Kostar # 33

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SAISON 07

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www.kostar.fr

FREE


7 AU 24 NOVEMBRE 2012

CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL

THÉÂTRE NATIONAL DE BRETAGNE/ RENNES RENSEIGNEMENTS 02 99 31 12 31 WWW.T-N-B.FR

photo : DR / Réalisation :

METTRE EN SCÈNE EST ORGANISÉ PAR le Théâtre National de Bretagne, Centre Européen de Production Théâtrale et Chorégraphique et Centre Dramatique National / Rennes en collaboration avec le Théâtre de Cornouaille / Scène Nationale de Quimper, le Musée de la Danse / CCNRB, Le Triangle / Cité de la danse, l’Aire Libre à Saint-Jacques de la Lande, Le Grand Logis à Bruz, Le Carré Magique / Pôle National des arts du cirque en Bretagne à Lannion, le Théâtre Anne de Bretagne à Vannes, le Quartz / Scène Nationale de Brest, la Passerelle / Scène Nationale de Saint-Brieuc, le Théâtre de la Paillette à Rennes avec la participation du Théâtre de Lorient / Centre Dramatique National, Scène pour la danse.

METTRE EN SCÈNE RENNES MÉTROPOLE / QUIMPER / LANNION VANNES / BREST / SAINT BRIEUC / LORIENT


fa c e à fa c e

YAN NER WAG view recto... l’inter

Kostar Photos / Tangui Jossic pour

En invitant Étienne Daho sur le morceau The only one, pensez-vous mettre tout le monde d’accord sur le terrain du revival 80’s ? n Avec Bashung

et Gainsbourg, il fait partie des seuls chanteurs français que j’écoute. La rencontre tient du hasard. Je lui ai proposé, sans trop y croire, de participer à un titre de l’album. Il a dit oui. Un fantasme prenait alors corps. Je ne le considère pas comme un chanteur 80’s, mais comme un chanteur tout court.

Le plus beau compliment entendu sur l’album ? n Qu’il

est bien construit et cohérent.

Avec votre nom, le plus difficile n’est-il pas de se faire un prénom ? n Wagner, c’est

plus une sorte de mythe. Et puis, l’acteur Robert Wagner, il a bien réussi, non ?

Vous dites avoir écrit les paroles de l’album en buvant du vin rouge. Il était bon au moins ? n

Excellent même ! Arnaud Rebotini (producteur du disque, NDLR) est un amateur de vin. Il fréquente les petits cavistes et m’a fait découvrir des petits récoltants. Après, c’est une formule. Car lorsque je compose, je ne suis jamais bourré.

Hours. Votre album s’appelle Forty Eight Qu’êtes-vous capable de faire en s. 48 heures ? n Déjà, je dors 24 heure

eEt le reste du temps, je lis. Enfin, j’aim er rais lire si je ne me laissais pas happ ux. n par ces conneries de réseaux socia

Forty Eight Hours Chez Pschent. Disponible

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kosta r pa r l e m e nu

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© niark

Expo Du 14 novembre au 14 décembre 2012 à l’Antipode MJC, Rennes. Dans le cadre d’Avatars & Cie 2012, dont il signe le visuel. prints Séries limitées disponibles sur le site Sergeant Paper http://eshop.sergeantpaper.com/fr/ Blog http://blog.niark1.com site http://www.niark1.com facebook www.facebook.com/SebNiark1

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recto... n Yan Wagner / P3 le k de kostar n Mai Lan / P8 Guide me five n P10 objets du désir n P12 Ces chefs qui ne font pas de cinéma n / P14 business classe n Vincent Rivalin / P20 street where n par Keno / P22 TêteS de série n Métalobil / P24 n Gaëlle Héraut / P26 n Barreau & Charbonnet / P28 n Anaïs Allais Benbouali / P30 Sur son 31 n P31 dossier n Musique classique et musiques actuelles : le mariage impossible ? / P32 entretiens n Aurélien Bellanger / P36 Portefeuille n Daniel Dewar & Grégory Gicquel / P40 une ville ailleurs n Montréal par David Gauchard / P46 Le moi dernier n par Pierrick Sorin / P50 Guide Kostar n P53 / Expos, spectacles, soirées, festivals… à Angers, Nantes, Rennes et plus loin. recto... n Yan Wagner / P66


LA MOUETTE de Anton Tchekhov mise en scène Frédéric Bélier-Garcia avec Nicole Garcia Ophelia Kolb Agnès Pontier Brigitte Rouän Eric Berger Magne-Håvard Brekke Jan Hammenecker Michel Hermon Manuel Lelièvre Stéphane Roger

ANGERS Le Quai - 14 au 24 novembre Grand Théâtre - 14 au 18 février NANTES - Le Grand T 27 novembre au 5 décembre LA ROCHE-SUR-YON - Le Grand R Scène nationale de La Roche-sur-Yon 10 et 11 décembre SAINT-NAZAIRE - Le Fanal Scène nationale de Saint-Nazaire 13 et 14 décembre TOURS - Le Nouvel Olympia Centre dramatique régional 17 au 21 décembre LA ROCHELLE - La Coursive 15 et 16 janvier Nouveau Théâtre d’Angers - CDN Pays de la Loire Le Quai - forum des arts vivants Tél. 02 44 01 22 44 - Fax 02 44 01 22 55 contact@nta-angers.fr - www.nta-angers.fr

photo © Vincent Flouret

production Nouveau Théâtre d’Angers Centre Dramatique National Pays de la Loire


qui f ait quoi ?

KOSTAR est édité par Médias Côte Ouest, SARL de presse au capital de 30 794,70 euros Directeur de la publication n Patrick Thibault. coordination rédaction n Arnaud Bénureau. Graphisme et maquette n Damien Chauveau. CHEF DE PRODUCTION MEDIA n Céline Jacq. Développement n Marc Grinsell, Julien Coudreuse, Patrick Thibault. Publicité pub@kostar.fr SECRÉTAIREs DE RÉDACTION n Céline Jacq, Cécile You. COMPTABILITÉ n Bénédicte Da Costa. Rédaction redaction@kostar.fr Studio graphique damien@mcomedia.fr Merci à tous ceux qui ont participé à ce numéro. Rédacteurs n Arnaud Bénureau, Vincent Braud, Julien Coudreuse, Antonin Druart, Marie Groneau, Céline Jacq, Pierrick Sorin, Patrick Thibault. Photographes n Caroline Albain, Kristo Bornet pour Les Goûts et les Couleurs, Francis Guillard, Tangui Jossic, Keno, Patrice Laurent, Adeline Moreau, Yann Peucat, Lisa Roze, Pierrick Sorin. GRAPHISTES / Illustrateurs / plasticiens n Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Thibault Conan, Niark, Pierrick Sorin. Remerciements n Emile Nirlo, Galerie Loevenbruck, tous nos annonceurs.

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en couverture

© thibault expo Passages jusqu’au 21 décembre au La-Beau d’architecture, Nantes. site http://conan. thibault.free.fr/

Médias Côte Ouest, 2 ter rue des Olivettes, CS33221, 44032 NANTES CEDEX 1 n + 33 (0)2 40 47 74 75. ISSN : 1955-6764

Photographe pour la saison 2012/2013 :

Francis Guillard n «ALIAS « visuel extrait de l’exposition Mêle toi d’tes oignons n www.facebook.com/ Francis.Guillard K O S TA R

www.kostar.fr www.facebook.com/magazineKostar Tous droits de reproduction réservés. Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs. Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. n Abonnement annuel 30 euros.

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Imprimé en CEE n Dépôt légal à parution n © Kostar 2012

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Nos lecteurs et internautes sont informés que l’envoi à la rédaction, par leurs soins, de photographies représentant leur image et destinées à être publiées au sein de la rubrique « Sur son 31 », entraînent de facto leur acceptation : pour diffusion au sein du magazine « KOSTAR » édité par la société « Médias Côte Ouest », pour diffusion au sein des plateformes numériques « www.kostar. fr » et « www.facebook.com». Cette autorisation est valable sans limitation de durée. La rédaction s’engage en contrepartie à ce que les éventuels commentaires ou légendes accompagnant la reproduction ou la représentation de ces photographies ne portent en aucune façon atteinte à leur réputation ou à leur vie privée.


Un Noël tout en lumière !

Dans un nouveau décor lumineux, les enfants seront plongés dans une ambiance féérique avec le manège, la rencontre avec le père Noël et toujours le théâtre des marionnettes...

centre-beaulieu.com

NVOS

Et pour vous faciliter l’accès au centre, un accueil parking est prévu tous les mercredis et samedis de décembre.


un e p e r sonnalit é à la m o d e pa r l e d e m o d e

MAI LAN

« Ces actrices et leur petite robe de soirée à la con...» interview / Arnaud Bénureau

photo / Lisa Roze

Quel est votre rapport à la mode ? n J’aime m’habiller, me parer, me sentir belle. J’adore la mode. En plus d’être chanteuse, vous avez une marque de vêtements. Comment définiriezvous BEZEMYMAILAN en trois mots ? n Ethnique, moderne et sexy. Y a-t-il des ponts entre votre marque et votre musique ? n Dans la façon de faire, oui. BEZEMYMAILAN est un mixte de plein d’influences. Avec une amie russo-togolaise, on s’inspire des façons de travailler le vêtement à travers le monde. Ma musique est également un patchwork composé d’éléments qui collent bien entre eux. Un créateur préféré ? n Je suis fan d’Hussein Chalayan. J’aime bien les petits trucs techniques qu’il met dans ses collections, la façon dont il transforme les vêtements. Je trouve génial toute la recherche qu’il y a derrière le résultat final. Le comble du chic ? n Avoir l’air décontracté. C’est-à-dire trouver la bonne attitude, se sentir à l’aise tout en donnant l’impression que ce look n’est pas travaillé. Le comble du mauvais goût ? n Adopter un style farfelu. Qu’est-ce que ça veut dire être à la mode ? n Si c’est dire, je lis les magasines féminins pour me tenir au courant alors qu’à la lecture, on a déjà un train de retard ; je trouve ça relou. Je préfère avoir ma propre personnalité.

À qui voudriez-vous tailler un costard ? n Plein de gens. Mais, comme je n’aime pas faire de mal, je garde ça pour moi. Qui voudriez-vous relooker ? n Toutes ces actrices et leur petite robe de soirée à la con. Elles sont magnifiques et ne savent pas s’habiller. Quel dommage ! Et votre frère, Kim Chapiron, le relookeriezvous ? n Mon frère n’a pas de défauts. Qui voudriez-vous déshabiller : Schumacher, votre petit amoureux, Jim ? n Schumacher, car c’est l’histoire d’une fille super amoureuse et prête à tout pour son mec. Premier T-shirt acheté en concert ? n MC Solaar. J’étais en sixième. En tournée, que trouve-t-on dans votre valise ? n Un tambourin, ma tenue de concert, mon maquillage, mon pyjama, mon shampooing et mon après-shampooing. Justement, en parlant de pyjama, le dimanche, c’est pyjama party chez vous ? n Je suis contre le fait de mal s’habiller sous prétexte qu’il faut être à la cool le dimanche. En même temps, je vous dis ça, mais je ne l’applique pas à moi-même. Mais bon, dès fois, on a le droit de s’en foutre de son look. n

MAI LAN Avec son artwork ethnique l’affiliant d’emblée avec les frangines CocoRosie, le premier album de Mai Lan ne semblait pas plus engageant que cela. Et bien, les apparences sont trompeuses. Car ces onze morceaux, colorés essentiellement de pop, s’inscrivent dans la démarche sans prétention et cool d’une jeune chanteuse à l’aise dans ses baskets. n Le 6 décembre à Stereolux, Nantes. www.stereolux.org PA G E 0 8

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L RE E VE NA NT

ou 5 é v é n e m e nts in c ontou r na b l e s e n plus ou m oins 5 0 m ots

L VE ’AN RS NIAIR E

DR

C’est qui ? Ramona Cordova qu’on avait presque zappé. Pourtant, alors que la France se touchait le kiki en écoutant Devendra Banhart, il sortait en 2006 The Boy who floated freely. Depuis, aucune nouvelle de son folk nomade de toute beauté et jamais préfabriqué. Aujourd’hui, il est de retour et c’est tant mieux. C’est quand ? Le 30 novembre au VIP à Saint-Nazaire. n

L EN E R SCOC ÈN K E

DR

De qui ? Des soirées Modern qui fêtent leurs dix ans. Initiées par Arno Gonzales, elles ont branché Angers sur le courant électro. Paul Kalkbrenner, Oxia ou encore Nathan Fake y ont joué. Le public s’y est toujours amusé. Pour cet anniversaire, Agoria allumera la mèche avant qu’Arno Gonzales souffle sur les bougies. C’est quand ? Le 21 décembre au Chabada à Angers. n

Hein ? La dernière création de Bruno Geslin croise un texte de l’artiste allemande copine de Man Ray, Unica Zürn, et le folk des grands espaces des gamins de Coming Soon. Dark Spring est le récit brut de décoffrage d’une jeune fille en proie à l’intensité de ses désirs. C’est quand ? Le 20 décembre à La Passerelle de Saint-Brieuc. n

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L FR ES ÈR FA ES UX

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© Pêche aux gros/Frères Ripoulain

© Jason Somma

L IT- E BO

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C’est qui ? Daniel Linehan, jeune chorégraphe et performeur issu de la scène avant-gardiste newyorkaise, a décidé de mettre du rock, des films, de la poésie sonore dans la danse contemporaine. Montage et Not about everything, les 3 et 4 décembre. Zombie Aporia, le 5 décembre. C’est quand ? Les 3 et 4 décembre au TU-Nantes et le 5 décembre au Quatrain à Basse-Goulaine. n

C’est qui ? Les Frères Ripoulain. Après avoir fait danser le BTP lors de la Nuit Blanche 2012, David Renault et Mathieu Tremblin présentent DIY or Buy ou un foisonnement d’œuvres, de multiples outils à la frontière d’un design low-fi du bricolage amateur comme autant de produits dérivés d’un mode de vie. C’est quand ? Jusqu’au 12 décembre à la DMA Galerie à Rennes. n

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n é c e ssai r e s a c c e ssoi r e s

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leur Il s’adresse à ceux qui souhaitent profiter de te encein une sur iTunes ale music bibliothèque de qualité, sans fil. Le AirSpeaker se personnalise au travers de deux finitions associées à une dizaine de façades supérieures de couleur. n Prix public : 649€ www.loewe.tv/fr

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Le créateur belge Kris Van Assche, D.A. de Dior Homme, réinterprète les codes d’Eastpack. La ligne Eastpack Krisvanassche se compose de de sacs à dos, de besaces, d’un shopper et deux valises. Deux modèles réalisés entièrement de en cuir soulignent la perception sophistiquée la collection. n stpack.com Prix public : de 55€ à 225€. www.ea

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un c uisini e r su r l e g r ill

Ces chefs qui ne font pas de cinéma

interviews / vincent braud photos / Kristo Bornet pour le gout et les couleurs

Ils ne se prennent pas pour des stars. Et ne rêvent pas forcément d’étoiles. Pourtant les voilà sur le podium 2013 des Tables de Nantes (*). Incarnant (malgré eux ?) le renouveau d’une cuisine qui se cherchait une identité. À défaut de faire du cinéma, ils se sont prêtés au jeu : qu’évoquent, pour eux, ces films qui parlent de cuisine ou de goût, de gastronomie ou de bouffe ? Ludovic Pouzelgues, Christophe François et Nicolas Guiet se mettent à table. (*) L’édition 2013 des Tables de Nantes vient de sortir. À l’initiative du Voyage à Nantes et d’InterLoire, il offre une sélection de 97 restaurants à Nantes et dans sa région.

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Ludovic Pouzelgues Lulu Rouget

« Salé sucré, c’est un peu mon identité... » Le Grand Restaurant n Ça me fait tout de suite penser aux étoiles. Ce n’est pas une question de taille, c’est une grande table. Je ne suis pas sûr qu’il y en ait encore beaucoup à l’avenir. Il s’agissait souvent d’entreprises familiales. On assiste à une période de transition… Quant aux étoiles du grand restaurant, ce n’est pas forcément un rêve. Le Goût des autres n Le goût des autres, ce n’est pas le mien. Donc je compose. À la fois des choses dont je sais qu’elles seront appréciées, comme un chèvre travaillé avec du poisson fumé et des légumes plein de goût et de couleur, et puis des choses que j’aime faire découvrir, comme ce bœuf snacké avec du gingembre, des moules et une sauce câpres-anchois… La Grande Bouffe n Ça évoque l’opulence, un côté rabelaisien… Pas trop mon truc.

L’aile ou la cuisse n Pour moi, le titre n’évoque pas forcément une volaille. Il y a là quelque chose de grivois, de malicieux. Perso, c’est plutôt la cuisse. Cela dit, c’est un film que j’adore. C’était une charge contre la cuisine industrielle, non ? De ce point de vue, un plaidoyer pour ce qu’on essaie de faire. Salé sucré n C’est un peu mon identité. Le sucré, ce n’est pas du sucre ajouté, c’est le sucre naturel des fruits ou des légumes. Pour les lames de Saint-Pierre à la mangue et au chorizo, je ne vais pas “bricoler” la mangue… Elle doit parler toute seule. Le Chocolat n Le chocolat, pour moi, c’est bien sûr quelque chose de gourmand mais aussi de sexy. Ce n’est pas un truc lourd. Je le vois davantage dans les dernières séquences d’un menu. Avec un pigeon, par exemple, le cacao, ça le fait ! n PA G E 0 1 5

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Histoires de premiers

1er jour en cuisine : 18 septembre 2000 au Château de Noirieux, près d’Angers. 1ère création : je ne suis pas un créateur, je suis un interprète. 1er vin : souvenir ému d’un Château Guiraud 1968, un Sauternes 1er cru, chez des amis dans la Sarthe. n Lulu Rouget, 1 rue du Cheval blanc à Nantes. 02 40 47 47 98

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Christophe

François Les Chants d’avril

«Une cuisine faite avec son cœur, ses mains, ses tripes...» Le Grand Restaurant n Le grand restaurant, ce fut un dîner avec Véronique (ndlr son épouse) au George V. On avait dû réunir nos économies. C’est à la fois très classe et un incroyable souci du détail. On est reparti, chacun, avec un ballotin de mignardises. Et chacun avait précisément celles qu’il avait dégusté avant le café. Du grand art. Le Goût des autres n Pour moi, il n’y a pas de cuisine sans beaucoup d’humanité. La cuisine,

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La boutique vous accueille du mardi au samedi de 11h00 à 18h00 sauf jours fériés. Fermeture à 19h00 en décembre et ouverture exceptionnelle le dimanche 23 décembre de 14h00 à 19h00. Zone Industrielle - Bd des Bretonnières - 49124 St Barthélemy d’Anjou - Tél. : 33(0) 2 41 31 50 50 - www.cointreau.fr PA G E 0 1 6

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c’est une histoire de rencontres. Un produit ou un vin, j’ai besoin de connaître celui qui l’a fait. Ensuite, on fait partager ce qu’on a trouvé. La Grande Bouffe n Ça évoque une fête avec des gens que j’aime bien. De temps en temps, on se fait une grande tablée avec des potes. Avec des terrines, des plats de famille et quelques bonnes bouteilles. L’aile ou la cuisse n Ce n’est pas mon film préféré de De Funès. Je ne sais pas combien de fois j’ai pu regarder Ni vu ni connu. Pour le reste, je suis moi aussi un défenseur d’une cuisine faite avec son cœur, ses mains et ses tripes. Salé sucré n Je suis d’abord salé. Un prof caractériel a failli me fâcher avec les desserts lorsque j’étudiais à Vatel. Je fais une pâtisserie de cuisinier comme le mille-feuilles ou les clafoutis. Pour le salé, j’aime beaucoup croiser les produits de la terre et de la mer, associer le poulet et les bulots, par exemple. Je me suis aussi amusé à proposer une formule “le cochon est dans les fraises”. Le Chocolat n Noir, le chocolat, forcément. C’est quelque chose de tendre et de réconfortant. Pas en grande quantité mais de bonne qualité. On peut l’associer au salé, comme je le fais avec du poulet ou du cabillaud.

Histoires de premiers

1er jour en cuisine : au printemps 1995 cher Cazaudehore à Saint-Germain-en-Laye 1ère création : Mignon de veau et lotte, avec un jus d’huîtres et une purée à l’anis. 1er vin : un Saint-Nicolas de Bourgueil, découvert avec mon grand-père chez un de ses copains. n Les Chants d’avril, 2 rue Laënnec à Nantes. 02 40 89 34 76 www.lescahntsdavril.fr

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Nicolas Guiet

L’U.ni

« Je n’ai pas ouvert un restaurant...» Le Grand Restaurant n C’est une caricature d’un monde dépassé, un côté has been pour moi. En fait, je n’ai pas ouvert un restaurant, j’ai ouvert une maison. On y vient pour bien manger bien sûr, mais aussi pour passer un bon moment. Le Goût des autres n Ma cuisine, je la qualifie parfois de rassurante car on y retrouve des produits familiers, et de surprenante car j’y apporte, par une association ou un assaisonnement, une touche inattendue. Je ne suis pas là pour faire partager ou manger une technique. J’ai envie de faire partager une émotion. La Grande Bouffe n Soit c’est une bouffe entre potes et là, c’est convivial. Sinon il y a, pour moi, un côté mal-bouffe sans notion de plaisir. L’aile ou la cuisse n Les deux, mon capitaine ! Et, pour ce qui est de la volaille, on est verni dans la région. C’est notre péché

Guide 2012

Les Huîtres e Vendée Atlantiqu font recette

mignon du dimanche midi, le poulet-frites avec toute l’équipe. Ce qui me permet de redire que, dans ce métier, la réussite est toujours collective. Il y a eu, sans doute, une génération de chefs qui a dégoûté pas mal d’apprentis cuisiniers… Le plaisir, on le partage avec le client mais aussi avec une équipe. Salé sucré n C’est indissociable. Il n’y a pas de sucré sans salé. Je suis cuisinier, donc je fais une pâtisserie de cuisinier. Même si, quand j’étais enfant, je faisais des gâteaux et des desserts pour la famille, puis les voisins… Aujourd’hui, je m’amuse à mettre, par exemple, du butternut ou du piment d’Espelette dans les desserts. Le Chocolat n C’est une force, un équilibre et une gourmandise. Je ne suis pas un grand fan de chocolat mais c’est génial pour apporter de l’amertume et de la puissance à un plat. n

Histoires de premiers

1er jour : au printemps 1998, à Sainte-Anne-laPalud 1ère création : une charlotte aux fraises quand j’étais môme 1er vin : une bouteille de la cave de Lise et Bertrand Jousset, à Montlouis-sur-Loire. n L’U.ni, 36 rue Fouré à Nantes. 02 40 75 73 05

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un e e nt r e p r is e , un e saga , un e histoi r e

VINCENT RIVALIN Quel pied ! Texte / Arnaud Bénureau

photo / Patrice Laurent pour Kostar

Depuis près de 90 ans, Rivalin fait dans le sabot et la charentaise. Rencontre avec Vincent, co-gérant avec sa maman d’une entreprise familiale installée à Quimper depuis quatre générations.

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On nous aurait menti. La charentaise ne se fabrique pas uniquement en Charente ? Non et Rivalin le prouve depuis 1925. Enfin presque ! « À la fin de la Première Guerre mondiale, mon grand-père, Émile Tréhout, achète la boutique d’un petit marchand de chaussures, nous explique son petit-fils, la trentaine et déjà patron. Il a fait du sabot et de la galoche, une sorte de paire de Doc ancienne génération ». La charentaise s’invite

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un e e nt r e p r is e , un e saga , un e histoi r e

1er septembre 2001 Entrée à la société Rivalin. 12 septembre 2003 Décès de son grand-père, Paul Rivalin. « Il m’appris énormément sur la vie et le monde du travail ». 25 août 2008 Mariage avec sa femme Camille. 1er avril 2011 Co-gérance de la société Rivalin. Décembre 2012 Arrivée de son premier enfant.

dans l’atelier de chez Rivalin à cette époquelà. « À cinquante mètres de l’entreprise, un marchand de charentaises est en dépôt de bilan. Mon grand-père rachète la boutique ». n Aujourd’hui, ils ne sont plus que quatre en France à fabriquer la fameuse pantoufle. Les trois autres entreprises sont, bien évidemment, implantées en Charente. Rivalin en écoule 100 000 paires par an, avec une technique de fabrication similaire à Repetto. Certaines foulent même le sol américain, canadien ou suisse. Le charme du made in France ne laisse pas insensible. n Rivalin, c’est dix personnes. « Dont sept salariés. Mais j’ai du mal à les appeler ainsi tant nous sommes une grande famille. » En effet, tous sont là depuis longtemps. « Je commence à réfléchir à la relève. » n Mais avant ça, comment un jeune homme, Dj à ses heures et fan de reggae (plus de 3 000 vinyles à la maison), se lance dans cette drôle d’aventure ? « Mon père, dont j’ai pris la relève, n’arrêtait pas de me dire que j’allais m’emmerder avec ça, que j’allais galérer à former du personnel et que

j’allais passer mes week-ends à réparer les machines. » n Car même si Rivalin est « viable et rentable », elle se situe entre l’artisanat et l’industrie. « La capacité de production est limitée. Tout ce qui est fabriqué part au cul du camion le soir. » n À la tête de la société depuis 2011, Vincent a passé la deuxième. « Avant, c’était vivons heureux, vivons cachés. » Désormais, Rivalin est sur les réseaux sociaux et s’est tourné vers le e-commerce. Et le co-gérant de donner un coup de jeune à ses charentaises. « Je veux donner envie aux trentenaires d’en porter. Car c’est vrai que l’image de la charentaise n’est pas très glamour. » n La courbe de la mode et des tendances étant sinusoïdale, il ne serait pas surprenant que Rivalin s’incruste, un jour où l’autre, sur les podiums. « Il y a un an, on a réussi à avoir un vrai tissu Chanel. On en a fait des charentaises. J’ai reçu un mail et on m’a tiré les oreilles. C’était de la contrefaçon. Mais il y a peu, grâce à Armor lux, une paire de chaussons est partie chez Chanel. » n www.rivalin.fr

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G A L ER I E DE P O R T R A I T S

MÉTALOBIL En pleine forme Texte / Arnaud Bénureau

photo / Tangui Jossic pour Kostar

Derrière Le Nid, l’immeuble Manny, la station Jean Prouvé ou encore le Gyrorama du lieu unique se cache Métalobil, société nantaise créatrice et conceptrice de formes, gérée par l’artiste-plasticien Freddy Bernard et l’architecte Matthieu Lebot. Rendez-vous avait été pris au Blockhaus DY10, cœur historique de cette « boîte qui fait du sur-mesure compliqué. » Pour autant, l’histoire ne commence pas là. « C’est l’histoire de deux étudiants qui se rencontrent en buvant des coups ». Nous sommes au milieu des années 90. Freddy Bernard est aux Beaux-Arts. Matthieu Lebot, en archi. n Aujourd’hui, les voilà chefs d’entreprise. « Quand tu ne l’es pas au départ, tu ne le deviens jamais », explique Freddy. Malgré tout, leur « boutique » tourne à plein régime. Et dire qu’à l’heure des remerciements, il ne faudra pas blacklister Leroy Merlin. « Lorsque j’ai aidé Matthieu à monter son installation pour son diplôme sur le second œuvre, on a vidé Leroy Merlin. Le mec du rayon peinture-finition-décoration nous a ensuite rappelés pour qu’on lui fasse la signalétique de son rayon. On a trouvé des solutions intelligentes. On a même poussé le délire assez loin. C’est là que nous avons créé Concept Plastique ». Car oui, avant Métalobil, il y eu Concept Plastique. Mais c’est encore une autre histoire qui se poursuit depuis 2004 avec cette agence PA G E 0 2 5

de design, de scénographie, de mobilier et d’ingénierie graphique. Un boulot d’artisans. « De vrais artisans. L’artisan est devenu le poseur d’un système mis au point par un groupe industriel. Quand on nous pose une question, on répond avec notre savoir-faire. Il y a une prise de risques et de l’expérimentation. » n Pour seul exemple de cette prise de risque, Le Nid. « On signe le chantier le 15 février. On le livre le 15 juin. » Et dire que le point de départ du sommet du Voyage à Nantes est un simple dessin de Jean Jullien. Les deux Vendéens d’origine ne sont toujours « pas préparés à gérer une entreprise », mais Bernard et Lebot continuent de « faire des formes avec ce que cela implique comme savoir-faire, comme culture. » Car le cœur du métier, c’est bien ça : la forme. « Cette question, poursuit Freddy Bernard, j’y pense tous les jours depuis l’âge de 15 ans. C’est quoi une forme ? » Métalobil a la réponse. Il suffit pour cela d’ouvrir grand les yeux sur leur travail. n www.metalobil.fr

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G A L ER I E DE P O R T R A I T S

GAËLLE HÉRAUT Drôle de dame Texte / Arnaud Bénureau

photo / Yann Peucat pour Kostar

Ancienne élève du TNB, la metteur en scène Gaëlle Héraut s’apprête à relever le défi d’adapter Les Chroniques du grand mouvement, sept pièces écrites par Marine Auriol. La Coopérative Nantes/Rennes

Zig et More inaugure cette fabrique active de création contemporaine initiée par le TUNantes et La Paillette. L’ambition de cette coopérative est de soutenir et d’accompagner des metteurs en scène et des compagnies sur plusieurs saisons : Gaëlle Héraut donc, Marilyn Leray et Marc Tsypkine de Kerblay, Le Groupe Vertigo et L’Atelier Dixpardix. n PA G E 0 2 6

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La première fois, on n’a rien compris. Elle commençait une phrase, s’arrêtait, développait une autre idée… À sa décharge, cette première rencontre avait lieu dans le cadre jamais très glam d’une conférence de presse. Gaëlle Héraut nous avait intrigués. n Le lendemain, en tête-à-tête, tout s’est éclairci. « Je suis bordélique, pas claire, mais je ne suis pas folle. » Aucun doute là-dessus. n À une époque où le tweet se présente comme le maître étalon de la pensée, la bio doit être express. Alors ça sera pêle-mêle, un bac A3, des stages de théâtre l’été, un désir de se frotter in situ au théâtre allemand, un solo du Cercle des Menteurs, monté avec la complicité de l’auteur Jean-Claude Carrière et joué en festival, dans une salle des fêtes ou encore dans une chapelle, et l’école du TNB où elle a tout pris. « Il fallait éprouver, encore et encore, les choses. Rien de ce qui me constitue aujourd’hui ne vient du TNB. Ce n’est qu’après, qu’on affine son théâtre. » n Aujourd’hui, il est incarné par Zig et More, premier chapitre des saison 0 7 / N U MÉR O 3 3

Chroniques du grand mouvement ou le faceà-face, s’étirant sur plusieurs années, entre un jeune soldat tenant en joue un gamin de huit ans. n Même si elle n’est pas la seule, Les Harmonies Werckmeister, hit pour cinéphiles hardcore signé Bela Tarr, est une influence revendiquée. « Ça m’a permis de montrer aux acteurs dans quelle direction je voulais aller sans utiliser de mots idiots », explique celle qui ne se définit « pas du tout comme féministe », mais reconnaît que « ce n’est pas simple d’être à la fois une jeune femme, une comédienne et une metteur en scène. Devant les producteurs, j’arrive avec autant de doutes que de certitudes. J’essaie d’avoir l’air plus solide, mais ça me rattrape vite. Je n’arrive pas à faire semblant. » Là, Gaëlle Héraut la comédienne ne joue pas. Quant à la metteur en scène, elle pose ses tripes sur le plateau. n Zig et More, du 15 au 17 novembre, Le Quartz, Brest. www.lequartz.com du 21 au 24 novembre, TNB, Rennes. www.t-n-b.fr du 26 au 29 mars, TU-Nantes. www.tunantes.fr

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G A L ER I E DE P O R T R A I T S

BARREAU & CHARBONNET Le jour d’après Texte / Antonin Druart

photo / Caroline Albain

Les designers et plasticiens Nicolas Barreau et Jules Charbonnet, qui ont constitué leur double-messieurs à l’École de design Nantes Atlantique, révèlent leur(s) vision(s) des fondations du futur. le village aérien

Pour Le Triangle à Rennes, Barreau et Charbonnet interrogent la densité de la ville de demain et se demandent quelle pourrait être la réponse au manque d’espace. En collaboration avec les habitants du quartier, le projet explore le principe d’une architecture mobile et en lévitation. n Résidence du 15 novembre au 21 décembre. Exposition du 21 décembre au 15 février. www.letriangle.org PA G E 0 2 8

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Nous sommes le 22 décembre 2012. La fin du monde n’a pas eu lieu. n Le trou noir qui est entré en collision avec la Terre n’a pas eu raison de l’humanité, qui subsiste grâce à l’imagination et aux talents conjugués de Nicolas Barreau et Jules Charbonnet. La présentation au Triangle, la veille, d’une maquette géante d’un village aérien suspendu à six mètres de haut a su délivrer la solution pour la survie de l’espèce. Les sauveurs de la planète viendraient de la ville de Nantes, et leur alliance aurait été effective peu après leur rencontre à l’École de design Nantes Atlantique. Puis c’est en Chine qu’ils partent parfaire leur art : « C’est là-bas que nous avons pris confiance en nous en termes de management de projet et d’équipe, et sur notre rapport à la diffusion. » Car nos deux visionnaires sont des touche-à-tout. « Nous préférons une attitude polycompétente à une spécialisation pour un domaine particulier. Ainsi notre activité principale repose sur la conception et parfois la fabrication de saison 0 7 / N U MÉR O 3 3

scénographies événementielles, de mobiliers de petite série, de muséographie. Nous menons également des travaux d’investigations sur la ville de demain à travers des installations, sculptures, travaux photographiques et dispositifs plastiques. » n Décloisonner, redéfinir la mobilité, repenser le tissu urbain, rendre sa place à l’humain, à la nature, sont autant de problématiques liées à leurs nombreux travaux. « Il est important d’avoir une attitude “naïve’’ pour voir l’utopie comme potentiellement réalisable. » n Hippies postmodernes ? Utopistes cycliques ? Peut-être, mais pas que. Les inventeurs du Volet végétal et du Métro.nome comme moyen de transport, qui viennent tout de même d’achever la construction de leurs bureaux dans une ferme en friche au milieu d’un champ de vaches, sont avant tout des passeurs, des penseurs et des panseurs de cette société surproductive qui a bien failli s’éteindre hier. Future is written. n www.barreaucharbonnet.com

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ANAÏS ALLAIS BENBOUALI Confessions intimes Texte / Arnaud Bénureau

photo / Adeline Moreau pour Kostar

À même pas 30 ans, la Nantaise Anaïs Allais Benbouali interroge avec Lubna Cadiot (x7) la petite et la grande histoire, les femmes de sa famille et celles fantasmées, entre l’Algérie et ici. Pendant longtemps, Anaïs Allais Benbouali a voulu faire du journalisme. Mais les jeux étaient déjà faits. « À la maison, on avait un petit théâtre. J’ai eu du mal à me dire que je pouvais en faire mon métier. Est-ce que j’allais manger avec ça ? » Après le Conservatoire de Nantes et l’École supérieure des arts à Bruxelles, Anaïs est aujourd’hui intermittente depuis peu. Pourtant, sa rencontre avec Lubna Cadiot (x7) remonte à plus loin. « J’ai commencé à écrire, il y a trois ans. J’avais envie d’une carte d’identité artistique ». n À sa naissance, Anaïs Allais Benbouali a signé un contrat : « ne jamais mettre les pieds en Algérie », pays de sa mère qu’elle a quitté pour la France. « J’ai imaginé des histoires de fous avec des terroristes dedans. Alors que non, c’est plus simple. » Pas tant que ça malgré tout. n La pièce – monologue intérieur suivant sept femmes, algériennes et françaises, des années 50 à nos jours – se dessine autour de sa grande cousine Hassiba Benbouali, « poseuse de bombes pour le FLN pendant la bataille d’Alger », incarnée, comme les autres femmes, par Fanny Touron, complice de longue date et « blonde PA G E 0 3 0

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aux yeux bleus. C’est encore mieux pour ce projet » qui aurait pu se révéler lourd à porter. « Je ne suis pas une spécialiste de l’Algérie. Je suis d’une génération qui n’a pas vécu ces histoires. Je peux en parler et les sublimer. » Afin qu’elles nourrissent sa réflexion. « Comment, adolescent, tu t’engages pour mourir à 19 ans pour cette cause ? Je me pose des questions sur mon engagement. » Cette première pièce n’est qu’une étape. « J’ai les boules pour la suite. Cet été, j’ai écrit Là où ça devient la peine. Mais je n’éprouvais pas la même nécessité que pour Lubna. J’ai rencontré une scénographe syrienne qui vient d’arriver en France. Elle donne naissance à ce texte. Je vais parler des printemps arabes. Je trouve passionnant et flippant de réfléchir sur l’ici et maintenant. » Et demain, il faudra, à coup sûr, compter avec cette « petite nénette », comme elle se définit aujourd’hui. n Lubna Cadiot (x7), du 26 au 30 novembre, Le Grand T, Nantes. www.legrandt.fr Le 23 février, Espace Cœur en Scène, Rouans. www.coeurpaysderetz.fr Le 12 mars, La Paillette, Rennes.www.la-paillette.net

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Musique classique et musiques actuelles : le mariage impossible ? Texte Julien Coudreuse

Photo Yann Peucat pour KOSTAR

La musique classique et les musiques actuelles peuvent-elles se fondre l’une dans l’autre jusqu’à former une nouvelle esthétique aux contours non encore déterminés ? Telle est la question que nous avons souhaité creuser, alors que sera présentée à l’Opéra de Rennes début décembre la création d’Olivier Mellano, How we tried a new combination of notes to show the invisible or even the embrace of eternity.

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Olivier Mellano (au centre), avec Arm, Benjamin Ledauphin, Cédric Moutier, et trois musiciens de l’Orchestre Symphonique de Bretagne. PA G E 0 3 3

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Pink Iced Club © Richard Dumas

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How we tried a new combination of notes to show the invisible or even the embrace of eternity par Olivier Mellano Compositeur et musicien à l’ouverture d’esprit exemplaire, Olivier Mellano n’a pas attendu 2012 pour tomber les œillères et sauter d’un genre musical et artistique à l’autre. Suite à la présentation live de sa Chair des Anges en 2008, projet qui mêlait déjà esthétiques rock (guitares électriques) et classique (participaient notamment à ce projet le Quatuor Debussy, et, déjà, la soprano Valérie Gabail), Jean-Marc Bador, alors directeur de l’Orchestre Symphonique de Bretagne, lui propose de pousser l’expérience un peu plus loin et lui commande une pièce en forme de carte blanche. Quatre ans de travail acharné plus tard, Olivier Mellano

présente, en création mondiale dans le cadre des Trans Musicales, ce projet pharaonique aux ramifications multiples. Triptyque symphonique (1), électrique (2) et électronique (3), How we tried… est à la fois une création scénique en trois volets, interprétation d’une même œuvre composée par ses soins, dans trois esthétiques contrastées, poussées à l’extrême ; un triple album (sortie le 6 novembre chez Naïve Classique) ; et un DVD, comprenant notamment une fiction réalisée par la cinéaste lituanienne Alanté Kavaïté. n Les 7, 8 et 9 décembre à l’Opéra de Rennes, dans le cadre des 34èmes Rencontres Trans Musicales. www.lestrans.com / www.oliviermellano.com www.lastationservice.org

(1) Version symphonique : How we tried a new combination of notes... Orchestre symphonique de Bretagne. Jean-Michaël Lavoie : direction. Valérie Gabail : soprano (2) Version électrique : How we tried a new combination of noise... Olivier Mellano Pink Iced Club (Régis Boulard, Thomas Poli, Florian Marzano, Stéphane Fromentin, Benjamin Le Dauphin, Florian Mha, Cédric Moutier, Erwan Lemoigne, Pascal Ferrari, Ghislain Fracapane, Thomas Lecorre) : ensemble de 12 guitares électriques Simon Huw Jones (…And also the Trees) : voix (3) Version électronique : How we tried a new combination of one/o... Mc Dälek, Black Sifichi, Arm (featuring) : voix. Didier Martin : lumières. Taprik, Dan Ramaën : vidéos PA G E 0 3 4

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Cette approche polymorphe d’une même partition nous a posé la question de la possibilité de croiser des styles si différents. Une gageure qui semble impossible à relever, selon les avis convergents d’Olivier Mellano et de Gaétan Naël, qui creuse l’hypothèse depuis plusieurs années en sa qualité de directeur artistique du festival Cultures Electroni[k].

Olivier Mellano

Gaétan Naël

Comment se compose le versant live du projet ? n Tous les soirs, les trois versions – symphonique, électrique, électronique – seront jouées. Il s’agit à chaque fois de la même pièce, avec la même structure, les mêmes textes, mais dans des esthétiques très différentes. L’idée est vraiment de ne pas mélanger les styles, mais de pousser chacun à l’extrême, et de montrer que ces esthétiques sont aussi importantes et exigeantes les unes que les autres. Quels sont les autres volets de ce projet ? n Outre le triple album comprenant les trois versions, nous éditons un DVD. Avec notamment une fiction qui va sortir en salle, à l’univers proche de Ken Russel, de Matthew Barney, voire de David Lynch, réalisée par la cinéaste lituanienne Alanté Kavaïté.

Depuis 2006, le festival Cultures Electroni[k] étudie les rapprochements possibles entre musique électronique et musique classique. Comment a germé cette idée ? n Nous voulions faire se côtoyer des musiciens de formation classique, qui donc savent lire des partitions, et des gens plus autodidactes, qui font de la musique essentiellement assistée par ordinateur. Il y eut un premier projet, The Folder Factory, qui réunissait deux musiciens rennais (Pyjaman et Morgan Daguenet) et des élèves du Conservatoire de Rennes. À l’époque, nous avions demandé à ces autodidactes de composer une musique qui avait ensuite été retranscrite en partition par un enseignant du Conservatoire. La confrontation a été violente, nous nous sommes rendus compte que ça ne marchait pas forcément.

Malgré ce partiel constat d’échec, vous avez persévéré… n Pour le deuxième projet, nous avons utilisé des répertoires existants. Nous avons choisi un compositeur, Pascal Dusapin, joué par le Trio Élégiaque. En face, nous avons mis un musicien électronique, Christian Fennesz. Cette fois, l’idée était de donner à entendre ce qu’est un remix. Fennesz était dans un lieu, il récupérait les Avez-vous essayé de mélanger les bandes des instruments utilisés en même temps dans un trois versions ? n Nous travaillons sur des verautre lieu, et remixait le tout en direct. Le public choisissait sions alternatives, en mettant le chant classique sur d’aller dans un des deux lieux, et à la fin du concert, on la version électro, les rappeurs sur la version élecpermutait. Pour que chacun voit le live, et son traitement trique… Tout ça sera mis en ligne après la sortie du électronique. disque. Au final, il y aura neuf versions, avec tous les croisements possibles. Après quoi vous avez lancé le cycle des Nuits Américaines. Quel bilan en tirez-vous ? n Nous avons imaginé ce Avez-vous un exemple de mariage probant projet d’association de musique électronique et d’œuvres du entre musique classique et musiques acrépertoire en nous concentrant sur les musiciens minimalistes tuelles ? n Je n’ai pas d’exemple réussi de américains, qui ont beaucoup influencé les musiciens électroce type de mélange. Dans ce que j’ai pu en niques. Même si les deux univers se sont apprivoisés, au final, il entendre, l’aspect classique sonne variété et n’y a pas eu de véritable intervention d’un musicien électronique l’aspect rock/pop/rap sonne kitsch. Dans le sur une œuvre. Qu’il s’agisse d’Arandel ou de Murcof, le traiteprojet How we tried…, je ne mélange pas vrai- ment électronique s’est limité aux arrangements, à la texture de ment, il s’agit de creuser l’identité de chaque la musique jouée. style et éventuellement de les faire se télescoper. Toutefois, certains artistes échappent Quel artiste à vos yeux s’est le plus approché du mix parfait avec panache à ces cases. Je pourrais citer entre musique classique et musique électronique ? n Francesco Moondog, Steve Reich, Sunn O))), Scott Tristano peut-être, du trio Aufgang. Il a une solide formation clasWalker, Amon Tobin, Pansonic, Our Slee- sique, et la dynamite avec son groupe ou en solo, par exemple en pless Forest, Arto Lindsay et bien d’autres interprétant au piano des classiques techno. Il en a d’ailleurs fait un encore... n album, Not for Piano. n PA G E 0 3 5

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AURÉLIEN BELLANGER « Je rêvais d’un succès » Interview / Arnaud Bénureau

photo / Adeline Moreau pour Kostar

Aurélien Bellanger, la petite trentaine, est passé par Laval, rapidement, la Normandie, Nantes, la grande banlieue parisienne et l’Ille-et-Vilaine. Aujourd’hui Parisien, l’auteur de La Théorie de l’information, fresque techno autour d’un avatar de Xavier Niel, est le it-boy de la littérature française. Quand rencontrez-vous le monde des livres ? n Très jeune. J’ai lu beaucoup et pour la frime. À dix ans, j’avais lu tout Jules Verne. Je ne suis pas sûr d’avoir tout compris. Mais je l’avais fait. Aujourd’hui, lorsque je dis que je relis tout Stendhal, ça fait toujours un peu snob. Mais c’est vrai et complètement débile. La première fois, j’ai complètement foiré ma lecture. Depuis toujours, le vrai enjeu, c’est la littérature. Cela passe par des études littéraires… n À Nantes, du coup. Au lycée de La Perverie. Il n’y avait pas d’enjeu de concours. C’était une prépa qui n’était clairement pas au niveau des grandes prépas. J’en garde un excellent souvenir. Ce sont deux années amusantes et de glande totale. Quelques années plus tard, vous abandonnez une thèse de philosophie consacrée à la métaphysique des individus possibles… n J’étais libraire et j’ai voulu reprendre la philo. Ça n’a pas été facile. Je m’étais fixé des objectifs forts. J’ai été un peu nul. PA G E 0 3 7

En tant que libraire, met-on ses fantasmes d’écrivain de côté ? n Pour cette raison, j’étais mauvais. Je n’étais pas bienveillant avec les bouquins des autres. Malgré tout, ce n’est pas désagréable de voir que les livres, finalement, ce n’est pas grandchose. Ils s’accumulent et restent invendus. Je savais que ça allait être dur. Être édité n’allait être que le premier pas. À quel moment la bascule s’opère-t-elle ? n À l’exception de ces deux années où j’ai voulu faire de la philo, j’ai voulu ne rien faire d’autre qu’écrire. Malheureusement, j’étais paresseux. Pourtant, vous franchissez le pas avec l’essai Houellebecq, écrivain romantique ? n Dès le début, j’ai su que j’allais le faire en entier. C’était sérieux. Pourquoi cette envie d’écrire sur Michel Houellebecq ? n L’enjeu était moins flagrant qu’aujourd’hui. Pour beaucoup, il n’était pas un écrivain. Il écrivait mal. Ça m’agaçait car je connaissais bien son œuvre. S’il y a bien un

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sujet sur lequel je sais que je suis compétent, c’est bien celui-là. Aujourd’hui, on vous qualifie de nouveau Houellebecq… n Je n’essaie pas de le pasticher. Je n’avais pas cette veine réaliste. Je m’intéressais à moi et mes sentiments. Ce n’est que très récemment que je me suis dit que j’allais faire un roman réaliste, car je me passionne pour plein de choses.

« Je connais plein de choses dans plein de domaines, mais je ne suis calé dans aucun. » Cette faculté de vous passionner pour plein de choses fait-elle de vous un écrivain geek ? n Si être geek désigne l’aptitude mentale pour la curiosité, je le suis. Si cela désigne la focalisation sur les nouvelles technologies, la fantasy et les jeux vidéo, je ne le suis pas. Ça fait de moi un type superficiel. Je connais plein de choses dans plein de domaines, mais je ne suis calé dans aucun. Pour la première fois, avec La Théorie de l’information, j’ai l’impression d’être à la hauteur de ce désir de tout connaître. Quand décidez-vous d’écrire La Théorie de l’information ? n J’en ai marre de la librairie. Je fais une offre de départ un peu négociée pour toucher le chômage. Les deux premiers mois sont atroces. Je ne fais rien. Je me couche tard et je me lève tard. Je joue à Call of Duty. C’est déprimant. Heureusement, en décembre 2010, j’ai l’idée de La Théorie de l’information. Comment vient-elle ? n D’une façon complètement conne. Je lisais La Comédie humaine de Balzac. Je voulais lire tout dans l’ordre. Du coup, un ami m’a dit d’écrire un roman balzacien. Tout Balzac, relire Stendhal… Vous aimez les défis… n C’était surtout de la provocation. À la librairie, je ne lisais pas la rentrée littéraire, mais des trucs sérieux. Ne seriez-vous pas un peu snob ? n C’est un vrai défaut, mais c’est formateur. Ça permet de se forcer un peu. Si ce n’était pas valorisé socialement de lire Madame Bovary à 14 ans, on ne le lirait pas et on passerait à côté de quelque chose. C’est aussi une façon de rêver la réalité. Bêtement, j’avais encore le mythe de l’écrivain inspiré. Je ne PA G E 0 3 8

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m’étais pas dit que c’était avant tout du travail. Je venais de lire des choses sur Xavier Niel. Je savais que le type avait un côté selfmade-man. Les deux se sont raccordés. Pourquoi avoir articulé votre livre en alternant ces parties théoriques à des parties narratives ? n Je tenais à ces parties. Je ne savais pas comment faire et j’ai trouvé cette solution. Beaucoup de gens sautent ces pages. Ce n’est pas un mauvais compromis. Ces passages sont courts. Ils ralentissent peut-être la lecture. Aujourd’hui, je ne le referais pas ainsi. Qu’est-ce qui ne vous plaît pas ? n Le coup des deux récits qui se croisent. L’idée de la théorie dans le roman, je tiens ça de Houellebecq. Il avait dit que Balzac détendait beaucoup les romanciers, car il montre qu’ils ont tous les droits. Objectivement, si on prend Les Illusions perdues, le chef-d’œuvre de Balzac, il y a de la théorie, des digressions. Et pourtant, ça tient debout. Comment avez-vous vécu le buzz autour de votre livre ? n Mon bouquin était dur. Je le savais. D’une façon très utopique, je rêvais d’un succès. Le premier retour critique est celui de Baptiste Liger (journaliste à Technikart et L’Express, NDLR). Il me dit que c’est est un vrai page-turner. Ça fait tilt. Même s’il n’est pas suffisant, c’est le meilleur qualificatif. Je m’attendais à ce qu’on me dise que le livre est ambitieux, compliqué, mais pas qu’il est facile à lire. Vous teniez votre tube… n C’était mon objectif. Après, je n’ai pas formaté le livre en ce sens. Pourtant, j’avais cette idée que ça serait bien que le livre marche. Du coup, que vous inspire votre éviction des listes du Renaudot et du Médicis ? n Je croyais en avoir rien à faire des prix. Je suis dans les sélections, et d’un coup, je trouve les prix géniaux. Quand je suis viré, je boude réellement. Ça m’énerve de bouder. Cela prouve que la vanité humaine, la mienne en l’occurrence, est sans limites. On a parlé de La Théorie de l’information comme d’un roman Wikipédia. Quel rapport entretenez-vous avec l’encyclopédie en ligne ? n Je peux y passer des heures. J’ai vraiment des obsessions. Je ne savais pas que j’allais écrire sur la théorie de l’infor-

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e n fa c e à fa c e

mation. Pourtant, lorsque je tombais sur un article concernant l’informatique, je le lisais. C’est un bon test d’obsession. Quelles sont vos obsessions du moment ? Tout ce qui concerne la construction : les tunnels, les ponts… Éprouvez-vous le besoin de vous raccrocher au réel ? n Je ne sais pas d’où ça vient. Je voulais d’ailleurs que mon prochain roman soit déconnecté. J’en suis incapable. Qu’entendez-vous par roman déconnecté ? n Un roman qui ne nécessiterait pas de connexion Internet. Sans ça, je n’aurais pas pu écrire La Théorie de l’information.

155x107 Kostar

En quelque sorte, on pourrait vous qualifier d’écrivain 2.0… n Je l’avais même théorisé. Plus je mets d’informations dans le livre, moins les gens sont tentés d’aller chercher ailleurs. Évidemment, c’est utopique. D’ailleurs, j’ai lu sur un blog que je ramenais un peu ma science. Ça m’a amusé. HD.pdf 1 pas 30/10/12 18:00 Ce n’est ma science, mais une science

libre d’accès. Pour exagérer, un roman est un parcours aléatoire sur des pages Wikipédia. Ce n’est pas que ça, mais le fait que l’information soit publique, ça fait une grosse différence. Pensez-vous à votre prochain roman ? n J’ai le thème et je suis prêt. Quel est-il ? n J’ai une contre-mesure à La Théorie de l’information. Ça sera sur le TGV. Dans la mesure où La Théorie de l’information était sur le Minitel. Mais attention, je ne pense pas entrecouper les chapitres de parties sur l’histoire de la SNCF. N’auriez-vous finalement pas peur d’avoir trouvé la bonne formule ? n Clairement. Cet été, j’ai commencé à écrire. Au bout de deux jours, j’ai arrêté. Je reproduisais la même chose. Lorsque je rencontrais une difficulté, j’allais sur Internet. J’ai découvert la motrice à huit roues. J’ai écrit un chapitre sur la motrice à huit roues. Dans mon esprit, l’idée est très claire, mais volontairement je n’y travaille pas pour le moment. n

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c a r t e b lan c h e à d e s a r tist e s

Daniel dewar & grégory gicquel La clé Duchamp

Texte / patrick thibault portrait / jennifer westjohn Courtesy galerie Loevenbruck, Paris

Ces gars-là viennent de décrocher le Graal à la Fiac. Lors de la Foire internationale d’art contemporain de Paris, ils ont coiffé au poteau les trois autres nominés et gagné le prix Marcel Duchamp. Créé en 2000 par l’ADIAF, le plus grand rassemblement de collectionneurs d’art contemporain en France, ce prix a pour ambition de distinguer des artistes résidant en France parmi les plus novateurs de la place. Daniel Dewar est originaire de Forest Dean (GB) et Grégory Gicquel nous vient de SaintBrieuc. C’est à l’École des beaux-arts de Rennes, où ils ont fait leurs études, qu’ils se sont connus et qu’ils ont commencé à travailler ensemble, toutes disciplines artistiques confondues. n Qu’ils s’attèlent à la peinture ou à la sculpture, l’important semble toujours être la matière. On ne s’étonne pas qu’ils viennent d’intituler le premier ouvrage sur leur travail, Crêpe Suzette, tant il est vrai que leur œuvre est ancrée dans les terroirs au sens noble et populaire du terme. Ils ont sculpté des tronçonneuses en bois, monté des voitures en assemblant des blocs de pierre, tissé des tapisseries péruviennes. Et ces gars-là ont maintenant les mains dans la terre. n Une de leurs disciplines favorites consiste à construire des sculptures à l’échelle 1 reproduisant en argile des êtres humains ou des animaux (vaches, cochons, hippopotames…). Si leur œuvre renvoie à la PA G E 0 4 0

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statuaire antique, elle peut néanmoins avoir le goût de l’éphémère. Aussitôt construite en pleine nature, l’œuvre est détruite pour laisser la place à une autre. Tout ça dans le but d’arriver à un gif animé. On est impressionné par le contraste entre ce travail colossal, en rupture avec de nombreuses facilités de l’art contemporain et la finalité de ce travail, un gif, format aussi désuet qu’anecdotique. n Qu’ils taillent dans le dur et ils n’en perdent pas le goût de la simplicité, de l’humour ou de l’ironie, tout comme le mordant de la critique de l’art. Gisant, l’œuvre monumentale en dolérite qui leur a valu le prix Marcel Duchamp, dans cette foire qui contrastait avec la morosité ambiante, est une stèle destinée à une tombe pour le cimetière Montparnasse. Ils ont représenté le collectionneur en plongeur avec ses palmes. Avec un tel détachement et une telle dérision, ce duo pourrait nager loin. n www.loevenbruck.com

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Daniel Dewar et GrĂŠgory Gicquel, Gisant, 2012


Dewar & Gicquel Le Menuet, 2012 Gif animé ; boucle de 3 secondes Edition à 3 exemplaires Courtesy galerie Loevenbr uck, Paris



Dewar & Gicquel Motorcyclist, 2012 Gif animé ; boucle de 1 seconde Edition à 3 exemplaires Courtesy galerie Loevenbr uck, Paris



un e v ill e v u e pa r un a r tist e

MONTRÉAL par

DAVID GAUCHARD

David Gauchard, metteur en scène de la compagnie L’Unijambiste, convoque dans son travail aussi bien la culture geek, Spielberg, le punk, que Shakespeare à qui il a consacré une trilogie. Pour Kostar, le Rennais traverse l’Atlantique et fait escale à Montréal en expliquant en préambule, les cinq raisons de ses visites là-bas.

Tel Erasme, le voyageur en pleine Renaissance, c’est en 2004 à l’initiative humaniste de l’OFQJ (Organisme Franco-Québécois pour la Jeunesse) que je pars dans le cadre de ma formation à la mise en scène voir mes cousins d’Amérique pour la première fois. Ma mission : participer au festival Trans Amérique, rencontrer des auteurs francophones, créer des contacts… n En 2006, piqué par l’envie d’y retourner, j’anime pour le Théâtre de la Renaissance à Lyon (Erasme encore !), un atelier composé d’une douzaine d’ados avec à la clé un échange culturel avec Montréal. Nous vendons des gâteaux à la récréation du lycée pendant un an et me voici de nouveau au FTA… n C’est en 2008, dans le cadre du festival des Francophonies en Limousin (j’ai habité dix ans à Limoges avant d’habiter aujourd’hui à Rennes) que je rencontre la jeune auteure québécoise Marcelle Dubois (ça ne s’invente pas), qui m’invite à participer à la 8e édition du festival du Jamais Lu à Montréal au printemps 2009. Le principe : lire un texte qui PA G E 0 4 6

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jamais n’a été lu. Je dis ok, mais si j’embarque avec moi mon gang, à savoir L’Unijambiste : Emmanuelle Hiron, Nicolas Petisoff, Robert Le Magnifique. n Deux ans plus tard, pour les dix ans du Jamais Lu, L’Unijambiste est de nouveau invité (Emmanuelle Hiron, Arm, Agathe Jeanneau, Pierre Ménasché), mais l’envie de jouer est trop forte et l’on ne propose pas, cette fois-ci, une simple lecture mais quasi un spectacle… Au retour, on se dit que la prochaine fois on reviendra à Montréal avec une de nos créations… n Et (magique !) Marcelle Dubois, devenue maman et co-directrice du Théâtre des Écuries, nous invite en janvier prochain à jouer Richard III de Shakespeare pour cinq représentations à Montréal… n Il y a des villes qui collent comme un slow de Scorpion. n Je pars sur Québec Air et je me pose en plein plateau Mont Royal. Je prends une chambre au 9 ½ et je sors faire la chasse aux écureuils avec ma fille au pied de la montagne, ensuite “grimpette” jusqu’à la Croix érigée en hommage à Maisonneuve (fondateur de

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Montréal) et là on respire, on admire la ville, et l’on se dit que l’on a de la chance d’être là, il fait super beau, c’est dimanche… n Montréal : you can kiss me. n On redescend “sport” à travers la forêt, et l’on s’arrête un moment danser aux rythmes des djembés dans l’odeur des “herbes chaudes”, on passe ensuite prendre un hamburger chez Patati Patata avant de rejoindre un temps l’auberge qui nous accueille. n Le plateau, c’est, comment dire, c’est la coolitude. n Ton banquier a une chemise à carreaux (canadienne donc !), de la barbe, un jeans, une tonne de tatouages sur les bras, une boucle d’oreille, un ou deux piercings, il va chercher ses enfants à la sortie de l’école, s’arrête au skate parc un moment, achète quelques Boréale en rentrant (de la vraie bière, pas du Canada dry), gare son vélo (Bixi, sorte de Vélib), invite les potes et prépare le barbecue en terrasse ! n Des allées larges, des arbres en fleurs, des maisons multicolores avec escalier extérieur au premier étage (on devine qu’ici, l’indien coupe du bois et que l’hiver sera

rude), l’arrière des rues accueille les plus beaux tags au monde… C’est calme ; il est d’ailleurs commun de croiser un mec assis sur une chaise en pleine rue qui joue tranquillement de la guitare pour ses proches… n Même si les Foufounes électriques semblent avoir perdu de leur superbe, on sent qu’ici, l’on peut aisément écouter du bon son accoudé à un bar. Boire un verre au Patros Vys par exemple. n Robert Le Magnifique a joué là-bas en 2009, Arm en 2011, et bientôt Olivier Mellano qui sait ? n Finir sa soirée autour d’une Poutine à La Banquise sur Rachel ou chez Le Fameux à l’angle de Mont Royal et Saint Denis… après un concert de Godspeed You ! Black Emperor. n Puis, commencer une nouvelle journée dans un typique fast-food à l’effigie de Céline Dion où, à l’anglaise, le Mr Bean s’invite dans la sauce tomate au petit-déj, mais enroué par un froid de caribou on le soigne vite au sirop d’érable. On troque aisément son croissant du dimanche pour un bagel au bleuet de chez Fairmount ou de chez St-Viateur. Il faut

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Dans un grand Boeing bleu de mer... Francophone, certes, mais nord-américaine, Montréal est à la fois une ville d’ici –­ on peut vite s’y sentir chez soi – et une ville ailleurs… Le New York Times l’a classée, l’an dernier, parmi les dix premières capitales branchées au monde. Si on y ajoute que 70% des habitants s’y déplacent sans voiture, on peut aller y prendre un bol d’air dans un grand Boeing bleu de mer. Y aller

bien se caler car aujourd’hui c’est visite du biodôme, papillonnage à l’insectarium avant une grosse opération friperies et disquaires entre midi et deux. n Dans l’après-midi, on passe (gourmand) manger un sandwich au délicatessen du coin. n Chez Schwartz’s, il n’est pas rare de se retrouver assis en face de Léonard Cohen en se demandant bien, « où est-ce que j’ai déjà vu ce mec, sa tête me dit quelque chose ? » n Ensuite, tatouage par Yann Black avant de rejoindre Manou et Agathe qui assistent, elles, à une rencontre de Roller Derby dans un hangar hors zone. Rien à voir avec l’euphorie d’une ville à fond derrière son équipe de hockey mais le show est là et le “Roller outre-atlantique” est en avance sur celui pratiqué en France aujourd’hui malgré l’essor qu’il connaît en ce moment … n Et pour finir la soirée, je fonce dans une salle de spectacle : le Théâtre des 2 mondes, le 4 sous, L’usine C, la Chapelle, Les Écuries, Robert Lepage, Denis Marleau, Dave St-Pierre, Michel Tremblay, Wajdi Mouawad, Évelyne de la Chenelière…Sans oublier le fameux Cirque du Soleil… n Ici la langue est belle même rebelle, vivante car elle résiste fort à l’anglais qui la cerne. n Beaucoup de Français tentent l’aventure, une année sabbatique ou deux et pourquoi pas une carte de résident permanent avant de jurer fidélité et sincère allégeance à la Reine Elisabeth II. n Montréal : aujourd’hui ma Villégiature, demain qui sait, un Eldorado… n Please Kill Me, part two David Gauchard poursuit son autopsie de la bible Please Kill Me : l’histoire non censurée du punk racontée par ses acteurs. Pour ce deuxième chapitre, le Rennais met en scène une lecture dans laquelle on croise le Velvet, les Stooges, Patti Smith ou encore les Ramones. Bienvenue dans un monde de bruit et de fureur. Bienvenue au pays du punk-rock américain ! n Le 20 décembre, le Théâtre, Saint-Nazaire. www.letheatre-saintnazaire.fr

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d’art contemporain (dans Griffintown !) qui accueille… la Semaine de la mode. Situé sur le site d’anciens chantiers navals, L’Arsenal vaut à lui seul un détour. À voir aussi le Musée d’art contemporain face à la Place des Festivals. Quant au Centre international d’art contemporain, S’y loger il organise la célèbre Le Plateau et Mile biennale de Montréal End sont les quartiers (prochaine édition, au branchés de Montréal. printemps prochain). Moins chers que la Pour souffler et prendre vieille ville ou le vieux une mousse, rendezport mais tout de vous à la brasserie même… Beaucoup de Dieu du ciel (29 Laurier solutions B&B, comme ouest), où on a le choix Le Gîte Ocoin près du entre La Fumisterie, La métro Frontenac. Pas Païenne et bien d’autres, mal d’hôtels abordables ou aux 3 brasseurs dans le quartier de (1660 Saint-Denis) et Ville Marie comme son ambiance bistrot. n L’appartement Hôtel Pour la musique, Les où l’on trouve un studio Foufounes électriques pour deux à 80€/nuit restent incontournables et à peine plus chère, depuis plus de 20 ans : une suite familiale. des concerts mythiques punk/hardcore/alternaCircuit Kostar tive. n Au petit matin, Capitale de la mode il y a L’Avenue (922 (Denis Gagnon continue Mont-Royal est) et de créer l’émeute à cha- ses brunchs copieux cune de ses collections), et imbattables, ou la Montréal est aussi terrasse, en été, du Na une grande ville d’art Brasa (121 avenue Ducontemporain. C’est luth) pour des formules d’ailleurs L’Arsenal, le “lendemain de la veille” tout nouveau complexe ou… “l’indécis”. n Vols directs au départ de Nantes avec Air Transat, de mai à octobre en 7 heures de vol. Au départ de Charles de Gaulle, tout au long de l’année, on trouve des vols sur cette même compagnie aux environs de 500€ aller-retour.

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Vincent MAUGER Raphaël ZARKA Roman MORICEAU

CORRÉLATION 25/10/2012 17/03/2013 Musée des Beaux-Arts

14, rue du Musée mardi à dimanche / 10h-18h 02 41 05 38 00

www.musees.angers.fr


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par

pierrick sorin le travail du Nantais Pierrick Sorin est mondialement connu. Depuis novembre 2006, il nous raconte son quotidien de créateur. signé sorin, naturellement.

Photo / Pierrick Sorin

TGV Nantes-Paris - 10h20. Mon portefeuille dégueule de petites saloperies diverses : des facturettes, des cartes d’embarquement, des notes de taxi. Tous ces trucs que je dois garder pour justifier mes dépenses et pour que mes comptes soient à peu près tenus. C’est ultra-casse-couilles. Souvent dans le train, je vide mon portefeuille et je trie toute cette merde. Tiens, cette fois, je n’aurai pas complètement perdu mon temps… L’inepte activité m’inspire une idée de sculpture  : un portefeuille géant en suspension dans l’espace, chiant de la petite paperasse, au-dessus de quelques quidam… Pour ce faire, j’utiliserai une technique alliant optique

nous devisons ainsi pendant une bonne demi-heure, avec un inaltérable sérieux, au sujet de chiottes et d’étrons. et photographie. Elle permet de faire apparaître l’image d’un objet, en relief, de manière hyper-réaliste. Pas besoin de lunettes spécifiques ni d’un espace obscur. L’environnement, comme les visiteurs, sont ainsi tout autant visibles que l’objet lui-même. J’entrevois déjà l’intérêt de ce procédé pour des collectionneurs d’art désireux d’installer une sculpture dans leur salon sans que l’espace soit colonisé par l’œuvre. Un bon « truc » dont les artistes plasticiens, à ma connaissance, ne se sont pas encore emparés. 10h40 - Je regarde un type qui revient de la voiture-bar. Un grand maigre, la cinquantaine, un « Nordique aux deux saumons » dans une main et un café dans l’autre. Le train prend un virage. Le type, déséquilibré, s’affaisse. Sa poitrine s’écrase contre l’angle saillant du dossier d’un fauteuil. Christian Lacroix s’est fait un nouveau pote*. La bouche tordue par la douleur, le type plonge mollement ses yeux dans les miens. Il n’exprime qu’une sorte de tristesse canine dans laquelle on peut lire, au PA G E 0 5 1

Photomontage / E.Nirlo

profond de son âme, sa résignation à une vie de souffrance. n 13h10 - Rendez-vous à la Brasserie « Le Zimmer », place du Châtelet, avec le directeur du Musée international de la Croix-Rouge de Genève. J’accuse sept minutes de retard. L’homme est déjà là. Une petite soixantaine, l’air strict et le regard vif. Il m’a passé commande de quelques œuvres sur le thème de la « réduction des risques en cas de catastrophe naturelle ». Le sujet est assez pédagogique. L’une des œuvres devra traiter de l’installation de latrines, dans les zones sinistrées par des tremblements de terre. Déféquer de manière anarchique, à l’air libre, favorise en effet le développement d’épidémies. Je lui présente des croquis d’étude où l’on me voit accroupi en train de pondre une belle crotte dans un trou. Tout en croquant dans un « Espadon en croûte aux graines de sésame noir », mon interlocuteur me questionne : « Et quand le personnage s’essuiera, verra-t-on des traces d’excrément sur le papier toilette ? » Une dame, à la table voisine, se passe une serviette sur la bouche et jette, vers mon dessin, un regard triste et curieux. Nous devisons ainsi pendant une bonne demi-heure, avec un inaltérable sérieux, au sujet de chiottes et d’étrons. Dans l’ambiance chic et feutrée du lieu, vers nous, des oreilles se tendent. 14h15 - Café gourmand. Sur la nappe rouge et or, nous signons finalement le contrat de commande. Il précise qu’aucun visuel, croquis ou photos, ne doivent être divulgués avant l’inauguration officielle des œuvres. Dommage… comme illustration à ce texte, un Sorin déféquant eut été plus accrocheur que mon portefeuille de merde. n * Christian Lacroix a signé le design de l’aménagement intérieur des rames du TGV atlantique.

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- Tél. 02 23 20 71 05

© Maia Flore - Agence VU

Bibliothèque Espace des sciences Musée de Bretagne

Les

PREMIERS DIMANCHES à Rennes - 2012/2013

4 novembre

2 décembre

3 mars

7 avril

MUSÉE DE LA DANSE

ELECTRONI[K]

OPÉRA DE RENNES

AY-ROOP

WWW.LESCHAMPSLIBRES.FR

6 janvier

ANTIPODE MJC

3 février

MYTHOS

ENTRÉE GRATUITE au musée de Bretagne et en salle Anita Conti


expos, spectacles, soirées, festivals… d é c e m b r e 2 0 1 2 - j an v i e r 2 0 1 3

à angers, nantes, rennes et plus loin

Phi l i pp e Mayaux

Mmmm… ! jusqu’au 2 décembre, centre d’art contemporain, Pontmain

Photo © Fabrice Gousset


spectacle vivant OXMO PUCCINO

« Le rap, c’est moi »

Après avoir ouvert le Lipopette Bar et sorti L’Arme de paix, Oxmo Puccino se présente aujourd’hui comme le Roi sans carrosse, sixième album du rappeur. Interview / Arnaud Bénureau * photo / DR

DR

the king

L’Art du rire Humour belge Jos Houben est un pince sans rire, belge. C’est avec le plus grand sérieux, ou presque, qu’il déconstruit les mécanismes du rire. Élève et professeur de l’école Jacques Lecoq, expert en clowneries et en burlesque, plus proche de Keaton que de Bigard, il explore les situations qui provoquent le rire, du langage à la tenue du corps (il mime très bien le camembert coulant), et la nature du rire : pincé, franc, moqueur, libératoire. Lesquels se propagent à l’auditoire. n C.J. L’Art du rire, mardi 15 janvier, L’Odyssée, Orvault. www.odyssee.orvault.fr/

Est-ce encore du rap ? n Ouais, je sais où vous voulez en venir. Je préfère me demander si c’est de la bonne musique. Dans le rap, je n’ai plus rien à prouver. Le rap, c’est moi. Je travaille pour prouver que c’est vrai. Effectivement, certains morceaux sont identifiés rap et d’autres non. Mais je suis content qu’on me pose cette question. Sinon, on pourrait se demander pour qui je me prends. Justement, pour qui vous prenezvous ? n Pour moi, et c’est déjà assez difficile comme ça. La vie est une pièce de théâtre. J’essaie de jouer mon propre rôle.

Sur cet album, on retrouve le batteur de Poni Hoax à la batterie. Vos deux univers sont-ils compatibles ? n Sûrement. Il suffit de trouver le point d’accroche. Et puis vous savez, Vincent a fait partie du premier groupe de rap instrumental. Et à l’époque, voir une batterie sur scène, c’était sujet à bagarre. Le rap est-il encore sujet à bagarre ? n Il n’y a plus aucune raison. On vend des disques. Nous sommes pères de famille. Et on fait de plus en plus de bonne musique. n Oxmo Puccino, le 6 décembre, Stereolux, Nantes. www.stereolux.org

Roméo et Juliette

© Rictus

Tout feu tout flamme Depuis le début, le jeune – et talentueux – metteur en scène David Bobée mêle jeu d’acteur, danse et cirque. Son Roméo et Juliette suit la même veine. Une traduction nerveuse signée Pascal et Antoine Collin, des torches diffusant une lumière couleur incendie (couleur évoquant de façon non appuyée d’autres luttes claniques plus contemporaines), un jeu physique ; le tout donne une pièce au romantisme fiévreux qui, au-delà de la lutte entre Capulet et Montaigu, donne à voir le caractère séditieux du désir amoureux, de la jeunesse face à la loi des pères et à la norme. n Céline Jacq Roméo et Juliette, du 15 au 18 janvier à 20h, le lieu unique, Nantes. www.lelieuunique.com/site


spectacle vivant

PAR LA CIE SUPERAMAS / PREMIÈRE FRANÇAISE

MERCREDI 28 NOVEMBRE 2012 20H00 / SALLE MAXI

Entre théâtre, performance multimédia et jeu vidéo, ce spectacle pousse à son paroxysme la confrontation du réel et du virtuel, sur une toile de fond contemporaine : le fantasme politique, la

© Vincent Flouret

mémoire collective et les mass médias.

La Mouette Affaires de famille Bien sûr l’événement de cette Mouette, c’est le retour sur les planches de Nicole Garcia, de plus, mise en scène par son fils, Frédéric Bélier-Garcia. Celui-ci a choisi l’adaptation d’Antoine Vitez, qui considérait la pièce de Tchekhov comme une paraphrase d’Hamlet. Ce n’est pas la première fois que ces deux-là travaillent ensemble puisque Frédéric Bélier-Garcia co-signe les scénaris des films de sa mère, Place Vendôme, L’Adversaire, Selon Charlie et Un balcon sur la mer, et il l’avait déjà mise en scène dans La Chèvre ou qui est Sylvia ? en 2005. n Nicole Garcia incarne Arkadina, la mère, terrible et fragile, qui profite « des derniers feux de la séduction ». Avec les autres personnages, elle se frotte au désir et à l’insatisfaction de celui-ci, à l’angoisse de la vie et se confronte à son drame personnel. La force de Tchekhov est qu’il résulte de la collusion des drames de ses personnages, une pièce joyeuse et drôle. n Céline Jacq La Mouette, du 14 au 24 novembre, Le Quai, Angers.

Co-production Stereolux

CARTE 8€ / LOC. 14€ / GUICHET 14€ Plus d’informations : www.stereolux.org

Du 27 novembre au 5 décembre, Le Grand T, Nantes. Les 10 et 11 décembre, Le Grand R, La Roche-sur-Yon. Les 13 et 14 décembre, Le Théâtre, Saint-Nazaire. Du 14 au 18 février, Le Grand Théâtre, Angers.

STEREOLUX À LA FABRIQUE 4 BD LÉON-BUREAU 44200 NANTES


spectacle vivant Vénus et Adonis

“Qu’est-ce que c’est beau !” Elle est tombée dans la musique baroque il y a quelques années déjà et elle ne s’en lasse pas. Pour Angers Nantes Opéra, et avec l’ensemble Stradivaria, Céline Sheen sera Vénus. Un cadeau qu’elle n’aurait jamais imaginé.

SPAIN Olé ! On a découvert Spain, cousin d’Amérique de Tindersticks, en 1999 avec She Haunts my dreams. Ou en 1995 avec The Blue moods or Spain. En tous les cas, on pensait la bande à Josh Haden rayée de la carte musicale. Car depuis un best-of sorti il y a dix ans, la formation pop, un peu jazz dès fois, s’était faite plus que discrète. Aujourd’hui, le fils du contrebassiste free jazz Charlie Haden sort de nouveau du bois pour une date unique dans l’Ouest. n A.B. Spain, le 25 novembre, 6par4, Laval. www.6par4.com

vénus beauté

© Philippe Delval – théâtre de Caen

© Dave Naz

Propos recueillis par Vincent Braud

Être Vénus sur scène, c’est un rêve de jeune fille ? n Absolument pas. C’est même à l’opposé de ma personnalité. On a tous, enfants, des rêves de princes et de princesses, mais il y a des cadeaux que vous offrent les hasards de la vie et celui-là en est un. Même avec la flèche de Cupidon, Vénus, c’est douloureux mais qu’est-ce que c’est beau. Vous et le baroque, c’est une longue histoire… n Quand on m’a demandé d’enregistrer pour Le Roi danse, ça a été un vrai coup de foudre. Une évidence. J’ai dû parfois me battre pour rester dans cet univers. Vénus et Adonis n’est pas une œuvre très populaire. On a eu tort d’oublier John Blow ? n Sans aucun doute. Il est

l’aîné de Purcell et il a été le premier en Angleterre à écrire cette musique-là. Ce sont des récitatifs très mélodiques et, pour moi, c’est d’une incroyable modernité. Pour cette œuvre, on vous retrouve aux côtés de Stradivaria. C’est une première ? n J’ai eu l’occasion de travailler avec Bertrand Cuiller mais jamais avec cet ensemble. Avec Bertrand, nous partageons la même approche de cette musique. On parle peu, les choses se font naturellement. n Vénus et Adonis, Grand Théâtre, Angers, 6, 8 et 9 janvier, Théâtre Graslin, Nantes, les 14, 15, 17, 18 et 20 janvier. Info : www.angers-nantes-opera.com

Nour

© Nathalie Sternalky

Persona grata Nour, c’est une jeune femme d’origine algéro-marocaine, appelée Nour El Yacoubi, née en 1983 à Périgueux. C’est aussi le tome 2 du Tryptique de la personne du GdRA, assemblage hétéroclite d’un anthropologue-musicien Christophe Rulhes, du circassien Julien Cassier, du comédien-bonimenteur Sébastien Barrier, de la danseuse Nedjma Benchaïb, de la comédienne Domi Giroud et d’autres artistes. Ensemble, ils créent un théâtre documentaire, composent avec le réel des histoires de vies, des langues. C’est différent, jubilatoire et lumineux. n C.J. Nour, du 11 au 13 décembre, lieu unique, Nantes. www.lelieuunique.com le 22 janvier, Le Carré Magique, Lannion. www.carre-magique.com


spectacle vivant

« Il ne faut pas abandonner [le dimanche] à l’espace commercial »

Inaugurés la saison passée, les Premiers Dimanches invitent des artistes à investir et à porter un regard nouveau sur les trois entités des Champs Libres – Musée de Bretagne, Bibliothèque et Espace des Sciences. Et proposent, en libre accès au public, des après-midis d’impromptus artistiques. vivement dimanche Rencontre avec le directeur du lieu, Roland Thomas. Interview / Julien Coudreuse

Quelle a été l’inspiration des Premiers Dimanches ? n L’ouverture des Champs Libres le dimanche est une chose importante, vécue par le public comme un espace de respiration. Le dimanche est une journée qu’il ne faut pas abandonner à l’espace commercial, qu’il faut occuper. Sur quels critères choisissez-vous les structures invitées* ? n Je souhaite inviter des artistes prêts à aller sur des terrains qui ne leur sont pas habituels, qu’ils soient danseur, chanteur d’opéra, circassien ou graffeur... Ce n’est pas une carte blanche, mais une invitation dans un espace ouvert au public. Le principe n’est pas de transformer les

Champs Libres en un espace de spectacle vivant, mais d’être ailleurs. Dans quelle mesure intervenez-vous auprès des structures invitées ? n Nous les accompagnons dans leur démarche, nous leur expliquons comment le lieu fonctionne. C’est toute une alchimie. Nous voulons que les gens laissent tomber le stress de leur vie quotidienne. Nous travaillons donc énormément sur la forme, sur la réception et la rencontre. n *Opéra de Rennes (2/12) ; Antipode MJC (6/01) ; Mythos (3/02) ; Electroni[k] (3/03) ; ay-rOop (7/04) www.leschampslibres.fr

Roland Thomas in Dance All - Le Premier Dimanche des Tombées de la nuit © Yann Peucat

Les Premiers Dimanches


spectacle vivant Spiel

« Comme une joute chorégraphique... » “Définitivement danseuse et chorégraphe”, et toujours passionnée de pédagogie, Emmanuelle Huynh est aussi une infatigable chercheuse. Nouvelle démonstration avec Spiel. Interview / vincent braud

DR

© Marc Domage

1+1=3

NEOCHROME HALL STARS Le Temps des gitans La dernière fois, déjà au Ferrailleur, Seth Gueko avait fait trembler les murs. Aujourd’hui, c’est Le Retour du forain, accompagné de la clique Neochrome, Zekwé Ramos et Alkpote. Eux trois, c’est un peu Les Frères Jacques qui auraient été boulés du cast de Snatch. Ça rappe, ça casse, ça tchatche, ça défouraille et ça fait plaisir ! n A.B. Neochrome Hall Stars, le 30 novembre, Mondo Bizarro, Rennes. Le 6 décembre, Le Ferrailleur, Nantes.

Vous êtes Française, Akira, lui, est Japonais. Pourquoi Spiel ? n Parce qu’Akira a étudié, pendant huit ans en Allemagne, l’eurythmie, cette technique qui associe la voix et le geste. L’allemand est devenue cette tierce langue pour un travail où nous jouons ensemble, tous les deux, mais aussi avec le public. De quel jeu s’agit-il ? n Nous essayons d’emmener le spectateur dans un exercice de transsubstantiation… C’est un mot barbare mais chacun de nous va essayer d’être l’autre. Sans y parvenir, bien sûr. On joue le processus de cette rencontre interculturelle devant le public.

Et c’est là que 1 + 1 = 3 ? n Avec Akira un plus un, ça peut faire mille. Il joue de la transformation dans tous les cycles de la vie. C’est une vision burlesque du butô, une transformation permanente de soi. Nous dansons et nous jouons avec les mêmes costumes, sur les mêmes musiques au milieu d’une sorte d’arène. Spiel, c’est une joute chorégraphique. Spiel est donc une pièce ludique ? n Ludique, bien sûr, mais profonde aussi. On joue sur la compréhension et l’incompréhension dans la recherche d’un territoire nouveau. n Spiel, du 14 au 18 janvier, Le Quai, Angers. Info : www.lequai-angers.eu

L’Homme à tiroirs

Pénélope Henriod

Je préférerais ne pas... Adapté du Bartelby d’Herman Melville, le metteur en scène Jean-Yves Ruf place ce personnage dans un bureau d’aujourd’hui. Ce dernier va peu à peu refuser de faire ce que son patron lui demande – le célèbre « I would prefer not ». Personnage décalé, rêveur – d’apparence – inoffensive, sa résistance passive va complètement dérégler la vie de bureau et même semer un sacré bazar. Une jolie fable qui interroge la norme sociale. n C.J. Du 20 au 22 novembre, Théâtre de Lorient, Lorient. www.letheatredelorient.fr du 12 au 20 février, TNB, Rennes. www.t-n-b.fr


© Jean-Pierre POGET

spectacle vivant

Je me souviens Soirée diapos Entre le spectacle et la conférence, Jérôme Rouger égrène des souvenirs de son enfance passée dans un village des Deux-Sèvres. En arrière-plan, des projections de photos en total décalage avec son propos. Avec sa manière de prendre le public à contre-pied, inclassable, acteur autant que conteur, poète et cynique, Jérôme Rouger fait surgir l’émotion, le rire, l’étonnement. La petite histoire s’entrechoque avec la grande et, via ce puzzle, il nous dévoile une part de son enfance, une part de la nôtre, notre part d’universel dans ces souvenirs pas si désuets. n Céline Jacq Jeudi 10 janvier, Onyx, Saint-Herblain. www.onyx-culturel.org/

© Indelebil

DANIEL LINEHAN ZOMBIE APORIA A RIOT CALLED NINA Au revoir Simone 2013 sera l’année Nina Simone. Elle aurait eu 80 ans. Ça sera en fait les dix ans de sa disparition. Les hommages vont se multiplier. Et comme d’hab’, ça sera à prendre ou à laisser. Celui proposé par Onyx-la Carrière, avec la complicité de Nantes Jazz Action, on le prend. A Riot called Nina est un projet orchestré par le fondateur du groupe de rap Iswhat ?! : Napoleon Maddox. Tout est dit. n A.B. A Riot called Nina, le 18 janvier, Onyx-La Carrière, Saint-Herblain. www.onyx-culturel.org

Mer. 5 Déc à 20h30 - Danse

Le Quatrain - Haute-Goulaine Renseignements / Réservations 02.40.80.25.50 www.lequatrain.fr


clubbing

Wake Up Party ! n Les Numeric Ravers de Rennes et les Nantais Cinetic s’associent pour proposer une nouvelle soirée placée sous le signe de Stay Rave !, premier album des Rennais électro. Pour la date du 9 novembre, il faudra aussi compter avec Arnaud Rebotini. Le 9 novembre, UBU, Rennes. Le 1er décembre, Club O, Nantes.

Input Selector n Au fil des nuits nantaises, le blog électro envoie ses émissaires – Arnaud, Combe, Jonas Sella – jouer à gauche, à droite et jusqu’au petit matin. Le 9 novembre, Les Caves, Nantes. Le 17 novembre et les 7 et 29 décembre, le lieu unique, Nantes. Le 1er décembre, Altercafé, Nantes.

the miracle club / DR

chroniques du dancefloor Modern. n Avant de souffler ses dix bougies dans son fief angevin, la Modern se délocalise une nouvelle fois sur Nantes. Au programme, Arno Gonzalez, of course, et Timid Boy et sa house à la française.

Losoul n Visite/Visite ferme le festival Bar-Bars et reçoit l’artiste culte du label Playhouse. Môme (voir par ailleurs) et Jankola complètent le line-up.

Le 9 novembre, Le Colisée, Nantes.

À Poil Party n Les soirées qui se veulent “encore mieux que les Skins Party” débarquent à Angers avec Teki Latex, Noob, Dubmood, Piktogram et Funkadhesive.

Pictureplane n L’Américain de Brooklyn déboîte avec ses remixes vicieux de tubes dancefloor. Le 15 novembre, Stereolux, Nantes.

Para One & Teki Latex n Le producteur et le TTC s’associent derrière les platines pour un set électro et plus encore. Le 16 novembre, Cabaret Vauban, Brest.

Le 24 novembre, Altercafé, Nantes.

Le 30 novembre, Le Chabada, Angers.

Club Nuit n Après avoir accueilli Yan Wagner (voir Recto/Verso) pour son premier Club Nuit de la saison, le lieu unique invite les Américains de The Miracles Club pour un live entre house, performance et bip bip. Le 8 décembre, le lieu unique, Nantes.

Morgan Hammer n Visite/ Visite reçoit l’étoile montante de la scène indie house. Son morceau Lilibulle est sur la nouvelle Fabric Live orchestrée par Daniel Avery. Le 15 décembre, Les Caves, Nantes.

31 Party n Dès 23 heures, Karim Jackson et Kaporal fêtent la nouvelle année. Ça plie les gaules à 5 heures du matin. Le 31 décembre, le lieu unique, Nantes.

Like There Is No Tomorrow n Cette nouvelle Fragil s’annonce “fat” et sur trois niveaux. Raphael, Doubledecker, Clayton Guifford, Cédric Borghi, C.H.I.C.H.I., Jankola et Combe sont aux platines. Le 31 décembre, Insula, Nantes


clubbing L’INTERVIEW 135 DB

Môme Alors que son nouvel Ep, Control, sortira bientôt sur Fragil Musique et comprendra un remix par Tevo Howard qui tourne déjà pas mal, rencontre avec le Nantais et touche-à-tout (ancien disquaire, ancien programmateur de Nördik Impakt, designer sonore, Dj, producteur…) Môme.

AlleeeeZ !

Interview / Arnaud Bénureau * photo / DR

Pourquoi Môme a-t-il remplacé Gormak ? n Je dirais même que Môme a remplacé Sprog, nom avec lequel j’ai produit de la techno allemande entre 2005 et 2009. Depuis quelques mois, je produis de la house music. J’ai toujours souhaité différencier mes divers projets. Gormak est, à la base, drum’n’bass et aujourd’hui “généraliste underground”. Dj Fizz, pseudo pour mes mixes rock’n’roll dans les 2000. Sprog, minimal techno. Et aujourd’hui, Môme, house music. Je me sens un peu comme Fantômas. Le morceau qui t’a donné envie de te lancer dans la musique ? n Peut-être un 78 tours de Count Basie, Swingin’ the Blues, que mon père écoutait quand je rentrais de l’école. À quoi tient un bon mix ? n Ne pas être trop “fonfon” et ne pas avoir devant toi un tas de bœufs qui te beuglent “ALLEEEZZZZZZZZ !!!!”. Un morceau à écouter avant la fin du monde ? n Our Anniversary de Smog. Bon, et finalement, si la fin du monde n’a pas lieu, que faistu en 2013 ? n L’amour avec vous ! n

Les 10 et 24 novembre, Altercafé, Nantes. Le 17 novembre, L’Étage et Le Rendez-vous, Caen. Le 22 novembre, Le Corneille, Nantes.


festivals LES 3 CONTINENTS

C’est pas trop To

© Ochi Reyes

Après une période un peu boiteuse (2008/2009), le festival des 3 Continents s’installe désormais sur le champ des cinéphiles exigeants et des cinéphages dopés au pop-corn. Pour preuve le programme consacré à la Milkyway Images, société de production dirigée, entre autres, par Johnnie To himself. Texte / Arnaud Bénureau

Battantes ! Les femmes d’à côté made in asia

Après une première édition en 2010, Battantes revient. Le festival se présente toujours de manière nomade (3 villes, 3 soirées) et continue de défendre la culture au féminin. Et ce, qu’elle soit proche de nous avec Boy ou Laetitia Shériff. Ou plus éloignée avec notamment la venue attendue de Trash Kit (photo), trio pop rock dans lequel on trouve la batteuse d’Electrelane. La programmation est complétée par un conte politique, une expo et la projection d’un doc, Attention féministe !. n A.B. Battantes !, du 15 au 17 novembre, Saint-Nazaire, Trignac, Nantes. www.battantes.fr

Les Trans Musicales, du 6 au 8 décembre, Rennes.

Les 3 Continents, du 20 au 27 novembre, Nantes.

www.lestrans.com

www.3continents.com

© Chloé Nicosia

Pour s’assurer une street credibility, rien de mieux que l’étiquette Trans. En ce sens, Lou Doillon sera la tête d’affiche people un peu indé de cette édition. Pour le reste, on filera (re)voir l’Américaine Phoebe Jean & The air force (photo) qui, cette année, a gagné le pompon avec son tube Day is Gone. Il faudra aussi compter avec Pégase, Von Pariahs, O Safari et Mermonte, tous du coin. Et au rayon hype, on trouvera Sinkane, le SudAfricain Petite noire et les popeux new-yorkais à la cool Ms Mr. n A.B.

Pendant que le cinéma “tradi” se la joue tranquille, entre art et essai intéressant (Camille redouble) et chiant comme la pluie (J’enrage de son absence), comédie à deux balles (Un plan parfait) et blockbusters un peu arty (le Skyfall de saison), l’électrocardiogramme s’emballe une fois en festival. La prise de risque nous réconcilie avec le cinéma. n Cette année, le rendez-vous des cinématographies d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine se résume à une compétition internationale, une sélection officielle, un hommage au godfather de la critique Serge Daney… Mais surtout, il croque par les deux bouts la Milkyway Images, société de production dirigée par les cinéastes Johnnie To et Wai Ka-fai. n L’occasion de revoir un paquet de films du réalisateur des deux Election (Throw down, le très récent La Vie sans principe, PTU…) et ceux réalisés par le crew Milkyway dont le très “Fast and Furious” Motorway de Soi Cheang. n Et comme si cela ne suffisait pas, le festival reçoit David Richardson, chef monteur de Johnnie To, qui donnera une masterclass autour de La Vie sans principe le samedi 24 novembre à 18h au lieu unique. À ce niveau-là, ce n’est plus un festival, mais de la gourmandise. n

LES TRANS MUSICALES Lou y es-tu ?


expositions Fragiles Territories

DR

Écoutez-voir Héritier des Pierre Schaeffer, Stockhausen et autres Cage, Robert Henke est un acteur phare de la musique électronique. Un designer sonore des plus influents de son époque. Robert Henke est aussi co-fondateur du logiciel Live d’Ableton, (qu’utilisent tous les musiciens relevant de la scène électronique ou presque) à l’université de Berlin où il enseigne. Mais au-delà du son, Henke a su étendre ses recherches vers une spatialisation totale et pousser ainsi le public dans ses plus profonds retranchements : « Au début du voyage, le territoire en vue n’était pas fragile, il était pour une large part inconnu ». En effet, il s’apprête, au lieu unique, à offrir une véritable expérience sensorielle où repères spatiaux et sonores seront totalement bouleversés. n Marie Groneau Fragiles Territories, du 7 novembre 2012 au 6 janvier 2013, le lieu unique, Nantes.

Annonce BM ok_Mise en page 1 04/09/12 14:20 Page

DR

www.lelieuunique.com

Corrélation tryptique Cette commande du musée à trois artistes, Raphaël Zarka, Roman Moriceau et Vincent Mauger, montre la corrélation qui existe entre leurs œuvres. Le premier est sculpteur, photographe et vidéaste, le second s’intéresse dans ses sculptures à la connaissance et aux capacités physiques des matériaux et le troisième détourne les codes à la croisée du design et du graphisme. Trois univers qui révèlent un même goût dans le rapport de l’art aux sciences. n C.J. Corrélation, du 25 octobre 2012 au 17 mars 2013, musée des Beaux-Arts, Angers. www.musees.angers.fr/

EXPOSITION SUR LA GOURMANDISE

Mmmmm… ! CÉCILE BENOITON, CLAUDE CLOSKY, DANIEL NADAUD, HERVÉ LE NOST, MARIE-HÉLÈNE LE NY, NATACHA LESUEUR, PHILIPPE MAYAUX, LAURENT MORICEAU, HANS OP DE BEECK

20 OCTOBRE > 2 DÉCEMBRE 2012 DU MERCREDI AU DIMANCHE DE 14H À 18H ENTRÉE LIBRE ET GRATUITE

CENTRE D’ART CONTEMPORAIN DE PONTMAIN 02 43 05 08 29 WWW.CENTREDARTPONTMAIN.FR


Alexandre Da Cunha La Culture du pauvre Alexandre Da Cunha se promène avec un humour certain dans les symboles et l’histoire de l’art. Faisant appel à Marcel Duchamp, il se joue des objets de consommation quotidiens si bien que des serviettes de plage deviennent des drapeaux patriotiques et des cuves à béton se muent en vestiges de bronze antiques. Au-delà de la drôlerie, la question de la marge entre cultures populaires et culture savante est de mise, restaurant les problématiques soulevées par les Cultural Studies. n Marie Groneau Alexandre Da Cunha, jusqu’au 30 décembre, Le Grand Café, Saint-Nazaire. www.grandcafe-saintnazaire.fr

Philippe Mayaux © Fabrice Gousset

DR

expositions

Mmmm... ! Bon appétit Si la nourriture a toujours croisé le champ de l’art, d’Arcimboldo à Warhol, en passant par Clara Peeters, multiples et parfois énigmatiques sont les sens qu’on lui a attribué, avec Mmmm… !, le centre d’art de Pontmain convoque la création plastique contemporaine par le choix de 9 artistes aux disciplines diverses, pour questionner de nouveau notre rapport à la nourriture. Du rituel social du repas souligné par Hans Op de Beeck au cannibalisme chic de Philippe Mayaux, la bouffe demeure un médium de choix. n M.G. Mmmm… ! jusqu’au 2 décembre, centre d’art contemporain, Pontmain

DR

© Aurélie Dourmap

Avec : Cécile Benoiton, Claude Closky, Hervé Le Nost,Marie-Hélène le Ny, Natacha Lesueur, Philippe Mayaux, Laurent Moriceau, Daniel Nadaud, Hans Op de Beek

In and out Attention peinture libre Déclarée morte puis ressuscitée puis de nouveau figée, la peinture demeure au centre des passions qui s’agitent dans le milieu de l’art. C’est sa représentation dans l’espace public que pose au centre du débat P. Nicolas Ledoux en lien avec Entre-Deux et le Musée des beauxarts de Nantes. Habitué de ce type de questionnement, mettant l’art face à ses réalités et ses paradoxes, l’artiste révèlera la peinture du musée nantais en éclatant le cadre dans lequel elle finit par étouffer. n M.G.

Lettre à Paolo Suivez le fil Aurélie Dourmap est une jeune plasticienne qui pratique le dessin sous différentes formes, peinture noire, simple crayon ou fil de couture. C’est avec ces outils qu’elle a imaginé un plan de visite singulier et participatif. Le dessin s’échappe du cadre, devient fil ou s’emboîte. n C.J.

In and out, du 27 octobre au 1er décembre, Base d’appui Entre-Deux, et affichage dans les lieux publics jusqu’au mois de décembre, Nantes.

Lettre à Paolo, du 14 novembre au 22 décembre, Galerie 5, Angers.

www.entre-deux.org/

http://bu.univ-angers.fr/page/galerie-5


DR

expositions

Pan ! Mais qui êtes-vous Françoise Truffiotte ? Boom Ça tue la sérigraphie : quoi de mieux pour micro-éditer tee-shirts, affiches, cartes postales... Tout est possible ou presque, avec le Do It Yourself. Pan ! , collectif nantais qui œuvre pour la promotion du genre, prend prochainement ses quartiers à La Gâterie. En plus de proposer des ateliers d’initiation à la pratique, il s’agit d’offrir aussi une exposition. Mais qui êtes-vous Françoise Truffiotte ? revient sur la vie et l’œuvre du célèbre cinéaste pornographe, auteur des cultissimes L’anus à mes ricaines et autre Vivement dix manches. n M.G.

PARCOURS DE DÉCOUVERTE NUMÉRIQUE DU 7 AU 23 DECEMBRE POUR LES 2-3 ANS

Pan ! Mais qui êtes-vous Françoise Truffiotte ?, du 24 novembre au 12 janvier, La Gâterie, la Roche-sur –Yon. www.lagaterie.org/

DR

ACCES LIBRE TOUS LES JOURS 10H . 12H30 / 14H .18H30 Jean-Paul Friol Chirurgien plastique Si ce double emploi, de chirurgien d’une part et d’artiste de l’autre, est plutôt saugrenu, c’est surtout l’œuvre que Jean-Paul Friol laisse derrière lui qui demeure saisissante. En effet, il a énormément produit, touchant à tout, testant jusqu’à plus soif. Du purement figuratif au travail sur la matière, ses recherches sont multiples et prolifiques. Sa disparition en 2011 a levé le voile sur la richesse déroutante de son travail, qui ne cesse de révéler des pistes insoupçonnées. n M.G. Jean-Paul Friol, du 22 novembre au 2 décembre, Le Café des Négociants, Rezé. www.cafedesnegociants.fr/

EXPOSITION CONÇUE PAR


d os à d os

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Kostar Photo / Tangui jossic pour

Encore un disque pour les branchés ? n Si on veut. En tous

les cas, le morceau avec Daho est playlisté par France Inter. Du coup, je perds déjà le public du Social Club.

Forty Eight Hours est-il votre album ou celui d’Arnaud Rebotini ? n C’est

le mien. Mais c’est génial qu’Arnaud ait accepté de le produire. Il a vraiment respecté les démos que je lui avais fournies. Il ne m’a rien imposé. Pour preuve, il m’a même laissé faire Le Spleen de l’officier, un slow un peu kitsch.

En pleine crise économique, vous sortiez Recession Song. Opportuniste ? n À fond ! C’est vraiment le

tout premier morceau que j’ai fait. C’était en 2008. J’étais à New York. Même si les paroles n’ont rien à voir avec la récession, je me souviens que sur mon Myspace, j’avais mis la photo de Madoff.

Quel artiste ne remixeriez-vous jamais ? n Alors là, aucune idée.

J’ai remixé Alizée alors que ça me faisait chier. Mais c’était intéressant de s’y coller. Château Marmont était à la production et il y avait des sons de qualités sur l’original. Bon après, le morceau

N’est-ce pas un peu saoulant cette nostalgie 80’s ? n Je com-

prends, mais c’est la musique des années 80 qui m’a donné envie d’en faire. Je n’ai jamais fantasmé sur les guitares, mais plutôt sur les boîtes à rythmes et les synthés. n

n’est jamais sorti.

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