Collectif.- Quelles nouvelles ? La Peau des autres.© Genouilleux, Éditions La passe du vent, octobre 2015.14 x 20,5 cm, 156 p., ill.- ISBN 978-2-84562-279-1
Avec la collaboration et le soutien de l’Espace Pandora 7 place de la Paix 69200 Vénissieux
Avec la collaboration et le soutien de l’Espace Pandora 7 place de la Paix 69200 Vénissieux Collectif.- Quelles nouvelles ? La Peau des autres.© Genouilleux, Éditions La passe du vent, octobre 2015.14 x 20,5 cm, 156 p., ill.- ISBN 978-2-84562-279-1
Livre QN ? 2015_Passage à l'acte 16/10/15 15:08 Page2
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Collectif.- Quelles nouvelles ? La Peau des autres.© Genouilleux, Éditions La passe du vent, octobre 2015.14 x 20,5 cm, 156 p., ill.- ISBN 978-2-84562-279-1
Avec la collaboration et le soutien de l’Espace Pandora 7 place de la Paix 69200 Vénissieux
Avec la collaboration et le soutien de l’Espace Pandora 7 place de la Paix 69200 Vénissieux Collectif.- Quelles nouvelles ? La Peau des autres.© Genouilleux, Éditions La passe du vent, octobre 2015.14 x 20,5 cm, 156 p., ill.- ISBN 978-2-84562-279-1
LA PEAU DES AUTRES
Illustrations de Lucy Watts
QUELLES NOUVELLES ?
Préface de Valère Staraselski
Préface de Valère Staraselski
QUELLES NOUVELLES ?
Illustrations de Lucy Watts
LA PEAU DES AUTRES Livre QN ? 2015_Passage à l'acte 16/10/15 15:08 Page3 Livre QN ? 2015_Passage à l'acte 16/10/15 15:08 Page3
LA PEAU DES AUTRES
Illustrations de Lucy Watts
QUELLES NOUVELLES ?
Préface de Valère Staraselski
Préface de Valère Staraselski
QUELLES NOUVELLES ?
LA PEAU DES AUTRES
Illustrations de Lucy Watts
Livre QN ? 2015_Passage à l'acte 16/10/15 15:08 Page4
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PRÉFACE
Cependant, et sans remonter jusqu’à Platon dont on sait qu’il chassait peintres et poètes de sa cité idéale puisque selon lui toute œuvre fictionnelle ment, on se risquera à répondre – au prof de philo – que non seulement la fiction dit la réalité mieux que toute autre approche du réel mais qu’en outre, la littérature, la vraie, émet de la pensée. Que la littérature, c’est de la pensée, plus l’émotion et parfois la beauté. Par littérature, j’entends celle qui refuse d’être assignée à résidence médiatique, celle qui s’écrit loin de l’ordre établi qui se répand sous les sunlights du spectacle permanent. L’apparence de liberté totale ne correspond-elle pas trop souvent à la société
LA PEAU DES AUTRES
Ainsi, lors d’une énième joute télévisée d’un samedi soir à quoi les nouveaux maîtres et leurs obligés tentent désormais de réduire la culture, un prof de philo médiatique (c’est un métier) lança à un présentateur écrivain, tout aussi médiatique et tout aussi gonflé de son quant-à-soi puisque récipiendaire d’un prix littéraire national, il lui lança donc : que la pensée, ça n’était pas fait pour lui !... Pas très gentil… Mais en l’occurrence et relativement à l’écrivain en question, le prof de philo n’avait pas tout à fait tort, car l’égocentrisme n’a jamais fait une œuvre.
Paradoxe de notre temps – enfin, pas tout à fait, parce que chacun voit que les jeux et le cirque règnent dans nos contrées – les plus puissants des écrans médiatiques en service font trop souvent écran à la réalité. D’où l’utilité de l’art. À commencer par la littérature.
Paradoxe de notre temps – enfin, pas tout à fait, parce que chacun voit que les jeux et le cirque règnent dans nos contrées – les plus puissants des écrans médiatiques en service font trop souvent écran à la réalité. D’où l’utilité de l’art. À commencer par la littérature.
Ainsi, lors d’une énième joute télévisée d’un samedi soir à quoi les nouveaux maîtres et leurs obligés tentent désormais de réduire la culture, un prof de philo médiatique (c’est un métier) lança à un présentateur écrivain, tout aussi médiatique et tout aussi gonflé de son quant-à-soi puisque récipiendaire d’un prix littéraire national, il lui lança donc : que la pensée, ça n’était pas fait pour lui !... Pas très gentil… Mais en l’occurrence et relativement à l’écrivain en question, le prof de philo n’avait pas tout à fait tort, car l’égocentrisme n’a jamais fait une œuvre.
LA PEAU DES AUTRES
Cependant, et sans remonter jusqu’à Platon dont on sait qu’il chassait peintres et poètes de sa cité idéale puisque selon lui toute œuvre fictionnelle ment, on se risquera à répondre – au prof de philo – que non seulement la fiction dit la réalité mieux que toute autre approche du réel mais qu’en outre, la littérature, la vraie, émet de la pensée. Que la littérature, c’est de la pensée, plus l’émotion et parfois la beauté. Par littérature, j’entends celle qui refuse d’être assignée à résidence médiatique, celle qui s’écrit loin de l’ordre établi qui se répand sous les sunlights du spectacle permanent. L’apparence de liberté totale ne correspond-elle pas trop souvent à la société
PRÉFACE
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PRÉFACE
Cependant, et sans remonter jusqu’à Platon dont on sait qu’il chassait peintres et poètes de sa cité idéale puisque selon lui toute œuvre fictionnelle ment, on se risquera à répondre – au prof de philo – que non seulement la fiction dit la réalité mieux que toute autre approche du réel mais qu’en outre, la littérature, la vraie, émet de la pensée. Que la littérature, c’est de la pensée, plus l’émotion et parfois la beauté. Par littérature, j’entends celle qui refuse d’être assignée à résidence médiatique, celle qui s’écrit loin de l’ordre établi qui se répand sous les sunlights du spectacle permanent. L’apparence de liberté totale ne correspond-elle pas trop souvent à la société
LA PEAU DES AUTRES
Ainsi, lors d’une énième joute télévisée d’un samedi soir à quoi les nouveaux maîtres et leurs obligés tentent désormais de réduire la culture, un prof de philo médiatique (c’est un métier) lança à un présentateur écrivain, tout aussi médiatique et tout aussi gonflé de son quant-à-soi puisque récipiendaire d’un prix littéraire national, il lui lança donc : que la pensée, ça n’était pas fait pour lui !... Pas très gentil… Mais en l’occurrence et relativement à l’écrivain en question, le prof de philo n’avait pas tout à fait tort, car l’égocentrisme n’a jamais fait une œuvre.
Paradoxe de notre temps – enfin, pas tout à fait, parce que chacun voit que les jeux et le cirque règnent dans nos contrées – les plus puissants des écrans médiatiques en service font trop souvent écran à la réalité. D’où l’utilité de l’art. À commencer par la littérature.
Paradoxe de notre temps – enfin, pas tout à fait, parce que chacun voit que les jeux et le cirque règnent dans nos contrées – les plus puissants des écrans médiatiques en service font trop souvent écran à la réalité. D’où l’utilité de l’art. À commencer par la littérature.
Ainsi, lors d’une énième joute télévisée d’un samedi soir à quoi les nouveaux maîtres et leurs obligés tentent désormais de réduire la culture, un prof de philo médiatique (c’est un métier) lança à un présentateur écrivain, tout aussi médiatique et tout aussi gonflé de son quant-à-soi puisque récipiendaire d’un prix littéraire national, il lui lança donc : que la pensée, ça n’était pas fait pour lui !... Pas très gentil… Mais en l’occurrence et relativement à l’écrivain en question, le prof de philo n’avait pas tout à fait tort, car l’égocentrisme n’a jamais fait une œuvre.
LA PEAU DES AUTRES
Cependant, et sans remonter jusqu’à Platon dont on sait qu’il chassait peintres et poètes de sa cité idéale puisque selon lui toute œuvre fictionnelle ment, on se risquera à répondre – au prof de philo – que non seulement la fiction dit la réalité mieux que toute autre approche du réel mais qu’en outre, la littérature, la vraie, émet de la pensée. Que la littérature, c’est de la pensée, plus l’émotion et parfois la beauté. Par littérature, j’entends celle qui refuse d’être assignée à résidence médiatique, celle qui s’écrit loin de l’ordre établi qui se répand sous les sunlights du spectacle permanent. L’apparence de liberté totale ne correspond-elle pas trop souvent à la société
PRÉFACE
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d’aujourd’hui où tout fait marchandise et où l’assaut du ciel se fait davantage avec des gratte-ciel démesurés (c’est un pléonasme) qu’avec des mots ou des notes de musique, par exemple ? Vouloir « gratter » le ciel est vain, le montrer à celles et ceux qui l’ont perdu de vue paraît plus utile. Ainsi que l’écrit le poète Laurent Mouney, « le système s’autoalimente, déployant le peu qu’il lui reste d’énergie pour éliminer les voix discordantes, les intrus qui pointeraient leur nez ». C’est pourquoi, en littérature comme en amour, le plus souvent il vaut mieux s’inviter ! C’est ce à quoi s’emploie l’Espace Pandora en organisant chaque année un concours de nouvelles ouvert à des amateurs avec, à la clé, cette publication que vous tenez entre les mains, présentant un choix de textes effectué par un jury que j’ai eu l’honneur de présider. Pour tout dire, le titre de ce recueil, La Peau des autres, me renvoie à la mémoire des périodes guerrières de l’Occident et tout d’abord à celle dite de la Grande Guerre. Oui, 14-18, qui fit neuf millions de morts et vingt millions de blessés. Qui se souvient de l’horreur des gueules cassées ?... Donc, de cette guerre après laquelle l’expression « avec la peau des autres » donnera chair, en quelque sorte, au mot d’Anatole France : « on croit mourir pour la patrie alors qu’on meurt pour des industriels ! »… Chaque génération qui entreprend d’écrire dit son temps. 14-18 où Le Feu d’Henri Barbusse, Les Croix de bois de Roland Dorgelès, La Peur de Gabriel Chevallier, côté français, À l’ouest rien de nouveau d’Erich Maria Remarque ou Orages d’acier d’Ernst Jünger, côté allemand. Si chaque génération dit son temps, avec les nouvelles de La Peau des autres, on entre dans le présent, ou plus exactement dans la perception que les auteurs ont de ce début de siècle. Et, si on n’aime
Si chaque génération dit son temps, avec les nouvelles de La Peau des autres, on entre dans le présent, ou plus exactement dans la perception que les auteurs ont de ce début de siècle. Et, si on n’aime Chaque génération qui entreprend d’écrire dit son temps. 14-18 où Le Feu d’Henri Barbusse, Les Croix de bois de Roland Dorgelès, La Peur de Gabriel Chevallier, côté français, À l’ouest rien de nouveau d’Erich Maria Remarque ou Orages d’acier d’Ernst Jünger, côté allemand. Pour tout dire, le titre de ce recueil, La Peau des autres, me renvoie à la mémoire des périodes guerrières de l’Occident et tout d’abord à celle dite de la Grande Guerre. Oui, 14-18, qui fit neuf millions de morts et vingt millions de blessés. Qui se souvient de l’horreur des gueules cassées ?... Donc, de cette guerre après laquelle l’expression « avec la peau des autres » donnera chair, en quelque sorte, au mot d’Anatole France : « on croit mourir pour la patrie alors qu’on meurt pour des industriels ! »… C’est pourquoi, en littérature comme en amour, le plus souvent il vaut mieux s’inviter ! C’est ce à quoi s’emploie l’Espace Pandora en organisant chaque année un concours de nouvelles ouvert à des amateurs avec, à la clé, cette publication que vous tenez entre les mains, présentant un choix de textes effectué par un jury que j’ai eu l’honneur de présider. Ainsi que l’écrit le poète Laurent Mouney, « le système s’autoalimente, déployant le peu qu’il lui reste d’énergie pour éliminer les voix discordantes, les intrus qui pointeraient leur nez ». d’aujourd’hui où tout fait marchandise et où l’assaut du ciel se fait davantage avec des gratte-ciel démesurés (c’est un pléonasme) qu’avec des mots ou des notes de musique, par exemple ? Vouloir « gratter » le ciel est vain, le montrer à celles et ceux qui l’ont perdu de vue paraît plus utile.
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d’aujourd’hui où tout fait marchandise et où l’assaut du ciel se fait davantage avec des gratte-ciel démesurés (c’est un pléonasme) qu’avec des mots ou des notes de musique, par exemple ? Vouloir « gratter » le ciel est vain, le montrer à celles et ceux qui l’ont perdu de vue paraît plus utile. Ainsi que l’écrit le poète Laurent Mouney, « le système s’autoalimente, déployant le peu qu’il lui reste d’énergie pour éliminer les voix discordantes, les intrus qui pointeraient leur nez ». C’est pourquoi, en littérature comme en amour, le plus souvent il vaut mieux s’inviter ! C’est ce à quoi s’emploie l’Espace Pandora en organisant chaque année un concours de nouvelles ouvert à des amateurs avec, à la clé, cette publication que vous tenez entre les mains, présentant un choix de textes effectué par un jury que j’ai eu l’honneur de présider. Pour tout dire, le titre de ce recueil, La Peau des autres, me renvoie à la mémoire des périodes guerrières de l’Occident et tout d’abord à celle dite de la Grande Guerre. Oui, 14-18, qui fit neuf millions de morts et vingt millions de blessés. Qui se souvient de l’horreur des gueules cassées ?... Donc, de cette guerre après laquelle l’expression « avec la peau des autres » donnera chair, en quelque sorte, au mot d’Anatole France : « on croit mourir pour la patrie alors qu’on meurt pour des industriels ! »… Chaque génération qui entreprend d’écrire dit son temps. 14-18 où Le Feu d’Henri Barbusse, Les Croix de bois de Roland Dorgelès, La Peur de Gabriel Chevallier, côté français, À l’ouest rien de nouveau d’Erich Maria Remarque ou Orages d’acier d’Ernst Jünger, côté allemand. Si chaque génération dit son temps, avec les nouvelles de La Peau des autres, on entre dans le présent, ou plus exactement dans la perception que les auteurs ont de ce début de siècle. Et, si on n’aime 8
Si chaque génération dit son temps, avec les nouvelles de La Peau des autres, on entre dans le présent, ou plus exactement dans la perception que les auteurs ont de ce début de siècle. Et, si on n’aime Chaque génération qui entreprend d’écrire dit son temps. 14-18 où Le Feu d’Henri Barbusse, Les Croix de bois de Roland Dorgelès, La Peur de Gabriel Chevallier, côté français, À l’ouest rien de nouveau d’Erich Maria Remarque ou Orages d’acier d’Ernst Jünger, côté allemand. Pour tout dire, le titre de ce recueil, La Peau des autres, me renvoie à la mémoire des périodes guerrières de l’Occident et tout d’abord à celle dite de la Grande Guerre. Oui, 14-18, qui fit neuf millions de morts et vingt millions de blessés. Qui se souvient de l’horreur des gueules cassées ?... Donc, de cette guerre après laquelle l’expression « avec la peau des autres » donnera chair, en quelque sorte, au mot d’Anatole France : « on croit mourir pour la patrie alors qu’on meurt pour des industriels ! »… C’est pourquoi, en littérature comme en amour, le plus souvent il vaut mieux s’inviter ! C’est ce à quoi s’emploie l’Espace Pandora en organisant chaque année un concours de nouvelles ouvert à des amateurs avec, à la clé, cette publication que vous tenez entre les mains, présentant un choix de textes effectué par un jury que j’ai eu l’honneur de présider. Ainsi que l’écrit le poète Laurent Mouney, « le système s’autoalimente, déployant le peu qu’il lui reste d’énergie pour éliminer les voix discordantes, les intrus qui pointeraient leur nez ». d’aujourd’hui où tout fait marchandise et où l’assaut du ciel se fait davantage avec des gratte-ciel démesurés (c’est un pléonasme) qu’avec des mots ou des notes de musique, par exemple ? Vouloir « gratter » le ciel est vain, le montrer à celles et ceux qui l’ont perdu de vue paraît plus utile.
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LA PEAU DES AUTRES
QUELLES NOUVELLES ? QUELLES NOUVELLES ?
LA PEAU DES AUTRES Livre QN ? 2015_Passage à l'acte 16/10/15 15:08 Page11 Livre QN ? 2015_Passage à l'acte 16/10/15 15:08 Page11
LA PEAU DES AUTRES
QUELLES NOUVELLES ? QUELLES NOUVELLES ?
LA PEAU DES AUTRES
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FRÉDÉRIQUE BIASETTI
LES HAUTS PLATEAUX LES HAUTS PLATEAUX
FRÉDÉRIQUE BIASETTI Livre QN ? 2015_Passage à l'acte 16/10/15 15:08 Page13 Livre QN ? 2015_Passage à l'acte 16/10/15 15:08 Page13
FRÉDÉRIQUE BIASETTI
LES HAUTS PLATEAUX LES HAUTS PLATEAUX
FRÉDÉRIQUE BIASETTI
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Les hauts plateaux
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Ça fait trois jours que je fais ce boulot. Et je ne sais pas si je vais pouvoir m’habituer. Je sais que je n’ai pas trop le choix, alors je serre les dents et me bouche les oreilles. Malgré ça, malgré la force et la concentration que je convoque, malgré tous mes muscles tendus à se rompre et mes yeux exorbités, fixés sur la route qui défile, je les entends. J’entends les coups sourds, les coups mous, les coups fiévreux d’où la peur suinte, les coups brusques d’où la rage fuse. J’entends les coups et, chacun de ces coups, je les sens dans mon corps. Les coups prennent forme dans mon corps ; mes entrailles se soulèvent, mon cou se tasse, mes mains suent, ma gorge s’obstrue, mes dents se mordent. Dans un geste saccadé, nerveux, presque fébrile, j’augmente le volume de la radio. La musique assainit un court instant l’atmosphère, comme des fenêtres largement ouvertes sur un front de mer venteux. Je souffle mais je sais le répit de courte durée. Les coups reprendront leur mélopée morbide, ils continueront d’égrener, au fil des kilomètres, la peur, la rage.
Il fait froid ce matin-là, le matin où j’entoure l’annonce d’un cercle au feutre rouge. Un cercle décidé, confiant, entier. Un cercle total qui réduit les incertitudes au néant. Aucun vide dans ce cercle où chaque bout se rejoint. Ma main glisse et la pointe du feutre neuf, grasse et affûtée, trace le cercle comme par magie. Le mouvement est doux et ferme, le cerveau apaisé. Le vent fouette mon visage, mon café refroidit, j’allume une cigarette en tournant le dos à la mer, face à la baie vitrée du bar où je squatte avec tant d’autres. Je connais tous les visages qui, derrière la vitre opaque du sel projeté là par les vagues, fixent l’horizon d’un regard bouché. Je connais chacun de ces regards perdus un peu plus chaque jour, chacune de ces bouches affaissées un peu plus chaque jour, chacun de ces dos voûtés un peu plus chaque jour. Je les connais tous, je connais leur histoire à tous. D’ailleurs, il n’y en a qu’une, la même pour tous. Ils se la partagent
*
*
Il fait froid ce matin-là, le matin où j’entoure l’annonce d’un cercle au feutre rouge. Un cercle décidé, confiant, entier. Un cercle total qui réduit les incertitudes au néant. Aucun vide dans ce cercle où chaque bout se rejoint. Ma main glisse et la pointe du feutre neuf, grasse et affûtée, trace le cercle comme par magie. Le mouvement est doux et ferme, le cerveau apaisé. Le vent fouette mon visage, mon café refroidit, j’allume une cigarette en tournant le dos à la mer, face à la baie vitrée du bar où je squatte avec tant d’autres. Je connais tous les visages qui, derrière la vitre opaque du sel projeté là par les vagues, fixent l’horizon d’un regard bouché. Je connais chacun de ces regards perdus un peu plus chaque jour, chacune de ces bouches affaissées un peu plus chaque jour, chacun de ces dos voûtés un peu plus chaque jour. Je les connais tous, je connais leur histoire à tous. D’ailleurs, il n’y en a qu’une, la même pour tous. Ils se la partagent
Ça fait trois jours que je fais ce boulot. Et je ne sais pas si je vais pouvoir m’habituer. Je sais que je n’ai pas trop le choix, alors je serre les dents et me bouche les oreilles. Malgré ça, malgré la force et la concentration que je convoque, malgré tous mes muscles tendus à se rompre et mes yeux exorbités, fixés sur la route qui défile, je les entends. J’entends les coups sourds, les coups mous, les coups fiévreux d’où la peur suinte, les coups brusques d’où la rage fuse. J’entends les coups et, chacun de ces coups, je les sens dans mon corps. Les coups prennent forme dans mon corps ; mes entrailles se soulèvent, mon cou se tasse, mes mains suent, ma gorge s’obstrue, mes dents se mordent. Dans un geste saccadé, nerveux, presque fébrile, j’augmente le volume de la radio. La musique assainit un court instant l’atmosphère, comme des fenêtres largement ouvertes sur un front de mer venteux. Je souffle mais je sais le répit de courte durée. Les coups reprendront leur mélopée morbide, ils continueront d’égrener, au fil des kilomètres, la peur, la rage.
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Les hauts plateaux
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Les hauts plateaux
17 Les hauts plateaux
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Ça fait trois jours que je fais ce boulot. Et je ne sais pas si je vais pouvoir m’habituer. Je sais que je n’ai pas trop le choix, alors je serre les dents et me bouche les oreilles. Malgré ça, malgré la force et la concentration que je convoque, malgré tous mes muscles tendus à se rompre et mes yeux exorbités, fixés sur la route qui défile, je les entends. J’entends les coups sourds, les coups mous, les coups fiévreux d’où la peur suinte, les coups brusques d’où la rage fuse. J’entends les coups et, chacun de ces coups, je les sens dans mon corps. Les coups prennent forme dans mon corps ; mes entrailles se soulèvent, mon cou se tasse, mes mains suent, ma gorge s’obstrue, mes dents se mordent. Dans un geste saccadé, nerveux, presque fébrile, j’augmente le volume de la radio. La musique assainit un court instant l’atmosphère, comme des fenêtres largement ouvertes sur un front de mer venteux. Je souffle mais je sais le répit de courte durée. Les coups reprendront leur mélopée morbide, ils continueront d’égrener, au fil des kilomètres, la peur, la rage.
Il fait froid ce matin-là, le matin où j’entoure l’annonce d’un cercle au feutre rouge. Un cercle décidé, confiant, entier. Un cercle total qui réduit les incertitudes au néant. Aucun vide dans ce cercle où chaque bout se rejoint. Ma main glisse et la pointe du feutre neuf, grasse et affûtée, trace le cercle comme par magie. Le mouvement est doux et ferme, le cerveau apaisé. Le vent fouette mon visage, mon café refroidit, j’allume une cigarette en tournant le dos à la mer, face à la baie vitrée du bar où je squatte avec tant d’autres. Je connais tous les visages qui, derrière la vitre opaque du sel projeté là par les vagues, fixent l’horizon d’un regard bouché. Je connais chacun de ces regards perdus un peu plus chaque jour, chacune de ces bouches affaissées un peu plus chaque jour, chacun de ces dos voûtés un peu plus chaque jour. Je les connais tous, je connais leur histoire à tous. D’ailleurs, il n’y en a qu’une, la même pour tous. Ils se la partagent
*
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Il fait froid ce matin-là, le matin où j’entoure l’annonce d’un cercle au feutre rouge. Un cercle décidé, confiant, entier. Un cercle total qui réduit les incertitudes au néant. Aucun vide dans ce cercle où chaque bout se rejoint. Ma main glisse et la pointe du feutre neuf, grasse et affûtée, trace le cercle comme par magie. Le mouvement est doux et ferme, le cerveau apaisé. Le vent fouette mon visage, mon café refroidit, j’allume une cigarette en tournant le dos à la mer, face à la baie vitrée du bar où je squatte avec tant d’autres. Je connais tous les visages qui, derrière la vitre opaque du sel projeté là par les vagues, fixent l’horizon d’un regard bouché. Je connais chacun de ces regards perdus un peu plus chaque jour, chacune de ces bouches affaissées un peu plus chaque jour, chacun de ces dos voûtés un peu plus chaque jour. Je les connais tous, je connais leur histoire à tous. D’ailleurs, il n’y en a qu’une, la même pour tous. Ils se la partagent
Ça fait trois jours que je fais ce boulot. Et je ne sais pas si je vais pouvoir m’habituer. Je sais que je n’ai pas trop le choix, alors je serre les dents et me bouche les oreilles. Malgré ça, malgré la force et la concentration que je convoque, malgré tous mes muscles tendus à se rompre et mes yeux exorbités, fixés sur la route qui défile, je les entends. J’entends les coups sourds, les coups mous, les coups fiévreux d’où la peur suinte, les coups brusques d’où la rage fuse. J’entends les coups et, chacun de ces coups, je les sens dans mon corps. Les coups prennent forme dans mon corps ; mes entrailles se soulèvent, mon cou se tasse, mes mains suent, ma gorge s’obstrue, mes dents se mordent. Dans un geste saccadé, nerveux, presque fébrile, j’augmente le volume de la radio. La musique assainit un court instant l’atmosphère, comme des fenêtres largement ouvertes sur un front de mer venteux. Je souffle mais je sais le répit de courte durée. Les coups reprendront leur mélopée morbide, ils continueront d’égrener, au fil des kilomètres, la peur, la rage.
FRÉDÉRIQUE BIASETTI
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sans qu’elle diminue pour autant, ni leur part d’ailleurs. C’est un gros gâteau écœurant qui se reproduit de lui-même. En formant le cercle rouge, je me suis éloigné d’eux, pour qui l’espoir ne se matérialise plus ni dans les cercles rouges, ni dans rien. Même le mot, ils ne savent plus l’écrire, encore moins le penser. Est-ce le froid ? Les gargouillements de mon ventre ? Leur présense vaporeuse ? Je ne sais plus aujourd’hui pourquoi j’ai tracé ce cercle rouge. Je ne sais plus aujourd’hui pourquoi j’y ai cru encore une fois. Je ne sais pas ce que je fous-là. * Les coups ont repris de plus belle, et cette fois, même la musique ne peut dissiper l’angoisse qui me prend. Je n’essaie plus de raisonner, de m’agripper à cette dernière branche qui, à mesure que la violence des coups décuple, se fendille, gémit. Est-ce la branche ou est-ce moi qui gémis ? Mes mains moites sur le volant n’agrippent plus rien non plus. La route ne défile plus, elle m’attaque, de front. Toute la nuit j’ai roulé. Toute la nuit j’ai lutté. Contre le sommeil d’abord, et contre les coups. Mais soudain, le soleil qui fait blêmir le ciel, là, juste en face de moi, qui ne m’éblouit pas encore mais qui s’y prépare, réveille en moi l’envie profonde de dormir et celle, plus profonde encore, chez eux, de vivre. Sur la gauche, mirage encore fragile, luisent les lumières inutiles désormais d’un bar pour nous, ceux qui roulent, ceux qui avalent des kilomètres et pour s’y résoudre, avalent des cafés entre les kilomètres. Je fais virer le camion vers ce mirage réel. Le parking est vaste, désolé. Les arbres sont maigrichons et les lumières fluorescentes dans ce matin blême aggravent l’étrangeté du lieu. La baraque, construite au milieu de nulle part, encerclée par les mastodontes de ferraille, semble bien fragile, comme la serveuse, si fine qu’on croirait une gamine au milieu des hommes assortis à leur
Sur la gauche, mirage encore fragile, luisent les lumières inutiles désormais d’un bar pour nous, ceux qui roulent, ceux qui avalent des kilomètres et pour s’y résoudre, avalent des cafés entre les kilomètres. Je fais virer le camion vers ce mirage réel. Le parking est vaste, désolé. Les arbres sont maigrichons et les lumières fluorescentes dans ce matin blême aggravent l’étrangeté du lieu. La baraque, construite au milieu de nulle part, encerclée par les mastodontes de ferraille, semble bien fragile, comme la serveuse, si fine qu’on croirait une gamine au milieu des hommes assortis à leur Les coups ont repris de plus belle, et cette fois, même la musique ne peut dissiper l’angoisse qui me prend. Je n’essaie plus de raisonner, de m’agripper à cette dernière branche qui, à mesure que la violence des coups décuple, se fendille, gémit. Est-ce la branche ou est-ce moi qui gémis ? Mes mains moites sur le volant n’agrippent plus rien non plus. La route ne défile plus, elle m’attaque, de front. Toute la nuit j’ai roulé. Toute la nuit j’ai lutté. Contre le sommeil d’abord, et contre les coups. Mais soudain, le soleil qui fait blêmir le ciel, là, juste en face de moi, qui ne m’éblouit pas encore mais qui s’y prépare, réveille en moi l’envie profonde de dormir et celle, plus profonde encore, chez eux, de vivre. * Est-ce le froid ? Les gargouillements de mon ventre ? Leur présense vaporeuse ? Je ne sais plus aujourd’hui pourquoi j’ai tracé ce cercle rouge. Je ne sais plus aujourd’hui pourquoi j’y ai cru encore une fois. Je ne sais pas ce que je fous-là. En formant le cercle rouge, je me suis éloigné d’eux, pour qui l’espoir ne se matérialise plus ni dans les cercles rouges, ni dans rien. Même le mot, ils ne savent plus l’écrire, encore moins le penser. sans qu’elle diminue pour autant, ni leur part d’ailleurs. C’est un gros gâteau écœurant qui se reproduit de lui-même.
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FRÉDÉRIQUE BIASETTI
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sans qu’elle diminue pour autant, ni leur part d’ailleurs. C’est un gros gâteau écœurant qui se reproduit de lui-même. En formant le cercle rouge, je me suis éloigné d’eux, pour qui l’espoir ne se matérialise plus ni dans les cercles rouges, ni dans rien. Même le mot, ils ne savent plus l’écrire, encore moins le penser. Est-ce le froid ? Les gargouillements de mon ventre ? Leur présense vaporeuse ? Je ne sais plus aujourd’hui pourquoi j’ai tracé ce cercle rouge. Je ne sais plus aujourd’hui pourquoi j’y ai cru encore une fois. Je ne sais pas ce que je fous-là. * Les coups ont repris de plus belle, et cette fois, même la musique ne peut dissiper l’angoisse qui me prend. Je n’essaie plus de raisonner, de m’agripper à cette dernière branche qui, à mesure que la violence des coups décuple, se fendille, gémit. Est-ce la branche ou est-ce moi qui gémis ? Mes mains moites sur le volant n’agrippent plus rien non plus. La route ne défile plus, elle m’attaque, de front. Toute la nuit j’ai roulé. Toute la nuit j’ai lutté. Contre le sommeil d’abord, et contre les coups. Mais soudain, le soleil qui fait blêmir le ciel, là, juste en face de moi, qui ne m’éblouit pas encore mais qui s’y prépare, réveille en moi l’envie profonde de dormir et celle, plus profonde encore, chez eux, de vivre. Sur la gauche, mirage encore fragile, luisent les lumières inutiles désormais d’un bar pour nous, ceux qui roulent, ceux qui avalent des kilomètres et pour s’y résoudre, avalent des cafés entre les kilomètres. Je fais virer le camion vers ce mirage réel. Le parking est vaste, désolé. Les arbres sont maigrichons et les lumières fluorescentes dans ce matin blême aggravent l’étrangeté du lieu. La baraque, construite au milieu de nulle part, encerclée par les mastodontes de ferraille, semble bien fragile, comme la serveuse, si fine qu’on croirait une gamine au milieu des hommes assortis à leur 18
Sur la gauche, mirage encore fragile, luisent les lumières inutiles désormais d’un bar pour nous, ceux qui roulent, ceux qui avalent des kilomètres et pour s’y résoudre, avalent des cafés entre les kilomètres. Je fais virer le camion vers ce mirage réel. Le parking est vaste, désolé. Les arbres sont maigrichons et les lumières fluorescentes dans ce matin blême aggravent l’étrangeté du lieu. La baraque, construite au milieu de nulle part, encerclée par les mastodontes de ferraille, semble bien fragile, comme la serveuse, si fine qu’on croirait une gamine au milieu des hommes assortis à leur Les coups ont repris de plus belle, et cette fois, même la musique ne peut dissiper l’angoisse qui me prend. Je n’essaie plus de raisonner, de m’agripper à cette dernière branche qui, à mesure que la violence des coups décuple, se fendille, gémit. Est-ce la branche ou est-ce moi qui gémis ? Mes mains moites sur le volant n’agrippent plus rien non plus. La route ne défile plus, elle m’attaque, de front. Toute la nuit j’ai roulé. Toute la nuit j’ai lutté. Contre le sommeil d’abord, et contre les coups. Mais soudain, le soleil qui fait blêmir le ciel, là, juste en face de moi, qui ne m’éblouit pas encore mais qui s’y prépare, réveille en moi l’envie profonde de dormir et celle, plus profonde encore, chez eux, de vivre. * Est-ce le froid ? Les gargouillements de mon ventre ? Leur présense vaporeuse ? Je ne sais plus aujourd’hui pourquoi j’ai tracé ce cercle rouge. Je ne sais plus aujourd’hui pourquoi j’y ai cru encore une fois. Je ne sais pas ce que je fous-là. En formant le cercle rouge, je me suis éloigné d’eux, pour qui l’espoir ne se matérialise plus ni dans les cercles rouges, ni dans rien. Même le mot, ils ne savent plus l’écrire, encore moins le penser. sans qu’elle diminue pour autant, ni leur part d’ailleurs. C’est un gros gâteau écœurant qui se reproduit de lui-même. FRÉDÉRIQUE BIASETTI
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JÉRÔME FALLAVOLITA
GIANNI GIANNI
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Gianni
33 1. Régionalisme signifiant « La piu bella », traduire par « La plus belle ».
La horde de pigeons fendait le ciel lyonnais, pressée par l’envie impérieuse et le désir, devenu une habitude, de se poser sur la place. Une hâte légitimée par l’appât proposé chaque jour, sans jamais y déroger, d’une distribution de miettes de pain, envoyées par un vieux monsieur.
Son propriétaire portait celui de Gianni, Gianni De Blasi. Un nom hérité de ses ancêtres transalpins, plus précisément de Putignano, une petite commune attenante à Bari dans la belle région sudiste des Pouilles, et que son père, Filipo, aimait appeler autrement : « La tiu bella1 ». Il avait grandi dans cette ville, vécu dans cette ville, aimé cette ville et sa région, avant de la quitter à tout jamais sans avoir même le droit de se retourner. Il en conservait pour toujours une image impérissable ; ce genre d’image qui brise la nostalgie des longues périodes de solitude, des longues périodes d’isolement.
L’homme marchait le long de la rue menant à la place, doucement, respectant chacun de ses pas comme s’il ne pourrait plus jamais réaliser le suivant. Une démarche lente, simple, mesurée, sur le rythme d’un slow tellement de fois répété. Chaque jour, il se rendait sur un banc, toujours le même ; sur cette place pour distribuer à ses amis plumés leur ration de miettes.
À ses côtés, clopinait un vieux chien à poil ras dont la robe, salie par les années, virait d’un ton jaune terne presque au marron. En des temps plus anciens, elle devait resplendir de l’éclat de l’or, ce n’était maintenant plus que la robe d’un vieux mâle sur le déclin. Il avait reçu de son maître le nom de Bertolamo, un choix personnel, car, selon lui, rien n’est plus beau que d’offrir un nom à un être qui nous est cher ; il avait donc choisi celui-ci, par conviction.
À ses côtés, clopinait un vieux chien à poil ras dont la robe, salie par les années, virait d’un ton jaune terne presque au marron. En des temps plus anciens, elle devait resplendir de l’éclat de l’or, ce n’était maintenant plus que la robe d’un vieux mâle sur le déclin. Il avait reçu de son maître le nom de Bertolamo, un choix personnel, car, selon lui, rien n’est plus beau que d’offrir un nom à un être qui nous est cher ; il avait donc choisi celui-ci, par conviction.
L’homme marchait le long de la rue menant à la place, doucement, respectant chacun de ses pas comme s’il ne pourrait plus jamais réaliser le suivant. Une démarche lente, simple, mesurée, sur le rythme d’un slow tellement de fois répété. Chaque jour, il se rendait sur un banc, toujours le même ; sur cette place pour distribuer à ses amis plumés leur ration de miettes.
Son propriétaire portait celui de Gianni, Gianni De Blasi. Un nom hérité de ses ancêtres transalpins, plus précisément de Putignano, une petite commune attenante à Bari dans la belle région sudiste des Pouilles, et que son père, Filipo, aimait appeler autrement : « La tiu bella1 ». Il avait grandi dans cette ville, vécu dans cette ville, aimé cette ville et sa région, avant de la quitter à tout jamais sans avoir même le droit de se retourner. Il en conservait pour toujours une image impérissable ; ce genre d’image qui brise la nostalgie des longues périodes de solitude, des longues périodes d’isolement.
La horde de pigeons fendait le ciel lyonnais, pressée par l’envie impérieuse et le désir, devenu une habitude, de se poser sur la place. Une hâte légitimée par l’appât proposé chaque jour, sans jamais y déroger, d’une distribution de miettes de pain, envoyées par un vieux monsieur.
1. Régionalisme signifiant « La piu bella », traduire par « La plus belle ». 33
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33 1. Régionalisme signifiant « La piu bella », traduire par « La plus belle ».
La horde de pigeons fendait le ciel lyonnais, pressée par l’envie impérieuse et le désir, devenu une habitude, de se poser sur la place. Une hâte légitimée par l’appât proposé chaque jour, sans jamais y déroger, d’une distribution de miettes de pain, envoyées par un vieux monsieur.
Son propriétaire portait celui de Gianni, Gianni De Blasi. Un nom hérité de ses ancêtres transalpins, plus précisément de Putignano, une petite commune attenante à Bari dans la belle région sudiste des Pouilles, et que son père, Filipo, aimait appeler autrement : « La tiu bella1 ». Il avait grandi dans cette ville, vécu dans cette ville, aimé cette ville et sa région, avant de la quitter à tout jamais sans avoir même le droit de se retourner. Il en conservait pour toujours une image impérissable ; ce genre d’image qui brise la nostalgie des longues périodes de solitude, des longues périodes d’isolement.
L’homme marchait le long de la rue menant à la place, doucement, respectant chacun de ses pas comme s’il ne pourrait plus jamais réaliser le suivant. Une démarche lente, simple, mesurée, sur le rythme d’un slow tellement de fois répété. Chaque jour, il se rendait sur un banc, toujours le même ; sur cette place pour distribuer à ses amis plumés leur ration de miettes.
À ses côtés, clopinait un vieux chien à poil ras dont la robe, salie par les années, virait d’un ton jaune terne presque au marron. En des temps plus anciens, elle devait resplendir de l’éclat de l’or, ce n’était maintenant plus que la robe d’un vieux mâle sur le déclin. Il avait reçu de son maître le nom de Bertolamo, un choix personnel, car, selon lui, rien n’est plus beau que d’offrir un nom à un être qui nous est cher ; il avait donc choisi celui-ci, par conviction.
À ses côtés, clopinait un vieux chien à poil ras dont la robe, salie par les années, virait d’un ton jaune terne presque au marron. En des temps plus anciens, elle devait resplendir de l’éclat de l’or, ce n’était maintenant plus que la robe d’un vieux mâle sur le déclin. Il avait reçu de son maître le nom de Bertolamo, un choix personnel, car, selon lui, rien n’est plus beau que d’offrir un nom à un être qui nous est cher ; il avait donc choisi celui-ci, par conviction.
L’homme marchait le long de la rue menant à la place, doucement, respectant chacun de ses pas comme s’il ne pourrait plus jamais réaliser le suivant. Une démarche lente, simple, mesurée, sur le rythme d’un slow tellement de fois répété. Chaque jour, il se rendait sur un banc, toujours le même ; sur cette place pour distribuer à ses amis plumés leur ration de miettes.
Son propriétaire portait celui de Gianni, Gianni De Blasi. Un nom hérité de ses ancêtres transalpins, plus précisément de Putignano, une petite commune attenante à Bari dans la belle région sudiste des Pouilles, et que son père, Filipo, aimait appeler autrement : « La tiu bella1 ». Il avait grandi dans cette ville, vécu dans cette ville, aimé cette ville et sa région, avant de la quitter à tout jamais sans avoir même le droit de se retourner. Il en conservait pour toujours une image impérissable ; ce genre d’image qui brise la nostalgie des longues périodes de solitude, des longues périodes d’isolement.
La horde de pigeons fendait le ciel lyonnais, pressée par l’envie impérieuse et le désir, devenu une habitude, de se poser sur la place. Une hâte légitimée par l’appât proposé chaque jour, sans jamais y déroger, d’une distribution de miettes de pain, envoyées par un vieux monsieur.
1. Régionalisme signifiant « La piu bella », traduire par « La plus belle ». Gianni
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JÉRÔME FALLAVOLITA
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Arrivé sur la place, Gianni prit place sur son banc, face à la fontaine, avec à ses côtés Bertolamo, aussi fidèle qu’à ses débuts, la fougue de la jeunesse en moins. Il posa délicatement sa tête sur ses pattes, s’installa le plus confortablement possible pour ne plus bouger. Outre leur inaltérable amitié, ils partageaient à présent les joies de la vieillesse rhumatisante. – Bravo Bertolamo, sta calmo, vedo i piccioni arrivare2.
2. « Bravo Bertolamo, reste tranquille, je vois les pigeons arriver » 3. « Aujourd’hui est un jour spécial, venez chers pigeons » 4. « Mangez ! Mangez ! Voilà comment est le monde aujourd’hui, mangez »
Bertolamo ouvrit un œil, observa la scène, imperturbable. Cet effort, couplé avec l’attroupement formé par les oiseaux, provoqua chez lui un large bâillement, puis il reposa sa tête adagio.
Tout en lui prononçant ces douces paroles, il lui caressait délicatement la tête. La troupe de pigeons arriva dans l’instant, réglée sur les horaires des deux vieux compères. Ils se posèrent, un à un, proches du banc, et entamèrent leur marche caractéristique pour venir récupérer leur ration quotidienne. Des têtes hochèrent frénétiquement, en cadence, vers le vieux et sa bourse remplie de délicieuses miettes. Un défilé pittoresque se profilait aux pieds du banc, l’agitation perceptible des volatiles affamés inspirait de la pitié plus qu’autre chose. – Oggi è un giorno speciale, venite cari piccioni3, chuchota Gianni à l’attention de cette peuplade cupide. À pleines poignées, il déclenchait des salves rageuses qu’il extirpait de son sac de toile couleur ivoire.
– Mangiate ! Mangiate ! Cosi è il mondo oggi, mangiate4. – Oggi è un giorno speciale, venite cari piccioni3, chuchota Gianni à l’attention de cette peuplade cupide. À pleines poignées, il déclenchait des salves rageuses qu’il extirpait de son sac de toile couleur ivoire. La troupe de pigeons arriva dans l’instant, réglée sur les horaires des deux vieux compères. Ils se posèrent, un à un, proches du banc, et entamèrent leur marche caractéristique pour venir récupérer leur ration quotidienne. Des têtes hochèrent frénétiquement, en cadence, vers le vieux et sa bourse remplie de délicieuses miettes. Un défilé pittoresque se profilait aux pieds du banc, l’agitation perceptible des volatiles affamés inspirait de la pitié plus qu’autre chose. Tout en lui prononçant ces douces paroles, il lui caressait délicatement la tête.
– Mangiate ! Mangiate ! Cosi è il mondo oggi, mangiate4. Bertolamo ouvrit un œil, observa la scène, imperturbable. Cet effort, couplé avec l’attroupement formé par les oiseaux, provoqua chez lui un large bâillement, puis il reposa sa tête adagio.
2. « Bravo Bertolamo, reste tranquille, je vois les pigeons arriver » 3. « Aujourd’hui est un jour spécial, venez chers pigeons » 4. « Mangez ! Mangez ! Voilà comment est le monde aujourd’hui, mangez »
– Bravo Bertolamo, sta calmo, vedo i piccioni arrivare2. Arrivé sur la place, Gianni prit place sur son banc, face à la fontaine, avec à ses côtés Bertolamo, aussi fidèle qu’à ses débuts, la fougue de la jeunesse en moins. Il posa délicatement sa tête sur ses pattes, s’installa le plus confortablement possible pour ne plus bouger. Outre leur inaltérable amitié, ils partageaient à présent les joies de la vieillesse rhumatisante.
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JÉRÔME FALLAVOLITA
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JÉRÔME FALLAVOLITA
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Arrivé sur la place, Gianni prit place sur son banc, face à la fontaine, avec à ses côtés Bertolamo, aussi fidèle qu’à ses débuts, la fougue de la jeunesse en moins. Il posa délicatement sa tête sur ses pattes, s’installa le plus confortablement possible pour ne plus bouger. Outre leur inaltérable amitié, ils partageaient à présent les joies de la vieillesse rhumatisante. – Bravo Bertolamo, sta calmo, vedo i piccioni arrivare2. Tout en lui prononçant ces douces paroles, il lui caressait délicatement la tête. La troupe de pigeons arriva dans l’instant, réglée sur les horaires des deux vieux compères. Ils se posèrent, un à un, proches du banc, et entamèrent leur marche caractéristique pour venir récupérer leur ration quotidienne. Des têtes hochèrent frénétiquement, en cadence, vers le vieux et sa bourse remplie de délicieuses miettes. Un défilé pittoresque se profilait aux pieds du banc, l’agitation perceptible des volatiles affamés inspirait de la pitié plus qu’autre chose. – Oggi è un giorno speciale, venite cari piccioni3, chuchota Gianni à l’attention de cette peuplade cupide. À pleines poignées, il déclenchait des salves rageuses qu’il extirpait de son sac de toile couleur ivoire.
2. « Bravo Bertolamo, reste tranquille, je vois les pigeons arriver » 3. « Aujourd’hui est un jour spécial, venez chers pigeons » 4. « Mangez ! Mangez ! Voilà comment est le monde aujourd’hui, mangez »
Bertolamo ouvrit un œil, observa la scène, imperturbable. Cet effort, couplé avec l’attroupement formé par les oiseaux, provoqua chez lui un large bâillement, puis il reposa sa tête adagio. – Mangiate ! Mangiate ! Cosi è il mondo oggi, mangiate4. – Oggi è un giorno speciale, venite cari piccioni3, chuchota Gianni à l’attention de cette peuplade cupide. À pleines poignées, il déclenchait des salves rageuses qu’il extirpait de son sac de toile couleur ivoire. La troupe de pigeons arriva dans l’instant, réglée sur les horaires des deux vieux compères. Ils se posèrent, un à un, proches du banc, et entamèrent leur marche caractéristique pour venir récupérer leur ration quotidienne. Des têtes hochèrent frénétiquement, en cadence, vers le vieux et sa bourse remplie de délicieuses miettes. Un défilé pittoresque se profilait aux pieds du banc, l’agitation perceptible des volatiles affamés inspirait de la pitié plus qu’autre chose. Tout en lui prononçant ces douces paroles, il lui caressait délicatement la tête.
– Mangiate ! Mangiate ! Cosi è il mondo oggi, mangiate4. Bertolamo ouvrit un œil, observa la scène, imperturbable. Cet effort, couplé avec l’attroupement formé par les oiseaux, provoqua chez lui un large bâillement, puis il reposa sa tête adagio.
2. « Bravo Bertolamo, reste tranquille, je vois les pigeons arriver » 3. « Aujourd’hui est un jour spécial, venez chers pigeons » 4. « Mangez ! Mangez ! Voilà comment est le monde aujourd’hui, mangez » 34
– Bravo Bertolamo, sta calmo, vedo i piccioni arrivare2. Arrivé sur la place, Gianni prit place sur son banc, face à la fontaine, avec à ses côtés Bertolamo, aussi fidèle qu’à ses débuts, la fougue de la jeunesse en moins. Il posa délicatement sa tête sur ses pattes, s’installa le plus confortablement possible pour ne plus bouger. Outre leur inaltérable amitié, ils partageaient à présent les joies de la vieillesse rhumatisante. JÉRÔME FALLAVOLITA
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ALICE MATHEVET
JE SUIS NÉ HIER
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Je suis né hier
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à Luc M., à sa tendre masculinité précieuse dont je ne pourrais me passer, à mon compagnon d’écriture, à notre sanguine histoire.
Tout de même, l’accord d’un psychiatre est recommandé, voire inévitable pour cette hospitalisation, et le médecin avisé se contente de ce que le tiers lui propose pour m’accorder un séjour en ces lieux. Le mien de cercle est une différence en tout point. Le bon sens la normalité les fracas du passé et ce que je suis ne s’installent pas dans les mêmes proportions.
L'heure de mon arrivée est indiquée sur le haut de mon bulletin d'entrée : treize heures trente-huit minutes, mardi vingt-quatre février deux mille quinze. Un tampon sur la feuille rosée pose une réalité juridique. C’est officiel, je suis né hier dans un hôpital parisien. Mon état civil mentionne les nom et prénom suivants : Arnaud Baudrin. J’ai vingt-sept ans et des bribes. Né à Saintes une première fois, puis une seconde à Sainte-Anne. Sorte de résilience hasardeuse, tout droit au rond-point à gauche puis après cinq cents mètres au feu, tourner à droite.
Internement à la demande d’un tiers. Pour motif : état anxieux chronique avec troubles du comportement. Mais un tiers de quoi de qui ? Dans l’intérieur même d’un cercle neutre, je dessine le tiers qui m’aurait accordé ce peu d’existence. Je trace un premier long trait et le peins en rose technique, où le bon sens y fait bonne figure. Collé à lui d’une seconde ligne épaisse, le normal se proportionne verdoyant en une part affamée. Le bleu respecte les barrières que promet le passé, tous ces actes qui ne sont oubliés, que les autres jaugent de près de loin. Et le dernier quart, déjà tracé tout petit mauve, m’appartient.
Internement à la demande d’un tiers. Pour motif : état anxieux chronique avec troubles du comportement. Mais un tiers de quoi de qui ? Dans l’intérieur même d’un cercle neutre, je dessine le tiers qui m’aurait accordé ce peu d’existence. Je trace un premier long trait et le peins en rose technique, où le bon sens y fait bonne figure. Collé à lui d’une seconde ligne épaisse, le normal se proportionne verdoyant en une part affamée. Le bleu respecte les barrières que promet le passé, tous ces actes qui ne sont oubliés, que les autres jaugent de près de loin. Et le dernier quart, déjà tracé tout petit mauve, m’appartient.
L'heure de mon arrivée est indiquée sur le haut de mon bulletin d'entrée : treize heures trente-huit minutes, mardi vingt-quatre février deux mille quinze. Un tampon sur la feuille rosée pose une réalité juridique. C’est officiel, je suis né hier dans un hôpital parisien. Mon état civil mentionne les nom et prénom suivants : Arnaud Baudrin. J’ai vingt-sept ans et des bribes. Né à Saintes une première fois, puis une seconde à Sainte-Anne. Sorte de résilience hasardeuse, tout droit au rond-point à gauche puis après cinq cents mètres au feu, tourner à droite.
Tout de même, l’accord d’un psychiatre est recommandé, voire inévitable pour cette hospitalisation, et le médecin avisé se contente de ce que le tiers lui propose pour m’accorder un séjour en ces lieux. Le mien de cercle est une différence en tout point. Le bon sens la normalité les fracas du passé et ce que je suis ne s’installent pas dans les mêmes proportions.
à Luc M., à sa tendre masculinité précieuse dont je ne pourrais me passer, à mon compagnon d’écriture, à notre sanguine histoire.
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Je suis né hier
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à Luc M., à sa tendre masculinité précieuse dont je ne pourrais me passer, à mon compagnon d’écriture, à notre sanguine histoire.
Tout de même, l’accord d’un psychiatre est recommandé, voire inévitable pour cette hospitalisation, et le médecin avisé se contente de ce que le tiers lui propose pour m’accorder un séjour en ces lieux. Le mien de cercle est une différence en tout point. Le bon sens la normalité les fracas du passé et ce que je suis ne s’installent pas dans les mêmes proportions.
L'heure de mon arrivée est indiquée sur le haut de mon bulletin d'entrée : treize heures trente-huit minutes, mardi vingt-quatre février deux mille quinze. Un tampon sur la feuille rosée pose une réalité juridique. C’est officiel, je suis né hier dans un hôpital parisien. Mon état civil mentionne les nom et prénom suivants : Arnaud Baudrin. J’ai vingt-sept ans et des bribes. Né à Saintes une première fois, puis une seconde à Sainte-Anne. Sorte de résilience hasardeuse, tout droit au rond-point à gauche puis après cinq cents mètres au feu, tourner à droite.
Internement à la demande d’un tiers. Pour motif : état anxieux chronique avec troubles du comportement. Mais un tiers de quoi de qui ? Dans l’intérieur même d’un cercle neutre, je dessine le tiers qui m’aurait accordé ce peu d’existence. Je trace un premier long trait et le peins en rose technique, où le bon sens y fait bonne figure. Collé à lui d’une seconde ligne épaisse, le normal se proportionne verdoyant en une part affamée. Le bleu respecte les barrières que promet le passé, tous ces actes qui ne sont oubliés, que les autres jaugent de près de loin. Et le dernier quart, déjà tracé tout petit mauve, m’appartient.
Internement à la demande d’un tiers. Pour motif : état anxieux chronique avec troubles du comportement. Mais un tiers de quoi de qui ? Dans l’intérieur même d’un cercle neutre, je dessine le tiers qui m’aurait accordé ce peu d’existence. Je trace un premier long trait et le peins en rose technique, où le bon sens y fait bonne figure. Collé à lui d’une seconde ligne épaisse, le normal se proportionne verdoyant en une part affamée. Le bleu respecte les barrières que promet le passé, tous ces actes qui ne sont oubliés, que les autres jaugent de près de loin. Et le dernier quart, déjà tracé tout petit mauve, m’appartient.
L'heure de mon arrivée est indiquée sur le haut de mon bulletin d'entrée : treize heures trente-huit minutes, mardi vingt-quatre février deux mille quinze. Un tampon sur la feuille rosée pose une réalité juridique. C’est officiel, je suis né hier dans un hôpital parisien. Mon état civil mentionne les nom et prénom suivants : Arnaud Baudrin. J’ai vingt-sept ans et des bribes. Né à Saintes une première fois, puis une seconde à Sainte-Anne. Sorte de résilience hasardeuse, tout droit au rond-point à gauche puis après cinq cents mètres au feu, tourner à droite.
Tout de même, l’accord d’un psychiatre est recommandé, voire inévitable pour cette hospitalisation, et le médecin avisé se contente de ce que le tiers lui propose pour m’accorder un séjour en ces lieux. Le mien de cercle est une différence en tout point. Le bon sens la normalité les fracas du passé et ce que je suis ne s’installent pas dans les mêmes proportions.
à Luc M., à sa tendre masculinité précieuse dont je ne pourrais me passer, à mon compagnon d’écriture, à notre sanguine histoire.
ALICE MATHEVET
54
Ce serait donc le tiers-autre du bon sens qui m’aurait amené ici, à Sainte-Anne. Comme visé et mandaté, le coup de l’Église qu’ils n’ont pas digéré, peut-être. Alors dans l’attente d’une visite d’un corps médical, proche du radiateur tiédasse, je prends quelques notes. Une infirmière aux cheveux blanc-gris passant près de moi me demande à quoi peut bien me servir ce carnet en simili cuir. Je lui réponds un gribouillis d'explications : – Je noircis des pages impures, chère madame. D’un mouvement pas tout à fait lent, elle saisit le carnet où dans son regard se reflète le brun de la couverture glacée, tellement proche que le blanc de son œil en saisit la teinte aussitôt. – Je dois vous retirer crayons et papiers pendant vingt-quatre heures, le temps de l’observation. Ce délai semble être ajusté en fonction de critères précis observables : cernes ok, teint livide ok, air crédule ok, très envie de rester ici ok. Mes parents ont apporté pour l’occasion le sac de voyage rempli à ras préparé par mes soins des jours avant. Un sac de voyage mais quelle idée mes amis ! Sainte-Anne serait donc une ville un pays un continent entier à visiter. Des peuples en masse s’y retrouveraient, aux ethnies et parades différentes. Les coutumes à la hausse : pour un la messe du seigneur et le tapis à prière de l’autre. Un peu de tout se regrouperait, s’embrasserait les folies des uns dans les bras des autres, à grands coups de couteau sans dents. Mais point de paysages idylliques, le romantisme se fera rare. Et le glauque de cette balade restera joli, même pas déconcertant puisque chaque ville, chaque pays et continent que l’on visite, n’aspireront à rien d’autre qu’à la découverte. Qui tente de découvrir s’entrouvre l’esprit si ?
Mes parents ont apporté pour l’occasion le sac de voyage rempli à ras préparé par mes soins des jours avant. Un sac de voyage mais quelle idée mes amis ! Sainte-Anne serait donc une ville un pays un continent entier à visiter. Des peuples en masse s’y retrouveraient, aux ethnies et parades différentes. Les coutumes à la hausse : pour un la messe du seigneur et le tapis à prière de l’autre. Un peu de tout se regrouperait, s’embrasserait les folies des uns dans les bras des autres, à grands coups de couteau sans dents. Mais point de paysages idylliques, le romantisme se fera rare. Et le glauque de cette balade restera joli, même pas déconcertant puisque chaque ville, chaque pays et continent que l’on visite, n’aspireront à rien d’autre qu’à la découverte. Qui tente de découvrir s’entrouvre l’esprit si ? Ce délai semble être ajusté en fonction de critères précis observables : cernes ok, teint livide ok, air crédule ok, très envie de rester ici ok. – Je dois vous retirer crayons et papiers pendant vingt-quatre heures, le temps de l’observation. D’un mouvement pas tout à fait lent, elle saisit le carnet où dans son regard se reflète le brun de la couverture glacée, tellement proche que le blanc de son œil en saisit la teinte aussitôt. – Je noircis des pages impures, chère madame. Alors dans l’attente d’une visite d’un corps médical, proche du radiateur tiédasse, je prends quelques notes. Une infirmière aux cheveux blanc-gris passant près de moi me demande à quoi peut bien me servir ce carnet en simili cuir. Je lui réponds un gribouillis d'explications : Ce serait donc le tiers-autre du bon sens qui m’aurait amené ici, à Sainte-Anne. Comme visé et mandaté, le coup de l’Église qu’ils n’ont pas digéré, peut-être.
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ALICE MATHEVET
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ALICE MATHEVET
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Ce serait donc le tiers-autre du bon sens qui m’aurait amené ici, à Sainte-Anne. Comme visé et mandaté, le coup de l’Église qu’ils n’ont pas digéré, peut-être. Alors dans l’attente d’une visite d’un corps médical, proche du radiateur tiédasse, je prends quelques notes. Une infirmière aux cheveux blanc-gris passant près de moi me demande à quoi peut bien me servir ce carnet en simili cuir. Je lui réponds un gribouillis d'explications : – Je noircis des pages impures, chère madame. D’un mouvement pas tout à fait lent, elle saisit le carnet où dans son regard se reflète le brun de la couverture glacée, tellement proche que le blanc de son œil en saisit la teinte aussitôt. – Je dois vous retirer crayons et papiers pendant vingt-quatre heures, le temps de l’observation. Ce délai semble être ajusté en fonction de critères précis observables : cernes ok, teint livide ok, air crédule ok, très envie de rester ici ok. Mes parents ont apporté pour l’occasion le sac de voyage rempli à ras préparé par mes soins des jours avant. Un sac de voyage mais quelle idée mes amis ! Sainte-Anne serait donc une ville un pays un continent entier à visiter. Des peuples en masse s’y retrouveraient, aux ethnies et parades différentes. Les coutumes à la hausse : pour un la messe du seigneur et le tapis à prière de l’autre. Un peu de tout se regrouperait, s’embrasserait les folies des uns dans les bras des autres, à grands coups de couteau sans dents. Mais point de paysages idylliques, le romantisme se fera rare. Et le glauque de cette balade restera joli, même pas déconcertant puisque chaque ville, chaque pays et continent que l’on visite, n’aspireront à rien d’autre qu’à la découverte. Qui tente de découvrir s’entrouvre l’esprit si ?
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Mes parents ont apporté pour l’occasion le sac de voyage rempli à ras préparé par mes soins des jours avant. Un sac de voyage mais quelle idée mes amis ! Sainte-Anne serait donc une ville un pays un continent entier à visiter. Des peuples en masse s’y retrouveraient, aux ethnies et parades différentes. Les coutumes à la hausse : pour un la messe du seigneur et le tapis à prière de l’autre. Un peu de tout se regrouperait, s’embrasserait les folies des uns dans les bras des autres, à grands coups de couteau sans dents. Mais point de paysages idylliques, le romantisme se fera rare. Et le glauque de cette balade restera joli, même pas déconcertant puisque chaque ville, chaque pays et continent que l’on visite, n’aspireront à rien d’autre qu’à la découverte. Qui tente de découvrir s’entrouvre l’esprit si ? Ce délai semble être ajusté en fonction de critères précis observables : cernes ok, teint livide ok, air crédule ok, très envie de rester ici ok. – Je dois vous retirer crayons et papiers pendant vingt-quatre heures, le temps de l’observation. D’un mouvement pas tout à fait lent, elle saisit le carnet où dans son regard se reflète le brun de la couverture glacée, tellement proche que le blanc de son œil en saisit la teinte aussitôt. – Je noircis des pages impures, chère madame. Alors dans l’attente d’une visite d’un corps médical, proche du radiateur tiédasse, je prends quelques notes. Une infirmière aux cheveux blanc-gris passant près de moi me demande à quoi peut bien me servir ce carnet en simili cuir. Je lui réponds un gribouillis d'explications : Ce serait donc le tiers-autre du bon sens qui m’aurait amené ici, à Sainte-Anne. Comme visé et mandaté, le coup de l’Église qu’ils n’ont pas digéré, peut-être. ALICE MATHEVET
Je suis né hier
55
Et dans ce nouveau monde s’ouvrant à moi, j’aperçois tout près mes bagages reniflés fouillés traumatisés par les mains de Philippe, un infirmier-chien à la hauteur de mes espérances. Le chanfrein plongeant, la gueule de travelling et des poumons qui respirent mal. Je lui devine quelques muscles ragaillardis d’obligations au niveau des biceps, et un long menton qui pend près de son goitre. La truffe me paraît fraîche et les yeux pétillent d’un fauvisme bâclé. Il déballe le peu de ses atouts physiques en un œil vairon et de la nacre sur ses dents.
Il s'agirait maintenant d’obtenir un rancard avec la psychiatre, le docteur LASTER Anne. Je peux apercevoir le nom de celle-ci écrit en gros en haut de mon dossier, en italique encadré surligné en gras.
IPod ça dégage, pyjama Jules ça reste, rasoir ça dégage, déo gel douche et shampoing le tout for men ça reste, bouquins ça dégage, crème hydratante pour peaux sensibles ça reste, clopes et briquet ça dégage, boxer Cardin ça reste, téléphone portable et chargeur ça dégage, impudeur ça reste, dignité ça dégage.
Je pèse cinquante-huit kilogrammes pour un mètre quatre-vingttrois. La balance fait autorité de jugement, aucun besoin de me siffler à l'oreille pour m'expliquer que je ne ressemble à rien.
Comme un homme bien averti et qui en vaut au moins deux trois, j'avais une subtile idée de l'enfermement psychiatrique : je me disais qu'il y avait des règles soit, mais une certaine forme d'art à pénétrer dans le blanc et la folie furieuse. Je montrais alors un certain enthousiasme à l'énoncé de la check list que Philippe et une vieille autre infirmière me proposaient, tel un café allongé à boire cul sec : tension 9.5 check, capteur truc bidule chouette sur l’index check, taille et poids check, marques sur le corps check, tatouages check, vous êtes fumeur ? Check, comment va le moral ? Check, qui a du caca qui pue collé au cul-cul ? Check.
Comme un homme bien averti et qui en vaut au moins deux trois, j'avais une subtile idée de l'enfermement psychiatrique : je me disais qu'il y avait des règles soit, mais une certaine forme d'art à pénétrer dans le blanc et la folie furieuse. Je montrais alors un certain enthousiasme à l'énoncé de la check list que Philippe et une vieille autre infirmière me proposaient, tel un café allongé à boire cul sec : tension 9.5 check, capteur truc bidule chouette sur l’index check, taille et poids check, marques sur le corps check, tatouages check, vous êtes fumeur ? Check, comment va le moral ? Check, qui a du caca qui pue collé au cul-cul ? Check.
Je pèse cinquante-huit kilogrammes pour un mètre quatre-vingttrois. La balance fait autorité de jugement, aucun besoin de me siffler à l'oreille pour m'expliquer que je ne ressemble à rien.
IPod ça dégage, pyjama Jules ça reste, rasoir ça dégage, déo gel douche et shampoing le tout for men ça reste, bouquins ça dégage, crème hydratante pour peaux sensibles ça reste, clopes et briquet ça dégage, boxer Cardin ça reste, téléphone portable et chargeur ça dégage, impudeur ça reste, dignité ça dégage.
Il s'agirait maintenant d’obtenir un rancard avec la psychiatre, le docteur LASTER Anne. Je peux apercevoir le nom de celle-ci écrit en gros en haut de mon dossier, en italique encadré surligné en gras.
Et dans ce nouveau monde s’ouvrant à moi, j’aperçois tout près mes bagages reniflés fouillés traumatisés par les mains de Philippe, un infirmier-chien à la hauteur de mes espérances. Le chanfrein plongeant, la gueule de travelling et des poumons qui respirent mal. Je lui devine quelques muscles ragaillardis d’obligations au niveau des biceps, et un long menton qui pend près de son goitre. La truffe me paraît fraîche et les yeux pétillent d’un fauvisme bâclé. Il déballe le peu de ses atouts physiques en un œil vairon et de la nacre sur ses dents.
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Et dans ce nouveau monde s’ouvrant à moi, j’aperçois tout près mes bagages reniflés fouillés traumatisés par les mains de Philippe, un infirmier-chien à la hauteur de mes espérances. Le chanfrein plongeant, la gueule de travelling et des poumons qui respirent mal. Je lui devine quelques muscles ragaillardis d’obligations au niveau des biceps, et un long menton qui pend près de son goitre. La truffe me paraît fraîche et les yeux pétillent d’un fauvisme bâclé. Il déballe le peu de ses atouts physiques en un œil vairon et de la nacre sur ses dents.
Il s'agirait maintenant d’obtenir un rancard avec la psychiatre, le docteur LASTER Anne. Je peux apercevoir le nom de celle-ci écrit en gros en haut de mon dossier, en italique encadré surligné en gras.
IPod ça dégage, pyjama Jules ça reste, rasoir ça dégage, déo gel douche et shampoing le tout for men ça reste, bouquins ça dégage, crème hydratante pour peaux sensibles ça reste, clopes et briquet ça dégage, boxer Cardin ça reste, téléphone portable et chargeur ça dégage, impudeur ça reste, dignité ça dégage.
Je pèse cinquante-huit kilogrammes pour un mètre quatre-vingttrois. La balance fait autorité de jugement, aucun besoin de me siffler à l'oreille pour m'expliquer que je ne ressemble à rien.
Comme un homme bien averti et qui en vaut au moins deux trois, j'avais une subtile idée de l'enfermement psychiatrique : je me disais qu'il y avait des règles soit, mais une certaine forme d'art à pénétrer dans le blanc et la folie furieuse. Je montrais alors un certain enthousiasme à l'énoncé de la check list que Philippe et une vieille autre infirmière me proposaient, tel un café allongé à boire cul sec : tension 9.5 check, capteur truc bidule chouette sur l’index check, taille et poids check, marques sur le corps check, tatouages check, vous êtes fumeur ? Check, comment va le moral ? Check, qui a du caca qui pue collé au cul-cul ? Check.
Comme un homme bien averti et qui en vaut au moins deux trois, j'avais une subtile idée de l'enfermement psychiatrique : je me disais qu'il y avait des règles soit, mais une certaine forme d'art à pénétrer dans le blanc et la folie furieuse. Je montrais alors un certain enthousiasme à l'énoncé de la check list que Philippe et une vieille autre infirmière me proposaient, tel un café allongé à boire cul sec : tension 9.5 check, capteur truc bidule chouette sur l’index check, taille et poids check, marques sur le corps check, tatouages check, vous êtes fumeur ? Check, comment va le moral ? Check, qui a du caca qui pue collé au cul-cul ? Check.
Je pèse cinquante-huit kilogrammes pour un mètre quatre-vingttrois. La balance fait autorité de jugement, aucun besoin de me siffler à l'oreille pour m'expliquer que je ne ressemble à rien.
IPod ça dégage, pyjama Jules ça reste, rasoir ça dégage, déo gel douche et shampoing le tout for men ça reste, bouquins ça dégage, crème hydratante pour peaux sensibles ça reste, clopes et briquet ça dégage, boxer Cardin ça reste, téléphone portable et chargeur ça dégage, impudeur ça reste, dignité ça dégage.
Il s'agirait maintenant d’obtenir un rancard avec la psychiatre, le docteur LASTER Anne. Je peux apercevoir le nom de celle-ci écrit en gros en haut de mon dossier, en italique encadré surligné en gras.
Et dans ce nouveau monde s’ouvrant à moi, j’aperçois tout près mes bagages reniflés fouillés traumatisés par les mains de Philippe, un infirmier-chien à la hauteur de mes espérances. Le chanfrein plongeant, la gueule de travelling et des poumons qui respirent mal. Je lui devine quelques muscles ragaillardis d’obligations au niveau des biceps, et un long menton qui pend près de son goitre. La truffe me paraît fraîche et les yeux pétillent d’un fauvisme bâclé. Il déballe le peu de ses atouts physiques en un œil vairon et de la nacre sur ses dents.
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Sundae bloody sundae
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– Le tunnel sous la Manche ! Ahahahhahah ! N’IM-POR-TE-QUOI !
Pierre avait toujours encaissé ces petites frustrations et avait même fait mine de se réjouir pour son meilleur ami. Mais aujourd’hui, Philippe lui cherchait des crosses. Pour rien. Enfin, presque rien. Ils étaient allés se garnir les artères au Mac Do du boulevard des Nations-
– S’il part du Pas-de-Calais, c’est bien qu’il y a une raison. Les Calaisiens, ce sont des travailleurs ! Des hommes de labeur !
Cette discussion n’avait aucun sens, se dit Pierre. À quoi bon savoir qui du Calaisien ou du Lillois avait le plus de mérite ? Pierre, le Calaisien, avait toujours fait abstraction des poncifs et autres fantasmes idiots sur son pays, d’autant plus quand ils venaient de Philippe, son meilleur ami lillois, fils de bonne famille et gendre idéal. Ils se connaissaient depuis toujours et, par un certain ordre des choses, Philippe avait toujours été un peu devant Pierre dans toutes leurs entreprises. Au collège, les deux étaient bons en athlétisme mais Philippe détenait quand même le record de la classe du 100 mètres. Au lycée, Pierre avait plus d’amis mais Philippe avait plus de copines. Quand ils ont fait l’Institut supérieur de commerce international appliqué de Lille, cette fameuse école à vingt mille euros l’année, Pierre était sorti neuvième sur cinq cents, à la grande fierté de sa famille. Philippe en était sorti deuxième…
– Pfffffffff… Le tunnel, il part de Calais parce qu’avec Douvres c’est le moins loin. Si Le Canet Plage avait été le moins loin, on ferait « Le Canet-Douvres » !
– Lille ça rayonne, Lille capitale de la culture …
– En tout cas, le Pas-de-Calais, c’est pas la banlieue du Nord, malgré ce que tu racontes.
– En tout cas, le Pas-de-Calais, c’est pas la banlieue du Nord, malgré ce que tu racontes.
– Lille ça rayonne, Lille capitale de la culture …
– Pfffffffff… Le tunnel, il part de Calais parce qu’avec Douvres c’est le moins loin. Si Le Canet Plage avait été le moins loin, on ferait « Le Canet-Douvres » !
Cette discussion n’avait aucun sens, se dit Pierre. À quoi bon savoir qui du Calaisien ou du Lillois avait le plus de mérite ? Pierre, le Calaisien, avait toujours fait abstraction des poncifs et autres fantasmes idiots sur son pays, d’autant plus quand ils venaient de Philippe, son meilleur ami lillois, fils de bonne famille et gendre idéal. Ils se connaissaient depuis toujours et, par un certain ordre des choses, Philippe avait toujours été un peu devant Pierre dans toutes leurs entreprises. Au collège, les deux étaient bons en athlétisme mais Philippe détenait quand même le record de la classe du 100 mètres. Au lycée, Pierre avait plus d’amis mais Philippe avait plus de copines. Quand ils ont fait l’Institut supérieur de commerce international appliqué de Lille, cette fameuse école à vingt mille euros l’année, Pierre était sorti neuvième sur cinq cents, à la grande fierté de sa famille. Philippe en était sorti deuxième…
– S’il part du Pas-de-Calais, c’est bien qu’il y a une raison. Les Calaisiens, ce sont des travailleurs ! Des hommes de labeur !
Pierre avait toujours encaissé ces petites frustrations et avait même fait mine de se réjouir pour son meilleur ami. Mais aujourd’hui, Philippe lui cherchait des crosses. Pour rien. Enfin, presque rien. Ils étaient allés se garnir les artères au Mac Do du boulevard des Nations-
– Le tunnel sous la Manche ! Ahahahhahah ! N’IM-POR-TE-QUOI !
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– Le tunnel sous la Manche ! Ahahahhahah ! N’IM-POR-TE-QUOI !
Pierre avait toujours encaissé ces petites frustrations et avait même fait mine de se réjouir pour son meilleur ami. Mais aujourd’hui, Philippe lui cherchait des crosses. Pour rien. Enfin, presque rien. Ils étaient allés se garnir les artères au Mac Do du boulevard des Nations-
– S’il part du Pas-de-Calais, c’est bien qu’il y a une raison. Les Calaisiens, ce sont des travailleurs ! Des hommes de labeur !
Cette discussion n’avait aucun sens, se dit Pierre. À quoi bon savoir qui du Calaisien ou du Lillois avait le plus de mérite ? Pierre, le Calaisien, avait toujours fait abstraction des poncifs et autres fantasmes idiots sur son pays, d’autant plus quand ils venaient de Philippe, son meilleur ami lillois, fils de bonne famille et gendre idéal. Ils se connaissaient depuis toujours et, par un certain ordre des choses, Philippe avait toujours été un peu devant Pierre dans toutes leurs entreprises. Au collège, les deux étaient bons en athlétisme mais Philippe détenait quand même le record de la classe du 100 mètres. Au lycée, Pierre avait plus d’amis mais Philippe avait plus de copines. Quand ils ont fait l’Institut supérieur de commerce international appliqué de Lille, cette fameuse école à vingt mille euros l’année, Pierre était sorti neuvième sur cinq cents, à la grande fierté de sa famille. Philippe en était sorti deuxième…
– Pfffffffff… Le tunnel, il part de Calais parce qu’avec Douvres c’est le moins loin. Si Le Canet Plage avait été le moins loin, on ferait « Le Canet-Douvres » !
– Lille ça rayonne, Lille capitale de la culture …
– En tout cas, le Pas-de-Calais, c’est pas la banlieue du Nord, malgré ce que tu racontes.
– En tout cas, le Pas-de-Calais, c’est pas la banlieue du Nord, malgré ce que tu racontes.
– Lille ça rayonne, Lille capitale de la culture …
– Pfffffffff… Le tunnel, il part de Calais parce qu’avec Douvres c’est le moins loin. Si Le Canet Plage avait été le moins loin, on ferait « Le Canet-Douvres » !
Cette discussion n’avait aucun sens, se dit Pierre. À quoi bon savoir qui du Calaisien ou du Lillois avait le plus de mérite ? Pierre, le Calaisien, avait toujours fait abstraction des poncifs et autres fantasmes idiots sur son pays, d’autant plus quand ils venaient de Philippe, son meilleur ami lillois, fils de bonne famille et gendre idéal. Ils se connaissaient depuis toujours et, par un certain ordre des choses, Philippe avait toujours été un peu devant Pierre dans toutes leurs entreprises. Au collège, les deux étaient bons en athlétisme mais Philippe détenait quand même le record de la classe du 100 mètres. Au lycée, Pierre avait plus d’amis mais Philippe avait plus de copines. Quand ils ont fait l’Institut supérieur de commerce international appliqué de Lille, cette fameuse école à vingt mille euros l’année, Pierre était sorti neuvième sur cinq cents, à la grande fierté de sa famille. Philippe en était sorti deuxième…
– S’il part du Pas-de-Calais, c’est bien qu’il y a une raison. Les Calaisiens, ce sont des travailleurs ! Des hommes de labeur !
Pierre avait toujours encaissé ces petites frustrations et avait même fait mine de se réjouir pour son meilleur ami. Mais aujourd’hui, Philippe lui cherchait des crosses. Pour rien. Enfin, presque rien. Ils étaient allés se garnir les artères au Mac Do du boulevard des Nations-
– Le tunnel sous la Manche ! Ahahahhahah ! N’IM-POR-TE-QUOI !
JONATHAN RABANY
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Unies, à Clermont-Ferrand, ce qu’ils faisaient de temps à autre, entre midi et deux. C’était leur petit rituel à eux. Ils avaient passé commande ensemble, Pierre un Maxi Best of Chicken et Philippe un Roady Toaster XL. Il y avait en plus des petites cartes à gratter pour gagner de fabuleux lots. Tout le monde était content. Et puis l’employée polyvalente préposée au Frites/ boisson/ caisse/ « tu passeras un coup par terre quand t’auras fini » leur a posé la question fatidique : – Un dessert ? Les deux amis se sont regardés et ont souri en connivence. Ils prenaient la même chose depuis toutes ces années à venir entretenir leur cholestérol : un Sundae caramel. Et Pierre de répondre : – Deux Sundae caramel, siouplé. L’employée se retourna et Philippe commença à chercher son portefeuille. Quand elle revint, horreur, il n’y avait qu’un Sundae sur le comptoir ! – C’est le dernier, dit la serveuse d’une voix molle. Philippe, magnanime, se fendit d’un « Allez, c’est bon, il est pour toi ! » vaguement complaisant. Les compères s’installèrent dans la rue derrière puisqu’il faisait presque beau en ce mardi d’octobre. Ils engloutirent leurs frites maigrichonnes puis attaquèrent leur burger purulent. Après l’école de commerce, les deux amis avaient rapidement trouvé du boulot et, coup de chance, dans la même boîte, la sacro-sainte société Michelin. Pierre avait été embauché comme commercial à l’export pour l’Asie du Sud-Est mais, comme toujours, Philippe avait été promu à un niveau légèrement supérieur à celui de Pierre. Il était devenu son supérieur direct, son « +1 ». Mais entre eux ça ne comptait pas, ils se voyaient comme un binôme équitable et équilibré. C’est Philippe qui communiquait les résultats à la direction mais ses privilèges s’arrêtaient là.
Après l’école de commerce, les deux amis avaient rapidement trouvé du boulot et, coup de chance, dans la même boîte, la sacro-sainte société Michelin. Pierre avait été embauché comme commercial à l’export pour l’Asie du Sud-Est mais, comme toujours, Philippe avait été promu à un niveau légèrement supérieur à celui de Pierre. Il était devenu son supérieur direct, son « +1 ». Mais entre eux ça ne comptait pas, ils se voyaient comme un binôme équitable et équilibré. C’est Philippe qui communiquait les résultats à la direction mais ses privilèges s’arrêtaient là. Philippe, magnanime, se fendit d’un « Allez, c’est bon, il est pour toi ! » vaguement complaisant. Les compères s’installèrent dans la rue derrière puisqu’il faisait presque beau en ce mardi d’octobre. Ils engloutirent leurs frites maigrichonnes puis attaquèrent leur burger purulent. – C’est le dernier, dit la serveuse d’une voix molle. L’employée se retourna et Philippe commença à chercher son portefeuille. Quand elle revint, horreur, il n’y avait qu’un Sundae sur le comptoir ! – Deux Sundae caramel, siouplé. Les deux amis se sont regardés et ont souri en connivence. Ils prenaient la même chose depuis toutes ces années à venir entretenir leur cholestérol : un Sundae caramel. Et Pierre de répondre : – Un dessert ? Unies, à Clermont-Ferrand, ce qu’ils faisaient de temps à autre, entre midi et deux. C’était leur petit rituel à eux. Ils avaient passé commande ensemble, Pierre un Maxi Best of Chicken et Philippe un Roady Toaster XL. Il y avait en plus des petites cartes à gratter pour gagner de fabuleux lots. Tout le monde était content. Et puis l’employée polyvalente préposée au Frites/ boisson/ caisse/ « tu passeras un coup par terre quand t’auras fini » leur a posé la question fatidique :
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JONATHAN RABANY
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Unies, à Clermont-Ferrand, ce qu’ils faisaient de temps à autre, entre midi et deux. C’était leur petit rituel à eux. Ils avaient passé commande ensemble, Pierre un Maxi Best of Chicken et Philippe un Roady Toaster XL. Il y avait en plus des petites cartes à gratter pour gagner de fabuleux lots. Tout le monde était content. Et puis l’employée polyvalente préposée au Frites/ boisson/ caisse/ « tu passeras un coup par terre quand t’auras fini » leur a posé la question fatidique : – Un dessert ? Les deux amis se sont regardés et ont souri en connivence. Ils prenaient la même chose depuis toutes ces années à venir entretenir leur cholestérol : un Sundae caramel. Et Pierre de répondre : – Deux Sundae caramel, siouplé. L’employée se retourna et Philippe commença à chercher son portefeuille. Quand elle revint, horreur, il n’y avait qu’un Sundae sur le comptoir ! – C’est le dernier, dit la serveuse d’une voix molle. Philippe, magnanime, se fendit d’un « Allez, c’est bon, il est pour toi ! » vaguement complaisant. Les compères s’installèrent dans la rue derrière puisqu’il faisait presque beau en ce mardi d’octobre. Ils engloutirent leurs frites maigrichonnes puis attaquèrent leur burger purulent. Après l’école de commerce, les deux amis avaient rapidement trouvé du boulot et, coup de chance, dans la même boîte, la sacro-sainte société Michelin. Pierre avait été embauché comme commercial à l’export pour l’Asie du Sud-Est mais, comme toujours, Philippe avait été promu à un niveau légèrement supérieur à celui de Pierre. Il était devenu son supérieur direct, son « +1 ». Mais entre eux ça ne comptait pas, ils se voyaient comme un binôme équitable et équilibré. C’est Philippe qui communiquait les résultats à la direction mais ses privilèges s’arrêtaient là. 82
Après l’école de commerce, les deux amis avaient rapidement trouvé du boulot et, coup de chance, dans la même boîte, la sacro-sainte société Michelin. Pierre avait été embauché comme commercial à l’export pour l’Asie du Sud-Est mais, comme toujours, Philippe avait été promu à un niveau légèrement supérieur à celui de Pierre. Il était devenu son supérieur direct, son « +1 ». Mais entre eux ça ne comptait pas, ils se voyaient comme un binôme équitable et équilibré. C’est Philippe qui communiquait les résultats à la direction mais ses privilèges s’arrêtaient là. Philippe, magnanime, se fendit d’un « Allez, c’est bon, il est pour toi ! » vaguement complaisant. Les compères s’installèrent dans la rue derrière puisqu’il faisait presque beau en ce mardi d’octobre. Ils engloutirent leurs frites maigrichonnes puis attaquèrent leur burger purulent. – C’est le dernier, dit la serveuse d’une voix molle. L’employée se retourna et Philippe commença à chercher son portefeuille. Quand elle revint, horreur, il n’y avait qu’un Sundae sur le comptoir ! – Deux Sundae caramel, siouplé. Les deux amis se sont regardés et ont souri en connivence. Ils prenaient la même chose depuis toutes ces années à venir entretenir leur cholestérol : un Sundae caramel. Et Pierre de répondre : – Un dessert ? Unies, à Clermont-Ferrand, ce qu’ils faisaient de temps à autre, entre midi et deux. C’était leur petit rituel à eux. Ils avaient passé commande ensemble, Pierre un Maxi Best of Chicken et Philippe un Roady Toaster XL. Il y avait en plus des petites cartes à gratter pour gagner de fabuleux lots. Tout le monde était content. Et puis l’employée polyvalente préposée au Frites/ boisson/ caisse/ « tu passeras un coup par terre quand t’auras fini » leur a posé la question fatidique : JONATHAN RABANY
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Retrouvailles
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Certains matins offrent une perspective inattendue, comme celle de ne pas se dégoûter au réveil. Harry ne peut contenir un rictus tandis que sa cravate serpente autour de son cou. Alors qu’il finit d’ajuster le nœud, il lance un profond regard au miroir, dans une sorte d’autoséduction. Le départ est rapide et efficace. Une bise sur le front de sa femme. Un bref ébouriffage de la progéniture présente. Comble de la chance, son Audi ne rencontre aucun bouchon. Au travail, il fait comme à son habitude.
Les lampadaires s’allument à la chaîne, dans un grésillement, bien que le bleu du ciel n’ait pas encore tout à fait avoué sa défaite. L’Audi quitte les quartiers d’affaires pour s’aventurer dans un quelconque faubourg. Ce n’est plus l’endroit d’antan. Tout s’est embourgeoisé, modernisé, gentrifié. Au carrefour, il reconnaît le coin où les jeunes se rassemblaient à son époque. Et puis, qu’est-ce qu’il en à foutre des gens qu’il retrouve ? Cela fait quoi ? Bien une dizaine d’années qu’il ne les a pas revus. Il ne compte pas les revoir après. Doit-il faire sauter
Harry est cadre, il vit dans la certitude d’être concubiné indéfectiblement avec son entreprise, tout en sentant l’angoisse, la nécessité permanente, d’attirer les faveurs de ses supérieurs. Dans le ronronnement du quotidien, il sait flatter d’une tape sur l’épaule chacun de ses collaborateurs, mais lorsqu’il faut boucler le dernier rapport avant la remise de projet, pas besoin de cravache pour aiguillonner le subalterne. Harry s’en fout aujourd’hui. Cela fait quelques jours qu’il a achevé tout son travail et en remettant sa pile de documents avant de partir, c’est une affaire conclue qu’il offre généreusement au C.A.
Excité comme un puceau, il se sent presque honteux d’autant d’impatience. Voilà deux heures qu’il zigzague de bureau en bureau, comme pour faire passer la journée plus vite. Ses tâches s’achèvent d’elles-mêmes sans demander l’aide de son cerveau.
Excité comme un puceau, il se sent presque honteux d’autant d’impatience. Voilà deux heures qu’il zigzague de bureau en bureau, comme pour faire passer la journée plus vite. Ses tâches s’achèvent d’elles-mêmes sans demander l’aide de son cerveau.
Harry est cadre, il vit dans la certitude d’être concubiné indéfectiblement avec son entreprise, tout en sentant l’angoisse, la nécessité permanente, d’attirer les faveurs de ses supérieurs. Dans le ronronnement du quotidien, il sait flatter d’une tape sur l’épaule chacun de ses collaborateurs, mais lorsqu’il faut boucler le dernier rapport avant la remise de projet, pas besoin de cravache pour aiguillonner le subalterne. Harry s’en fout aujourd’hui. Cela fait quelques jours qu’il a achevé tout son travail et en remettant sa pile de documents avant de partir, c’est une affaire conclue qu’il offre généreusement au C.A.
Les lampadaires s’allument à la chaîne, dans un grésillement, bien que le bleu du ciel n’ait pas encore tout à fait avoué sa défaite. L’Audi quitte les quartiers d’affaires pour s’aventurer dans un quelconque faubourg. Ce n’est plus l’endroit d’antan. Tout s’est embourgeoisé, modernisé, gentrifié. Au carrefour, il reconnaît le coin où les jeunes se rassemblaient à son époque. Et puis, qu’est-ce qu’il en à foutre des gens qu’il retrouve ? Cela fait quoi ? Bien une dizaine d’années qu’il ne les a pas revus. Il ne compte pas les revoir après. Doit-il faire sauter
Certains matins offrent une perspective inattendue, comme celle de ne pas se dégoûter au réveil. Harry ne peut contenir un rictus tandis que sa cravate serpente autour de son cou. Alors qu’il finit d’ajuster le nœud, il lance un profond regard au miroir, dans une sorte d’autoséduction. Le départ est rapide et efficace. Une bise sur le front de sa femme. Un bref ébouriffage de la progéniture présente. Comble de la chance, son Audi ne rencontre aucun bouchon. Au travail, il fait comme à son habitude.
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Certains matins offrent une perspective inattendue, comme celle de ne pas se dégoûter au réveil. Harry ne peut contenir un rictus tandis que sa cravate serpente autour de son cou. Alors qu’il finit d’ajuster le nœud, il lance un profond regard au miroir, dans une sorte d’autoséduction. Le départ est rapide et efficace. Une bise sur le front de sa femme. Un bref ébouriffage de la progéniture présente. Comble de la chance, son Audi ne rencontre aucun bouchon. Au travail, il fait comme à son habitude.
Les lampadaires s’allument à la chaîne, dans un grésillement, bien que le bleu du ciel n’ait pas encore tout à fait avoué sa défaite. L’Audi quitte les quartiers d’affaires pour s’aventurer dans un quelconque faubourg. Ce n’est plus l’endroit d’antan. Tout s’est embourgeoisé, modernisé, gentrifié. Au carrefour, il reconnaît le coin où les jeunes se rassemblaient à son époque. Et puis, qu’est-ce qu’il en à foutre des gens qu’il retrouve ? Cela fait quoi ? Bien une dizaine d’années qu’il ne les a pas revus. Il ne compte pas les revoir après. Doit-il faire sauter
Harry est cadre, il vit dans la certitude d’être concubiné indéfectiblement avec son entreprise, tout en sentant l’angoisse, la nécessité permanente, d’attirer les faveurs de ses supérieurs. Dans le ronronnement du quotidien, il sait flatter d’une tape sur l’épaule chacun de ses collaborateurs, mais lorsqu’il faut boucler le dernier rapport avant la remise de projet, pas besoin de cravache pour aiguillonner le subalterne. Harry s’en fout aujourd’hui. Cela fait quelques jours qu’il a achevé tout son travail et en remettant sa pile de documents avant de partir, c’est une affaire conclue qu’il offre généreusement au C.A.
Excité comme un puceau, il se sent presque honteux d’autant d’impatience. Voilà deux heures qu’il zigzague de bureau en bureau, comme pour faire passer la journée plus vite. Ses tâches s’achèvent d’elles-mêmes sans demander l’aide de son cerveau.
Excité comme un puceau, il se sent presque honteux d’autant d’impatience. Voilà deux heures qu’il zigzague de bureau en bureau, comme pour faire passer la journée plus vite. Ses tâches s’achèvent d’elles-mêmes sans demander l’aide de son cerveau.
Harry est cadre, il vit dans la certitude d’être concubiné indéfectiblement avec son entreprise, tout en sentant l’angoisse, la nécessité permanente, d’attirer les faveurs de ses supérieurs. Dans le ronronnement du quotidien, il sait flatter d’une tape sur l’épaule chacun de ses collaborateurs, mais lorsqu’il faut boucler le dernier rapport avant la remise de projet, pas besoin de cravache pour aiguillonner le subalterne. Harry s’en fout aujourd’hui. Cela fait quelques jours qu’il a achevé tout son travail et en remettant sa pile de documents avant de partir, c’est une affaire conclue qu’il offre généreusement au C.A.
Les lampadaires s’allument à la chaîne, dans un grésillement, bien que le bleu du ciel n’ait pas encore tout à fait avoué sa défaite. L’Audi quitte les quartiers d’affaires pour s’aventurer dans un quelconque faubourg. Ce n’est plus l’endroit d’antan. Tout s’est embourgeoisé, modernisé, gentrifié. Au carrefour, il reconnaît le coin où les jeunes se rassemblaient à son époque. Et puis, qu’est-ce qu’il en à foutre des gens qu’il retrouve ? Cela fait quoi ? Bien une dizaine d’années qu’il ne les a pas revus. Il ne compte pas les revoir après. Doit-il faire sauter
Certains matins offrent une perspective inattendue, comme celle de ne pas se dégoûter au réveil. Harry ne peut contenir un rictus tandis que sa cravate serpente autour de son cou. Alors qu’il finit d’ajuster le nœud, il lance un profond regard au miroir, dans une sorte d’autoséduction. Le départ est rapide et efficace. Une bise sur le front de sa femme. Un bref ébouriffage de la progéniture présente. Comble de la chance, son Audi ne rencontre aucun bouchon. Au travail, il fait comme à son habitude.
ÉTIENNE BLOC
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la cravate ? Ouvrir le bouton du haut ? Cette désagréable envie de faire forte impression sans avoir l’air condescendant. Quel visage adopter ? Celui d’un ancien du quartier ou celui de l’homme aperçu dans la glace ce matin ? Comme il l’a appris dans le monde de l’entreprise, il tranche pour la solution intermédiaire et garde la cravate, en la desserrant suffisamment pour avoir l’air décontracté. L’immeuble devant lequel il se gare fait pâle figure, mais pas assez à son goût. Il veut ressentir le contraste avec plus de force. La porte cochère a été repeinte. Il pousse un long soupir et s’engouffre à l’intérieur. Des sourires de convenances, quelques claques dans le dos. Garder le sourire. Harry se prépare mentalement à la meilleure manière d’aborder la rencontre. Surtout, rester modeste. Moi, non, tout va bien, non. Oui, je sais que Joe tire du câble optique et toi alors ? J’ai appris que tu travailles dans une boucherie, c’est super ! Non, moi, je suis devenu responsable de com’, c’est assez intéressant. Puis, laisser un silence. Et créer l’envie… Ne tenant plus, il sonne. La porte s’ouvre sur des visages vieillis, mais familiers. Sur son passage, il reçoit un compliment pour son élégance, s’excuse de ne pas avoir eu le temps de repasser par chez lui pour se changer. La réalité coïncide pour le mieux à son fantasme, chacun a fait un effort vestimentaire sans arriver à lui faire de l’ombre. Les mêmes dégradés infantiles, les crêtes à brillantine qui sentent bon le coiffeur turc, celui qui t’offre un café en plus du coup de tondeuse à sept euros. Les femmes crachent leurs marques ostentatoires. Ça déborde d’initiales contrefaites : D & G, LV, EA7, & C … Harry s’aventure à serrer les mains et faire la bise. Il se sent bien, détendu en présence de ces gens. Son regard s’attarde sur ceux qui s’amassent devant le buffet. C’est amusant. Les mécanismes de groupe ne se sont pas perdus avec le temps. Les charismatiques et les grandes gueules mènent les conversations avec entrain, tandis que
Ne tenant plus, il sonne. La porte s’ouvre sur des visages vieillis, mais familiers. Sur son passage, il reçoit un compliment pour son élégance, s’excuse de ne pas avoir eu le temps de repasser par chez lui pour se changer. La réalité coïncide pour le mieux à son fantasme, chacun a fait un effort vestimentaire sans arriver à lui faire de l’ombre. Les mêmes dégradés infantiles, les crêtes à brillantine qui sentent bon le coiffeur turc, celui qui t’offre un café en plus du coup de tondeuse à sept euros. Les femmes crachent leurs marques ostentatoires. Ça déborde d’initiales contrefaites : D & G, LV, EA7, & C … Harry s’aventure à serrer les mains et faire la bise. Il se sent bien, détendu en présence de ces gens. Son regard s’attarde sur ceux qui s’amassent devant le buffet. C’est amusant. Les mécanismes de groupe ne se sont pas perdus avec le temps. Les charismatiques et les grandes gueules mènent les conversations avec entrain, tandis que Des sourires de convenances, quelques claques dans le dos. Garder le sourire. Harry se prépare mentalement à la meilleure manière d’aborder la rencontre. Surtout, rester modeste. Moi, non, tout va bien, non. Oui, je sais que Joe tire du câble optique et toi alors ? J’ai appris que tu travailles dans une boucherie, c’est super ! Non, moi, je suis devenu responsable de com’, c’est assez intéressant. Puis, laisser un silence. Et créer l’envie… L’immeuble devant lequel il se gare fait pâle figure, mais pas assez à son goût. Il veut ressentir le contraste avec plus de force. La porte cochère a été repeinte. Il pousse un long soupir et s’engouffre à l’intérieur. Comme il l’a appris dans le monde de l’entreprise, il tranche pour la solution intermédiaire et garde la cravate, en la desserrant suffisamment pour avoir l’air décontracté. la cravate ? Ouvrir le bouton du haut ? Cette désagréable envie de faire forte impression sans avoir l’air condescendant. Quel visage adopter ? Celui d’un ancien du quartier ou celui de l’homme aperçu dans la glace ce matin ?
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la cravate ? Ouvrir le bouton du haut ? Cette désagréable envie de faire forte impression sans avoir l’air condescendant. Quel visage adopter ? Celui d’un ancien du quartier ou celui de l’homme aperçu dans la glace ce matin ? Comme il l’a appris dans le monde de l’entreprise, il tranche pour la solution intermédiaire et garde la cravate, en la desserrant suffisamment pour avoir l’air décontracté. L’immeuble devant lequel il se gare fait pâle figure, mais pas assez à son goût. Il veut ressentir le contraste avec plus de force. La porte cochère a été repeinte. Il pousse un long soupir et s’engouffre à l’intérieur. Des sourires de convenances, quelques claques dans le dos. Garder le sourire. Harry se prépare mentalement à la meilleure manière d’aborder la rencontre. Surtout, rester modeste. Moi, non, tout va bien, non. Oui, je sais que Joe tire du câble optique et toi alors ? J’ai appris que tu travailles dans une boucherie, c’est super ! Non, moi, je suis devenu responsable de com’, c’est assez intéressant. Puis, laisser un silence. Et créer l’envie… Ne tenant plus, il sonne. La porte s’ouvre sur des visages vieillis, mais familiers. Sur son passage, il reçoit un compliment pour son élégance, s’excuse de ne pas avoir eu le temps de repasser par chez lui pour se changer. La réalité coïncide pour le mieux à son fantasme, chacun a fait un effort vestimentaire sans arriver à lui faire de l’ombre. Les mêmes dégradés infantiles, les crêtes à brillantine qui sentent bon le coiffeur turc, celui qui t’offre un café en plus du coup de tondeuse à sept euros. Les femmes crachent leurs marques ostentatoires. Ça déborde d’initiales contrefaites : D & G, LV, EA7, & C … Harry s’aventure à serrer les mains et faire la bise. Il se sent bien, détendu en présence de ces gens. Son regard s’attarde sur ceux qui s’amassent devant le buffet. C’est amusant. Les mécanismes de groupe ne se sont pas perdus avec le temps. Les charismatiques et les grandes gueules mènent les conversations avec entrain, tandis que 96
Ne tenant plus, il sonne. La porte s’ouvre sur des visages vieillis, mais familiers. Sur son passage, il reçoit un compliment pour son élégance, s’excuse de ne pas avoir eu le temps de repasser par chez lui pour se changer. La réalité coïncide pour le mieux à son fantasme, chacun a fait un effort vestimentaire sans arriver à lui faire de l’ombre. Les mêmes dégradés infantiles, les crêtes à brillantine qui sentent bon le coiffeur turc, celui qui t’offre un café en plus du coup de tondeuse à sept euros. Les femmes crachent leurs marques ostentatoires. Ça déborde d’initiales contrefaites : D & G, LV, EA7, & C … Harry s’aventure à serrer les mains et faire la bise. Il se sent bien, détendu en présence de ces gens. Son regard s’attarde sur ceux qui s’amassent devant le buffet. C’est amusant. Les mécanismes de groupe ne se sont pas perdus avec le temps. Les charismatiques et les grandes gueules mènent les conversations avec entrain, tandis que Des sourires de convenances, quelques claques dans le dos. Garder le sourire. Harry se prépare mentalement à la meilleure manière d’aborder la rencontre. Surtout, rester modeste. Moi, non, tout va bien, non. Oui, je sais que Joe tire du câble optique et toi alors ? J’ai appris que tu travailles dans une boucherie, c’est super ! Non, moi, je suis devenu responsable de com’, c’est assez intéressant. Puis, laisser un silence. Et créer l’envie… L’immeuble devant lequel il se gare fait pâle figure, mais pas assez à son goût. Il veut ressentir le contraste avec plus de force. La porte cochère a été repeinte. Il pousse un long soupir et s’engouffre à l’intérieur. Comme il l’a appris dans le monde de l’entreprise, il tranche pour la solution intermédiaire et garde la cravate, en la desserrant suffisamment pour avoir l’air décontracté. la cravate ? Ouvrir le bouton du haut ? Cette désagréable envie de faire forte impression sans avoir l’air condescendant. Quel visage adopter ? Celui d’un ancien du quartier ou celui de l’homme aperçu dans la glace ce matin ? ÉTIENNE BLOC
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CLAIRE LE GOFF
DES MIETTES DES MIETTES
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CLAIRE LE GOFF
DES MIETTES DES MIETTES
CLAIRE LE GOFF
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Des miettes
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À Annette T.
Depuis, je tentais une rencontre ou une autre pour me distraire, suivant malgré moi quelques amis vagues dans les bars ou les clubs. J’en ressortais sans plaisir, un peu plus vide à chaque fois, et me trouvais au matin l’air groggy de ceux qui festoient sans rêve, à coup de cocktails écœurants et d’excès inutiles. Le lundi, il fallait sortir de son lit, se jeter dans le métro, et remplir sa mission quotidienne, ce que je faisais ce jour-là comme tous les jours de ma vie.
Tous les jours de ma vie je m’installais en tête de rame, pour suivre l’avancée de la machine sur les rails, à travers la cabine du conducteur.
J’observais les visages : sans envie, ni joie, ni désir, ni rien. Ils étaient secs, j’étais sec. J’avais tenté une vie sociale, amoureuse – pourquoi pas – et choisi une femme dans une de ces fêtes enivrantes. Un soir, à la période de Noël, alors que nous sortions d’une coquette boutique rue de la Roquette, chocolats et marrons glacés, elle glissa sur une plaque de verglas et tomba contre le sol boueux. Elle était ridicule : j’eus un éclat de rire. Sa chute, qui – Dieu merci – ne lui fit aucun mal, emporta avec elle le peu d’affection qu’elle me suscitait encore, et ce fut la fin.
Je travaillais dans une société fiduciaire du douzième arrondissement. Large bureau, moquette, réunions de service : j’avais de l’importance. Je voletais dans les couloirs et j’accourais dans des tressautements d’épaules, virages à quatre-vingt-dix degrés tel un coyote de dessin animé, mais mes airs affairés ne me convainquaient plus guère de ma réussite, et je me sentais minable quand au bistrot, autour d’une bière, je taillais un costume à tel de mes collègues, pour me moquer. Je donnais des ordres, j’étais efficace, je m’ennuyais. À trente-sept ans, j’étais arrivé. Existence achevée. Qu’allais-je inventer pour faire illusion au cours des quarante années qui me restaient peut-être ?
Je travaillais dans une société fiduciaire du douzième arrondissement. Large bureau, moquette, réunions de service : j’avais de l’importance. Je voletais dans les couloirs et j’accourais dans des tressautements d’épaules, virages à quatre-vingt-dix degrés tel un coyote de dessin animé, mais mes airs affairés ne me convainquaient plus guère de ma réussite, et je me sentais minable quand au bistrot, autour d’une bière, je taillais un costume à tel de mes collègues, pour me moquer. Je donnais des ordres, j’étais efficace, je m’ennuyais. À trente-sept ans, j’étais arrivé. Existence achevée. Qu’allais-je inventer pour faire illusion au cours des quarante années qui me restaient peut-être ?
J’observais les visages : sans envie, ni joie, ni désir, ni rien. Ils étaient secs, j’étais sec. J’avais tenté une vie sociale, amoureuse – pourquoi pas – et choisi une femme dans une de ces fêtes enivrantes. Un soir, à la période de Noël, alors que nous sortions d’une coquette boutique rue de la Roquette, chocolats et marrons glacés, elle glissa sur une plaque de verglas et tomba contre le sol boueux. Elle était ridicule : j’eus un éclat de rire. Sa chute, qui – Dieu merci – ne lui fit aucun mal, emporta avec elle le peu d’affection qu’elle me suscitait encore, et ce fut la fin.
Tous les jours de ma vie je m’installais en tête de rame, pour suivre l’avancée de la machine sur les rails, à travers la cabine du conducteur.
Depuis, je tentais une rencontre ou une autre pour me distraire, suivant malgré moi quelques amis vagues dans les bars ou les clubs. J’en ressortais sans plaisir, un peu plus vide à chaque fois, et me trouvais au matin l’air groggy de ceux qui festoient sans rêve, à coup de cocktails écœurants et d’excès inutiles. Le lundi, il fallait sortir de son lit, se jeter dans le métro, et remplir sa mission quotidienne, ce que je faisais ce jour-là comme tous les jours de ma vie.
À Annette T.
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Des miettes
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Des miettes
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À Annette T.
Depuis, je tentais une rencontre ou une autre pour me distraire, suivant malgré moi quelques amis vagues dans les bars ou les clubs. J’en ressortais sans plaisir, un peu plus vide à chaque fois, et me trouvais au matin l’air groggy de ceux qui festoient sans rêve, à coup de cocktails écœurants et d’excès inutiles. Le lundi, il fallait sortir de son lit, se jeter dans le métro, et remplir sa mission quotidienne, ce que je faisais ce jour-là comme tous les jours de ma vie.
Tous les jours de ma vie je m’installais en tête de rame, pour suivre l’avancée de la machine sur les rails, à travers la cabine du conducteur.
J’observais les visages : sans envie, ni joie, ni désir, ni rien. Ils étaient secs, j’étais sec. J’avais tenté une vie sociale, amoureuse – pourquoi pas – et choisi une femme dans une de ces fêtes enivrantes. Un soir, à la période de Noël, alors que nous sortions d’une coquette boutique rue de la Roquette, chocolats et marrons glacés, elle glissa sur une plaque de verglas et tomba contre le sol boueux. Elle était ridicule : j’eus un éclat de rire. Sa chute, qui – Dieu merci – ne lui fit aucun mal, emporta avec elle le peu d’affection qu’elle me suscitait encore, et ce fut la fin.
Je travaillais dans une société fiduciaire du douzième arrondissement. Large bureau, moquette, réunions de service : j’avais de l’importance. Je voletais dans les couloirs et j’accourais dans des tressautements d’épaules, virages à quatre-vingt-dix degrés tel un coyote de dessin animé, mais mes airs affairés ne me convainquaient plus guère de ma réussite, et je me sentais minable quand au bistrot, autour d’une bière, je taillais un costume à tel de mes collègues, pour me moquer. Je donnais des ordres, j’étais efficace, je m’ennuyais. À trente-sept ans, j’étais arrivé. Existence achevée. Qu’allais-je inventer pour faire illusion au cours des quarante années qui me restaient peut-être ?
Je travaillais dans une société fiduciaire du douzième arrondissement. Large bureau, moquette, réunions de service : j’avais de l’importance. Je voletais dans les couloirs et j’accourais dans des tressautements d’épaules, virages à quatre-vingt-dix degrés tel un coyote de dessin animé, mais mes airs affairés ne me convainquaient plus guère de ma réussite, et je me sentais minable quand au bistrot, autour d’une bière, je taillais un costume à tel de mes collègues, pour me moquer. Je donnais des ordres, j’étais efficace, je m’ennuyais. À trente-sept ans, j’étais arrivé. Existence achevée. Qu’allais-je inventer pour faire illusion au cours des quarante années qui me restaient peut-être ?
J’observais les visages : sans envie, ni joie, ni désir, ni rien. Ils étaient secs, j’étais sec. J’avais tenté une vie sociale, amoureuse – pourquoi pas – et choisi une femme dans une de ces fêtes enivrantes. Un soir, à la période de Noël, alors que nous sortions d’une coquette boutique rue de la Roquette, chocolats et marrons glacés, elle glissa sur une plaque de verglas et tomba contre le sol boueux. Elle était ridicule : j’eus un éclat de rire. Sa chute, qui – Dieu merci – ne lui fit aucun mal, emporta avec elle le peu d’affection qu’elle me suscitait encore, et ce fut la fin.
Tous les jours de ma vie je m’installais en tête de rame, pour suivre l’avancée de la machine sur les rails, à travers la cabine du conducteur.
Depuis, je tentais une rencontre ou une autre pour me distraire, suivant malgré moi quelques amis vagues dans les bars ou les clubs. J’en ressortais sans plaisir, un peu plus vide à chaque fois, et me trouvais au matin l’air groggy de ceux qui festoient sans rêve, à coup de cocktails écœurants et d’excès inutiles. Le lundi, il fallait sortir de son lit, se jeter dans le métro, et remplir sa mission quotidienne, ce que je faisais ce jour-là comme tous les jours de ma vie.
À Annette T.
CLAIRE LE GOFF
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Il fallait voir la froideur et la crasse de notre bocal. C’était du métal, des banquettes crevées, des mots obscènes sur les murs, et dans un coin, une odeur de pisse ou une flaque grumeleuse de vomi frais. Parfois, je quittais la ligne de rails, à travers la lucarne, pour voir en face le troupeau humain d’une effroyable tristesse. Non des visages, mais des gueules et des tronches, dans le matin blafard des néons. De pauvres mines grises, et la mienne ne valait pas mieux. J’avais parfois tenté des sourires, restés lettres mortes : les amabilités sont suspectes, chacun est pour soi, chargé de ce qui le soucie et qu’il n’ose exprimer. J’avais dû renoncer au contact, à la cordialité. J’ouvrais des dossiers, que je faisais semblant de lire, pour me donner une contenance. Parfois, je m’autorisais dans la marge un gribouillage au crayon noir que je gommerais plus tard. C’est ainsi que je ne la vis pas monter, mais un parfum lourd et capiteux me fit lever la tête à la station « Filles du calvaire ». Elle prit le temps de choisir sa place, s’assit en face sur un strapontin, avant de tourner la tête pour fixer la fenêtre. Son visage n’avait pas vingt ans, les yeux étaient clairs, la bouche charnue faisait une moue. Les cheveux mal attachés étaient bruns et sales, avec de petits paquets, comme les rouleaux de pièces de monnaie que les caissières déchirent ou cassent sous nos yeux, dans les magasins. Sous le cou à la peau laiteuse marbrée de noir, une poitrine gigantesque, et qu’aucune armature ne venait soutenir, dégoulinait jusqu’à la taille. La jupe de ciel et de cendre tombait sous les genoux, des jambières grises et chaudes montraient des mollets comme des cuisses. Les chevilles épaisses disparaissaient sous des bottines délavées. Le corps lessivé, essoré, n’avait plus de forme, et le délabrement de l’ensemble ne convenait pas à la sérénité du visage, à la douceur du regard. S’il n’y avait eu que l’image des yeux clairs et de la bouche ronde… si, par un enchantement, la face s’était désolidarisée du reste pour se poser sur un autre corps, avec un tailleur ou une robe légère, j’aurais cru que cette femme faisait aussi le trajet jusqu’à son bureau, après avoir déposé ses enfants à l’école,
Son visage n’avait pas vingt ans, les yeux étaient clairs, la bouche charnue faisait une moue. Les cheveux mal attachés étaient bruns et sales, avec de petits paquets, comme les rouleaux de pièces de monnaie que les caissières déchirent ou cassent sous nos yeux, dans les magasins. Sous le cou à la peau laiteuse marbrée de noir, une poitrine gigantesque, et qu’aucune armature ne venait soutenir, dégoulinait jusqu’à la taille. La jupe de ciel et de cendre tombait sous les genoux, des jambières grises et chaudes montraient des mollets comme des cuisses. Les chevilles épaisses disparaissaient sous des bottines délavées. Le corps lessivé, essoré, n’avait plus de forme, et le délabrement de l’ensemble ne convenait pas à la sérénité du visage, à la douceur du regard. S’il n’y avait eu que l’image des yeux clairs et de la bouche ronde… si, par un enchantement, la face s’était désolidarisée du reste pour se poser sur un autre corps, avec un tailleur ou une robe légère, j’aurais cru que cette femme faisait aussi le trajet jusqu’à son bureau, après avoir déposé ses enfants à l’école, C’est ainsi que je ne la vis pas monter, mais un parfum lourd et capiteux me fit lever la tête à la station « Filles du calvaire ». Elle prit le temps de choisir sa place, s’assit en face sur un strapontin, avant de tourner la tête pour fixer la fenêtre. Il fallait voir la froideur et la crasse de notre bocal. C’était du métal, des banquettes crevées, des mots obscènes sur les murs, et dans un coin, une odeur de pisse ou une flaque grumeleuse de vomi frais. Parfois, je quittais la ligne de rails, à travers la lucarne, pour voir en face le troupeau humain d’une effroyable tristesse. Non des visages, mais des gueules et des tronches, dans le matin blafard des néons. De pauvres mines grises, et la mienne ne valait pas mieux. J’avais parfois tenté des sourires, restés lettres mortes : les amabilités sont suspectes, chacun est pour soi, chargé de ce qui le soucie et qu’il n’ose exprimer. J’avais dû renoncer au contact, à la cordialité. J’ouvrais des dossiers, que je faisais semblant de lire, pour me donner une contenance. Parfois, je m’autorisais dans la marge un gribouillage au crayon noir que je gommerais plus tard.
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CLAIRE LE GOFF
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CLAIRE LE GOFF
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Il fallait voir la froideur et la crasse de notre bocal. C’était du métal, des banquettes crevées, des mots obscènes sur les murs, et dans un coin, une odeur de pisse ou une flaque grumeleuse de vomi frais. Parfois, je quittais la ligne de rails, à travers la lucarne, pour voir en face le troupeau humain d’une effroyable tristesse. Non des visages, mais des gueules et des tronches, dans le matin blafard des néons. De pauvres mines grises, et la mienne ne valait pas mieux. J’avais parfois tenté des sourires, restés lettres mortes : les amabilités sont suspectes, chacun est pour soi, chargé de ce qui le soucie et qu’il n’ose exprimer. J’avais dû renoncer au contact, à la cordialité. J’ouvrais des dossiers, que je faisais semblant de lire, pour me donner une contenance. Parfois, je m’autorisais dans la marge un gribouillage au crayon noir que je gommerais plus tard. C’est ainsi que je ne la vis pas monter, mais un parfum lourd et capiteux me fit lever la tête à la station « Filles du calvaire ». Elle prit le temps de choisir sa place, s’assit en face sur un strapontin, avant de tourner la tête pour fixer la fenêtre. Son visage n’avait pas vingt ans, les yeux étaient clairs, la bouche charnue faisait une moue. Les cheveux mal attachés étaient bruns et sales, avec de petits paquets, comme les rouleaux de pièces de monnaie que les caissières déchirent ou cassent sous nos yeux, dans les magasins. Sous le cou à la peau laiteuse marbrée de noir, une poitrine gigantesque, et qu’aucune armature ne venait soutenir, dégoulinait jusqu’à la taille. La jupe de ciel et de cendre tombait sous les genoux, des jambières grises et chaudes montraient des mollets comme des cuisses. Les chevilles épaisses disparaissaient sous des bottines délavées. Le corps lessivé, essoré, n’avait plus de forme, et le délabrement de l’ensemble ne convenait pas à la sérénité du visage, à la douceur du regard. S’il n’y avait eu que l’image des yeux clairs et de la bouche ronde… si, par un enchantement, la face s’était désolidarisée du reste pour se poser sur un autre corps, avec un tailleur ou une robe légère, j’aurais cru que cette femme faisait aussi le trajet jusqu’à son bureau, après avoir déposé ses enfants à l’école, 106
Son visage n’avait pas vingt ans, les yeux étaient clairs, la bouche charnue faisait une moue. Les cheveux mal attachés étaient bruns et sales, avec de petits paquets, comme les rouleaux de pièces de monnaie que les caissières déchirent ou cassent sous nos yeux, dans les magasins. Sous le cou à la peau laiteuse marbrée de noir, une poitrine gigantesque, et qu’aucune armature ne venait soutenir, dégoulinait jusqu’à la taille. La jupe de ciel et de cendre tombait sous les genoux, des jambières grises et chaudes montraient des mollets comme des cuisses. Les chevilles épaisses disparaissaient sous des bottines délavées. Le corps lessivé, essoré, n’avait plus de forme, et le délabrement de l’ensemble ne convenait pas à la sérénité du visage, à la douceur du regard. S’il n’y avait eu que l’image des yeux clairs et de la bouche ronde… si, par un enchantement, la face s’était désolidarisée du reste pour se poser sur un autre corps, avec un tailleur ou une robe légère, j’aurais cru que cette femme faisait aussi le trajet jusqu’à son bureau, après avoir déposé ses enfants à l’école, C’est ainsi que je ne la vis pas monter, mais un parfum lourd et capiteux me fit lever la tête à la station « Filles du calvaire ». Elle prit le temps de choisir sa place, s’assit en face sur un strapontin, avant de tourner la tête pour fixer la fenêtre. Il fallait voir la froideur et la crasse de notre bocal. C’était du métal, des banquettes crevées, des mots obscènes sur les murs, et dans un coin, une odeur de pisse ou une flaque grumeleuse de vomi frais. Parfois, je quittais la ligne de rails, à travers la lucarne, pour voir en face le troupeau humain d’une effroyable tristesse. Non des visages, mais des gueules et des tronches, dans le matin blafard des néons. De pauvres mines grises, et la mienne ne valait pas mieux. J’avais parfois tenté des sourires, restés lettres mortes : les amabilités sont suspectes, chacun est pour soi, chargé de ce qui le soucie et qu’il n’ose exprimer. J’avais dû renoncer au contact, à la cordialité. J’ouvrais des dossiers, que je faisais semblant de lire, pour me donner une contenance. Parfois, je m’autorisais dans la marge un gribouillage au crayon noir que je gommerais plus tard. CLAIRE LE GOFF
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FABIEN CLEMENTI
INVITATION AU SILENCE INVITATION AU SILENCE
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FABIEN CLEMENTI
INVITATION AU SILENCE INVITATION AU SILENCE
FABIEN CLEMENTI
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Invitation au silence
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– Justement, lança Tucel, parlons de ces morts dont vous souhaitez m’entretenir : messieurs B. et de G. notamment. Sans recommandation, je vous aurai pris pour un journaliste de Paris Match en maraude. Les suicides d’hommes politiques : un sujet délicieusement sulfureux. En quoi vous intéresse-t-il ? Des cols-verts glissaient sur l’onde, nonchalants.
Dès la remontée de l’allée principale, Duchesnay regretta d’avoir mis ses mocassins en cuir brillant. Pour marcher dans les travées gravillonneuses du parc, une paire de tennis aurait été plus adaptée. Mais alors pas de costume… Il allait rencontrer René Tucel, un ministre. « Ex » mais ministre quand même. Et le protocole de cabinet lui collait encore à la peau.
– On ne quitte la politique que les pieds devant, Monsieur le Ministre. – Même en baskets, je vous aurai reçu, continua le vieil homme en pointant les souliers de son vis-à-vis, blanchis de poussières. Vous comme moi sommes à la retraite, après tout.
Le personnel soignant s’affairait auprès de grabataires comme parsemés çà et là. Avec ses haies coupées au carré, ses parterres de bégonias multicolores et son château restauré, cet EHPAD était le plus réputé, le plus stylé et le plus onéreux de toute l’Essonne. Non content d’avoir les moyens, son rendez-vous avait du goût.
C’est par ces mots que Tucel accueillit Duchesnay. Il était au fond d’un transat, une couverture sur les genoux. Sa chétivité était toute légitime pour un octogénaire, comme les troubles de la mémoire dont il était, selon ses médecins, victime.
Il le trouva dans le kiosque blanc qui dominait une petite mare. – Un vrai rond-de-cuir : ponctuel et tiré à quatre épingles ! C’est par ces mots que Tucel accueillit Duchesnay. Il était au fond d’un transat, une couverture sur les genoux. Sa chétivité était toute légitime pour un octogénaire, comme les troubles de la mémoire dont il était, selon ses médecins, victime.
– Un vrai rond-de-cuir : ponctuel et tiré à quatre épingles ! Il le trouva dans le kiosque blanc qui dominait une petite mare. Le personnel soignant s’affairait auprès de grabataires comme parsemés çà et là. Avec ses haies coupées au carré, ses parterres de bégonias multicolores et son château restauré, cet EHPAD était le plus réputé, le plus stylé et le plus onéreux de toute l’Essonne. Non content d’avoir les moyens, son rendez-vous avait du goût.
– Même en baskets, je vous aurai reçu, continua le vieil homme en pointant les souliers de son vis-à-vis, blanchis de poussières. Vous comme moi sommes à la retraite, après tout. – On ne quitte la politique que les pieds devant, Monsieur le Ministre.
– Justement, lança Tucel, parlons de ces morts dont vous souhaitez m’entretenir : messieurs B. et de G. notamment. Sans recommandation, je vous aurai pris pour un journaliste de Paris Match en maraude. Les suicides d’hommes politiques : un sujet délicieusement sulfureux. En quoi vous intéresse-t-il ?
Dès la remontée de l’allée principale, Duchesnay regretta d’avoir mis ses mocassins en cuir brillant. Pour marcher dans les travées gravillonneuses du parc, une paire de tennis aurait été plus adaptée. Mais alors pas de costume… Il allait rencontrer René Tucel, un ministre. « Ex » mais ministre quand même. Et le protocole de cabinet lui collait encore à la peau.
Des cols-verts glissaient sur l’onde, nonchalants.
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Invitation au silence
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Invitation au silence
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– Justement, lança Tucel, parlons de ces morts dont vous souhaitez m’entretenir : messieurs B. et de G. notamment. Sans recommandation, je vous aurai pris pour un journaliste de Paris Match en maraude. Les suicides d’hommes politiques : un sujet délicieusement sulfureux. En quoi vous intéresse-t-il ? Des cols-verts glissaient sur l’onde, nonchalants.
Dès la remontée de l’allée principale, Duchesnay regretta d’avoir mis ses mocassins en cuir brillant. Pour marcher dans les travées gravillonneuses du parc, une paire de tennis aurait été plus adaptée. Mais alors pas de costume… Il allait rencontrer René Tucel, un ministre. « Ex » mais ministre quand même. Et le protocole de cabinet lui collait encore à la peau.
– On ne quitte la politique que les pieds devant, Monsieur le Ministre. – Même en baskets, je vous aurai reçu, continua le vieil homme en pointant les souliers de son vis-à-vis, blanchis de poussières. Vous comme moi sommes à la retraite, après tout.
Le personnel soignant s’affairait auprès de grabataires comme parsemés çà et là. Avec ses haies coupées au carré, ses parterres de bégonias multicolores et son château restauré, cet EHPAD était le plus réputé, le plus stylé et le plus onéreux de toute l’Essonne. Non content d’avoir les moyens, son rendez-vous avait du goût.
C’est par ces mots que Tucel accueillit Duchesnay. Il était au fond d’un transat, une couverture sur les genoux. Sa chétivité était toute légitime pour un octogénaire, comme les troubles de la mémoire dont il était, selon ses médecins, victime.
– Même en baskets, je vous aurai reçu, continua le vieil homme en pointant les souliers de son vis-à-vis, blanchis de poussières. Vous comme moi sommes à la retraite, après tout.
Le personnel soignant s’affairait auprès de grabataires comme parsemés çà et là. Avec ses haies coupées au carré, ses parterres de bégonias multicolores et son château restauré, cet EHPAD était le plus réputé, le plus stylé et le plus onéreux de toute l’Essonne. Non content d’avoir les moyens, son rendez-vous avait du goût.
C’est par ces mots que Tucel accueillit Duchesnay. Il était au fond d’un transat, une couverture sur les genoux. Sa chétivité était toute légitime pour un octogénaire, comme les troubles de la mémoire dont il était, selon ses médecins, victime.
Il le trouva dans le kiosque blanc qui dominait une petite mare.
– Un vrai rond-de-cuir : ponctuel et tiré à quatre épingles !
– Un vrai rond-de-cuir : ponctuel et tiré à quatre épingles !
Il le trouva dans le kiosque blanc qui dominait une petite mare.
– On ne quitte la politique que les pieds devant, Monsieur le Ministre.
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Invitation au silence
– Justement, lança Tucel, parlons de ces morts dont vous souhaitez m’entretenir : messieurs B. et de G. notamment. Sans recommandation, je vous aurai pris pour un journaliste de Paris Match en maraude. Les suicides d’hommes politiques : un sujet délicieusement sulfureux. En quoi vous intéresse-t-il ?
Dès la remontée de l’allée principale, Duchesnay regretta d’avoir mis ses mocassins en cuir brillant. Pour marcher dans les travées gravillonneuses du parc, une paire de tennis aurait été plus adaptée. Mais alors pas de costume… Il allait rencontrer René Tucel, un ministre. « Ex » mais ministre quand même. Et le protocole de cabinet lui collait encore à la peau.
Des cols-verts glissaient sur l’onde, nonchalants.
FABIEN CLEMENTI
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– J’aurais probablement mal entendu, reprit soudain René Tucel en s’arrêtant net. Avez-vous bien dit, les victimes ?
– Lors de mon passage à l’Intérieur, j’ai eu entre les mains un rapport des plus intrigants. Il présentait une théorie élaborée autour de quelques cas équivoques. B. et de G. en font partie, plus d’autres moins médiatisés mais que vous connaissez assurément. Ce dossier est classé depuis longtemps, alors maintenant que je me suis retiré, je reprends l’enquête à mon compte.
L’infirmier aida son pensionnaire à descendre les marches du kiosque. Duchesnay retenait son souffle, immobile.
Tucel ricana et poussa sa couverture de côté, exhibant ses jambes malingres.
– J’ai la mémoire qui flanche, j’me souviens plus très bien… chantonna Tucel en se levant péniblement. Et mon procès me fatigue au point d’en oublier un peu plus chaque jour. Oh, à choisir je préfèrerais raconter ma vie à vous plutôt qu’à un juge d’instruction, mais bon…
– Drôle de marotte. Un haut fonctionnaire tout juste retraité aspire plutôt à une villégiature dans les îles, loin des affaires publiques et des manigances de cabinet qui lui ont coûté tant de nuits blanches… Enfin soit. Et en quoi cela me concerne-t-il ?
Le vieillard joignit ses mains devant lui, les index posés sur les lèvres. Au bout d’une interminable minute de silence, il héla un infirmier et demanda à regagner sa chambre.
– Vous avez côtoyé les victimes durant votre carrière, asséna Duchesnay. Les petits déjeuners de Matignon, ça rapproche.
– Vous avez côtoyé les victimes durant votre carrière, asséna Duchesnay. Les petits déjeuners de Matignon, ça rapproche.
Le vieillard joignit ses mains devant lui, les index posés sur les lèvres. Au bout d’une interminable minute de silence, il héla un infirmier et demanda à regagner sa chambre.
– Drôle de marotte. Un haut fonctionnaire tout juste retraité aspire plutôt à une villégiature dans les îles, loin des affaires publiques et des manigances de cabinet qui lui ont coûté tant de nuits blanches… Enfin soit. Et en quoi cela me concerne-t-il ?
– J’ai la mémoire qui flanche, j’me souviens plus très bien… chantonna Tucel en se levant péniblement. Et mon procès me fatigue au point d’en oublier un peu plus chaque jour. Oh, à choisir je préfèrerais raconter ma vie à vous plutôt qu’à un juge d’instruction, mais bon…
Tucel ricana et poussa sa couverture de côté, exhibant ses jambes malingres.
L’infirmier aida son pensionnaire à descendre les marches du kiosque. Duchesnay retenait son souffle, immobile.
– Lors de mon passage à l’Intérieur, j’ai eu entre les mains un rapport des plus intrigants. Il présentait une théorie élaborée autour de quelques cas équivoques. B. et de G. en font partie, plus d’autres moins médiatisés mais que vous connaissez assurément. Ce dossier est classé depuis longtemps, alors maintenant que je me suis retiré, je reprends l’enquête à mon compte.
– J’aurais probablement mal entendu, reprit soudain René Tucel en s’arrêtant net. Avez-vous bien dit, les victimes ? Duchesnay le rejoignit. Il garda sa stature imposante à une distance respectueuse de l’ex-ministre et lissa sa moustache argentée.
Duchesnay le rejoignit. Il garda sa stature imposante à une distance respectueuse de l’ex-ministre et lissa sa moustache argentée.
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FABIEN CLEMENTI
Livre QN ? 2015_Passage à l'acte 16/10/15 15:08 Page120
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FABIEN CLEMENTI
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– J’aurais probablement mal entendu, reprit soudain René Tucel en s’arrêtant net. Avez-vous bien dit, les victimes ?
– Lors de mon passage à l’Intérieur, j’ai eu entre les mains un rapport des plus intrigants. Il présentait une théorie élaborée autour de quelques cas équivoques. B. et de G. en font partie, plus d’autres moins médiatisés mais que vous connaissez assurément. Ce dossier est classé depuis longtemps, alors maintenant que je me suis retiré, je reprends l’enquête à mon compte.
L’infirmier aida son pensionnaire à descendre les marches du kiosque. Duchesnay retenait son souffle, immobile.
Tucel ricana et poussa sa couverture de côté, exhibant ses jambes malingres.
– J’ai la mémoire qui flanche, j’me souviens plus très bien… chantonna Tucel en se levant péniblement. Et mon procès me fatigue au point d’en oublier un peu plus chaque jour. Oh, à choisir je préfèrerais raconter ma vie à vous plutôt qu’à un juge d’instruction, mais bon…
– Drôle de marotte. Un haut fonctionnaire tout juste retraité aspire plutôt à une villégiature dans les îles, loin des affaires publiques et des manigances de cabinet qui lui ont coûté tant de nuits blanches… Enfin soit. Et en quoi cela me concerne-t-il ?
Le vieillard joignit ses mains devant lui, les index posés sur les lèvres. Au bout d’une interminable minute de silence, il héla un infirmier et demanda à regagner sa chambre.
– Vous avez côtoyé les victimes durant votre carrière, asséna Duchesnay. Les petits déjeuners de Matignon, ça rapproche.
– Vous avez côtoyé les victimes durant votre carrière, asséna Duchesnay. Les petits déjeuners de Matignon, ça rapproche.
Le vieillard joignit ses mains devant lui, les index posés sur les lèvres. Au bout d’une interminable minute de silence, il héla un infirmier et demanda à regagner sa chambre.
– Drôle de marotte. Un haut fonctionnaire tout juste retraité aspire plutôt à une villégiature dans les îles, loin des affaires publiques et des manigances de cabinet qui lui ont coûté tant de nuits blanches… Enfin soit. Et en quoi cela me concerne-t-il ?
– J’ai la mémoire qui flanche, j’me souviens plus très bien… chantonna Tucel en se levant péniblement. Et mon procès me fatigue au point d’en oublier un peu plus chaque jour. Oh, à choisir je préfèrerais raconter ma vie à vous plutôt qu’à un juge d’instruction, mais bon…
Tucel ricana et poussa sa couverture de côté, exhibant ses jambes malingres.
L’infirmier aida son pensionnaire à descendre les marches du kiosque. Duchesnay retenait son souffle, immobile.
– Lors de mon passage à l’Intérieur, j’ai eu entre les mains un rapport des plus intrigants. Il présentait une théorie élaborée autour de quelques cas équivoques. B. et de G. en font partie, plus d’autres moins médiatisés mais que vous connaissez assurément. Ce dossier est classé depuis longtemps, alors maintenant que je me suis retiré, je reprends l’enquête à mon compte.
– J’aurais probablement mal entendu, reprit soudain René Tucel en s’arrêtant net. Avez-vous bien dit, les victimes ? Duchesnay le rejoignit. Il garda sa stature imposante à une distance respectueuse de l’ex-ministre et lissa sa moustache argentée. 120
Duchesnay le rejoignit. Il garda sa stature imposante à une distance respectueuse de l’ex-ministre et lissa sa moustache argentée. FABIEN CLEMENTI
COLINE BASSENNE
CELLULES MORTES CELLULES MORTES
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COLINE BASSENNE
CELLULES MORTES CELLULES MORTES
COLINE BASSENNE
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Cellules mortes
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J’étais en train d’introduire le gant de toilette dans la raie de madame V. quand j’ai eu l’idée d’incorporer un peu de merde dans son repas. Je venais d’avoir vingt-cinq ans ; ça faisait vingt-trois mois que j’avais obtenu, avec succès, mon master « Lettres appliquées à la rédaction professionnelle ». On m’avait formée à repérer les fautes d’orthographe, typographique, ou de syntaxe, mais je ne savais plus comment j’avais aussi fini par apprendre que les vieux ne résistaient pas à je ne sais plus quelle bactérie dans l’intestin. Je me suis accroupie devant Mme V. La bactérie passant de l’intestin aux selles, si je lui en faisais bouffer, elle serait contaminée. J’ai baissé les yeux afin d’éviter de les poser sur son sexe. Pourvu que je n’atteigne jamais les quatre-vingt-dix-huit ans. La peau blanche et sèche dégoulinait sur ses cuisses. Ses ongles de pieds étaient longs, jaunis, les talons recouverts de corne. On aurait dit deux gros morceaux de parmesan qu’on s’apprêtait à râper. « Levez un pied s’il vous plaît, madame V ». Je lui ai enfilé sa protection en tirant bien pour que le cul passe en entier. Je ne comprenais pas pourquoi tout le monde s’acharnait à lui acheter une taille M, la moitié de ses fesses débordait de la couche. Je lui ai passé une robe bleue à fleurs roses. Ses bras étaient comme deux grosses larves essayant de se dépêtrer dans les manches courtes. Je me suis revue à la fac, fière de dire à mes potes que mes parents me laissaient faire les études que je voulais. Je me serais foutu des baffes. Je me suis lavé les mains en savonnant bien et j’ai laissé le gant sale au fond du lavabo. J’avais reçu il y a peu, une énième réponse négative pour un poste de correctrice. Cette fois-ci, je jetais l’éponge, ou plutôt le gant de toilette. Moi aussi, je voulais vibrer, moi aussi je voulais avoir autre chose à raconter que combien de fesses j’avais torchées dans la journée. Je ressentais un irrésistible besoin de vivre une expérience hors du commun. Quitte à ne pas entrer dans le cercle très fermé de l’édition, autant être quelqu’un, même si c’était « une auxiliaire de vie tue la personne grabataire dont elle a la charge » dans les pages des faits divers, plutôt qu’un cafard ramassant les miettes de biscottes tombées tout en bas de l’échelle
J’étais en train d’introduire le gant de toilette dans la raie de madame V. quand j’ai eu l’idée d’incorporer un peu de merde dans son repas. Je venais d’avoir vingt-cinq ans ; ça faisait vingt-trois mois que j’avais obtenu, avec succès, mon master « Lettres appliquées à la rédaction professionnelle ». On m’avait formée à repérer les fautes d’orthographe, typographique, ou de syntaxe, mais je ne savais plus comment j’avais aussi fini par apprendre que les vieux ne résistaient pas à je ne sais plus quelle bactérie dans l’intestin. Je me suis accroupie devant Mme V. La bactérie passant de l’intestin aux selles, si je lui en faisais bouffer, elle serait contaminée. J’ai baissé les yeux afin d’éviter de les poser sur son sexe. Pourvu que je n’atteigne jamais les quatre-vingt-dix-huit ans. La peau blanche et sèche dégoulinait sur ses cuisses. Ses ongles de pieds étaient longs, jaunis, les talons recouverts de corne. On aurait dit deux gros morceaux de parmesan qu’on s’apprêtait à râper. « Levez un pied s’il vous plaît, madame V ». Je lui ai enfilé sa protection en tirant bien pour que le cul passe en entier. Je ne comprenais pas pourquoi tout le monde s’acharnait à lui acheter une taille M, la moitié de ses fesses débordait de la couche. Je lui ai passé une robe bleue à fleurs roses. Ses bras étaient comme deux grosses larves essayant de se dépêtrer dans les manches courtes. Je me suis revue à la fac, fière de dire à mes potes que mes parents me laissaient faire les études que je voulais. Je me serais foutu des baffes. Je me suis lavé les mains en savonnant bien et j’ai laissé le gant sale au fond du lavabo. J’avais reçu il y a peu, une énième réponse négative pour un poste de correctrice. Cette fois-ci, je jetais l’éponge, ou plutôt le gant de toilette. Moi aussi, je voulais vibrer, moi aussi je voulais avoir autre chose à raconter que combien de fesses j’avais torchées dans la journée. Je ressentais un irrésistible besoin de vivre une expérience hors du commun. Quitte à ne pas entrer dans le cercle très fermé de l’édition, autant être quelqu’un, même si c’était « une auxiliaire de vie tue la personne grabataire dont elle a la charge » dans les pages des faits divers, plutôt qu’un cafard ramassant les miettes de biscottes tombées tout en bas de l’échelle 131
Cellules mortes
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J’étais en train d’introduire le gant de toilette dans la raie de madame V. quand j’ai eu l’idée d’incorporer un peu de merde dans son repas. Je venais d’avoir vingt-cinq ans ; ça faisait vingt-trois mois que j’avais obtenu, avec succès, mon master « Lettres appliquées à la rédaction professionnelle ». On m’avait formée à repérer les fautes d’orthographe, typographique, ou de syntaxe, mais je ne savais plus comment j’avais aussi fini par apprendre que les vieux ne résistaient pas à je ne sais plus quelle bactérie dans l’intestin. Je me suis accroupie devant Mme V. La bactérie passant de l’intestin aux selles, si je lui en faisais bouffer, elle serait contaminée. J’ai baissé les yeux afin d’éviter de les poser sur son sexe. Pourvu que je n’atteigne jamais les quatre-vingt-dix-huit ans. La peau blanche et sèche dégoulinait sur ses cuisses. Ses ongles de pieds étaient longs, jaunis, les talons recouverts de corne. On aurait dit deux gros morceaux de parmesan qu’on s’apprêtait à râper. « Levez un pied s’il vous plaît, madame V ». Je lui ai enfilé sa protection en tirant bien pour que le cul passe en entier. Je ne comprenais pas pourquoi tout le monde s’acharnait à lui acheter une taille M, la moitié de ses fesses débordait de la couche. Je lui ai passé une robe bleue à fleurs roses. Ses bras étaient comme deux grosses larves essayant de se dépêtrer dans les manches courtes. Je me suis revue à la fac, fière de dire à mes potes que mes parents me laissaient faire les études que je voulais. Je me serais foutu des baffes. Je me suis lavé les mains en savonnant bien et j’ai laissé le gant sale au fond du lavabo. J’avais reçu il y a peu, une énième réponse négative pour un poste de correctrice. Cette fois-ci, je jetais l’éponge, ou plutôt le gant de toilette. Moi aussi, je voulais vibrer, moi aussi je voulais avoir autre chose à raconter que combien de fesses j’avais torchées dans la journée. Je ressentais un irrésistible besoin de vivre une expérience hors du commun. Quitte à ne pas entrer dans le cercle très fermé de l’édition, autant être quelqu’un, même si c’était « une auxiliaire de vie tue la personne grabataire dont elle a la charge » dans les pages des faits divers, plutôt qu’un cafard ramassant les miettes de biscottes tombées tout en bas de l’échelle
J’étais en train d’introduire le gant de toilette dans la raie de madame V. quand j’ai eu l’idée d’incorporer un peu de merde dans son repas. Je venais d’avoir vingt-cinq ans ; ça faisait vingt-trois mois que j’avais obtenu, avec succès, mon master « Lettres appliquées à la rédaction professionnelle ». On m’avait formée à repérer les fautes d’orthographe, typographique, ou de syntaxe, mais je ne savais plus comment j’avais aussi fini par apprendre que les vieux ne résistaient pas à je ne sais plus quelle bactérie dans l’intestin. Je me suis accroupie devant Mme V. La bactérie passant de l’intestin aux selles, si je lui en faisais bouffer, elle serait contaminée. J’ai baissé les yeux afin d’éviter de les poser sur son sexe. Pourvu que je n’atteigne jamais les quatre-vingt-dix-huit ans. La peau blanche et sèche dégoulinait sur ses cuisses. Ses ongles de pieds étaient longs, jaunis, les talons recouverts de corne. On aurait dit deux gros morceaux de parmesan qu’on s’apprêtait à râper. « Levez un pied s’il vous plaît, madame V ». Je lui ai enfilé sa protection en tirant bien pour que le cul passe en entier. Je ne comprenais pas pourquoi tout le monde s’acharnait à lui acheter une taille M, la moitié de ses fesses débordait de la couche. Je lui ai passé une robe bleue à fleurs roses. Ses bras étaient comme deux grosses larves essayant de se dépêtrer dans les manches courtes. Je me suis revue à la fac, fière de dire à mes potes que mes parents me laissaient faire les études que je voulais. Je me serais foutu des baffes. Je me suis lavé les mains en savonnant bien et j’ai laissé le gant sale au fond du lavabo. J’avais reçu il y a peu, une énième réponse négative pour un poste de correctrice. Cette fois-ci, je jetais l’éponge, ou plutôt le gant de toilette. Moi aussi, je voulais vibrer, moi aussi je voulais avoir autre chose à raconter que combien de fesses j’avais torchées dans la journée. Je ressentais un irrésistible besoin de vivre une expérience hors du commun. Quitte à ne pas entrer dans le cercle très fermé de l’édition, autant être quelqu’un, même si c’était « une auxiliaire de vie tue la personne grabataire dont elle a la charge » dans les pages des faits divers, plutôt qu’un cafard ramassant les miettes de biscottes tombées tout en bas de l’échelle
COLINE BASSENNE
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sociale. Si je tuais madame V., peut-être qu’une carrière de bibliothécaire s’offrirait à moi en prison et ce, sans passer par le concours de la fonction publique, qui me demanderait X années d’études supplémentaires, sans même être sûre d’avoir une place à la clef. Vu le contexte de guerre économique, j’étais condamnée à faire des boulots de merde jusqu’à la fin de mes jours, alors autant me défendre avec d’autres armes. Sans compter qu’il y avait très peu de chances pour qu’on m’accuse de meurtre. Qui enquêterait sur les circonstances de la mort d’une personne de bientôt cent ans ? Madame V. n’avait ni famille, ni amis, elle vivait seule enfermée dans son appartement de quarante mètres carrés, avec seulement quelques auxiliaires de vie et infirmiers qui passaient tour à tour. Pour couronner le tout, elle avait perdu la boule. Au cours des premiers mois, j’avais espéré la découvrir un jour, morte dans un coin. Je l’imaginais les yeux figés, la bouche ouverte et la langue pendante. J’avais vu une morte une fois. Solange avait sauté de la citadelle de Besançon une semaine après s’être inscrite à Pôle emploi. Elle semblait dormir sous son drap blanc à la morgue, mais quand je m’étais approchée, j’avais vu les cicatrices sur son visage. Tout ce qu’attendait madame V., c’était que le bon Dieu vienne la chercher. J’avais cru qu’elle ne passerait pas Noël mais je m’étais bien gourée ; on était déjà en juillet. Je lui rendrais un service en somme. Je l’ai empoignée par le bras. C’était comme une gelée qui bavait sous la pression de mes doigts. « Allez madame V. » j’ai dit « venez avec moi dans la cuisine, on va jouer aux dominos pendant que je vous prépare le repas ». C’était dégueulasse, ces vieux qui vivaient trop longtemps et nous qui nous suicidions. Elle était tassée, plus petite que moi, le dos courbé. Je l’avais déjà retrouvée par terre plusieurs fois. Elle ne se cassait jamais rien. Je faisais exprès de congeler et décongeler des trucs pour qu’elle tombe malade, mais rien non plus. Madame V. s’est agrippée à sa canne d’une main, à mon bras de l’autre. Cette femme était immortelle. Ses doigts morts étaient comme des vers qui grouillaient dans mes veines. Madame V. était assise à table, les dominos étalés devant elle. J’avais allumé la TV pour me faire un divertissement. J’ai empoigné le
sociale. Si je tuais madame V., peut-être qu’une carrière de bibliothécaire s’offrirait à moi en prison et ce, sans passer par le concours de la fonction publique, qui me demanderait X années d’études supplémentaires, sans même être sûre d’avoir une place à la clef. Vu le contexte de guerre économique, j’étais condamnée à faire des boulots de merde jusqu’à la fin de mes jours, alors autant me défendre avec d’autres armes. Sans compter qu’il y avait très peu de chances pour qu’on m’accuse de meurtre. Qui enquêterait sur les circonstances de la mort d’une personne de bientôt cent ans ? Madame V. n’avait ni famille, ni amis, elle vivait seule enfermée dans son appartement de quarante mètres carrés, avec seulement quelques auxiliaires de vie et infirmiers qui passaient tour à tour. Pour couronner le tout, elle avait perdu la boule. Au cours des premiers mois, j’avais espéré la découvrir un jour, morte dans un coin. Je l’imaginais les yeux figés, la bouche ouverte et la langue pendante. J’avais vu une morte une fois. Solange avait sauté de la citadelle de Besançon une semaine après s’être inscrite à Pôle emploi. Elle semblait dormir sous son drap blanc à la morgue, mais quand je m’étais approchée, j’avais vu les cicatrices sur son visage. Tout ce qu’attendait madame V., c’était que le bon Dieu vienne la chercher. J’avais cru qu’elle ne passerait pas Noël mais je m’étais bien gourée ; on était déjà en juillet. Je lui rendrais un service en somme. Je l’ai empoignée par le bras. C’était comme une gelée qui bavait sous la pression de mes doigts. « Allez madame V. » j’ai dit « venez avec moi dans la cuisine, on va jouer aux dominos pendant que je vous prépare le repas ». C’était dégueulasse, ces vieux qui vivaient trop longtemps et nous qui nous suicidions. Elle était tassée, plus petite que moi, le dos courbé. Je l’avais déjà retrouvée par terre plusieurs fois. Elle ne se cassait jamais rien. Je faisais exprès de congeler et décongeler des trucs pour qu’elle tombe malade, mais rien non plus. Madame V. s’est agrippée à sa canne d’une main, à mon bras de l’autre. Cette femme était immortelle. Ses doigts morts étaient comme des vers qui grouillaient dans mes veines. Madame V. était assise à table, les dominos étalés devant elle. J’avais allumé la TV pour me faire un divertissement. J’ai empoigné le
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sociale. Si je tuais madame V., peut-être qu’une carrière de bibliothécaire s’offrirait à moi en prison et ce, sans passer par le concours de la fonction publique, qui me demanderait X années d’études supplémentaires, sans même être sûre d’avoir une place à la clef. Vu le contexte de guerre économique, j’étais condamnée à faire des boulots de merde jusqu’à la fin de mes jours, alors autant me défendre avec d’autres armes. Sans compter qu’il y avait très peu de chances pour qu’on m’accuse de meurtre. Qui enquêterait sur les circonstances de la mort d’une personne de bientôt cent ans ? Madame V. n’avait ni famille, ni amis, elle vivait seule enfermée dans son appartement de quarante mètres carrés, avec seulement quelques auxiliaires de vie et infirmiers qui passaient tour à tour. Pour couronner le tout, elle avait perdu la boule. Au cours des premiers mois, j’avais espéré la découvrir un jour, morte dans un coin. Je l’imaginais les yeux figés, la bouche ouverte et la langue pendante. J’avais vu une morte une fois. Solange avait sauté de la citadelle de Besançon une semaine après s’être inscrite à Pôle emploi. Elle semblait dormir sous son drap blanc à la morgue, mais quand je m’étais approchée, j’avais vu les cicatrices sur son visage. Tout ce qu’attendait madame V., c’était que le bon Dieu vienne la chercher. J’avais cru qu’elle ne passerait pas Noël mais je m’étais bien gourée ; on était déjà en juillet. Je lui rendrais un service en somme. Je l’ai empoignée par le bras. C’était comme une gelée qui bavait sous la pression de mes doigts. « Allez madame V. » j’ai dit « venez avec moi dans la cuisine, on va jouer aux dominos pendant que je vous prépare le repas ». C’était dégueulasse, ces vieux qui vivaient trop longtemps et nous qui nous suicidions. Elle était tassée, plus petite que moi, le dos courbé. Je l’avais déjà retrouvée par terre plusieurs fois. Elle ne se cassait jamais rien. Je faisais exprès de congeler et décongeler des trucs pour qu’elle tombe malade, mais rien non plus. Madame V. s’est agrippée à sa canne d’une main, à mon bras de l’autre. Cette femme était immortelle. Ses doigts morts étaient comme des vers qui grouillaient dans mes veines. Madame V. était assise à table, les dominos étalés devant elle. J’avais allumé la TV pour me faire un divertissement. J’ai empoigné le 132
sociale. Si je tuais madame V., peut-être qu’une carrière de bibliothécaire s’offrirait à moi en prison et ce, sans passer par le concours de la fonction publique, qui me demanderait X années d’études supplémentaires, sans même être sûre d’avoir une place à la clef. Vu le contexte de guerre économique, j’étais condamnée à faire des boulots de merde jusqu’à la fin de mes jours, alors autant me défendre avec d’autres armes. Sans compter qu’il y avait très peu de chances pour qu’on m’accuse de meurtre. Qui enquêterait sur les circonstances de la mort d’une personne de bientôt cent ans ? Madame V. n’avait ni famille, ni amis, elle vivait seule enfermée dans son appartement de quarante mètres carrés, avec seulement quelques auxiliaires de vie et infirmiers qui passaient tour à tour. Pour couronner le tout, elle avait perdu la boule. Au cours des premiers mois, j’avais espéré la découvrir un jour, morte dans un coin. Je l’imaginais les yeux figés, la bouche ouverte et la langue pendante. J’avais vu une morte une fois. Solange avait sauté de la citadelle de Besançon une semaine après s’être inscrite à Pôle emploi. Elle semblait dormir sous son drap blanc à la morgue, mais quand je m’étais approchée, j’avais vu les cicatrices sur son visage. Tout ce qu’attendait madame V., c’était que le bon Dieu vienne la chercher. J’avais cru qu’elle ne passerait pas Noël mais je m’étais bien gourée ; on était déjà en juillet. Je lui rendrais un service en somme. Je l’ai empoignée par le bras. C’était comme une gelée qui bavait sous la pression de mes doigts. « Allez madame V. » j’ai dit « venez avec moi dans la cuisine, on va jouer aux dominos pendant que je vous prépare le repas ». C’était dégueulasse, ces vieux qui vivaient trop longtemps et nous qui nous suicidions. Elle était tassée, plus petite que moi, le dos courbé. Je l’avais déjà retrouvée par terre plusieurs fois. Elle ne se cassait jamais rien. Je faisais exprès de congeler et décongeler des trucs pour qu’elle tombe malade, mais rien non plus. Madame V. s’est agrippée à sa canne d’une main, à mon bras de l’autre. Cette femme était immortelle. Ses doigts morts étaient comme des vers qui grouillaient dans mes veines. Madame V. était assise à table, les dominos étalés devant elle. J’avais allumé la TV pour me faire un divertissement. J’ai empoigné le COLINE BASSENNE
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PRÉSENTATION DES LAURÉATS ET DE L’ILLUSTRATRICE
ET DE L’ILLUSTRATRICE
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PRÉSENTATION DES LAURÉATS ET DE L’ILLUSTRATRICE
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FRÉDÉRIQUE BIASETTI Je suis née le 7 janvier 1977. J’exerce actuellement le métier de responsable de boutique. Mon intérêt pour l’écriture se traduit par : mettre des mots sur des images, des rêves, des coups de gueule, des espoirs. Être émue par une belle phrase, ressentir une émotion, partager avec les autres… Une de mes nouvelles a gagné le 2e prix au concours de l’ARACT (Association régionale pour l’amélioration des conditions de travail) et figure dans le recueil 2014 Nouvelles du travail édité par l’association.
Alice Mathevet est née. Elle n’est jamais morte depuis. Il lui est même arrivé de grandir durant vingt-six ans. Qu’on se rassure, sa vie active présente plutôt bien : humble manufacturière, elle produit à tour de bras, de façon tout à fait artisanale, des compléments médico-sociaux pour les personnes carencées. De son inactivité, Alice vous dira qu’elle écrit, poussée par les mêmes ALICE MATHEVET http://www.amis-verlaine.net/?p=1051
JÉRÔME FALLAVOLITA Je suis né le 21 février 1991. Actuellement, je travaille dans la ville de Lyon, et plus précisement dans le quartier de la Croix-Rousse, au sein d'un cabinet de kinésithérapie. Mon intérêt pour l'écriture n'est pas si ancien que cela. Au cours d'une de mes prises en charge, j'ai eu l'immense honneur de rencontrer une enseignante en lettres à la retraite. Et je crois qu'elle a su faire éclore en moi une envie, une passion même, pour la littérature ; et surtout me transmettre son amour profond de la langue française à travers de si beaux textes, qui autrefois n'étaient à mes yeux que de simples écrits, un peu vagues, mais qui, à son contact, se sont éclairés pour devenir des mondes merveilleux, ou la liberté rejoint le possible... Elle fut un catalyseur ; votre sélection une première victoire. Une de mes poésies a été publiée dans la revue L’Actualité Verlaine de juin 2015, pour une mention d'encouragement jeune espoir.
Je suis né le 21 février 1991. Actuellement, je travaille dans la ville de Lyon, et plus précisement dans le quartier de la Croix-Rousse, au sein d'un cabinet de kinésithérapie. Mon intérêt pour l'écriture n'est pas si ancien que cela. Au cours d'une de mes prises en charge, j'ai eu l'immense honneur de rencontrer une enseignante en lettres à la retraite. Et je crois qu'elle a su faire éclore en moi une envie, une passion même, pour la littérature ; et surtout me transmettre son amour profond de la langue française à travers de si beaux textes, qui autrefois n'étaient à mes yeux que de simples écrits, un peu vagues, mais qui, à son contact, se sont éclairés pour devenir des mondes merveilleux, ou la liberté rejoint le possible... Elle fut un catalyseur ; votre sélection une première victoire. Une de mes poésies a été publiée dans la revue L’Actualité Verlaine de juin 2015, pour une mention d'encouragement jeune espoir. JÉRÔME FALLAVOLITA
http://www.amis-verlaine.net/?p=1051
ALICE MATHEVET Alice Mathevet est née. Elle n’est jamais morte depuis. Il lui est même arrivé de grandir durant vingt-six ans. Qu’on se rassure, sa vie active présente plutôt bien : humble manufacturière, elle produit à tour de bras, de façon tout à fait artisanale, des compléments médico-sociaux pour les personnes carencées. De son inactivité, Alice vous dira qu’elle écrit, poussée par les mêmes
Je suis née le 7 janvier 1977. J’exerce actuellement le métier de responsable de boutique. Mon intérêt pour l’écriture se traduit par : mettre des mots sur des images, des rêves, des coups de gueule, des espoirs. Être émue par une belle phrase, ressentir une émotion, partager avec les autres… Une de mes nouvelles a gagné le 2e prix au concours de l’ARACT (Association régionale pour l’amélioration des conditions de travail) et figure dans le recueil 2014 Nouvelles du travail édité par l’association. FRÉDÉRIQUE BIASETTI
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FRÉDÉRIQUE BIASETTI Je suis née le 7 janvier 1977. J’exerce actuellement le métier de responsable de boutique. Mon intérêt pour l’écriture se traduit par : mettre des mots sur des images, des rêves, des coups de gueule, des espoirs. Être émue par une belle phrase, ressentir une émotion, partager avec les autres… Une de mes nouvelles a gagné le 2e prix au concours de l’ARACT (Association régionale pour l’amélioration des conditions de travail) et figure dans le recueil 2014 Nouvelles du travail édité par l’association.
Alice Mathevet est née. Elle n’est jamais morte depuis. Il lui est même arrivé de grandir durant vingt-six ans. Qu’on se rassure, sa vie active présente plutôt bien : humble manufacturière, elle produit à tour de bras, de façon tout à fait artisanale, des compléments médico-sociaux pour les personnes carencées. De son inactivité, Alice vous dira qu’elle écrit, poussée par les mêmes ALICE MATHEVET http://www.amis-verlaine.net/?p=1051
JÉRÔME FALLAVOLITA Je suis né le 21 février 1991. Actuellement, je travaille dans la ville de Lyon, et plus précisement dans le quartier de la Croix-Rousse, au sein d'un cabinet de kinésithérapie. Mon intérêt pour l'écriture n'est pas si ancien que cela. Au cours d'une de mes prises en charge, j'ai eu l'immense honneur de rencontrer une enseignante en lettres à la retraite. Et je crois qu'elle a su faire éclore en moi une envie, une passion même, pour la littérature ; et surtout me transmettre son amour profond de la langue française à travers de si beaux textes, qui autrefois n'étaient à mes yeux que de simples écrits, un peu vagues, mais qui, à son contact, se sont éclairés pour devenir des mondes merveilleux, ou la liberté rejoint le possible... Elle fut un catalyseur ; votre sélection une première victoire. Une de mes poésies a été publiée dans la revue L’Actualité Verlaine de juin 2015, pour une mention d'encouragement jeune espoir.
Je suis né le 21 février 1991. Actuellement, je travaille dans la ville de Lyon, et plus précisement dans le quartier de la Croix-Rousse, au sein d'un cabinet de kinésithérapie. Mon intérêt pour l'écriture n'est pas si ancien que cela. Au cours d'une de mes prises en charge, j'ai eu l'immense honneur de rencontrer une enseignante en lettres à la retraite. Et je crois qu'elle a su faire éclore en moi une envie, une passion même, pour la littérature ; et surtout me transmettre son amour profond de la langue française à travers de si beaux textes, qui autrefois n'étaient à mes yeux que de simples écrits, un peu vagues, mais qui, à son contact, se sont éclairés pour devenir des mondes merveilleux, ou la liberté rejoint le possible... Elle fut un catalyseur ; votre sélection une première victoire. Une de mes poésies a été publiée dans la revue L’Actualité Verlaine de juin 2015, pour une mention d'encouragement jeune espoir. JÉRÔME FALLAVOLITA
http://www.amis-verlaine.net/?p=1051
ALICE MATHEVET Alice Mathevet est née. Elle n’est jamais morte depuis. Il lui est même arrivé de grandir durant vingt-six ans. Qu’on se rassure, sa vie active présente plutôt bien : humble manufacturière, elle produit à tour de bras, de façon tout à fait artisanale, des compléments médico-sociaux pour les personnes carencées. De son inactivité, Alice vous dira qu’elle écrit, poussée par les mêmes 140
Je suis née le 7 janvier 1977. J’exerce actuellement le métier de responsable de boutique. Mon intérêt pour l’écriture se traduit par : mettre des mots sur des images, des rêves, des coups de gueule, des espoirs. Être émue par une belle phrase, ressentir une émotion, partager avec les autres… Une de mes nouvelles a gagné le 2e prix au concours de l’ARACT (Association régionale pour l’amélioration des conditions de travail) et figure dans le recueil 2014 Nouvelles du travail édité par l’association. FRÉDÉRIQUE BIASETTI
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raisons que vous trouverez dans n’importe quelles notices biographiques, les bonnes seulement. Mais l’essentiel de ses motivations est ailleurs : adolescente déjà, elle mit directement l’écriture au service de l’envie irrépressible qu’ont les ados de coucher avec un de ces chanteurs de charme dont elle était folle à lier ; encouragée, une fois majeure, par ce premier succès, Alice Mathevet cherche aujourd’hui dans l’écriture tous les moyens d’augmenter ses chances d’avoir une relation sexuelle avec un acteur qui la rend dingue à nouveau mais dont la déontologie des notices biographiques oblige à taire le nom ici. Précision de taille donc quant à son désir violent d’écrire.
Je suis né le 12 juillet 1986, à Paris. J’ai découvert l’écriture à travers le hip-hop que je pratiquais avec d’autres jeunes de mon quartier. Passionné de littérature et de cinéma, je me suis essayé à différents styles. Après une licence d’histoire, ma volonté d’écrire m’a poussé à rejoindre l’INSAS à Bruxelles pour y suivre un master de scénario.
Si Pio.M. entend : Alice Mathevet écrit oui, mais elle a du temps libre encore, et de gros seins.
ÉTIENNE BLOC
JONATHAN RABANY
Je suis né le 1er mars 1981. Malgré une pause depuis deux ans afin de devenir instituteur, je suis musicien-chanteur de rock français depuis 2004. J’ai écrit des dizaines de textes et j’en ai mis une trentaine en chanson, dont une partie publiée sur deux albums. Fan de Mano Solo, des écrits de Richard Bohringer ou de Cyril Collard, j’essaie de faire ressortir l’essence de mes personnages en quelques lignes et d’y faire côtoyer le transcendant et le futile. La grandeur et la mesquinerie, l’absolu et le dérisoire, une association qui me poursuit et que je tente de traduire à travers des situations simples et abordables. Sundae Bloody Sunday est néanmoins un des premiers textes en prose que je soumets à une lecture extérieure.
Je suis né le 1er mars 1981. Malgré une pause depuis deux ans afin de devenir instituteur, je suis musicien-chanteur de rock français depuis 2004. J’ai écrit des dizaines de textes et j’en ai mis une trentaine en chanson, dont une partie publiée sur deux albums. Fan de Mano Solo, des écrits de Richard Bohringer ou de Cyril Collard, j’essaie de faire ressortir l’essence de mes personnages en quelques lignes et d’y faire côtoyer le transcendant et le futile. La grandeur et la mesquinerie, l’absolu et le dérisoire, une association qui me poursuit et que je tente de traduire à travers des situations simples et abordables. Sundae Bloody Sunday est néanmoins un des premiers textes en prose que je soumets à une lecture extérieure.
JONATHAN RABANY
ÉTIENNE BLOC
Si Pio.M. entend : Alice Mathevet écrit oui, mais elle a du temps libre encore, et de gros seins.
Je suis né le 12 juillet 1986, à Paris. J’ai découvert l’écriture à travers le hip-hop que je pratiquais avec d’autres jeunes de mon quartier. Passionné de littérature et de cinéma, je me suis essayé à différents styles. Après une licence d’histoire, ma volonté d’écrire m’a poussé à rejoindre l’INSAS à Bruxelles pour y suivre un master de scénario.
raisons que vous trouverez dans n’importe quelles notices biographiques, les bonnes seulement. Mais l’essentiel de ses motivations est ailleurs : adolescente déjà, elle mit directement l’écriture au service de l’envie irrépressible qu’ont les ados de coucher avec un de ces chanteurs de charme dont elle était folle à lier ; encouragée, une fois majeure, par ce premier succès, Alice Mathevet cherche aujourd’hui dans l’écriture tous les moyens d’augmenter ses chances d’avoir une relation sexuelle avec un acteur qui la rend dingue à nouveau mais dont la déontologie des notices biographiques oblige à taire le nom ici. Précision de taille donc quant à son désir violent d’écrire.
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raisons que vous trouverez dans n’importe quelles notices biographiques, les bonnes seulement. Mais l’essentiel de ses motivations est ailleurs : adolescente déjà, elle mit directement l’écriture au service de l’envie irrépressible qu’ont les ados de coucher avec un de ces chanteurs de charme dont elle était folle à lier ; encouragée, une fois majeure, par ce premier succès, Alice Mathevet cherche aujourd’hui dans l’écriture tous les moyens d’augmenter ses chances d’avoir une relation sexuelle avec un acteur qui la rend dingue à nouveau mais dont la déontologie des notices biographiques oblige à taire le nom ici. Précision de taille donc quant à son désir violent d’écrire.
Je suis né le 12 juillet 1986, à Paris. J’ai découvert l’écriture à travers le hip-hop que je pratiquais avec d’autres jeunes de mon quartier. Passionné de littérature et de cinéma, je me suis essayé à différents styles. Après une licence d’histoire, ma volonté d’écrire m’a poussé à rejoindre l’INSAS à Bruxelles pour y suivre un master de scénario.
Si Pio.M. entend : Alice Mathevet écrit oui, mais elle a du temps libre encore, et de gros seins.
ÉTIENNE BLOC
JONATHAN RABANY
Je suis né le 1er mars 1981. Malgré une pause depuis deux ans afin de devenir instituteur, je suis musicien-chanteur de rock français depuis 2004. J’ai écrit des dizaines de textes et j’en ai mis une trentaine en chanson, dont une partie publiée sur deux albums. Fan de Mano Solo, des écrits de Richard Bohringer ou de Cyril Collard, j’essaie de faire ressortir l’essence de mes personnages en quelques lignes et d’y faire côtoyer le transcendant et le futile. La grandeur et la mesquinerie, l’absolu et le dérisoire, une association qui me poursuit et que je tente de traduire à travers des situations simples et abordables. Sundae Bloody Sunday est néanmoins un des premiers textes en prose que je soumets à une lecture extérieure.
Je suis né le 1er mars 1981. Malgré une pause depuis deux ans afin de devenir instituteur, je suis musicien-chanteur de rock français depuis 2004. J’ai écrit des dizaines de textes et j’en ai mis une trentaine en chanson, dont une partie publiée sur deux albums. Fan de Mano Solo, des écrits de Richard Bohringer ou de Cyril Collard, j’essaie de faire ressortir l’essence de mes personnages en quelques lignes et d’y faire côtoyer le transcendant et le futile. La grandeur et la mesquinerie, l’absolu et le dérisoire, une association qui me poursuit et que je tente de traduire à travers des situations simples et abordables. Sundae Bloody Sunday est néanmoins un des premiers textes en prose que je soumets à une lecture extérieure.
JONATHAN RABANY
ÉTIENNE BLOC
Si Pio.M. entend : Alice Mathevet écrit oui, mais elle a du temps libre encore, et de gros seins.
Je suis né le 12 juillet 1986, à Paris. J’ai découvert l’écriture à travers le hip-hop que je pratiquais avec d’autres jeunes de mon quartier. Passionné de littérature et de cinéma, je me suis essayé à différents styles. Après une licence d’histoire, ma volonté d’écrire m’a poussé à rejoindre l’INSAS à Bruxelles pour y suivre un master de scénario.
raisons que vous trouverez dans n’importe quelles notices biographiques, les bonnes seulement. Mais l’essentiel de ses motivations est ailleurs : adolescente déjà, elle mit directement l’écriture au service de l’envie irrépressible qu’ont les ados de coucher avec un de ces chanteurs de charme dont elle était folle à lier ; encouragée, une fois majeure, par ce premier succès, Alice Mathevet cherche aujourd’hui dans l’écriture tous les moyens d’augmenter ses chances d’avoir une relation sexuelle avec un acteur qui la rend dingue à nouveau mais dont la déontologie des notices biographiques oblige à taire le nom ici. Précision de taille donc quant à son désir violent d’écrire.
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Désormais scénariste, j’ai eu la chance d‘écrire pour la RTBF, notamment sur une série documentaire intitulée : « 14-18, l’Histoire belge ». N’étant qu’un jeune dans le métier, je travaille aussi comme réceptionniste de nuit dans un hôtel. Depuis peu, mon envie de retrouver la littérature grandit.
CLAIRE LE GOFF Je suis née le 2 mars 1975. Titulaire d'une maîtrise de lettres modernes et d'une licence de FLE, je me forme comme comédienne à l'ESAD (École supérieure d'art dramatique de Paris) avant de me consacrer à l'enseignement du français (pour adultes) et du théâtre. Je suis de nombreux ateliers d'écriture auprès de Sylvie Chenus, Bruno Allain, Annette Targowla et Isabelle Rossignol, ainsi que la formation de formateurs dispensée par Michèle Cléach et Jean-Louis Escarret chez Aleph-Écriture, et je deviens animatrice d'ateliers. J’écris des pièces de théâtre et des textes courts, régulièrement publiés sur la revue web de l'Inventoire (rubrique l'Atelier ouvert) et sur le blog Confiture d'épinards (créé en janvier 2015) : www.inventoire.com/category/latelier/vos-textes/ confituredepinards.wordpress.com/.
FABIEN CLEMENTI Je suis né le 23 août1977 à Marseille. Gérant de la société Esprimail (routage et marketing direct). À partir de 1999, je participe régulièrement au concours de nouvelles du CROUS PACA. Je suis primé en 2003 (Rester digne !), en 2005 (Mémoires d'un cabinet idéaliste) et en 2013 (Rictus). J'ai également été publié dans les recueils de nouvelles éditées par Écriture Mon Amie en 2006 (Mort spontanée) et en 2010 (La Révolte des ombres), ainsi que dans le recueil de nouvelles culinaires édité par L'Épure (Mauvais choix). De 2003 à 2006, je scénarise la bande dessinée Billy Big Jump pour Rollerskate Magazine, et participe à la scénarisation de plusieurs courts métrages.
Je suis né le 23 août1977 à Marseille. Gérant de la société Esprimail (routage et marketing direct). À partir de 1999, je participe régulièrement au concours de nouvelles du CROUS PACA. Je suis primé en 2003 (Rester digne !), en 2005 (Mémoires d'un cabinet idéaliste) et en 2013 (Rictus). J'ai également été publié dans les recueils de nouvelles éditées par Écriture Mon Amie en 2006 (Mort spontanée) et en 2010 (La Révolte des ombres), ainsi que dans le recueil de nouvelles culinaires édité par L'Épure (Mauvais choix). De 2003 à 2006, je scénarise la bande dessinée Billy Big Jump pour Rollerskate Magazine, et participe à la scénarisation de plusieurs courts métrages. FABIEN CLEMENTI confituredepinards.wordpress.com/.
CLAIRE LE GOFF Je suis née le 2 mars 1975. Titulaire d'une maîtrise de lettres modernes et d'une licence de FLE, je me forme comme comédienne à l'ESAD (École supérieure d'art dramatique de Paris) avant de me consacrer à l'enseignement du français (pour adultes) et du théâtre. Je suis de nombreux ateliers d'écriture auprès de Sylvie Chenus, Bruno Allain, Annette Targowla et Isabelle Rossignol, ainsi que la formation de formateurs dispensée par Michèle Cléach et Jean-Louis Escarret chez Aleph-Écriture, et je deviens animatrice d'ateliers. J’écris des pièces de théâtre et des textes courts, régulièrement publiés sur la revue web de l'Inventoire (rubrique l'Atelier ouvert) et sur le blog Confiture d'épinards (créé en janvier 2015) : www.inventoire.com/category/latelier/vos-textes/ Désormais scénariste, j’ai eu la chance d‘écrire pour la RTBF, notamment sur une série documentaire intitulée : « 14-18, l’Histoire belge ». N’étant qu’un jeune dans le métier, je travaille aussi comme réceptionniste de nuit dans un hôtel. Depuis peu, mon envie de retrouver la littérature grandit.
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Désormais scénariste, j’ai eu la chance d‘écrire pour la RTBF, notamment sur une série documentaire intitulée : « 14-18, l’Histoire belge ». N’étant qu’un jeune dans le métier, je travaille aussi comme réceptionniste de nuit dans un hôtel. Depuis peu, mon envie de retrouver la littérature grandit.
CLAIRE LE GOFF Je suis née le 2 mars 1975. Titulaire d'une maîtrise de lettres modernes et d'une licence de FLE, je me forme comme comédienne à l'ESAD (École supérieure d'art dramatique de Paris) avant de me consacrer à l'enseignement du français (pour adultes) et du théâtre. Je suis de nombreux ateliers d'écriture auprès de Sylvie Chenus, Bruno Allain, Annette Targowla et Isabelle Rossignol, ainsi que la formation de formateurs dispensée par Michèle Cléach et Jean-Louis Escarret chez Aleph-Écriture, et je deviens animatrice d'ateliers. J’écris des pièces de théâtre et des textes courts, régulièrement publiés sur la revue web de l'Inventoire (rubrique l'Atelier ouvert) et sur le blog Confiture d'épinards (créé en janvier 2015) : www.inventoire.com/category/latelier/vos-textes/ confituredepinards.wordpress.com/.
FABIEN CLEMENTI Je suis né le 23 août1977 à Marseille. Gérant de la société Esprimail (routage et marketing direct). À partir de 1999, je participe régulièrement au concours de nouvelles du CROUS PACA. Je suis primé en 2003 (Rester digne !), en 2005 (Mémoires d'un cabinet idéaliste) et en 2013 (Rictus). J'ai également été publié dans les recueils de nouvelles éditées par Écriture Mon Amie en 2006 (Mort spontanée) et en 2010 (La Révolte des ombres), ainsi que dans le recueil de nouvelles culinaires édité par L'Épure (Mauvais choix). De 2003 à 2006, je scénarise la bande dessinée Billy Big Jump pour Rollerskate Magazine, et participe à la scénarisation de plusieurs courts métrages. 142
Je suis né le 23 août1977 à Marseille. Gérant de la société Esprimail (routage et marketing direct). À partir de 1999, je participe régulièrement au concours de nouvelles du CROUS PACA. Je suis primé en 2003 (Rester digne !), en 2005 (Mémoires d'un cabinet idéaliste) et en 2013 (Rictus). J'ai également été publié dans les recueils de nouvelles éditées par Écriture Mon Amie en 2006 (Mort spontanée) et en 2010 (La Révolte des ombres), ainsi que dans le recueil de nouvelles culinaires édité par L'Épure (Mauvais choix). De 2003 à 2006, je scénarise la bande dessinée Billy Big Jump pour Rollerskate Magazine, et participe à la scénarisation de plusieurs courts métrages. FABIEN CLEMENTI confituredepinards.wordpress.com/.
CLAIRE LE GOFF Je suis née le 2 mars 1975. Titulaire d'une maîtrise de lettres modernes et d'une licence de FLE, je me forme comme comédienne à l'ESAD (École supérieure d'art dramatique de Paris) avant de me consacrer à l'enseignement du français (pour adultes) et du théâtre. Je suis de nombreux ateliers d'écriture auprès de Sylvie Chenus, Bruno Allain, Annette Targowla et Isabelle Rossignol, ainsi que la formation de formateurs dispensée par Michèle Cléach et Jean-Louis Escarret chez Aleph-Écriture, et je deviens animatrice d'ateliers. J’écris des pièces de théâtre et des textes courts, régulièrement publiés sur la revue web de l'Inventoire (rubrique l'Atelier ouvert) et sur le blog Confiture d'épinards (créé en janvier 2015) : www.inventoire.com/category/latelier/vos-textes/ Désormais scénariste, j’ai eu la chance d‘écrire pour la RTBF, notamment sur une série documentaire intitulée : « 14-18, l’Histoire belge ». N’étant qu’un jeune dans le métier, je travaille aussi comme réceptionniste de nuit dans un hôtel. Depuis peu, mon envie de retrouver la littérature grandit.
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COLINE BASSENNE
Je suis née à Besançon en décembre 1989. De 2010 à 2012, je valide une licence de lettres modernes, puis un master LARP (Lettres appliquées à la rédaction professionnelle) à Lyon. De 2012 à 2013, je travaille aux Éditions Terrenoire (Lyon), où je gère la mise en page et la correction d’ouvrages. Mon travail d’écriture m’amène à m’investir dans l’écriture individuelle et collective de trente-six nouvelles pour les Éditions Terrenoire (Collection Loser 2012). En 2013, j’accompagne la réécriture et les corrections du livre Fille de chair d’Amoreena Winkler pour le compte des Éditions Ego Comme X (Angoulême). À partir de 2014, je participe à la création des Artisans de la Fiction (Lyon), structure de formation à l’écriture d’un genre nouveau. Fondés par Lionel Tran et Raphaël Bischoff, Les Artisans de la Fiction proposent des ateliers d’écriture inspirés des MFA de creative writing anglo-saxon (apprentissage universitaire des outils de la narration littéraire et méthodes d’écriture). Vive, percutante, précise et souvent féroce, mon écriture est avant tout nourrie de mon intérêt pour les gender studies et se fait l’écho du quotidien de la jeunesse française actuelle, où se côtoient références musicales, tension physique et psychique sur fond de jobs alimentaires, allant de serveuse à auxiliaire de vie, en passant par factrice.
Je suis née en 1988 à Chambéry, et je suis diplômée des Beaux-Arts de Paris depuis 2011 (DNSAP). Je collabore régulièrement avec la presse et réalise des projets d'exposition dans lesquels sont présentés mes dessins, livres autoédités et impressions. J'enseigne par ailleurs le dessin au Campus de la Fonderie de l'image à Bagnolet. Mon blog : lucywatts.ultra-book.com
LUCY WATTS – ILLUSTRATRICE
LUCY WATTS – ILLUSTRATRICE
Je suis née en 1988 à Chambéry, et je suis diplômée des Beaux-Arts de Paris depuis 2011 (DNSAP). Je collabore régulièrement avec la presse et réalise des projets d'exposition dans lesquels sont présentés mes dessins, livres autoédités et impressions. J'enseigne par ailleurs le dessin au Campus de la Fonderie de l'image à Bagnolet. Mon blog : lucywatts.ultra-book.com
Je suis née à Besançon en décembre 1989. De 2010 à 2012, je valide une licence de lettres modernes, puis un master LARP (Lettres appliquées à la rédaction professionnelle) à Lyon. De 2012 à 2013, je travaille aux Éditions Terrenoire (Lyon), où je gère la mise en page et la correction d’ouvrages. Mon travail d’écriture m’amène à m’investir dans l’écriture individuelle et collective de trente-six nouvelles pour les Éditions Terrenoire (Collection Loser 2012). En 2013, j’accompagne la réécriture et les corrections du livre Fille de chair d’Amoreena Winkler pour le compte des Éditions Ego Comme X (Angoulême). À partir de 2014, je participe à la création des Artisans de la Fiction (Lyon), structure de formation à l’écriture d’un genre nouveau. Fondés par Lionel Tran et Raphaël Bischoff, Les Artisans de la Fiction proposent des ateliers d’écriture inspirés des MFA de creative writing anglo-saxon (apprentissage universitaire des outils de la narration littéraire et méthodes d’écriture). Vive, percutante, précise et souvent féroce, mon écriture est avant tout nourrie de mon intérêt pour les gender studies et se fait l’écho du quotidien de la jeunesse française actuelle, où se côtoient références musicales, tension physique et psychique sur fond de jobs alimentaires, allant de serveuse à auxiliaire de vie, en passant par factrice.
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COLINE BASSENNE
Je suis née à Besançon en décembre 1989. De 2010 à 2012, je valide une licence de lettres modernes, puis un master LARP (Lettres appliquées à la rédaction professionnelle) à Lyon. De 2012 à 2013, je travaille aux Éditions Terrenoire (Lyon), où je gère la mise en page et la correction d’ouvrages. Mon travail d’écriture m’amène à m’investir dans l’écriture individuelle et collective de trente-six nouvelles pour les Éditions Terrenoire (Collection Loser 2012). En 2013, j’accompagne la réécriture et les corrections du livre Fille de chair d’Amoreena Winkler pour le compte des Éditions Ego Comme X (Angoulême). À partir de 2014, je participe à la création des Artisans de la Fiction (Lyon), structure de formation à l’écriture d’un genre nouveau. Fondés par Lionel Tran et Raphaël Bischoff, Les Artisans de la Fiction proposent des ateliers d’écriture inspirés des MFA de creative writing anglo-saxon (apprentissage universitaire des outils de la narration littéraire et méthodes d’écriture). Vive, percutante, précise et souvent féroce, mon écriture est avant tout nourrie de mon intérêt pour les gender studies et se fait l’écho du quotidien de la jeunesse française actuelle, où se côtoient références musicales, tension physique et psychique sur fond de jobs alimentaires, allant de serveuse à auxiliaire de vie, en passant par factrice.
Je suis née en 1988 à Chambéry, et je suis diplômée des Beaux-Arts de Paris depuis 2011 (DNSAP). Je collabore régulièrement avec la presse et réalise des projets d'exposition dans lesquels sont présentés mes dessins, livres autoédités et impressions. J'enseigne par ailleurs le dessin au Campus de la Fonderie de l'image à Bagnolet. Mon blog : lucywatts.ultra-book.com
LUCY WATTS – ILLUSTRATRICE
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Je suis née en 1988 à Chambéry, et je suis diplômée des Beaux-Arts de Paris depuis 2011 (DNSAP). Je collabore régulièrement avec la presse et réalise des projets d'exposition dans lesquels sont présentés mes dessins, livres autoédités et impressions. J'enseigne par ailleurs le dessin au Campus de la Fonderie de l'image à Bagnolet. Mon blog : lucywatts.ultra-book.com
Je suis née à Besançon en décembre 1989. De 2010 à 2012, je valide une licence de lettres modernes, puis un master LARP (Lettres appliquées à la rédaction professionnelle) à Lyon. De 2012 à 2013, je travaille aux Éditions Terrenoire (Lyon), où je gère la mise en page et la correction d’ouvrages. Mon travail d’écriture m’amène à m’investir dans l’écriture individuelle et collective de trente-six nouvelles pour les Éditions Terrenoire (Collection Loser 2012). En 2013, j’accompagne la réécriture et les corrections du livre Fille de chair d’Amoreena Winkler pour le compte des Éditions Ego Comme X (Angoulême). À partir de 2014, je participe à la création des Artisans de la Fiction (Lyon), structure de formation à l’écriture d’un genre nouveau. Fondés par Lionel Tran et Raphaël Bischoff, Les Artisans de la Fiction proposent des ateliers d’écriture inspirés des MFA de creative writing anglo-saxon (apprentissage universitaire des outils de la narration littéraire et méthodes d’écriture). Vive, percutante, précise et souvent féroce, mon écriture est avant tout nourrie de mon intérêt pour les gender studies et se fait l’écho du quotidien de la jeunesse française actuelle, où se côtoient références musicales, tension physique et psychique sur fond de jobs alimentaires, allant de serveuse à auxiliaire de vie, en passant par factrice.
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REMERCIEMENTS Les éditeurs tiennent à remercier : – Valère STARASELSKI, auteur, président du jury 2015 – les membres du premier jury dont la mission est de choisir les textes qui sont donnés à lire au second jury :
– Laetitia VOREPPE, Lire à Bron – Mélody SÉGUIER, Médiathèque Lucie-Aubrac, Vénissieux – Marie-Caroline ROGISTER, Espace Pandora
– Maryse ANDRÉ-NARDY, lectrice bénévole – Julie BELOU, Médiathèque Lucie-Aubrac, Vénissieux – Charline CELLIER, Médiathèque de Saint-Priest – Myriam CHKOUNDALI, Éditions La passe du vent – Delphine COQUARD, Médiathèque Lucie-Aubrac, Vénissieux – Guillemette DELMAS, lectrice bénévole – Matthias DEGOUL, lecteur bénévole – Frédérick HOUDAER, auteur – Anne LE BOUDEC, Médiathèque François-Mitterrand, Saint-Priest – Carmen MONTAGNE, Médiathèque Lucie-Aubrac, Vénissieux
– Carmen MONTAGNE, Médiathèque Lucie-Aubrac, Vénissieux – Anne LE BOUDEC, Médiathèque François-Mitterrand, Saint-Priest – Frédérick HOUDAER, auteur – Matthias DEGOUL, lecteur bénévole – Guillemette DELMAS, lectrice bénévole – Delphine COQUARD, Médiathèque Lucie-Aubrac, Vénissieux – Myriam CHKOUNDALI, Éditions La passe du vent – Charline CELLIER, Médiathèque de Saint-Priest – Julie BELOU, Médiathèque Lucie-Aubrac, Vénissieux – Maryse ANDRÉ-NARDY, lectrice bénévole
– Marie-Caroline ROGISTER, Espace Pandora – Mélody SÉGUIER, Médiathèque Lucie-Aubrac, Vénissieux – Laetitia VOREPPE, Lire à Bron
– les membres du premier jury dont la mission est de choisir les textes qui sont donnés à lire au second jury : – Valère STARASELSKI, auteur, président du jury 2015 Les éditeurs tiennent à remercier :
REMERCIEMENTS 144 Livre QN ? 2015_Passage à l'acte 16/10/15 15:08 Page144
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REMERCIEMENTS Les éditeurs tiennent à remercier : – Valère STARASELSKI, auteur, président du jury 2015 – les membres du premier jury dont la mission est de choisir les textes qui sont donnés à lire au second jury :
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– Maryse ANDRÉ-NARDY, lectrice bénévole – Julie BELOU, Médiathèque Lucie-Aubrac, Vénissieux – Charline CELLIER, Médiathèque de Saint-Priest – Myriam CHKOUNDALI, Éditions La passe du vent – Delphine COQUARD, Médiathèque Lucie-Aubrac, Vénissieux – Guillemette DELMAS, lectrice bénévole – Matthias DEGOUL, lecteur bénévole – Frédérick HOUDAER, auteur – Anne LE BOUDEC, Médiathèque François-Mitterrand, Saint-Priest – Carmen MONTAGNE, Médiathèque Lucie-Aubrac, Vénissieux
– Carmen MONTAGNE, Médiathèque Lucie-Aubrac, Vénissieux – Anne LE BOUDEC, Médiathèque François-Mitterrand, Saint-Priest – Frédérick HOUDAER, auteur – Matthias DEGOUL, lecteur bénévole – Guillemette DELMAS, lectrice bénévole – Delphine COQUARD, Médiathèque Lucie-Aubrac, Vénissieux – Myriam CHKOUNDALI, Éditions La passe du vent – Charline CELLIER, Médiathèque de Saint-Priest – Julie BELOU, Médiathèque Lucie-Aubrac, Vénissieux – Maryse ANDRÉ-NARDY, lectrice bénévole
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• les membres du second jury dont la mission est de sélectionner les textes qui sont publiés :
• et l’équipe de l’Espace Pandora.
– Valère STARASELSKI, auteur, président du jury 2015
– Laetitia VOREPPE, Lire à Bron – Thierry RENARD, auteur et éditeur, Éditions La passe du vent
– Myriam CHKOUNDALI, Éditions La passe du vent
– Marie-Caroline ROGISTER, Espace Pandora
– Philippe CAMAND, Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation – ARALD
– Paola PIGANI, auteure
– Frédérick HOUDAER, auteur
– Carmen MONTAGNE, Médiathèque Lucie-Aubrac, Vénissieux – Héléna HUGOT, Fonds Decitre
– Emmanuel MERLE, auteur et président du jury 2013
– Brigitte JOUVE-VILLARD, conseillère livre et lecture (vie littéraire, langue française et langues de France), DRAC Rhône-Alpes
– Brigitte JOUVE-VILLARD, conseillère livre et lecture (vie littéraire, langue française et langues de France), DRAC Rhône-Alpes
– Emmanuel MERLE, auteur et président du jury 2013
– Héléna HUGOT, Fonds Decitre
– Carmen MONTAGNE, Médiathèque Lucie-Aubrac, Vénissieux
– Frédérick HOUDAER, auteur
– Paola PIGANI, auteure
– Philippe CAMAND, Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation – ARALD
– Marie-Caroline ROGISTER, Espace Pandora
– Myriam CHKOUNDALI, Éditions La passe du vent
– Thierry RENARD, auteur et éditeur, Éditions La passe du vent
– Laetitia VOREPPE, Lire à Bron
– Valère STARASELSKI, auteur, président du jury 2015
• et l’équipe de l’Espace Pandora.
• les membres du second jury dont la mission est de sélectionner les textes qui sont publiés : 145
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– Valère STARASELSKI, auteur, président du jury 2015
• et l’équipe de l’Espace Pandora.
• les membres du second jury dont la mission est de sélectionner les textes qui sont publiés :
– Laetitia VOREPPE, Lire à Bron – Thierry RENARD, auteur et éditeur, Éditions La passe du vent
– Myriam CHKOUNDALI, Éditions La passe du vent
– Marie-Caroline ROGISTER, Espace Pandora
– Philippe CAMAND, Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation – ARALD
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– Thierry RENARD, auteur et éditeur, Éditions La passe du vent
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– Brigitte JOUVE-VILLARD, conseillère livre et lecture (vie littéraire, langue française et langues de France), DRAC Rhône-Alpes
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– Emmanuel MERLE, auteur et président du jury 2013
– Héléna HUGOT, Fonds Decitre
– Valère STARASELSKI, auteur, président du jury 2015
• et l’équipe de l’Espace Pandora.
• les membres du second jury dont la mission est de sélectionner les textes qui sont publiés : 145
Livre QN ? 2015_Passage à l'acte 16/10/15 15:08 Page146
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CONCOURS QUELLES NOUVELLES ?
Pour tout renseignement concernant le concours, contacter l’ESPACE PANDORA 7 place de la Paix – 69200 Vénissieux – Tél. : 04 72 50 14 78 espacepandora@free.fr / www.espacepandora.org
Quelles nouvelles ? est un concours annuel de nouvelles qui permet la promotion de la littérature de langue française. Il est réservé aux auteurs de moins de quarante ans n’ayant jamais publié d’ouvrage chez un éditeur. Les lauréats des éditions précédentes ne peuvent pas renouveler leur participation.
Quelles nouvelles ? est un concours ouvert à tous, point de départ d’une opération destinée à faire connaître de nouvelles voix, à faciliter de nouveaux parcours d’écriture et à favoriser la création littéraire.
Avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication (Direction régionale des affaires culturelles de Rhône-Alpes)
Quelles nouvelles ? n’est pas un concours doté d’un prix mais permet aux auteurs sélectionnés d’être publiés, d’être accompagnés par des écrivains confirmés, de se rencontrer et d’échanger. Quelles nouvelles ? n’est pas un concours doté d’un prix mais permet aux auteurs sélectionnés d’être publiés, d’être accompagnés par des écrivains confirmés, de se rencontrer et d’échanger.
Avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication (Direction régionale des affaires culturelles de Rhône-Alpes)
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CONCOURS QUELLES NOUVELLES ? 147
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CONCOURS QUELLES NOUVELLES ? 147
Livre QN ? 2015_Passage à l'acte 16/10/15 15:08 Page148
Livre QN ? 2015_Passage à l'acte 16/10/15 15:08 Page148
TABLE
144-145
REMERCIEMENTS
139-143
ET DE L’ILLUSTRATRICE
7-9
147
PRÉFACE DE VALÈRE STARASELSKI LA PEAU DES AUTRES
LE CONCOURS QUELLES NOUVELLES ?
PAGE
PRÉSENTATION DES LAURÉATS 13-27
127-138
FRÉDÉRIQUE BIASETTI LES HAUTS PLATEAUX
COLINE BASSENNE CELLULES MORTES
29-47
115-126
JÉRÔME FALLAVOLITA GIANNI
FABIEN CLEMENTI INVITATION AU SILENCE
49-76
101-113
ALICE MATHEVET JE SUIS NÉ HIER
CLAIRE LE GOFF DES MIETTES
77-89
91-99
JONATHAN RABANY SUNDAE BLOODY SUNDAE
ÉTIENNE BLOC RETROUVAILLES
91-99
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ÉTIENNE BLOC RETROUVAILLES
JONATHAN RABANY SUNDAE BLOODY SUNDAE
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PRÉSENTATION DES LAURÉATS
144-145
LE CONCOURS QUELLES NOUVELLES ?
147
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REMERCIEMENTS
7-9
139-143
PRÉFACE DE VALÈRE STARASELSKI LA PEAU DES AUTRES
ET DE L’ILLUSTRATRICE
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CHEZ LE MÊME ÉDITEUR DANS LA COLLECTION NOUVELLES
COLLECTIF, En morceaux..., concours Quelles nouvelles ? 2008 Préface de Jean-Noël Blanc – Illustrations de Simon Bournel-Bosson Lauréats : Karine Courville, Laura Krivine, Catherine Balaÿ, Nils Barrellon, Pierre Ducrozet, Willy Play, Thomas Pourchayre
QUELLES NOUVELLES ?
COLLECTIF, J’ai payé pour ça, concours Quelles nouvelles ? 2009 Préface de Fabienne Swiatly – Illustrations de Simon Bournel-Bosson Lauréats : Philippe Manevy, Sylvie Gier, Loïs Falzon, Fabien Sanlaville, Rodolphe Bacquet, Aude Guérit, Céline Bernard
COLLECTIF, Passage à l’acte, concours Quelles nouvelles ? 2014 Préface de Carine Fernandez – Illustrations de Julie Cornieux Lauréats : Johann Guillaud-Bachet, Théophile Roualland, Gaëlle Moneuze, Caroline Nallet, Jérôme Jacques, Claire Gondor, Raphaël Denir, Florian Lopez.
COLLECTIF, Qu’est-ce que vous voulez lire ?, concours Quelles nouvelles ? 2011 Préface de Philippe Fusaro – Postface de Sylvie Massicotte Photographies de Maxime Roccisano Lauréats : Christophe Nahwel, Sabine Normand, Corinne Valton, Pierre Cardol, Thibaud Hervier, Laurent Jacobi, Sarah Koenig
COLLECTIF, Un vaccin contre la rage, concours Quelles nouvelles ? 2013 Préface d’Emmanuel Merle – Illustrations de Manon Molesti Lauréats : Pierre-Yves Hurtevant, Raphaël Lecluselle, Christelle Gény, Lucie Streiff-Rivail, Valérie Reich, Cédric Guilleray, François Vacarias, Rahim Nourmamode, Éric Lafon, Sarah Carré
COLLECTIF, Tu peux y aller seul, concours Quelles nouvelles ? 2012 Préface d’Emmanuel Merle – Photographies de Maxime Roccisano Lauréats : Anne Okaïs, Jean-Battiste Couton, Vérène Saint-André, Marc Leandri, Cédric Masson, Baptiste Choquet, Aymeric Jégou
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COLLECTIF, Corps à corps, concours Quelles nouvelles ? 2007 Préface de Brigitte Giraud Lauréats : Sabrina Bourgesse, Estelle Feuvrier, Yann Garavel, Merel ’t Hart, Élise Leduc, Anne-Lise Le Garff, Mélanie Planche, Maud Salignat COLLECTIF, Pourquoi pas..., concours Quelles nouvelles ? 2006 Préface de Ahmed Kalouaz Lauréats : Léa Antony, Sandra Champagne-Ilas, Xavier de Viviés, Françoise Guérin, Anne Maillé, Bénédicte Motte, Agnès Verlinde COLLECTIF, Vice ou vers ça, concours Quelles nouvelles ? 2004 Préface de Alain Turgeon Lauréats : Frédéric Adrian, Stéphanie Sonnette, Pierre Petit, Hélène Massip, Philippe Ménez, Dominique Salon COLLECTIF, Relevé d’empreintes, concours Quelles nouvelles ? 2003 Préface de Geneviève Metge Lauréats : Michelle Martinelli, France Ribes-Dubin, Olivier Martinelli, Laurence Cernon, Paola Pigani-Gimazane, Pierre Rochigneux, Jacques Robert, Anton Otero COLLECTIF, Contrepoint, concours Quelles nouvelles ? 2002 Préface de Jean-Pierre Spilmont Lauréats : Guillemette Grobon, Sully Bernadie, Catherine Degaumin, Pierre-Olivier Verneau, Mustapha Kaouah, Isabelle Di Donato, Michèle Krakowski, Marie Barthelmé, Philippe Bollondi, François Beaune
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*** COLLECTIF, Contrepoint, concours Quelles nouvelles ? 2002 Préface de Jean-Pierre Spilmont Lauréats : Guillemette Grobon, Sully Bernadie, Catherine Degaumin, Pierre-Olivier Verneau, Mustapha Kaouah, Isabelle Di Donato, Michèle Krakowski, Marie Barthelmé, Philippe Bollondi, François Beaune COLLECTIF, Relevé d’empreintes, concours Quelles nouvelles ? 2003 Préface de Geneviève Metge Lauréats : Michelle Martinelli, France Ribes-Dubin, Olivier Martinelli, Laurence Cernon, Paola Pigani-Gimazane, Pierre Rochigneux, Jacques Robert, Anton Otero COLLECTIF, Vice ou vers ça, concours Quelles nouvelles ? 2004 Préface de Alain Turgeon Lauréats : Frédéric Adrian, Stéphanie Sonnette, Pierre Petit, Hélène Massip, Philippe Ménez, Dominique Salon COLLECTIF, Pourquoi pas..., concours Quelles nouvelles ? 2006 Préface de Ahmed Kalouaz Lauréats : Léa Antony, Sandra Champagne-Ilas, Xavier de Viviés, Françoise Guérin, Anne Maillé, Bénédicte Motte, Agnès Verlinde COLLECTIF, Corps à corps, concours Quelles nouvelles ? 2007 Préface de Brigitte Giraud Lauréats : Sabrina Bourgesse, Estelle Feuvrier, Yann Garavel, Merel ’t Hart, Élise Leduc, Anne-Lise Le Garff, Mélanie Planche, Maud Salignat
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*** COLLECTIF, Contrepoint, concours Quelles nouvelles ? 2002 Préface de Jean-Pierre Spilmont Lauréats : Guillemette Grobon, Sully Bernadie, Catherine Degaumin, Pierre-Olivier Verneau, Mustapha Kaouah, Isabelle Di Donato, Michèle Krakowski, Marie Barthelmé, Philippe Bollondi, François Beaune COLLECTIF, Relevé d’empreintes, concours Quelles nouvelles ? 2003 Préface de Geneviève Metge Lauréats : Michelle Martinelli, France Ribes-Dubin, Olivier Martinelli, Laurence Cernon, Paola Pigani-Gimazane, Pierre Rochigneux, Jacques Robert, Anton Otero COLLECTIF, Vice ou vers ça, concours Quelles nouvelles ? 2004 Préface de Alain Turgeon Lauréats : Frédéric Adrian, Stéphanie Sonnette, Pierre Petit, Hélène Massip, Philippe Ménez, Dominique Salon COLLECTIF, Pourquoi pas..., concours Quelles nouvelles ? 2006 Préface de Ahmed Kalouaz Lauréats : Léa Antony, Sandra Champagne-Ilas, Xavier de Viviés, Françoise Guérin, Anne Maillé, Bénédicte Motte, Agnès Verlinde COLLECTIF, Corps à corps, concours Quelles nouvelles ? 2007 Préface de Brigitte Giraud Lauréats : Sabrina Bourgesse, Estelle Feuvrier, Yann Garavel, Merel ’t Hart, Élise Leduc, Anne-Lise Le Garff, Mélanie Planche, Maud Salignat
RODOLPHE BARRY, Entre les rounds COLLECTIF, Aspirine, mots de tête COLLECTIF, Bolivariennes, « être femme en Amérique du Sud » COLLECTIF, Un week-end chez l’autre, six nouvelles littéraires et une création photographique
COLLECTIF, Dernières nouvelles du monde réel, coédité avec Le Temps des cerises, Prix Roger-Vailland 2007. Lauréats : Claude-Jean Poignant, JeanMarc Trichard
VALÈRE STARASELSKI, Vivre intensément repose
COLLECTIF, Des nouvelles du facteur (par les enfants de l’Apprenti’Bus)
VALÈRE STARASELSKI, La Revanche de Michel-Ange
JEAN-LOUIS JACQUIER-ROUX, Peau de banane
JOCELYNE SAUVARD, Les Grands Barrages
AHMED KALOUAZ, Ce que la vie fera de nous
ANNIE SALAGER, Bleu de terre
GENEVIÈVE METGE, La Fête votive
GENEVIÈVE METGE, La Fête votive
ANNIE SALAGER, Bleu de terre
AHMED KALOUAZ, Ce que la vie fera de nous
JOCELYNE SAUVARD, Les Grands Barrages
JEAN-LOUIS JACQUIER-ROUX, Peau de banane
VALÈRE STARASELSKI, La Revanche de Michel-Ange
COLLECTIF, Des nouvelles du facteur (par les enfants de l’Apprenti’Bus)
VALÈRE STARASELSKI, Vivre intensément repose
COLLECTIF, Dernières nouvelles du monde réel, coédité avec Le Temps des cerises, Prix Roger-Vailland 2007. Lauréats : Claude-Jean Poignant, JeanMarc Trichard
COLLECTIF, Un week-end chez l’autre, six nouvelles littéraires et une création photographique COLLECTIF, Bolivariennes, « être femme en Amérique du Sud » COLLECTIF, Aspirine, mots de tête RODOLPHE BARRY, Entre les rounds Livre QN ? 2015_Passage à l'acte 16/10/15 15:08 Page153 Livre QN ? 2015_Passage à l'acte 16/10/15 15:08 Page153
RODOLPHE BARRY, Entre les rounds COLLECTIF, Aspirine, mots de tête COLLECTIF, Bolivariennes, « être femme en Amérique du Sud » COLLECTIF, Un week-end chez l’autre, six nouvelles littéraires et une création photographique
COLLECTIF, Dernières nouvelles du monde réel, coédité avec Le Temps des cerises, Prix Roger-Vailland 2007. Lauréats : Claude-Jean Poignant, JeanMarc Trichard COLLECTIF, Un week-end chez l’autre, six nouvelles littéraires et une création photographique COLLECTIF, Bolivariennes, « être femme en Amérique du Sud » COLLECTIF, Aspirine, mots de tête RODOLPHE BARRY, Entre les rounds
VALÈRE STARASELSKI, Vivre intensément repose
COLLECTIF, Des nouvelles du facteur (par les enfants de l’Apprenti’Bus)
VALÈRE STARASELSKI, La Revanche de Michel-Ange
JEAN-LOUIS JACQUIER-ROUX, Peau de banane
JOCELYNE SAUVARD, Les Grands Barrages
AHMED KALOUAZ, Ce que la vie fera de nous
ANNIE SALAGER, Bleu de terre
GENEVIÈVE METGE, La Fête votive
GENEVIÈVE METGE, La Fête votive
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AHMED KALOUAZ, Ce que la vie fera de nous
JOCELYNE SAUVARD, Les Grands Barrages
JEAN-LOUIS JACQUIER-ROUX, Peau de banane
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VALÈRE STARASELSKI, Vivre intensément repose
COLLECTIF, Dernières nouvelles du monde réel, coédité avec Le Temps des cerises, Prix Roger-Vailland 2007. Lauréats : Claude-Jean Poignant, JeanMarc Trichard
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Imprimé en France par Présence Graphique - M 73 onts. Dépôt légal : octobre 2015
N° imprimeur : 101552859
Illustrations intérieures et couverture © Lucy Watts www.lucywatts.ultra-book.com Conception maquette et mise en page Myriam Chkoundali
Relecture et corrections Michel Kneubühler
Relecture et corrections Michel Kneubühler Conception maquette et mise en page Myriam Chkoundali Illustrations intérieures et couverture © Lucy Watts www.lucywatts.ultra-book.com Dépôt légal : octobre 2015
N° imprimeur : 101552859
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