Kiblind #23

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Kiblind magazine Gratuit

NumĂŠro 23 DĂŠcembre-Janvier 09

Culture Blender www.kiblind.com



www.kiblind.com/concours

couverture + cahier spécial étudiants des écoles d’art de la région Rhône-Alpes + Genève

spécial écoles d’art

kiblind n°26

appel à participation



SOMMAIRE 05

Edito 7

Songe de Slum Art

aaaaaaaaaiaiaiai

L’oie 8 Vu par… 11

Jean-Luc Lehmann

aean-auc aeamann

Dossier 12

Live is not dead

aive is noa aeaa

Anachronique 19 La Villa Diodati

aa aiaaa aioaaai

Revue de presse 20 La Crise

aa arise

Globe 23

Saint-Leu Berlin Buenos Aires Yverdon-les-Bains Valencia Mexico Kiev

aaina-aeu aerain auenos aires averaon-aes-aains aaaencia aexico aiev

Pages Blanches 27

Marine Caudry Nine Madame Lapin Nine Karine Courville + Simon Bournel Julie Chovin Le Rieur Elshopo Sixo

28 29 30 31 32 36 38 39 40

KIBLIND N°23 Couverture : Nine Antico, Limonade www.myspace.com/nineantico En partenariat avec la revue Trois jambes, Un bigoudi éditée, produite et distribuée par Barbe à Pop (http://www.myspace.com/edward_gorey) Directeur de la publication > Jérémie Martinez // Direction rubrique > Ecran et Cahier Mode : Guillaume Jallut / Globe et Pages Blanches : Jérémie Martinez / Anachronique, Print, Bazart et By Pass : Jean Tourette / L’Oie, Vu Par, Dossier et Revue de Presse : Gabriel Viry. Rédaction Kiblind > Gabriel Viry + Jean Tourette + Jérémie Martinez + Guillaume Jallut + Matthieu Sandjivy + nos correspondants/amis // Réalisation Cahier Mode > Direction artistique : Baptiste Viry / Photos : Alain Delorme . Graphisme > Jérémie Martinez + Arnaud Giroud (www.pitaya-design.com) + Kinga Sofalvi (www. sogoud.com) + Simon Bournel-Bosson (http:// mrbiscuit.carbonmade.com/) // Maquette > Jérémie Martinez // Relecture > Frédéric Gude .

Print 44

Gasface Trois jambes, Un bigoudi Tébessa 1956 Terrenoire A Diagonal Trip Sol Carrelus Éditions ADERA

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Bazart 48

Direction artistique > Jérémie Martinez ////////////////// Direction développement > Gabriel Viry ///////////////// Direction communication > Guillaume Jallut ///////// Direction commerciale > Jean Tourette /////////////////// Imprimerie JM. Barbou / ZAE Bondy Sud - 8 rue Marcel Dassault - 93147 Bondy Cedex / 01 48 02 14 14 / contact@imprimerie-jmbarbou.fr Le magazine Kiblind est édité à 20 000 exemplaires par Kiblind Corp. / SARL au capital de 15 000 euros / 507 472 249 RCS Lyon / 4 rue des Pierres Plantées 69001 Lyon / 04 78 27 69 82 / www.kiblind.com / Contacts : initiale du prénom.nom@kiblind.com Le magazine est diffusé à Annecy, Genève, Grand Lyon, Grenoble, et Saint-Étienne. ISSN : 1628-4046 // Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. Karfunkel ist ein Hund.

La Tête vide Monofocus Artfeast Gourmets recordingz Espèces d’espace Arbres et Lumières

aa aête viae aonoaocus araaeasa aourmeas recorainaz asaècea aaesaace arares et aumières

By pass 55 Commandant Carotte 63 Écran 64

Potemkine Les Derniers jours du monde Otherland Mirror’s Edge

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Cahier mode 67 Wearetheneons Special Accessoires Modopola

ae are aae neons aaeciaa accessoires aoaoaoaa

Chronique du Ki 82



ÉDITO 07

Songe de Slum Art a Pas de quoi non plus se croire dans le East Village des seventies, mais la région prend de sérieuses allures de mur géant dédié à l’art de ses contemporains. Pour ces deux mois de froidure, Kiblind met sa petite doudoune, son caleçon long Damart et se transforme en catalogue d’expositions. Pas moins d’une douzaine de manifestations dédiées à l’art, disséminées dans ce 23e opus. Du coup, ça devient une évidence : on peut compter sur Jackson, Mark et Pierre pour définitivement repartir à zéro1. Malgré tout, avec trois jambes et un bigoudi2 et un bon vieux syndrome de Tourette3, on a un sérieux handicap pour tout contrôler aujourd’hui pour décider demain4. Même si on connaît Sixo5. Et vu qu’on ressemble à rien, souvent, on se fait insulter : « Espèces d’espace6 ! ». On s’énerve, classique, et on rétorque : « Fabricateur7 ! ». Et là, bizarrement, l’autre change complètement de ton et essaie de nous encanailler en nous parlant en ricain, puisqu’on aime bien ça dans l’art contemporain : It’s just a diagonal trip8, man, you know ? Between you and me9. You need a glow in the dark10... So watt11 ?… Juste le temps d’esquiver le faussaire, d’oublier ces vieilles rémanences2 et de reprendre le chemin des affaires. Le retour imaginaire12 ? (1) Musée de Beaux-Arts (2) Galerie Ooblik (3) Centre culturel de la Tourette (4) Fort du Bruissin (5) Galerie All Over (6) Le Magasin (7) Institut d’art contemporain (8) Hixsept (9) Musée d’art moderne (10) Galerie At Work (11) Musée d’art et d’industrie (12) Le Rize

© Pierre-Louis - misterbouvier.com


l’oie

L’oie du plus fort

Jusqu’au 11 janvier, le Fort du Bruissin - Centre d’art contemporain présente Contrôler aujourd’hui pour décider demain. Ce programme réunit 2 expositions personnelles : franckDavid et Florence Lazar. Le titre suggère une disjonction temporelle, entre le slogan politique quasi inaudible aujourd’hui et le marketing poétique agressif. + d’info :

1/ 4 décembre, La Bobine (Grenoble) : Scratch Bandit Crew. Shebam, scratch, blop, wizz ! www.projetbob.com 2/ Du 4 au 6 décembre, Auditorium de Lyon : « Quinze timbales pour des sensations fortes ». Comme son nom l’indique, entre Haydn et Dvorak. www.auditoriumlyon.com

www.mairie-francheville69.fr

3/ 5 décembre, Summum de Grenoble : Razorlight, nouvelle lumière de la pop rock british, formé par l’ancien « conseiller » des Libertines. www.summum-grenoble.com

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4/ Jusqu’au 7 décembre, Villefranche-sur-Saône : 13e Rencontres du cinéma francophone en Beaujolais. www.cinespikfrench.com 5/ Du 10 au 21 décembre, Salle des Eaux Vives (Genève) : Empreinte et Kellem, par le danseur chorégraphe Filibert Tologo. Une création. www.adc-geneve.ch 6/ Jusqu’au 15 décembre, Fondation Bullukian (Lyon) : Exposition de Mohammed Khadda. Peinture algérienne contemporaine. www.bullukian.com

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7/ Jusqu’au 20 décembre, Le Rize (Villeurbanne) : Retour imaginaire. Exposition de photos d’Atiq Rahimi, Prix Goncourt 2008. www.villeurbanne.fr 8/ Jusqu’au 4 janvier, Le Magasin (Grenoble) : Exposition Espèces d’espace. www.magasin-cnac.org 9/ Du 7 au 9 janvier, Grand Théâtre de Grenoble : Blanche Neige, de Angelin Preljocaj www.mc2grenoble.fr 10/Jusqu’au 21 janvier, Musée d’Art moderne de Saint-Étienne : Antony Gormley, Between You and Me. Trois installations monumentales autour du corps. www.mam-st-etienne.fr 11/ Du 21 au 27 janvier, Cinémas « Art et Essai » de la région : Festival Télérama. Pour revoir les meilleurs films de l’année 2007. Passeport disponible dans le magazine (3 euros l’entrée). www.telerama.fr 12/ 30 janvier, Grand Théâtre de Grenoble : Daniel Darc. Le rescapé de Taxi Girl n’a pas dit son dernier mot, mais porte toujours très bien son nom… www.mc2grenoble.fr 13/ 31 janvier, Le Polaris (Corbas) : la Nuit du Polaris (spectacles courts et vivants) sur le thème des « Enchantés ». www.lepolaris.org 14/ Jusqu’au 2 février, Musée des Beaux-Arts de Lyon : Repartir à zéro, comme si la peinture n’avait jamais existé (1945-1949). Du Pollock, du Soulages, du Rothko. www.mba-lyon.fr 15/ 4 février, sortie du Kiblind n°24.

Superflux

Comme chaque année, le 8 décembre revient. Et comme chaque année, la galerie Tator, à Lyon, vous donnera raison de passer par la Guill’. Superflux est le côté obscur de la Fête des Lumières : la manifestation propose à une quarantaine d’artistes, designers, vidéastes, plasticiens, artistes, architectes, graphistes, paysagistes et photographes, d’ « éclairer » l’ensemble du quartier. Du 6 au 8 décembre. www.rogertator.com

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OIE 09

Jeu de soie

La France et le Japon fêtent, cette année, 150 ans de relations commerciales. Quand l’art rencontre les affaires, il y a, entre la région Rhône-Alpes et l’Extrême-Orient, un certain fil à suivre. La 2e édition du Festival des villes d’art et de soie est organisée jusqu’au 1er février, dans plusieurs villes de la région : Lyon, Bourgoin, Romans, SaintÉtienne. Conférences, spectacles, projections, expositions de jeunes créateurs japonais (stylistes, photographes, chorégraphes). A Saint-Etienne, par exemple, le Musée d’art et d’industrie lance une invitation au voyage : celui des jeunes créateurs de mode nippons.

One moment, one movement

Depuis 2006, les « Momentanées », à Saint-Étienne, sont trois jours de création chorégraphique, animés par plusieurs compagnies locales. L’édition 2008, organisée du 16 au 18 décembre, permet de découvrir les danseurs des Ballets Contemporains (Cie les Orteils de sable), de Litécox, P.A.R.C, 2000 et une tentations, Gradiva et La Trisande. Six chorégraphies sont au programme : pour le bonheur des pattes d’oies ! http://momentanees.blogspot.com

www.regardsud.com

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L’oie Arthur

On aime bien Arthur H, petit gabarit à grosse voix, pour son univers déluré qui montre que les « chanteurs à texte » savent faire autre chose que de l’hyper-réalité. L’homme du monde, son dernier album, passe parfois par l’espace. Et quand il redescend, ça se découvre au Fil de Saint-étienne, le 11 décembre, ou dans Annemasse à Château Rouge, le 12, entre Genève et Annecy.

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www.arthurh.net

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Barre 220

Depuis 2005, le Projet Sputnik est un satellite artistique mis en orbite dans le quartier de la Duchère : installation de musées éphémères, performances d’artistes, implication des habitants, etc. Le 7 décembre, le collectif La Horde De, porteur du projet, va encore frapper. Parabole, « perfomance artistique et humaine extraordinaire », consiste à « splasher », en 60 minutes chrono, les 2 700 m2 de la tour 220, grâce à une armée de 250 peintres munis de rouleaux à manche téléscopique… www.lahorsde.com

Bouffon de l’oie

Doit-on se méfier d’un Roberto Benigni qui entreprendrait, à travers le monde, un voyage comico-poétique dans le monde de la Divine Comédie ? Après un succès colossal en Italie, le comédien passe les Alpes pour poursuivre son one man show autour de l’œuvre de Dante Alighieri. Le 10 décembre, au Théâtre Leman de Genève, puis le 11, à la Bourse du Travail de Lyon. Si ça vaut un pic, ne visez pas le foie : nos oies n’ont fait, dans tout ça, qu’une crise d’info… ww.tuttodante.it



VU PAR 11

mr.lehmann

Créative, intelligente et décalée, la radio suisse Couleur 3 vient de quitter officiellement la France. Mais pas le terrain de l’émergence. Jean-Luc Lehmann, son directeur actuel, nous explique comment… K - Couleur 3 est en train de quitter la France. Pourquoi ? JLL - Le fait pour une radio d’avoir des émetteurs à l’étranger était quelque chose d’unique. Il y a quinze ans, le directeur de la RSN* a rencontré le CSA puisque des radios françaises émettaient vers la Suisse. La réplique n’étant pas possible, le CSA a concédé, pour Couleur 3, quelques émetteurs en France. Il y a eu de nombreuses demandes ailleurs, de la Bretagne au sud du pays, mais nous n’avons pas pu obtenir d’autres émetteurs. Au départ, en Rhône-Alpes, une petite équipe a récupéré le signal. Depuis quelques années, c’est un groupe privé, Virage, qui n’a pas les mêmes intérêts. Pendant quelques temps, on a pu se mettre d’accord, notamment sur la grille. Mais les divergences sont devenues trop importantes.

K - Couleur 3 a toujours eu un rôle important dans l’émergence de nouveaux artistes. Et aujourd’hui ? JLL - La radio a toujours été à l’affût de nouveaux talents. Depuis quatre ans, on fait un gros effort sur les artistes suisses. C’est d’ailleurs une tendance européenne : les radios s’intéressent de plus en plus à leurs artistes nationaux. A Couleur 3, on diffuse 22 à 25 % d’artistes suisses. C’est énorme. Quand un artiste commence à passer sur une radio, il crée davantage, les salles de spectacles l’accueillent, etc. : la radio joue un rôle important. Actuellement, on monte aussi une web radio, Francosonic, avec nos homologues francophones. Chacun y expose ses artistes régionaux. L’idée, c’est de créer quelque chose de pérenne, qui puisse permettre aux artistes d’être diffusés plus largement.

K - La radio numérique apparaît en France et fait débat. Qu’en est-il en Suisse ? JLL - On est sur un système numérique depuis une dizaine d’années qui, pour l’instant, ne décolle pas. D’ailleurs, il est très compliqué d’obtenir un récepteur numérique. Au niveau européen, un seul marché a décollé : l’Angleterre. Ailleurs, tout le monde se cherche. A titre personnel, je pense que c’est un système de transition. Le jour où l’on aura de l’Internet partout, par exemple avec le Wimax, la radio numérique disparaîtra.

K : Pouvez-vous nous donner des exemples d’artistes en phase d’émergence ? JLL - Il y en a plein. Il y en a une qui, à mon avis, va faire une carrière internationale : Sophie Hunger. Hormis elle, le nombre d’artistes suisses est hallucinant aujourd’hui. Je pense par exemple à Aloan, qui a fait l’habillage de nos infos. On a lancé, avec l’ensemble des radios publiques suisses, un site Internet qui fonctionne très fort : MX3. C’est une plateforme sur laquelle les artistes viennent déposer leur musique. Ca leur permet de se faire connaître. Et ça nous sert aussi…

Itw: G. Viry C3 en quelques dates : 1982 : création de Couleur 3 1993 : lancement de l’antenne lyonnaise 1996 : diffusion à Grenoble, Chambéry, Chamonix 2003 : arrivée de Jean-Luc Lehmann. Mission : « reconnecter la radio avec le monde d’aujourd’hui ». 2006 : lancement du portail MX3 (mx3. ch), diffusion d’artistes suisses en streaming 2008 : fin de la diffusion en France ; lancement du projet de webradio Francosonic avec Le Mouv’ en France, Pure FM en Belgique et Bande à part au Québec. Couleur 3 est toujours disponible en ligne : www.couleur3.ch * Radio Suisse Romande


live is not dead En région, comme ailleurs, le développement des concerts de « musiques actuelles » fait respirer le secteur musical alors que la crise du disque reste un véritable souffle au cœur. Enquête sur une réalité à géométries très variables, où les artistes et les professionnels du secteur n’affichent pas les mêmes formes…


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Texte: G. Viry Illustration : K. Sofalvi

a 2008 restera une année très « live » pour Saint-Étienne, avec l’ouverture de deux nouvelles salles de spectacles : Le Fil (1 200 places), consacrée aux « musiques actuelles » ; et le Zénith de 7 200 places, inaugurée en octobre dernier. Au-delà du contexte local, ces deux ouvertures permettent d’illustrer un phénomène global : le développement de la musique live. Au CNV (1), on connaît la chanson. En 2007, près de 40 000 concerts ont été organisés en France (+ 12 %), réunissant 17 millions de spectateurs (+ 5 %). Dans un secteur musical moribond, où le disque poursuit sa chute libre (- 25 % en 2007), le chiffre d’affaires du live suit le bon tempo : + 13 % sur un an. En France, la « musique vivante » représente aujourd’hui un tiers des revenus de la « musique enregistrée » ; 40 % à l’échelle mondiale. Mêmes tendances en Rhône-Alpes où, en 2007, 3 171 concerts ont été organisés, pour 1 144 050 spectateurs. Si le public achète moins de disques, sa « consommation musicale » a fortement augmenté (téléchargement, streaming à la Deezer, Myspace, etc). En ayant accès à un panel musical plus large, les probabilités de découvrir un artiste en concert augmentent arithmétiquement. Pour certains observateurs, c’est exponentiel : l’explosion des lecteurs MP3 et l’échange de fichiers auraient modifié le rapport à la musique qui, désormais, se partage ; encore mieux si c’est possible au sein d’un même lieu. Pour Mélanie, responsable marketing du site Infoconcert, premier portail d’information et de réservation francophone basé à Lyon, la demande de concerts est en forte croissance. Au-delà de la notoriété du site, sa fréquentation évolue constamment. Le portail revendique aujourd’hui 850 000 visiteurs uniques chaque mois, plus de 120 000 membres du « club » et 240 000

réservations par an (2007). Il gère une immense base de données de 60 000 artistes et 20 000 concerts quotidiens. L’offre des artistes augmente de façon très sensible. « C’est une vraie tendance : de plus en plus de petits groupes cherchent à se référencer. Nous le faisons, progressivement. Chaque mois, nous leur demandons leurs dates ». L’explosion de l’offre de concerts s’explique par le développement de la pratique musicale et par le foisonnement de « petits groupes » amateurs. Pour ceux qui en vivent, les concerts sont du pain, plus bagnat que béni. Quant aux mastodontes du genre, le live permet souvent de revenir à l’avant, et d’assurer ses arrières. Derrière la scène, il y aurait le « bankstage ». Les Stones (75 % des revenus issus des tournées), NTM, Police ou les Sex Pistols 2008 ne sont pas simplement des drogués de la scène. Ils partagent aussi un substitut : les cachets…

Quand l’argent entre en scène On assiste à une inversion du rapport entre « musique enregistrée » et « musique vivante ». Pendant longtemps, la ligne de démarcation, entre les maisons de disques et les artistes, raisonnait comme une caisse claire : aux premières, les revenus du disque, aux seconds, les produits de la scène. Les tournées, « promotionnelles », permettaient, comme la fève, de vendre un peu plus de galettes. Chacun avait sa part : quand un artiste gagnait entre 7 et 15 % du prix d’un album, il pouvait espérer obtenir, en concert, jusqu’à 35 % du montant du billet. Les fourchettes sont sensiblement les mêmes. Mais, entre ces deux cuillérées la plupart des artistes n’a toujours rien à comparer. Une petite minorité est signée par une


Ouvert début 2008, Le Fil est la nouvelle scène de musiques actuelles de SaintÉtienne. Géré par le collectif LIMACE, c’est un lieu de diffusion, de création (studios, résidences), de formation, et surtout d’innovation. La salle pourrait par exemple se lancer dans la « captation live », consistant à diffuser l’enregistrement juste après le concert. www.le-fil.com/

maison de disques. Et pour ceux qui « enregistrent », peu (20 % ?) touchent effectivement des droits (SACEM). Pour vivre de la musique, la grande majorité des artistes ne doit pas rester silencieuse : elle doit faire des concerts… Grâce aux nouvelles technologies, les artistes bénéficient de nouveaux outils : diffusion gratuite de la musique sur le web, au bon souvenir de Lilly Allen ou des Artic Monkeys ; référencement sur les portails spécialisés, comme Infoconcert. Si Mélanie constate qu’ils sont de plus en plus nombreux, les artistes émergents et leurs tourneurs connaissent, en ligne comme en salle, un autre obstacle : l’explosion de l’offre et, par conséquent, la difficulté de trouver des dates. Hors année bissextile, les soirées

Malgré son développement, le marché français du live serait encore « sous-développé » et donc, à haut potentiel. Si les Français continuent, en moyenne, d’acheter 2 disques par an, ils ne s’offrent qu’un concert. Les professionnels du live veulent leur ouvrir l’appétit....

ne sont pas extensibles. Et les lieux ne le sont pas davantage, dans un contexte où les bars font généralement moins de live (nuisances sonores, réglementation, etc.). Pour Alex, tourneur installé à Grenoble (Périscope), il y a un véritable paradoxe : « les lieux de spectacle étant saturés, ils demandent aux artistes d’avoir une actu, alors qu’on sait pertinemment que la sortie d’un album ne représente plus grand chose ». La concurrence est artistique, mais rude. Et les cachets des artistes émergents sont, quoi qu’on en dise, « plus faibles qu’avant ». L’augmentation des revenus issus de la musique live concernerait donc, en réalité, les gros porteurs, notamment lorsqu’ils se sont affranchis, entre temps, de leurs « enregistreurs ». à l’été 2007, le chanteur Prince s’est « payé » un come back : sur scène. Il a enchaîné 21 concerts à l’O2 Arena de Londres (13 000 places) qui lui auraient rapporté 18 millions d’euros net. C’est un comble : pour en assurer la promo, Prince a fait encarter gratuitement son album dans les 3 millions d’exemplaires du Mail of Sunday. Succès garanti. Le cas est exceptionnel, par son ampleur, mais la démarche est de moins en moins isolée. De plus en plus, et quelle qu’en soit l’échelle, le disque devient un outil promotionnel pour « vendre » les concerts. Il n’est pas le seul. Le web, par exemple, permet d’informer directement les internautes sur les dates à venir, encore mieux si c’est du 2.0 (info dynamique, géo-localisée). Pour Alex, ces nouveaux outils sont positifs, mais ils n’effacent pas les anciens. « Les radios, très liées aux grosses maisons de disques, conservent une influence déterminante sur la diffusion musicale. » Elle se répercute évidemment sur la notoriété des artistes et le remplissage des salles. « Il existe une grosse fracture entre quelques artistes survendus et une majorité de petits groupes qui ont des difficultés à se faire connaître ».


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360 degrés contre angle mort

Pour les artistes, la baisse des ventes du disque et le développement du live ne font finalement que renforcer l’exercice de leur métier. Mais pour les professionnels du secteur, ils le remodèlent fortement. « L’industrie musicale se cherche », explique Fanny, correspondante de l’IRMA (2) en RhôneAlpes. Les maisons de disques tentent de reprendre la main et de maîtriser les « marchés induits » : live, sonneries de téléphone (10 % du marché mondial de la musique !), merchandising, etc. Certaines entrent directement en scène. En 2001, Universal a par exemple, racheté l’Olympia. En 2004, le label indépendant Because (Charlotte Gainsbourg, Manu Chao, artistes Ed Banger, dont Justice) reprend la société de production Corida qui gère La Cigale, à Paris. Une autre stratégie consiste à s’offrir un tourneur. Sony BMG a ainsi repris le clermontois Arachnée. Quant à la Warner, elle parie sur la jeunesse en s’offrant, avec J.C. Camus Productions, les live de Michel Sardou et de Johnny Halliday. Les petits labels, eux aussi, diversifient leurs activités. C’est le cas, à Lyon, de Jarring Effects, qui se remet au live. Outre le festival Riddim Collision organisé chaque année, le label a produit, en 2005, le Lyon Calling Tour, une tournée européenne réunissant trois artistes locaux : High Tone, Le Peuple de l’Herbe et Mei Tei Sho. Résultat : 25 concerts, 18 pays et un véritable « détonateur » pour développer l’activité concert, comme nous l’explique Jérôme. L’objectif : « faire du booking pour des artistes maisons, mais aussi pour d’autres artistes extérieurs, qui permettront d’intéresser les programmateurs ». Pour Fanny, la diversification des professionnels de la musique est, en réalité, très variée.

Alive ou le coût de la vie Leonard Cohen vient d’enchaîner trois Olympia, à Paris : entre 128 et 161 euros le ticket. De passage dans la région, au printemps, Lenny Kravitz vend ses places à partir de 40 euros à Grenoble, jusqu’à 77 euros à Genève. Ce n’est pas qu’une impression : le prix des places de concerts a littéralement explosé. Selon le CNV, le prix moyen de billets, toutes salles confondues, aurait augmenté de 8 % en 2006. Et de 30 % en 5 ans, selon d’autres sources, pour les artistes les plus connus. Aujourd’hui, une place de concert coûte, en moyenne, 29 euros. Davantage à Paris, un peu moins en région (autour de 23 euros à Lyon). L’augmentation des prix tient à plusieurs raisons. Le passage à l’euro (+ 15 % en moyenne). La baisse des subventions pour les salles de spectacles. La hausse des cachets qui ne concerne pas tous les artistes, loin de là, mais qui a véritablement explosée chez les plus « gros ». Leurs prétentions sont liées à la logistique des tournées (fini l’homme orchestre, bienvenue aux tour bus et aux staffs de plusieurs dizaines de personnes) et au « marché » du live, qui incite les artistes les plus demandés à répondre aux offres les plus alléchantes. Dans certains cas exceptionnels, à la régulière, ou travers des marchés parallèles, c’est la demande du public qui enflamme les prix. L’an dernier, pour un concert caritatif et « unique » de Led Zeppelin, à Londres, les places, vendues à 175 euros, ont atteint des sommets : jusqu’à 58 000 euros l’unité ! Une bonne action.


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Rhesus tourne, en France et en Europe, avec le tourneur grenoblois Périscope. Pour Alex, son gérant, le choix des artistes que la société fait tourner est

Chacun sa stratégie. Le tourneur lyonnais Karavel a, par exemple, choisi de créer un label : Memento Records. Quand l’industrie musicale se cherche, il y aurait, face à l’angle mort, une économie nouvelle : le 360 degrés. Pour qu’il soit vertueux, le cercle de la musique consisterait aujourd’hui à en maîtriser toute la chaîne. Depuis quelques années, l’américain Live Nation trace au compas et fait couler beaucoup d’encre. Ce producteur de spectacles signe des méga-contrats avec des stars de la musique (Jay Z, Madonna) qui englobent les concerts, mais aussi l’ensemble des activités « connexes » (enregistrement de disques, produits dérivés, contrats publicitaires, etc.). Issue, en 2005, d’une scission de Clear Channel Communications qui, aux Etats-Unis, possède 1 200 radios, l’entreprise, côtée au NASDAQ (3,7 milliards de CA), est aujourd’hui le plus gros organisateur de concerts au monde. Elle possède 160 salles de spectacles, dont Wembley à Londres ou l’Apollo Theater à New York, et s’est

uniquement basé sur « des coups de coeur artistiques et des rencontres humaines ». Malheureusement, les professionnels du spectacle prennent de moins en moins de risques... www.leperiscope.com

associée, fin 2007, au premier service de billeterie en Europe : Eventim. Pour Jules Frutos, cogérant de la société de production Alias et du Bataclan à Paris, « il y a de fortes chances pour que Live Nation tente d’acheter toutes les salles de concert qui seront à vendre en France ». En attendant, avec tous ses degrés, le groupe fait déjà monter la température des festivals français. A l’été 2008, par exemple, la 4e édition du Main Square Festival à Arras, organisé le même weekend que les Eurockéennes de Belfort et Solidays à Paris, affichait une programmation insolente : Radiohead, The Chemical Brothers, puis Metallica, en août, dans le cadre de Rock en France. La manifestation est organisée par France Leduc, un producteur régional qui s’est associé, cette année, avec le festival belge Werchter (Live Nation). Pour beaucoup, cela signe l’entrée officieuse du groupe américain sur le territoire français. Quoi qu’il en soit, son empreinte est réelle : le contrat d’exclu qui liait par exemple Radiohead aux organisateurs du festival empêchait le groupe de se produire ailleurs. Pas sûr de toute manière que les Eurocks ou un autre aient pu avaler les 500 000 euros de cachet… La stratégie de Live Nation bouscule le monde musical, par son ampleur, et devrait se diffuser, avec d’autres acteurs. Pour Alex, ramenée à l’échelon local, elle n’a rien de révolutionnaire : « Le 360, c’est surtout le nom donné à une stratégie qui existait bien avant : le fonctionnement en vase clos ». Mais pour les artistes émergents et ceux qui les entourent, le problème demeure : ils ne voient pas les mêmes fleurs… (1) Centre national des Variétés, du Jazz et de la Chanson, organisme chargé notamment de percevoir la taxe d’État sur l’ensemble des spectacles (2) Centre d’information et de ressources pour les musiques actuelles




AnachroniquE 19

la Villa Diodati

Par une nuit d’orages, Lord Byron lance à quelques esthètes, amateurs de romans gothiques, le défi d’écrire une histoire de fantôme. Cette nuit mythique verra naître la créature de Frankenstein, dans la villa genevoise du poète en exil.

Texte: J. Tourette Illustration : S. Bournel

+ d’Infos : La Villa des mystères, roman de Federico Andahazi, 2004, fiction inspirée de l’énigmatique soirée. Gothic, film de Ken Russel, 1986, adaptation licencieuse de la nuit cauchemardesque.

zzzzzzzzza Juin 1816, à Cologny près de Genève, sur les bords du Lac Léman. Au 9 chemin de Ruth, suspendue comme un belvédère, une imposante villa bourgeoise toise la Rade. Son locataire estival est le poète anglais Lord George Byron, en résidence avec le jeune John William Polidori, fraîchement diplômé d’un doctorat sur le somnambulisme. Ils reçoivent la visite d’un trio d’aristocratiques esthètes : le poète Percy Shelley, accompagné de son amante Mary, et de Claire Clairmont, la maîtresse de Byron. L’été approche, mais « un été sans soleil ». Les cinq jeunes gens sont souvent contraints de rester à l’intérieur et ménagent leur temps entre conversations littéraires érudites et lecture de romans gothiques anglais, tels que Le Château d’Otrante d’Horace Walpole ou Le Moine de Matthew

Lewis. Le soir, les discussions s’animent autour d’histoires de revenants rapportées d’Allemagne. Mais la nuit du 16 juin, particulièrement orageuse, Byron lance un défi : « écrivons chacun une histoire de fantôme. » Percy Shelley traça les bribes d’une histoire, mais s’en désintéressa rapidement ; Byron entreprit un scénario dont Polidori s’empara pour composer en quelques matinées The Vampyre, nouvelle considérée comme origine du vampirisme dans la littérature et qui devait influencer, 80 ans plus tard, le Dracula de Bram Stoker.

Prométhée Moderne

Mary, quant à elle, restait silencieuse. Hantée par le défi, elle ne parvenait pas à construire sa trame. Durant quelques jours, elle chercha vainement le sujet d’une « histoire qui s’adresserait aux mystérieuses peurs de notre nature ; qui ferait tressaillir d’horreur, qui donnerait au lecteur la peur de regarder alentour, figerait son sang et ferait battre son cœur ». Puis, sans doute influencée par ses lectures gothiques et certains mélanges opiacés, elle eut la vision cauchemardesque qui devait lui donner l’étincelle créatrice : un pâle étudiant, agenouillé à côté de la chose qu’il a assemblée, qui va se réveiller d’un mouvement maladroit, singeant les mécanismes de vie, et effraiera son créateur. Un « Prométhée moderne », qui s’appellera Frankenstein. Deux ans plus tard, Mary, qui a entre temps épousé Shelley, met un point final au premier roman attesté de sciencefiction. « Je suis naît à Genève et ma famille est l’une des plus importantes de cette république », raconte Victor Frankenstein. La Villa Diodati garde le souvenir de ce sombre enfantement, galvanisé par les orages de juin.


e s i r ac

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». morts biens s un e ’ d d , e x pri e fêt e n l n , o y b a ne ction, Ain res, « u quartier d’ en constru aux e s s e core ns l auci . Avis de la s enne. Da rtement, en de 67,74 % site, en e c n e pa fér e té Éti Saint- umer. ap it ainsi chu entés, sur l le crâne aby, ré ean C une usine à f a s J r é u à r c a p e t e p n é er de ra, r y a mence il, cède aconG. Vir e nt de d eteurs Texte: cockta evois recom ix-Rousse r se ». ach ours finissa . Un coupl au Sat o  » n o r t u e é, r h a C g v c o  v u y a s l « s m o Le n la p e mal te de tre tr i à s d ê i n e r t t a lgré u n u u n r e e n a d’u l’a p ) : ma ché à Une fl é : ça « tou a crise. Av n é o b i y e L L S ( ar t. ib t l es ? ier te, à L oute : c’es tés trinquen rait pac mobil uros et un m en ont i d e l’Im e i e s v d t i e s t 0 e d n a c 0 n e o b i s l l é  0 l a Pa ce de 40 , Sally et S les co e cinquant n t , iers ne r a r e i n o t b fi s p ap mo l  » et la ffle , un dégu m u i o e o r s s d a i t g x e n i e e o F t ain g t d im lon Le ent « vict ts financiers aine bou té que les a as dans la m t ». ça m a i p t e u h u l s t c actuel « prod tre la pro tate, con  mangeaien ujours de ha u par« s  T et des o t-ê folle » « C’est peu Étienne con oint leur ardaient « t eau (lui) : « s g i P t e . o r n ’ e i  » s d s a L e e i l qu nd nt S n cr t. Qua dynae », do t fini e bomb ière, l’impac spécial au « les s’es ne crise ! » m les d’u uméro contre la pre s: Sourcrâece à e un n forézienne, à la peau r c a s g rise n n c co cité vient e ent Laue l a i l l v l o e rette re n, 1/10 ; c s a l d g e i , ci e ratio « La Colin misme d’Epinal qu e d’ancienn er », Libé therine Genève lmon, « Ca de souris », De qu -tu ? ure de e Sa ert H ges omm b a c o rence sign à porté Olivier Berm s i ouvert tent ! R i c o e s n e n d , a e rs e n s le de s, 10/10 ; lo h i t n l s  A r p o fi s e é o rd, « Les Éch Xavier Rena touche le des St anini des V prennent au ions par mme une b ux qui pro onaet qu’on 0 ; trand co ce gi a at l é t c est-ce r a i s , 13/1 x l ttes P e e ’ e u p i y n a C quand , Libération cession l m m g » ono les i e : i 20 journ c n r é s ’ n t plus e fond ?  y accepte la  », Les n e l r l o n a , t l i e , l s e r is a ano Cab Ma bin » em re. S r illu n’aim u è u i « Jean n site stéph Géraud, s é q c o n u our n i p n o a e e a j so i e c n lic l t b de  ; A ves pis : p méri t a des rê 14/10 n exemp e la crise fi asino aurai om- Tant s a e T L Échos, er, le rayon 15/10 ; hône C n n, iste. tail ? bili sd « Immo s », Libératio djma Van ant de dire le rés cisses cock ankees », R ue » locale , la ville de t c Ne a t  : brisé e r e t n o n y on es àau riq l Maté l Saint-Etie er Pasca Minut ulette », en c rés », c’est- ria- nos s vestisseurs écia ang  l’Amé tés à d, « Sp veut ch a peu « u in o ié t v Egmon aint-Etienne int, 16/10 ;  r c c n s s « o u u e s e r a d t  l S l e Po s « lle à 500 rest . s sur ge », Le e partira-t-e , rêts e  » é a d e  p x ç r « d’ima e d s m , o s la ré n d o u s c co n l x m n du lobs. …) i breu es da dicaise en tent, Alpe nutes). « P ( é r « La fin  ? », Nouve ertrand, t t s î t n a i a B se l d m r is p i é ré e is ses de Su 10 ; Olivie llume (20 M US sont im ndial du m r sa des « c personne n ructurés ex 17/ zier ra 7/10 ; o . Se,1 ère Bra ce ux st m r ue a  » t o s t q i s f e « La M , Libération « Chez n t p s n u ê a e a e r l é q c b aut, aux » e d’y r es p  toxi un g l m « t t ê , fourne n-Claude Rib envoyez la n e s s s’inn e m i n o o  » i v y Jea 0 ; zier : gion me) uand A L s Éch olin, t mo y q e re Bra onde, 23/1 n n z e t L e n t i i e ê , a a la Mè e r e r  F M l G ( b se ev eC a«  ! », Le ride déferle  ; ment sauce mais Greno crise d therin dont l 24/10 mbie p « La zo 20 Minutes, tte stébé, la ns projets, t populaire nce. À uccès de Ca e, qui a déjà i e L s le é , u r  » o n  R p ce o i « l s a n Fran nd, 10 ; ign n, 28/ r Bertra mber er cert éneme ent au te en l lle Internet » Olivie  », Libératio s de tous ajourn veilles », év  passe de to ssi, téress re de la ven ise bie bu on phano ud, « Zom , 28/10 ; a l u r e è Géra Libération Me avec s ch d en « ui a onni l s a i Alice , e r p investis s , d k  », s r e le e v s… u i r y r olente ail, qui l u u  a i s u pa e « b s n « Po lpes, fl i , o u -A e llo e e c t s u m n is hô utes, Elisa Fr yankees, R sur le tte ». L’im o le consta qui survé e une form m. Le port 20 Min seurs h r o que », r, « Le chef et flo Améri u e Figa et affic eindesign.c Intern à la c’est l’  ; Fred Dufo nnay fait ia d s in’eau. L m, un site a l r 28/10 Mathieu V razier », e i M d l i n e B b t e ilé i s éto pr .co Mère mo tae Mon re à La ailloux gements im propriétairenaît  ; Ghislain d ctivités o Petitsc l x 0/10 te colle u s a e l , AFP, 3 , « Cinquan e la finance t se an rt es d irec lembe « recen en souhait 0 ; Gu s
victim locale garo, 31/1 ouvante  » s Fi u i ép Le u d , , q n  » ro te ve folle e si Figa ert, « L s », Le . Gomb ropriétaire les p

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REVUE DE PRESSE 21

n 29 : e ’ u q Pire se gnants, les pere-s p y l a r l’apoc nc les ga les pier

ièces,  000 p re8 e d gue  fief g it do loux, s vivants. catalo is le « y aura petits cail se un t géré depu ommerce ». l o I p is le o r p c n les ie, la s et pu nnaît é « l’eièreme dants, es, les mort de l’économ draest ent , d’où est n ine Colin co % n nt n is » 100 tomba ence a raiso roche. « Vie outher noblo er ses se, Ca i p i r N c r a é t s i c e  g a M L a a « r l l e s Si es oge Alors, s occupée à ef lyonnai s le mond  ? », s’interr RN de u E h d n u c C l a n p u e e d fi s d pas, e ». L sûrement e Suis atoire e parissanc « faire t-elle d où le labor élérateur d t de de cro iannay sera il vient de , c n s e c V s, ole d vel Ob teste « un a » permetta lles thieu as. À 41 an ier », symb  cuie ) e C v q c « az (LH s les u Genè même la Mère Br ise et de la 21, éant » ditions dan ques milg s e l a 9 n 1 n re el ticu les co renaît nomie lyon ert depuis vait g ». ait qu a ecréer ers se trouv s le big ban n ro uv t  r s e O « l a . a g y  » a s o è l R re Rie r, apr univ es Mè de la rue dernie notre e secondes rimes ? sion p s b r a u sine d s t m d es ul . En lieux, tauran lièmes ez compris l s la « prop 9% le res u, en 2004 prend les v an is 99 a d a 9 s , s d e m r u 9 r n o o 9 , l e V ent xe a les à m été v nnay e u l e a c r i p . i n anè t i V  » r m t t a o en eu de p de c dans u une emen s u e s r a i l è e Mathi poussière » i b c s a t , la ai um é de l’é oyer d’un f esse de la l idi à -271° ables « d  l’âme rêt à « env r avec it o ro « v f r e é a r z e l v , e r u p e d 27 km e proche d conse ésormais enou r e , ERN e à d l C t p d im ) e neau tout ail du , nov e a r r Il est (Le Monde use. C’est s u t t a e l r ie xe ne tempé ur Internet, es rumeurs » hèsauce » tèle prestig ibé : « le lu hez .S ibl r  » r n c u « prop e e l L i i  t l o a « c e s de breux adamus une st vr ppell e a ’ e m t r à o C n n , e e . l t e e » au ostr alim z les comm par la cris plus h erie que N nde serait nt che e u t e m n p e t m m î o ta firm conna comme, un ns la parfu rén du m ux, le ui) af r da s « p tes (q évu que la fi C ». Selon e us, e t e t n s e i Brazie i r l r tro H : les c u fleu u’elles avait p ée par le L « des mini ient côté d oix-Rousse fum tant q es ». u er q ira é t o r v u c r r s o o t a s C l i r i p ourra les, qui eng de la cheter du p leurs ango p nt de s u s v e a m a er lab  ». A a ien, proc s ô e r t t u n fèrent , pour calm encore plus l’arn o i nc m nl e ir nt noirs i n quelques abanne a u me, peuve va-t-il sent c’est comm e R m e , ir la terr nder si Paco S pour ho erie, L’aven our certains s d’odeur… X a m m k u c rf P lu se de le Bla tre pa vais ? n’a même p gere que ellie de no e blackout l t i u : a t n l b e ge a r la m u u e l q ’ o l ni , i avec aginer écor idéal p . Le m o i ’ f d d st es a oie, l grande forvceoies aurait ététiuonnale des Zosma bpiremièf e l e a s st pa , mais la es mé- nJournée intee,rLnyon accueifilllaéitqui consistet, e ’ n e r C taine resse l a des 26 octmobbie Pride, un ldesé rues, gémiîscshaens » n a r o ns ra té qua ui in égion, il y peut ràe dZéambuler «h de ade cervell,es« lfe zombie q e echerc inutes ampicris ans la r , et s à la r Pour 20 M us que le v chit t n D a l . p ran (Libé) ance, bien dias. , des viv ), s’aff man… ( f d i s n r pour s est te st « subve aînes, e h trader c l I mort en pire… s . e re » si un etits de s e , t m r i o m b o m C ux p de la ants ». s de crise, a être v i v s e p ger l n tem uait, e s’attaq … rs porteu



GLOBE 23

le sÉchoir La Réunion / J. Martinez

+ d’infos : Le Séchoir, Saint-Leu 209 rue du Général Lambert 97436 SaintLeu Île de La Réunion www.lesechoir.com / lesechoir@lesechoir. com/ Tél : 0262 34 31 38 / Leu Tempo Festival Du 6 au 10 mai 2009 www.lesechoir.com

a Le Séchoir, «scène indisciplinaire », est situé au cœur du quartier de Piton St-Leu à 6 km du centre-ville, dans les « hauts » de Saint-Leu, au nord-ouest de l’île. Ce lieu qui était à l’origine un séchoir un tabac, est aujourd’hui reconnu sur l’ensemble de l’île pour sa mission de diffusion de spectacles (concerts, théâtre, cirque, marionnettes, danse, conte...) et d’accueil occasionnel de résidences de créations temporaires et contemporaines. La programmation du lieu rejoint l’idée selon laquelle la Réunion matérialise aujourd’hui plus que jamais sa position de carrefour culturel et artistique entre l’Afrique, l’Océan Indien et l’Europe. La salle accorde une place de choix à l’expression vocale (concert du mauricien Nikoraghoonauth, auquel s’ajoute les rendez-vous Baba Sifon / Baba spoke out !, sorte de tremplin slam, le tout au mois de décembre), à la création chorégraphique réunionnaise, et va à la rencontre des cultures voisines comme

la Rainbow Nation d’Afrique du Sud. Mais pour le Séchoir, le point d’orgue de la saison est le Leu Tempo Festival, qui fêtera cette année, du 12 au 16 mai 09, son dixième anniversaire. Si le programme s’ouvre à la métropole, on retrouvera par exemple le lyonnais Turak (échappé des Subsistances pour l’occasion), il se veut également un moyen de mettre en valeur la richesse du spectacle vivant à la Réunion. Réunion en Scènes, festival dans le festival géré par les salles du Réso (organisme qui regroupe les acteurs de la scène culturelle réunionnaise), a ainsi pour objectif de profiter de l’ampleur de l’événement afin de présenter la vitalité de la création issue de l’océan Indien. L’enjeu est de taille pour un événement qui a parfois privilégié les têtes d’affiches métropolitaines, et pour une scène locale qui voudrait profiter de l’événement pour gagner en visibilité.


LIEU I ÉVéNEMENT I ARTISTE

ELOISA CARTONERA

Buenos Aires_Argentina / Nicolás Rodríguez Galvis

Maison d’ailleurs

Yverdon-les-Bains_Suisse / G. Jallut

Miss Platnum Berlin_Allemagne / G. Jallut

Née à Timisoara, dans les rudes Carpates roumaines, mais installée à Berlin depuis quelques années, Miss Platnum est un joli mélange façon Molotov. Après un premier album en 2005 passé un peu inaperçu, c’est en 2007 avec Chefa qu’elle fait enfin parler d’elle, rentrant dans le top 20 en Roumanie et en Allemagne. Musicalement, on pourrait penser qu’elle est une sorte de M.I.A roumano/allemande dans sa manière d’assembler musiques traditionnelles et actuelles. Avec des titres uptempo qui marient r’n’b, dancehall et musiques roumaines façon Balkan Beat Box, elle transpose le folklore roumain en tubes pop. On roule les «r», on tape des mains, et on se laisse embarquer par les grandiloquences orchestrales à la Goran Bregovic de son Why Did You Do It. Exubérante, excentrique, et pour le moins voluptueuse, la chanteuse assume ses formes généreuses et milite même dans son Give me food pour l’absolue nécessité d’aimer manger, si possible beaucoup, renvoyant à leurs pommes/contrex les vidéoclip girls et autres modèles de magazines de mode. + d’infos www.myspace.com/missplatnum 5 décembre aux Transmusicales de Rennes

L’essence d’un livre (à la différence d’un tableau, par exemple) est immatérielle. Les livres, comme les personnes qu’on aime (et comme les fantômes), ont la capacité de rester en nous même s’ils ne sont plus là physiquement. Cependant, il y a quelques bouquins qu’on aime bien garder près de nous coûte que coûte : parce qu’il y a une dédicace, parce qu’il méritent d’êtres lus et relus, parce qu’ils nous tiennent compagnie, parce qu’ils nous ont changé la vie, parce qu’il y a une belle histoire derrière l’objet. À Buenos Aires, dans le footballistiquement connu quartier de La Boca, Eloisa Cartonera, projet artistique, social et coopératif, réussit depuis une dizaine d’années à donner une nouvelle approche au monde de l’édition. Convaincue que la bonne littérature n’est pas un objet de consommation comme un autre, Eloisa crée une esthétique propre en liant la créativité d’artistes, écrivains et « cartoneros » (personnes qui vivent de la collecte et vente du carton recyclable dans les rues). Les livres édités ont des couvertures en carton et sont peints à la main par des jeunes qui arrêtent d’être cartoneros quand ils travaillent dans ce projet pour devenir des créateurs.. Le pouvoir de la littérature ne cessera jamais de nous étonner. + d’infos Eloisa Cartonera Brandsen 647 – Barrio de la Boca Buenos Aires, Argentina www.eloisacartonera.com.ar

Musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires, la Maison d’Ailleurs est tout à la fois un musée, et le plus important centre européen de recherche et de documentation dans le domaine de la science-fiction. Composé d’une bibliothèque de 70 000 livres et documents en 40 langues, dont des ouvrages rares des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, le centre dispose également d’une photothèque imposante de gravures anciennes, couvertures de magazines et prises de vue d’objets. Fondée en 1976 par l’écrivain et encyclopédiste Pierre Versins, la Maison d’ailleurs présente également selon les périodes des expositions, consacrées, par exemple, aux grands thèmes de la SF comme la ville du futur, l’espace, les voitures volantes ou l’architecture utopique, et rend hommage aux grands artistes du genre, qu’ils soient peintres, sculpteurs ou dessinateurs de BD. Le musée dispose enfin depuis peu d’une exposition permanente, centrée sur Jules Verne, et consacrée aux voyages extraordinaires et aux débuts de la science-fiction moderne. + d’infos Musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires Place Pestalozzi 14 / Case Postale 1401 Yverdon-les-Bains /Suisse www.ailleurs.ch Exposition Retour à Dinotopia, jusqu’au 8 mars 2009


GLOBE 25

d[x]i : culture & post-design magazine Valencia_Espagne /Élodie Trias

BLACK CAT BONES EDITIONS

9 World FESTIVAL

Kiev_Ukraine / J. Martinez

Mexico_Mexique / J. Martinez

Valencia, en passe de dépasser sa voisine Barcelone ? Depuis 2 000, à l’image de la dynamique de la ville, un magazine envahit progressivement le milieu culturel espagnol. La revue d[x]i est diffusée à 25 000 exemplaires (dont 15 000 abonnés !) et distribuée dans 300 lieux culturels partout en Espagne : librairies, centres culturels, musées, galeries, facs mais aussi dans les principales écoles d’art du monde entier. d[x]i, est une publication trimestrielle gratuite, dédiée à la création contemporaine : design industriel ou graphique, mode, illustration, photo, art contemporain et architecture. Mais d[x]i, c’est aussi une agence de communication, d’où sont sorties de nombreuses campagnes de pub, et un lieu d’exposition. Dans ce lieu, sans fréquence définie, divers événements sont organisés. Par exemple, la récurrente « Battleoftheyeah! », exposition-combat, où différents artistes-lutteurs s’affrontent dans une course aux tableaux. Chaque œuvre est reproduite autant de fois que de copies ont été vendues et l’espace d’exposition augmente proportionnellement aux ventes de l’artiste. L’artiste ayant le plus d’espace devient un « Granmasteryeah ! ». + d’infos d[x]i magazine c/ Maldonado, 19, Bajo Dcha. E46001, Valencia, ESPAGNE. www.dximagazine.com

On ne pouvait décemment pas les laisser s’échapper sans en parler. On a profité de leur déménagement définitif de Lyon vers le Mexique au mois d’octobre pour les intégrer à « Globe ». « Ils », c’est Fabien et Pola, plus connus sous le nom de Black Cat Bones. Ils ont œuvré à Lyon en organisant depuis 2006 de nombreuses expositions collectives, à la galerie d’exposition / salon de tatouage Viva Dolor dans le vieux Lyon, à l’épicerie Moderne ou dernièrement au Comœdia, avec l’excellente We own the Knight, où 25 artistes se sont réappropriés la figure mythique de Batman. En septembre, ils se sont fait remarquer, une dernière fois à Lyon, avec la sortie de Je suis Monsieur Tout-Le-Monde, d’Alderete, illustrateur argentin de talent. Avant de le rejoindre au DF, les Black Cat Bones nous ont livré un ouvrage en forme de galerie de portraits agrémentée de textes muy picante. Au programme, une communauté temporaire de la capitale mexicaine peuplée de chilangos de la scène undreground, garage, surf ou rockabilly. Le livre est disponible dans de nombreuses librairies ou directement sur le site de l’éditeur. Buen Viaje amigos. + d’infos Black Cat Bones www.blackcatbones.org

Kiev aime la Bande Dessinée. Du 5 au 9 décembre, grâce au travail de « 9 World Agency », et de son magazine K9, un événement international autour de l’illustration et des arts graphiques, aura lieu dans la capitale ukrainienne. La première édition, organisée en 2005, avait réuni en 5 jours d’exposition plus de 15 000 personnes de 6 à 45 ans : des artistes émergeants et confirmés, des enfants et adolescents, fans de bandes dessinées et de comics, mais aussi tous ceux qui souhaitaient participer à cet événement qui valorise l’univers de la BD tout entier, l’organisation allant même jusqu’à rappeler son titre de 9e art. Au programme de cette deuxième édition : de nombreuses expositions, des dédicaces d’auteurs de BD, comics et mangas venant d’Ukraine, d’Europe ou du Japon, des masterclass, des conférences et des concerts. Les membres du magazine ne manqueront pas de présenter par la même occasion la nouvelle mouture du dernier K9. En définitive, l’événement se veut, à l’image de la diversité qui caractérise l’univers de l’illustration, toujours en lien avec de nombreuses autres formes artistiques (ciné, théâtre, films d’animation, musique ou encore la pub et les jeux vidéos). + d’infos 9 World Festival 5 au 7 décembre, Kiev / Ukraine http://9world.com.ua/



PAGES BLANCHES 27

¤Pages Blanches n°23 Ouverture



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Steve Mc Queen ne pleure jamais. par Karine Courville


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Compteur à zéro. Le vent souffle tout autour. Il va falloir que j’aille plus vite que lui, que je le double. C’est comme ça que je vais démarrer. Contact. Je passe ma vie en voiture. Représentant de commerce. Je porte des gants de cuir, des mitaines, avec des trous pour les phalanges. Souplesse de la peau sur les os. Première, je démarre, ni femme ni enfants. Seul dans ma cabane de métal je déroule des kilomètres de pensées. Je prends ce qu’il faut de vitesse, je reste dans mes limitations. Je n’invente rien, je pense, je déroule. Je m’occupe l’esprit. Il y a la musique, l’air que je fends, les airs que j’entends dans le paysage, dans ma voiture machine à remonter le temps, les souvenirs. D’une ville à l’autre. Je coupe la France en deux, je la traverse. Découpez selon les pointillés. Toujours la même chose, petit pays. Tant de paysages mais au bout du compteur toujours la même chose. Les mêmes femmes dans les mêmes chaînes d’hôtels, à la place des chaînes de montagne. Les mêmes restaurants. Les enseignes multicolores qui ne parviennent pas à cacher le gris. Tant de pylônes et le monde, toujours le même au bord des routes. Le vent bouscule la voiture mais je tiens bon. Je suis les pointillés. Elle a tellement pleuré. Je ne pensais pas qu’elle pouvait pleurer. Autant. Tellement. Dans le camion de déménagement, assis à côtés de ses larmes, je ne disais rien, je ne comprenais rien. C’est elle qui avait voulu nous ranger tous dans ce camion et maintenant, elle pleurait. Tu regrettes ? Non, ce n’est pas ça. Démarre. Elle a regardé la fenêtre de la maison vide, la porte dont elle ne possédait plus la clé, elle a continué à pleurer ; encore plus belle. Je regrette moi aussi tu sais. Je savais ce qu’elle regardait : Les enfants qui auraient dû naître. Les fêtes de famille les dimanches d’été. Les lits de tendresse partout dans la maison. Tout un album de famille, vide. Il vaut mieux partir. Je démarre. Repartir de zéro. Chacun de son côté. Je n’ai plus de femme, plus de maison. Mais ça va aller. Il ne me reste que quelques meubles et ma voiture de fonction. J’ai loué un box pour tout mettre en sécurité. C’est tout ce qu’il me reste, les fonctions que j’occupe. Aux bars des hôtels gris je les aborde toujours de la même façon. Il est environ vingt-et-une heure trente, nous avons dîné, chacun de notre côté. Il se peut qu’elle n’ait rien pu avaler. Nous prenons un dernier verre au bar avant d’aller nous coucher. Chacun de notre côté. À moins que. Je la regarde. Elle est parfois jolie, souvent fatiguée, lessivée, pensive. C’est de ce côté-là que je les accoste. Compassion et humour. Je m’approche : «Il est tard mademoiselle vous devriez aller vous coucher, vous allez finir par vous endormir au bar. Et si vous vous endormez ici, il y a fort à parier que ce soit moi qui vous remonte dans votre chambre ». Quelque chose comme ça. En général, demi-sourire suivi d’un oui de fatigue. Elles cèdent parce qu’à bout de forces. La route n’est pas faite pour les femmes, elles devraient rester à la maison et faire de la couture. Découper des patrons, coudre des boutons. Alors, les représentantes de commerce fatiguées, je les ramasse sur le bord des routes, appuyées aux comptoirs des bars. Les femmes lessivées, je les essore dans des draps brûlés à la cigarette. Au moins, après ça, elles dorment bien. À 23h00 tout est fini entre nous.


Ni femme ni enfants, je regagne ma chambre, Room sixteen, comme aux Etats-Unis. À la fin, avec elle, nous faisions chambre à part. Dans la grande maison avec jardin il y avait deux chambres sans enfants. Elle a fini par s’installer dans la plus claire, celle qui donnait directement sur les pommiers. Depuis, sans elle dans le lit je n’aime pas ça. Il n’y a rien à faire, je ne m’habitue pas. Minuit room sixteen je m’endors. Demain, je repars de zéro. Le matin sur le parking de l’hôtel, même voiture, mêmes mitaines, même visage dans le rétroviseur. D’un geste automatique je passe la main dans mes cheveux. Je fais toujours ça avant de démarrer. Comme Steve Mc Queen. Je prends la route pour oublier ma femme, de pointillé en pointillé, de kilomètre en kilomètre et plus tard, de ville en ville. Elle a arrêté de travailler quand je me suis mis à mon compte. Je lui ai proposé de l’entretenir, elle a accepté. Elle pourrait enfin vivre son rêve de couturière. Pendant que je gagnais de l’argent elle découpait des patrons. Elle a fini par me maudire. Et moi par la laisser s’éteindre. Je ne savais pas qu’une femme ça demandait autant de soins, d’attentions. J’avais appris tu leur donnes de quoi vivre et après elles se débrouillent très bien, elles te font tourner la maison comme qui rigole. Pas elle. Démarre. Éloigne toi de ce parking hanté. Le jour va se lever sur le bas-côté de la route. Tu y verras plus clair. Je ne comprends pas les femmes. Il faudrait que je puisse fouiller dedans pendant leur sommeil. La nuit dans les hôtels je les pénètre, mais rien. Je ne sais toujours pas. Je voudrais juste voir comment c’est à l’intérieur. Pour comprendre. Dans mes nuits seul, je les découpe selon les pointillés. Je n’y trouve rien, si ce n’est l’odeur du sang, qui me reste au réveil. Il n’y a rien à l’intérieur des femmes. Rien qui aide à comprendre. Si au moins ma femme était là, elle m’aiderait à les recoudre. Mais elle a quitté mes rêves aussi. Ma femme, elle ne se laissait pas fouiller, elle restait habillée. Elle soulevait la robe qu’elle avait faite elle-même de ses doigts fins, elle se cachait le visage avec. J’entrais en elle mais je ne voyais rien, il faisait encore plus noir que dehors. Étouffés par le tissu de sa robe me parvenaient quelques gémissements, ou alors je rêvais. Dans les hôtels maintenant il y en a de beaucoup plus expressives, des gentilles, qui veulent me faire plaisir. Mais je n’y vois pas plus clair. Il fait toujours aussi noir à l’intérieur des femmes. Le soleil vient de se lever. Pour rouler tout le jour je dois faire des pauses, m’arrêter pour reprendre des forces. Je vérifie ma mèche dans le rétroviseur, défais mes mitaines. Claque la porte et sors de ta voiture comme après un long voyage. Sur l’aire de repos, appuyé contre ma voiture, je trempe le croissant gras dans le café pâle. Mes idées se remettent en place. Ce doit être grâce au soleil. J’y vois plus clair maintenant, je suis tellement mieux dans ma voiture, tout


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seul. Il faut que j’arrête de poursuivre les femmes fantômes dans les couloirs des hôtels. Le beurre dessine des ronds dans mon café. Café gras. Elle est mignonne la caissière. Je jette mon gobelet en plastique dans la poubelle, je marque le point. Je remonte dans ma voiture. Mitaines, mèche de cheveux rabattue par la main souple, lunettes noires. La caissière me regarde, j’en suis sûr. Démarre, fais la course contre le soleil, roule jusqu’au soir. Même la nuit, il ne fera jamais aussi sombre que dans le corps des femmes. Elle a arrêté de coudre des robes. Du coup, plus jamais elle ne les relevait sur son visage. Elle préférait rester dans sa chambre, la plus claire, celle qui donnait directement sur les pommiers. Ce n’est pas moi qui la gênais, je n’étais jamais là. Et quand j’y étais, je n’avais pas le droit d’entrer. Même le vendredi soir, fourbu, de retour au bercail, sonnez trompettes ! Pour toute présence d’elle, le rayon de lumière sous la porte de la chambre là-haut, et même pas un plat qui mijote, même pas ma femme pour m’accueillir en souriant. Un vendredi, il n’y même pas eu de lampe allumée. Elle n’a pas ouvert les volets du week-end. Aucun signe de vie. J’ai tourné dans la maison jusqu’au dimanche. Comment la faire sortir de là. Comment l’aborder. Je suis monté. J’ai forcé sa porte. Je suis entré comme un seul homme. Il faisait noir à l’intérieur. J’ai rabattu ma mèche de cheveux, Steve Mc Queen. Chambre vide, ni femme ni enfant. Bien sûr elle avait laissé une lettre. Dedans, les mots reproches – tristesse – déception - trompée de vie - erreur –séparation - maison à vendre. Le dimanche soir tout était fini entre nous. Je suis descendu, la lettre à la main. Alors comme ça, on m’avait mal renseigné sur ce que veulent les femmes. J’avais encore tout à apprendre. J’ai posé la lettre sur la toile cirée. Je l’ai regardée, j’ai tenté d’entamer une conversation avec elle. Mais j’étais seul. Elle ne répondrait à aucune de mes questions. Le plein de silence, le poids de la maison sur les épaules avec les pommiers autour, et je n’ai même pas pleuré. Steve Mc Queen ne pleure jamais. Il fait sombre maintenant, le soleil s’est couché avant moi. J’ai gagné la course. Je ralentis. Route de campagne. Je m’approche de la ville. Je le sens. Je m’arrêterai juste avant. Je garerai ma voiture de fonction sous une enseigne lumineuse. Pour ne pas la perdre de vue. C’est tout ce qu’il me reste, ma voiture, avec deux costumes que je jette en fin de saison, une collection de chemises blanches. Un jean et une paire de tennis pour le week-end. Un couteau au cas où. Le strict nécessaire. Entre chien et loup, j’aperçois une silhouette sur le bord de la route. Une femme. Je m’arrête. Tombée en panne, pouvez-vous me déposer en ville ? Montez. •



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¤Pages Blanches Kiblind n°23 Marine Caudry + Nine + Madame Lapin + Nine En partenariat avec la revue Trois jambes, Un bigoudi, éditée, produite et distribuée par Barbe à Pop www.myspace.com/edward_gorey (pp. 28-31) Karine COURVILLE, Steeve Mc Queen ne pleure jamais Illustration : Simon Bournel Cette nouvelle est extraite du recueil En morceaux, édité par La Passe du Vent. Cet opus réunit les textes des lauréats du concours Quelles Nouvelles ? 2008, organisé par l’Espace Pandora. Sortie officielle : vendredi 23 janvier, 19h à la Maison du Livre, de l’Image et du Son. Ce rendez-vous festif, accompagné de lectures et de friandises, célébrera également le lancement du concours 2009 (pp. 32-35) Julie Chovin Tentacules et Cie www.myspace.com/juk1 Julie a illustré la jacquette du dernier maxi de Paral-lel, label BEE Sortie le 4 décembre (pp. 36-37) Le Rieur + Elshopo Exposition GLW IN TH3 DRK chez At///Work PosterShowRoom vernissage le 2 décembre 2008 Ouverture dans le cadre de la Fêtes des Lumières les 6, 7 et 8 décembre www.myspace.com/atwork_postershowroom (pp. 38-39) SIXO Expo jusqu’au 15 décembre à la galerie All Over 158 rue Cuvier, Lyon 6e www.myspace.com/51x0 (pp. 40-41)



gasfa Ils sont deux. Ils mangent hip-hop, dorment hip-hop et viennent de passer pour des fondamentalistes anti-blancs. Ils se sont fait la main à Radio Canut, mènent leurs interviews comme des caméras embarquées et travaillent à une série de docs sur les USA pour Arte. En plus, ils font un magazine qui défonce. Faut-il avoir peur de ces putains d’intello fans de cookies ? Texte: J. Martinez Illustration : Visuel tiré de la couverture de Gasface n°6 (Automne 2008)

Bio : 2003-2004 : Gasface paraît en tant que Fanzine 2005 : l’objet imprimé est en stand by. Nico et Groswift organisent de nombreux concerts à base de pointures du rap US (Dilated People, DJ Revolution, the Brand Nubian, etc.) Juin 2006 : Arrivée du Gasface nouvelle mouture vendu en kiosques Octobre 2008 : Polémique autour du titre du Gasface n°6. Boycott d’un quart des buralistes.

aa Ils reviennent de Marseille, tout juste échappés de l’interview de GZA, aka the Genius, du Wu Tang, qui s’est bien passée. Une légende du rap ricain de plus dans la besace MP3 de Nico et Groswift qui, du coup, sont arrivés tous cookies dehors, en pleine forme. Détendus. Ces deux-là se sont connus dans le studio poussiéreux de Radio Canut il y a 6 ans, par l’intermédiaire de l’émission Fragment of Hip-Hop. Nous, on les connaît depuis la fac, on a essuyé les mêmes bancs… Une ville, deux magazines. La discussion embraye très vite la dessus. « Ils vous soutiennent ? » - Bah, plutôt oui. Disons qu’ils communiquent dans nos pages à chaque parution. - Ouais… Pour nous, visiblement, c’est terminé. Celui qui parle là, c’est Nico de Gasface. S’en suit une longue discussion sur la façon méprisante dont les politiques considèrent la culture Hip-Hop, toujours entendu comme un bordel potentiel tout juste capable de canaliser les jeunes de banlieues. « Dis-moi franchement, dans quel autre domaine est-on obligé d’organiser des festivals avec des quotas de jeunes de MJC ? ». Les langues se délient.

Il faut dire que les Gasface ont l’habitude en ce moment. « Faut-il avoir peur de ces enculés de blancs ? ». Ces mots d’accroche sur la couverture du dernier numéro ont déclenché une polémique qui leur a valu un boycott de la part d’un quart des kiosques. Un cruel manque à gagner quand on connaît le fonctionnement des NMPP*. À l’origine, une question posée en forme de provocation. Une simple ironie de forme lorsqu’on sait que ces deux-là sont plus blancs que blancs et qu’on jette un coup d’œil attentif à un dossier joliment mené : quelle est la place des blancs dans l’univers Hip-Hop cher à Gasface ? L’objectif : avancer des clichés anti-blanc répandus dans la culture Hip-Hop pour mieux s’en moquer et les détourner. Une façon absurde de traiter du racisme. Résultat : un magazine difficile à trouver et un buzz médiatique de folie (France Inter, Les Inrocks, le site de Tsugi, etc.) en plein Congrès de la presse française qui avait lieu à… Lyon. On a définitivement perdu Groswift en route, qui, après quelques


ace bières, a kidnappé un ordinateur pour envoyer justement le communiqué de presse de l’ « affaire » à Technikart.

AMOUR ET VÉRITÉ

Faut dire qu’entre temps on est repartis sur l’éternelle constat d’un manque de fierté d’être lyonnais. « On est lyonnais, on passe dans les médias nationaux, qui louent la qualité de notre support, et ici, les gens s’en foutent. Alors, être lyonnais, pour nous… » Nico, enchaîne successivement sur les faibles subventions apportées au festival L’Original, la crainte que cette culture entraîne chez les décideurs publics en général, et reprend l’exemple de Gasface. « Et si on était un magazine de musiques électroniques ou centré sur la culture Rock ? Là, c’est certain, on serait soutenus ». Mais malheureusement, Gasface, ce n’est pas ça. Gasface, c’est le « kungfoutre », ni plus, ni moins. Concept développé par la direction bicéphale du mag, le « kungfoutre » est le résultat d’une passion dévorante vouée

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à une certaine culture hip-hop : leur culture hip-hop. Si la marque de fabrique du mag est, depuis ses origines, de faire des interviews hyper poussées des icônes du rap (plutôt ricain…), Gasface, est aux antipodes d’une revue de rap qui compilerait les dernières sorties estampillées Skyrock. Il s’agit plutôt d’un témoin exigeant et intelligent d’une génération bercée par les States des années 70 à 90. Une époque où les Etats-Unis écrasaient le monde entier avec, en vrac, NBA Jam, le Big Mac, la funk psychédélique, les films de Spike Lee et Brooklyn tout entier… Un regard porté sur la société où, dixit Nico, le « rock » des Inrockuptibles, pourraient être remplacé par le « rap ». Leur baseline est on ne peut plus claire : « revue scientifique dédiée à l’amour et à la vérité ». L’heure passe, on est en bouclage et Groswift a fini d’envoyer son mail. Nico termine : « c’est à des magazines comme vous de prendre position, il faut raconter aux gens comment ça se passe… ».

+ d’infos : www.gasface.net kungfoutre.blogspot. com *NMPP : les nouvelles messageries de la presse parisienne détiennent le monopole de la distribution de la presse nationale. Elles sont à l’origine de nombreuses polémiques et sont au cœur des discussions sur les projets actuels de réforme de la presse.


LIVRE I BD I REVUE

par J. Tourette

TerreNoire Éditions

C’est l’histoire d’un jeune homme de vingt ans assez ordinaire. Gérard Poncet a grandi dans les pentes de la Croix-Rousse, à Lyon, et travaille chez un fleuriste. L’apanage de la jeunesse le conduira de l’autre côté de la Méditerranée, pour connaître la guerre. Le 5 avril 1956, à Djeurf près de Tébessa, il est pris au piège dans une embuscade. Sous le feu, ses pensées le ramènent dans les rues et les places qu’il a quittées, à celle qu’il a laissée là-bas, au métier de fleuriste. Il refait le chemin qui l’a conduit ici, dans ce paysage austère où il a été jeté dans une guerre qu’il ne comprend pas. Le moindre gars nous paraissait suspect : quand on est plusieurs à se monter le bourrichon, ça tourne vite à l’obsession ! La suite, c’est une affaire d’honneur, comme ils disent, moi je crois que c’est plutôt de l’orgueil, mais celui qu’on a regardé de travers, qu’il soit blanc ou basané, il finit par croire aux idées dont on le soupçonne, même si au départ il a rien à voir avec ça ! C’est sa façon de prendre sa revanche. Et c’est comme ça qu’on se retrouve avec des ennemis, là où on n’avait que des voisins… Comme son protagoniste, Laurent Cachard est né à Lyon. Tébessa 1956 est son premier roman édité ; il travaille actuellement sur Une partie de cache-cache, un roman construit sur une série de photographies de Jean Frémiot, et sur une double édition : celle des Territoires occupés et du Bras armé de Jean-Louis Pujol aux Editions Pictura.

Une maison d’édition artisanale qui assure la chaîne du livre dans son ensemble. Créés en 1997 par des précaires dans des conditions précaires, les livres Terrenoire, « faits à la main par des chômeurs », circulent, sont lus, amorcent des prises de conscience, soufflent un vent de révolte, interrogent sur les mutations sociales, montrent, monstres. Atypiques, de formats et de sujets, les livres Terrenoires sont beaux. Au catalogue 2008, sous-titré « Se battre », plusieurs objets d’analyse : la collection « No Présent », transfuge pour une prise de conscience générationnelle ; la cellule Propagande, qui fournit autocollants satyriques, et autre Jeu des 7 familles précaires ; « Addictions », collection viscérale et « Loosers », documents collectifs ; la grande section « Écrits et Témoignages » ; et le volet « Dessin et Bande dessinée », avec des auteurs comme Luca Méthée ou Ivan Brun. « En finir avec la défiance systématique à l’égard d’autrui, l’ironie pathétique, le second degré branché, les poses rebelles adolescentes, les prétentions artistiques, et le second degré bidon qui nous placerait audessus de tout. Réfléchir, détourner, pirater, sampler, affûter son sens de l’analyse, retourner la balle à l’envoyeur, aiguiser son regard, canaliser sa rage, apprendre à ne plus prendre les vessies pour des lanternes, résister, se mettre en danger, faire face, relever la tête, répliquer, lutter, se battre. »

+ d’infos : Tébessa 1956 Laurent Cachard Editions Raison et Passions http://laurentcachard.hautetfort.com 13 euros

+ d’infos : Atelier ouvert au public TerreNoire éditions 10 rue du chariot d’or 69004 Lyon www.editionsterrenoire.com

Tébessa 1956 Trois jambes, un bigoudi par J. Martinez

De matins nains en soirées prolongées, Sébastien Escande, plus connu pour sa barbe à pop*, a concocté une revue graphique de talents au nom étrange mais charmant. En se promenant dans le web et en rebondissant de myspace en myspace, il est ainsi rentré en contact avec 16 dessinateurs, tonton Marius inclus, d’ici ou d’ailleurs, œuvrant pour un monde meilleur. Des gens d’ici (JM Bertoyas, Julien Dupont, Fabio Viscogliosi), des gens d’ici dans Kiblind (Madame Lapin et Marie Caudry p.XX), des gens d’ailleurs (Amandine Urruty qui a réalisé la couverture d’Étapes spécial étudiant d’octobre dernier) et des gens d’ailleurs en couverture de Kiblind (Nine Antico). Tous ont en commun un trait de caractère au service d’un univers décalé. Entre onirisme et animalerie. Un prochain opus sortira de terre au printemps prochain. En suivant la même méthode, mais d’autres chemins. Suivez le guide. *Structure organisatrice de concerts pop à Lyon. + d’infos : Trois jambes, un bigoudi Autoédité par Sébastien Escande Prix : 8 euros Disponible un peu partout en France et ailleurs. A Lyon dans les librairies Grand Guignol, au Bal Des Ardents, Ouvrir l’œil, Expérience, Vivement Dimanche, Terre Noire, Descourt, L’étourdi... www.myspace.com/edward_gorey

par J. Tourette


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A Diagonal Trip par J. Martinez

Le nouveau catalogue d’Hixsept est une œuvre à part entière. Un petite merveille d’édition virevoltant autour d’un voyage expérimental à la Lewis Carroll, entre rêve et réalité.Translation. Pour rappel, la marque à l’oiseau gris est née non loin d’ici, à Grenoble, il y a maintenant près de 10 ans. À l’époque, deux jeunes artistes d’à peine 18 ans issus du graffiti, se lancent dans le street-wear. En déclinant des éléments du graffiti et en s’appuyant sur un graphisme de qualité, ils vont rapidement devenir une marque connue et distribuée dans le monde entier. Quelques péripéties plus tard, les revoici avec une nouvelle collection : A Diagonal Trip, où ils déclinent à volonté l’objet T-Shirt en s’appuyant sur l’assemblage de textiles et le mélange de motifs. Le design est soigné et l’esprit proche d’un quartier amérindien imaginaire de Williamsburg, à NY. Micro-édité et disponible chez les revendeurs de la marque, le nouveau catalogue vous emmène dans des recoins secrets, splendeur de falaises ou textes oniriques, où un sauteur fou côtoie un apache east-coast androgyne. Où Félix the Cat toise Harvey Keitel, pas mécontent. En bref, photographies, dessins, recherches, pages blanches ou aplats de couleurs, présentent des éléments récoltés au travers des pérégrinations des deux acolytes de la marque, entre Grenoble, N-Y, Stockholm, Copenhague ou Paris. Un bon trip. + d’infos : L’Oiseau Gris A Diagonal Trip Edité par Hixsept Imprimé à 1000 exemplaires Dispo chez les revendeurs de la marque www.hixsept.com

Éditions ADERA par J. Martinez

Sol Carrelus

par J.-L. Musy / Librairie Expéreince

Une bande de copains qui jouent à se faire peur pour Halloween ou l’histoire délirante d’un exorcisme un peu loufoque. Mais qui est déguisé ? Qui sont ces villageois s’amusant à poursuivre nos « héros » tout en les dessinant ? Et d’ailleurs, lesquels sont les héros et lesquels meurent à la fin ? Florent Ruppert et Jérôme Mulot nous livrent un nouvel opus de leurs bandes dessinées si personnelles : Sol Carrelus. Tout est calculé, dosé et d’une fluidité incomparable. Les deux auteurs n’en sont d’ailleurs pas à leur coup d’essai. Ils ont eu le prix « jeune talent » en 2007 pour Panier de singes ; puis Le Tricheur, sorti il y a 7 mois, toujours à l’Association, est venu confirmer les grandes capacités narratives de ces deux loustics. En recherche permanente, ils s’affichent en dignes descendants de la mouvance « oubapienne » (parents de l’Oulipo de Queneau). Découvrez vite cet album, disponible en librairie, depuis le 8 novembre. + d’infos : Sol Carrelus De Ruppert et Mulot L’Association 80 pages / 18 euros

Ces éditions émanent du réseau des écoles d’art de la Région Rhône-Alpes et plus précisément de l’Association des directeurs des écoles d’art de Rhône-Alpes (ADERA). Cette association, fondée en 1990, regroupe les cinq écoles de la Région Rhône-Alpes (Annecy, Grenoble, Lyon, Saint-Etienne, Valence) et à, entre autres, pour objectif de mettre en valeur le travail d’artistes d’anciens étudiants. Avec Rendez-vous (Projet en collaboration avec le Musée d’art contemporain de Lyon visant à rendre lisible les jeunes artistes émergents en Rhône-Alpes) dont l’expo a lieu jusqu’au 4 janvier au MAC, ou encore les Galeries nomades (programme associant les 5 écoles d’art, l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne, le réseau des lieux de diffusion en Rhône-Alpes et de jeunes artistes issus des écoles de la région), l’ADERA a donc également mis en place une politique éditoriale avec la création de la Collection « éditions ADERA ». Il s’agit de catalogues monographiques consacrés à des artistes issus des écoles supérieures d’art de Rhône-Alpes.Les textes sont réalisés par des critiques d’art et la maquette/ réalisation graphique est réalisé par un jeune studio local. Deux ouvrages à paraître : Bettina Samson, «Laps & Strates» et Chistelle Franc, diplômée de l’Excole supérieure d’art et de design de Saint Etienne (Textes de Jean-Christophe Bailly / Graphisme: Nicolas Romarie). + d’infos : Éditions ADERA www.ecoles-art-rhonealpes.fr


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e d i v e t ê t la

ette

Texte : J. Tour

L’étude vidéo-cubiste d’une passion, dans un dispositif scénique prédisposé au polar. Collectif 7 revisite l’enquête théâtrale, en positionnant le spectateur au centre de l’intrigue.

aa Collectif 7 est une compagnie basée à Saint-Étienne, créée en 2000 par trois anciens élèves de la Comédie. Avec La Tête vide, ils s’attaquent à l’adaptation policière, à partir du roman de Raymond Guérin. C’est une enquête qui démarre. Suzanne Barcenas et Victor Tonnellier sont retrouvés morts au lieu-dit « La Tourbière ». Le propriétaire des lieux, Claude Pellegrin, écrivain, critique d’art et archéologue, réunit plusieurs personnalités en huis-clos pour tirer au clair les circonstances du drame. Double meurtre ou double suicide ? Chaque protagoniste est invité à se questionner, en même temps que le spectateur, pour tirer l’affaire au clair. En archéologue des relations humaines, Claude Pellegrin va collecter les informations parcellaires des personnages. De témoignages en confidences, son opinion va changer, se préciser ou s’embrouiller, l’amenant à reconsidérer systématiquement sa perception des choses. La vérité est une chose mouvante, voire insaisissable, sujette aux différentes versions qui viennent s’entremêler.

CLUEDO CUBISTE

+d’infos : La Tête vide Du 27/01 au 31/01 à la Comédie de Saint-Étienne Les 04/02 et 05/02 au Théâtre Astrée (Villeurbanne) www.comedie-de-saint-etienne.fr

Le pari, pour le metteur en scène du Collectif 7, était de restituer avec fidélité ce sentiment de fuite d’objectivité, conséquence du flot d’informations subjectives et pourtant primordiales, inhérent à toute enquête. En s’appuyant sur la structure même du roman, Gilles Chabrier a imaginé une scénographie quadri-frontale : quatre écrans qui entourent le public, sur lesquels sont projetées des images, éléments d’investigation, tout autant indices que fausses pistes. Ce dispositif vidéo-cubiste plonge le spectateur dans un véritable jeu de rôle dont il doit démêler les éléments pour reconstituer la trame, et se forger comme Claude Pellegrin sa propre vérité en usant de son « art de l’assemblage ». « Nous abandonnerons l’unicité de point de vue du “motif”, celui des personnalités des protagonistes ou celui des faits-mêmes, pour en introduire de multiples sous des angles divers, juxtaposés ou enchevêtrés dans une même perception. » Plus pertinent qu’un polar, La Tête vide permet au spectateur de se réapproprier véritablement le flux de l’histoire, en transgressant physiquement la frontière qui le sépare traditionnellement de la scène. Et du point de vue de l’anthropologue, il interroge sur les mécanismes perceptifs à la base d’une opinion, souvent source d’une vérité biaisée.


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s u c o f mono Texte : J.

Electro-blues-forain, Monofocus est un triptyque baroque tout droit sorti d’un entresort de foire. Avec leur premier album, Fratelli Brutti, il réinvente le cabinet des curiosités.

aa On aurait pu les croiser dans un film de Kusturica. Sans doute échappés de la fanfare onirique qui ponctue les moments d’Underground ou Chat Noir Chat Blanc. Trois « frères laids », si l’on s’en tient à la lettre de leur premier album, Fratelli Brutti, mais qui ne garderaient de la « laideur » que son aspect bizarre et curieux. Forain. Aucune répulsion, et même de l’attirance. Bizarre, parce que cela ne ressemble à rien de connu. Curieux, dans son appellation « electro-blues-forain ». Monofocus a fait son apparition sur la scène régionale l’année dernière, notamment révélé en Découverte Rhône-Alpes lors du dernier Printemps de Bourges. Enfants de la balle, sortis d’un entresort de la Compagnie 2 Rien Merci et du cirque Moulin Cabot à Château Rouge, ces phénomènes de foire viennent des arts de la rue. Déjà familiarisés avec le théâtre et le cirque, leur musique expérimentale s’est concoctée sous chapiteaux entre leurs trois personnalités. Vincent Petit (basse, tuba, synthé) est issu du monde de la fanfare ; Freddy Boisliveau (guitare, grosse caisse) s’est fait la main à l’école du blues et du rock ; Yann Servoz (orgue, machines, accordéon, caisse claire), touche depuis tout petit à l’électro. Ce qui donne ce mélange baroque electro-blues-forain.

Cabinet des curiosités

+ d’infos : Fratelli Brutti, septembre 2008 www.myspace.com/monofocus + En concert 16/01 : Le Totem (Chambéry) 23/01 : La Presqu’Île (Annonay) 24/01 : La Cigale (Nyons) 30/01 : Festival Poly’Sons / Théâtre L’Iris (Villeurbanne) 04/02 : Le Brise Glace (Annecy)

Tourette

Comme ces lieux Renaissance où étaient entreposés et exposés des objets collectionnés – avec un goût prononcé pour l’hétéroclisme et l’inédit – Monofocus se définit par « une sensibilité moderne un rien datée, à base d’étranges archives sonores ». Blues, folk de l’Ouest, Klezmer, tzigane, orgue de foire, se bousculent sur samples de vieilles radios, ponctués par moment d’un mélange d’italien, de patois bourguignon et de français. ça donne une ambiance glauque et festive, entre la Cemetery Polka de Tom Waits et l’Alabama Song de Kurt Weil. Leur premier album, Fratelli Brutti, est sorti en septembre dernier sous le label indé « 1 montreur d’ours ». Et préservant le côté familial forain, l’album a officiellement été lancé par un concert, au terme d’une semaine de résidence à Annemasse avec la troupe 2 Rien Merci, qui célébrait en même temps l’ouverture de saison de Château Rouge.


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t s a r tfe

Révélé en même temps que la (re)naissance du Claks, le nom d’ArtFeast virevolte et secoue un peu les formats éculés des nuits lyonnaises.

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: G.

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Jallu

aa Association fort nouvellement née, ArtFeast repose en grande partie sur la fougueuse jeunesse de Romain, la vingtaine toute récente, et celle de ses amis Guillaume BKR et Jean-Antoine, un jeune graphiste. Le projet s’élaborait depuis 2007 : lassé des soirées notamment étudiantes, et du format « DJ + consommation rabelaisienne d’alcool et autre », Romain observe consciencieusement tous les écueils de nos distractions nocturnes trop uniformes à son goût. Le concept émerge enfin clairement cet été, après avoir considéré entre autre les soirées de la capitale anglaise. Le concept est simple et fort : ArtFeast c’est la confluence des Arts, pour tous. Pourquoi dissocier constamment en effet les disciplines artistiques, quand on peut créer entre elles une émulation qui force la découverte ? Subsumé sous ledit concept courent aussi quelques idées fortes qui caractérisent l’âme d’ArFeast. Ainsi de la volonté de promotion des artistes locaux, ou de celle de l’interactivité : au format classique et « contemplatif » de l’expo traditionnelle vient s’ajouter dans le même temps la dynamique des ateliers ou des performances. Ces points forts s’expriment d’abord par un format « simple », celui des soirées. Contacté par l’équipe du Claks qui souhaitait une ouverture à d’autres publics que le sien, Romain propose son format ArtFeast et obtient une carte blanche le Jeudi.

CROSSOVER

+d’infos : www.myspace.com/dothefeast Courant décembre : Apéro / expo pour le lancement du blog

e Text

Le lieu est idoine et offre la possibilité d’un parcours qui colle à l’esprit de l’événement, on peut donc suivre un circuit expo en début de soirée puis passer au live, et enfin découvrir le club avec le format electro/dj set. Le premier essai fut un coup de maître : custom, expo, live, fooding et DJ set qui auront drainé quelque 800 personnes, des kidz aux trentenaires. Un succès qui, loin d’imposer le format de la soirée comme unique modèle, pousse les garçons d’ArtFeast à ne pas se donner des limites, et à évoquer des projets par dizaines. Persévérer sur ce format « tout en un » bien entendu, des thématiques périodiques, de l’événementiel unidisciplinaire plus pointu, des soirées en 2 parties : Apéro / expo dans un lieu, et live dans un autre, des fêtes en plein air, des choses sur plusieurs jours, bref, l’imaginaire va bon train. Et quand on voit ce qu’ils ont réalisé lors des premières soirées, nul ne doute qu’ArtFeast réserve encore bien des surprises.


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gourmets z g n i d r o c e r

Texte : G. Jallut

Maison d’artiste fondée en 2005 autour du groupe du même nom, Gourmets Recordingz est l’une des rares structures lyonnaises à recueillir en un sein éclectique Hiphop, chanson française et electro.

+ d’infos : www.myspace.com/ gourmetsrecordingz www.gourmets-recordingz.com ***Buridane 11/12 : 1ère partie de Arthur H, Le Fil (Saint-Étienne) 27/02 : 1ère partie de Cali, Château Rouge (Annemasse) ***Carmen Maria Vega 18/12 : 1ère partie de Tryo, Le Fil (Saint-Étienne) 22/01 : Les Poly’sons, avec Yoanna (Montbrison) 31/01 : Le Polaris (Corbas) ***Les Gourmets 31/01 : Rurbain Festival (Villefontaine) ***We Are Terrorists 13/02 : Ninkasi Kao (Lyon) À partir du 2 décembre, découvrez en exclusivité sur Recmag un dossier spécial Gourmets recordingz : www.recmag.com

aa Gourmets recordingz est une famille. Il y a les anciens, les tontons, le fer de lance en forme de trident Electro / hiphop / Chanson française constitutif de l’âme du clan, et la relève, les jeunes pousses. Et comme une grande et composite famille, tous ses membres entretiennent la fibre émulatrice d’une concurrence fraternelle et positive. Galerie de portraits, en commençant par le trio historique : Les Gourmets, bien sûr, autour desquels s’est constituée la structure. Rappeurs affranchis, les maîtres queux des sets énergisants ont plumes fines et autodérision comme instruments de cuisine. Seconde de la fratrie, Carmen Maria Vega, cantatrice comédienne, truculente féministe pourtant misogyne, brosse ses portraits au rythme des swings de la contrebasse et de la guitare jazzy. Enfin, Nil, le fou follet rejeton d’une electro intelligente, classe et dansante produit quelques gemmes sonores où les lignes mélodiques claires le disputent au beat head bangogène. Puis vient la « 2e génération », solides lieutenants et enfants pas moins chéris du triptyque principiel. Buridane, douce blondinette pas fragile, qui promène sa guitare et des chansons aux textes sacrément bien écrits de scènes en scènes, promet de belles heures à une chanson française souvent bien plan-plan. La descendance electro est assurée par 2080, homme-confluence des années 1980 et 2000 qui croise sons hiphop, electro 8 bit et techno dancefloor ; et WAT, mercenaires encagoulés, producteurs d’electro-rock tranchant dans le vif. Enfin, Manimal Instinct, rappeur mi-homme mi-animal polyglotte décochant ses punch-lines en anglais comme en français, ferme la marche.

SI T’ES DOWN AVEC LA MAISON MèRE

Mal qualifié, Gourmets Recordingz n’est pas label, si ce n’est de qualité. L’histoire de la maison est une histoire de coups : de gueule, de cœur, de têtes, de foudre. Ses fondateurs sont des managers, des accompagnateurs, gérant leurs artistes comme un bon père sa famille ou un parrain ses neveux. Le but est de les amener à plus de confort, à les faire vivre de leur art, à les porter à se réaliser, fût-ce dans l’indépendance la plus totale à terme. Une parole d’amour certes, mais qui ne manque pas d’efficacité puisqu’elle a su fédérer quelques-uns des talents locaux les plus à suivre. Une famille en or.


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e c a p s e ’ d s e c è p es

llut

Texte : G. Ja

Georges Perec publie en 1974 Espèces d’Espaces un essai où il livre son rapport aux espaces de plusieurs sortes. Une filiation en filigrane pour le Magasin de Grenoble, qui présente une exposition/réflexion autour de ce thème dans les années 80.

aa Les 80’s. Le thème est vaste, et déjà grassement exploité par la tendance qui depuis 5 ans se gargarise des retours cycliques de la mode et de la musique. Le propos du Magasin est plus circonspect. Par années 80, le centre d’art contemporain grenoblois entend parler d’une décennie au sens large et d’artistes qui auront émergé durant cette période. Respectant parallèlement la conception géopolitique bipolaire de l’époque, on s’intéressera au monde libre, celui des pays démocratiques industrialisés. Plutôt qu’une classique sélection d’artistes par critères de reconnaissance ou de vente, le Magasin a opté pour une intéressante présentation inspirée des enjeux théoriques de l’époque, concevant un parcours imagé et sensé de plusieurs espaces thématiques. L’exposition est composée de 2 volets : un premier constitué comme un prisme, focalisant du général au particulier en plongeant de l’espace public à l’espace privé ; et un second, centré sur les images et représentations, qui aura lieu durant l’été 2009.

GRANDES SURFACES

+d’infos : Espèces d’espace Jusqu’au au 04/01/09 www.magasin-cnac.org NB : A l’occasion de l’exposition, parution d’un livre bilingue, français et anglais, qui rassemblera des textes d’Yves Aupetitallot, Hal Foster, Maria Garzia, Ludger Gerdes, Dan Graham, Félix Guattari, Fredric Jameson, Lucy Lippard, Alan Moore, Paolo Portoghesi, Sally Webster.

Rendant compte de la volonté de l’époque de se réapproprier l’espace public, c’est la Rue, celle de Günther Förg qui accueille le visiteur. Un wall painting immense qui dessert plusieurs salles thématiques liées à l’architecture ou à l’urbanisme et leur investissement par des artistes comme Ludger Gerdes, Thomas Schütte, ou le grafffeur new yorkais A-ONE. Une grande salle configurée par le genevois John M. Armleder sert d’espace de transition entre cette pensée globale de réadaptation du patrimoine quotidien et commun, et les espaces suivants, évoquant la sphère privée. Design de mobilier d’intérieur (les étagères « PLV » d’Haim Steinbach), photos de différentes pièces d’un appartement (la série Intérieur de Thomas Ruff) ou mises en scènes maquettées et photographiées de Laurie Simmons, le chemin parcouru de la rue à un intérieur type prolonge la réflexion amorcée avec l’espace public. Comment assimiler ce désenchantement du monde, celui de l’effondrement des utopies révolutionnaires et des repères culturels ou religieux, et celui de l’avènement d’un libéralisme féroce mais brillant, où la recherche de l’autoréalisation individuelle devient forcenée ? De quoi rendre fou ou géniaux les artistes qui se frottent au sujet. C’est fort adroitement le thème du dernier groupe de salles : la communauté du Monde de l’art. On y trouve portraits d’artistes ou de collectifs, notamment new yorkais, et une volonté de présenter les méconnus et des œuvres inédites.


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s e r è i m u l t e arbres Texte : J. Tourette

Pour la 8e année consécutive, Genève redesign en lumière ses arbres de Noël. 12 artistes contemporains et 12 œuvres originales occupent le centre ville du 28 novembre au 4 janvier.

aa Arbres et Lumières est un événement annuel, qui électrise les arbres de Genève depuis huit ans. Imaginé autour du sapin, comme symbole de Noël, l’idée originelle a été de concevoir la ville comme une œuvre d’art, revisitée par le design éclairé de quelques artistes contemporains sur les arbres qui la traversent. Lors de la 1ère édition, baptisée Christmas Tree, 18 artistes internationaux avait été invités à décorer la ville. Avec le temps, la manifestation a développé une dimension plus artistique que décorative, notamment sous l’impulsion de Jean-Claude Deschamps, directeur artistique en 2004. Le principe, quant à lui, n’a jamais changé : « aller à la rencontre du public et lui proposer des “brèches” culturelles au détour d’une rue ou d’un arbre. » Et à travers ces « brèches », de pousser le passant à réfléchir. Par la forme qu’il va prendre - emballé, illuminé, construit ou suggéré – l’arbre amène la réflexion : sur le temps qui passe, l’environnement ou l’urbanisme. Le rayonnement d’Arbres et Lumières repose, bien entendu, sur ses installations lumineuses. Constructions sonores, projection ou installation, la lumière est exploitée sous toutes ses formes. Un concept qui rappelle celui de la Fête des Lumières à Lyon. Aujourd’hui plateforme internationale de croisements artistiques, le festival accueille pour l’édition 2008 une douzaine de créateurs contemporains, confirmés, émergents ou en école d’art.

VOL DE NUIT

+ d’infos : Festival Arbres et Lumières Du 28 novembre au 4 janvier 2008 / Genève www.festivalarbresetlumieres.ch

Architectes, concepteurs lumière, éclairagistes, plasticiens et designers, les 12 artistes retenus pour cette 8e édition participent à faire sortir l’art contemporain des musées, pour le déployer dans les rues de Genève. Concentré autour de la Rade, le parcours présente douze lieux propices à la balade nocturne. Au choix : Quai Wilson (Tigre d’O, Eric Barray), Rotonde du Mont-Blanc (Abat-Jour, Atelier Oï), Place des Berges (D’hiver et d’Ailleurs, Rémi Polack), Île Rousseau (Quelque chose de bleu, François Gschwind), Quai Général Guisan (Pixel-Art meets Nature, ACT Architectural & Lighting Design), Jardin Anglais – Horloge Fleurie (Neige Eternelle, Géraud Périole), Jardin Anglais – Horloge Fleurie (Neige Eternelle, Géraud Périole), Jardin Anglais - Fontaine (Cocoon, Sophie Guyot), Promenade du Lac (Re-flux, Laurent Sfar), Square Pierre Fatio (Progressions, Gaële Braun), Place Neuve (F...Lux de Fleurs, Leslie Labonne), Rue JeanFrançois Batholoni (Racines du Temps, Thierry Metral).



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PROGRAMME PARTENAIRES PASS KIBLIND L’IRIS* l Tartuffe l 27/11 > 20/12 + 30 et 31/12 Tartuffe, faux dévot hypocrite, a assis son emprise sur les esprits d’Orgon et de sa mère Madame Pernelle. Directeur de conscience prompt à donner des leçons qu’il est le dernier à suivre, il se voit promettre par son protecteur la main de sa fille, Marianne, pourtant amoureuse de Valère. Cela n’empêche pas Tartuffe de convoiter en même temps la jeune épouse d’Orgon, Elmire, qui ourdit un stratagème afin de démasquer Tartuffe… La Cie de l’Iris, qui célèbre cette saison ses vingt ans, poursuit une création toujours en rapport avec les influences et les turbulences souterraines qui agissent la vie quotidienne. « S’en remettre à “l’homme providentiel” pour gouverner sa maison et se laisser dépouiller de tout, ça ne vous dit rien ? »

INFORMATION Par la Cie de L’Iris Mise en scène de Philippe Clément A voir également 13/01 au 24/01 : Pit Bull + Lionel Spycher 30/01 : Monofocus 05/02 : Maloh 07/02 : Bourg-Neuf

* Genre : Théâtre / 331 rue Francis de Pressensé - Villeurbanne / www.theatredeliris.fr


NTH8* l Notre Cerisaie l 03/12 > 17/12 «Votre Cerisaie va être vendue à cause des dettes. La vente est fixée au 22 août, mais ne vous inquiétez pas, il y a une issue. Naturellement, il faudra arranger tout cela, démolir les vieux bâtiments, cette maison qui ne vaut plus rien, abattre la vieille cerisaie... » Pour que la Cerisaie devienne Notre Cerisaie, comme eux il nous faudra simplement : être encore un enfant / réveiller des souvenirs / prendre du café jour et nuit / être un éternel étudiant / parler, mais avec qui ? / tomber amoureux / danser, danser, avoir le cœur qui bat / rater le train / porter le coup de hache / rêver / révolutionner le monde / planter un nouveau jardin / acheter du champagne, à quoi bon pleurer ? / quitter pour toujours cette maison / partir / entendre les coups de hache contre les troncs d’arbre / jeter les clés dans le puits / partir / être libre comme le vent. (Sylvie Mongin-Algan)

INFORMATION Texte de Anton Tchekhov Mise en scène de Sylvie Mongin-Algan Cie Les Trois-Huit A voir également 5/02 au 7/02 : Hamlet 4GO

* Genre : Théâtre / 22 rue du Commandant Pégout - Lyon 8e / www.nth8.com

POINT DU JOUR* l Qui a peur de Virginia Woolf ? Edward Albee a écrit cette pièce en 1962, en réaction à la représentation idéale de la famille américaine qui était la plupart du temps générée par les médias populaires. Il livre le portrait amer de Martha et George, deux êtres blessés par la vie, qui tentent de rester debout dans leur relation en créant des illusions et s’inventant une autre réalité plus séduisante. Ce voile d’égarements les mène à construire des jeux mentaux cruels, fondés sur des mensonges auxquels ils ont décidé de croire. Nick et Honey vont brutalement se retrouver public de ce sadisme et découvrir, en même temps que le spectateur, la violence acerbe de leurs hôtes. Peu à peu, ils sont entraînés dans la limite ténue entre fiction et réalité, suivant l’histoire acide d’un mariage détruit par des ambitions avortées, l’absence d’un amour vrai et la pression sociale.

l 09/12 > 13/12 INFORMATION Par la Cie De Koe Mise en scène de Hanneke Van de Kerkhof

* Genre : Théâtre / 7 rue des Aqueducs - Lyon 5e / www.lepointdujour.fr


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LES ATELIERS* l La Busta l 13/12 et 14/12 Un homme reçoit une enveloppe. Il ignore le motif de ce courrier. Pour comprendre, il est amené à se rendre dans un certain lieu. Il y rencontre le Secrétaire, le Cuisinier et X, l’inconnu. Il navigue à vue, dans une atmosphère étrange, aux dialogues serrés. Il est là pour savoir. Pour comprendre le motif. Il attendra la fin. Pour l’auteur, Spiro Scimone : « La Busta est un texte théâtral qui parle de brimades, de discrimination, de violence. Les personnages n’évoquent pas uniquement les victimes de ces violences, leurs auteurs sont également là. Ceux qui, par leur arrogance, voudraient créer un monde sans valeur, vide, faux, dépourvu d’humanité. Un monde qui ressemble beaucoup au nôtre. »

INFORMATION Texte de Spiro Scimone Mise en scène de Francesco Sframeli A voir également 10/12 au 12/12 : La Festa 13/01 au 06/02 : Faire l’amour est une maladie mentale qui gaspille du temps et de l’énergie

* Genre : Théâtre / 5 rue Petit David - Lyon 2e / www.theatrelesateliers-lyon.com

LE TOBOGGAN* l Le Conte d’Hiver l 16 et 17/12 Tragi-comédie shakespearienne, Le Conte d’hiver est un questionnement sur le temps qui passe et le thème de la transmission. Cette romance tardive au même titre que La Tempête, regorge d’intrigues de palais, de trahisons, d’assassinats, d’exils, d’élans amoureux. Léonte, roi de Sicile, est pris d’une jalousie passionnelle et destructrice : il est persuadé que sa femme le trompe avec son ami d’enfance, Polixène. Dix-sept ans s’écoulent, la pièce commencée en tragédie avec les parents se poursuit en comédie avec les enfants. La mise en scène traque dans le texte ce qui n’est pas immédiatement palpable : l’irréel, l’onirique. Jacques Osinski fait de ce conte une fantaisie féerique, où le tragique se trouve fréquemment transfiguré par le surnaturel.

INFORMATION Production du Centre dramatique national des Alpes Mise en scène de Jacques Osinski A voir également 03/12 : Buika 09/12 au 14/12 : Che Malambo 21/01 au 23/01 : Josef Nadj

* Genre : Théâtre / 14 avenue Jean Macé - Décines / www.letoboggan.com


LA RENAISSANCE* l Le Triomphe de l’amour Séduction et travestissement : une recette chère à Marivaux. Sous la relecture du classique, le marivaudage relève l’insouciance d’une jeune femme face aux mœurs de son temps, et l’insolence des beaux sentiments. L’amour comme valeur triomphale, en somme. C’est ainsi que Léonide, princesse de Sparte, se rend chez le philosophe Hermocrate pour séduire le jeune et beau Agis, qui réside céans. Là où il est affaire de dentelle, c’est que l’ingénue s’est préalablement travestie en chevalier et rebaptisée Phocion. Sûre de sa victoire, elle imagine se faire aimer à la fois comme homme, par Léontine, la sœur du philosophe, et comme femme, par Hermocrate, ainsi que par Agis. Elle va séduire, diriger, manipuler, jusqu’au triomphe de l’amour. Une guerre pour l’amour, dans un jardin.

l 20/01 > 27/01 INFORMATION Par la Cie Barbès 35 Mise en scène de Cendre Chassanne A voir également 18/12 au 22/12 : Les Folies d’Offenbach 16/01 : Duel 17/01 : Acte

* Genre : Théâtre / 10 rue Orsel - Oullins / www.theatrelarenaissance.com

LE CLACSON* l The Bellrays l 04/12 Influencés par le jazz, le punk et la soul, les Bellrays sont un mélange explosif qui doit notamment sa réputation scénique à sa chanteuse jazz, Lisa Kekaula. Un puissant mélange de rock énervé assez bien résumé dans leur devise « Blues is the teacher, Punk is the preacher ». à noter que le groupe cultive l’excentricité d’enregistrer tous ses disques très rapidement, entièrement en direct et sur du matériel très basique (du genre magnétophone à cassettes). Une soirée dignement ouverte par deux groupes lyonnais. Tout d’abord, le duo rockelectronica Eko Animo composé de B Di Placido (guitares, séquences) et K Dreveton (textes, chants). Puis, les six musiciens de The Buttshakers (littéralement « les secoueurs de popotins »), habillés façons Blues Brothers, avec leurs rythmes soul. Shake your Moneymaker !

INFORMATION www.thebellrays.com www.myspace.com/thebellrays myspace.com/ekoanimo myspace.com/thebuttshakers A voir également 11/12 : Un Tondu Un Chevelu 18/12 : La Zic du Cru

* Genre : Musique / 10 rue Orsel - Oullins / www.clacson.fr


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MARCHÉ GARE* l Kwal + Dialect l 18/12 Kwal est un conteur. Sa présence sur scène est une voie hybride colorée « slam-chanson-groove ». Des titres toujours plus personnels, soutenus par le ton naturel de sa voix, et des mots écrits pour être écoutés. Avec un nouvel album dans les bacs depuis deux mois, Là où j’habite, Kwal se dévoile un peu plus et laisse parler ses sources d’inspiration profonde. Ensuite : Dialect Music. Une aventure humaine et musicale, articulée autour de sept passionnés venant d’horizons divers : jazz, funk, ou encore hip-hop. Au fil des répétitions et des représentations, leur identité s’est affirmée : le mélange des influences est subtil et fusionnel. C’est le « Soul Dialect ». Il relate des tranches de la vie quotidienne avec recul et humour, où les mots flirtent avec les mélodies.

INFORMATION www.kwal.fr Là où j’habite, octobre 2008 www.dialect-music.com La Spéciale, réédition 2006 A voir également 04/12 : 10 rue de la Madeleine + XX Mariani 05/12 : Reggae Explosion Part Two, avec Daddy Nuttea + Zion High Foundation and more... 13/12 : Videophonic 4, avec Raoul Sinier + Karlit & Kabok + Svindrön + Noise ctrl + Azraël + Earease + Azuki

* Genre : Musique / 34 rue Casimir Perrier - Lyon 2e / www.marchegare.fr

NINKASI KAO* l Bumcello l 18/12 Le clochard et le violoncelle... Avec une patte toujours reconnaissable oscillant entre trip hop et dub brûlant, la doublette Bum & Cello nous livre une nouvelle perle : Lychee Queen. Parmi la brochette d’invités, on dénombre Magic Malik, Blackalicious, Mama handja, Tommy Jordan et Chocolat Genius qui ont tous étroitement collaboré avec le couple. Bum (« clochard »), le feu-follet et sa coiffe éternelle qui lui procure une gueule de sorcier lapon, et Cello (« Violoncelle ») multi-instrumentiste aux influences universelles. Leurs sons s’inspirent de tout et le mélange est simplement unique. Bum & Cello ne joue pas de ceci ni de cela, mais produit une musique « interstitielle » qui s’arrange toujours pour se glisser entre les lamelles des planchers où végètent et s’empoussièrent les genres conventionnels.

INFORMATION www.bumcello.com Lychee Queen, juin 2008

A voir également 01/12 : Puppetmastaz 03/12 : La phaze + Les Monstroplantes 04/12 : Gonzales & Together Ensemble 06/12 : Ten Years After 09/12 : Marc Antoine 10/12 : Joyeux Urbains + Volo 11/12 : Ours + Ben Ricour 08/01 : Concert Restos du cœur

* Genre : Musique / 267 rue Marcel Mérieux - Lyon 7e / www.ninkasi.fr


HOT CLUB DE LYON* l Psyché X-mas Party l 19/12 En matière de funk-rock déjanté, d’énergie punk, de chemises à fleurs sixties et de sons de guitare vintage, les « Thirsty » en connaissent un rayon. Le groupe, qui fêtera l’été prochain ses quinze ans d’existence, écume inlassablement les scènes de la région depuis 1994… Avec un répertoire oscillant entre groove psychédélique et rock–garage. C’est dans une grange de Ploufagain’ que sont nés le Thirsty Selenits Band et le label Druids Records, qui compte aujourd’hui cinq albums et trois vinyles à son actif… Vous avez dit underground ? En première partie, un jeune groupe de jazz-rock : le Bifurk Trio ressuscite avec talent dans ses compositions l’univers électrique et psychédélique de la musique de Jimi Hendrix ou Frank Zappa dans les années 70. Soirée déguisée !

INFORMATION Thirsty Selenits Band (PsychéGroove) www.myspace.com/thethirstyselenitsband Bifurk Trio (Jazz-Rock) A voir également 06/12 : Kolia Combo 10/12 : Alula 13/12 : Jazz en scènes : Minimal Orchestra + Novox 16/12 : Patrick Maradan Quartet 08/01 : Gipsy Groove Gang 10/01 : Art Blakey’s Thunder Sextet 24/01 : Joël Sicard solo + jam session

* Genre : Musique / 26 rue Lanterne - Lyon 1er / www.hotclubjazz.com

ÉPICERIE MODERNE* l Calexico l 22/01 Deux ans après Garden Ruin, Calexico revient avec Carried To Dust. Joey Burns et John Convertino se sont entourés de musiciens et d’amis pour enregistrer ce que les amateurs considèrent déjà comme leur album le plus varié. Le line up présent sur Feast Of Wire est à nouveau réuni et se voit complété par des invités de marque parmi lesquels Sam Beam, Douglas McCombs, et Pieta Brown. Même si l’on s’éloigne quelque peu des tonalités sombres, profondes et enivrantes de l’inestimable The Black Light (qui a 10 ans déjà), ce nouvel album conforte le groupe dans sa tendance chicanos. Mais avec une grosse dose de pop molle. En somme : plus de violin et moins de tlompetta. Soit. En tout cas, le band de l’Arizona a préservé une très forte expression scénique et ne sera en France que pour deux dates…

INFORMATION www.casadecalexico.com www.myspace.com/casadecalexico Carried To Dust, septembre 2008

* Genre : Musique / Place René Lescot - Feyzin / www.epiceriemoderne.com


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Institut Lumière* l Nuit Rob Zombie l 19/12 Première nuit des Épouvantables Vendredis, nouveau rendez-vous de l’Institut, qui présentera tous les deux mois un réalisateur ou un thème du cinéma fantastique. Pour démarrer le cycle, hommage au déjà cultissime Rob Zombie, le metteur en scène qui, en trois films seulement, est devenu l’un des plus adulés et des plus horrifiques du genre. Leader du groupe métal hardcore White Zombie, il passe à la réalisation avec le diptyque La Maison des 1000 morts et Devil’s Rejects. Le succès est tel que sa maison de production le convainc d’être réalisateur du remake d’Halloween, chef-d’oeuvre de John Carpenter de 1978. A la surprise générale, le film est une réussite totale (se plaçant en tête du box-office américain) et pulvérise l’image figée des slashers eighties.

LE PROGRAMME ROB ZOMBIE 21h : Halloween, 2007, 1h46 23h : La Maison des 1000 morts, 2003, 1h45 01h : Devil’s Rejects, 2005, 1h41 A VOIR ÉGALEMENT 17/12 : Soirée Cinéma et Histoire 19h30 : Conférence « De l’histoire au cinéma, et du cinéma à l’histoire » 21h : Le Dictateur (Charles Chaplin) Du 23/01 au 25/01 : Week-end Amis Américains, en présence de Bertrand Tavernier

* Genre : Cinéma / 25 rue du Premier Film - Lyon 8e / www.institut-lumiere.org

COMOEDIA* l Mad Max l 18/01 et 19/01 Dans la série « Ciné Collection » du Comœdia : le prix spécial du jury d’Avoriaz 1980. Max Rockatansky est un policier de la route. À bord de son Interceptor (une Ford Falcon XB sedan australienne, propulsée par un 351 Cleveland, 5.8 litres de cylindrée), il est chargé de faire régner la sécurité et de combattre les bandes de pirates de la route ; il fait équipe avec le motard Jim « Mother Goose ». Mais lors d’un affrontement, Max tue un membre des Nightriders. Comme le reste de la bande se met à sa recherche, amoche son coéquipier et menace de tuer sa petite famille, il décide de quitter son poste de policier intercepteur et s’exile de la violence routière. Mais les Nightriders le retrouvent et tentent de tuer sa femme et son bébé. Max devient mad, et part à la poursuite des motards dans le seul but de les tuer. Sans doute le plus grand rôle de Mel Gibson.

INFORMATION Mad Max de George Miller, 1979, 1h25 Prix Spécial du Jury Festival d’Avoriaz 1980 A voir également 09/12 : La Terre des hommes rouges 14/12 et 15/12 : Diamants sur Canapé Du 21/01 au 27/01 : Festival Telerama

* Genre : Cinéma / 13 avenue Berthelot - Lyon 7e / www.cinema-comoedia.com


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ZOLA* l Ciné O’Clock l 30/01 > 05/02 13e édition pour ce festival, qui poursuit un chemin à la fois singulier et original entre Irlande et RoyaumeUni. Le dernier Ken Loach, It’s a free world, sera à l’affiche, autour d’un patchwork de douze films et quatre courts-métrages projeté sur les écrans du Zola. Entre autres, l’avant-première de Crimes à Oxford, d’Alex de la Iglesia, l’étonnant Garage, puis un petit tour en Irlande avant de s’éclater en musique avec deux films : Once et surtout le documentaire sur l’emblématique leader de The Clash, Joe Strummer. Et puis aussi, pour les fans de la bande à Guillian, la rediffusion de Holy Grail, suivie d’une animation surprise. Histoire de passer une bonne heure d’après séance à dire « ni » à tout le monde…

LES FILMS Brick Lane Elizabeth : The Golden Age Once This Is England Joe Strummer, The Future Is Unwritten It’s A Free World Garage Monty Python And The Holy Grail Lord Of The Flies Billy Elliot Atonement The Oxford Murders LES COURTS-MÉTRAGES Silence Is Golden Heavy Pockets Sister City Paradise

* Genre : Cinéma / 117 cours Émile Zola - Villeurbanne / www.lezola.com

IAC* l FABRICATEURS D’ESPACES l 17/10 > 04/01 Fabricateurs d’espaces réunit huit artistes européens de renommée internationale, avec des œuvres récentes ou spécialement produites pour l’exposition. Sculpteurs d’espaces, « espaceurs », ces artistes emploient un vocabulaire de formes dont l’art minimal ou le Land art constituent le creuset. Espace généré par le corps du spectateur, espace architectural, espace mental et imaginaire, espace cosmique… L’espace sondé, contraint, outrepassé ou réinventé. La recherche d’un « ailleurs », ici, rejoint une volonté de se libérer de la gravité. Une approche philosophique et perceptuelle qui traverse les démarches artistiques et les œuvres de cette exposition, et interroge la notion d’utopie, la quête d’un futur en train de se réinventer.

INFORMATION Exposition à l’Institut d’art contemporain jusqu’au 4 janvier 2009 Artistes espacés : Björn Dahlem, Jeppe Hein, Vincent Lamouroux, Guillaume Leblon, Rita McBride, Evariste Richer, Michael Sailstorfer, Hans Schabus

* Genre : Exposition / 11 rue Docteur Dolard - Villeurbanne / www.i-art-c.org



Potemkine Que les esprits cinématographiques curieux et les fans de McLaren, Bergman, Monicelli ou Kurosawa, se rassurent : il y a des gens qui pensent à eux.

Texte: G. Jallut

+ d’infos www.potemkine.fr Orpheu Negro, de Marcel Camus > Dispo depuis le 18 novembre Jacques Rozier, coffret 5 DVD > Dispo depuis le 18 novembre

aaaaaaa Homme d’état et militaire russe, qui donna son nom à un cuirassier, qui connut son heure de gloire lors d’une mutinerie célèbre, et qui inspira le réalisateur Sergueï Eisenstein. Comme l’histoire de son nom le laisse présager, Potemkine est une sorte de filiation de plusieurs incarnations. Première de ses identités, celle du magasin parisien très indépendant qui en lieu et place des grands classiques du commerce cinématographique conseille et vend des grands classiques du cinéma, et des perles rares. Révéler l’invisible, réveiller le goût, voici la gageure de l’équipe Potemkine. Mais désaxer l’attention du cinéphile n’est pas mince affaire, et devant le succès que connaît l’échoppe parisienne, Potemkine se lance avec la puissance d’un navire de guerre dans la web aventure afin d’offrir enfin au plus grand nombre l’affranchissement des règnes régaliens de la grande distribution. Le principe du site, lancé début décembre, est de prolonger l’âme de la boutique sur Internet. S’adressant principalement aux cinéphiles avec la volonté d’abattre les clôtures de genres, 5 000 références seront bientôt disponibles. Une nuée de films plus intrigants et intéressants les uns que les autres, des trésors de raretés, de films de danse ou

d’animation, de films expérimentaux, et bien entendu une myriade de grands classiques introuvables ailleurs. Jugez plutôt : Potemkine propose entre autre les œuvres de Maya Deren ou de Stan Brakhage, les très précieux imports grecs de Theo Angelopoulos, nombre de classiques en version US, jamais vus en France comme le Huit et demi de Fellini, Bande à part (Band of outsiders) ou Soigne ta droite de Godard, les belles éditions de l’éditeur américain Criterion et du français Carlotta, les filmographies complètes de Tarkovski ou de Kaurismäki, les docu-fictions de Peter Watkins, et les perles rares de Sidney Lumet ou Seijun Suzuki. Plus besoin donc pour l’amateur éclairé de s’exténuer à parcourir les pages d’ebay pour dénicher le dvd recherché, le website Potemkine est une quasi-panacée aux maux de ceux qui désespéraient de pouvoir mettre la main sur autre chose que les films de Gondry. Dernier avatar enfin, Potemkine oeuvre également dans l’édition, en coproduction avec Agnès b. Sont ainsi sortis Mère et Fils, Requiem pour un massacre, Barry Purves - His intimate lives, Walkabout, très récemment la Palme d’Or cannoise de 1959 Orpheu Negro, et un coffret Jacques Rozier.


ÉCRAN 65

Les derniers jours du monde a 2016. Robinson, vague scénariste de cinéma se réfugie à Biarritz pour fuir la douleur trop vive d’une rupture amoureuse. Allocution présidentielle : le monde est frappé d’une épidémie qui le tue à petit feu, il n’y a plus aucun espoir de survie. Tout sera fini dans 10 jours. Le monde bascule, et Robinson se lance dans une quasi-odyssée à travers un monde transfiguré, croisant les déambulations de vieux amis, de femmes qui apaiseront voluptueusement son angoisse ou encore d’un milliardaire saugrenu donnant une ultime orgie. Arnaud et Jean-Marie Larrieu ont habitué le public aux films discrètement hédonistes et à leur distribution haut de gamme, et leur 5e long métrage ne déroge pas à la règle. Après les tentants raffinements échangistes de Peindre ou faire l’amour en 2005 (Auteuil, Azéma) et les tribulations nymphomanes du Voyage aux Pyrénées de cette année (Darroussin, Azéma), leur adaptation du roman de Dominique Noguez propose de suivre l’itinéraire sentimental et sensuel d’un homme désabusé, devenant le seul peut-être dont le cœur continue à battre alors que le monde s’écroule autour de lui. L’acteur fétiche des frères Larrieu, Mathieu Amalric (le vilain Dominic Greene Bondien) jouera le premier rôle de cette comédie dramatique.

+ d’infos Réalisé par Arnaud Larrieu, Jean-Marie Larrieu / Avec Mathieu Amalric, Sergi López, Karine Viard, Catherine Frot, Marina Hands Sortie > 2009

Otherland a Tad Williams, auteur de romans de science-fiction et d’heroic fantasy, collabore à l’élaboration d’un jeu tiré d’un de ses cycles : Otherland. Dans un futur proche, les systèmes de communication reliés au système nerveux permettent aux hommes de naviguer dans un ensemble de réalités virtuelles convaincantes, leur offrant loisir et liberté. Mais des rumeurs de manipulation par un groupe international d’hommes particulièrement puissants circulent. La réalité que connaissent les hommes ne serait-elle elle-même qu’une immense virtualité nommée Otherland administrée par un lobby ? Quelques personnages vont ainsi tenter de pénétrer dans le réseau de ce groupe, et devoir dès lors traverser des mondes virtuels correspondant aux délires les plus fous de leurs créateurs. Univers inspirés de l’Egypte antique, de l’heroic fantasy, de la SF ou du cartoon, on trouvera dans chacun de ces mondes une identité visuelle propre et des règles physiques ou sociales différentes. Innovation d’évolution, le joueur incarnera un avatar composé de code : un corps générique, sans traits ou personnalité, qui développera son système en fonction des propriétés d’éléments rencontrés.

+ d’infos www.otherlandgame.com Sortie > 2010 Dispo > PC

Mirror’s Edge

a Mirror’s Edge est un futur jeu culte. Son background est une ville contemporaine quasi parfaite : propre, sécurisée, sans pollution ni chômage. Mais pas de ces classiques états totalitaires, puisque la population a volontairement sacrifié certaines libertés comme celle de l’information pour gagner cette société hyper contrôlée mais confortable. De cette masse conformiste émergent pourtant quelques éléments marginaux faisant circuler des données sensibles par le moyen le plus sûr : vous. Coursier sur-agile entre ninja et yamakasi, votre job est de convoyer l’information en empruntant les toits d’immeubles, défiant vide et gravité. Design du jeu épuré et superbe, ville grandiose, lisse, blanche, dynamisme des mouvements et perspective joueur impressionnants, on pourrait rester des heures à passer d’un toit à l’autre en contemplant le paysage urbain, si le scénario n’était lui-même accrocheur. Votre sœur, pourtant conformiste, accusée de l’événement le plus improbable de cette société – un crime –, vous-même soudainement poursuivi(e) sans raison par les autorités, le joueur se débat dans un tourbillon qu’il va devoir comprendre. Dernier fait notable, l’héroïne n’est pas une fan absolue d’arme à feu, et si vous pouvez vous en servir, vous ne pourrez passer votre temps à faire des cartons comme un bourrin. Ca change, décidemment.

+ d’infos www.mirrorsedge.com PS3, Xbox 360 > 14/11/2008 PC > 15 janvier 09 A noter : l’excellent mini jeu flash tiré du vrai, sur www.bornegames.com



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WEARETHENEONS Violaine, la jeune créatrice de la marque, ne saurait dater précisément sa passion pour la mode. Sans doute des réminiscences de sa prime enfance, lorsqu’elle s’amusait à se changer 3 fois par jour, et rendait sa mère folle en vidant régulièrement son placard. Passée par la fac de psycho, BTS de stylisme de mode en poche, la jeune femme ne se voit pas œuvrer au sein d’une entreprise et songe à devenir son propre patron. Trop jeune, trop compliqué, elle fournira finalement ses armes comme merchandiser dans le prêt-à-porter. Mais les rêves nous rattrapent souvent, et les images qui dansaient dans sa tête vont devenir réalité. L’album Neon Bible l’inspire : les néons, la lumière. Mettre en valeur, nous éclairer. Première collection en septembre 2008, la jeune femme est indépendante mais pas seule, puisque épaulée entre autre par son ami, graphiste et photographe. De son petit atelier à domicile, elle réalise elle-même toutes les pièces de ses collections, en série limitée. Un mot d’ordre : liberté. Pas de thème imposé, elle crée ses robes comme elle conçoit la mode : on devrait pouvoir se laisser porter par ses coups de cœur et porter ce qu’on aime, quand on le veut. Elle chine ainsi tissus, matières et coloris qui lui plaisent, puis les transforme en ces robes délicieusement rétro et un brin rock’n’roll. Des coupes simples, des lignes sobres et épurées pour une originalité subtile du travail des matières, des détails, des imprimés. Fiat Lux. K - Votre livre du moment ? VR - Un joli bouquin de photos avec plein de robes rétro : Mode vintage de Zandra Rhodes.

K - Une anecdote de boulot ? VR - On me demande souvent si je fabrique des luminaires !

K - La dernière expo que vous avez vue ? VR - Les Rencontres internationales de la photographie à Arles.

K - Grenoble en quelques mots ? VR - Famille, amis, nature, air pur... je dois avoir un petit côté beatnik !

K - Les 3 albums ou titres que vous écoutez en boucle en ce moment ? VR - TV on the radio, The Foals, Cursive

K - La mode en quelques mots ? VR - Un moyen d’expression pour ceux qui la portent, un moyen d’expression pour ceux qui la créent.

K - À qui vouez-vous un culte ? VR - Je n’ai jamais été « fan de .... » mais j’admire les gens passionnés. Si vous m’aviez dit à quoi vouez-vous un culte, je vous aurais répondu aux chaussures ! K - Ce qui compte le plus à vos yeux ? VR - Mes proches. K - Votre devise ? VR - Je n’en ai pas mais s’il fallait citer quelque chose je dirais « être est la seule façon d’accomplir ». K - Une histoire drôle ? VR - Alors, c’est l’histoire d’un mec...

K - Votre boulot en quelques mots ? VR - Des robes, des robes, des robes... K - À ma place, quelle dernière question vous poseriez-vous ? VR - Quel super héros aimeriez-vous être ? Flash Gordon... pour gagner du temps ! ///

Wearetheneons www.wearetheneons.com 04 76 48 16 85 Crédit photo centrale : ©www.levetchristophe.fr/wearetheneons


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CRÉDITS CAHIER MODE Marques Baptiste Viry // www.baptisteviry.com Baron Baronne // www.baronbaronne.com1 By Zoé // www.byzoe.fr Cutler & Gross // www.cutlerandgross.com2 Emmanuelle Khanh // www.emmanuellekhanhparis.com2 Etnies Plus // www.etniesplus.com3 Keep // www.keepcompany.com4+5 Kulte // www.kulte.fr6 Loft design by… // www.loftdesignby.com7 New Balance // www.newbalance.fr Nixon // www.nixonnow.com8 Nooka // www.nooka.com9 Only // www.only.com10 Outfitters Nation // www.outfittersnation.com10 Pimp // www.pimp-watches.com9 Striipe // www.shoes-up.com Twelve 5-9 // www.xceptionalwatch.com9 Vila // www.vila.dk Virginie Castaway // www.virginiecastaway.com11 SELECTION DE POINTS DE VENTE 1 Comme à Paris // www.comaparis.com 2 Entre [vues] // 17 rue Auguste Comte, Lyon 2ème // 04 72 77 90 10 3 Speed // 6 rue Jay, Grenoble // 04 76 12 91 92 4 Shoez Gallery // 15 bis rue d’Algérie, Lyon 1er // 04 78 28 33 78 5 A part // 7 rue Jay, Grenoble // 04 76 17 20 26 6 Kulte // 16 rue Paul Chenavard, Lyon 1er // 04 78 28 08 52 7 Loft design by… // 19 rue Auguste Comte, Lyon 2ème // 04 72 32 93 88 8 Le Jardin // 18 rue Sault, Grenoble // 04 38 86 44 49 9 AKA Watch // www.xceptionalwatch.com // 08 70 77 38 02 10 Popleen // 15 rue d’Algérie, Lyon 1er // 04 78 28 23 96 11 Bulle de prune // 5 rue Chavanne, Lyon 1er // 04 78 29 51 57



CHRONIQUE DU KI 82

Texte: M. Sandjivy Illustration: S. Bournel

ma petite chronique, connaît pas la crise. aa Au contraire elle lui est propice et lui donne du grain à moudre. Le nouveau Kiblind a désormais une identité bien établie et de fait, retombe naturellement dans son travers originel : l’inaccessibilité mesurée. Son public est désormais affiché, il s’agit du cultivé élitiste. On peut faire de la culture populaire, plus accessible, et puis on peut faire autre chose. Le positionnement est clair, on l’observe d’emblée à travers sa couverture qui à contre courant pour le peuple ne lui donne pas envie. Les articles sont parfois un peu ardus, et on ne peut pas feuilleter Kiblind. Enfin si, on peut, mais ca n’aurait qu’un intérêt limité. Lire Kiblind prend donc du temps. Et le temps c’est de l’argent. Mais prendre sur le sien pour lire Kib en période de crise ce n’est pas une perte d’argent. Non c’est plutôt une capitalisation de votre temps en une donnée malheureusement peu tangible : la culture. Pourtant, contrairement à la mauvaise graine de la culture et de l’art, jamais vous ne trouverez ici (à part ici) de condescendance ou du complexe de supériorité malvenu. Pas de méprise, nous prisons la culture et le curieux. Celui qui n’y connaît rien et qui s’en fout. Celui qui aime sans chercher pourquoi on se coupe l’oreille, ou pas. Mais, celui-là il est aussi capable de réfléchir et de donner son avis… encore faut-il le lui demander. Kiblind vous offre de l’information et ne la traite pas pour vous.

Voilà donc quelques mois que je me suis installé au cœur de ce que j’appellerai l’entrecrise (comprenez entreprise et crise). La crise est posée et moi aussi. Grace à elle, je suppose, on me donne de nouvelles responsabilités. Et la stagiaire fredonne. L’avantage d’être stagiaire, c’est que vous n’êtes pas un réel membre de l’entreprise. Je suis là, mais je navigue sans pression dans un monde qui lui est constamment soumis. Je fais mon travail et mes principes sont les seuls guides de ma motivation. Pour mes désormais collègues c’est plutôt la conjoncture qui est devenue un guide. L’ambiance est tendue et les places ne semblent pas assurées. Et la stagiaire fredonne. Contraste saisissant entre un préposé au café anobli et un consultant déchu. Ou pas. Non c’est plutôt le fait d’avancer dans l’inconnu qui parait éprouvant. La visibilité est nulle pour ceux qui n’ont pas accès aux bonnes sources et les élites bottent en touche. Et la stagiaire fredonne. Ma place dans tout ca ? La cortisone. Je les soulage. J’allège leur charge pour leur permettre d’avancer plus loin, de mobiliser plus intelligemment leurs ressources. Je suis l’hormone glucocorticoïde de mon office. Et ca me va bien. Et la stagiaire fredonne. Je suis utile. aaaa aaaa aaaa aaaa aaaa




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