S'amuïr suivi de Résister aux mêmes

Page 1


Jean Gabriel

Cosculluela S’amuïr suivi de

Résister aux mêmes Préface de Jean-Michel Maulpoix Gravures de Gisèle Celan-Lestrange

poésie



À la croisée des voix Amuïr : le verbe qui donne son titre à ce livre appartient au vocabulaire de la phonétique et signifie « cesser d’être prononcé », en parlant d’un phonème. Mais il est en vérité très ancien puisqu’on le rencontre dans un recueil de Psaumes du XII e siècle, le Psautier de Cambridge, dans le sens de « devenir muet ». Amuir est de la même famille que mutisme. Cet amuïssement, c’est précisément ce qu’a donné à entendre au milieu du XXe siècle l’œuvre de Paul Celan à qui Jean Gabriel Cosculluela a dédié cet ensemble de poèmes et de proses habité par la pensée du poète roumain et les échos de sa voix brisée. Écourtée et de plus en plus obscure au fil des ans, écrite dans une « langue grise » dépourvue d’éclat, trouée de blancs, la poésie de Paul Celan a été écrite « d’après-Auschwitz1», ainsi que l’observait Jean-Pierre Lefebvre en préfaçant le Choix de poèmes que Celan avait lui-même composé : à partir des camps de concentration, en fonction de la Shoah et du peu de poésie qu’elle a laissé encore possible. C’est de ce « reste chantable » d’une poésie au souffle coupé, évoluant tout près de l’irrespirable que Jean Gabriel Cosculluela se fait à la fois l’écho et le passeur. Il attache ses propres pas à un travail aussi désespéré qu’obstiné qui maintient la langue dans son effort pour avancer et pour dire

1. Paul Celan, Choix de poèmes, Poésie/Gallimard, 1998, p. 19.

3


encore malgré ce qui l’étrangle : il s’agit d’établir un lieu « où pénètre encore la lumière » en dépit du brouillage de tous les repères, de la perte d’aura et de la désacralisation radicale du poétique. Quand le poème ne peut plus être porté par ce que Stéphane Mallarmé désignait naguère comme « l’ancien souffle lyrique », il donne à entendre les à-coups d’une respiration heurtée et il cogne dans le souffle au lieu de se fondre en lui. Il est ainsi pour l’écriture une manière non de s’étendre en se ramifiant, mais de se tasser, serrée au bord d’un silence devenu obsédant, comme posée sur le seuil du langage. Quels mots pour ce chant brisé ? « Amuïr », « affouiller », « épaufrure », « pierrier », Jean Gabriel Cosculluela confie à un lexique singulier le soin de cartographier le paysage aride et rude de l’amuïssement. Mot à mot, pas à pas, il s’agit alors tout ensemble de « gravir » et de creuser, de déblayer et d’empierrer. Écrire est à la fois un travail de passeur et de carrier. Une espèce d’intimité paradoxale s’établit avec l’univers minéral que l’on sait si présent sous la plume de ces autres poètes familiers de l’Ardèche et de la Drôme que furent Jacques Dupin et André du Bouchet… C’est comme une géographie escarpée et une géologie nouvelle qui viennent s’inscrire ici dans ce que Jacques Dupin a pu appeler « notre territoire agonistique ». Dans ces « poèmes pierreux », les mots s’organisent volontiers en minces colonnes verbales (un, deux ou trois par vers) pour dessiner un relief anfractueux sur la page, creusant le silence ou s’élevant en farouches pitons rocheux sur sa blancheur.

4


Mais si la poésie, en son aridité, est une solitude où dominent la rupture et la déliaison, le poète s’y montre entouré : ce livre est tout bruissant de noms chers : José Ángel Valente, Roberto Juarroz, Marina Tsvetaïeva, Martine Broda, Éric Celan, Thierry Metz, Bernard Noël, Roger Laporte, Ingeborg Bachmann... C’est là comme une famille d’êtres proches, présents ou disparus, dont la relecture accompagne et semble même motiver l’écriture. N’oublions pas que Jean Gabriel Cosculluela a exercé un métier autour des livres : attentif aux livres des autres, il écrit dans la proximité de leur voix. En temps de détresse, on écrit plus que jamais avec les mots des autres, dans l’approche de leur souffle et dans les traces qu’ils ont laissées. L’important n’est pas tant le geste du commentaire que l’inscription d’une reconnaissance et d’un partage. Le poème est la trace d’un être, pareil à un dialogue qui se poursuit dans la distance : il suppose un lecteur impliqué. Si S’amuïr s’inscrit ainsi à la croisée des voix, ce livre s’établit également à la croisée de deux autres attachements très vifs : à une histoire et à une terre, le Haut-Aragon, cette aire géographique dont Jean Gabriel Cosculluela est originaire et au centre de laquelle se dresse le massif pyrénéen, ses lignes de crêtes et ses passes secrètes par où circulaient les combattants de la Guerre civile espagnole. Les mots, les êtres, les paysages ont l’âpreté aussi bien que la douleur, l’obstination et l’esprit de résistance en partage. Et il n’est pas sans importance que ce soit en terre occitane, au pays des troubadours, là même où naquit naguère la poésie

5


lyrique, et avec elle la fine amor, que Jean Gabriel Cosculluela vienne interroger le reste chantable de notre temps, comme s’il repliait l’une sur l’autre le temps de la naissance et celui de la fin du poème. Il faut encore aimer la langue, si blessée, désarmée et dépouillée soit-elle, afin que demeure la possibilité d’un passage et d’une orientation. Dans son « Allocution de Brême », en 1958, Paul Celan réaffirmait le maintien de ce rapport vital à l’écriture, comme en réponse à Adorno qui avait cru un temps devoir déclarer « inadmissible » la poésie après Auschwitz : « Accessible, proche et non perdu demeura au milieu de toutes les pertes seulement ceci : la langue. Elle, la langue, demeura non perdue, oui, malgré tout. Mais elle devait à présent traverser ses propres absences de réponse, traverser un terrible mutisme, traverser les mille ténèbres de paroles porteuses de mort. […] Dans cette langue j’ai essayé durant ces années et les années qui suivirent d’écrire des poèmes : pour parler, pour m’orienter, pour savoir où je me trouvais et vers où j’étais appelé, pour projeter de la réalité à mon devant ». N’est-ce pas à une telle continuation que s’attache Jean Gabriel Cosculluela dans ce livre où se croisent singulièrement poésie et critique ? Une parole poétique éminemment critique s’y

6


retourne avec anxiété sur elle-même, infiniment respectueuse de celles et de ceux qui l’ont inspirée et auxquels elle demeure attachée par un dialogue infini. Plus que jamais, le poème est une expérience essentielle : c’est à la croisée des voix qu’il demeure une chance que se laissent entrevoir les coordonnées de notre existence.

Jean-Michel Maulpoix

7


autour de Paul Celan


Le livre S’amuïr se compose de S’amuïr Pessakh Anstchel & Bachmann Apside Crêtre Talus Le Dos de Saul Vive (Marina Tsvetaïeva) Partir, d’où, torrent Enfant, le long du mur noir L’Erre et l’air Voix Trois quintils pour JB & Résister aux mêmes Un Chant pauvre Entretien avec Thierry Renard

9



S’amuïr



S’amuïr à Thierry Metz

Le silence n’est pas le silence Paul Celan Creuser un trou dans la terre, le mot et les mettre à nu. Composer le silence à la main, en tas, resserré au bord du trou. Le silence est inachevé, à bout de mot ; il y a toujours un mot plus bas que l’autre. Creuser le silence même, garder l’alphabet du noir, habiter le seuil toujours affouillé des mots. Le seuil affouillé des mots rappelle une épaisse couche de neige. S’amuïr sur le seuil. S’amuïr sur le deuil.

avec des mots de Céline Zins

13


L’Amour du chemin à Manuel Lamana et Nicolas Sánchez Albornoz

Rien ni personne. Comme si vous pénétriez dans les Pyrénées et rien de plus. Absolument rien. Tout est montagne. Manuel Lamana

Là où d’autres butent contre des murs et des montagnes, là aussi il voit un chemin.... Il place l’existence dans les ruines, non pour l’amour des ruines, mais pour l’amour du chemin qui se fraie un passage au travers. Walter Benjamin

Du bois des sept pins, frayer le passage jusqu’au dernier escarpement. Avec la boue, avec l’eau avalée sur le chemin de la soif, affouiller l’inconnu. À un mot de la frontière, sur la ligne de crête, laisser une sacoche de mots et de lumière noire. Unos papeles más de contenido desconocido

14


Avec quelques papiers de plus, serrer l’oubli ; ouvrir les voix de personne, l’amour du chemin. Au lieu dit de l’absent, avaler les mots, le temps de traverser le silence.

15


Pessakh Antschel & Bachmann Apside


à Paul Celan, à Ingeborg Bachmann & à Anselm Kiefer


1 Le livre est là, tombé avec les mots, avec le silence de chaque mot, au sol au milieu des gravats, dans une maison même, d’une langue même, détruites. Le livre est là. À reprendre. Sternenfall comme chute d’étoiles où pénètrent encore la lumière et l’obscur, où habite encore la lumière.

27


2 Une autre maison, une bibliothèque où les plombs des mots du silence, de la lumière entraînent un livre et un autre livre au sol, sternen, étoiles, dans un éclat de verre. Encore étoiles, les pages restent un secret de la vie des mots. Elles gardent les yeux ouverts, les mains ouvertes de chaque mot dans l’abandon. Danken denken. Penser remercier.

28


3 Au milieu d’un champ, lumière et cendre, un livre ouvert à même l’air, une étoile a bien encore de la lumière. Rien, Rien n’est perdu. Il y a les mots en eux et ils creusent. Chaque mot a son silence, chaque ombre à terre a son ciel. Le deuil s’attarde au bord du livre et de l’étoile. Des livres et des étoiles.

29


4 Les mots tiennent de l’âpreté qui reste entre ce qui ne peut être l’oubli d’une langue détruite et le secret de cette langue. Ce mur mur entre ce qui peine à être dit et une ombre portée qui désigne la terre près du mur et accorde un instant au retrait. Il manque toujours un nom au mur et à la terre, à chercher les mots et les morts de la langue détruite. Sternenfall. Chute d’étoiles. Des tombes dans le ciel. Où est le ciel ? Où est le sol ? Seuls ? Le feu nomme les mains brûlées, le chemin vers un Toi.

30


5 Ce mur mur d’une maison détruite. D’une autre maison détruite jusqu’à la langue, détruite. Pessakh le long d’un chemin vers Toi. D’un passeur traîner quelques mots … de vide en vide sans qu’on remarque … que c’était de vide en vide.

31


Pour S’amuïr encore


Crêtre


Crêtre à Franck Christoph Yeznikian à Michel Ménaché en pensant à Walter Benjamin

Ce passage de témoins dans la ligne de « crêtre » Franck Christoph Yeznikian

Ce nom dit : il fait oublier et en même temps ne pas oublier Michel Ménaché

Ligne. Crêtre. Passage si étroit de témoins. Ligne. Crête. Être. Être au passage où l’oubli se fait mais aussi où l’oubli est insupportable et impossible. Sur sa fin, l’oubli 40


ne se fait pas oublier. Ce nom dit. Il porte déjà son silence. Tu es ce chemin, ce pas où tu portes ton absence. Tu marches, tu sais ton absence dans ton dos, sans savoir si c’est l’oubli, si l’oubli se fait ou pas. Tu es ce chemin. Ce nom dit pas. L’oubli porte son pas dans ce passage étroit. C’est ligne, crête, être. Tu n’oublies rien de l’abrupt en chemin, tu fais la lumière avec l’oubli. 41


Le nom dit reste en chemin sur la ligne tracée, haute de ton pas. Au moment même où l’oubli se fait impossible, insupportable. Au moment même de ce passage au seuil du silence.

42


Talus


Talus à Nadia Katz et Jean Rigaud Il est temps que le temps soit Il est temps

Talus, remblais, lieux vides, gravats Paul Celan, trad. Gil Pressnitzer

1. L’oubli n’empiète pas sur la mémoire, il est sa frontière, sa terre d’ombre ou noire, son abandon, son attente. Que faisons-nous du commencement ou du recommencement ? Nous nous souvenons difficilement de la nudité, de la dénudation. Nous gardons l’invisible dans nos yeux. Nous le nommons. Oubli. Ou rien. Il n’y a plus rien. La terre et le talus. Rien. Le talus est ce lieu : rien. À moins. À moins de faire un tour, marcher, arpenter le rien, sans empiéter sur la nudité, la dénudation du lieu, sans la peur de l’oubli, rester poreux avec le lieu, le peu, le rien de ce fragment de terre, terreta. Je suis du petit monde. Le petit monde de cette terre en pente, à peine, est un lieu. Reste maintenant une photographie : ce talus, le temps, quelques petites pierres laissées là dans l’adieu. La terre n’écarte pas les petites pierres, ni l’ombre du ciel, près de l’eau. C’est là. C’est cela. Un hameau de bord de terre, d’eau et de ciel. Et de maison, plus. De maison, plus que le talus au bout du chemin. Que le talus où habiter du regard terre, eau et ciel. Île de terre où le regard s’enterre, s’immerge et s’encielle. S’enfouit, recommence terre à terre. 44


Le Dos de Saul


Le Dos de Saul à László Nemes à Géza Rhörig à Georges Didi-Huberman

Saul regarde et porte le secret le mourir, ne pas le perdre de vue, ne pas le perdre de vie. Rester dans son dos, être avec lui, à son épaule, à ses côtés. Ne plus échapper à son regard, même si les choses restent dans l’invisible, presque l’indicible. Le secret porte la lumière dans le noir, porte la lumière sur son dos, à son épaule. Traverser le noir et le flou de quelques images seules soudain de la chambre et la porte soudain vers dehors et des corps soudain vers la forêt, au milieu des bruits, des cris, l’invisible, presque l’indicible. S’obstiner à regarder dans peu d’espace, d’insupportable. Ne pas fuir le regard de Saul, le suivant, lui, dos, épaule. Sur son dos, à son épaule, plus tard, il porte le corps de l’enfant, le grain, la matière de son regard pour ne rien perdre de l’invisible, presque de l’indicible, de l’insupportable, du manque, ne pas perdre, porter ce regard de près qui veut sortir du noir.

48


Corps déjà traversant le mourir, les bruits, les cris, la peur, tout près ce peu de temps, ce peu d’espace, dans la chambre et dans la forêt, nommant encore un nous. Toujours suivre le dos de Saul, il porte l’enfant sur son dos, à l’épaule, il traverse malgré tout la lumière qui reste avec l’enfant mort. Sans nom. La terre se baisse jusqu’aux mots des morts. Avec Saul, quitter la chambre, la forêt, creuser la terre, donner le corps de l’enfant mort à l’eau. La mort a pris un autre visage. Des yeux, des mains, des mots, se saisir de l’insaisissable. Dans le regard des mourants, il y a la montée de leur propre oubli ; dans les yeux des morts, il y a notre oubli. Saisir l’oubli, saisir l’inoubliable. Retourner voir, sortir du noir, traverser, malgré tout, l’oubli ne se dérobe pas, jamais, l’oubli reste sur son dos, à l’épaule, dans nos yeux, dans nos mains, dans nos mots.

avec des mots de Walter Benjamin, Georges Didi-Huberman, Bernard Noël

49


Vive

50


Vive à Marina Tsvetaïeva à Olvido Garcia Valdés

Gorge gelée et ciellée de la source Marina Tsvetaïeva La menace, pesante, de jours qui ne viendraient pas Yves Ravey Mais il est encore une joie Marina Tsvetaïeva

1. Elle garde la brûlure vive d’un chemin vers une maison, vers un horizon qui s’absente, elle garde encore un chant en retombée de sa voix, elle garde dans ses pas l’ombre d’un corps nomade jamais délié de la terre, 51


ses yeux, ses mains, son corps se nomment à peine jusqu’à Elabouga, elle ne laisse jamais d’ombre dedans la terre. Un mot encore. Elle tombe dans tomber, elle dit tomber dans tomber sans avoir de ciel à terre, portant l’oubli et le vif et le feu ; le mot source gardé sur son épaule, elle commence vive de tout commencement, elle ne laisse jamais d’ombre dedans la terre.

52


L’ombre est debout, extrême limite, elle tombe dans tomber. L’ombre n’a pas de lieu, pas de feu. La lumière cèle l’ombre, vive.

53


Partir, d’où, torrent


Partir, d’où, torrent à Caroline Sagot Duvauroux

Partir, d’où, torrent, incessant, ouvert avec des avancées, et tout autant des doutes, fait de chemins vifs, et tout autant, de bifurcations inévitables, des tournants. Torrent, toujours à l’œuvre, qui s’inscrit dans la matière changeante des mots et du dehors, toujours proche. Torrent souvent anguleux, saillant à l’approche de l’inconnu, avec la pensée vive d’être perdu, désorienté et la pensée de la terre vive ou mêmement la pensée de l’air vif, de chercher l’air vif. Torrent, le surplomb y tient de l’impensable, ou alors, il lui faut aller de l’avant dans sa matière même, dans la matière même de ce qu’il quitte, de cette désorientation, de ce nomadisme pour nommer l’inconnu. Partir, partir dans partir, comme Marina Tsvetaïeva dit tomber dans tomber, partir à l’angle de l’inconnu et à l’angle, au tournant, au saillant, au sextant éperdu, rester dans le vif, le visage, les yeux, les mains, le corps dans le vif, tomber dans le blanc, dans le noir, leurs tensions typographiques ; c’est le lieu de partir, torrent. Partir, tomber, torrent. Pour faire un trou dans le blanc, dans le noir. Il neige d’encre. La vie change la vie, la mort change la mort, le mot change le mot, ils s’effleurent, ils se confondent, ils se disjoignent. De là, naissent et s’effacent des intensités, et un sentiment de la perte et de l’approfondissement au lieu même de la perte.

67


L’Enfant, le long du mur noir


L’Enfant, le long du mur noir (sur une photographie d’Henri Cartier-Bresson, Valencia, 1933)

La vie n’est invisible qu’aux yeux fatigués William Blake

Il n’y a rien en ce monde qui n’ait un moment décisif Cardinal de Retz

L’enfant, marchant le long du mur noir, la tête, les yeux déjà fermés vers l’invisible, qu’il porte sans fatigue dans son dos, retournant voir. Sur le bas, sur le chemin, une forme, à peine visible, noire ; faire la lumière, se dit l’enfant. L’enfant, les mains ouvertes recueillant 69


l’erre, l’air, la lumière sur le chemin. La lumière qu’il écrit le long du mur noir, oubliant déjà la forme noire, qui n’est pas l’ombre portée de la lumière. L’enfant passe le moment même, si fugitif, de la lumière, oubliant déjà la forme noire, qui le poursuit dans la lumière.

70


L’Erre et l’air


L’Erre et l’air

à Henri Meschonnic, maintenant &

nous allons au mal, au plus bas mal, d’une écriture penchée, tenant du corps, des yeux, des mains, le monde marche, un pas commence d’inconnu, d’une écriture penchée de corps, d’yeux, de mains, d’une écriture penchée, de visage et de voix dans le silence, le monde se recueille, recueille ce qui est perdu, nous, c’est nu 72


nous , le monde au mal, au plus bas mal, nous allons, main tenant les yeux, le visage, le silence, le corps, la lumière , les mots, en silence. Retrouvant l’erre et l’air, nous, noués , ne serait-ce que le mal, que le pas inconnu encore en nous, ne serait-ce que le silence encore en nous, l’erre et l’air près d’une maison déjà vide de mots, nous gardons maintenant le silence comme nous gardons le visage 73


des mots, main tenant les mots tournÊs vers le silence, voyageurs de la voix, nous allons d’un pas nu, les mots dÊchaux dans le silence.

74


Voix


Voix à Bernard Mazo

Voix mais en retrait, voix haute du plus obscur, voix de terre nue, voix de lumière obscure, en retrait de ciel, brûlante sous le ciel. Tu te nommes de silence. Tu te nommes traversé de silence.

76


Trois quintils pour JB Roberto Juarroz


Trois quintils pour JB à Julien Bosc Version pour finir ou presque : le lieu d’une absence. Et encore une autre : le lieu qui nous prouve qu’être n’est pas un lieu. Et pour finir cette version : le monde est un lieu pour apprendre qu’être n’a nul besoin de lieu. Roberto Juarroz

Nous arrivons nu à l’espace du livre, d’un accord absent ou silencieux à l’envers de nos mots et couleurs, veilleurs, à l’écart, d’un phare sur la terre creuse, disséminant quelques mots et couleurs. Le chemin n’est pas perdu en pays nu, nous prenons la lumière à même l’obscur, à l’aveugle, nous touchons mots et couleurs dans l’obscur, le chemin se devine peu à peu, d’où, la lumière, par surcroît. Nous faisons nu et nous avec le monde, la vie, le mot, avec la couleur, nous cherchons un chant pauvre. Nous sommes, puis nous ne sommes pas à l’oubli, seulement nous résistons au même, à l’absence. Le livre est là sur la table, pauvre, un chant.

78


Résister aux mêmes Trois brefs essais sur la poésie


à Jacques Dupin et à Bernard Noël


Résister aux mêmes, un En avril-mai 1989, Jacques Dupin constatait ceci : Absence de la poésie ? … Absente, la poésie l’a toujours été... Vous le savez, vous qui lisez, vous qui oubliez de lire, qui vous hâtez d’oublier ce que vous n’avez pas lu, elle est ainsi faite, ainsi dérobée qu’elle échappe au panorama littéraire, au système éditorial, à l’inquisition des médias... Celui qui lit, celui qui écrit ne sait jamais définitivement ce qu’est la poésie. Elle est définitivement provisoire. Quelques-uns s’attachent à la définir, s’attachent trop à la définir en excluant, entre désuétude et avant-gardisme. Jacques Dupin, lui, parle plutôt d’irradiation dans le corps obscur, de déflagration invisible, de transmutations souterraines... La poésie est strictement une vie ; celui qui lit, celui qui écrit peut reprendre ce mot de Roger Laporte : une biographie tenue dans les seuls mots. La poésie se trouve aussi dans ces mots terriblements seuls d’Ingeborg Bachmann : avec mes mains brûlées j’écris sur la nature du feu. Elle est présence extrême, intensité, teneur de langue. Elle est littérature, au sens le plus lyrique ou au sens le plus littéral, et dans les deux cas, surtout au sens le plus critique d’elle-même : si elle n’est pas sa question même, elle n’est pas ; elle n’est pas littérature, elle est provisoirement une vie, un feu. Rien ne la précède, rien ne la suit. Elle n’est rien, et elle est au commencement de toute langue qui traverse les savoirs de la vie. Au milieu des bruits de mêmes. Elle fait métier d’ignorance, selon les mots de Claude RoyetJournoud, au milieu des savoirs de la vie. Et elle fait aussi métier d’ignorance au milieu du monde des mêmes, elle est alors immensément seule et ouvertement seule au milieu du monde des marchandises mêmes – ce 81


Un moment privilégié

Conversation avec Jean Gabriel Cosculluela

Propos recueillis par Thierry Renard Vénissieux, été-automne 2018



Un chant pauvre

— Nous nous connaissons depuis si longtemps et nous avons de nombreux amis communs, Charles Juliet et Bernard Noël notamment. Comment est venu chez toi le goût pour la littérature ? — Nous nous connaissons depuis un Salon du Livre dans les années 80, tu animais alors avec d’autres la revue Aube et c’est Charles Juliet qui nous a présentés l’un à l’autre. Le goût de la littérature, c’est le goût de la vie, ce qui la comble, mais aussi ce qui lui manque, les joies comme les blessures. Le goût de la littérature m’est venu d’abord par la lecture. Au début, des romans, des récits, puis très vite d’autres choses : de la poésie française ou étrangère (essentiellement espagnole, aragonaise ou catalane), des textes inclassables, mais aussi livres de philosophie ou livres sur l’art. Pour citer quelques noms : Charles Juliet, Bernard Noël, mais aussi Andrée Chedid, Agnès Rouzier, Joë Bousquet, Joseph Delteil, André du Bouchet, Jacques Dupin, Roger Laporte, Pascal Quignard, Pierre Reverdy, Mark Rothko, Antoni Tàpies, Gérard Titus-Carmel, José Angel Valente… (mais le propre des listes, c’est qu’il y a des oublis). Il y a aussi des livres de sciences proches de la littérature ou la création (par exemple Approche de la parole de Lorand Gaspar). Les premiers écrits (fin des années 70 − début des années 80) eux sont venus d’une colère, d’un sentiment d’injustice par rapport au devenir du monde, à ce que j’apprenais alors d’une Histoire qui m’était proche dans un certain sens (la Guerre civile 1936-1939 et l’après-guerre aussi terrible en Espagne), les lieux abandonnés et déshabités dans le HautAragon, les Pyrénées espagnoles dont je suis originaire). — S’amuïr, ce livre au nom chargé d’âme et de souffle, est écrit sobrement avec très peu de mots… et beaucoup de blanc sur la page. Ça respire. Certains disent que tu 91


appartiens à la poésie du peu, du si peu, du presque rien ? Partages-tu cette réflexion ? La rejettes-tu ? Qu’affirmes-tu ? — Non, non, je ne rejette pas du tout cette réflexion. Bien au contraire. Mais dès que je t’ai dit ça, je sais que le doute, la question restent proches. Avec le peu, il y a l’inconnu où devenir autre, et aussi l’inconnu de tout lecteur, ce sont des mots de Jacques Dupin. Ou ces mots de Roger Munier : Il y a une part en toi que tu n’habites pas. Rien d’autre à reconnaître que cette part en toi que tu n’habites pas. Reconnaître ce que je n’habite pas encore, le peu m’y aide. Pierre Reverdy parle lui de trouver son absence. Dans les années 80, avec Antoine Emaz, nous échangions des lettres autour de ce peu. De ce peu qui alors nous importe, et continue à nous importer. J’ai finalement créé un nom pour dire ça : nuidité. La première fois que je l’ai écrit, en 1990, c’était dans un texte à propos de Joë Bousquet. La nuidité, c’est faire nu avec le monde, la vie et l’écriture, c’est aussi chercher volontairement un chant pauvre. Plus tard, j’ai trouvé d’autres mots d’autres écrivains et ils me paraissent toujours encore proches de ce que je peux dire, ceux du poète tchouvatche Guennadi Aïgui : un peu le pauvre : quelquefois le chant semble être-là Ou ceux de Roger Munier, encore : Le rien échappe au monde tout en n’étant rien sans lui : son rien d’autre. Ou enfin de Jean-Luc Godard : Je ne dirai presque rien. Je cherche la pauvreté dans le langage. De la pauvreté. Oui, rien d’autre en fait que ce peu. La poésie du peu, ou comme tu le dis du si peu, elle ne peut s’approcher ou se vivre que dans la matière des mots, de leur rythme, de leur souffle, de leur son, dans la tension du chant. Je me sens proche du chant, même avec peu. — Dans ton livre, tu parles de Paul Celan, entre autres, tu le cites. Et d’autres, dont tu peux te sentir proche, entre 92


Jean Gabriel Cosculluela Né en 1951 à Rieux-Minervois (Aude). Origines aragonaises (Pyrénées espagnoles). Vit en Haute-Ardèche, après avoir vécu plus de quinze ans à Montpellier et dans les Cévennes. Conservateur en chef des bibliothèques. Écrivain, traducteur de l’espagnol, éditeur (co-directeur de la collection Lettre Suit, co-édition Atelier des Grames − Jacques Brémond). Co-dirige avec Anik Vinay la collection Espaces de peu aux Éditions Atelier des Grames. Prépare l’édition d’inédits de Joë Bousquet, ainsi que deux essais : sur le livre et la lecture, sur le livre d’artiste. Textes de critique d’art. Nombreuses lectures publiques ou conférences de 1980 à 2019. Commissaire d’expositions : en 1988 pour la BDP de l’Ardèche : « Éloge du papier », avec des manuscrits inédits d’une trentaine d’écrivains, dont Michel Butor, Charles Juliet, Bernard Noël..., les peintres Monique Frydman et Jan Voss, les photographes William Betsch et John Batho et depuis 2000, pour le Groupe d’art contemporain d’Annonay : les peintres ou sculpteurs Anne Slacik, Janos Ber, Jacques Clerc, Alexandre Hollan, Christian Jaccard, Jean-Luc Meyssonnier, Fabrice Rebeyrolle, Jan Voss, les photographes Brigitte Palaggi, Jacqueline Salmon et Francis Helgorsky…

98


Quelques-unes de ses publications Éditions courantes – L’Affouillé (Éditions Jacques Brémond, 1980) avec des encres de Luce Guilbaud – Memoria de una excavación : entretiens avec Bernard Derrieu (Éditions Sculpt-Script, 1982) – La Main de Julien, récit (Éditions Atelier des Grames, 1986) – L’Eau (Éditions Atelier des Grames, 1989) avec des papiers d’Anik Vinay et Émile-Bernard Souchière – Mandorle (Éditions Tarabuste, 1992) avec une peinture d’Anne Deguelle – Le Lointain est bleu (Éditions Comp’act, 1994) avec une adresse au lecteur de Roger Munier et des dessins de Claire Dumonteil (réédition en livre numérique, Éditions FenixX, 2016) – Vers le regard (Éditions L’Art et la Manière, 1994) avec des dessins de Martine Lafon – Terre et bleu (Éditions Tarabuste, 1995) avec des dessins de Djamel Meskache – Là-bas là-bas (Éditions à Demeure, 2000) avec des monotypes d’Anne Slacik – Terre d’ombre (Éditions Voix d’encre, 2001) avec une préface de Bernard Noël et des monotypes d’Anne Slacik – La Terre cette couleur (Éditions du Hanneton, 2002) avec une gravure d’Anne Slacik – D’un retrait, un (Éditions Atelier des Grames, 2003) avec une gravure d’Anik Vinay, bilingue français-espagnol (traduction de José Luis Reina Palazon) – Buée (Éditions Jacques Brémond, 2003) avec des encres de Joël Frémiot – Le Livre le livre (Éditions Jean-Pierre Huguet, 2008) avec des lithos-offset de Michel Duport, sur l’espace du livre – Je serai ton silence (Éditions Propos2, 2008) avec des dessins de Jean-Gilles Badaire 99


– Faire la lumière (Éditions Atelier des Grames, 2009) avec des dessins de Thémis S / V – Un mot, mendiant (Éditions Jacques Brémond, 2009) dans une mise en espace de Jacques Brémond – « Carnet d’A. » in : À port de temps (Éditions Atelier des Grames, 2009) en collaboration avec d’autres auteurs et dans une mise à livre d’Anik Vinay – D’un retrait, deux (Éditions Atelier des Grames, 2010) avec une gravure et mise en livre d’Anik Vinay, bilingue, françaisespagnol (traduction de José Luis Reina Palazon) – Partir, d’où, torrent (Éditions Le Cadran ligné, 2010) – Le Pays d’en haut, avec des photographies de Jean-Luc Meyssonnier (Éditions du Chassel, 2011) en collaboration avec d’autres auteurs, bilingue français-anglais (traductions de Delia Morris) – L’Envers (Éditions Le Cadratin, 2011) avec une typographie de Jean-Renaud Dagon – Et la terre, rien (Éditions Créaphis, 2014) avec des photographies de Francis Helgorsky Écrire la lumière (Éditions La Voix du poème, 2015) avec une photographie de Joëlle Jourdan – Un printemps sans vie brûle, avec Pier Paolo Pasolini (Éditions La passe du vent, 2015) en collaboration avec d’autres auteurs – Ce moment seul (Éditions Le Cadratin, 2016) avec une typographie de Jean-Renaud Dagon – Partita (Éditions Voix-Richard Meier, 2018) avec des peintures de Hélène Peytavi – Nouer (Éditions Color Gang, 2018) estampes et typographie d’Yves Olry – « La Vida que le falta » in : En el vuelo de la memoria : para Angel Campos Pampano, collectif, direction Suso Diaz (Editora Regional de Extremadura, 2018) – « Tarrampeu » in : Frau(x) (Éditions du Frau, 2019) avec des travaux d’Odile Fix 100


– « Un voyage poétique » in : Périples et escales : écrire le voyage en poésie, collectif, sous la direction d’idole Castro, Samia Kassab-Charfi (Éditions Hermann, 2019) > actes du colloque international, Université Jean- Monnet (SaintÉtienne), Université Lumière Lyon 2, en 2017 Éditions livres d’artistes, livres singuliers avec Jean-Gilles Badaire, Jacquie Barral, Danielle Berthet, José Manuel Broto, Guy Calamusa, Michèle Clancy, Jacques Clerc, Anne Deguelle, Sylvie Deparis, Roger Dérieux, Claire Dumonteil, Jean-Louis Fauthoux, Mireille Fulpius, Isabelle Grasset-Yzo, Anne-Laure Héritier-Blanc, Alexandre Hollan, Christian Jaccard, Martine Jaquemet, Anne-Marie Jeanjean, Joëlle Jourdan, Martine Lafon, Thierry Le Saëc, Catherine Liégeois, Joël Leick, Robert Lobet, Jean-Paul Meiser, JeanLuc Meyssonnier, Djamel Meskache, Yves Olry, Gaetano Persechini, Hélène Peytavi, Serge Plagnol, Fabrice Rebeyrolle, Michel Remaud, Jean Rigaud, Jacqueline Salmon, Gérard Serée, Anne Slacik, Christian Sorg, Émile-Bernard Souchière, Thémis S/V, Carole Texier, Gérard Truilhé, Christine Valcke, Claude Viallat, Anik Vinay, Youl… aux Éditions À côté/ Alain Freixe, L’Amourier, Les Arêtes, Atelier des Grames, Le Bourdaric, La Canopée, Centrifuges, Color Gang, Fata Morgana, La Féline, Filigranes, Gestes et traces, Huguet, Izella, Le Livre pauvre, Mains-Soleil, La Margeride, Méridianes, La Petite Fabrique, Post-Rodo, Rencontres, Rivières, S3V, SD, La Sétérée, Tarabuste, Tardigradéditons, Trames, Transignum, La Voix du poème, Les Yeux les mains, Zéro l’infini… ou directement avec l’atelier des artistes… Publications dans des anthologies dont – « A Navata » in : Ah ! Que le temps vienne où les cœurs s’éprennent (Éditions Compact / Festival de Soulac, 1986) avec des dessins de Patrick Colson et Henri Jaboulay 101


– « Pour Pierre Soulages » (extrait de « Nuidité du noir ») in : Anthologie Voix de la Méditerranée (Éditions La passe du vent, 2013) – « Nuidités » in : Les Cahiers éphémérides : poésie contemporaine, 1992-2015, une anthologie (Éditions Marie Delarbre, 2015) Traductions de l’espagnol Alfonso Alegre Heitzmann, Miguel Casado, José Luis Jover, Albert Ràfols-Casamada aux Éditions Atelier des Grames, Propos2, La Sétérée, Voix d’encre Travail avec les revues Textes et traductions dans de nombreuses revues depuis 1970, en France : Actuels, L’Affiche, Aires, Alkemie, Anima, Arpa, Babel heureuse, Banana Split, Le Bout des Bordes, Les Cahiers de la Vierge Noire, Le Cahier du Refuge, Cahiers Joë Bousquet et son temps, La Canopée, Chimères, Contre-Allées, Contrepoints, Entailles, L’Étrangère, Europe, La Fabrique, Faire Part, Friches, Héraclite, Impressions du Sud, Les Impromptus, L’Instant d’après, Jalouse Pratique, Jungle, La Main de Singe, maulpoix.net, N4728, Noire et Blanche, Notes (sur Internet), Le Nouveau Recueil, Nunc, Passages d’Encre, Pictura Edelweiss, Pleutil.net, Poésie 92, 94 & 95, Propos de Campagne, Recueil, remue.net, Résonance, Scherzo, Sotto Voce, Sous Aucun Prétexte, Terriers, Textuerre, Thauma, Triages, Tribu, Voix d’encre et en Belgique , L’Arbre à paroles, Filigranes, Le Journal des Poètes, Revue et Corrigée, Terre à Ciel (sur Internet), Vérités, La Vigie des Minuits Polaires en Espagne : Alora, Cuadernos de Filologia Francesa, Espacio/Espaço Escrito, Nabain, La Ortiga, Paradiso, Rosa Cúbica, El Signo del Gorrión, Syntaxis, Treserols, Zurgaï…

102


en Italie : Offerta Speciale en Macédoine : Diversity Co-direction de numéros spéciaux de revues (papier ou sur Internet) depuis 1980 en France (Faire Part, Hippocampe, Nunc, Terriers) et en Espagne (Rosa Cúbica) autour de Joë Bousquet, Martine Broda, Paul Celan, Jacques Dupin, Liliane Giraudon, JeanMarie Gleize, Philippe Jaccottet, Gil Jouanard, Charles Juliet, Hubert Lucot, Jean-Michel Maulpoix, Henri Meschonnic, Thierry Metz, Bernard Noël, Jean Paulhan, Pierre Reverdy, Caroline Sagot Duvauroux, José Ángel Valente… et sur la grotte Chauvet-Pont-d’Arc.

103


Légendes des œuvres

Page 2 : gravure pour le livre de Paul Celan « Schwarzmaut », Péage noir, Vadoz, Éditions Brunidor, mars 1969 Page 12 : gravure pour le livre de Paul Celan « Atemkristall », Cristal de souffle, Vadoz, Éditions Brunidor, septembre 1965 Page 90 : gravure pour le livre de Paul Celan « Atemkristall », Cristal de souffle, Vadoz, Éditions Brunidor, septembre 1965

104


Remerciements L’auteur tient à remercier Éric Celan-Antschel et Bertrand Badiou pour l’autorisation gracieuse concernant les gravures de Gisèle Celan-Lestrange & Jean-Michel Maulpoix pour la préface, ainsi que Thierry Renard, les Éditions La passe du vent, l’équipe de l’Espace Pandora, qui accueillent le livre.

105


poésie SERGIO ATZENI

Deux couleurs existent au monde. Le vert est la seconde (traduit par Marc Porcu)

SAMANTHA BARENDSON

Machine arrière

MARC BLANCHET

L’Incandescence

KATIA BOUCHOUEVA

Équiper les anges – et dormir, dormir

LIONEL BOURG

L’immensité restreinte où je vais piétinant

JEAN-BAPTISTE CABAUD

Fleurs suivi de Baby fleur

JEAN-BAPTISTE CABAUD

Nouveau Noum (bilingue français-anglais)

SHU CAI

Le ciel se penche sur nous

JEAN-PIERRE CANNET

Mordre la falaise

STANI CHAINE

L’Homme ridé

ANTOINE CHOPLIN

Debout sur la terre

COLLECTIF

Figurines (bilingue français-italien)

COLLECTIF

L’Heure injuste

COLLECTIF

S’il fut un premier jour

COLLECTIF

Voix de la Méditerranée – Lodève 2011

COLLECTIF

Voix de la Méditerranée – Lodève 2012

COLLECTIF

Voix de la Méditerranée – Lodève 2013

COLLECTIF

Voix de la Méditerranée – Lodève 2014

COLLECTIF

À partir d’un rien – Semaine de la poésie 2012

COLLECTIF

Jusqu’au printemps des mots (Roger Dextre, Patrick Laupin et Marc Porcu)

COLLECTIF

Je fais un rêve

JEAN GABRIEL COSCULLUELA

S’amuïr

PAUL DE BRANCION

Rupture d’équilibre

LOUIS DARMET

Près du piano fermé suivi de Le Sourire voilé

MARC DELOUZE

T’es beaucoup à te croire tout seul

MARC DELOUZE ET LES PARVIS POÉTIQUES

Des poètes aux parvis

MARC DELOUZE

Yeou – Piéton des terres

MARC DELOUZE

14975 jours entre Poésies en phase terminale (2011) et Souvenirs de la Maison des mots (1971)


poésie

GIOVANNI DETTORI

A varia luna errando – Au gré des lunes errant (bilingue italien-français, traduction Marc Porcu)

ROGER DEXTRE

L’Obscur soudain

LAURENT DOUCET

Au sud de l’Occident

BRUNO DOUCEY

L’Emporte-voix

MOHAMMED EL AMRAOUI

Récits, partitions et photographies

CARINE FERNANDEZ

Routes prémonitoires

ALAIN FISETTE

La beauté est incurable

DINU FLAMAND

Inattention de l’attention

LAURENT FOURCAUT

Du vent

MICHAËL GLÜCK

Rouge

FANNY GONDRAN

Depuis ces lieux épars

FANNY GONDRAN

Traverse

FRÉDÉRICK HOUDAER

Angiomes

FRÉDÉRICK HOUDAER

Engeances

STÉPHANE JURANICS

Dans l’écrit du monde

STÉPHANE JURANICS

La chute libre du jour

AHMED KALOUAZ

D’un ciel à l’autre

CATHERINE LALONDE

Corps étranger, poésie érotique, coédité avec Québec Amérique

MARTIN LAQUET

jour après nuit

LA TRIBUT DU VERBE – SLAM

Château de cartes

PATRICK LAUPIN

Impasse de l’azur

YVON LE MEN

Vingt ans

JOYCE LUSSU

Inventaire des choses certaines (traduit par Marc Porcu)

JIDI MAJIA

Paroles de feu

THIERRY MARICOURT

Miel de neige

ABED MANSEUR

La Cendre des larmes


EMMANUEL MERLE

Pierres de folie

RAPHAËL MONTICELLI

Mer intérieure

RAPHAËL MONTICELLI

Chants à Tu

LAURE MORALI

Orange sanguine

MAYA OMBASIC

Étrangers au coin du pourpre

MAYA OMBASIC

Cantique des Méridiens

ROBERT PICCAMIGLIO

Mille plaines, mille bateaux

PAOLA PIGANI

Indovina suivi de Ailleurs naît si vite

JEAN-MICHEL PLATIER

Quarantaines

CHRISTIAN POIRIER

Le Bonhomme

MARC PORCU

En filigrane sur la nuit

MARC PORCU

Ils ont deux ciels entre leurs mains

DIMITRI PORCU & THIERRY RENARD

L’Amer du Sud

FRANCIS PORNON

Par-delà le grand fleuve

JACQUES ROMAN

La Chair touchée du Temps

MARIE ROUSSET

RomaRome

ÉRIC SARNER

Éblouissements de Chet Baker

SERGE SAUTREAU

Le Sel de l’Éden

PIERRE SOLETTI

Le Silence, ses rebords

JEAN-PIERRE SPILMONT

Cinéma muet

JEAN-LUC STEINMETZ

Les Poètes de l’Île verte

FABIENNE SWIATLY

Ligne de partage des eaux

ROLAND TIXIER

Un temps d’hiver

ARTURO USLAR PIETRI

L’homme que je deviens

MATTHIAS VINCENOT

Le Bonheur, rappelle-toi


© Gravures de Gisèle Celan-Lestrange

Coordination : Thierry Renard

Relecture : Thierry Renard et Michel Kneubühler

Maquette, couverture et mise en page – Myriam Chkoundali

d’après une création originale de Beau fixe – Manufacture d’images avec la collaboration et le soutien de l’Espace Pandora 8 place de la Paix 69200 Vénissieux « Avec le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes » et du Centre National du Livre

© Éditions La passe du vent, 2019 La Callonne, 01090 Genouilleux http://www.lapasseduvent.com isbn 978-2-84562-256-2 14 x 22 cm – 112 pages

Ouvrage composé avec la police Helvetica New, corps 11 sur papier Bouffant Ivoire – 80 gr, couverture sur papier Couché Condat Silk/Mat – 300 gr.

Achevé d’imprimer par Smilkov Print Ltd — Bulgarie Dépôt légal – 2019




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.