LA LÉGENDE DE
MONTMARTRE
racontée par
Max Jacob Le Fou de Dieu
Texte de François Pédron Illustrations de Jack Russell
LÉGENDE DE
MONTMARTRE
racontée par
Max Jacob Le Fou de Dieu
Texte de François Pédron A la mémoire de d ’Eva Russell Illustrations Jack Russell
LA LÉGENDE DE MONTMARTRE
racontée par
Max Jacob Le Fou de Dieu
Texte de
François Pédron Illustrations de
Jack Russell
Prologue
J
amais ses plus proches amis n’ont réussi à définir cette personnalité si complexe : ambivalence est un mot trop faible pour appréhender les nuances de son caractère. Ses contradictions soulignées maintiennent un mystère qu’il a lui même épaissi par ses aveux et ses irrégularités, se prêtant plus de vices révélés par ses mortifications ; comme beaucoup d’artistes il avait les vices de ses vertus, médaille dont l’avers ne correspond pas à l’envers. Aujourd’hui, nous donnons la parole à ceux qui l’ont connu, forcément pendant un temps, et à une époque donnée, et à lui « son pire ennemi » disait une de ses clairvoyantes amies. Max Jacob a en effet laissé des milliers de lettres, il y consacrait Montparnasse, le 12 août 1916. La guerre fait plus de deux heures par jour, rage mais Modigliani et Picasso, étrangers, ne sont pas mobilisables. Le grand André Salmon, qui sont un vrai journal, une témoin incontournable de cette époque, est en confession moins apprêtée que permission. Cendrars, suisse, et Apollinaire, italoMontaigne dans ses Essais ou polonais, se sont engagés. moins coquettes que celles de Rousseau qui fait dix pages avec un bout de ruban volé ! Max au quotidien avec une liberté de ton étonnante, des changements de point de vue sur le même sujet en fonction des destinataires. Versions différentes qui troublent les biographes mais qui ne signifient pas mensonges, même s’il avait toujours une absolution à portée de l’âme. Ce sont des moments différents, images dans un miroir brisé. En milliers de touches, spontanées, il nous laisse le plus passionnant des autoportraits. Sa vie a été un chef-d’œuvre qu’il a raté et toujours recommencé jusqu’au supplice de Drancy. L’essentiel de son œuvre, ce sont ces milliers de lettres qui feraient dix tomes, vrai journal de ses vies, commentées par des correspondants souvent dépassés par sa fréquence et le niveau de ses réflexions. 2
Prisonnier aussi de sa « retraite » à Saint-Benoît, il s’est transformé en image d’Epinal qui ne correspond en rien à la réalité : il n’a passé que quinze ans dans ses différentes « cellules » alors qu’il a vécu trente-cinq ans à Paris ! Essentiellement à Montmartre, même quand il découchait. Max Jacob n’est pas un moine à vocation tardive, c’est d’abord un Montmartrois qui a vécu les grandes aventures de la pensée au début du XXe siècle. Il était fait pour Paris, il a abusé de Paris, il a redouté cette Babylone qu’il retrouvait sous tous les prétextes quand il était « sacristain » étouffé par un ennui mortel. L’ermite était heureux à Babylone, succursale de l’enfer. Heureux donc malheureux puisqu’il subissait tout et son contraire. Pendant ses séjours en « terre bénite » il a multiplié les prétextes pour fuir cette prison, il est tout le temps parti, entre séjours de plusieurs mois, rituels, en Bretagne, pour Madrid, Naples, Guéret, Orléans, Paris, toujours Paris. Max à Saint-Benoît, ce n’est pas Charles de Foucault à Tamanrasset ! Il est à une heure et demie de la capitale des arts, des lettres, des dîners, des nuits chaudes. Et il voulait finir ses jours chez l’ami Jean Colle à Douarnenez, entre peintres apaisés par les ans. Pas entre deux confessionnaux. La belle Fernande vue en 1908 par Marie Laurencin (le grand amour d’Apollinaire), qui Et quand il ne prenait pas le agaçait toute la bande du Bateau-Lavoir. C’est train de l’évasion, il recevait : plutôt un portrait à charge car Laurencin, tête tout Paris a défilé sur les bords de fouine et taille maigrichonne, était éclipsée par la splendide maîtresse de Picasso, qu’elle de la Loire. Parfois, il refusait du appelle « Madame Pikaçoh. » monde, de ce monde qu’il était 3
supposé fuir. Ce livre est un fragment recomposé de son journal tenu aussi… par les autres, car c’est une conversation illuminée de trouvailles stylistiques. Ces « autres » sont parfois inattendus. Jean Cocteau et Marcel Jouhandeau furent très proches, ce qui signifie aussi des brouilles. Max avait même pensé un temps faire un mariage blanc avec Elise, la future femme de Jouhandeau, pour mieux l’entraîner dans la macération de Saint-Benoît ! Cette Elisabeth Toulemont devenue la danseuse La vraie Fernande, vue en presque sacrée Caryathis aurait fait 1906 par Van Dongen qui jaser autour de la basilique. Georges aimait tant les femmes ; elle fait tourner toutes les têtes. Hugnet, le poète — oublié — le plus En 1933, Picasso essaiera de doué de sa génération, ou Jean bloquer son (très beau) livre Grenier, le maître de Camus, portent de souvenirs qui le montre parfois en position d’amant d’autres témoignages. Hugnet, le petit prodige, habitait le même fragile. immeuble que Jouhandeau boulevard de Grenelle. Il se rapprochera des surréalistes, ce qui l’éloignera de Max, qu’il ne cessera jamais d’admirer. L’insupportable et séduisant Maurice Sachs à la destinée ignoble mais au talent époustouflant. Cette insupportable teigne, tous l’ont aimée au moins un moment, c’est un des mystères de l’entre-deux-guerres. André Salmon qui rédige la chronique de Jean Cocteau par Modigliani cette époque allant de la Belle Epoque aux en 1916. Un gandin que le doute n’effleure pas. Déjà Années Folles est un témoin attendu, qui fut très lancé dans le monde, il présente des clients à Max. très proche. On attend moins deux femmes qui, ce n’est qu’un apparent paradoxe, le racontent le mieux : sans être éblouies ni dupes – elles sont donc crédibles –, elles apportent des précisions et des couleurs dont les hommes sont incapables. À savoir Liane de Pougy et la « belle Fernande », le premier amour de Picasso. Liane, qui fut l’une des plus belles femmes vénales de 4
Paris, était devenue une vraie princesse en épousant le prince cosmopolite roumain Georges Ghika. Préférant les femmes aux hommes qui avaient fait sa fortune, femme du vrai monde de la Belle Époque, cette Bretonne née chrétienne et devenue horizontale finira avec la coiffe des bonnes sœurs qui l’avaient si bien élevée. Elle a beaucoup reçu Max chez elle, à Paris, à Roscoff, qui était un autre Paris, ils se sont beaucoup agacés et encore plus pardonné. Elle le dit, il le confirme : c’est une partition à deux voix. Au piano, le mari, qui adore Max. La belle Fernande, au bonheur des peintres, a été pillée par les biographes, qui en profitent pour la réduire à presque rien. Cette fausse indolente aux aguets nous donne Max à voir et à entendre, tel un cinéaste. Elle l’a vu tous les jours pendant des années. Max qui s’est voué à Picasso, dont il a été la formidable relation publique et qu’il avait hébergé et nourri dans sa grande détresse quand le génie affamé et déprimé n’était qu’un postadolescent qui découvrait Babylone. De cette époque d’une intensité exceptionnelle elle restitue la saveur et précise les bornes : la vie quotidienne à Montmartre au temps de Picasso. On a souvent reproché à André Salmon, le poète journaliste, devenu plus journaliste que poète, de prendre parfois des licences
La plus combative amie de Max, Liane de Pougy, quand elle débute dans la galanterie à Paris. Son mari va bientôt mourir et son fils est élevé par sa grand-mère. Elle peut conquérir la capitale.
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avec la vérité maniaque, mais il est arrivé au début de l’histoire, n’en déplaise aux hagiographes de Picasso, lui au moins était là – au Bateau-Lavoir ; en tout cas, jamais très loin ni parti très longtemps… Emmanuel Aegerter, spécialiste des grands mystiques, avec Jeanne Guyon et Joachim de Flore, n’était pas dépaysé avec Max Jacob. Gabriel d’Aubarède, jeune pousse qui fera carrière dans les lettres, raconte comme il a été dragué par l’ardent poète. C’était fréquent, mais si peu l’ont dit ! Et enfin Roger Toulouse, le jeune peintre d’Orléans qui sera le dernier protégé de Max Jacob, qu’il veillera jusqu’à l’heure de la Gestapo. L’échange avec l’artiste – qui se revendique plus peintre que poète – raconte le chemin de Le jeune poète Georges Hugnet, vu par Max Jacob en 1928 : Max est son conseiller croix que réclame une littéraire, son modèle. Hugnet habite boulecontrition parfaite. La vard de Grenelle l’immeuble de Marcel simplicité déchirante de Jouhandeau, qui le présentera à Max à l’époque où ils se voyaient régulièrement. Max nous bouleverse. Max a même failli faire un mariage blanc Ils ont fait partie de la avec la future femme de Jouhandeau, la bande à Max Jacob qui danseuse Caryatis. se disait abandonné, prisonnier de la plus haute des solitudes, mais pas au même moment. Leurs souvenirs et les fulgurances de Max Jacob nous emmènent de 1903 à 1944, deux mondes, deux apocalypses. Eux seuls ont la parole et nous transmettent la sienne. Sans doute, bien des émotions n’ont pas été transcrites, mais celles que nous avons sont rares et fortes. Irremplaçables. 7
M
ax est arrivé à Paris en octobre 1894. Il a dix-huit ans et a fait des études secondaires brillantes à Quimper, où sa famille est installée depuis le début du XIXe siècle. Son père est tailleur et sa mère tient une boutique d’antiquités sur les bords de l’Odet. Max voulait passer le concours d’entrée à l’Ecole coloniale pour courir le monde. Il se retrouve saute-ruisseau chez un riche cousin qui le traite comme une bonne ! Mais il ne rêve que de poésie et de peinture. Pendant quelques années il végète dans les petits boulots sous-payés, sans cesser d’écrire, partageant même un galetas avec un de ses frères. Ce n’est même pas de la vie de bohème, c’est de la vache enragée. Mais, en 1901, il découvre les premières œuvres d’un jeune Espagnol chez Ambroise Vollard, le marchand de tableaux qui deviendra une star. Le peintre, c’est Pablo Picasso. Max lui consacre son premier article. C’est le début d’une amitié qui changera leur vie à tous les deux. L’histoire commence par une image ; c’est Picasso, le « coloc’ » de Max, qui raconte. Le 13 janvier 1903 il dessine l’Histoire claire et simple de Max Jacob. Comme une bande dessinée. Max écrit des vers dans sa chambrette. Il court les porter à un vieil éditeur, et lui fait la lecture. Il sort triomphant en faisant claquer les billets de banque : « Olé ! » Le torero de la littérature file dépenser ce pactole chez Maxim’s. Il dévore tant que sa gidouille prend des proportions de montgolfière. Puis il se fait conduire — en toge — sur un char triomphal jusqu’à l’Arc de Triomphe. Puis les dieux l’accueillent et le couronnent. Mercure le voleur lui offre un sac d’or. Max perd en même temps sa toge et son ventre. Mais il a retrouvé le parapluie qu’on lui voit tous les jours.
1903 Un beau jour, il crut pouvoir enfin attirer l’attention sur lui. Comme il était employé de bazar, la direction le chargea de rédiger le discours que son chef de rayon devait prononcer à l’enterrement du fils d’un des grands fournisseurs de l’établissement. Max passa un jour et une nuit à recueillir des documents sur l’activité de cette maison, mais apprit en remettant son manuscrit à l’intéressé que le défunt, auquel il décernait les plus nobles quali8
tés psychologiques et sociales, était un enfant en bas âge (…). À ce coup il crut fléchir. Mais un de ses camarades, le peintre Alkhan, lui conseilla de fuir le commerce et de s’adonner à la critique d’art. Il publia donc dans le Moniteur des arts un premier article pour lequel il reçut, à la caisse, quatre pièces de cent sous. Emmanuel Aegerter et Pierre Labracherie, Au temps de Guillaume Apollinaire, p. 99
« Tu verras, lui dit-elle, je ne te coûterai rien (…), je fais des robes de poupée au tricot. » Il prenait à cette époque ses repas dans un restaurant, en compagnie d’ouvriers et d’employés. L’un d’eux l’avertit qu’un habitué lui reprochait de courtiser sa femme, une grande, maigre, à laquelle Max n’avait jamais prêté attention. Avec sa galanterie coutumière, le poète s’excusa auprès de la belle du trouble qu’il avait, involontairement, apporté dans son ménage. Très touchée, elle raconta sa vie, se nom de Picasso, ici à Vallauris en 1953, est plaignit d’avoir épousé une Le indissociable de l’histoire de Max. Le poète avait brute qui se saoulait et ajouta recueilli le peintre de dix-huit ans, sans ressourmodestement qu’elle avait eu ces, qui arrivait de Barcelone : Max a nourri un treize amants. « Elle me parla génie, pas forcément reconnaissant. beaucoup, ajoute Max Jacob, de bas de soie, de chemisettes de batiste. » Il l’emmena à Enghien ; au retour, elle s’assit sur le lit, rabattant soigneusement sa jupe et déclara avec correction : « Je vous préviendrai quand 9
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L’arche de Noé. L’histoire hydrographique du Bassin parisien confirme que la Seine coulait jadis au pied des buttes de Ménilmontant, Belleville et Montmartre, de là à imaginer que, lors de la crue mémorable de 1740, plus de 8 mètres au pont de la Tournelle, un bateau-lavoir ait été déposé à l’emplacement de la future place Emile-Goudeau…
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il sera temps. » Dès lors, les becs de gaz de la rue de Clignancourt clignotèrent sur leur bonheur errant et crépusculaire. Pour endormir les méfiances du mari, Max lui fit une visite protocolaire dont le sire se montra très flatté. Le poète était étourdi de bonheur. Cependant, complètement subjuguée par son séducteur, la dame émit l’intention de s’installer chez lui. « Tu verras, lui dit-elle, je ne te coûterai rien, je sais travailler j’en ai l’habitude, je fais des robes de poupée au tricot. » (…) Max accepta. Malheureusement cette cohabitation illégitime fit scandale. La pudeur de l’immeuble entier s’émut. Le magasin où travaillait Max, à son tour, s’étonna. Il se vit signifier son congé par ses chefs. Ne pouvant plus nourrir sa compagne, Max rompit sa liaison : « Séparons-nous, je vais retrouver la misère. Toi, retourne avec ton mari. » Emmanuel Aegerter et Pierre Labracherie, Au temps de Guillaume Apollinaire, p. 100
Un matin de 1903, un peu avant midi, deux garçons se rencontrent à Montmartre, au seuil de Pablo Picasso, locataire principal, à tous égards, du Bateau-Lavoir qu’alors certains nommaient encore la Maison du Trappeur. Ces deux garçons, l’un très jeune, l’autre un peu moins jeune. Ils ne se connaissent pas. Ils se saluent : – Monsieur Max Jacob ? – Monsieur André Salmon ? On ne devait plus se quitter. À la vie, à la mort… André Salmon, Souvenirs sans fin, p. 174
De médiocre stature, Max Jacob haussait sur ce corps quelconque une tête à ne pas oublier. On ne prenait pas garde à la couleur, d’ailleurs assez incertaine, de ses yeux, et cela parce que l’on était violemment frappé par la qualité du regard, sa fixité ou sa mobilité, au gré de l’homme. Max Jacob dont la vue n’a jamais été excellente ne voilait que le moins possible ce regard avec les verres d’un binocle, les lunettes n’étaient pas encore de mode (…). En 1903, Max avait déjà perdu beaucoup de cheveux. Il lui arriva de laisser longuement pousser ce qui lui en restait sur la nuque. Des dessins de lui-même ou de Picasso en font foi. J’ai vu, quand il s’installa rue Ravignan, au n° 7, un autoportrait : un Max 12
Jacob aussi barbu que le zouave du même nom. Un hiver, il a porté la moustache, mais ce fut peut-être pour faire rire ou tromper le monde, quand il se plaisait à incarner (à la Henri Monnier) divers personnages burlesques dans les restaurants à clientèle populaire où nous trouvions du crédit. André Salmon, Souvenirs sans fin, p. 175
Max Jacob fut à Paris un des premiers amis et admiAndré Salmon en 1924, sans rateurs de Picasso. Il fit la connais- pipe et sans chapeau, par sance du peintre, qui avait alors dix- Pascin qui habitait 30, boude Clichy. Salmon a huit ans, à l’occasion de sa première levard raconté tous les peintres de exposition, chez Vollard. son temps dans une œuvre Enthousiasmé, Max, voulant connaî- majeure Souvenirs sans fin : choses vues » irremplaçatre le jeune artiste, se rendit un matin «bles. chez lui sous prétexte de lui consacrer un article (…). Quelque temps après, au retour d’un voyage en Espagne, sans ressources, ce fut à Max Jacob — employé dans un magasin de nouveautés appelé « Paris-France » je crois (il fallait bien subsister), et qui habitait une chambre meublée rue de Seine – que Picasso dut de pouvoir vivre et travailler. (…) Max Jacob dit que Picasso était alors un mince et pâle petit jeune homme qui s’imposait par l’étrangeté et la profondeur de son regard. De la bonté ou de la générosité de Max à son égard, je ne sais que ce que Picasso lui-même en a dit. Mais il lui doit beaucoup. C’est Max qui l’a soutenu, encouragé, aidé, quand, tout jeune, il connaissait une profonde détresse.(…) [Max lui a témoigné] non seulement une grande admiration, mais aussi une amitié profondément tendre, sans borne, semblait-il. Fernande Olivier, Picasso et ses amis, pp. 19-57
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1904 Max m’a adressé une lettre. Il me donnait rendez-vous, me proposant une promenade à la campagne. On déjeunerait sur l’herbe bien que ce ne fût pas du tout la saison… (…) On s’est dirigé, à pied, dans le sens du bois de Boulogne mais sans aller plus loin que les fortifications où Max Jacob aimait beaucoup à venir méditer. Il est remarquable que Max ait toujours dédaigné, fortifs pour fortifs, les talus du boulevard Ney ou de la porte de Clignancourt quand il logeait boulevard Barbès, et après rue Ravignan. Non, il lui fallait gagner, à pied, les mêmes talus pelés sur le boulevard Lannes André Salmon dans l’atelier de Picasso, quand le Malaguène qui a ou le boulevard Suchet, avec le vendu ses premières toiles à bois de Boulogne distingué, Gertrude Stein a pu s’installer pressous ses pieds. (…) que bourgeoisement 11, boulevard de Clichy. Salmon reste un témoin Nous fîmes sur l’herbe courte irremplaçable même si certains de et pâle un pique-nique charcuses points de vue sont discutés. tier. Sanglé dans une redingote quimpéroise, taillée par son père coupeur et antiquaire, Max a extrait de ses basques de la galantine, du cervelas, du pain. Si loquace chez Pablo, Max attendait visiblement et sans patience que je parle à mon tour. Il limita son débit à certaines réponses, mais quelles réponses ! André Salmon, Souvenirs sans fin, p. 183
1905 Une nuit, il y eut bataille au Lapin [Agile] ! (…) Quelqu’un fut 14
À suivre...
L A L É G E N D E D E M O N T M A R T R E racontée par
Max Jacob Le Fou de Dieu Texte de François Pédron
Illustrations de Jack Russell
Le « saint » le moins recommandable mais le plus séduisant. Une légende à lui tout seul. Une prodigieuse faculté d’invention et de dérision qui a fait parfois oublier son talent de poète. Mais il a fait de sa vie un poème dont la dernière strophe est tragique. Inventeur de Picasso. Trop complexe pour être accessible ?
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