Théâtre National de Bretagne Direction Arthur Nauzyciel 1 rue Saint-Hélier, CS 54007 35040 Rennes Cedex 02 99 31 12 31 T-N-B.fr
EN MARS AU TNB 12 03 —17 03 2018 THÉÂTRE/PERFORMANCE
DISGRÂCE JOHN MAXWELL COETZEE JEAN-PIERRE BARO 12 03 —22 03 2018 THÉÂTRE/PERFORMANCE
FINIR EN BEAUTÉ MOHAMED EL KHATIB 24 03 —31 03 2018 TEMPS FORT
PRINTEMPS DU PETIT TNB SPECTACLES JEUNES SPECTATEURS 28 03 —07 04 2018 THÉÂTRE
JAN KARSKI (MON NOM EST UNE FICTION) YANNICK HAENEL ARTHUR NAUZYCIEL
Festival Variations
présentent
Musiques pour piano et claviers
Nantes le lieu unique Pôle étudiant Théâtre Graslin Cathédrale de Nantes Chapelle de l’Immaculée Institut d’Études Avancées de Nantes
Ryūichi Sakamoto Bang on a Can All-Stars joue Tyondai Braxton, Julia Wolfe, Bryce Dessner, Richard Reed Parry, Christian Marclay, etc. Charlemagne Palestine & Rrose Alva Noto & Anne-James Chaton Ellen Fullman Xavier Veilhan, Yuksek, Le Comte, Caterina Barbieri & Jonathan Fitoussi Simon Ghraichy joue Claude Debussy, Heitor Villa-Lobos, Arturo Márquez Dominique Lawalrée Ensemble The Necks Stéphane Ginsburgh joue Frederic Rzewski Alessandro Cortini Nicolas Horvath Du jazz au classique joue Erik Satie en passant par Chloé Arnaud Rebotini les musiques Pierre Rousseau (Paradis) électroniques, Thomas Enhco expérimentales, Marc Melià improvisées ou Loïc Touzé Dan Tepfer traditionnelles. Melaine Dalibert joue Morton Feldman & Peter Garland Sylvie Courvoisier, Vincent Courtois & Julian Sartorius Macadam Ensemble & Utopik jouent Steve Reich, Arvo Pärt, Pérotin Malik Djoudi Leo Svirsky Chaton Soundsystem Nathalie Darche & Carine Llobet jouent Baptiste Trotignon, John Hollenbeck, Alban Darche, Mathias Rüegg, David Chevalier, Goeffroy Tamisier, Victor Michaud Saudaá Group Jéricho P.r2b Avec le soutien de : la Ville de Nantes, le ministère de la Culture et de la Communication - DRAC des Pays de la Loire, le Conseil régional des Pays de la Loire et le Conseil départemental de Loire-Atlantique.
Tarifs de 10 à 29 € et propositions en entrée libre Billetterie : en ligne sur festival-variations.fr au lieu unique, quai Ferdinand-Favre, Nantes ou au 02 40 12 14 34
10—18 mars 2018
9 RUE SCRIBE - NANTES 02 28 02 56 26
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Sommaire n / P4 Ours n / P6 Cover girl n Soraya Dagman / P8 le k de kostar n Juliette Armanet / P10
actus n / P12 Business Classe n Giffard / P16 Chef oui chef n Henri Refuto / P18
actus n / P22 Entretiens n Raphaël Sévère / P24 Rone / P34 Alain Mabanckou / P42 Têtes de série n Moon Gogo / P32 Mathieu Renard / 47 Portefeuille artistique n She looks like a moutain par We Are The Painters / P52 Le moi dernier n par Pierrick Sorin / P58 une ville ailleurs n Milan / P60
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Q U I F A I T Q U O I ?
KOSTAR est édité par Médias Côte Ouest, SARL de presse au capital de 30 794,70 euros Directeur de la publication et de la rédaction n Patrick Thibault Graphisme et maquette n Damien Chauveau Développement n Pierre-François Leroux, Patrick Thibault. Publicité n pub@kostar.fr SECRÉTAIRE DE RÉDACTION n Cécile You COMPTABILITÉ n Bénédicte Da Costa Rédaction n redaction@mcomedia.fr Studio graphique n damien@mcomedia.fr
Merci à tous ceux qui ont participé à ce numéro Rédacteurs n Vincent Braud, Matthieu Chauveau, Fédelm Cheguillaume, Antonin Druart, Christophe Martin, Pierrick Sorin, Patrick Thibault. Photographes n Matthieu Chauveau, Kristo, Christophe Martin, Yann Peucat, Pierrick Sorin. GRAPHISTES / Illustrateurs / artistes plasticiens n Soraya Dagman (couverture, ours, sommaire, custom des titres), Pierrick Sorin, We Are The Painters. Remerciements n Tous nos lecteurs, partenaires et annonceurs Imprimé en CEE n Dépôt légal à parution n © Kostar 2018 KOSTAR est adhérent au SPG2I (Syndicat de la Presse Gratuite Indépendante d'Information Imprimée) www.kostar.fr Tous droits de reproduction réservés. Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs. Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. n Abonnement annuel 30 euros Médias Côte Ouest, 2 ter rue des Olivettes, CS33221, 44032 NANTES CEDEX 1 n + 33 (0)2 40 47 74 75. ISSN : 1955-6764
Nos lecteurs et internautes sont informés que l’envoi à la rédaction, par leurs soins, de photographies représentant leur image et destinées à être publiées au sein de la rubrique « Sur son 31 », entraînent de facto leur acceptation : pour diffusion au sein du magazine « KOSTAR » édité par la société « Médias Côte Ouest », pour diffusion au sein des plateformes numériques « www.kostar.fr » et « www.facebook.com». Cette autorisation est valable sans limitation de durée. La rédaction s’engage en contrepartie à ce que les éventuels commentaires ou légendes accompagnant la reproduction ou la représentation de ces photographies ne portent en aucune façon atteinte à leur réputation ou à leur vie privée.
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PAYS DE MORLAIX - 29 / 20-21-22 AVRIL 2018 Agents of Time [Live] • Amelie Lens • Anetha • Bagarre
CIRQUE
Biffty & Dj Weedim • Bjarki • Black Devil Disco Club
tout public à partir de 8 ans
Boris Brejcha B2B Ann Clue • Casual Gabberz Contrefaçon • Dario Rossi • Dr Peacock • Fakear Fortune & Friends • French 79 • Hungry 5 ft. Worakls, N’to & Joachim Pastor • I Hate Models • Irène Drésel Jacid0rex • Jennifer Cardini • Krampf • La Fraicheur La Mverte [DJ Set] • Lena Willikens • Madben
création collective
• vendredi 9 et samedi 10 février à 20h30 • dimanche 11 février à 17h • au Théâtre renseignements – réservations 02 40 22 91 36
www.letheatre-saintnazaire.fr
Manu Le Malin • Marlin • Meute • Myth Syzer • conception graphique Julien Cochin
Groupe Acrobatique de Tanger
Oxia • Panda Dub - Circle Live • Patrice Bäumel Polo & Pan [DJ Set] • Roméo Elvis • Romulus Rone • Stephan Bodzin [Live] • Subway Shamans [Mr
Gasmask
&
Epidemie]
•
Svinkels
Tit Mel - T.Lesco.P • Vandal nfos & Billetterie : www.festivalpanoramas.com
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K O S TA R H A B I L L É PA R …
Couverture / P01 n Sommaire / P04 n Ours / P06 n Tendances / P12 n Cultures / P22 n Une ville ailleurs / 60 Custom des titres / P08, 10, 16, 18, 25, 32, 35, 43, 47, 52, 59. PHOTO / YANN PEUCAT POUR KOSTAR
Un simple coup d’œil sur la une de Kostar suffit à constater à quel point Soraya Dagman est passionnée d’archéologie. À l’évidence, l’Égypte la fascine. Et si elle s’est appliquée à décliner d’autres civilisations tout au long du magazine, la tonalité égyptienne est forte avec la traduction des titres en hiéroglyphes. Non, vous ne rêvez pas : pour la première fois, pharaons et habitants de l’Égypte Antique peuvent lire les titres de Kostar. Avouez que c’est un luxe pas si futile que ça qu’il fallait s’offrir à un moment donné. n Originaire de Pléneuf Val André, Soraya Dagman a traîné un an en hypocagne pour comprendre que c’est le dessin qu’elle aimait. Elle fait donc un BTS en design graphique à l’École de design de Bretagne (IFFDEC à l’époque). Elle enchaîne sur un stage de sérigraphie avec Anaïck Moriceau qui l’incite à exposer. Première expo chez Le Disquaire à Saint-Brieuc. Installation à Rennes et poursuite des études en histoire de l’art et archéologie. n Tandis qu’une expo s’achève à l’Antipode, une autre commence, toujours à Rennes, au Barexpo tout le mois de février. Terminant sa thèse en archéologie, elle continue en parallèle sur la voie de l’illustration. Soraya Dagman vous invite à découvrir son univers de ciels étoilés en feuilletant Kostar où elle mêle dessin au crayon graphite, au trait et l’aquarelle. C'est parti pour les étoiles ! n SORAYADAGMAN.COM INSTAGRAM ET FACEBOOK PA G E 0 8
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SAEM La Folle Journée – RCS B 483 207 569 – Licences d’entrepreneur de spectacles : 2-1090177 et 3-1090178 – Réalisation LMWR 2017 – Crédits photos : iStock, Getty Images – Impression : Westgraphy.
VERS UN MONDE NOUVEAU
DU 31 JANVIER AU 4 FÉVRIER 2018/NANTES www.follejournee.fr
LA CITÉ/LIEU UNIQUE
Sur une idée originale de René Martin, La Folle Journée est une manifestation culturelle portée par la Ville de Nantes, conçue par le CREA et produite par la SAEM LA FOLLE JOURNÉE.
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U N E P E R S O N N A L I T É À L A M O D E PA R L E D E M O D E
« JE SUIS À MA MODE ! » INTERVIEW / MATTHIEU CHAUVEAU
PHOTO ERWAN FICHOU & THÉO MERCIER
Vous êtes quelqu'un de stylée. Depuis quand faites-vous attention à votre look ? n Je ne sais pas exactement… Mais je ne suis pas une obsédée du style, sans doute parce que je suis une grande complexée. J’admire les gens qui osent des folies vestimentaires. Moi, je suis assez sobre, je mets pas mal de noir et jamais de jupe ni de robe. Ça limite déjà pas mal ma garde-robe. J’essaie juste d’être un peu chic et d’avoir une silhouette pas trop pourrie ! Pensez-vous avoir le costume de l’emploi ? n Pas tellement. Je pense qu’il y a des chanteuses qui mettent plus le paquet que moi. Et elles ont bien raison ! Comment choisissez-vous votre costume de scène ? n En fonction du décor que j’ai autour de moi. Là, il est à paillettes, donc je mets des paillettes. Un peu comme si je me faisais une tenue avec les rideaux de mon décor pour être raccord. Quels rapports entretenez-vous avec la mode ? n Un rapport de curiosité croissant. Longtemps, je n’ai pas été très au fait de ce qui se faisait. J’avoue m’y intéresser de plus en plus, juste parce que ça m’amuse. Pensez-vous être à la mode ? n Je n’en ai aucune idée. D’ailleurs, ça dépend de quelle mode. Il y a la mode PNL, la mode Brigitte, froufrou… Disons que je suis à ma mode. Être à la mode, c’est quoi pour vous ? n Une notion très bizarre. Mes parents ont travaillé un peu dans le milieu. Je voyais le même imprimé arriver d’un coup dans toutes les boutiques, avec les vendeurs qui disaient : « le pantalon écossais, c’est le best-seller de la rentrée ». Alors que l’année d’avant, c’était complètement has been. Ça me fascine totalement que tout à coup les gens soient prêts à se mettre un œuf de Pâques sur la tête parce que c’est à la mode. Je trouve ça naïf et tellement drôle.
Avez-vous pris des vestes ? n Oh oui, comme tout le monde, à part Cindy Crawford peut-être (sourire). Et de très belles : des longues, des boutonnées, avec de grandes manches, de grands cols. Qu’y a-t-il dans votre valise quand vous partez en tournée ? n Toujours les mêmes trucs : mon pantalon à pinces noir en quatre exemplaires, des cols roulés noirs, des Doc Martens vernies ou mat. C’est assez militaire finalement, mon affaire. J’ai aussi un sweat violet et vert, hyper eighties et d’assez mauvais goût, qui remplit un peu le rôle de doudou pour la tournée. Comme on est pas mal dans les bus, il y a toujours ce besoin d’être confortable. À qui voudriez-vous tailler un costard ? n Là tout de suite, à ceux qui ne comprennent pas le débat sur la révolution féministe. Je ne les citerai pas, ils se reconnaîtront. Quel est le comble du chic ? n Les dessous chics, comme disait Gainsbourg. Ce bon vieux Gainsbourg… Lui, il en aurait pris des #balancetonporc (rire) ! « Les dessous chics, c’est ne rien dévoiler du tout. Se dire que lorsqu’on est à bout, c’est tabou. » Le comble du mauvais goût ? n Ne pas se rendre compte qu’on a mauvais goût. Quelle personnalité voudriez-vous relooker ? n Tout le monde a eu ses bonnes et ses mauvaises périodes… Bon, Céline Dion par exemple, j’ai l’impression qu’elle traverse une mauvaise passe. Mais elle a eu des moments où elle était super, donc, je ne veux pas être trop dure.
Avez-vous déjà retourné votre veste ? n Mais bien sûr ! Mille fois. Mais toujours du bon côté j’espère... Comme Dutronc. PA G E 0 1 0
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Qui rêveriez-vous de déshabiller ? n Juliette Gréco, parce qu’elle nous le demande depuis 50 ans. n ECHONOVA, SAINT-AVE, 2 MARS LA CARÈNE, BREST, 3 MARS STEREOLUX, NANTES, 13 MARS LE CHABADA, ANGERS, 14 MARS FESTIVAL MYTHOS, CABARET BOTANIQUE, RENNES, 19 AVRIL.
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CONTRIBUTEURS DU CAHIER TENDANCES VINCENT BRAUD, MATTHIEU CHAUVEAU, ANTONIN DRUART, CHRISTOPHE MARTIN, PATRICK THIBAULT
Dare d’art Il y a des lieux qu’il faut parfois chercher pour profiter de leur singularité. Derrière une porte cochère et à l’écart de la rue, Julien Garbolino et Virginie Bergue ont ouvert leur salon de thé couplé à une vaste galerie d’art. Déco soignée façon "Mix and Match", entre objets glanés lors de voyages et motifs scandinaves, le salon est chaleureux pour chiller sans complexe. On déguste une douceur maison accompagnée d’un thé Christine Dattner. On peut déjeuner, revenir pour bruncher. La galerie, qui s’étend sur 260m2 de caves voûtées, séduira amateurs et collectionneurs férus d’art contemporain. n ONE WAY, 16 RUE DES LICES, ANGERS. PA G E 0 1 2
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Nouvelles formations certifiantes !
PORTES OUVERTES 3 & 4 février
Un temps fort pour préparer votre rentrée 2018 !
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Sous le soleil de satin « La terre s'est ouverte et le soleil est noir » chantait Barbara. « Depuis ils ont sauté, rejoindre Soleil Noir » braillait les Bérus. L'esprit de cette boutique au nom un brin occulte, hostile aux style fade oscille-t-il entre ces deux références ? Possible, si l'on éclipse le désespoir qui suinte des chansons suscitées. Ici, la chance est de votre côté pour dénicher un beau velours côtelé, un meuble millésimé 69 ou un haut de survèt de compèt. Vintage et créations s'allieront pour vous faire luire dans la nuit. n
© SOLEIL NOIR
SOLEIL NOIR, BOUTIQUE VINTAGE ET CRÉATEURS, 4 RUE SAINT GUILLAUME, RENNES.
L'hiver en pinte douce Ce serait plonger dans la facilité de dire que ce troquet est fait pour vous. Encore faut-il être amateur de houblon patiné et d'amer à boire pour apprécier l'endroit, car là-bas la bière est reine. Albert Mulet, docteur ès mousse plein d'entrain, proposant déjà une large déclinaison d'ale dans sa cave rue Poullain-Duparc, ouvre un bar non loin de la rue d'Antrain. Équipe souriante et efficace, ambiance boisée chalet/chaleureux, on y trouve parmi les 20 pressions proposées la Elvis Juice, meilleure I.P.A du marché. n
© LE SUR MESURE
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LE SUR-MESURE, 18 RUE DE ROBIEN, RENNES.
Aux algues citoyens ! Depuis longtemps, les algues s’invitent en cuisine. Source de santé, on a appris à les rendre gourmande. Hervé Bourdon en a fait une de ses spécialités au Petit Hôtel du Grand Large à Saint-Pierre-Quiberon. Là, c’est Catherine Le Joncour du restaurant Ty Mad à Plestin-lesGrèves qui a travaillé avec Régine Quéva sur le livre Algues gourmandes. Des infos, des conseils et des recettes simples pour que chacun puisse profiter des vertus de la mer dans son assiette. Soupe de potimarron au wakamé, poulet aux algues, tiramisu dulse et ananas… Le tout accompagné d’un mojitalg ! Bon appétit. n ALGUES GOURMANDES, FLAMMARION. PA G E 0 1 4
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1885 ÉMILE GIFFARD, PHARMACIEN HERBORISTE, INVENTE LA MENTHE-PASTILLE. 1972 GIFFARD QUITTE LE CENTRE VILLE D’ANGERS POUR AVRILLÉ. 1987 ARRIVÉE D’ÉDITH GIFFARD DANS L’ENTREPRISE, BIENTÔT REJOINTE PAR SON FRÈRE BRUNO. 2010 OUVERTURE D’UN PREMIER BUREAU AU GRAND EXPORT, À SINGAPOUR. 2017 OUVERTURE D’UN NOUVEAU SITE DÉDIÉ AUX SIROPS À SAINT-LÉGERDES-BOIS, CONÇU PAR L’ARCHITECTE ANGEVIN FRÉDÉRIC ROLLAND. PA G E 0 1 6
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TEXTE / MATTHIEU CHAUVEAU
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Réputée pour son incomparable Menthe-Pastille, la société familiale Giffard, implantée depuis toujours en Anjou, bat des records à l’exportation, avec sa gamme de 50 liqueurs et 80 sirops plébiscitée par les barmen du monde entier. Le secret n’est plus très bien gardé : c’est à Angers (et plus exactement dans la commune avoisinante d’Avrillé) que la meilleure liqueur de menthe au monde est fabriquée depuis 133 ans. Un autre secret, lui, reste inviolable : la recette exacte de cette MenthePastille qui se transmet de génération en génération chez les Giffard depuis qu’Émile, l’arrière grand-père pharmacien d’Édith (actuellement à la tête de l’entreprise avec son frère Bruno), l’a mise au point. « Cette recette est restée inchangée depuis 1885 », aime à rappeler Édith Giffard, précisant que le produit a même gagné en authenticité, puisque depuis une dizaine d’années, son ingrédient SAISON 12 / NUMÉRO 59
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de base – la menthe Mitcham – est cultivée en Anjou. n L’ancrage local, voici une composante essentielle de la philosophie de l’entreprise, qui a choisi l’an dernier d’implanter un second site, exclusivement destiné à la production des sirops, à quelques kilomètres du premier à Saint-Léger-des-Bois. « Une grande part de notre nouvelle clientèle étant en Asie, on aurait pu s’implanter là-bas. La question ne s’est pas posée plus de 5 minutes. Nos racines sont ici ! » D’autant plus que le « fabriqué en France », synonyme d’excellence dans le monde entier, reste le meilleur argument marketing qui soit… même quand il s’agit de vendre un sirop de
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litchi à des Asiatiques experts en la matière ! n Bien que très ancré sur son territoire, Giffard connaît depuis plusieurs années une exceptionnelle croissance à l’export, de l’ordre de 20% par an, portée notamment par le développement du marché du sirop en Asie, lui-même lié à la culture du coffee shop dans des pays où le nombre d’étudiants explose. « Les jeunes ont l’habitude de travailler dans ces lieux, précise Édith Giffard, où ils consomment des boissons dans lesquelles on retrouve nos sirops. » n Et l’alcool dans tout ça ? Il se porte plutôt bien, et même sans modération (en terme de chiffres de vente naturellement !). En France, la MenthePastille, produit phare de la société, connaît un regain d’intérêt auprès des jeunes, pour qui le côté vintage et authentique du produit n’a pas de prix (ou alors modique : moins de 20 € la bouteille). Ici, on la consomme essentiellement pure, sur glace. À l’étranger, c’est la folie des cocktails qui l’emporte. En particulier aux États-Unis où Giffard jouit d’une renommée exceptionnelle. n Dernier bestseller : la toute nouvelle liqueur d’ananas, développée et produite comme toutes les autres à Avrillé et célébrée par les barmen américains comme la meilleure existante. Elle est l’un des ingrédients essentiels des Tiki, ces cocktails des années 30 en plein revival. Autre succès fou : le ChinaChina, liqueur historique à base d’écorces d’oranges et de plantes aromatiques dont Giffard a acquis l’exclusivité en rachetant l’entreprise Bigallet (Isère) en 2010. Une liqueur créée en 1875 avec un nom, une histoire familiale et une recette inchangée qui devient la plus branchée des boissons dans les bars à cocktails outre-Atlantique, voilà qui laisse augurer de belles possibilités de carrière pour la Menthe-Pastille de l’arrière grand-père Émile. n
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UN FIL À LA PÂTE... TEXTE / VINCENT BRAUD
PHOTOS / KRISTO
Ne dites pas à Henri Refuto que c’est une bonne pâte, il y a droit depuis longtemps. Succès oblige. De sa jeunesse du côté d’Arles, l’artisan pastier a gardé une pointe d’accent et le goût des bonnes choses. En matière de pâtes, Refuto, c’est un vrai chef ! C’est de la petite île de Procida, dans la baie de Naples, célèbre pour avoir servi de cadre à quelques films célèbres (Le talentueux M. Ripley, Le facteur…), que vient la famille Refuto. Avec Marseille pour premier port d’attache. Mais rien ne prédestinait Henri à devenir maître-ès-raviolis. Son parcours ? Un PA G E 0 1 8
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passage dans le milieu bancaire, puis dans le monde du rugby avant de s’intéresser à l’huile d’olive puis aux pâtes. n « L’industrie a massacré les raviolis. Une pâte épaisse, une farce insipide et le tout baignant dans une mauvaise sauce… » La rencontre d’un artisan, près de Gênes, sera déterminante.
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Avec un premier souci : trouver le matériel ancestral et le savoir-faire artisanal. Pour les raviolis, « la pâte doit être fine, transparente après cuisson, et faire la part belle à la farce… » Et la farce, c’est du sérieux. n S’il y a des classiques, comme les raviolis chèvreromarin, ce sont sept variétés de raviolis qui sont en vente, chaque semaine, sur les marchés. « Je travaille en fonction des saisons. Il y a les asperges au printemps, les giroles en automne, le potiron ou les Saint-Jacques en ce moment… » Joliment bombés, les raviolis sont ainsi fabriqués “à l’ancienne” dans l’atelier installé route de Sainte-Luce à Nantes. « Tout ce que je vends, je le fabrique… » Même cette huile, joliment baptisée La Précieuse, vient de ses oliviers enracinés du côté d’Arles. n Si les raviolis, sagement rangés sur des plateaux de bois, font courir gourmets et gourmands, Henri Refuto propose d’autres spécialités italiennes : des pâtes fraîches bien sûr, comme ses fettucine, mais aussi des gnocchis. « Les pâtes, c’est vraiPA G E 0 1 9
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ment la base de ce métier », rappelle-t-il volontiers. Mais il y a aussi, quelques douceurs qui méritent d’être réhabilitées. « Comme les raviolis, la panna cotta, c’est souvent n’importe quoi… un mauvais mélange sorti d’un sachet. Je veux lui redonner le goût du vrai… » n Alors, Henri Refuto ne compte pas ses heures. Quand il quitte le marché, c’est pour rejoindre son atelier. Et les week-ends sont souvent les journées les plus chargées. Quelques tables, comme La brasserie Félix à Nantes, s’intéressent à ses produits mais PA G E 0 2 0
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ce n’est pas, pour lui, l’essentiel. Son plaisir, c’est de retrouver ses clients sur le marché. Un fil à la pâte qui fait son bonheur. n REFUTO, ARTISAN PASTIER, SUR LES MARCHÉS DE NANTES ET VERTOU. INFOS : WWW.RAVIOLIS-REFUTO.COM
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RÉDACTEURS DU CAHIER CULTURES VINCENT BRAUD, MATTHIEU CHAUVEAU, FEDELM CHEGUILLAUME, ANTONIN DRUART, PATRICK THIBAULT
Étienne, Étienne
ETIENNE DAHO © PARI DUKOVIC
Depuis la sortie de Blitz, son nouvel album en novembre dernier, Étienne Daho est plus que jamais à la une. Bientôt Victoire d’honneur de la musique pour l’ensemble de sa carrière, son retour sur scène fait le buzz. On sait que sa seule scène de l’été en Bretagne sera La Route du Rock à Saint-Malo le 17 août. Ensuite, Saint-Brieuc le 26 octobre et Brest le 27. En novembre, Le Mans le 7, Lorient le 9, Nantes les 16 et 17. Sans oublier Rennes le 21 décembre. On ne parle que des dates régionales évidemment. n
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ACTUS
Prix d’excellence
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Début 2016, Patrick Barbier avait évoqué pour Kostar la ville éternelle à l’occasion de la sortie de Voyage dans la Rome baroque. C’est pour cet ouvrage paru chez Grasset que l’écrivain-historien de la musique s’est vu remettre sous la coupole le prix Thiers 2017 de l’Académie française. Ce prix littéraire récompense l’auteur d’un ouvrage d’Histoire. On retrouve Patrick Barbier en conférence à La Folle Journée de Nantes les 1er février (17h), 2 (17h30), 3 (12h15), 4 (15h30). Il évoquera Farinelli, Haendel, Lully, Scarlatti. n
Parti au Vietnam pour tourner un court-métrage de fiction, le Nantais Matthieu Haag fait la rencontre d’un père adoptif en la personne du directeur d’un orphelinat. C’est alors que le réalisateur de courts-métrages de fiction Un parfum de Liban (2014) et État des lieux (2012) décide de tourner un documentaire, parcours initiatique sur sa place d’homme et de père. Le film produit par Françoise Widhoff – qui ne produit que les films d’Alain Cavalier ! – sera présenté en avant-première au Cinématographe à Nantes, le 6 février avant Paris. n
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Voyage initiatique
Saint des saints
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Autant le dire tout net, l’écoute du nouvel album de Santa Cruz nous a enthousiasmés. On s’attendait à arriver en terrain trop connu alors que c’est une splendeur. Trois ans après MicrOrgan, le quintet rennais est de retour et il s’est très bien entouré ! Mixé par Ian Caple (Tricky, Tindersticks…), arrangements de cordes par Joseph Racaille (Bashung, Miossec…) et le quatuor à cordes anglais qui enregistre pour Divine Comedy. Now & Here est un album puissant, profond, quasi hypnotique, qui vous accroche et ne vous lâche plus. n PA G E 0 2 3
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INTERVIEW / MUSIQUE
VENT DE FRAÎCHEUR INTERVIEW / VINCENT BRAUD
PHOTO / BERTRAND BÉCHARD
Enfant prodige de la musique, Raphaël Sévère est aujourd’hui “le” clarinettiste dont on parle. En France mais aussi aux États-Unis ou en Allemagne. “Le vent en poupe” : c’était le titre de Kostar, il y a 10 ans. À tout juste 23 ans, le voilà aujourd’hui ovationné à la Philharmonie de Berlin. Et ses enregistrements lui valent des critiques dithyrambiques. Lauréat des plus grands concours internationaux, Victoire de la Musique en 2010, Diapason d’or en 2015… Avez-vous le sentiment que tout est allé très vite ? n Oui, c’est vrai. On va dire que je n’ai pas perdu de temps. En même temps, je n’ai pas sauté d’étapes. J’ai commencé très jeune et, depuis, j’ai franchi quelques marches. Il y a eu des concerts et des prix, des rencontres aussi mais je n’ai pas senti d’emballement. Tout ça s’est construit dans l’ordre des choses.
« JE ME SUIS NOURRI DE MES RENCONTRES... » Parmi les rencontres, justement, quelles sont celles qui vous ont le plus marqué ? n Il y en a eu tellement… Je ne peux pas oublier la rencontre avec Adam Laloum. Nous avons enregistré ensemble les sonates de Brahms et décroché un diapason d’or. Ce n’est pas rien mais j’en retiens d’abord une rencontre artistique et humaine très forte. Et puis, j’ai rencontré Jean-Frédéric Neuburger. Une vraie claque musicale pour moi. Je dirais qu’il y a eu un avant et un après. Je me suis nourri artistiquement de ces rencontres. Et s’il vous fallait retenir quelques dates depuis vos débuts ? n Tout a commencé PA G E 0 2 5
avec mon entrée au Conservatoire National de Musique de Paris. J’avais 14 ans et je détiens toujours le record du plus jeune musicien entré dans la classe de clarinette. Ce fut un vrai changement que de quitter Nantes, à cet âge, pour vivre à Paris. C’est là que j’ai pris conscience que je ne pouvais plus vivre que pour la musique et que je voulais vivre de la musique. Après, beaucoup de choses se sont enchaînées. Une autre date dans ce parcours ? n On est en novembre 2013 et je suis à New York pour les Young concerts artists international auditions. Je décroche le premier prix et neuf prix spéciaux. Ça me donne une vraie légitimité. En 2015, je fais une tournée d’un mois et demi aux États-Unis et, en 2016, j’ai la chance de jouer à la Philharmonie de Berlin dans un programme consacré à Weber. Et, la même année, je joue Mozart avec le London Philharmonic Orchestra. Les plus grandes salles de concerts et des publics exigeants qui en ont entendu d’autres… n Être invité par le Deutsche Symphonie-Orchester ou le Konzerhaus de Berlin, jouer dans le Kennedy Center de Washington ou au Théâtre des ChampsÉlysées, c’est un honneur mais aussi une responsabilité. Il y a, comme on dit, un peu
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de pression mais, au bout du compte, ce sont des concerts comme les autres. Avec juste une émotion particulière. Lorsqu’on lit des articles dans le New York Times ou dans Le Monde, quand Le Figaro parle d’un “talent surnaturel”, est-ce qu’on garde les pieds sur terre ? n Évidemment qu’on garde les pieds sur terre. Je suis content, bien sûr. C’est gratifiant et j’y suis sensible. En même temps, la vie continue. On rentre chez soi et on continue à travailler trois/quatre heures par jour. Et puis, tout cela reste dans le domaine de la musique classique. Personne ne m’arrête dans la rue pour me demander un autographe, alors, la grosse tête…
« LA PRESSION, OUI... LA GROSSE TÊTE, NON... » Lorsqu’on se consacre, à ce point, à la musique, y a-t-il une vie à côté ? n On travaille beaucoup mais je n’ai pas d’horaires de travail imposé. C’est un peu un luxe, non ? Cela dit, la passion pour la musique peut être aliénante. Il est difficile d’avoir une vie super stable. L’an dernier, durant les deux mois d’été, j’ai donné trente concerts. En y ajoutant le temps dans les transports, ça laisse peu de temps pour la vie personnelle. Combien de concerts en 2017 ? n Beaucoup… (silence). En fait je n’ai pas compté. Je crois que mon père, lui, pourrait répondre à cette question (ndlr Yves Sévère précise donc : “57 concerts dont 11 comme soliste… depuis 2014, pour Raphaël, c’est une moyenne de 60 concerts par an…”). la folle journée D'abord en Région Pays de la Loire du 26 au 28 janvier, La Folle Journée de Nantes aura lieu du 31 janvier au 4 février. Sur le thème de l'exil, pas moins de 300 concerts à Nantes. Pensez aux propositions originales en lien avec le thème. n WWW.FOLLEJOURNEE.FR PA G E 0 2 6
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Il y a dix ans, vous parliez de vos copains de Vertou. Y a-t-il encore de la place pour le football dans votre vie ? n Le sport est, de manière générale, le grand perdant de ma carrière. C’est difficile quand votre rythme de vie dépend d’un agenda de concerts. Je prends du temps pour lire, écouter de la musique, aller au cinéma… mais ce n’est jamais simple. Il y a eu votre enfance à Vertou. Depuis il y eu le Japon, l’Angleterre, le Canada, les États-Unis… Est-ce que Raphaël Sévère sait encore où il habite ? n Mon chez moi, c’est désormais Paris. Je n’ai pas forcément envie d’y passer ma vie mais c’est mon chez moi officiel où je passe finalement peu de temps. Heureusement, les moyens de SAISON 12 / NUMÉRO 59
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communication nous permettent aujourd’hui de rester en contact avec qui on veut. La vie sentimentale, elle, n’est pas forcément simple. J’aimerais, plus tard, avoir un peu plus de stabilité. On vous voit déjà en master class. La transmission, c’est important pour vous ? n Bien entendu que c’est important. Si on ne m’avait pas transmis, je ne serais pas là aujourd’hui. J’aime beaucoup jouer mais j’aime aussi beaucoup écouter. J’aime donner des conseils à de plus jeunes que moi et même parfois aux autres. Je donne aussi quelques cours particuliers à Paris. Plus tard, continuer les concerts et peut-être devenir enseignant. Histoire d’avoir un vrai cadre de vie pour mes 30 ans. On vous retrouve à La Folle Journée. La première fois, il y a tout juste 10 ans. Vous avez le sentiment de jouer à domicile ? n On peut dire ça. Ce qui est sympa, c’est de retrouver l’atmosphère de La Folle Journée, de pouvoir retrouver des gens, embrasser des amis qu’on voit désormais rarement. Et puis, je ne suis pas à l’hôtel. Je suis chez mes parents et ça change tout. Vous revenez à La Folle Journée par la grande porte ? n J’y ai toujours été bien accueilli mais, cette fois, c’est différent. Pour la première fois, il y aura un concerto dans le grand auditorium (ndlr concerto n°1 de Weber, joué à la Philharmonie de Berlin et enregistré pour Mirare). C’est un vrai cadeau de René Martin. Et j’aurai le plaisir d’être là avec l’Ensemble Messiaen que nous avons créé il y a trois ans. Avec cet ensemble, on vient d’ailleurs d’enregistrer le Quatuor pour la fin du temps qui sort juste pour cette Folle Journée. En ce début d’année, c’est encore l’heure des vœux. Que peut-on vous souhaiter ? n De continuer à travailler le mieux possible, de pouvoir enchaîner les concerts avec les gens que j’aime. Je ne fais pas de rêve sinon celui d’avoir, un jour, un cadre de vie à moi parce que ce n’est pas toujours drôle pour ma copine. Pour le reste, je fais confiance à ma bonne étoile. n
RAPHAËL SÉVÈRE EN CONCERT À LA FOLLE JOURNÉE, VENDREDI 2 À 14H15 AVEC LE SINFONIA VARSOVIA ; SAMEDI 3 À 15H30 ET DIMANCHE 4 À 14H15 AVEC JEAN-FRÉDÉRIC NEUBURGER ET LE QUATUOR MODIGLIANI.
CRÉATION
L A T R AGÉDIE DE
MACBETH
DE WILLIAM SHAKESPEARE MISE EN SCÈNE FRÉDÉRIC BÉLIER-GARCIA
AVEC DOMINIQUE VALADIÉ, STÉPHANE ROGER
JEAN-CHARLES CLICHET, SÉBASTIEN EVENO, LOUISE CHEVILLOTTE, GRÉGOIRE L AGR ANGE, BL ANDINE MADEC, CHRISTOPHE GR AVOUIL
COLLABORATION ARTISTIQUE CAROLINE GONCE, SCÉNOGRAPHIE JACQUES GABEL, LUMIÈRE ROBERTO VENTURI, COSTUMES SARAH LETERRIER, VIDÉO PIERRE NOUVEL, SON SÉBASTIEN TROUVÉ, PRODUCTION LE QUAI CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ANGERS PAYS DE LA LOIRE, AVEC LE SOUTIEN DU JEUNE THÉÂTRE NATIONAL ET LA PARTICIPATION DE LA CLASSE D’ART DRAMATIQUE DU CRR D’ANGERS
LE QUAI / ANGERS / DU 13 AU 23 MARS18
RÉSA 02 41 22 20 20 / lequai-angers.eu /
#LaTragedieDeMacbeth
LA CRIÉE / MARSEILLE / 28 / 29 / 30 MARS18 © photo Thomas Jorion, Vélum, 2011
MUSIQUE
Winter is rocking Alors que son grand frère estival à d'ores et déjà dévoilé l'une de ses têtes d'affiche, et non des moindres, en la personne d'Étienne Daho, la programmation de la collection hiver de La Route du Rock s'avère collector. My man Baxter Dury, moitié lad/moitié dandy, Lee Ranaldo, vétéran toujours jeune des cultissimes Sonic Youth, les mélodies fleuries de Girls in Hawaii, The Go ! Team, Concrete Knives... De quoi faire briller février. n
THE GO TEAM © ANNICK WOLFERS
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LA ROUTE DU ROCK COLLECTION HIVER, SAINT-MALO ET RENNES, 21 AU 24 FÉVRIER.
Les bonnes surprises d’HIP OPsession
ROMEO ELVIS © MARTIN GALLONE
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Le festival HIP OPsession offre un large panorama de la culture hip-hop à travers expos, projections de films, rencontres, conférences et bien sûr danse, sous la forme de spectacles et surtout d’un Battle réputé mondialement. Mais il offre aussi et avant tout du (gros) son : le meilleur d’une musique qui, année après année, ne cesse de s’enrichir et de se diversifier. L’édition 2018 le prouve une fois de plus avec une belle place faite à une nouvelle génération de rappeurs aux univers on ne peut plus éloignés. Quel point commun entre Roméo Elvis, Siboy et Kacem Wapalek, si ce n’est leur appartenance à la grande famille du hip-hop et leur excellence avérée chacun dans leur (sous-)genre ? Débarqué de Bruxelles, le premier envoûte avec son rap oblique dans la lignée d’un Klub des loosers. Nettement plus bad boy, le second, parrainé par Booba, partage avec son aîné des lyrics hyper-crues et hyper-efficaces. Tout à fait inclassable, le troisième cite volontiers Brassens ou Prévert en références ultimes pour ses rimes riches et foisonnantes. n FESTIVAL HIP OPSESSION, NANTES, 1ER AU 18 MARS.
MUSIQUE
Les bonnes rencontres de Variations
SIMON GHRAICHY © ANTONIN AM
Après le succès de la première édition, le lieu unique et la Fondation BNP Paribas mettent une nouvelle fois le clavier sous toutes ses formes à l’honneur. Plus encore que l’an dernier, le festival se distingue par sa capacité à réunir sur une même scène des artistes de haute renommée. Figure légendaire – comme son nom ne l’indique pas – de la musique répétitive américaine, Charlemagne Palestine jouera pour la première fois sa pièce maîtresse Golden Mean à quatre mains, dont deux appartenant au mystérieux électronicien Rrose. Le plasticien Xavier Veilhan a aussi droit de cité à Variations, puisqu’il sera entouré de quatre musiciens électroniques (Yuksek, Le Comte, Caterina Barbieri, Jonathan Fitoussi) avec qui il livrera une ciné-concert faisant écho à son installation pour la dernière Biennale de Venise. Furyo, Le Dernier Empereur, Talons Aiguilles… Ryu-ichi Sakamoto est l’un des grands maîtres des musiques de film (et plus généralement de celles, rares et précieuses, qui savent faire respirer les notes). En compagnie de l’artiste Shiro Takatani, la légende japonaise proposera plus qu’un concert, une immersion totale, visuelle et sonore. Et on en oublie ! n
YC © LAROSA
FESTIVAL VARIATIONS, LE LIEU UNIQUE, NANTES, 10 AU 18 MARS.
Revoir un printemps 20 ans d'Embellies à Rennes, c'est rare, alors ça se fête. Il y en a pour tous les goûts, dans tous les sens : la vue d'ensemble des affiches du festival depuis ses débuts, l'odorat de programmateurs au nez creux pour nous ravir l'ouïe : la pop touchée par la grâce et l'électro cool se frottant au métronome (le génial Jaune, Léonie Pernet...), le Kraut et le Math qui Rockent (Veik, Madensuyu), Ô Lake s'étendant à perte de vue avant la boum finale... n LES EMBELLIES, RENNES, 20 AU 24 MARS. PA G E 0 2 9
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MUSIQUE
Nouvelle vie pour Metropolis Chacun sait à quel point Metropolis de Fritz Lang est un chef d'œuvre du cinéma muet. L'ONPL propose sa projection sur grand écran dans sa version intégrale restaurée, accompagné de la musique de Martin Matalon. Le classique de 1927 trouve ici une nouvelle vie et une force régénérée par la musique polychrome de l'Argentin. Un véritable foisonnement de couleurs musicales qui vient amplifier le propos noir et blanc du cinéaste allemand. Martin Matalon dirige lui-même les musiciens pour ce cinéconcert événement ! n METROPOLIS, ONPL. LA CITÉ, NANTES 14 ET 15 MARS ; GRAND THÉÂTRE, ANGERS 18, 20 ET 21 MARS.
et aussi MUSIQUE NADA SURF, LE CHABADA, 6 FÉVRIER. KEREN ANN, TNB, RENNES, 7 ET 8 FÉVRIER. ISLA + AFRODITE, ÉTONNANTES NANTAISES. ONYX, SAINT-HERBLAIN, 15 FÉVRIER. DICK ANNEGARN, THV, SAINT-BARTHÉLÉMY-D’ANJOU, 16 FÉVRIER. CAMILLE, OUÏ. PALAIS DES CONGRÈS, LE MANS, 20 FÉVRIER. CENTRE CULTUREL JACQUES DUHAMEL, VITRÉ, 21 FÉVRIER. LE QUAI, ANGERS, 27 MARS, MYTHOS, RENNES, 15 AVRIL. CHAIN & THE GANG + KAVIAR SPECIAL. LE CHABADA, ANGERS, 23 FÉVRIER. KERY JAMES, LE QUAI, ANGERS, 24 FÉVRIER. FESTIVAL FREE SONS D’HIVER, LES HERBIERS. GIEDRÉ, 2 MARS ; ÉTIENNE DE CRÉCY, POLO ET PAN, GUTS, 3 MARS. FAIR LE TOUR : LYSISTRATA + CANNIBALE. FUZZ’YON, LA ROCHE-SUR-YON, 10 MARS. GOGO PENGUIN, STEREOLUX, NANTES, 13 MARS. L’UBU, RENNES, 14 MARS. JARDIN DE VERRE, CHOLET, 25 MARS. BIRTH OF JOY. ECHONOVA, SAINT AVE, 14 MARS. UBU, RENNES, 17 MARS. LA CITROUILLE, SAINT-BRIEUC, 18 MARS. THOMAS HELLMAN, SALLE PAUL FORT LA BOUCHE D’AIR, NANTES, 20 MARS. JARDIN DE VERRE, CHOLET, 23 MARS. CATHERINE RINGER, STEREOLUX, NANTES, 27 MARS. LE CHABADA, ANGERS, 28 MARS. THE LIMIÑANAS, LE QUAI, ANGERS, 30 MARS. ASAF AVIDAN SOLO, LE CHABADA, ANGERS, 31 MARS. LE LIBERTÉ, RENNES, 5 AVRIL. PA G E 0 3 0
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E X P O s i T i O N d u 2 7. 1 au 1 . 4 . 2 018
Les enfants d'abord ! P r i s c i l a F E r N a N d Es aNE hjOrT GuTTu a d E l i Ta h u s N i - B E y l i z M aG i c l as E r M a r i E P r EsTO N
Alvéole 14 · Base des sous-marins Saint-Nazaire. Entrée Libre http://lelifesaintnazaire.wordpress.com
Liz Magic Laser, The Thought Leader, 2015, vidéo. Avec l’acteur Alex Ammerman. Courtesy Various Small Fires, Los Angeles et Wilfried Lentz, Rotterdam
Exposition visible du 27 janvier au 22 avril de 14h00 à 18h00 du vendredi au dimanche Visites commentées de l’exposition le dimanche 28 janvier, le dimanche 18 mars et le samedi 21 avril à 16h00 Tél. : 02 99 75 07 60
Simon Poligné, Le magicien, gouache et collage sur papier, 2010
Galerie de l’artothèque Salle du Temple, place Notre-Dame, 35500 Vitré
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TÊTES DE SÉRIE / MUSIQUE
DUO ARRANGÉ TEXTE ET PHOTO / MATTHIEU CHAUVEAU POUR KOSTAR
Formé autour d’un instrument traditionnel coréen, mais musicalement plus arty que world, le duo nantais Moon Gogo (Federico Pellegrini/E’Joung-Ju) sort, dans la joie, un deuxième album obsédant. « Ces deux-là peuvent jouer partout, avec n’importe quel groupe et à n’importe quelle heure. » C’est ce que dit Jean-Louis Brossard des Trans Musicales quand il programme Moon Gogo, il y a deux ans. On comprend ses propos ne serait-ce qu’en parcourant les CV de Federico Pellegrini et E’Joung-Ju. Le premier, voix et guitare de The Little Rabbits puis de French Cowboy, est une figure incontournable de la scène rock nantaise, autodidacte aux goûts volontiers underground. La seconde, Coréenne arrivée il y a moins de 10 ans à Nantes, est une experte du geomungo, instrument à cordes créé il y a quelques 1600 ans, qu’elle a longtemps joué au sein d’un orchestre traditionnel. n Posé sur la platine, Joy, le nouvel album confirme que la musique du duo a quelque chose d’inclassable, géographiquement comme stylistiquement, tout en étant paradoxalement resserrée. Entre les guitare, clavier et voix minimalistes et noyés d’effets de Federico et les lignes de basses PA G E 0 3 2
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obsédantes et percussives de E’Joung-Ju, l’alliance semblait aller de soi. Mais les intéressés eux-mêmes ont mis du temps à le réaliser. « Une amie m’a présenté E’Joung-Ju lors d’un voyage en Corée. Quand elle s’est renseignée et qu’elle est tombée sur le clip du morceau Shake de French Cowboy, réalisé avec le Cabaret New Burlesque, elle est partie en courant ! » se souvient, large sourire et éternelle casquette US vissée sur la tête, Federico. n Le déclic vient lorsque Pierre Orefice des Machines de l’île, découvre E’Joung-Ju sur scène et y entend rien de moins que le blues du Mississipi. « Ils nous a proposé de travailler ensemble. On s’est dit que cette fois, il fallait essayer ! » Le duo prépare quelques morceaux pour voir… Deux disques et de nombreuses dates (en France, en Corée, en Belgique…) plus tard, il faut se rendre à l’évidence : les mariages arrangés, parfois, fonctionnent plutôt bien. n MOON GOGO ALBUM JOY DISPONIBLE, HAVALINARECORDS.NET
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| Olivier Culmann
« Watching TV » Du 12 jan. au 31 mars 2018
TEMPS FORT ARTS DU CIRQUE RENNES MÉTROPOLE ILLE-ET-VILAINE BRETAGNE
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graphisme : l’atelier du bourg
ay-roop Galerie Dityvon | Entrée libre Université d’Angers [BU St-Serge]
www.univ-angers.fr/culture
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Marc Georgeault, INsect’ INside Sculptures monumentales, 07/04 • 16/06 Vernissage le 06 avril à 18h30
Saison
Etienne Saglio, Projet fantôme Magie nouvelle, 24/02 • 17/03 Vernissage le 23 février à 18h30
Hanna Maria Ograbisz-Krawiec, À propos de rien
Angela Glajcar, Carte Blanche Installation in situ, 17/11 • 19/01/19 Vernissage le 16 novembre à 18h30
Installation in situ, 07/07 • 16/09 Vernissage le 06 juillet à 18h30
Nils Völker, Sans titre
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En partenariat avec le Festival Maintenant, Rennes 2018
L’AGENDA CULTUREL Hugues DELEVOYE piano 09/02 • 20h30 Pièces Uniques salon 23,24,25/03 FLOE cirque contemporain 30/06 • 16h et 20h30 Bloom Games construction géante 6,7,8/07 LE COMTE électro 21/09 • 21h Anne BRIANT performance 06/12 • 20h Bloom Games ©José SANCHEZ
www.les3cha.fr
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Art et technologie, 06/10 • 27/10 Vernissage le 05 octobre à 18h30
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INTERVIEW / MUSIQUE
ELECTRO NUMBER.ONE INTERVIEW / MATTHIEU CHAUVEAU
PHOTO / OLIVIER DONNET
Erwan Castex, alias Rone, est une figure incontournable de l’electronica hexagonale des années 2010, qu’il ouvre à d’autres genres musicaux. C’est plus que jamais le cas sur Mirapolis, quatrième album marqué par la présence de nombreux invités, que l’anti-David Guetta aux indévissables lunettes rondes défendra seul sur scène, entouré de ses machines. Mirapolis est un album riche en invités et ce dès la pochette, signée Michel Gondry. Comment s’est faite la rencontre ? n Je suis un grand fan et on a souvent comparé nos travaux pour leurs côtés oniriques. Mais c’est lui qui m’a contacté et j’ai été touché de savoir qu’il connaissait et aimait mon travail. Mes morceaux lui ont inspiré quelque chose d’architectural. Je lui ai demandé d’ajouter des couleurs pour illustrer cette sensation que j’avais d’élargir ma palette sonore avec ce disque. Ça a donné cette ville psychédélique qui a, à son tour, influencé ma musique. Cette pochette a été comme l’ultime pièce d’un puzzle. Elle m’a permis de terminer l’album et de trouver ce nom, Mirapolis, en clin d’œil à Metropolis et à l’ancien parc d’attractions du même nom devant lequel je passais souvent, enfant.
« JE SUIS UN MUSICIEN ÉLECTRONIQUE QUI FAIT DE LA MUSIQUE TOUT COURT. » Comment s’est fait le choix des musiciens invités, venus d’univers variés, de Baxter Dury à Saul Williams ? n Parfois naturellement : Saul Williams est passé dans mon studio presque par hasard et a improPA G E 0 3 5
visé sur un de mes morceaux en le découvrant. Le guitariste Bryce Dessner, je venais de travailler avec son groupe The National… Pour d’autres, j’ai vraiment réalisé de petits fantasmes. J’écoute Baxter Dury depuis des années. J’ai tout de suite pensé à lui pour poser sa voix grave, en spoken word, sur les notes de piano répétitives de Switches. S’il avait été encore vivant, j’aurais pris Serge Gainsbourg ! Pourtant, l’album a été composé plutôt en solitaire… n C’est vrai. Il y a eu une première phase d’isolement. J’avais besoin de me couper du monde. Je suis allé chercher ça dans des petites chambres d’hôtel près de la mer, en Bretagne. Mais très vite, j’ai eu envie de collaborer avec des gens pour emmener les morceaux ailleurs, les enrichir. Cette envie d’être entouré, est-elle liée au concert remarqué que vous avez donné l’an passé à la Philharmonie de Paris ? n Oui. Cette expérience a vraiment réveillé mon envie de travail collectif. Quand je fais des concerts électroniques, je suis seul avec mes machines. Tout à coup, la Philharmonie m’a proposé une carte blanche. Plutôt que d’être accompagné par un orchestre symphonique,
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plutôt de créer – un chemin. Je prends de plus en plus de plaisir à jouer sur scène. Pour mes premiers live, j’avais un trac fou. La peur représentait 90% de ce que je ressentais avant de jouer. Là, ça devient de plus en plus un jeu. C’est même devenu agréable (sourire).
j’ai préféré créer quelque chose de plus personnel en invitant des artistes que j’aime : mon ami auteur de SF Alain Damasio, le batteur John Stanier du groupe Battles, le trio à cordes Vacarme, avec Carla Pallone de Mansfield.TYA…
« JE ME SUIS UN PEU DÉBARRASSÉ DES CODES DE LA MUSIQUE ÉLECTRONIQUE ET DE LA TECHNO EN PARTICULIER. »
Vous êtes célébré aussi bien par la presse spécialisée que par Didier Varrod. Où vous situeriez-vous dans la galaxie électro ? n J’aime l’idée qu’on ait du mal à me coller une étiquette mais je me revendique quand même musicien électronique. Mes instruments sont des machines, des ordis, des synthés, je l’assume complètement. Mais plus ça va et plus j’ai une vision large de ce que je fais. J’ai, de toute façon, l’impression que la musique électronique s’est diluée un peu partout aujourd’hui : dans le rap, la pop… En fait, je suis un musicien électronique qui fait de la musique tout court. Je peux aussi bien jouer au Berghain à Berlin à 3h du matin qu’à la Philharmonie de Paris à 20h. C’est une sacrée chance ! Votre premier morceau est sorti il y a exactement 10 ans. Quel regard portezvous sur votre parcours ? n Il s’est passé pas mal de choses mais j’ai l’impression d’être toujours en train d’apprendre. J’ai aussi la sensation d’avancer, de suivre – ou PA G E 0 3 6
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L’écoute de Mirapolis donne l’impression d’une évolution vers un son plus panoramique, cinématographique… n C’est vrai. Je me suis un peu débarrassé des codes de la musique électronique et de la techno en particulier. J’ai de la chance parce que je suis sur un label, InFiné, qui me donne une totale liberté. C’est très agréable de me dire que, sur le prochain album, je pourrai faire ce que je veux, pourquoi pas des musiques traditionnelles bretonnes (rire) ! Un de mes modèles, c’est le producteur Brian Eno qui a pu faire des choses très différentes dans sa carrière, tout en suivant un fil.
I, Philip, le morceau d’ouverture de Mirapolis sonne d’ailleurs très Eno. n Je le prends comme un compliment ! S’éloigner de l’électro pure, n’est-ce pas aussi prendre des risques pour la scène ? n Quand j’étais en studio, je ne me posais pas la question, je faisais la musique que j’avais envie de faire. Une fois le disque terminé, j’ai eu un petit coup de flip en me demandant comment recréer ça sur scène. Au final, c’est super intéressant parce que je réinvente les morceaux en les jouant tout seul avec mes machines. Je les électronise, en quelque sorte. Mais sur certaines dates, des invités de l’album viendront me rejoindre… Qu’est-ce que ça fait d’être connu avec un nom issu d’un malentendu (NDLR. Rone vient de l’écriture erronée, sur un flyer, de R.One, phonétiquement Erwan) ? n C’est vrai que j’ai été baptisé presque par accident. Je trouve ça plutôt marrant. On ne choisit pas son prénom, ce sont nos parents qui le font pour nous. C’est un peu la même chose avec Rone. Cela m’a aussi évité de perdre trop de temps à chercher un nom. n
RONE L'ANTIPODE AU LIBERTÉ, RENNES, 2 FÉVRIER. L’OASIS, PARC DES EXPOS, LE MANS, 3 FÉVRIER. LE LIEU UNIQUE, NANTES, 31 MARS. FESTIVAL PANORAMAS, MORLAIX, 20 AVRIL. FESTIVAL LES 3 ÉLÉPHANTS, LAVAL, 26 MAI.
MARS 2018 LA CITÉ - NANTES
Mercredi 14 • Jeudi 15 › 20H30 GRAND THÉÂTRE - ANGERS
Dimanche 18 › 17H00 Mardi 20 • Mercredi 21 › 20H30
LAURENT LE DEUNFF “STALACTITE & STALAGMITE”
CINÉ-CONCERT
METROPOLIS Nouvelle version restaurée Film muet de FRITZ LANG
MARTIN MATALON ›
EXPOSITION 20 JANVIER › 15 AVRIL 2018 CHAPELLE DU GENÊTEIL Rue du Général Lemonnier 53200 Château-Gontier T. 02 43 09 21 52 www.le-carre.org
Direction / Composition
Musique pour 16 instrumentistes et dispositif électronique © Nicolas Botti
as Botti
© Nicol
ORCHESTRE NATIONAL DES PAYS DE LA LOIRE
www.onpl.fr Ciné-concerts en partenariat avec
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SCÈNE
Marche ou rave Gisèle Vienne aime les défis. Il est rare (désormais) de voir quinze danseurs sur un plateau. Elle aime aussi interroger notre humanité, et, parfois ce qu’elle peut révéler de dérangeant et d’obscur. Dans cette foule (Crowd), présentée en novembre au Festival d’Automne, il y a l’euphorie de la fête sur des rythmes binaires ou syncopés et la violence qu’elle peut cacher. Une pièce en forme d’électro-choc pour un dialogue “avec ce qui nous est le plus intime”, selon les mots de la chorégraphe. n
© ESTELLE HANANIA
CROWD, CHORÉGRAPHIE GISÈLE VIENNE. TNB, RENNES, 6 AU 9 FÉVRIER.
Fantastique diptyque Adepte de textes contemporains qui traduisent des angoisses essentielles en mêlant le merveilleux à la réalité, Joris Mathieu présente cette saison deux spectacles dans le grand Ouest. Hikikomori, pièce au dispositif sonore multiple qui entre dans l’intimité des récits surnaturels (ou réels ?) d’un enfant isolé, et Frères Sorcières, création qui conte le passage de corps en corps d’une âme immortelle. Les deux spectacles répondent à un besoin de voir notre quotidien se nourrir d’histoires fantasques. Ces créations sont amenées à la scène dans des univers visuels géométriques impressionnants, entre ombres et lumières. n
© NICOLAS BOUDIER
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FRÈRES SORCIÈRES, LIEU UNIQUE, NANTES, 13 AU 15 FÉVRIER. HIKIKOMORI-LE REFUGE, TNB, RENNES, 20 AU 24 FÉVRIER. PA G E 0 3 8
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MEMORIES OF SARAJEVO © PASCAL VICTOR
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Très ancrées dans une génération née à la fin des années 1980, Julie Bertin et Jade Herbulot s’intéressent aux évènements géopolitiques qui ont déterminé leurs jeunes existences dans un monde globalisé irrigué de conflits. Après s’être penché sur la chute du Mur et le bug de l’an 2000, le Birgit Ensemble poursuit sa tétralogie qui questionne le rôle de l’institution européenne. Le siège meurtrier de Sarajevo se mue ici en comédie musicale et la crise grecque prend des allures de reality show satirique. C’est donc toujours avec un humour décapant et une impressionnante justesse d’interprétation couplée d’un rythme endiablé que les comédiens mêlent réalité et fiction dans des fresques qui débordent d’intelligence et de poésie ! n MEMORIES OF SARAJEVO & DANS LES RUINES D’ATHÈNES, LE GRAND T, NANTES, 16 AU 18 FÉVRIER.
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Mythologies européennes
De Bruit et de fureur Dans la continuité de l’opéra qu’il a créé en 2016 en confrontant Shakespeare à Verdi, Frédéric Bélier-Garcia entreprend de traduire à la scène les enjeux de pouvoir mortifères qui traversent La tragédie de Macbeth. Colossale et intimiste, la scénographie du metteur en scène insuffle à cette pièce iconique une dimension contemporaine. Elle exhibe de manière monumentale les traits de ce roi assassin poussé par un désir mystique. Cette création prouve une fois de plus l’intemporalité des récits fantastiques et sociétaux du génie anglais ! n LA TRAGÉDIE DE MACBETH, LE QUAI, ANGERS, 13 AU 23 MARS. PA G E 0 3 9
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DÉCRIS RAVAGES © HICHEM DAHES
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Poésie transfrontalière Réussite notable des saisons précédentes, l’invitation du Théâtre de Saint-Nazaire aux artistes du Moyen-Orient trouve de nouvelles réponses cette année avec le retour de la chorégraphe Nancy Naous et du conteur Jihad Darwiche, et les nouveaux venus Adeline Rosenstein et Marc Nammour. Ce temps dédié à la résistance artistique chantée, dansée, narrée et jouée voit se rencontrer des créations aussi diverses qu’une pièce de danse qui interroge la formation de la « masculinité », une conférence qui fait des allers-retours entre l’Orient et l’Occident, un rap sur l’immigration et le traitement honteux réservé à l’altérité, ainsi que les réconfortants et tout aussi terribles contes des mille et une nuits. Une programmation tendrement politique qui engage à orienter un regard trop rarement porté par delà les frontières ! n TEMPS FORT MOYEN-ORIENT, LE THÉÂTRE, SAINT-NAZAIRE, 15 AU 23 MARS.
Mozart et la manière Si la musique est plurielle, les chorégraphes d’aujourd’hui s’emparent avec bonheur des grands classiques pour les frotter à d’autres rythmes. Après Annabelle Buffet et Pierre Bolo et leur In bloom, voilà que Kader Attou s’en prend à Mozart. Et de la plus belle et joyeuse manière qui soit. C’est un break que lui proposent dix danseurs de la compagnie Accrorap. Ils sont accompagnés de dix musiciens. Requiem et Don Giovanni en mode majeur. Il ne fait guère de doute que le trublion de Salzbourg aurait aimé. n
© XAVIER LÉOTY
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UN BREAK À MOZART 1.1, KADER ATTOU/CCN DE LA ROCHELLE, CIE ACCRORAP, LE GRAND T, 27 ET 28 MARS. THÉÂTRE SAINT-LOUIS, CHOLET, 30 MARS. PA G E 0 4 0
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TENTATIVES D'APPROCHES D'UN POINT DE SUSPENSION © HOURVARI GÉRALDINE ARESTEANU
Acrobaties hors-normes Depuis 12 ans, à Rennes et alentours, Ay-Roop se distingue par son goût pour un “autre cirque”. Surprenant, dérangeant parfois, qui laisse une large place aux corps plutôt qu’aux artifices. L’on retient de cette nouvelle programmation l’hypnotisante structure d’escaliers rebondissants inaugurée par Yoann Bourgeois ainsi que les organismes en suspension qui traversent ses spectacles (Pont des Arts, 5 au 7 avril), la transfiguration dénudée d’Alexander Vantournhout sur les variations d’Arvo Pärt (La Paillette, 30 mars), ainsi que le théâtre guttural des clowns Ludor Citrik et Le Pollu (La Paillette, 24/3 et Carré Magique, 27/3). Bijoux de créativité et de surprise, chaque représentation étonne, captive et remue ! n AY ROOP, TEMPS FORT ARTS DU CIRQUE, RENNES, 23 MARS AU 8 AVRIL.
et aussi THÉÂTRE À VIF, KERRY JAMES/JEAN-PIERRE BARO. TNB, RENNES, 22 AU 27 JANVIER. SCÈNES DU GOLF, VANNES, 20 FÉVRIER. LE QUAI, ANGERS, 21 AU 23 FÉVRIER. TORDRE, CHORÉGRAPHIE RACHID OURAMDANE. TNB, RENNES, 30 JANVIER AU 3 FÉVRIER. LES SOLDATS, D’APRÈS LENZ, DE GEORG BÜCHNER, MISE EN SCÈNE ANNE-LAURE LIÉGEOIS. LE GRAND T, NANTES, 6 AU 9 FÉVRIER. DÉMONS, LARS NORÉN/LORRAINE DE SAGAZAN. LE QUAI, ANGERS, 6 AU 9 FÉVRIER. OPÉRAPORNO, PIERRE GUILLOIS & NICOLAS DUCLOUX. L’AIRE LIBRE, RENNES, 7 ET 8 FÉVRIER.
FESTEN, THOMAS VINTERBERG ADAPTÉ AU THÉÂTRE PAR CYRIL TESTE. TNB, RENNES, 20 AU 24 FÉVRIER. LENGA : LA GUERRE DES NATURES – TOME 1, PIÈCE DU GDRA/CHRISTOPHE RULHES ET JULIEN CASIER. LE GRAND T, NANTES, 21 AU 23 FÉVRIER. FINIR EN BEAUTÉ, SPECTACLE CULTE DE MOHAMED EL KHATIB. TNB, RENNES, 12 AU 22 MARS. UNE LONGUE PEINE, DE DIDIER RUIZ/ LA COMPAGNIE DES HOMMES. LE GRAND T, NANTES, 13 AU 17 MARS. CROSSOVER, MICKAËL LE MER, COMPAGNIE S’POART. ONYX, SAINT-HERBLAIN, 18 MARS.
CYRANO, UNE FÊTE THÉÂTRALE PAR LAZARE HERSON-MACAREL. SCÈNES DU GOLF, VANNES, 13 ET 14 FÉVRIER. LE QUAI, ANGERS, 19 AU 22 FÉVRIER.
COMME CRÂNE, COMME CULTE, CHORÉGRAPHIE DE CHRISTIAN RIZZO, CCN DE MONTPELLIER. ONYX, SAINT-HERBLAIN, 22 MARS.
LES TROIS SŒURS, UNE RÉCRÉATION MODERNE DE TCHEKHOV PAR SIMON STONE. LE QUAI, ANGERS, 16 ET 17 FÉVRIER.
W.I.T.C.H.E.S CONSTELLATION, LATIFA LAÂBISSI/FIGURE PROJECT. LE TRIANGLE, RENNES, 30 ET 31 MARS.
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LA COULEUR DES MOTS INTERVIEW / PATRICK THIBAULT
PHOTO / © JF PAGA - GRASSET
Après Alberto Manguel, c’est l’écrivain d’origine africaine Alain Mabanckou qui reprend le flambeau à la direction artistique d’Atlantide - Les mots du monde à Nantes. L’écrivain entend affirmer l’impulsion internationale du festival des littératures. Quel est le poids de la littérature africaine dans les mots du monde ? n Le poids de la littérature africaine est là par la présence de la nouvelle génération. Il faut donner à entendre les nouvelles voix qui viennent des pays francophones et les autres. Wilfried N’Sondé du Congo-Brazzaville, Marc Alexandre Oho Bambe dit Capitaine Alexandre du Cameroun, Helon Habila et Chinelo Okparanta du Nigeria, Nii Ayikwei Parkes du Ghana… Ça me semble très important que l’Afrique soit à Nantes. Par le biais des échanges, c’est à nous maintenant de voir comment nous pouvons intégrer les voix des écrivains africains dans les discours du monde.
« LA LANGUE NE NOUS SERT QU'À EXPRMER NOTRE UNIVERS » Y a-t-il, à vos yeux, une littérature française et une littérature francophone ? n C’est contre ça que je me bats. Je ne voudrais pas qu’il y ait une séparation. La littérature qui se définit comme française est suffisante, arrogante. Non, cette littérature écrite en français est une littérature d’expression française ! Nous serions toujours dans une expression coloniale si on les séparait. Côté anglophone, jamais on a séparé Salman Rushdie et John le Carré. C’est ça qui justifie le festival Atlantide. La langue ne nous sert qu’à exprimer notre univers. Il s’agit de ratPA G E 0 4 3
traper la part d’humanisme que nous avons perdue à force de vouloir trop séparer les choses. Qu’avez-vous à dire à la jeunesse du XXIe siècle ? n Ce que j’ai à dire à la jeunesse, c’est qu’il faut garder allumée la flamme de la curiosité. Ne pas écouter les discours des dirigeants. Nous ne devons pas être définis par notre couleur de peau mais par notre capacité à rencontrer et la possibilité de nous retrouver. Je viens d’un pays de dictature où la jeunesse n’a pas la parole, alors je dis aux jeunes qu’il faut respecter ceux qui ne sont pas de leur avis car c’est aussi ça la démocratie. La littérature est un échange, peut-on rester optimiste dans un monde où la règle semble être le repli sur soi ? n Il faut rester optimiste. L’instinct de la déstabilisation du monde ne date pas d’aujourd’hui. Déjà sous Victor Hugo, il y avait l’exil. Il est allé à Guernesey. Il faut rester optimiste car la littérature nous permet d’avoir une arme miraculeuse comme le disait Aimé Césaire. Et ce pouvoir, on ne peut pas nous l’arracher. Quelles orientations donnerez-vous au festival nantais ? n Il s’agit de poursuivre sur la lancée d’Alberto Manguel, de donner ma petite touche de décloisonnement des frontières et faire que Nantes devienne
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la nouvelle capitale des littératures. La tour de Babel des littératures où tout le monde se comprend car le langage et la générosité sont là. Je tiens à dire que c’est exceptionnel qu’un grand festival français de littérature soit dirigé par un Africain. Confier cette direction à quelqu’un qui est d’origine africaine, ça n’est pas si fréquent. Je vais donner une impulsion internationale. Nantes n’est pas encore allée jusqu’au bout, vous n’êtes pas une femme… n (Rires). On ne peut pas tout avoir d’un coup mais il y a beaucoup de femmes dans l’équipe. Je ne travaille pas seul et je suis entouré d’amazones. Et vous verrez que j’ai invité de grandes pointures féminines au festival. Véronique Ovaldé, Sofi Oksanen…
« CE QU’IL FAUT, C’EST AVOIR LA CAPACITÉ DE DIGÉRER LA CULTURE DES AUTRES TOUT EN GARDANT LA SIENNE. » Que gardez-vous de vos études de droit et premières expériences professionnelles dans ce domaine ? n Je garde la rigueur, la capacité à organiser un discours. Ce qui permet par exemple de composer un programme d’Atlantide, de réfléchir aux thématiques et avoir cette discipline intellectuelle. Le droit recherche la justice et l’équité. Dans la littérature, il y a aussi cette quête. J’ai envie de vous demander où vous vous situez. Vous avez seulement deux pieds mais un en Afrique, l’autre aux États-Unis et un troisième en Europe… n Trois pieds, c’est bien. En Afrique, c’est ce qui permettait de poser la marmite sur le feu. Le quatrième, ça serait une assise et le cinquième, une arme pour bien m’établir dans mon monde. J’aime dialoguer et naviguer entre les continents. Ce qu’il faut, c’est avoir la capacité de digérer la culture des autres tout en gardant la sienne. Vous enseignez à Los Angeles. N’estil pas plus facile d’être Noir parmi les Blancs en Californie qu’en France ? n Oui, je pense qu’il est plus facile d’être Noir aux USA malgré tout ce qu’on montre à la télévision sur les exactions. Quand je suis entré au Collège de France, ça a défrayé la chronique comme si j’avais marché sur la lune. Les USA sont l’endroit où je peux m’épanouir. Il y a toute une histoire de race, un combat qu’on doit respecter. Or ce com-
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bat n’a jamais été valorisé en France. L’Histoire de France ne prend pas en compte la part noire. Je dis souvent qu’elle est cousue de fils noirs. Aux États-Unis, à l’Université de Californie, je suis jugé par ce que je donne. Comment définissez-vous votre littérature ? n Je la définis comme une littérature de pèlerinage. Elles permet à la fois de voyager vers des endroits qui ne sont pas forcément ceux que l’on rencontre : ma ville (Pointe-Noire), mon pays (le Congo-Brazzaville), la France, les questions d’aujourd’hui, la démocratie et la capacité à inventer le vivre ensemble. Mais c’est aussi une littérature de l’introspection de l’intime, l’intime comme réponse à notre enfermement d’aujourd’hui. En me définissant, je définis également l’autre. Une question volontairement très ouverte : comment écrivez-vous ? n J’écris selon la situation, dehors beaucoup, dedans aussi, à la main, à la machine, quand j’ai envie. Je ne m’impose jamais une discipline, je sais que l’inspiration peut s’interrompre mais ça ne m’angoisse pas. J’écris n’importe où, quand je veux et quand je peux. Lorsqu’on vous voit, on est frappé par votre style et la couleur de vos vêtements, quel sens y donnez-vous ? n Je ne recherche pas le look pour le look. Cependant, lorsque vous voulez trouver comment votre corps veut s’exprimer de manière stylistique, vous gardez simplement ce qui vous est propre. En Afrique, mes parents m’ont appris que quand tu sors, il faut toujours être propre car c’est ce qu’on juge en premier. L’intérieur, ça vient après. En Europe, les gens s’habillent plus sombre. Je me rends compte qu’ils sont souvent moroses en couleurs sombres. Moi, mes idées sont en couleur et pas en noir et blanc. Quelques mots sur le programme d’Atlantide Les Mots du monde à Nantes 2018 ? n C’est un programme très ouvert sur les questions actuelles, les questions de l’Histoire, de l’imaginaire, du droit, de l’expression. Bref, les questions qui me taraudent. On y découvrira des voix inattendues. Et c’est l’essentiel. n ATLANTIDE - LES MOTS DU MONDE, NANTES, DU 15 AU 18 FÉVRIER
Simon Thiou
& le Frac des Pays de la Loire
| Du 7 décembre 2017 au 10 mars 2018 Galerie 5 | BU Belle-Beille | 5 rue Le Nôtre | Entrée libre
MEMORIES OF SARAJEVO + DANS LES RUINES D’ATHÈNES Conception et mise en scène Julie Bertin et Jade Herbulot | Le Birgit Ensemble
02 40 14 55 14 / tunantes.fr | 02 51 88 25 25 / leGrandT.fr
© ENRICO DAGNINO - LICENCES SPECTACLES 1-1075853 1-1075850 2-1075851 3-1075852
16.02 > 18.02 • LE GRAND T
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Television addict « Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction. » Visionnaire Saint-Exupéry qui anticipait les riches heures de couples binge-watchant en chœur au lit devant Netflix. Dans sa série Watching TV, mise en abîme où le regardeur devient regardé, à la manière d'un Martin Parr avec les touristes, Olivier Culmann propose un panel international de télévores les yeux dans le vide. Nietzsche lui, écrivait : « Si tu plonges longtemps ton regard dans l'abîme, l'abîme te regarde aussi. » n OLIVIER CULMANN, WATCHING TV, GALERIE DITYVON, ANGERS, JUSQU'AU 31 MARS.
LIZ MAGIC LASER, « THE THOUGHT LEADER » 2015, VIDÉO, 9 MN. AVEC L'ACTEUR ALEX AMMERMAN. COURTESY VARIOUS SMALL FIRES, LOS ANGELES ET WILFRIED LENTZ, ROTTERDAM
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OLIVIER CULMANN, WATCHINGTV
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L'enfance de l'art L'intitulé sonne comme un recueil de comptines, une société de manèges enchantés, une agence de babysitting. Les enfants d'abord, une injonction qui voudrait que nous cédions la priorité à nos rejetons, ou que nous les laissions partir en premier, en éclaireurs, pour épargner notre vie à tous les dangers. Une interrogation par le biais de l'art, mêlé à d'autres disciplines, sous l'égide de la pédagogie, logique. Ne pas sécher les vidéos de Ane Hjort Guttu et de Liz Magic Laser, notamment. n LES ENFANTS D'ABORD !, LIFE, SAINT-NAZAIRE, 27 JANVIER AU 1ER AVRIL.
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TÊTE DE SÉRIE
ENDROIT DU REGARD TEXTE / ANTONIN DRUART
PHOTO / © NATAN KERBELLEC
Pour Mathieu Renard, le directeur de Lendroit éditions, tout est une histoire de lieu. Être quelque part, si possible là où on ne l'attend pas. Quelque part, si possible là où on ne l'attend pas ? Comme lors de son année d'exil choisi, dans un collège lycée du Liban pour enseigner les arts plastiques sur les toits du bâtiment. Revenu à Rennes, il occupe un atelier prêté par la ville pour déplier sa pratique artistique axée sur le décalage, avant d'imprimer un premier pas sur le terrain de l'édition via le social. Puis il pose son regard éclectique entre les lignes du magazine L'Œil Electrique. n Devenu artiste et graphiste indépendant (l'affiche des Trans 2001, c'est lui) il lance sa maison d'édition/galerie/librairie dans un local, rue Quineleu, en 2003. « L'endroit où les choses se passent, l'endroit que l'on est... » Des lieux mais aussi des rencontres,
des échanges, et des dates marquantes. 2008, un livre collectif (80 artistes) : Book, lauréat du plus beau livre français. 2011, premier salon de l'édition à New York (il y aura aussi Toronto, Berlin et bientôt Tokyo). 2016, première biennale officielle et sortie de son grand livre jaune à base de unes de Ouest-France. n En décembre dernier, il détourne les traditionnels bols bretons, évinçant les prénoms au profit de sommités rock et hip-hop (Johnny Cash, NTM...). « Avec les bols, j'ai eu du pot, ils se sont matérialisés juste avant les fêtes. » À propos de célébration, la maison fête ses 15 ans cette année, notamment avec un affichage in-situ sur le Mail. Longue vie à Lendroit. n
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© SIMON POLIGNÉ
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Tout Simon rien Pollinisateur, polisson, polyarchique, polycéphale, polychrome, polygénique, polygraphe, polymorphe, polymère, polypoïde, polyphage, polysémique : l'art du polyvalent Poligné, Simon de son prénom, c'est plus poli, est tout ça à la fois. Sinon, pour simplifier, on peut aussi s'aligner sur la façon dont il se présente aux enfants : « Je m'appelle Simon Poligné, j'ai 34 ans (35?) et je suis artiste, peintre, sculpteur et scénographe. » n SIMON POLIGNÉ, RETOUR À L'HYPOTHÈSE, ARTOTHÈQUE, VITRÉ, 27 JANVIER AU 22 AVRIL.
Avant-garde ALLANA CLARKE, PROPOSITIONS OF QUESTIONABLE INTENT, 2015. (EXTRAIT VIDÉO)
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Joe Scanlan, l'iconoclaste briseur des castes capitalistes, autoproclamé disciple de la destruction créative chère à Schumpeter et chantre d'un juste Do It Yourself est invité à jouer avec les collections du Frac Pays de la Loire. Les deux faces d'une même exposition, Décor au Frac même, consacrée à la peinture, et Avant-poste à la HAB Galerie, s'amusent des tensions et des tendances entropiques de l'humanité. Voilà qui nous promet un grand moment et de belles surprises à Carquefou comme à Nantes. n JOE SCANLAN, DÉCOR/AVANT-POSTE HAB GALERIE, NANTES, 17 FÉVRIER AU 6 MAI ; FRAC, CARQUEFOU, 22 FÉVRIER AU 27 MAI.
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Sam 10 fév 2018 13 h > 18 h
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Conservatoire de Rennes
26, rue Hoche 35000 Rennes – Entrée libre Cours publics / Auditions / Présentation d’instruments / Concerts / Lectures / Rencontres… Retrouvez le programme détaillé sur : www.conservatoire-rennes.fr
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Imaginoire On connaissait, en littérature, le réalisme magique. En peinture, le nouveau réalisme. Exit le réel, place à la magie nouvelle, menée à la baguette par Étienne Saglio, l'un des fers de lance de ces danses chamaniques. Jongleur, marionnettiste et dresseur de fantômes, l'homme s'efface dans le noir derrière son double spectral explorant avec nous l'espace de la toute première exposition-mouvement (in)visible dans le bâtiment. n
AFFICHE PROJET FANTOME © ETIENNE SAGLIO
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ÉTIENNE SAGLIO, PROJET FANTÔME, LES 3 CHA CENTRE D'ART, CHÂTEAUGIRON, 24 FÉVRIER AU 17 MARS.
et aussi
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L’APLANATARIUM, JOHANN LE GUILLERM, CHÂTEAU DES DUCS, NANTES, JUSQU’AU 18 FÉVRIER. ZONES, SIMON THIOU & FRAC DES PAYS DE LA LOIRE, GALERIE 5, BU BELLE-BEILLE, ANGERS, JUSQU’AU 10 MARS. STÉPHANE LAVOUÉ / À TERRE, EXPOSITION PHOTOGRAPHIQUE, SITE SAINT SAUVEUR, ROCHESERVIÈRE, 24 JANVIER AU 11 MARS. NICOLAS RÉGNIER, MUSÉE D’ARTS, NANTES, JUSQU’AU 11 MARS. COLLECTIONNER, LE DÉSIR INACHEVÉ, MUSÉE DES BEAUX-ARTS, ANGERS, JUSQU’AU 18 MARS. ZHU HONG, JENNY PICKETT, AURÉLIE POUX, CHARLES COTUREL, JUSTIN WEILER, CARTE BLANCHE DONNÉE AUX LAURÉATS DU PRIX DES ARTS VISUELS DE LA VILLE DE NANTES 2016, L’ATELIER, NANTES, 22 FÉVRIER AU 18 MARS. LIBRES FIGURATIONS – ANNÉES 80, FONDS HÉLÈNE & ÉDOUARD LECLERC, LANDERNEAU, JUSQU’AU 2 AVRIL. LAURENT LE DEUNFF, STALACTITE & STALAGMITE, CHAPELLE DU GENÊTEIL, CHÂTEAU-GONTIER, JUSQU’AU 15 AVRIL. PA G E 0 5 0
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SORTEZ DE L’ORDINAIRE
ESTOS • EXPOS • LOISIRS • CINÉMA
CONCERTS • SPECTACLES • BARS/R
Photo © Kaspars Grinvalds / Ffotolia
ne cherchez plus, wik a choisi le meilleur
#suivezleguide magazine papier web • mobile
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CARTE BLANCHE À UN ARTISTE
SHE LOOKS LIKE A MOUNTAIN PAR
TEXTE / ANTONIN DRUART
Nicolas Beaumelle et Aurélien Porte se sont fait un nom dans le milieu de l'art, mais ce n'est pas le leur, ils sont We Are The Painters. Les ex de l’École des beaux-arts de Nantes sont les invités de 40mcube pour sa réouverture. Peut-on parler de renaissance ? Voilà maintenant trois ans que la structure 40mcube gambade à travers champs, préférant l'air de la terre et l'école buissonière avec le HubHug, atypique espace multifonctionnel inauguré en 2016 du côté de Liffré. Déjà habitué aux multiples déménagements, passant de la vie de château à celle de zonard de hangar, voici l'équipage de retour dans ses locaux de la rue Maginot, entièrement restaurés par la Ville de Rennes. n Sont-ils les peintres ou la peinture ? Sont-ils les champions ou bien les héraults de cet art majeur appliqué ici à vingts doigts ? Et qui est Ulma pour qui l'entité deux-en-un prétend peindre ? À cette question, le duo donne un élément de réponse : « Un petit chevreau qui devient une œuvre d'art et intègre la collection d'un musée. » Cette épopée, c'est l'histoire de leur œuvre, globale, amenée à devenir un film, celui d'une vie, la leur, celle du ténébreux caprin, celle de l'art pictural. Grands formats dédiés à mère PA G E 0 5 2
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nature, abandonnés dans ses bras et voués à l'obsolescence programmée, envers d'assises, visages de face, collages, sculptures, tout est surface, tout est support. We Are The Painters synthétise l'histoire de la pratique consistant à appliquer cette matière vénérée depuis des millénaires. n Pour Kostar, les WATP présentent cinq petits chassis inédits « quasiment identiques mais jamais vraiment les mêmes », pris en photo posés sur un fond qui fera partie de l'expo à 40mcube, montrant une forme récurrente dans leur travail, intitulé She's like a mountain. « Une forme sortie de nos peintures, à la base des cheveux mais qui ont pris la forme d'un monument qui devient une montagne. » Ici, elle change de couleur comme au gré du temps, celui qui passe et celui qu'il fait, telle la montagne Sainte-Victoire peinte et repeinte par Cézanne. n WHISPER TO THE LANDSCAPE, WE ARE THE PAINTERS, 40MCUBE, RENNES, 11 FÉVRIER AU 28 AVRIL.
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SHE LOOKS LIKE A MOUNTAIN, FORÊT. 2017, HUILE SUR TOILE, 19X23CM
SHE LOOKS LIKE A MOUNTAIN, JAUNE, 2017. HUILE SUR TOILE, 19X24CM
SHE LOOKS LIKE A MOUNTAIN, NEIGE. 2017. HUILE SUR TOILE, 16X22CM
SHE LOOKS LIKE A MOUNTAIN, OCEAN, 2017. HUILE SUR TOILE, 18X24CM
SHE LOOKS LIKE A MOUNTAIN, RIVIÈRE, 2017. HUILE SUR TOILE, 17X23CM
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par
pierrick sorin
LE TRAVAIL DU NANTAIS PIERRICK SORIN EST MONDIALEMENT CONNU. DEPUIS NOVEMBRE 2006, IL NOUS RACONTE SON QUOTIDIEN DE CRÉATEUR. SIGNÉ SORIN, NATURELLEMENT. PHOTO / P. SORIN
PHOTOMONTAGE / CHARLIE MARS
Une armada de “men in black”, une bonne centaine de types bien bâtis, ont pris positions autour du sapin. Attendent-ils la venue du président Xi Jinping ? Non, juste quelques dizaines de VIP, une actrice très populaire et l’équipe directoriale d’une grande maison de luxe. Sur la Plaza 66, on inaugure ce rutilant “Christmas tree”, haut de 15 mètres. Dans l’atelier de fabrication où il se trouvait encore hier, il semblait immense. Planté au cœur
SUR LA PLAZA 66, ON INAUGURE CE RUTILANT “CHRISTMAS TREE”, HAUT DE 15 MÈTRES de Shanghaï, au pied de buildings de plus de 60 étages, il rabat un peu son caquet. À la base de l’arbre, les invités s’agglutinent maintenant, devant de grosses boîtes rouges de belle facture, posées là, comme des cadeaux. Au travers de fenêtres, ils peuvent voir, dans les boîtes, des scénettes holographiques, poético-cocasses, en relation avec “l’univers de la marque”. n J’ai réalisé ces œuvres optiques avec une fidèle équipe de collaborateurs et deux comédiens nantais. On a finalisé les choses dans la banlieue de Shanghaï, dans les sous-sols poussiéreux et froids d’une entreprise où s’amoncelaient des rouleaux de tissus et des machines à coudre. Tous les matins, on était accueilli par les aboiements tonitruants d’un énorme clé-
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bard enfermé dans une cage d’acier. Il n’en sortait jamais, se vautrait dans ses excréments. C’est l’odeur, surtout, qui nous mettait du baume au cœur. n On a travaillé dur, pendant 15 jours. Le soir, vers 22 heures, on se dépêchait de trouver un restaurant ouvert. Pour le meilleur, et parfois pour le pire, on commandait des plats, au hasard, en pointant du doigt les idéogrammes inscrits sur la carte. On buvait du vin de riz et on rigolait bien quand, harassés, on ne piquait pas du nez dans notre bol de soupe. n Maintenant, c’est bon : mission accomplie ; c’est l’heure du champagne et des congratulations. Tout le monde est content du résultat. J’aime particulièrement la scénette où un petit groomhologramme pédale sur un étrange vélo, miniature, en volume, dont les roues tournent plus ou moins vite suivant le coup de pédale du personnage. L’énergie du cycliste actionne une machine musicale dont les ombres mécaniques s’affichent en fond de scène. Le son d’une boîte à musique pleurniche, au rythme des pédales, lui aussi… n Noël approche. Cette fête chrétienne est étrangère à la Chine mais la loi du grand commerce mondial s’arrange fort bien des écarts culturels. Quant à moi, ravi d’être payé pour faire le zouave dans le dépaysant “empire du milieu”, je laisse sous le tapis mes interrogations en matière de politique, de morale et d’acculturation. n
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QUAND LA MODE FAIT SON SHOW TEXTE ET PHOTOS / VINCENT BRAUD ET PATRICK THIBAULT
Milan ? Une ville, décidément, surprenante. Ville de la mode et du design, du bel canto et du sport… Luchino Visconti et Dino Risi y sont nés mais aussi Ettore Bugatti et… Silvio Berlusconi ! C’est dire si Milan est plurielle. La capitale économique de l’Italie n’est pas à la mode. Elle “est” la mode. En avril, le Salone del Mobile transforme la ville en un immense show room. Si l’expo se déploie, durant six jours, dans l’immense Fiera Milano en périphérie, toute la ville se transforme en centre d’arts. La création internationale, toutes disciplines confondues, s’y retrouve et s’éclate dans de somptueux palazzi (qui ouvrent leurs portes à cette occasion) et dans les boutiques cosi chic du quadrilatero d’oro, du côté des viae Montenapoleone et Manzoni. Il n’en faut pas davantage pour attirer, en une dizaine de jours, quelques centaines de milliers de visiteurs. n Bien sûr, il y a la célèbre galleria Victor Emmanuele, un monument du néo-classique baroque italien qui s’ouvre, par un arc de triomphe, sur la place du… Duomo. La cathédrale, une montagne PA G E 0 6 0
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de marbre dont la flèche (108,50m !) et les innombrables pinacles se détachent sur l’azur. Le Duomo est la seconde cathédrale au monde après Saint-Pierre de Rome. La vue est imprenable, en fin d’après-midi, depuis la terrasse de la Rinascente, grand magasin qui jouxte le monument. Il faut simplement être patient pour y trouver une table à l’heure de l’aperitivo. n De l’autre côté du passage Victor Emmanuele s’ouvre la petite piazza della Scala. Place aussi modeste que la façade du temple de l’art lyrique italien. La Scala fut construite en deux ans et inaugurée en 1778. Salieri, Rossini, Donizetti, Bellini, Verdi y présentèrent leurs opéras. C’est également là que Puccini y créa Madama Butterfly, saluée par une telle bronca que, jamais, cet
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opéra n’y fut rejouée de son vivant. Patrimoine toujours avec le castello, l’imposant château Sforza, quadrilatère soulignée de quatre tours. n Au sud – c’était hier la campagne – s’étire une succession de canaux. L’histoire du Naviglio grande remonte au XIIe siècle. Ces canaux servaient à approvisionner la ville en marchandises diverses et à transporter les tonnes de marbre destiné à la construction de la Scala. Réhabilité depuis peu, cet ancien quartier populaire voit les terrasses envahies, en fin d’après-midi, par une foule de jeunes (et moins jeunes !) qui y font la fête une bonne partie de la nuit. n Milan est (aussi) une ville du XXIe siècle et attire les plus grands architectes contemporains. C’est la ville de Renzo Piano et de Massimilo Fuksas qui a signé le nouveau centre d’expositions, la fiera di Milano. Trois de leurs confrères sont associés au projet Porta Nova
qui a redessiné les quartiers d’Isola, Varesine et Garibaldi. Du haut de ses 231 mètres, la tour Unicredit domine d’autres bâtiments éco-urbains aux façades végétalisées. Il faut aussi aller jeter un œil sur le nouveau siège de l’université Bocconi primé en 2008 “world building of the year” et signé Yvonne Farrell et Shelley McNamara. n Il faut, bien entendu, pousser jusqu’au HangarBicocca. Dans ce quartier industriel en mutation, Pirelli a ouvert une fondation d’art contemporain. Dans l’un des bâtiments, sept tours impressionnantes et cinq tableaux grands formats signés Anselm Kiefer. Stupéfiant. n Et c’est dans le quartier de Brera qu’on peut terminer la journée. Un côté Montmartre le soir. Ou bien Rome si vous voulez. Avec ses belles boutiques, certes, mais aussi ses terrasses, ses bars et restaurants. À Milan, la nuit est aussi belle que le jour. n
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Y ALLER Au départ de Nantes-Atlantique, Milan n’est guère qu’à 1h40 de la capitale lombarde. 3 vols directs par semaine opérés par Hop Air France.
S’Y LOGER Se loger
Circuit Kostar À Milan, impossible de ne pas se sentir au cœur du design et de la mode. La ville en est incontestablement la capitale européenne. Côté boutiques et showrooms, on pense à New York. On vient ici pour s’habiller ou imaginer son décor. Le shopping est roi et les marques investissent en conséquence pour se mettre en scène et séduire les shoppeurs du monde entier. Côté design, c’est d’abord dans le quartier de Brera que ça se passe. Grandes et petites marques – italiennes surtout mais pas que – elles sont toutes là. Le quadrilatère de la mode est parfaitement identifiable. Fermé par les via Manzoni, via Monte Napoleone, via Sant’Andrea et via della Spiga. n Dolce&Gabbana joue à domicile avec 4 boutiques toutes plus luxueuses et hallucinantes les unes que les autres. Même chose pour Armani, Cavalli, Gucci, Moschino, Prada, Versace. Si l’on prend conscience de la puissance de la mode italienne, toutes les griffes internationales sont au rendez-vous. Évidemment, au-delà des institutions que l’on visite autant pour le décor que pour le choix, il s’agit de dénicher les marques les plus originales et les plus en vue du moment. On ne repart pas sans avoir fait un tour par la très branchée boutique Bikkembergs. n Si vous avez la possibilité de choisir la semaine du Salone del Mobile et de la Design Week, n’hésitez pas. Au-delà de l’énorme salon pro au Parc des Expositions, c’est un véritable festival qui se déploie en ville. Luxuriance de showrooms permanents ou éphémères, œuvres d’art partout en ville. Benvenuto a Milano ! n SALONE DEL MOBILE MILANO ET MILANO DESIGN WEEK 2018, 17 AU 22 AVRIL. SALONEMILANO.IT FUORISALONE.IT PA G E 0 6 2
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à Milan, y compris dans le centre historique, n’est pas difficile. Tout juste convient-il, durant le Salone del Mobile par exemple, de prévoir une réservation. On peut craquer pour le Park Hyatt (environ 500€/nuit !) ou plus modestement pour le Milan Suite Hotel, design et cosy (200 € tout de même !). Il y a plus simple mais bien situé comme le Best Western Felice Casati ou l’Ibis Milano centro.
S’Y RESTAURER La ville compte près de… 7000 restaurants ! Durant les grands salons, le parc Fiera Milano en offre lui-même quelques dizaines. Avec une vue exceptionnelle sur la Galleria Vittorio Emanuele et le Duomo, Felix Lo Bosso est une adresse au décor raffiné où la cuisine, créative et colorée, a (fort justement) décroché son étoile. Dans le quartier, très animé et festif, de Navigli, on a l’embarras du choix mais la carte d’Al Pont de Ferr peut mettre en appétit. n
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LA VIE EST BELGE ! Hiver, printemps, été, automne… la Wallonie ne dort jamais. Terre d’Histoire et de culture, la région cultive sa spécificité et son grain de folie. Ici, le sud ne perd pas le nord ! Les traditions se frottent aux arts du XXIe siècle et l’esprit de fête n’est jamais loin. Si vous pensez avoir fait le tour des festivals d’été, préparez-vous à prendre une claque dans une Wallonie qui fait monter le son.
ASPHALTE - CHARLEROI 2014 - MARCHIENNE-AU-PONT © WBT CHRISTOPHE VANDERCAM
BRISTOW, 2016 © ADEL ABDESSEMED © COURTESY DE L’ARTISTE
EXPOSITIONS FOLON, PHOTO GRAPHIQUE Folon est, ici, chez lui mais cette fois, c’est son regard que l’on découvre à travers ses photographies. 26/05 au 25/11, Fondation Folon, La Hulpe. PORNOCRATES DANS TOUS SES ÉTATS Pornokratès, l’œuvre la plus célèbre du peintre namurois, dans tous ses états. 24/03 au 13/05, Musée Rops, Namur. ADEL ABDESSEMED Incontestablement, l’un des artistes les plus en vue de cette dernière décennie. Une “expo-manifeste” avec des œuvres nouvelles dont certaines conçues pour le Grand-Hornu. 4/03 au 27/05, MAC’s, Le Grand-Hornu, Boussu. ROME ! En partenariat avec Le Louvre, le musée d’art moderne accueille quelques-uns des artistes les plus prestigieux qui ont fait, du XVIIe et XXe, le voyage à Rome. 25/04 au 26/08, La Boverie, Liège. NIKI DE SAINT-PHALLE Quand Mons célèbre Niki de Saint-Phalle, les “nanas” ne sont pas les seules à être concernées. Des œuvres aux Beaux-Arts bien sûr mais aussi en ville. 15/09/2018 au 13/01/2019, Bam, PA G E 0 6 4
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NIKI DE SAINT PHALLE, BAIGNEURS, 1981. DONATION MAURICE DUVIVIER, PROPRIÉTÉ DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE, EN DÉPÔT À L’ARTOTHÈQUE, MONS © 2017 NIKI CHARITABLE ART FOUNDATION, ALL RIGHTS RESERVED. PHOTO : © ATELIER DE L’IMAGIER
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MUSIQUE
MAIS ENCORE
LES ARDENTES Niska et Kalash en ouverture, MC Solar et beaucoup d’autres… et Massive Attack en bouquet final. Un festival qui envoie du lourd. 5 au 8 juillet, Liège.
CHAMBRES AVEC VUES Retour d’un parcours d’artistes (plus de 400 !) qui irrigue tout le territoire. Une découverte de peintres, photographes, sculpteurs, graveurs, designers dans des lieux parfois inattendus. 17 au 25 mars, Namur.
FRANCOFOLIES DE SPA De la pop d’Arcadian au set d’Henri PFR, des souvenirs de Francis Cabrel aux explorations de Todiefor, l’incontournable panorama de la francofolie. 19 au 22 juillet, Spa.
LES INATTENDUES Un festival pas comme les autres avec des musiciens, des chanteurs mais aussi des philosophes… pour retrouver la cour de l’Évêché ou la Halle aux draps. 31 août au 2 septembre, Tournai. ASPHALTE, BIENNALE DES ARTS URBAINS Charleroi fête, cette année, ses 350 ans. Loin de toute nostalgie, la biennale s’ouvre aux pratiques du graphisme, de l’architecture et du design objet. Octobre, Charleroi. ANTICA NAMUR C’est “le” salon des arts et des antiquités. Plus d’une centaine d’antiquaires au rendez-vous des professionnels et d’un public amateurs de beaux arts. 10 au 18/11, Namur.
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DOUR FESTIVAL 242 000 festivaliers pour cinq jours de musique et de fête en 2017 ! Au programme de l’édition 2018, Amélie Lens, Blanck Sun Empire, Ben Klock, Hugo Tsr, Odesza… 11 au 15 juillet, Dour.
INFORMATIONS PRATIQUES Wallonie Belgique Tourisme www.walloniebelgiquetourisme.fr – info@wbtourisme.fr https://www.facebook.com/TourismeWallonieBelgique https://twitter.com/tourismebelge https://www.instagram.com/tourismebelge/ Y aller En avion au départ de Nantes – www.brusselsairlines. com Bon plan : le « Hi Belgium Pass », une formule de voyage qui permet de découvrir les villes wallonnes pour la somme de 149 €. Le pass comprend : un voyage aller-retour en avion, tous les déplacements en train, et ce de façon illimitée, et la possibilité de visiter gratuitement les attractions touristiques.
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ESPERANZAH Le World Music festival s'aprête à révéler sa programmation. En 2017, il a accueilli IAM, Kenny Arkana, Scylla, Imany, Gregory Porter, MHD… 3 au 5 août, Floreffe.
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CONCERTS ALLTTA | ROMÉO ELVIS | SIBOY CASH MONEY | CAMP LO | LORD FUNK MYTH SYZER | SOPICO | REVERIE | SCYLLA VÎRUS | KACEM WAPALEK | JEREMY ELLIS STRANGE U | RODOLPHE LAURETTA | DI#SE DANITSA | SORG & NAPOLEON MADDOX ARMALETTRE | BEAT MATAZZ | DJ PHAROAH SPECTACLES CIE S’POART - MICKAËL LE MER CIE S | CIE X-PRESS | CIE ACCRORAP BATTLES BATTLE OPSESSION | END OF THE WEAK...
ATLANTIDE Les Mots du Monde à Nantes Festival des littératures du 15 au 18 février 2018 au lieu unique et dans la ville
www.atlantide-festival.org Visuel © Julia Wauters /// La Cité Licences N° 1 - 1027238, N° 2 - 1027239, N° 3 – 1027240 /// le lieu unique Licences N° 1-1046904, N° 2-1046905, N° 3-1046906
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