Kiblind #19

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Couverture > Le Baron Ours // Directeur de la publication > Jérémie Martinez // Rédacteur en chef n°19 > Gabriel Viry // Rédaction Kiblind > Gabriel Viry + Jean Tourette + Jérémie Martinez + Guillaume Jallut + Matthieu Sandjivy// Pages «Autre Couture» : Guillaume Jallut + Julien Daviron // Graphisme : Arnaud Giroud + David Lesort (www.pitaya-design.com) + Kinga Sofalvi (www.sogoud.com) // Maquette > Jérémie Martinez // Relecture > Frédéric Gude // Responsable Publicité > Jean Tourette // Responsable Développement > Gabriel Viry // Communication > Jean Tourette + Guillaume Jallut + Maïté Dewuffel-Dessart // Responsable Web > Antoine Thierry // Responsable Pass culturel Kiblind > Jean Tourette.Imprimerie JM. Barbou // ZAE Bondy Sud 8 rue Marcel Dassault 93147 Bondy Cedex// Tél > 01 48 02 14 14 // contact@imprimerie-jmbarbou.fr Le magazine Kiblind est édité à 10 000 exemplaires par l’Association Kiblind // 4 rue des Pierres Plantées 69001 Lyon // www.kiblind.com // Tél > 04 78 27 69 82 // contact@kiblind.com // ISSN : 1628-4046 Les articles ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. Et un grand merci à Claude Sandjivy. 2008 l’année du BEAT (cf. Gjallut)/.

SOMMAIRE

Barons Ours

eois, Baron Ours Lyonno-starsbourg Décoratifs, sur oeuvre aux Arts ue to bora ire graphiq son blog (la zin ns des fan es et narratif ), et da mo ou rs com me Nu à plusieu r ne lui eu so sa d Ecarquillettes, quan utres d’a re ind pe de s pa demande . monde fresques de par le analblog.com/ s.c ur no ro ba :// http en couverture...

fév/mar 08

ÉDITO     #07 ÉVÉNEMENTS     #08  L’oie     000 VU PAR...      #11 Sophie Broyer/L’Épicerie Moderne      #01 LE DOSSIER      #12 Jeux vidéo : press start      #07

ANACHRONIQUE      #19 Le culte de Cybèle      #07

LYON DANS LA PRESSE      #21 Rétroperspective      #07 PAGES BLANCHES  GR  Johann Bouché-Pillon  Benjamin Hochart  Le Baron Ours  Frédéric Adrait  Plot

#25 #07 #07 #07 #07 #07 #07

DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE      #43 Inédit / Carine Fernandez      #07

BAZART/MUSIQUE      #47 The knights who say Nil      #07

BAZART/MUSIQUE      #49 Dynamique Pop      #07

BAZART/ASSOCIATION      #51 Comme c’est Bizarre      #07

BAZART/FESTIVAL      #53 Musiques en scène      #07

BAZART/ASSOCIATION      #55 Dans le Periscope      #07

BAZART/ASSOCIATION      #57 Du cinéma à l’envers      #07

ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES      #58 By Pass      #07 AUTRE COUTURE      #60

Dans le cadre du dispositif «Emploi Kiblind Tremplin», l’Association est soutenue par la Région Rhône-Alpes et le FSE.

PAUSE      #65 Perspicacité      #07

LE KI      #66 Temps qui passe      #07



édito

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C

’est Ki Ki a fait ça ? Une image et puis juste un message : « On t’a rajouté deux grains de beauté… » Mon « cindy crawford », parfait, et puis… J’avais compris : ils attendaient la copie, le premier édito de l’année. De bonnes résolutions ? Elles avaient déjà été faites, à la rentrée. Pas manger. Pas toucher. Pas traverser, sans regarder. Ne pas fumer… L’année serait belle, le jour le plus long arrivait, sans attendre l’été, un 29 février. On était… heureux qui comme un… S’arrêter, à temps : les Lao Tseu, ça sentait trop les dernières cartes de vœux… On était juste heureux. Comment dire ? de tourner la page, d’oublier hiver, de fumer, en terrasse, d’écrire son journal, de pas être en kiosque, de ne pas faire l’écran total, ni le bruni-sateur heureux de croire que, passé le 1er, d’autres saisons approchaient… - Hey Mister Cocktail, tu nous fais un « culture blender » ? Je regardais, au fond du verre : le Baron Ours, une presse pressée, une rondelle de Cybèle, un morceau de Ki-wi et de quoi siroter… mode, jeux (vidéos), pages blanches, souvenirs de vacances… Kiblind, en 2008 comme en 2007, ça se boit à la paille, et c’est déjà pas mal…

G. V.

http://gegemarcello.blogspot.com


01 Du 1er au 9 février, Le Croiseur (Lyon 7) : 3e « Frako festival » du théâtre burlesque et clownesque. www.lecroiseur.org 02 Jusqu’au 5 février, Cinéma Le Zola : festival « Ciné O’Clock » du cinéma anglais. www.lezola.com

l’oie

Festival au long coU Du 6 au 15 mars, la 21e édition d’A Vaulx Jazz célébrera pêle-mêle le voyage, la voix et les femmes. Des artistes venu(e)s de partout, et une scène où les découvertes locales côtoieront de grands noms du genre, comme Archie Shepp ou Michel Portal. Un bel exemple de métissage culturel qui dure. www.avaulxjazz.com

03 Les 5 et 6 février, Théâtre des Marronniers (Lyon 2) : Les Chroniques, performances théâtrales et musicales autour de l’actualité. www.theatre-des-marronniers.com 04 Du 5 au 8 février, Bibliothèque de la Part-Dieu: Premier colloque international consacré à l’écrivain Patrick Modiano. www.bm-lyon.fr

Départ Nul n’est censé ignorer l’oie

05 Du 8 au 10 février, Hippodrome de Parilly (Bron) : la 22e « Fête du livre de Bron » accueille une cinquantaine d’écrivains. www.fetedulivredebron.com 06 Jusqu’au 9 février, Galerie Le Bleu du ciel (Lyon 4) : Middle of nowhere, projet pluridisciplinaire de Laurent Mulot. www.lebleuduciel.net. 07 Jusqu’au 15 février, Théâtre de l’Astrée (Lyon 1) : Chaos Danse, festival chorégraphique. www.univ-lyon1.fr (rubrique « Vie des campus ») 08 1 mars, Villa Gillet (Lyon 4) : « Prix RhôneAlpes du Livre » proposé par l’ARALD. www.arald.org er

09 Du 4 au 15 mars, Lyon + agglomération : Biennale « Musiques en scène ». www.grame.fr 10 Du 4 au 15 mars, Théâtre Les Ateliers + autres lieux : « La Poésie / nuit », festival pluridisciplinaire autour de la poésie contemporaine (lectures, expos, vidéos…). www.lapoesienuit.com 11 15 et 16 mars, salle des Fêtes de Vaugneray: grande Foire aux livres organisée au profit d’Amnesty International. www.vaugneray.com e 12 Du 16 au 18 mars, dans tous les cinémas : 9 Printemps du cinéma, 3,50 euro la place. www.printempsducinema.com

13 18 mars, Espace Albert Camus (Bron) : La Framboise Frivole, spectacle musical « furioso ». www.mallemolen.be 14 22 mars, Le Fil toute nouvelle scène de Musiques Actuelles à Saint-Etienne accueille le Peuple de l’Herbe. www.le-fil.com 15 Du 3 au 6 avril, Les Subsistances organisent un week-end de créations «ça tchatche». www.les-subs.com

Patte après patte Le « Pas-Sage-Et » raconte le parcours de Khlan, émigré(e) en transit. L’aventure est interprétée par le Dumka Clarinet Ensemble, un trio de clarinettistes, jazzy et métis. Le 14 mars, au Polaris (Corbas). + d’infos : www.lepolaris.org

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Canard dans café noir (2) … après la 4e Nuit du Polar, organisée avec les Quais, du 28 au 30 mars, au Palais Bondy (Lyon 5e). Cette manifestation annuelle est consacrée au cinéma et à la littérature policière contemporaine. Une enquête sera ouverte, dès le mois de février, sur le site Internet… Indice : dans la Cuisine, on a déjà croisé Colonel Moutarde assaisonner ses aiguillettes… + d’infos : www.quaisdupolar.com

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Événements

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Chant du cygne Pas tout blanc, parfois très noir : après plusieurs albums « festifs », Mano Solo revient à une formation intime où son verbe et sa voix écorchée transpirent de violence et de tendresse. Au Transbordeur, le 19 mars. + d’infos : www. transbordeur.fr

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pOesIE Le Printemps de poète est organisé, du 3 au 16 mars, dans plus de 50 pays. Sur le thème de « l’éloge de l’autre », la 10e édition est déclinée localement par l’Espace Pandora qui organise plusieurs activités (lectures, conférences, spectacles, expositions, vidéo, slam…) en hommage à Cesare Pavese et aux auteurs québecquois. Et dès le 14 mars, l’Espace enchaîne en célébrant la 13e Semaine de la langue française. + d’infos : http://espacepandora.free.fr

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ANNIVERSAIRE Sortie de Kiblind n°20

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L’oie de la rue Figure emblématique des années quatrevingt et du melting pot new-yorkais, Keith Haring s’expose au musée d’art contemporain de Lyon. Confluences entre le street art, les cartoons, l’art pictural africain et sud-américain. A partir du 22 février. + d’infos : www.moca-lyon.org

Canard dans café noir (1) Le 29 février, en plus de l’année bissextile, l’auditorium de Lyon propose un nouveau « concert expresso » (six dans l’année), une « pause » musicale d’une heure pendant laquelle des solistes de l’Orchestre national de Lyon font découvrir leur instruments. What’else ? c’est 8 euro, l’expresso… + d’infos : www.auditorium-lyon.com



vu par ...

#11

sophie/ l’épicerie moderne

P

arler de nos découvertes ou de nos coups de cœur est un exercice un peu difficile parce qu’il nous arrive très souvent d’être attirés, séduits, conquis par de jeunes groupes… et tant mieux ! L’émergence se porte plutôt bien, on ne peut pas en dire autant des lieux de répétitions ni même des lieux de diffusion dans lesquels cette émergence aurait tout le loisir de grandir, mais là n’est pas le débat. Pas tout de suite en tout cas… Alors, faisant écho à l’actualité, j’ai choisi de vous parler de Cosmos 70. Actualité parce qu’ils étaient en concert le 19 janvier au Sonic, cette péniche chaleureuse avec une programmation pointue et importante. (N’oublions pas d’ailleurs le soutien à ce lieu important, «Murs blancs, Peuple Muet» à bon entendeur !) Donc, revenons à Cosmos 70… Les musiques électroniques sont vraiment très vastes, et étant moi même plutôt de culture rock, j’ai bien souvent l’impression de m’y perdre. Cosmos 70 fait partie de ces groupes qui peuvent réconcilier un public de culture pop/rock et un public de musiques électroniques. Ce jeune groupe est composé de deux musiciens (Michel et Pilou) et un vidéaste (Adrien from Berlin). Le concert est un vrai live de machines et d’instruments, des ambiances mixées et créées en direct. C’est un peu comme une invitation aux voyages. Du rêve, de la poésie, de l’action, de la nostalgie, de la puissance… le voyage dans le Cosmos est varié, prenant et très visuel. Une bonne découverte scénique donc et un bon album, Voices, signé chez Bee records, en vente dans toutes les bonnes boutiques ou sur le site www.beerecords.com. N’hésitez pas à aller faire un tour sur leur page, ils ont une quinzaine d’artistes : Paral-lel, Slush, Praktisch, Noone, Phasme... Et puis n’oubliez pas non plus de venir découvrir Fink, l’artiste folk de Ninja Tune, qui nous fait l’honneur de jouer à l’épicerie le 5 février ! Comment ça on n’a pas le droit de faire de la pub ? Même pour un songwriter à la voix douce et des chansons magnifiques ? Bon ok… on n’en dira pas plus… www.epiceriemoderne.com… bon surf !

www.epiceriemoderne.com www.myspace.com/epiceriemoderneblog www.myspace.com/cosmos70 www.beerecords.com www.myspace.com/soniclyon


jeux vidéo : press start À Lyon, une des capitales mondiales du jeu, et dans un magazine culturel, il est logique de s’intéresser au formidable essor du jeu vidéo. Le secteur affiche une forme exponentielle, a toujours su rester jeune et s’arracher les dernières nouveautés, qu’il s’agisse de publics, de marchés ou de façons de jouer. Pour le constater, on vous donne deux vies et quatre niveaux à passer…


LE DOSSIER

#13

Level 1 le nouveau monde Venu de France, un événement récent a révélé l’importance acquise par le jeu vidéo dans la stratégie mondiale des « marchands » de loisirs. Au mois de décembre dernier, le groupe français Vivendi Games a annoncé sa fusion avec l’américain Activision (Call of Duty, Guitar Hero, etc.) pour constituer le leader mondial du jeu vidéo, devant Electronic Arts (NBA Live, Les Sims, Fifa football, etc.). L’important n’est pas de savoir, pour l’instant, comment EA reprendra les manettes dans le « burn out » bien réel de la concentration du secteur. Il s’agit simplement de constater qu’il y a peu, Vivendi Universal était en passe de vendre sa division « jeux » pour se recentrer sur ses autres activités « culturelles » (cinéma, musique, etc.) Entre temps, l’entreprise s’est rassasiée sur le succès des jeux en ligne, dont le célèbre World of Warcraft édité par sa filiale Blizzard. Tous les spécialistes en conviennent : 2007 fut une année exceptionnelle pour le jeu vidéo. Le succès mondial de certains produits (les consoles Nintendo, Wii et DS, le développement de nouveaux types de jeux, comme le karaoké Singstar ou le Programme d’entraînement cérébral du Dr Kawashima) ont permis d’atteindre de nouveaux publics, de nouveaux marchés et de nouveaux records. Avec 30 milliards d’euro de chiffre d’affaires (20 milliards pour les jeux ; 10 milliards pour les supports), le marché mondial du jeu vidéo a dépassé, après le cinéma, celui de l’industrie musicale. Et la série promet d’être longue puisque d’ici trois ans, il devrait générer un CA global de 50 milliards de dollars. Dans ce contexte, la French touch est joueuse, et jouette. Même s’ils sont largement délocalisés à l’étranger, trois de ses fleurons (Vivendi games, Ubisoft et le lyonnais Atari) figurent parmi les 10 premiers éditeurs mondiaux de jeux vidéos. Quant aux français, qu’ils soient « hard core » ou « casual gamers » ils ont consommé pour plus de 2,7 milliards d’euro de « loisirs numériques », ce qui représente une augmentation de 50 % environ par rapport à l’année 2006. En tête de gondole : la Wii (1 million de foyers équipés), la DS (3 millions) et quelques jeux bestsellers (Pro Evolution Soccer, Call of Duty, Zelda, etc.) qui, depuis 2005 et le coup de Gran Turismo 4 nous supplantant un DVD de Shrek 2 et un album des Enfoirés ( !), se retrouvent systématiquement parmi les produits culturels ayant rapporté le plus d’argent.


Level 2 «Here comes a new challenger» La surconsommation du jeu vidéo tient notamment au fait que la cible s’est considérablement élargie. Selon le Syndicat des Editeurs de Loisirs (SELL), il y aurait aujourd’hui 400 millions de joueurs réguliers. En outre, l’évolution incessante des capacités du hardware a contribué à plonger le « gamer » au sein même de la matrice. Finies les barres blanches se renvoyant un carré sur une TV 15 cm. Destinées à une génération de joueurs âgés de 20 à 40 ans, les consoles « next gen » sont la pierre angulaire de cette course à l’immersion totale. Ainsi, des jeux comme Assassin’s Creed ou Call of Duty ont été pensés et réalisés comme des films. Avec un budget moyen de 5 millions d’euros (et plus de 25 millions pour les grosses productions), les jeux des consoles next gen présentent un environnement toujours plus beau et plus proche du réel. Des villes entières sont modélisées à l’identique. Le son est de qualité 5.1. Et pour jouer, on peut brancher toutes sortes de périphériques : volant, pédalier, arme, etc. Mais cette dynamique laisse en chemin nombre de studios et de joueurs. On a ainsi vu arriver de nouveaux supports de salon contrevenants à cette logique de « power user ». Certains groupes comme Nintendo ont justement pris le contre-pied en faisant le pari de la lucidité. Pas d’immersion par l’image dans la Wii ou la DS, mais une nouvelle façon d’interagir : on souffle, on parle, on agite les bras, les pieds. Et contrairement aux combos héritiers de Street Fighter (1/4 de tour arrière, X, X, O, O) - d’un autre monde pour les moins de vingt ans - ici, tout le monde participe. Faire participer les joueurs : c’est l’une des grandes évolutions du secteur. Essentiellement tournés vers les jeux de tir, de simulation et de sports (Pro Evolution Soccer…), les tournois et les compétitions fleurissent. Il existe, par exemple, une coupe du monde de jeux vidéo à Bercy et des championnats de France qui regroupent 15 000 joueurs. Le phénomène progresse mais reste marginal par rapport à certains pays comme le Japon ou la Corée où il existe des équipes composées de joueurs rémunérés et sponsorisés par des grandes marques. L’analogie avec le sport est de plus en plus parfaite. Bientôt peut être, les idéaux de représentation nationale, très sensibles dans le

sport et en particulier dans le foot, surgiront dans le jeu vidéo. Hooligans coréens, interdits de Bercy ! Depuis l’arrivée de Meridian 59 en 1996, les communautés de jeux Massivement Multijoueurs Online (MMO) ont également explosé. Largement développées en Corée et en Chine, il en existe près de 200 à travers le monde. Elles génèrent un chiffre d’affaires annuel supérieur à un milliard de dollars. Utilisé d’abord par un public archétypal, le-jeune-adulte-célibataire-citadin-issu-desclasses-moyennes, les MMO se sont ouvertes à de nouvelles catégories de joueurs. Il n’y a pas d’âge (ni de sociologie) pour manger du World of Warcraft aujourd’hui. Et 9 millions de boulimiques en ont fait leur dîner. Le jeu en ligne permet de créer un univers ludique permanent. Il offre ainsi une aventure quasi continue puisque le joueur se duplique par son avatar qu’il fait évoluer techniquement, socialement ou économiquement. Second Life en est l’emblème. La communauté fonctionne d’ailleurs si bien qu’on a vu y apparaître des partis politiques, des grandes enseignes et même des corps de métier. La vie réelle se confond avec l’espace virtuel, et de nouvelles façons de faire de l’argent apparaissent. Sur Second Life, on achète et on vend des objets ; on change ses euro en monnaie virtuelle (l’est elle vraiment ?) ; on dit même que le plus vieux métier du monde se pratique, en ligne... Le jeu vidéo voit se développer, enfin, un avatar moins ludique : le « serious game ». En quelques années, grâce à ses salons spécialisés, Lyon en est devenue une capitale mondiale. Le principe est simple : apprendre en s’amusant. Les jeux se sont multipliés et couvrent un panel de plus en plus large, du Code de la route version Nintendo aux simulations très abouties pour apprendre un métier. Ainsi, tout le monde joue : les enfants, les adultes, les seniors, les femmes, les hommes. Et surtout, le jeu vidéo s’immisce partout : dans nos programmes scolaires, lors de nos voyages, au travail, sur les écrans de cinéma, etc.


LE DOSSIER

#15

Level 3 «Just 1 credit» Malgré la conquête de nouveaux territoires, le jeu vidéo peine toujours à gagner ses lettres de noblesse « culturelle ». Longtemps considéré comme un gadget destiné aux enfants et aux ados, l’âge moyen du gamer est passé, en quelques années, de 17 à 35 ans, d’où un « léger » changement de registre. En outre, à travers le graphisme, le design, la musique, mais aussi l’architecture ou l’intelligence artificielle, le jeu vidéo entretient des rapports étroits avec les autres modes d’expression artistique. Les passerelles se multiplient. Avec le cinéma : des réalisateurs sont sollicités pour collaborer à des jeux (Jan Kounen, Christophe Ganz, Mathieu Kassowitz…) et, à l’inverse, certains jeux (Resident Evil, Hitman) sont portés à l’écran. Avec la littérature (Starcraft, Warcraft, Diablo sont en librairie) ou la BD (XIII, Astérix, Trolls de Troy sont des jeux vidéos). De même, les musiques de jeu sont souvent empruntées à des artistes connus. Plusieurs grands rappeurs (Snoop, Rohff, Public Enemy…) se sont déjà prêtés au jeu, allant jusqu’à créer des titres exclusifs. Quant au DJ Amon Tobin, il a composé un album entier pour la bande originale du jeu Splinter Cell. De même, l’appareil politique et institutionnel favorise la liaison entre la culture et le jeu vidéo. L’UNESCO le promeut, par exemple, au titre de la diversité culturelle. En France, le jeu relève également de l’exception culturelle. On se souvient notamment du cri du cœur de l’ancien ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, devant les représentants de l’Union européenne, plus rétifs face à cette nouvelle dimension : « Les talents inventifs font appel à des savoirs technologiques et artistiques où se mêlent intelligence, innovation, créativité. Raconter des histoires, imaginer des univers, créer des émotions… À l’instar du cinéma, il est crucial d’obtenir une reconnaissance culturelle.» Autre signe fort : plusieurs développeurs réputés, comme Shigeru Miyamoto (Mario), Michel Ancel (Rayman) et Frédérick Raynal (Alone in the dark) ont été nommés, en France, Chevalier des Arts et des Lettres. En revanche, au niveau juridique, la classification « culturelle » du jeu vidéo n’est pas clairement définie. La Cour de Cassation a d’abord considéré que c’était le moteur du jeu qui prévalait, l’assimilant à un simple logiciel. Mais alors que l’ensemble de

la profession continuait à le considérer comme une oeuvre culturelle, la Cour d’appel de Paris l’a récemment qualifié d’ « oeuvre audiovisuelle de collaboration » : un revirement de jurisprudence qui aura sans doute des conséquences sur la définition du produit. La reconnaissance du jeu comme « produit culturel » fait l’objet d’une polémique ancienne. S’il y a bien des passionnés cristallisés devant la beauté numérique, nombre de professionnels rêvent surtout de délivrer la princesse, qui n’est autre qu’une belle TVA à 5,5%.

Multi-joueurs Artefacts a été créé en 2003 par cinq jeunes associés, dont la plupart étaient d’anciens collaborateurs d’Infogrames. Bruno Chabanel, scénariste-concepteur, est le gérant de ce studio lyonnais, installé dans 7e arrondissement. « Nous avons deux types d’activité : une activité de soustraitance, pour d’autres studios, et une activité de développement qui consiste à concevoir un jeu de A à Z, pour un éditeur donné ». Le studio a ainsi participé, comme sous-traitant, à l’élaboration de quelquesmastodonteslyonnais (Test drive unlimited, Astérix XXL 2…) ou à la création d’une quinzaine de « niveaux » pour une version de Rayman ou les lapins crétins. Accrédité « développeur Nintendo DS » depuis août 2006, Artefacts a créé le Code de la route et travaille actuellement sur un gros projet de développement pour la console portable du géant japonais. En 2007, l’entreprise a également conçu un jeu de pétanque pour PC. « Nous avons plein d’autres projets. L’enjeu maintenant, c’est de devenir développeur Wii et de structurer la société sur le long terme dans un secteur qui nécessite d’être ultra-réactifs ». En moins de cinq ans, Artefacts est passé d’une seule personne à une quarantaine d’employés ! Site Internet (en construction) : www.artefacts-studio.com


LE DOSSIER

#16

Level 4 «Lyon:le boss de fin…» Dans l’univers du jeu, Lyon est un monstre. Pas que les lyonnais soient meilleurs joueurs qu’ailleurs. Mais parce que certains de leurs jeux préférés sont développés sur les terrains d’à côté : Arx fatalis (Arkane studios), Dead to rights II (studio Widescreen Games pour Electronic Arts et Namco hometek), VRally ou Alone in the Dark (Eden games). Au-delà des jeux, c’est toute une industrie du loisir numérique qui s’est constituée dans la région. Pas besoin du Docteur Kawashina, ni de Nicole Kidman, pour nous apprendre à chiffrer. La région Rhône-Alpes est la 6e région mondiale du jeu vidéo. Elle regroupe plus de 30 % des développeurs français ; 5 des 13 plus gros studios nationaux ; 1 école spécialisée (Gamagora, ouverte à l’Université Lumière Lyon 2 depuis septembre 2007), unique en son genre ; des leaders mondiaux (siège mondial d’Atari, exinfogrammes, siège européen d’Electronic Arts) ; une constellation de sous-traitants et de petites entreprises spécialisées (infographie, audio, 3 D, web agency…) qui symbolisent, à l’échelle locale, les évolutions du marché, entre concentration des leaders et sectorisation des fonctions (conception, promotion, marketing, etc). Avec d’autres, le studio Artefacts (voir encadré) est un maillon de cette constellation, et même une étoile montante.

secteur (un millier d’emplois directs), aussi porteur que menacé. L’explosion des coûts de production (plus de 20 millions d’euro pour un jeu « important ») explique, en effet, la concentration du secteur et la compression des dépenses. Un jeu, en France, coûterait 50 % plus cher à produire, en moyenne, qu’ailleurs. En quelques années, de nombreux studios ont disparu (Kalisto, Delphine Software, Titus…) et le nombre d’emplois dans le secteur a été divisé par deux, entre 2002 et 2006.

La prédilection de Lyon pour les loisirs numériques a plusieurs origines. Elle est notamment liée à l’histoire d’Infogrames, créée à Lyon en 1983. Avant de se recentrer sur des activités d’édition et de distribution (Civilisation III, Astérix, etc.), l’entreprise a conçu de nombreux jeux et formé toute une génération de jeunes développeurs qui ont créé leurs propres studios, comme Arkane, Dream On, Étranges Libellules, ou encore Eden Games. Ce dernier est l’un des plus gros studios français. À l’origine, il s’agissait d’une structure de développement interne au groupe Infogrames. Devenu indépendant en 1998, le studio développe des jeux pour son ancienne maison-mère (V-Rally) et pour d’autres, dont Electronic Arts (Need for speed Porsche, etc.). En 2002, racheté par Infogrames, Eden revient finalement dans le giron familial. Le jeu vidéo made in Lyon bénéficie également du volontarisme des pouvoirs publics pour soutenir un

Game Over!

Si les lyonnais résistent et continuent de s’exporter (80 % du chiffre d’affaires des productions locales est réalisé à l’étranger), ils peuvent s’appuyer sur un marché local qui ne leur veut que du bien : création d’un pôle de compétivité régional (Imaginove), pouvoirs publics armés de joysticks, associations de professionnels, etc. Lyon Game, par exemple, est le premier groupement français consacré aux professionnels du jeu. Son but est de mettre en relation les acteurs (porteurs de projets, développeurs, éditeurs…) et de participer à la promotion des entreprises lyonnaises (salons Game connection, Serious games sessions europe, etc.). G. V. & G. J.

Tout en defense, le monstre lyonnais n’est pas encore battu. On dirait meme qu’il crache du feu. Il vous reste une vie dans une partie qui vient seulement de commencer !




ANACHRONIQUE

#19

le culte de cybèle Le sous-sol de Fourvière conserve la trace des premières manifestations sociétales de Lyon. C’est aussi sur cette colline que se tenait le culte d’une divinité païenne, célébrée notamment au printemps : celui de la déesse Cybèle.

E

n 1704, un bloc de pierre antique fut découvert dans la vigne d’un certain Bourgeat, sur la colline de Fourvière. Haut de 1,40 m, parallélépipédique, sa face principale fut frappée d’un relief en tête de taureau ceinte de grosses perles, retombant sur les côtés comme deux pendentifs. Sur la gauche, une tête de bélier arborant les mêmes attributs ; sur la droite, une épée de sacrificateur, munie d’un croc latéral. En somme : une manifestation de rites païens. Il s’agissait d’un autel taurobolique dédié au culte de Cybèle. Quelques mots latins, taillés de part et d’autre de la tête de l’animal, permirent d’en dater la construction au 9 décembre 160 après J.-C., faisant du monolithe le plus ancien témoignage du culte de Cybèle en Gaule. Cette déesse venue de Phrygie était adorée par les Romains sous le vocable de « Grande Mère ». Associée à la Terre et à la Fécondité, proche des Gaïa, Rhéa ou Déméter grecques, elle incarnait à la fois l’abondance et la nature sauvage. Son récit mythologique raconte qu’elle s’était éprise d’un jeune berger nommé Attis. Mais comme celuici ne lui rendit pas son amour et s’apprêta à épouser une fille de Pessinonte, elle le frappa de folie. En proie à une torpeur extrême, Attis s’émascula et succomba à sa blessure. La déesse fut alors emplie de douleur et demanda à Zeus que son corps soit transformé en pin et continue à vivre sans connaître la corruption des saisons. Et autour de l’arbre auraient éclos des violettes, nées du sang du jeune homme.

Tauromachie

Le culte de Cybèle connut une ferveur très vive dans la capitale des Gaules. Il était marqué par une grande fête annuelle en l’honneur de la déesse et de son amant Attis, qui venait couronner l’équinoxe de printemps. Le 22 mars, un pin fraîchement coupé, recouvert de bandelettes et de violettes, était apporté au sanctuaire en présence des fidèles. Le lendemain avait lieu la « Fête du Sang », durant laquelle le grand-prêtre se saignait les veines et présentait son sang en offrande ; certains s’émasculaient en mémoire d’Attis. Les jours suivants avaient lieu des cérémonies festives, jusqu’au moment précis de l’équinoxe, qui consacrait la renaissance d’Attis et le renouveau de la nature. Un autre aspect du culte résidait dans la cérémonie du baptême par le sang. Un taureau était sacrifié devant l’autel, et le précieux liquide était utilisé pour purifier l’initié. Pour certains archéologues, la découverte de cet autel sur la colline de Fourvière attesterait la présence antérieure d’un sanctuaire de Cybèle, édifié entre –43 et 160. Et si l’artefact est aujourd’hui conservé au musée gallo-romain, une fontaine taurobolique peut encore être admirée dans un recoin de la rue des Macchabées, près de SainteIrénée. Mais, ce témoignage d’antiquité n’a d’authentique que le symbole, car sa réalisation est le fait de l’architecte lyonnais Louis Flachéron, en 1827. J. T.



LYON DANS LA PRESSE

#21

rétroperspective Après le sapin, on secoue le marronnier : tous les journaux ont déjà sorti leur rétrospective de l’année. Les marrons sont tièdes. Mais si on est en retard, c’est qu’à Lyon, il y a aussi de l’avenir…

C

’est déjà loin. Les élections 2007, la fronde de la X-Rousse, le premier partenariat entre Microsoft et une université française (Lyon 1), la Biennale de l’art contemporain, les Vélov’s qui ont essaimé sur tous les terrains, etc. Se contenter du fin de la fin. À l’automne dernier, l’incontournable « Monopoly » lançait un grand scrutin en ligne pour sélectionner les 22 communes françaises qui se caseraient dans l’édition « Villes de France » (mars 2008). Plus de 700 000 votes ont été enregistrés. Lyon, arrivée en 16e position, remplacera l’ « avenue de Neuilly » et pourra aussi compter sur la Part-Dieu, une des quatre gares du jeu. Pas de complexe, ni de corne flakes : c’est Dunkerque, la fastueuse, qui prendra la place de la rue de la Paix. Selon Le Figaro, c’est le village de Montcuq (Lot) qui aurait en réalité remporté la majorité des suffrages, suite au lobbying sans relâche du bloggeur Laurent Bazet. Mais l’éditeur, Hasbro, a préféré renoncé « pour des raisons de maman » et annoncé la création d’un autre jeu : « 100% Montcuq ». On aurait pu trouver meilleur compromis : passer 3 tours ; nommer Montluc pour la prison ; ne pas choquer les enfants, sauf ceux qui parlent ce verlan. Papa, de toute façon, était absent. Il a laissé le plateau pour les jeux

vidéos qui, à Lyon, ont pris un vieux coup de sérieux. La presse s’est largement intéressée aux 3e « Serious games sessions Europe » organisées, au Palais des Congrès, en décembre dernier. Le marché du « jeu sérieux » est en plein essor, selon Le Nouvel Obs, grâce à ses applications en matière de simulation et de formation professionnelle. Donc Papa, il s’éclate, après avoir lu Les Échos, en jouant au docteur dans « Pulse », à l’intérimaire dans « Interim Mission 3D », au conducteur d’ « engins lourds » (Audace), ou au grand reporter. Dans le logiciel danois « Global conflict Palestine », le joueur, plongé dans le conflit israélo-palestinien, doit « interviewer différentes sources » pour « faire la Une » d’un grand quotidien.

Millésime

Les grands événements lyonnais, c’est une histoire de cuvée. La Fête des Lumières fut un « mauvais cru » selon Le Monde, qui laissera « quelques aigreurs » à l’équipe municipale, « à (deux) mois des élections ». Avec des « réalisations peu ambitieuses et parfois déficientes », la manifestation, qui a réuni 4 millions de personnes, « n’a pas ébloui Lyon ». Heureusement que le vin a permis à « quelques tableaux » d’échapper « au fiasco ». La « vigne


LYON DANS LA PRESSE

#22

lumineuse poussée sous le cloître de l’hôtel-Dieu » a été appréciée, tout comme la « cabine téléphonique transformée en aquarium à poissons », sur le quai de la Pêcherie. Dans 20 minutes, une jeune spectatrice s’enivre : « C’est trop fort ! Je veux passer un coup de fil sous-marin, glou glou ! » Était-on bien sorti du beaujolais nouveau, autre incontournable lyonnais, célébré quelques semaines plus tôt ? Le site Internet www.beaujolaisnouveautime.com avait annoncé la couleur (« ne pas se prendre la tête »), mais c’est lui qui finit toujours par nous la prendre. Le beaujo a toujours le dernier mot, tout comme le viticulteur Dominique Piron, ayant beau jeu de nous vanter son dernier camaïeu : « Le rosé (nouveauté 2007), c’est un compromis entre le rouge et le blanc ». Merci Monsieur. La gueule de bois, ce fut le lendemain et l’économie d’un vin qui n’a pas, contrairement aux apparences, la « vie en rose ». Malgré un succès mondial (110 pays qui participent à la fête, de la Russie aux Etats-Unis, où 19 festivals de beaujolais nouveau ont été organisés cette année), les ventes tendent à s’essouffler, selon La Tribune, et « les cours continuent de s’effriter ». La fin d’un monde ? Parlonsen, justement…

It’s Time

De revenir, à la croisée des années, sur la fameuse « une » du Time magazine du 3 décembre 2007 : « La mort de la culture française ». L’ « exception culturelle », ce sont plusieurs lyonnais qui se sont illustrés récemment à l’étranger. Vu dans les journaux. Lors de l’incontournable « Art basel Miami Beach » par exemple, l’actrice lyonnaise Christine Rebet a fait « un tabac » avec ses « dessins à l’encre de couleur et au surréalisme inquiétant ». C’est la

preuve, pour The Art Newspaper (« la Bible » selon Le Fig), que la « Nouvelle vague » française (C. Rebet + 17 autres artistes contemporains) a bel et bien « atteint Miami Beach ». Toujours côte est, plutôt que côté sud, la soprano Nathalie Dessay revient d’un énorme triomphe new-yorkais où elle a enflammé le « Metropolitan opera », le « premier établissement lyrique du monde ». Érigée en véritable icône dans tout Big Apple, elle s’est retrouvée « affichée partout », des abribus aux cabines téléphoniques, sur les écrans géants de Time Square puis, un peu moins « Time magazine », dans les colonnes de L’Express. Portrait chinois. Si c’était un animal ? Ce serait un « bernard-l’ermite » : « J’aime le concept du squatteur, mais, surtout, j’adore l’idée qu’un animal s’appelle « Bernard ! ». Et si c’était une porte, le Bernard-Laporte ? G. V.

Sources : Jérôme Bouin, « Jouerez-vous au Monopoly Montcuq ? », Le Figaro.fr, 9/11 ; Marie-Annick Depagneux, « Le beaujolais nouveau résiste malgré un léger tassement », La Tribune, 14/11 ; « Arrivée du beaujolais nouveau et rosé », Associated Press / Le Nouvel Observateur, 14/11 ; Sylvain Ouchikh, « Le beaujolais nouveau voit la vie en rose », Le Figaro, 15/11 ; Catherine Robin, « Question de styles : Nathalie Dessay, si vous étiez… », Express.fr, 27/11 ; « Lyon accueille le salon européen des jeux vidéos « sérieux », Nouvelobs.com, 3/12 ; Prune Perromat, « Fête des Lumières à Lyon: du kitsch au flamboyant », 20 minutes/AFP, 6/12 ; Capucine Cousin, « Les entreprises se convertissent aux jeux vidéo « sérieux », Les Échos, 10/12 ; Valérie Duponchelle, « Miami : l’heure de la jeune garde française », Le Figaro, 10/12 ; Sophie Landrin, « Pour sa neuvième édition, la Fête des lumières n’a pas ébloui Lyon », Le Monde, 10/12


Du Lundi au Vendredi de 18h à 20h ‘HAPPY HOURS & Tapas’ Du Lundi au Mercredi de 18h à 1h Du Jeudi au Samedi de 18h à 3h 7, rue de la Martinière, 69001 Lyon www.soda-bar.fr - myspace.com/sodasoulnspirits

Wi Fi

ZONE



PAGES BLANCHES

#25

ouverture /....


Ballade de la petite fée Moi et Nausicaa on se promène dans la ville Les rues sont mouillées de pluie Tandis qu’on passe son chemin pourvu que La ville se promène au revers vivant de sa main dans la mienne Pourvu que s’exaucent les jours tisseurs éphémères Par la fenêtre de ses yeux d’enfant Nausicaa et moi c’est dimanche Nous nous    Laissons dépasser Par les événements Nous nous    Sommes invisibles A l’envers indivis de ma main dans la sienne Les lignes les épidermes comparaissent de guerres lasses En noces de papier Vraisemblables et tronquées Cantiques au dépourvu enfants des surfaces Elégies verticales qui ovulent et saignent et s’inoculent Dans le gras du ciel La lente insomnie de la nuit du dedans Visages serviles véhicules Vers l’abattoir des destinées On passe notre chemin Comme on passe son tour Plus souvent qu’à son tour On s’en va loin bien loin seulement Dire aux images La chanson du vent    A part nous (tout le monde est    prêt)


Filler La petite monnaie des jours mendiants Les tours de passe-passe à tours de rôle La gent abrégée des jeux du cirque Les petits mondes de lettres et de lignes

Bonzai En mon espèce D’aimable contrefaçon A l’usage de ma façon Carapace corrigée par contumace Avec la paresse versatile D’un cadavre plus petit seulement Si semblable à moi-même Qu’il nous sied bien peu De départager nos vertus et nos heurts Et de clairsemer nos rangs Je ne connais rien de plus satisfaisant Que de croître en étendue et en industrie Hors l’embarras des manières matérielles Qui font le tour du monde Je ne crois pas que j’irai


Animal savant De calibre moyen Sain de corps et d’esprit Cherche avatar de série Pour manger aux heures des repas Et expirer un certain nombre de fois Tu as ri quand les autres ont ri Et tu as tremblé Quand la terre a tremblé Tu t’es occupé de tout ce qui s’occupait de toi Tu as dit bonjour je suis content d’être là (tu étais content d’être là) Tu as fait exprès et tu as préféré Tu as cherché le bonheur comme on cherche ses clefs Tu as trouvé ça drôle et normal et pratique De te retrouver bien à ta place

Chlorophylle

Animal ventriloque D’obédience mécanique Intermédiaire sous tous rapports Cherche particulier congénère Pour compter jusqu’à trois S’en laver les mains et croiser les bras On dit que la mobilisation est générale On dit aussi que la vie qui nous attend est terrestre Ils m’ont donné un nom et des coordonnées Au cas où il y aurait quelque chose pour moi Ils m’ont dit d’attendre et de me tenir prêt Au cas où il y aurait quelque chose pour moi Alors j’attends et je me tiens prêt Je retiens ma respiration je ne suis pas inquiet Au cas où il y aurait quelque chose pour moi J’ai vraiment envie de réussir ma vie Animal savant De calibre moyen Sain de corps et d’esprit Cherche avatar de série Pour manger aux heures des repas Et expirer un certain nombre de fois


Pinocchio ‘I thought of the easiest thing to do, which is to die, but I did nothing.’ Leurs rêves morts m’ont volé mon âme Malgré que j’en ai et qu’on obtienne de moi Que je m’accoutre et me lave la figure Que l’on me considère Que l’on compte sur moi Qu’on m’appelle monsieur Je suis le sans visage Je parle et partage la langue de l’obéissance Onomatopées défaites binaires D’une même énième saison sur terre Dessous le ciel anonyme et sans défaut de la providence Parmi eux au milieu mon chant d’amour du milieu C’est un cheval de troie Attelé à un terrain vague Avec sa gueule de bois échue Aux services usagers Ses titres de transport en règle Et les faveurs des pronostics Leurs rêves m’ont volé mon âme Nous sommes quittes Pour cette fois

Placenta Je t’avais dit de ne pas me toucher Mais tu étais si près Tu étais tout autour De mon corps nu et mou Au bout de mon souffle Là où s’avance la lumière Qui ne sait pas parler Qui ne sait pas rêver Qui ne sait rien des corps Qui ne sait que naître Et continuer












PAGES BLANCHES

#40

... / envoyez vos oeuvres www.kiblind.com GR

thegigz9@hotmail.com

Johann Bouché-Pillon

Metalrhymes www.myspace.com/metalrhymes

Benjamin Hochart

(P+R) / Poisson-Mondrian Exposée dans le cadre des Galeries Nomades www.i-art-c.org

Le Baron Ours

(Couverture + pages centrales) http://baronours.canalblog.com/

Frédéric Adrait

www.adrait.com Exposition AS IT IS (3 rue des 4 chapeaux/Lyon) jusqu’à fin février.

Plot

(Couverture + pages centrales) www.plot-online.com

Ballade de la petite fée




inédit

DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE

#43

Livre & Lire dans Kiblind : un inédit… En collaboration avec Kiblind, Livre & Lire vous propose de découvrir, à travers un inédit, un écrivain qui vit en Rhône-Alpes. Le texte de Carine Fernandez est extrait d’un travail d’écriture en cours intitulé Chicago Loop. Elle raconte l’histoire de Kay, la lunatique, la saturnienne… un personnage inadapté qui traîne sa vie solitaire et ses désirs macabres dans les rues de Chicago. Livre & Lire est le mensuel du livre en Rhône-Alpes publié par l’Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation (Arald). Il propose un regard sur la vie du livre et de la lecture dans notre région, présentée à travers la diversité de ses écrivains, de ses traducteurs, de ses éditeurs, mais aussi de ses librairies et de ses bibliothèques.Disponible sur abonnement et consultable en ligne sur www.arald.org

CHICAGO LOOP Incipit d’un roman en cours

C’est du lac que montera ma parole. Je l’entends qui bat mes tempes, cadencée, tandis que je marche le long d’Evanston Shore. La plage est propre, ratissée, le sable blanc, aussi vierge qu’à l’époque, pas si lointaine, où les grands lacs étaient encore la bienheureuse mer sans tempêtes des Iroquois. Comme s’il ne s’était jamais rien passé. Le lac s’en fout en vérité, l’eau avale l’ordure jusqu’à plus soif, toutes les déjections du monde, qui vont s’accroissant maintenant de décade en décade et plus vite d’année en année, l’accélération du temps depuis deux siècles, inscrite dans les montagnes de déchets envasés sous le Lac Michigan. Tout ce qu’a pu chier l’homme blanc. Ni vu ni connu, l’eau se referme à la surface. L’indifférence des eaux m’éblouit comme la justice du sabre. Le monde est dur et bouleversant. Pas un seul poisson échoué, la mort n’envoie aucun signe, rien qui morde sur le blanc et le bleu marial de ce mois de Mai.    Pourtant c’est avec les poissons morts, le ventre à l’air, échoués en un friselis métallique que je m’étais promis de commencer mon histoire. Je me les étais mis de côté, myriades de lames

scintillantes, cotte de mailles déposée par un chevalier qui se serait payé un plongeon à poil dans le lac, ou les écailles du vieux dragon agonisant aux rives du nouveau monde. Camelot ! Camelot ! Pas pour nous ! On nous a spoliés de Moyen-âge. Tant pis, j’y reviendrai autrement à mes poissons, j’en ai l’image imprimée sur la rétine, indélébile. Image initiale, fondatrice. L’image de ces poissons reste associée pour moi à l’année de mon installation à Chicago et par conséquent à Chicago et à ma nouvelle vie. Un relent de vase, de poisson avarié et de terreur flotte sur mon entrée dans l’âge adulte. Ces poissons morts, poissons motifs imprimés à l’infini, deviendraient poissons parlants, aussi oraculaires que ceux des Mille et Une Nuits.    Une bonne vingtaine d’années a passé depuis la fin du monde des petits poissons de Chicago. Le pâle enchantement de leurs mauves et leurs verts, pareils aux arcs-en-ciel de fuel épanché sur l’asphalte, combattu par la puanteur toute fraîche. Deux gars avançaient à ma rencontre. De loin j’avais déjà remarqué leur dégaine, cheveux longs, battle dress, big shoulders chicagoéenes, un rien de


zigzag dans la démarche. Ils avançaient, flanquant de rudes coups de bottes dans les guirlandes de poissons.    Les hommes, moi, les poissons et la mort. Je n’éviterais la rencontre qu’en rebroussant chemin et en prenant la fuite. Impossible, il me fallait continuer. On distinguait déjà le panneau d’accès à la plage, cent mètres plus loin. Passer sans leur jeter un regard, indifférente, l’oeil fixé sur la sky line de Chicago Loop, découpée franche dans du bleu dur. Surtout ne pas les regarder, comme avec les chiens quand on a peur d’être mordu. Un regard les aurait fait exister, leur aurait rappelé que j’étais une fille seule, livrée et qu’il n’y avait qu’une chose à faire.    La tête droite, le cou tendu et l’oeil fixé sur l’autre au bout de l’horizon, la mégapole, la fière qui jouait les duchesses avec sa tiare de gratte-ciels, et moi, la peur au ventre, le pas raidi. J’emportais au passage un bout de plage émaillé de tessons de bouteilles, les canisses des barrières, une cage de handball, un quart de visage entaillé de pattes d’oies, une bouffée de tabac brun, ma peur au ventre, les poches de jambes de leurs pantalons kaki toutes gonflées. De quels recels ?    Le lac et son ressac de cyanure, Chicago l’empoisonneuse. Décor de polar, la capitale du crime avec ses poissons assassinés par milliers. J’aurais dû être violée, là sur le sable froid, jambes écartées, découvrant la blessure violette comme une tanche que l’on fend. J’aurais dû, mais ce n’était pas mon heure, il faut croire. Il est temps que j’abandonne là mes deux bonshommes balayés avec les détritus, la poiscaille et les tonnes de varech par la pelleteuse municipale.

Je ne me souvenais plus qu’avec une certaine stupeur de la petite bourgeoise de Waukegan à qui les hommes faisaient peur. J’avais désormais quarante ans, même si je me considérais encore très jeune. J’arrachais bien ici et là quelques cheveux blancs quand je les voyais filer dans ma chevelure, noire, d’un noir d’Orient, de tiers monde, de latino, d’indiennerie, qu’on n’aurait pu attribuer à une famille WASP, mes ancêtres, pourtant irréprochables de toute mixture.    J’arpentais les allées d’Evanston comme chaque matin avant d’ouvrir la boutique. On me repérait facilement : Kay, la géante aux triples rangées d’écharpes étranglant son cou de femme girafe, aux fines robes, basses d’ourlets des années vingt, tout cela swingant son chemin dans du brouillard de cigarette. Il aurait mieux valu que j’eusse un chien, n’importe quel cabot mignardé aurait fait l’affaire, un alibi. On promène son chien, on ne promène pas sa mélancolie. J’ai les yeux plombés et le teint blême des enfants de Saturne. La Saturnienne. Le soleil a toujours été mon ennemi, c’est pourquoi je le guettais, je l’attendais au tournant de chaque jour. L’attraper au débotté avant qu’il ne donne le jour au hommes, les assurances, la normalité.    A 5h l’été, 8h l’hiver, j’étais sur le pavé pour le miracle : il se dégageait lentement d’une muqueuse rose dans la viscosité des filaments saignants, j’attendais pour saisir le gros oeuf pondu sur le lac Michigan, entre ciel et eau. Nous ne nous sommes jamais fait défaut. D’un seul coup qu’il irradie les cimes des arbres; et les branches des cèdres commençaient à dégouliner d’un bleu épais, tels des turbans hindous mis à sécher au vent du lac.


DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE

#45

Invisible, un merle lançait son sifflement de voyou. Le monde revenait, qui avait disparu, mais encore englué d’étrangeté, du rêve aux pattes, comme le moinillon collé à la verticale sur la façade lisse de la bibliothèque d’Evanston qu’on eût pris pour un ornement en stuc.    Je continuais de fréquenter la bibliothèque municipale les samedi après-midi quand j’avais fermé ma boutique d’« Antiques & vintage ». J’aimais ses cheminées sculptées, ses fenêtres à plein cintre aux carreaux minuscules, qui quadrillaient les feuillages des marronniers, baignant les salles de lecture d’un jour gothique. Je m’attardais surtout dans la salle des usuels, où de vieux messieurs consultaient honteusement les dictionnaires médicaux sur les maladies de la prostate et les troubles de l’érection. Moi, la maladie ne m’intéressait pas plus que ça, ce qui m’excitait furieusement c’était la mort. Tous les états du corps, cette histoire d’après l’histoire, la décomposition jusqu’aux ossements lyophilisés, cette longueur de temps, nouveau comput, nouvelle ère. Je piochais aussi sur le rayon religion. Les fables de tous les peuples, au fond tellement semblables. Toutes à remplir le vide, à nier le néant. Était-ce assez comique, cette universelle fabrique d’images, pour s’empêcher justement d’imaginer le rien. Cessation d’activité. Mais non, on n’avait pas le droit de disparaître, on ne s’absentait qu’en laissant le panneau « reviens de suite » sur la porte. Carine Fernandez

+ Carine Fernandez est née à Givors en 1955. À seize ans, elle épouse un étudiant saoudien et s’enfuit avec lui au Moyen-Orient, où elle passe une vingtaine d’année avant de séjourner trois ans aux États-Unis. Aujourd’hui elle vit et enseigne dans le Rhône. Bibliographie : La Comédie du Caire (Actes Sud, 2006), La Servante Abyssine (Actes Sud, 2003) et « Les idiomes de l’Ouest » in anthologie Triages (Éditions Tarabuste, 2000). La Saison rouge Qatan, un pays arabe fictif. Dans l’univers carcéral de sa maison promise à la démolition, Élisa, une jeune européenne délaissée par son mari – Hatem, l’époux insaisissable –, isolée avec son fils, devient folle de solitude. Fiction dans un pays fictif, la Saison rouge est pourtant un roman implacable où le désespoir, la solitude et l’effroi qui gonflent les pages ont la puissance que seul a pu insuffler le réel. Une femme emmurée dans sa maison et dans ses souvenirs jusqu’à la folie. Marie-Hélène Boulanger (Carine Fernandez, La Saison rouge, Actes Sud- à paraître en février) Libraire et partenaire... Vous trouverez le dernier livre de Carine Fernandez, La Saison Rouge, à la librairie Au bonheur des ogres (9 grande rue de Vaise - Lyon 9) Contacts : 04 78 83 38 71



BAZART/MUSIQUE

#47

the knights who say nil Impossible de passer à côté, la France de partout bruisse d’une nouvelle garde lyonnaise générant enthousiasme musical et danse échevelée. Nil est l’un de ces futurs local heroes, et il sort un EP nommé Comme un (presque) printemps.

E

ssais peu concluants à la basse en guise de premiers pas dans la musique, Nil se tourne vers le Hiphop game et tente sa chance au mic. Can I kick it, no you can’t. Délaissant le rap pour s’intéresser aux prods sous Fruity loops, il crée de premiers tracks que l’un de ses amis comparera à une forme de Jungle ralentie. Terme inconnu, Nil fait des recherches sur Internet et plonge alors dans ses premières amours : electronica, µ Ziq ou Aphex Twin. Nourri de nouvelles influences, sa musique évolue et s’envole vers l’IDM [Intelligent Dance Music]. En geek respectable, le jeune compositeur blanchit ses nuits à l’IRC (ancêtre de MSN), discutant musique jusqu’à ce qu’un petit net label canadien, séduit, décide de sortir son 1er EP > le mini mini EP. Nous sommes en 2004 et ledit objet est downloadé plus de 2000 fois. Ceci donne de bonnes idées à Nil et 2 de ses homies, et le net label Edfönz voit le jour. Une belle compile plus tard, les divergences d’opinions sur l’avenir de la structure séparent ses cofondateurs et la mettent en stand-by. Qu’importe, il poursuit expérimentation et apprentissage, découvrant l’ambient et la house. Ces nouvelles sonorités et l’expérience du live modifient sa conception de la musique. Le télescopage des genres lui évite ainsi la querelle de clochers des classifications, laisse sa musique parler d’elle-même, et permet de faire groover de façon éhontée ses nouvelles moutures.

Un long fleuve tranquille

Le public suit, et plusieurs labels lyonnais se penchent sur son cas mais c’est avec le family gang des Gourmets que les liens vont se tisser naturellement. Au fil de dates destructrices avec ces derniers ou dDamage, Nil collabore jusqu’à la concrétisation : sa 1ère date sous l’étendard Gourmets Recordingz au MAC. Et comme souvent, les choses s’accélèrent. Repéré après une prestation réussie aux Echos sonores, il gagne le giron de la célèbre structure lyonnaise. Deux légendes courent enfin... Playlistés par le blog des fluokids, le titre Comme un printemps attire l’oreille experte de deux rulerz, Gaspard de Justice, et / ou Busy P aka Pedro Winter aka Mr Découverte. Résultat un 1er EP qui va naître sous les meilleurs auspices, avec les forces conjointes de Gourmets Recordingz, Discograph, Edbanger, Because et Phunk ! Une excellente occasion de découvrir une musique actuelle pourtant hors des canons, une musique où percent les influences IDM et early house, ou le groove se mélange aux résurgences trance. Must be a king. G. J. + Actu EP Comme un (presque) printemps > courant mars 08 www.myspace.com/mynameisnil + Crédits illustration Jüül



BAZART/MUSIQUE

#49

dynamique pop ½ décennie de défrichage, pas mal de concerts et quelques révélations, Dandelyon a encore des cartes en manche.

H

istoriquement, Lyon avait pris du galon sur la scène musicale française grâce aux efforts combinés de Jarring Effect et de groupes tels que le Peuple, High Tone ou Meï Teï Sho. Si la vague du dub retombe, la dynamique instiguée par ces acteurs a gagné de nouveaux territoires. Des Nuits sonores et du cortège de jeunes fleurons locaux (Danger, Nil ou Spitzer) au Festival l’Original et des crews comme celui des Gourmets ou de Cassus Belli, la ville s’étoffe enfin. Des festivals certes, mais aussi des tourneurs, des labels et associations qui s’activent pour faire vivre electro ou Hiphop et fédérer ses acteurs. Ne manquait qu’un vaisseau pop à la croisade. C’est chose faite depuis 2003, grâce aux soldats de Dandelyon. Contraction des assos Popswirl et Disques Puzzle, le but de la structure est d’impulser. De la difficulté à définir ce qu’est la pop l’asso fait une force : le terme peut paraître flou, il en deviendra un spectre large, représentatif de la variété des genres subsumés. C’est de l’univers pop dont on parle, au même titre que les cousins Hiphoperz ou electro, qui présentent un panel artistique ouvert. Mais n’allez pas assimiler éclectisme et confusion. Bien au contraire, Dandelyon s’astreint à offrir aux groupes de musique les cadres et outils pour se professionnaliser : concerts, résidences, sorties

de compilation, tout est fait pour que l’on passe du garage band entre copains à des formations structurées. Et la formule fonctionne. Fake Oddity sort un 2e album après avoir squatté les ondes Ferarock ; Scalde transgresse les genres en s’acoquinant avec Agoria ou Simian ; et Vale Poher ou A Song sont désormais des noms reconnus du paysage musical régional.

What else

L’édition 2008 n’échappera a priori pas à la règle d’une bonne révélation émergente. Outre le nombre d’inscrits au tremplin, le jury chargé de la sélection s’est affiné entre programmateurs et journalistes. Dandelyon a ainsi su séduire les autres acteurs des musiques actuelles, et étirer son champ d’action : présence dans le parcours des Nuits Sonores, et surtout un tremplin qui va prendre une dimension régionale. De nouveaux groupes à découvrir donc, et la possibilité d’exporter nos poulains locaux dans les Smacs [Scènes de musiques actuelles] voisines. La popstar de demain viendra peut-être des parages… Espérons qu’il n’y ait qu’un seul Benjamin Biolay. G. J. + Actu Finale des sélections le 26 mars au Ninkasi www.myspace.com/dandelyon2006



BAZART/ASSOCIATION

#51

comme c’est bizarre

Bizarre ! est un collectif d’associations situé à Vénissieux dont l’objectif est d’être un vrai lieu d’accompagnement artistique pour les cultures urbaines. « Oui, vous regardez votre couteau et vous dites bizarre, bizarre. Alors je croyais que ... »

M

oi, j’ai dit bizarre, bizarre, comme c’est étrange ! Pourquoi aurais-je dit bizarre, bizarre ? - Je vous assure mon cher cousin, que vous avez dit bizarre, bizarre. - Moi, j’ai dit bizarre, comme c’est bizarre ! Fin de cette citation-digression issue d’un dialogue célèbre entre Michel Simon et Louis Jouvet dans Drôle de Dame (1937) et qui est à l’origine du nom de l’association créée en décembre 2005. Au fondement du collectif Bizarre !, il y a une volonté manifeste de combler un manque en matière d’accompagnement des cultures urbaines sur l’agglomération lyonnaise. Il s’agit d’encourager des projets artistiques qui sont ignorés des circuits de résidence « classiques » car jugés comme étant inclassables ou difficiles à porter. . L’idée centrale est donc de recréer pour ces projets un processus de production artistique complet qui s’appuie sur un réseau de partenaires fort, éclectique et complémentaire. On trouve ainsi comme partenaires, Arty Farty, Caravelle Production, le Centre des musiques traditionnelles en Rhône-alpes, Infrasons, l’Institut de recherches pédagogiques audiovisuelles, Médiatone, l’Original, la MJC le Cadran, Scènes’ arts de rue, La tribu Hérisson et la Ville de Vénissieux. Cette dernière finance le projet Bizarre ! et met à la disposition des résidents, uniquement pendant les vacances scolaires, la salle municipale Erik Satie.

How bizarre, how bizarre !

Au total, une dizaine de projets, sélectionnés par l’ensemble des partenaires, se partagent 15 semaines de résidence réparties sur l’année. Les différents membres du collectif réunis en conseil d’administration toutes les deux à trois semaines choisissent les heureux élus. Les préférences se tournent souvent vers des projets pluridisciplinaires comme ActivArts, en résidence pendant les vacances de noël, ou proche du Hip-Hop, comme Carimouche, qui sera présente en février. Pour eux comme pour les autres, l’association Bizarre ! est une aide complète à la création. Elle diagnostique les besoins des artistes, apporte un soutien technique et tente de répondre aux besoins spécifiques à chacun. Le travail post-résidence est lui aussi privilégié et consiste à tenter d’insérer les groupes dans les réseaux de diffusion. En définitive, et aussi bizarre que cela puisse paraître, il ne leur manque plus qu’un vrai lieu de travail qu’ils pourront occuper à temps complet. Et comme c’est encore la période des vœux… J. M.

+ Contacts > www.projetbizarre.fr + Résidences > Activart (voir sur RECMag.com) > Carimouche www.myspace.com/carimaamarouche



BAZART/festival

#53

musiques en scène Du 4 au 20 mars, GRAME organise sa 4e Biennale Musiques En Scène. Un événement centré sur les musiques contemporaines et électroacoustiques, qui accueille pour cette édition le chef et compositeur hongrois Peter Eötvös comme commissaire associé.

B

MES 08 réunit une trentaine de concerts, spectacles et installations destinés à décliner le musical dans ses dimensions multiples. Du soliste à l’ensemble instrumental, de l’orchestre symphonique à la grande forme opératique, avec une large place accordée à la danse et à l’image. Un croisement de musiques contemporaines, expérimentales et électroniques, basé sur la création sonore et l’expérimentation acoustique. A l’origine de l’événement, le Groupe de réalisation et de recherche appliquée en musique et électroacoustique [GRAME] de Lyon. Depuis 1982, ce centre national de création musicale s’est donné comme mission de favoriser la conception et la réalisation d’œuvres nouvelles, d’en assurer la diffusion, de contribuer au développement de la recherche scientifique et musicale et de construire les passerelles nécessaires entre la création et son public. Ainsi Musiques en Scène vit le jour en 1992 sous la forme d’un festival annuel, qui devint biennal en 2002 suite à l’ampleur que prenait l’événement. La nouveauté de l’édition 08 est d’accueillir un grand chef comme commissaire associé. Invité à la fois comme chef d’orchestre et compositeur, Peter Eötvös dirigera notamment avec l’orchestre de l’Opéra de Lyon la première mondiale de son nouvel opéra : Lady Sarashina.

Requiem Stockhausen

Cette biennale sera aussi l’occasion pour le chef hongrois de rendre hommage à un maître et ami, pionnier de la création électroacoustique. Disparu le 5 décembre dernier, Karlheinz Stockhausen sera célébré par une série de trois concerts-installations, réunissant l’ensemble de ses œuvres électroniques et la création Freude pour deux harpes. Parmi les autres événements à ne pas manquer, on retiendra Descrizione del diluvio, création multimédia pour vidéo à huit écrans, voix, percussions et électronique, inspirée du Déluge de Léonard de Vinci ; Typhon, qui plongera le spectateur au cœur d’une tempête scénographiée sur le texte de Joseph Conrad ; et le Forum international de la jeune création, rencontres autour des travaux de six jeunes compositeurs. J.T. + Infos > www.grame.fr > BMES 08 : 47 compositeurs, 6 chorégraphes, 7 vidéastes et réalisateurs, 17 pays représentés, 76 œuvres musicales, 17 créations mondiales, 2 créations françaises, 18 concerts, 5 spectacles, 3 opéras, 6 programmes « Jeune public », 3 installations, 5 projections de films, 1 colloque, 15 lieux partenaires.



BAZART/ASSOCIATION

#55

dans le periscope Dans un contexte plutôt difficile pour les « petits » lieux de concert, le Périscope, récemment ouvert dans le quartier de Perrache, propose une programmation de qualité aux accents jazz, musiques actuelles et musiques improvisées. Immersion.

A

u moment où la péniche le Sonic* connaît des déboires juridiques liés au durcissement de la législation concernant l’affichage sur l’espace public, où la salle de concert pop-rock le Citron* décide d’interrompre sa programmation pour manifester contre les difficultés quotidiennes qu’elle rencontre, une petite lueur d’espoir a fait son apparition à Lyon : le Périscope.

Ouverture

Près de Perrache et de la Brasserie Georges, ce nouvel espace de 120 m2, situé au rez-de-chaussée d’une ancienne graineterie, permet d’accueillir une centaine de spectateurs par concert et trois soirées par semaine. À l’initiative du projet, l’association RESEAU créée en avril 2007. Elle émane elle-même de trois associations dont deux étaient déjà bien connues des musiques jazz et improvisées : le Grolektif, collectif de musiciens qui a organisé de nombreuses soirées à De l’autre côté du pont ; le collectif Polycarpe, qui oeuvrait à l’Étoile Royale ; et enfin, dans un autre genre, l’Université populaire. L’idée de départ est simple : créer un nouveau lieu qui puisse à la fois devenir un espace de rencontres entre les différents acteurs du projet et le public, et permettre aux artistes d’être diffusés dans de bonnes conditions.

Après 6 mois de travaux exclusivement financés par des membres de RESEAU, la salle a ouvert ses portes le 6 décembre. L’équipe fonctionne en différents comités et tend à ouvrir la programmation à d’autres groupes que les seuls membres des associations. Toutefois l’esthétique générale de la programmation restera la même. Entre la prison et la voie de chemin de fer, cette nouvelle salle ne risque pas, a priori, de fermeture pour des problèmes d’ordre « administratif ». Reste à souhaiter qu’il en sera de même pour les autres petites scènes de proximité. J. M. + Contacts Periscope 13 rue Delandine 69002 Lyon 04 78 26 63 59 www.periscope-lyon.com * Infos sur le Sonic www.myspace.com/soniclyon * Infos sur le Citron www.myspace.com/lecitron



BAZART/Association

#57

du cinéma à l’envers

Faire du cinéma à l’envers, c’est partir de l’affiche pour faire le film. Processus de création en sens inverse, cet événement transdisciplinaire réunit arts plastiques et arts vivants dans une dynamique cinématographique, et valorise le 7e art comme héritage des six premiers.

L

e pinceau avant la pellicule. Expérience de création inversée, Du Cinéma à l’Envers contraint les réalisateurs de courts-métrages à imaginer la mise en mouvement d’une image statique imposée. Dans cet exercice, la primeur est donnée aux artistes plasticiens : créer l’affiche d’un film qui n’existe pas. Aux cinéastes ensuite de composer le scénario correspondant à l’affiche. L’illustrateur illustré, en quelques sortes. L’idée, qui a germé dans le cerveau bouillant de François Beaune, est liée à la rénovation du Comœdia. A l’époque où la façade du vieux cinéma de l’avenue Berthelot était désertée, il eut l’idée de combler le vide en invitant des artistes à créer des affiches de films imaginaires. Le simulacre fonctionna tellement bien que les passants s’intriguaient de ne pas connaître ce nouveau box office. Un appel à courts-métrages d’après les affiches fut donc lancé en partenariat avec la nouvelle équipe du Comœdia, suivi en janvier 2006 d’une soirée de projection récompensant les lauréats.

Ainsi, c’est le théâtre qui sera mis en avant cette année. Et selon les règles du même processus de création inversée, de courtes pièces seront mises en scène d’après des affiches. Les pièces lauréates seront jouées le 20 avril sous le dôme de l’OpéraThéâtre, en partenariat avec le Nouveau Théâtre du 8e, et serviront ensuite de matériau à la réalisation de films courts, qui seront projetés au Comœdia fin septembre. La volonté du Cinéma à l’Envers est de présenter la création cinématographique dans sa dimension transdisciplinaire historique. Dès les premiers films des frères Lumière, ce 7e art s’est inventé en s’inspirant des autres formes artistiques : des arts plastiques (Jean Renoir), du Music-Hall (Charlie Chaplin, Buster Keaton), du théâtre (Marcel Carmé, Sacha Guitry), du roman, etc. Cette aventure permet ainsi aux réalisateurs de renouer avec les arts dont ils sont les héritiers directs, et de recréer la dimension festive et populaire des premières années du grand écran. J.T.

7 art e

Pour cette seconde édition, de nouvelles affiches ont été dévoilées et le principe reste le même : partir de l’affiche pour faire le film. La nouveauté est d’introduire une étape intermédiaire, qui mette à l’honneur un art vivant constitutif du cinéma.

+ Infos > www.cinemalenvers.com + Visuel > Meno Hystera par Thomas Naggabbo (Une des cinq affiches lauréate de l’édition 07/08)


LORENZACCIO D’APRÈS LORENZACCIO DE MUSSET Collection(s) 08

NOTRE CERISAIE GENRE> THÉÂTRE LIEU> LE POINT DU JOUR DATES> DU 05/03 AU 09/03 GENRE> THÉÂTRE LIEU> NTH8 DATES> DU 01/02 AU 15/02

Elle s’appelle Sabine »

GENRE> AVANT-PREMIÈRE LIEU> LE COMOEDIA DATE> 01/02 À 20H30

LE GARS

GENRE> EXPOSITION LIEU> IAC DATES> DU 08/02 AU 13/04

Collection(s) 08 articule une sélection d’œuvres récemment acquises par l’Institut, des œuvres déjà présentes dans la Collection Rhône-Alpes et des pièces en provenance d’autres collections. Artistes présents: François Curlet, Jimmie Durham, Jef Geys, Dan Graham, Rodney Graham, Laurent Grasso, Ann Veronica Janssens, Anthony McCall, Melik Ohanian, Allen Ruppersberg.

SOIRÉES SPÉCIALE JOHN FORD

GENRE> THÉÂTRE LIEU> LES ATELIERS DATES> DU 06/02 AU 10/02

A la fois ancré dans le folklore russe et profondément moderne, Le Gars pose la question de la transgression, de la fascination de l’interdit, à travers le mythe fantasmatique et érotique du vampire. C’est la dépendance amoureuse qui devient le sujet principal de l’œuvre, l’endroit où l’amour peut impliquer la non-liberté.

GENRE> CINÉMA LIEU> INSTITUT LUMIÈRE DATES>12/02 + 23/02 + 29/03 + 01/03 + 02/03

HOT CLUB DE LYON JAZZ FESTIVAL

GENRE> MUSIQUE LIEU> PALAIS DE BONDY+SALLE MOLIÈRE DATES> DU 28/02 AU 01/03

« Je fais du théâtre pour être jugé. Et je plaide coupable cette fois sous les traits de Lorenzaccio. Venez voir comment la plus haineuse des ordures éclate de courage, détermination et de loyauté. Venez au massacre du dernier des plus éblouissants héros. Venez voir, juger, et condamner. […] Oui je plaide coupable, c’est du théâtre. Alors pour «Laurentle-merdique» ou «Laurentcette-merde» ou «cette-merdede-Laurent» allez-y, venez, et condamnez, avec le poing : «Lorenzaccio ! Lorenzaccio ! Lorenzaccio !» ». Gwenaël Morin, metteur en scène.

KERY JAMES

GENRE> MUSIQUE LIEU>NINKASI DATE> 05/03

MYSTÈRE ! OU UN SECRET BIEN GARDÉ

GENRE> THÉÂTRE LIEU> L’IRIS DATES> DU 07/03 AU 22/03


pass kiblind 20

07

/2008 15 places dans 15 lieux pour 50 profitez de la euro sa vous ruiner. w ison culturelle sans ww.kiblind.com

ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES

#59

DAEDELUS

GENRE> MUSIQUE LIEU> LA MARQUISE DATE> 07/03

YUVAL PICK THE GUESTS COMPANY

GENRE> DANSE LIEU> MAISON DE LA DANSE DATES> 11/13/14/15 MARS

BRISA ROCHÉ

GENRE> MUSIQUE LIEU> LE MARCHÉ GARE DATE> 14/03

La Californie, le jazz, les 60’s, le cinéma, le rock, Paris, l’univers de Brisa Roché est un kaléidoscope. Elle parcourt les Etats-Unis avec papa ou son boy friend, reprend des standards jazz dans les cabarets parisiens, et finit par signer chez Blue Note. Visage de poupée eskimo, voix douce parfois à peine éraillée et mélodies jazz, pop ou rock, La Brisa Day Roché ; outre son nom, a tout d’une agréable surprise.

LES ENFANTS TERRIBLES

GENRE> OPÉRA LIEU> LA RENAISSANCE DATES> 18/03 ET 19/03

Une chambre d’enfant transformée en monde imaginaire à la fois féerique et ambiguë, où les paradis des jeux d’enfants se situent tout près des fusions de l’enfer. Cet espace mouvant des âmes, cette déraison mélancolique que savait si bien saisir Cocteau, le compositeur Philip Glass les intériorise le temps d’un opéra. Le tout est servi par la mise en scène subtile de Paul Desveaux.

by pass GONZALES + GUESTS

GENRE> MUSIQUE LIEU> ÉPICERIE MODERNE DATE> 29/03


Bola : Sneakers > Adidas (Rod Laver Vin Originals) // Sweat > Kanabeach Circus (Hitit-bo) // Jeans > Kanabeach Biologik (Jarvis) // Polo > Kanabeach Elegant (Sanderdoo) //// Julien : Sneakers > Vans (Loreak Mendian Authentic LX) // Chemise > Surface to air (Body Check) // T-Shirt > Partikule Grafik (Same Kids) // Gilet > Boxfresh LTD (Gome)


AUTRE COUTURE

#61

Sophie : Sarouel > Kanabeach Biologik (Barrymore) // Tee > Surface to air (Tee short Sleeves print Cat) // Pochette > Escampette24 //// Anne : Robe > Surface to air (Papillon) // Manchon > Escampette24


* Créateurs lyonnais

AUTRE COUTURE

#62

™ + Escampette24 Symbole d’un éphémère joyeux, cette jeune créatrice bouscule formes et stéréotypes en reprenant des tissus et modèles old school au moins, qu’elle transforme au gré de ses lubies. Les tissus brochés ou les toiles 50’s côtoient le fluo actuel, les manchons et pochettes le sac besace contemporain. De Marie Antoinette à Marylin Monroe, Escampette24 marie l’insouciance légère et un brin amusée à une certaine idée du chic. > Dispo : Tube à Essai / Passage Thiaffait - 19, rue René Leynaud, 1er / www.myspace.com/ tubeaessai + Partikule Grafik Vrai groupe d’amis et collectif d’artistes Partikule Grafik fait de chacune de ses pièces un objet unique. Tees sérigraphiés à la main dans leurs ateliers, leur collection est imprégnée de différentes influences notamment musicales. A l’affût de l’évolution des techniques et matériaux, et de tous les moyens d’expressions des arts visuels et graphiques, les 4 artistes n’ont qu’un but, créer esthétisme et plaisir. > Dispo : La loge de mr B / 62 rue Sala, 2e / 04 78 37 68 54 http://lalogedemrb.com + Kanabeach > Dispo : Kanabeach / 9 rue de la fromagerie, 2ème / 04 72 00 03 31 www.kanabeach.com +Surface to air, Boxfresh, Partikule Grafik, Vans, Adidas > Dispo : La loge de mr B / 62 rue Sala, 2e / 04 78 37 68 54 http://lalogedemrb.com + Crédits Direction artistique et photographie > Julien Daviron (julien.daviron@hotmail.fr) // maquillage > Marie Boisseau-Martinez // Stylisme > Estelle Jallut-Marquet // Modèles > Sophie, Anne, Bola et Julien // Lieu > Musée des moulages - 3 rue Rachais 69003 Lyon // website : www.univ-lyon2.fr // Remerciements > Nadine Grivel + Patrice Charavel

culture blender




PAUSE

# 65

perspicacité

émulie (www.myspace.com/matibouille)


LE KI

#66

A

temps qui passe na-chronique de l’anathème, verbe incarné ou à demi-mots, antithèse marine… amour d’une dauphine. Roulant sur la vague, surfant le bitume, la vie s’étiole avec une douceur infinie. Une jeune fleur éclot et meurt aussitôt, cueillie pour faire naître et s’ouvrir à nouveau… le cœur d’une fille.

Pendu à l’hameçon tel le pistil verdoyant, Elliot voguait entre conscience et réalité, entre rêve et immaturité. La dure vie de père. La fabuleuse vie de père. Et la mère. Et la mer. Enfant choyée, fille des lumières, Näelle s’ouvrait au monde qui l’entourait, absorbant, ça et là, toutes bribes d’informations que ses sens captaient. Tempête de sensations, épanouissement total… au diable la méthode globale. La métaphore filée comme on les aime où la petite araignée tisse, tisse ce joli poème. Il vous est dédié car on ne se fait plus de cadeau. Bien sur Noël viens de passer, et en bon païens, les cadeaux naissent de l’amitié et parfois même de l’amour si le jour est faste. La trame se tisse, inaliénable, inébranlable… *soupir*…fable. Nuit d’été et matin d’hiver, tous ces moments qui nous paraissent chimères et que l’on chérit comme un enfant. Soupçon de beauté laissé au commun des mortels par nos aînés éveillés. Non contents de tout prendre ils nous cèdent, parfois, un peu de leur grâce volatile. Comme quoi, à travers la réalité de vos yeux, un charabia peut facilement être conte. Un méli-mélo devient chant. Une confusion devient essence. Léa n’a plus de repère. Apres avoir partagé tant de vie en un seul corps, ce fut la séparation la plus douloureuse jamais ressentie. Désormais, il lui faudra partager. Partager ce petit être jalousement gardé au chaud, en son sein. Maintenant, il est temps de faire place à l’épanouissement et à la volonté, car le chemin ne se fait pas seul. Jamais. Ecorce et volupté Candeur d’un thé glacé. Il ne faut pas voir plus loin que les mots, et il faut lire à haute voix, dans se tête, chacun pour soi. Et la lumière viendra, alors que s’en va le mystère. Un peu de proésie. Du riz et des salsifis ! A ciao. On se voit dimanche. M. S.



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