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incorporated!

Halle de la Courrouze Musée des beaux-arts de Rennes Frac Bretagne 40mcube Outsite La Criée centre d’art contemporain Galerie Art & Essai

Musée de la danse / EESAB – site de Rennes Le Praticable Lendroit éditions École des Beaux-arts (Saint-Brieuc) Passerelle Centre d’art contemporain (Brest)

01.10 – 11.12 2016 lesateliersderennes.fr


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François Ozonw recto...

Vous réalisez des films variés, comment définir votre cinéma ? n Je ne suis

l’intervie

INTERVIEW ET PHOTO / R MATTHIEU CHAUVEAU POUR KOSTA

pas du tout dans l’autoanalyse, mais le désir est toujours moteur : désir de filmer des gens, de raconter des histoires.

Vos films préférés sont-ils en noir en blanc ? n Non,

Un certain goût pour le genre ? n Oui, il permet

je ne fétichise pas du tout le noir et blanc. J’ai choisi de tourner Frantz de cette manière parce que notre mémoire de la guerre 14-18 est elle-même en noir et blanc.

de jouer avec les attentes du spectateur. Par exemple en commençant une histoire comme un thriller et en la continuant comme un film romantique.

Vous faites presque un film par an, comment sera le suivant ? n Très différent,

Un certain goût pour le genre sexuel, aussi ? n Mes films

parlent d’aujourd’hui, de ce que c’est d’être un homme ou une femme. Il se trouve que le masculin et le féminin sont des valeurs qui ont beaucoup

plus transgressif : un thriller érotique !

évolué.

Lubitsch est la star des cinéastes mais le public le connait-il encore ? n Pour

beaucoup de cinéphiles d’aujourd’hui, les plus vieux films sont ceux des années 70. J’adorerais qu’ils redécouvrent Lubitsch qui a été un cinéaste très inventif, moderne.

FRANZ, UN FILM DE FRANÇOIS OZON, AVEC PIERRE NINEY, PAULA BEER, ERNST STÖTZNER

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K O S TA R PA R L E M E N U

recto n François Ozon / P3 Cover girl n Framee / P8 le k de kostar n Jeanne Cherhal / P10

actus n / P12 portefeuille mode n Les grands gamins, par Gildas Raffenel / P16 Business Classe n MPO / P24 Chef oui chef n Pascal Roy / P26 Tous addict(e)s ? n Jean-Luc Vénisse / P26

actus n / P32 Têtes de série n Classe Mannequin / P34 n Lena Paugam / P53 Rencontres n Jean-Michel Jarre / P40 n Ambra Senatore / P57 portefeuille artistique n Journey home, par Jean-Alain Corre / P68 Le moi dernier n par Pierrick Sorin / P74 une ville ailleurs n Quito par Hervé Maigret / P78 verso n François Ozon / P82

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& LE CHANT DU MONDE

& de la Tapisserie contemporaine

Musée Jean-Lurçat

CLAIRE MORGAN


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Q U I F A I T Q U O I  ?

KOSTAR est édité par Médias Côte Ouest, SARL de presse au capital de 30 794,70 euros Directeur de la publication et de la rédaction n Patrick Thibault Graphisme et maquette n Damien Chauveau Développement n Marc Grinsell, Patrick Thibault. Publicité n pub@kostar.fr SECRÉTAIRE DE RÉDACTION n Cécile You COMPTABILITÉ n Bénédicte Da Costa Rédaction n redaction@mcomedia.fr Studio graphique n damien@mcomedia.fr Merci à tous ceux qui ont participé à ce numéro PA G E 0 6

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Rédacteurs n Vincent Braud, Matthieu Chauveau, Fédelm Cheguillaume, Antonin Druart, Marie Groneau, Hervé Maigret, Christophe Martin, Pierrick Sorin, Patrick Thibault.

Tous droits de reproduction réservés. Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs. Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. n Abonnement annuel 30 euros

Photographes n Tangui Jossic, Hervé Maigret, Yann Peucat, Gildas Raffenel, Pierrick Sorin.

Médias Côte Ouest, 2 ter rue des Olivettes, CS33221, 44032 NANTES CEDEX 1 n + 33 (0)2 40 47 74 75. ISSN : 1955-6764

GRAPHISTES / Illustrateurs / artistes plasticiens n Framee (couverture, ours, sommaire, Une ville ailleurs, custom des titres), Jean-Alain Corre, Pierrick Sorin Styliste n Émilie Raffenel Modèles n Anouk, Hulk, Léna, Nathan, Ruben Remerciements n Kléber Guillemot, Lisa Pineau, Julien Paris, Les Grands Gamins à Rennes, tous nos annonceurs Imprimé en CEE n Dépôt légal à parution n © Kostar 2016 www.kostar.fr www.facebook.com/magazineKostar OCTOBRE-NOVEMBRE 2016

Nos lecteurs et internautes sont informés que l’envoi à la rédaction, par leurs soins, de photographies représentant leur image et destinées à être publiées au sein de la rubrique « Sur son 31 », entraînent de facto leur acceptation : pour diffusion au sein du magazine « KOSTAR » édité par la société « Médias Côte Ouest », pour diffusion au sein des plateformes numériques « www.kostar.fr » et « www.facebook.com». Cette autorisation est valable sans limitation de durée. La rédaction s’engage en contrepartie à ce que les éventuels commentaires ou légendes accompagnant la reproduction ou la représentation de ces photographies ne portent en aucune façon atteinte à leur réputation ou à leur vie privée.


Soubresautrs ©Jean-Pierre Dupuy/Théâtre du Radeau


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K O S TA R H A B I L L É PA R …

Couverture / P01 n Sommaire / P04 n Ours / P06 n Une ville ailleurs / P80 n Custom des titres / P08, 10, 12, 26, 30, 32, 34, 41, 53, 57, 68, 78 TEXTE / PATRICK THIBAULT

PHOTO / TANGUI JOSSIC POUR KOSTAR

Framee, c’est une collection de cadres, tous réalisés en papier découpé, plié ou tressé à la main. Derrière cette appellation, se cache Élise Fauveau, designer produit, issue de l’École de Design de Nantes. Indépendante, elle continue de créer, notamment pour Maison Simone qui fait de la déco et du mobilier, à Rezé. n Framee est née de sa passion pour le papier. « J’avais envie de manuel, de quelques chose de plus personnel et plus artistique. » Le papier, elle l’a découvert avec ses premiers contrats et en est tombée amoureuse : « C’est simple et en même temps infini ce que l’on peut faire avec une feuille et si peu d’outils. » Elle aime jouer avec les couleurs, les textures, les grammages, les superpositions et les contrastes : « Il n’y a pas mieux pour créer des univers. » n La proposition de Kostar ? « Je ne m’y attendais pas du tout, mais c’est top d’avoir un nouveau support pour travailler le papier d'une manière elle aussi nouvelle puisqu’il a fallu photographier les réalisations. » Élise Fauveau voulait que l’on puisse voir tout au long du magazine la patte Framee et la relier à l’univers de Kostar, « le magazine où il y a les gens que j’aime et que j’ai envie de voir ». n Après une exposition chez Kiosko, on va la retrouver régulièrement à la HAB Galerie, à La Cachette d’Alibabette et chez Maison Simone. n WWW.ELISEFAUVEAU.COM PA G E 0 8

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14 > 20 OCT - LE GRAND T

TEXTES ET MISES EN SCÈNE WAJDI MOUAWAD LIBREMENT INSPIRÉS DE PHILOCTÈTE ET ŒDIPE À COLONE DE SOPHOCLE

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2016/17

INFLAMMATION DU VERBE VIVRE LES LARMES D’ŒDIPE

© SOPHIE JODOIN

DES MOURANTS


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U N E P E R S O N N A L I T É À L A M O D E PA R L E D E M O D E

« LA MODE M’INTÉRESSE MAIS JE NE SUIS PAS SÛRE DE L’INTÉRESSER » INTERVIEW / MATTHIEU CHAUVEAU

PHOTO / © FRANK LORIOU

Vous êtes quelqu'un de stylée. Depuis quand faites-vous attention à votre look ? n Je ne pense pas être si stylée ! Je fais attention, mais je ne me sens jamais mieux qu’en jeansmarinière-perfecto. Sur scène, par contre, je fais gaffe : je n’ai pas droit à l’erreur. Pensez-vous avoir le costume de l’emploi ? n Disons que j’en ai plusieurs. Autant sur scène, je n’hésite pas à porter un smoking à paillettes, autant au quotidien, des boots, un jeans et un blouson en cuir me conviennent. J’ai l’impression que quand on a un métier qui nous expose, c’est un peu indispensable d’avoir deux garde-robes. Bon, Lady Gaga ne dirait probablement pas ça. Comment choisissez-vous un costume de scène ? n C’est celui dans lequel je me sens la plus conquérante. J’en ai plusieurs. J’ai toujours un smoking noir sous le coude. C’est la pièce très classique, « grande dame de la chanson ». Mais plus ça va, plus je me permets des libertés vestimentaires, jusqu’à porter des paillettes. Quels rapports entretenez-vous avec la mode ? n Elle m’intéresse mais je ne suis pas sûre de l’intéresser. Je pense que la mode est un art de vivre, une expression artistique. J’ai porté du Margiela il y a quelques années : une robe toute en grandes franges. J’adorais. Pensez-vous être à la mode ? n Pas du tout, à l’image de ma musique, d’ailleurs. Ce que je regrette, c’est qu’aujourd’hui on soit dans une mode un peu uniforme. On se permet moins de choses qu’il y a quelques décennies. Par exemple, dans le studio où je travaille, j’ai l’impression qu’on est tous habillés pareil. Les mecs sont tous en slim, avec des petites boots et une barbe. Être à la mode, c’est quoi pour vous ? n L’intérêt n’est pas d’être à la mode, c’est de la lancer. Personnellement, j’adore les mecs qui portent une combinaison de peintre blanche, un PA G E 0 1 0

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peu comme le guitariste des Who. Je trouve ça hyper sexy. J’attends qu’un mec relance cette mode, pour changer des slims. En plus, ça doit être hyper agréable à porter. Qu’y a-t-il dans votre valise quand vous partez en tournée ? n Un peu de bouffe : des tablettes de chocolat 90%, des fruits secs, des yaourts au soja. En tournée, on mange souvent mal, notamment dans les festivals. À tel point que cet été, j’ai dû emporter une salade de riz dans ma valise. Mal manger, ça peut déprimer. On dit que dans un sous-marin, la personne la plus importante pour le moral des troupes, c’est le cuisinier. À qui voudriez-vous tailler un costard ? n Donald Trump mériterait qu’on lui taille un costard. Mais il mériterait surtout une bonne coupe de cheveux pour commencer. Quel est le comble du chic ? n Charlotte Gainsbourg à n’importe quel moment de la journée. Elle a une classe naturelle, une grâce. J’aime tout chez cette femme. Le comble du mauvais goût ? n La french manucure. Je trouve ça tellement laid. Pour moi, c’est la vulgarité, la grossièreté incarnée. Quelle personnalité voudriez-vous relooker ? n Marge Simpson. J’ai un problème avec sa robe verte. Quand on a des cheveux comme elle, c’est pas possible de porter du vert. Je préférerais du rouge. n JEANNE CHERHAL EN SOLO, AUDITORIUM SAINT-MICHEL, LES SABLES D'OLONNE, LE 21 OCTOBRE SALLE PAUL FORT, LA BOUCHE D’AIR, LES 8 ET 9 NOVEMBRE QUARTIER LIBRE, ANCENIS, LE 10 NOVEMBRE LE DÔME, SAINT-AVÉ, LE 18 NOVEMBRE LE CARGO, SEGRÉ, LE 13 JANVIER 2017 WWW.JEANNECHERHAL.FR

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© HENRIOT-QUIMPER

CONTRIBUTEURS DU CAHIER TENDANCES VINCENT BRAUD, MATTHIEU CHAUVEAU, ÉMILIE RAFFENEL, GILDAS RAFFENEL, PATRICK THIBAULT

Manufacturé Jean Jullien est partout. Les dessins du créateur du Nid, au sommet de la tour Bretagne à Nantes, continuent de faire le tour du monde. Son regard, son trait, sa légèreté séduisent tous les publics. L’exposition Recyclage du Voyage à Nantes à peine terminée, il se lance dans une aventure avec la traditionnelle manufacture Henriot à Quimper. Une semaine passée à peindre sur de la faïence et bientôt des pièces qui seront produites en série. On a hâte de voir ces productions. n WWW.HENRIOT-QUIMPER.COM, WWW.JEANJULLIEN.COM PA G E 0 1 2

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MADE IN FRANCE & EUROPE

KOSTPARIS.COM • Nantes . SCOT T / Rennes . SCOT T / Angers . UNIVERSAL JACKSON


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Pianissimo Spécialiste incontesté du piano, la maison Desevedavy était située rue du Maréchal Joffre à Nantes depuis sa création en 1942. Elle vient de déménager pour un local plus vaste de 1300 m2 au pied du périphérique nantais. Cet écrin est exclusivement dédié au piano. On y trouve tous les types (droit, à queue, électronique, clavier, synthé) dans deux espaces réservés, l'un à l’électronique, l'autre à l’acoustique. La maison a abandonné guitare et batterie pour se recentrer sur son cœur de métier qui a fait sa réputation en terme d’expertise. n

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DESEVEDAVY MUSIQUE, ROND POINT DU CROISY, ORVAULT. WWW.DESEVEDAVY-MUSIQUE.FR

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High Fidelity À Nantes, Staccato, rue Jean Jaurès, s’impose comme le spécialiste haute fidélité et musique. L’enseigne qui s’applique à présenter une autre vision tient salon début novembre pour présenter des merveilles. Hors des modes et des normes, StaccatoLarosiere réunira valeurs sûres, nouveautés et avant-premières au seul bénéfice de l’émotion musicale. Du matériel haut de gamme mais pas nécessairement inaccessible réparti dans 10 salles d’écoute. n SALON STACCATOLAROSIÈRE, 35 RUE DE LA ROSIÈRE D’ARTOIS, NANTES, LES 5 ET 6 NOVEMBRE. WWW.STACCATO-HIFI.FR PA G E 0 1 4

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On n’arrête jamais le chef Pascal Favre d’Anne. À Angers et à Nantes, il s’est lancé dans le burger de qualité avec les restaurants VF. À peine a-t-il retrouvé son étoile dans son loft angevin après son année de fermeture qu’il part pour une nouvelle aventure. Et quelle aventure : un restaurant à Paris. Homard & bœuf pour une escale terre et mer cuisinée par des Angevins. Ouverture fin septembre d’un restaurant concept qui pourrait faire des petits. n HOMARD & BŒUF, 22 AVENUE DE VILLIERS, PARIS


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LES GRANDS GAMINS PAR GILDAS RAFFENEL AVEC ANOUK, LÉNA, NATHAN, RUBEN & LE CHIEN HULK STYLISTE ÉMILIE BERGER ASSISTÉS DE LISA PINEAU ET KLÉBER GUILLEMOT RETOUCHES JULIEN PARIS


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RUBEN PANTALON _FINGER IN THE NOSE _CHEZ FRIMOUSSE LE DRUGSTORE CHEMISE _LES GARÇONS FACILES, CRAVATE _BELLEROSE ET SAC _BEN SHERMAN _CHEZ LE PATRON LUNETTES TOBOGAN _LAFONT PARIS _CHEZ À VUE D'ŒIL


NATHAN VESTE _SCOTCH & SODA _CHEZ CRAZY REPUBLIC SHOES _KENZO _CHEZ BESSEC


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ANOUK PANTALON _CIMARRON ET T-SHIRT _BONPOINT _CHEZ FRIMOUSEE LE DRUGSTORE SHOES _CHIE MIHARA ET SAC GIANNICHIARINI _CHEZ 52 MADELEINE



RUBEN MANTEAU _SCOTCH & SODA _CHEZ CRAZY REPUBLIC NATHAN T-SHIRT _FINGER IN THE NOSE _CHEZ FRIMOUSSE LE DRUGSTORE LUNETTES IRWIN _JF REY KIDS _CHEZ À VUE D'ŒIL LÉNA PANTALON _FINGER IN THE NOSE ET T-SHIRT _BONPOINT _CHEZ FRIMOUSSE LE DRUGSTORE LUNETTES TOBOGAN _LAFONT PARIS _CHEZ À VUE D'ŒIL ANOUK MANTEAU _BELLEROSE _CHEZ LA PETITE RENNAISE LUNETTES NINJA _LAFONT PARIS _CHEZ À VUE D'ŒIL


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BUSINESS CLASSE

VINYL FOREVER TEXTE / MATTHIEU CHAUVEAU

PHOTOS / © MPO

Un léger grésillement, des faces à retourner, un objet fragile. À l’heure de la dématérialisation à l’extrême, ce qui faisait autrefois les défauts du vinyle nous parait aujourd’hui d’un charme unique. Un support dont les imperfections apparentes renferment un son autrement plus chaud que celui du MP3. Et qui se vend ! Donné pour mort dès la fin des années 80, avec l’avènement de sa version compacte et numérique (rappelez-vous : le CD), le disque vinyle fait un surprenant come-back à l’ère du MP3 et des sites de streaming. Il n’y a qu’à regarder autour de nous… Dans les films récents, quand un personnage écoute un disque, il prend la forme d’une grande galette noire (de Frances Ha à Rester Vertical). À la Fnac, le rayon vinyle grignote chaque jour du terrain sur celui du CD. Pour Netflix PA G E 0 2 4

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(plateforme de la dématérialisation par excellence !), Martin Scorsese imagine une série qu’il intitule sobrement… Vinyl. Et nous ne parlons même pas des disquaires indépendants, qui eux n’ont jamais lâché leurs 33 tours, et qui reprennent peu à peu du poil de la bête. n Ce que nous ne pouvions deviner, c’est que ces microsillons flambant neufs que nous achetons pour leur qualité sonore avérée (la musique, ici, ne subit aucune compression) ou tout simplement pour la


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beauté de l’objet (les pochettes d’album tout à coup, prennent de l’ampleur), ont sans doute été fabriqués dans une petite commune de Mayenne… Villaines-la-Juhel, c’est ici que la société familiale MPO (Moulages Plastiques de l’Ouest) fabrique des disques depuis 1957. D’abord spécialisé dans le vinyle, puis dans le CD et le DVD, sans jamais avoir abandonné le premier support (et donc le savoir-faire en la matière), MPO est aujourd’hui le premier des trois acteurs majeurs du vinyle en Europe. Cette année, 12 millions de galettes noires sortiront de ses presses, dont 80% environ partiront à l’étranger, en particulier aux Etats-Unis, gros consommateur, en particulier chez les jeunes. n Alors, simple effet de mode ou vrai phénomène ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis 2006, le marché connaît une croissance de plus de 30% par an, quand le CD, lui, baisse chaque année d’environ 15%. Evidemment, la galette noire (re)part de loin, et nous sommes toujours dans un marché de niche, mais force est de constater qu’elle n’est aujourd’hui plus seulement plébiscitée, comme il y a 20 ans, par quelques DJ et collectionneurs. MPO, en tout cas, parie sur une hausse pérenne de la demande, puisqu’il vient de s’équiper de huit nouvelles presses, venant s’ajouter aux seize machines tournant déjà à plein régime dans son usine. Seul bémol, il n’existe plus un seul constructeur de presse à vinyle dans le monde. L’entreprise a donc dû dénicher d’occasion des machines qui dormaient au fond d’un entrepôt au Venezuela, en attendant la suite. Fabricant de machines à presser les vinyles, un métier d’avenir ? n MPO FRANCE, VILLAINES-LA-JUHEL (53). WWW.MPO.FR

1957 : CRÉATION DE L'ENTREPRISE FAMILIALE DE PRESSAGE DE DISQUES VINYLES MPO PAR LA FAMILLE TYREL DE POIX

2012 : LE PRODUCTION DE VINYLES REPART À LA HAUSSE CHEZ MPO, GRÂCE NOTAMMENT À LA DEMANDE ANGLOSAXONNE.

1982 : MPO EST LA PREMIÈRE ENTREPRISE À FABRIQUER EN EUROPE UN TOUT NOUVEAU SUPPORT, LE CD

2015 : MPO PRESSE 10 MILLIONS DE VINYLES, CONTRE 6 MILLIONS EN 2014

2003 : MPO DEVIENT LE LEADER MONDIAL DU PRESSAGE DE CD ET ASSURE PLUS DE LA MOITIÉ DE LA PRODUCTION FRANÇAISE DE DVD

2016 : MPO S'ÉQUIPE DE 8 NOUVELLES PRESSES À VINYLES POUR RÉPONDRE À LA DEMANDE

9 RUE SCRIBE NANTES 02 40 69 32 57 14 RUE BOILEAU NANTES 02 40 48 64 01


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« LA CUISINE, C’EST CULTUREL » INTERVIEW PATRICK THIBAULT / PHOTO KRISTO POUR KOSTAR

Passionné de cuisine depuis l’enfance, Pascal Roy a fait MasterChef et a ensuite décidé de tout quitter pour ouvrir son restaurant. La Table des Roy entend prouver que le 100% sans gluten peut être synonyme de plaisir et de bon goût, tout comme le végétalien. Pouvez-vous résumer votre parcours ? n J’ai toujours cuisiné sans penser que ça pourrait être une profession. J’ai fait une école de commerce, travaillé dans l’export du textile pendant 30 ans. Puis, j’ai été pris dans MasterChef et j’ai décidé d’ouvrir mon restaurant, même si tout le monde me disait que c’était une folie. PA G E 0 2 6

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MasterChef, c’était pour obtenir un diplôme ou une légitimité ? n C’est un peu ça, un challenge. Ça a été 7 semaines 100 % cuisine, jour et nuit. Je n’ai pas voulu arrêter ça. Mais je n’ai jamais affiché de panneau. Je n’ai pas craché dans la soupe mais je ne voulais pas qu’on se dise que ça n’était que ça. Je ne suis pas le type de cuisinier


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qui va faire 15 essais. J’ai gardé le goût du test grandeur nature même si parfois je me plante. Pouvez-vous définir votre cuisine ? n Elle est multiple et je suis influençable. Dès que je trouve une épice ou un produit qui me plaît, il faut que je crée un plat autour. En partant de plats traditionnels, je mélange les produits locaux et d’ailleurs. Pour moi, la cuisine, c’est culturel et les cultures s’enrichissent quand elles se mixent. Je ne pourrais pas être 100 % locavore. Je mets du paprika fumé ou autre chose dans le beurre blanc. Pourquoi sacrifier à la mode du burger ? n J’ai toujours aimé le burger. Huit mois après mon installation, j’ai eu envie d’en faire à midi. Quand j’ai appelé Éric Marché, mon boulanger (Pain, Beurre & Chocolat, avenue amiral Courbet), je lui ai dit : « Je veux des buns noir, rouge et vert ». Il les avait déjà créés. On peut tout faire avec le burger, en fonction des saisons. Le soir, je m’éclate dans une cuisine plus créative. Pourquoi ce 100 % sans gluten ? n Ma femme est intolérante au gluten. Là aussi, c’est un challenge. Au début, c’est difficile, puis on trouve. On dit qu’il y a 1,5 % d’allergiques mais à Nantes, ça fait 7500 personnes qui ont la trouille dès qu’elles vont au restaurant. Maintenant, un client sur trois est allergique. Et je prends mon pied sur le végétalien qui demande beaucoup de travail. Quel regard portent vos confrères sur le cuisinier de MasterChef ? n Je suis souvent suspect. Je peux les comprendre puisque je n’avais jamais fait de cuisine. En plus, j’avais fait de la télé, alors je devais avoir la grosse tête. Les plus grands qui étaient dans le jury m’ont aidé. Certains collègues viennent. Laurent Saudeau est bienveillant. n LA TABLE DES ROY, 4 RUE DES TROIS CROISSANTS, NANTES. WWW.LATABLEDESROY.FR

ENTRÉE RISOTTO DE SARRASIN ET DE CHANVRE, CHOU ROMANESCO, CRÈME DE BUTTERNUT ET KORORIMA, FLOCONS DE LEVURE AU RIZ PLAT CŒUR DE RIS DE VEAU POÊLÉ, BRUNOISE DE NAVET BOULE D’OR À LA DULSE, GRAINE DES ABORIGÈNES, MORILLES ET CHAMPIGNONS FORESTIERS À LA CRÈME DESSERT TRIO CORSICA (CRÈME BRÛLÉE EN 3 FAÇONS : CÉDRAT ET MANDARINE VERTE, IMMORTELLES DE CORSE ET NÉPITA, PAIN LARICIO ET MIEL DE MAQUIS). VINS GAÏA DE JÉRÔME BRETAUDEAU CHINON DE PASCAL ET BÉATRICE LAMBERT

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JEAN-LUC VÉNISSE “L’ADDICTION, C’EST LA PERTE DE LA LIBERTÉ DE S’ABSTENIR...” INTERVIEW / VINCENT BRAUD

PHOTO / TANGUI JOSSIC POUR KOSTAR

“Je suis accro…” En clair, “je ne peux plus m’en passer”. Une autre façon de parler de l’addiction ? On en parle aujourd’hui à tout propos. Psychiatre, Jean-Luc Venisse est à l'initiative de la création du Centre de référence sur le jeu excessif (CRJE) une des premières composantes de l'Institut fédératif des addictions comportementales. Entretien pour tenter de faire la part des choses. Quelle définition donneriez-vous à l’addiction ? n Il faut toujours se méfier d’une seule définition. Parlons plutôt de deux critères : la perte de contrôle sur un comportement répétitif et envahissant, et la poursuite PA G E 0 3 0

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de ces comportements malgré leurs conséquences négatives sur la vie professionnelle, sociale et personnelle… Cela se traduit en fait par la perte de la liberté de s’abstenir.


TOUS ADDICT(E)S ?

Quand commence l’addiction ? n Le curseur est difficile à poser. Il y a des critères médicaux qui, aujourd’hui, sont posés sur des problématiques traitées hier sous l’angle de la religion ou de la morale. Il ne fait pas de doute que les évolutions sociétales ont fait tomber certains carcans antérieurs. D’où la nécessité pour la médecine de s’emparer de ces questions. L’addiction était, hier, essentiellement liée à la consommation de drogues… n Le toxicomane a longtemps été le boucémissaire idéal pour évacuer une question qui, au fond, concerne tout le monde. Depuis 25 ans, on relativise cette polarisation excessive sur les produits illicites. On sait très bien que certains produits licites dont l’alcool — produit à l'origine des dommages les plus importants – et le tabac peuvent être aussi dangereux. On est sorti de cette stigmatisation. On travaille davantage sur les comportements et les consommations, même si toute consommation n’est pas addiction.

“LE TOXICOMANE A LONGTEMPS ÉTÉ LE BOUC-ÉMISSAIRE IDÉAL POUR ÉVACUER UNE QUESTION QUI, AU FOND, CONCERNE TOUT LE MONDE”

Comment devient-on addict ? n L’addiction ne se réduit jamais à un facteur. Il y a un individu, plus ou moins fragile, et un objet aux propriétés plus ou moins addictogènes, dans un contexte ou un environnement plus ou moins propice. C’est la recherche d’un plaisir intense et immédiat, d’où la répétition de l’action. Le champ de l’addiction s’est élargi aux comportements ou conduites qui entraînent des dommages, physiques ou psychologiques, même si la dépendance n’est pas encore manifeste. On parle d’une “société addictogène”… n La société n’offre, le plus souvent, qu’une vision à court terme… Elle met en avant la performance… ce qui peut développer l’envie de se procurer quelque chose tout de suite pour un effet immédiat. Aujourd’hui, les outils numériques participent à tout ça, comme un accélérateur du temps. Les capacités d’auto-contrôle de chacun sont mises à mal et il devient difficile de résister à ces pressions. PA G E 0 3 1

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Sommes-nous tous condamnés ? n Nous sommes tous vulnérables. La limite concerne chacun, c’est humain et il faut l’accepter. L’addiction peut procéder de l’engrenage, de comportements qui se répètent… et il peut devenir difficile de s’en sortir seul. Il y a un phénomène d’entonnoir lorsque le processus happe la vie et la tête. Mais il peut toujours y avoir un élément de vie qui peut permettre d’échapper à cette emprise. Aujourd’hui, on pointe du doigt les jeux vidéos, les réseaux sociaux… n Ah, l’addiction et le numérique… L’université de Nantes a organisé un MOOC (massive open online courses) sur le sujet. La facilité, c’est d’avoir un avis très tranché, soit banalisation, soit diabolisation. L’outil numérique peut faciliter les comportements addictifs : plus besoin de sortir de chez soi pour jouer aux jeux d’argent par exemple et on note une augmentation des cas de jeu pathologique. Mais le numérique touche bien d’autres domaines, comme le sexe ou encore les achats… mais, à l’opposé, les outils numériques peuvent être des aides pour s’en sortir et accompagner les soins. Comment examiner ces problèmes sans référence à la norme ou à la morale ? n Lorsqu’on distribuait de l’alcool aux ouvriers ou aux soldats, on ne se posait pas ce genre de question… On évite ce genre d’écueil dès lors qu’on se concentre sur une rupture de trajectoire. Il peut y avoir des ruptures, ou des phénomènes de “panne” chez les ados par exemple. L’addiction peut alors être une tentative de solution pour trouver des échappatoires. n

Addict(e)s ? Les addictions seront au cœur des débats d’un nouveau rendezvous proposé par le lieu unique et l’asso EthicA. Psychiatres, sociologues, philosophes… débattront de l’addiction. Jean-Luc Venisse sera l’un des intervenants. n ADDICT(E)S, LE LIEU UNIQUE, NANTES, 5 ET 6 NOVEMBRE. WWW.LELIEUUNIQUE.COM

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RÉDACTEURS DU CAHIER CULTURES VINCENT BRAUD, MATTHIEU CHAUVEAU, FÉDELM CHEGUILLAUME, ANTONIN DRUART, MARIE GRONEAU, PATRICK THIBAULT

25 ans de Chaînon CHATONS VIOLENTS OCÉANEROSEMARIE © BARRÈRE ET SIMON

Le Chaînon Manquant fête à Laval sa 25e édition. 6 jours de festival, 70 spectacles, 112 représentations, 12 lieux, 7 disciplines (théâtre, danse, musique, arts du cirque, arts de la rue, jeune public et humour), plus de 250 professionnels, 17 000 spectateurs en 2015, 250 adhérents au Réseau Chaînon, plus de 800 représentations générées sur la saison 2016-17 en France et à l’étranger ! En parallèle du festival à Laval, les Pays de la Loire proposent 26 spectacles décentralisés dans 22 lieux de spectacle de la région. n LE CHAÎNON MANQUANT, LAVAL, DU 13 AU 18 SEPTEMBRE. LE CHAÎNON EN RÉGION, PAYS DE LA LOIRE, DU 8 AU 15 OCTOBRE. WWW.LECHAINON.FR, WWW.CULTURE.PAYSDELALOIRE.FR PA G E 0 3 2

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ACTUS

The galerie PHILIPPE COGNEE - GOLA 1 - 2014 - 114X146CM

À la rentrée 1986 naissait la Galerie Oniris, née du rêve d’Yvonne Paumelle, qui a, en 2012, passé le flambeau à son fils Florent. Le grand bal des expositions débuta avec l'œuvre du regretté François Morellet, disparu cette année. Des pointures comme Nemours, Viallat, Asse, sont représentées par le lieu, idéal îlot pour l'art abstrait. Pour célébrer les 30 ans, carte blanche au critique d’art Philippe Piguet qui invite Albérola, Mencoboni et le Nantais Philippe Cognée. n GALERIE ONIRIS, 30 ANS, 38 RUE D'ANTRAIN, RENNES, DU 30 SEPTEMBRE AU 3 DÉCEMBRE. WWW.GALERIE-ONIRIS.FR

Portraits de famille Parce qu’il faut bien vivre quelque part, Stéphane Hoffmann s’est installé en pleine campagne. C’est là qu’il entre en écriture. Il partage avec ses personnages légèreté, humour et… férocité. À l’instar d’Un enfant plein d’angoisse et très sage, il n’est dupe de rien. Antoine, ado délaissé par ses parents, est au cœur d’une galerie de portraits brossés avec talent. L’auteur y glisse (habilement) quelques amis et… quelques vacheries. Pour n’être pas frappante, la ressemblance entre Bernadette Chirac et Karl Lagerfeld devient soudain évidente. n UN ENFANT PLEIN D’ANGOISSE ET TRÈS SAGE, STÉPHANE HOFFMANN, ALBIN MICHEL

Nouvelles directions C’est donc le comédien et metteur en scène Arthur Nauzyciel qui succèdera à François Le Pillouer à la tête du TNB au 1er janvier 2017. Il arrive du CDN d’Orléans et annonce un projet ouvert sur le monde avec des artistes comme Vincent Macaigne, Sidi Larbi Cherkaoui, des écrivains et des musiciens. La chorégraphe Maud Le Pladec a, elle, été nommée à la tête du CCN d’Orléans. À Nantes, Sophie Levy qui arrive du LaM à Lille a pris ses fonctions à la tête du Musée d’arts qui rouvrira début 2017. n PA G E 0 3 3

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POP MODELS TEXTE ET PHOTO / MATTHIEU CHAUVEAU POUR KOSTAR

Les quatre Nantais de Classe Mannequin brouillent les pistes entre rock déstructuré et mélodies pop dans un premier album fraîchement sorti. Chevelures et barbes hirsutes, tee-shirts d’un autre âge et shorts en jeans, Benoît, Sébastien, Richard et Sylvain n’ont pas à proprement parler la classe mannequin. Plutôt une classe authentiquement indie qu’on lui préfère, et qui, ici, n’a rien d’une démarche poseuse, opportuniste. Les musiques indépendantes, ces quatre trentenaires en jouaient depuis toujours dans des formations plus ou moins solides, avant de créer Classe Mannequin autour de références communes, il y a quelques années. n « On aime plein de choses, mais on se retrouve autour de groupes comme Sonic Youth ou Deerhoof, pour leur côté à la fois expérimental et accessible », confie Benoît, guitariste et lead singer, entre une gorgée de bière et une poignée de cacahuètes Grand Jury. C’est aussi la marque de fabrique de Classe Mannequin : pas le combo bière/cacahuètes (quoique), mais le refus de choisir entre les expérimentations et la pop, « entre les constructions pleines de cassures du math rock et une musique plus catchy ». Le label PA G E 0 3 4

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Head Records (Marvin, Pneu…), qui édite ces jours-ci leur premier album, invente d’ailleurs pour l’occasion un qualificatif : « math-pop ». n « En fait, on ne veut ni faire danser, ni jouer dans des caves obscures à tout prix », précise Benoît qui, pour compliquer encore le petit jeu des étiquettes, verse avec son projet solo Fairy Tales in Yoghourt dans un folk du plus bel effet, quand il n’accompagne pas les shoegazers Bantam Lyons ou les popeux Al Von Stramm sur scène. Mais « I don’t mind », comme le chante l’esthète dans l’un des meilleurs titres de l’album, une composition parfaite – plus pop que math – qui combine l’évidence mélodique de The Cure, la candeur de Pavement et la force des Pixies. Comme une définition de la classe, mannequin ou pas. n CLASSE MANNEQUIN MADAME RÊVE, NANTES, LE 16/09 ; TAVARN ROAZHON, RENNES, LE 8/10 ; LE P'TIT MINOU, BREST, LE 9/10 ; LE FERRAILLEUR, NANTES, LE 6/11. HEAD-RECORDS.COM/CLASSE-MANNEQUIN

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Grande électro

© MY NAME IS

Faites le calcul : le garçon est né en 1999, et a sorti son premier morceau en 2014... Précoce, Petit Biscuit l’est certainement. Mais là n’est pas l’essentiel, nul besoin de son état civil pour comprendre que l’électro cotonneuse du Rouennais est pleine de promesses, susceptibles de rivaliser avec celles de Flume ou The xx. n PETIT BISCUIT, SCOPITONE, NANTES, LE 24 SEPTEMBRE À ; L’UBU, RENNES, LE 20 OCTOBRE.

Cornemuse =/= BZH

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Nu Piping #3 est le dernier rendez-vous d’une trilogie imaginée par Erwan Keravec dans le but de confronter la cornemuse à la composition contemporaine. Le sonneur virtuose emmène son instrument loin de sa Bretagne pour le renouveler, tel un Coltrane des temps modernes, qui effectuait avec son sax un chemin analogue – mais opposé – dans les années 60, en allant du jazz vers les musiques traditionnelles. Après les solos, les duos, et de nombreux projets en parallèle (sur scène comme sur disque), Keravec s'attaque au quatuor, entouré de pointures du biniou, de la bombarde et de la trélombarde. n NU PIPING #3, LIEU UNIQUE, NANTES, LE 6 OCTOBRE

Addiction garantie

MHD © ELISA PARRON

MHD : une nouvelle drogue synthétique à la mode ? Pas du tout : le blase de la sensation rap de l’année, chantre de l’Afro trap, mélange survitaminé de dirty south et de musiques africaines. Attention pourtant, MHD recèle bien des propriétés addictives, à en juger par ses quelques 200 millions de vues sur YouTube. n MHD. L’ANTIPODE, RENNES, LE 5 OCTOBRE ; LA CARENE, BREST, LE 6 OCTOBRE ; LE CHABADA, ANGERS, LE 8 OCTOBRE ; LE 18 DÉCEMBRE, LA CITROUILLE, SAINT-BRIEUC. PA G E 0 3 5

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Retour vers le passé Dès notre découverte du trio néerlandais aux Transmusicales de 2012, une question nous brûlait les lèvres : pourquoi ce groupe n’a-t-il pas préféré se baptiser Rebirth of Joy, et même – tant qu’on y est – Rebirth of The Doors ? Beaucoup d’éléments, dans le groupe de Kevin Stunnenberg, Bob Hogenelst et Gertjan Gutman évoquent le groupe mythique de Jim Morrison : la voix du chanteur, les grilles d’accord blues, l’orgue cosmique. Avec, quand même, ce son heavy qui nous rappelle que les trois Birth of Joy étaient ados en même temps que Green Day… n BIRTH OF JOY, CHABADA, ANGERS, LE 9 NOVEMBRE ; FUZZ’YON, LA ROCHE-SUR-YON, LE 10 NOVEMBRE ; LA NOUVELLE VAGUE, SAINT-MALO, LE 11 NOVEMBRE.

et aussi BIGA RANX + EASY, LA BARAKASON, REZÉ, 6 OCTOBRE YANN TIERSEN, LA CITÉ DES CONGRÈS, NANTES, 9 OCTOBRE

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Été indien Découverts sur la scène de Stereolux au festival Indigènes au printemps dernier, Papooz sortait quelques semaines après son premier album, le bien nommé Green Juice. Un disque qui transpire l’été dans sa moindre harmonie vocale, son moindre riff de guitare exotique. Quelque part entre la pop technicolor d’un Erlend Øye et le folk transcontinental d’un Paul Simon. Un bain de soleil que, du coup, on est pressé de revoir sur scène pour réchauffer l’automne. n PAPOOZ. UBU, RENNES, LE 15 OCTOBRE ; LE CHABADA, ANGERS, LE 2 NOVEMBRE ; VIP, SAINT-NAZAIRE, LE 5 NOVEMBRE ; FUZZ’YON, LA ROCHE SUR YON, LE 15 NOVEMBRE ; LA CARÈNE, BREST, LE 16 NOVEMBRE ; 6PAR4, LAVAL, LE 19 NOVEMBRE PA G E 0 3 6

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RÉCITAL SUMI HWANG, ENSEMBLE MATHEUS, BAROQUE EN SCÈNE, THÉÂTRE GRASLIN, NANTES, 11 OCTOBRE MARK GUILIANA JAZZ QUARTET, PANNONICA, NANTES, 14 OCTOBRE. AVISHAI COHEN, INTO THE SILENCE, TNB, RENNES, 18 OCTOBRE ; PANNONICA, NANTES, 18 NOVEMBRE. PAOLO FRESU, OMAR SOSA, TRILOK GURTU, LA CITÉ DES CONGRÈS, 31 OCTOBRE JUNGLE BY NIGHT, ONYX, SAINT-HERBLAIN, 18 NOVEMBRE. VIDEO GAMES LIVE, ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE BRETAGNE, LE LIBERTÉ, RENNES, LE 22 NOVEMBRE. REICH VARIATIONS, LE THÉÂTRE, SAINT-NAZAIRE, 23 NOVEMBRE. PETE DOHERTY, STEREOLUX, NANTES, 25 NOVEMBRE.

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Claude Lelouch, président du Jury du 27è Festival du Film Britannique de Dinard 27 > 28 SEP - LE GRAND T

ARINGA ROSSA DIRECTION AMBRA SENATORE | CCN DE NANTES

02 51 88 25 25 / leGrandT.fr

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© VIOLA BERLANDA

www.festivaldufilm-dinard.com

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HYPHEN HYPHEN © FANNY SCHILCHTER

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Admirable chaos

Superproduction «Un blockbuster entre E.T. et Tarantino», c’est comme ça qu’Hyphen Hyphen décrit son premier album. On saisit la métaphore en écoutant le son «bigger than life» de Times, disque tellement produit qu’on se demande comment il se joue live. Pas de panique, la formation niçoise n’a pas remporté la Victoire de la Musique «révélation scène» pour rien… n

Christophe est une sacrée anomalie dans le paysage musical français : sans doute le seul artiste à être plébiscité autant par Michel Drucker que Les Inrocks. Enfin, depuis Gainsbourg ou Bashung… mais ceux-là ont disparu. L’interprète des Mots Bleus, lui, est plus que jamais vivant, comme le prouve son nouvel album, Les vestiges du chaos, l’un de ses meilleurs. n CHRISTOPHE. LA CARENE, BREST, LE 10 NOVEMBRE ; LIEU UNIQUE, NANTES, LE 11 NOVEMBRE ; LE CARRÉ SÉVIGNÉ, CESSON-SÉVIGNÉ, LE 30 MARS.

HYPHEN HYPHEN, FUZZ’YON, LA ROCHE-SUR-YON, 30 SEPTEMBRE ; 6PAR4, LAVAL, 1ER OCTOBRE ; STEREOLUX, NANTES, 19 OCTOBRE ; CENTRE JACQUES DUHAMEL, VITRÉ, 20 OCTOBRE ; PARC DES EXPOS, QUIMPER, 22 OCTOBRE, ESPACE COSMAO DUMANOIR, LORIENT, 11 NOVEMBRE, SALLE DU GRAND PRÉ LANGUEUX, 10 DÉCEMBRE.

et aussi JULIETTE GRÉCO, LA CITÉ DES CONGRÈS, NANTES, 19 OCTOBRE EMILY LOIZEAU, LE CHABADA, ANGERS, 27 SEPTEMBRE ; SALLE PAUL FORT, NANTES, 29 NOVEMBRE KATERINE, LE FILM, GRAND LOGIS, BRUZ, LE 1ER OCTOBRE.

ARNO, NOUVELLE VAGUE, SAINT-MALO, 3 NOVEMBRE ; 6PAR45, LAVAL, 5 NOVEMBRE ; CAP NORT, NORT-SUR-ERDRE, 12 NOVEMBRE. BERTRAND BELIN, CHAMPILAMBART, VALLET, 10 NOVEMBRE. HINDI ZAHRA, THÉÂTRE MUNICIPAL, REZÉ, 23 NOVEMBRE KLÔ PELGAG, SALLE PAUL FORT, NANTES, 24 NOVEMBRE.

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ENTRETIEN / ÉLECTRO

CLASSE INTERNATIONALE INTERVIEW / PATRICK THIBAULT

PHOTO / TOM SHEEHAN © EDDA

18 millions d’albums vendus pour Oxygène, 4 entrées au Guinness book pour la grosse fréquentation à un concert (de 1 million à Paris à 3,5 millions à Moscou) : Jean-Michel Jarre a beaucoup donné dans la démesure. Pour Electronica 1 et 2, son nouveau double album, il a invité Air, Gesaffelstein, M83, Tangerine Dream, Massive Attack, Moby, Rone, Sébastien Tellier… mais aussi Cindy Lauper, Christophe, John Carpenter ou Edward Snowden. Prolongement sur scène au Zénith de Nantes, l’une des 5 étapes françaises de l’Electronica Tour. Quelle est votre définition de la musique électronique ? n Il n’y a pas une définition de la musique électronique mais plusieurs manières de la définir. On peut dire qu’elle est, par essence, celle qui est composée et produite avec des instruments électroniques et, dans ce cas aujourd’hui, cela va au-delà du genre électronique, car le rock, le métal, la pop ou le rap sont par exemple produits avec des machines électroniques. Elle peut

« LA MUSIQUE ÉLECTRONIQUE EST PARTOUT CAR CE N’EST PAS QU’UNE QUESTION DE STYLE, MAIS AVANT TOUT UNE MANIÈRE DE PRODUIRE. » être dansante comme la musique de club avec une rythmique, mais aussi sans rythmique, ou encore totalement planante. Je pourrais dire pour englober tout cela que la musique électronique est partout car ce PA G E 0 4 1

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n’est pas qu’une question de style, mais avant tout une manière de produire. Quand on a eu autant de succès et accumulé autant de records, que ce soit le nombre d’albums vendus ou la fréquentation des concerts, pourquoi continuer à se mettre en danger en produisant à nouveau ? n Le propre d’un artiste est de douter, de se remettre en question afin de pouvoir créer de nouveau. Vous savez Pierre Soulages, qui a maintenant 96 ans, réalise certainement ses meilleurs travaux ces dernières années… Vous voyez j’ai encore le temps… Quelle est l’origine du double-album Electronica ? n C’est un projet fondé sur l’idée de réunir autour de moi des artistes, des musiciens liés directement ou indirectement à la scène électronique, recouvrant quatre décennies, au fond depuis que j’ai SAISON 11 / NUMÉRO 52

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ENTRETIEN / ÉLECTRO

commencé à faire de la musique électronique moi-même. Au départ, il y a l’envie de collaborer avec certains artistes. J’ai eu la surprise de voir que tout le monde accepte mon invitation. J’ai donc composé en fonction de l’univers de chaque artiste tout en laissant suffisamment d’espace pour qu’ils puissent s’exprimer à leur tour. Je souhaitais marier nos ADN de la manière la plus équilibrée possible. Il ne s’agit pas de simples « featurings », derrière chaque collaboration il y a une raison en terme de musique, de son et en terme d’inspiration, c’est ce qui fait l’essence même d’Electronica.

Electronica évoque l’histoire des musiques électroniques, quel regard portez-vous sur leur évolution ? n La force de la musique électronique est qu’elle est réellement sans frontières, sans barrières de genres car elle comprend chanson, variété, techno, dance…. La musique électronique est une véritable lutherie : on peut finalement tout exprimer à travers l’électronique de nos jours.

« DÉMESURE PEUT-ÊTRE MAIS PAS MÉGALO »

En quoi la musique électronique française est-elle différente ? n Je pense qu’en France nous venons d’une tradition de musique classique, ce qui est différent des racines africaines / blues / rock que l’on retrouve dans des pays comme l’Angleterre ou les États-Unis. Cela donne une autre approche, peut-être plus impressionniste. On ressent votre envie profonde de revenir à la création, à l’artiste solitaire, n’avez-vous pas le sentiment qu’on vous fera toujours payer les millions d’albums vendus et les concerts démesurés ? n Je tiens à préciser que les grands concerts que j’ai faits ne sont pas venus de mon propre chef... J’ai créé quelque chose mais on me proposait avant tout des terrains de jeux exceptionnels tels que les Pyramides d’Egypte, la Skyline de Houston ou de la Défense… ce n’était pas moi en me levant le matin me disant : « Tiens je ferais bien les Pyramides cette année »… démesure peut-être mais pas mégalo… et je suis extrêmement fier d’avoir pu faire tout cela. Pour ce qui est de la création, je connais mon mode opéPA G E 0 4 2

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ratoire, et j’ai besoin de ces moments hors du temps, seul ou en tout petit comité pour créer. Ces deux albums, c’est l’occasion de collaborations avec la vieille et la jeune génération, diriez-vous que lorsqu’on est en studio, la question des générations s’efface ? n Totalement. L’âme de l’artiste n’a pas d’âge. L’évolution de la technologie permet-elle d’être plus créatif aujourd’hui ? n Les outils sont plus performants, plus abordables, plus précis, mais que ce soit en 2016 ou en 1976, c’est ce qu’on fait avec qui fait la différence. Par contre la technologie permet d’aller plus vite dans son processus créatif entre le moment où une idée vient et celui où elle est matérialisée. Vous avez largement contribué à ce que la musique se démocratise et soit partout. N’avez-vous pas été dépassé puisque les fournisseurs de musique se font toujours plus d’argent sur le dos des créateurs ? n On peut se poser légitimement la question des grands acteurs du streaming qui ont des sociétés valorisées à des centaines de millions aujourd’hui et aux artistes en face qui ne reçoivent que quelques centimes d’euros chaque année… Qu’est-ce qui attend le public lors des concerts de votre Electronica World Tour ? n VOYAGE. FUTURISME. NOSTALGIE. On a presque oublié que vous avez écrit Les Paradis perdus et Les mots bleus pour Christophe. Des chansons intemporelles. Qu’est-ce qui fait qu’on écrit ou compose quelque chose qui réussit à être d’hier, d’aujourd’hui et de demain ? n Je ne sais pas comment rendre quelque chose intemporel puisque c’est la question, mais je sais que lorsque j’ai écrit cela, j’ai tout donné et suivi mon instinct. n ELECTRONICA VOLUME 1 : THE TIME MACHINE ELECTRONICA VOLUME 2 : THE HEART OF NOISE ELECTRONICA TOUR, ZÉNITH DE NANTES MÉTROPOLE, LE 29 NOVEMBRE. WWW.JEANMICHELJARRE.COM


LE CHAINON EN RÉGION

© Jérôme LOGEAIS - chatgraphisme.com

Jeune Public

Humour

Musique

Arts de la Rue

Plus d’infos sur www.culture.paysdelaloire.fr 26 spectacles dans 22 lieux de la région des Pays de la Loire

Danse Théâtre

Arts du Cirque

© Yoris Couegnoux - Le Skate Moderne

Du 8 septembre au 15 octobre 2016

Association Côte Ouest +33 (0)2 98 44 03 94 / www.filmcourt.fr

31e FESTIVAL EUROPÉEN DU FILM COURT DE BREST

8 - 13 NOVEMBRE 2016


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Love on the beat By Any Beats Necessary, c’est le nom du tout nouvel album de Wax Tailor. Un clin d’œil couplé, dixit l’intéressé, au “By Any Means Necessary” de Malcolm X et à la Beat Generation. Un disque dans lequel l’homme au chapeau nous emmène « Sur la route », celle d’une Amérique fantasmée, mais aussi réelle : Ghostface Killah de Wu Tang Clan fait par exemple partie du voyage. L'accompagnera-t-il sur scène ? n

© GERALDINE PETROVIC

WAX TAILOR, FOIRAIL, CHEMILLÉ, LE 12 NOVEMBRE ; STEREOLUX, NANTES, LE 16 NOVEMBRE ; LA CARENE, BREST, LE 23 NOVEMBRE ; LE LIBERTÉ, RENNES, LE 24 MARS 2017.

Garde-le pour toi L’an passé, Jean-Louis Brossard a misé sur eux en leur offrant la résidence à L’Aire Libre pour Les Trans. Puis, on a attendu. L’album Recto Verso sort enfin ce 23 septembre. Paradis, c’est de la pop électro à la française totalement dansante. Le discret duo joue et chante sur chaque morceau. On aime la simplicité des textes, la voix, le son… On est ultra fan de Paradis. n

PARADIS © ANDREA MONTANO

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PARADIS, FESTIVAL LES INROCKS, STEREOLUX, NANTES, SAMEDI 19 NOVEMBRE.

et aussi CARL CRAIG, 1988 LIVE CLUB, RENNES, LE 30 SEPTEMBRE ORANGE BLOSSOM, CARRÉ D’ARGENT, PONT-CHÂTEAU, 4 OCTOBRE. PARADISE, STEREOLUX, NANTES, LE 29 OCTOBRE. THYLACINE, LE LIBERTÉ, RENNES, 8 OCTOBRE ; CHABADA, ANGERS, 5 NOVEMBRE ; ESPACE COSMAO DUMANOIR, LORIENT, 12 NOVEMBRE MODERN FESTIVAL, ANGERS, 17 AU 20 NOVEMBRE FAKEAR, LE LIBERTÉ, RENNES, LE 18 NOVEMBRE

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Conception graphique DCom Rennes, Ville et Métropole - Guillaume Cognée Typographie SortirAG par Vincent Menu

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Tous les événements #DimancheàRennes sur

METROPOLE.RENNES.FR


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SCOPITONE French connection

© ETUDES STUDIOS - PRISCILLIA SAADA

Nous mettions l’accent, dans le précédent Kostar, sur la haute tenue du versant arts numériques de Scopitone. Celle-ci ne saurait nous faire oublier que, 4 jours (ou plutôt nuits) durant, les dancefloors vont franchement chauffer à Stereolux. Grâce notamment à une jeune scène française bien représentée. Avec bien sûr les faux nouveaux de Club Cheval, actifs depuis 2009, dont le premier album n’est sorti que cette année, mais aussi d’autres (vrais) jeunes pousses prometteuses : le so eighties Carpenter Brut (fan de John…), le phénomène Perturbator ou la sensation du moment Petit Biscuit. n

DAITO MANABE - MOTOI ISHIBASHI - RATESHADOW © GRAZIELLA ANTONINI

Aux frontières du réel Scopitone, c’est donc aussi du visuel : au-delà de sa programmation musicale toujours à la pointe de la création électronique, l’édition 2016 se pare une fois de plus de beaux projets numériques. Davantage présents d’année en année, ils se matérialisent par 13 œuvres sur 8 lieux avec des propositions toujours plus étonnantes, technologiques et poétiques. Des expériences qui se jouent de nos sens et de nos perceptions. Avec Daito Manabe & Motoi Ishibashi, Ryoichi Kurokawa, Martial Geoffre-Rouland, Marietta Ren… n SCOPITONE, NANTES, DU 21 AU 25 SEPTEMBRE. PROGRAMME COMPLET : WWW.STEREOLUX.ORG

tous rennais ! Rockeur à paillettes, amateur de chant libre, potier tripoteur de potards, ailier sain sur la touche, rappeur centriste, fumeur de blosnes sur coussin germain, sudiste hagard qui ne mord pas, qui que tu sois, tu es de Rennes. Et pour découvrir une cartographie des différents horizons musicaux de Roazhon, une seule solution. I'm From Rennes, insatiable festival défricheur de talents, revient pour une nouvelle édition. Au programme, une soirée garage avec Sapin et The Madcaps, entre autres. Du Hiphop au Skate Park, des zicos squatteurs d'apparts (dont les inratables Rouge Gorge et Timsters), une parade, un Bal Pirate... Du son, du son, du son. Et du bon ! n

REZINSKY © MARION CHAPELAIN

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I'M FROM RENNES, RENNES, DU 15 AU 25 SEPTEMBRE. WWW.IMFROMRENNES.COM PA G E 0 4 6

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L'ATTAQUE DU MONSTRE GÉANT SUCEUR DE CERVEAUX DE L'ESPACE / DR

F E S T I VA L S C I N É M A

Court toujours Le Festival Européen du Film court de Brest entame sa quatrième décennie toujours plus avide de découvertes. À l’heure où l’Europe est en question, le festival se met à table pour dénicher les courts les plus inventifs et les meilleurs de la production française et européenne. La programmation n’était pas complète à l’heure de notre bouclage mais on annonce des Objets Vidéo Non Identifiés, des soirées très spéciales et une ouverture décapante avec monstres de l'espace, créatures étonnantes, robots inquiétants, extraterrestres rigolos ! Attention, on va oser cette chute : à Brest, on y court ! n 31 e FESTIVAL EUROPÉEN DU FILM COURT DE BREST, DU 8 AU 13 NOVEMBRE, WWW.FILMCOURT.FR

LAROCHE CEREMONIE OUVERTURE 2015 © DAVID FUGÈRE

Nouveauté avant tout Depuis sa création en 2010, le Festival International du Film de La Roche-sur-Yon s’est fait une belle place parmi les festivals. Sa marque de fabrique, c’est la présentation de films en avant-première ou en première française. Depuis 2014, Paolo Moretti a insufflé trois compétitions (Internationale pour révéler l’actu du ciné contemporain, Nouvelle Vague pour explorer les genres et les formes, Trajectoires autour de l’adolescence). L’édition 2016 invite le producteur Paolo Branco, le réalisateur Bertrand Bonnello pour une création performance autour de la musique. Il devrait y avoir une section autour de Bruno Podalydes réalisateur. Direction La Roche ! n FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE LA ROCHE-SUR-YON, DU 10 AU 16 OCTOBRE. WWW.FIF-85.COM

So british

© SERGE BIZEUL

Culottée l’affiche du 27e festival du film britannique de Dinard ! À l’heure du Brexit, il semblerait que les relations avec les professionnels du cinéma britannique se soient renforcées pour cette édition qui tourne autour de la jeunesse, cette jeunesse qui a voté le maintien dans l’Europe. Invités d’honneur, les comédiens Kate Dickie et Gary Lewis. Un jury présidé par Claude Lelouch et l’arrivée de Shortcuts, une compétition de courts présidée par Marianne Denicourt. Let’s go ! n 27 e FESTIVAL DU FILM BRITANNIQUE DE DINARD, DU 28 SEPTEMBRE AU 2 OCTOBRE. PA G E 0 4 7

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© ED JANSEN

F E S T V I VA L S

MAINTENANT

SUBJECTIF PRéSENT Actuellement le festival le plus complet en matière d'hybridation artistique et technologique, ici à Rennes, Maintenant, qui a l'avenir en ligne de mire, s'annonce d'ores et déjà comme l'un des moments forts de cette rentrée culturelle. Tout de suite, un aperçu sommaire des rendez-vous futurs à ne pas laisser passer. Présentement, l'événement s'aborde par deux pendants qui s'imbriquent sans se saborder : le plastique et le sonore. Plastique, comme les immenses et lumineux lapins posés sur le Mail par Amanda Parer, mais aussi du métallique, mécanique, organique, poétique, avec le breakfast&furious de Samuel Saint-Aubin, du robotique-cinétique via les bras de fer de Parsec, ou encore les écrans textiles et tactiles de l'interface Uluce. Enfin, à l'époque de notre ère de jeux, le Studio PSK parquera Salle de la Cité son portique interactif. n Ce que l'on connaît à l'heure qu'il est de la programmation musicale s'annonce tout aussi musclé. Moult ambiances, brunchs, expériences et nuits s'aligneront au rythme d'un seul et même diapason : l'électronique. Artistes locaux et internationaux se succéderont pour diffuser du BPM comme autant de pain bénit. D'une Aube rayonnante à une boréale Aurora Halal, nous croiserons des Chevreuils, un Comte, un (Ben) UFO, un loup, un fantôme, Francis... n FESTIVAL MAINTENANT, RENNES, DU 7 AU 16 OCTOBRE. WWW.MAINTENANT-FESTIVAL.FR

Jazz actu ! Après un focus sur Chicago en 2015, l’Atlantique Jazz Festival se consacre à la scène jazz française actuelle. Aux côtés de Michel Portal et la batteuse/compositrice Anne Paceo, on retrouvera les valeurs montantes telles Joachim Florent, Sylvain Rifflet et Eve Risser. Le festival qui se déploie largement sur la Bretagne de Brest à Lannion et de Quimperlé à Guidel n’oublie pas la mixité avec notamment le Franco-Libanais Bachar Mar Khalifé qui embrasse tous les styles et toutes les influences. n

© BACHAR MAR KHALIFE

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ATLANTIQUE JAZZ FESTIVAL, DU 29 SEPTEMBRE AU 16 OCTOBRE. WWW.ATLANTIQUEJAZZFESTIVAL.COM PA G E 0 4 8

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Avec Adèle Zouane, An Pierlé, Miet Warlop, Tiago Rodrigues, Fishbach, Pierre Guillois, Vincent Delerm, Pépito Matéo, Miossec, Keren Ann, Chassol, Le Groupe Vertigo ...

05 > 11 OCT - LE GRAND T

UNE PIÈCE D’AURÉLIEN BORY CONCEPTION, SCÉNOGRAPHIE ET MISE EN SCÈNE AURÉLIEN BORY | COMPAGNIE 111

02 51 88 25 25 / leGrandT.fr SAINT-JACQUES AÉROPORT - RENNES MÉTROPOLE

2016/17

ESPÆCE

© AGLAÉ BORY

CRÉATION


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F E S T I VA L S

À la machine

© DENIS BAJRAM

Si le Festival International de science-fiction de Nantes est incontournable, c’est parce qu’il a su réunir auteurs, artistes, créateurs, chercheurs et scientifiques pour présenter de la littérature, de la BD, des expos, du cinéma, des rendezvous scientifiques, des jeux vidéo, des concerts, du jeu de rôle… Pour la 17è édition, il explore la thématique Machine(s). Machine pour explorer, pour transformer, pour servir. Machines extraordinaires… Tout un programme ! n LES UTOPIALES, LA CITÉ, NANTES, DU 29 OCTOBRE AU 3 NOVEMBRE. WWW.UTOPIALES.ORG

Total indé Avec sa liste de têtes d’affiche impeccables, Soy#14 livre un panorama idéal de ce que l’on appelle généralement, faute de mieux, les musiques indépendantes. Entre le krautrock apocalyptique de Suuns, le post-rock séminal et arty de Tortoise, l’électronica éternellement avant-gardiste de Matmos et le pop-folk-rock sans âge de Cate Le Bon, rien ne semble manquer. Peut-être des musiques, justement, qui défient toute catégorisation ? Eh non, en la matière, Kaitlyn Aurelia Smith et son art tout particulier de l’électro – semblant avoir été enregistrée sous l’eau – sera bien l’objet musical non identifié du festival. n

KAITLYN AURELIA SMITH / DR

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FESTIVAL SOY, DU 26 AU 30 OCTOBRE, NANTES. WWW.FESTIVALSOY.ORG

et aussi LÉVITATION, LE QUAI, ANGERS, 16 ET 17 SEPTEMBRE. LES ART’SCÈNES, NANTES, 21 SEPTEMBRE AU 15 OCTOBRE. WWW.LESARTSCENES.FR BAM, SURPRISE PARTY ARTISTIQUE MIDI-MINUIT, TU, NANTES, 27 AU 29 SEPTEMBRE. LE GRAND SOUFFLET, RENNES ET ILLE-ET-VILAINE, DU 6 AU 15 OCTOBRE MARMAILLE, RENNES ET ILLE-ET-VILAINE, 14 AU 26 OCTOBRE COURT MÉTRANGE, RENNES, 19 AU 23 OCTOBRE LES INDISCIPLINÉES, LORIENT, DU 3 AU 13 NOVEMBRE.

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Automne 2016

La Carène Salle des musiques actuelles Port de commerce — Brest

RENNES LE LIBERTÉ 18 NOVEMBRE 20H

30/09 STARTING BLOKES ! BANTAM LYONS + YACHTCLUB + DELGADO JONES 06/10 MHD 07/10 SETH GUEKO 14/10 ATLANTIQUE JAZZ FESTIVAL : ELECTRIC VOCUHILA + PIXVAE 15/10 DOWNTONE : STAND HIGH PATROL + ROOTS ATAO + TWM + BR I ST 16/10 ELECTRIC BAZAR CIE 20/10 DRAME + ROBERT LE MAGNIFIQUE 21/10 BUNKER BRESTOIS : BR I ST + WESTSOUND + CONNE ACTION + UNDERCOVER PRODUCTIONS... 23/10 BAXTER DURY 28/10 SOOM T + KONCHIS 29/10 ORCHESTRE POLY-RYTHMO DE COTONOU 04/11 KACEM WAPALEK 08/11 MACEO PARKER 10/11 CHRISTOPHE 12/11 TRYO + BEAK> 16+18+19/11 FESTIVAL INVISIBLE : KIM + PERE UBU + COBRA + CALVIN JOHNSON... 17/11 SCH 23/11 WAX TAILOR + KOGNITIF 25/11 MIOSSEC 03/12 DOC GYNÉCO 07/12 NOBORDER#6 : ACID ARAB + SOFIANE SAIDI 10/12 CHARLES X + OAKWARD 15/12 LES CARÉNEURS #25 16/12 LUDWIG VON 88 + BURNING HEADS

www.lacarene.fr — 02 98 46 66 00 BREST MÉTROPOLE, CONSEIL DÉPARTEMENTAL DU FINISTÈRE, RÉGION BRETAGNE, DRAC BRETAGNE, SACEM, CNV Graphisme Nathalie Bihan - Licences n°1-1094562, 2-1094558, 3-1094561


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METTRE EN SCÈNE

METTRE EN SCÈNE

THE MISFITS © OLA KJELBYE

Le festival rennais Mettre en Scène, qui réunit des curieux bien au-delà du grand Ouest, fête en novembre ses vingt ans. L'occasion de revenir sur les désirs premiers de cette institution mouvante et de porter un regard sur une programmation éclectique et vivifiante.

Comme chaque année depuis la mise en place du dispositif Prospero, le festival invite les scènes européennes à participer. En vingt ans, le Théâtre National de Bretagne est devenu une lucarne pour les scènes publiques de la France entière, mais s'il ne fallait retenir qu'un spectacle cette année, ce serait le Backa Théâtre (The Misfits), groupe suédois militant mené par Mattias Andersson qui s'adresse à tous en questionnant nos attitudes collectives et notre tendance à désigner des « désaxés », des « inadaptés » au sein d'une société à la binarité

burlesque. Du côté de l'émergence, portée dans cet aperçu de la programmation – dévoilée entièrement le 4 octobre – par Leslie Bernard (Un homme qui fume c'est plus sain), élève à l'école du TNB, et Lena Paugam (Les Sidérées), les spectacles poursuivent aussi cette étude de l'homme, dans toute sa dimension sociale et sentimentale. Un homme en crise contre lui-même, contre sa famille, contre les structures du pouvoir et de la raison. n METTRE EN SCÈNE, TNB ET RENNES MÉTROPOLE, DU 2 AU 30 NOVEMBRE. WWW.T-N-B.FR

When you're strange Une pièce des années 1990 qui porte un regard amoureux sur les années 1970, la liberté, l'insouciance colportée par le phénomène hippie. Si l'initiale de Dominique Bagouet s’avérait déjà prometteuse, la reprise que proposent Catherine Legrand et AnneKarine Lescop va chercher au plus intime de chaque interprète pour projeter à la scène les moments délicieux d'une adolescence retrouvée. Autour de l'album Strange Days des Doors se pressent gestes improvisés et chorégraphiés, dans un temps où l'expression du désir était fondamentale. n

© CATHERINE LEGRAND

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JOURS ÉTRANGES, CRÉATION METTRE EN SCÈNE AU TRIANGLE, RENNES, DU 2 AU 5 NOVEMBRE. LE LIEU UNIQUE, NANTES, LES 8 ET 9 NOVEMBRE. WWW.LETRIANGLE.ORG, WWW.LELIEUUNIQUE.COM PA G E 0 5 2

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METTRE EN SCÈNE

VERTIGE DE LA SCÈNE TEXTE / FEDELM CHEGUILLAUME

PHOTO / ABDELWAHEB DIDI

Elle agite la Bretagne par son hyperactivité artistique, par sa volonté de s'implanter dans des lieux dans lesquels l'action culturelle a un rôle fondamental à jouer. Lena Paugam a un questionnement permanent autour des « formes qui permettent le mieux de transmettre des sentiments forts, pour combattre la simplification ». Portée sur l'art théâtral depuis des années, celle qui cumule le jeu, la recherche doctorale, l'enseignement et la mise en scène, ne limite jamais la création au territoire du plateau. Aux côtés de la compagnie du Lyncéus-Théâtre, Lena Paugam entend repenser la place du spectateur et le succès lui donne raison : après une création sélectionnée pour le festival de découvertes parisien Impatience en 2016, le diptyque Au point mort d'un désir brûlant, programmé à Mettre en Scène, vient appuyer sa conviction « que le théâtre ne peut plus se contenter de montrer, il doit permettre de se rencontrer. Il s'agit de prendre du temps pour parler de l'humain et donner à sentir des réalités physiques de l'homme que l'on peine à sortir dans le quotidien ». Dans la méthode, sa passion pour le jeu d'acteur, entretenue par ses recherches sur le désir, à travers des « corps très engagés, très imprégnés  », se voit bouleversée par une mutation permanente des formes. n Les Sidérées et Les Cœurs tétaniques mêlent deux réécritures très différentes des Trois sœurs d'Anton Tchekhov. Ces commandes littéraires réalisées par Sigrid Carré-Lecoindre et Antonin Fadinard, tous deux membres de la compagnie, sont une manière de « se déstabiliser, de se réapproprier des esthétiques dont je me sens d'abord éloignée », elle, dont l'influence anthropologique première est essentiellement plastique : « Les cinéastes Andrei Tarkovski, Gus van Sant et Jean-Luc Godard m'inspirent car ils réengagent pour chaque œuvre leur rapport à la forme afin de produire des exercices de style. » Quant au théâtre, ce sont davantage les experts de la scénographie tels que Daniel Janneteau, Roméo Castellucci ou Krystian Lupa qui, par leur maîtrise de l'indicible, parviennent le mieux à provoquer ce « trouble des profondeurs de l'intime » devant lequel le spectateur ne peut rester de glace, plongé dans « l'état de sidération » exaltant que la jeune Bretonne poursuit. n LES SIDÉRÉES SUIVI DES CŒURS TÉTANIQUES, TNB, RENNES, DU 2 AU 6 NOVEMBRE, PUIS DU 16 AU 20 NOVEMBRE. LA PASSERELLE, SAINT-BRIEUC, LE 10 JANVIER 2017. WWW.T-N-B.FR, WWW.LAPASSERELLE.INFO PA G E 0 5 3

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THÉÂTRE / DANSE

Espèce d’espaces

ESPÆCE © AGLAE BORY

Le compagnonnage entre Aurélien Bory et Le Grand T se termine après 5 ans. L’artiste, qui trouve sa place aussi bien dans la mise en scène que dans les arts plastiques, présente sa dernière création montrée dans le in d’Avignon, cet été. Il s’agit d’une recomposition poétique de l’œuvre de Georges Perec Espèces d’espaces en langage scénique. Totalement réussie, l’expérience est bouleversante. n

© ATELIER AAAAA

ESPÆCE, LE GRAND T, NANTES, DU 5 AU 11 OCTOBRE. WWW.LEGRANDT.FR

DES MOURANTS - INFLAMMATION DU VERBE VIVRE © PASCAL GÉLY

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Decouflé le retour

Bien vivant(s) Nommé en avril à la direction du Théâtre national de la Colline à Paris, Wajdi Mouawad ne délaisse ni la création ni le territoire nantais. Il poursuit sa collaboration avec le Grand T par un diptyque plus intime. Attaché à démontrer l'actualité prégnante des mythes fondateurs, c'est cette fois à travers deux œuvres de Sophocle, Philoctète et Œdipe à Colone, qu'il questionne les sociétés en déroute. L'auteur-metteur en scène magnifie des individualités en proie à des crises collectives telle que celle qui agite la Grèce, déracine ses propres émotions pour faire parler les morts et les mourants, preuve que la poésie perdure jusqu'en des lieux que l'on pense déshérités. n DES MOURANTS, LE GRAND T, DU 14 AU 20 OCTOBRE, NANTES. WWW.LEGRANDT.FR PA G E 0 5 4

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Artiste associé au TNB, Philippe Decouflé aime les surprises. Il aime donc revenir à Rennes et y surprendre un public toujours curieux. Chacune de ses propositions a ainsi confirmé sa capacité à s’inspirer d’un lieu, d’un espace pour y créer l’événement. On se souvient de ses interventions à la piscine Saint-Georges ou au Musée. Cette fois, il relève un autre défi : de courtes pièces comme autant de morceaux d’une courtepointe. De quoi piquer la curiosité. n COURTEPOINTE, TNB, RENNES, DU 27 SEPTEMBRE AU 8 OCTOBRE. WWW.T-N-B.FR


saison

2016/2017

le lieu unique scène nationale de Nantes

Christophe

ven. 11 novembre 2016 20h30

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k Théâtre, danse, arts vivants et jeune création

de 20 à 29€

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© Lucie BeviLacqua

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visuel : Super Terrain

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ENTRETIEN / DANSE

UN CERTAIN REGARD INTERVIEW / PATRICK THIBAULT

PHOTO / CCNN

Elle succède à Claude Brumachon et Benjamin Lamarche à la tête du Centre Chorégraphique National de Nantes. Ambra Senatore arrive d’Italie avec sa danse. Rencontre. Quand a commencé, pour vous, cette envie de “faire danse” ? Votre première émotion face à la danse ? n J’avais 5 ans, on habitait dans une grande maison à plusieurs familles dans le but d’avoir un grand jardin pour les enfants. Une femme allemande m’a proposé de faire de la danse et c’était parti.

“MES SPECTACLES SONT TRÈS VIVANTS. ON SE REGARDE DANS LES YEUX, IL Y A UNE RELATION DIRECTE AVEC LE SPECTATEUR COMME DANS LA RUE”. La danse est traversée de courants. Vous êtes née à Turin. Y a-t-il une sensibilité méditerranéenne dans votre travail ? n J’imagine que oui puisqu’on est tous influencés par ce qu’on a vécu et ce qu’on vit. Il paraît qu’il y a un coté italien et méditerranéen qui en ressort. Du désordre et de l’organisation, la balance entre les deux. De l’ironie, on se moque de soi-même et de l’existence. Mes spectacles sont très vivants. On se regarde dans les yeux, il y a une relation directe avec le spectateur comme dans la rue. Quand on dit Italie, on pense cinéma. On dit que vous auriez aimé faire du cinéma… n Adolescente, j’ai rêvé d’être PA G E 0 5 7

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cinéaste et actrice de cinéma mais je n’ai jamais fait la démarche. J’ai toujours privilégié le théâtre et la danse. Mes spectacles ont un côté cinéma dans l’imaginaire, le traitement de l’image et le montage. Ces références ne sont pas conscientes. Je me retrouve à être proche du cinéma qui, lui aussi, est un art en mouvement. Mouvement d’une histoire, mouvement de celles et ceux qui la vivent, mouvement de la caméra. C’est le mouvement le lien entre le cinéma et la danse ? n Je ne suis pas dans le milieu de la danse abstraite. Le mouvement est dans l’action, dans les corps en relation. Mais en phase de création, j’ai presque l’impression d’avoir une caméra et de décider de son mouvement. Depuis 2009, avec les pièces de groupe, je sens cette proximité avec le cinéaste et je vois ce mouvement. Quels sont les artistes qui vous ont influencé ? n Si on parle de danse, Roberto Castello et Raffaella Giordano. J’ai beaucoup étudié avec les deux. Roberto est peu connu en France mais c’est quelqu’un d’engagé politiquement pour faire rayonner la danse. Mon travail sur les visages vient de là. Je considère que les aspects esthétique et éthique ne peuvent pas ne pas exister ensemble. SAISON 11 / NUMÉRO 52

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ENTRETIEN / DANSE

Vous évoquez souvent l’importance de l’humain… Vous insistez sur le groupe social. Le “geste dansé”, c’est un geste politique ? n Il faut que ça le soit. Je me sens très responsable de l’argent public dans la mesure où si on crée, c’est parce qu’il y a des gens qui travaillent et qui paient des impôts. Le sens de la culture et du spectacle vivant, c’est trouver des moments où on se retrouve. Parfois, j’aimerais être plus porteuse d’un message politique mais il serait un peu plaqué. J’espère que cette portée un peu humaine, de joie, peut avoir sa petite valeur politique.

« C’EST LE CORPS QUI FAIT LE LIEN ENTRE LA DANSE, LE THÉÂTRE ET LA VIE. » On a le sentiment que votre regard et votre proposition sont marqués par vos premières années. Votre regard sur l’enfance ? n Cesare Ronconi, un metteur en scène que j’estime beaucoup, m’a dit un jour : « Ton problème, c’est une enfance trop belle. » C’est vrai que j’ai eu une enfance merveilleuse avec beaucoup d’amour et de liberté. À 6 ans, j’ai dit que ça me rendait triste de devoir quitter l’enfance. Est-ce que le milieu de la danse, avec son côté jeu et joie, ne permet pas de continuer ou de reproduire l’enfance ? On joue beaucoup au sens stricte du mot, avec ou sans règle. Lorsqu’on évoque votre travail, on parle de danse mais aussi de théâtre. On parle de “faire danser les mots”. Le point de rencontre entre danse et théâtre, c’est la narration ? n Pour moi, c’est le corps qui fait le lien entre la danse, le théâtre et la vie. On peut l’élargir. La narration fait qu’on peut parler d’abstraction en danse. Des chorégraphes ont voulu défendre ça. Le corps raconte toujours son histoire d’être humain. Mais pour moi, le corps ne peut pas être abstrait. Je voudrais ne pas être narrative et j’ai chuté chaque fois en ajoutant des bouts de portraits humains. Quand on suit votre démarche, on a le sentiment que tout peut faire danse… Comment se construit votre création ? n Il est clair qu’absolument tout peut faire danse, que tout le monde peut danser et que la danse est pour tout le monde. Je travaille beaucoup avec ceux qui collaborent avec moi. Ils sont co-auteurs. Je PA G E 0 5 8

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lance des pistes, ouvertes ou fermées. On répond ensemble. J’ai une grande disponibilité pour une réponse possible. Après on discute, on travaille et c’est moi qui tire les fils pour construire une dramaturgie. Ça reste toujours ouvert. Vous connaissiez peu cette ville, cette région. Quel est votre regard sur Nantes ? n J’ai découvert que Nantes est jumelée avec Turin. Quand je marche, je perçois une cordialité, les gens se regardent dans les yeux, il y a un côté humain. Qu’allez-vous construire à Nantes ? Allezvous poursuivre votre démarche hors les murs ? n Je vais continuer à être chorégraphe, soutenir d’autres artistes en les accueillant au studio, faire en sorte que les artistes et les citoyens entrent en contact. Nous avons été nomades très longtemps et j’avais envie de me poser pour travailler sur un territoire dans la durée. La Ville voulait un travail sur le territoire. Je vais travailler en réseau, partager. J’ai quatre ans au moins pour donner du sens à cette démarche. Il y a tant de projets à inventer. On va découvrir votre travail avec Aringa rossa… n C’est une pièce créée fin 2014 dont je rêvais depuis 2009. Disons que c’est la métaphore d’une société. J’avais envie de travailler avec plus de monde. Ça danse beaucoup de manière dynamique. J’ai ouvert une porte vers la dynamique du mouvement. Pouvez-vous nous parler de Pièces que vous présenterez en décembre ? n Les danseurs m’ont obligé à commencer à écrire tôt. Ça change jusqu’au dernier moment et après la première. Aringa Rossa change encore ! Le titre est un peu banal mais très juste évoquant la pièce de théâtre, la chambre d’un appartement, des éléments du jeu d’échecs. J’ai envie que ça soit léger. C’est assez théâtral, avec beaucoup de paroles traitées de manière chorégraphique. n ARINGA ROSSA, LE GRAND T, NANTES, LES 27 ET 28 SEPTEMBRE PIÈCES, LIEU UNIQUE, DU 6 AU 8 DÉCEMBRE WWW.CCNNANTES.FR


CC-BY-SA Mioshe


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THÉÂTRE / OPÉRA

Hesse à la loupe

Premier spectacle dirigé par Tanguy Malik Bordage, Projet Loup des steppes est une adaptation folle du roman d'Herman Hesse qui conte le tiraillement d'un homme, obsédé à la fois par le repli sur soi et par la sociabilisation. INTERVIEW / FÉDELM CHEGUILLAUME

Quel est votre idéal de théâtre pour ce texte ? n Un théâtre de la dernière danse. J'aimerais que l'on fasse un grand spectacle tragi-comique. Ou lyriquecomique. Ou drôlement épique. Quelle méthode pour atteindre cet idéal ? n Je travaille en partie seul (avant de rentrer en résidence), en partie en groupe (pendant la résidence), puis de nouveau (très) seul après la dernière. Le processus est celui qui, d'une manière ou d'une autre, nous amènera à présenter un beau spectacle le 7 novembre, jour de la première, jour de fête ! Pourquoi mettre en scène ce roman aujourd'hui ? n Parce qu'il me plaît beaucoup. Parce que la force du Loup des Steppes se trouve dans le fait qu'il transcende complètement la notion d'époque, sociale ou politique. Hesse dit : « Mon objectif ne consiste pas à vous donner ce qui est objectivement le meilleur, mais à vous donnez ce qui m'appartient en propre et à le faire de manière aussi pure et sincère que possible. » Je pense que l'on touche du doigt l'objectivité, bizarrement grâce à la subjectivité. n

TANGUY BORDAGE © JÉRÔME BLIN / BELLAVIEZA

PROJET LOUP DES STEPPES, TU, NANTES, DU 7 AU 10 NOVEMBRE. WWW.TUNANTES.FR

Ouverture argentine C’est avec une création mondiale (rien de moins !) que s’ouvre la saison lyrique à Rennes. L’ombre de Venceslao, c’est d’abord une pièce de Copi, mise en scène à Paris par Jorge Lavelli en 1999 et qu’on retrouve bien sûr dans cette production. Mais cette histoire de famille argentine ne s’arrête pas là, car c’est Martin Matalon qui en a composé la partition. Venceslao, sorte de chevalier errant dont la fille est partie à Buenos Aires, va entreprendre une longue marche… et l’opéra, haut en couleur, chaloupe ainsi entre paysages amazoniens et décor urbain. n

JORGE LAVELLI © DAVID RUANO

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L’OMBRE DE VENCESLAO, OPÉRA, RENNES, 12, 14 ET 16 OCTOBRE. WWW.OPERA-RENNES.COM PA G E 0 6 0

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THÉÂTRE / DANSE

Nouvelle vague

© THOMAS QUILLARDET

Thomas Quillardet, jeune metteur en scène associé au Théâtre de Saint-Nazaire, réunit deux scénarios d'Eric Rohmer, avec comme objectif de réintroduire le dialogue fou et flou qui parcourt les œuvres du cinéaste. S'intéresser aux petites gens, à la représentation éternelle que composent leurs vies amoureuses, capter leurs attitudes mutines, enfin les mettre en scène dans leur simplicité active, suffit à susciter l'envie. n OÙ LES CŒURS S'ÉPRENNENT, LE THÉÂTRE, SAINT-NAZAIRE, LES 8 ET 9 NOVEMBRE. WWW.LETHEATRE-SAINTNAZAIRE.FR

et aussi © ELISABETH CARECCHIO

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NOBODY, CYRIL TESTE, LE QUAI, ANGERS, 14 ET 15 SEPTEMBRE.

17 AU 19 OCTOBRE ; LIEU UNIQUE, NANTES, 22 AU 24 NOVEMBRE.

LOHENGRIN, VERSION DE CONCERT, ANGERS NANTES OPÉRA, LA CITÉ, NANTES, 16 ET 18 SEPTEMBRE ; CENTRE DE CONGRÈS, ANGERS, 20 SEPTEMBRE.

COMÉDIE PÂTISSIÈRE, NOUVELLE CRÉATION D’ALFREDO ARIAS, LE THÉÂTRE, SAINT-NAZAIRE, 18 ET 19 OCTOBRE.

POUR SA RENTRÉE AU THÉÂTRE DE LORIENT, LE COLLECTIF LES POSSÉDÉS PRÉSENTE PLATONOV, SA DERNIÈRE CRÉATION AVEC EMMANUELLE DEVOS. 28 SEPTEMBRE AU 1ER OCTOBRE. LA GUERRE DES THÉÂTRES, ANGERS NANTES OPÉRA, DU 30 SEPTEMBRE AU 14 OCTOBRE.

Activisme scénique La dernière création du génial Joël Pommerat provoque l'effervescence dans le monde du théâtre. Celui qui se penche habituellement sur les héros – de conte ou de guerre – établit ici un lien entre la Révolution française et notre vivant, décryptant les structures sociales et mouvements collectifs qui mènent à ce genre de tournants essentiels. Un spectacle extrêmement documenté sur l'exercice du pouvoir. n ÇA IRA (1) FIN DE LOUIS, TNB, DU 16 AU 26 NOVEMBRE, RENNES ; LE GRAND T, DU 1ER AU 7 MARS, NANTES. WWW.T-N-B.FR, WWW.LEGRANDT.FR

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L.A. DANCE PROJECT, COMPAGNIE DE BENJAMIN MILLEPIED, CENTRE CULTUREL JACQUES DUHAMEL, VITRÉ, LE 8 OCTOBRE ; THÉÂTRE ANNE DE BRETAGNE, VANNES, LE 13 NOVEMBRE. LJÓS, COLLECTIF FUSE, LE TRIANGLE, RENNES, 9 OCTOBRE. TIMON / TITUS, COLLECTIF OS’O, TU, NANTES, 10 AU 12 OCTOBRE. GRANDE, CRÉATION DE VIMALA PONS ET TSIRIHAKA HARRIVEL, LE QUAI, ANGERS,

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LES CAPRICES DE MARIANNE, REPRISE DE LA CRÉATION DE FRÉDÉRIC BÉLIER-GARCIA, LE QUAI, ANGERS, 2 AU 5 NOVEMBRE. CIRCUIT, DAVID ROLLAND, LIEU UNIQUE/CCNN, 3 AU 6 NOVEMBRE. KNEE DEEP, COMPAGNIE CASUS, CAPELLIA, LA CHAPELLE-SUR-ERDRE, 10 NOVEMBRE. 5 E HURLANTS, RAPHAËLLE BOITEL, LE GRAND T, NANTES, 15 AU 19 NOVEMBRE. RAIN, ANNE TERESA DE KEERSMAKER, THÉÂTRE ANNE DE BRETAGNE, VANNES, 8 NOVEMBRE ; LE THÉÂTRE, SAINT-NAZAIRE, 16 ET 17 NOVEMBRE. L’HISTOIRE DU SOLDAT, DE STRAVINSKY ET RAMUZ PAR, MISE EN SCÈNE FRÉDÉRIC BÉLIERGARCIA, CHORÉGRAPHIE ROBERT SWINSTON, LE QUAI, ANGERS, 17 AU 19 NOVEMBRE.


EXPOS

l'art en ateliers Alors que les problématiques liées au libre échange sont monnaie courante, et que le consommateur devient marchandise, l'humain a plus que jamais besoin de l'art pour savoir peser ses mots, panser ses maux, penser et s'émouvoir. La cinquième édition de la Biennale d'art contemporain de Rennes, mutualisée dans une dizaine de lieux, reste fidèle à la thématique initiale de lien entre les notions d'art et de travail. Les colosses scindés de Mark Manders bouleversent les valeurs patrimoniales au Musée des beaux-arts, les fulgurants aphorismes de Babi Badalov se tapent l'affiche au Praticable et Jean-Alain Corre, auteur de notre portfolio, expose son art métrosensuel dans la halle de la Courrouze. Ce n'est qu'un aperçu, alors au boulot ! n INCORPORATED !, RENNES, DU 1ER OCTOBRE AU 11 DÉCEMBRE. WWW.LESATELIERSDERENNES.FR MARK MANDERS, ROOM WITH UNFIRED CLAY FIGURES, 2011-2015. COURTESY ZENO X GALLERY, ANVERS, TANYA BONAKDAR GALLERY, NEW YORK. PHOTO : GENEVIEVE HANSON

Of course

« MAPPING STUDIO » © MÉLANIE VILLEMOT, 2016.

En marge de la Biennale d'art contemporain, le Off offre un bonus bienvenu aux âmes avides de découvertes. Disséminées dans 16 lieux d'exposition, ces interventions élargissent la visibilité de la manifestation de façon éclectique et accessible. Ainsi s'invite au Vivarium, biotope d'expérimentation plastique, un atelier éphémère de customisation ouvert à tous. Au Phakt, Mélanie Villemot et Karim Ould remettent en cause l'interprétation du réel en croisant les effluves de leurs travaux respectifs. Le fantôme dans la machine hantera les murs du Bon Accueil à la rencontre d'un précurseur de la science-fiction, Villiers de l’Isle-Adam et son Eve future. Et bien plus encore. n OFF, BIENNALE OFF 2016, RENNES OFF, SEPTEMBRE-DÉCEMBRE. WWW.BIENNALEOFF.FR PA G E 0 6 3

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Storyboard Nouveau chapitre pour les arts graphiques à Nantes avec l’ouverture de la maison Fumetti dédiée aux auteurs de la BD. Pour l’exposition inaugurale, Le Grand Bédécédaire déroule un parcours très dense dans la création nantaise d’aujourd’hui qui fait la lumière sur une scène vivante et prolifique. Cette déambulation aborde les différents volets de la conception graphique, laissant voir des plumes et univers hétéroclites, bouillonnement jouissif qui promet un brillant avenir à ce nouveau lieu. n LE GRAND BÉDÉCÉDAIRE, AVEC KARINE BERNADOU, TANGUI JOSSIC, CYRIL PEDROSA, DELPHINE VAUTE…, MAISON FUMETTI, BIBLIOTHÈQUE DE LA MANUFACTURE, NANTES, JUSQU’AU 20 OCTOBRE. WWW.MAISONFUMETTI.FR ILLUSTRATION COLLECTIVE, COORDONNÉE PAR TANGUI JOSSIC, AVEC LES ILLUSTRATIONS DE GWEN DE BONNEVAL, CYRIL PEDROSA, JEROME BIHAN, FABIEN GROLLEAU, HERVÉ TANQUERELLE, THOMAS GOCHI, VINCENT SOREL ET TANGUI JOSSIC.

La possibilité d’une ville Quatre portraits de villes se croisent au sein du projet de Pierre-Jean Giloux, Invisibles Cities. Empreints du Métabolisme, mouvement architectural japonais qui projetait des visions fantasmées de la ville du futur, ils se composent d’une superposition d’images dont les natures multiples fusionnent par de savantes manipulations en une installation où réel et virtuel se fondent. n © PIERRE-JEAN GILOUX, INVISIBLE CITIES, 2015 COURTESY THE ARTIST AND SOLANG PRODUCTION PARIS BRUSSELS PA G E 0 6 4

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PIERRE-JEAN GILOUX, INVISIBLES CITIES, LA CHAPELLE DU GENÊTEIL, CHÂTEAU-GONTIER, DU 17 SEPTEMBRE AU 13 NOVEMBRE.


SIDNEY LÉA LE BOUR

EXPOS

En harmonie Le bonheur succède au chaos pour cette nouvelle QPN (Quinzaine Photographique Nantaise). Si le bonheur reste indéfinissable car protéiforme, la sélection laisse entrevoir un certain dépouillement, une simplicité poétique réconfortante faite de petits plaisirs, des premiers congés payés capturés par Pierre Jamet aux couchés de soleil de Carine Klonowski. Le projet participatif « Le bonheur est dans l’album » réunit différentes typologies d’images constituées de moments d’émotion propres à chacun où l’omniprésence de la famille, du vivre ensemble, des segments d’intime dévoilent que les ingrédients du bonheur sont universels. n HEUREUX QUI…, 20E QPN, DU 16 SEPTEMBRE AU 16 OCTOBRE, AVEC PIERRE JAMET, KATHERINE WOLKOFF, LOUIS MATTON… WWW.FESTIVAL-QPN.COM

Série illimitée La galerie 5 joue indoor et outdoor pour la rentrée avec l’exposition du collectif Hic&Nunc. Ces cinq-là ont choisi de travailler sur le thème de la série. Anissa Allam Vaquez puise dans des fragments photographiques, Florent Belda joue avec le motif, Amandine Portelli fait appel au multimedia, Mladen Strbac produit des eaux-fortes et Émilie Thibaudeau des lithos. À l’extérieur, Alice Ruffini et Chloé Maudé de l’Atelier Andære “occupent” l’espace public avec la complicité de La Paperie, le centre National des Arts de la Rue. n DR

HORS SERIES, GALERIE 5, BU DE BELLE-BEILLE, ANGERS, DU 22 SEPTEMBRE AU 26 NOVEMBRE. WWW.BU.UNIV-ANGERS.FR

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EXPOS

Culottes courtes et images claires Une sélection d’artistes contemporains associés à des œuvres tirées de la collection du FRAC des Pays de la Loire se combinent pour une exposition qui aborde l’enfance. Loin de se résumer à la candeur et à la naïveté que l’on prête à ce supposé âge d’or, les œuvres engagent au contraire des réflexions sur les questionnements propres à cette étape clé de la vie. Dans ces tentatives protéiformes de digérer le monde extérieur, s’ouvrent des plongées tantôt fantastiques ou dramatiques nourries par un imaginaire surdimensionné. n

© MARINE FIQUET ET LAURA BOTTEREAU, MARTYR(E)S, 2014

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ENFANTS, AVEC MAÏDER FORTUNE, BEVIS MARTIN ET CHARLIE YOULE, THOMAS TUDOUX. PETRA MRZYK ET JEAN-FRANÇOIS MORICEAU, DAVID DE TSCHARNE… CENTRE D’ART, PONTMAIN, DU 15 OCTOBRE AU 26 NOVEMBRE.

et aussi UNE EXPO COLLECTIVE POUR LES 5 ANS, ESPACE LVL, NANTES. AMAR KANWAR, FRAC DES PAYS DE LA LOIRE, CARQUEFOU, JUSQU’AU 16 OCTOBRE. LES SLIPS DE PAPA, LE VOLUME, VERN-SUR-SEICHE, JUSQU’AU 20 OCTOBRE CHAGALL, LA POÉSIE DE LA PEINTURE, FONDS HÉLÈNE & ÉDOUARD LECLERC, LANDERNAU, JUSQU’AU 1ER NOVEMBRE. JEAN LURÇAT, L’ÉCLAT DU MONDE, MUSÉE DES BEAUX-ARTS ET MUSÉE JEAN LURÇAT ET DE LA TAPISSERIE CONTEMPORAINE, JUSQU’AU 6 NOVEMBRE. PAYSAGES CONTEMPORAINS, LES 30 ANS DU PARC DE SCULPTURES À TRAVERS LA COLLECTION DU FRAC BRETAGNE, DOMAINE DE KERGUÉHENNEC, JUSQU’AU 6 NOVEMBRE. ICÔNES, TRÉSORS DE RÉFUGIÉS, CHÂTEAU DES DUCS DE BRETAGNE, NANTES, JUSQU’AU 13 NOVEMBRE. GRANDEUR NATURE / ÉRIC FONTENEAU, LA GARENNE LEMOT, CLISSON, JUSQU’AU 27 NOVEMBRE

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Hors séries Une double proposition artistique collectif HIC&NUNC | Florent Belda, Amandine Portelli,

Mladen Strbac, Emilie Thibaudeau et Anissa Allam Vaquez atelier ANDAERE | Alice Ruffini et Chloé Maudet

PiERRE-JEaN GilOux

iNViSiBlE ciTiES Exposition 17 SEPTEMBRE › 13 NOVEMBRE 2016 ChapEllE du GEnêtEil Rue du Général lemonnier 53200 Château-Gontier t. 02 43 07 88 96 www.le-carre.org

Du 22 septembre au 26 novembre 2016 Galerie 5 | BUA | univ-angers.fr

Une co-production avec LA PAPERIE

ANNONCE kostar 15-3_Mise en page 1 26/07/2016 15:45 Pa

ENFANTS

Rineke Dijkstra, Armen Eloyan, Marine Fiquet et Laura Bottereau, Maïder Fortune, Daan Van Golden, Vincent Godeau et Agathe Demois, Bevis Martin et Charlie Youle, Joachim Monvoisin et Charlotte Vitaioli, Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau, Pilvi Takala, Patrick Tosani, David De Tscharner et Thomas Tudoux

EXPOSITION / 15 OCTOBRE > 26 NOVEMBRE 2016 DU MERCREDI AU VENDREDI DE 14H À 17H30 SAMEDI ET DIMANCHE DE 14H À 18H

FERMETURE EXCEPTIONNELLE LE 26 OCTOBRE ET LE 11 NOVEMBRE

CENTRE D’ART CONTEMPORAIN PONTMAIN

8 BIS RUE DE LA GRANGE 53220 PONTMAIN T // 02 43 05 08 29 / 02 43 08 47 47 WWW.CENTREDARTPONTMAIN.FR


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CARTE BLANCHE À UN ARTISTE

JOURNEY HOME PAR

TEXTE / PATRICK THIBAULT

PHOTOS / JEAN-ALAIN CORRE

2016 ramène à Rennes la Biennale d’art contemporain qui s’étend un peu plus sur le territoire breton. À l’exercice du portfolio artistique pour Kostar, on retrouve Jean-Alain Corre qui propose une autre lecture de son œuvre mettant en lumière des détails de sa production pour Rennes. Pourquoi Jean-Alain Corre ? Parce qu’il a passé les dix-huit premières années de sa vie à Landivisiau ? L’argument du régional de l’étape serait un peu court. À l’heure du choix, Corre s’est imposé parce qu’il représente bien l’édition 2016 dans la mesure où il réalise une mise en scène très tactile entre le machinique et l’organique. « Je reconnecte ça à mon propos sur l’hyperstimulation contemporaine des corps et des esprits dans le capitalisme », note François Piron, le commissaire d’Incorporated ! « L’installation qu’il réalise pour la Halle de la Courrouze poursuit les obessions de l’artiste, et notamment son fétichisme vis-à-vis d’objets érotisés, et leur analogie avec des formes organiques ». n Le titre de l’œuvre et du portfolio est emprunté à Patrick Cowley, considéré comme un des pionniers de la musique électronique des années 1980. « Corre est un sculpteur, mais il peint, dessine, modèle et considère la sculpture comme “une peinture en volume” », souligne le commissaire. Jean-Alain Corre précise lui qu’il a comPA G E 0 6 8

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mencé la céramique peu après avoir vu le film Ghost : « Je me suis dit que c’était une manière de continuer à travailler en caressant. Les gestes qui m’ont permis de fabriquer ces sculptures sont habiller, déshabiller, maquiller, caresser ». n Pour Journey Home, il présente donc « quelques machines arrachées à leur fonction première pour les accoupler différemment ». Le portfolio pour Kostar permet de redonner de l’importance à certains détails que les visiteurs ne verraient peut-être pas. Tout ça avec une sauterelle qui s’est invitée pendant la production et n’a pas hésité à grimper sur les œuvres. À Rennes, le visiteur croisera peut-être Johnny, « un personnage qui s’est décroché de moi en 2006 », explique Corre. « C’est une sorte de sculpture organique qui n’existe pas, ou seulement au travers du bavardage. Il me fascine à la recherche d’une douceur possible ». n INCORPORATED ! BIENNALE D'ART CONTEMPORAIN. RENNES ET BRETAGNE, DU 1ER OCTOBRE AU 11 DÉCEMBRE. WWW.LESATELIERSDERENNES.FR WWW.GALERIETHOMASBERNARD.COM

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pierrick sorin LE TRAVAIL DU NANTAIS PIERRICK SORIN EST MONDIALEMENT CONNU. DEPUIS NOVEMBRE 2006, IL NOUS RACONTE SON QUOTIDIEN DE CRÉATEUR. SIGNÉ SORIN, NATURELLEMENT. PHOTO : PIERRICK SORIN

Écrire un truc dès les premiers jours de septembre, le cerveau encore engourdi par la chaleur estivale, c’est pas évident. D’autant que je n’ai rien fait de bien original pendant les vacances. Me poiler avec mon fils en regardant les Lapins Crétins en 3D dynamique au Futuroscope, c’était certes génial, mais ça n’intéresse pas grand monde. Donc, hier, tout en karchérisant le sol de ma cour, je me demandais quoi raconter lorsqu’un petit bruit métallique se fit entendre. Le facteur venait de lâcher une lettre dans la boîte… Je jetai un œil. Mon adresse semblait avoir été écrite par la main appliquée d’un gamin. Curieux, j’ouvris la missive toutes affaires cessantes. La lettre, une vraie, rédigée au stylo-plume sur une feuille à carreaux Seyès, était signée par un collégien breton… Elle m’a suffisamment interloqué pour que je décide de la transcrire ici. J’ai respecté l’orthographe de l’original et, par discrétion, modifié le nom de son auteur. Et au passage : merci à ce jeune effronté qui me tire une belle épine du pied…

« J’IMAGINE QU’À VOTRE ÉPOQUE Y AVAIT PAS INTERNET MAIS S’EST CON CAR VOUS AUREZ FAIT UN TABAS. » Monsieur Sorin, J’ai cherché votre adresse mail pour vous écrire mais j’ai pas trouvé… Vous avez même pas de site internet donc je me suis démerdé comme j’ai pu pour trouvé votre adresse de la Poste. S’est mon beau-père qui m’a montré des vidéo de vous. J’ai découver “Les Réveils de Pierrick Sorin”. PTDR !!! J’étais mort de rire… S’est hyper drôle, j’ai montré ça à des PA G E 0 7 5

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potes du collège qui on trouvé ça marrant aussi. J’suis un peu pareil que vous, le matin pareil, j’ai pas du tout envie d’allé à l’école… J’aimerai trop resté au lit. Moi j’adore les vidéo marrante sur internet. Je suis fan de Cyprien… S’est hyper bien. J’aime bien Norman aussi… mais un peu moins. J’imagine qu’à votre époque y avait pas internet mais s’est con car vous aurez fait un tabas. J’ai regardé d’autre de vous dont “Pierrick et Jean Louis”. L’image est merdique, le son moyen et les effets super mal fait mais dans le font s’est quand même drole. Je bidouille pas mal sur after effect si vous voulez je peux vous aider. Vous avez des idées et moi pas. Je suis calé en technique et pas vous. On pourrait s’associé… Quand je vois que votre vidéo sur les réveils ça fait 165 144 vues sur Youtube et Pierrick et Jean Louis 51 971 vues… Quand Cyprien fait 18  000  000 vues et Norman 9 000 000 de vues… ils vous mettent quand même une sacré raclée. Du coup ils arrivent à gagner plein de tune en proposant des spots de pub en intro. Mais pour vous ça doit être la galère. Vous faites quoi comme métier pour vivre ? Pour un amateur je trouve que vous êtes bon. Je trouve ça injuste par rapport à eux, les gens ils s’en foutent de vos vidéos alors qu’elles sont pas si mal… ça vous fait quoi ? Je veux bien vous aider a les amélioré, voir même les réalisé. On pourrait faire un bon duo maintenant, ça vous dit ? Bravo et peut être à bientôt j’espère. Eliaz Le Squern Bon, il faut que je lui réponde… que je lui précise, quitte à le décevoir, que les vidéos dont il parle sont un peu anciennes, que depuis je SAISON 11 / NUMÉRO 52

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LE MOI DERNIER / PIERRICK SORIN

travaille sur des projets internationaux nettement plus high-tech en collaborant avec des techniciens au faîte des dernières technologies, que la notion de “nombres de vues” sur la toile me préoccupe moins que la qualité artistique de mes projets, que si je n’ai pas l’aisance financière d’un Cyprien, je ne suis pas non plus contraint à manger des nouilles et du pain sec tous les jours… Mais bon, dans un sens, il n’a pas tort : je devrais peutêtre faire un petit effort pour occuper un peu plus de terrain sur le net et une collaboration entre un artiste cinquantenaire et un pré-ado peut constituer un concept “porteur”. Je vais lui dire qu’à l’occasion il peut venir boire un Fanta à mon atelier. On pourra toujours fantasmer sur un futur duo improbable classé au Top 10 des french youtubers… Bonjour Colin, Bon… Je me permets de dire “tu” vu notre différence d’âge… J’ai bien aimé ta lettre. Tu parles avec beaucoup de franchise. Tu exprimes certaines critiques sur la qualité de mes "œuvres vidéo”, mais sans méchan-

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ceté et au fond tout ce que tu dis est assez juste et plutôt sympa. Mais sur un point au moins tu es un peu “à côté de la plaque”, comme on dit. Les petits films que tu a vus sont anciens. Je les ai faits à une époque où j’avais très peu de matériel et où les possibilités techniques en vidéo étaient beaucoup plus limitées qu’aujourd'hui. Les choses ont bien évolué et moi aussi. Je travaille avec des techniciens qui maîtrisent parfaitement les outils de production les plus récents. Ensemble, on crée des hologrammes en ultra HD, des films en relief et on travaille sur des spectacles avec des logiciels qui permettent de faire des trucages complexes en temps réel et de diffuser des images synchrones en mode multi écrans… Au sujet de mon manque de visibilité sur internet, sur le nombre bien faible de mes “vues” sur des plate-formes comme YouTube, tu as raison, je pourrais faire un petit effort et reconstruire un site un peu sympa (J’en avais un mais je l’ai laissé mourir un peu bêtement). En même temps, être vu par des millions de gens et gagner beaucoup de fric n’a jamais été ma préoccupation première. n

La Roche-sur-Yon --> Nantes

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Jeudi 13 à 23h, vendredi 14 et samedi 15 à 00h30 Sur réservation

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OCTOBRE-NOVEMBRE 2016 LOGO AIRFRANCE KLM Partenaires Officiels Nº dossier : 2009065E Date : 17/03/09 Validation DA/DC : Validation Client

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PAR

HERVÉ MAIGRET

D’ABORD DANSEUR AU CCNN, HERVÉ MAIGRET CRÉE, À 25 ANS, SA PROPRE COMPAGNIE, NGC25. DEPUIS 1998, LE CHORÉGRAPHIE MULTIPLIE LES CRÉATIONS, ICI ET AILLEURS. DEPUIS 5 ANS, IL TRAVAILLE AVEC LA COMPAGNIE NATIONALE DE DANSE D’ÉQUATEUR. C’EST PEU DIRE S'IL EN CONNAÎT LA CAPITALE COMME SA POCHE.

PHOTOS : HERVÉ MAIGRET

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Quito est sûrement la capitale qui m’a le plus marqué. Au-delà de mon affection pour le pays, j’y ai trouvé deux fondamentaux qui me tiennent à cœur : l’Humain et la Nature. n Quand vous arrivez à Quito, perchée à 2800 m d’altitude, vous ne trouvez pas les tropiques mais la haute montagne ! Encerclée de volcans transperçant les nuages de leurs sommets enneigés audelà des 5000 m d’altitude, Quito s’étire entre une vallée verdoyante et, de l’autre côté, les volcans Rucu et Quagua Pinchincha, toujours en activité et dans un paysage plus aride. n C’est une ville au double visage, rassurante car perchée aussi haut que nous avons la sensation de toucher le soleil. La ville porte d’ailleurs ce joli nom de Luz de America. Une lumière qui parfois se fait rare tant les nuages accrochent ces sommets. Alors, la ville peut donner une sensation de vertige sinon de danger. Étendue sur plus de 50 km sur à peine 5 en largeur, Quito est tout en reliefs, tout comme PA G E 0 7 8

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les quartiers qui la composent, tous différents les uns des autres. Dans la vallée luxuriante de Tumbacco ou encore de Cumbaya, on vient chercher un peu plus de chaleur que dans le centre et profiter d’un peu d’air pur. Cette mégapole est en effet hyper polluée par le trafic incessant des voitures (pas de contrôle technique, ici) et les bus crachant leurs gaz toxiques au cœur d’une nature qui semble intouchable. Quito est faite de ces oppositions, de cette beauté et de cette anarchie de cultures qui s’entrechoquent. n Il y a le Quito colonial ou le “vieux” Quito avec la Plaza de la Independencia et le palais du gouvernement. Le Président Raphael Correa y fait un discours chaque semaine en prenant son bain de foule. Autour de la place, les églises coloniales étouffent les ruelles étroites et poussent les touristes vers un endroit hors du temps : la Ronda. Tous les soirs, la rue accueille la musique aux rythmes infernaux de cumbia/salsa et autres musiques latino. Ici

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se mêlent traditions, badauds et fiesta le week-end ! On y voit El Panecillo : l’ange victorieux du dragon qui nous invite à monter en haut de cette colline symbole de Quito et des guerres d’indépendance. Le point de vue est superbe et la vue de quatre ou cinq volcans par temps clair fait oublier les touristes de passage. n Plus loin, on rentre dans le Quito moderne, lieu de toutes les rencontres entre les boutiques chics, les vendeurs à la sauvette qui se faufilent dans les bouchons pour vendre tout et n’importe quoi, les joggers qui profitent des allées du magnifique parc de la Carolina. Avec ses larges avenues et ses immeubles récents, on découvre la Mariscal, le quartier préféré des noctambules. J’aime beaucoup la place Foch (!) appelée aussi “plaza del Quinde” avec ses écrans géants au-dessus des bars pour la retransmission des matchs de foot ! Avec ses bistrots et boutiques de tout genre où la faune nocturne envahit le moindre mètre carré. n À ne pas PA G E 0 7 9

manquer non plus “la capilla del Hombre”, le musée du célèbre artiste Oswaldo Guayasamín, sur une autre hauteur de Quito, dans le bien nommé quartier de Bellavista Alta à côté du Parc Metropolitano. Les œuvres de Guayasamin sont la fierté du pays et son musée au cœur d’une forêt d’eucalyptus offre une balade exceptionnelle. n Quito est une ville riche de rencontres, mélange de traditions andines et d’un modernisme qui a du mal à prendre ses repères au milieu de multiples styles architecturaux. Pourtant, il fait bon vivre tout en haut là-bas. n

LE BAL À BOBBY, CRÉATION “DÉLIRANTE” EN HOMMAGE À BOBBY LAPOINTE, FAIT L’OUVERTURE DE LA SAISON DU PIANO’CKTAIL, À BOUGUENAIS, DU 30 SEPTEMBRE AU 7 OCTOBRE AVANT UNE SÉRIE DE REPRÉSENTATIONS DANS LE GRAND OUEST. WWW.NGC25.COM K O S TA R

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Tutoyer le ciel... Imaginez une ville de plus de deux millions d’habitants au niveau du glacier de la Grand Motte. Quito vient de… Quitus, nom d’une ancienne ethnie indienne. La ville s’étire aujourd’hui sur une cinquantaine de kilomètres sur les flancs du Guagua Pinincha. On a le sentiment d’y tutoyer le ciel… et les étoiles. Y ALLER On trouve un vol Air

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France/KLM au départ de Nantes, via Amsterdam aux environs de 850 € A/R. Au départ de Paris, plusieurs options avec escale obligée : Air France via Amsterdam, American Airlines via Dallas, Iberia via Madrid. Comptez une quinzaine d’heures et de 650 et 850 € A/R.

Maigret ne manque pas de (bonnes) adresses pour passer de bons moments à Quito. Comme “Chez Alain”, une demeure restaurée avec soin, où Alain (forcément !) prépare une excellente cuisine pas chère et organise des soirées à thème qui font salle pleine. Autour de la place Foch, on goûte au “canelason”, Y SÉJOURNER Nombreux hôtels, vin chaud à base de rhum et de parfois à tout petits prix (25/30€ cannelle. Tout près, sur l’avenue du la nuit !) selon les quartiers. Séjour 12 de octubre, se tient un marché agréable dans la Mariscal ou près artisanal, organisé autour d’un patio. du parc Carolina. Chambre à 50€ n À voir aussi, le quartier de Guala nuit, par exemple, à l’hôtel Vista pulo avec ses restaurants perchés Amazonas et 100€ dans le superbe sur une pente abrupte où s’aggluReina Isabel, petit déjeuner compris. tinent des maisons typiques sur un PA G E 0 8 0

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dénivelé impressionnant. À défaut d’y loger, on prendra un verre sur la terrasse de l’Hôtel Quito qui offre une vue superbe sur la ville. Et on ira dîner au Café Mosaico pour profiter d’une vue à couper le souffle. n Outre les œuvres de Oswaldo Guayasamín (lire par ailleurs), la Capilla del Hombre présente de belles collections ethniques, en même temps qu’elle offre une superbe vue du volcan Cotopaxi qui, depuis sa dernière éruption, offre une nouvelle forme avec un mont enneigé recouvert de cendres. n


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La vie est belge !

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Découvrez-le avec la nouvelle exposition du musée flambant neuf de La Boverie.

22.09.2016 > 29.01.2017

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La Boverie Liège

RUE LA BOÉTIE

d’après le livre d’Anne Sinclair © Editions Grasset & Fasquelle, 2012


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S R DOS À DOS

sioçnarf nozo

À la sortie de Regarde la Mer, Jean-Luc Godard rebaptisait votre film Regarde la merde. Vous lui en voulez toujours ? n

... l’interview verso INTERVIEW ET PHOTO / R MATTHIEU CHAUVEAU POUR KOSTA

Non ! J’étais ravi qu’il aille voir un de mes films, même s’il n’a pas aimé. Quand j’ai su ce qu’il avait dit, j’ai trouvé ça tellement drôle. Mais je ne suis pas sûr qu’il ait vu d’autres films de moi...

Vous avez remporté une Coquille d'or en 2012, à San Sebastian. Quelles sont vos coquilles ? n

Mes producteurs avaient rebaptisé ce prix la Moule d’Or ! J’ai énormément de coquilles. Je mets souvent les pieds dans le plat et, parfois, je le regrette. Mais c’est bien que les choses se disent.

Swimming Pool avec un burkini, ça aurait marché ? n Là, les

Américains ont censuré. Quand Ludivine Sagnier fait une fellation au personnage masculin, elle a trois mouvements de tête. Ils m’ont demandé de n’en garder qu’un. J’ai accepté parce que, franchement, ça ne changeait pas grandchose à la fellation !

Huit Femmes, c'était il y a 14 ans, allez-vous finir par nous dire quelle était la plus pénible ? n

Ça a été un peu compliqué avec Catherine Deneuve, mais ce qui est génial, c’est qu’on s’est retrouvés ensuite pour Potiche et là, ça s’est passé de manière miraculeuse.

Sophie Marceau refuse toujours de tourner avec vous ? n Vous êtes bien

renseigné ! Il est vrai que je lui ai proposé plusieurs fois… Quand les acteurs refusent, la plupart du temps, ils ont raison. C’est très mauvais de s’engager avec un acteur qui fait un film en trainant des pieds. n

Lequel de vos films aimeriez-vous refaire ? n

Pourquoi pas Angel. Ce sont souvent les films qui n’ont pas rencontré le public qu’on a envie de retravailler.

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David Rolland Chorégraphies : Circuit / Happy Manif / L’Étranger au paradis indien / Les Lecteurs Cie Cirque Exalté : Furieuse Tendresse Cie Amala Dianor : Man Rec / De(s)génération / Overflow / Extension / New School / Quelque part au milieu de l’infini Cie La Grange aux Belles : Le Silence des Chauves-Souris Cie La fidèle idée : L’Abattage rituel de Gorge Mastromas / Le Bourgeois gentilhomme Cie La Réciproque : Regarde les lumières mon amour Ensemble Utopik : Reich Variations Cie Yvann Alexandre : 3TEMPS / Bleu / Les Soli noirs LTK Production : Zone

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