Awake n’a pu faire qu’une seule saison, faute d’une audience dont le réseau NBC fait son alpha et son oméga. Est-ce la faute à ce pitch aussi déprimant que fascinant ? Après un accident de voiture, le policier Michael Britten se réveille chaque jour dans une réalité différente : dans l’une, sa femme est morte dans l’accident, dans l’autre, c’est son fils.

Super Hacker La vie d’Elliott Alderson est minée par une santé mentale déficiente et un dégoût puissant de la société américaine qu’il pourra titiller goulûment grâce à ses talents de hacker. La série en profite pour critiquer le monde réel tout en faisant du numérique un domaine où l’espoir et la désillusion vont de pair.

Super Métaphysique La série de J.J. Abrams, Damon Lindelof et Jeffrey Lieber a réussi le tour de force d’être une série extrêmement suivie en même temps qu’elle était un nœud narratif du genre inextricable, mêlant flashbacks, rêves, prémonitions, superstitions, mirages et religions.

Super Ville Si Jimmy McNulty est certes l’un des flics les plus charismatiques de l’histoire de la télévision, la vraie héroïne de The Wire (Sur écoute, en VF) est une ville, Baltimore, dont la série en dissèque la sociologie, l’économie et la politique de manière magistrale.

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DISCUSSION AVEC MARINE NORMAND Photographie — Klar

GRANDEUR ET DÉCADENCE DU SUPER BOWL

MUSIQUE Cette année, comme Cindy Crawford, le Super Bowl fêtait son cinquantième anniversaire. Il asseyait par la même occasion son statut de spectacle incontournable aux États-Unis, avec la présence sur scène de Coldplay, Bruno Mars et Beyoncé. Événement le plus regardé à la télévision US, avec des audiences culminant aux alentours de 110 millions de téléspectateurs, il conclut le championnat NFL de football américain. Si l’événement sportif en est évidemment la clé de voûte, la mi-temps impose sa puissance de force, notamment à l’international. Car si ce sport a du mal à s’exporter, on ne peut pas en dire autant du show, que les médias dissèquent dès le lendemain avec une attention quasi maladive.

La Genèse — Les premières éditions à la fin des années 1960 n’invitaient pas les stars de l’époque et leur préféraient les fanfares locales. Il faudra attendre les années 1990 pour voir la mitemps du Super Bowl, alors en quête d’audience, prendre un virage en invitant les grandes stars de la pop. En 1991, c’est donc le boys band New Kids on the Block, à l’époque véritable phénomène de société, qui lancent les hostilités, en investissant le terrain quelques minutes en compagnie des héros Disney (qui était cette année aussi le sponsor). S’ils sont les premiers de la génération MTV à investir le gazon avec des chorégraphies, c’est Michael Jackson qui fixera en 1993 les nouvelles règles du show : grandiloquentes. Le roi de la pop donnera le meilleur de lui-même en livrant un medley de ses plus grands titres devant une foule subjuguée,

et s’offrira la présence d’une chorale gigantesque. Amoureux des mises en scènes épiques, le chanteur de Thriller place la barre très haut en proposant ce mélange de divertissement et de bons sentiments afin de scotcher les gens à leurs écrans. Pari tenu : comme d’habitude, il y aura un avant et un après Michael.

Pas de place pour les losers — Il n’y aura néanmoins pas que de la pop qui investira le terrain : chaque année, les artistes varient et viennent de tous les horizons musicaux. Le plus important semble être le fait de plaire à tous les publics, et pour cela, le plateau peut se vouloir multiple à l’image de la rencontre peu évidente entre Slash, guitariste des Guns, et les Black Eyed Peas en 2011. Il faut aussi qu’ils soient capables de mener un show dans un temps très court, avec des conditions extraordinaires : un cahier des charges assez lourd, avec peu d’appelés, et encore moins d’élus. Quand il s’agit de rock, la NFL privilégie les légendes telles que The Who, les Rolling Stones ou encore Paul McCartney (qui parleront à une tranche plus âgée du public) ou donne dans les groupes façonnés pour les stades, à l’instar de U2 (qui sera chargé du délicat Super Bowl post11 septembre), Kiss, et cette année, Coldplay. Du côté du hip-hop, on privilégiera les grandes figures du genre, avec Puff Daddy, Missy Elliott et encore Nicki Minaj, ou on tentera des paris sur les succès du moment, qui disparaîtront pour réapparaître dans les playlists de mariage, telle Nelly. Pour la pop, dans un souci d’excellence et de per-

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DISCUSSION AVEC MARINE NORMAND

formance, on invitera les meilleurs : Prince, Madonna, Britney Spears ou encore Beyoncé se sont évidemment chargés d’investir ce créneau horaire, et n’ont pas lésiné sur l’avalanche d’effets spéciaux.

Le show à l’américaine —

Les artistes semblent en effet tout donner dans cette dizaine de minutes qui leur sont imparties. Quoi de mieux qu’un véritable feu d’artifice visuel, quitte à frôler l’indigestion ? On s’équipe ainsi d’un plateau dément (qui peut être un écran ou prendre les traits de leur logo, comme pour Prince et les Rolling Stones), de pom-pom girls aux couleurs de la soirée, d’installations pyrotechniques... Chaque show semble être imaginé comme un désir de surpasser celui de l’édition précédente. Dans le désordre, on se rappellera avec émotion de la cour façon délire antique égyptien de Madonna en 2012, la tentative Tron-esque et indigeste des Black Eyed Peas en 2011, le spectacle acidulé de Katy Perry en 2015, ou encore l’apparition par catapulte (après tout pourquoi pas) des deux Destiny’s Child pour le live de Beyoncé (2013). Comme diraient les Queen (qui n’ont eu eux jamais la chance de se produire sur la pelouse), « The Show Must Go On », et à n’importe quel prix : de toute façon, c’est le sponsor, bien content de subjuguer près d’un tiers des foyers américains, qui paie la facture. Bien que la mi-temps semble être le champ des possibles, elle est aussi connue et reconnue pour bien arrondir tous les

angles. Si la NFL, société organisatrice de l’événement, joue sur les célébrités du moment et s’oblige parfois à inviter des artistes sulfureux, le show que ces derniers livrent se doit de ne pas choquer la ménagère pudibonde ou le républicain fan de Trump. On se souviendra ainsi du scandale qu’avait provoqué en 2004 le « Nipplegate » : Justin Timberlake avait laissé apparaître le téton de Janet Jackson. Malgré des excuses, la carrière de l’artiste a longtemps souffert de cet incident. On n’oublie pas non plus le doigt d’honneur de M.I.A. en 2012, vivement réprimandé par la NFL (la ligue avait demandé à l’artiste britannique de s’excuser, ce qu’elle a toujours refusé de faire) ou encore le récent scandale cette année avec Beyoncé, qui a été accusée d’insulter la police avec son titre « Formation », poussant les forces de l’ordre à appeler au boycott de la chanteuse. Le show n’a donc qu’une visée unique, celle du grand divertissement, et doit être capable d’amuser tous les âges et toutes les préférences politiques. Il n’envisage néanmoins jamais un quelconque engagement. Devant une audience si forte, certains artistes pourraient pourtant profiter de l’occasion pour proposer une approche politique ou sociétale : si la NFL, et sûrement ses sponsors, semblent pour le moment refuser l’idée, il faudra peut-être attendre la 51e édition pour frapper encore plus fort et s’engager sur des terrains moins lisses. Pas d’angoisse néanmoins, on pourra toujours compter sur une pluie de paillettes, des fusées, des écrans et des danseurs, toujours parfaitement servis sur un gazon immaculé. — Marine Normand

SIX SHOWS POUR SE FAIRE UNE IDÉE

→ 1993 : Michael Jackson Des écrans qui font apparaître des sosies à chaque coin du stade, une chorégraphie maîtrisée au centimètre, ce live du Roi de la pop inspirera tous les autres : le costume de Beyoncé de cette année ressemble d’ailleurs étrangement à celui que porte le créateur de « Neverland ».

→ 2001 : Aerosmith, Britney Spears, N’Sync, Mary J Blige Une rencontre qui semble avoir été piochée au hasard dans un chapeau, et dont le résultat laisse perplexe : est-ce une bonne ou une mauvaise prestation ? Impossible de se prononcer quand le morceau joué est aussi cool que « Rock this Way ».

→ 2004 : Nipplegate Kid Rock ? Mouais. Nelly ? Pourquoi pas. Puff Daddy ? OK. Justin Timberlake ? Évidemment. Janet Jackson ? UN GRAND OUI. L’affiche était prometteuse. On ne retiendra pourtant de cette année que le téton de Janet parti prendre l’air, qui fera oublier 13 minutes de spectacle impeccable.

→ 2012 : Madonna, Nicki Minaj, M.I.A., Cee Lo Green, LMFAO, Cirque du Soleil La Ciccone invite certes les pires porteurs de leggings de la planète, alias LMFAO, et s’entoure du Cirque du Soleil, de Nicki Minaj et de M.I.A, dont le petit doigt d’honneur flotte encore dans les morceaux de la chanteuse quatre ans plus tard.

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→ 2013 : Beyoncé, Destiny’s Child Beyoncé livre pour le Super Bowl une prestation indiscutable. Il a donc fallu des photographies pour s’apercevoir que le visage de l’exleadeuse des Destiny’s Child était en effet parfois figé dans une douleur rageuse : la preuve d’une certaine humanité chez le cyborg Beyoncé.

→ 2015 : Katy Perry, Lenny Kravitz, Missy Elliott Doit-on s’attendre à une logique pour un show de Katy Perry ? La chanteuse arrive sur un gigantesque lion bling bling, danse avec des requins plutôt doués des nageoires et s’envole sur une étoile filante : le spectacle se raconte difficilement, mais se regarde dans un mélange d’incompréhension et de fascination.

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INTERNET, LE ROYAUME DES SUPERLATIFS

Supervillain —

Supermatériel —

INTERNET Surnommé l’homme le plus détesté des États-Unis, Martin Shkreli, un financier américain de 32 ans, s’est fait connaître en augmentant de 5 000 % le prix d’un médicament contre la toxoplasmose. Depuis, celui qui semble vouloir devenir le pendant IRL de Lex Luthor, a fait d’Internet son terrain de jeu préféré. Quand son alter ego terrorise Metropolis à coup de gaz toxique, lui achète pour 2 millions de dollars l’exemplaire unique du dernier album du Wu Tang Clan pour ne jamais le diffuser. Son compte twitter ressemble à celui d’un ado frustré, il s’est mis la communauté de Reddit à dos et il a récemment essayé d’acheter le dernier album de Kanye West pour 15 millions de dollars, puis a déclaré s’être fait voler la somme, pour que finalement toute l’histoire s’avère être un canular. Supertroll ou supervillain, Shkreli a vraisemblablement compris la recette pour devenir le 1er vrai grand méchant de l’ère Internet.

« Pensez à l’environnement ! N’imprimez ce mail que si c’est vraiment nécessaire. ». La signature préférée de ma grand-tante quand elle m’envoie un PowerPoint de chatons est le reflet d’une idée préconçue totalement fausse : Internet ne pollue pas car il est dématérialisé. Bien au contraire Internet est très matériel : serveurs, réseaux, terminaux de connexion… Tout cela additionné représente une consommation énergétique qui ne cesse d’augmenter. Plus d’utilisateurs, plus de serveurs, plus de réseaux. Ce qui n’était qu’une part marginale de la consommation d’énergie au début des années 2000 va aujourd’hui jusqu’à 15 % dans les pays industrialisés. Une part qui devient si importante qu’elle soulève la question de l’effondrement du réseau et de notre incapacité à l’alimenter dans le futur. Pour sauver Internet, des gestes simples : moins de recherches Google et plus de favoris, vider ses boîtes mails, éteindre ses appareils la nuit, et surtout dire à sa grand-tante

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DISCUSSION AVEC JULIEN ACHARD

de changer sa signature pour celle-ci : « Pensez à l’environnement ! N’envoyez pas d’emails de 5 Mo qui resteront à jamais non lus dans une boîte de réception. »

Superstalker —

« Pourquoi est-il connecté sur Facebook alors qu’il m’a dit qu’il allait au cinéma ? », « Elle a vu mon message mais elle ne me répond pas. », « Il n’a pas tweeté depuis 12 minutes, ça ne lui ressemble pas ! » Quand, il y a quelques années, nous nous inquiétions de ne pas avoir eu de nouvelles d’un ami au bout de quelques jours voire des semaines, les inquiétudes et la paranoïa peuvent aujourd’hui se déclencher en quelques minutes. Les réseaux sociaux nous ont malgré nous rendus espions de la vie privée de notre entourage. Grâce à Facebook, Twitter, Instagram, je peux sans cesse surveiller mes amis : les sorties qu’ils prévoient, les plats qu’ils mangent, les lieux qu’ils visitent. Je peux surtout m’imaginer des scénarios dans lesquels ils m’excluent délibérément de leurs activités forcément géniales : des discussions groupées dans lesquelles je ne suis pas, des soirées auxquelles je n’ai pas été invité, des instagrams de brunchs auxquels je ne suis pas… Le tout nourrissant un sentiment nouveau : la jalousie numérique. Grâce à Facebook Messenger, un développeur a même fabriqué une application permettant d’établir le rythme de sommeil de ses amis en analysant leur dernière connexion le soir et leur première connexion le matin. En réalisant le rêve d’un grand nombre de stalkers, Søren Louv-Jansen a démontré encore une fois que des données semblant pourtant inutiles (sa dernière connexion au réseau) peuvent être utilisées et recoupées et nous en dire bien plus sur nous que ce que l’on pensait.

Superego —

nôtre. L’avatar était l’identité que nous choisissions sur les chats et forums. Associé au fameux ASV (âge, sexe, ville), c’était l’unique porte d’entrée de notre imaginaire pour deviner qui était de l’autre côté de l’écran. Mais avec le développement de l’Internet haut débit, la possibilité d’afficher des images plus lourdes, l’avatar s’est vite retrouvé remplacé par des photos. La « profile pic » est devenue la nouvelle norme. Une version mise en scène de nous-mêmes nous présentant au monde. Où j’habite, comment je m’habille, où je pars en vacances… La profile pic en dit autant sur moi que le reste des informations de mon profil Facebook. La multiplication des photos sur les réseaux et leur mise en scène quasi systématique créent une distorsion de la réalité. Suis-je vraiment la centaine de selfies que j’ai postée pendant les vacances ? L’instagram de mon salon rangé avec un magazine de déco posé sur la table basse représente-t-il vraiment mon intérieur ? Nos descendants auront-ils une meilleure vision de notre vie en parcourant les milliers de photos de nos comptes Instagram que celle que nous avons de nos ancêtres à travers une petite dizaine de photos en noir et blanc ?

Superconnectés — L’idée des « 6 degrés de séparation » (ou bien les 6 degrés de Kevin Bacon) est une théorie de 1929 qui établit que tous les individus sur Terre sont connectés l’un à l’autre via une chaîne d’au maximum 6 personnes (et donc moi à Kevin Bacon). Cette année, Facebook a voulu tester la véracité de cette théorie et a trouvé le nombre encore plus bas de 3,57 pour les utilisateurs du réseau (qui compte 1,6 milliard d’inscrits). Cette super-connectivité, véritable étendard du progrès apporté par les réseaux sociaux, peut tout de même être questionnée. Sommes-nous plus proches les uns des autres par le simple fait que nous sommes potentiellement connectés à une grande partie de la planète ? Cette question fait d’ailleurs écho au pseudo MSN de Sarah, votre copine de 3e : << Si prEt et pOurtanT si LOiiN >>

Superphotogénique — « Cool, ça fera une super profile pic ». Bien avant les #otd, les perches à selfies et les duckfaces, nous nous représentions sur Internet avec un avatar. Souvent une illustration qui ne représentait pas forcément une apparence proche de la

Oui, je peux suivre la vie de mes anciens camarades de classe, de mon correspondant australien et de mes cousins vivant en Inde mais je ne vais pas pour autant interagir directement avec eux. Nous ne sommes qu’indirectement connectés par ce que nous partageons. Ainsi, quand Facebook dit créer du lien entre les gens, il ne crée en réalité que la possibilité du lien, à nous de l’exploiter et de l’entretenir. Je peux toujours ajouter Kevin Bacon sur Facebook, mais ce n’est pas pour cela qu’il me donnera un rôle dans le reboot de Footloose. — Julien Achard

Atelier imprimé - Salon

VESTIAIRE

#supermulet t-shirt | UNIQLO

superposé Direction Artistique : Baptiste Viry | Photographie : Thomas Chéné Assistant photographe : Clément Brandely et Clara Belleville | Stylisme : Alix Devallois Make-up : Fanny Maurer @ Backstage | Hair : Sergio Villafane | Mannequins : Al @ Marilyn & Emilia @ WM.

Atelier imprimé - Vestiaire

#supersmiley veste | CAROLINA RITZLER chemise | H&M

SORTIE D’ATELIER

EXPOSITION

L’esprit des hommes, de la Terre et du feu, Martin Gusinde

o n s i a S e n U raphique G GRAPHISME Depuis Vivaldi, il semble prouvé que le cycle naturel de la Terre est composé de quatre saisons : l’Été, l’Automne, l’Hiver et le Printemps. S’il faut avouer que les constatations de l’Italien étaient magistrales, son obsession harmonique ne lui a sans doute pas permis de voir l’erreur monumentale qu’il commettait. Car en lieu et place de quatre périodes, c’était plutôt cinq qu’il fallait observer. Le crétin : la saison graphique lui a complètement échappé. Fort heureusement, l’association Graphisme au Havre rattrape chaque année la monumentale bévue transalpine et organise l’événement Une Saison Graphique. Ainsi, et pour la 8e année, la géométrique ville normande accueille le haut de la pyramide du design pour deviser, s’extasier, et se projeter dans le futur d’une discipline qui n’a pas fini de modifier notre quotidien. Au programme, donc, de cette nouvelle foire esthète, les expositions des sémillants Jérémy Joncheray, Superscript², Norm, Agnès Dahan & Constance Guisset, Open Source Publishing, Olivier Douzou et Formes Vives accompagnés de Benoît Bonnefrite pour un joli panel des diverses tribulations du graphisme. Ce versant érudit d’Une Saison Graphique s’accompagne également d’une partie ludique, avec les concerts de Krikor et Dick Voodoo et la traditionnelle Kermesse Graphique, prise en charge cette année par Papier Machine. Et Vivaldi voulait nous cacher ça ? L’enflure. M.Gueugneau.

Une Saison Graphique, du 13.05 au 02.07 au Havre

Atelier imprimé - Sortie d’atelier

unesaisongraphique.fr

EXPOSITION

r e m m o S a Ann & Noyau

Du 25.03 au 26.06 à Paris

artsfactory.net

ILLUSTRATION Parfois, il nous arrive d’être saoulés. Le quotidien pue, l’emmerdement se fait total, et s’ajoutent à cela quelques pincettes d’énervement. Le travail d’Anna Sommer et Noyau peut alors s’avérer salutaire lorsqu’ils scrutent, avec panache, les infamies de la routine. Au-delà de cet exutoire, les deux Suisses se la racontent également avec une touche graphique impeccable. Le duo, qui travaille ensemble depuis des lustres pour la presse, la BD ou le grand Art, expose ses facéties salvatrices du 16 mars au 23 avril dans la bienheureuse galerie Arts Factory. M.Gueugneau.

a m i j o K e n i l Cé Exposition Vivant de Céline Kojima, jusqu’au 09.04 à la Slow Galerie, Paris

Émergeons, les enfants, émergeons et faisons péter les bourgeons de la fougue créatrice. L’exigeant festival Circulation(s) expose 46 espoirs de la photographie, des vrais, des bons, des tueurs. Le tout est à retrouver au Centquatre, à Paris.

Le grand raout des arts numériques à Enghien-les-Bains est de retour avec le touchant thème des « Mondes sensibles ». Comme de bien entendu, la programmation est vaste et emplie de ce qui se fait de mieux. Au hasard Daniel Larrieu, ORLAN ou encore la Cie Pulso.

Circulation(s)

Du 01 au 5.06 à Enghien-les-Bains

Paul Cox @ My monkey

Chaque année, le Pulp Festival de la Ferme du Buisson enfile ses gants de latex et plonge la bande dessinée dans la trempette des autres arts. Expos, conférences, installations et spectacles au programme de la 3e édition avec Blutch, Rodolphe Burger, Winshluss ou bien Stéphane Blanquet.

slowgalerie.com

GRAPHISME On a coutume de dire « oui, bon, voilà, la nature est bien faite ». Cette phrase, vite envoyée, vite reçue, révèle pourtant une vérité confondante. Voyez donc la fractale d’un chou romanesco ou, plus largement, l’histoire de la vie, ce cycle éternel. Cette réalité n’a pas échappé à Céline Kojima qui rend hommage, dans son exposition Vivant, à l’incroyable faculté qu’a la nature de construire, d’arranger, de corriger, de mixer les divers éléments qui la composent. En suivant son exemple, Céline Kojima mélange les genres, les disciplines, les formes et anime ses créations, qui en deviennent quasiment vivantes.

Du 06 au 24.04 à Noisiel (77)

Le brillant plasticien Paul Cox aime tirer dans pas mal de coins. Mais le fil rouge de son travail se trouve dans ses peintures non lucratives qu’il réalise chaque jour pendant 2 heures. My monkey fait un retour bienvenu sur ces œuvres rares.

la bande dessinée au croisement des arts

8/9/10 avril 2016

Pulp Festival

Du 17.03 au 22.04 à Nancy

M.Gueugneau. Atelier imprimé - Sortie d’atelier avec la complicité de

B lu tc h

Anna Sommer & Noyau, exposition du 16.03 au 23.04 à Arts Factory, à Paris

Bains Numériques

FESTIVAL

Nuits Sonores Nuits Sonores du 04 au 08.05 à Lyon

nuits-sonores.com

MUSIQUE Alors que les rayons UVB commencent à faire leur entrée cancéreuse dans nos épidermes et que, pourtant, les congés estivaux semblent inatteignables, l’envie d’un break devient une obsession. Heureusement, la nature est bien faite, elle qui nous offre (en coproduction avec Arty Farty) le vénéré festival Nuits Sonores. Une 14e édition qui fait de ce break une escapade orgiaque : Laurent Garnier, MCDE, James Holden, Domenique Dumont, Low Jack, Bajram Bili, J-Zbel, L’Effondras, Turzi, Seth Troxler, In Aeternam Vale, Paula Temple, Horse Meat Disco, DJ Harvey, CLFT, Pilotwings, Ron Morelli, Palmwine Records ou encore Islam Chipsy. Une liste imbuvable mais qui a l’avantage de symboliser une programmation d’enfer. Bref, la bouffe promet d’être grande et le break tant attendu légèrement épuisant. À la limite, on s’en fout. M.Gueugneau.

Sonic Protest

Festival MV

Festival MV du 02 au 10.04 à Dijon

Sonic Protest du 02 au 15.04 à Paris

festivalmv.com

sonicprotest.com

MUSIQUE Qu’il est agréable de voir un festival se secouer les miches pour créer une symbiose de forme et de fond. La forme, tout d’abord, et le remarquable travail des Tout Va Bien qui, avec leurs affiches, enjolivent depuis trois ans les sympathiques rues dijonnaises. Le fond, ensuite, avec l’impressionnant étalage programmatique des groupes et artistes les plus excitants du sous-sol français. Cette troisième édition ne fait pas honte à la légende et promet à nos oreilles ébahies les performances de Kaumwald, Rémi Parson, OkLou, Lonely Walk, Balladur, Voiron ou encore Mansfield.TYA.

MUSIQUE Il est certains moments où l’on se sent démuni, voire désespéré. Et puis il y a ces instants de grâce, ces voyages qui nous emmènent plus haut que loin : ceux permis par la musique à la beauté confondante. Sonic Protest est fanatique de ces transports, le festival parisien ayant fait sa spécialité de présenter des artistes passionnants et passionnés. Nouvelle preuve avec une édition 2015 fleuve, avec 8 soirées-concerts/performances où l’on retrouve des membres de Can, de Suicide et de Faust, mais aussi Somaticae, Api Uiz, Sourdure, Konono n° 1, Sister Iodine et People Like Us, entre autres.

M.Gueugneau.

Atelier imprimé - Sortie d’atelier

FESTIVAL

e u q i n o s e t t e l l Vi Visuel © Charles Wilkin • Conception graphique Marie Victoroff • Licences 1-1087013 / 2-1087011 / 3-1087009 • EPPGHV/2016.01.14

al n o i t a n r e t n I s i r a P Festival of Psychedelic Music

Paris International Festival of Psychedelic Music, les 18 et 19.06 à La Ferme du Buisson, à Noisiel (77)

VILLETTE SONIQUE Villette sonique

parispsychfest.com

du 27.05 au 01.06 27.05 01.06.2016 au parc de la Villette à Paris

villettesonique.com

lavillette.com – #VS16

MUSIQUE Entre Oise et Loiret, la réalité n’est parfois qu’un mot vague. Tous les ans pour être précis. Pas de mystère ici, ces distorsions sont dues à un festival bien connu des amateurs de réalités alternatives : le Paris International Festival of Psychedelic Music. Fanatiques des transports et de communion, réjouissez-vous donc, car la 3e édition est là, avec ce qu’il faut d’excellents groupes (Tomorrow Tulips, Night Beats, Temples, Heimat, Balladur...) et de Jacco Gardner. À cela s’ajoute les incroyables Cartes blanches à Kiblind (HAN !), Potemkine et Baleapop et les DJ sets de Zaltan ou de Cosmic Neman. Le monde réel est si nul.

MUSIQUE Si vous trainez vos gambettes du côté du parc de la Villette fin mai, votre petite escapade pourrait bien prendre meilleure tournure encore qu’un pique-nique entre copains. Ô joie, la Villette se fait sonique. Doux rendez-vous, on s’y rend le cœur léger avec l’intime certitude qu’on y sera bien. Cette année, la programmation est éclectique et léchée (comme vos doigts après le gâteau de votre copine Caro), toujours aussi aventureuse : entre habitués des lieux – Ty Segall, Suuns, Zombie Zombie – et petits (et grands) nouveaux du festival – Boredoms, Tortoise ou encore Helena Hauff. Incontournable.

M.Gueugneau.

ACHILLE A.Hassler. quizz

À BOULE LA SOUPE

MA GOUTTE D’OR de Faten Gaddes

Les MILLE ET UNE NUITS de Layla Darwiche

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musical et poétique

thé dansant avec bab el west

Florent Trochel

Assis Debout Couché

L’écoute en concert, ses différentes variantes, voilà l’un des intérêts du festival Assis, Debout, Couché, à Nantes qui incite les spectateurs à prendre les positions sus-citées. Autre intérêt : sa superprogrammation avec Vashti Bunyan, Pierre Henry, The KVB, Chloé et Dopplereffekt. Du 25 au 27.03 au Lieu Unique à Nantes

Le festival marseillais L’Édition, qui invita jadis (l’année passée) d’aussi illustres personnages que Daniel Avery, L’Impératrice, John Talabot ou Para One, remet le couvert cette année. Pour la prog, on leur fait confiance.

Serge Teyssot-Gay DEBOUT DANS LES CORDAGES

SARAH OLIVIER

CARMEN MARIA VEGA

Brigitte Fontaine et les Musiques à ouïr

Magic Barbès 29 mars 3 AVRIL STRANDED HORSE

2016

Constellation Poétique EXPOSITIONS • CONCERTS • SPECTACLES • PERFORMANCES VISITES GUIDÉES • ATELIERS TOUS PUBLICS • THÉ DANSANT CABARET POÉTIQUE • SOUPE COLLECTIVE • pétanque

Contrairement à l’adage, Paris n’est pas si magique. Seul Barbès peut se prévaloir de cet adjectif, tant ses rues et son quotidien sont traversés par mille et une histoires. Le Festival Magic Barbès en donne le ton, via sa nouvelle édition « Constellation Poétique » avec Brigitte Fontaine, Stranded Horse, Swann Devlin, etc. Bibliothèque goutte d’or • FGO-barbarA • Institut des cultures d’islam

Du 26 au 29.05 à Marseille

ET LA COMPLICITÉ DE AYYEM ZAMEN LE CAFÉ SOCIAL • BALLADES AUX JARDINS • COLLECTIF 4C • LE COLLECTIF MU compagnie GRAINE DE SOLEIL • La Coopérative de la Goutte d’Or • ECHO MUSÉE DE LA GOUTTE D’OR • EGLISE SAINT BERNARD LA GOUTTE VERTe • LE LAVOIR MODERNE PARISIEN • L’OLYMPIC CAFÉ • LA TABLE OUVERTE • LES XÉROGRAPHES • LE 34

L’Édition Festival

Du 29.03 au 30.04 au FGO-Barbara, Paris

Atelier imprimé - Sortie d’atelier

Le tanker des festivals électro parisiens accostera sur les côtes du Bourget. Au programme du très bon poisson avec Actress, Ricardo Villalobos, Venetian Snares, Huerco S, Robert Hood, Polar Inertia et Ron Morelli b2b Low Jack, parmi nos préférés. Du 03 au 05.06 au Bourget

Weather Paris

4 # f l e h S e h T

The Shelf #4, sorti le 10.03.

theshelf.fr

REVUE Le livre d’art est une espèce mutante. À la fois objet éditorial, élément de médiation, support graphique, témoin d’une œuvre et, parfois, œuvre elle-même, son discours est multiple et le résultat est dû à l’activation plus ou moins poussée de l’une ou l’autre de ces manettes. Hybride, la revue The Shelf veut l’être aussi en soignant son graphisme, son édition et les sujets livresques qu’elle aborde. Aussi n’estil pas bien étonnant qu’elle consacre son n° 4 au statut du livre d’art et aux faisceaux qui le traversent. Au cours de la démonstration, comme toujours érudite, compilant articles de fond et entrevues, nous avons le plaisir non feint de retrouver d’aussi brillants connaisseurs que Sébastien Hayez, Pierre Leguillon ou encore Jérôme Dupeyrat, l’homme de la situation. M.Gueugneau.

Cercle Magazine #4

Comme Dieu, Étienne Chaize est un créateur d’univers. Mais lui n’a pas la muflerie de vouloir se faire adorer. Il cantonne ses univers dans des livres d’une richesse graphique et narrative assez inouïe. C’est le cas d’Helios, histoire d’une quête impossible.

La Vallée des Merveilles du collectif Fidèle

Baptiste Deyrail

Charles Nogier

Domizia Tosatto

Martin Sztajman

Maxime Hureau

fictions dessinées

À l’annonce d’un nouveau Cercle, c’est toujours le même refrain : le cœur chavire. La beauté de la mise en page et des illustrations ajoutées à un contenu sans faille font de ces moments de lecture des vrais moments de bonheur. Le prochain est dédié aux costumes.

Éd. 2024, 32 pages, sortie en avril

Cercle Magazine #4, 140 pages, 18 euros, sortie le 20.04

d’Étienne Chaize

Paul Rey

Un trait délicat, des couleurs vives, vous entrez dans le monde poétique d’Amandine Meyer. Des histoires courtes où des enfants jouent, se cherchent et se découvrent, cèdent peu à peu la place à un univers plus trouble, presque hostile laissant la naïveté de côté. - DZ Ed. Misma, 112 pages, 16 euros, dispo

Helios

Les petites gens des éditions Fidèle s’en sont allés promener au massif du Mercantour, dans la Vallée des Merveilles. De là, ils se sont imprégnés de l’histoire, de l’environnement et de la mystique des lieux. Ce livre est le résultat fictionnel de leurs pérégrinations. Éd. Fidèle, 240 pages, 30 euros, dispo

Atelier imprimé - Sortie d’atelier

Histoire Décolorée d’Amandine Meyer

e c i s s é v y e u d d L’O hine Panique lp e D de

Éd. Les Requins Marteaux, 136 pages, 12 euros

lesrequinsmarteaux.com

BANDE DESSINÉE Pour le 11e opus de leur somptueuse collection « BD Cul », les Requins Marteaux nous envoient en l’air. Roger l’astronaute est en mission sur une planète interdite, bien loin de sa chère et tendre Penny. Les sens en ébullition, il divague dans des paysages lascifs et se laisse aller à une exploration sans tabou. Le plaisir est grand, le contrecoup cruel : lorsqu’il recouvre ses esprits, sa bite manque à l’appel. Inconsolable, le jouisseur émasculé déambule avec une libido intacte de puits sans fond en océans écarlates en qué-quête de sa précieuse. Ainsi débute son trip initiatique. Parviendra-t-il à voir plus loin que le bout de sa queue ? Une épopée homérique à suivre main à la trique, ne serait-ce que pour s’assurer qu’elle ne se fasse pas la belle. Simon Boileau / @LeSaisai

e écarlate Monographie v ê R de Nicolas de Crécy, de Toshio Saeki

Éditions MEL Publisher, 340 pages, 45 euros, disponible

500dessins.blogspot.fr

ILLUSTRATION Bande dessinée, dessins, peintures, l’ouvrage couvre la large palette des talents de Nicolas de Crécy. On retiendra particulièrement tout ce qui sort du séquentiel tant il n’a pas besoin de récit pour raconter des histoires. Portraits, natures mortes, couleurs, noir et blanc, il alterne de l’un à l’autre. Son trait vagabonde et l’artiste exprime son univers. C’est magique, envoûtant, on voudrait passer des heures à explorer les détails. Ouvrez le livre sur la table du salon et rêvez ! Basil Sedbuk

Éd. Cornélius, 192 pages, 28,50 euros

cornelius.fr

ILLUSTRATION Quand Toshio Saeki est édité c’est toujours un événement ! Et cette fois-ci ne fait pas exception. Cornélius nous offre en effet le tome 1 d’une anthologie de l’icône underground du Japon. Rêve écarlate, c’est deux ans (1970-1972) d’illustrations érotico-grotesques, étranges, troublantes, aux traits qui oscillent entre le classique et la culture pop. Ce livre, fascinant, colorisé selon les dessins originaux, montre le travail d’un artiste qui, pour contrer la censure qui sévit au Japon (on ne peut pas montrer un sexe), nous fait voyager dans sa tête entre rêve, fantasme et angoisses. Delphine Zehnder

Atelier imprimé - Sortie d’atelier

MUSIQUE

Rémi Parson Aladdin

de Adam Green

Montauban sorti le 01.02 chez Objet Disque

remiparson.bandcamp.com

On sait Nicolas Laureau (NLF3) friand des escapades en solitaire. Son alter ego Don Niño frappe encore avec ce Keyboard Songs, composé en 8 jours, retravaillé pendant 3 ans. Cette beauté est sortie le 4 mars sur Prohibited Records, évidemment. don-nino.com

NOSTALGIE L’excellent album Précipitations encore ruisselant dans nos têtes, Rémi Parson revient avec Montauban. Il a pour cet enregistrement quitté sa chambre londonienne et le son a gagné en amplitude. Les mélodies tissent avec la même élégance ces quatre titres bercés par le souvenir d’une jeunesse qui « n’a pas envie de mourir dans son lit » et rêve au départ. Il faut tendre l’oreille pour suivre Rémi dans les impasses et sur les quais de sa mémoire, sa voix entrouvrant le rideau froid des synthés. Chacun se retrouvera dans ces cartes postales de la ville quittée, desquelles se dégage une tendresse élégante effaçant toute vaine nostalgie

La moitié des Moldy Peaches a voulu adapter Aladdin à sa sauce, avec Macaulay Caulkin en ingrédient spécial. On ne sait pas ce que vaut le film, mais la bande originale est, elle, complètement imparable. Elle sort le 29 avril chez Totally Gross National Products.

Manon Raupp adamgreen.info

The Keyboard Songs de Don Niño

Frank Rabeyrolles Pink Flamingos de In Aeternam Vale

Built to swim sorti le 28.02 chez Wool Recordings

josephinefoster.info

wool-recordings.com

LABEL Plus fort que Ribéry, Frank Rabeyrolles défie la routourne avec son troisième effort Built to Swim sorti le 26 février. Le discret français signe sur son propre label, Wool Recordings, une féerie sonore prouvant l’étendue de sa personnalité d’éternel rêveur devant la pureté hybride et analogique. Il nous laisse monter à bord de son vaisseau scintillant pour marquer des arrêts chez les nymphes vocodées de « Phosphorus » ou encore à l’exaltant « Emergent Land ». Mirages, illusions et sournoiseries psyché composent un grand ouragan dans lequel on se laisse volontiers porter.

Josephine Foster est une chanteuse de folk américaine qui laisse depuis plus de 15 ans traîner sa voix surannée sur des disques d’une élégance peu commune. Sorti le 5 février, No More Lamps... est une réinterprétation de quelquesuns de ses titres passés, avec son mari Victor Herrero.

Alors que Laurent Prot s’échine depuis 30 ans à faire de son projet proto-techno In Aeternam Vale l’un des plus fascinants en France, c’est maintenant seulement qu’il en acquiert la pleine reconnaissance. La preuve avec ce triple LP rétrospectif qui sort fin mai chez Dement3d.

Elora Quittet

Atelier imprimé - Sortie d’atelier

dement3d.fr

No More Lamps In The Morning de Josephine Foster

MUSIQUE

nenmo n e s i N nd ai #N/A #N/A – Nisennenmondai, sortie le 01.04 chez On U Sound.

wearenisennenmondai.com

ROCK Légataires d’une noise héritée de Sonic Youth, les Japonaises Nisennenmondai performent un rock expérimental qui dès 2008 s’est progressivement entiché d’un minimalisme qu’il serait réducteur de ne pas rapprocher de la techno. Boucles de basse, cordes stressées par d’infatigables allers-retours, charley molestée avec une régularité robotique et fond électro noise drone incrusté d’une myriade de variations : le motif travaillé et retravaillé du trio est un exutoire pour derviche enfiévré qui se densifie avec le temps et entête jusqu’aux portes de la frénésie. Cette quête de la transe parfaite, complétée album après album, s’enrichit dans #N/A de la collaboration du producteur Adrian Sherwood, qui lui imprime sa touche dub particulière sans pour autant le singulariser dans la discographie du groupe. Ted Supercar

Ici et là-bas

de Michel Cloup Duo

Le boss de Macadam Mambo vient lui-même foutre les petons dans le cambouis pour The Devil Dance EP à paraître en avril dans les fameuses Edit Series de son label. Comme de bien entendu les tracks, issues la disco européenne, sont choisies avec un nez fin et remaniée avec des doigts en or.

Around The World With...

de The (Hypothetical) Prophets

Les Parisiens de Wall of Death avaient pris du galon avec leur précédent album, Main Obsession, sorti en 2012. La suite risque d’être d’autant plus obèse avec cet excellent Lovelands, sorti le 4 mars chez Innovative Leisure, le label d’Hanni El Kathib. innovativeleisure.net

macadam-mambo.com

Le formidable Michel Cloup s’est associé au batteur Julien Rufié pour son album Ici et là-bas, qui sort le 1er avril chez Ici d’Ailleurs. Il en profite, paradoxalement, pour nous livrer son œuvre la plus personnelle et la plus percutante à ce jour. michelcloup.com

The Devil Dance

de Sacha Mambo

En 1982, sortait le mystérieux disque synth-wave Around The World With... du duo The (Hypothetical) Prophets. Une merveille en réalité signée par Bernard Szajner et Karel Beer et qui fait aujourd’hui l’objet d’un culte. InFiné a eu l’excellente idée de le ressortir le 04.03. infine-music.com

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Loveland

de Wall of Death

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