Valence. Le groupe cathédrale

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Collection « Patrimoines pour demain » En Auvergne-Rhône-Alpes, collectivités publiques et propriétaires privés consacrent chaque année des millions d’euros à la restauration d’édifices protégés au titre des monuments historiques. Ces investissements ne contribuent pas seulement à entretenir l’héritage reçu des générations passées : ils participent aussi à la vie économique et sociale du territoire, et rappellent utilement que, quelle que soit son ancienneté, le « monument historique » est pleinement notre contemporain et a vocation à survivre à notre temps. Aider un large public à découvrir ou mieux connaître l’édifice restauré et son histoire ; mettre en valeur les compétences et les savoir-faire qui ont permis sa restauration ; révéler le regard sensible qu’un auteur d’hier ou d’aujourd’hui porte sur lui ; offrir au visiteur un guide de visite tout à la fois pratique et complet : tels sont les objectifs de la collection « Patrimoines pour demain ». Chaque titre de la collection fait appel aux meilleurs spécialistes et prend en compte les derniers développements de la recherche historique ; une campagne photographique spécifique permet par ailleurs d’offrir une iconographie abondante et actualisée, donnant à voir en particulier les principales étapes de la restauration. Plan, chronologie, glossaire, bibliographie… contribuent enfin à fournir au lecteur /visiteur toutes les clés nécessaires. Afin de ne pas oublier cette vérité première : conserver des « patrimoines pour demain » suppose que les hommes et les femmes d’aujourd’hui les reconnaissent comme tels et aient appris à les mieux connaître.

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Déjà parus 1. L’Abbaye d’Ambronay 2. La Maison de la culture de Firminy 3. Lyon. La cathédrale Saint-Jean-Baptiste 4. L’Abbaye d’Hautecombe [4. L’Abbazia di Altacomba] Valence. Le groupe cathédral. – Genouilleux, Éditions La passe du vent, 2018.– 128 p., ill., 21 cm [coll. « Patrimoines pour demain »] – ISBN : 978-2-84562-323-1

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Les auteurs

Photographies

DRAC AUVERGNE-RHÔNE-ALPES JOËLLE TARDIEU ARCHÉOLOGUE JULIETTE POZZO CHARGÉE D’ÉTUDES DOCUMENTAIRES

TANGUY GUÉZO JEAN-PIERRE BOS ÉRIC CAILLET

Direction scientifique GILLES SOUBIGOU

GILLES SOUBIGOU CONSERVATEUR DES MONUMENTS HISTORIQUES

Coordination éditoriale

MUSÉE DE VALENCE, ART ET ARCHÉOLOGIE

MICHEL KNEUBÜHLER

LÉNA HESSING MÉDIATRICE ARCHÉOLOGIE

Remerciements

LAURA LOCATELLI MÉDIATRICE ARTS ET AVEC DES CONTRIBUTIONS DE PASCALE CONJARD-RÉTHORÉ ARCHÉOLOGUE, INRAP CHANTAL DELOMIER ARCHÉOLOGUE, INRAP CHRISTIAN DELOYE VILLE DE VALENCE, DIRECTION ARCHITECTURE ET PATRIMOINE BÂTI HERVÉ MORGANT VILLE DE VALENCE, DIRECTION ARCHITECTURE ET PATRIMOINE BÂTI LAURENCE POMMARET CONSERVATRICE DÉLÉGUÉE DES ANTIQUITÉS ET OBJETS D’ART DU DÉPARTEMENT DE LA DRÔME PIERRE SAPET CONSERVATEUR DES ANTIQUITÉS ET OBJETS D’ART DU DÉPARTEMENT DE LA DRÔME

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Auteurs et éditeurs tiennent à remercier très vivement pour leur soutien tout au long de ce projet éditorial : Hélène Moulin-Stanislas, conservatrice en chef du patrimoine et ancienne directrice du musée de Valence, art et archéologie ; Pascale Soleil, conservatrice du patrimoine, directrice du musée de Valence, art et archéologie ; Caroline Moreaux, bibliothécaire-documentaliste au musée de Valence, art et archéologie, et coordinatrice des contributions de cet établissement pour le présent ouvrage ; Lionel Bergatto, conseiller pour les musées (DRAC Auvergne-­ Rhône-Alpes) ; Père Daniel Blanc, ancien recteur de la cathédrale de Valence ; Jean-Paul Lorinet et Dominique Joubert, bénévoles de la paroisse.

Des remerciements particuliers s'adressent aussi à Jean-Paul Philippon, architecte, ainsi qu'aux organismes suivants : Ville de Valence, UDAP de la Drôme, Conservation des antiquités et objets d’art de la Drôme, Conseil départemental de la Drôme, Inrap. Léna Hessing remercie Pascale Soleil, Pascale Conjard-Réthoré et Chantal Delomier pour les sources utilisées dans sa contribution. Laura Locatelli remercie Hélène Moulin-Stanislas pour les sources utilisées dans sa contribution.

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Mode d’emploi Cinq parties composent ce livre : « Toute une histoire » ; « Le chantier en images » ; « Paroles d’expert » ; « Un autre regard » ; « Guide de visite ». Afin de faciliter la visite, un plan de l’édifice figure à la fin de l’ouvrage, dans le rabat de couverture ; chaque partie porte un numéro, reproduit dans le guide de visite. Le signe « + » renvoie à une illustration présente dans la page (ou la double page). Les mots imprimés en orange et soulignés font l’objet d’une définition dans le glossaire.

Sommaire Préface Un chantier d’exception et une leçon de respect du passé … MICHEL PROSIC 7 Introduction Un groupe épiscopal redécouvert … GILLES SOUBIGOU 8 … Toute une histoire Le groupe épiscopal et canonial de Valence... toute une histoire … JOËLLE TARDIEU 12 Le chantier en images Le chantier en images … CHRISTIAN DELOYE ET HERVÉ MORGANT 46 L’archéologie dans le chantier … JOËLLE TARDIEU 53 Esquisse des résultats issus des dernières fouilles archéologiques (2009-2012) … PASCALE CONJARD-RÉTHORÉ ET CHANTAL DELOMIER 55 Paroles d’expert « L’esprit du lieu, c’est la base de notre travail » … JEAN-PAUL PHILIPPON

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Un autre regard Jean-Pierre Bos, un regard singulier … GILLES SOUBIGOU 62 Guide de visite … JULIETTE POZZO ET LÉNA HESSING 74 FOCUS A Le musée de Valence, une brève histoire … LAURA LOCATELLI 89 Le Bon Samaritain de Schnetz et le Saint Sébastien de ­Domenico Fiasella … P. SAPET, L. POMMARET ET G. SOUBIGOU 107 FOCUS C Le monument à Pie VI et la châsse-reliquaire d’Aria Eutychiana … LAURENCE POMMARET ET GILLES SOUBIGOU 111 FOCUS B

FOCUS D

Le pendentif … JULIETTE POZZO ET JOËLLE TARDIEU 118

Annexes Pour en savoir plus 122 Glossaire 124 Les auteurs 126 Le chantier de rénovation 127

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Préface

Un chantier d’exception et une leçon de respect du passé Au sein du « Pays d’art et d’histoire » de Valence Romans Agglomération, MICHEL PROSIC labellisé en juin 2016, la ville de Valence témoigne, entre Rhône et DIRECTEUR RÉGIONAL Vercors, d’une histoire qui remonte à la conquête des Gaules par Jules DES AFFAIRES CULTURELLES César et qui s’incarne tout particulièrement dans les nombreux et riches D'AUVERGNE-RHÔNE-ALPES vestiges de l’ancien groupe cathédral. Entre 2010 et 2013, les travaux de réaménagement du musée de Valence, art et archéologie, ont constitué un chantier d’exception. Les bâtiments contemporains créés par Jean-Paul Philippon, architecte du projet, et suivis au titre des abords par les services de l’architecte des bâtiments de France, garant du respect de l’homogénéité de ce quartier historique de la ville, séduisent aujourd’hui les passants comme les visiteurs qui peuvent redécouvrir la richesse de la collection, qui situe ce musée sur l’échiquier régional et national des établissements muséaux bénéficiant de l’appellation « Musée de France ». Ces travaux ont été l’occasion pour le Service régional de l’archéologie de la DRAC Rhône-Alpes, de faire procéder à des études puis à des fouilles qui ont considérablement fait progresser la connaissance de l’histoire de ce « quartier cathédral » de Valence, l’un des premiers en France. Ce chantier a permis d’éclairer d’un jour nouveau les édifices qui composent cet ensemble, dont plusieurs sont protégés au titre des monuments historiques. Le célèbre et mystérieux « pendentif », d’abord, remarqué par Prosper Mérimée lui-même, qui le classe dès la première liste des monuments historiques en 1840 ; la cathédrale, classée sur la liste de 1862 ; enfin, le remarquable plafond dit « aux chimères » de l’ancien palais épiscopal, classé au titre des objets mobiliers en 1908. Confiée aux soins de l’État depuis 1905, la cathédrale de Valence, si elle n’est pas la plus connue de la région Auvergne-Rhône-Alpes, n’est pas la moins intéressante, ne serait-ce que par son histoire mouvementée. Victime des guerres de Religion, détruite, saccagée, elle est reconstruite au cours du XVIIe siècle dans son style d’origine : le style roman. Une leçon de respect du passé dont nous devons savoir tirer aujourd’hui les enseignements. •

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PATRIMOINES POUR DEMAIN VALENCE. LE GROUPE CATHÉDRAL

Un groupe épiscopal redécouvert Valence ne possède pas la plus connue des douze cathédrales de la région Auvergne-Rhône-Alpes propriétés de l’État depuis 1905. Le clocher néo-­ GILLES SOUBIGOU CONSERVATEUR roman du XIXe siècle qui domine le Rhône, visible des millions d’automoDES MONUMENTS bilistes qui empruntent chaque année l’autoroute du Soleil, ne signale sans HISTORIQUES (DRAC AUVERGNEdoute pas suffisamment l’ancienneté et la richesse d’un groupe épiscopal (on RHÔNE-ALPES) parle aussi de « complexe cathédral ») qui renvoie aux origines du christianisme dans la Gaule narbonnaise comme aux plus beaux développements de l’art médiéval dans cette région. Mais, si la cathédrale Saint-Apollinaire est un chef-d’œuvre ignoré d’art roman, elle est aussi, paradoxalement, en grande partie un rare pastiche architectural du XVIIe siècle, l’essentiel des élévations aujourd’hui visibles datant de cette période. Quant au musée d'art et d’archéologie de la ville, bien connu des amateurs de l’œuvre d’Hubert Robert, il est installé dans l’ancien palais des évêques de Valence, dont une récente restauration a mis en valeur les vestiges. Le célèbre pendentif, enfin, complète la liste des témoignages visibles d’un bâti dont le sous-sol conserve encore bien des traces. La littérature reste rare et ponctuelle sur les édifices qui composèrent au fil du temps cet ensemble urbain d’abord antique, puis médiéval et moderne. Les premières études sont épigraphiques, la plus ancienne étant due dès 1724 à un évêque de Valence, Jean de Catellan. Au XIXe siècle, les chantiers de restauration de la cathédrale sont l’occasion de quelques essais monographiques (Jules Ollivier, 1839 ; Esprit-Gustave Jouve, 1841 ; Charles Didelot, 1887), mais les premiers travaux plus développés sur cet édifice sont tardifs et dus d’abord à des érudits locaux, au premier

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Introduction

rang desquels figure le chanoine Jules Perrot (1925). Des notices sur la cathédrale sont également et plus récemment intégrées à des synthèses régionales plus vastes (Michel Goy, 1991 ; Guy Barruol, 1996). En 1984, l’archéologue valentinois André Blanc, auteur déjà de nombreux articles rendant compte de ses fouilles, avait publié une étude qui fait encore référence. Depuis cette date, c’est surtout l’apport des archéologues qui a été particulièrement précieux. Dans les années 2000, en lien avec les travaux programmés sur le musée et avec plusieurs projets d’aménagements à Valence et dans les environs, les fouilles et les études de Thierry Argand, Loïc Buffat, Chantal Delomier, Franck Gabayet, Will Galin, Michel Goy, Philippe Hénon, Jean-Marc Lurol, Isabelle Parron, Pascale Réthoré ou Joëlle Tardieu ont apporté de très nombreuses informations nouvelles. Une exposition, accompagnée d’un volumineux catalogue, De mémoire de palais, en rendit compte au musée de Valence en 2006. Depuis, la recherche continue et les résultats sont en cours de publication. Aujourd’hui, la cathédrale de Valence est ouverte toute l’année aux fidèles comme aux visiteurs. Le musée de Valence, entièrement rénové grâce notamment à l’action dynamique de sa directrice Hélène Moulin-Stanislas, a rouvert en 2013 ses portes au public qui peut y découvrir non seulement les riches collections de cette institution, mais aussi l’écrin qui les abrite. Aux Valentinois comme aux visiteurs de passage, le présent ouvrage souhaite proposer un essai historique et un parcours de visite aussi agréable qu’informé, à jour des plus récentes découvertes et des derniers chantiers de restauration des bâtiments qui ont constitué le vaste groupe cathédral d’un puissant épiscopat médiéval et moderne. •

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Le groupe épiscopal et canonial de Valence… toute une histoire Dans les vestiges de la Colonia Valentia antique, émerge dès le IV e siècle JOËLLE TARDIEU un groupe épiscopal, précieux témoignage des premiers temps chré- ARCHÉOLOGUE, UMR 5138 tiens au sud de Lyon. Grâce aux études archéologiques menées en pré- LABORATOIRE ARAR (« ARCHÉOLOGIE alable et au cours du chantier du nouveau musée, l’histoire de cet ET ARCHÉOMÉTRIE ») ensemble, dont témoignent encore la majestueuse cathédrale SaintApollinaire, l’ancien palais épiscopal et le célèbre « pendentif », est désormais mieux connue. Aux origines de la ville

+ Pierre-Antoine Desrosiers, Tour de la cathédrale de Valence, lithographie publiée dans L’Art en province, Moulins, Desrosiers, 4e année, 1839 (musée de Valence, art et archéologie, 2003.4.32).

Valence est un site de rebord d’une terrasse + alluviale de la rive gauche du Rhône datée de la dernière glaciation (Würm ancien). Les altérations produites au cours de l’interstade glaciaire qui a suivi, entre 59.000 et 24.000 ans, ont dissous des graviers et donné un sol argileux rouge dit fersiallitique. Ces graviers ont été recouverts de lœss constitués de poussières fines accumulées par le vent durant les périodes glaciaires. Jacques-Léopold Brochier a montré que ces matériaux, disponibles à même le sol, ont servi, à l’époque romaine, dans les premières constructions.

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… Toute une histoire

Colonia Valentia +, nom donné par Pline l’Ancien vers 70 ap. J.-C., aurait été créée ex nihilo. Un site du néolithique moyen très érodé a été en partie fouillé sur le plateau de Lautagne en 2012 et 2015 ; des éléments résiduels issus d’un établissement occupé au premier âge du Fer ont été identifiés dans les ZAC (zones d’aménagement concerté) Mauboule et La Motte. Tous ces vestiges se situent au sud de la ville dont le sous-sol semblerait vierge de toute occupation pré-­romaine. Ils sont à mettre en lien avec un gué sur le Rhône vers l’oppidum de Soyons dont l’identification comme capitale du peuple pré-romain des Segovellauni reste débattue. Suite à la relecture des textes, les épigraphistes Patrice Faure et Nicolas Tran proposent une fondation de la ville vers 40 ou 30 avant notre ère. Fut-elle colonie latine avant de devenir colonie romaine ? La ville antique se développe selon les axes d’un cadastre prédéterminé par l’implantation d’un – ou plusieurs – vastes camps de marche romains situés sur le plateau de Lautagne, une hauteur de la terrasse rhodanienne. Menée à partir des fouilles partielles effectuées en 2012 et 2015, l’étude en cours de Loïc Buffat apportera des éléments nouveaux. Ce parcellaire antique (centuriation) de la plaine valentinoise a déterminé le tracé de ses cardo (voie nordsud) et decumanus (voie est-ouest) qui se croisent vers l’actuel Hôtel de Ville, et le plan orthogonal de la ville. Très tôt, un rempart la ceinture, affichant l’importance de son statut parmi les colonies romaines. Cette enceinte est reprise et consolidée au Moyen Âge. Le noyau Sud de Colonia Valentia et son extension jusqu’au bord de la terrasse au I er siècle avant notre ère sont désormais mieux connus. Ce quartier d’habitations aux élévations en terre apparaît dès l’époque augustéenne. Il comprend une domus et de petites structures à vocation artisanale e­ t/ou commerciale. Au I er siècle, un odéon, fort éloigné du théâtre antique, perturbe cet urbanisme augustéen. Les avant et arrière-scènes (orchestra et parascænium) étaient conservés sous le musée. Sa cavea, dont le mur est doublé au II e siècle pour

+ Tête d’homme âgé, également dit « buste de Jules César », marbre blanc, Ier siècle av. J.C. (musée de Valence, art et archéologie, Sc. 5). Qu’il s’agisse du portrait funéraire d’un notable romain anonyme ou, comme l’a suggéré en 2014 l’archéologue Daniel Frascone, d’un buste de Jules César âgé, cette œuvre reflète la trace laissée par la culture romaine à Valentia, colonie fondée peu après la conquête des Gaules par César.

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remplacer les gradins en bois par de la pierre, se trouvait sous le bâtiment de la conservation. Très rare en Gaule, ce monument, détruit au Moyen Âge, atteste l’importance de la cité ; son plan, restitué en 2014 par Pascale Conjard-Réthoré, est gravé en rouge dans le sol de l’entrée du musée. À partir du IV e siècle, le christianisme + se diffuse progressivement dans l’Empire romain d’Occident, des chrétiens venus d’Asie mineure, puis de Rome, évangélisant peu à peu les Gaules, territoires ouverts à la mission. Les communautés chrétiennes forment des Églises et une ecclesia[m] valentina[m] est mentionnée en 374. Depuis le III e siècle, l’évêque prime dans un cadre territorial calqué sur celui de l’administration impériale ; après le concile de Nicée de 325, c’est celui de la cité et de son chef-lieu. Ce phénomène + Anonyme, Le Martyre des saints Félix, Fortunat et Achillée, huile sur toile, est donc urbain. Regroupées en provinces s.d. (Valence, cathédrale Saint-Apollinaire). Il s’agit d’une reprise simplifiée d’une toile du XVIIe siècle conservée au musée et diocèses, les cités de Provence et de la de Valence (P. 348), représentant les trois martyrs légendaires, supposés avoir vallée du Rhône, depuis l’Église d’Arles été envoyés par Irénée de Lyon pour évangéliser Valence au IIIe siècle. mentionnée au milieu du III e siècle, participent à l’essor du christianisme. À Valence, en Viennoise depuis 314, mentions écrites et archéologie concordent pour attester la présence d’une communauté dans la cité dès le milieu du IV e siècle. Outre une église, un baptistère et d’autres lieux de culte, un évêque a besoin de bâtiments d’habitation et administratifs, le tout formant un complexe cathédral ou groupe épiscopal que les fouilles archéologiques ont permis de préciser.

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Le chantier en images

CHRISTIAN DELOYE ET HERVÉ MORGANT VILLE DE VALENCE, DIRECTION ARCHITECTURE ET PATRIMOINE BÂTI

Au début des années 2000, le musée de Valence appelait une nécessaire modernisation. Les travaux de rénovation, ouverts dès 2007 avec le transfert des collections vers de nouvelles réserves et commencés en 2010, se sont achevés avec l’inauguration du nouveau musée d’art et d’archéologie, le 13 décembre 2013. Outre une importante campagne archéologique qui a permis d’en savoir plus sur l’ancien quartier canonial (voir p. 53-57), ces travaux ont permis de renouveler cette institution, dans le respect des bâtiments anciens et des collections, bénéficiant de l’appellation Musée de France depuis 2002. Les travaux, confiés par la commune de Valence, propriétaire des lieux, au cabinet d’architecture Jean-Paul Philippon, ont permis de faire passer la surface du musée de 2000 à 5750 m 2 (dont 1200 m 2 pour les réserves externalisées). LES DÉMOLITIONS

Démolition des locaux de la conservation en septembre 2010.

Après la restitution du projet scientifique et culturel de l’établissement en 2003 et une phase de construction d’un centre externalisé de conservation et d’étude en 2007, puis des fouilles archéologiques menées en 2009-2010, le chantier proprement dit a commencé au printemps et à l’été 2010. Compte tenu des fortes contraintes spatiales liées à la mise en œuvre d’un chantier de cette ampleur en plein centre-ville, il a été nécessaire de démolir plusieurs éléments non patrimoniaux et non utiles au projet, en particulier dans les ailes Nord et Est. La proximité du clocher de la cathédrale a obligé à la mise en œuvre d’une grue spectaculaire de 70 m de hauteur sous flèche.

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Le chantier en images

LE DÉROULEMENT DU CHANTIER

Le programme de travaux était d’une ampleur notable, puisqu’il comprenait la construction d’un bâtiment neuf de quatre niveaux et une mezzanine, la rénovation des bâtiments anciens avec surélévation des ailes Nord et Sud et la construction d’une extension sur l’aile Nord. Il a fallu mener une réflexion approfondie quant à l’organisation du site de chantier (flux, parcours et stationnement des véhicules, stockage des matériaux, emplacement de la base de vie) et phaser soigneusement les travaux dans le temps et dans l’espace.

Montage en juin 2010 d'une grue de 70 m afin de survoler le clocher de la cathédrale, tout proche.

Les échafaudages recouvrant la façade de l'aile Ouest en cours de restauration en 2012.

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Construction de l'ossature de la charpente métallique de l'aile Nord en février 2012.

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L’archéologie dans le chantier

JOËLLE TARDIEU ARCHÉOLOGUE

La recherche archéologique sur le groupe épiscopal de Valence est exemplaire. Amorcée en 1998 à l’initiative de la conservatrice du musée, Hélène Moulin, la réflexion a fédéré tous les intervenants : Ville, Université, ministère de la Culture et Association pour les fouilles archéologiques nationales (Afan), et donné naissance à un programme collectif de recherche (PCR 2003-2005) dirigé par Isabelle Parron. Ce dossier s’est adapté à l’évolution de la recherche archéologique : ­commencé dans le cadre de l’archéologie programmée et associative, il a profité d’opportunités ministérielles (création des PCR), d’interventions de terrain liées aux travaux menés par la Ville et de la mise en place de l’archéologie préventive. Les résultats, rassemblés en 2006 dans une publication collective, ont alimenté la dernière exposition présentée dans l’ancien musée des Beaux-Arts et d’archéologie de Valence. Les travaux entraînés par le chantier du musée s’inscrivaient dans le cadre de l’archéologie préventive régie par la loi de 2001. Programmée dès 2007, en amont du chantier et en partenariat avec l’équipe du musée, la Ville de Valence, le cabinet d’architecture, le programmiste et le Service régional de l’archéologie (DRAC de l’ancienne région Rhône-Alpes), la fouille a été précédée de diagnostics réalisés par Michel Goy, qui ont vérifié la nature, la qualité et la profondeur des vestiges. Un cahier des charges, rédigé par le SRA, fut émis par arrêté préfectoral (mai 2008). Il préconisait une intervention archéologique déclinée en quatre phases calquées sur le chantier et définies à partir des

premières données de terrain et de la nature des travaux. Trois arrêtés modificatifs ont suivi l’évolution du projet. Au terme d’un appel d’offres, l’aménageur a retenu l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Quatre phases d’intervention ont marqué cette opération : – avant les démolitions, la première phase portait sur la fouille de la cour d’honneur, les salles du rez-de-chaussée du musée, l’orangerie (­septembre 2008) et la cour Nord (avril 2010) ; – après les démolitions, la phase 2 (février 2010) a concerné les caves de l’aile Nord et l’ancienne conservation-Bibliothèque populaire (septembre-octobre 2010) ;

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Fouilles en cours en 2009 dans l'une des salles du rez-de-chaussée du palais épiscopal. Découverte de vestiges médiévaux et analyse des bases de la tour épiscopale.

– la phase 3 portait sur des parties accessibles uniquement pendant les travaux (avril 2010) : sols de la galerie ogivale, du hall, murs décroûtés de l’escalier central (janvier 2011), autres salles du rez-de-chaussée, jardin et angle SudOuest de la place des Ormeaux ; – enfin, la phase 4 s’est déroulée sur les échafaudages du chantier. Une fouille du bâti consiste à appliquer sur les élévations les méthodes stratigraphiques de l’archéolo­­gie traditionnelle ; les élévations étaient à analyser en

précédant ou accompagnant le décroûtage des murs et des enduits (tour en septem­ bre 2010, façades, tourelle d’escalier, cage d’escalier en 2011). Ces opérations de terrain ont été clôturées par la rédaction d’un document scientifique, rendu par les responsables Pascale Conjard-Réthoré et Chantal Delomier en octobre 2014 et s­ oumis pour validation à la Commission inter-­régionale de la recherche archéologique (CIRA). •

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Esquisse des résultats issus des dernières fouilles archéologiques (2009-2012)

PASCALE CONJARD-RÉTHORÉ ET CHANTAL DELOMIER INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES PRÉVENTIVES (INRAP)

Les fouilles du musée de Valence se sont déroulées pendant les quatre années qu’a nécessitées sa restauration (2009-2012). Archéologie du terrain et du bâti ont requis une grande réactivité des équipes scientifiques, du maître d’ouvrage et des nombreuses entreprises œuvrant sur le site. Les découvertes liées à ces travaux se sont révélées exceptionnelles et ont permis un renouvellement de l’analyse de ce quartier.

Ainsi, la fouille sous l’orangerie et la conservation a dévoilé progressivement le plan d’un odéon antique (voir p. 13-14 et p. 75), que le parcellaire actuel avait totalement oblitéré. La présence de ce type de monument, dont seuls deux étaient connus en Gaule à ce jour, n’est sans doute pas sans incidence sur l’implantation du groupe épiscopal. Délaissé urbain de la fin de l’Antiquité, élément de prestige à s’approprier tant matériellement que symboliquement, cet édifice a vraisemblablement été réutilisé par la ­première communauté chrétienne avant de s­ ervir de carrière pour les constructions de la cathédrale et de la tour épiscopale aux XI e-XII e siècles.

L’étude archéologique du bâti a démontré que la tour se dressait seule, au nord de la cathédrale, en rebord de la terrasse dominant le fleuve et la vallée, à la vue de tous. Elle est aujourd’hui dérasée au-dessus du deuxième étage et sa hauteur initiale demeure inconnue. Quelques baies étroites peuvent être restituées mais aucune porte d’accès n’a été retrouvée. L’hypothèse d’une entrée haute, conforme aux modèles seigneuriaux du temps, semble vraisemblable. Aux alentours du XIII e siècle, cette résidence s’agrandit avec la construction d’un nouveau bâtiment placé en appui contre la façade

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méridionale de la tour. Des vestiges de parois maçonnées retrouvés en fouille permettent de restituer les contours d’un vaste édifice de type « aula » de 19,20 m de long sur 5,60 m de large. Les fragments de deux baies, d’un piédroit et d’un seuil de porte, en place, permettent de fixer l’altitude de circulation du deuxième étage à 1,90 m au-dessus du sol actuel. Un incendie semble avoir causé la ruine et l’abandon du palais épiscopal pendant une durée inconnue. L’édifice se relève dans tout son éclat, à la fin du XV e siècle, agrandi au rythme de reconstructions soutenues et étalées dans le temps. Au rez-de-chaussée, un long passage voûté sur croisées d’ogives dessine une galerie comparable à un cloître (voir p. 76). Cet espace de circulation court le long de l’ancienne paroi

orientale de l’aula. Au-dessus, de nombreuses baies à meneaux et traverses ouvrent sur un jardin. Au nord, un vaste cellier voûté d’arêtes appartient à cette phase bâtisseuse. À tous les niveaux, on installe des plafonds à solives sur poutres couverts de décors. Au deuxième étage de la tour primitive, une peinture délicate, que l’on suppose de main italienne, représente des colonnes en trompe-l’œil et faux marbre (voir p. 84). Ici, la fouille a mis au jour une nette rupture stratigraphique (donc chronologique) entre ce décor et le plafond peint. L’hypothèse que le plafond ait été intégralement abaissé lors de l’arasement de la tour au XVII e siècle, après les guerres de Religion, semble consolidée. Les nombreux arguments qui confortent ces nouvelles analyses seront détaillés dans un ouvrage à paraître prochainement. •

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· Rapport de fouille / Valence (Drôme), Musée des Beaux Arts et d’Archéologie, 4 place des Ormeaux / Volume 2

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Sect. 5

Inrap · Rapport de fouille / Valence (Drôme), Musée des Beaux Arts et d’Archéologie, 4 place des Ormeaux / Volume 2

Le chantier en images

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ichtyologie

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P. Conjard-Réthoré, plan de phasage général des fouilles du palais épiscopal de Valence (Rapport de fouille, Valence (Drôme), Musée des Beaux-Arts Auguste/Tibère : plan de phasage général de la fouille, éch. 1/300 DAO : P. Conjard Réthoré. et de l'Archéologie, 4 place des Ormeaux, Inrap, 2014,Figure t. II,56fig. 56). 0

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Figure 56 : plan de phasage général de la fouille, éch. 1/300 DAO : P. Conjard Réthoré. (voir illustration format A2 en fin de volume)-

II Ier Auguste/Tibère

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Figure 56 : plan de phasage général de la fouille, éch. 1/300 DAO : P. Conjard Réthoré.

Verre céramique monnaie botanique faune instrumentum ichtyologie

II Ier Auguste/Tibère

II. Résultats (suite)

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XIX-XX XVI-XVIII XV XIV XIII XI-XII XI X-XII V et + III-IV

II. Résultats (suite)

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PATRIMOINES POUR DEMAIN VALENCE. LE GROUPE CATHÉDRAL

« L’esprit du lieu, c’est la base de notre travail » C’est à l’Atelier d’architecture Jean-Paul Philippon qu’a été confié, JEAN-PAUL PHILIPPON entre 2006 et 2013, le chantier particulièrement complexe de la réno- ARCHITECTE EN CHARGE vation du musée de Valence. Dialogue entre constructions anciennes DU CHANTIER et éléments contemporains, souci du plaisir du visiteur, relation avec PROPOS RECUEILLIS PAR le paysage proche ou plus lointain, jeu entre architecture et collec- MICHEL KNEUBÜHLER tions, prise en considération de l’esprit du lieu… ­Jean-Paul Philippon revient dans cet entretien sur ces questions auxquelles est nécessairement confronté tout architecte intervenant sur un musée installé dans un édifice ancien.

Musée d’Orsay à Paris, musée d’art et d’industrie à Roubaix, musée des Beaux-Arts de Quimper et, donc, musée de Valence… votre atelier d’architecture semble s’être fait une spécialité de la rénovation de ce type d’équipements culturels. D’où vient cet attrait pour le monde des musées ? Après mon diplôme, en 1972, et à la suite de la démolition des Halles de Baltard, et alors que l’application de la Charte d’Athènes continuait à produire des désastres, mon activité s’est tout de suite orientée vers le sujet stratégique de la

revitalisation du patrimoine et des centresvilles. Les projets de reconversion étaient encore exceptionnels et une démarche inventive à leur sujet était nécessaire. Parmi les programmes d’équipements publics permettant d’imaginer la métamorphose d’un édifice, le programme de musée offre à la fois une souplesse dans la distribution des espaces et une capacité de valorisation de l’architecture existante qui en favorise la réhabilitation auprès de l’opinion. Ce fut le cas pour la gare d’Orsay. Assez naturellement, les concours pour les autres musées se sont succédé.

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Paroles d’expert

Au-delà même des musées, vous intervenez souvent sur des bâtiments publics – hôpitaux, lycées, Palais de Justice, voire Hôtels de Ville… À Valence, avez-vous retrouvé des caractéristiques déjà observées sur d’autres constructions d’intérêt général ? À l’inverse, quelles ont été les spécificités que vous y avez rencontrées ? Chaque programme de transformation induit un jeu dont on doit se fixer soi-même les règles. D’où l’intérêt de changer aussi de programme comme on change de grille de mots croisés ou de table de jeu. Le client public, au contraire, souhaite des architectes hyper-spécialisés et qui n’aient surtout pas envie de jouer… ! Or, le jeu est nécessaire à l’invention esthétique, une certaine liberté dans la contrainte. Ce n’est pas moi qui le découvre : déjà Emmanuel Kant, dans La Critique de la faculté de juger [1790], a saisi cette nuance entre l’invention esthétique et l’invention technique répondant à une nécessité. À Valence – car pour notre travail la notion de « précédent » est essentielle –, d’autres projets ont pu avoir une influence sur les choix que nous avons faits. L’École nationale supérieure

d’architecture de Paris«  Chaque program­me Belleville, dans l’ancien de transformation lycée Diderot, qui cominduit un jeu dont portait des corps de bâtion doit se fixer ments d’époques et de soi-même les règles » styles différents, nous a donné l’occasion de jouer avec la pluralité des langages, de chercher à les harmoniser en développant la syntaxe du projet par le jeu des parcours et des rapprochements, le choix des matières. La richesse des collections de Valence et l’histoire originelle d’un bâtiment qui restait encore à révéler nous ont permis de prolonger cette démarche. Ce qui est plus spécifique de ce projet, c’est le rapport au site, le jeu possible avec le paysage, le proche avec la tour de la cathédrale, le bâti du Moyen Âge, et le moins proche, avec la boucle du Rhône et le château de Crussol.

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PATRIMOINES POUR DEMAIN VALENCE. LE GROUPE CATHÉDRAL

Comme pour d’autres rénovations que vous avez conduites, votre projet fait dialoguer des constructions, des matériaux, des formes, des couleurs… hérités des siècles passés et un langage contemporain. En la matière, sur quels principes avez-vous fondé votre intervention ? Le principe part du constat que « la forme précède la fonction » (il y a donc inversion du principe fonctionnaliste hérité de Louis Henry Sullivan [1856-1924] : « form follows function ») et que la relation entre l’architecture existante et l’architecture à créer doit être un dialogue. De plus, toute inter« La relation vention nouvelle doit être claireentre l’architecture ment distincte et d’une valeur au existante et moins équivalente à l’existant. C’est pourquoi la notion de synl’architecture taxe y joue un rôle pri­­mordial, car à créer doit être c’est elle qui favorise le dialogue, un dialogue » c’est la manière de distribuer les espaces et aussi d’assembler les matériaux ; et le vocabulaire, qui est le choix des matériaux et des couleurs, est guidé par cette syntaxe. L’architecture s’apparente au texte. Il y a une maturation du projet par ­itéra­tion et par étapes successives, jusqu’au dessin du mobilier.

La loi du 4 janvier 2002 définit les « musées de France » comme des collections organisées « en vue de la connaissance, de l’éducation et du plaisir du public ». C’est ce même mot de plaisir que l’on peut retrouver dans la présentation que vous faites, sur le site internet de votre atelier, du projet valentinois. Comment avez-vous pris en compte ce souci d’offrir au visiteur – je vous cite – « un moment agréable de la vie où l’esprit, la culture, la mémoire, sont sollicités au travers du regard » ? Il s’agit du plaisir esthétique de la découverte d’objets qui doivent chacun procurer un plaisir au visiteur. La connaissance des œuvres passe par le plaisir que procure le lieu. Pourquoi insister là-dessus ? Parce que, trop longtemps, le musée a été perçu comme un lieu d’ennui ; alors, à l’occasion de ces ­nouveaux program­ mes, nous avons voulu changer le regard sur les musées, inventer un nouveau type de musée où le public ait plaisir à être, un lieu de jouissance… d’ailleurs, les collections publiques lui appartiennent. La relation à l’extérieur est privilégiée, déjà pour que le public s’oriente librement dans l’espace, mais aussi pour qu’il découvre le paysage au-delà des cimaises, qu’il puisse sortir et jouir, soit de la vue lointaine, soit de l’intimité du jardin ; la lumière naturelle est toujours présente et travaillée en relation avec les volumes.

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