KOSTAR # 14

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SAISON 03 NUMÉRO 14 PA G E 0 / 1 0 0

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2009


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AMADOU & MARIAM mercredi 4 février à 17h Welcome to Mali (Because Music / Warner)

Dernier coup de cœur ? Francis Cabrel, durant l’émission La fête de la chanson française.

Dernière résolution ? Être optimiste et se dire que tout va bien se passer.

Dernier kif ? Mariam : Le 25 décembre 2008. Le jour du mariage de ma fille.

Dernier moment passé avec Damon Albarn ? En Octobre dernier à Londres. Où nous avons joué avec lui deux versions live de Sabali dont une en acoustique.

Dernière folie ?

Dernier morceau composé ?

Un voyage que nous avons fait et qui a été trop mouvementé. Un truc de fou.

Magosa sur l’album Welcome to Mali.

Dernier dimanche à Bamako ? En décembre, pour des vacances.

Dernier regret ?

Dernier mot ?

Ne pas être allés à l’université.

Vive la paix dans le monde.

Dernière belle rencontre ? Dernière fois que vous avez connu le trac ? Mariam : J’ai toujours le trac. Mais après deux chansons, ça passe.

Mariam : On ne peut pas tout le temps dire Francis Cabrel… Amadou : Alors, David Gilmour.

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On commence par le dernier n Amadou & Mariam / P3 Kostar du mois n Yasmine / P8 Shopping n Block notes / P10 L’amour à la page / P12 Buzz éclair n Le Fingerskate / P14 Podium n Success, Misty Socks, Le Coq / P16 TêteS de série n Boris Charmatz / P18 n Alain Guiavach & Maël Canonne / P20 Mathurin Bolze / P22 n Davis Grellier / P24 Tepr / P26 n Jann Halexander / P28 Sur son 31 n P31 Atelier n Marine Bouilloud / P32 Portefeuille MODE n Bestiaire, s’il vous plaît, par Cédric Tanguy / P34 Portefeuille n Caroline Sultan / P48 entretiens n Mansfield TYA / P54 Simon Abkarian / P58 kostar au who’s next n avec Charlie Mars / P62 Homme cinéma n par Christophe Honoré / P64 SUIVI DE CHANTIER n Roman Signer / P66 Le moi dernier n par Pierrick Sorin / P68 Une ville ailleurs n Istanbul par Rubin Steiner / P72 Kostarfriends n Vivi Ponti / P76 Comic strip n Didier Monot dans l’entreprise / P78 Guide Kostar n P79 Expos, spectacles, soirées, shopping, bars, boutiques… : 19 pages de bons plans à Angers, Nantes, Rennes et plus loin. hOMONyMe n Jérôme Savary / P98

Illustration PA G E 0 / 1 0 0

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matmut pour kostar / mathieu.graphiste@gmail.com

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SAISON 2008/09

FRAGMENTS TEXTES SAMUEL BECKETT

MISE EN SCÈNE PETER BROOK

PIÈCE EN ANGLAIS SURTITRÉE EN FRANÇAIS

© Alastair Muir

DU JEUDI 14 AU SAMEDI 23 MAI 2009

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photo / cédric Tanguy pour kostar

extrait de Bestiaire, s’il vous plaît / p34-45

Christophe Cesbron, Serge Derossi, Tangui Jossic, Lionel Laquerrière (iOlogic), Charlie Mars, Christophe Martin, Mysterdam, Yann Peucat, Gildas Raffenel, Roman Signer, Pierrick Sorin, Cédric Tanguy, Johanna Virot, Zoran. KOSTAR est édité par Médias Côte Ouest, SARL de presse au capital de 30 794,70 euros Directeur de la publication n Patrick Thibault coordination rédaction n Arnaud Bénureau Graphisme et maquette n Damien Chauveau Développement n Julien Coudreuse, Patrick Thibault Publicité pub@kostar.fr DIFFUSION n Germain Braud secrétaire de rédaction n Cécile You Rédaction redaction@kostar.fr Studio graphique damien@mcomedia.fr Merci à tous ceux qui ont participé à ce numéro. Couverture : Ronan par Cédric Tanguy, extrait de Bestiaire, s’il vous plaît / P34-45. Rédacteurs n Abé, Arnaud Bénureau, Vincent Braud, Élise Causeur, Christophe Cesbron, Julien Coudreuse, Antonin Druart, Gwenn Froger, Christophe Honoré, HPG, Bertrand Lahaye, Barth Lecocq, Jean-Noël Levavasseur, Christophe Martin, Pierrick Sorin, Rubin Steiner. Photographes n Caroline Ablain, Arnaud Bénureau, Jeff Bonnenfant, Sandrine Boutros,

GRAPHISTES / Illustrateurs / plasticiens n Thierry Bedouet, Mathieu Dunhill, Matmut, Mysterdam, Vide-Cocagne. Stylistes n Romane Boscolo, Aurélie Provost, Cédric Tanguy modèles n Stéphanie, Alexandre, Amala, Michaël, Ronan, Sébastien, Steven, Tony. Remerciements n Paulette Chain et l’équipe du Parc Préhistoire de Bretagne, Filip Dean Jr, Marc-Antoine/Uni-t, Charlie Mars, Cécile Menanteau, Patrice Monmousseau et Jean-Maurice Belayche de Bouvet-Ladubay, Karine Pain, Vivi Ponti, Jérôme Savary, Rubin Steiner, Nathalie Vitcoq, tous nos annonceurs. n Imprimé en CEE n Dépôt légal à parution n © Kostar 2009 n www.kostar.fr / www.myspace.com/kostar_graphik Tous droits de reproduction réservés. Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs. Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. n Abonnement annuel 30 euros. Médias Côte Ouest, 4 rue Vauban, 44000 Nantes n + 33 (0)2 40 47 74 75. ISSN : 1955-6764

Nos lecteurs et internautes sont informés que l’envoi à la rédaction, par leurs soins, de photographies représentant leur image et destinées à être publiées au sein des rubriques « Sur son 31 » et/ou « Homonyme », entraînent de facto leur acceptation : pour diffusion au sein du magazine « KOSTAR » édité par la société « Médias Côte Ouest », pour diffusion au sein des plateformes numériques « www.kostar.fr » et « www.myspace.com/kostar_graphik ». Cette autorisation est valable sans limitation de durée. La rédaction s’engage en contrepartie à ce que les éventuels commentaires ou légendes accompagnant la reproduction ou la représentation de ces photographies ne portent en aucune façon atteinte à leur réputation ou à leur vie privée. PA G E 0 / 1 0 0

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YASMINE

« Je rêvais d’être danseuse classique » interview / Arnaud Bénureau

PHOTO / mysterdam pour Kostar

Aujourd’hui, tu es l’égérie des productions Marc Dorcel. Mais adolescente, en quoi te rêvais-tu ? n Je voulais être sur scène, danser. Je rêvais d’être danseuse classique. J’aime la grâce des danseuses. Aujourd’hui, je m’exprime avec mon corps. Mais différemment. À travers ton statut, as-tu l’impression d’être à la mode ? n Être l’égérie des productions Dorcel me permet d’être davantage connue dans les médias traditionnels. En ce sens, je suis peut-être la fille du moment. Par contre, je ne me dis absolument pas que la star, c’est moi. Cette étiquette d’actrice porno a-t-elle tendance à te déranger ? n Pas du tout. Je fais un métier que j’aime et surtout que j’avais envie de faire. Il y a bien évidemment des inconvénients, mais je pense que je m’en sortirai pas mal. La preuve, en 2007, tu es au Festival de Cannes en compagnie de Melvil Poupaud pour le film de Danielle Arbid : Un homme perdu… n Je suis d’accord. Malgré tout, je suis une actrice porno à vie. Quelque part, je dérange. Certaines personnes trop fermées n’ont pas envie d’aller plus loin que leurs a priori. Évidemment, je voudrais faire une carrière de comédienne dans le cinéma traditionnel. Mais dès que nous venons du X, on ne nous prend pas au sérieux… Comment avais-tu choisi ta tenue pour cette montée des marches ? n J’ai eu la chance de rencontrer Christophe Guillarmé. Je ne me suis donc pas trop pris la tête car toutes ses robes sont magnifiques. Et à chaque fois que je fais une sortie people, je fais appel à lui. Et dans ta vie de tous les jours… n Dans ma vie privée, je suis une fille assez discrète. Je suis souvent en jean et en petit haut. As-tu des marques préférées ? n Oui. Je peux les citer ?

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Oui. n J’aime bien Guess ou Diesel. Après, il y a les grandes marques comme Chanel, Gucci… Mais là, ce n’est pas pour moi. En raison de leur prix ? n C’est du luxe, donc c’est cher. Et forcément pas pour moi. Tu peux me croire. Est-ce difficile de te déshabiller devant une caméra ? n Au contraire, ça m’excite. C’est pour ça pour que j’en suis là aujourd’hui. C’est grâce à ce fantasme que j’ai réalisé, avec mon copain de l’époque, mon premier film. As-tu éprouvé la même facilité à te mettre nue lors de ce premier tournage ? n Tout à fait. Je suis libertine. Pour moi la nudité est naturelle. Après, cela peut paraître paradoxal, mais je suis une fille très pudique. D’après toi, quel est le comble de la vulgarité vestimentaire ? n Le manque de style. Je préfère porter des petites choses qu’on trouve dans les grandes enseignes plutôt que de porter des vêtements très luxueux qui n’ont aucun style. Tu dis ça par rapport à ton expérience cannoise… n Oui. Parce que franchement, j’ai vu des choses ! Ce n’est pas parce que ce sont des grandes marques que c’est forcément joli. J’en ai eu la preuve. Pour finir, dans le milieu du x, vous arrive-t-il de vous crêper le chignon entre filles ? n Il y a beaucoup de jalousie. C’est un peu la jungle. Comme dans le cinéma traditionnel. C’est un tout petit monde et donc tout le monde se connaît. Mais les rumeurs, les ragots ne m’intéressent absolument pas. n The nurse, l’infirmière (Marc Dorcel Productions). Interdit aux moins de 18 ans.

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notes

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le fingerskate rencontre / HPG

PHOTO / Mysterdam

Jeff Croix, 26 ans et boss du Spinal Fingerskate Shop, éclaire sur cette pratique XS et avec les doigts du skate. Comment as-tu commencé ? n Au lycée, avec une planche sans truck fabriquée en carte téléphonique. Puis j’ai eu mes premières Tech Deck, des planches en plastique avec des logos de vraies marques de skate. Il y avait de longues périodes où je n’avais pas de deck. Il n’empêche que j’en trouvais toujours en magasin. Mais il y a peu, j’ai découvert un forum. Je me suis ainsi rendu compte que je n’étais pas le seul fou à pratiquer. Faut-il être skater pour pratiquer ? n Pas forcément. Pourtant je pense qu’il faut au moins comprendre comment le skateboard fonctionne. Pour connaître, par exemple, la logique du ollie. Justement, comment le fingerskate est-il perçu dans le milieu du skate traditionnel ? n De mieux en mieux. Au début, ça faisait rire les plus sceptiques. Mais après leur avoir mis une planche sous les doigts, ils se rendent compte que c’est vraiment technique. Existe-t-il des figures impossibles à reproduire une planche sous les pieds ? n Oui. Mais le but est de reproduire au maximum le skateboard. Il faut donc se fixer des limites. Goofy ou regular ? n Goofy. Comme en skate. n www.spinal.fr

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MUSée DeS BeAUX-ARTS De NANTeS

Construire pour le temps d’un regard Guy-Claude François, scénographe DU 27 février au 10 mai 2009 Chapelle de l'Oratoire Exposition réalisée par le Musée des Beaux-Arts de Nantes, coproduite avec l’école nationale supérieure de Nantes, Le Grand T


SUCCESS

MISTY SOCKS

texte / Élise Causeur

texte / Christophe Martin

Avec l’énergie du rock, le groove du roll et l’efficacité de l’électro, Success, emmené par le charismatique Mister Eleganz, fait figure de nouvelle sensation musicale.

Une fille, deux garçons bien dans leurs chaussettes, sans flou autour, raniment une passion rock oubliée, ardente et tapageuse.

Success story

On the rock !

23 juillet 2005, Carhaix. Iggy Pop invite sur scène quelques spectateurs. Parmi eux, une rock star qui s’ignore. Mister Eleganz était né. Sous la forme d’un dandy décadent et décalé, mélange de Dean Martin et de Katerine. n Accompagné de Youl à la guitare, Dan aux machines et à la batterie et Jo aux percussions électroniques, Mister Eleganz lance Success, avec l’intime conviction de délivrer une musique internationale vouée à la reconnaissance planétaire. La recette du succès ? n « Je revendique une alchimie avec mes musiciens, mais les études menées durant 17 ans aux côtés de JFK sur les goûts du public y sont aussi pour quelque chose ». n Les dernières Trans révèlent le groupe. Une caricature dans Charlie Hebdo, les gros titres de Ouest-France et la presse internationale qui s’y colle. Chaque prestation du groupe électrise les scènes et l’arrogance musicale qu’elle délivre réconcilie rockeurs et clubbers sur le dancefloor. Rien ne pourra enrayer la machine Success. « À part les Stooges et peut être les Rollings Stones ». n Depuis quelques mois, les collaborations s’enchaînent (Minitel rose, Darlin’Nikki…), un ep est attendu au printemps et une tournée dans la foulée. Mister Eleganz affiche un air repu. « Un logique retour des choses ». n

Clémentine, Mathieu et Corentin ont à peine vingt ans. Pourtant, ils semblent avoir digéré des décennies de bruit, de furie, d’énergie électrique et adoptent aisément l’impétueux courroux de leurs aînés. Si la presse aura surtout retenu une scène « baby rock » sans âme, elle en oublie que c’est toute une génération qui donne l’assaut sur le rock. Le trio angevin en fait partie et débarque en force. n Leur histoire est simple, sans patrimoine musical dans les gènes, si ce n’est un grand-père au rang de la fanfare, ces orphelins du rock biberonnent depuis leur plus jeune âge des mariages incertains, pop, funk, metal, rap, jazz, new wave, électro et se repassent en boucle Queen, Supertramp, Radiohead ou Franz Ferdinand. n Depuis presque deux ans, ils essayent de faire danser tout cela ensemble, en injectant de la fraîcheur dans leurs amplis. « On veut retrouver une forte jeunesse, on veut aussi devenir des Rock Star ». Il suffit d’écouter les titres de Demons pour comprendre que l’essentiel est déjà en place. « C’est la meilleure chose qui soit arrivée au rock angevin depuis longtemps » complète Stéphane Martin, programmateur du Chabada, qui a d’ailleurs retenu le groupe dans le cadre du dispositif de parrainage de 2008. L’occasion pour eux de se développer, d’apprendre toujours un peu plus et de faire encore plus de bruit. n

le 21 février, 6par4, Laval.

le 6 mars, Amphitéa, Angers.

www.myspace.com/herecomessuccess

www.myspace.com/mistysocksband

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LE COQ

En chantant texte / abé

À l’image de la cinéaste Pascale Ferran, Le Coq défend l’idée d’une chanson du milieu. En français dans le texte et tout en pop savante dans les arrangements. Il se trouverait que l’ennui lui convient. Pas si sûr. Malgré les apparences d’un morceau d’ouverture à l’élégance discrète, L’ennui me convient, Le Coq est davantage un héros très discret qu’un homme plombé par l’ennui. n Le quatrième album du Nantais, D’Arradon, pourrait être jumelé avec le Rio Baril de Florent Marchet. « J’ai l’impression que chanter en français est moins courant ». Surtout lorsqu’il s’agit de prendre du recul face au nombrilisme de la nouvelle chanson française. Ne reste alors plus que quelques tirailleurs. Marchet donc, Bertrand Betsch, Érik Arnaud et… Le Coq. n Tous ces garçons ont été influencés par la musique anglo-saxonne. Et par Dominique A. « Il a été un gros déclencheur. Ça a été un élan pour que je chante en français. Ce n’est pas un acte militant, mais plutôt un désir d’adapter une musique rock en français ». Aujourd’hui, Le Coq trace « sa petite route ». Une petite route bordée de scénarios clairs-obscurs et peuplée d’arrangements luxuriants. n le 20 février, Le violon dingue, Nantes le 2 avril, Salle Paul Fort/ La bouche d’air, Nantes. D’Arradon (Arbouse Recordings / Anticraft)



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Boris Charmatz

Le sacre du printemps texte / vincent braud

PHOTO / Yann Peucat pour Kostar

Ne dites pas à Boris Charmatz qu’il va entrer au musée, il en rêve. Le projet du chorégraphe, c’est en effet de créer un musée de la danse à Rennes. Ni un canular ni une provocation. Juste une autre chorégraphie. « Un musée est un espace de vie et il faut changer le rapport du public à la danse contemporaine… » Cette conviction, pour Boris Charmatz, n’est pas nouvelle. S’il a connu un parcours fulgurant, il avoue avoir eu beaucoup de chance. « C’est mon père qui m’a emmené à mon premier cours de danse. J’avais 7 ans et je me suis retrouvé seul au milieu d’une trentaine de filles. » Une sorte d’anti-Billy Elliot : des parents « militants de la culture » pour qui la danse, pour un garçon, n’était pas un tabou. La fréquentation des musées, en France ou à l’étranger, ponctuait aussi les vacances en famille. « C’est sans doute pourquoi le musée est, pour moi, un lieu de culture, évidemment, mais aussi un lieu de vie… » n Et la danse, dans tout ça ? « Mes premières émotions, je les dois à Jean-Claude Gallotta, à Dominique Bagouet… Lorsque j’ai vu leur travail, je me suis dit, c’est là que j’ai envie d’être… » Tout va aller très vite. Le conservatoire de Grenoble avec Jean-Luc Chirpaz puis l’école de danse de l’Opéra de Paris. « Il n’y a pas d’autre endroit où on peut se consacrer totalement à la danse. » Et à 17 ans, après un retour à Lyon, le voilà engagé par

tacles, mais aussi les écrits, ceux de Merce Cunningham par exemple, ou les films ; comment oublier les images d’Un chant presque éteint de Mouriéras ? » n Cette envie de danse totale, Boris Charmatz la pousse au risque de provoquer. Comme, dernièrement, dans La danseuse malade avec Jeanne Balibar. « Ce qui m’intéressait, c’était le lien entre les textes d’Hijikata, le bûto et la physicalité de Jeanne Balibar qui n’est pas danseuse mais possède cette capacité d’abandon, de dérive… » Inutile de s’appesantir sur le débat danse/non danse. « La danse contemporaine, c’est la confrontation avec la complexité du présent. Ce qui m’intéresse, fondamentalement, c’est de faire vivre la danse. On peut ne jamais avoir dansé et avoir des choses à dire… » n Pour Boris Charmatz, la direction du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne n’est pas une étape obligée dans une carrière. Juste l’occasion de faire partager une passion et un rêve. « Le musée, c’est la maison des muses. Je rêve d’un lieu de rencontre et de vie autour de la danse… » En cette fin de journée, le studio est vide mais le chorégraphe imagine déjà le sacre du printemps. « Ce sera un temps fort

Régine Chopinot. Puis viendront Odile Duboc, Meg Stuart et beaucoup d’autres. Et Boris Charmatz s’éclate. Pour le danseur, et bientôt chorégraphe, la danse ouvre l’horizon : « Il y a bien sûr le studio et les spec-

de rencontre avec le public à Rennes… mais nous en reparlerons. » Soit. n

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22-26 avril, inauguration du Musée de la danse, Rennes.

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N I A L GUAIAVAR C H & L Ë A M CAN ON NE Paire de Klac texte / Jean-Noël Levavasseur

PHOTO / Sandrine Boutros pour Kostar

À ma gauche, Alain Guiavarch. À ma droite, Maël Canonne. Le grand et le petit. Le winner et le loser. Parce que pendant qu’Alain Guiavarch fait le beau à Beaubourg avec son expo Art video, four elements, Maël Canonne a toutes les peines du monde à trouver un bistrot qui voudra bien exposer ses photos… Dure loi que celle du marché de l’art contemporain illustrée par Klac, artists’book. Dure loi… et vrai exercice de style proposé par ces joyeux trublions, car les trajectoires décrites ci-dessus sont une vaste farce signée par ces deux amis rennais, cofondateurs de l’agence Hémisphère 4 de Montgermont (leur gagne-pain) et agitateurs artistiques (leur passion). n Klac, artists’book est leur premier manifeste depuis les Beaux-Arts de Rennes où ils se sont rencontrés. Un romanphoto – fallait oser – synonyme de travail de longue haleine : les compères ont consacré trois étés à raconter, chronologiquement et par l’image, l’itinéraire de leurs doubles de papier. n Ils incarnent deux imposteurs invités presque par hasard à une exposition d’art contemporain. Confrontés à ce rendezvous inattendu, ils vont chercher, par-delà les questionnements sur la création et le statut de l’artiste, à savoir si leur travail relève de l’art ou du cochon. n Mais la route qui mène à la vérité peut être longue et semée d’embûches et d’audaces. Ne les a-t-on pas vus, PA G E 0 2 0 / 1 0 0

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dans de grands élans auto-parodiques, jouer à la pétanque devant le château de Kerguehennec, faire du Nan Goldin avec des pétales de rose et Photoshop, plagier du Ed Ruscha entre Rennes et Châteaulin, mimer du Merce Cunningham en collants noirs, offrir un « travail réflexif » sur Tchernobyl avec une part de forêt noire et une saucisse de Strasbourg ? n Ces garçons ne reculent devant aucun sacrilège. Guiavarch et Canonne rient d’euxmêmes et des autres, mêlent sans retenue Audiard et Carlos (le chanteur, ils ne sont pas fous non plus), Pasolini et Mc Donald’s, Jenny Saville et Stade 2. Ils n’ont peur de rien, et surtout pas d’associer l’art contemporain et le rire, la réflexion et l’action, le bon goût et le mauvais. n Le double-messieurs ne recule pas. Il avance. Il a d’ailleurs participé à la dernière édition de Jeune Création, exposition internationale d’art contemporain à la Grande Halle de la Villette. Alors, en route pour l’art joie ! n Klac, artists’book (éditions Hémisphère 4). www.klac.fr


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MATHURIN BOLZE

la conquête de l’espace Texte / Julien Coudreuse

Photo / Yann Peucat pour Kostar

Mathurin Bolze, artiste miniature et lunaire, acrobate à la gestuelle poétique, sillonne l’Ille-et-Vilaine avec sa dernière création, Ali, découverte en novembre à Rennes dans le cadre du festival Mettre en Scène. « J’ai mis mon corps au cœur de ma vie pour les émotions que ça procure. J’aurais pu faire du skate, ou tout autre sport pourvoyeur de sensations, tant qu’il y a du défi, de l’enjeu physique, une confrontation à ses peurs. » Initié au théâtre dès huit ans, et parallèlement à la gym, Mathurin Bolze a trouvé sa voie en découvrant le cirque. « J’étais attiré par des compagnies comme Archaos, Plume, qui sont aujourd’hui encore sur d’autres écritures que le cirque traditionnel. » n Cette découverte s’accompagne d’une rencontre déterminante. Alors directeur pédagogique du Centre national des arts du cirque, aujourd’hui directeur du Centre régional des arts du cirque créé à Cherbourg en 2000, Jean Vinet est de tous les coups tentés par Mathurin Bolze. « C’est lui qui a aidé Fenêtres, ma première création, à émerger. Lui encore qui a accompagné Tangentes, puis la diffusion d’Ali. » D’autres rencontres jalonnent son parcours, avec les chorégraphes François Verret et Josef Nadj notamment. n En 2001, il crée avec deux amis d’enfance la compagnie Les mains, les pieds, et la tête aussi. Une manière de se frotter à ses fantômes intérieurs. Qui recoupe le seul engagement pour une cause qu’il revendique, la campagne « trop, c’est trop ! » pour le respect du numerus clausus en prison. « Quand on PA G E 0 2 3 / 1 0 0

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sculpte un espace dans une salle de spectacle, on se confronte fatalement à la question de la liberté. Donc de l’enfermement. Aspect qui est selon moi lié à toute création artistique. Où il est question d’espace, de contraintes, d’évasion. Vivre à quatre, dans 9 m2... Je vois ce que représente un carré de trois mètres de côté. Sur un plateau, si je me donne juste cet espace pour bouger, seul, c’est une prison inouïe. » On apprendra par la suite que son père a fondé l’Observatoire International des Prisons. n Prochain défi : Du goudron et des plumes, création en cours qui renvoie à Steinbeck et Des souris et des hommes. Toujours cette histoire d’altérité et de fidélité, puisque le prochain temps de travail se tiendra en avril à Cherbourg. Avant un retour probable dans nos contrées. Mathurin Bolze est actuellement en discussion pour devenir artiste associé du lieu unique de Nantes la saison prochaine. Si son emploi du temps le permet. n le 10 mars, Centre Culturel du Coglais, Montours le 11 mars, Nouvoitou le 12 mars, Centre Culturel l’Intervalle, Noyal-sur-Vilaine le 13 mars, Salle des fêtes, Bazouges-La-Pérouse http://compagnie-mpta.com

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DAVID GRELLIER

Les années collège texte / arnaud bénureau

PHOTO / mysterdam pour Kostar

Directeur artistique du collectif Valérie, moitié masculine de Sexy Sushi et à la tête de College, l’homme machine David Grellier ouvre les pages synthétiques de son Secret diary. Malgré son âge, même pas trente ans, David Grellier n’a jamais endossé le costume d’inrockuptible ayant décidé de le laisser au vestiaire pour enfiler une panoplie fluo et tellement plus bankable en cette saison. « À 18 ans, j’ai acheté un ordinateur et me suis directement mis à composer de la musique électronique. J’écoutais beaucoup de techno américaine et anglaise ». À cette époque, le jeune homme habite dans la banlieue trop calme et trop tranquille de Nantes. David n’est pas encore College, commence et termine un BTS d’assistant de gestion. Et surtout, il n’envisage pas de faire sortir sa musique de sa chambre. « J’étais en mode autiste ». n En 2003, en rencontrant la future Mansfield TYA, Julia Lanoë, son quotidien va se manger une grosse claque. Sexy Sushi était né. « C’est la première mise en avant de ma musique ». Quelques années plus tard, le duo électro trash et potache excite les gamines en furie. « Je trouve ça de plus en plus barjot ». Barjot comme une bonne vieille éclate de fin d’exams. n Avec College, David ne souhaite pas recoller les morceaux de cette idée de l’adolescence refusant touPA G E 0 2 4 / 1 0 0

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tes contraintes. Non, avec ce side-project qui le suit depuis longtemps, David Grellier « essaie de retraduire une ambiance. Ce n’est pas de la nostalgie, mais une certaine idée du romantisme ». Un romantisme cool mais trempé dans des nappes sacrément dark. n « Certains trouvent que mon album Secret diary a un côté sinistre, sombre. Peut-être. C’est vrai que les films d’horreur me foutent réellement les boules. Mais j’aime bien l’esthétique. » College peut alors s’entendre comme un voyage mélancolique à bord d’un train-fantôme qui, au sortir du tunnel, se frottera avec une lumière aveuglante. David ne vient pas de signer un one shot mais plutôt de poser la première pierre d’une entreprise plus vaste. « Je pense un jour composer de la musique du futur. Une musique se confrontant à la réalité froide, pas du tout heureuse ». Comme pour annoncer officiellement la fin du temps de l’insouciance. n

Secret diary (Futur / La Baleine) www.myspace.com/collegeoflove le 14 MARS, ZENITH nantes métropole


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TEPR

Step by step texte / Julien Coudreuse

photo / Yann Peucat pour Kostar

Trustée par le crew Ed Banger, la culture club made in France recèle par ailleurs de jolis cas isolés. Loin des yeux (Paris), loin du cœur (de la hype), Tepr, producteur talentueux et remixeur prisé, suit son propre chemin. Saint-Brieuc, au cœur de l’hiver. Qui eût cru qu’on trouverait là un des artisans d’une des plus stupéfiantes success story du moment ? En se joignant au duo formé par Yelle (chanteuse) et GrandMarnier (producteur), avant que le phénomène Yelle (le groupe) devienne planétaire, Tanguy Destable a mis le pied dans un engrenage que personne n’avait vraiment anticipé. « Le succès a été complètement inattendu. On y croyait tous. Mais ça a atteint des proportions inimaginables. » n Résumons : Yelle, c’est plus de cinq millions de visiteurs sur myspace, et un an et demi de tournée internationale, de l’Australie en septembre 2007, à l’Australie en février 2009. Entre les deux, rien moins que deux tournées américaines, la ronde estivale des festivals européens, un détour par le Parc des Princes, et même quelques récentes dates au Japon, dont l’une à l’invitation de Kaela Kimura, « sorte de Gwen Stefani japonaise, vraiment énorme dans son pays », insiste Tanguy. n Pour autant, à 28 ans, Tepr n’est pas un novice. Trois albums, aussi confidentiels que passionnants, sont sortis sous son nom. Le premier, electronica(lme). Les deux suivants, marqués par un net virage club. Trois autres, électro hip PA G E 0 2 7 / 1 0 0

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hop et tout aussi inspirés, ont été composés en duo sous le nom d’Abstrackt Keal Agram. Mais c’est du passé. « Ma vraie patte, on la retrouve sur mon remixe d’À cause des garçons. » De fil en coïncidences, ce titre s’est retrouvé clipé en pleine vague tecktonik. « En un mois, il y a eu quelque chose comme sept millions de views sur You Tube ! Ce titre a été playlisté en radio entre Martin Solveig et David Guetta. Il m’a ouvert beaucoup de portes. Il m’a fait rentrer dans une autre catégorie de DJ’s. C’est notamment lui qui m’a permis d’intégrer le catalogue de Decked Out, un des plus gros tourneur de DJ au monde (Chemical Brothers, entre autres...). » n Pour autant, Tepr est bien décidé à garder les pieds sur terre. « On a installé un petit studio à SaintBrieuc avec GrandMarnier. Tous les jours, je prends mon vélo pour aller travailler. J’essaie de faire ça sérieusement. » Elle n’est pas belle la hype ? Si, justement. « Je suis très conscient de faire du divertissement temporaire. Mais je garde la foi car je suis convaincu de ne pas avoir encore fait l’œuvre de ma vie. » n le 3 avril, festival panoramas, morlaix. www.myspace.com/tepr

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Jann Halexander

Halexander cabaret platz texte / gwenn Froger

PHOTO / Jeff Bonnenfant

Auteur-compositeur et cinéaste, Jann Halexander se met à nu pour mieux se parer de clair-obscur. Claire envie, sombre appétit… La couleur du métissage franco-gabonais, les attaches et le cœur angevins, la tête et les jambes en Allemagne et l’âme marginale et solitaire. Fils d’un diplomate gabonais et d’une professeure de musique et de philosophie française, Aurélien Makosso-Akendengué naît à Libreville où il passe les seize premières années de sa vie, entrecoupées de longs séjours dans l’ouest de la France. «  Mon imaginaire, mes références viennent de là. Je n’ai jamais chanté l’Afrique. J’ai davantage été bercé par Ravel, Poulenc et la chanson française. » n L’ennui des études puis l’envie irrépressible le poussent à l’écriture ; le toucher tôt du piano l’incite à la composition. Installé en France, Aurélien Makosso-Akendengué, devenu Jann Halexander, vit de sa musique, à son rythme et sa singulière manière, loin des circuits formatés de l’industrie du disque. « J’estime que l’art n’est pas un champ de compétition, je n’ai pas à courir derrière la vitrine médiatique. Quand l’envie de chanter devient nécessité, on se débrouille. Je vis uniquement pour la création et aucune déception ne m’en détournera. » n Un temps attiré par les pompes funèbres, il décline son obscurité lumineuse à longueur de sillons (trois maxis, quatre albums et une compilation depuis 2004) : la famille, la mort, l’altérité. Dans un style entre cabaret berlinois des années trente et âge d’or de la chanson française des années soixante, lui et son piano vous distillent la belle amertume. Ses histoires parlent de mulâtre, de vampire, de succube (texte d’Amélie Nothomb) ou d’atroce idylle. Ami de Jean Guidoni, il se pose loin du côté réac de la chanson, des « provocations d’abbé » et de pseudo-révoltés. « J’assume mes origines et mon parcours. Je me sais être quelqu’un en marge, mais je ne pose aucune limite ni formelle ni essentielle à mes productions ». n Brazillac 1945, L’amant de maman, Nihilisme ou encore Le marginal, dernier album en date, sorti en 2008, témoignent d’une âme forte sans tabou. Et quand le musicien se fait cinéaste, c’est pour conter Statross le magnifique ou encore les histoires d’un jeune homme et d’un député (J’aimerais, J’aimerais), images projetées d’une bisexualité assumée et revendiquée jusqu’aux plateaux de télé. Qu’importe le support, pourvu qu’il y ait l’ivresse des maux dits et des idées battues en brèche. Des chansons théâtrales, du théâtre dans les récitals, des invertis dans les bobines et de l’aversion pour le pareil au même… l’Halexander platz se fait carrefour des arts et des profonds bizarres. n Albums et DVD des films de Jann Halexander disponibles sur les réseaux Fnac et Virgin. En concert les 6, 7 et 8 mars à la Comédie (Angers). http://jannhalexander.free.fr PA G E 0 2 9 / 1 0 0

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MARINE BOUILLOUD Exploding colors

TEXTE / Antonin Druart

photos Caroline Ablain pour Kostar

Marine Bouilloud bénéficie de l’un des huit ateliers-logements gérés par la ville de Rennes, dans les méandres de squares au sud de la capitale celtique. Le lieu n Arrivée station Poterie, pétri par l’envie de découvrir où en est l’art de la jeune peintre, dont je surkiffe objectivement à peu près toute l’œuvre. 75 m2 répartis équitablement entre partie habitable et atelier. Un haut plafond abrite des toiles vertigineuses. Un grand plan de travail drippé à la Pollock côtoie un rubicub évolutif à base de pots de peinture usagés. Non loin de là, une bibliothèque bien fournie fait office de table de données. Travaux en cours n Pour l’heure, Marine est à fond sur sa prochaine exposition à la galerie Rapinel du centre d’art de Bazouges-la-Pérouse, du 5 juillet au 6 septembre 2009. La toute première toile d’une série de six est presque achevée. « Une toile grand format me prend à peu près un mois, soit 150 heures de travail en moyenne. » Qui comprennent, outre l’aspect technique, une phase de documentation dantesque en amont et une connexion permanente au monde qui l’entoure. « Je me nourris d’expos, de ciné, de sorties. » La toile en question est une relecture de La Vierge à l’Enfant, de Jean Fouquet, précédant un remix des Sœurs de Gabrielle d’Estrées, anonénygmatique. Fil rouge : le fruit défendu, symbole de la connaissance, la pomme s’hyPA G E 0 3 2 / 1 0 0

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bride en seins sériels et irrévérencieux, contaminant jusqu’au pastiche des lieux communs de l’histoire de l’art Renaissance. École de Fontainebleau version freaks, acid-académisme à la Day-glo. Loin du plagiat pompier, le modèle est toujours visible, assigné à une fonction didactique au service du public, mais la réappropriation est puissante. Rencontres n « Je reçois sur rendez-vous, pas à l’improviste. Ça reste aussi mon lieu de vie ! » Sa dernière exposition a eu lieu à Habitation Familiale, où Nathalie Vitcoq, consultante en projets culturels gère la programmation. À voir n Le site Internet de Marine Bouilloud dresse un panorama qui rend compte de l’évolution d’une œuvre multiple, tout en restant de la peinture. Cette planéité assumée est une bouffée d’air frais au milieu d’un trop plein d’art à l’état gazeux. « Le fait de se limiter à un seul médium ouvre justement sur une infinité de possibles. » S’imposer des frontières pour mieux les surpasser. La vie d’artiste en somme. www.marinebouilloud.fr

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Recto

par carOline sultan

Avec Caroline Sultan, il faut se méfier des apparences. L’artiste a proposé à deux danseurs un travail singulier : poser nu dans un environnement familier. Le but du jeu ? Un travail sur l’image. L’image de la mode – que renvoie le papier glacé des magazines – et l’image de la danse, ou plutôt du mouvement qui, hors de son contexte, peut paraître absurde. n Le mouvement “colle”, ici, à une autre image qui va ensuite venir l’habiller. « Le vêtement n’est que recto, comme dans les magazines… permettant à Solène de porter une robe Vuitton qu’elle n’a jamais vue ». n Réinterprétation, appropriation… il y a une évidente dimension ludique dans le travail de Caroline Sultan. Ce qu’elle montre, ici, n’est pas ce qu’elle a vu et photographié, mais ce qu’elle veut nous dire sur « l’illusion du réel » qui, pour elle, induit naturellement « l’illusion de posséder ». n Merci à Solène Levasseur et Benjamin Dehili, danseurs, et à Johanna Virot qui m’a assisté dans ce travail. Merci au Quai, angers.

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1989 >

2009

les 20 ans de

folie

Photo : Laurent Philippe

Le CCN de Nantes présente folie au Théâtre Graslin de Nantes Dim. 22 mars à 17h. Lun. 23 et mar. 24 mars 2009 à 20h. Renseignements et réservations au 02 40 69 77 18 Tarifs : 15 €, 10 € et 5 €. En partenariat avec Angers Nantes Opéra.



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MANSFIELD

« La musique est un exutoire ! » interview et photo / Christophe Martin

Après cinq ans d’absence, Julia Lanoë et Carla Pallone se retrouvent Seules au bout de 23 secondes. Le nouvel album de Mansfield TYA consolide un univers lyrique, funeste et flamboyant, derrière lequel se cache une violence terriblement heureuse. Votre premier album June est sorti en 2005. Aujourd’hui, sort Seules au bout de 23 secondes. Que s’est-t-il passé depuis tout ce temps ? n Déjà, le souci de savoir comment nous allions sortir un nouvel album. Mais nous avons aussi travaillé en résidence pendant un an à Maubeuge, où nous avons essayé des choses différentes. Avec des rappeurs notamment. Sinon, l’album est prêt depuis un an et demi et nous pensions le sortir comme le premier,

« 300 vinyles sérigraphiés, avec un poster et deux titres en plus. C’est cadeau ! » plus ou moins autoproduit. Cette solution n’était pas satisfaisante. Il a donc fallu entreprendre de nouvelles démarches. Et le label Vicious Circle nous a bien aidées à nous sortir de là. PA G E 0 5 5 / 1 0 0

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Malgré cette sortie sur Vicious Circle, l’album sort en vinyle sur le label nantais Kythibong… n Nous voulions travailler avec eux, car ce sont des amis. Ils nous ont proposé de sortir l’album en vinyle. Avec l’accord de Vicious, Kythibong et Forcebéton sortent donc 300 vinyles sérigraphiés, avec un poster et deux titres en plus. C’est cadeau ! Cela signifie-t-il que votre implication auprès des initiatives indépendantes est toujours aussi forte ? Se tourner vers Vicious, qui a une démarche totalement indépendante et qui t’accorde une liberté artistique totale, fut un choix très important. Avec Kythibong, c’était très spontané, très naturel. Il existe de vraies connexions. Tout comme pour le 45 tours avec Tender Forever que nous avons sorti avec l’association Wonderground. Ce sont des circuits que nous aimons développer. sa i so n 0 3 / N U M É R O 1 4

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Ce développement passe aussi par des rencontres. À l’image de votre récente collaboration avec Françoiz Breut… n Elle nous a gentiment invitées sur son album. C’est l’avantage des tournées. Tu rencontres les gens et si, par la suite, tu peux poursuivre ces rencontres, c’est génial. De notre côté, nous avons aussi invité des personnes sur notre album.

« Nous avons l’impression de dire les mêmes choses que des groupes de rap ou de métal » Pouvez-vous nous éclairer sur ce casting ? n Vale Poher, une Lyonnaise vraiment belle avec qui on a souvent joué. Étienne Bonhomme, enfin un vrai batteur, et surtout Antoine Bellanger de Belone Quartet, qui n’est pas un ingé-son pur et dur, mais qui nous a vraiment aidé et avec qui nous avons pu essayer pas mal de choses. Il y a aussi Manuella Lahaye que nous exploitons pour certains textes depuis nos débuts… Il est beaucoup question de temps sur cet album. En avez-vous justement manqué ou vous a-t-il tout simplement paru trop

long ? n Il était aussi beaucoup question de temps sur le premier. C’est un thème récurrent. C’est même carrément de la névrose ! Au-delà de cette névrose, on retrouve cette violence des mots. Exprime-t-elle une forme de désenchantement ? n C’est drôle, ça fait penser à Mylène Farmer… Cependant, nous n’avons pas mis la plus violente : « Si tu ne sais pas quoi faire, tu n’as qu’à tuer ta mère ». Nous avons toujours préféré les chansons mélancoliques. C’est surtout une manière de se libérer. À la base, nous ne venons pas du monde de la chanson. Nous avons l’impression de dire les mêmes choses que des groupes de rap ou de métal. On ne se sent pas plus désabusées que ça. Clairement, la musique est un exutoire ! n Seules au bout de 23 secondes (Vicious Circle). Seules au bout de 23 secondes/33 tours (Kythibong) Le 14 février, Pannonica, Nantes. Le 5 mars, L’Olympic, Nantes. Le 20 mars, Centre culturel, Montreuil-Bellay. Le 21 mars, Le Coatelan, Morlaix. Le 23 avril, L’Antipode, Rennes.

En clip, mode d’emploi Il fallait bien que ces trois-là se rencontrent. Sur le plafond, comptine noctambule, aura permis de faire se croiser les univers des deux Mansfield TYA et de Charlie Mars. Plus proche du court métrage que du clip, la mise en images de ce morceau phare du deuxième album du duo fait se croiser le fantastique avec un réel déviant. De par sa mise en scène minimaliste et son approche quasi lynchienne de la chanson, le vidéaste Charlie Mars parvient à mettre des images sur les maux de Mansfield TYA. Envoûtant et inquiétant.

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SIMON ABKARIAN

« Sans le désir, il ne peut pas y avoir de grâce » interview / Arnaud Bénureau

photo / Mysterdam pour Kostar

Hier, méchant dans Casino Royale. Aujourd’hui, en compétition officielle à la Berlinale. Et demain, du prochain Robert Guédiguian. Simon Abkarian, acteur de cinéma, de théâtre et auteur se retournant sur son passé, est un homme à part. Insaisissable. Comment êtes-vous devenu comédien ? n De 17 à 20 ans, je travaillais dans un atelier de chaussures pour femmes. Et à ce moment-là, je vois un spectacle au Théâtre du Soleil. J’ai été touché. Après un stage avec Pierre Bigot et deux mois d’audition, je suis entré au Soleil.

« Qu’un oscarisé se présente devant moi, je n’en ai rien à foutre. »

Aujourd’hui, vous cultivez la volonté de brouiller les pistes. À la fois capable d’être du casting d’un James Bond, de jouer dans Ararat d’Atom Egoyan et de vous lancer dans l’écriture pour Pénélope, ô Pénélope… n Dès lors que je connais ma ligne de conduite intérieure, les pistes se brouillent et se débrouillent d’elles-mêmes. Je n’ai pas envie de faire tout et n’importe quoi. Je ne fais pas du théâtre ou du cinéma à n’importe quel prix. Il faut que le projet me plaise. Qu’il parle au monde. Qu’il parle du monde. Malgré tout, je crois aussi au fait PA G E 0 5 9 / 1 0 0

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que le cinéma, comme disent les Américains, peut être de l’entertainement. Est-ce votre expérience américaine qui vous laisse penser ça ? Car ici, en France, vous êtes un habitué des films d’auteurs. n Pas forcément. Prenons l’exemple de Jonathan Demme pour lequel j’ai joué dans La vérité sur Charlie. Qu’un oscarisé se présente devant moi, je n’en ai rien à foutre. Mais lorsque ce même homme hors du commun qui aime le cinéma me regarde et me dit : « Je n’ai pas de rôle pour toi, mais j’ai envie de travailler avec toi », je sens un réel désir. Serait-ce donc le désir qui guide vos choix ? n C’est très important. Il faut se sentir désiré. Pas comme une prostituée. Mais plutôt comme quelqu’un qui recèle en lui quelque chose d’unique. Le désir se situe là. Moi, les acteurs avec lesquels je travaille je les aime, je les désire. Nous sommes alors réunis autour d’un propos. Pour le dire et le défendre. Pour le proposer au monde. Mais sans le désir, il ne peut pas y avoir de grâce. sa i so n 0 3 / N U M É R O 1 4

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C’est à cet instant que le théâtre comme le cinéma peuvent être magiques… n Oui. Certes nous tenons compte des lois du marché. Surtout au cinéma. Mais à l’intérieur de ce monde-là, il est possible de pratiquer de l’intelligence, de la légèreté. Des choses qui, comme on dit, ne sont pas emmerdantes. Et vous vous emmerdez souvent en tant que spectateur ? n Le théâtre psychologique ne m’intéresse pas. Je ne veux pas faire de raccourcis ni de caricatures, mais voir, pendant toute une pièce, un acteur en train de cloper assis sur sa chaise, ça m’emmerde. Ou alors faire de l’action pour faire de l’action m’emmerde aussi. Il ne faut pas que cela soit l’obsession première d’un réalisateur de voir deux taureaux se taper l’un sur l’autre pour ensuite aller libérer la belle dans le donjon. Est-ce pour toutes ces raisons que vous acceptez Casino Royale ? Car ce James Bond n’est pas à vos yeux, un film d’action pur et dur ? n Le James Bond, c’est particulier. Car c’est un mythe.

« J’ai toujours commencé par la première marche et n’ai jamais sauté sur la dernière d’un coup. » Réalisiez-vous un rêve ? n Pas forcément. Je suis allé faire le casting. Ils m’ont pris. Je l’ai fait. Vous en parlez très naturellement alors que jouer le méchant dans un James Bond, ce n’est quand même pas rien… n Parce que cela s’est passé ainsi. Vous savez, sur la place de Paris, il y avait des acteurs sur le coup. Je n’ai couru après personne. Je ne minimise pas le fait d’avoir travaillé dans un James Bond. Je dis simplement que les Anglo-saxons sont très pragmatiques. Ils ont vu les essais et ont dit oui. Lorsque vous travaillez pour le prochain Robert Guédiguian, L’armée du crime, avez-vous l’impression de revenir à un cinéma qui a davantage forme humaine ? n Là, il y a de la fraternité. Son cinéma m’ins-

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pire. Parce que Guédiguian parle du monde en passant par ses acteurs. Et ses acteurs sont ses amis. Sans pervertir ni son cinéma ni son amitié, il arrive à faire des films avec eux. À un moment donné, ses propos nous traversent tous. Et ce sans être obligé d’avoir les mêmes opinions politiques ou la même vision philosophique sur le monde. En cette époque de pragmatisme et de désir de résultats, je trouve ça presque de l’ordre de l’utopie. Vous parlez de désir de résultats. Mais de votre côté, avez-vous connu l’échec artistique ? n J’ai fait des spectacles où il y avait sept personnes dans la salle. Le metteur en scène avait un propos qui me plaisait. Nous avons ri. Mais résultat, il y avait sept personnes dans la salle. Parce que la pièce était hermétique. Et puis, il y avait cette manière de vouloir à tout prix révéler des choses. Nous n’avons rien révélé du tout. À personne. Tout a déjà été dit. Il ne reste plus qu’à redire et à redire encore. Aujourd’hui, auprès du grand public, vous êtes de plus en plus identifié. En avez-vous conscience ? n Peut-être. Je ne sais pas. En tous les cas, les gens de cinéma savent que je suis un acteur qui n’entre pas dans les meubles sur un plateau de tournage. Je ne fais pas perdre de temps à l’équipe. Je m’implique, ne gèle pas le film et peut apporter une couleur à un film. Mais, je suis lent. Je ne peux pas aller vite dans mes choix. J’ai toujours commencé par la première marche et n’ai jamais sauté sur la dernière d’un coup. Justement, la voyez-vous cette dernière marche ? n J’espère que non. Être artiste, c’est comme être sur un champ de bataille. Il faut être constamment en mouvement. Car une fois que vous vous asseyez, vous êtes mort. Rage, de Sally Potter,avec Jude Law et Simon Abkarian. En compétition officielle au Festival international du film de Berlin. Jusqu’au 15 février. L’armée du crime, de Robert Guédiguian avec Vriginie Ledoyen, Simon Abkarian. Le 23 septembre.


! AQN =N@AJP

D’Alexandre Ostrovski Texte français AndrĂŠ Markowicz

Mise en scène Christophe Rauck

ScĂŠnographie AurĂŠlie Thomas Dramaturge Leslie Six Costumes Marion Legrand Lumières Kelig Le Bars Musique originale Arthur Besson Travail gestuel Claire Richard Avec Juliette Plumecocq-Mech, Camille Schnebelen, HĂŠlène Schwaller, Thomas Blanchard, Marc Chouppart, Jean-Luc Couchard, Pierre-François Garel, Jan Hammenecker, Jean-Charles Maricot, Jean-Philippe Meyer, Mahmoud SaĂŻd. Production TGP - CDN de Saint-Denis Coproduction Le Grand T, La Filature scène nationale – Mulhouse Avec la participation artistique du Jeune ThÊâtre National

SSS HACN=J@2 BN

Photo Š Anne Nordmann

Du mercredi 25 fĂŠvrier au vendredi 6 mars 2009 - Le Grand T


au who’s next

Kostar, invité du Who’s Next International Fashion Show, le salon français de la mode et de la création, a donné carte blanche à Charlie Mars. Chaque jour, Porte de Versailles à Paris, il a réalisé en un temps reccord un film différent projeté sur l’écran du défilé de mode. Tous les films sur www.kostar.fr

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par

Christophe Honoré

Breton de naissance, cinéphile depuis toujours, cinéaste depuis Dix-sept fois Cécile Cassard, romancier pour petits et grands, actuellement en montage de Non ma fille, tu n’iras pas danser avec Chiara Mastroianni, Christophe Honoré évoque ici son nouvel objet de désir  : le théâtre.

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Il n’y a pas si longtemps, éclairés par Daney et d’autres, nombre de cinéphiles et de réalisateurs étaient convaincus que le cinéma était un successeur légitime de la tragédie antique, un moment cathartique de la démocratie. Alexandre Adler parlait alors de « l’art cinématographique, qui se refusait à être un miroir tendu à une société, mais une projection fortement subjective vers un point, nécessairement imaginaire, du désir de cette société, un lieu de dénouement des conflits internes du monde ». Cette définition du cinéma semble aujourd’hui majoritairement reniée. Public et critiques réclament toujours plus de société, toujours moins de monde. Plus en plus de scénarios sociologiques, moins en moins de mise en scène. Plus en plus de vrais gens, moins en moins d’acteurs. Toujours plus de miroirs tendus, de moins en moins de projections. n Nous sommes évidemment plusieurs cinéastes à ressentir cette pression comme une agression, comme la négation même de ce qui nous a portés vers le cinéma. À chacun, à sa manière, de résister, au cœur de nos films, de nos réflexions. Et aujourd’hui, pour moi, dans mon désir urgent de repasser par la case théâtre. Comme un sevrage de naturalisme, un retour aux mots, à la voix, une échappée vers la mise en scène. Et c’est un manifeste, car dans le cinéma d’aujourd’hui, ce qui semble cruellement suspect, déplacé, grotesque, c’est la mise en scène, à qui l’on a retiré toute valeur pour lui substituer une valeur étalon condensée dans l’expression « un regard juste », et même, « juste un regard ». Je viens au théâtre dans l’idée de fuir ce « regard juste », je viens travailler une vision. n

un désir urgent de repasser par la case théâtre. Comme un sevrage de naturalisme, un retour aux mots, à la voix, une échappée vers la mise en scène.

Christophe HonorÉ / Hôtel KuntZ in spectacle Faune(s) d’Olivier Dubois

Pour passer la frontière, j’ai choisi de présenter un drame romantique, j’ai choisi Victor Hugo, dont l’écriture même se fonde sur la mise en scène et la vision. En relisant l’ensemble de son théâtre, je me suis arrêté sur Angelo, Tyran de Padoue. Il y a dans ce texte une thématique commune avec mes deux derniers longs métrages, La Belle Personne et Non ma fille (actuellement en montage), à savoir l’autorité faite aux femmes. Angelo règne sur Padoue, mais le peuple de Padoue est absent dans la pièce, comme réduit à deux personnages, la femme et la maîtresse du tyran. C’est dans son rapport aux femmes, qu’Hugo nous fait le portrait de l’oppresseur. La tyrannie est ici domestique et amoureuse. Le désir plus que le pouvoir semble en être la cible. Angelo est un mari avant tout, jaloux, obsédé par l’infidélité, qui ne supporte pas de ne pas régner en maître sur qui il désire. Décidant à la première résistance, au premier soupçon, de condamner à mort l’objet même de son désir, comme s’il ne pouvait souffrir aucune opposition dans son couple comme dans sa ville. Angelo est un tyran vacillant, tremblant de peur, menacé constamment par son besoin d’être aimé. n Mélodrame sentimental et portrait de la condition féminine, la clarté du texte de Hugo ne doit pas nous aveugler ; comme ses récits, il cache bien des portes secrètes et des souterrains autrement plus obscurs et ambigus. Les femmes ici apparaissent finalement moins asservies qu’elles ne le désirent. Les cadavres semblent avoir plus d’attrait que les vivants. Et quand trois hommes aiment la même femme, c’est en alliés plus qu’en rivaux qu’ils se comportent. n Absolutisme et érotisme du pouvoir de l’homme sur la femme, voilà ce que je veux représenter sur scène aujourd’hui. Porté par l’élan que me donne Hugo, c’est avec l’espérance et la joie d’un prétendant que je me lance dans l’aventure. n PA G E 0 6 5 / 1 0 0

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Roman SiGner Roman Signer est venu, discrètement, faire un tour à Trentemoult. Pas en simple touriste. L’artiste y prépare une intervention dans le cadre d’Estuaire. Fasciné par le fleuve et l’architecture industrielle. texte / christophe cesbron PHOTO / chistophe cesbron (trentemoult) et roman signer (installations)

Avec Roman Signer, les choses les plus simples peuvent prendre un contour peu ordinaire. Et c’est souvent surprenant. Il ne faut s’attendre à rien et se laisser porter…

« Avec astuce et humour, Signer explore les phénomènes physiques pour en faire les matériaux de sa sculpture.»

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Parapluies n Quand je l’appelle pour rédiger cet article et faire le point sur son intervention à Trentemoult, il est à Maastricht : « Il faut que je fasse le point avec l’ingénieur pour l’installation au Palais de Tokyo. Il faut réussir à créer un arc électrique entre les pointes de deux parapluies. Vous savez ces parapluies noirs classiques pour les hommes. Il me faut une machine capable de condenser une très haute tension, plus de 700 000 volts… » Roman est tout à son exposition parisienne et surtout à cette nouvelle pièce : « Les parapluies sont placés en hauteur, dans une salle où le public ne pourra pas entrer, c’est trop dangereux, mais il ressentira cette puissance de l’électricité. La foudre se déclenche toutes les trois minutes et il y a le son, comme un crépitement. » Je ne peux empêcher l’image de Jacques Tati avec son parapluie de m’apparaître soudain. Il y a un air de famille entre ces deux-là.

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Science / fiction / quotidien… n Roman Signer participe avec Micol Assael, Ceal Floyer, Laurent Grasso à l’exposition Gakona au Palais de Tokyo. Gakona, petit village au centre de l’Alaska, abrite le programme de recherche américain HAARP (High-frequency Active Auroral Research Program). Inspirés par les travaux de l’inventeur Nikola Tesla, des chercheurs y étudient la transmission de l’électricité dans les hautes couches de l’atmosphère. Mais, en raison de son financement militaire et des peurs liées à l’électromagnétisme, HAARP est aussi devenu une source intarissable de rumeurs. Dérèglement climatique, influence sur les comportements humains… Bref, le sujet entre en résonance avec le travail de Signer qui y présente outre ses parapluies, une table en lévitation (soulevée sous l’effet d’un fort courant d’air)…


Méthode n Avec astuce et humour, Signer explore les phénomènes physiques pour en faire les matériaux de sa sculpture. Dilatation, explosion, rayonnement, déflagration, champ magnétique ou électrique, gravitation, pression, dépression, facteur temps sont les outils qu’il utilise pour réaliser ses œuvres. Et qu’il met en action sur les objets les plus simples et les plus quotidiens, se jouant du spectaculaire pour déclencher les mécanismes subtils du rire, de la poésie, de la fragilité et du désordre.

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Pour en revenir à Estuaire n Je suis retourné faire un tour sur le site où Roman Signer va intervenir. Pour l’instant, rien de nouveau. Les choses suivent leur cours. Les ingénieurs ont rendu leurs diagnostiques : la structure présente des fragilités, il faut la renforcer à certains endroits et réserver un périmètre de sécurité tout autour. L’accès au site est étudié : un chemin piétonnier va être aménagé le long de la Loire, un autre pourra se faire par la route. Le travail sur le son n’est pas encore satisfaisant, trop cristallin. Signer est à la recherche d’un son plus “ligneux”, moins métallique… Quant au dispositif imaginé par l’artiste… il est encore trop tôt pour le dévoiler. Gakona, du 12 février au 3 mai, au Palais de Tokyo, Paris

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Séquence vidéo pour la chanson “Premier amour” (ANAÏS) Montage vidéo: E. Perroys Photomontage: K. Pain Prod: Auguri Production PA G E 0 6 8 / 1 0 0

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pierrick sorin

Présenté à Paris, New York, Londres, Tokyo, Buenos Aires, le travail du Nantais Pierrick Sorin est mondialement connu. Depuis novembre 2006, il nous raconte son quotidien de créateur. signé sorin, naturellement. texte et Photos / Pierrick Sorin photo-montages / Karine Pain

Un gros cœur tout rose, qui ramollit, se déforme, se répand en dégoulinures visqueuses… et avec ça ? Quelques cocktails : Bière-Campari au jus de carotte, Sauternes 96 rehaussé de sirop de menthe et de Coca-Cola… Durant une quinzaine de jours, j’ai filmé ce genre de choses pour créer les séquences vidéo qui accompagneront les concerts d’Anaïs. La jeune chanteuse fut « révélée » en 2006 aux Victoires de la musique, en particulier grâce à un titre à succès :

j’ai rencontré Anaïs et écouté son dernier album avec le sérieux et l’attention d’un « instit » à la retraite. J’ai été séduit. Mon cœur, mon amour. n Quand j’ai été sollicité pour participer au Anaïs Love Tour, je n’ai pas sauté au plafond. Le nom de l’artiste ne m’évoquait rien, j’ignorais tout de son ascension fulgurante. Quant aux quelques clips que je me suis empressé de zyeuter sur la toile, ils ne m’ont pas vraiment fait décoller de ma chaise. Il est vrai que je ne suis pas non plus d’une nature très « aérienne »… Mais bon, il était question d’avoir recours à PA G E 0 6 9 / 1 0 0

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des « technologies novatrices » permettant de faire apparaître de grands hologrammes sur scène. Ce genre de « truc », j’aimerais le faire depuis longtemps. Rien que pour ça, j’ai dit « oui ». n De fil en aiguille et quelques restrictions budgétaires plus tard, les hologrammes se sont volatilisés. Restait la perspective « classique » de projections sur grand écran. Entre temps, j’avais rencontré Anaïs et écouté son dernier album avec le sérieux et l’attention d’un « instit » à la retraite. J’ai été séduit. En dehors de la personnalité attachante de cette fille, j’ai apprécié sa musique, sa voix, ses textes. Elle écrit comme on parle, en apparence du moins. En vérité, elle maîtrise parfaitement son affaire, opère avec malice nombre de petits glissements formels et entraîne, mine de rien, le langage le plus banal vers la poésie. n Bref, je me suis retrouvé à faire quelques expériences artisticoculinaires. Je voulais faire de « belles images » qui n’aient pas la froideur du tout-numérique. J’ai moulé des crèmes glacées en forme de cœur pour ensuite les faire dégouliner sous le souffle caressant d’un sèche-cheveux (« ça dégouline d’amour », dit sa chansonsa i so n 0 3 / N U M É R O 1 4

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tube). C’était plutôt foireux. J’ai récidivé avec des quantités appréciables de beurre mixées avec de la gouache rouge-vermillon, puis avec des mélanges savamment dosés de chocolat blanc et de coulis de framboise. Fiasco sur toute la ligne. Par contre, j’ai réussi à transformer le sol de mon atelier en une sorte de patinoire graisseuse, maronnasse et sucrée. n Conjointement, toutes ces mixtures s’accumulèrent dans mon bac à douche et en bouchèrent sévèrement les voies d’évacuation. Par dépit et pour ne pas avoir peiné pour rien, j’ai décidé de prendre un bain de

j’ai réussi à transformer le sol de mon atelier en une sorte de patinoire graisseuse, maronnasse et sucrée. pieds dans l’infâme liquide en stagnation : à défaut d’une jolie séquence de cœur dégoulinant, je pourrais au moins produire une photo insolite et de bon goût pour tenter d’amuser les lecteurs de Kostar (voir au dos de cette page). n À force de persévérance,

je suis tout de même parvenu à réaliser les vidéos du Love tour. Je ne sais pas trop quoi penser du résultat. En tout cas : belle expérience accompagnée d’une résidence dédiée à des répétitions avec Anaïs et ses sympathiques musiciens. Ce qui m’a le plus intéressé, dans l’histoire, c’est ce rapport délicat entre le contenu des images et la prestation chantée. Le trop de contenu peut abîmer ce qui doit rester essentiel : les chansons et la relation vivante de l’artiste avec son public. Trop peu de contenu, cantonne l’image à faire simple tapisserie. Dans le doute, le trop peu est le moindre mal. n Le « show » est à découvrir, le 24 février, salle de La Carrière à Saint- Herblain, et même à l’Olympia, début mars. Les Fans peuvent faire un saut à Brest (La Carène) pour la première, le 21 de ce mois. n Sinon, j’ai aussi créé une affiche pour une exposition assez conséquente que je réalise au Théâtre national de Toulouse à l’occasion de l’accession au domaine public de l’œuvre de Georges Méliès. Une occasion de faire fructifier ma grande expérience en matière de dégoulinures graisseuses. n n n

PIERRICK LALANNE ET LA VRAIE ANAÏS (AFFUBLÉE D’UNE PERRUQUE BLONDE) AU CAFÉ LE FLESSELLES à NANTES

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LE BAIN DE PIEDS DANS LA DOUCHE

AFFICHE POUR L’EXPOSITION SORIN-MÉLIÈS AU THÉÂTRE NATIONAL DE TOULOUSE MONTAGE: K. PAIN

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ISTANBUL par

RUBIN STEINER

photoS : iOlogic - lionel laquerrière

Dans cette rubrique, un artiste évoque une ville qui le fait vibrer, ailleurs.l’électo-rockeur Rubin Steiner revient à peine d’Istanbul qu’il nous en parle déjà.

Je suis allé pour la première fois à Istanbul en 2002, faire un concert avec mon groupe de rock (oui, le Rubin Steiner Neue Band est un groupe de rock. Non mais !). Depuis, nous y avons rejoué huit fois. Et j’ai pu observer les changements de l’unique bout de ville dans lequel je me promène à chaque fois que nous y allons. Mauvais touriste, je n’ai jamais voulu m’intéresser en profondeur à la géographie de la ville, seulement me promener dans le quartier du Babylon, le club dans lequel nous avons nos ronds de serviette, et aller jusqu’où mes jambes pouvaient me porter. C’est-à-dire pas loin ! n Les plans visite à la Guide du routard, ce n’est pas pour moi. Je suis un anti-voyageur / anti-touriste. Je ne connais donc que très peu Istanbul. Malgré tout, je connais très bien ce quartier « à la frontière de l’Occi-

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dent et du Moyen Orient », dixit Wikipedia. Peut-être le seul endroit au monde où l’on peut voyager dans deux continents juste avec ses pieds. Et ça, ça nous fait une belle jambe. n Ce concert 2009 au Babylon a été l’occasion de retrouver les ambiances familières du quartier de Galatasaray, entre Taksim et Tünel, et découvrir les changements incroyables du centre historique d’Istanbul qui devient de plus en plus occidental « propre ». Il y a sept ans, nous nous amusions de voir cette vérue de Burger King coincée entre deux échoppes d’artisanat local, kebab ou vendeur de rue. Aujourd’hui, ce même Burger King est complètement has-been aux côtés des multiples Starbucks locaux avec ses clients branchés en wifi à leurs macbook en vitrine et autres boutiques de fringues ultra design. La grande rue piétonne a été re-

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faite à neuf et un programme de ravalement de façades a transformé ce quartier en Montmartre bobo géant, plutôt agréable à vivre mais beaucoup moins dépaysant que ce que l’on s’imagine de la ville. n En revanche, dès qu’on prend les rues perpendiculaires et qu’on se rapproche du pont de Galata, on retrouve vite le charme anarchique et (un peu) antique de la cité : des chats maigres partout qui mangent des os, des boutiques hallucinantes (ici la rue des boulons, là, la rue des ampoules... oh, la rue des panneaux de leds qui tombe directement dans la rue des robinets !) et la fameuse descente des magasins d’instruments de musique, qui m’excite un peu plus que celle des composants électroniques et des boîtes en plastique. Curieusement, dans cette rue de la musique, l’anarchie s’est aussi un peu calmée.

Chaque boutique vend désormais une seule marque de guitare, et il y en a beaucoup ! Je me souviens que Sylvestre s’était acheté une Jazz Bass de 1972 il y a quatre ans, dans une boutique de 5 m2 qui vendait n’importe quoi, que Chacha s’était perdu dans une boutique qui vendait des tas de vinyles sans pochette posés à même le sol, qu’Olive avait acheté du tissu pour sa couturière de femme et que je me faisais lire l’avenir dans mon fond de tasse de café turc... Bon, même si on trouve toujours de tout ici aujourd’hui, on tombe quand même moins facilement sur des perles vintage (les vieux stocks Roland et Korg ont été acheté depuis longtemps par la folle jeunesse musicienne actuelle). n C’est un détail, mais tout de même : mettons cela sur le dos du mauvais côté de l’occidentalisation à outrance, le côté souk

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géant de cette ville se transforme peu à peu en quartier occidental moderne et branché et qui devient moins dépaysant pour un feignant comme moi qui ne va pas au fond des choses. J’ai remarqué le même changement à Moscou en cinq ou six ans, qui est devenu par endroit, une véritable vitrine de l’Occident moderne capitaliste, au prix d’une singularité perdue. n Par contre, soyons franc et restons jeune, le « bon » côté de cette occidentalisation pourrait être, selon moi, une meilleure visibilité de la jeunesse stambouliote. Les affiches de concerts qui recouvrent les murs de Tünel, par exemple, sont un bon appel à la rencontre (on peut y voir James Murphy, Stereolab, Fisherspooner, Puppetmastaz et j’en passe), l’endroit est vraiment devenu le rendez-vous des gens qu’on a envie de croiser le soir – et avec lesquels mes camarades ont fini la nuit, alors que je dormais comme un loir à l’hôtel, dans un appartement transformé en club post punk early electro : du bon goût je vous dis ! n Je case ici deux anecdotes qui m’ont marqué et qui sortent de mon propos, juste parce que ce sont PA G E 0 7 4 / 1 0 0

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des choses qui ne me sont jamais arrivées ailleurs : en 2005, on m’a demandé des autographes et pris en photo dans la rue parce que j’avais fait la couverture d’un magazine local, et des jeunes nous ont raconté qu’ils avaient monté un groupe après nous avoir vu en concert. Dingue. Merci amis turcs ! n Évidemment, il n’y a pas que la musique dans la vie. Istanbul est une ville très agréable et dans laquelle, malgré ou grâce à la foule permanente et l’anarchie des commerces, on se sent complètement en sécurité. La multiplicité des cultures a certainement fabriqué cela. Je ne connais pas non plus très bien l’histoire de cette ville, mais les mélanges de toutes sortes sont tellement présents qu’on ne se sent jamais étranger ou simplement touriste (pour peu qu’on n’ait pas la tenue habituelle du touriste). L’adaptation est si simple qu’on en oublierait presque qu’on est très loin de chez nous : Istanbul est un endroit où l’on a envie de revenir, et pourquoi pas en vacances... mais s’il y a des platines, je veux bien mettre des disques ! n

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Topkapi

La mosquée bleue

Basilique sainte-sophie

C’est Byzance !

N’y allons pas par quatre chemins : Istanbul, c’est Byzance ! Ou Constantinople. L’ancienne capitale impériale, qui fut un temps la Nouvelle Rome, est aujourd’hui une mégalopole de 13 millions de Stanbouliotes. Symbole et berceau d’une civilisation remarquable, construite entre l’Europe et l’Asie, Istanbul est une ville pont où se croisent les cultures et les influences, l’ancien et le “moderne”, le christianisme, le judaïsme et l’islam. Cartes postales

S’y loger

Qui dit Istanbul, dit SainteSophie, la Mosquée bleue, le palais de Topkapi… autant de monuments incontournables, rescapés d’une Histoire mouvementée, transformés au fil des siècles. La Mosquée bleue, entourée de ses six minarets, fut construite au XVIIe siècle. Sur la cour intérieure donnent les 260 fenêtres qui éclairent l’intérieur de l’édifice. Construit à la pointe de la Corne d’Or, Topkapi, palais des sultans, offre une vue magnifique sur le Bosphore. Istanbul, c’est encore le grand bazar et son labyrinthe de ruelles, non loin de l’impressionnante basilique citerne (datant de 527) ou du musée archéologique aux remarquables collections de bas-reliefs et de sarcophages.

On trouve de très nombreux petits hôtels dans la vieille ville historique. À prix très abordables. Compter entre 50 et 80 euros pour un 3 voire un 4*. Le Grand Nazar (à proximité du grand… bazar !) est un 3* où la chambre double coûte 68€. Et seulement 56€ au Barin Hôtel, un 3* proche de Sainte-Sophie. Opter de préférence pour la vieille ville (on peut s’y déplacer à pied) ou un établissement proche d’une station de métro.

Y aller Les “routards” peuvent s’offrir un Paris-Istanbul en train, en passant par Munich, Vienne, Sofia en… un peu plus de 48 heures ! En avion, c’est 3h30 de vol et l’aller-retour, selon période et compagnie, oscille entre 200 et 300 euros.

ptent pas dans les quartiers populaires comme dans les quartiers touristiques. Les restaurants de poissons (sur le Bosphore

S’y restaurer Et si le kebab était un régal ? On en trouve à tous les coins de rue. À base de bœuf, le plus souvent, d’agneau parfois, le kebab est une tradition, l’équivalent de notre jambon-beurre. Viande hachée, boulettes de viande bien assaisonnée, lamelles finement découpées… accompagnées de tomates ou de yoghourt. On peut se régaler de manti (ravioles au yoghourt) ou partager une multitude de mezze… Les meyhane, tavernes où on déguste les mezze, ne se com­ PA G E 0 7 5 / 1 0 0

ou la Corne d’Or) sont sensiblement plus chers mais souvent bondés en fin de semaine. n

Sainte irène

Circuit Kostar C’est au musée Sakip Sabanci qu’a été présentée, cet hiver, Un surréaliste à Istanbul, la plus grande expo sur Salvador Dali organisée hors d’Espagne. La ville compte de très nombreux musées. C’est à Mehmet le Conquérant qu’on doit celui de Sainte Irène. L’ancienne église (construite au V e siècle) a en effet abrité les premières collections publiques après la conquête de Constantinople. L’incontournable Sainte-Sophie est (aussi) un musée. Mais c’est au musée archéologique que se trouve le sarcophage d’Alexandre ainsi que les trésors balayant l’histoire de la Méditerranée orientale. Les 3 000 boutiques du Grand Bazar ne sont plus guère fréquentées que par les touristes. La ville organise désormais (en février) son salon international de la mode. L’industrie textile, très importante en Turquie, est largement ouverte aux techniques et aux courants occidentaux. Artistes et stylistes ont investi, depuis quelques années, le quartier de Galata. n

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Tout au long de cette saison 3, Kostar se propose de partir à la rencontre de stylistes internationaux. À travers cette double page, présentation d’un talent confirmé ou de demain qui nous éclaire aussi sur l’actualité culturelle de sa ville.

© Plastic Club

Vie en ville

VIVI PONTI Milan/Italie

© Zoran

Plastic Club n Bienvenue dans le club underground de Milan ! Soit on l’aime. Soit on le déteste. Mais surtout pas de juste milieu. Le Plastic Club réunit tous les extrêmes qui ont pour point commun, l’amour de la techno. Mention spéciale pour les soirées London Loves qui ont lieu tous les vendredis. www.thisisplastic.com

Vivi Ponti est une fille de 1976. Vivi Ponti est une jeune femme d’aujourd’hui. De celles qui se projettent vers demain tout en regardant, de temps en temps, vers hier. Vers cette nostalgie adolescente se faufilant au travers des pièces de sa collection printemps/été 2009. Une collection ensorcelante qui épouserait parfaitement les formes d’un prochain casting féminin pensé par Sofia Coppola. n Vivi Ponti a poussé les portes du dressing room de la mode en 2000. À cette époque, elle entre en tant qu’assistante, chez Roberto Cavalli. Quelques années plus tard, elle part pour Bologne et intègre l’équipe de Daniele Alessandrini. Parallèlement, elle travaille à sa première collection constituée d’une pièce unique. En 2008, il y a tout juste un an, sa première vraie collection, Vivi, affole le Who’s Next. Celle qui travaille également en compagnie du vidéaste Virgilio Villoresi repartira du salon parisien avec le titre de meilleure jeune créatrice. n En 2009, on trouve ses collections à Rome, Bari, Toulouse, Hong Kong ou encore Beijing. À l’image de ces femmes d’aujourd’hui, la créatrice est ouverte sur le monde. Et ce dernier risque bien de lui appartenir dans peu de temps. n www.viviponti.com PA G E 0 7 6 / 1 0 0

K O S TA R

Milan MVM n Du 27 février au 2 mars, le Milanovendemoda envahit la ville. Il s’agit de la manifestation de prêt-à-porter d’Italie, et probablement du monde. Plus de cent podiums s’apprêtent à voir défiler le must des stylistes. www.milanovendemoda.it

AC Milan/Werder de Brême n Le 26 février, les nouveaux camarades de jeux du métrosexuel le plus bankable du monde, David Beckham, rencontrent les Allemands de Brême. Il vous en coûtera 275 euros pour vous installer en tribune d’honneur. www.acmilan.com

sa i so n 0 3 / N U M É R O 1 4

f é v r i er / mars 2 0 0 9


PA G E 0 7 7 / 1 0 0

K O S TA R

sa i so n 0 3 / N U M É R O 1 4

f é v r Vivi i er / mars 2009 _printemps/été

2009



figurine vinyle Kid Onion Regular _par Easy Hey / D elkograpik Studio _Artoyz Originals

fĂŠvrier mars 09


© Knotan

that’s all folk !

TOP OF THE FOLK La leçon de piano Après deux éditions qui ont déjà vu défiler de précieux ambassadeurs de l’internationale folk sous toutes ses formes (Gravenhurst, Matt Elliott, Serafina Steer… ), le joli festival Top of the folk programme, entre autres, la pianiste suédoise Frida Hyvönen. Venue de nulle part avec son album Until death come, la jeune femme compose une musique d’une force poétique assez rare. Son songwriting est gracile. Pour preuve cette reprise arrache-cœur d’Everybody Hurts de Rem. n Top of the folk, les 20 et 21 mars, L’aire libre, Rennes.

PRESQUE CÉLÈBRE : JONATHAN RICHMAN

Jonathan heart rencontre / Jean-Jacques Pierre

Photo / DR

Depuis le milieu des seventies, Jonathan Richman promène sa dégaine d’éternel adolescent sur les sentiers hier du punk lo-fi et aujourd’hui de la folk. Sans lui, pas de Violent Femmes ni de Weezer. Et encore moins d’Herman Düne ou de Katerine. Difficile de se rappeler à quand cela remonte. D’ailleurs, là n’est pas l’important. L’important est de savoir, que ce soir-là, ils étaient au coin du bar à refaire le monde. Enfin surtout celui de l’indie rock. Et puis, il s’est posé là. Comme une évidence. Comment n’y avaient-ils pas pensé plus tôt ? D’un coup, il fallait absolument programmer Jonathan Richman. N’importe où. Mais quelque part. Pourtant, ils étaient programmateurs de rien du tout. Même pas de leurs lendemains. Ils voulaient juste voir enfin en live ce garçon presque célèbre, mais incontournable dans l’histoire du rock du siècle dernier et de celui qui vient à peine de commencer. n Pour l’anecdote, pas si farfelue que ça, Jonathan Richman

est le ménestrel joyeusement débile de la potacherie des frangins Farrelly : Mary à tout prix. Les cinéastes, décidément très malins, s’étaient payés le guest le plus arty et le plus cool qu’Hollywood n’a jamais connu. Car le fondateur des Modern Lovers est un génie. Capable de composer des folksongs désinvoltes, mélancoliques et indémodables. n Évidemment, Jonathan Richman, ils ne l’ont jamais programmé. Ni personne d’ailleurs. Ces garçons commandaient juste ses albums en import. Et aujourd’hui, Jonathan Richman est en ville. En vrai. Pas comme dans un rêve. n Jonathan Richman, le 19 mars, La Carène, Brest.

MUSIQUE EXPÉRIMENTALE Cable # Après une première édition riche et nerveuse, le festival Cable # est de retour. Avec encore plus de musique expérimentale. Le temps de trois soirées, l’association Cable # réunit un casting de mavericks ignorant les frontières sonores. Pêle-mêle, le batteur surexcité Duracel déboulant avec Chewbacca, les mythiques noise rockers de Sister Iodine, le pape de l’art sonore Luc Kerleo, l’Australien boulimique Thomas Clayton (photo) et son projet freejazz The ames room, L’Américain et collègue de Sun O)), John Wiese… n festival cable #2, du 18 au 21 février, Bitche, Nantes



LONDON CALLING Ruby sur l’ongle Sans doute la date la plus surprenante et la plus sexy de ce trimestre. En effet, le club rock nazairien programme, sans le crier sur tous les toits, le side project d’une Queen Adreena. Le temps de cette parenthèse en solitaire, la Londonienne Ruby Throat se fait moins rock et plus fragile. La jeune femme, sorte de fée des temps modernes, propose des chansons pop et folk, langoureuses et envoûtantes. n © Quentin faucompré

Ruby Throat, le 24 février, antipode, rennes le 8 mars, Le VIP, Saint-Nazaire.

[SONOR]

[sonor], du 1er au 8 mars, Nantes, Rezé et Saint-Nazaire.

SURF SESSION Plus de tubes ! Décidément en Vendée, ils ne font rien comme tout le monde. La preuve, il parle encore en dollars. En effet, le Vendée Surf Pro ouvre la saison européenne du surf et le prize money est fixé à 138 000 dollards. Quoi qu’il en soit, sur la vague de renommée mondiale de la Sauzaie, les meilleurs des meilleurs vont en découdre. Nouveauté 2009 : l’arrivée d’une épreuve féminine. n vendée surf pro, du 2 au 12 avril, Brétignolles-sur-Mer.

THÉÂTRE

© Frédéric joyeux

Bande passante Depuis maintenant quatre ans, l’art sonore a trouvé sa place dans la région nantaise. En effet, le festival [sonor] se veut le rendez-vous des écoutes radiophoniques. Avec cette capacité de réunir, grâce à une programmation exigeante, un public le plus large possible et des amateurs pointus. Poésies sonores, fictions, documentaires, archives, reportages, causeries, lives, performances et autres expériences radiophoniques rythment cette semaine vraiment pas comme les autres dans le paysage culturel. À noter cette année, une carte blanche à Christophe Rault, cofondateur d’Arte Radio, la performance sonore de Mathias Delplanque ou encore la création politique, poétique et radiophonique du collectif Thermogène : Respublica. n

Retour en ville La pièce de Martin Crimp était à l’affiche en janvier (cf Kostar #13). La création a dû être reportée à la suite d’un malaise du comédien André Marcon. Marc Paquien, le metteur en scène, et Philippe Coutant, directeur du Grand T, sont ravis de présenter (enfin) La Ville à Nantes où toute l’équipe avait préparé cette création. La Ville, c’est l’histoire d’un trio – Claire, Christopher et Jenny – qui, en fait, nous parle de l’état du monde. « Les auteurs anglosaxons », note Marc Paquien, « se frottent au monde tel qu’il est. Et ils le font avec une langue, très actuelle. Chez Crimp, amateur de jazz, le texte est une musique…» Une création (forcément) attendue. n La ville, Du 2 au 4 avril, Le Grand T, Nantes.


Roger délivrant Angélique de Jean-Auguste Dominique Ingres 30 janvier 7 juin 2009 MUSée DeS BeAUX-ARTS De NANTeS


Mahagonny , rêve ou cauchemar  ?

THÉÂTRE

OPÉRA

Mahagonny de l’empire rencontre / VB

Photo / DR

Une fois de plus, Angers Nantes Opéra crée l’événement. C’est au duo Kurt Weil-Bertold Brecht que l’on doit cette fable d’avant-guerre. Dans ces années 30, en Allemagne, on nourrit des rêves d’Amérique et d’Eldorado. Mahagonny est ainsi la ville de tous les plaisirs. Mahagonny, rêve ou cauchemar ? Patrice Caurier et Moshe Leiser, metteurs en scène, ne tranchent pas : « C’est comme une bulle spéculative. Tout va bien tant que ça monte… » n Pour cette (re)production, les deux metteurs en scène, qui ont créé cet opéra en 1997, n’ont pas bouleversé leur approche : « C’est une fable. Nous n’avons donc pas à la situer dans le temps. Mahagonny, ce n’est pas

l’Amérique. C’est le monde, c’est nous… » Si tout ça ne se termine pas au mieux, « on est là pour rire intelligemment. » Parce que « les choses les plus horribles sont dites avec légèreté. » Opéra très politique, Mahagonny prédit qu’un monde qui sacrifie tout à l’argent va dans le mur. On imaginait des choses dans les années 30… n Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny Les 21, 24, 26 février, du 1er et 3 mars, Théâtre Graslin, Nantes. Les 10, 12 15 mars, Grand Théâtre d’Angers.

© Rob Walders

photo légende

KISS THE ANUS OF A BLACK CAT / BELGIQUE / DARK FOLK D’ÉGLISE 06 MARS / BLOCKHAUS DY10 / NANTES

Grand barnum féérique Frédéric Bélier-Garcia, directeur du Nouveau Théâtre d’Angers, s’est attaqué à l’œuvre du dramaturge et scénariste hongrois Ferenc Molnar. Dix comédiens sur scène, une paire de scénographes déjantés et inventifs (Sophie Perez et Xavier Boussiron), un décor au diapason de cette folle partition : Liliom s’annonce comme un spectacle total et jouissif : « J’avais envie de monter un conte féerique, une odyssée des temps modernes qui serait aux dimensions de la grande scène de notre théâtre du Quai. » Autre arme de séduction que possède cette fable mêlant le monde forain et celui de l’audelà, sa large palette des sentiments. « Je pleure facilement au cinéma, et jamais au théâtre. Avec Liliom, on peut être très ému par cette histoire d’amour tragique, mais se divertir aussi. Liliom, c’est du rire, de la violence et des larmes ! » n Liliom du 26 février au 12 mars, Le Quai, Angers. du 18 au 20 mars, Le Grand T, Nantes.


9N 0N_{[R

Salle des musiques actuelles ¡ Brest

concerts – studios – rÊsidences – rencontres – ateliers

EXPOSITIONS

Ă€ voir ou revoir

14/02 2920A?60 2920A?60 3?.;n<6@ C6?<A

Traces, jusqu’au 27 fÊvrier, Espace rÊgional de la VendÊe, La Roche-sur-Yon. n Trois artistes vendÊens, GÊrard BÊnÊteau Douillard (sculpteur), VÊronique LG Morin et Han (peintres) prÊsentent leurs travaux.

L’Êtrange Monsieur Merson, jusqu’au 8 mars, MusĂŠe des beaux-arts, Rennes. n D’origine nantaise, Luc-Olivier Merson (1846-1920) fut reconnu comme l’un des artistes peintres majeurs de son temps. Harmonielehre, jusqu’au 14 mars, Zoo galerie, Nantes. n Les collages sculpturaux de Mick Peter jouent de leur qualitĂŠ crafy pour nous parler des romans qui les ont inspirĂŠs. ConsidĂŠrations inactuelles, jusqu’au 5 avril, Domaine de KerguĂŠhennec, Bignan. n Ĺ’uvres de la collection du Frac Bretagne (Martin BarrĂŠ, BrassaĂŻ, Raymond Hains, Jacques VilleglÊ‌). Situation idĂŠale : Gina Pane, jusqu’au 26 avril, Hangar Ă Bananes, Nantes. n OrganisĂŠe par le MusĂŠe des beaux-arts en partenariat avec le Frac des Pays de la Loire. Daniel Tremblay, jusqu’au 3 mai, MusĂŠe des beaux-arts, Angers. n PrĂŠsentation de 36 Ĺ“uvres majeures d’un artiste trop tĂ´t disparu. Jean Lurçat, jusqu’au 17 mai, MusĂŠe Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine, Angers. n Une trentaine de tapisseries couvrant 30 annĂŠes de crĂŠation. Roger dĂŠlivrant AngĂŠlique, jusqu’au 7 juin, MusĂŠe des beaux-arts, Nantes. n Le tableau d’Ingres tente de faire oublier le prĂŞt au MusĂŠe des beaux-arts de QuĂŠbec du cĂŠlèbre Portrait de madame de SĂŠnonnes. n

CĂŠcile Binjamin + Marion Kueny | photographies : Anne Avagwaen, Vincent Tuset-Anres, DR | licences : 1-291102, 2-291103, 3-291104

Femmes peintres, du 7 au 29 mars, MusÊe des beaux-arts, Angers. n D’Elisabeth VigÊe Le Brun à Marie-Jo Lafontaine, œuvres de femmes peintres.

graphisme

Construire pour le temps d’un regard, du 27 fĂŠvrier au 1er mai, Chapelle de l’Oratoire, Nantes. n Guy-Claude François, scĂŠnographe, prĂŠsente quelques dĂŠcors crĂŠĂŠs pour le thÊâtre.

21/02 .;.Ă‹@ 24/02 > 04/03 .;A6=<12@ & ' =<;6 <96C6. 4?.;1C6992 17 4?.@@5<==.Âś@ 17 /64 /.;1 14/03 32@A6C.9 ?<08 /1 15/03 3<6?2 .BE 16@>B2@ 12 3?o>B2;02 :BA6;2 18/03 06?8B@ SRNa ;2;25 052??F 19/03 7<;.A5.; ?605:.; 21/03 :.4:. 26/03 @6;@2:696. 28/03 =.@0.92 =60.?1 02/04 92@ <4?2@ 12 /.?/.08 04/04 46;G5B 10/04 ;B6A Go/?o2 16/04 ?<533 18/04

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Partenaires : Brest mĂŠtropole ocĂŠane, Conseil gĂŠnĂŠral du Finistère, RĂŠgion Bretagne, Drac Bretagne, CNV Bibus, Fnac, TGB, Plugg-In, FrĂŠquence Mutine, Tyzicos, Radio Kerne, Radio U, France Bleu Breiz Izel, Hitwest, Trax magazine, Les Inrockuptibles, Vice Magazine, Mouvement.net, Nova, LibĂŠration, TĂŠlĂŠrama Points de vente : RĂŠseau Billetel ; magasins Fnac, Carrefour, GĂŠant ou par tĂŠl. : 0 892 68 36 22 (0,34 â‚Ź/min) et fnac.com. RĂŠseau Ticketnet et magasins Leclerc. Digitick.com. Autres points de vente sur www.lacarene.fr


PHILOSOPHIE

DR

20 ans de folie !

RENCONTRE DANSE : CLAUDE BRUMACHON

« Une pièce, hélas, d’actualité » rencontre / VB

Photo / DR

Folie a 20 ans. La pièce, signée Claude Brumachon, a été créée dans la cadre du bicentenaire de la Révolution. 20 ans plus tard, paroles du chorégraphe. Sur l’origine de Folie n Lorsqu’on m’a demandé ce travail, j’ai pensé à la marche des femmes sur Versailles. Elles étaient parties de Paris très en colère mais, chemin faisant, elles avaient, dit-on, un peu fêté l’événement. À l’arrivée, leur volonté première s’était émoussée. L’épisode, pour moi, pose des questions sur ce qu’est une révolution, pour quoi et pour qui, au bout du compte, on la fait.

On a des souvenirs marquants bien sûr. Au Chili où des danseurs chiliens nous avaient rejoints. Ou encore à Buenos-Aires. Mais c’était formidable aussi au Théâtre de la Ville à Paris. Ou à Graslin, il y a 17 ans.

Sur le titre n Cette folie, c’est la folie des hommes. C’est une pièce à la fois historique et universelle. Elle a un peu évolué avec le temps mais le propos reste le même. Avec les mêmes questions.

Sur la transmission n 20 ans plus tard, Folie reste une pièce lourde dans ce qu’elle dit et dans ce qu’elle est. Une quinzaine de danseurs, ce n’est pas rien. 20 ans plus tard, il n’en reste que deux, Benjamin et Claire, à avoir dansé Folie à Créteil. Mais ce qui est fou, c’est l’envie que suscite cette pièce chez les jeunes danseurs. Pour moi qui les regarde aujourd’hui, c’est un pur bonheur. n

Sur le parcours de Folie n Cette pièce, on l’a dansée en Afrique et en Amérique du Sud.

Folie, les 22, 23, 24 mars, Théâtre Graslin, Nantes

Exposition Mise en œuvre Le Tube, container portuaire qui, tour à tour, se fait chambre noire, white cube, reçoit cette fois l’œuvre d’Andy Guérif, ancien étudiant des Beaux-Arts d’Angers, qui s’efforce à travers ses vidéos de décomposer, reconstruire et réactiver quelques grandes œuvres de la peinture de Sienne. Ces longs plans séquences montrent en temps réel la reconstitution de l’œuvre par des acteurs/ouvriers et interrogent le spectateur sur la création artistique, sa perception du réel et la reconstruction de l’image. n Le Tube 05, Andy Guérif, jusqu’au 8 mars Le Quai, 17, rue de la Tannerie, Angers

Lignes de vie « Pourquoi vivre si c’est pour mourir ? » La question hante le commun des mortels. Dans une société en mal, dit-on, de sens, à une époque où de nouvelles « spiritualités » apportent leurs réponses toutes faites à celles et ceux qu’inquiète l’évolution du monde, que peut nous dire la philosophie ? En invitant une vingtaine d’éminents intervenants (de Sylviane Agacinski à Frédéric Worms en passant par Henri Caillavet, André Klarsfeld…), les Rencontres de Sophie nous invitent à réfléchir sur les raisons que nous pouvons avoir de vivre et de mourir. Conférences, débats, rencontres, ciné-philo, atelier philo enfants… pour réfléchir et, peut-être, ne pas désespérer de l’homme. n les rencontres de sophie, du 13 au 15 mars, le lieu unique, Nantes


© Do The Andy Gibbon

GARAGE/FOLK/KARAOKÉ !!! L’échappée belle Discrètement, sa reprise aride de Back to black de la diva camée Amy Winehouse se propage dans l’underground. Mais ce n’est rien à côté de celle de Transmission de Joy Division. Une relecture épique à réveiller Ian Curtis himself. Lorsqu’il n’est pas un French Cowboy, Federico Pellegrini est Lonesome French Cowboy et se pose là où on veut bien de lui. À sa manière, c’est-à-dire touchante et folk rock, il reprend, seul, des standards de la pop et de la variété. Pour une soirée, la tête plongée dans les étoiles. Et les éperons, plantés dans les chairs. n lonesome french cowboy, Le 25 mars, Le Jardin Moderne, Rennes.

expo UZEL Qu’il fasse des photos ou des toiles, Uzel assemble ce qui ne se ressemble pas. Aujourd’hui, il aligne les images comme un enfant sage. C’est un peu Brett Easton Ellis au pays des Bisounours. Ou une relecture acide de Toy story par Tim Burton. n uezl, du 1er au 28 mars, Librairie L’Index, Nantes.


© Anne FAVRET / Patrick MANEZ Metroplex, 2008

LA ROUTE DU ROCK, COLLECTION HIVER

Cinq majeur

Saint-Malo en hiver, c’est comme Deauville sans Trintignant. Autant dire qu’il faut le vouloir. Alors voilà cinq excellentes raisons de traîner ses baskets dans la cité des corsaires. 2

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1 Pour faire la blague : « C’est bon, Jay ! » Mais aussi plus sérieusement pour voir en live, Jeremy Jay, dandy américain un peu freak qui a sorti un premier album (A place where we could go) passé totalement inaperçu mais faisant déjà date.

Poésie urbaine Anne Favret et Patrick Menez font route commune depuis leur sortie de l’École Nationale de la Photographie d’Arles. Avec un intérêt marqué pour l’espace urbain. Métroplex, c’est Dallas. C’est ainsi en effet qu’on appelle cette mégalopole. L’intérêt est toutefois de présenter non pas “la” ville mais des fragments de villes et de les confronter entre eux. Loin des clichés et des chromos. Dallas ou Gênes ? Qu’importe. C’est de poésie urbaine dont il s’agit. n Métroplex, jusqu’au 28 février, Artothèque, Angers.

2 Pour le culte La route du rock, ce n’est pas le jour du seigneur. Mais celui des seigneurs. En effet, c’est à la Chapelle Saint-Sauveur que les Américains d’Elysian Fields présentent leur dernier album : The after life. Amen ! 3 Pour souffler le show et le froid Vive le Québec libre ! Vive Handsome Furs. Le double mixte est aussi sexy que sa musique est froide. Alexei Perry et Dan Bœckner jouent une cold wave 2.0. Difficile de croire que le festivalier en sortira indemne. 4 Pour le Brooklyn Boogie En 2009, Brooklyn reste la capitale de la hype indé. La preuve avec Chairlift et leur tube acidulé, pop, électro et vintage : Bruises. Le reste de leur premier album, Does you inspire you, est tout aussi addictif. 5 Pour un gars, une fille John, le gars, et Jehn, la fille, auront été la révélation des dernières Trans’. Sous perfusion Velvet Underground, les jeunes Français exilés à Londres auront aussi animés, avec son vampirisant 20L07, les boums de cuisine.  n La route du rock, collection hiver, du 20 au 22 février, Saint-Malo.

ÉLECTRO FOLK L’étoffe des héros Un truc de malades. Un peu comme si Anna Mouglalis venait vous livrer une pizza à domicile. Le nouvel album d’Animal Collective, Merriweather post pavillon, est déjà considéré comme le meilleur disque de l’année 2009. Quoi qu’il arrive, ce trip aquatique finira sur le podium. Avec en fin de parcours, un Brother Sport déjà installé au panthéon des tubes à vous faire danser comme des dératés. Date unique dans l’Ouest. n animal collective, le 20 mars, L’Olympic, Nantes.


animal session

THÉÂTRE L’effet de Quesne Philippe Quesne et le collectif Vivarium sont de retour. Après L’effet de Serge, voilà La mélancolie des dragons. Avec Quesne, l’écriture commence par un titre, une association de mots qui, elle-même, va entraîner une association d’idées et « ouvrir le champ des possibles ». Ici, les deux mots renvoient à des images contradictoires : la mélancolie à un état dépressif, les dragons à la force et à l’énergie animale, ou à la fantaisie des contes d’enfants. Sur scène, une voiture en panne. Arrive une « dépanneuse ». On ne racontera pas la suite. Une pièce pour quatre comédiens et… un chien. L’un des événements du festival d’Avignon 2008. n

jeudi 26 février é rouge Le caf éber nantes

12 rue kl

h30 DJ setsaë1l,9Filhip -1 Dean...

Myako, Raph Who’s Next + Vidéo Kostar sau ar M par Charlie et sur kostar.fr Programme compl

La mélancolie des dragons, du 31 mars au 3 avril, le lieu unique, Nantes.

Gladiator Contest IV, Les 21 et 22 mars, Skatepark Le Hangar, Nantes.

photo : cédric tanguy

GLADIATOR CONTEST IV Rollerblade Le Gladiator Contest s’est imposé, au fil des éditions précédentes, comme le rendez-vous roller du mois de mars rassemblant chaque année plus de participants et de spectateurs. Il est l’un des événements roller les plus importants en France. Pour cette quatrième édition, le Gladiator Contest veut s’ouvrir aux riders internationaux et faire de ce week-end un événement international. n


expo Des fourmis dans la tête Une idée simple : l’homme est un élément de la nature à part entière, susceptible d’être observé. Par qui ? Pourquoi pas par ces 5 000 fourmis qui se baladent sous son nez, en formant des dessins bizarres sur les murs de la librairie Idéogram ? En proposant cette installation, Sylvain Mérot, illustrateur-infographiste nantais, nous remet à notre place, au milieu de la nature. n

festival Hip Opsession Du 12 au 28 février, Nantes et son agglomération va vivre au rythme du hip hop. Pour sa cinquième édition, Hip Opsession annonce du lourd. Avec entre autres, Busdriver, la diva black T-Love (photo), Busta Flex, les légendaires EPMD… Mais aussi de la danse, du beatbox. Des ateliers… Et la projection de l’indispensable film de Ladj Ly : 365 jours à Clichy. n

fourmis par milliers,du 23 février au 21 mars, Ideogram, Nantes.

© Amélie Grosselin

2009

du 12 au 28 février, Nantes.www.hipopsession.com

l’aire libre 2 place Jules Vallès, 35136 Saint-Jacques-de-la-Lande Tarif 1 soir :Ê É£xÊiÕÀ ÃÊUÊTarif 2 soirs : 15/18 euros Ì « vÌ iv Ài iÃJ} > °V ÊUÊwww.myspace.com/TopofThefolkrennes

LES COULEURS DU NOIR Black is back Le noir pour en voir de toutes les couleurs. C’est un peu le principe de cette semaine où le cinéma noir côtoie le roman, le théâtre et la musique. Du roman noir au cinéma avec quelques exemples à la clé (Les oiseaux, Six Pack, La nuit du chasseur, Le facteur sonne toujours deux fois…), des rencontres avec des auteurs (Jean-Hugues Oppel, Alain Berbérian…), le retour de Madame Raymonde sur scène, un Dérapage (policier mais pas que…) : ce sont les couleurs du noir que nous invite à découvrir la scène nationale nazairienne. n les couleurs du noir, du 3 au 10 mars, le Fanal, Saint-Nazaire.

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LUNDIS PHILO 20h30 / Piano’cktail la nuit nous appartient

À cause des garçons

Inutile de tourner autour du pot. Luz, disc-jockey limite fou et croqueur moustachu de l’indie rock, a posé la seule question valable en temps de crise : comment faire danser les filles ? En les adhérant au club ! Et Gymtonic pour tous ! En effet, le 28 mars au Chabada, le crew Fuck that worl invite, entre autres, Le corps mince de Françoise, accompagné d’un buzz bien mérité tant leur électronique vicieuse ne fait pas semblant. Pareil pour le duo Mustard Pimp (21 février, Club O). Une approche exigeante du clubbing. Pour ne pas perdre la Face (festival angevin des cultures électroniques, du 25 février au 20 mars). n Le 24 mars à l’UBU, Fujiya & Miyagi joueront leur électro dark. À la différence du gang Valérie qui le 14 mars va habiller de fluo le Zénith de Nantes. En s’enfonçant dans l’underground, les soirées Fragil (7 mars, 11 avril) s’installent désormais au Castel à Nantes. Avec tout ça si les filles ne dansent pas, c’est à n’y rien comprendre ! Mais les nerds, comment les faire danser ? En les envoyant à la soirée du 21 mars à l’Ubu. Nerd can dance avec Carabine. Un coup de fusil électro pour claudiquer à vie sur le dancefloor. n

CINÉMA TCHI TCHA Viva España ! Le festival du cinéma espagnol de Nantes fait bien son âge. Il a l’insouciance de ses dix-neuf ans et revient revigoré comme jamais. Du 11 au 24 mars, le Katorza fête le cinéma espagnol. Sous toutes ses formes. Courtes et longues. Documentaires et fictions. Avec en point d’orgue complètement décomplexé de l’image, la soirée Erasmus du court métrage. Mais aussi une compétition officielle, une sélection jeune public, une nuit fantastique… n Du 11 au 24 mars, Cinéma Katorza, Nantes.

2 mars Raphaël ENTHOVEN La joie est-elle un remède au bonheur ? 16 mars Aldo NAOURI L’adultère : pourquoi ? Un nouveau regard sur l’intimité du couple ? 30 mars Gilles CLEMENT L’écologie humaniste est-elle possible ? PIANO’CKTAIL / Plein tarif : 5,20 € / Tarif réduit : 4,40 € Centre culturel Piano’cktail - Rue Ginsheim-Gustavsburg - 44340 BouguenaisBilletteries : Piano’cktail et www.pianocktail.fr (en ligne)

Tel 02 40 65 05 25

www.pianocktail.fr


ouverture

Chaud devant

une formule qui manquait

texte et photo / christophe martin

François et Karine ont quitté leur boulangerie de l’avenue Pasteur pour venir se nicher en plein centre-ville. Ils décident de changer de rang et développent ici un concept de restaurant, salon de thé, qui ne désemplit plus à l’heure du déjeuner.

Certains mêmes n’hésitent pas à venir se glisser là pour la soirée. Pourtant coincée dans une rue jusque-là peu attrayante, cette charmante adresse, au décor soigneusement pensé, offre une formule qui manquait jusque-là. Simples et équilibrées, ces tartes feuilletées maison, ces tatins aux légumes frais du marché, plaisant le velouté et souvent très gourmand le café. n Une formule de poche, livre ou Millenium, voilà qui devrait satisfaire tous ceux qui s’ennuient de la pause sandwich tomate-mayo ou du resto trop saucé. n Coup d’feu, 7 rue Cordelle, Angers.

On a testé pour vous

Le plus

Le velouté de légume d’hiver.

Un service continu, une ambiance chaleureuse qui vous ferait presque oublier de retourner travailler.

La tatin de carottes et magret de canard. Le café gourmand.

FILS DE PUB Le management selon Petit Bateau Alors que nous pensions définitivement MGMT maqué pour épouser les formes lascives d’un sping break éternel, Petit Bateau nous prouve le contraire. La marque mainstream vient en effet de se payer le duo le plus arty du business musical d’aujourd’hui. Vous ne regardez plus les lignes Petit Bateau du même œil ! n Rue Voltaire, Angers. Rue d’Orléans, Nantes. Rue Lafayette, Rennes.


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OUVERTURE Bis bis bis Après avoir conquis Rennes, Nantes, puis La Baule, avec ses boutiques Dolita, dédiées aux bijoux fantaisie de créateurs, Gaëlle Gellusseau revient à Rennes avec Dolita Bis, un concept revisité de l’original. Les bijoux gardent une place de choix dans cet espace à l’ambiance baroque, mais avec Dolita Bis, les élégantes pourront dorénavant s’y habiller de la tête aux pieds. Avec des marques telles que Bel Air, By Zoé ou encore Stella Forrest. n

wik à Rennes, à Nantes… faites le plein d’ém ti ns ciné, cultures, l isirs !

Dolita Bis, 2 rue Leperdit, Rennes.

LE BAROQUE

BAR PARallÈLE En quartier ! Depuis quelques semaines, L’élixir a laissé sa place au Café Rouge. En provenance de Paris, Fabien et Adeline ont repris cette affaire, située tout en haut de la rue Racine, pour la transformer en un rade de quartier à l’ambiance cool car favorisant le mélange des genres. À l’heure du café du matin, la working girl bosse sur son MacBook. À l’heure de l’apéro, le pépé vient boire son rosé. À l’heure du goûter, les lycéens refont leur monde. Et à l’heure du déjeuner, ce café/brasserie affiche souvent complet. Un tel endroit manquait cruellement dans les environs de la Place Canclaux. n Le Café Rouge, 12 rue Kléber, Nantes.

du smoothie de l’après-midi au cocktail du soir…

CA FÉ Angers

…le baroque vous accueille de 15h à 2h 35 rue Saint Laud tel : 02 41 20 02 08


OUVERTURE Rose bonbon Avant-hier, les créations en série limitée se diffusaient lors de vente en réunion. Hier, via un site internet. Et aujourd’hui, LaNana est également une boutique installée à deux pas de la place Royale. Les créations de Stéphanie Muccio, à la tête de la marque, se déclinent en bijoux fantaisie, maroquinerie et prêt-à-porter et séduisent déjà les jeunes femmes et les femmes dynamiques en quête d’un look qu’elles ne trouveront nulle part ailleurs. Avec en prime, une cabine d’essayage virtuelle. n LaNana, 10 rue de l’Arche Sèche, Nantes. www.lanana.com

À EMPORTER

L’Assiette Volante bonjour... texte / Élise Causeur

photo / Sandrine Boutros

Depuis quelques mois, la cuisine livrée à domicile prend du galon. L’Assiette Volante ou quand le restaurant traditionnel s’invite chez vous. Mai 2008, Paul Crouton, ancien créateur du restaurant l’Affamé, lance un concept original de plats cuisinés, livrés à domicile. Répondant à un manque sur la ville et à une volonté de manger différemment, l’Assiette Volante s’adresse à tous : pour une pause déjeuner professionnelle comme pour un dîner improvisé entre amis. n « Chez nous la fraîcheur prime. Tout est livré au jour le jour par des producteurs locaux. Ensuite, tout passe entre les mains expertes du chef : Bastion Gorgu, ancien cuisinier du Comptoir des Halles ». n Avec deux plats du jour, six entrées, cinq salades, sept plats et une dizaine de desserts, pas de routine à la carte. Du foie gras « maison » au carpaccio de thon rouge, en passant par un parmentier de canard ou encore une dorade royale, l’Assiette Volante sévit sur tous les goûts et saveurs. n Et pour ce qui concerne les liquides, elle n’est pas en reste non plus. « Une sélection de vins est proposée à la carte. Là encore, la qualité est de mise : les vins ont été choisis chez les viticulteurs eux-mêmes. » n Bien entendu, ces prestations demandent de la rigueur et les journées sont longues pour assurer une qualité digne d’un restaurant. Six à sept personnes sont réquisitionnées midi comme soir pour que tout se déroule à la perfection. Et cela sept jours sur sept ! n L’assiette volante, 59 rue Jean Guehenno, Rennes. www.assiettevolante.com

La suggestion du chef Entrée

Rillettes de saumon fumé / La terrine du chef Plat

Fricassé de Saint Jacques fraîches / Brochettes de bœuf XL Dessert

Mousse au chocolat aux zestes d’oranges confites / Crumble citron Vin Moulis-en-Médoc

(cru bourgeois 2003) / Champagne Deutz des plats cuisinés, livrés à domicile !


OUVERTURE À l’heure du sushi ! Installé à la frontière de la ville, le Ô Sushi Time est une affaire familiale tenue par quatre frères et sœurs d’origine sinocambodgienne. Cette table profite de l’engouement des Rennais pour les sushis. Dans une ambiance à la fois zen et contemporaine, le poisson cru tient la vedette. Makis, sushis, california rolls, yakitoris et autres sashimis sont à emporter où à déguster sur place, du mardi au dimanche. n ô Sushi Time, 268 bis rue de Nantes, Saint-Jacques-de-la-Lande.

OUVERTURE

OUVERTURE Droit à l’image Après Rennes, le concept store Images & Cie vient de s’implanter à Nantes. En plein cœur de la rue Crébillon. Cet espace lumineux, vaste et vertigineux, est entièrement dédié au son et à l’image. Avec une mise en valeur de l’ensemble de la gamme Loewe, spécialiste allemand des téléviseurs et systèmes home cinéma haut de gamme, Images & Cie s’inscrit d’emblée comme le rendez-vous incontournable des amoureux du design et de la technologie. n Images & Cie, 7 rue Crébillon, Nantes. 15 rue de la Frébardière, Rennes.

Autour du monde / Bensimon Collection La tectonique des plaques va bouleverser la donne du shopping made in Nantes. La fashionata en lettres modernes et la desperate housewife de l’hyper centre vont faire de la Place Sainte-Croix leur nouveau spot. En attendant l’ouverture très prochaine de la boutique Zadig & Voltaire, la marque Bensimon, celle qui habille toutes les silhouettes, signe son grand retour en ville. Dans le cadre d’un espace cosy à l’image d’une marque rendue célèbre par ses légendaires tennis. Hors mode mais actuelle, la Collection Bensimon met en valeur la nature de chacun. n Autour du monde / Bensimon Collection, 3 place Sainte Croix, Nantes

t-shirt Olow man (and woman) Olow est né en février 2008. D’après une idée qui a germé « un matin d’automne aussi gris que le béton de Paname, d’un mélange entre réflexion sur le monde et soif de liberté ». Engagés et ironiques, les t-shirts communiquent un état d’esprit conscient des réalités du monde, qu’ils dénoncent tout en restant cool. Avec des visuels travaillés et des couleurs originales, la jeune marque se destine sûrement à devenir un must have. n Sur Nantes chez Sport Shop, NDJ. Sur Rennes, chez West, Pat Panik Select Shop . Sur Brest, Side Shore. www.olowshop.com


CULTURE CLUB

Une histoire d’O texte et photo / Barth Lecocq

Tourné vers le large, à la pointe de l’île de Nantes, le Club O réveille vos nuits. Rencontre avec Ripoll et Bertrand. Rencontre avec une certaine idée du clubbing. Situé au bout du Hangar à bananes, aux antipodes d’une culture club industrielle, se cache le Club O, ouvert depuis décembre dernier. Ici, pas de vitrine ni d’enseigne, l’endroit ne cherche pas la publicité à outrance. « On ne voulait pas être visible depuis la route, on préfère cultiver un peu cet esprit underground, avec des gens qui cherchent vraiment un endroit où passer la soirée et pas un lieu de passage. Un club, au sens littéral, » expliquent Ripoll, directeur artistique, et Bertrand, big boss tout terrain, pour juger de la motivation des clients « Une soirée, ça se prépare. On ne va pas au théâtre en survet’ ! Ici, c’est la même chose. Si tu veux venir chez nous, il faut faire un effort, d’autant plus que l’entrée est gratuite. » n Un élitisme revendiqué, mais qui justifie les services offerts à l’intérieur « On est moins cher que les boîtes, ici il y a moins de monde et surtout un son en haute qualité. » Avec une programmation internationale et une clientèle crossover, le club prend doucement ses marques dans la nuit nantaise. Et s’inscrit déjà comme une future valeur sûre de la night. n Club O, Hangar à Bananes/île de Nantes, Nantes www.clubo.fr

«cultiver un esprit underground »

Dans ton club ?

En piste Ripoll Un club ?

Un morceau ?

Le Endup à San Francisco ou le Watergate à Berlin. Il y a aussi le Plastic People à Londres. Que des petits trucs, mais avec un très bon son.

Le dernier Freaks, projet de Luke Salomon chez Classic. Ce n’est pas encore sorti. Une vraie bombe qui rappelle la house assez black des débuts.

Le samedi 21 février, Mustard Pimp, des producteurs parisiens survoltés et fashion. C’est la hype absolue. Le vendredi 2 mars, Murray Richardson, considéré comme l’un des maîtres de la house underground. Le vendredi 3 avril, Rone, du label InFiné, viendra fêter la sortie de son premier album.

kostar # 15 (avril-mai) sortira le 7 avril Concerts, spectacles, soirées, expos, salons, ouvertures et actus des boutiques, bars, restaurants… envoyez-nous vos infos pour le guide dès que possible et au plus tard le 27 mars 2009 Onion Regular figurine vinyle Kid Studio _par Easy Hey / Delkograpik _Artoyz Originals

février mars 09

redaction@kostar.fr


toyz Kid Onion Deuxième figurine vinyle produite par Artoyz Originals, Kid Onion est la création de l’artiste et cofondateur du Delkograpik Studio : Easy Hey. Elle se décline en deux modèles : Regular (photo) et Delkographik. Vendu 35 euros pièces, chaque modèle est diffusé à 750 exemplaires. Le must have de saison ! n

ouverture

Delkographik Studio, 28 place des Lices, Rennes.

Oslö, c’est par ici ! Un cadre sympa avec du mobilier design, ouvert en journée (jusqu’à 21h), tous les jours sauf le dimanche. Avec bientôt des fins de journée animées par des Dj, l’idéal pour se détendre après le boulot. Avec une connexion wifi. n

www.delkographik.com

Oslö, 4 place des petits murs, Nantes.

kostar.fr cultures & tendances / Angers / Nantes / Rennes

work in progress


J茅r么me savary papa de celia, nantes (44)

PHOTO

tangui jossic




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