Avec la collaboration et le soutien de l’Espace Pandora 7 place de la Paix F - 69200 Vénissieux
Barendson (Samantha).- Alto Mare.- Traduction française © Mélissa Verreault.Genouilleux, Éditions La passe du vent, 2020.128 p., 14 x 20,5 cm.- ISBN : 978-2-84562-354-5.- Gencod : 3019000119305
Samantha Barendson
Alto Mare POÉSIE
Traduit de l’italien par Mélissa Verreault
Prefazione
Il desiderio: questo è il tema che Alto Mare esplora, in tutto ciò che suggerisce di lacrime, sudore e abbandono. Ecco perché ho voluto tradurre questo testo, perché parla dell’incontro dei corpi, della collisione delle epidermidi, della perdita dei punti di riferimento, e perché queste tempeste carnali, sconsiderate e brutali, dolci ed enigmatiche, illuminano il caos dei giorni di noia. Perché il desiderio, il suo bruciore, la sua follia, la sua fugacità sono probabilmente tra le cose che ci fanno sentire più vivi. E se leggo, scrivo, traduco libri altrui, è per cogliere l’essenza dell’esistenza, di ciò che la rende così preziosa e conturbante. L’autrice Samantha Barendson ha una perfetta conoscenza della lingua francese e avrebbe quindi potuto tradurre lei stessa la sua suite poetica dall’italiano al francese, ma temeva di non essere nella posizione migliore per estrarre l’essenza sublime e sensuale dal testo originale e dargli una nuova forma sintattica. Credo effettivamente che un autore non sia mai la persona ideale per tradurre le proprie creazioni, perché gli manca il distacco necessario per pensare il testo altrimenti. Tradurre non è solo una questione di parole, è anche una questione di immagini, tuttavia, vedere le immagini in maniera diversa quando le
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Préface
Le désir : voilà le thème qu’explore Alto Mare, dans tout ce que cela suggère de déchirure, de sueur, d’abandon. C’est exactement pour cela que j’ai eu envie de traduire ce texte; parce qu’il parle de la rencontre des corps, des peaux qui s’entrechoquent, de la perte des repères, et parce que ces tempêtes charnelles, irréfléchies et brutales, douces et énigmatiques, illuminent le chaos des jours fades. Parce que le désir, sa brûlure, sa déraison, sa fugacité sont probablement parmi les choses qui nous font le plus sentir vivant. Et si je lis, si j’écris, si je traduis les livres des autres, c’est pour capter l’essence de l’existence, de ce qui la rend si précieuse et troublante. L’auteure Samantha Barendson maîtrise parfaitement la langue française et aurait donc pu traduire ellemême sa suite poétique de l’italien vers le français, mais elle craignait de ne pas être la mieux placée pour extraire le sensuel et le sublime du texte original et en rendre compte dans une nouvelle syntaxe. Je crois effectivement qu’un auteur n’est jamais la personne idéale pour traduire ses propres créations, car il lui manque le recul nécessaire pour penser le texte autrement. Traduire n’est pas seulement une question de mots, c’est également une question d’images, toutefois, voir les images différemment alors que nous
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abbiamo pensate in un determinato modo per mesi, per anni, è un compito a volte difficile, a volte impossibile. L’occhio esterno del traduttore, che non ha un particolare legame con le formulazioni o le tessiture, gli permette di trovare equivalenti senza avere la sensazione di strapparsi il cuore ogni volta. Finora ho sempre tradotto testi di autori viventi, ma non avevo mai lavorato in così stretto contatto con l’autore di un libro; la situazione avrebbe potuto diventare rapidamente tesa, l’orgoglio avrebbe potuto prendere il sopravvento, e l’esperienza avrebbe potuto essere estenuante, ma è successo proprio il contrario. Sento che con Samantha siamo state in grado di usare le nostre rispettive forze per far emergere il meglio di questo testo allo stesso tempo intimo e potente. La distanza geografica e le sfumature linguistiche tra i nostri due paesi (lei vive in Francia, io in Quebec) ci hanno portato a rivedere la lingua da tutti i punti di vista, ad impastarla, a mescolarla, ad estrarne un sapore tanto preciso quanto unico. Spero che il lettore possa godere il frutto di questa collaborazione e che queste pagine gli facciano venire voglia di ascoltare a sua volta il desiderio.
Mélissa Verreault
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les envisageons d’une certaine manière depuis des mois, des années, est une tâche tantôt ardue, tantôt impossible. Le regard extérieur du traducteur, qui n’a pas d’attachement particulier aux formulations ni aux textures, lui permet de leur trouver des équivalents sans avoir chaque fois l’impression de s’arracher le cœur. Jusqu’ici, j’ai toujours traduit des textes d’auteurs encore vivants, mais jamais je n’avais travaillé en collaboration aussi étroite avec l’auteur d’un livre ; la situation aurait rapidement pu devenir tendue, l’orgueil, prendre le dessus, et l’expérience, s’avérer épuisante, mais c’est tout le contraire qui s’est produit. J’ai le sentiment qu’avec Samantha, nous avons su mettre à profit nos forces respectives pour faire ressortir le meilleur de ce texte à la fois intime et puissant. L’éloignement géographique et les nuances linguistiques entre nos deux contrées (elle habite la France, moi, le Québec) nous ont amenées à revirer la langue de tous les bords, à la pétrir, à la brasser, pour en tirer une saveur aussi juste qu’unique. J’espère que le lecteur se délectera du fruit de cette collaboration et que ces pages lui donneront l’envie d’à son tour prêter l’oreille au désir.
Mélissa Verreault
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Alto Mare
I
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Ginevra, città rinchiusa da fiume e lago, città di scogli amministrativi. Tre giorni senza un raggio di sole ad indebolire tra luci al neon, colleghi di lavoro, PowerPoint e cibi industriali. Mi sei passato accanto parecchie volte, sfiorandomi per caso e chiedendo scusa. Tre giorni come un paso doble, a disegnare volute nello spazio lavorativo, a fuggire nelle diagonali per guardarci meglio, a nasconderci negli estremi della sala conferenze. Domani partirò e avremo appena scambiato due frasi.
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Genève, ville recluse entre lac et fleuve, ville d’écueils administratifs. Trois jours sans un seul rayon de soleil, à faiblir sous les lumières au néon, entre collègues de travail, PowerPoint et aliments industriels. Tu es passé près de moi à plusieurs reprises, me frôlant par hasard, puis me demandant pardon. Trois jours comme un paso doble, à dessiner des volutes dans l’espace de travail, à fuir dans les diagonales pour mieux nous regarder, à nous cacher aux confins de la salle de conférence. Demain je partirai et nous aurons à peine échangé deux phrases.
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La prima volta che ti ho visto, eri di spalle. La sensualità si nasconde anche nei rovesci. Camminavi altrove ed io sentivo già una mancanza e una malinconia prima di aver visto i tuoi occhi ed il tuo sorriso, prima di aver sentito la tua voce. Ti allontanavi da me come avresti fatto qualche mese dopo, partivi verso la mia assenza senza accorgertene ed io rimanevo lì a guardare l’ovale del tuo bel culo.
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La première fois que je t’ai vu, tu étais de dos. La sensualité se cache aussi dans les revers. Tu marchais ailleurs et, avant d’avoir vu tes yeux et ton sourire, avant d’avoir entendu ta voix, je sentais déjà le manque et la mélancolie. Tu t’éloignais de moi comme tu le ferais quelques mois plus tard, tu partais vers mon absence sans t’en rendre compte et moi, je restais là à regarder l’ovale de ton joli cul.
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Prendo il telefono e digito i numeri dietro cui ti nascondi, tremo mentre squillano le note acute che potrebbero finire in una pausa seguita da un tuo pronto? ma non saprò cosa dirti, ti chiamo per sentirti vicino, non m’importano le tue parole, preferisco i tuoi silenzi, quegli spazi vuoti dove possiamo sperare, non so se riuscirò a parlare, ho la gola asciutta e i pensieri verticali, ho una scadenza di vocabolario e una voce di labbro ferito dal nostro primo bacio.
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Je prends le téléphone et compose le numéro derrière lequel tu te caches, je tremble tandis que tintent les notes aiguës qui aboutiront peut-être à une pause suivie d’un allô ? mais je ne saurai quoi te dire, je t’appelle pour te sentir près, tes mots m’importent peu, je préfère tes silences, ces espaces vides où nous pouvons espérer, j’ignore si je réussirai à parler, la gorge sèche et les pensées verticales, j’ai le vocabulaire échu et la voix blessée par notre premier baiser.
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Abbiamo fatto l’amore nell’aiuola nascosta di una città anonima, tappeto erboso dove sono fiorite timide carezze. Sei entrato in questo giardino senza calpestare nulla, dolce e selvaggio, per fonderti nella vegetazione fino a diventare ramo o fusto legnoso. Ricordo il tuo sorriso, la mia giovane paura, gli alberi ombrosi e una voglia unica mentre cadevano a terra i petali che ci lasciarono nudi sotto le luci urbane.
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Nous avons fait l’amour dans un jardin dérobé d’une ville anonyme, tapis herbeux où ont fleuri de timides caresses. Tu es entré dans cet espace sans rien piétiner, doux et sauvage, pour te fondre dans la végétation jusqu’à devenir branche ou tronc noueux. Je me rappelle ton sourire, ma peur juvénile, les arbres ombreux et le désir unique tandis que tombaient par terre les pétales qui nous ont laissés nus sous les lumières urbaines.
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II
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Mesi d’estate come un intermezzo blu nel frenetico trascorrere del tempo. Giornate a far niente, notti infinite e prive di quotidianità, la vita davanti e lontani i problemi. Ore divise tra sesso, vino e poesia. Uscire occasionalmente dal letto per salire in macchina e guidare senza meta verso dove ci porta la luce, seguire le strade romane e perderci nei borghi antichi dove resistono ancora chiese del dodicesimo secolo e profanare insieme l’erba alta dei giardini parrocchiali.
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Mois d’été comme un interlude bleu dans la course frénétique du temps. Journées de farniente, nuits infinies et dénuées de quotidienneté, la vie devant et loin les problèmes. Heures partagées entre sexe, vin et poésie. Sortir occasionnellement du lit pour prendre la voiture et conduire sans but vers là où nous porte la lumière, suivre les routes romaines et nous perdre dans les bourgs anciens où résistent encore des églises du douzième siècle et profaner ensemble l’herbe haute des jardins paroissiaux.
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Abbiamo viaggiato in ogni paese della nudità, lambito ogni contrada, esplorato i margini fino alla sazietà e lasciato i nostri corpi arenati sulla spiaggia tessile di un letto disfatto, inerti e languidi, senza più fiato, attorcigliati nel tessuto sudato, due corpi colmi di gioia e stanchezza, fermati dal sonno nel nostro errare. Ci siamo svegliati e abbiamo danzato la notte intera al ritmo dei respiri, vogato nel fragore dei brindisi con mani intrepide, svoltato e rovesciato mobili e stoviglie, spaccato vasi, infranto specchi con la foga notturna dei sessi guerrieri senza tregua e senza freno. La fatica è lontana ormai, rimani solo tu, ancora e ancora.
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Nous avons visité tous les pays de la nudité, léché toutes les contrées, exploré les marges jusqu’à satiété et laissé nos corps échoués sur la plage textile d’un lit défait, inertes et langoureux, sans plus de souffle, entortillés dans le tissu imbibé de sueur, deux corps comblés de joie et d’épuisement, stoppés dans notre errance par le sommeil. Nous nous sommes réveillés et avons dansé la nuit entière au rythme des respirations, vogué avec des mains intrépides dans le fracas des verres qui trinquent, renversé meubles et vaisselle, cassé des vases, brisé des miroirs avec la fougue nocturne des sexes guerriers luttant sans trêve et sans frein. La fatigue est loin désormais, ne reste que toi, encore et encore.
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Dormi come dormivo io poco fa, ma la luna è entrata tra le fessure delle persiane, svegliandomi e smuovendo i miei sogni. Il tuo corpo inerte freme ad ogni carezza come se le mie dita fossero mosche e il tuo fallo si abbandona all’amorevolezza mattutina delle mie mani. Cresce il tuo pene, si spiega e si stira, si allunga e diventa duro, e continui a dormire. La notte comincia ad allontanarsi mentre s’infiltrano i primi raggi di sole, linee chiare sul tuo petto bruno d’estate, ne percorro i cammini di luce e di sale, e dormi ancora quando inizio la colazione.
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Tu dors comme je dormais un peu plus tôt, mais la lune est entrée par les fissures des persiennes, me réveillant et remuant mes rêves. Ton corps paresseux frissonne à chaque caresse comme si mes doigts étaient des mouches et ton phallus s’abandonne à la tendresse matinale de mes mains. Ton pénis grandit, se déplie et s’étire, s’allonge et se durcit, et tu continues de dormir. La nuit commence à s’éloigner tandis que pénètrent les premiers rayons du soleil, lignes claires sur ta poitrine brunie par l’été, j’en sillonne les chemins de lumière et de sel, et tu dors encore quand j’entame mon petitdéjeuner.
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Vengo nell’alba d’insonnia che mi mantiene ferma nell’oscurità. Vengo con formiche nello stomaco, solletichi, stimoli, eccitazione e anche timore. Vengo con un istante di paura nera. Vengo con la freschezza cocente, gin-tonic che scorre in gola, il tuo sorriso inebriante. Vengo come avendo nuotato fino alla boa rossa e sperando di poter tornare. Vengo come marea, flussi e riflussi, al ritmo della tua topografia. Vengo con fame e sete, anzi voracità. Vengo con i cinque sensi, gli spasmi, la coscienza acuta e l’abdicazione. Vengo. Ti aspetto. Vieni.
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Je viens dans l’aube d’insomnie qui me garde immobile dans l’obscurité. Je viens avec des fourmis dans l’estomac, chatouillements, impulsions, excitation et aussi crainte. Je viens avec un instant de peur noire. Je viens avec la fraîcheur cuisante, gin-tonic qui coule dans la gorge, ton sourire grisant. Je viens comme après avoir nagé jusqu’à la bouée rouge en espérant pouvoir revenir. Je viens comme la marée, flux et reflux, au rythme de ta topographie. Je viens avec faim et soif, ou plutôt, voracité. Je viens avec les cinq sens, les spasmes, la conscience en émoi et l’abdication. Je viens. Je t’attends. Viens.
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Svegliami. Apri la porta col silenzio del feltro, lascia fuori stanza la tua parvenza, entra con le prime ore, infilati tra le pieghe del letto e infondi il tuo calore nelle mie parentesi. Taci. Lascia brezze e canti di uccelli colmare la calma, rimani immobile mentre cedo i miei sogni ad un tuo abbraccio. Stringimi. Fammi rinascere dall’ombra con soave letizia e la promessa di un caffè per salutare una nuova giornata. Ciao, è l’ora. Mormorami albori per impaurire l’indolenza e portami un croissant.
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Réveille-moi. Ouvre la porte dans un silence feutré, laisse en dehors de la chambre tes apparences, entre avec les premières heures, infiltre-toi entre les plis du lit et imprime ta chaleur dans mes parenthèses. Tais-toi. Laisse la brise et le chant des oiseaux combler le calme, reste immobile pendant que je cède mes rêves à l’une de tes embrassades. Serre-moi. Faismoi renaître de l’ombre avec une joie suave et la promesse d’un café pour saluer la nouvelle journée. Bonjour, c’est l’heure. Murmure-moi des lueurs pour effrayer l’indolence et apportemoi un croissant.
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III
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Domenica di noia, tra nuvole basse e cielo grigio, l’orizzonte è sparito dietro gli edifici e sembra che non tornerà mai più la luce aurea dei giorni d’estate. Sono triste per l’assenza di colori e per il freddo che mi entra nei piedi. Vorrei ibernare. Tu, mi guardi e non sai cosa dire per scaldarmi, mi porti un tè, una torta e un bacio zuccherato, mi tocchi con mani tiepide e metti Bach con aria furba perché sai perfettamente che basteranno trenta variazioni per sciogliermi la malinconia.
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Dimanche d’ennui, entre nuages bas et ciel gris, l’horizon est disparu derrière les édifices et il semble que plus jamais ne reviendra la lumière dorée des jours d’été. L’absence de couleurs et le froid qui pénètre mes pieds me rendent triste. Je voudrais hiberner. Tu me regardes et ne sais pas quoi dire pour me réchauffer, tu m’apportes un thé, un gâteau et un baiser sucré, tu me touches de tes mains tièdes et fais jouer Bach avec un air rusé, car tu sais parfaitement que trente variations suffiront pour faire fondre ma mélancolie.
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La tua mano gioca con le mie dita, vivono insieme una loro vita di carezze ed intrecci, si cercano come animali, frugano gli interstizi, si cavalcano e si stringono, non badano a noi e sembrano scollegate dal resto dei nostri corpi. La mia mano gioca con le tue dita, se le porta in bocca, e non possiamo fare nulla mentre la mia lingua succhia la loro estremitĂ , siamo subordinati alle nostre pulsioni con le tue dita bagnate che scivolano ormai verso i territori incogniti.
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Ta main joue avec mes doigts, ils vivent ensemble leur vie de caresses et d’entrelacements, ils se cherchent comme des animaux, fouillent les interstices, se chevauchent et s’étreignent, ne s’occupent pas de nous et semblent déconnectés du reste de nos corps. Ma main joue avec tes doigts, les porte à ma bouche, et nous ne pouvons rien faire pendant que ma langue suce leur extrémité, nous sommes soumis à nos pulsions, tes doigts mouillés qui glissent désormais vers des territoires inconnus.
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Voglio fare l’amore senza la scusa di aver bevuto troppo vino, senza la sbornia, senza aspettare il momento giusto e l’orario logico, senza tabù, senza paura e senza vergogna, senza lenzuola, senza nascondermi e senza coprirmi, senza chiedermi il perché, il quando, il dove, senza pensare e senza pensieri, senza anticipazione, senza acrobazie, senza distanza e senza speranza, senza rallentare né esaltarmi, senza preoccuparmi di niente né di nessuno, senza disturbi e senza doveri, senza passato e senza futuro, senza fantasmi, senza rimorsi e purtroppo oggi senza di te.
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Je veux faire l’amour sans l’excuse d’avoir bu trop de vin, sans l’ivresse, sans attendre le bon moment et l’horaire logique, sans tabous, sans peur et sans gêne, sans draps, sans me cacher et sans me couvrir, sans me demander le pourquoi, le quand, l’endroit, sans penser et sans arrière-pensées, sans anticipation, sans acrobaties, sans distance et sans espérance, sans ralentir ni m’emporter, sans me préoccuper de rien ni de personne, sans dérangements et sans devoirs, sans passé et sans futur, sans fantasmes, sans remords et malheureusement aujourd’hui sans toi.
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Spesso mi chiedo se saprei riconoscerti con gli occhi chiusi, se le mie mani si ricorderebbero ogni virgola tua, se le mie dita saprebbero indovinarti o sbaglierebbero. Tocco il tuo corpo accecata dalla curiosità e cerco di inciderti nella mia mente, percorro ogni centimetro tuo e ti stringo lievemente per stampare il tuo essere nel mio ricordo futuro. Provo difficoltà con il tuo viso, mi vengono dubbi e non sono sicura di quello che percepisco, ti accarezzo da capo a piedi, non saprei dire cosa ti distingue, tra zigomi e naso, petto villoso o viso glabro, l’unica certezza che ho è il tepore inconfondibile del tuo pene addormentato nel mio palmo.
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Souvent je me demande si je saurais te reconnaître les yeux fermés, si mes mains se rappelleraient chacune de tes virgules, si mes doigts sauraient te deviner ou s’ils se tromperaient. Je touche ton corps aveuglée par la curiosité et cherche à te graver dans ma mémoire, je parcours chacun de tes centimètres et t’étreins doucement pour imprimer ton être dans mes souvenirs futurs. J’éprouve de la difficulté avec ton visage, des doutes me viennent et je ne suis pas certaine de ce que je perçois, je te caresse des pieds à la tête, je ne saurais dire ce qui te distingue, entre nez et pommettes, torse velu et visage glabre, la seule certitude que j’ai est la tiédeur incomparable de ton pénis endormi dans ma paume.
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IV
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Nevica. La città è sparita sotto un velo di bianca fiacchezza. Sparite le macchine e la cacofonia urbana, sparite le strade che ci portano fuori casa e sparita l’umanità. Siamo io e te in questa grande stanza, il mondo è svenuto mentre dormivamo. I fiocchi di neve continuano il loro cadere, lenta coreografia di puntini bianchi, la finestra come uno schermo TV, finiti tutti i programmi, torniamo a letto. Nevica. Si appannano i vetri e si cristallizzano i nostri sospiri, partitura gelida di movimenti ardenti. Voglio oziare accanto a te mentre aspettiamo i primi fiori.
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Il neige. La ville est disparue sous un voile de lassitude blanche. Disparues les voitures et la cacophonie urbaine, disparues les avenues qui nous mènent à l’extérieur de la maison et disparue l’humanité. Nous sommes toi et moi dans cette grande chambre, le monde s’est évanoui pendant que nous dormions. Les flocons de neige poursuivent leur chute, lente chorégraphie de petits points blancs, la fenêtre comme un écran télé, finies toutes les émissions, nous retournons au lit. Il neige. Les vitres s’embuent et nos soupirs se cristallisent, partition glaciale de mouvements ardents. Je veux paresser à tes côtés en attendant les premières fleurs.
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Oggi voglio stare quieta, il mio corpo chiede aiuto, i miei muscoli sono tesi da contratture felici, ora vorrei una sosta tra le tue braccia, arrotolare le mie gambe intorno alle tue e rimanere immobile, senza attese. Desidero il nulla, il niente, il tempo sospeso e un intermezzo per recuperare il fiato e il battere del polso. Stammi vicino e non ti muovere, lascia da parte il tuo sex appeal, quel richiamo del sesso che ci priva di riposo, e accompagnami nella morbidezza del sopore amoroso.
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Aujourd’hui je veux rester tranquille, mon corps appelle à l’aide, mes muscles sont tendus de contractures heureuses, maintenant je voudrais un répit entre tes bras, enrouler mes jambes autour des tiennes et demeurer immobile, sans attentes. Je désire le rien, le néant, le temps suspendu et un intermède pour retrouver le souffle et le rythme normal du cœur. Reste près de moi et ne bouge pas, mets de côté ton sex appeal, cet attrait du sexe qui nous prive de repos, et accompagne-moi dans la douceur de l’assoupissement amoureux.
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Quanto mi piace la notte, vorrei che il sonno si scordasse di me, non essere afferrata da lui, rimanere sveglia fino alle tre, alle quattro, alle cinque di mattina e andare a letto con la gioia di aver vinto contro l’oscurità. Non c’è pace di notte, soltanto un muto vociare di risate e sospiri, il tacito tumulto cittadino che mi mantiene desta quando sei via. Voglio vegliare il tuo ritorno con libri e tisane, scivolare lievemente tra cuscini e attesa, nascondermi dietro le mie palpebre porpore di stanchezza, e resistere.
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La nuit me plaît tant, je voudrais que le sommeil m’oublie, qu’il ne me saisisse pas, rester éveillée jusqu’à trois, quatre, cinq heures du matin et aller au lit avec la joie d’avoir vaincu l’obscurité. La nuit est sans paix, il n’y a que la rumeur muette des éclats de rire et des soupirs, le tumulte silencieux de la ville qui me garde alerte quand tu n’es pas là. Je veux veiller ton retour en compagnie de livres et de tisanes, glisser doucement entre coussins et attente, me cacher derrière mes paupières pourpres de fatigue, et résister.
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Il letto è vuoto quando mi sveglio, nessun rumore di doccia o caffè, nessun respiro, nessun profumo, il vuoto delle lenzuola gelide, l’assenza tua come morte, non rimane nemmeno la traccia della tua silhouette nel materasso, fantasma sparito nell’alba dei sospiri nonostante una permanenza di calore tra le mie cosce. Sfuggono immagini sfocate di una notte rovente di cui rimane solo il vapore nella brina mattutina. Dove sei? Cerco la tua presenza con domande che rimbalzano sui muri di pietra e cadono sul pavimento di legno scuro. Bisognerà aspettare il crepuscolo per la speranza di un tuo ritorno, o sognare nella vasca con bolle di sapone e mani subacquee.
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Le lit est vide quand je me réveille, aucun bruit de douche ou de café, aucune respiration, aucun parfum, le vide des draps gelés, ton absence comme une mort, il ne reste même pas la trace de ta silhouette dans le matelas, fantôme disparu dans l’aube des soupirs malgré la chaleur permanente entre mes cuisses. S’échappent des images floues d’une nuit brûlante dont il ne reste que la vapeur dans le givre matinal. Où es-tu ? Je cherche ta présence à coup de questions qui rebondissent sur les murs de pierre et tombent sur le plancher de bois foncé. Je devrai attendre le crépuscule pour espérer ton retour, ou rêver dans la baignoire avec des bulles de savon et les mains sous-marines.
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Nel buio della camera ti sento ancora vicino. Lo so che non tornerai mai più, che l’inverno ti ha portato via. Sento ancora il calore della tua mano nella mia ed il suo lento sciogliere verso uno sparire brutale e prematuro. Nell’oscurità la tua assenza non esiste, dormi accanto a me e scappi all’alba come l’amante che sempre sarai. Di notte non mi manchi perché ci sei, furtivo e invisibile, penetri i miei fantasmi e ti sento vivo. Per favore, spegni la luce.
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Dans la noirceur de la chambre je te sens encore près. Je sais que tu ne reviendras plus jamais, que l’hiver t’a emporté. Je sens encore la chaleur de ta main dans la mienne et sa lente fonte vers une disparition brutale et prématurée. Dans l’obscurité ton absence n’existe pas, tu dors à mes côtés et te sauves à l’aube comme l’amant que tu seras toujours. La nuit tu ne me manques pas parce que tu es là, furtif et invisible, tu pénètres mes fantasmes et je te sens vivant. S’il te plaît, éteins la lumière.
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Samantha Barendson Biografia Nata nel 1976 in Spagna da padre italiano e madre argentina, Samantha Barendson vive attualmente in Francia e lavora alla Scuola normale superiore di Lione. Autrice di poesia e romanzi, Samantha Barendson insiste in provocare incontri con altri artisti, siano questi poeti, musicisti, pittori, illustratori o fotografi. Fa parte del collettivo Le syndicat des poètes qui vont mourir un jour (Il circolo dei poeti che un giorno moriranno) il cui obiettivo è di promuovere la poesia per tutti ed ovunque, così come del collettivo Le cercle de la maison close (Il circolo del postribolo) che propone azioni artistiche unendo poesia, musica e arte plastica. Fa anche parte del progetto europeo Versopolis. Vincitrice del premio di poesia René Leynaud 2015 “Emergenza e resistenza”, riceve nel 2018 la borsa di creazione Gina Chenouard. Nel 2019 ottiene una residenza di scrittura alla Villa Marguerite Yourcenar.
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Samantha Barendson Biographie Née en 1976 en Espagne, de père italien et de mère argentine, Samantha Barendson vit en France et travaille actuellement à l’École normale supérieure de Lyon. Poétesse et romancière, elle aime plus que tout travailler avec d’autres poètes, peintres, illustrateurs, photographes ou musiciens. Elle fait partie du collectif Le syndicat des poètes qui vont mourir un jour dont le principal objectif est de promouvoir la poésie pour tous et partout, ainsi que du collectif Le cercle de la maison close qui propose des performances alliant poésie, musique et arts plastiques. Elle fait également partie du projet européen Versopolis. Lauréate 2015 du prix de poésie René Leynaud « Émergence & résistance », elle reçoit en 2018 la bourse de création Gina Chenouard de la Société de gens de lettres. En 2019, elle obtient une résidence d’écriture à la Villa Marguerite Yourcenar.
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Samantha Barendson Bibliografia / Bibliographie Romanzo / Roman Mon citronnier, Éditions Jean-Claude Lattès, 2017 Poesia / Poésie Tu m’aimes-tu ?, Le chat polaire, 2019 Machine arrière, La passe du vent, 2016 Le Citronnier, Le pédalo ivre, 2014 Le poème commun, avec Jean de Breyne, Lieux-dits, Collection Duos, 2012 Les Délits du corps / Los delitos del cuerpo, Christophe Chomant, 2011 Des coquelicots, Pré # carré, 2011 Letture & incontri / Lectures & rencontres : http://www.samantha-barendson.com/agenda/lecture/
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Melissa Verreault Biografia
Nata nel 1983, Mélissa Verreault è scrittrice, docente di scrittura creativa all’Università Laval, traduttrice, vicepresidente dell’Unione di scrittrici e scrittori quebecchesi, e madre di tre gemelle. Dopo aver vissuto a Montreal e in Italia, si è trasferita a Lévis con la sua famiglia. Tra i suoi scritti, L’angoisse du poisson rouge e Les voies de la disparition, due romanzi fortemente ispirati dalla storia e dalla cultura italiana. Come traduttrice, ha scritto le versioni francesi dei romanzi The Break (Katherena Vermette) e Liminal (Jordan Tannahill).
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Melissa Verreault Biographie Née en 1983, Mélissa Verreault est écrivaine, chargée de cours en création littéraire à l’Université Laval, traductrice, vice-présidente de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois et maman de triplées. Après avoir vécu à Montréal et en Italie, elle s’est installée à Lévis avec sa famille. À titre d’autrice, elle a entre autres fait paraître L’angoisse du poisson rouge et Les voies de la disparition, deux romans fortement inspirés par l’histoire et la culture italiennes. En tant que traductrice, elle a signé les versions françaises des romans The Break (Katherena Vermette) et Liminal (Jordan Tannahill).
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Ringraziamenti Voglio ringraziare gli amici che, in un modo o nell’altro, mi hanno aiutata nella stesura di queste pagine. Alessandro Jacopo Brusa, Àlex Susanna, Franca Alaimo, Tullio Corda, Milton Fernández, Claudio Pozzani e Mélissa Verreault per le riletture, correzioni, ristrutturazioni e consigli editoriali. E Jean-Christophe, l’uomo che mi accompagna. ***
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Remerciements Je désire remercier tous les amis qui, d’une manière ou d’une autre, m’ont aidée dans la rédaction de ces pages. Alessandro Jacopo Brusa, Àlex Susanna, Franca Alaimo, Tullio Corda, Milton Fernández, Claudio Pozzani et Mélissa Verreault pour les relectures, corrections, restructurations et conseils éditoriaux. Et Jean-Christophe, l’homme qui m’accompagne. ***
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Table Page Prefazione – Préface
4-7
I 11-35 II 37-61 III 63-87 IV 89-113 Samantha Barendson Biobibliografia – Biobibliographie
116-119
Mélissa Verreault Biografia – Biographie 120-121 Ringraziamenti – Remerciements 122-123
© Éditions La passe du vent http://www.lapasseduvent.com Illustration de couverture © Samantha Barendson Maquette, couverture et mise en page Myriam Chkoundali Relecture et corrections Michel Kneubühler
Ouvrage composé avec la police Adobe Garamond, corps 11 sur papier Bouffant – Ivoire 80 gr, couverture sur papier Couché Condat Silk/Mat – 300 gr.
Achevé d’imprimer par Smilkov Print Ltd — Bulgarie Dépôt légal – 2020