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EN RÉGION EN RÉGION DESDES PAYS PAYS DE LA DE LOIRE LA LOIRE Brahms Brahms
Schoenberg Schoenberg
Les LesT DU 28 DUAU 2830 AUJANVIER 30 JANVIER 20112011 LAVAL / LAVAL LA FLÈCHE / LA FLÈCHE / SABLÉ-SUR-SARTHE / SABLÉ-SUR-SARTHE / CHOLET / CHOLET / FONTEVRAUD / FONTEVRAUD SAUMURSAUMUR / CHALLANS / CHALLANS / FONTENAY-LE-COMTE / FONTENAY-LE-COMTE / LA ROCHE-SUR-YON / LA ROCHE-SUR-YON L’ÎLE D’YEU L’ÎLE/ D’YEU SAINT-NAZAIRE / SAINT-NAZAIRE RETROUVEZ RETROUVEZ LA PROGRAMMATION LA PROGRAMMATION SUR www.culture.paysdelaloire.fr SUR www.culture.paysdelaloire.fr La Folle JournéeLa enFolle Région Journée des Pays en Région de la Loire des Pays est une de manifestation la Loire est une culturelle manifestation conçueculturelle par le CRÉA conçue quipar en assure le CRÉA la qui programmation en assure la programmation artistique, artistique, initiée par la VILLE initiée DE par NANTES la VILLE et DE produite NANTES par leetConseil produite régional par le Conseil des Pays régional de la Loire. des Pays de la Loire.
Titans
DE BRAHMS À STRAUSS
2010. Imprimé par Impression et services (44) - Crédit photos : Getty Images, Masterfile,
Fotolia. Illustrations : Patrick Clouet.
Strauss
Région des Pays de la Loire - RCS Nantes B 311 221 105. Réalisation
Mahler Liszt
kosta r pa r l e m e nu
le k de kostar n Stromae / P8 Les objets du désir n / P10 Shopping n Mais qu’est-ce que ta doudoune dit donc ? / P12 Buzz éclair n P14 chef oui chef n Alain Ruffault / P16 Au tour de la table n Rennes, en poule position / P17 Archi n Centre cultuel et culturel turc / P18 Guide me five n P20 Street where ? n Un look à la school / P22 TêteS de série n François Girard / P26 Vincent Broquaire / P28 Oriental Impact / P28 Karl Nouail / P29 Sofian Jouini / P30 Sur son 31 n P31 entretiens n Patrice Chéreau / P32 Édouard Baer / P 38 Portefeuille n Une journée avec Fred et sa famille, par Jean-Charles Hue / P42 Le moi dernier n par Pierrick Sorin / P48 une ville ailleurs n Tokyo + Kyoto + Hakushu par Emmanuelle Huynh / P50 Page blanche n Le Répertoire du Théâtre Permanent / P53 Guide Kostar n P55 Expos, spectacles, soirées, festivals… à Angers, Nantes, Rennes et plus loin. BD n Les anectodes urbaines d’Aristide & Max par Jules & Tom / P66 illustration du sommaire # 24
© FENIKS GRAFIX pour Kostar
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Modèle : Fanny n Photographe pour la saison Yann Peucat © Atelier PUZZLE (Rennes) n
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en couverture
NUMÉRO 23 SAISON 05 /
mUSée DeS BeAux-ARTS De NANTeS
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collection de l’artiste of Design™ devenirs, 2008 - 2010, - Photographie : C. CLOS. Lords Olga Boldyreff, Les - Musée des Beaux-Arts © Ville de Nantes
chapelle de l’oratoire
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2010/2011 :
Rêve d’automne
Traduction du norvégien Terje Sinding Décor Richard Peduzzi Costumes Caroline de Vivaise Lumières Dominique Bruguière Conception sonore Eric Neveux Avec Marie Bunel, Pascal Greggory, Valeria Bruni Tedeschi, Michelle Marquais, Bulle Ogier, Alexandre Styker, Bernard Verley Production Théâtre de la Ville Paris Coproduction Musée du Louvre – Le Grand T, scène conventionnée de Loire-Atlantique – deSingel, Anvers – Théâtre du Nord – Théâtre national Lille-Tourcoing, région Nord-Pas-de-Calais, Stadsschouwburg, Amsterdam – Piccolo Teatro di Milano / Teatro d’Europa – Wiener Festwochen – Théâtre national de la Criée, Marseille - Centre dramatique national Orléans-Loiret-Centre – Festival d’Automne à Paris.
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Photo : Pascal Victor
du mercredi 2 au vendredi 11 février 2011 - le grand t De Jon Fosse Mise en scène Patrice Chéreau
q ui fait q uoi ?
KOSTAR est édité par Médias Côte Ouest, SARL de presse au capital de 30 794,70 euros Directeur de la publication n Patrick Thibault. coordination rédaction n Arnaud Bénureau. Graphisme et maquette n Damien Chauveau. Développement n Julien Coudreuse, Marc Grinsell, Patrick Thibault. Publicité pub@kostar.fr SECRÉTAIRE DE RÉDACTION n Cécile You. COMPTABILITÉ n Bénédicte Da Costa. Rédaction redaction@kostar.fr Studio graphique damien@mcomedia.fr Merci à tous ceux qui ont participé à ce numéro. Rédacteurs n Arnaud Bénureau, Vincent Braud, Christophe Cesbron, Camille Chapleau, Julien Coudreuse, Antonin Druart, Marie Groneau, Emmanuelle Huynh, Jean-Claude Le Berre, Mathieu Perrichet, Quentin Périnel, Pierrick Sorin. Photographes n Arnaud Baraer, Ludovic Failler, Nicolas Guérin, Jean-Charles Hue, Emmanuelle Huynh, In Situ A.E., Tangui Jossic, Christophe Martin, Philippe Millet, Nautilus, Yann Peucat, Gildas Raffenel, Pierrick Sorin. GRAPHISTES / Illustrateurs / plasticiens n Feniks Grafix, Hervé Tanquerelle, Jules & Tom, Pierrick Sorin. Styliste n Aurélie Provost. modèle n Fanny. Remerciements n Loïc Abed, Julie Bataille, Valérie Contet, Philippe Coutant, Thierry Rocourt, Patricia Téglia, Élise Vaugeois, tous nos annonceurs. Imprimé en CEE n Dépôt légal à parution n © Kostar 2011 www.kostar.fr *** KOSTAR *** Magazine Cultures & Tendances sur Facebook Tous droits de reproduction réservés. Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs. Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. n Abonnement annuel 30 euros.
illustration de l’ours # 24
© Tanquerelle Hervé pour Kostar Le deuxième tome des racontars « le Roi Oscar et autres racontars » est sorti le 5 janvier chez Sarbacane. n Dédicaces le 22 janvier à L’index, à Nantes et le 29 et le 30 janvier à Angoulême. n Blog http://tanquerelleherve.blogspot.com/ sortie de livre
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Médias Côte Ouest, 4 rue Vauban, 44000 Nantes n + 33 (0)2 40 47 74 75. ISSN : 1955-6764 Nos lecteurs et internautes sont informés que l’envoi à la rédaction, par leurs soins, de photographies représentant leur image et destinées à être publiées au sein de la rubrique « Sur son 31 », entraînent de facto leur acceptation : pour diffusion au sein du magazine « KOSTAR » édité par la société « Médias Côte Ouest », pour diffusion au sein des plateformes numériques « www.kostar.fr » et « www.myspace.com/kostar_graphik ». Cette autorisation est valable sans limitation de durée. La rédaction s’engage en contrepartie à ce que les éventuels commentaires ou légendes accompagnant la reproduction ou la représentation de ces photographies ne portent en aucune façon atteinte à leur réputation ou à leur vie privée.
Artwork : OskaroneR
M.O.P – ONYX – LA FOUINE – A STATE OF MIND ROCÉ – LE TOUAREG – LA RUMEUR – RADIX SÉNÉGALGÉRIE – BATTLE OPSESSION – DJ FAB EL GAOULI & WABITEM – TONY TOUCH – T.K.O J-LIVE – TIKÉLÉ – NEMIR – ORIENTAL IMPACT + d’infos : Pick Up Production Tél. 02 40 35 28 44 - contact@pickup-prod.com
un e p e r sonnalité à la m od e pa r l e d e m od e
STROMAE « Je suis la mode »
interview / Arnaud Bénureau & Julien Coudreuse Photo / Gildas Raffenel pour Kostar
Se faire remixer par Kanye West, ce n’est pas un peu la classe ? n Mieux, c’est la grande classe ! Il est juste surpuissant. Avec son remix de Alors on danse, il m’a ouvert une voix dans l’univers du hip hop.
Es-tu le même à la ville et à la scène ? n Excepté le nœud-papillon, je suis le même. Je ne me suis pas créé un personnage. Et puis, avec la gueule que j’ai, on me reconnaît pas mal. Alors, je ne vais pas m’amuser à être différent à la ville et à la scène.
Pourquoi le nœud-papillon ? n À cause de Kanye West justement. Il a été un des premiers à le remettre au goût du jour. Ça me donne un petit côté décalé, tout en restant classe. Lorsque tu mets un nœudpapillon, tu es tout de suite un dandy. L’autodérision en plus. Et puis, j’avais envie de me faire joli.
En tournée, que trouve-t-on dans ta valise ? n Des sapes, mes montres, mon ordi et mon petit clavier. Quel est le comble du chic ? n Avoir vendu plus d’un million d’exemplaires de Alors on danse et continuer de manger chez Aldi (Le LIDL belge, NDLR).
As-tu déjà retourné ta veste ? n J’ai longtemps cru que cette expression voulait dire changer de style. Mais sincèrement, non, je n’ai jamais retourné ma veste.
Et le comble du mauvais goût ? n Sortir d’un Hummer avec une grosse chaîne en or qui brille.
As-tu déjà pris une veste ? n Ça, oui ! Il n’y a aucun souci là-dessus. Et j’en ramasse encore. Le succès ne rend pas les choses plus faciles au niveau de la drague. C’est des conneries de croire ça.
As-tu du style ? n Heureusement ! Et j’ai intérêt à y croire, sinon cela voudrait dire que je doute de moi.
Penses-tu avoir le costume de l’emploi ? n Oui et non. Oui parce que ce qui m’arrive prouve que je ne me suis pas tellement trompé. Et non, parce que beaucoup de personnes n’aiment pas ce que je fais.
Finalement, penses-tu être à la mode ? n Je ne vais pas me voiler la face et faire le mec anti-mode. Je suis la mode. J’essaie d’être un peu avant-gardiste dans mon look. Un peu comme tout le monde ! n
STROMAE Le tube Alors on danse, un buzz XXL orchestré par Jamel Debbouze, un carton lors des dernières TransMusicales, un remix signé Kanye West, et voilà que le jeune Belge (25 ans) est le phénomène de la scène new beat. En 2011 comme en 2010, vous n’avez pas fini d’entendre parler de lui ! n Le 8 avril, Festival Panoramas, Morlaix. www.festivalpanoramas.com
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c e e t c e ux q ui co m pt e nt au j ou r d ’ hui
BERGES DE MAINE RIVES NOUVELLES Voilà bien un projet complètement “berge” ! Angers a de mettre un point final à quarante ans de dictature de l’asphalte et de rayer de sa carte la balafre autoroutière. La ville a décidé de repenser les rives afin de permettre aux habitants de se réapproprier leur rivière en faisant renaître les berges. Le territoire concerné représente une surface de 300 hectares environ. Le projet Berges de Maine, inauguré en octobre dernier, a pour ambition de valoriser le patrimoine bâti et environnemental. Cette envie de repenser la ville s’inscrira dans la durée. n Dès aujourd’hui, trois équipes (François Grether & Phytolab, l’agence LIN de l’urbaniste Finn Geipel, et Les architectes-urbanistes Reichen & Robert) vont travailler pendant plusieurs mois, en lien avec la mission Berges de Maine et un groupe d’habitants à l’élaboration de leur projet pour ces “rives nouvelles”. n
CONCRETe KNIVES
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Lauréat du premier Prix Mediator Ouest-France.fr, révélation des dernières Trans Musicales, un live qui cartonne sur le site d’Arte, les Caennais ont fini 2010 en trombe. La nouvelle année ne devrait pas trop changer la donne pour ce groupe de gamins dans lequel on retrouve la Nantaise Morgane Colas. Leur pop punk arrive près de chez vous. Ne ratez pas le coche ! n www.myspace.com/concreteknive
À LA NANTAISE Alors que le Football Club de Nantes fait de nouveau confiance à ses jeunes issus du centre de formation pour remonter en Ligue 1, l’association À la nantaise remue encore ciel et terre pour redonner vie au FCN en se basant sur les fondamentaux érigés par José Arribas. n Le 24 février prochain à la Faculté de Droit de Nantes, les résultats d’une enquête visant à définir les meilleures modalités de la reconstruction économique du club seront révélés et analysés par huit universitaires et huit figures historiques du FCN. n DR
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ANGERS AIME LE CINÉMA
23 rd EUROPEAN FIRST FILM FESTIVAL 21•30 JANVIER 2011
• B ENJAMIN B ALTIMORE • D’après MORE de Barbet Schroeder. Photo:
D.R.
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un cuisini e r su r l e g r ill
ALAIN RUFFAULT Interview / Vincent Braud
photos / Philippe Millet pour Kostar
Bon sang ne saurait mentir. Alain Ruffault l’avoue : il est tombé dedans quand il était petit. Ce qui ne l’a pas empêché, ensuite, de voir grand. On peut dire que vous êtes un fils à papa ? n On ne me l’a jamais dit (rire). C’est vrai, papa était charcutier, ici même, puis il a été le premier traiteur de Nantes… Aujourd’hui, je reçois mes clients dans ce qui fut la maison de mon enfance. Deux mots de votre parcours ? n C’est du classique : école hôtelière à Saint-Nazaire avec un CAP et un BEP dans la foulée, puis un CAP de charcutier. Après, je suis allé travailler chez Christian Têtedoie à Avoriaz, qui est devenu un ami. Puis je suis passé chez Alain Chapel, un homme à qui je dois beaucoup. PA G E 0 1 6
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Comment définiriez-vous votre cuisine ? n À la fois simple et complexe. C’est une cuisine de produits et de patience. Le lièvre à la royale que j’ai à la carte, c’est 36 heures de cuisson. Il y a plus simple… n On a la chance d’être dans une région où on a de bons produits. Je revendique une cuisine juste. Et ce n’est pas parce que ce n’est pas très cher que ça doit être moche et mauvais. La cuisine, c’est une question d’équilibre. Une belle assiette, c’est déjà un client qui prend du plaisir. n L’Atelier d’Alain, rue des Olivettes, Nantes. www.atelieralain.fr
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UN VIN Un Pomerol, Château Gazin 1999 qui est à son apogée.
UN MENU Terrine de joue de bœuf confite, hachis de cornichons, mesclun et vinaigrette gribiche. Mille-feuilles de filet de lieu jaune, aubergines rôties, purée de coing et coulis d’écrevisses. Soupe de fruits frais et agrumes à la réduction de muscadet.
nous c ’ e st l e go û t
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produit par...
LES PELLIÈRES
Rennes, en poule position Texte et photo / Jean-Claude Le Berre
Quoi ? Nantes a sa vache, Rennes à sa poule… coucou, au plumage barré, comme celui du coucou des bois. D’où le nom, du reste assez répandu pour qualifier les volailles. Mais la poule Coucou de Rennes est unique. Elle était très abondante dans la région de Rennes et plus généralement en Bretagne.
Mais encore ? Comme toutes les races rustiques à croissance lente, la poule Coucou a été victime de la course au rendement. Elle était même portée disparue dans les années 80. Elle a été retrouvée et sauvegardée par l’écomusée de Rennes et un groupe d’amateurs. Aujourd’hui, il existe une association d’éleveurs professionnels. Volaille rustique à croissance lente, élevée pendant au moins 130 jours, la Coucou de Rennes aime courir dans l’herbe et se percher dans les arbres. C’est donc une poule très musclée, à la chair ferme. Ces volailles se nourrissent uniquement de céréales et de végétaux. Avec un petit plus en fin de vie : du lait, qui leur donne une chair blanche, au léger goût de noisette.
Après sa table du Champ de Mars, la Maison Baron Lefèvre vient d’inaugurer une nouvelle adresse à deux pas du Zénith. Installé dans une ancienne longère en granit, ce restaurant est entièrement tourné vers la nature. Aux Pellières, Jean-Charles Baron impose sa différence. Le chef nantais réinterprète les traditions, réveille des goûts authentiques et mitonne une cuisine exquise aux saveurs d’autrefois. n Les Pellières, esplanade Georges Brassens, Saint-Herblain.
Pour quoi faire ? La cuisson à basse température, en arrosant souvent avec un bouillon de légumes et du beurre (de bretonne Pie Noir…) permet à la poule Coucou de Rennes de donner le meilleur d’elle-même. Autre manière d’apprécier le volatile, le coq au vin. n Même sur l’étal, la Coucou de Rennes est facile à identifier : elle porte une large étiquette noire et conserve sa tête, et donc quelques plumes. Pour la trouver : à Rennes, sur le marché des Lices et à Nantes, chez le volailler de Talensac et bien sûr chez les éleveurs de l’association de producteurs (contact@coucouderennes.fr). n C’est en partenariat avec Slow Food que sont organisés les Ateliers du goût au lieu unique (www.lelieuunique.com) à Nantes et au Quai (www.lequai-angers.eu) à Angers.
LE PETIT SABAYON
Gaétan et Stéphanie Tétrel tiennent sans effet de mode une des tables les plus réjouissantes de Rennes. Proche du centre-ville, ce bistro, quasi confidentiel mais bien sympathique, propose une appétissante cuisine du marché. n Le Petit sabayon, rue des Trente, Rennes.
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état d e s li e ux
Centre cultuel et culturel turc Nantes (44) In Situ AE
photos / insitu a.e. (ci-dessus) / nautilus (ci-dessous)
Le centre cultuel et culturel de l’association culturelle turque de Nantes élaboré par l’agence d’architecte In Situ AE (Foyer de Jeunes Travailleurs à Beaulieu, crèche flottante sur l’Erdre, Cours des arts - Halle de la Madeleine…) a pour vocation d’abriter à la fois une mosquée et des espaces destinés notamment à la culture turque : lieu d’expo, bibliothèque… n L’idée de ce nouveau bâtiment, situé sur la ZAC Montplaisir au pied du pont de Cheviré, est de ne pas nier la relation entre le profane et le sacré mais de refuser toutes ambiguïtés sur leurs fonctions réciproques. Associer mais ne pas mélanger donc. n Le défi a été de réussir l’adéquation entre un secteur d’activité composé de bâtiments industriels et un centre culturel et cultuel. Et de respecter l’essence même d’une mosquée tout en réinterprétant ses principes pour insérer l’édifice dans l’histoire et la culture nantaise. n www.insituae.com PA G E 0 1 8
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ou 5 é v én e m e nts incontou r nabl e s e n plus ou m oins 5 0 m ots
sélection _Mathieu perrichet
THE DO
© marianne maric
Ce groupe franco-finlandais, formé à Paris en 2005, a explosé aux oreilles du grand public grâce à son titre On My Shoulders. Aujourd’hui, le duo revient avec un nouvel album Dust it off. Un son pop indé mélodieux et envoûtant. n Le 24 février, Salle de la Cité, Rennes. Le 25 février, L’Echonova, Vannes. Le 26 février, Le Chabada, Angers. Le 23 mars, La Carrière, saint-herblain. www.thedo.info
LE SOIR DES MONSTRES WONDERFUL WORLD
© johann fournier
La plasticienne, vidéaste et chorégraphe angevine Nathalie Béasse présente un nouveau projet hybride. Une réflexion sur la parole, le langage ; un théâtre de mots et de non-dits. Le tout dans un spectacle de danse à la fois burlesque et anxyogène. n
Le jeune Étienne Saglio ouvre les portes d’un univers mystérieux, sombre et magique. À base de jonglerie et d’illusion, il dévoile un monde poétique, enchanteur et inquiétant. Tout en réinventant l’art du cirque. n Les 11 et 12 février, Théâtre Municipal, Rezé. Du 22 au 24 février, Théâtre de Cornouaille, Quimper. Le 15 avril, Centre Culturel Jacques Duhamel, Vitré. www.ay-roop.com
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Les 15 et 16 mars, le lieu unique, Nantes. www.lelieuunique.com.
L’artiste rennais Jean-François Karst a eu carte blanche pour monter sa propre expo. En invitant sept artistes de la scène berlinoise, l’idée est de présenter, à travers une sélection d’œuvres, l’effervescence de cette capitale culturelle par le biais de trois thématiques : son histoire, son architecture et ses habitants. n
© WILFRIED THIERRY
Les 21 et 22 mai, Le Quai, Angers. www.lequai-angers.eu
Du 14 janvier au 24 février, Centre Culturel Colombier, Rennes. www.centrecolombier.org
Pièce phare des débuts de la chorégraphe Pina Baush, Kontakthof illustre la relation homme/femme, la quête de l’amour et de la tendresse. En 2000, elle la confie à des personnes d’âge mûr. Ici, ce sont de jeunes danseurs qui l’interprètent. Une proposition qui devrait surfer sur le succès public du brillant doc Les Rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch (photo). n Du 24 au 26 février, Théâtre National de Bretagne, Rennes. www.t-n-b.fr PA G E 0 2 0
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KONTAKTHOF, POUR DES JEUNES DE PLUS DE 14 ANS
KOSTAR # 24 SAISON 5 / janvier-mars 2011 en lecture intégrale * ITW patrice chéreau * édouard baer * CHRONIQUE PIERRICK SORIN * CHEF OUI CHEF ALAIN RUFFAULT * AU TOUR DE LA TABLE RENNES, en poule position * street where ? PAR GILDAS RAFFENEL * ART jean-charles hue * ARCHI in situ a. e. * BD LES ANECDOTES URBAINES D’ARISTIDE ET MAX PAR JULES & TOM * UNE VILLE AILLEURS tokyo PAR emmanuelle huyn * TÊTES DE SÉRIE François Girard / Vincent Broquaire / Oriental Impact / Karl Nouail / Sofian Jouini *
kostar.fr La collection FEUILLETEZ LES ANCIENS NUMÉROS DE KOSTAR Les intégrales LA COMPILATION DES RUBRIQUES PHARES DE KOSTAR * SUR SON 31 FAITES-VOUS PHOTOGRAPHIER DEVANT UN 31 ET ENVOYEZ VOS CLICHÉS À LA RÉDACTION * UNE VILLE AILLEURS UN ARTISTE ÉVOQUE UNE VILLE QUI LE FAIT VIBRE, AILLEURS * HOMONYME LE SAVIEZ-VOUS? JEAN-LUC GODARD ET JAMES BROWN HABITENT PRÈS DE CHEZ VOUS ! * LE MOI DERNIER PAR PIERRICK SORIN KOSTAR A SOLLICITÉ L’ARTISTE POUR QU’IL NOUS ÉVOQUE SON QUOTIDIEN DE CRÉATEUR * CARTE GRAPHIQUE CARTE BLANCHE AUX GRAPHISTES ET ILLUSTRATEURS + Les bonus web + La team kostar
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FRANçOIS GIRARD Good vibrations texte / Vincent Braud
photo / Tangui Jossic pour Kostar
Il joue mais déteste ceux qui se la jouent. François Girard laisserait volontiers parler son violoncelle. Ce qu’il fera, lors de la prochaine Folle journée, avec l’ensemble Utopik. Avec juste l’envie de faire partager une passion. « Je suis presque arrivé à Nantes par hasard… » Un hasard qui, en l’occurrence, a bien fait les choses. François Girard venait d’en terminer, en 2003, avec ses études au Conservatoire national supérieur de musique de Lyon qu’un poste de violoncelle se libérait au Conservatoire national de région de Nantes. Et comme ce fils d’enseignant rêvait, à son tour, d’enseigner, l’affaire fut vite réglée. Sans doute la mention “très bien” qui venait de couronner ses études n’y fut pas tout à fait étrangère. Sur son parcours qui le voit participer au Malher Jungen Orchestra et jouer en concert avec les Abado, Boulez, Ozawa dans quelques-uns des grands festivals européens, de Lucerne à Salzbourg, il ne s’étend pas : « Je crois que ça n’intéresse pas grand monde… » À ses côtés, son violoncelle se ferait presque aussi discret. n « Le violoncelle, c’est un choix qui s’est fait de lui-même mais assez tard, finalement. Je crois que j’étais en terminale… C’est un instrument avec lequel on fait corps. C’est un échange de vibrations… » Des parents mélomanes mais pas musiciens, une découverte de la musique à l’école de musique de Sceaux puis, plus sérieusement, au Conservatoire régional de Boulogne-Billancourt. C’est là que François
Girard suit les cours de Xavier Gagnepain (violoncelliste) et croise Hortense Cartier-Bresson (pianiste). « Ils ont joué un rôle déterminant dans le choix qui fut le mien. » Il serait, lui aussi, un passeur de passion. « Et puis, concède-t-il, enseigner, ça laisse du temps pour faire autre chose. » n Autre chose ? C’est encore et toujours de la musique. Avec l’ensemble Utopik, par exemple. Créé il y a cinq ans, cette formation à géométrie variable, en fonction des projets et des œuvres jouées, n’a pas tardé à faire parler d’elle en sortant du cadre dévolu, le plus souvent, à la musique contemporaine. Utopik est à l’origine de rencontres parfois inattendues entre un compositeur et le public. « Trois fois par an, on accueille un compositeur et on va jouer avec lui à Graslin, au lieu unique ou au T.U… mais il nous arrive aussi de jouer, pendant une heure de cours, dans une salle de la fac de lettres ou encore à l’Icam dans un atelier, au milieu des machines… » N’allez pas en déduire que François Girard est un monomaniaque. Si le violoncelliste aime la musique baroque et le jazz, il a adoré, par exemple, participer à L’Histoire vraie de la Périchole. Et pas seulement parce qu’il y accompagnait Jeanne Balibar. n
Utopikement vôtre Rendez-vous avec l’ensemble Utopik à la prochaine Folle journée (du 2 au 6 février). Au programme, Busoni, Schoenberg, Strauss avec la soprano Laure Delcampe. Deux concerts marqueront par ailleurs la fin des Rencontres Utopik consacrées à Kaija Saariaho, au Conservatoire de Nantes (20 janvier), au Théatre Graslin (21 janvier) avec des œuvres de K. Saariaho et J.S. Bach. n
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VINCENT BROQUAIRE
Traits très drôles Texte / Antonin Druart
photo / DR
Entrez dans l’univers de Vincent Broquaire, l’homme qui concasse le réel pour en extraire le cocasse. Très tôt, le dessin dicte le destin du garçon. Bac pro communication graphique, puis Beaux-Arts à Lorient et Arts Déco à Strasbourg jusqu’à l’obtention du diplôme. L’art, Vincent l’aborde avant tout par l’absurde. Fidèle à « l’écriture visuelle » des fameux illustrateurs Saul Steinberg et Rube Goldberg, le dadaïste convaincu encense surtout le nonsense britannique (Lewis Caroll, Monty Python), auquel il consacre son mémoire. n Au fil de ses dessins, films et installations, Vincent raille notre train-train quotidien, nos différents chemins de faire et nos déraillements ordinaires : « Ce qui m’inspire le plus, c’est la vie quotidienne. Aller au supermarché, prendre le train sont autant de situations qui m’alimentent et me stimulent ». n Broquaire brocarde tout : la société de consommation, l’urbanisme, les animaux, mais aussi les frontières du réel et du virtuel, « deux espaces différents, mais qui, à un moment, peuvent se confondre ». n En parallèle à l’exposition qui lui est consacrée à la Galerie Delko, un florilège de ses dessins est édité dans un ouvrage : Il ne faut pas juger un livre à sa couverture. n www.vincentbroquaire.com / www.delkographik.com / www.le-bureau-collectif.com / www.leseditionsextraordinaires.fr
ORIENTAL IMPACT Les sillons de Bretagne Texte / Abé
photo / DR
Composé de deux MC’s, YZ et Guerrier du Rocma, et de G-Dogg, Oriental Impact impose la patte nantaise sur le prochain festival Hip Opsession. On aurait pu dire qu’Oriental Impact cultivait, depuis 2007, la science des Derv’. Mais les garçons ne sont pas tous les deux issus de ce quartier nantais. Qu’importe, ils représentent sans doute bien plus qu’un unique territoire. n Avec leur hit conscient, Pour tous nos frères, qui flirte avec les 200 000 vues sur You Tube, les finalistes du tremplin Buzz Booster développent un rap proche de celui de la Mafia K’1 Fry dont certains membres sont présents sur le deuxième album d’Oriental Impact : Ghetto ambitieux. n PA G E 0 2 8
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Oriental Impact. Le 27 février, L’Olympic, Nantes. www.hipopsession.com / www.orientalimpact.com
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Karl Nouail L’autre vie Texte / Julien Coudreuse
Photo / Yann Peucat pour Kostar
En décembre dernier, le Rennais Karl Nouail publiait à 39 ans son troisième roman. En découvrant son intitulé, on s’est sitôt dit que Le club des filles moches nous plairait. Gagné : ce n’était bien là que l’appât d’un livre réussi à plus d’un titre.
LE CLUB DES FILLES MOCHES Avec son troisième roman, Karl Nouail ne s’interdit rien, et surtout pas d’écorcher nos bonnes consciences. Son récit offre de notre époque un instantané peu reluisant. n Le Club des filles moches (Éditions Siloé)
« À partir de 14 ans, je n’ai plus trop su ce que je voulais faire. Avant c’était facile, je voulais être garde-forestier. L’influence peutêtre de Jack London… » Aujourd’hui, Karl Nouail est écrivain. A priori à contre-emploi de son quotidien au service marketing de la banque pour laquelle il travaille. Marketing et littérature feraient donc bon ménage ? Pourquoi pas. Qui connaît mieux le monde aujourd’hui que celui qui en ébauche les concepts de vente ? Karl Nouail ressent l’air du temps, et parvient par le biais d’histoires alertes à nous en offrir une bouffée. n Des histoires, ce lecteur assidu en écrivait déjà enfant. Il cesse à l’adolescence mais l’écriture redevient pour lui, à l’orée 2000, ce lieu où l’existence s’améliore, comme lorsqu’on rejoue sa vie, seul dans son lit. « L’autre vie » comme il la nomme si bien dans Le club des filles moches. « On est génial seul dans son
lit », nous explique-t-il. « À ce moment où l’affect ne parasite plus les situations vécues. J’ai essayé de conceptualiser cet état. Peutêtre l’écriture sert-elle à ça également, rectifier le quotidien… » n Mais le grand sujet de son troisième roman reste la beauté, et sa non relativité constatée. « Pour Le Club des filles moches, le titre est venu avant l’histoire. J’avais juste ma thématique en tête : comment vivre adolescent avec son physique ? À mes yeux, il y a dans notre société une beauté universellement reconnue. C’est bien là le dernier point sur lequel la majorité des gens s’entendent, la dernière valeur unanimement partagée. Sauf rares exceptions, tout le monde aime le même type de physique au même moment. » n Karl Nouail n’est peutêtre pas qu’écrivain, mais ça ne l’empêche pas de penser tout entier. n
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SOFIAN JOUINI Brooklyn boogie Texte / Arnaud Bénureau
Photo / Ludovic Failler pour Kostar
Déjà co-auteur d’Insolents solistes, le Nantais Sofian Jouini, danseur de la compagnie KLP, est aujourd’hui le directeur artistique de Tour of Duty, ou une plongée dans le passé de la danse hip hop.
TOUR OF DUTY
La nouvelle création de la compagnie KLP dépeint le Brooklyn des années 60. L’action se déroule le temps d’une nuit où les personnages reviennent à la source de la culture hip hop. n Tour of Duty. Le 15 mars, Onyx/La Carrière, Saint-Herblain. www.onyx-culturel.org www.cieklp.fr PA G E 0 3 0
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Décembre 2010, dans le fin fond du Parc de La Villette à Paris. Sofian Jouini parle avec ses danseurs, des garçons qu’il connaît depuis maintenant « dix piges ». Le temps d’une longue pause, le Nantais de 25 ans revient sur la dernière création de la compagnie KLP. « Tour of Duty est né de la même manière dont toute notre vie a été rythmée. On voyage pour apprendre. Et lorsque nous revenons, nous travaillons sur ce que nous avons appris. Depuis 2006, je me suis retrouvé à aller très régulièrement à New York. J’y ai rencontré les Incredible Rockers qui, dans les années 70, ont inventé une danse qui permet de comprendre l’essence du breakdance ». n En remontant le temps, Sofian Jouini inscrit sa culture dans le passé, dans une réalité sociale. Celle des gangs. « Ils n’avaient alors plus besoin de la violence pour exister ». La danse de défis était née. « Quand le hip hop est arrivé en France, il a fallu qu’on parle immédiatement d’intégration. Mais, il s’agit avant tout d’une danse de gamins. Les mecs qui l’ont créée avaient quinze ans. À quoi saison 0 5 / N U M É R O 2 4
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penses-tu à cet âge-là ? À t’éclater, à être le plus beau et à serrer des filles. Au niveau de ce qu’elle raconte, notre danse est limitée. Mais au niveau technique, elle est infinie ». n Le danseur est un véritable passionné. De celui qui ne se la raconte pas. « Quand j’entre dans une salle de spectacles, je n’en ai rien à taper de savoir si le gars est fidèle ou non à sa culture. Je veux juste qu’il me pousse à ne pas regarder ma montre ». Malgré cet aspect entertainment inhérent à « une danse uniquement festive », Sofian Jouini veut présenter un spectacle dont la valeur est également pédagogique. Tour of Duty fait donc aussi un tour du côté de l’Histoire. Et ce même si cette dernière ne concerne que quelques “block” new yorkais. « Si je fais un spectacle uniquement pour dire qu’il pleut et que je suis amoureux, c’est bien si je réussis à le dire d’une belle manière. Mais après, qu’estce que j’aurais fait pour ma culture ? Je ne l’aurais pas faite avancer ». Tout l’inverse de son Tour of Duty qui regarde derrière pour mieux rebondir demain ! n
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PATRICE CHÉREAU
« J’essaie de me surprendre moi-même » interview / Arnaud Bénureau
photo / Nicolas Guérin
Jusqu’au 31 janvier, Le Louvre invite Patrice Chéreau qui, pour la première fois, se transforme en commissaire d’exposition. Dans le cadre de cette invitation, l’artiste multiple a monté Rêve d’automne, présenté en février au Grand T à Nantes et en mai au TNB à Rennes. Retour sur une rencontre au long cours. L’exposition Les Visages et les corps présente des travaux de votre père qui, lorsque vous étiez enfant, vous emmenait au Louvre pour vous montrer « la différence entre la bonne et la mauvaise peinture ». Envisagez-vous aujourd’hui l’art à travers cette distinction radicale ? n Vous parlez à quelqu’un qui est convaincu qu’il existe de la bonne et de la mauvaise peinture. Je m’en rends compte tous les jours en passant au Louvre. Je vois des toiles qui ne sont pas bonnes, qui ne me parlent pas. De même que je peux penser qu’il y a du bon et du mauvais théâtre, du bon et du mauvais cinéma. La formulation de mon père était radicale, mais avait l’avantage de la clarté. Et, elle me forçait surtout à réfléchir sur ce que lui considérait comme de la bonne peinture.
« On se définit toujours par rapport à ce que l’on n’aime pas, aux effets que l’on ne veut pas faire. » Qu’est-ce qui vous pousse à considérer une pièce, une peinture ou un film bon ou mauvais ? n Il faut que ça résonne en moi. Il faut que je trouve une cohérence et, j’ai envie de dire, une absence d’effets. Ce sont des choses auxquelles je crois profondément. Mais vous savez, lorsqu’on fait un
métier, on est obligé d’être un peu radical. On se définit toujours par rapport à ce que l’on n’aime pas, aux effets que l’on ne veut pas faire. On se définit alors par rapport à une sorte de relative honnêteté et d’invention que l’on essaie d’avoir. Donc forcément, on se dit que ça, c’est bien ou pas. Vous parlez d’honnêteté. N’est-ce pas finalement cela qui caractérise le mieux votre travail ? n Je ne prétendrais pas ça. Cependant, j’essaie d’y tendre. Même si on est toujours à la merci d’effets faciles, de faire des choses que l’on sait faire. Et ça, c’est bien le pire. Existe-t-il des ficelles Chéreau ? n Bien sûr ! Il y en a, car à la longue, on a du savoir-faire. Mais j’essaie de me surprendre moi-même. C’est ce que j’ai fait avec Rêve d’automne. C’est-à-dire que j’essaie de me laisser guider par l’auteur. Et du coup, de découvrir et de laisser venir à moi un style que je connaissais un tout petit peu moins. C’est très illusoire. Mais j’ai l’impression que Rêve d’automne ressemble un peu moins à ce que je fais d’habitude. Comment avez-vous découvert le texte de Jon Fosse ? Et pourquoi avez-vous
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décidé de monter Rêve d’automne ? n C’était à une époque où je cherchais vaguement des textes. Vous savez, on trouve les choses lorsqu’on ne les cherche pas vraiment. Pierre Boulez m’a parlé de Jon Fosse sans me dire son nom. Il ne s’en souvenait plus. Je suis donc allé voir. Et Rêve d’automne est la première pièce que j’ai eu envie de monter. Le titre m’intrigait. Vous le trouviez énigmatique… n Oui, c’est ça. Les titres de Jon Fosse sont quelquefois plus parlants : Et nous ne serons jamais séparés ou bien Quelqu’un va venir. Ici, il y avait le mot rêve. J’ai commencé à lire Rêve d’automne et j’ai été très frappé par la première scène, cette grande scène entre cet homme et cette femme. Ce jour-là, j’ai eu envie de réfléchir à savoir comment j’allais monter la pièce.
« Je fais partie des gens qui pensent que la solitude, relative et choisie, est un bienfait. C’est un moteur dans mon travail.» À ce stade de la réflexion, voyez-vous la pièce se jouer devant vos yeux ? n Non, je ne vois rien. Je vois seulement des personnages, une parole, une langue étrangère. Rêve d’automne est écrit de façon absolument inhabituelle. Je vois aussi du désir contrarié et une sexualité forte, elle aussi contrariée. Je vois des choses qu’il m’intéresse de raconter. Ensuite, il faut défricher le texte, le labourer, le chercher. Je vois pour finir ce cimetière. Mais je n’ai pas envie que cela se passe dans un cimetière. D’où votre idée de transposer l’action dans un musée… n Mon envie de monter Rêve d’automne est née en même temps que l’invitation du Louvre. J’ai regardé le musée et me suis dit qu’il fallait y faire du théâtre. C’est la seule chose que je serai capable de faire. Je n’avais jamais été commissaire d’exposition, je n’avais jamais écrit de livres à ce point-là. Depuis vingt ans, je n’avais jamais programmé plus d’un mois d’événements. Que m’inspiraient ces salles ? C’est d’ailleurs davantage l’architecture du Louvre que les tableaux qui m’ont inspiré. Que vous a donc inspiré cette invitation ? De la jubilation ? n Non, beaucoup d’angoisse !
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Pensez-vous que le public puisse vous cerner à travers l’invitation du Louvre et votre programmation ? n Je ne sais pas. J’ai programmé et fabriqué moi-même des choses que j’avais envie de voir, des choses nées de l’inspiration du moment. J’ai surtout imaginé Rêve d’automne qui était la pièce principale. Et j’ai commencé à visiter Le Louvre pour chercher des lieux. Donc, c’est une chose qui se définit au fur et à mesure, en fonction des occasions. Croyez-vous au hasard ? n Complètement. C’est-à-dire que s’il n’y a pas l’invitation du Louvre, il n’y a pas Rêve d’automne… n Exactement. Il faut être perméable au hasard et réagir immédiatement à ce qui vient. Et ce sont souvent des occasions imprévisibles. Vous ne supportez donc pas la routine… n Ce n’est pas une question de routine. C’est simplement beau que le hasard fabrique des choses en même temps que vous. Par exemple, ce n’est pas la distribution que j’avais imaginée au début. Une comédienne s’est décommandée. Ça m’a donc permis de travailler avec Valeria Bruni-Tedeschi. Et Valeria est absolument exceptionnelle dans le spectacle. Le hasard fait donc bien les choses. Dans Rêve d’automne, il y a cette phrase terrible : « Tout le monde est seul ». Elle a une résonance particulière dans une époque privilégiant l’ultra-communication. D’après vous, la solitude, serait-elle le drame de notre époque ? n Non. Car ce n’est pas un drame. D’accord, mais cette phrase se révèle être assez violente… n « Tout le monde est seul » ? Oui… n Mais cette phrase ramène à une autre que cette femme dit un peu avant : « C’est bien dans l’amour que nous sommes là, tout seul et ensemble ». C’est cette phrase qui me frappe le plus. C’est-à-dire que lorsqu’on est ensemble, on est seul. Et quand on seul, il peut arriver que l’on soit ensemble. Je crois que même dans un couple, on est seul. Mais ce n’est pas une tragédie. Je fais partie des gens qui pensent que la solitude, relative et choisie, est un bienfait. C’est un moteur dans mon travail.
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Êtes-vous un solitaire ? n Un faux solitaire, oui. J’ai absolument besoin de solitude. Et j’ai absolument besoin de la retrouver. Éprouvez-vous le besoin de la retrouver pour créer ? n Pour réfléchir calmement à ce que je suis en train de faire, sans l’éventuelle hystérie de tous les gens travaillant autour de vous.
© Pascal Victor
Tout à l’heure, vous parliez de métier. Lequel pensez-vous justement exercer ? n Écoutez, j’ai écrit le livre Les visages et les corps en me posant cette question. Et je crois, si je me souviens bien, que je ne suis pas arrivé à y répondre. Comme on dit, j’ai quelque chose dans les doigts qui est, parfois, de savoir bien faire travailler les acteurs et les personnes travaillant à mes côtés. Je suis un bon chef de chantier. Même si, avec les acteurs, c’est particulier. Ce sont des personnes un peu spéciales, quelquefois compliquées et passionnantes évidemment.
RÊVE D’AUTOMNE Patrice Chéreau attrape par le col un texte du Norvégien Jon Fosse et déplace l’action de ces destinées sentimentales d’un cimetière dans un musée. Des hommes et des femmes vont s’y aimer, s’y déchirer, y mourir. Une nouvelle fois, Chéreau frappe fort. n Rêve d’automne, du 2 au 11 février, Le Grand T, Nantes. www.legrandT.fr du 11 au 20 mai, Théâtre national de Bretagne, Rennes. www.t-n-b.fr PA G E 0 3 6
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Pourquoi les acteurs sont-ils si compliqués ? n Leur métier les oblige à être compliqué. Il leur complique souvent la vie. Ils s’épanouissent devant une caméra ou sur un plateau et développent une forme d’instinct les poussant à un narcissisme violent. En ça, ils sont compliqués et donc, de temps à autre, pas tout à fait dans la vie. Au cinéma, il arrive qu’on parle d’un film comme du théâtre filmé. Avec Rêve d’automne, on pourrait évoquer un théâtre cinématographique. n Tant mieux. J’aime particulièrement lorsque les choses se confondent. J’ai été très heureux de faire du cinéma ; car je pouvais y amener une connaissance de ce que j’avais appris au théâtre. À l’inverse, je suis très heureux de refaire du théâtre parce que je peux y amener tout ce que j’ai fait au cinéma. Je tendrai toujours vers cette chose sans frontière. Vous ne faîtes donc pas de différences entre théâtre et cinéma… n Non. D’ailleurs, lorsque j’organisais la première scène de Rêve d’automne, Valérie et Pascal avaient l’impression qu’ils allaient être filmés. D’autant plus qu’il s’agit d’un théâtre intime. Nous verrons bien lorsque nous le filmerons. Mais je pense que ça devrait être facile. Que vous inspire la captation d’une pièce de théâtre ? n Je ne sais pas s’il est pos-
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sible d’y échapper. Lorsque c’est bien fait, ça ne me choque pas. Stéphane Metge a filmé Phèdre. Et un jour, je suis allé voir sa captation projetée sur grand écran. De toute façon, il ne faut rien voir à la télé. On travaille avec l’argent de la télé ; mais ce n’est pas là qu’il faut voir les choses. Ni les films ni les pièces. Ni les opéras, d’ailleurs. J’ai donc regardé Phèdre au grand auditorium du Louvre. Or Phèdre a cette particularité que le public se trouve derrière les acteurs. J’avais vraiment l’impression de retrouver l’atmosphère d’une salle de théâtre avec les acteurs et cet autre public à l’écran. Peut-on revenir maintenant sur l’abandon de votre projet de film autour des derniers jours de Napoléon avec Al Pacino ? n Oui, mais je me suis déjà exprimé dessus. Justement, lorsque vous avez abandonné définitivement ce projet, vous avez déclaré « ne plus pouvoir financièrement faire des gros films comme La Reine Margot »… n C’est vrai. Déjà, sur Napoléon, les producteurs américains m’ont lâché. Pour eux, il était difficile de monter un tel film avec Al Pacino qui, d’après eux, est moins bankable aujourd’hui. Et puis, tout le monde sait qu’en produisant La Reine Margot, Claude Berri a perdu beaucoup d’argent. Depuis, je suis obligé de faire des films avec des budgets moindres. Ce qui en soit ne me dérange pas. Malgré tout, Ceux qui m’aiment prendront le train, Intimité ou plus récemment Persécution ont tous rencontré un succès critique… n Mais pas un succès public. Face à ces considérations budgétaires, je suis donc dans l’obligation de recentrer mon cinéma, d’aller à l’essentiel. Par contre, Rêve d’automne connaît un réel engouement public. Les représentations au Louvre puis au Théâtre de la Ville affichaient complet… Je trouve ça très surprenant. Lorsque j’ai monté Phèdre au Théâtre de l’Odéon, le standard a explosé. En quelques minutes, tout était complet. Mais, c’était du Racine. Alors qu’avec Rêve d’automne, nous sommes avec Jon Fosse face à un auteur méconnu. Je n’explique vraiment pas ce succès. n
DU MARDI 18 AU SAMEDI 29 JANVIER 2011
NOLI ME TANGERE TEXTE ET MISE EN SCÈNE JEAN-FRANÇOIS SIVADIER
COMÉDIE BIBLIQUE CRÉATION avec
Nicolas Bouchaud Stephen Butel Marie Cariès Charlotte Clamens Vincent Guédon Éric Guérin Christophe Ratandra Nadia Vonderheyden Rachid Zanouda dans le cadre de Prospero, avec le soutien du Programme Culture de l’Union Européenne.
Salomé dansant © Gustave Moreau, Musée Gustave Moreau / RMN, Paris/René Gabriel Ojéda
THÉÂTRE NATIONAL DE BRETAGNE - RENNES 02 99 31 12 31 / www.t-n-b.fr
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ÉDOUARD BAER
« Être branché ne m’a jamais intéressé » interview / Arnaud Bénureau
photo / Arnaud Baraer pour Kostar
Même si en ce début d’année, Édouard Baer n’a rien à vendre, l’homme de spectacle nous a accordé un long entretien dans lequel il évoque tout à tour Jean Rochefort, les textos, l’esprit Canal, l’affaire Bettancourt ou encore son rapport au travail. Rentrons dans le vif du sujet : vous considérez-vous comme un branché ? n Pas du tout. Ce n’est pas mon sujet. Mais ne pensez-vous pas qu’à l’époque de La Grosse boule sur Nova ou du Centre de visionnage sur Canal Plus, vous l’étiez ? n Franchement, je m’en fous. Ça ne m’a jamais intéressé.
« Il valait mieux être le meilleur Édouard Baer possible qu’un Belmondo en moins bien.» À l’inverse de la comédie… Au Cours Florent, votre professeur s’appelait Isabelle Nanty. En quoi a t-elle été essentielle dans votre parcours ? n Dans les bons cours de théâtre, on croise des gens qui vous disent de jouer comme on est dans la vie. Isabelle m’a apporté la confiance en mes défauts. On ne jouait pas avec le physique. Il valait mieux être le meilleur Édouard Baer possible qu’un Belmondo en moins bien. Vous n’auriez donc pas confiance en vous… n Ça dépend des moments. Il faut avoir le culot de se montrer, d’incarner des choses. Il ne faut pas être dans le dégoût
de soi, sinon ça devient compliqué. Il faut se lancer. C’est ainsi que vous êtes passé derrière la caméra. Quels souvenirs gardez-vous de vos deux films, La Bostella et Akoibon ? n Je ne les ai pas revus. Comment avez-vous vécu le bide de La Bostella ? n Sur le moment, très mal. Malgré tout, le film est devenu culte… n Lorsque je vois l’uniformité de la plupart des films, je comprends. Mais c’est sans doute encore plus vrai pour Akoibon. Dans mes souvenirs, il y a des choses formidables dedans. Comme ce monologue de Poelvoorde qui est certainement une des meilleures choses qu’il ait faites sur le charme, sur ce qui rappelle « le moi et pourquoi pas quelqu’un d’autre ». Et ça, c’est une de mes grandes injustices dans la vie : pourquoi moi et pas lui ? Ou pourquoi lui et pas moi ? Il n’y a ni morale ni justice là-dedans. Je suis persuadé que dans mon métier, le travail n’est jamais récompensé. Justement, êtes-vous un bosseur ou un dilettante ? n Je pense à ça tout le temps. Je ne suis pas bosseur au sens où je ne
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reste pas enfermé chez moi à travailler. Mais toute ma vie tourne autour de ça. Je prends du plaisir à sortir de chez moi, à rencontrer des gens. Mes maîtres sont Jean-François Bizot, Joseph Kessel ou Albert Londres. Leur démarche était différente, mais il y avait également ce goût de se plonger dans une situation. Nos métiers nous permettent d’ouvrir des portes. Et, en tant que comédien, on échappe au premier rendez-vous. Les gens vous connaissent déjà. C’est un accélérateur de situations. Après, je ne suis pas ouvert pour sortir tous les soirs pour rencontrer des gens. Mais en tous les cas, le lien entre travail ou non, je ne le fais pas. Cette envie de sortir et de rencontrer des gens, la voyez-vous comme une source d’inspiration ? n Oui, clairement. Les hasards des rencontres sont sources de création. C’est un peu ce que je reproche aux rapports virtuels. Ce ne sont pas des rapports de hasard. Sur internet, on ne surprend personne. Et en plus, j’aime les échanges qui ne sont pas cérébraux. J’aime le silence entre deux personnes au comptoir.
« j’ai déjà ma Bettancourt en tête. Ça sera Jean Rochefort avec moustache. »
Et de ce silence, naissent des fulgurances… n Ou pas ! On peut être touché par une absence de fulgurance. Il y a quelque chose dans la banalité qui n’est pas la médiocrité, qui me touche. Vous évoquiez Belmondo. Avez-vous des modèles ? n Je n’ai de fascination pour personne. Mais je suis très amusé par les acteurs français, par les Depardieu, Poelvoorde, Serrault, Michel Simon… J’aime leur cabotinage. Vous retrouvez-vous dans ce cabotinage ? n Je trouve que c’est une qualité. C’est une prise de risque généreuse. Un peu comme l’exhibitionnisme. Michel Bouquet est un immense acteur ; mais d’une certaine façon, ça m’amuse davantage d’aller voir les excès de Michel Galabru. Pensez-vous incarner un certain charme à la française ? À travers un amour du style, du verbe… n J’imagine bien qu’on incarne quelque chose. Peut-être quelque PA G E 0 4 0
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chose de très français ? Pour autant, je ne m’arrête pas là-dessus. Sinon, on est mort et on ne tente plus rien. La langue française est-elle importante pour vous ? n Très ! Plus que la France, même ! J’aime vraiment cette expression très désuète : « mon pays, c’est ma langue ». Du coup, vous ne devez pas vous retrouver dans la génération texto… n Ça peut être très ludique. Il y a deux façons d’envoyer des textos. D’une manière poétique. Et d’une manière lamentable où les verbes ne sont plus accordés. Je vais être très clair. Si une nana m’envoie un texto bourré de fautes d’orthographe, je trouve ça laid. Ensuite, c’est une question de choix. On décide de vivre dans la beauté ou pas. Vous avez comme projet un film autour de l’affaire Bettancourt… n Je n’en suis qu’au début. Mais, j’ai déjà ma Bettancourt en tête. Ça sera Jean Rochefort avec moustache. L’idée l’enchante. Qu’est-ce qui vous fascine dans cette histoire ? n Ça me fascine qu’une histoire intime soit devenue une histoire nationale. Et puis, on arrive à un chiffre qui n’est plus humain. Parce qu’un milliard, ce n’est plus une affaire humaine. Nous ne sommes plus dans la réalité… n Nous sommes dans l’abstraction. On peut dire qu’un milliard, c’est soit révoltant, soit poétique. Et vous, que dites-vous ? n Les deux forcément ! C’est poétique parce que ce chiffre ne correspond en rien à ce que nous pouvons acheter. Je n’ai pas de rêve qui se chiffre à un milliard. Et c’est révoltant d’un point de vue macroéconomique. C’est l’économie d’un pays africain. À combien se chiffrent vos rêves ? n J’ai des rêves à dix millions. Pour pouvoir m’acheter trois maisons incroyables dans le monde : un appartement fou à Paris, une maison dans le Sud et un refuge paradisiaque. Finalement, que peut-on vous souhaiter pour cette année 2011 ? n Je vais vous dire un truc très con : faire mieux ! n
ca r t e blanch e à un a r tist e
Une journée avec Fred et sa famille par
Jean-Charles Hue
texte / Arnaud Bénureau
FESTIVAL PREMIERS PLANS D’ANGERS Desplechin, Fatih Akin ou encore Xavier Beauvois y ont présenté leur premier film. Depuis 1989, Premiers Plans a pour ambition de mettre sous les feux de la rampe de jeunes réalisateurs. n En 2011, parallèlement à la Sélection Officielle, le festival propose l’intégrale Barbet Schroeder, un hommage à Bruno Ganz présenté par Jeanne Moreau ou encore une sélection de courts et longs métrages retraçant l’évolution du burlesque au cinéma. n Festival Premiers Plans d’Angers. Du 21 au 30 janvier. www.premiersplans.org PA G E 0 4 2
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Cette année, le festival Premiers Plans laisse carte blanche à Capricci. Le 26 janvier, la société de production, de distribution et d’édition sortira en salles La BM du seigneur, projeté également en compétition française lors du festival. À cette occasion, son réalisateur Jean-Charles Hue propose pour Kostar de passer Une journée avec Fred et sa famille. Capricci par ci, Capricci par là ! Premiers Plans ne pouvait pas trouver meilleure formulation pour annoncer la carte blanche que le festival laisse au producteur, distributeur et éditeur de cinéma. La société dirigée par Thierry Lounas est partout. Elle produit le prochain HPG, Les Mouvements du bassin, édite un livre d’entretien avec le nouveau big boss de la comédie US Judd Apatow (40 ans, toujours puceau) et passe aujourd’hui en revue avec Capricci. n Lors de sa sortie en décembre dernier, la couverture de ce premier numéro présentant deux rednecks nous avait interpellé. D’où pouvaient bien sortir ces garçons dont l’un est armé d’un fusil de chasse ? La photo est extraite du nouveau film de Jean-Charles Hue : La BM du seigneur ou l’immersion complètement folle dans la communauté des gens du voyage à travers le portrait de Fred. n Nous avons à notre tour laissé carte blanche au cinéaste. Jean-Charles Hue nous raconte en images une journée de ce chef de clan vivant, du vol de voiture. n Bienvenue dans le temps d’un gitan ! n j an v i e r - Ma r s 2 0 1 1
Fred
Sa femme et sa fille
Fred avec son fils Jason
Fred : « J’aimerais avoir une caravane assez grande pour y mettre une piscine ! »
Fred : « J’en ai pour 300 euros de médoc, mais le chien va mieux. »
« Celui-là, il sort pas de la famille, Charlie ! »
Fred : « Mon futur terrain avec un boxe à chevaux… ça c’est pour les papiers, parce qu’en vérité c’est ma cuisine. »
Fred : « Range ton machin, les ferrailleurs n’aiment pas être pris en photo… »
Fred : « On va chiner… mais la ferraille ça paye plus. »
De retour sur le terrain.
Et il tomba du ciel‌
par
pierrick sorin
le travail du Nantais Pierrick Sorin est mondialement connu. Depuis novembre 2006, il nous raconte son quotidien de créateur. signé sorin, naturellement. Photo / P.Sorin
Milan dans la journée. n 7h15 : Pour l’instant, tout va bien. Je suis parti à l’heure. Je n’ai rien oublié. J’ai même dormi correctement. Peu, mais d’une seule traite. Comme une bonne vieille vache repue. Sans avoir ruminé trop d’idées noires, sans avoir consommé ni herbe ni médicaments, juste un peu de raisin fermenté – année 2005. n Une brume légère s’étire dans la lumière des phares. Je suis au volant de ma Golf TDI break, un modèle peu répandu. Il est vrai que la caisse, très basse, racle le bitume au moindre dos d’âne. Peu se sont laissés tenter. Le pot d’échappement tient avec du fil de fer et des vis à placo. Mais ça tient, tout va bien. n 8h10 : Vol AF 32-80 à destination de Milan-Malpensa. Devant moi, à peine embarqué, un type se jette nerveusement sur L’Équipe. Non, ce n’est pas un terroriste qui s’en prend au personnel navigant : juste un pauvre bougre que ça intéresse de savoir pourquoi les supporters de l’Olympique Lyonnais « réclament la tête de Puel ». Je comprends que l’on puisse prêter
« Jamais je ne me serai levé aussi tôt et aurai parcouru autant de kilomètres pour une entrevue aussi courte. » l’oreille à quelques résultats sportifs, mais de là à lire de telles sornettes… n 11h00, tout rond : Je lâche 100 euros, tous ronds aussi, en fraîche, au Taximan. La vache… Au retour, je tenterai la navette. Je suis devant la Scala, pile à l’heure pour ce rendez-vous avec Alessandro Mazzola, directeur technique du prestigieux opéra. De l’extérieur, le bâtiment n’est pas vraiment à la hauteur du mythe. Le théâtre Graslin l’écraserait même de sa superbe. À l’intérieur, par contre, c’est du lourd. En plein spectacle, un plateau scénique enPA G E 0 4 8
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tier s’escamote, décor compris, tandis que s’extrayant des profondeurs de la bâtisse, un second plateau, chargé lui aussi de son décor, prend la place du premier. n 11h15. Mazzola est un rude, un chef. Politesse minimum, efficacité maximale. On pourrait même dire « maxi-mâle ». La rencontre est expédiée en 30 minutes. Il me demande de préciser mon rôle dans la production de cet opéra, Turandot, qui sera créé au printemps. J’assurerai la conception et la réalisation de toutes les séquences vidéo intégrées à la scénographie. Je prendrai en charge la production exécutive, fournissant moi-même matériel et techniciens. Il survole mon devis, l’œil serein. Apparemment je n’ai pas cogné trop fort. Il demande quand même une ristourne, pour la forme. n 12h00. Mes souliers neufs dérapent sur le parterre marbré de la Piazza del Duomo. Il pleuviote. Jamais je ne me serai levé aussi tôt et aurai parcouru autant de kilomètres pour une entrevue aussi courte. Le froid est vif. Je m’installe quand même en terrasse — nicotine oblige — pour déjeuner. Pasta del mar, avec une bière. Le serveur me demande : « grande o media ? », je dis « media » pensant qu’il m’apporterait un demi. Erreur : il pose sur la table un bock énorme, un litre au moins. Pour couronner l’affaire, dans un fracas d’ailes froissées, un gros pigeon s’abat sur ma table, pique une cacahuète et se juche sur le rebord du verre. Des touristes japonais excités par la scène s’attroupent et cancanent. Me voici, pigeon face au pigeon, pris sous les flashs des Pentax et des Olympus. n 13h10. J’achève mon repas la vessie tendue. Pour une fois, j’ai du temps. Je rêvasse mollement, engourdi par le froid (et la pinte…). L’humidité glaciale devient insupportable. Mon vol n’est qu’à 16 heures ; après avoir pissé, j’achèterai
un manteau. n 14h20 : J’ai fait affaire chez H&M. Les essayages furent laborieux. Je n’ai pas vu le temps passer. Je ferais bien un saut chez Peck pour faire le plein de prosciutto, mais une inquiétude m’envahit : ne devrais-je pas déjà être en route pour l’aéroport ? Tant
« J’arbore la grimace de l’homme angoissé façon « la mort au trousses », sauf que c’est moi qui court après l’avion. » pis pour la navette, je cours vers un taxi. n Ça sent le traffic-jam et les emmerdements, mais le chauffeur est rassurant : « Don’t worry, forty minutes to the airport. » Puis, 40 minutes plus tard : « fifteen minutes, we will arrive... » Puis, 15 minutes plus tard : « Airport : ten minutes ». Tout pays confondu, les taximen semblent détenir le pompon de l’approximation et de la mauvaise foi. n 15h57 : Je lâche mes 100
euros. Décollage dans 3 minutes. A priori c’est cuit. Je suis bon pour la « single avec douche » de l’Holiday Inn (+ 98 euros sans le continental breakfast). Une cinquantaine de voyageurs piétinent devant les portiques de sécurité. J’arbore la grimace de l’homme angoissé façon La mort au trousses , sauf que c’est moi qui court après l’avion. Je grille toutes les priorités ; personne ne moufte. Course effrénée dans des couloirs sans fin. À la limite du malaise cardiaque, j’arrive dans la salle d’embarquement. Elle est déserte ; seule se détache la petite tête d’une hôtesse dans l’embrasure d’une porte vitrée : « Monsieur Sorin… ? Dépêchez-vous, le bus vous attend. » Je grimpe haletant dans la bétaillère, sous les regards bovins de mes congénères. La viande dégoulinante sous mon manteau bien trop chaud, je suffoque. J’ai pris mille ans dans la journée. n
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TOKYO
+ KYOTO + HAKUSHU par
EMMANUELLE HUYNH
La directrice artistique du Centre national de danse contemporaine d’Angers (CNDC), dont la dernière création, Cribles / Live, tourne actuellement aux quatre coins de la France, propose pour Kostar de découvrir le Japon que la chorégraphe aime.
Depuis mon premier voyage au Japon en 1994, pour danser à Mito et Tokyo une pièce du chorégraphe Hervé Robbe, mon attraction pour ce pays ne se tarit pas. J’ai toujours la même impression très excitante d’arriver en terre radicalement étrangère mais aussi d’être absolument au bon endroit pour imaginer, découvrir, travailler. Les bains publics (sento) m’aident à supporter le décalage horaire. Et la nourriture, riz et poissons et… saké, conviennent parfaitement à mon entraînement de danseuse ! n En 1994, j’ai habité le quartier de Omote Sando que j’ai retrouvé cette année lorsque j’ai dansé la pièce que j’ai créée avec une maîtresse ikebana (arrangement floral japonais) en 2009 à Angers : Shinbai, le vol de l’âme. Le Spiral Theater, où la pièce a été montrée, est en haut de ce que l’on appelle les Champs-Élysées tokyoites. Les boutiques des créaPA G E 0 5 0
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teurs européens (Prada, Dior, Margiela), dont les jeunes gens japonais raffolent tant qu’ils habitent chez leurs parents (ils dépensent alors beaucoup dans des objets de marque), côtoient le Oriental Bazar (services à thé, kimonos…) et Kiddy Land où sur six étages se vendent les jouets et gadgets les plus “kawai“ (joli en japonais) !!! Au bout de Omote Sando, se trouve le magnifique Yoyogi Parc. Sur le petit pont qui mène vers celui-ci, on voit des rassemblements de jeunes gens habillés et coiffés de façon outrancière mélangeant le kimono, le maquillage forcené et la crête punk ou la banane rockabilly ! Dans les deux temples à l’intérieur du Parc, des mariages sont célébrés et l’on peut facilement assister aux prises de photos des jeunes mariés en vêtements traditionnels. n Il y a beaucoup de parcs à l’intérieur même de la ville de Tokyo, un peu comme à
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Londres, ce qui donne l’impression d’une ville “aérée“ même si elle est aussi, évidemment, emblématique de la mégapole du 21e siècle avec ses entremêlements de routes, lignes de trains, métros, bras de rivières, buildings rutilants qui flèchent la ville. Le 1er janvier, l’on peut visiter, exceptionnellement, les jardins de l’empereur ! En avril, la fête des Sakura, la floraison des cerisiers, est un événement national et les parcs sont pris d’assaut par tous, juste pour admirer les fleurs blanches rosées dans les arbres. n Tout près de Omote, se trouve Roppongi, quartier des ambassades, consulats, bars, restaurants et boîtes. C’est là que s’élève depuis 3 ans Mori Tower, une des plus hautes tours de Tokyo avec à son sommet un très beau musée d’art contemporain, le Mori Museum où sont montrés les artistes les plus pointus du moment. Après la visite au musée, on peut, au même
étage, aller contempler, depuis le Sky Deck, une des plus belles vues de Tokyo. Préférez la journée pour tenter de reconnaître les différents buildings signés Frank Lloyd Wright, Gerry ou la mairie de Tokyo surmontés de sculptures de Philippe Stark. n Lors de mes différents séjours, j’ai volontairement changé de quartier pour connaître des atmosphères diverses tels Shinjuku, Shibuya, Ginza ou Ueno… Le métro japonais est une expérience à ne pas rater ! Le Japonais a l’habitude dès qu’il s’assied de fermer les yeux pour sommeiller. Cela donne un air somnambule à une partie du wagon pendant que l’autre pianote incessamment sur son téléphone portable ! n Les restaurants servent tôt (18h) et ferment donc vers 22h30. Mais les nombreux combi, « convenient stores », magasins de proximité, ouverts 24h/24, permettent de trouver à toute heure un tiramisu, comme PA G E 0 5 1
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Tokyo Mégalopole d’attraction Bienvenue au pays des geishas et des mangas, de l’ikebana et du cosplay. Entre traditions séculaires et nouvelles technologies, Tokyo n’est pas une ville, c’est un monde ! Il faut du temps pour y trouver ses repères et l’apprivoiser. des sushi, une soupe de nouilles ou une paire de chaussettes ! n Le marché aux poissons de Tsukiji, même s’il a réduit ses heures d’ouverture au public, permet, la nuit, de voir la vente aux enchères des thons et des poissons qui nourrissent la ville. n J’aime découvrir le cadre de vie des artistes japonais que je vais rencontrer avant de les inviter à enseigner au CNDC ou à travailler avec moi. En septembre dernier, je suis allée chaque jour dans la banlieue où le danseur Akira Kasai vit et travaille. Son studio jouxte sa maison, séparé par un petit jardin. C’est petit, mais on s’y concentre parfaitement ! n Pour la première fois, j’ai aussi fait un déplacement dans les montagnes du centre du pays à 3 heures de Tokyo. Je suis allée rencontrer le danseur butoh Tanaka Min pour l’inviter à venir danser et enseigner à Angers en 2012. Il a construit un magnifique théâtre de plein air où a lieu son festival d’été. Il habite une ferme qu’il exploite avec sa femme danseuse. Des danseurs viennent travailler avec eux : les journées sont rythmées entre danse et agriculture ! Pour Tanaka Min, il n’y a pas de réelle différence entre les deux !!! n Ce court séjour m’a donné envie de continuer de m’aventurer, lors d’un prochain voyage, hors de Tokyo et Kyoto dans lesquelles je séjourne toujours pour danser. n
CRIBLES / LIVE Cribles / Live est une re-création de Cribles (création Montpellier Danse 2009), en version live : la partition Persephassa de Iannis Xenakis est interprétée par six musiciens percussionnistes de l’ensemble Percussions Rhizome, partageant l’espace avec les danseurs et le public, selon la pensée de Xenakis. n
Y aller
Circuit Kostar
Air China et China Airlines proposent l’allerretour (selon période) à moins de 600 euros via Pékin ou Shanghai mais le vol dure plus de 16 heures. Finnair est également bien placé sur cette destination. Pour un vol direct (Air France et autres…), compter 900 euros.
On peut commencer à découvrir la ville depuis le Tokyo city hall (hôtel de ville), imaginé par Kenzo Tange : les terrasses panoramiques des tours jumelles offrent en effet un panorama exceptionnel. Et emprunter la ligne de métro, entièrement aérienne, de Yurikamone. À Tokyo, chaque “quartier” est une ville dans la ville. Shibuya, rendezvous des teenagers avec ses bars et boutiques branchés. Akihabara, ou “electronic town” avec des centaines de magasins débordant de matériels les plus divers, de vastes game centers, rendez-vous des geeks locaux et des touristes. Les boutiques “duty free” y sont autant de pièges à éviter. n Le musée national de Tokyo offre une collection exceptionnelle d’art japonais. Il côtoie le musée national d’art moderne. À voir également le Tokyo international forum, dans le quartier de Shiyoda. L’impressionnant complexe économique et culturel, avec un auditorium de plus de 5 000 places, accueille, depuis 2005, la Folle journée au Japon. n
S’y loger Les clichés ayant la vie dure, disons que Tokyo n’est pas forcément “la ville la plus chère du monde”. Outre les sites proposant la location d’appartements, on trouve nombre d’hôtels 2**, y compris dans le centre, pour 60/70 euros en chambre double (www.booking.com). On peut aussi profiter de ce séjour pour tester une nuit dans un ryokan, chambre meublée à la japonaise et nuit sur tatamis. Ou encore les capsule-hôtels où le client passe la nuit dans un caisson, confortable et fonctionnel mais… claustrophobes, s’abstenir.
Le 1er février, onyx/la carrière, saint-herblain. www.Onyx-cultutel.org PA G E 0 5 2
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LE RÉPERTOIRE DU THÉÂTRE PERMANENT Pour le metteur en scène Gwenaël Morin, « le théâtre n’est pas mort. Le théâtre doit être fait. Le théâtre est vivant ». C’est ainsi que jusqu’au 11 février au TU-Nantes, il propose du théâtre populaire à l’état brut. Le Répertoire du Théâtre Permanent, c’est cinq spectacles pour redécouvrir des textes classiques (Tartuffe, Bérénice, Woyzeck, Hamlet et Antigone), quatre semaines de résidences, vingt représentations, vingt tribunes, vingt ateliers et un manifeste. n Le Répertoire du Théâtre Permanent, c’est aussi un rendez-vous avec Kostar. Afin de rebondir sur la revendication de Gwenaël Morin, « le théâtre est une utopie que l’on peut atteindre », nous vous proposons ci-après d’afficher votre utopie aujourd’hui. n Cette page blanche est la vôtre. Profitez-en et allez la placarder sur les murs du TU-Nantes. n Le Répertoire du théâtre permanent. Du 17 janvier au 11 février, TU-Nantes. www.tunantes.fr PA G E 0 5 3
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Et vous, votre utopie aujourd’hui, c’est quoi ? venez afficher, scotcher ou épingler votre utopie du 17 janvier au 11 février au tu-nantes
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expos, spectacles, soirées, festivals… j an v i e r
mars 2011
à angers, nantes, rennes et plus loin
L e av e s. Du 1 5 au 1 9 f évrier , TNB , R ennes . www. t-n -b . fr © Christian Berthelot
spectacle vivant MÉLANIE LERAY / LEAVES
PRESENT MEMORY La preuve par 3 Trois femmes, trois pièces, trois gestes. La chorégraphe Carolyn Carlson reprend If to leave is to remember, le remonte et offre des possibilités de variations à deux personnes proche d’elle pour concevoir un programme complet : Malou Airaudo, artiste à la sensibilité expressionniste dans la veine de Pina Bausch, et Caterina Sagna, créatrice au regard à la fois implacable et plein d’humour sur la nature humaine. n Present memory. Le 15 février, Le Grand T, Nantes. www.legrandT.fr
virgin suicides
Créée en 2009 au TNB, Leaves de Mélanie Leray traite avec une sensibilité extrême de la tentation du suicide chez les jeunes. Musique et vidéo accompagnent avec justesse le texte réaliste de la jeune Irlandaise Lucy Caldwell.
DR
© Frédéric Iovino
« Une manière de parler du monde que de parler de ceux qui ne veulent pas y entrer »
texte / Julien Coudreuse
Sans jamais verser dans le sentimentalisme mièvre ou la critique virulente, Lucy Caldwell évoque avec délicatesse le passage difficile d’une jeune femme à l’âge adulte. Mélanie Leray du Théâtre des Lucioles s’est attachée à la mise en scène de ce récit contemporain, proche dans sa thématique comme dans son traitement du Virgin Suicides de Sofia Coppola. Une forme d’évanescence mentale, de vertige existentiel, rendus palpables. Une lecture du monde décalée, comme en négatif. « Pourquoi des jeunes, qui ont toute la vie devant eux, sont-ils si désespérés au point de mettre fin à leur jour ? Avant de faire partie du monde adulte, l’adolescent l’évalue, le juge, le critique et peut, à raison,
en être effrayé. C’est une manière de parler du monde que de parler de ceux qui ne veulent pas y entrer. » Deuxième cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 19 ans, le suicide est un sujet qui ne supporte pas les réponses toutes faites, et c’est tout l’art de Lucy Caldwell et Mélanie Leray que de l’interroger sans livrer de recettes pour échapper à son mal-être. La pièce pose également la question de ce que l’acte de Lori « provoque dans son entourage. La culpabilité des parents, la peur muette des autres enfants (…) ». Un flash-back lumineux à la fin de la pièce finit d’installer le doute : c’est bien au bonheur qu’aspirait cette famille ordinaire. n Leaves. Du 15 au 19 février, TNB, Rennes. www.t-n-b.fr
THE BEWITCHED HANDS
© melanie elbaz
Un bon coup de Reims Conscients d’avoir placé la barre trop haute avec leur nom à la mord-moi le nœud, les Bewitched Hands on the top of your heads ont sacrifié une partie de leur matricule pour devenir The Bewitched Hands. Cette cure d’amaigrissement n’a rien enlevé à la qualité de leur musique. n Révélés par leur hymne pop folk Work, les Rémois forment sans conteste un des groupes du moment les plus passionnants sur scène. n Sur l’estrade, leur premier album, Birds & drums, se prend une belle décharge électrique. Cette joyeuse colonie de vacances propose la bande-son d’un road movie qu’on voudrait ne jamais voir s’arrêter. n The Bewitched Hands. Le 8 mars, Le Vauban, Brest. www.astropolis.org
spectacle vivant LE RÉPERTOIRE DU THÉÂTRE PERMANENT
TARTUFFE BÉRÉNICE WOYZECK HAMLET ANTIGONE GWENAËL MORIN
SOIRÉE CURIEUSE #3 C’est super ! Après avoir mis en avant le label Pan European et en attendant celle orchestrée par Heidigalerie (23 avril), la nouvelle Soirée curieuse du lieu unique est consacré à l’agence parisienne Super ! qui accompagne la crème de la musique indé et qui a inauguré en 2009 un festival de fou. Mise en bouche aujourd’hui d’un festival qui fera escale le 6 avril à L’Olympic. Au programme : les Anglais de Factory Floor (photo) et les New Yorkais de Blondes, bêtes du dancefloor qui ont déjà remixé Rihanna et Health. n
5 PIÈCES DE THÉÂTRE POPULAIRES 4 SEMAINES DE THÉÂTRE ICI ET MAINTENANT 20 REPRÉSENTATIONS, 20 TRIBUNES, 20 ATELIERS 1 MANIFESTE
DU 17 JANVIER AU 11 FÉVRIER 2011 AU TU-NANTES INFOS I RÉSAS : 02 40 14 55 14 - WWW.TUNANTES .FR
© Thierry Laporte
Soirée curieuse #3. Le 17 février, Le Lieu Unique, Nantes. www.lelieuunique.com
La Compagnie du Dagor adapte un texte majeur de la littérature jeunesse signé Christophe Honoré (Les Chansons d’amour). Tout contre Léo raconte l’histoire du P’tit Marcel, 10 ans, qui, un soir, apprend par hasard que son frère aîné est malade du sida. Thomas Gaudet, auteur de romans pour la jeunesse, est ce gamin de dix ans. La Compagnie du Dagor emprunte à nouveau les routes du théâtre contemporain pour le jeune public. n Tout contre Léo. Les 24 et 25 février, Théâtre de Poche, Hédé. http://theatre-de-poche.com
LICENCES : 1-1027216 2-1027217 3-1027218 - VISUEL : AKATRE
TOUT CONTRE LÉO J’ai dix ans
spectacle vivant
APPRIS PAR CORPS
HJALTALIN
Haute voltige
Fanfare breton
Dans le cadre du Festival Cirque(s) qui aura lieu du 2 au 6 mars, la compagnie Un loup pour l’homme va s’envoyer en l’air. En effet, Appris par corps met en jeu la relation humaine de deux êtres, vue à travers le prisme d’un couple particulier formé d’un porteur et d’un voltigeur. n
Décidément, c’est un drôle de pays. Hjaltalin, fanfare islandaise qui réveille la pop, a choisi un nom à coucher dehors et aussi difficile à écrire que le désormais fameux volcan Eyjafjallajökull. Le groupe est pour la première fois de passage en France. À cette occasion, Hjaltalin sort un CD/DVD enregistré avec les 70 musiciens de l’orchestre Symphonique Islandais. n Hjaltalin. Le 15 mars, L’Ubu, Rennes. www.ubu-rennes.fr
Appris par corps. Les 3 et 4 mars, dans le cadre du Festival Cirque(s), Angers. www.lequai-angers.eu
CRYSTAL FIGHTERS I love London Repérés par le label Kitsuné, les Anglais de Crystal Fighters ont d’emblée brouillé les pistes avec leur tube d’électro tribale : I love London. Malgré quelques bases basques, ils ne font absolument pas dans le folklorique. Crystal Fighters jette à la gueule une électro pop hystérique et psychédélique. n Crystal Fighters. Le 16 février, L’Olympic, Nantes. www.olympic.asso.fr Le 17 février, Le Chabada, Angers. www.lechabada.com
LE VIOL DE LUCRÈCE Tout un symbole Au sortir de la seconde guerre mondiale, le compositeur Benjamin Britten et le poète Ronald Duncan s’emparent de l’histoire latine de Lucrèce qui, en refusant de survivre au déshonneur d’avoir été violée par l’occupant, devient le symbole et la conscience d’une population romaine jusque-là asservie aux caprices d’un dictateur étrusque. n Le metteur en scène Carlos Wagner a relevé le défi en « plaçant l’œuvre dans un espace très stylisé et minimaliste et de ritualiser la gestuelle des chanteurs ». Cette adaptation de l’opéra en deux actes s’inspire beaucoup du théâtre japonais. n Le Viol de Lucrèce. Les 14, 16, 18, 20 et 22 janvier, Théâtre Graslin, Nantes. Les 28 et 30 janvier, le 1er février, Grand Théâtre, Angers. www.angers-nantes-opera.com
clubbing par _Quentin perinel
l’interview 135db
raphael
Minitel rose © Gregg Bréhin
Initiateur des soirées Nobodys Virgin et Fragil, Raphaël s’est fait un nom dans le milieu de la dance music. Aujourd’hui, il prépare les premières sorties de son label : Fragil Musique.
CHRONIQUES DU DANCEFLOOR
Carte blanche au label Ego Twister n Le label angevin a carte blanche et invite les Dat Politics et présente deux artistes de leur écurie électro : Gratuit (dans le Top 10 de nos meilleurs albums 2010) et Klement. Le 26 janvier, Le Chabada, Angers.
Minitel Rose n Plus la peine de présenter l’électro pop classieux des trois phénomènes de la scène nantaise. Amateurs de la culture 80’s et des racines new wave, soyez au rendez-vous. What’s up ? n La sortie prochaine des premiers maxis sur Fragil Musique avec les morceaux de Cedric Borghi, Pier bucci, Kenny Lane, Bodycode et Imugem Orihasam. Et la nouvelle Fragil, le 26 février au lieu unique où nous accueillerons Mickail du label Get the Curse. Les lieux nantais où tu aimes faire la teuf ? n Au lieu unique car c’est un endroit magnifique, bien géré et avec une programmation toujours intéressante. J’aime aussi le Castel pour ses recoins, son côté à la fois underground et paradoxalement presque familial. Je fréquente aussi l’Altercafé, l’Absence et le Bar du coin. Le son incontournable pour faire lever les mains, en soirée ? n N’importe lequel. L’important, c’est de jouer le bon morceau au bon moment, créer la bonne atmosphère, le bon groove dans l’enchaînement de tes disques, trouver le déclic. Mon coup de coeur du moment : Find me de Portable.
Le 28 janvier, L’Odyssée, Orvault.
Jeff Mills n Le temps d’une soirée, le big boss de la scène techno est la Rennes du bal. Le 28 janvier, L’Espace, Rennes.
Input Selector n Sur la scène électronique nantaise, les soirées Input Selector ont toujours autant de succès. La musique funky et méticuleuse du Gallois Tom Ellis s’accordera parfaitement avec la deep house de Combe et Arnaud. Le 29 janvier, le Lieu Unique, Nantes.
Nerds can dance n Avec le producteur anglais qui est connu pour ses remixes de M.I.A ou de Modeselektor et qui n’a que des consommes dans son pseudo : SBTRKT. Le 12 févier, l’UBU, Rennes.
SLAVERY TOUR n Audiogenic présente son Slavery Tour et invite le duo Micropoint, pilier de la scène techno hardcore made in France, ou encore le DJ Maissouille. Le 12 février, Salle Nantes Erdre, Nantes.
Ed Banger Party n Le temps d’une soirée, les membres du label fondé par Busy P s’invitent en ville. Et Sebastian, Mehdi, Feadz et le boss himself comptent bien mettre le feu à l’Olympic. Le 18 février, L’Olympic, Nantes.
Un track minable que tu ne passeras jamais ? n Des milliers. Je ne m’intéresse pas trop au mauvais tracks ! n
Fragil Party n Pour la nouvelle session, la quatorzième, des soirées Fragil, toujours organisées par Raphaël, le lieu unique accueille le DJ parisien Mikhail, du label Get the curse, qui devrait attirer les noctambules nantais.
www.myspace.com/raphaelfromnobodysvirgin
Le 26 février, le Lieu Unique, Nantes.
festivals LA ROUTE DU ROCK
En quête d’indépendance En février, La Route du Rock comptera vingt bougies sur son plateau indé. Label de qualité pop, électro, rock, le festival a su se forger une place de choix parmi les rendez-vous français de musiques actuelles. Les programmateurs François Floret et Alban Coutoux évoquent pour nous plusieurs concerts marquants d’éditions passées.
en rock, mode d’emploi
Interview / Julien Coudreuse Photo / Nicolas Joubard
Portishead et PJ Harvey (1998) François Floret : En 1997, le festival était en mort clinique. Nous avions des dettes monstrueuses. En plus, la sous-préfecture de Saint-Malo avait décidé de faire des travaux dans le Fort sur la période du festival. Il a donc fallu réinventer un site au milieu d’un champ. Malgré tout, cette édition a été historique. Portishead et PJ Harvey ont donné des concerts magnifiques. Le DJ de Portishead a mixé au bar VIP. C’était ahurissant ! Beth Gibbons dansait avec les bénévoles. Jean-Louis Murat, qui était là en festivalier, a pris une claque devant le concert de PJ Harvey. Il en a fait ensuite une chanson. Cette édition a été fondatrice pour la suite. TV on the Radio (2004) Alban Coutoux : Lorsque j’ai commencé à programmer en 2004, ma première vraie découverte a été TV on the Radio. Le morceau Staring at the Sun m’a obsédé. Quand ils l’ont joué sur scène, c’était très fort. Ça fait partie des grands bonheurs du travail. D’autant plus qu’à ce moment-là, les TV on the Radio ont apporté beaucoup de choses à la musique. Le groupe est emblématique du festival car il a creusé sa propre voie tout en proposant quelque chose d’original et maîtrisé à la fois.
The Cure (2005) F. F. : Une forme d’apothéose ! Les Cure sont légendaires. Ils ont marqué notre jeunesse. Arte a diffusé le concert en direct. C’était une vraie reconnaissance pour nous, et beaucoup d’émotions. C’est le deuxième plus gros cachet du festival. Mais c’est le seul groupe avec lequel nous avons fait complet au Fort. Comme souvent, nous n’étions pas très en forme financièrement. Cette édition nous a donné de l’air et nous a permis de réaliser un de nos projets : La Route du Rock hiver. A. C. : Lorsque les Cure font les quinze ans du festival, avec un concert plutôt bon, très rock et des rappels qu’il n’ont pas l’habitude de faire, c’est forcément marquant. Ça nous semblait cohérent de les programmer car, à l’époque, plein de groupes reprenaient alors leur son, l’intonation de la voix. Il suffisait d’écouter Bloc Party qui avait émergé en 2004. Sonic Youth (2007) A.C. : Un autre moment de grâce. Malgré leur millier de concerts, on sentait une véritable envie de jouer chez eux. Il y avait une vraie fraîcheur. Cette soirée fut d’ailleurs l’une des plus belles, avec Electrelane qui donnait l’un de ses derniers concerts, et LCD Soundsystem qui a clôturé la soirée avec un live puissant. n La Route du Rock, Collection hiver. Le 17 février, L’Antipode, Rennes. Les 18 et 19 février, L’Omnibus, Saint-Malo. www.laroutedurock.com
FESTIVAL CABLE#4 Lift to experience Parallèlement à sa programmation régulière, l’asso nantaise Cable# revient, une fois l’an, avec son festival de musique expérimentale, noise, électro… La liste est non exhaustive tant il est impossible de réduire l’activité de Cable# à un genre. La force du rendez-vous est de programmer des artistes tricards des mass média tant leurs propositions sortent de ce que vous pouvez entendre (ou voir) habituellement. Avis aux amateurs ou curieux de tous bords ! n Festival Cable#4. Du 17 au 19 février, Nantes et Saint-Herblain. www.antboymusic.com
festivals
VILLE ET CINÉMA New York, I love you Après une première escale entre Téhéran, Tokyo et Los Angeles, le festival mettant en relation architecture et cinéma revient encore plus fort cette année avec une édition entièrement consacrée à New York. Au programme : l’avant-première de Jewish Connection (photo) avec le it-boy Jesse “Zuckerberg” Eisenberg, un doc inédit de Scorsese, une rencontre avec le génial Jonathan Nossiter (Mondovino) ou encore une nuit blanche en compagnie de Ferrara (Chelsea Hôtel), Tony Scott (Prédateurs) et Carpenter (New York 1997). n Ville et cinéma, du 10 au 12 février, Cinéma Katorza, Nantes.
LoRulh (© Benoît Bonnemaison-Fitte)
www.villeetcinema.com
SOUL CLAP VEN 4 FEV.
DJ GREEM (Hocus Pocus)
JO LEON DAVENUE (London)
DJ B.LOO & MOOSSA (Soul Clap)
Hip’Opsession 2011
RS 4 MA VEN
TONY TOUCH (Rock Steady Crew-New York) BRÈCHES
DJ B.LOO & MOOSSA (Soul Clap)
L’irrespect de la tradition Brèches n’est pas un festival comme les autres. Édition après édition, il envoie les musiques traditionnelles se faire voir ailleurs. Loin des clichés collant à cette scène, Brèches construit un pont entre passé au futur. Ici, la musique contemporaine pactise avec le flamenco, l’électro minimale se faufile dans les chants traditionnels du Rouergue… n Brèches, du 17 au 20 février, Centre Marcet, Bouguenais. www.lenouveaupavillon.com
Plus d’infos : www.soulclapparty.com
festivals TRAVELLING MEXICO & JUNIOR Sous le soleil de Mexico En 2011, le festival de cinéma Travelling zoome sur la capitale mexicaine à travers des coups de cœur, des programmations s’intéressant à la culture du catch, à la notion de frontières, un ciné concert des Bikini Machine sur le Desperado de Rodriguez, de l’art vidéo… À noter que la version ciné kid du festival, Travelling Junior, sera parrainée par l’écrivain Olivier Adam. n Travelling Mexico & Junior, du 22 février au 1er mars, Rennes. www.clairobscur.info
LA FOLLE JOURNÉe « Malgré quelques œuvres de Brahms présentées lors de précédentes éditions, le post-romantisme n’avait jamais été abordé à La Folle journée », souligne d’emblée René Martin, homme-orchestre de cet événement hors norme. Pendant cinq jours, à Nantes mais aussi en région (du vendredi 28 au dimanche 30 janvier dans onze villes des Pays de la Loire), le festival va balayer cent ans de musique, de 1850 à 1950, soit de Johannes Brahms à Richard Strauss et aux compositeurs de l’École de Vienne, « siège de cette révolution musicale et plaque tournante de ce courant ». n La Folle journée, du 28 au 30 janvier, Pays de la Loire. Du 2 au 6 février, la cité Nantes Events Center, Nantes. www.follejournee.fr
© Dominik Fricker
Hirose Etsuko © Liliroze
Titanesque
HIP OPSESSION 7 Hop hop hop ! Une nouvelle fois, cette édition sera le rendez-vous de tous les amoureux de la culture hip hop. Ce Hip Opsession 7 ne change pas de recette. Il y aura du lourd made in USA (Onyx, M.O.P), les parrains de la scène française (La Rumeur, Rocé), la Battle Opsession, des valeurs montantes (Oriental Impact), des expos… À noter qu’en 2011, le festival s’installera également à Saint-Nazaire. n Hip Opsession 7. Du 17 février au 6 mars, Nantes et Saint-Nazaire. www.hipopsession.com
expositions NICOLAS RUBINSTEIN / VOUS ÊTES ICI
Rubinstein heure Entre fascination et humour noir, la mort investit l’art de son ricanement, remettant les choses à plat, réaffirmant si besoin était l’égalité de tous les hommes dans la tombe, qu’ils soient pape, roi, paysan, fou…
© Bellanger
Texte / Christophe Cesbron
Depuis le moyen âge, les danses macabres entraînent dans leurs farandoles les humains vers leur destin. Les squelettes s’agitent, les crânes ricanent donnant de la mort un visage aussi effrayant que drôle, trouvant sans doute dans l’éclat de rire la réponse à l’angoisse de la disparition. Nicolas Rubinstein s’inscrit avec malice et insolence dans cette tradition, l’hybridant avec des mythologies plus contemporaines, celles de Mickey, des super héros ou de Tim Burton… L’installation qu’il propose dans la grande cour du lieu unique coupe
le souffle. Immense, radicale et cocasse, elle met en scène l’atterrissage balourd d’un squelette d’éléphant déployant ses ailes de Batman au-dessus d’un cimetière de croix d’os blanc plantées sur une pelouse synthétique. Énorme, hallucinante, drôle et inquiétante, elle colonise l’espace et inocule dans la tête du visiteur une multitude d’idées, d’images, titillant ces liens étranges qui nous attachent à la mort. n Nicolas Rubinstein, Vous êtes ici, jusqu’au 6 février, le lieu unique, Nantes. www.lelieuunique.com
SÉVERINE HUBARD
Accumulations Pour accompagner son ouverture récente, rien de plus naturel pour la Maison des Arts de Saint-Herblain que d’accueillir comme tout premier plasticien en résidence, la Lilloise Severine Hubard. En effet, pour les 2 mois qu’elle va passer dans la structure, elle concocte un projet à portée participative.
La première phase du projet s’est étendue jusqu’au 20 décembre dernier. La plasticienne, coutumière de ce type de sollicitation lorsqu’elle s’ancre quelque part, a lancé un appel aux dons. Le mot d’ordre : des objets en séries, du type de ceux qu’on garde comme ça, « au cas où » . Cet appel, c’est aux habitants qu’elle l’a passé. Opération séduction remplie : De quoi convaincre ceux-ci de passer au-delà de la façade de papier perforé et de se l’approprier. D’autant que le résultat de cette collecte qu’elle aura travaillée à assembler dans un second temps, sera visible dans la galerie du lieu : Ces « sculptures-totems » conçues de brics et de brocs déménageront ensuite dans le quartier Harlière-Bellevue. Une suite cohé-
DR
Texte / Marie Groneau
rente aux travaux de l’artiste qui ont déjà mis en lumière ces questionnements quant aux modes d’occupation des espaces au travers de l’architecture et de l’habitat. n Séverine Hubard, jusqu’au 4 février, en résidence à la Maison des Arts, Saint-Herblain. http://maisondesarts.saint-herblain.fr
expositions TONY PAPIN / 35 le nombre d’or
© Vaida Budreviciute
35 : C’est le titre de son expo à venir au Volume. C’est le numéro de son département mais également le titre de son livre sorti en septembre dernier. 368 pages d’un journal intime décalé, de mémoires dérisoires retraçant une année et pas n’importe laquelle : celle de ses 35 ans. Interview chiffrée de Tony Papin. Interview / Marie Groneau
L’odyssée de l’espace Jeune artiste prometteur, Ernesto Sartori investit la salle Mario Toran du Frac des Pays de La Loire, avec une installation proliférante, débordante, aussi géométrique que fantaisiste. Texte / Christophe Cesbron
Il propose au visiteur un parcours malicieux dans son univers étrange, empruntant autant à l’histoire de l’art abstrait (on pense aux architectones de Malévitch, au Merzbau de Schwitters, à l’art minimal) qu’à celui de la SF, de la BD, du jeu vidéo… n Du sol, au plafond, l’œuvre d’Ernesto Satori explore l’espace, se déployant comme une idée qui sans cesse en entraîne une autre, avec joie, sans restriction, se multipliant et changeant sans cesse d’échelle, du minuscule au grand format. Utilisant les matériaux de chantier (planches, bouts de tasseaux, bout de bois, assemblés vaille que vaille suivant les poétiques lois d’un bricolage halluciné), l’installation semble en mouvement, prolixe, contaminante. Les fictions géométriques de Sartori développent une organisation rhizomique aussi réjouissante qu’acidulée. n
35, c’est le nom du bouquin de l’expo. Il y a d’autres numéros qui te tiennent à cœur comme ça ? 3 : L’âge auquel j’ai commencé à porter des lunettes. 19 : Une fois, j’ai dit à quelqu’un que j’aimais bien le nombre 19 et il m’a répondu que pour lui c’était un nombre très important qui avait une grande signification dans sa vie alors j’ai dû avouer qu’en fait, je m’en foutais complètement du 19, c’était juste pour parler. 37 : C’est l’âge que je vais avoir. Je me sens vieux. 72 : La Sarthe. 80 : Une fois j’ai couru une heure et vingt minutes (ça fait 80 minutes en tout), mon record. 2044 : l’année où, statistiquement, je devrais mourir. Et il aime jouer au Uno aussi. Drôle, noir, touchant ; si vous ne pouvez pas vous déplacer, jetez au moins un coup d’œil au blog. n Tony Papin, 35, du 13 janvier au 24 février, Le Volume, Vern-sur-Seiche. http://scotchpenicillin.net/35/
LA PHOTOCOPIE Recto/Verso Situé au sein du campus de Villejean, le Cabinet du Livre d’Artiste s’attachera cette fois à la technique de la photocopie dans la pratique artistique contemporaine. Loin de se cantonner aux salles de réunion et bien mal connu du grand public, l’usage de cet outil modeste a pourtant ouvert des champs d’expérimentation passionnants depuis les années 60 qu’il vous sera proposé de découvrir. Subversif et politique, ce moyen fut utilisé par les artistes pour ses qualités de diffusion et de reproduction faciles et rapides. Procurez-vous un exemplaire du journal Sans niveau ni mètre : y sera édité pour l’occasion le projet d’Eric Watier, le plus radical de l’expo. n Marie Groneau
Gary et Duane, Ernesto Sartori, Frac des pays de la Loire, Carquefou, jusqu’au 20 février.
La Photocopie. Avec Ben, Thomas Hirschhorn, Jonathan Monk, Dieter Roth, Sol Lewitt, Stanley Brouwn, Continuous Project… Du 10 février au 4 avril, Cabinet du livre d’artiste, Rennes 2.
www.fracdespaysdelaloire.com
www.incertain-sens.org /www.univ-rennes2.fr/cabinet-livre-artiste
Eric Watier, monotone_public_print, bureau de poste Montpellier-Rondelet, 13 décembre 2010, photocopie, A4, exemplaire unique
Gary et Duane / Ernesto Sartori
expositions
LILIAN BOURGEAT À bonne échelle Les objets reprennent le dessus. Porte-bouteille, ampoule ou paire de bottes au volume totalement surdimensionné constituent le monde fantastique de Lilian Bourgeat. Nous qui ne sommes rien à l’échelle de l’univers et qui pensons pourtant compter pour beaucoup, nous retrouvons face à cette implacable réalité. Et ce sont ces objets banals, quotidiens qui dictent la leçon. Mais ces objets, que l’artiste qualifie lui même “d’extraordinaires”, dont on profite, que l’on exploite, ne démontrent-ils pas ici comment ils ont réussi à se rendre indispensables renversant ainsi la balance ? n Marie Groneau Lilian Bourgeat, jusqu’au 6 mars, La chapelle du Genêteil, Château-Gontier. www.le-carre.org
LORIOT & MÉLIA / VU PAS VU
À vous de voir Beau succès public pour l’exposition des Loriot-Mélia au musée des Beaux-arts d’Angers. Et il n’y a rien d’étonnant à cela, car leurs œuvres ont cette magie, ce pouvoir de fascination qu’exercent sur le spectateur les machines optiques. n Systèmes mouvants, reflets étonnants, apparitions virtuelles, mécanismes ingénieux, diffractions animées titillent les pupilles, distillent les images, ouvrent les portes d’un autre espace, celui des spectres, des rêves, de la poésie. À Angers, les Loriot-Mélia présentent plus de trente œuvres dont treize inédites. Dans la pénombre des salles, le parcours est saisissant, proposant un ensemble de dispositifs plus malicieux les uns que les autres, dépassant la seule étrangeté optique pour se projeter dans de multiples dimensions : poétiques, critiques, ironiques, incroyablement inventives, libres et réjouissantes. Au cœur de l’exposition, la salle des batailles détourne avec irrévérence et humour la «Grande peinture d’histoire», genre incontournable des grands musées d’art. Intitulée Vu pas vu, l’exposition est (évidemment) à voir, plus d’une fois et sans modération. n Christophe Cesbron Loriot & Mélia, Vu pas vu, jusqu’au 3 avril, musée des beaux-Arts, Angers. www.musees.angers.fr
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