Gratuit - 10000 ex.
N째 20 LYON #Avr+Mai 08
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Couverture > Kiblind by Kiblind // Directeur de la publication > Jérémie Martinez // Rédacteur en chef n°20 > Kiblind Crew // Rédaction Kiblind > Gabriel Viry + Jean Tourette + Jérémie Martinez + Guillaume Jallut + Matthieu Sandjivy// Pages «Autre Couture» : Guillaume Jallut + Julien Daviron // Graphisme : Arnaud Giroud + David Lesort (www.pitaya-design.com) + Kinga Sofalvi (www.sogoud.com) // Maquette > Jérémie Martinez // Relecture > Frédéric Gude // Responsable Publicité > Jean Tourette // Responsable Développement > Gabriel Viry // Communication > Jean Tourette + Guillaume Jallut + Maïté DewuffelDessart // Responsable Web > Antoine Thierry // Responsable Pass culturel Kiblind > Jean Tourette.Imprimerie JM. Barbou // ZAE Bondy Sud 8 rue Marcel Dassault 93147 Bondy Cedex// Tél > 01 48 02 14 14 // contact@imprimerie-jmbarbou.fr Le magazine Kiblind est édité à 10 000 exemplaires par l’Association Kiblind // 4 rue des Pierres Plantées 69001 Lyon // www.kiblind.com // Tél > 04 78 27 69 82 // contact@kiblind.com // ISSN : 1628-4046 // Les articles ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. Et un grand merci à Claude Sandjivy et à Guillaume pour son écran. Il y a 4 ans à New York, le 7 mai 2004, le baril de pétrole atteignait la somme record de 40 dollars...
kiblind n°20 Anniversaire Do It Yourself couverture + . encart central..
cadre du dispositif «Emploi Dans le Tremplin», l’Association Kiblind est soutenue par la Région Rhône-Alpes et le FSE.
Avr/mai 08
SOMMAIRE
ÉDITO #07
ÉVÉNEMENTS #08 L’oie 000
VU PAR... #11 Kiblind #01
LE DOSSIER #12 Presse escape #07
ANACHRONIQUE #17 Cosmic calls #07
LYON DANS LA PRESSE #19 Biz Art #07
PAGES BLANCHES Quai du Polar_ Prix Agostino CB Sandjivy Guillaume Durand Sogoud Graphik Pauline Hespel Play Aurélien Maury / Moko #23 #07 #07 #07 #07 #07 #07 #07
DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE #41 Inédit / Catherine Lalonde #07
BAZART/LECTURES+THÉÂTRE #47 TCC, Aulecquiades, etc. #07
BAZART/ASSOCIATION #49 Atelier Mastiq #07
BAZART/MUSIQUE #51 No Mad ? #07
BAZART/MUSIQUE #53 We are terrorists #07
BAZART/COLLECTIF #55 Let’s the music play #07
ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES #56 By Pass #07
AUTRE COUTURE #59
PAUSE #65 Souvenir #07
LE KI #66 Ki saura... #07
édito
#07
just write it Histoire d’une grenouille verte fluo ... Un tétard. Deux trois feuilles. Le courant passe… 2004. À la cool, de source. C’est l’histoire d’une grenouille qui crapote dans son phosphore naissant. La bave, c’est ta page : tellement blanche que « Mille collombes » auraient pu s’écrire au bord de l’étang. « Tiens ! »… un champignon qui chante. Petit tétard deviendra grand. Nous sommes en paix. L’éco-système n’est pas un poème. Un radeau ivre. Foi de nature, c’est la loi des cultures. Sans fard, les nénuphars se vident. Mais les grenouilles prospèrent. Les éleveurs se sont construit un cabanon près des sources. Il y a des planches, pour écrire, des outils pour cultiver. Des roseaux, du rosé. Des coups qui partent et pas mal de bambous. Un bon éleveur, sachant élever… Il y a là Mano, le roi du jeu de mots. Manif, à l’apocryphe, Manray, à la retouche, Manouche, sur le marché… Manon s’étend, au bord de l’eau. Yo-man ricoche et suit son flow. Maki reprend son N, à chaque numéro qui se ferme. On s’organise. Le courant passe. Après chaque tétard, une grenouille se réveille. Ca fait les cuisses, on s’épaissit. Mettez vingt numéros sur une fleur flottante : le nénuphar, à coup sûr, tombe à l’eau. Ils répartissent, en bons éleveurs. Changer les couleurs, mettre un peu de fluo. Faire du neuf, passer les courants, naviguer. Quatre berges, plus tard… Do it.
Kiblind, c’est une histoire sans fin et c’est déjà très bien.
http://gegemarcello.blogspot.com
01 Du 3 au 18 avril, Cinéma Jeanne Mourguet (Sainte-Foy-lès-Lyon) : 11e Caravane des cinémas d’Afrique. 02 4 avril, Musée d’Art Contemporain : « Du tag à la peinture », conférence organisée en marge de la rétrospective Keith Haring. www.moca-lyon.org
l’oie
e 04 7 avril, Indo café (Lyon 7 ) : vernissage de l’expo Push + Authentik Hip Hop (DJ Négatif). www.indocafe.fr
Départ Nul n’est censé ignorer l’oie
05 14 avril : fin des inscriptions pour le concours Quelles nouvelles ?, organisé par l’Espace Pandora. http://espacepandora.free.fr
départ
03 Jusqu’au 5 avril, Auditorium de Lyon : festival « D’un monde à l’autre ». www.auditoriumdelyon.com
er 06 17 au 19 avril : 1 Festival international du film de Zombie de Lyon. www.festizombie.com
07 18 au 20 avril, Chapiteau de l’Opéra Théâtre (Lyon 8e) : Du Cinéma à l’Envers présente Du Théâtre à l’envers, partir de l’affiche pour faire la pièce. www.cinemalenvers.com 08 25 et 26 avril, Couvent la Tourette (L’Arbresle) : Modulonde, création in situ de la compagnie Pascoli (danse, musique, vidéo). www.compagnie-pascoli.com 09 Du 1er au 31 mai, X-Rousse (Lyon 4e) : « CroixRoussiens de tous les pays, unissons-nous ! » www.commune-colline.fr e 10 Du 7 au 11 mai, ancienne Usine Sli (Lyon 9 ) + autres lieux : 6e édition des Nuits Sonores. www.nuits-sonores.com
11 Du 12 au 13 mai, Le Polaris (Corbas) : Galeries, spectacle de monstres « en déambulation ». www.lepolaris.org
2 dés, 3 dés… Vous êtes infographiste 2D/3D, caméraman, ingénieur du son, storyboarder… Vous rêvez de le devenir ? Mis en ligne le 1er mars dernier, le site « emploi » talents. imaginove.com est fait pour vous. Son objectif : décloisonner les univers du jeu vidéo, du cinéma, de l’animation et du multimédia. + d’infos : talents.imaginove.com
12 Du 13 au 24 mai, Médiathèque de Vaise (Lyon 9e) : Festival des Arts Vivants. www.bm-lyon.fr/pratique/bibliotheques/ 13 A partir du 15 mai, Galerie Talents à suivre (Lyon 5e) : Lyon vue par 10 artistes de la galerie. www.talantsasuivre.com 14 17 mai, Marché de gros (Cours Charlemagne) : 7e Marché de la mode Vintage, en clôture de la Semaine de la mode. www.marchemodevintage.com er 15 Du 30 mai au 1 juin, Rivolet (69) : Le « petit » festival des Dindes Folles, spectacle, théatre, danse et musique en plein air. www.dindesfolles.com
Ça cacarde ? Non, ça tchatche Les Subsistances organisent « le weekend des langues », du 3 au 6 avril. « Ça tchatche » réunit plus de 70 artistes beaux parleurs (cirque, danse, théâtre, musique) autour de 4 « projets linguistiques ». Les « cours de langues minutes » permettront d’apprendre un peu de patois ou de chinois. + d’infos : www.les-subs.com
Parc aux oiseaux Entre nature et culture, 2 000 oiseaux (et 400 espèces) vous attendent à Villars les Dombes (Ain). Mieux que les canards enchaînés du Parc de la Tête d’Or . Vous aimez les oies ? Vous aimerez les grèbes huppés et autres garrulaxes ocellées… + d’infos : www.parcdesoiseaux.com
Événements
#09
Basse cour au Vinatier « La Ferme » est le nom de l’espace culturel de l’hôpital psychiatrique de Lyon. Après avoir notamment défilé auprès de la compagnie Kafig lors de la dernière Biennale de la danse, La Ferme accueille « Psy », un collectif de théâtre traditionnel malien. À partir du 26 mai. + d’infos : www.ch-le-vinatier.fr/ferme
arrivée
L’oie des séries Pas de raison de passer, dans la presse, à côté… Sébastien Tellier, phénomène de l’électro underground et porte drapeau de la France à l’Eurovision 2008 est donc à Lyon (La Plateforme), le 25 avril prochain. Horrorvision, le même soir, avec Christophe Maé, à la Halle Tony Garnier. + d’infos : www.la-plateforme.fr
En juin, ça sera bien Kiblind n°21
Prise de becs La « Battle of the year » est un concours national de danse hip hop, dont la qualification « sud » se tient le 12 avril, au Transbordeur. L’événement vient en clôture du festival L’Original qui réunit à Lyon, pendant dix jours, plusieurs pointures de la scène hip hop : Method Man, Redman, Chamillonaire, Jaguar Wright, Hezekiah, Bahamadia, etc. + d’infos : www.loriginal-festival.com
L’oie pond : œuf au bacon Depuis cinq ans, le Musée des Beaux Arts et l’Orchestre national de Lyon proposent des « visites à deux voix ». Le principe : faire découvrir des œuvres d’art en musique. Prochaine ponte, le 14 mai, autour de l’œuvre de Francis Bacon, Etude pour une corrida (1969). + d’infos : www.mba-lyon.fr
vu par... KIBLIND
#11
feat
04>08 Rézine Ambition Chocolatée & Déconfiture Style Elvis Recmag
Gabriel Dumoulin La Sagrada Familia Cosmos 70 Grame Vizual Update La Boulangerie du Prado Seize Romain Peycru-Opinel URDLA Emmerson Henoc Valérie Sourdieux Moko Ramdam Arthur Lorella Claude Yvroud Paral-lel Armand Dupuy Aurélie Noël Élodie Tribut Bufalino Benedetto H2ZUU Quat’Consciences Antiquarks Julien Breton Mélania Avanzato Les Inattendus Truffe du loup Cie Propos Organic Editions Pink Petticoat Funky Team Work Zyva Bukulin Montanari Olympique Pandémonium Sofa so good Novox Pier kolle Bolle Terremer William Pellier Infrasons A Song Cie Pascoli Loïc Godart Pitaya Design Projet Sputnik Cause Talents à suivre Spontanéous Carmenmariavega El Sutta Syndicat Nora Boudjemaï JB Goudet Mathieu Hubert Nicolas Folch Fabienne Swiatlyr Eddy Soric Gwénaël Morin 12mé et Raph Mango Gadzi Sillons Projet Bermuda Médiatone Marjolaine Larrivé Yovif Tanibis Pl[a]in Sud Sepulveda Frako Festival Bertille Saunier Beb Romain Jenancker Mélikah Abdelmoumen Luc Akicia Festival Electrochoc Dandelyon Kamenko Phasme Benjamin Fincher Le lézard dramatique Jaw Émilie Plateau Ekiem Claire Tristan Mathilde Proton Komplexkapharnaüm Noone Sebastien Pascot Kinga Sofalvi Nöjd Les doigts de l’homme Fêtes Escales CmaGr/Guillaume Allantaz Jackie Plaetevoet Leslie Amine Superdeux Thomas Canto Pandacrew Galeries nomades Le Clacson Espace Pandora Emmanuelle Pagano Audrey Dupont Carine
Danger
Ivan Brun
Fernandez Testicule Billy Bandana Linda Sanchez Blo Misstif + Miette
+ Stoul Stereotype Les magiciens du quotidien Goodka Arpad Flynn Bioffique théâtre Doxart Guillaume Roche Fake Oddity Johann Bouché-Pillon Benjamin Projet Bizarre ! PierreHochart Baron Ours Frédéric Adrait Plot Louis Bouvier Du cinéma à l’envers Scratch bandits crew Kosh Atelier Mastiq
Nil
Coming soon Stéphane Durand Peuple de l’herbe Periscope ...
presse escape Six ans après son arrivée en France, la presse d’information gratuite fait des émules. Particulièrement à Lyon où TF1 doit bientôt « raser gratis » avec son magazine Pilipili. Et le lecteur, dans tout ça ? Se contente-t-il d’avaler les journaux qu’on lui a servis à la bouche (de métro) ? N’est-il pas aussi celui qui, une fois le canard aux WC, redemande, sur le web, s’il ne reste pas un peu d’info…
LE DOSSIER
#13
L
aurent Marty, directeur du cabinet de conseil Précepta, a raison de l’écrire : « Le phénomène de la presse gratuite ne cesse de s’amplifier ». En 2006, elle a dépassé, en France, le milliard d’euro de chiffre d’affaires et le millier de titres. Si plus de 80 % du résultat restent absorbés par la presse d’annonces (Paru Vendu, Top Annonces…), la presse d’information marque la plus forte évolution. Sur le papier, les choses vont vite. Treize ans après sa création en Suède et six ans après son arrivée en France, le journal Métro est le cinquième quotidien le plus lu au monde. Lancé en France, la même année, le norvégien 20 Minutes revendique le titre de « premier quotidien national », avec un lectorat de 2,5 millions de personnes (TNS-Sofres). Une fois n’est pas coutume, le « modèle scandinave » est largement imité. D’autres quotidiens sont entrés sur le marché du gratuit, comme le bolloriste Direct Soir et son cousin du matin (Matin Plus), édité avec le groupe Le Monde et décliné localement, comme à Lyon, avec le groupe Le Progrès (Lyon Plus). Les gratuits thématiques ont emboité le pas : les sportifs (Sport), les économistes (Économie Matin), les semi-culturels (A nous Paris, Lyon, Marseille), les métrosexués (Hommes en ville), etc. Enfin, dans chaque ville, de nombreux « locaux » à dimension culturelle, occupent le terrain, mais pas la bouche de métro. À Lyon, vous pourrez ainsi vous servir : Le Petit Bulletin, 491, Hétéroclite, Kiblind… C’est donc plus d’une douzaine de gratuits que vous pouvez vous « payer », entre deux stations de métro et un café allongé. La presse gratuite ferait du mal à la presse payante diton. Objection. Avant l’arrivée des gratuits, les quotidiens nationaux perdaient déjà de nombreux lecteurs : plus de 800 000, entre 1997 et 2003, selon l’étude d’audience EuroPQN. De plus, l’objectif affiché des gratuits est de faire « un journal pour ceux qui ne lisent pas le journal ». Enfin, malgré les discours de Cassandre, la presse écrite payante ne se porte pas si mal. En 2007, élections et « effet Sarkozy » aidant, la plupart des quotidiens et magazines ont gagné des lecteurs. En revanche, ils ont connu une érosion de la publicité qui représente, en moyenne, 45 % de leurs ressources, selon la Direction du Développement des Médias (DDM). Sur ce point, il faut l’admettre, la concurrence du gratuit est loyale, mais sauvage…
20 minutes de cerveau disponibles
Le modèle économique du journal gratuit repose quasi exclusivement sur les recettes publicitaires. On s’habitue, dans le métro, aux longs tunnels de pub. Mais ils sont à peine plus underground dans la presse payante. Prenez un
Nouvel Obs, et prévenez-nous quand ça commence ! La différence, c’est que dans un cas, l’argent de la publicité est un moyen, dans l’autre, c’est une fin. Le moyen, chez Métro, 20 Minutes et consorts, c’est un bon abonnement à l’AFP et une équipe de rédaction relevant d’une pure stratégie « low cost ». Les gratuits « généralistes » sont au papier ce que les principales chaînes commerciales sont à la télé. Un peu d’info, beaucoup de divertissements (selon l’universitaire Roger Delbarre, auteur d’une étude « sociologique » sur le sujet, l’horoscope et les jeux type « mots fléchés » font partie des rubriques privilégiées) et une logique marketing savamment étudiée. Chez tarifmedia.com, on parle de « géomarketing » (colporter le matin, à l’entrée du métro, pour toucher les actifs) et de « chronomarketing » (informer et annoncer rapidement, sans perdre de temps). Rien d’étonnant donc à ce qu’un groupe comme TF1 investisse massivement dans la presse gratuite. Depuis septembre 2003, il possède 34,3 % du capital de Métro France. Avec Artémis, la holding du milliardaire François Pinault, le groupe détient aussi le magazine Pilipili, déjà présent à Grenoble et à Rennes, et bientôt à Lyon (juin 2008), Marseille, Lille et Paris. Conformément à la logique du gratuit et à la stratégie de l’offre, la diffusion est massive : 100 000 exemplaires sont déjà distribués à Grenoble et à Rennes. Autant dire que TF1 et Artémis vont y aller au pilon dans les quatre premières villes de France. Le groupe Bolloré est un autre acteur incontournable de la presse gratuite avec ses deux quotidiens Direct Soir et Direct Matin. Il possède aussi Havas, sixième groupe mondial de publicité, et 40 % de l’institut de sondage CSA. La chaîne est complète et parfaite pour un annonceur... En tout état de cause, chez Bolloré et ailleurs, la publicité progresse, et davantage que dans la presse « classique ». En 2006, les recettes publicitaires globales ont progressé, en valeur, de 90 millions d’euro : les journaux gratuits ont accaparé près de 80 % du surplus (DDM). Et le « consommateur », dans tout ça ? Il se contente souvent de vingt minutes de journal comme, la veille, des 30 minutes du JT. La presse gratuite est une innovation relative qui s’en remet au schéma très classique de l’information verticale : le lecteur réceptionne le(s) message(s) que l’émetteur contrôle. Dans cette perspective, faire passer un message, c’est « agir » directement et massivement
auprès de l’émetteur qui ne lit que rarement d’autres journaux. Cela explique le volontarisme des attaché(e)s de presse pour « faire passer » une info dans les gratuits comme Métro. Si la gratuité des journaux est une petite révolution dans la sphère de la presse papier, le développement de l’information sur Internet en est une autre. Et le récepteur fait, là, plus que suivre l’actu : il l’alimente, interagit, participe au débat et à la construction du message. Une démarche qui n’en est pas moins… gratuite et dérengeante pour la presse d’information « classique ».
Information numérique demande cerveaux disponibles
En quelques années, Internet a surclassé tous les médias, dont la télévision. Ici, à la différence des médias « froids », le public peut participer à la production du contenu. La relation s’inverse : le récepteur devient l’émetteur et le média fait le(s) message(s), comme au bon vieux temps du « village global ». Les outils sont multiples et ne cessent d’évoluer. Les internautes peuvent donner leurs avis (forums), créer leurs propres contenus (blogs ou wikis, sites à contenu modifiable), personnaliser et choisir, grâce au web 2.0 ou aux flux RSS, les sujets dont ils veulent être informés en priorité. L’apparition des sites d’information « communautaires » relève précisément de la même logique. Vive les médias participatifs et le multimédia. À Rue89, fondé par quatre journalistes de Libération, on dit que « l’info a 3 voix : celle du journaliste, celle de l’expert et celle de l’internaute ». Tout le monde peut ainsi collaborer : le journaliste étranger ou celui qui est encore à l’école ; les « experts » (économistes, écrivains, médecins, etc.) ; et enfin, les lecteurs, « réacteurs ». On a fait le test (des « 3 voix ») : le 23 mars, sur les 30 derniers articles publiés sur le site, 15 ont été écrits par les journalistes de Rue89, 7 par d’autres journalistes et 8 par des « experts ». Ils ont reçu, en moins d’une semaine, plus de 3 000 réactions. Le site est un succès incontestable, dont on ne connaît pas vraiment la traduction « commerciale » (site gratuit avec une part infime de pub). Le site Agoravox, l’un des pionniers du genre, fonctionne sur le même modèle. Mais là, pas de « journalistes » ni d’« experts » : des « citoyens » avant tout ! Tout le monde peut devenir « rédacteur » en créant un compte et en publiant des articles, mais aussi des
LE DOSSIER
#15
images ou des vidéos sur l’Agoravox TV. Un comité de rédaction modère et mène éventuellement des enquêtes, si nécessaire. Si un auteur vous plait, vous pouvez accéder à l’ensemble de ses sujets, et même « voter » : le dernier article de Morice, informaticien à Tourcoing, a reçu, par exemple, 68 % d’avis positifs et 648 réactions écrites. Pas mal ce Morice. Agoravox a un avenir prometteur. Il bénéficie d’une crédibilité forte, et se retrouve conforté par des mastodontes du net, comme Yahoo !, qui vient de l’intégrer à sa page « actualités ». Question « économie », une fondation a été créée pour préserver l’indépendance éditoriale et financière du média. Mais ces nouveaux médias participatifs, où tout le monde peut s’improviser journaliste, éffraient la profession : information non vérifiée, porte ouverte à la rumeur, dissimulation de messages commerciaux, les risques sont nombreux. Les questions du statut et de la rémunération de ces journalistes non professionnels restent pour l’instant en suspens. À l’étranger, certains sites d’information rétribuent déjà leurs rédacteurs, comme citizenbay, en fonction du nombre d’articles qu’ils écrivent sur des événements locaux. Le retour des correspondants à l’ancienne. Après la concurrence de la presse gratuite, les journaux « traditionnels » doivent donc s’attaquer aux webmédias, intégrer de nouveaux collabrateurs et relever le défi du numérique. Les sites de journaux d’information s’efforcent d’adapter leur contenu web pour tenter de suivre la vague. Si Lemonde.fr est devenu, en France, le premier site d’information grand public*, c’est parce qu’il a su renouveller son contenu : intégration d’images et de vidéos, disponibilité des archives (souvent payantes) ou hébergement des blogs de journalistes sont autant d’outils en accord avec les exigences du numérique. Ainsi seulement 10 % du contenu du site du Monde proviennent de la version imprimée. Car au royaume de l’instantané, les « scoops » sont rois. Il convient donc d’être réactif et de dégainer le premier, car la concurrence est rude. Encouragés par les chiffres d’audience du Monde.fr, les groupes de presse ont bon espoir que les annonceurs publicitaires fassent également le transfert. Entre médias « collaboratifs » et résidus de la presse écrite ayant franchi le pas de l’information numérique *En février 2008, il a totalisé 43 millions de visites (OJD), ce qui est colossal quand on sait que le quotidien imprimé peine à conserver ses 360 000 lecteurs.
payante, un nouvel acteur vient de faire une entrée remarquée : Médiapart, fondé par plusieurs journalistes, dont Edwy Plenel, ancien rédacteur en chef du Monde. Il s’agit d’un véritable journal en ligne avec de « vrais » journalistes et de non moins valables conférences de rédaction. Le média est « colloboratif » à condition de s’y abonner (9 euro par mois) : dans le « club », les lecteurs peuvent créer un blog, réagir à un article, participer à une édition ou animer un « réseau social d’information ». Le monde du gratuit (le web) redevient ici payant : c’est la condition, pour les fondateurs de Mediapart, de garantir une information indépendante (payer les journalistes) tout en développant un support qui n’ignore pas ses visiteurs. En définitive, la presse papier payante doit donc se réinventer, s’adapter aux nouvelles technologies et pourra, alors, faire taire les prévisions les plus pessimistes qui prévoient son déclin inéluctable, voire même sa disparition totale à l’horizon des années 2040**. G. V. + G. J. + J. M.
**Philip Meyer, The Vanishing Newspaper – Saving journalism in the information age, University of Missouri Press, Novembre 2004.
+ de chiffres + En 2006, le CA de la presse payante a baissé de 0,2 % pa rapport à l’année précédente. En terme réel, les ventes ont reculé de 3,1 %. + Le CA de la presse gratuite a augmenté de 70 millions d’euro. Plus précisément, la presse gratuite d’information a vu son CA augmenter de 25 %. + La presse payante tire ses recettes à la fois de la vente (57 % du chiffre d’affaires en 2004) et de la publicité (43 %). + La publicité sur Internet a progressé à un rythme exponentiel : sa part dans le total des dépenses de publicité est passée de 0,1 % en 1997 à 4,8 % en 2006. + Les sites de presse représentaient 50 % de l’audience, en visiteurs uniques, des sites d’information en France en novembre 2006. Dans les dix sites les plus consultés, six sont édités par des entreprises de presse.
ANACHRONIQUE
#17
cosmic calls
Anachronique intergalactique et universel. Depuis plus de trente ans, des sondes déambulent dans l’espace, avec à leur bord un témoignage de l’Humanité. Mais que contient ce message et qu’avonsnous de plus précieux à véhiculer jusqu’à Jupiter « and beyond the infinite » ?
L
e lancement en 1960 du programme SETI [Search for an Extra-Terrestrial Intelligence] matérialisa les vieilles sciences-fictions de contact avec des intelligences extraterrestres. Détecter un signal, envoyer un message, bref : communiquer. Mais que dire ? Simple salutation ou description synthétique de notre humanité ? Et puis quel langage utiliser ? Depuis le message de paix du président Nixon, laissé sur la Lune en 1969, les chercheurs ont affectionné l’idée optimiste d’envoyer des ambassadeurs à la rencontre de civilisations extraterrestres. Apologie des bonnes manières. En 1972, la sonde Pioneer X partait explorer Jupiter. A son bord, une plaque fut embarquée. L’écriture alphabétique courante, sans doute jugée trop aride, fut délaissée au profit de caractéristiques plus sensorielles : il s’agissait d’un dessin. Elaboré par Carl Sagan, cette gravure présentait un couple nu (sortes d’Adam et Eve) entouré de divers symboles tels que l’atome d’hydrogène, le système solaire avec la position de la Terre, la trajectoire de la sonde, ainsi que le rythme d’émission des 14 principaux pulsars qui permettront peut-être à nos contacts de situer avec précision son émetteur dans le temps et l’espace. Une bien belle présentation, quoiqu’un peu technique, dont la finalité était sans nulle doute de favoriser la localisation. Mais cela constitue-t-il un témoignage suffisant de l’Humanité ?
Lost in space
En 1977, Voyager I et II décollaient à destination des planètes les plus éloignées du système solaire. Chacune des sondes recelait un disque de cuivre
plaqué or, accompagné d’une aiguille pour le lire et d’un mode d’emploi. Ce support contenait un message largement plus riche : 116 images et 1h30 d’enregistrements analogiques. Une sorte de questionnaire de Proust qui aurait l’ambition de répondre, sur format réduit et par morceaux choisis, à la question « qu’est-ce que l’Humanité ? » L’inventaire commence par un cercle, la position de notre étoile, la définition des chiffres et des unités employées en physique, puis des données sur le système solaire. Ensuite, plusieurs planches anatomiques se succèdent, suivies de photographies d’hommes, d’animaux, de végétaux, de paysages et de constructions humaines, où se côtoient en vrac des dauphins, une classe d’école, l’immeuble de l’ONU, un astronaute… La dernière image est celle d’un violon, surplombant la partition du 13e quatuor à corde de Beethoven. Pour la sélection musicale, 27 titres ont été enregistrés. On retrouve entre autre le précédent quatuor, des extraits de Bach (dont la 3e partita pour violon), un extrait de la Flûte enchantée de Mozart, un chant initiatique pour les jeunes filles pygmées, des chœurs géorgiens, et Johnny B. Goode de Chuck Berry. Une large partie a également été dédiée aux chants de la Terre : pluie, vent, tonnerre, feu, oiseaux, tracteur, décollage d’une fusée, bruits de pas, battements de cœur, rires, etc. Et pour finir, les salutations terriennes en 55 langues. Bien sûr, ces choix sont discutables. Mais finalement, alors que ces sondes déambulent à l’aveuglette dans l’espace, la question essentielle reste : « qu’estce que j’aurais mis, moi ? » Une couverture de Kiblind ? J. T.
LYON DANS LA PRESSE
#19
biz art_biz art Faire de l’art et/ou de l’argent ? La presse sur Lyon vous livre quelques indications, entre arts « de rue » et tirage de l’Euromillions. Et encore, on n’a pas lu le dernier Investir ni Beaux-Arts Magazine…
L
e MOCA. Ce n’est pas du café, mais la nouvelle appellation (contrôlée ?) du Musée d’art contemporain de Lyon. On connaissait jusqu’alors le MOCA de Los Angeles et le MOMA de New York qui, s’ils avaient été des cinémas UGC, auraient sûrement estimé que ce changement était un peu fort de café. On sait de quoi on parle, à Lyon : UGC, qui n’a jamais de grain à moudre, reproche au Comœdia, son ancien cinéma, d’avoir conservé son nom, après sa réouverture indépendante en 2006. Libération s’intéresse, en toile de fond, à la concurrence effrénée que se livrent les cinémas lyonnais, dans un contexte où le Comœdia, qui diffuse désormais une majorité de films classés « art et essai », « regagne un public ». Si les musées américains avaient à intervenir auprès de notre MOCA national, ce serait pour le féliciter d’avoir fait entrer Keith Haring au musée. Jusqu’au 28 juin, l’établissement lyonnais lui consacre une « rétrospective ambitieuse », la première de cette importance (250 œuvres). La presse y voit une sorte de « réhabilitation » de l’artiste new-yorkais, mort du sida à 31 ans et souvent critiqué, de son vivant, pour sa manière de « transformer une œuvre en produit de consommation ». Dès 1986, rappelle l’Express, Haring ouvrait « sa propre boutique, Pop Shop, à Soho », commercialisant « magnets, baskets ou porte-clefs à sa griffe ». Tous les moyens étaient alors bons, pour
celui qui a commencé « graffeur » dans le métro, pour sortir l’art des tableaux. Il « peignait sur tout », raconte Gianni Mercurio, commissaire de l’expo (20 Minutes) : « sur des kilomètres de murs, les carrosseries des voitures, […] les plaques de métal qui jonchent les chantiers ». Lors du vernissage, sa sœur Kristen a évoqué la lettre dans laquelle son frère écrivait, à l’âge de 8 ans : « quand je serais grand, je veux être un artiste en France ». Aurait-ce été à Lyon ? On l’aurait bien imaginé, après douze mokas bien serrés, se faire la basilique de Fourvière. Mais Keith-qu’il-fait ? Ah oui, c’est vrai… : un éléphant à l’envers !
Le Bon Marché
En marge de l’exposition Haring, Les Échos s’intéressent à la « cote » montante du « graffiti art », « dans une période où le marché de l’art contemporain est critiqué […] pour son aspect spéculatif ». Les œuvres restent accessibles et certains artistes « de la rue » s’exportent de mieux en mieux, comme Miss Tic ou Xavier Frou, alias Blek Le Rat, « l’initiateur de l’usage du pochoir en France ». Pour un expert de la Maison de ventes Artcurial, « les graffiti artistes s’exportent aujourd’hui bien mieux que les artistes contemporains de la scène parisienne ». Au supermarché de l’art, là où l’achat fait le pouvoir, le genre artistique se vend bien mais cela reste sans commune mesure avec d’autres rayons. En 2007, un
LYON DANS LA PRESSE
#20
record a été battu avec une œuvre de Keith Haring, adjugée à 2,2 millions d’euro. Mais la même année, les Beaux-Arts de Lyon accueillaient un Poussin (La Fuite d’Egypte) comme une poule aux œufs d’or : 17 millions d’euro. Pas question de le sortir de France, ni de son « cadre » lyonnais. Si vous préférez, comme le « pope du pop », « sortir l’art des musées » (L’Express.fr), Le Figaro vous invite à découvrir le nouveau « site urbain » (Lyon 7e) consacré aux fresques murales de Diego Rivera, artiste majeur de la peinture moderne mexicaine. Et pour la nuit, Libération reprend quelques uns des messages « sibyllins » diffusés sur les panneaux lumineux de la ville, lors de la manifestation « Poésie/Nuit », début mars : « On signale un accident de parcours dans vos synapses. Redémarrez […] Attention, vous perdez de vue l’objectif de votre sortie. A quoi pensez-vous ?» À l’essence de la vie ? Au prix du baril ?
Cash cash
Selon Le Figaro, un Professeur de mathématiques de Lyon I a travaillé sur les probabilités de gagner à l’Euromillions : 1 chance sur 76 millions. Le 8 février dernier, le tirage européen proposait une cagnotte record de 130 millions d’euro : le mathématicien ne donnait pas de « recette miracle », hormis la possibilité d’investir 152 millions d’euro pour « acheter », l’ensemble des combinaisons (à deux euro le ticket). Et là, on n’en voyait plus qu’un : Jérôme Kerviel qui, malgré lui, donne « un gros coup de pub à la fac » Lyon II. Le désormais célèbre trader de la Société Générale a été diplômé, en 2000, du « Master Management des opérations de marchés ». Passée l’agitation de la presse, les demandes d’informations explosent, mais la responsable du département se méfie : « les
apprentis sorciers ne sont pas notre cible. » JeanBaptiste Descroix-Vernier, sorcier de la finance et fondateur du site Rentabiliweb, a également fait ses armes à Lyon. À 36 ans, il contrôle aujourd’hui un véritable « empire virtuel » depuis une péniche amarrée à Amsterdam. Le magazine Challenges consacre un portrait étonnant à ce « financier créatif » qui vit seul, « avec sa chienne, deux chats… et Roomba, son robot aspirateur ». Il a une « manie à porter des kilts » (achetés sur utilikilts.com) et « s’habille comme un ninja ». Ses 160 salariés le surnomment Jocanaan et « ont même réalisé un hymne […] sur un air de techno, compilant ses meilleures citations ». « Allez, go go go, never give up ! » est l’une de ses « formules » préférées. À force de jamais « give up », JJDV aurait déjà accumulé une fortune personnelle de 180 millions d’euro. De quoi s’offrir un Euromillions en privé, ou quelques Poussin autour des 6 étangs de son immense propriété (150 ha), dans l’Ain. Go, Go, Go : c’est notre seul, et dernier mot… G. V.
Sources
Gilles Fontaine, « Le navigateur solitaire de Rentabiliweb », Challenges, 24/1 ; Camille Peyrache, « Euromillions : quelle chance avez-vous de gagner ? », Le Figaro, 8/2 ; Véronique Prat, « Les noces d’un éléphant et d’une colombe », Le Figaro, 8/2 ; Olivier Bertrand, « Le Comœdia, cinéma bombardé », Libération, 11/2 ; Judith Benhamou-Huet, « La reconnaissance du graffiti art », Les Échos, 15/2 ; Martine Robert, « Le mécénat donne de la visibilité aux PME », Les Échos, 15/2 ; Annick Colonna-Césari, « Griffe graff », L’Express.fr, 19/2 ; Perrine Créquy, « Un gros coup de pub pour la fac de Kerviel », Le Figaro, 20/2 ; F.C., « Keith Haring, le peintre qui ‘vivait chaque jour comme si c’était le dernier’ », 20 Minutes, 22/2 ; Judith Benhamou-Huet, « L’énergie de Keith Haring », Les Echos, 29/2 ; Valérie Duponchelle, « Et Keith Haring inventa le langage des signes », Le Figaro, 29/2 ; M. L., « Lyon, la nuit », Libération, 8/3.
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#23
ouverture /....
Lettre d’Amérique Je m’appelle Steve Garett. J’habite dans le Wisconsin. Lyon, j’y ai peut-être passé deux heures dans toute ma vie. Alors ne venez pas me dire que cette ville je la connaissais, et que j’avais préparé mon coup. Si j’ai buté ce type dans la ruelle à l’angle du quai des Etroits, c’est qu’il avait fait valdinguer Chloé. Rien n’était prémédité. Il l’a envoyée dans le mur, je l’ai buté, c’est tout. C’était il y a huit ans. Je vais vous raconter. J’avais connu Pierrot, le Frenchie comme on l’appelait, au pénitencier de Southern Island, au large de Boston. Doux et rêveur comme il était, il n’avait pas sa place dans cet univers de brutes. Je l’avais pris en amitié. Gisèle, sa femme, était restée à Lyon. Elle travaillait aux Trois Colonnes, un ancien claque paraît-il. Ils avaient une petite fille, Chloé, qu’ils emmenaient à la campagne, enfin n’exagérons rien, une balade sur la colline qui surplombait la ville, des escaliers, un sentier herbu entre les hauts murs, puis un chemin à travers bois jusqu’au cimetière où ils dînaient sur l’herbe. Pierrot avait une façon de raconter qui faisait rêver. Enfermés avec lui au pénitencier de Southern Island, vous aussi vous auriez rêvé. Deux mois plus tard, tout s’arrêtait. Pierrot le Frenchie, je vous l’ai dit, était un doux rêveur. Un gardien l’avait pris en grippe, un pervers nommé Delmeyer, le roi des salauds, qui se prétendait français lui aussi, par sa mère soi-disant. Il était toujours sur Pierrot, le harcelait. Son plaisir était
de balancer le pauvre garçon dans le grillage au prétexte qu’il lui manquait de respect, pure invention évidemment. La première fois j’avais protesté, Delmeyer m’avait collé trois jours au trou, et Pierrot avait dégusté. Depuis, Delmeyer attendait que je sois présent pour s’en prendre à Pierrot, sans que je puisse intervenir. Le pauvre n’en pouvait plus. Un jour, à la promenade, apercevant une porte entrouverte, il s’était rué. Ce salopard de Delmeyer avait dégainé, résultat une balle dans le dos, en pleine moelle épinière. Pierrot s’était réveillé à l’infirmerie, paralysé des deux jambes. Le lendemain il mettait fin à ses jours. Au pénitencier la vie avait continué son cours. Ce n’est pas un Frenchie de moins qui allait les empêcher de dormir. Delmeyer avait quand même été viré. Moi, il me restait quatre ans à tirer. Au moins avais-je un but désormais, une mission à accomplir. Aller voir Gisèle quand je serais libre, parce que Pierrot, avant de mourir, me l’avait demandé. Je lui devais bien ça. Gisèle habitait une ruelle en pente, qui donnait sur le quai des Etroits. On s’est installés dans la cuisine. J’ai dit ce que Pierrot m’avait raconté, les trois Colonnes, le sentier herbu, le cimetière, la fraîcheur des cyprès. Gisèle m’écoutait, triste et lasse. J’ai raconté la vie au pénitencier, sans rien dire de Delmeyer pour ne pas l’affliger davantage, mais je crois qu’elle savait. Une fille, quinze ans peut-être, est entrée en protestant : il n’y avait plus de ketchup, il n’y avait jamais rien dans cette
Sur les quais... R, du tival QUAIS DU POLA Dans le cadre du fes ours de nc co un isé an org it 28 au 30 mars, éta sur les me : « Rendez-vous nouvelles sur le thè « Agostino » x pri du t réa lau te quais ». Voici le tex ère. de la nouvelle polici
baraque. Elle est sortie comme elle était venue, en colère, sans me saluer. Son père lui manque, a dit Gisèle. J’ai voulu reprendre mon récit, mais Gisèle n’écoutait plus. Elle a dit, j’ai refait ma vie. Une gêne est venue, et bientôt le silence. J’arrivais trop tard, Pierrot était remplacé, voilà la vérité. Je pris congé rapidement. Dehors, la nuit était tombée. Plus bas dans la ruelle, adossée au mur d’en face, Chloé fumait une cigarette. Et voilà un type qui sort de l’ombre, la plaque contre le mur et cherche à l’embrasser. Elle se débat. Il la gifle et l’envoie contre le lampadaire. Chloé reste là, sonnée, et moi, c’est Pierrot que je vois, affalé contre le grillage. J’entends même Delmeyer qui ricane. Je saisis le type à la gorge, et lui cogne la tête contre le mur en le traitant de salaud. Ensuite tout va très vite. Gisèle nous a rejoint, ou je suis allé la chercher, je ne sais plus. Elle jette un bref regard sur l’homme à terre, comprend qu’il ne se relèvera plus, et, sans un mot, tourne les talons. Perplexe, je retourne près de Chloé, elle a disparu. Gisèle réapparaît avec une bâche de chantier. On enveloppe le type, on le tire dans le noir à distance du lampadaire, le temps qu’elle aille chercher la voiture. On le charge et nous voilà partis. Gisèle conduit en silence, elle sait où elle va. Vingt minutes plus tard, tout est fini. Elle me ramène à la gare de Perrache. C’est mieux pour Chloé, dit Gisèle. Son beau-père dépassait les
bornes. Les adieux sont brefs. Dans son regard un voile de détresse, je préfère ne rien voir. Je pense au type qu’on a balancé dans le canal de Jonage. J’ai hâte d’être dans le train. Elle s’éloigne, digne et lasse. Trois jours plus tard, dans l’avion qui me ramène aux Etats-Unis, un journal par hasard. On a repêché le type, un petit truand local. Règlement de comptes, affirme la police. Voilà, vous savez tout. Huit années ont passé. Je n’ai jamais oublié Gisèle, ses grands yeux tristes, cet appel auquel je n’ai pas répondu. J’y pense même tous les jours. Elle et moi, on était faits pour s’entendre. Et pour Chloé, j’aurais fait un beaupère acceptable. Mes polars se vendent, toutes deux n’auraient manqué de rien. Mais voilà, on s’est quittés trop vite. Ce quai de gare, c’est la fin d’une histoire qui n’avait pas commencé. Gisèle n’a rien proposé, moi non plus. Et maintenant elle a disparu pour toujours. C’est comme ça, on ne peut rien y faire. Son Pierrot, elle n’a jamais cessé de l’aimer, je le sais. Mais pour élever Chloé, elle avait cherché de l’aide. Elle est mal tombée, voilà tout. Ce sont des choses qui arrivent. Tous les hommes ne sont pas des saints. Cela aussi, on ne peut rien y faire. Simon Jallade Prix Agostino 2008
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... / envoyez vos oeuvres www.kiblind.com Simon Jallade
Lauréat 2008 du prix « Agostino » de la nouvelle policière du Quai du Polar www.quaisdupolar.com
CB. Sandjivy
Détail Les Iris noirs acrylique sur toile 100x100 cbs@terremer.com
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Exposition à l’EAC Lyon - IDETH du 10 Avril au 16 Mai 2008 www.guillaumedurand.com
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Parade - Ciné-concert symphonique Le 7 mai à 20h au Transbordeur www.moko.fr // www.aurelien-maury.net
DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE
#41
L’avancée
#Catherine Lalonde
inédit Livre & Lire dans Kiblind : un inédit…
J’avance J’entre dans la lumière Étrangère à moi-même Et mon ombre est devant Mon âme deux pas derrière J’avance en âge Je ne vaux pas mieux que quiconque Je nous vois égarés sur des terres Horizontales d’avoir été domptées Je nous vois ne plus savoir jouir Ne plus savoir prendre douceur Ni où ni quand Enracinés du pire À forcer du poignet et du fer Je nous vois comme des mouches Électriques Tout est autre pendant que tout se sait Et moi j’avance en ne sachant pas vivre * J’avance à chaque pas je grandis de moi-même Je me nourris de la route je m’engraisse Je deviens comme mes frères Ces colosses kilométriques Ces dieux jaloux de roc Je saigne les lieux où je passe Et c’est juste vengeance J’écris comme je tue comme j’avance Pays pris au collet Ses ruades ridicules Cette terre fut un Cap Un monstre une tueuse d’hommes Maintenant je me penche aux cailloux pour leur parler d’amour Seuls mal de mémoire dans ce pays jeunot seuls idée de murs J’écris comme je meurs comme j’avance et ne sachant pas vivre J’arrache chacun de mes pas à la pierraille du chemin *
En collaboration avec Kiblind, Livre & Lire vous propose de découvrir, à travers un inédit, un écrivain qui vit en RhôneAlpes… ou presque ! Car Catherine Lalonde n’est lyonnaise que pour trois mois (jusqu’à la mi-avril), le temps d’une résidence d’écriture qui aura permis à cet écrivain, venu de Montréal, de travailler de nouveaux textes et de se produire sur scène, à travers des lecturesperformances qui ont enthousiasmé le public. Catherine Lalonde nous livre ici quelques-uns des poèmes qu’elle a écrits à Lyon, alors que sort en France son dernier recueil, Corps étranger, coédité par Québec Amérique (Montréal) et La Passe du Vent (Vénissieux). À découvrir... Livre & Lire est le mensuel du livre en Rhône-Alpes publié par l’Agence RhôneAlpes pour le livre et la documentation (Arald). Il propose un regard sur la vie du livre et de la lecture dans notre région, présentée à travers la diversité de ses écrivains, de ses traducteurs, de ses éditeurs, mais aussi de ses librairies et de ses bibliothèques.Disponible sur abonnement et consultable en ligne sur www.arald.org
J’avance avec tes corps dans ma tête et Mon ombre devant et la tienne dedans La ville me rentre aux reins Ses cloches et sa vitesse J’avance avec mon amour en peaux d’oignons Je suis un monde un multiple je te cherche et dehors et dedans J’avance avec tes corps et les guerres Les mains m’en tombent au lieu que de se tendre Dans le panier des scalps et des animaux morts Je prends tes mains les tiennes Je les visse à ma place Et j’apprends Comme tu manges Comme tu rognes tes ongles et tes nerfs à forcer du poignet et à faire Comme tu veux Et j’apprends toutes ces choses que tu fais avec les doigts * J’avance Talonnée par la peur je ne suis plus moi-même Quand je ne t’ouvre qu’un coeur qu’un bras qu’une gifle C’est mon orgueil que j’écrase c’est ma jeunesse Et la neige bleue des bourraches J’avance comme je suis comme je peux Et battante de demi-vivre dans le fond du grenier J’ai ce coeur de sept pêchés ce coeur d’effraie Ce coeur d’hiver monté en graines Rose comme l’épilobe Fragile Et bon pour faire des couronnes Sur les têtes des gamines bon pour laisser De fins pétales emmêlés dans leurs cheveux * Et j’avance comme je vis comme je viens Le vent du nord fait son travail de sape Les branchillons me giclent aux joues J’avance dans mes deux corps Je marche de mes trois coeurs Blanchis par les immeubles Tout bouge et Tout est vertigineux Je suis un monde un multiple qui ne se connaît pas Je rêve d’ajouter ton trouble à mon trouble et ta Bête à ma Bête
DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE
#43
J’avance comme j’aime comme je meurs Fixée sur cette falaise qui marque au loin la fin Le monde derrière n’existe pas n’existe qu’en chute libre Aussi carré que nos coeurs Et au bout j’avance de trop Parmi tant d’autres dans le cassé de la débâcle Je tombe entre les glaces L’eau dessous tonne Libération Tant pis pour les dégâts Je plonge dans ce désordre Je cherche une Parole qui ferait saillie Les mots une Avancée comme les lèvres au baiser J’avance et je nous vois sur la pointe de l’attente Les courants cardinaux m’emportent aux cauchemars Et la Bête cette dernière terre à ouvrir Souffle à mon cou Je plonge Je cueille Très creux Dans les nids d’alouettes Les fragiles perles la miroiterie les promesses Des lumières étoilées dans ma main à échanger Contre ta peau contre toute peau Et ma tête est d’argile Liée à la farine et à l’eau Elle coule entre les doigts J’avance tant que je suis fragile Dans mes deux corps le vent entre Et change nos coeurs de place les bardasse Et j’avance comme je vis comme je meurs spasmée Portée de soubresauts
*
* Je plonge la tête au fleuve pour reprendre mon souffle C’est le monde inversé le miroir d’oxygène Pendant que je respire c’est mon monde Les oiseaux ressemblent à ce que je connais Les sitelles les geais Les corbeaux des crachoirs Leurs chants sont familiers Mais je ne sais si je peux leur coller les noms qu’on m’a appris *
DÉCOUVERTE LITTÉRAIRE
#44
Et j’avance en linotte la tête dans mes questions * J’avance jeunot Comme je vis comme j’écris Le chemin ne demande qu’à être marqué Il y avait des ruines loin derrière et la vitesse J’en parlais en dormant mes machoîres claquaient c’était des pièges Et qu’était-ce que ce monde Mes pas dans la route sont nés avant de naître Je le vois à de tous petits signes et si j’écoute Tout est simple et Un pas devant l’autre Comme je meurs et Comme j’aime Je ne vaux pas un mur Je ne suis pas cernée J’avance contre moi Mes mémoires Sont secrètes Sculptées Dans l’os Par trois cents ans de travailleurs et leurs familles entières C’est dans mon corps On ne voit rien Mais à chaque pas Écoute dans l’avancée Les cloches qui s’envolent *
+ Catherine Lalonde a grandi à Québec et vit aujourd’hui à Montréal. Elle est « auteure », danseuse, performeuse, « tutti-quantiste et multiaskeuse ». Elle lit en dansant, danse en lisant, danse et lit dans un même mouvement qui déborde à la fois à l’intérieur et à l’extérieur. À l’image de cette jeune femme de trente-trois ans et de sa poésie. Corps étranger Après Cassandre, Catherine Lalonde poursuit son exploration à la fois physique et poétique des mots tout au long de ce poème, Corps étranger, « histoire d’un jouir fini, son chant resté, les rêves qu’il fit naître ». Langue éruptive, images bousculées, questions ressassées de l’amour et du temps, du sexe et de la mort, fouilles érotiques au corps et à la phrase, la poésie de Catherine Lalonde emporte beaucoup d’a priori et de soi-disant sur son passage. Elle dit avec violence une vérité – des femmes, des hommes, de ce couple qu’ils forment, probable et improbable – faite de fragilité, de sueur, d’espoir légèrement désespéré. Laurent Bonzon (Catherine Lalonde, Corps étranger, préface de Nancy Huston, Québec Amérique / La Passe du Vent)
Catherine Lalonde
«L’Avancée» paraîtra dans Amérique, Amériques ! Ecrit(s) du Québec - 1608 / 2008. Coédition La Passe du Vent / L’Instant même (printemps 2008).
Libraire et partenaire... Vous trouverez le dernier recueil de Catherine Lalonde, Corps étranger, à la librairie Le Bal des Ardents (17 rue Neuve - Lyon 1er) / www.lebaldesardents.com
Bar à jus de fruits frais + Snack
Jus de fruits frais Soupes fraiches Snack à toutes heures "Si vous n'aimez pas les jus de fruits parlez-en à votre médecin"
Juice'n Co 67 Rue de Marseille Tel : 04 78 96 79 49 Ouvert de 10h00 à 19h00
Ouverture d'un nouveau Juice'n Co Place Ampère, début Mai 08
BAZART/LECTURES+THÉÂTRE
#47
tcc, aulecquiades, etc. Le théâtre des Clochards Célestes reprend la route et prépare une fin de saison effrénée entre le festival de lecture Les Aulecquiades et la présentation de deux pièces de la compagnie Les Yeux Grand’Ouverts, portée par de très jeunes metteurs en scène.
L
e théâtre de la rue des Tables Claudiennes, installé au cœur des pentes de la CroixRousse, fêtera ses 30 ans à la rentrée prochaine. Au cœur du projet de l’équipe emmenée depuis 1986 par Elisabeth Saint-Blancat, une volonté farouche de mettre en avant des projets originaux et contemporains. Prochaine étape, du 9 au 11 avril avec la quatrième édition du festival de lecture Les Aulecquiades. Cette année, six écrivains de la région se voient proposer une lecture publique de leur propre travail dans sept lieux de l’agglomération : la maison des aveugles de Saint-Raphaël à Vaise, la bibliothèque du 4ème arrondissement, les librairies Passages et À titre d’aile, le foyer d’hébergement Gallieni à Villeurbanne, en appartement chez Hugo Verrecchia et le Théâtre des clochards Célestes pour la soirée de clôture. La sélection des lieux s’explique par le désir de modifier le contexte de lecture et par la volonté, pour cette édition, de proposer un travail intensifié en direction des déficients visuels. Au programme : Sylvie Deshors (Les Anges de Berlin - éd. Du Rouergue, 2007), Virgine Ollagnier (Toutes ces vies qu’on abandonne – éd. Liana Lévi, 2007), Daniel Pouthier (Sur la route de Marco Polo), Farid Haroud (Le Mouchoir de mon père), Antoine Choplin (La Manifestation, éd. La Dragonne, 2007) et Franck Pavloff (Le pont de RanMositar, éd. Albin Michel, 2005).
Tous ces auteurs viendront lire durant trois jours un passage de leur livre et partager ainsi avec le public présent une part de leur intimité.
Saison 07_08 / V.2
En plus du festival, deux spectacles de très jeunes metteurs en scène de la Compagnie Les Yeux Grand’Ouverts, 40 ans à eux-deux, viendront clorent cette deuxième partie de saison pour les spectacles adultes : Léonce et Léna de Georg Büchner et Et le ciel m’aimera de Justine Martini. Cette dernière pièce met en scène trois jeunes adultes qui décident d’inoculer à d’autres personnes le virus du Sida, avec leur accord et en toute conscience, afin de redonner un sens à leur vie. Un sujet difficile à traiter pour une première mise en scène. En mai s’il te plait. J. M. + Actualité > Festival Les Aulecquiades 08, du 9 au 11 avril > Léonce et Léna, du 2 au 17 mai > Et le ciel m’aimera, du 21 au 31 mai + Contact/Réservations www.clochardscelestes.com Tel : 04 78 28 34 43 + Crédits phtos Johann Trompat www. johann-trompat.com
BAZART/ASSOCIATION
#49
atelier mastiq
La rue en passe de détrôner les Champs Elysées des galeries lyonnaises accueille depuis 2005 un lieu d’expositions innovantes et audacieuses.
L
’Atelier comme concept emblématique de plusieurs personnes travaillant ensemble et Mastiq comme lien unifiant en sus de la douce euphonie, nul ne doute que l’humain est ici mètre étalon. Sur le modèle d’une simili colloc’ étudiante, un noyau de 5 jeunes artistes issus des arts appliqués partage avec 4 autres un espace de création de 65 m2 rue Burdeau. Parmi eux : Estelle, architecte d’intérieur et designer, et Anliz, peintre et designer d’objets. Loin d’être sectaires, elles décident au gré de leurs rencontres d’ouvrir l’atelier aux œuvres extérieures : tous les 2 mois 1 jeune artiste profite ainsi d’une semaine d’exposition. Pas de direction artistique, les deux jeunes femmes n’imposent aucun droit de regard et laissent à l’artiste choisi la responsabilité des œuvres exposées.
What a feeling
Le concept plaisant, entre autre à de nombreux graphistes bien aises de pouvoir bénéficier d’une belle vitrine, l’Atelier développe son réseau. L’idée germe alors naturellement d’organiser des expos collectives. Guidés là encore par le relationnel, les membres de l’Atelier s’accordent aux manifestations lyonnaises sous forme d’appels à projet. 1er thème et 1er succès : les vinyles. En 2007, Plastiq
Mix fait écho aux Nuits Sonores et prend des airs de soirées : DJ aux platines, rue noire de monde patientant verre à la main pour voir l’expo… La résonance de la vie artistique lyonnaise se poursuit. Like a Virgin, lors de la Fête des Lumières 07, ramène sur Terre Vierges et Madones sans trasheries ; et Balistiq, à l’occasion des Quais du Polar 08, fait des spectateurs les premiers témoins de scènes de crimes arty. Des concepts frais qui plaisent, puisque l’expo Plastiq Mix est successivement invitée à Strasbourg puis à Avignon. Loin de vouloir forcer les choses, Anliz et Estelle souhaitent poursuivre l’ascension comme elle vient. Si l’Atelier n’a pas vocation à se transformer définitivement en galerie, il persévèrera à présenter un large spectre de disciplines artistiques plastiques, en allant peut-être vers de l’installation, toujours avec de jeunes artistes. Et toujours par la rencontre. G. J. + Contacts 41 rue Burdeau (Lyon 1er) www.myspace.com/ateliermastiq http://ateliermastiq.free.fr/ + Actualité 08 mai > Plastiq Mix 4 + DJ Illogic 24 mai > Journées portes ouvertes de la rue Burdeau
BAZART/MUSIQUE
#51
no mad ? Influencé par les musiques nomades de l’Est, No Mad ? s’illustre par ses variations intempestives aux couleurs jazz et rock. Des mondes qui se rencontrent et une histoire qui se chante, notamment à travers leur nouvel album : Casa de Clovni.
O
n les avait déjà croisés une fois, en octobre 2006, lors du festival « Lézart en sauce » organisé à la MJC Montplaisir. La formation grenobloise, qui jouait en première partie de Mango Gadzi (cf. Kiblind n°13), nous avait fait une impression inoubliable, tant au niveau de sa qualité musicale que de l’énergie ahurissante déployée sur scène. Un klezmer jazz rock percutant, accompagné d’une chanteuse incroyable, qui sortait de sa gorge les sons d’une langue fantastique, à une cadence vertigineuse. Un coup de foudre. Mais une magie qui s’estompe dans un bruit de couloir : ce sera leur dernier concert, car la chanteuse quitte le groupe. Dommage. Triste quiproquo, en fait. Car bien loin d’interrompre l’aventure, No Mad ? sort aujourd’hui son deuxième album… Et après ce temps passé dans l’ignorance, les sensations de la première écoute sont restées intactes. Sous-titré « Jazz cartoon balkanique », No Mad ? explore les régions traditionnelles klezmer et tsiganes, avec ses influences occidentales, sa fantaisie et sa vitalité. En concert, une ambiance invraisemblable de cave obscure : sculptures lumineuses à base de tuyau de cuivre, roues de vélo, loupiottes éparpillées ça et là derrière une nappe de fumée. Un univers fantasmagorique et improbable animé par sept musiciens : Thomas Belin (contrebasse), Benoît Black (saxophones, flûte, guitare électrique), Julien Cretin (accordéon), Nicolas Lopez (violon), Pierre Lordet
(clarinettes), François Vinoche (batterie, percussions), et Elodie Lordet, la « nouvelle » vocaliste, ô combien véloce et talentueuse.
Casa de Clovni
Après Où est Gaspard ?, les No Mad ? viennent tout juste de sortir leur second album : Casa de Clovni. Un nouvel opus qui se présente comme un conte, entre différentes « maisons de clowns », où des personnages fabuleux (La Comtesse, L’Ogresse), côtoient par interludes un chant de Yunus Emré ou une référence à Dante. Alternant entre roumain, judéo-espagnol ou turc, chaque titre a sa métamorphose, et surprend son auditeur quand la langueur susurrée fait soudain place à une envolée fulgurante. Une succession d’univers éphémères qui s’écoute comme une histoire, qui provoque des images et titille le frisson. Et même s’il est souvent jugé « plutôt calme » en comparaison du dynamisme que le groupe déploie sur scène, les talents d’orchestration, le souci de la nuance et l’émotion qui s’y trouvent, font de cet album une petite pierre précieuse. J.T. + Actu > No Mad ? en concert le 22/05 au Marché Gare (Lyon 2e) + Infos et extraits > www.no-mad.org et myspace.com/nomadklezmer
Du Lundi au Vendredi de 18h à 20h ‘HAPPY HOURS & Tapas’ Du Lundi au Mercredi de 18h à 1h Du Jeudi au Samedi de 18h à 3h 7, rue de la Martinière, 69001 Lyon www.soda-bar.fr - myspace.com/sodasoulnspirits
Wi Fi
ZONE
BAZART/MUSIQUE
#53
we are terrorists
Video attentatoire, identités dissimulées et propagande sur le net, y a-t-il réellement des terroristes à Lyon ?
U
ne chose est sûre, ce duo n’en est pas à son coup d’essai puisqu’on a cru apercevoir ses membres au sein de Casino Inc, Low Cost ou Hiroshima. Des informations tendraient même à prouver que c’est malmenés par les considérations un peu rustres d’un Directeur Artistique quelconque que les 2 amis auraient décidé de prendre le maquis. Les sentences vipérines prononcées à l’encontre du bon Dr Jekkyl ont ainsi éveillé Mr Hyde : la voix est saturée, les guitares distordues, les paroles grinçantes. Le style plait, à l’évidence, mais reste à se conformer au moins à la règle première du terroriste débutant : le buzz. Le morceau propagande Rejoins-nous est calibré à cet effet. Cité par les Kidz chéris, fluos et by colette, poussé par une campagne myspace bien organisée, le titre se transforme en quasi tube. Et si se faire entendre c’est déjà beaucoup, se faire voir aussi, c’est encore mieux. Rejoins-nous est clippé, le masque reste mais les tours tombent (pour de vrai !).
Because we… are… your friends
Plus franc-tireur que réellement terroriste, WAT ne s’impose aucune limite, au moins musicale. Reste de la saine schizophrénie de ses membres, le groupe
aborde disco, pop, rock ou electro avec la même envie et le même talent. Les diverses expériences des membres font que, loin de vouloir coller à une étiquette electrorock fort courue, ils préfèrent s’écarter d’une trop simple unité artistique pour exister en dehors des vagues d’influences. Sabrant à bon droit, mais non sans humour, écrivaillons du web et personnel de label persuadés que leur bon goût a valeur universelle, les Terrorists mettent en revanche un point d’honneur à respecter un public pour lequel ils suent sang et eau sur scène. Riffs acérés, beats meurtriers, ça faisait longtemps qu’une bombe non organique n’avait pas fait autant de bien, et si WAT risque de faire sauter quelque chose, c’est bien la banque. Alors fous ta cagoule et burn your club. G. J. + Infos www.myspace.com/weareterroristsmusic + Visuel > Avril : sortie d’Alexandrie Alexandra sur la compile Hommage à Claude François (Believe Myspace / Montecarlo Records) > Mai : sortie de Ground Zero sur la compile « Virgin presents Virgin » > Eté : sortie du Ep (Gourmets Recordingz)
BAZART/COLLECTIF
#55
let’s the music play
Il n’y a pas de hasard bien sûr, il n’y a que des rendez-vous. C’est donc une heureuse convergence qui a réuni 6 designers graphiques de toute la France sous la bannière du Collectif Play.
E
norme Big bang sur le Net. Une nouvelle fois. Bastardgraphics, graphic designer lyonnais, rencontre 2 coreligionnaires parisiens melka et ease sur un forum, puis sympathise via myspace avec des artistes toulousains dont il apprécie le travail. Vient la Nuit, sonore. Désireux de s’éloigner du set VJ conventionnel, le staff d’Images Sonores a l’idée saugrenue de confier l’animation vidéo d’un live au jeune graphiste, pourtant inexpérimenté en la matière. L’occasion de collaborer avec ease & melka, d’abord réticents à l’idée de mixer des samples de film, et finalement séduits par la liberté laissée, l’importance de l’événement et la qualité du set musical. Idée lumineuse puisque l’équipe du festival, enchantée par les premiers éléments présentés par les 3 artistes, leur propose le all night long. Un joli pari qui permet d’enrôler Pierre Vanni, Le Neopen et elr°y, le crew toulousain qui a d’ailleurs déjà bossé sur de la vidéo.
Une nouvelle dimension acoustique et esthétique
Premiers travaux communs donc, premières rencontres physiques même, premiers pas, nouvelle discipline et… un coup de maître. Le défi est relevé haut la main sur un set de choix (Apparat, Ellen Alien ou Miss Kittin). et le Bastardgraphics & friends devient le Collectif Play quelques mois plus tard.
Ce qui aurait pu causer leur perte fait leur force : le groupe est composé pour moitié d‘autodidactes. Chaque artiste possède son propre univers, et sa spécialité : 3D, motion design, animation flash ou installation. La distance, et la volonté de faire du live video et non du VJing, leur offre le plaisir de découvrir en direct certaines fois les nouvelles créations des camarades. Bref, tout ce qui conditionne une saine émulation. Le collectif plait, et joue avec de grands noms de la scène éléctro internationale, s’essayant même au Hiphop, ou au rock à Marsattack. 1 an à peine d’existence, et Play nourrit déjà de nombreux projets. Continuer le live video bien sûr, tout en se tournant vers la scénographie. Le Neopen œuvre au design du set de Danger, ease et Bastardgraphics à celui de Spitzer et melka de Nil ! Une réflexion globale sur la scène qui les amène par ailleurs à reconsidérer le rapport au public et son interaction avec l’artiste. Rétines et pupilles, on a les yeux qui brillent. G. J. + Actualité : > 10 Avril : BéO Festival au Divan Du Monde - Paris > 04 Mai : PLAYground à la Galerie GHP - Toulouse > 07, 08, 10 Mai : Nuits Sonores Festival (les invités vidéo : Phantom, DeesK et No-Domain) + Infos : www.play-collective.net www.myspace.com/play_collective
GRAVENHURST
JEAN-JACQUES ROUSSEAU
SCRATCH + DAVID X + ECLIPSE + UNDER KONTROL08
GENRE> MUSIQUE LIEU>LA MARQUISE DATE> 18/04
MANUEL HERMIA
GENRE> THÉÂTRE LIEU> POINT DU JOUR DATES> DU 26/03 AU 11/04
« Trente années après sa naissance à la scène, , la figure provocatrice de « JeanJacques » et sa belle prose rageuse nous ravissent et nous stimulent toujours. […] Quelques pages arrachées aux Rêveries du promeneur solitaire, aux Confessions et à La Lettre d’Alembert, dessineront, durant une heure de temps, en forme de monologue, le protrait fragmenté d’un « héros » de la littérature française. » Michel Raskine
LES DEUX ORPHELINES
GENRE> CINÉMA LIEU> CINÉMA COMOEDIA DATE> 10/04
GENRE> MUSIQUE LIEU> ÉPICERIE MODERNE DATE> 12/04
Le Beatbox (BB), ou l’art de créer un rythme en l’associant à d’autres instruments, en même temps et avec sa seule voix. Une très belle prog proposera Scratch (The Roots), Eklips qui mixe BB et imitations bluffantes de rappers (de Busta Rhymes à Booba), David X musicien autodidacte qui allie BB, violon et scratch et Under Kontrol qui regroupe des artistes de toute la France, dont les doubles champions nationaux de beatbox par équipe.
JUSTIN NOZUKA
GENRE> MUSIQUE LIEU> MARCHÉ GARE DATES> 15/04
GENRE> MUSIQUE LIEU> HOT CLUB DATE> 23/04
RETROSPECTIVE JOHNNIE TO
GENRE> CINÉMA LIEU> INSTITUT LUMIÈRE DATES> JUSQU’AU 27/04
Avec près de trente ans de carrière et une quarantaine de réalisations, Johnnie To est l’un des metteurs en scène les plus en vue de Hong Kong. Alors que sort sur les écrans français Mad Detective, l’Institut Lumière propose sept de ses films afin de capter l’intensité et l’énergie de ce cinéaste habitué des films d’action et de gangsters.
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07
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ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES
#57
by pass NUEVO BALLET ESPAĂ‘OL
GENRE> EXPO LIEU> IAC DATES> DU 16/05 AU 21/09
LADY IN THE DARK GENRE> DANSE LIEU> TOBOGGAN DATE> 15/05 GENRE> COMÉDIE MUSICALE LIEU> LA RENAISSANCE DATES> DU 28/04 AU 7/05
HEY HEY MY MY + FINALE STARZIK CONTEST
GENRE> MUSIQUE LIEU> NINKASI DATE> 30/04
ON EST LES CHAMPIONS
GENRE> THÉÂTRE LIEU> LES ATELIERS DATES> DU 14/05 AU 17/05
AMBITION D’ART
Les deux jeunes directeurs artistiques du Nuevo Ballet Espaùol cherchent a infuser du sang neuf dans le flamenco, en se tournant vers des horizons plus contemporains. Leur nouveau spectacle, El Alma, est une sÊlection de chorÊgraphies auxquelles s’ajoute une nouvelle crÊation, De la Cenizas. Elle aborde le thème du dÊsamour, la lutte pour reconstruire et retrouver les sentiments profonds, les Êmotions enfouies essentielles à tout crÊateur. -!) 4(³Ž42% /##50³
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MAI 68 : THÉÂTRE ,%3 %4 -!)OCCUPÉ ( 352 -!)
GENRE> THÉÂTRE LIEU>NTH8 DATES> 16/05 ET DU 23/05 AU 30/05
FESTIVAL BRUT DE FABRIQUE
GENRE> THÉÂTRE LIEU> IRIS DATES> DU 20/05 AU 31/05 Les soirÊes festives de Brut de Fabrique proposent de dÊcouvrir talents confirmÊs et premières expÊriences de la scène, pour satisfaire la curiositÊ de tous. Du jeu sous toutes ses formes, avec, entre deux spectacles, des repas à interludes musicaux ou thÊâtraux. Un bon moyen de se laisser surprendre par les comÊdiens, pour entrer dans l’ambiance si particulière de cette manifestation pendant laquelle le spectacle vivant prend ses quartiers d’ÊtÊ.
AUTRE COUTURE
#59
Fred_kiblind 01 (mai+juin 04) Polo Jakes by Skunkfunk
une sacrée bande de mecs sympas
Arno_kiblind 02 (sept+oct 04) Tee I love NY... by Projet M + Jacket Joxemi by Skunkfunk + Lunettes by Cutler & Gross
David_kiblind 03 (nov+déc 04) Tee Paloma by French Loser + Bracelet Atoll by Rosa Verde
Camille_kiblind 04 (jan+fév 05) Tee Suelen girl by Swonki + Manchette nœud by Christiansen + Lunettes My bright future by Paul Franck
Blandine_kiblind 05 (mars+avr 05) Robe Belia by Skunkfunk + Boucles by Pony Cha + Sautoir Eiffel by Lollipops
JB_kiblind 06 (mai+juin 05) Veste cuir by Kiliwatch + Tee Lunar by Boxfresh
Simon_kiblind 07 (sept+oct 05) Tee Champ by Cindez + Cardigan by Cindez
Estelle_kiblind 08 (nov+déc 05) Jacket Emma Peel by Kulte + Top Lune by Zoé + Lunettes Monaco by Penguin + Boucles dispo chez Rosa Verde
Brice_kiblind 09 (jan+fév 06) Chapeau Jazz by Atlantis + Tee Mendosa by Kulte + Lunettes by Cutler & Gross
Jean_kiblind 10 (mar+avr 06) Tee Danger by Kiblind Art Tee + Lunettes Skyeyes
Kinga_kiblind 11 (mai+juin 06) Top Sogreso by Naiah + Pendentif Robot dipo chez Rosa Verde
AUTRE COUTURE
#61
Julien_kiblind 12 (oct+nov 06) Hoodie Haller by Boxfresh + Pendentif dispo chez Rosa Verde
Anaïs_kiblind 13 (déc+janv 06) Tunique Camille by Zoé + Bracelet by Marion Godard
Guillaume_kiblind 14 (fév+mar 06) Tee Twiggy by Jonitoy
Marie-Laure_kiblind 15 (avr+mai 06) Robe Maggie by Boxfresh + Lunettes by Cutler & Gross + Boucles Bang Bang by Candice Petit
+ MARION GODARD, ATOLL > Dispo : Rosa Verde / 3 rue de la Fromagerie, 2ème / 04 72 07 00 75 + BOXFRESH, KIBLIND ART TEE > Dispo : La loge de mr B / 62 rue Sala, 2ème / 04 78 37 68 54 www.lalogedemrb.com + SWONKI, NAIAH, KOSHKA MASHKA, CATHERINE RABAL, CHRISTIANSEN, CANDICE PETITE, PONY CHA > Dispo : Tube à Essai / 19 rue Leynaud, 1er / 04 78 29 46 02 / myspace.com/tubeaessai + CUTLER & GROSS, PENGUIN, OLIVER GOLDSMITH, PAUL FRANCK > Dispo : Entre [vues] / 17 rue Auguste Comte, 2ème / 04 78 38 02 58 + LOLLIPOPS > Dispo : Lollipops / 48 rue Herriot, 2ème / 04 72 41 73 79 / www.lollipops.fr + BY ZOE, ATLANTIS, KILIWATCH, JUNK DE LUXE, KOSTYM, CINDEZ, GAT RIMON > Dispo : French Fries / 4 rue Grenette, 2ème / 04 72 41 90 20 / www.frenchfries.fr Élise_kiblind 16 (juin+juil 06) Chemise Noémie by Gat Rimon + Boucles by Marion Godard + Bague dispo chez Rosa Verde
+ KULTE > Dispo : Kulte / 16 rue Chenavard, 2ème / 04 78 28 08 52 / www.kulte.fr + PROJET M > Dispo : Dope Shop / 10 rue d’Algérie, 1er / 06 19 99 34 52 + SKUNKFUNK > Dispo : 25 rue Paul Chenavard, 1er / www.skunkfunk.com/
shop
AUTRE COUTURE
#62
Camille_kiblind 18 (déc+janv 08) Robe militaire by Koshka Mashka + Lunette Sandy by Oliver Goldsmith + Collier medaillon by Catherine Rabal
Matthieu_kiblind 17 (oct+nov 07) Chemise Basic by Kostym
+ MARION GODARD Bercées par les cultures italienne et tunisienne, les 2 soeurs nourrissent une admiration pour l’Art nouveau et l’Art déco, et pour de riches matières naturelles comme le bois, la corne, ou la nacre.
+ JONYTOY Inspiré par l‘art, la musique et les 60’s/70’s, Jonytoy exploite le Tshirt comme support d‘expression. Chaque pièce est unique : tirage limité et numéroté, sérigraphie à la main. La première collection BLACK STROKE ON WHITE sera présentée au Marché de la mode vintage à Lyon le 17 mai 08.
+ CHRISTIANSEN Jeanette CHRISTIANSEN est née au Danemark, parle anglais et travaille à Paris… Le résultat de ce mix culturel, ce sont des accessoires de belle facture, originaux et colorés. Élodie_kiblind 19 (fév+mar 08) Tee Nora crew by Kulte + Boucles Vinyle by Candice Petite
+ NAIAH Créée par 2 jeunes réunionnaises, Naiah voit la mode de façon éthique et utilise des matières biologiques comme la fibre de bambou. Des matières douces et confortables et des collections qui s’inspirent à chaque fois d’un pays différent.
+ KOSHKA MASHKA Rencontre entre Orient et Occident, Mari l’arménienne et Vanessa la martiniquaise allient l’art ancestral du tricot arménien et la fantaisie des îles, pour des créations aux matières raffinées comme la soie ou le lin satiné.
+ PONY CHA Un univers funky et coloré où boules à facettes côtoient pommes et pastèques. Des sautoirs, bagues et broches qui donne du relief à la tenue la plus basique !
+ CATHERINE RABAL L’image, omniprésente dans l’univers décoratif contemporain, est au centre de ces créations faites main qui réactualisent le médaillon.
+ CANDICE PETIT Jérémie_kiblind 20 (juin+juil 08) Chemise Jacoby by Junk de Luxe
Les délices de Candice sont de petits bijoux d’inspiration vintage, créés en série limitée. Originaux, les filles porteront outils, disques et pistolets aux oreilles.
créateurs
PAUSE
# 65
souvenir
ĂŠmulie (www.myspace.com/matibouille)
LE KI
#66
ki saura, ki sera, et qui l’est déjà
I
l était 9h du matin. Le réveil sonne. Je l’éteins… mal. Il… sonne encore. Je me lève. On prend une douche. Assez chaude pour être confortable, mais pas trop, pour vous réveiller aussi. On s’habille avec ce qui est propre ou ce qu’on aime vraiment. Un petit brossage de dents. Une petite sélection de chansons si on a le temps, et puis si on ne l’a pas, tant pis. On fera avec du vieux. Alors on est peut-être pas encore prêt mais il est l’heure. On y va. On a des obligations. Elles nous occupent, plus ou moins, toute la journée. Du boulot, des cours, des interros, des rendez-vous, des opérations… plein de trucs. On rentre. On prend la voiture, le métro, le bus, on marche. On croise des gens. On se regarde, on fuit le regard ou on le soutient. Une personne inconnue vous regarde et parce qu’elle vous plaît peut-être, comme ça à première vue, vous soutenez le regard. Il ne se passera rien, mais on s’en fout. Osef. On est devant chez soi. On prépare ce qu’il reste de frais ou de surgelé. On mate un petit DVD. Et à un moment, il se passe quelque chose. Venu de nulle part. On ressent un drôle de truc. Quelque chose que l’on ne sait pas vraiment définir, mais qui est là. Un coup de blues ? Non. De l’excitation ? Non non… Non plus.
Simplement quelque chose. C’est sans doute pour ce seul moment que notre journée a existé. Qui sait ? Pour moi ce fut le cas. Et j’ai compris tout un tas de trucs à ce moment-là. J’ai compris Elliot, j’ai compris Léa, j’ai compris Näelle, j’ai compris. Je crois. Les choses ont du sens. Nous devrions tous avoir envie de les comprendre. De les explorer. Sans se prendre la tête non plus bien sûr. Mais juste en étant un peu à l’écoute. Croyant qu’à chaque instant, quelque chose peut se produire. A chaque instant, quelque chose se produit. Serez-vous prêts à l’entendre ? Serez-vous prêts à l’écouter ? Serez-vous prêts à le sentir, à le capter, à l’appréhender ? Je le souhaite. Terre qui tourne amasse de la mousse. Pierre qui vole emporte le cœur. J’aime la vie, je la porte en moi. A ciao. M. S.
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2001
culture blender