LA LÉGENDE DE
MONTMARTRE
racontée par
Roland Dorgelès et sa bande
Prince de bohème Texte de Jean-Manuel Gabert
LA LÉGENDE DE MONTMARTRE
racontée par
Roland Dorgelès et sa bande
Prince de bohème
Texte de
Jean-Manuel Gabert
Ce brave huissier ne sait pas encore dans quelle galère il va embarquer.
MAÎTRE BORONALI LANCE LE MOUVEMENT D’abord, il m’agaça. Son style dandy, la mèche rebelle, ce trop d’aisance évidemment composée, avec, pour décorer le tout, cette rosette violette effrontément piquée à la boutonnière de son pardessus, comme une fleur attrapée au passage. Compte tenu de son jeune âge, elle en faisait un officier de l’Instruction publique si improbable que la moindre méfiance me rappela de poser aussitôt le masque de sévérité glacée inhérent à ma fonction. – Monsieur, fit ce jeune homme d’un ton solennel, je viens vous requérir pour un constat. Cela acheva de m’exaspérer et je lui fis savoir d’un ton dissuasif que les constats d’adultère n’étaient pas de mon ressort. Pincé, le jeune homme – il ne devait pas avoir une dizaine d’années de moins que moi, mais je me suis toujours senti un vétéran – répliqua qu’il n’était pas marié, que ses maîtresses lui étaient fidèles, et qu’il s’agissait d’un constat d’un genre spécial, qu’il qualifia de « zoologique et pictural ». Je dus me contenir pour ne pas lui demander de stopper net cette plaisanterie et de quitter mon bureau. Mais il se lança aussitôt dans une explication enflammée de son projet, avec une vivacité et une qualité d’expression singulières. Il me parla des méfaits de certaine peinture d’avant-garde qui contaminait, l’un après l’autre, ses amis artistes. Il cita des noms que j’ignorais, d’hommes de talent qui, désirant sincèrement libérer la peinture des poncifs académiques, en effet détestables, finissaient par tomber dans des erreurs funestes : certains, me dit-il, exaltaient la reconstruction « cubiste » du monde – l’art à l’équerre, le triomphe géométrique – et d’autres, déclarés réalistes, exhibaient des modèles difformées ne pouvant déclencher le désir que chez de rares malades. De son point de vue, répondre à la pesanteur du bon goût bourgeois par la seule provocation de la laideur conduisait l’art dans une impasse. Le jeune homme avait mis au point un stratagème destiné à provoquer ces provocateurs, et rappeler par défaut ce qui faisait la noblesse de la vision artistique : la sensibilité du regard. Il avait inventé un peintre, un futuriste italien du nom de Boronali, chef de file de 3
la nouvelle école excessiviste, et la presse, dupée par ses soins, avait déjà publié des extraits de son manifeste. Mais il fallait maintenant un chef-d’œuvre à l’actif de ce nouveau génie. – Nous allons produire ce chef-d’œuvre ! – Ce sera donc un faux, répliquai-je. – Pas du tout. Il sera peint par Boronali lui-même, je vous le garantis. – Mais vous venez… – Boronali… Il s’agit d’une anagramme. Aliboron : l’âne de La Fontaine. J’appris ainsi que le chefd’œuvre serait peint par un âne, appartenant à un cabaret de la butte Montmartre. L’ A l i b o ron opére rait à l’ a veugle à l’aide de sa queue, ce qui devrait bien valoir la technique de certains bipèdes, et il allait de soi qu’un constat d’huissier était nécessaire pour étayer, le jour venu, la révélation de la supercherie. J’étais abasourdi. Et brusquement, en croisant le regard bri llant de cet adolescent attard é , je com p ris qu’il était le plus sincère, le plus d ro i t , le plus piquant et drôle que j’aie jamais eu à contempler. Je me suis ima- Un fiacre rue des Trois-Frères par Van Dongen. giné relatant en termes officiels les exploits picturaux d’un âne, et, en quelques secon d e s , l’ennui morbide qui me garrottait depuis toujours lâcha son étreinte. J’ai éclaté d’un rire si puissant que la secrétaire dut sursauter sur son siège, et qu’ e lle me scruta d’un œil rond de poule lorsque je sortis de mon bureau, la serviette sous le bras et le jeune h omme à mon côté, visiblement ravi de ma métamorphose. 4
Le vieux Montmartre conservait ses « vacheries » et ses troupeaux de chèvres ancestraux, menés par de petits gardiens en blouse. Nous sommes ici au croisement de la rue des Saules et de la rue Saint-Vincent, à l’angle où se trouve aujourd’hui le square Roland-Dorgelès. À droite, la maison de la famille Lamette, curieusement enclavée dans le cimetière, où André Salmon loua une chambre en balcon sur les tombes.
– Ce sera le constat le plus drôle de ma carrière, lui ai-je lancé. C’était vrai, et près de quarante ans plus tard je suis redevable au jeune dandy farceur de m’avoir procuré le seul moment de légèreté, de dérision salvatrice, de ma longue carrière. Lorsqu’il m’avait dit son nom, j’avais compris d’Argelès, et j’avais cru à une fausse rosette de plus. Mais s’il s’agissait bien d’un pseudonyme, comme je l’appris plus tard, il avait eu soin de le transformer en Dorgelès. Combiné au prénom Roland – Rolland à l’origine – cela claquait au vent avec panache. J’ai hélé un fiacre et nous avons doucement quitté le monde uniforme des longues travées en pierre de taille, déroulant leur ennui rassurant, pour nous engager vers un autre monde, une petite cité montueuse dont je ne connaissais que 5
le nom, comme tant de Parisiens. Lorsque nous nous engageâmes dans la rue Saint-Vincent, qui s’ouvrait sur une place tranquille, je fus saisi de stupéfaction. Je me souviens encore avec une précision troublante de cette matinée d’arri è re - h i ve r solaire de 1910, du visage si touchant des masures ocrées ou blanches, dont je retrouverais quinze ans plus tard, dans une galeri e, la matière éca i ll é e, teintée de pure mélancolie, sous la signature d’Utri ll o. Une jeune femme nous croisa, revenant de la bornef ontaine la cru che sur l’épaule, dans une posture au bras levé de déesse originelle, les seins en proue sous le corsage. Des vieilles en robe noire et bonnet qui papotaient aux portes nous regardaient en coin. Il avait suffi de quelques minutes de route pour que je sois transporté sur une île ancestrale, où trad i t i ons et liberté primitive c ohabitaient en parf a i t e grâce. La ruelle tournait doucement et s’ouvrait sur un croisement ; là, de hautes mu ra i lles s’armaient de contreforts pour contenir le jaillissement d’ormes centenaires : La vue actuelle montre la même perspective. Les – Le parc de la Belle Gabri elle ! petites masures blanches, reconnaissables, sont fit Roland Dorgelès avec aujourd’hui desservies par un trottoir surélevé, fierté, comme s’il m’a v a i t résultat du creusement de la rue Saint-Vincent dans les années 1920. Cette modification du présenté la jeune favorite niveau de la rue fut décidée à la suite suite d’un royale elle-même, Gabrielle grave accident, comme nous le révéla Roger d’Estrées, dont rien ne prou- Lamette, qui y avait assisté : une charre t t e , emportée par la descente, s’était écrasée sur le vait pourtant, précisa-t-il, mur du cimetière. L’abaissement de la rue permit qu’elle fût jamais venue en d’aplanir l’accès à ce célèbre carre f o u r. 6
ces lieux. Mais les Montmartrois l’avaient installée partout chez elle sur la Butte, dans chacune des plus vieilles bâtisses camouflées sur le versant nord, invisible de Paris, où sinuait l’ancienne sente du jardin des Abbesses. Il leur plaisait de croire que le roi Henri, venu chaparder ici les plus jolis fruits du verger des Dames, avait abrité ses amours avec Gabrielle sous les ombrages qui couvraient la pente. – On se croirait dans un village, aije dit banalement, incapable de traduire mon émotion. – D’ailleurs, regardez, voici le bra connier ! Avec son bonnet de trappeur et Au début du XXe siècle, les petites filles au ses sabots, l’ h omme qui s’encapied montagnard, héritières de celles d rait dans la porte noire de la évoquées par Gérard de Nerval, descendent la rue Saint-Vincent d’un pas alerte m a i s onnette accro chée à l’ a u t re sur la superbe photographie de Citerne. angle de la rue donnait à ce payNous nous trouvons ici à la hauteur de sage encore sauvage des airs de l’actuel jardin sauvage Saint-Vincent. Dans les années vingt, les murs à contreforts hameau corse mâtiné de Fa r qui soutenaient le versant nord de la Butte West, c omme les films américains – qu’on voit ici déjà étayés – finiront par n’allaient pas tarder à nous en s’effondrer. La rue sera élargie et nivelée. L’aménagement permettra de la débarras- e nv oyer l’image. Le petit âne gris, ser de ces murailles, libérant ainsi la vision devant la barri è re, ajoutait à l’ i ll usur l’arrière de la maison de Rosimond. s i on . Un jeune homme trapu et À droite, des pavillons remplaceront les palissades. Au bout de la rue, s o u riant – le futur historien et on aperçoit le carrefour formé aujourd’hui critique d’ a rt André Wa rnod – par le square Roland-Dorgelès. finissait d’ a t t a cher un pinceau à la queue de l’ â n e, p a rd on, de Joachim Ra phaël Boronali en person n e, le maître de l’exc e s s i v i s m e. Je me suis installé à la table de ferme posée devant la maison aux volets verts – en fait, un minuscule cabaret à l’enseigne du Lapin Agile, pas encore entré dans la légende – et j’ai tenté de 7
Frédé et Lolo. Enfant, l’écrivain Robert Sabatier, l’auteur des Allumettes suédoises, pur poulbot, prenait Frédéric pour le Père Noël assis devant son chalet. Frédé, l’existence est bizarre…
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traduire en langage juridique approprié la scène étrange qui se déroulait devant mes yeux. Gavé de légumes et de tabac par Dorgelès et Wa rn o d , l’âne fustigeait à grands traits la toile blanche placée sous son postérieur. Roland et son complice remplaçaient régulière m e n t un pinceau enduit d’outremer par un autre, t rempé dans le vermillon. Les artistes du voisinage, interloqués, commençaient à s’attrouper : l’humoriste Genty, le peint re Giri eud, un cor de chasse à la main (il s’entra înait tous les matins dans la rue des Saules, m’affirma-ton), la jeune chanteuse Coccinell e, incarnation de Mimi Pi n s on , qui logeait d’ a i lleurs dans la maison du même nom , un peu plus haut. Pa rmi les enfants qui s’extasiaient devant le spectacle se trouvait (je l’ a pp rends aujourd’hui) le futur musicien Georges Auric. Je ressentais quelque chose d’ i n d é f i n issable, qu’aucun de mes voy a g e s , fussent-ils les plus lointains, ne sut Comme dans Louise, le grand opéra populaire jamais m’ a p p o rt e r. J’ a v a i s de Gustave Charpentier, un couple contemplant instantanément abandon n é Paris du haut de la Butte. Illustration de Van Paris et la routine de ma vie, Dongen pour Au beau temps de la Butte de Roland Dorgelès (1949). Gustave Charpentier pour glisser dans un p e t i t était l’oncle de Claude, l’architecte qui mena à m onde incon n u , parallèle bien la sauvegarde du site de Montmartre. à l’existence com mu n e, et pourtant situé à quelques minutes des boulev a rd s . Ici, plus aucun obstacle à l’expre ssion de toutes les folies, d ont la moindre n’était pas celle de se cro i re libre, et de vivre en bord u re de rêve comme si les nécessités n’existaient pas. C’est cela qui m’a fasciné en 9
observant ces jeunes gens, cette capacité à tout supporter, les pri v a t i ons comme les exc è s , le manque de con f o rt , la misère pour beaucoup, tout pour ne pas ressembler à ce que j’étais devenu. Mais les villages de contes de fées, où les saltimbanques et les fous mènent la danse, ne sont pas faits pour dure r. Ils étincellent et s’évanouissent comme des fusées de feu d’artifice. Quatre décennies et deux guerres mondiales ont passé depuis cette matinée enchantée : Dorgelès vient juste de publier le roman vrai de ces temps d’insouciance, sous le titre
Bouquet de bohème. C’est peu dire que je me suis précipité sur son livre. La grande force de sa fresque vient de la volonté de placer côte à côte les vivants et les morts, les triomphateurs et les oubliés, les génies et les autres, sans distinction. Et les ombres anonymes ne sont pas moins bien traitées. Roland n’a oublié aucun nom sur le ruban de son B o u q u e t, qui est le plus f ra i s , le plus parfumé mémorial dont pouvaient rêver ces Photos prises le jour de la mystification Boronali, sur la terrasse du Lapin Agile. L’avant-garde, selon Lolo, se mesure à l’arrière-train. Avec ou sans masque, Roland Dorgelès au centre (mèche noire), André Warnod, Charles Gentil, Girieud, Denèfle-Castelno et Coccinelle, Frédé et le petit Georges Auric n’en pensent pas moins.
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enfants perdus et libre s . Il y remet en scène leurs joies et leurs peines d’autrefois, dans cette bourgade accidentée qui fomente les révolutions artistiques comme des coups d’Etat : quelques élus, beaucoup de sacrifiés. Le plus surprenant, c’est que je suis moi-même présent dans ce tourb i ll on… grâce à Boron a l i , j’ e n t re un peu dans une ave n t u re mythique où rien ne me disposait à figurer, où je n’ai pas ma place, p a rmi cette jeune généra t i on d’artistes étincelante d’énergie et d’ a u d a c e, que la guerre allait bientôt éparpiller et qui vivait déjà ses derniers beaux jours, sans le savoir. Ce matin d’ h i ver lumineux de 1910, ce que j’observais en souriant, amusé par la facétie à
l a q u e lle j’avais été conv i é , c’étaient des éph é m è res dansant dans un rayon de soleil. Eux dont l’existence aventureuse devait, en quelques années, transfigurer ce vieux village de Montmartre, aussi charmant que désuet, moi dont la vie était vouée au confort social, qu’avions-nous en commun ? À peu près rien. Le regret m’en a saisi dès ce jour-là, tandis que Lolo zébrait la toile avec un zèle qui déclenchait les applaudissements aux croisées de la rue des Saules. Depuis ce temps, de loin mais très proche d’eux pourtant, j’ai suivi leurs carrières, leurs évolutions, les métamorphoses de leur destin, avec une assiduité secrète. Ceux qui ont survécu aux naufrages de la guerre, des échecs et de la 11
misère, ceux qui en sont « sorDorgelès sur la terrasse de son appartement de la rue Jeantis », aujourd’hui célèbres, se Goujon en 1959 (photo Maurice sont assagis, repliés sur euxDoriant). Et, là-bas, dans la mêmes comme le veut la règle brume des souvenirs, Montmartre qui ne s’effacera jamais… du temps. Dorgelès, qui hait les grands immeubles modernes, est depuis longtemps installé au huitième étage d’un vaisseau vertical de la rue Jean-Goujon, dans le quartier des ChampsÉlysées, dont il redit sa détestation à chaque journaliste venu l’y rencontrer. Sa terrasse panoramique, au neuvième, y reconstitue le jardin dans les airs dont rêve tout écrivain, pour s’isoler et voir la vie d’en haut. Il y pose pour les journaux, avec, en arrière-plan, la Butte de sa jeunesse mitrée de blanc, qui émerge du Bassin parisien avec l’air d’une île mirage, jamais conquise. Il peut ainsi continuer de la rêver en oubliant les changements du décor, posture qu’il a toujours préférée. Il n’y revient plus que pour filer les ombres du passé. Lorsque j’ai découvert ma présence Le Consulat d’Auvergne, par dans le B o u q u e t, il y a quelques mois, Robert Sterkers. Dans cet établism on émotion a été violente. Ce n’est sement historique se tenaient, quelques années avant la Seconde certes pas le premier livre que Roland Guerre mondiale, les dîners du c on s a c re au petit pays de sa jeunesse, Dernier Carré, groupement des mais c’est la pre m i è re fois qu’il re l a t e défenseurs du Vieux Montmartre. 13
Ne reculant devant aucun sacrifice et à grand risque personnel. Afin d’écarter tout soupçon de supercherie, la conscience professionnelle de l’huissier le mène à procèder à un examen approfondi de l’extrémité caudale de l’âne Lolo.
lui-même l’affaire célèbre de l’âne qui peint, p s e u d onym e B o ronali, de son vrai nom : Lolo, âne débon n a i re appartenant au père Frédé, le ca b a retier du Lapin Agile ; Lolo qui faisait seul le tour de la Butte pour récolter le ch a rd on des sentes et le tabac que cousettes et rapins lui tendaient au passage. Roland a changé légèrement mon nom , mais il re t ra n s c rit la scène ave c une grande exactitude. J’ e n t redans la légende en om b re fugit i ve ; dérision cru e lle pour quelqu’un qui rêva d’écrire, je suis même cité in extenso dans mes œuvres com p l è t e s , puisqu’il y rapporte le texte du pro c è s - ve rbal que j’avais commis à cette occasion. C’est donc en tant qu’ « auteur », doté du ve rbe le plus insupportable qu’ on puisse con c ev o i r, que je me tro u ve p ropulsé dans la saga de ces lointaines années, au côté d’ Ap o ll i n a i re, de Max Jacob, Francis Carco ou André Salmon : « Déférant à cette réquisition nous nous sommes transporté au cabaret dit Au Lapin Agile où, étant devant cet établissement, MM. Dorgelès et Warnod ont disposé sur une chaise faisant office de chevalet une toile à peindre vierge de toute souillure. En ma pré sence, des peintures de couleur bleue, verte, jaune et rouge ont été délayées et un pinceau fut attaché à l ’extrémité caudale d’un âne nommé Lolo, appartenant au propriétaire du cabaret et prêté pour la circonstance par ce dernier. « L’âne fut ensuite amené, t o u rné devant la toile, et M. Dorgelès le laissa par ses mouvements barbouillercette toile en tous sens, prenant seulement le soin de changer la couleur du pinceau et de le consolider. « J’ai constaté que ce tableau présentait alors des tons diver s , passant du bleu au vert et du jaune au ro u ge, sans avoir aucun ensemble et ne ressemblant à rien. 14
À suivre...
L A L É G E N D E D E M O N T M A R T R E racontée par
Roland Dorgelès et sa bande Prince de bohème
Texte de Jean-Manuel Gabert
Célèbre par Les Croix de bois et l’invention de l’âne peintre Boronali, journaliste pour Clemenceau, il a inventé le canular moderne, bien avant Francis Blanche. Le seul à se raser au Louvre, devant la Joconde ! Il est le témoin n°1 de l’histoire de la Butte. Avec tendresse, minutie, mais sans complaisance.
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