Livre « Lyon. La cathédrale Saint-Jean-Baptiste »

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POUR DEMAIN

PATRIMOINES

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Lyon. La cathédrale Saint-Jean-Baptiste




120 Arrivée supposée de saint Pothin à Lyon. Disciple de saint Polycarpe de Smyrne – tout comme son successeur saint Irénée –, il fonde avec ce dernier les premières communautés chrétiennes de la ville. 461 Sous l’épiscopat de Patiens, commence la construction de la première cathédrale, probablement située à l’emplacement de l’actuel édifice. 797 Leidrade devient évêque. Il restaure la cathédrale, désormais dédiée à saint Jean Baptiste, ainsi que le baptistère, devenu l’église Saint-Étienne. Il fait construire une troisième église dédiée à la sainte Croix.

1165 Guichard de Pontigny devient évêque. Il négocie en 1173 la paix avec le comte de Forez, construit une enceinte pour protéger le groupe épiscopal et fait reconstruire et agrandir la cathédrale, en commençant par le chevet. 1193 Élection à l’archiépiscopat de Renaud II de Forez. Il débute le chantier de reconstruction de la nef, en style gothique. 1245 Le treizième concile œcuménique se tient dans la cathédrale. À cette occasion, le maître-autel est consacré par le pape Innocent IV.

1271 Les restes du roi de France Louis IX – canonisé en 1297, il est plus connu sous le nom 1070 L’archevêque Humbert commence la construction d’un palais de « saint Louis » –, transférés de Tunis, où il est mort le épiscopal, actuel palais Saint-Jean. 25 août 1270, à Paris, sont exposés dans la cathédrale. 1079 Bulle du pape Grégoire VII confirmant l’usage du titre de « primat des Gaules » 1274 Le quatorzième concile par l’archevêque de Lyon. œcuménique se tient à la cathédrale. 1107 Gaucerand devient évêque et fait restaurer l’abside de la cathédrale.

1312 Le rattachement de Lyon à la France est définitivement reconnu à l’occasion du concile de Vienne.

1157 « Bulle d’or » de l’empereur germanique Frédéric Barberousse, qui octroie à l’archevêque le titre de « comte de Lyon ».

1316 Couronnement, à la cathédrale, du pape Jean XXII.

1158 Conflit entre l’archevêque et le comte de Forez. Guigue II de Forez envahit le quartier canonial.

1320 L’archevêque Pierre de Savoie octroie à la ville de Lyon une charte de franchise (la « Sapaudine »). Le pouvoir municipal est désormais entre les mains du Consulat.

1370 Jacques de Beaujeu devient maître d’œuvre de la cathédrale et commence la construction des façades. 1481 Achèvement des tours de la façade occidentale. 1562 Sac de Lyon par les troupes calvinistes de François de Beaumont, baron des Adrets, qui entrent dans la ville le 5 mai. La cathédrale, qui avait été assiégée dès le 30 avril, est pillée, le jubé est détruit et le décor sculpté est en grande partie martelé. 1563 Fin du pouvoir protestant à Lyon. Clôture du Concile de Trente. Dans les décennies qui suivent, les archevêques font de la ville une métropole catholique majeure, où s’installent de nombreuses communautés religieuses. 1600 Le 17 décembre, le cardinal Pietro Aldobrandini, légat pontifical, bénit le couple royal que forment Henri IV et Marie de Médicis, mariés par procuration depuis le 5 octobre à Florence. 1747 Jacques-Germain Soufflot présente à l’Académie de Lyon ses plans pour l’archevêché. Dans les années qui suivent, il aménage la cour d’honneur et construit une nouvelle aile au palais Saint-Jean. 1765 Construction du nouveau trésor (aujourd’hui grande sacristie).


Collection « Patrimoines pour demain » En Rhône-Alpes, collectivités publiques et propriétaires privés consacrent chaque année des millions d’euros à la restauration d’édifices protégés au titre des monuments historiques. Ces investissements ne contribuent pas seulement à entretenir l’héritage reçu des générations passées : ils participent aussi à la vie économique et sociale du territoire, et rappellent utilement que, quelle que soit son ancienneté, le « monument historique » est pleinement notre contemporain et a vocation à survivre à notre temps. Aider un large public à découvrir ou mieux connaître l’édifice restauré et son histoire ; mettre en valeur les compétences et les savoir-faire qui ont permis sa restauration ; révéler le regard sensible qu’un auteur d’hier ou d’aujourd’hui porte sur lui ; offrir au visiteur un guide de visite tout à la fois pratique et complet : tels sont les objectifs de la collection « Patrimoines pour demain ». Chaque titre de la collection fait appel aux meilleurs spécialistes et prend en compte les derniers développements de la recherche historique ; une campagne photographique spécifique permet par ailleurs d’offrir une iconographie abondante et actualisée, donnant à voir en particulier les principales étapes de la restauration. Plan, chronologie, glossaire, bibliographie… contribuent enfin à fournir au lecteur/visiteur toutes les clés nécessaires. Afin de ne pas oublier cette vérité première : conserver des « patrimoines pour demain » suppose que les hommes et les femmes d’aujourd’hui les reconnaissent comme tels et aient appris à les mieux connaître.

Déjà parus 1. L’Abbaye d’Ambronay 2. La Maison de la culture de Firminy Lyon. La cathédrale Saint-Jean-Baptiste.Genouilleux, Éditions La passe du vent, 2013.- 128 p., ill., 21 cm [coll. « Patrimoines pour demain »] – ISBN : 978-2-84562-242-5.


Lyon. La cathĂŠdrale Saint-Jean-Baptiste


Les auteurs

Direction scientifique

EMMANUELLE BOISSARD ARCHÉOLOGUE (ARCHEODUNUM)

GILLES SOUBIGOU

PASCAL CURAT INGÉNIEUR DU PATRIMOINE (DRAC RHÔNE-ALPES, CONSERVATION RÉGIONALE DES MONUMENTS HISTORIQUES) LUC FRANÇOISE dit MIRET INGÉNIEUR (DRAC RHÔNE-ALPES, SERVICE RÉGIONAL DE L’ARCHÉOLOGIE) MICHEL KNEUBÜHLER CHARGÉ D’ENSEIGNEMENT (UNIVERSITÉ LUMIÈRE-LYON 2) GHISLAINE MACABÉO ARCHÉOLOGUE (INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES PRÉVENTIVES-INRAP) SOPHIE OMÈRE CONSERVATRICE DES MONUMENTS HISTORIQUES (DRAC RHÔNE-ALPES, CONSERVATION RÉGIONALE DES MONUMENTS HISTORIQUES) JEAN-MARIE REFFLÉ PHOTOGRAPHE (DRAC RHÔNE-ALPES) NICOLAS REVEYRON PROFESSEUR D’HISTOIRE DE L’ART ET ARCHÉOLOGIE DU MOYEN ÂGE (UNIVERSITÉ LUMIÈRE-LYON 2) GILLES SOUBIGOU CONSERVATEUR DES MONUMENTS HISTORIQUES (DRAC RHÔNE-ALPES, CONSERVATION RÉGIONALE DES MONUMENTS HISTORIQUES)

Coordination éditoriale JEAN-PIERRE COMMUN CHARGÉ DE COMMUNICATION (DRAC RHÔNE-ALPES) ET MICHEL KNEUBÜHLER

Remerciements Auteurs et éditeurs tiennent à remercier très vivement, pour leur soutien tout au long de ce projet éditorial : Père Michel Cacaud, recteur de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste ; Pierre Franceschini, architecte des bâtiments de France, chef du Service territorial de l’architecture et du patrimoine du Rhône (DRAC Rhône-Alpes), conservateur de la cathédrale. Des remerciements particuliers s’adressent également à : Marie Bardisa, conservatrice régionale des monuments historiques (DRAC Rhône-Alpes) ; Gérard Bruyère, documentaliste, Musée des Beaux-Arts de Lyon ; Pierre Guinard, directeur des collections et des contenus, Bibliothèque municipale de Lyon ;

Anne-Catherine Marin, directrice des Archives municipales de Lyon ; Stéphane Paccoud, conservateur, Musée des Beaux-Arts de Lyon ; Carole Paret, conservatrice déléguée des antiquités et objets d’art du Rhône ; Michèle Prélonge, documentaliste, Musées Gadagne (Lyon) ; Patrice Régnard, architecte du patrimoine (ARCHIPAT, Lyon); Didier Repellin, architecte en chef des monuments historiques ; Cécile Reynier, responsable du trésor de la cathédrale ; Benoît Van Reeth, directeur des Archives départementales du Rhône ; Régis Vermorel, ingénieur au Service territorial de l’architecture et du patrimoine du Rhône (DRAC Rhône-Alpes) ; Ludmila Virassamynaiken, conservatrice, Musée des Beaux-Arts de Lyon. Que le personnel et les agents du diocèse de Lyon, de la Bibliothèque municipale de Lyon, du Musée des Beaux-Arts de Lyon, des Musées Gadagne, des Archives départementales du Rhône, des Archives municipales de Lyon et de la Médiathèque du patrimoine à Charenton-le-Pont trouvent également ici l’expression de nos sincères remerciements.


Mode d’emploi Cinq parties composent ce livre : « Toute une histoire » ; « Le chantier en images » ; « Paroles d’expert » ; « Un autre regard » ; « Guide de visite ». Afin de faciliter la visite, un plan de l’édifice figure à la fin de l’ouvrage, dans le rabat de couverture ; chaque partie porte un numéro, reproduit dans le guide de visite. Le signe « + » renvoie à une illustration présente dans la page (ou la double page). Les mots imprimés en rouge et soulignés font l’objet d’une définition dans le glossaire.

Sommaire Préface Transmettre à nos descendants un témoin fabuleux de l’histoire de l’humanité … PIERRE FRANCESCHINI CHEF DU SERVICE TERRITORIAL DE L’ARCHITECTURE ET DU PATRIMOINE DU RHÔNE (DRAC RHÔNE-ALPES)

Toute une histoire Lyon et sa cathédrale… toute une histoire … NICOLAS REVEYRON 1562, 1793 : iconoclasme plutôt que vandalisme … MICHEL KNEUBÜHLER

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9 et 40 36

Le chantier en images Le chantier en images … PASCAL CURAT Un siècle de fouilles archéologiques … EMMANUELLE BOISSARD,

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LUC FRANÇOISE dit MIRET ET GHISLAINE MACABÉO

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Paroles d’expert « Laisser s’exprimer l’âme du monument » Entretien avec Didier Repellin … MICHEL KNEUBÜHLER

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Un autre regard Clapasson, Mérimée : à un siècle d’intervalle, deux lectures de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste … MICHEL KNEUBÜHLER ET GILLES SOUBIGOU

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Guide de visite

Le décor et les objets mobiliers … GILLES SOUBIGOU L’horloge astronomique … GILLES SOUBIGOU Le trésor … SOPHIE OMÈRE

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Annexes Pour en savoir plus Glossaire Les auteurs Le chantier de restauration de l’abside (2012-2013)

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NICOLAS REVEYRON ET GHISLAINE MACABÉO

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PATRIMOINES POUR DEMAIN SAINT-JEAN-BAPTISTE

Transmettre à nos descendants un témoin fabuleux de l’histoire de l’humanité La cathédrale Saint-Jean-Baptiste, comme toutes les cathédrales de France, est entretenue et restaurée par l’État, propriétaire de ce bien affecté au culte. Ouverte à tous, lieu de rencontre, de célébration, de visite, de ressourcement, elle se trouve au cœur même du site historique de Lyon inscrit par l’UNESCO sur la liste du patrimoine mondial et du premier secteur sauvegardé de France créé par André Malraux en 1964. Cet édifice est un témoin insigne de l’histoire des hommes et de l’architecture, de l’Antiquité tardive jusqu’à nos jours.

PIERRE FRANCESCHINI CHEF DU SERVICE TERRITORIAL DE L’ARCHITECTURE ET DU PATRIMOINE DU RHÔNE (DRAC RHÔNE-ALPES), CONSERVATEUR DE LA CATHÉDRALE

Depuis 1905 et la loi de séparation des Églises et de l’État, l’État assure la conservation, l’entretien et la restauration de la cathédrale. L’architecte des bâtiments de France, depuis 1946, en est le conservateur et également l’administrateur du trésor, en étroite collaboration avec le diocèse affectataire. J’ai donc, avec mes collaborateurs Régis Vermorel et Cécile Reynier, la charge de la sécurité et de l’entretien de l'édifice ainsi que de la gestion du trésor. Ce livre nous fait pénétrer dans ce lieu magique, mais plus encore dans l’histoire de sa construction et des chantiers sans cesse renouvelés, grâce aux meilleurs spécialistes de l’architecture et de la restauration, de l’archéologie et de l’histoire de l’art, tout particulièrement Nicolas Reveyron et Didier Repellin qui œuvrent sur le lieu depuis près de trente ans.

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Préface

Grâce à cette publication, nous découvrons aussi bien l’importance d’un détail infime, par exemple une marque lapidaire ou la technique de nettoyage du marbre au « coton-tige », que le rôle du quartier canonial au Moyen Âge ou bien le nettoyage de milliers de mètres carrés de façades en pierre. Mieux comprendre l’histoire de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, son architecture, sa construction, son décor, son évolution permanente, ses restaurations multiples (et même ses « dérestaurations ») est l’objet premier de ce livre. Mais c’est tout autant une invitation à une visite aussi érudite que passionnante dont vous, lecteur, ne sortirez pas « indemne » : découvrir et comprendre le rôle de l’ancienne manécanterie et du trésor qui l’occupe, le fonctionnement de l’horloge astronomique ou les stalles provenant de l’abbaye de Cluny est un plaisir à partager en famille ou entre amis. C’est encore l’occasion de mieux comprendre nos racines, celles de nos ancêtres qui ont bâti, modifié, vénéré, parfois même dégradé ce prestigieux édifice ; c'est enfin transmettre à nos descendants un témoin fabuleux de l’histoire de l’humanité. Cet ouvrage paraît au moment où s’achève la restauration complète de l’ensemble des façades. Au moment aussi où l’on peut redécouvrir la richesse exceptionnelle de l’abside aujourd’hui nettoyée, préfiguration de la restauration complète de l’intérieur. Il montre à chacun l’importance des savoirfaire, autant traditionnels que novateurs, inestimables et indispensables, des professionnels du bâtiment pour transmettre la mémoire et faire que se poursuive la vie de ce monument. Ce livre est une nouvelle pierre à ce bien commun qu’est la primatiale, au plus près des connaissances ; je ne peux qu’admirer l’ensemble des intervenants qui ont œuvré pour la publication de ce texte de référence.

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… toute une histoire Vue de Lyon depuis les toits de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste.

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PATRIMOINES POUR DEMAIN SAINT-JEAN-BAPTISTE

Lyon et sa cathédrale… toute une histoire Un monument est toujours notre présent, pour s’inscrire dans l’avenir. NICOLAS REVEYRON L’architecte et le restaurateur, l’archéologue et l’historien de l’art ne font PROFESSEUR au mieux qu’accompagner le mouvement. Mais – et c’est là l’essentiel de D’HISTOIRE DE L’ART ET ARCHÉOLOGIE leur travail et un travail essentiel – ils construisent le passé, les uns en DU MOYEN ÂGE assurant la pérennité de l’architecture et en adaptant notre temps au À L’UNIVERSITÉ LUMIÈRE-LYON 2 futur, les autres en établissant l’histoire de l’édifice et en explicitant ces beautés venues du lointain d’autres moments. Tous transmettent aux nouvelles générations l’œuvre et le savoir. Deux attitudes citoyennes. Nulle part ailleurs sans doute mieux qu’à la primatiale Saint-Jean-Baptiste + se perçoit ce mouvement kaléidoscopique des temps, des pierres et des hommes, dans un présent toujours renouvelé. Les services de l’État se sont aujourd’hui substitués aux chanoines-comtes dans la conduite des opérations : mais, comme le lecteur va le découvrir, c’est bien le même ouvrage patient qu’ils accomplissent. De Lugdunum à Lyon Fondée en 43 avant notre ère par un lieutenant de César, Lugdunum + était, dès l’origine, une colonie de droit romain : ce statut élevait ses habitants au rang de citoyens romains et leur assurait les mêmes droits politiques et juridiques que ceux de Rome. Octave, héritier de César et premier empereur sous le nom d’Auguste, en a fait la capitale fédérale des Trois-Gaules (la Celtique, l’Aquitaine et la Belgique) et le chef-lieu de la province lyonnaise, un vaste territoire allongé, suivant la courbe de la Loire, de Lyon jusqu’en Bretagne et au Cotentin. La ville a accueilli très tôt le christianisme, transmis dans la tradition de saint Jean par des chrétiens venus d’Asie Mineure.

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Lyon et sa cathédrale… toute une histoire

+ La cathédrale de Lyon veille depuis des siècles sur la ville et en observe les métamorphoses.

+ Sur la colline de la Croix-Rousse, les vestiges de l'amphithéâtre (Ier-IIe siècles ap. J.-C.) témoignent de l'importance du Lyon antique. Cet édifice faisait partie du sanctuaire fédéral des Trois-Gaules, les trois provinces impériales dont Lugdunum était la capitale.

L’Église lyonnaise, réputée la deuxième d’Occident après celle de Rome, était déjà pleinement constituée au moment des persécutions de 177, qui ont compté parmi leurs victimes Blandine, le diacre de Vienne Sanctus et Pothin, premier évêque connu de Lyon. Capitale du royaume des Burgondes au Ve siècle, Lyon a été intégré en 534 au royaume mérovingien, avant d’entrer dans l’empire carolingien. Avec de grands évêques comme Leidrade (797-816), familier de Charlemagne, ou Agobard (816-840), cette époque a été pour la cité un nouvel âge d’or.

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Vers le milieu du Xe siècle, la ville a été rattachée au second royaume de Bourgogne, qui s’étendait de la Souabe à la Provence et qui a été donné au roi de Germanie en 1032. Dès lors, Lyon a relevé de l’Empire germanique jusqu’à son retour définitif au royaume de France, en 1312.

Les archevêques et les chanoines

+ Bulle d’or de Frédéric Barberousse, 1157, parchemin (Archives départementales du Rhône, 10 g 2546, pièce n° 2). L'empereur du Saint-Empire romain germanique reconnaît à l'archevêque de Lyon tout pouvoir régalien sur la ville et sur l'évêché « en deçà de la Saône ». Ce texte est à l'origine des pouvoirs seigneuriaux exercés par les archevêques de Lyon et leurs chanoines-comtes.

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Les deux premiers évêques, Pothin + (mort en 177) et Irénée (v. 130-v. 208), originaire de Smyrne, le premier théologien d’Occident, étaient des disciples de Polycarpe qui était luimême disciple de Jean l’Évangéliste : cette généalogie apostolique a joué un rôle déterminant dans l’histoire de Lyon et a valu à son Église une considération universelle. Durant le haut Moyen Âge, l’évêque de Lyon est devenu le véritable maître de la ville. À partir du XIIe siècle, il a partagé ce pouvoir avec les chanoines, devenus comme lui comtes de Lyon +. Il était à la tête d’une vaste province ecclésiastique comprenant les diocèses de Lyon, d’Autun, de Chalon-sur-Saône, de Mâcon et de Langres, portant pour cette raison le titre d’archevêque. En 1079, le pape Grégoire VII a accordé à Guébin le titre de « primat des Gaules » (qui fait de la cathédrale la « primatiale Saint-Jean ») : l’archevêque de Lyon a ainsi reçu la charge de juger en dernier appel les procès des provinces ecclésiastiques de Lyon, de Sens, de Tours et de Rouen.

+ Saint Pothin, premier évêque de Lyon, est ici représenté sur le reliquaire de saint Irénée, en argent doré, réalisé au XVIIIe siècle (Lyon, trésor de la cathédrale).


Lyon et sa cathédrale… toute une histoire

+ L'actuel chœur d'hiver des chanoines a été aménagé dans la seule galerie subsistante du cloître reconstruit à partir du XVe siècle.

+ Une série de chapelles funéraires s'ouvrent sur le bas-côté Nord de la cathédrale.

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Détail des ornements ajourés de la galerie de la chapelle des Bourbons. Dans la partie inférieure, on reconnaît les lettres «A» et «R» du mot Charles.


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+ Andrea Appiani, Le Cardinal Fesch archevêque de Lyon, 1802. Huile sur toile, v. 1805 (Lyon, trésor de la cathédrale).

+ La chaire à prêcher de la cathédrale est commandée en 1839 par le cardinal de Bonald à l'architecte Antoine-Marie Chenavard.

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Au sortir de la Révolution, commence un grand et long chantier de renouvellement des œuvres d’art et des décors (boiseries, grilles), afin de remplacer ceux qui ont été détruits et de redonner à la primatiale le lustre qui lui convenait. Ainsi, le cardinal Joseph Fesch +, archevêque de 1802 à 1839 et oncle de Napoléon Ier, qui s’était constitué une vaste collection d’environ seize mille tableaux (dont une partie se trouve aujourd’hui au musée d’Ajaccio), en a offert une série à la cathédrale ; il a aussi fait venir de Rome des reliques et des reliquaires en grand nombre, en obtenant de sa nièce Pauline Borghese la collection réunie par le cardinal Borghese. Après la chute de l’Empire, il doit s’exiler à Rome mais reste en titre l’archevêque du diocèse ; son successeur, le cardinal Maurice de Bonald, archevêque de 1839 à 1870 et grand mécène, a non seulement doté la primatiale d’un nouveau trésor d’objets d’art du Moyen Âge, mais il a commandité des œuvres contemporaines +, comme sa stalle néogothique, les grandes orgues et de nombreux vitraux ; les chanoines eux-mêmes ont tenu à participer à ce mouvement. Dans le même temps, les architectes se sont attachés à rétablir dans les chapelles le mobilier liturgique et des décors mieux adaptés au statut de la primatiale. Mais, outre l’embellissement, il a fallu également prévoir les réparations courantes et les restaurations de la cathédrale, si malmenée au cours de son histoire.


Lyon et sa cathédrale… toute une histoire

Laurent-Hippolyte Leymarie, Procession sur le pont de l'Archevêché, huile sur toile, v. 1830 (Lyon, Musées Gadagne, N 2093).

Les restaurations Dans un édifice aussi considérable qu’une cathédrale, l’entretien du bâti et des décors est une constante nécessité. Régulièrement, à l’échelle du siècle, des opérations de grande ampleur sont entreprises pour réparer les dégâts causés par le temps ou par les hommes. Ces restaurations sont parfois documentées par les archives : délibérations du chapitre, devis, projets de restauration, prixfaits… Avant l’époque moderne, de tels renseignements sont rares et souvent imprécis. On sait par exemple qu’en 1419, les chanoines ont demandé que l’arc doubleau situé « au milieu de l’église » soit refait. De quoi s’agissait-il précisément ? Peut-être d’un arc de la nef, ou encore d’un arc du sanctuaire, déstabilisé par « l’accident du XIIIe siècle ». Avant le milieu du XIVe siècle, les archives sont peu nombreuses, voire inexistantes, ayant souvent été détruites dans les périodes troublées.

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L’édifice lui-même se révèle heureusement plus bavard : la cathédrale se lit à livre ouvert. L’étude stylistique des décors et l’analyse archéologique du bâti permettent de repérer les campagnes de restauration. Elles ont touché très tôt ce qu’il y a de plus fragile dans la cathédrale : les vitraux. Les premiers travaux identifiés ont concerné d’une part, le vitrail des saints Pierre et Paul, installé à la fin du XIIe siècle dans la chapelle Nord du chœur, où les figures des deux saints (avant-dernier registre) ont été refaites dans la seconde moitié du XIIIe siècle ; d’autre part, les verrières hautes de l’abside, mises en place vers le milieu de ce même XIIIe siècle : dans la fenêtre centrale, la Vierge, Dieu le Père, l’agneau et les armes du chapitre (l’aigle et le griffon) ont été remplacés à la fin du même siècle ou au début du suivant. Dans un cas comme dans l’autre, les figures nouvelles sont identifiées par leur style : le dessin en est plus évolué que l’ensemble où elles sont insérées.

Restaurations des vitraux Au XVIe siècle, les destructions consécutives à l’occupation de la ville par les protestants, en 1562, ont nécessité des travaux de grande ampleur. En 1574, sous + Au XIXe siècle, les restaurateurs de vitraux signent et datent leurs œuvres. Henri III, le chapitre a confié à Cette fenêtre de l'abside porte la date 1844 et la signature d’Émile Thibaud (1806-1896), maître-verrier de Clermont-Ferrand. Nicolas Durand, peintre-verrier, la restauration des vitraux de la cathédrale. Ce dernier avait un fils, Jérôme, né en 1555. Les Archives municipales de Lyon possèdent de lui un cahier de dessins portant, au folio 10, un texte autographe : Moy Jérôme Durand jay faict ceste pièce le moys de janvyer mil cinq cens soixante neuf. Or, dans la troisième travée de la nef principale, l’arc intérieur d’une grande baie, côté Sud, a récemment révélé une inscription à la peinture noire, longue de plus de trois mètres trente, mais que le contre-jour rendait imperceptible : M [OY] [ANNO] N [OSTRI] + D [OMINI] 1575 [JE] RO [ME] + DURAN [D]. Quand il a eu vingt ans, Jérôme a donc été emmené sur les échafaudages du clair-étage par son père qui lui a confié un important travail dont les comptes de la fabrique n’ont gardé aucun souvenir. En avait-il le droit ? Était-ce simplement pour lui donner l’occasion de prouver sa maîtrise technique ?

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Le chantier en images Une cathédrale est un chantier permanent. Depuis le début de sa construction, artisans, PASCAL CURAT compagnons et hommes de l’art ont toujours été présents pour agrandir, entretenir, INGÉNIEUR restaurer l’édifice. Mais depuis les années 1980, les travaux de restauration ont pris une DU PATRIMOINE (DRAC RHÔNE-ALPES) ampleur probablement jamais atteinte auparavant. Trente ans auront été nécessaires pour restaurer l’ensemble des façades extérieures ; quatre années seulement permettront de nettoyer les élévations intérieures. Ce dernier chantier a commencé, en 2012-2013, par la restauration de l’abside.

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• Avant de commencer la restauration des intérieurs de la cathédrale, les services de l’État-Ministère de la Culture et de la Communication ont terminé en 2011 la restauration des extérieurs de l'édifice. Pendant une année, la façade occidentale de la cathédrale a disparu sous les échafaudages. • Une fois les échafaudages déposés, en octobre 2011, la façade restaurée a été révélée aux passants.


Le chantier en images

• Pendant plus d'un an, le chœur de la cathédrale de Lyon a été intégralement échafaudé.

• L'échafaudage préserve les éléments sculptés faisant saillie (ici à la transition du chœur et de la chapelle Notre-Dame-du-Haut-Don).

Restaurer l’intérieur de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste sans suspendre son fonctionnement est une contrainte qui s’ajoute aux difficultés que présentent la restauration proprement dite et la gestion d’un tel chantier. La dernière campagne importante de travaux sur les élévations intérieures de l’abside datant de 1936, un nouveau toilettage était devenu nécessaire afin d’ôter cette crasse accumulée depuis des années qui a progressivement estompé les jeux chromatiques des pierres de construction. Cette restauration a en outre permis de redécouvrir la subtilité des effets de lumière et de couleur, entre vitraux, pierre marbrière et pierre calcaire.

• Les éléments mobiliers qui ne peuvent être déplacés, comme le maître-autel, sont protégés par des coffrages.

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• La restauration débute par l'analyse des dérèglements variés dont souffrent les pierres.

• Les essais de nettoyage, après analyses en laboratoire, sont documentés par des étiquettes pour guider les restaurateurs.

Réalisés en 2008, les premières études et les premiers sondages ont mis en évidence une présence importante de crasse recouvrant l’épiderme des pierres calcaires. De nombreux essais ont été réalisés afin de rechercher la technique de nettoyage qui n’agresse pas la pierre, enlève la saleté et surtout ne crée aucune réaction telle que marbrure, oxydation ou auréole. Des prélèvements ont été réalisés et envoyés dans un laboratoire spécialisé de la pierre pour des analyses de caractérisation physico-chimiques.

• Des essais de nettoyage sur les chapiteaux des pilastres révèlent la blancheur de la pierre.

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Un siècle de fouilles archéologiques L’apport de l’archéologie est essentiel pour connaître l’histoire d’un édifice et orienter judicieusement les choix de restauration. Contrairement à une idée reçue, les archéologues n’interviennent pas qu’en sous-sol, mais également sur les élévations. Sur la cathédrale Saint-Jean, les recherches qu’ils ont menées au cours des dernières décennies ont livré des informations de premier ordre. Les investigations archéologiques dans le sol de la cathédrale sont peu nombreuses. Hormis la découverte fortuite en 1889 de l’abside primitive à l’occasion de l’installation d’un calorifère, il a fallu attendre 1935 pour que l’édifice connaisse, sous la direction de l’abbé Macé et du docteur Loison, archéologue, une première campagne de fouilles +. Cette intervention visait à retrouver les dispositions du chœur telles qu’elles existaient avant les modifications contemporaines de la Révolution. Outre le dégagement de l’espace de l’ancien presbyterium, l’idée était de retrouver le chef de saint Irénée que la tradition donnait pour être conservé sous l’ancien autel. Si cette relique n’a pas été découverte, l’abside de la première église entrevue en 1889 a pu être dégagée.

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EMMANUELLE BOISSARD ARCHÉOLOGUE À ARCHEODUNUM LUC FRANÇOISE dit MIRET ARCHÉOLOGUE AU SERVICE RÉGIONAL DE L’ARCHÉOLOGIE (DRAC RHÔNE-ALPES) GHISLAINE MACABÉO ARCHÉOLOGUE À L’INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES PRÉVENTIVES (INRAP)

Des pavements de mosaïque ainsi que les fondations de l’ancien maître-autel consacré en 1245 ont également été mis au jour. En 1976, l’archéologue Jean-François Reynaud entreprend de sonder les vestiges de la première église conservés depuis 1936 dans une crypte archéologique accessible depuis le chœur. Les résultats de cette intervention ont permis de préciser les états successifs de l’abside entre le Ve et le début du XIIe siècle. C’est à ce dernier état que sont finalement attribuées les mosaïques que les premières fouilles dataient de la période paléochrétienne. La présence de deux murs postérieurs à ces pavements a également permis d’avancer l’hypothèse de la présence d’une crypte associée à l’actuel édifice. Enfin, en 2003,


Un siècle de fouilles archéologiques

culturelles de Rhône-Alpes (Service régional de l’archéologie) dans le cadre des travaux de restauration qu’elle conduisait (maîtrise d’ouvrage : Conservation régionale des monuments historiques). Débuté en 1989 par une campagne de trois ans portant sur le chevet, ce travail a été confié à Nicolas Reveyron, professeur d’histoire de l’art et archéologie du Moyen Âge. Ce dernier est intervenu sur les campagnes suivantes : bras Sud du transept (2001), mur gouttereau Sud (2004) et enfin tour Sud-Ouest (2007). En 2009, à l’occasion de la restauration de la tour Nord-Ouest, la responsabilité des interventions fut confiée à Ghislaine Macabéo qui intervint en 2010 sur les chapelles Nord puis en 2011 sur le mur gouttereau Nord et la façade. Enfin, la première tranche de restauration intérieure de l’édifice, débutée en 2013, a été confiée à Emmanuelle Boissard. + Vue générale des fouilles de 1935, photographie anonyme prise depuis le bras Sud du transept, 1935 (Lyon, Archives de la Conservation des antiquités et objets d'art).

une intervention ponctuelle réalisée à l’occasion de travaux sur la chaudière a permis d’identifier des niveaux antiques sous l’édifice. Si les interventions dans le sol furent limitées, il en est allé tout autrement pour les élévations extérieures de la cathédrale; la presque totalité du bâti a fait l’objet d’une étude archéologique approfondie prescrite par la Direction régionale des affaires

Le travail effectué par les archéologues tout au long de ces années a permis de réaliser des relevés manuels d’une grande partie des élévations de l’édifice qui ont largement contribué à comprendre le phasage général du chantier de construction de la cathédrale et à préciser l’organisation des travaux, les innovations techniques ainsi que les évolutions architecturales et stylistiques. L’étude archéologique a permis également d’étudier les différents matériaux de construction utilisés, d’inventorier les marques lapidaires et d’identifier des enduits et décors peints.

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Le chantier des élévations du sanctuaire de la cathédrale Les récents travaux de restauration des élévations intérieures de l’abside, du chœur et des chapelles orientales de la cathédrale ont constitué une occasion unique de réaliser une étude archéologique des parties les plus anciennes de la cathédrale lyonnaise. + Niche monumentale de la chapelle Saint-Pierre, clef gravée sur le banc oriental.

+ Ici, sur le bandeau décoratif inférieur de l’abside, apparaissent des vestiges du décor de bleu de lapis-lazuli et de feuille d’or.

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Trois axes d’examen ont présidé à cette opération: l’identification des matériaux employés et l’analyse de leur mise en œuvre, la lecture de la chronologie de l’édification et la documentation des décors sculptés et polychromes. L’opération archéologique confirme ainsi que les vestiges des monuments de la ville antique ont constitué la principale source d’approvisionnement du chantier de construction roman. Le remploi de grands blocs de choin de Fay dans l’élévation des parements soigneusement polis, et celui de diverses variétés de marbre pour les pilastres de l’abside et les décors sculptés, fondent la monumentalité du projet architectural de la fin du XIIe siècle. La mise en œuvre de ces éléments exploite au maximum leurs dimensions initiales et les qualités techniques et esthétiques propres à chaque matériau ; les formes obtenues et leur assemblage révèlent une exceptionnelle maîtrise de la stéréotomie. Dans les trois bandeaux au décor d’incrustation, l’agencement complexe des remplois de marbre blanc, aux dimensions et aux formes irrégulières,


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« Laisser s’exprimer l’âme du monument » Architecte en chef des monuments historiques, Didier Repellin a depuis une trentaine d’années la responsabilité de la restauration de la cathédrale Saint-JeanBaptiste. Il livre ici les principaux enseignements qu’il a pu tirer de ce chantier et, plus généralement, de l’exercice de son métier, en France comme à l’étranger.

Dans ses différentes phases, le chantier de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste a-t-il présenté des difficultés techniques particulières ? Par nature, un tel chantier n’est jamais simple et l’on retrouve sur la cathédrale lyonnaise les problèmes engendrés ailleurs – ceux liés, par exemple, à la pollution urbaine. Toutefois, Lyon n’est pas Beauvais ! L’édifice a été fort habilement construit et ne présente pas de désordres structurels ; seules les trois grandes rosaces, surtout celle de la façade occidentale, nous ont obligés à surmonter des obstacles techniques complexes. En réalité, le plus difficile est de conserver à cet édifice sa personnalité singulière en n’abordant pas sa restauration de façon académique ou purement formelle mais en tentant au contraire de faire ressentir derrière chaque pierre, chaque sculpture, chaque enduit la vibration que lui a donnée à l’origine la main qui l’a travaillé.

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DIDIER REPELLIN ARCHITECTE EN CHEF DES MONUMENTS HISTORIQUES

Un édifice classé monument historique, comme la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, c’est d’abord un assemblage de matériaux : pierre, bois, métal... Lors de cette restauration, vous a-t-il été difficile de retrouver les matériaux d’origine ou de leur substituer d’autres matériaux, techniquement et esthétiquement compatibles ? Fort heureusement, les Romains ont fort bien choisi les pierres qu’ont remployées les bâtisseurs du Moyen Âge ! Si bien qu’il n’a pas été nécessaire de remplacer beaucoup de pierres. Quand cela s’est imposé, nous sommes allés, nous aussi, les chercher à Villebois ; en revanche, l’exploitation des carrières de Lucenay étant aujourd’hui arrêtée, il nous a fallu choisir d’autres calcaires aux caractéristiques voisines : mais ceux-ci « vieillissent » et se patinent bien, de sorte qu’ils s’intègrent harmonieusement à la construction.


Paroles d’expert

Le chantier d’un tel édifice est œuvre de longue haleine : quelles sont les prochaines étapes ? La restauration de l’abside et des deux chapelles du chœur va prochainement s’achever ; nous engagerons ensuite celle du transept et de la première travée de la nef avant de poursuivre le chantier dans les autres travées et les chapelles latérales. • Un chantier est l'occasion de nombreuses découvertes : au dos de ce chapiteau est apparue l'esquisse d'un décor que le sculpteur n'a jamais terminé de tailler.

Un chantier de restauration offre l’occasion de faire progresser les connaissances sur le monument. Qu’ont donc livré, en la matière, les travaux menés au cours des dernières décennies ? Comme le montre dans ce livre Nicolas Reveyron, nous avons désormais une idée bien plus précise des différentes phases qui ont jalonné l’histoire de la construction de l’édifice. Il n’y a là rien de fortuit, mais au contraire le résultat de l’excellente collaboration qui, depuis des années, associe l’archéologue à l’architecte. Le fait de mener parallèlement l’étude archéologique et la restauration s’est révélé particulièrement fécond : ce fut par exemple très utile dans le choix du parti à prendre pour certaines clefs de voûte, de même que pour le chœur, dont on sait aujourd’hui qu’il a été traité tel un reliquaire, avec un raffinement extrême qui fait écho à l’art des orfèvres lyonnais de l’époque et évoque l’art oriental.

La restauration d’un édifice aussi considérable que la cathédrale Saint-Jean-Baptiste fait appel à de multiples savoir-faire, dont certains transmis de génération en génération depuis des siècles. Cette transmission est-elle toujours effective de nos jours ? Si l’on peut se féliciter qu’aient été créés dans notre pays des centres de formation d’apprentis ou des écoles spécialisées, rien ne remplace, depuis le Moyen Âge, la transmission directe du maître à l’élève. Voilà pourquoi il est essentiel d’ouvrir chaque année assez de chantiers afin que, pour tous les savoir-faire que mobilise la restauration du patrimoine, les conditions soient créées d’un apprentissage « grandeur nature ». Potentiellement, les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas moins talentueux que leurs aînés ! Encore faut-il qu’on leur donne l’occasion d’apprendre l’œil et le geste – et, au-delà, l’état d’esprit, l’attitude – qui font les bons restaurateurs. S’il n’y a pas assez de chantiers, alors, oui, une vraie menace pèse sur la transmission de certains savoir-faire.

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Clapasson, Mérimée : à un siècle d’intervalle, deux lectures de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste

• Daudet, d'après Delamonce, vue du chœur de la cathédrale de Lyon au XVIIIe siècle, gravure pour le missel de Mgr de Rochebonne, 1737 (coll. part.).

L’un est un notable lyonnais, membre de l’Académie de la ville et féru d’histoire ; quand il fait halte à Lyon, l’autre vient tout juste d’être nommé inspecteur général des monuments historiques et effectue la première de ses nombreuses tournées à travers la France : André Clapasson et Prosper Mérimée ont l’un et l’autre laissé une description de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste. Mais le premier écrivait près d’un demi-siècle avant 1789, le second rédigeait ses Notes quarante-cinq ans après. Si la Révolution a matériellement affecté l’édifice, elle a aussi modifié le regard porté sur lui...

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• Anonyme, vue de la chapelle de Bourbon vers 1840, lithographie (coll. part.).


Un autre regard

André Clapasson (1741) : « Cette Église est une des plus célèbres de l'Europe... » Paru au début de l’année 1741 chez l’imprimeur lyonnais Aimé Delaroche, l’ouvrage intitulé Description de la ville de Lyon, avec des recherches sur les hommes célèbres qu’elle a produits, quoique publié sans nom d’auteur, a pu être attribué avec certitude à André Clapasson, dit Clapasson le cadet (1708-1770). Issu d’une famille d’officiers royaux, ce juriste et fin lettré, ancien élève du Collège de la Trinité, admis en 1738 à l’Académie des Beaux-Arts de la ville, décrit dans ce livre les principaux monuments de Lyon... dont, bien sûr, la cathédrale Saint-Jean-Baptiste.

• Page de titre de l'édition originale de la Description de la ville de Lyon, par André Clapasson (coll. part.).

Conçu sur le modèle de la Description de la ville de Paris publiée par Germain Brice en 1684, l’ouvrage d’André Clapasson constitue, malgré ses lacunes, un précieux témoignage des richesses patrimoniales existant à Lyon avant la Révolution. Il atteste en particulier l’existence sous l’Ancien Régime, au sein de l’élite du royaume, d’un sentiment patrimonial amenant amateurs d’art et d’architecture à regretter, un demi-siècle avant Aubin-Louis Millin et l’abbé Grégoire, que certaines œuvres léguées par les générations précédentes ne soient pas « conservé[es] avec plus de soin ».

« Cette Eglise est une des plus célèbres de l’Europe, par la singularité de ses cérémonies & la noblesse de son Chapitre.

le neuvième siécle, & y déposa les Reliques de saint Cyprien Evêque de Carthage, & de quelques autres saints Martyrs.

On ne connoît précisément ni le temps ni les Auteurs de la première fondation de l’Eglise de saint Jean ; on sçait seulement que l’Archevêque Leydrade la fit réparer dans

Environ deux siécles après, on entreprit de rebâtir cette même Eglise, telle qu’on la voit aujourd’hui; les Papes, les Rois de France, les Archevêques de Lyon & le Chapitre, contribuérent en divers

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tems à sa construction ; mais il falut plusieurs siécles pour terminer l’ouvrage ; aussi est-il aisé de remarquer des différences très-sensibles entre les parties de cet édifice. Le Sanctuaire & la croisée paroissent fort anciens, mais la grande Nef paroît être du siécle de Philippe Auguste ou de saint Louis qui étoit le tems où l’Architecture gothique fut portée à sa plus grande perfection, & pendant lequel les plus beaux ouvrages qui nous restent en ce genre furent élevés. Le Portail de l’Eglise est ce qu’il y a de plus moderne, il n’a été achevé que sous le régne de Louis XI. La Statuë de saint Jean Baptiste en marbre au-dessus de la porte du milieu, passe pour être de Germain Pilon, Sculpteur en réputation sous les derniers Valois, & qui a fait aux Celestins de Paris le beau groupe des trois grâces qui soutiennent le cœur d’Henry II. Quatre grosses tours quarrées flanquent l’Eglise de saint Jean ; une d’elles sert de clocher, & renferme une des plus grosses cloches qu’il y ait dans le Royaume. L’intérieur de cet Edifice est d’une grande simplicité, ce qui lui donne un certain air de grandeur & de majesté qu’on ne trouve pas toujours dans des Eglises mieux décorées ; le Jubé qui sépare la Nef du Chœur, est un ouvrage nouveau de fort

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bon goût ; il est orné de colonnes corinthiennes, & d’un attique au-dessus, enrichi de bas-reliefs ; les sculptures en sont travaillées fort proprement, & l’on estime beaucoup de petites figures d’Anges placées aux angles des arcades. Le grand crucifix élevé au-dessus du jubé est une des meilleures pièces de ce genre, travaillée dans le goût de l’école de Michel-Ange ; l’on y remarque la manière hardie et savante de ce grand maître. Les Chapelles qui se trouvent le long des bascôtés ont été fondées, en divers tems, par les Archevêques & les Chanoines de cette Eglise ; on distingue entre les autres, la première à droite en entrant, ce fut le Cardinal Charles de Bourbon Archevêque de Lyon, vers le milieu du quinzième siécle, qui la fit bâtir ; c’est un chef-d’œuvre de délicatesse dans le travail des feuillages & des divers ornemens dont elle est embellie, qui donne bien lieu de regretter qu’une si belle exécution n’ait pas été employée à des ouvrages de meilleur goût. On voit partout dans cette chapelle la devise de ce cardinal, c’est un bras revêtu d’un fanon avec l’épée flamboyante, et ces mots : n’espoir ne peur. Ce cardinal étant mort avant que sa chapelle put être finie, son frère, le duc Pierre de Bourbon, prit soin de la faire achever, c’est pourquoi on y trouve aussi la devise particulièrement de ce prince et son chiffre.


Détails des figures de prophètes et d’apôtres des verrières hautes de l’abside.


Guide de visite Jeux de lumières colorÊes sur les piles des grandes arcades de la nef.

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Guide de visite Avertissement : pour mieux comprendre l’histoire de la cathédrale et en découvrir les beautés, il est préférable de commencer la visite par le chevet, depuis le quai de la Saône. La cathédrale est ouverte tous les jours, gratuitement. Le visiteur peut aussi prévoir la visite – également gratuite – du trésor de la cathédrale, ouvert du mardi au samedi, et un dimanche après-midi sur deux.

Le chevet La cathédrale de Lyon a été élevée sur un terrain descendant en pente douce depuis la place Saint-Jean jusqu’à la Saône [1]. Pour rétablir l’horizontale, l’architecte a mis en place un socle à bossages qui porte le sanctuaire et le transept et les met de niveau avec la façade. La forme de ce bossage rustique, qui se limite exactement à ce niveau inférieur, reprend l’idée des podiums de certains temples antiques ; dans la cathédrale, c’est cette capacité constante à reproduire l’architecture antique, mais aussi à l’interpréter et à innover, qui justifie l’idée d’une Renaissance lyonnaise à la fin du XIIe siècle. Scandé par six contreforts larges, le chevet [2] impose sa masse puissante et raffinée au regard. Sa forme est le produit d’une savante analyse de la géométrie des volumes ouverts : cette figure à sept pans est exactement la moitié d’un polygone fermé à quatorze côtés coupé par la diagonale passant par le centre. Les deux côtés joignant

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NICOLAS REVEYRON PROFESSEUR D’HISTOIRE DE L’ART ET ARCHÉOLOGIE DU MOYEN ÂGE À L’UNIVERSITÉ LUMIÈRE-LYON 2 GHISLAINE MACABÉO ARCHÉOLOGUE À L’INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES PRÉVENTIVES (INRAP)


Guide de visite

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le chœur ne sont donc pas parallèles, mais vont en s’évasant. Au-dessus du socle, s’élève un mur nu qui contraste avec le bossage. Il porte les sept lancettes qui éclairent l’intérieur ; on remarque que, du côté Sud, les lancettes ont été redressées vers l’est afin d’assurer le meilleur éclairage naturel le matin, pendant la messe pontificale. Tout cet ensemble, depuis le socle à bossages jusqu’aux lancettes, a été monté en choins, grands blocs d’un calcaire blanc récupérés [3] en démontant les ruines romaines de Lyon. Ce faisant, les architectes du Moyen Âge ont redécouvert les techniques de construction antiques et les ont appliquées dans leurs propres édifices. Mais il s’agit d’abord d’un choix esthétique : les dimensions des blocs – dépassant parfois les deux mètres de longueur pour soixante centimètres de hauteur – impressionnaient vivement les hommes du Moyen Âge ; les différents traitements de surface offraient de magnifiques effets de contraste et les vestiges de lettres (monuments funéraires ou piédestaux de statues remployés) et de moulures antiques affirmaient visuellement la continuité entre Lugdunum et Lyon, entre les premiers chrétiens du IIe siècle et l’Église du XIIe siècle.

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Au-dessus des lancettes court une délicate arcature [4], construite en pierre de Lucenay, composée de pilastres cannelés et de chapiteaux très refouillés, très belles réalisations d’excellents sculpteurs, même si l’étude archéologique a montré que les quatorze angles que l’arcature forme avec les contreforts sont occupés par quatorze chapiteaux sculptés sur deux faces seulement.

Déplacez-vous maintenant vers le jardin archéologique et placez-vous sous le panneau de la rue des Estrées. Le quatrième niveau du chevet, qui correspond au clair-étage et aux voûtes, appartient déjà à l’architecture gothique. La galerie extérieure, composée de sept loges profondes, se poursuit sur le chœur et les travées internes du transept, mais, au milieu du mur Est des deux bras du transept, elle devient une galerie interne [5]. Au-dessus s’élève l’une des deux tours qui couronnent les bras du transept. Cette tour Nord, achevée à la transition des XIVe et XVe siècles, abritait les cloches qui rythmaient la vie religieuse du quartier.

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Gagnez le parvis en traversant le jardin archéologique où se trouvent les vestiges des églises Saint-Étienne et Sainte-Croix.

Le jardin archéologique Le jardin archéologique [6] a été aménagé après les fouilles de sauvegarde menées en 1972-1977. C’est tout un pan du groupe épiscopal primitif que l’on peut reconnaître ici, au travers des vestiges d’un mur du IVe siècle qui l’enfermait, mais aussi et surtout du baptistère [7], transformé au XIe siècle en église dédiée à saint Étienne, et une salle de réception des évêques devenue à l’époque carolingienne une église dédiée à la Sainte-Croix. Une arcade [8] de cette dernière a été relevée. Le jardin archéologique a été classé parmi les monuments historiques en 1986. 7

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Annexes Détail de l’astrolabe de l'horloge astronomique de la cathédrale.

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Pour en savoir plus Orientation bibliographique 1. Généralités Histoire des diocèses de France. Lyon.- Paris, Beauchesne, 1984 [dir. Jacques Gadille]. Les Vitraux de Bourgogne, Franche-Comté et Rhône-Alpes.Paris, CNRS, 1986 [coll. « Corpus vitrearum. Recensement des vitraux anciens de la France », n° III]. Lyon, la grâce d’une cathédrale.Strasbourg, Éditions La Nuée Bleue, 2011 [dir. cardinal Philippe Barbarin]. Béghain (Patrice), Benoit (Bruno), Corneloup (Gérard), Thévenon (Bruno).- Dictionnaire historique de Lyon.- Lyon, Éditions Stéphane Bachès, 2009. Bost (Jack), Bruyère (Gérard), Cottin (François-Régis), Deloche (Bernard), Guillemain (Jean), Parguez (Guy) et Mathian (Nathalie).- « Le palais Saint-Jean : urbanisme, architecture, ameublement, collections », in : Les Dossiers des Archives municipales, n° 4, Lyon, Archives municipales, 1992.

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Chomer (Gilles), Méras (Mathieu) et Reynaud (Jean-François).« La cathédrale Saint-Jean de Lyon », in : « Cathédrales de Rhône-Alpes », Cahiers René de Lucinge, n° spécial 4, 1988. Comby (Jean).- Les Vitraux de la primatiale Saint-Jean-Baptiste de Lyon.- Lyon, Association Lyon-cathédrale, 2008. Dufieux (Philippe).- « Gothiques et romans : la restauration des églises à Lyon au XIXe siècle », in : Livraisons d’histoire de l’architecture, n° 3, 2002, p. 37-55. Dufieux (Philippe).- Le Mythe de la primatie des Gaules. Pierre Bossan (1815-1888) et l’architecture religieuse en Lyonnais au XIXe siècle.- Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2004. Ferriol (Céline), Hallereau (Isabelle) et Mathian (Nathalie).- Sur les traces de Mérimée. Naissance d’un sentiment patrimonial.- Lyon, Archives départementales du Rhône, 2003 [cat. expo ; dir. Benoît Van Reeth]. Gutton (Jean-Pierre).- Histoire de Lyon illustrée.- Toulouse, Le Pérégrinateur, 2008. Pelletier (André).- Histoire de Lyon. De la capitale des Gaules à la métropole européenne.Lyon, Éditions lyonnaises d’art et d’histoire, 2007.

Reveyron (Nicolas).- Chantiers lyonnais du Moyen Âge (Saint-Jean, Saint-Nizier, Saint-Paul). Archéologie et histoire de l’art.- Lyon, ALPARA, 2005 [coll. « Documents d’archéologie en Rhône-Alpes et en Auvergne », n° 28 – série lyonnaise, n° 9]. Reveyron (Nicolas).- Primatiale Saint-Jean-Baptiste. Lyon.- Lyon, Association Lyon-cathédrale, 2008. Reynaud (Jean-François).Lugdunum Christianum. Lyon du IVe au VIIIe siècle : topographie, nécropoles et édifices religieux.Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1998. 2. Sur l’iconoclasme en 1562 et 1793 Lyon 1562, capitale protestante. Une histoire religieuse de Lyon à la Renaissance.- Lyon, Éditions Olivétan, 2009 [dir. Yves Krumenacker]. « Massacres au nom de Dieu. Entretien avec Denis Crouzet », in : « Les guerres de Religion. Violence au nom de Dieu », Les Collections de L’Histoire, n° 17, octobre 2002. Christin (Olivier).- « Le sac de Lyon (1562) et l’iconoclasme lyonnais », in : L’Art et les révolutions. Section 4 : les iconoclasmes.- Strasbourg, Société alsacienne pour le développement de l’histoire de l’art, 1992, p. 139-150 [dir. Sergiusz Michalski].


Annexes

Deloche (Bernard) et Leniaud (Jean-Michel).- La Culture des sans-culottes.- Paris/Montpellier, Les Éditions de Paris/Les Presses du Languedoc, 1989. Gamboni (Dario).- Un iconoclasme moderne. Théorie et pratiques contemporaines du vandalisme artistique.- Zurich/Lausanne, Institut suisse pour l’étude de l’art/ Les Éditions d’En-Bas, 1983. Hermant (Daniel).- « Destructions et vandalisme pendant la Révolution française », in : Annales. Économies, sociétés, civilisations, vol. 33, n° 4, 1978, p. 703-719. Niepce (Léopold).- Les Monuments d’art de la primatiale de Lyon détruits ou aliénés pendant l’occupation protestante en 1562.Lyon, Henri Georg, 1881 [rééd. Lyon, Éditions René Georges, 1998]. Pommier (Édouard).- L’Art de la liberté. Doctrines et débats de la Révolution française.- Paris, Éditions Gallimard, 1991 [coll. «Bibliothèque des histoires»]. Salvandori (Philippe).- « Et les protestants brisèrent les statues de la Vierge », in : L’Histoire, n° 156, juin 1992.

Bégule (Lucien).- Monographie de la cathédrale de Lyon.- Lyon, Mougin-Rusand, 1880. Blanchard (François) et Morat (Charles).- L’Horloge astronomique de la cathédrale Saint-Jean de Lyon.- Paris, ANCAHA, 2006. Buenner (dom Denys).L’Ancienne Liturgie romaine. Le rite lyonnais.- Lyon/Paris, Emmanuel Vitte, 1934. Chagny (André).- Les Origines de la cathédrale de Lyon. La basilique Saint-JeanBaptiste.- Lyon, Imprimerie Marius Audin, 1938. Fournier (C. J. N.).- Nouveau Guide de l’étranger à Lyon.Lyon, chez Lions, libraire, 1826. Jacques (Pierre-Simon, abbé).L’Église primatiale de Saint-Jean et son chapitre. Esquisse historique.- Lyon, Pélagaud, Lesne et Crozet, imprimeurs-libraires, 1837. Macé (Armand, chanoine).Restauration du chœur de la cathédrale Saint-Jean à Lyon.Lyon/Paris, Emmanuel Vitte, 1936.

Sources imprimées Bégule (Lucien).- La Cathédrale de Lyon.- Paris, Henri Laurens éditeur, 1913 [coll. « Petites monographies des grands édifices de la France »].

Macé (Armand, chanoine).Une merveille de l’art gothique : la chapelle des Bourbons à la cathédrale Saint-Jean de Lyon.- Lyon, Lescuyer, 1941.

Macé (Armand, chanoine) et Michalon (Pierre, abbé).Cathédrale Saint-Jean. Lyon.Lyon, Lescuyer et Fils, 1953. Morel de Voleine (Louis).« Restauration de l’église primatiale de Lyon », in : La France littéraire, 1861-1862. Niepce (Léopold).- « Les stalles et les boiseries de la cathédrale de Lyon », in : La Revue lyonnaise, janvier et février 1881. Sachet (Alphonse, abbé).Le Pardon annuel de la Saint-Jean et de la Saint-Pierre à Saint-Jean de Lyon (1392-1790). Saint-Jean du XIVe au XVIIIe siècle.Lyon, P. Grange et Cie, 1914-1918. Sidoine Apollinaire.- Lettres.Paris, Les Belles Lettres, 1970 [texte établi et traduit du latin par André Loyen]. Fonds d’archives exploités Lyon : Archives départementales du Rhône. Lyon : Archives municipales. Lyon : archives de la Conservation régionale des monuments historiques (DRAC Rhône-Alpes). Lyon : archives de la Conservation des antiquités et objets d’art du Rhône.

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Glossaire Abside : partie interne, en hémicycle ou polygonale, qui termine le chœur d’une église. Affectataire : terme administratif désignant le clergé auquel, en vue de la célébration du culte, un édifice religieux est affecté par son propriétaire public. Attique : en architecture, niveau supérieur qui couronne une construction, un monument ou une colonne. Avouerie : en droit féodal, terme désignant la charge d’un seigneur responsable de la protection d’une abbaye. Boucharde : marteau à deux têtes utilisé par les tailleurs de pierre. Bulle : acte scellé promulgué par le pape ou l’empereur du Saint-Empire romain germanique. Burettes : flacons contenant du vin et de l’eau, utilisés pendant la célébration de l’eucharistie. Calice : vase sacré destiné à recevoir le vin pour la célébration de la messe. Habituellement assorti d’une patène, petit plat de forme circulaire concave portant l’hostie.

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Ciboire : vase sacré utilisé pour conserver les hosties consacrées en vue de la communion.

Cartisane : sur une pièce textile, morceau de carton autour duquel ont été entortillés des fils de soie, d’or ou d’argent, formant un motif en relief. Cathèdre : siège utilisé par l’évêque pendant les cérémonies ; il a donné son nom à la cathédrale, église où se trouve la cathèdre épiscopale. Chancel : barrière peu élevée séparant le chœur de la nef. Chanoine : religieux attaché au service d’un évêque et résidant auprès de la cathédrale. À Lyon, les chanoines-comtes tiennent ce dernier titre du roi de France, après 1312 et jusqu’à la Révolution. En tant que comtes de Lyon, ils possèdent des seigneuries. Chapelle d’orfèvrerie : ensemble de vaisselle liturgique qui se compose habituellement d’un calice et de sa patène, d’un ciboire, d’un bassin et d’une aiguière, des burettes et de leur plateau, d’une paire de ciseaux et d’une clochette. Chapitre : nom porté par le collège des chanoines, qui administre tout ou partie des biens de la cathédrale au nom de l’évêque. Chef : terme utilisé pour désigner le crâne d’un personnage saint, conservé dans un reliquaire. Chevet : extrémité du chœur d’une église, vue de l’extérieur.

Choin : roche calcaire de la région lyonnaise, dont il existe plusieurs variétés. Chrisme : symbole chrétien primitif formé des deux premières lettres du mot grec Christos (le Christ, « l’oint ») entrelacées ; en majuscules, ces deux lettres prennent la forme du « X » et du « P » de la graphie latine. Consulat : nom, à Lyon, de l’institution qui, après de nombreuses luttes menées contre le pouvoir ecclésiastique des archevêques, détient le pouvoir municipal de 1320 à 1790. Crypte : espace cultuel logé généralement sous le sanctuaire. Elle est soit souterraine et accessible par des escaliers, soit semi-souterraine, accessible par quelques marches ou de plain-pied avec la nef. Custode : supérieur religieux ayant la responsabilité d’une « custodie », ou province ecclésiastique. Dendrochronologie : méthode de datation fondée sur l’étude des anneaux de croissance des troncs d’arbre. Ébrasement : partie du montant d’un portail qui s’évase vers l’extérieur, généralement support d’un décor sculpté. Émaux : en orfèvrerie, ornements en émail, substance vitreuse cuite sur un support métallique.


PATRIMOINES POUR DEMAIN SAINT-JEAN-BAPTISTE

Les auteurs EMMANUELLE BOISSARD

MICHEL KNEUBÜHLER

JEAN-MARIE REFFLÉ

Archéologue spécialiste du bâti, membre associée de l’UMR 5138 (Université Lumière-Lyon 2) et responsable du pôle bâti d’Archeodunum, elle travaille sur l’architecture religieuse du Moyen Âge et les problématiques de mise en couleur des édifices au travers de l’étude des enduits peints. Publication récente : « L’archéologie des enduits peints », in : Les Peintures murales. Les techniques (Liège, Institut du patrimoine wallon, 2009).

Chargé d’enseignement à l’Université Lumière-Lyon 2. Derniers titres parus: Affaire d’État… affaire de tous! La protection du patrimoine en Rhône-Alpes (LivresEMCC, 2013) ; Quels temps faisons-nous ? Conversa tion avec Philippe Dujardin et André Micoud (La passe du vent, 2013) ; Rousseau à Lyon. Sur quelques séjours du « promeneur solitaire » entre Saône et Rhône (LivresEMCC, 2013).

Photographe dans les services régionaux de l’Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France (Alsace puis Rhône-Alpes), il rejoint en 2002 le centre d’information et de documentation de la DRAC Rhône-Alpes. Ses photographies ont été reproduites dans de nombreux ouvrages publiés par l’Inventaire ou les Éditions La passe du vent. Il collabore également à de nombreuses expositions ou publications consacrées aux arts du cirque.

PASCAL CURAT

GHISLAINE MACABÉO

NICOLAS REVEYRON

Économiste du bâtiment, tous corps d’état, il est reçu au concours d’ingénieur du patrimoine au ministère de la Culture en 1983 et nommé à la DRAC Rhône-Alpes. Il participe à la rédaction de publications de la collection « Patrimoine restauré » sur l’abbaye d’Abondance, l’église de Cordon et l’église de Clermont – trois édifices de Haute-Savoie – ainsi que sur l’église Saint-Nizier à Lyon. Il est aussi, en Rhône-Alpes, référent pour les questions de sécurité incendie dans les établissements recevant du public (ERP).

Dessinatrice/archéologue, chargée d’étude et d’opération sur le bâti à l’INRAP. Elle a suivi, avec Nicolas Reveyron, plusieurs campagnes de restauration de la cathédrale de 1989 à 2011. Dernières publications : Chantiers lyonnais au Moyen Âge (DARA, n° 28, 2005) et « Un chantier médiéval à étapes » in : Lyon, la grâce d’une cathédrale (Strasbourg, Éditions La Nuée Bleue, 2011).

Agrégé de lettres classiques, docteur en histoire de l’art de l’Université ParisSorbonne et archéologue spécialisé dans l’archéologie du bâti, professeur d’histoire de l’art et archéologie du Moyen Âge à l’Université Lumière-Lyon 2, ancien membre de l’Institut universitaire de France et directeur de laboratoire de recherche CNRS UMR 5138 Archéométrie et archéologie, il a beaucoup publié sur l’architecture et l’iconographie du Moyen Âge.

LUC FRANÇOISE dit MIRET

Archéologue, ingénieur au Service régional de l’archéologie (DRAC RhôneAlpes), en charge de Lyon et des communes de l’agglomération lyonnaise.

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SOPHIE OMÈRE

GILLES SOUBIGOU

Conservatrice du patrimoine. Historienne de l’art de formation, elle a travaillé à la Conservation départementale du patrimoine de l’Eure. Ancienne élève de l’Institut national du patrimoine, elle a été nommée en 2012 conservatrice des monuments historiques à la DRAC Rhône-Alpes. Elle a collaboré à La Maison de la culture de Firminy (La passe du vent, 2013).

Historien de l’art, spécialiste des relations entre la littérature et les arts visuels, il est actuellement conservateur des monuments historiques à la DRAC Rhône-Alpes. Il a notamment co-dirigé Visible et lisible. Confrontations et articulations du texte et de l’image (Nouveau Monde, 2007) et dirigé L’Abbaye d’Ambronay (La passe du vent, 2012) et La Maison de la culture de Firminy (La passe du vent, 2013).


Annexes

Lyon, cathédrale Saint-Jean-Baptiste : le chantier de restauration de l’abside (2012-2013) Lyon (Rhône), 5e arrondissement Cathédrale Saint-Jean-Baptiste

Économiste Joël Jermer puis Philippe Tinchant

Monument historique classé (liste de 1862) Propriétaire État – ministère de la Culture et de la Communication

Bureau d’études techniques Cobalt (Lyon, Rhône)

Début des travaux septembre 2012 Inauguration novembre 2013

Coordonnateur SPS Novicap (Lyon, Rhône) – Christian Jacquart Bureau de contrôle BTP Consultants (Limonest, Rhône)

Maîtrise d’ouvrage DRAC Rhône-Alpes Jean-François Marguerin, directeur régional Marie Bardisa, conservatrice régionale des monuments historiques Pascal Curat, ingénieur du patrimoine Sophie Omère, puis Gilles Soubigou, conservateurs des monuments historiques

Entreprises

Maîtrise d’œuvre Didier Repellin, architecte en chef des monuments historiques Patrice Régnard, architecte du patrimoine

4. Restauration des vitraux Vitrail Saint-Georges (Lyon, Rhône)

1. Échafaudages Lyon Échafaudage (Reventin-Vaugris, Isère)

6. Menuiserie Les Métiers du bois (Lentilly, Rhône) 7. Dépose en conservation d’ouvrages d’art Violaine Pillard ; Gérard Blanc (Lyon, Rhône) 8. Électricité Société SPIE Sud-Est (Vénissieux, Rhône) 9. Conception de la lumière intérieure de la cathédrale Cobalt (Lyon, Rhône) 10. Archéologie préventive Archeodunum (Chaponnay, Rhône)

2. Maçonnerie/pierre de taille Comte (Champdieu, Loire) 3. Restauration et nettoyage des décors Tollis (Chevilly-Larue, Val-de-Marne)

5. Serrurerie Atelier Thomas Vitraux (Valence, Drôme)

Coût total des travaux 2 500 000 euros dont État (ministère de la Culture et de la CommunicationDRAC Rhône-Alpes) 1 000 000 euros Département du Rhône 1 500 000 euros

127


Localisation et plan de l’édifice

Paris Paris

1

Le chevet

2

Le jardin archéologique

3

La façade occidentale

4

La nef

5

Le bas-côté Sud

6

La chapelle des Bourbons

7

La chapelle du Saint-Sacrement

8

Le bras Sud du transept

9

La grande sacristie

10

Le sanctuaire

11

La chapelle Saint-Pierre

12

Le bras Nord du transept

13

Le bas-côté Nord

14

L’ancienne manécanterie

B Bourg-en-Bresse ourg-en-Bresse

HAUTE-SAVOIE HAUTE-SA AVOIE

AIN

LLOIRE OIRE

RHÔNE

A Annecy nnecy

16

LLyon yon n Chambéry SSaint-Étienne aint-Étienne

SAVOIE SA AVOIE ISÈRE Grenoble Grenoble

Valence Valence

Pr ivas Privas

ARDÈCHE

DRÔME DRÔME

FOCUS A

Le mobilier

FOCUS B

L’horloge astronomique

FOCUS C

Le trésor


Lyon. La cathédrale Saint-Jean-Baptiste #3 PATRIMOINES

POUR DEMAIN

130

Comité de pilotage DRAC Rhône-Alpes : Jean-Pierre Commun ; Jean-Marie Refflé ; Gilles Soubigou Éditions La passe du vent : Michel Kneubühler ; Jamel Morghadi ; Thierry Renard Rédaction Emmanuelle Boissard, Pascal Curat, Luc Françoise dit Miret, Michel Kneubühler, Ghislaine Macabéo, Sophie Omère, Nicolas Reveyron, Gilles Soubigou Secrétariat de rédaction et relecture Michel Kneubühler Crédits photographiques Jean-Marie Refflé, sauf : DRAC Rhône-Alpes – CRMH, Clément Apffel : 12 (droite), 42 (haut), 114-116 Gilles Soubigou : 11 (bas) Conservation départementale des antiquités et objets d’art du Rhône : 49, 57, 90 Département du Rhône, Patrick Ageneau : 113 Lyon, Archives départementales du Rhône : 12 (gauche), 19, 20, 46 Lyon, Archives municipales : 39, 109 (droite) Lyon, Musées Gadagne,

Xavier Schwebel : 32, 33, 43 Lyon, Bibliothèque municipale : 35, 37 (Didier Nicole) ; 67 Lyon, Musée des Beaux-Arts : 95 (haut) Emmanuelle Boissard : 58 D.R. : 16, 66, 67, 91, 95 (droite) Plans : Didier Repellin, architecte en chef des monuments historiques Relevés archéologiques : Ghislaine Macabéo : 60-61 Conception graphique et mise en page atelier Perluette, Lyon (www.perluette-atelier.com) Direction scientifique Gilles Soubigou Coordination éditoriale Michel Kneubühler Ouvrage édité avec le concours du ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Rhône-Alpes) Achevé d’imprimer en novembre 2013 par l’imprimerie Chirat, Saint-Just-la-Pendue Numéro d’imprimeur : 201311.0050 Dépôt légal : novembre 2013


« La basilique de Saint-Jean domine tous les autres édifices ; les murs de cette antique métropole [...] portent l’empreinte des siècles dont elle est surchargée ; ce monument, qui attache les regards du spectateur, produit un effet majestueux dans le tableau » François-Marie de Fortis, Voyage pittoresque et historique à Lyon, aux environs et sur les rives de la Saône et du Rhône, Paris, Bossange frères, 1821, tome I


Les Lyonnais l’appellent couramment la « primatiale », ou simplement « Saint-Jean » : située au cœur du site historique de Lyon, inscrit depuis 1998 sur la liste du patrimoine mondial, la cathédrale Saint-Jean-Baptiste-et-Saint-Étienne constitue, aux portes du Midi de la France, une manifestation originale d’un certain gothique « lyonnais ». Par le texte et par l’image, le présent ouvrage fait découvrir, du Ve siècle à nos jours, l’histoire parfois mouvementée de l’édifice, les étapes de sa construction ainsi que les fouilles archéologiques et les travaux de restauration qu’il a connus ; il propose également un guide de visite complet et détaillé d’un des monuments majeurs de l’ancienne « capitale des Gaules », tout à la fois chef-d’œuvre et lieu de mémoire.

12 €

ISBN : 978-2-84562-242-5


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