N째 17 LYON
#Oct+Nov 07
culture blender
Gratuit - 10000 ex.
Couverture > PANDACREW ( www.pandacrew.com) // Directeur de la publication > Jérémie Martinez // Direction de la Rédaction > Jean Tourette + Jérémie Martinez // Rédacteur en chef > Guillaume Jallut // Rédaction Kiblind > Gabriel Viry + Matthieu Sandjivy + Jean Tourette + Jérémie Martinez + Guillaume Jallut // Pages «Autre Couture» : Julien Daviron // Graphisme : Arnaud Giroud + David Lesort (Pitaya Design Global + www.pitaya-design.com) + Kinga Sofalvi // Maquette > Jérémie Martinez // Relecture > Frédéric Gude // Responsable Publicité > Jean Tourette // Responsable Développement > Gabriel Viry // Responsable Communication > Maïté Dewuffel-Dessart // Chargé de communication > Guillaume Jallut // Responsable Web > Antoine Thierry Imprimerie JM. Barbou // ZAE Bondy Sud 8 rue Marcel Dassault 93147 Bondy Cedex// Tél > 01 48 02 14 14 // contact@imprimerie-jmbarbou.fr Le magazine Kiblind est édité à 10 000 exemplaires par l’Association Kiblind // 4 rue des Pierres Plantées 69001 Lyon // www.kiblind.com // Tél > 04 78 27 69 82 // contact@kiblind.com // ISSN : 1628-4046 Les articles ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. L’ensemble de l’équipe Kiblind tient à remercier M. Sandjivy pour son indéfectible soutien.
PANDACREW
phanois Collectif street art stéaphisme, Gr . 99 fondé en 19 n autour peinture, graff, dessia.. nd pa du e ur fig de la rew.com Infos> www.pandac
Dans le cadre du dispositif «Emploi Tremplin», l’Association Kiblind est soutenue par la Région Rhône-Alpes et le FSE.
OCT/NOV 07
SOMMAIRE
en couverture...
ÉDITO #07
ÉVÉNEMENTS #08 L’oie 000
VU PAR... #11 Jean-Yves Sécheresse #01
LE DOSSIER #13 L’édition à Lyon : une maison à visiter #07
ANACHRONIQUE #19 Allan Kardec #07
LYON DANS LA PRESSE #20 Petites annonces #07
PAGES BLANCHES CmaGr/Guillaume Allantaz Kinga sofalvi Leslie AMINE SUPERDEUX Thomas CANTO PANDACREW Extrait de la Petite Bulle d’Univers n°5 #23 #07 #07 #07 #07 #07 #07 #07
DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE #41 Inédit #07
BAZART/ASSOCIATION #47 Plastiques amateurs #07
BAZART/EXPOSITION #49 Galeries nomades #07
BAZART/ASSOCIATION #51 Arts en scène #07
BAZART/THÉÂTRE #53 Bolero de Maria Dolores #07
BAZART/MUSIQUE #55 Nouveau Clacson #07
BAZART/ASSOCIATION #57 Espace Pandora #07
ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES #58 By Pass #07
AUTRE COUTURE #60
PAUSE #65 Astronaute #07
LE KI #66 Un Ki dans la nuit #07
édito
#07
L
a rentrée, c’est un peu le nouvel an du mois de septembre. On veille à se constituer un petit pack de bonnes résolutions, de promesses de changement et de velléités d’upgrade et/ou d’update existentiels. Et à l’instar de ceux de la Saint-Sylvestre, ces graves desseins avortent, ou connaissent une courte existence. C’est triste. Chez Kiblind aussi on déborde de ce flux saisonnier de renaissance et d’extrême vitalité. Alors on sort les meubles, les doigts, les dossiers, les idées. Ca fait plaisir. Et surtout, on espère que tout cela va vous plaire, parce qu’on a travaillé. Quelques chiffres pour étayer : 108 heures chacun de temps de parole, c’est énorme, 800 litres de café, 96 décibels d’engueulade, 14 cheveux blancs, 83 aspirines, etc. Une belle équation qui donne un magazine nouveau, avec une baseline changée, une maquette modifiée et plein de perspectives. Exit donc « le journal qui vous publie vous », parce qu’à présent vous le savez ; fini aussi quelques rubriques telles que Lyon dans le monde, malgré les témoignages d’affection de transdanubiens conducteurs de train et autres nippons bourrés au gros rouge. A la place, des pleines poignées de friandises culturelles des plus raffinées, entre drôleries bande-dessinées, chroniques littéraires, créations vestimentaires et bons mots d’une personnalité. Certes la mue peut effrayer au premier abord tant elle découvre un corps nouveau. Mais qui ne tente pas la peau de l’ours avant les bœufs ? Une seule certitude, la volonté absolue de continuer à vous faire découvrir plein de choses, quel que soit le champ, intelligemment de préférence. On dira ce qu’on veut, mais Kiblind vous envoie dans la culture et c’est déjà pas mal… G. J.
http://gegemarcello.blogspot.com
01 Depuis le 13/09 et jusqu’au 21/10 - Galerie Talents à suivre (Lyon 5e) : exposition inédite de Francisco Sepulveda. www.talentsasuivre.com 02 1/10 > 14/10 - Lyon + agglomération : Hors Ecran, Festival international du film. www.hors-ecran.com 03 2/10 > 27/10 - L’Elysée : Trop humain, nouveau spectacle de Bruno Boeglin d’après Donald Westlake. www.lelysee.com 04 4/10 > 12/10 - Lyon + agglomération : Festival « Belles Latinas ». www.espaces-latinos.org 05 16/10 > 27/10 - Médiathèque du Bachut (Lyon 8e) : Exposition de Sylvie Fontaine (Le poulet du dimanche). www.tanibis.net 06 16/10 > 22/10 - Médiathèque de Mézieu : Exposition de Frédérick Mansot, proposée par l’Imagier Vagabond, l’ Agence RhôneAlpes de promotion de l’illustration. www.imagiervagabond.fr 07 21/10 > 27/10 - Espace Albert Camus (Bron) : concert de Karavel. www.ville-bron.fr 08 27/10 : Rue Libre, Journée nationale des arts de la rue. www.ruelibre.fr 09 27/10 - Galerie Le Bleu du Ciel (Lyon 4e) : fin des expos The new painting (Elina Brotherus) et Journal d’Espagne (Daniel Challe). www.lebleuduciel.net 10 31/10 - La loge de MrB (Lyon 2e) : Fin de l’exposition Handmade d’Osru et Violon (Graff). 11 3/11 - Galerie N2O (Lyon 1er) : Fin de l’expo Gravité B de Thomas Canto. www.denseart.org 12 6/11 > 11/11 - 13e Festival Cinémas et cultures d’Asie. www.asiexpo.com 13 16/11 > 25/11 - Le Zola (Villeurbanne) : 28e Festival du Film Court. www.lezola.com 14 16/11 - Le Polaris (Corbas) : Concert de Gyrations of barbarous tribes. www.kubilai-khan-investigations.com 15 16/11 > Clacson (Oullins) : Concerts de Gravenhurst et Arnaud Michniak. www.clacson.fr 16 23/11- Indo Café (Lyon 7e ) : Concert de Néos. www.indocafe.fr
l’oie Départ Nul n’est censé ignorer l’oie
Ce n’est qu’un jeu La 7e Biennale de l’Art contemporain réunit, 0168 depuis le 19 septembre, « joueurs » (artistes, critiques, commissaires…) pour s’exprimer sur le thème : « 00s, histoire d’une décennie qui n’est pas encore nommée ». Quatre lieux d’exposition: La Sucrière, l’Institut d’art contemporain 02 d’Art de Villeurbanne, le Musée Contemporain, la Fondation Bullukian. Jusqu’au 6 janvier 2008. + d’infos : www.biennale-delyon.org
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A vous de voir Pour la 21e année consécutive, la MJC d’Oullins accueille, du 22 novembre au 2 décembre, le festival du film scientifique : « A nous de voir ». Au programme : des rendez-vous thématiques, le Concours du film de science, la Nuit de la SF sur le thème des « mondes virtuels ». + d’infos : www.mjcoullins.com
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L’oie glousse (1) : ça jase… Rien que pour les chiffres, ça vaut la peine de compter sur le Rhino Jazz(s) festival : 29e édition, 260 artistes, 90 concerts, 31 lieux autour de Rive de Gier, etc. Cette année, la voix est à l’honneur. + d’infos : www.rhinojazz.com
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Événements
#09
Oie sauvage, restez naturel… On peut être « spontané » et faire de la musique, du théâtre, de la vidéo ou des arts plastiques… La preuve avec Spontanéous, festival international d’improvisation, dont la 4e édition se tient à la Plateforme (Lyon 3e), du 30 octobre au 4 novembre 2007. + d’infos : www.spontaneous-festival.com
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Gavez-vous… Au Salon International du disque, le 20 et 21 octobre, à l’Espace Tête d’or (Villeurbanne). 120 exposants. Achat, vente, échange. Prenez le temps, passez votre (33) tour. + d’infos : www.ultime-music.com
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Foie gras Sortie de Kiblind n°18
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Avancez d’une case, passez l’Embarcadère La 6e édition du salon ID’Art réunit, du 1er au 31 novembre, de jeunes talents de l’art, de la décoration, du design et de la mode. Présentation d’objets originaux : luminaire, sculpture, stylisme, récup, etc. + d’infos : www.id-dart.com
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L’oie glousse (2) : des Paroles Ambulantes… 12e édition de ce festival pluridisciplinaire : poésie, littérature contemporaine, performances, musique, slam, cinéma. Hommage au centième anniversaire de la naissance de René Char et d’Albert Camus. A Lyon, Bron et Venissieux, du 11 au 21 octobre. + d’infos : www.espacepandora.com
Modern Rhapsodies Maxence Cyrin, jeune signature du label de Laurent Garnier, distille standards new wave et électro au piano. A travers ses « rhapsodies » inédites, il offre ce que le piano contemporain a fournit de plus sexy depuis Gonzales. A l’Espace Albert Camus, le 16 octobre. + d’infos : www.myspace.com/maxencecyrin Si vous préférez Christophe Maé (le même jour, au Transbo), vous reculez. Une case en moins. Au moins…
vu par ...
#11
coming soon
C
+ d’infos : www.dandelyon.com / www.myspace.com/dandelyon2006 comingsoon.band@gmail.com
omme s’il fallait absolument un élu pour inaugurer une nouvelle rubrique me voici donc, sommé par Kiblind, de vous dire deux mots sur mon coup de cœur pour de jeunes artistes. Au risque de passer pour un mauvais joueur, je voulais vous parler du dernier album du Peuple de l’herbe, tant leur opus est une réussite, mais prenant la plume j’entendais déjà les critiques fuser, les uns me reprochant la facilité et le conformisme, les autres d’aller pêcher dans les eaux troubles de la réussite. Une fois dit que l’album du Peuple mérite plus qu’un détour, je veux vous parler d’un groupe qui est tellement émergent (le mot est lâché) que je ne connais de lui presque qu’un seul titre. Me dit-on, son premier enregistrement devrait être dans les bacs en janvier prochain. Coming soon est le nom de cette formation venue je crois d’Annecy, dont le témoignage discographique se réduit à un seul titre, Just a child, en onzième position sur la compilation proposée par l’association lyonnaise Dandelyon. Si vous aimez le folk rock bancal, la country joyeuse et déjantée, en bref si vous appréciez Neil Young, Les Violent Femmes sous tranquillisants, Palace sous excitants, Spardehouse et même Adam Greene ou Herman Düne, Coming Soon est fait pour vous car ils font partie de la famille. Coming Soon est composé de deux frères, Guillaume et Charles, de Ben à la guitare et chose étonnante d’un batteur de 14 ans, Léo, ainsi que d’Alex au banjo de deux ans son aîné. Autour de ce noyau dur, la galaxie Coming Soon polarise d’autres choristes et musiciens au service d’une musique tonique que l’on imagine forgée dans l’Amérique profonde. Révélation du Tremplin Dandelyon, l’album de Coming Soon sera notre premier achat en 2008. En attendant, si le groupe se produit du côté d’Annecy ou de Lyon, réservez votre soirée car il y aura du talent dans l’air. Jean-Yves Sécheresse
Conseiller Municipal et Président du Groupe Municipal Socialiste et Apparentés www.jysecheresse.com
LE DOSSIER
#13
l’édition à lyon : maison à visiter Vous hésitez, comme chaque année, entre Maurice Dantec, Marie Darrieussecq, Philippe Sollers, ou l’un des 727 auteurs de la « rentrée littéraire ». C’est la grand messe de l’édition. A l’église, il n’y a que des rangs réservés : Gallimard, Seuil, Albin Michel, Gallimard… Et peu de chances d’apercevoir un lyonnais. Pourtant, ce ne sont pas les éditeurs qui manquent ni les idées. On a une maison à vous faire voir. Et tout un quartier, à découvrir…
L
’édition est un secteur méconnu auquel un certain nombre de fantasmes sont régulièrement associés. On parle communément d’un « monde de l’édition », réputé fermé et secret, dont les principaux acteurs se partageraient les intérêts, en particulier lors de l’attribution des grands prix littéraires (Goncourt, Fémina, Renaudot, Interallié…). Ce « monde » a, en tout état de cause, bien changé, puisque l’on est passé, en quelques années, du jeu des sept familles (« je demande : le père Gallimard, la grandmère Flammarion, le fiston Albin Michel ») à la bataille version grands groupes. Si l’on dénombre aujourd’hui un millier d’éditeurs, une trentaine de maisons réalise 80 % du chiffre d’affaires du secteur, estimé à 3 milliards d’euros par an (470 millions de livres vendus) selon le Syndicat national de l’édition (SNE). L’édition française a une forte tendance à la concentration. Et ce mouvement s’est accéléré avec la dissolution en 2003 de Vivendi Universal Publishing, comme l’explique l’éditeur lyonnais « À Rebours » sur son site Internet. L’ancien leader de l’édition a été racheté par deux groupes : Lagardère (Hachette Livres) et Wendel Investissements (Éditis), dont l’actionnaire majoritaire n’est autre qu’ErnestAntoine Sellière, l’ancien patron du MEDEF. Et dans ce contexte, des groupes moyens ont également cherché à se renforcer, comme La Martinière qui a racheté Le Seuil, en janvier 2004. À travers la dynamique de concentration, les éditeurs cherchent surtout à maîtriser tous les maillons de la chaîne du livre, de l’édition à strictement parler (sélection d’un manuscrit ou commande faite à un auteur, mise en page des textes…) à la distribution des ouvrages. La diffusion et la distribution sont, en effet, des étapes stratégiques puisqu’elles déterminent l’offre proposée au client final. Le diffuseur est chargé de « vendre » l’ouvrage au libraire ; le distributeur, quant à lui, assure la logistique et l’acheminement
du produit sur le point de vente. Ces activités sont coûteuses puisqu’elles nécessitent du personnel (commerciaux, transporteurs…), des espaces de stockage, etc. En regroupant les maisons, les éditeurs réalisent des économies d’échelle qui permettent de réduire les coûts. Cela explique la dynamique de concentration, dont Hachette Livres est le symbole parfait. Premier éditeur français (et cinquième mondial !), il regroupe une trentaine de « marques » : Calman-Lévy, Larrousse, Fayard, Stock, Grasset, Hatier, Le livre de poche…. Il est surtout le deuxième libraire du pays, derrière la FNAC, avec 3 600 points de vente (Relay, Virgin Megastore, Aelia…) répartis sur l’ensemble du territoire. La petite maison du boulevard Saint-Germain, fondée il y a quarante ans au cœur du 6e arrondissement, a quitté la prairie. Hachette Livres gratte désormais le ciel, dans une tour, sur les bords de Seine. La vue doit être belle. Regardez, tout là-bas : on dirait le Sud…
Maisons de pays Alors que l’édition s’est concentrée à marche forcée, on constate simultanément des mouvements de décentralisation. Certaines maisons locales ont émergé au plan national. C’est le cas d’Actes Sud, l’arlésienne, créée à la fin des années soixante-dix. Elle publie aujourd’hui des auteurs comme Paul Auster ou Gunter Grass et bénéficie d’une image très favorable, loin des remous qu’avait justement suscité sa position « excentrée », il y a trente ans. Autres exemples, liés à l’explosion de la bande dessinée (4 730 titres publiés en 2006 et 6,5 % du chiffre d’affaires du secteur de l’édition en France) : le toulonnais « Soleil productions », spécialiste français de l’Heroic Fantasy, ou le grenoblois Glénat (Titeuf, mangas…). Dans la logique de décentralisation, il y a aussi des maisons qui quittent Paris, comme Parangon (sciences humaines et sociales) qui s’est installée à Lyon.
LE DOSSIER
#15
L’édition en région semble ainsi émerger et ne se restreint pas à du contenu « régionaliste » (ouvrages sur le patrimoine local, guides touristiques…). Audelà du pavillon lyonnais, le lotissement rhônalpin, deuxième « complexe » éditorial de France, montre son coin de jardin. C’est fleuri. Et c’est L’Agence RhôneAlpes pour le livre et la documentation (Arald) qui le dit. Créée en 1993, soutenue par le Conseil régional et par l’État (Direction régionale des affaires culturelles), cette association a notamment pour mission de soutenir les professionnels locaux. Elle a réalisé, en 2001, une enquête sur l’édition en Rhône-Alpes, dans le cadre de laquelle une centaine d’éditeurs sur les 300 « lieux d’édition » recensés par le Conseil régional - a été interrogée. Quid de la maison témoin de l’éditeur rhônalpin ? Une maison jeune (plus de la moitié a moins de quinze ans), qui exerce souvent des activités complémentaires (mise en page/graphisme, packaging, studio multimédia…), publie entre 1 et 14 livres par an (32 % publient plus de 14 titres…) avec des tirages limités (62 % des éditeurs ont un tirage moyen inférieur à 2 000 exemplaires). La littérature, le régionalisme, les sciences humaines et sociales sont les spécialités les plus représentées. Concernant la diffusion-distribution, véritable « nerf de la guerre », selon Laurent Bonzon, responsable de la communication de l’Arald, pour exister à une échelle supra-régionale, la moitié des éditeurs la sous-traite. Si le terrain vous plaît, sachez que vous aurez donc pour voisin des petites maisons (56 % ont un CA inférieur à 150 000 euros par an et 60 % emploient moins de 2 salariés) et quelques grosses bâtisses. Les trois principales sont Glénat, qui fait carrément figure de « village Pierre et vacances » avec plusieurs implantations en Europe (Belgique, Suisse, Espagne…), Didier Richard, cotée en bourse et éditeur du site à succès mabalade.com, ainsi que le montagnard « La Fontaine de Siloé ». Suite de la promenade, à Lyon, où l’on force la porte. Et le trait…
L’effet « pavillon » L’agglomération lyonnaise regroupe une cinquantaine d’éditeurs. Ce sont des acteurs créatifs qui font preuve de « professionnalisme », la plupart étant notamment engagée dans une démarche de contractualisation avec les auteurs. En dehors d’une spécificité qui veut qu’à Lyon, on édite peu de littérature, les maisons lyonnaises rencontrent l’effet « pavillon » : malgré leur vitalité, elles n’ont pas toujours les moyens de distribuer leurs ouvrages au niveau national et d’agrandir leur terrain. La diffusion-distribution reste le « nerf de la guerre »
lyon>fabrique de best sellers ? > Le Petit prince, écrit par le lyonnais Antoine de Saint-Exupéry et publié en 1944 à New York, est le livre le plus vendu au monde, après la Bible. > Le pseudo de Virginie Despentes vient « des pentes » de la Croix-Rousse, quartier dans lequel elle a vécu avant Paris. > Autre habitué des « meilleures ventes » (Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, L’Évangile selon Pilate), Éric-Emmanuel Schmitt est un écrivain d’origine lyonnaise. > Un mariage à Lyon, de Stéphane Zweig, L’irrésolu, de PPDA, Les Six compagnons, de Paul Jacques Bonzon, ou San Antonio chez les Gônes, de Frédéric Dard, ont un point commun : l’action se déroule à Lyon.
LE DOSSIER
#16
ou la chambre-avec-vue. La difficulté est toujours la même, selon notre interlocuteur à l’Arald: « accéder à un mode de diffusion “industriel”, […] sur l’ensemble d’un catalogue ». Certaines maisons exercent ce rôle elles-mêmes, en ciblant quelques librairies. D’autres travaillent avec des distributeurs « moyens », comme « Les Belles lettres » ou « Harmonia Mundi ». C’est le cas de « La Fosse aux ours », petite maison lyonnaise spécialisée dans la littérature. À l’origine, en 1997, son fondateur, Pierre-Jean Balzan, exerçait lui-même la distribution de ses ouvrages à travers un réseau d’une centaine de libraires. Mais il eut rapidement besoin, pour se développer, d’un comptoir de vente à Paris et d’un représentant. En 1999, la diffusiondistribution est sous-traitée à « Harmonia Mundi », le premier producteur indépendant de disques classiques qui est également à la tête d’un important réseau de distributeurs en France et à l’étranger. Les ours sont sortis de la fosse au lion. Mais le problème de la distribution reste crucial pour un grand nombre d’éditeurs. L’Arald leur offre plusieurs outils, en particulier la participation aux salons du livre, qui leur permettent, outre la rencontre avec le public, de se faire connaître auprès des professionnels. Mais l’association peut difficilement aller plus loin en matière de distribution : « Il y a déjà eu des tentatives régionales, qui se sont révélées infructueuses […]. Il faut aussi regarder les initiatives qui se mettent en place au niveau national, comme “Calibre”, le nouvel outil du SNE ». Créé officiellement en janvier 2007, il s’agit d’un outil interprofessionnel destiné à assurer la distribution des petits éditeurs en regroupant les commandes, l’acheminement des ouvrages, etc. Le monde de l’édition continue de changer. Les petites maisons « locales » ont une place à part et des permis de construire : c’est la place du village, sur laquelle le marché s’organise, loin de l’église où, on croit le savoir, Amélie Nothomb a été nommée première femme prêtresse, Michel Houellebecq, enfant de chœur en chef et Anna Gavalda a épousé Marc Lévy… Et si c’était vrai ? G. V.
La vie du lotissement… > Les éditions du Mot Passant viennent de publier Le Basket en Rhône-Alpes. >Quelques revues éditées à Lyon : Contre Feux (éditions À Rebours), Boxon, Le Croquant, Louche, Sens Public, Mercure Liquide, Nioques. > S’il y avait un loft de l’édition à Lyon, on garde, dans la piscine : l’Atelier de création libertaire, les éditions Golias (« l’empêcheur de croire en rond »), La Mauvaise Graine (littérature engagée), Balivernes (jeunesse) et, s’il faut adoucir les mœurs, Symetrie, éditeur de partitions… > Jamel Debbouze a préfacé Parole d’enseignante d’Aline Peignault et Marie-Pierre Degois, une nouveauté des éditions Chronique sociale > Nous, on l’aime rôti, avec des haricots, Le Poulet du dimanche, de Sylvie Fontaine, publié par les éditions Tannibis (BD) > Retrouvez tous les éditeurs lyonnais sur le site de l’Arald : www.arald.org
ANACHRONIQUE
#19
allan kardec Contrairement à ce que pourraient croire quelques philosophes et certains jeunes, Allan Kardec n’est pas le porte-voix de la Beat Generation. Professeur positiviste, puis druide réincarné, ses théories rassemblent encore un très grand nombre d’adeptes. Et c’est à Lyon que naquit le père du Spiritisme.
H
ippolyte Léon Denisart-Rivail est né le 3 octobre 1804 au 76 de la rue Sala (2e). Il passa les dix premières années de sa vie à Lyon, puis fut envoyé poursuivre ses études dans un pensionnat suisse où il y reçut l’instruction d’un disciple de Rousseau, Jean-Henri Pestalozzi. L’éducation qu’il reçut, largement inspirée de L’Émile, lui donna à son tour le goût de l’enseignement, auquel il se consacra pendant près de trente ans. Il ouvrit une école privée à Paris et chercha à définir les contours de sa méthode pédagogique à travers de nombreux traités d’éducation à l’approche résolument positiviste. Une vie comme un roman d’éducation… Mais en 1850, il commença à s’intéresser au magnétisme de Mesmer et à certains salons où l’on fait tourner des tables. D’abord réticent, il finit par céder à la tentation et à participer à des séances hebdomadaires d’invocation d’esprits. Jusqu’à la rencontre.
« Lyon sera le cœur » Une nuit de 1856, un esprit nommé Zéphir lui fait une révélation importante : « Nous vivions tous deux ensemble il y a bien longtemps dans les Gaules. Nous étions amis, tu étais druide et t’appelais alors Allan Kardec. » A cet instant, Hippolyte Rivail disparut et céda la place à Allan Kardec.
Chaque soir, Kardec interroge les esprits. Ils lui inspirent ses premiers ouvrages, dont Le Livre des esprits qui deviendra le bréviaire du spiritisme. Les principes scientifiques sont posés : « le Spiritisme est une Science qui traite de la nature, de l’origine et de la destinée des Esprits, et de leurs rapports avec le monde corporel ». Il fonde ensuite La Revue spirite, fabuleux organe de propagation de ses théories vers le grand public qui, en dépit de l’éloquence de ses détracteurs, lui témoigne une audience remarquable. La France se passionne pour le Spiritisme. En 1860, Kardec se rend dans sa vile natale pour y prononcer un vibrant discours : « Lyon a été la ville des martyrs ; la foi y est vive ; elle fournira des apôtres au spiritisme. Si Paris en est la tête, Lyon sera le cœur. » Et en effet, le nombre d’adeptes dans la capitale des Gaules ne cesse de croître, passant de quelques centaines à plus de 30 000 deux ans plus tard. Allan Kardec meurt en 1869, avec plus de 500 000 disciples en France. Aujourd’hui, Lyon dénombre encore plusieurs cercles spirites. En 2004, à l’occasion du bicentenaire de sa naissance, un petit monument en forme de menhir a été installé quai Gailleton, au débouché de la rue Sala. La pierre est souvent retrouvée au matin teintée de vert ou de rose. J. T.
petites annonces Vous recherchez une brune, un paquet de blondes, une fille ou une vieille ville prête à tout pour vous plaire ? Lisez les journaux, pas seulement « Top annonces ». On l’a fait pour vous cet été…
L
yon, été 2007. Enfin de l’action dans les irremplaçables « messages personnels », de Libé. Ça s’est passé le 8 juillet (« X Rousse, 7 Pêchers. Vous ici, brune cheveux magiques. Moi, lunettes écailles. Vous inviter enfin ? »), le 19 août (« J’ai laissé mon cœur sur un quai de gare sans échanger un mot », sans préciser bien sûr si c’était à Perrache, Saint-Paul ou Oullins), ou après la diffusion lyonnaise de La Fille coupée en deux, tourné à la fin de l’année 2006 : « Belle comédienne, désolé d’avoir raté l’avant-première, le 24/7, à la Cité de Lyon. Un figurant ». Il faut savoir que la belle n’a pas dû s’attarder sur Libé, qui a plutôt joué la bête, critiquant un « vaudeville grossier » censé dépeindre « Lyon aujourd’hui », avec des « notables traînant leur ennui de cocktails en partouzes » et « une chaîne de TV locale grouillant de petits requins aux dents aiguisées ». Cœur de pierre. C’est le Nouvel Obs qui a joué l’artichaut, attribuant au film un «bon cru », favorable. A Kiblind, on aurait sûrement parlé d’artichaut sans vinaigrette. Au fait, c’est qui la « belle comédienne » ?
JF célèbre cherche fille-à-papa La lyonnaise Sylvie Testud, 36 ans, n’a pas eu besoin des « messages personnels » pour retrouver son père, disparu qiand elle avait 2 ans. Le journal revient sur son histoire dans sa série d’été Les Inconsolables. C’était un soir de 2005, alors que la comédienne interprétait, à la Croix-Rousse (sa « tanière »), La Pitié dangereuse de Stéphane Zweig. Son père est venu
la voir, incognito: « Elle arrive sur scène, en fauteuil roulant, lève les yeux, et tombe sur lui : il est là, en pull vert d’eau. » Mais l’homme redisparaît aussi vite. Si TLM avait été dans la salle, Patrick Devedjian se serait sûrement écrié : « quel salaud » ! Il ne sait pas que, quelques jours plus tard, Sylvie Testud arrive à joindre son père. Nouveau décor, dans une brasserie lyonnaise : il est là, « attablé devant un jus […] Elle le vouvoie. Il a vu ses films, lu ses livres, il collectionne les articles sur elle […]. Sait qu’elle a un chien et une maison à Oléron. » On sort les mouchoirs... Mais on a gardé le dernier kleenex pour le figurant lyonnais, retrouvé, le 29 août, dans les colonnes de Libé. Il nous apprend, presque inutilement, que la « belle comédienne » n’est autre que Gabrielle Deneige, alias Ludivine Sagnier. On s’est dit qu’il avait dû voir de la neige, même en plein mois d’août. Comme si je passais par le « 69 » pour avoir un date avec ma belle Scarlett !
Ville-model, la jolie fleur de l’âge, recherche nouvelles expériences… A Lyon, il faut parfois être président pour passer les annonces. À saisir, d’urgence : hôpital pour pédophiles, création 2009. Selon Paris Match reprenant les propos de Gérard Collomb, l’établissement était « déjà en préparation », mais l’annonce a quand même eu son effet : d’après Lemonde.fr, le maire l’aurait découverte « par le biais de la presse ».
LYON DANS LA PRESSE
#21
Est-ce maintenant Sarko ou Métro qui s’intéresse, après les amours de jeunesse, à la santé des trains à grande vitesse ? Le premier en serait bien capable, sauf qu’il a loupé le métro : c’est le journal qui annonce, pour 2009, le « premier hôpital pour TGV », installé au coeur de Gerland, Une belle affaire : « technicentre écologique », 200m2 de panneaux solaires, de l’eau recyclée, 300 « infirmiers » 24/24. Valeur : 247 millions d’euros. En 2009, il y a aura peut-être à Lyon d’autres nouveaux hôpitaux. Pour les figurants dépressifs ? Pour les Vélo’V dépréciés ? Pour les journalistes qui auraient trop parlé de Vélib (après les Vélo’V) et n’auraient plus de sujet ? Challenges s’est intéressé, à l’occasion du lancement parisien des vélos en libre service, au stéphanois Gilles Lapierre, dirigeant les cycles du même nom et fournisseur de Decaux. On apprend qu’il aime « le chassagne-montrachet et le gevrey-chambertin » et surtout, « le tokai hongrois », référence à la nouvelle usine qu’il a ouverte près de Budapest. Quoi qu’il en soit, les Vélo’V sont la preuve que Lyon est un vaste terrain d’expérimentation. Où l’on teste, pêle-mêle, la comédie musicale Kirikou et Karaba (en septembre, à la Maison de la danse), le « journalisme citoyen » (le site Agoravox, figure de
proue de l’information participative à la française, « lance une version 2 et songe local en débutant par Lyon comme ville test »), ou un projet d’hôtel écologique de luxe. Il s’agit d’une « première mondiale », selon la correspondante du Point, qui pourrait voir le jour, à l’horizon 2012, sur les berges du Rhône. L’architecte Didier Poignant, spécialisé dans la rénovation de grands hôtels, a déjà fantasmé : « un bâtiment de verre, coiffé d’arbres » entre la Place Antonin Poncet et la piscine du Rhône, « relié aux deux berges par une passerelle surélevée ». Déjà imaginée, l’annonce dans Libé : « Aperçu sur le toit-terrasse végétalisé, vous rédigiez une revue de presse. Devenir votre feuille de papier ? ». Ludivine ? Scarlett ? Un figurant lyonnais ? G. V. Sources : « Lyon accueillera un hôpital pour TGV », Métro, 9/7 ; Nicolas Stiel, « Le fournisseur officiel de Vélib’ », Challenges, 12/7 ; Séverine Cazes, « Lyon rêve d’un projet spectaculaire », Le Point, 19/7 ; Pierre-Yves Roger, La Fille coupée en deux : les hésitations de Ludivine Sagnier », Le Nouvel Obs/Associated Press, 6/8 ; Alexandra Schwartzbrod, « La Fille coupée en deux, mal taillée », Libération, 8/8 ; Charlotte Rotman, « Il déserte », Libération, 14/8 ; Frédéric Roussel, « Le journalisme citoyen à l’assaut de l’info », Libération, 20/8 ; « Pédophilie : opposition et majorité émettent des réserves sur les mesures annoncées », Lemonde.fr (avec AFP et Reuters), 21/8 ; FP/MA, « L’hôpital réservé aux délinquants sexuels était déjà en préparation, selon Gérard Collomb », Le Nouvel Obs/Associated Press, 22/8 ; Alicia Despres, « L’hôpital lyonnais réservé aux délinquants sexuels était déjà en préparation », Paris Match, 22/8.
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DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE
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inédit Livre & Lire dans Kiblind : un inédit… En collaboration avec Kiblind, Livre & Lire vous propose de découvrir, à travers un inédit, un écrivain qui vit en Rhône-Alpes. Le texte d’Emmanuelle Pagano est extrait d’un roman en cours d’écriture intitulé Les Mains gamines. Livre & Lire est le mensuel du livre en RhôneAlpes publié par l’Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation (Arald). Il propose un regard sur la vie du livre et de la lecture dans notre région, présentée à travers la diversité de ses écrivains, de ses traducteurs, de ses éditeurs, mais aussi de ses librairies et de ses bibliothèques. Disponible sur abonnement et consultable en ligne sur www.arald.org.
Tonton m’a expliqué en détail les noms, les mots, tournantes, viol, crime, viol en réunion, viol collectif, circonstances aggravantes, viol répété. Il m’a dit aussi que les enfants ne commettent pas de crime, il m’a expliqué l’expression excuse de minorité, et aussi prescription. Comme prescription médicale, mais c’est pas pareil. Il m’a dit de toute façon les enfants ne sont jamais punis, même quand ils sont grands. Mais les adultes si. Les adultes qui étaient déjà grands, il y a vingt-cinq ans. Pour non-assistance à personne en danger. Il m’a dit que c’était grave aussi. Mais que pour ça, il y avait prescription. Alors que personne, jamais, personne ne serait puni.
On était dans la châtaigneraie, au milieu des moutons, et tonton essayait de remettre en place un tuyau d’irrigation. Il pleurait. J’osais pas le consoler. Il m’a prise dans ses bras comme si c’était à lui de me consoler, pour me faire promettre. Promettre de lui dire. Je lui ai dit que je ne voulais pas parler de ça, que c’était pas de mon âge, maman l’a dit. Alors il m’a secouée en criant presque, en me criant dessus, en criant que les garçons ils me demanderont pas si j’ai l’âge, il m’a crié fait attention. Et dis-le moi, dis-le moi si ça t’arrive, parce que je les laisserai pas faire. Eux non plus, les garçons, ils ont pas l’âge, et ça n’empêche pas. Ton père il avait pas l’âge, tu comprends.
Je lui ai demandé pour maman. Il m’a dit maman n’a rien dit. Il m’a dit que ce rien dit là, c’était quelque chose entre eux trois qui les minait depuis vingt-cinq ans. Il m’a dit que ça s’appelait un non-dit, et que c’était une sorte de secret, un secret que je devais connaître, pour qu’il nous fasse moins mal. Je lui ai dit que j’avais mal nulle part, sauf au ventre des fois, mais maman m’a dit c’est normal parce que je vais bientôt avoir mes règles. Tonton m’a regardée longuement, et puis il m’a répondu que je comprendrai, plus tard, pas tout de suite. Ce que je comprends, c’est que tonton et papa se disputent toujours. Et souvent aux récoltes. Et c’est maintenant. Les fruits encombrent les filets. Je les vois pleins et j’angoisse déjà de la saison. Tout le monde dort encore, même mamie, pourtant j’ai entendu le loir. Je suis sortie voir la licorne. Pour aller dans le bois de la licorne, je passe par la châtaigneraie, j’essaie de ne pas penser aux disputes des filets. Après le bois encore, il y a une autre
châtaigneraie, celle de tonton. Ce bois marque la frontière. La rosée est très épaisse, je suis en jupe, et mes jambes sont toutes mouillées jusqu’à la moitié des mollets. Je suis un peu moite aussi d’avoir forcé ma marche sur les hauteurs de la Pénibe. Le soleil est déjà en haut, avant moi, mais à peine. Il fait très sombre, mais le soleil est là. J’entre dans le bois, les arbres séparent les rayons naissants comme mes doigts les fils de laine quand mamie utilise mes mains pour détricoter un pull. Entre les troncs, encore très noirs, il y a des bandes lumineuses décomposant des milliers de gouttelettes, comme des diagonales de buée, dirigées vers moi. Entre elles, et entre elles et les arbres, et même entre elles et moi, on distingue très précisément de solides et immenses toiles d’araignée irisées, imposantes. Toutes les araignées du coin tissent leurs toiles dans ce bois. L’odeur des châtaigniers indispose les mouches, qui se réfugient ici. Les araignées cherchent les mouches. Alors tout le bois colle et cille de fils soigneusement tramés. Elle est venue bien sûr, elle est venue dans les toiles. Elle est venue dans les milliers de gouttelettes, dans le scintillement des brumes, dans le noir coupé de lumières. Son museau s’est
DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE
#43
empêtré dans le treillage de soie fraîche lorsqu’elle s’est penchée pour se gratter la corne à l’arbre à côté de moi. Elle se frotte encore et je peux enfin voir cette corne, blanche, crème plutôt, spiralée, d’une matière qu’on a envie de toucher, mais je me retiens.
entre elles. Les vers à soie c’est le contraire, ils sont définitivement trop domestiqués pour vivre à l’état sauvage, incapables de se nourrir d’autres choses que de feuilles de mûriers. On va visiter la magnanerie demain toute la journée. On a déjà commencé à étudier tous les machins des vers à soie.
Je suis comme dans mes rêves, mes beaux cauchemars dont je me berce avant de m’endormir. J’adore les trucs gothiques. Pas le latex, les babioles, les piercing ou les tatouages, le darkgothique, les rituels. Non, mon gothique à moi, perso, ma licorne, mes araignées, mon bois noir entre la parcelle de papa et celle de tonton.
Les chercheurs ont introduit le gène de la protéine du fil d’araignée dans des embryons de chèvre, puis les ont implantés dans des mères porteuses. Une centaine de chèvres transgéniques produisent dans leur lait la protéine du fil d’araignée et avec on fabrique du fil pour les sutures chirurgicales. Moi ça me dégoûte. J’y pense quand je bois le lait des chèvres de tonton. Papa lui il n’a que des moutons, ça suffit pour entretenir la châtaigneraie. Mais tonton préfère les chèvres. Tonton est têtu, indépendant. Si j’ai l’appendicite, je voudrais pas qu’on me recouse avec des fils d’araignée.
Les araignées, elles tissent chaque nuit une nouvelle toile, parce que la soie mouillée est plus collante. Elles réingurgitent la toile de la veille, et recommencent. C’est le maître qui nous l’a dit. Le maître du CM2 il sait tout. Il nous a expliqué que le fil de l’araignée est encore plus solide que le kevlar, mais aussi plus élastique qu’un fil d’acier de même poids. Les chercheurs veulent l’utiliser pour tracter des gros objets, pour faire des gilets pare-balles. Mais ils ont été incapables d’élever des araignées. Elles se dévorent
La licorne, elle s’en fiche, elle suce la soie et souffle et respire dessus, ça lui pose aucun problème. Les gouttes de rosée perlant des fils s’écoulent dans ses naseaux. Je m’assois. Je caresse le museau glacé, en peignant les poils pour enlever
DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE
#44
+ Emmanuelle Pagano est née dans l’Aveyron en 1969. Elle est agrégée d’arts plastiques, après avoir suivi des études en esthétique du cinéma. Elle vit actuellement sur le plateau ardéchois. Bibliographie : Pour être chez moi (Le Rouergue), Pas devant les gens (La Martinière), Le Tiroir à cheveux (P.O.L.), Les Adolescents troglodytes (P.O.L.) L’auteur a bénéficié d’une bourse d’écriture de l’Arald en 2005.
la toile d’araignée, ça colle, c’est dégueulasse. Elle se penche et je peux voir son dos. Il est nacré. Les ailes, je les entends d’abord. J’entends se froisser toutes les feuilles audessus de moi, un bruit de déchirures et de chuchotements, comme fait le vent lorsqu’il vient de loin, comme tonton aussi, quand il me dit chut, tout doucement, en enlevant son tee-shirt. Je me redresse et je vois ses ailes remuer, une armature brillante où s’attachent des toiles plus épaisses que celles des araignées. Elles craquent. Je les vois s’ouvrir, se fermer, s’ouvrir à nouveau, ça me déchire le ventre. Je les entends s’ouvrir, craquer, se fermer, fractionner l’ombre et la lumière du bois à l’aube. Tout le monde dort et mon ventre est scindé en je sais pas combien de morceaux. La licorne frictionne encore sa corne à l’écorce du frêne où je me suis appuyée. Je passe ma main le long de la corne, je lui demande ma belle, c’est quoi qui te démange. Elle met ses jarrets antérieurs à terre, et je peux prendre les spirales à pleines mains, pour la soulager. Elle gémit. Emmanuelle Pagano
Plus d’informations, de textes et d’images sur : www.lescorpsempeches.net
Les Adolescents troglodytes Assumer son identité, fuir le mensonge, rejoindre son corps, se trouver soi-même… le beau roman d’Emmanuelle Pagano raconte un voyage aussi rude que le plateau montagnard où il se déroule. Adèle est née comme un garçon, elle se sent comme une fille, elle est devenue une femme. Sa confession épisodique permet au lecteur d’aller au plus intime des interrogations dont l’adolescence fourmille ; où l’on côtoie l’amour, la dissimulation, les formes humaines de la fragilité et de la fraternité. Laurent Bonzon (Emmanuelle Pagano, Les Adolescents troglodytes, P.O.L)
Libraire et partenaire… En attendant le prochain, vous trouverez le dernier livre d’Emmanuelle Pagano, Les Adolescents troglodytes, à la librairie Vivement dimanche (4 rue du Chariot d’or - 4ème), un lieu chaleureux qui fête ce mois-ci ses 10 ans d’existence.
BAZART/ASSOCIATION
#47
plastiques amateurs L’École nationale des Beaux-Arts de Lyon redéploie cette année, dans plusieurs sites lyonnais, ses ateliers de pratiques plastiques pour amateurs. L’encadrement professionnel et la sensibilisation à toutes les formes, y compris contemporaines, sont au programme de ces enseignements sans cesse renouvelés.
P
rofitant de son déménagement quai SaintVincent sur le site des Subsistances et de sa fusion avec l’école des arts appliqués, l’École nationale des Beaux-Arts de Lyon se (re)fait une santé. Si sa mission première réside dans l’encadrement et l’épanouissement de jeunes artistes étudiants, elle consiste désormais aussi dans la mise en place d’ateliers de pratiques plastiques pour amateurs. Cette prérogative n’est pas nouvelle pour la ville de Lyon. En effet, depuis la fin du 18e siècle et les cours donnés aux soyeux pour maintenir la chaîne de fabrication des étoffes, elle s’est investie dans l’enseignement des pratiques artistiques pour ses habitants. Il exista même des écoles municipales de dessins.
ARTS POUR TOUS Cependant, les objectifs d’aujourd’hui sont quelque peu différents. Le principe est d’être ouvert à tous les publics, jeunes et moins jeunes, et de les sensibiliser aux différentes techniques de représentation et d’expression, y compris celles liées à la création contemporaine.
Ainsi de nombreux enseignants sont issus de l’École nationale des Beaux-Arts de Lyon elle-même et sont en liaison directe avec les outils et les formes actuels. Tous les ateliers sont d’ailleurs conduits par des professionnels en exercice. Les différents sites (Saint Jean, Brotteaux, Perrache) mettent en place des ateliers qui ont chacun leur spécificité : dessin, peinture, sculpture, illustration, modèle vivant, etc. Du simple apprentissage pour néophytes ou passionnés, il peuvent avoir aussi pour vocation de préparer de futurs étudiants au concours d’entrée des écoles des Beaux-Arts. En ce début de saison, période de résolutions, il est de bon ton de pratiquer ses passions. Avis à la population. J. M.
+ Infos Rentrée 2007 : semaine du 8 octobre 2007 Renseignements au 04 72 00 11 71 École nationale des Beaux-Arts de Lyon 8 bis quai Saint-Vincent 69001 Lyon http://ppa.enba-lyon.net
BAZART/EXPOSITION
#49
galeries nomades En résonance à la Biennale d’art contemporain, six centres d’art régionaux accueillent les créations inédites de jeunes diplômés. Un témoignage mobile de l’activité créative permanente qui s’exerce en Rhône-Alpes.
P
our ceux à qui cela aurait échappé, l’événement phare de cette rentrée culturelle lyonnaise est la biennale d’art contemporain. En d’autres termes, l’occasion de voir fleurir un peu partout des créations contemporaines, avec notamment cette tension généreuse à déplacer l’art hors des cloisons de ses habituels sanctuaires, à investir les vestiges patrimoniaux, et à livrer au passant toute la mesure de son élan décontextualisé. En résonance à cette manifestation d’envergure, l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne pilote une série d’expositions inédites, distillées en plusieurs points de la région : le projet Galeries Nomades. L’idée est de déplacer l’activité créative sur l’ensemble du territoire, favorisant ainsi le réseau d’art contemporain régional, tout en laissant le champ libre à la jeune création. Initié en 2001, ce dispositif permet à des artistes fraîchement diplômés des cinq écoles d’art régionales (Annecy, Grenoble, Lyon, Saint-Étienne, Valence) de bénéficier d’une première exposition personnelle, en jouissant des compétences des institutions pour une meilleure diffusion. Et pour cette édition 2007, Kiblind a choisi de consacrer, dans chaque numéro, une partie de ses Pages Blanches aux travaux des cinq artistes sélectionnés. Applause in advance.
LES EXPOS + Ludovic Paquelier Last summer_29/09 au 10/11 Galerie d’exposition du Théâtre de Privas (07) + Marie Frier Escales (à suivre)_6/10 au 4/11 Musée-Château d’Annecy (74) + Leslie Amine (voir Pages Blanches) Ce n’est pas la savane couverte de hautes herbes, de broussailles et d’arbres où vivent les grands fauves _11/10 au 24/11 La Conciergerie art contemporain, La Motte-Servolex (73) + Linda Sanchez S’il y a moucherons, c’est qu’il doit y avoir des araignées_30/10 au 15/12 Angle art contemporain, Saint-Paul-Trois-Châteaux (26) + Benjamin Hochart La forme de loisirs_16/11 au 15/12 Cité des arts, Chambéry (73) Tourner (au carré)_29/11 au 18/03 Fort du Bruissin - Centre d’art contemporain de Francheville (69) J. T. + Infos et renseignements Du 29 septembre 2007 au 18 mars 2008 g.naessens@i-art-c.org // 04 78 03 47 72
BAZART/ASSOCIATION
#51
arts en scène (a.r.s) Animé par un directeur artistique et intervenant enthousiasmant, les ARS font figure de militants d’une cause riche de sens et pourtant peu connue.
S
i la dizaine de professeurs venus de France, de Californie, du Danemark et d’ailleurs; si la diversité des domaines enseignés (danse, voix, théâtre, mime) suscitent entre autre immédiatement l’intérêt ; c’est bien plus encore la philosophie qui anime les intervenants qui est surprenante. Ici, point de doctrine assénée de façon froide et schématique, mais une devise simple pour débuter : libérons le corps. Prendre conscience de ses possibilités d’expression, appréhender le mouvement ou émanciper son jeu de séduction, le développement de la connaissance de soi est une valeur principielle de la formation. Partir à sa rencontre avant d’aller au-devant des autres, et l’apprentissage prend dès lors tournure d’expérience véritable.
L’UNIVERS DES POSSIBLES Complément de valeur à cette mise en condition bienfaitrice, l’équipe promeut parallèlement un large ensemble d’œuvres culturelles diverses, influencée pour exemple par des domaines et des artistes aussi variés que Trisha Brown et Simone Forti en danse, Pollock en peinture, Philip Glass et Steve Reich en musique ou Deleuze et Guattari en philosophie.
Imprégné enfin d’un univers étoffé, basé sur un socle solide de confiance et de connaissance, la transmission des diverses techniques s’assimile de fait autrement. Là aussi le spectre est large, tant les intervenants viennent d’horizons variés et sont issus d’écoles diverses. C’est cette diversité qui assure la cohérence d’une philosophie qui tient à la fois de la tradition, celle par exemple très française du mime, à la mode du maître Etienne Ducreux, et à la contemporanéité de mise en application non figée. Il suffit d’avoir eu la chance de pouvoir apprécier le Roméo et Juliette de la compagnie Noir Clair (regroupant la majeure partie des intervenants artistes d’Arts en Scène), fruit d’un savant mélange de théâtre classico-contemporain et de mime pour n’avoir qu’une envie : s’essayer soimême à l’un de ces arts. G. J. + Infos Arts en Scène (A.R.S) 11 rue Mazagran 69007 Lyon 04 78 39 18 06 www.arts-en-scene.com
BAZART/THÉÂTRE
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bolero de maria dolores Entre théâtre et chansons, Bolero met en scène une diva emphatique et un guitariste réservé. Leur histoire se joue sur fond de guitara flamenca et de ritournelles espagnoles, où se dévoile le drame d’une vie exagérée. Celle de Maria Dolores.
M
aria Dolores est une diva déchue. Elle a probablement eu son heure de gloire, vécu les soirées baroques des grandes capitales où l’on rit beaucoup et où l’on s’alanguit, quand le rideau est tombé et que la lumière rougeoie. Elle connut beaucoup d’hommes. Il y en eut sans doute un qu’elle n’a jamais pu saisir. C’est pour ça qu’elle s’est retrouvée dans un tout petit cabaret de Barcelone, un endroit au guichet maculé de photos trop colorisées et souvent assez floues, voilant des artistes de strasses et de paillettes passées, ternies par une fumée très dense. Une salle qu’elle appelle son « théâtre », planches et cintres mobiles qui l’accompagnent dans ses tournées imaginaires. Un sanctuaire où le temps n’a plus d’emprise, où elle est éternellement madone.
AMOR ! AMOR ! Cette vie, elle la partage avec son guitariste : Antonio Morales. Ses arpèges soutiennent son pas euphorique, et dessinent un chemin sûr quand elle s’aventure insouciante aux limites de la mélancolie. Il a besoin d’elle pour vivre ce qu’il appelle son « grand amour ». Elle utilise son regard pour être toujours belle. Sa musique ponctue sa passion, son
déchirement, son « bolero ». Elle chante. Et dans ses chansons se jouent les grands actes de sa vie exagérée, qu’elle offre généreusement pour un regard humide ou un sourire langoureux, tanguant entre le rire aux larmes et les larmes aux lèvres, baignée dans une emphase naturelle. Parce que c’est comme ça. Parce qu’elle ne se demande plus pourquoi : « no se porque te quiero, sera que tango alma de bolero ». J. T. + Infos Bolero, avec Charo Lopez et Marco Silla + Actualités Le 6 octobre au Gato Negro (7e) Le 9 novembre au Café du bout du monde (3 rue d’Austerlitz, 1er) Du13 au 16 février 2008, à L’Étoile royale (17 rue Royale, 1er) + Renseignements 06 10 32 36 76 (Charo Lopez)
BAZART/MUSIQUE
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doxart contemporain Galerie d’art hétérogène, boutique et performances: un espace de création contemporaine au fin fond du confluent.
L
ongue histoire que celle de la MJC d’Oullins, débutée dès 1963, avec rapidement aux commandes un collectif d’amis passionnés de rock et œuvrant sur les ondes de Sol FM. Mixant déjà adroitement découverte, pédagogie et accompagnement, l’équipe impose la MJC comme une salle exclusivement rock, contestataire et atypique, et programme nombre de bons groupes dont quelques noms alors encore peu reconnus tels que la Mano, les Garçons Bouchers ou Zebda. Si l’esprit demeure, les équipes de la MJC évoluent doucement au gré du temps pour arriver à la structure que nous connaissions avant cette rentrée, partagée entre 3 pôles : activités typiquement MJC, festival du Film Scientifique (20 ans d’existence tout de même) et Musique à l’Ouest, la salle de concert.
AVERTISSEUR SONORE L’aventure suivait donc presque tranquillement son cours jusqu’à ce qu’une nouvelle équipe prenne les rênes d’une folle chevauchée, il y a un an. Loin de vouloir tabula raser la tradition, ils comptent bien lancer une nouvelle identité tout en retournant aux volontés premières des pionniers de la MJC, réveillant de manière presque frontale, physique, les consciences de ceux qui comptaient faire sans le désormais Clacson.
Comment mieux résumer l’ambition que ne le fait le nom. Clacson, dont l’homonyme signifie « avertisseur sonore », compile bien toutes les velléités de secouer l’auditeur. Les grandes lignes de l’esprit Clacson sont simples et bonnes : prendre des risques dans la prog, en présentant des artistes pluridisciplinaires, dérangeants et/ou revisitant les codes de la représentation scénique ; donner vie au sens collectif, en associant bénévoles, équipe de la MJC et de Sol FM d’une part, en ne faisant pas de location de salles mais en s’impliquant dans le projet de chacun, grâce entre autre à des co-productions avec des assos d’autre part ; enfin, parce que l’esprit est rock, la prog en est le reflet, mais la salle ne compte pas se conformer à une seule esthétique musicale. La valeur humaine prendra ici aussi tout son sens. Mixant judicieusement énergie, découverte et chaleur humaine, en proposant des têtes d’affiche + des découvertes + des formes scéniques alternatives, le Clacson a bien des chances de mettre une grande gifle, et on a bien des chances d’y prendre du plaisir. G. J. + Le Clacson 10 rue Orsel 69600 Oulllins 04 72 39 74 93 // www.clacson.fr + Mercredi 24 Octobre à 20h30 => Zita Swoon (Belgique) + Angil 6 euro / 8 euro
BAZART/ASSOCIATION
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espace pandora « La Poésie ou la mort » ! C’était il y a 30 ans le slogan de 4 adolescents venissians, qui décidèrent d’œuvrer pour la poésie contemporaine.
L
e plus jeune de la bande n’a alors que 14 ans, mais T. Renard, S. Crouzet, P. Vighetti et O. Fisher possèdent la même passion dévorante pour la poésie contemporaine et le mouvement surréaliste. Loin d’une anodine proclamation de leur âge, ces 4 fantastiques s’activent fermement dans leur ville pour faire vivre leur amour des lettres. Culottés à en demander l’appui d’une mairie d’abord amusée, ils créent la revue de poésie contemporaine Aube. Constatant malheureusement l’engouement léger du public, ils s’emparent de la bibliothèque de la ville et de quelques cafés pour proposer lectures et rencontres avec des écrivains. L’insoupçonnable succès qu’ils rencontrent et le soutien d’auteurs confirmés font que ces quatre jeunes désormais majeurs pérennisent le mouvement lancé par la création d’une association, et obtiennent bientôt les appuis bienveillants du ministère de la culture, de la DRAC et de la ville de Venissieux.
PAROLE AMBULANTE Proches de l’immense René Char, ils donnent son nom au lieu dont ils ont la charge. Continuant leurs activités éditoriales et événementielles, le décès du poète et les yeux d’Ava Gardner les poussent plus tard à opter pour le nom qu’ils conservent encore actuellement : Pandora. Dès les années 90 ils créent les éditions Parole d’Aube et établissent leur cycle événementiel
sous le nom de « Parole Ambulante ». Portant sur leurs épaules écrivains connus et émergents, Parole d’Aube est de celles qui se servent de leur succès (100 000 exemplaires vendus de Comte-Sponville, entre autre) pour entraîner dans l’ascension des inconnus du grand public : les éditions passent ainsi de 10 à 40 titres annuels. Vrais, généreux, naïfs sans doute, Thierry et ses amis sont dans l’obligation de cesser les activités de Parole d’Aube, quand celle-ci devient une référence en publication d’auteurs contemporains. Décision vraisemblablement difficile, quand un an auparavant ils avaient déjà arrêté la revue Aube… D’aucuns pourraient croire que l’aventure s’éteignait doucettement, mais quelques mois plus tard naissaient les éditions la Passe du Vent. Aujourd’hui, autour d’une équipe soudée et engagée, gravitent ces éditions avec 10 à 12 titres par an, les expositions de l’espace Pandora, des ateliers d’écriture (Kaléidoscope), le désormais festival Parole Ambulante, le Salon de Grigny et le Printemps des poètes. Il est encore de ces activistes qui font tellement de choses avec le cœur qu’il est impossible de ne pas être séduit. G. J. + Infos Espace Pandora 7 place de la Paix 69200 Vénissieux Tél. 04 72 50 14 78 www.espacepandora.org
LAMBEAUX
Rétrospective John Ford
EL TELON DE AZUCAR
GENRE> CINÉMA LIEU> INSTITUT LUMIÈRE DATES> DU 13/09 AU 01/11
Figure mythique de l’âge classique d’Hollywood, cinéaste « intraitable » de l’Amérique simple et populaire, des espaces grandioses, des thèmes épiques ou romanesques, John Ford hantera les salles de projection de l’Institut Lumière. 20 films issus des quelque 150 que compte sa filmographie seront présentés, de ses grands classiques à ses fabuleuses premières œuvres muettes du début du XXe siècle.
BIENNALE D’ART CONTEMPORAIN
GENRE> EXPOSITION LIEU> IAC DATES> DU 19/09 AU 06/08
DUO DE LA PARLE
GENRE> MUSIQUE LIEU>HOT CLUB DATE> 22/09
GENRE> CINÉMA LIEU> COMOEDIA DATE> 04/10
ANNIVERSAIRE MÉDIATONE
GENRE> THÉÂTRE LIEU> NTH8 DATES> DU 11/10 AU 21/10 Créé au Nouveau Théâtre du 8e en octobre 2005 par la compagnie les Trois-Huit, Lambeaux reprend fidèlement la première partie du roman autobiographique de Charles Juliet. Il évoque la mère qu’il n’a pas connue, le rôle que son absence a joué dans sa vie d’homme et dans sa formation d’écrivain, tout au long du parcours de la quête de soi. Mise en scène de Sylvie Mongin-Algan.
SIXTOO & GUEST GENRE> MUSIQUE LIEU> MARCHÉ GARE DATE> 06/10
l’IGNORANT ET LE FOU
GENRE> THÉÂTRE LIEU> LE POINT DU JOUR DATES> DU 10/10 AU 19/10
MAJOR KLEMT & OHMWERK
GENRE> MUSIQUE LIEU>ÉPICERIE MODERNE DATE> 11/10
GENRE> MUSIQUE LIEU> MARQUISE DATES> 11/10
Depuis 10 ans, Sixtoo expérimente. Il rappe, il compose, il innove. On retrouve certes les outils usuels du Hiphop, beats, samples & scratchs, mais l’ami 62 intègre souvent guitare, harmonica ou clavier, pour des pistes instrumentales à l’instar de pièces classiques, comportant plusieurs mouvements et pouvant durer plus de 30 min. C’est évidemment signé Ninja Tune…
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ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES
#59
by pass SHOPPING AND FUCKING
RÉCITATIFS TOXIQUES GENRE>THÉÂTRE LIEU> LES ATELIERS DATES> DU 16/10 AU 26/10
Sharon Jones & the Dap-Kings GENRE> THÉÂTRE LIEU> LE TOBOGGAN DATE> 12/10
Entre danse, théâtre et musique, Récitatifs Toxiques c’est de l’humour noir, des rires jaunes, une trouille bleue, comme un papillon étrangement beau mais effrayant. Les textes sont tirés des Crimes exemplaires de Max Aub, la danse semble folle et improvisée, et la musique baroque presque dissonante. Un troisième volet d’une trilogie bien… délétère ?
D’OÙ VIENNENT LES COULEURS ?
GENRE> EXPOSITION LIEU> MUSÉE DES BEAUX-ARTS DATE> 13/10
Avec comme décor l’Angleterre post-Tatcher et ses désastres économiques, Shopping and fucking est une succession de scènes extrêmes, sulfureuses et sadiques, rythmée par une critique violente de la société de consommation. De Mark Ravenhill. Mise en scène de Simon Delétang.
MES GAILLARDS
GENRE> MUSIQUE LIEU> NINKASI KAO DATES> 18/10
Propulsée Queen of soul par le bouche-à-oreille et nombre d’amateurs d’excellente musique, la new-yorkaise Sharon Jones redonne corps aux shows explosifs et sonorités envoûtantes du rythm’n’blues / funk des années 60 et 70. Un beau succès underground pour la digne héritière de son concitoyen James B. qui ravira à coup sûr les amateurs de musiques noires quelles qu’elles soient.
GENRE> THÉÂTRE LIEU> IRIS DATES> DU 18/10 AU 20/10
AMOR ! OU LES « CID » DE CORNEILLE
GENRE> THÉÂTRE LIEU> LA RENAISSANCE DATES> DU 23/10 AU 26/10
_Agatha Jupe > En Bobine moi Chaussures > En Bobine moi Tee > Only Jacket > Vero Moda
_Elliot Veste > Projet-M Tee > Pharmacy Industry (PHCY) Jean > Levis 501, 1947 Édition Sneakers > Schmoove / Jamaica CVO
_Guillaume Chemise + Cravate > Tramwear Ceinture > Fenchurch Besace > S.tel Sneakers > Creative Recreation / Cesario
_Simon Blouson > Selected / Bleach Jacket Tee > Denaly Shirt / I Make Things Jean > Jack & Jones / Tim Three Sneakers > Le Coq Sportif / Olympia Attitude, Limited Edition Lunettes > Cébé
_Nathalie Foulard en soie > Ivana Helsinki / Fasan Robe laine > Ivana Helsinki / Fasan Chaussures > Melissa / Disco Black
AUTRE COUTURE
#61
AUTRE COUTURE
#62
+ DENALY SHIRT www.denaly-shirt.com Tees originaux de haute qualité en série limitée à 500 exemplaires, pour hommes et femmes, designés par de jeunes créateurs et artistes. Dispo : Achat en ligne sur www.denaly-shirt.com
et aussi ...
+ EN BOBINE MOI www.enbobinemoi.fr En bobine moi propose des vêtements très architecturés, avec un souci du détail (broderie au Lunéville, tricot main, passementeries…). Le choix de ses matières damassées, piquées, ajourées, joue avec les impressions et offre des pièces très contemporaines.
+PHCY, Levis Dispo : Dope Shop / 10 rue d’Algérie, 1er 06 19 99 34 52 dope-wear@orange.fr +Selected, Only, Jack & Jones Dispo : Popleen / 15 rue d’Algérie, 1er 04 78 28 23 96
Dispo : En Bobine moi / 21 rue Leynaud, 1er / 04 78 39 71 41 + PROJET-M www.projet-m.com
+Creative Recreation, Schmoove, Le Coq Sportif, Melissa Dispo : Shoez Gallery / 15 bis rue d’Algérie, 1er 04 78 28 33 78 www.shoez-gallery.com
Projet-m est une marque de prêt-à-porter urbain. Pour mener ce projet à bien, ils suivent leurs aspirations, le style et la manière. Le style est une affaire de goût... La manière est une affaire d’éthique... La leur, c’est de fabriquer en France afin d’assurer une qualité globale à leurs productions. Une finition parfaite, mais aussi une réflexion sur les tissus et autres éléments utilisés, leurs impacts écologiques...
+ Ivana Helsinki, Fenchurch, Wesc Dispo : U&I / 10 rue des 4 chapeaux, 2e 04 72 56 10 99 www.uandilyon.com
Dispo : Dope Shop / 10 rue d’Algérie, 1er / 06 19 99 34 52 dope-wear@orange.fr + S.TEL www.stel-bags.com S.tel, prononcer « S point TEL », veut bousculer l’image du sac traditionnel, la devise de la marque étant : «Pourquoi faire pareil quand on peut faire différent». S.tel présente des sacs à main pour celles et ceux qui cherchent à se démarquer. Une ligne de sacs en cuir, haut de gamme, une nouvelle attitude, de nouvelles constructions et ouvertures, jusqu’à de nouvelles façons de porter un sac… Dispo : Concept store epOx / 1, rue du Griffon, 1er / 04 78 39 69 84 + TRAMWEAR www.tramwear.com L’homme a désormais son mot à dire chez Tramwear… Cet hiver, la marque de prêt-à porter créateur au style urbain, chic et décontracté s’engage enfin auprès de la gente masculine. Dispo : Concept store epOx / 1, rue du Griffon, 1er / 04 78 39 69 84
création lyonnaise
crédits + photographie & direction artistique Julien Daviron julien.daviron@hotmail.fr + maquillage Nathalie Kalfon + STYLISME Maïté Dewuffel-Dessart + Estelle Jallut-Marquet + Élodie Trias + LIEU Théâtre de l’Élysée 14 rue Basse-Combassot 7e www.lelysee.com
PAUSE
# 65
astronaute ĂŠmulie (www.myspace.com/matibouille)
LE KI
#66
un ki dans la nuit
A
lors que l’on vide encore, encore, un peu de sable des chaussures à l’arrière, arrière de la voiture...
La trousse est neuve ou dédicacée par tous les amis. Les crayons taillés, les cahiers flambant neuf, la mèche bien peignée, c’est la rentrée. Comme une routine monotone, comme une comptine d’automne (ça marche aussi), l’esprit est léger. C’est une ambiance qu’il connaît, une odeur familière et un mouvement, synonyme d’action, qui propage l’émulation commune. On se retrouve, on partage des souvenirs ou un gâteau. On est content aussi parce qu’il fait beau. En cette fin septembre, les couleurs ont un parfum. Espèce de 1er janvier non démocratisé mais présent dans tous les esprits, même les plus embrumés. Le ventre de Léa est désormais amoureusement rond. Comme tous les pseudo-quasi trentenaires de sa génération, elle se déplace lentement. Mais c’est beau. Elliot en chie un peu au boulot, et puis l’abri luciole devient étroit au fur et à mesure que la vie se développe. Il faudrait en changer bientôt. Mais c’est beau.
Aller et venir, les cycles se répètent même si on sait que non, mais qu’en fin de compte si… Un peu quand même. Le changement est palpable et, comme toujours, les opportunités sont là. Il faut les saisir. Il faut les capter. Il faut les voir aussi… Ou les anticiper pour les plus éveillés. Kiblind se pose là, autrefois frêle esquif, c’est maintenant plus qu’un joli 13 mètres, moins pompeux qu’une goélette. La route est connue et le parcours maîtrisé… Reste à faire face aux vents conflictuels, sirènes affectueuses qui tentent de ralentir cet équipage. À quand l’Arche de Noé ? Monsieur Ki et monsieur Blind sont dans un bateau… Ben tu sais quoi ? Personne tombe à l’eau. Rangement et société. Ikéa ou roquefort… Les goûts et les couleurs ne se discutent pas même si on sait que non, mais qu’en fin de compte si un peu quand même. Remember : kimonsieur@hotmail.fr et l’avenir c’est là ;) Tchuss. M. S.
LIEUX PARTENAIRES : THÉÂTRE DU POINT DU JOUR + COMOEDIA + NINKASI KAO + TOBOGGAN + ÉPICERIE MODERNE + MARCHÉ GARE + LA RENAISSANCE + INSTITUT D’ART CONTEMPORAIN + LA MARQUISE + NOUVEAU THÉÂTRE DU 8ÈME + THÉÂTRE DE L’IRIS + THÉÂTRE LES ATELIERS + HOT CLUB DE LYON + MUSÉE DES BEAUX-ARTS + INSTITUT LUMIÈRE