Le Jaseur Boréal - Vol. 5 No.4 - Février 2016

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LE JASEUR

BORÉAL

FÉVRIER 2016 FÉVRIER 2016


TABLE DES MATIÈRES

Regional Meeting Nord-Américain; une occasion d’échanger !

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Quand les forces ligneuses obscures s’unissent aux lumineux Jedi moissonneurs-batteurs P. 5 Des Îles au Costa Rica, en passant par le Saoul-bois Page 7 Chronique du grenier - Un forestier dans le monde du pétrole

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Une escale trop courte !

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Repenser l’agriculture partie 2 – La permaculture

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Déconstruire nos préjugés - Les autochtones au Québec sont-ils des citoyens privilégiés? P . 14 Fête des semences : la 7e édition s’en vient !

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La Semaine des sciences forestières approche à grands pas!

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Avons-nous sous-estimé les plantes?

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Sudoku

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Tirage : 130 exemplaires Distribution : pavillons Abitibi-Price, Gene-H.-Kruger et Casault

Imprimé sur du papier Rolland Enviro100

La réalisation du journal est rendue possible grâce à la contribution financière du Fonds d’investissement étudiant. Merci !

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LE MOT DU COMITÉ Chères lectrices, Chers lecteurs, C’est avec plaisir que nous sommes de retour en cette année 2016. Nous vous souhaite, d’ailleurs, une belle session d’hiver, lumineuse et enneigée. Afin d’agrémenter votre café matinal, votre tisane digestive ou tout autre breuvage vous permettant de prendre une pause, le Jaseur Boréal vous propose des lectures aux sujets variés. Parlant de nourriture, Maxime revient en force avec un article sur la permaculture, Mathilde nous initie aux systèmes agroforestiers et Lili nous invite à la Fête des semences et de l’agriculture urbaine de Québec. Le volet forestier est aussi bien représenté dans cette édition avec la SSF et IFSA prennent le temps de nous partager leurs avancées et Pierre-Yves qui nous parle de sa maîtrise. Ce mois-ci, Élise nous propose un sujet digne de l’expression « faut le voir pour le croire » avec une plante qui aurait la capacité « d’apprendre » de son environnement. Finalement, Camille nous entretient sur la situation des autochtones au Québec et Claude et Julia nous font voyager du Costa Rica au centre de l’océan Atlantique! Finalement, le comité du Jaseur Boréal est heureux de compter deux nouvelles recrues dans son équipe : Vanessa Audet au graphisme et Marimay Loubier à la correction! Bonne lecture!

Le comité du Jaseur Boréal, votre journal étudiant Présidente : Mathilde Routhier Vice-Présidente : Clara Canac-Marquis Comité : Éloïse Dupuis, Marimay Loubier, Viengxay Matthayasack & Zacharie Routhier Graphiste : Vanessa Audet LE JASEUR BORÉAL

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lejaseurboreal@ffgg.ulaval.ca lejaseurboreal.ffgg.ulaval.ca /lejaseurboreal -3-

Nouvelles adresses !


Regional Meeting Nord-Américain; Une occasion d’échanger! par le comité de la International Forestry Student’s Association

Bonjour Abitibi-Price! Du 9 au 14 février prochain, votre comité de la International Forestry Student’s Association (IFSA) a le plaisir de vous convier au rassemblement régional qui se tiendra au Pavillon.

Visite des opérations à la Forêt Montmorency, pistage en raquette, cabane à sucre, conférences et moments de détentes seront au programme. Il y aura donc plusieurs opportunités pour vous de faire connaissance avec vos pairs Nord-Américains. D’ailleurs, nous Avant de poursuivre, j’aimerais simplement rappeler sommes toujours à la recherche d’âmes charitables un peu ce qu’est la IFSA et quels sont nos buts. La IFSA souhaitant héberger nos participants. Si c’est votre est une organisation d’initiative étudiante qui a pris cas, n’hésitez pas à contacter le très sympathique Féracine en Grande Bretagne en 1973. 43 ans plus tard, lix Poulin! Il va de soi que nous vous dédommagerons l’association compte une soixantaine de comités étu- pour les coûts de nourriture engendrés. diants dans plus de quarante pays différents. Le but est bien simple: favoriser les échanges et la coopéra- En somme, nous souhaitons tous vous inviter à rention entre les étudiants du domaine forestier partout contrer des gens comme vous, des gens intelligents, autour du globe. ouverts et prêts à l’aventure. Comme à l’habitude, il se tiendra, cette année encore, un rassemblement régional en Amérique du Nord. Puisqu’il existe peu de comités sur la côte est Nord-Américaine, nous sommes peu habitués à ce genre d’évènement. Votre comité local, dans l’espoir de renverser la tendance, vous convie donc avec plaisir au Regional meeting Nord-Américain de la IFSA. Une trentaine d’étudiants de foresterie en provenance de huit universités du Canada et des ÉtatsUnis viendront échanger leurs perceptions et leurs connaissances. Ce sera, en effet, une occasion unique d’élargir votre réseau de contacts professionnels à un niveau continental. De plus, plusieurs de nos partenaires financiers seront sur place, intrigués à l’idée de rencontrer la relève forestière de la région. À cet effet, nous aimerions remercier FPInnovations, l’Institut Forestier du Canada, l’Ordre des Ingénieurs Forestiers du Québec et la Faculté de Foresterie Géographie et de Géomatique pour leurs généreuses contributions à notre projet.

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Quand les forces ligneuses obscures s’unissent aux lumineux Jedi moissonneurs-batteurs

par Mathilde Routhier, Bacc. en aménagement et environnement forestiers. Certains d’entre vous ont certainement entendu parler de l’agroforesterie, cette pratique vieille comme le monde qui se réinvente depuis quelque temps au Québec. À cheval entre l’agronomie et la foresterie, ce domaine implique un échange de connaissance et une volonté de repenser notre façon de cultiver nos terres. Selon le gouvernement du Canada (2006), «l’agroforesterie est un système intégré de gestion des ressources du territoire rural qui repose sur l’association intentionnelle d’arbres ou d’arbustes à des cultures ou à des élevages et dont l’interaction permet de générer des bénéfices économiques, environnementaux et sociaux.» TADAM!

Ajouter des arbres dans des champs, par exemple, peut donc sembler un non-sens (compétition pour la lumière, l’eau et les éléments nutritifs). Pourtant, certaines espèces réagissent bien sous ombrage (Alain Olivier, communications personnelles 2016). Ces réflexions seront développées dans un article ultérieur. Ce mois-ci, osons simplement aborder les principaux systèmes considérés comme agroforestiers au Québec. Les haies brise-vent constituent le système agroforestier le plus répandu au Québec. Elles sont utilisées pour protéger les cultures, les animaux, les sols, les bâtiments et les routes du vent et des dommages qu’il peut causer. Depuis 2000, ce système est aussi utilisé pour minimiser le transport des odeurs dégagées par les bâtiments d’élevage.

Figure 2 Haie brise-vent (www.omahaie.com) Figure 1 Système agroforestier (www.omahaie.com)

En fait… c’est un petit peu plus complexe… L’agroforesterie propose des systèmes aux nombreux avantages : protection des cultures, du bétail, des sols et des cours d’eau; augmentation de la biodiversité; captage du CO2, etc. Il s’agit d’une voie prometteuse qui se doit d’être étudiée. Depuis l’industrialisation, le secteur agronomique s’est spécialisé dans la production intensive en plein soleil. Les espèces leurs génotypes ont été sélectionnés, au fil des ans, pour être le plus productifs possible sous ces conditions. LE JASEUR BORÉAL

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Les bandes riveraines sont un enjeu majeur en foresterie. Leurs bienfaits sont depuis longtemps reconnus (stabilisation des berges, protection de la qualité de l’eau et des habitats, régularisation des débits des cours d’eau et captage du carbone) et leur présence imposée. En bordure de champ, la présence d’arbres et d’arbustes est d’autant plus importance que des pesticides et fertilisants sont utilisés et sont drainés vers les cours d’eau. De plus, les bandes riveraines peuvent être utilisées comme corridors fauniques.

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Figure 5 Système intercalaire (www.agroforesterie-aquitaine.fr)

Figure 3 Bande riveraine (www.memphremagog.org/)

La culture sous couvert forestier concerne plus particulièrement les plantes indigènes ombrophiles : le ginseng, certains champignons, la sanguinaire et l’if du Canada, l’hydraste, l’asaret, etc. Elle permet de diminuer la pression humaine sur ces espèces tout en variant l’économie des régions.

Figure 4 Ail des bois (© Biodôme de Montréal)

Le système de cultures intercalaires consiste à associer plusieurs types de cultures arborées et agricoles dans un même milieu. Ces derniers sont un phénomène nouveau au Québec et sont présentement réalisés dans le cadre de recherches universitaires en Montérégie, en Mauricie et en Gaspésie.

Finalement, les systèmes sylvopastoraux sont encore méconnus au Québec. Ils se divisent néanmoins en trois types : les boisés naturels ou aménagés imitant l’habitat de la grande faune, les boisés intégrés dans des pâturages de bovins et des enclos d’hivernage en forêt pour les bovins.

Le secteur agroforestier étant en émergence (ou ré-é mergence) au Québec, certaines connaissances technico-économiques sont à développer… tout comme un partenariat solide entre le domaine de l’agronomie, de la foresterie de l’aménagement du territoire et de l’économie. Bien sûr, certains acteurs offrent du financement (Agriculture et Agroalimentaire Canada, MAPAQ, MRNF, etc.), d’autres de l’assistance technique (Clubs-conseils en agroenvironnement, syndicat des producteurs de bois, etc.), d’autres encore de la formation (MAPAQ, MRNF, GIRAF, etc.) Cependant, c’est par l’échange et la concertation que pourra être bâtit un secteur solide. Source : Agriculture et agroalimentaire Canada. 2006. L’agroforesterie au Québec : des pratiques, des partenaires, un même engagement. Agriculture et agroalimentaire Canada / Ressources naturelles Canada / Institut de technologie agroalimentaire, Québec, Québec. 6 p.

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Des Îles au Costa Rica, en passant par le saoul-bois par Julia Leguerrier, Bacc. en aménagement et environnement forestiers. Août 2015, non, je ne fais pas de stage en foresterie, je fais du canot. Et en y pensant bien, j’ai encore un peu le goût de sortir du parcours, de me battre une autre trail dans bois. Et comme le dit le dicton, il faut partir pour mieux ressoud’. J’ai soudainement annulé tous mes cours et j’ai acheté un billet pour le Costa Rica de la mi-octobre à la mi-décembre. J’ai quand même pris soin de participer à tous les partys de début de session et d’initiation, et je suis parti le 12 septembre pour un mois au Québec sur le pouce avant l’Amérique centrale. 59 conducteurs qui n’ont pas eu trop peur des auto-stoppeuses toute seule, packsac, tente, tresse-tuque et sourire m’ont fait voyager pendant quatre semaines. À partir de Charlevoix, en passant par la Côte-Nord, la vallée de la Matapédia, le Nouveau-Brunswick, puis avec un long bout su’l bord du chemin à l’Île-du-Prince-Édouard, j’ai finalement atteint les Îles-de-la-Madeleine en quatre jours. Par la suite, un gros deux semaines là-bas avec les artistes et les conteurs, à me promener sur les buttes, les dunes et dans les petites forêts rabougries. Puis, je suis repartie pour la Gaspésie. Ouais, j’avais bien hâte de voir les couleurs de l’automne; 4 jours de randonnée en Gaspésie pour en profiter, et je remettais le cap vers Rimouski. Sur un coup de tête, je relève le pouce, c’est le Saoul-bois le soir-même et il y a un after sur Mainguy. Bref et intense retour au pavillon avant de repartir le lendemain poursuivre mon périple vers le Saguenay et la géniale Rose-du nord. Avant de remettre le cap : une couple de shift au P’tit CAAf pour voir le monde! Et maintenant que l’automne du Québec tirait à sa fin, je pouvais partir un peu plus loin.

Le reste du projet était encore vague, mais je suis partie encore une fois en solo, cette fois dans les tendres aéroports. En fait, j’avais un ami à quelque part par là-bas, qui était parti en mai au Costa Rica pour réaliser un projet de conservation et d’agroforesterie sur une réserve agroécologique locale. Le projet a été élaboré par un de ses amis, un certain Philip en foresterie au Cégep de Ste-Foy. Sur place, avec la collaboration de la réserve El Toledo et de la zone protégée Monte alto, dans le Nord-Ouest du Costa Rica, mes deux amis travaillaient depuis déjà 5 mois à produire des plants, entretenir la plantation d’agroforesterie et à réaliser des inventaires de végétaux, d’oiseaux, et plus particulièrement, de champignons et de chauves-souris. Pendant deux mois, je me suis jointe à eux avec une autre amie française que j’avais rencontrée à une station de bus par un de ces hasards incroyables qui arrivent tout le temps quand tu voyages seule. On était donc quatre, deux de mil’nat à Saint-Félicien, un à Sainte-Foy en foresterie et moi au bac à Québec. Quelques Costaricains des alentours travaillaient avec nous, la réserve prenait l’allure d’une salle communautaire. Chez les habitants du village de Pilangosta, plusieurs se montraient bien intéressés par ce que nous faisions.

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Une journée type commencaitcommençait inévitablement par un bon déjeuner de riz et de bines, dit Gallo Pinto. S’en suivait une bonne shot de travail physique comme de nettoyer la plantation à la machette, réparer le système d’irrigation, ouvrir des sentiers avec la machette, le pic et la pelle, partir en quête du champignon ou de la plante la plus incroyable, construire une pépinière, brasser le compost (bokashi), désherber le potager sous le gros soleil avec pas d’gants et, bien sûr, tout bon travail se terminait par une baignade dans le rio Nosara, une rivière qui descend des montagnes et qui offrait une belle chute avec un bain tourbillon et un bassin à 5 minutes de marche dans la forêt tropicale humide. Après la sueur et la baignade venait inévitablement un repas incroyable. L’après-midi, la pluie nous forçait souvent à nous balancer dans un hamac avec un livre, une guitare, du Bob Marley de circonstance et tout, et tout. Deux soirs par semaine : la chasse aux vampires (appelée de la sorte seulement pour poétiser un peu les dits inventaires de chauves-souris, toutes étaient dument libérée après la prise de mesures). Avant le coucher du soleil, on partait installer quelques filets dans des milieux diversifiés afin d’établir, au final, des liens entre le nombre d’espèces, leurs régimes et les caractéristiques des individus en fonction des différents milieux forestiers. Les données ont été traitées par Philip et pourront être mises en relation avec le projet d’agroforesterie qui se déroulait en parallèle, notamment en ce qui concerne la biodiversité des frugivores. Pour le moment, plusieurs avocatiers avaient été plantés, de même que du teck, un arbre destiné à la production ligneuse avec une révolution d’une quinzaine d’année, ainsi que du Ronron, un arbre au bois très dense qui était présentement en danger au Costa Rica et qui peut être récolté environ aux 45 ans. Le tout, en conservant et en implantant plusieurs arbres fauniques nommés communément cecropia.

Au final, mes deux comparses sont également allés présenter le projet ainsi que leurs connaissances sur les champignons et les chauves-souris aux jeunes de l’école primaire du village. C’était réellement rassurant de voir à quel point les jeunes costaricains étaient éveillés sur la question des changements climatiques et sur le milieu naturel qui les entourent. En ce qui me concerne, on peut vraiment dire que de mettre les mains à la pâte et de quitter l’académique pour une session a portéer ses fruits, tout particulièrement quand il s’agit de participer à un projet d’initiative personnelle comme celui de mes amis Philip et Joël. Je conclus sur les mots du très célèbre Z et ses disciples : « J’ai rencontré du monde bizarre sur les chemins étranges du hasard, j’vous l’souhaite aussi, y’est pas trop tard! ».

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Chronique du grenier Un forestier dans le monde du pétrole par Pierre-Yves Tremblay, étudiant à la maîtrise en sciences forestières L’exploitation des sables bitumineux en Alberta, c’est un sujet controversé, tout le monde a son opinion là-dessus et avec la dépendance au pétrole de notre monde ce n’est pas demain que ça va s’arrêter, qu’on le veule ou non. En fait, mis à part les occasionnels ralentissements du marché, depuis les débuts de l’exploitation à large échelle en 1967 à l’aide de mines à ciel ouvert les activités d’extraction dans les sables bitumineux n’ont fait que prendre de l’ampleur à mesure que le prix du pétrole augmente.

Site de Gateway Hill, 32 ans après sa restauration (Photo : Université du Vermont)

Pourquoi j’écris un texte sur le pétrole dans un journal étudiant qui publie normalement des textes sur la forêt et l’environnement? Parce que je réalise un projet de maîtrise en sciences forestières sur la remise en production des sites après leur exploitation pour les sables bitumineux. C’est quoi le lien avec la foresterie? Puisque le nord de l’Alberta est majoritairement occupé par la forêt boréale et des tourbières ce sont ces types de milieux qui sont affectés par les activités d’extraction. Des forêts et des milieux humides sont donc détruits pour faire place aux mines. Par contre, les compagnies pétrolières doivent, selon les lois albertaines, remettre en état les superficies exploitées pour qu’elles puissent offrir les mêmes services qu’elles fournissaient au public avant l’arrivée de l’industrie. Les compagnies font donc des efforts pour remettre en état les sites exploités et c’est là que mon projet de maîtrise entre en scène. Puisque l’industrie doit construire des milieux où une forêt peut pousser LE JASEUR BORÉAL

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et que ces sites doivent être certifiés par le gouvernement provincial avant qu’une compagnie soit libérée de ses obligations, il devient critique de mieux connaître quelles méthodes de restauration donnent les meilleurs résultats. Les étapes de la remise en production Avant d’expliquer ce qui est fait pour remettre en état un site après la fin des activités minières je voudrais que vous vous posiez une question : c’est quoi exactement les sables bitumineux, c’est quoi les étapes qui mènent aux immenses trous qu’on voit dans les photos? On en entend souvent parler, mais je pense que pour beaucoup de gens c’est un sujet assez flou mis à part le fait que c’est très polluant. Premièrement, ce qu’on appelle couramment sable bitumineux est une formation géologique de sable et d’argile saturée de bitume, une forme d’hydrocarbure beaucoup plus dense et visqueuse que le pétrole conventionnel. La particularité de cette formation en Alberta est qu’elle affleure, c’est-à-dire qu’elle est près de la surface dans la région de la rivière Athabasca. Il est donc possible d’extraire le sable à l’aide de mines à ciel ouvert plutôt que par la méthode traditionnelle qui est de forer un puits et qui est peu efficace pour ce genre de dépôt. La méthode d’extraction s’apparente donc à ce qui est fait dans une carrière. On commence par récolter la forêt, on retire ensuite les couches de sol au-dessus du sable puis on récupère et traite le sable à l’aide d’eau et d’additifs pour séparer le bitume. Ce sont les résidus de cette dernière étape qui forment les étangs noirs qu’on voit souvent sur les photos. Une fois l’exploitation terminée, il faut reconstruire le sol à l’aide du matériel qui a été extrait et stocké depuis le début des opérations. On commence par une couche faite du sable traité et d’overburden (une couche de sol inerte et souvent salé qui était au-dessus du sable bitumineux), d’une autre couche d’overburden, cette fois plus mince et traitée pour éliminer sa salinité, avant de terminer par un mélange de matière organique et de sol minéral. La part organique de la dernière couche provient soit d’un sol forestier ou bien d’un sol tourbeux. Une attention parti-

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culière est portée à la forme du terrain dans le but de créer un cycle de l’eau viable. Une fois le sol reconstruit, une culture telle que l’orge peut être semée à la première année pour protéger le sol de l’érosion et un fertilisant peut aussi être appliquée. Le retour de la végétation naturelle de la région se fera ensuite grâce aux graines contenues dans la couche supérieure de sol, à des graines provenant des forêts à proximité et aussi grâce à un reboisement.

régénération naturelle des arbres et leur croissance sur ces sites. Connaître quel traitement favorise chacune des deux espèces d’arbres étudiées permettrait de reconstruire le bon sol pour la bonne espèce au bon endroit et ainsi raccourcir la période de transition entre la fin de l’exploitation et le retour d’une forêt équivalente à celle qui était historiquement présente.

Étapes de l’exploitation des sables bitumineux (adapté de : Audet, Pinno et Thiffault, 2015)

Présentation du projet L’objectif de mon projet de recherche (sous la direction d’Evelyne Thiffault et la codirection de Brad Pinno) est d’améliorer la compréhension des facteurs qui limitent la croissance des arbres sur les sites remis en production après leur exploitation par l’industrie des sables bitumineux. Le projet se concentre sur deux essences qui poussent sur le site d’étude : le peuplier faux-tremble qui se régénère naturellement et l’épinette blanche qui est reboisée. Pour identifier les aspects qui ont le plus d’importance pour favoriser le retour d’une forêt sur ces sites, des mesures de la croissance, du taux de recrutement et du taux de survie du peuplier et de l’épinette blanche seront comparées avec différents facteurs tels que la disponibilité de l’eau ou des éléments nutritifs. Les mesures seront prises sur six sites qui ont chacun reçu une différente combinaison de traitements de restauration ainsi que sur un septième site naturel qui a subi le passage d’un feu et servira comme témoin pour comparer la progression des sites reconstruits avec celle d’un site qui récupère d’une perturbation naturelle. Les résultats obtenus pourraient permettre d’accélérer le processus de remise en production en améliorant les connaissances sur les effets des différents traitements et des facteurs de croissance sur la

Cela permettrait d’apporter des correctifs à un site où les conditions seraient non optimales pour la régénération et la croissance à long terme des arbres sans avoir à attendre plusieurs années avant de constater un problème. Sources AUDET, P., Pinno, B. D., & Thiffault, E. (2015). Reclamation of boreal forest after oil sands mining : anticipating novel challenges in novel environments. Canadian Journal of Forest Research, 45(3), 364–371.

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Une escale trop courte !

Par Claude Durocher, étudiante à la Maîtrise en sciences forestières L’archipel des Açores est d’une beauté incroyable, et pourtant si peu connue. Ces petites îles, perdues au milieu de l’Atlantique, valent bien un arrêt! Ces neuf îles volcaniques, qui forment un état autonome du Portugal, sont caractérisées par un climat très humide et tempéré. Il n’y fait jamais très chaud ni très froid. Elles sont dotées d’une variété luxuriante d’espèces végétales. J’ai eu la chance de faire une halte sur l’ile Sao Miguel entre ici et l’Europe. Aussitôt arrivés, nous sommes partis en voiture emprunter les petites routes sinueuses parcourant les montagnes. En chemin, on s’est arrêtés prendre un café et déguster une pâtisserie, un classique pour les Portugais. Des pierres taillées à même le volcan ornent quasiment tous les bâtiments du village. Dans la ville de Furnas, plusieurs bains thermaux aménagés permettent de se Ficus macrophylla, espèce australienne plantée en détendre pour quelques trois euros la journée. Un jardin botanique sublime entour les eaux chaudes couleur rouille de Terra Nostra. Ce que j’adore dans le voyage c’est de goûter une culture par ses plats. C’est par la chaleur qui émane de la terre que sont cuits les mets typiques de l’ile de Sao Miguel. Le « Cozido das Furnas » est un mélange de légumes racines, de chou et de plusieurs sortes de viandes cuîtes dans un pot-au-feu. Le tout est emballé dans un linge, puis descendu dans un trou profond, et finalement recouvert de terre. Et tadam! Six heures plus tard, vous avez un excellent repas (ils disent que c’est pour deux, mais sincèrement, c’est un repas pour Obélix ou quatre personnes avec un appétit normal). C’est possible d’assister à la préparation du plat, puis de se promener tout près des geysers avant de revenir se régaler. Je suggère fortement de manger le tout accompagné d’un vin blanc açorien de Pico, Frei Gigante. Évidemment, il y a tellement à voir et mon séjour était trop court pour profiter, entre autres, des sentiers pédestres qui abondent! Et puis, toutes ces autres îles tout près… ça fait rêver! Psst. Allez-y l’été ! L’hiver, il pleut beaucoup et les traversiers ne sont pas disponibles! LE JASEUR BORÉAL

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Repenser l’agriculture partie 2 – La permaculture

Par Maxime Fiset, Bacc. Multi. Science Politique, Géographie, Développement durable Dans mon précédent article, je traitais des défauts inhérents au modèle de production agricole industrielle qui est le nôtre. J’y dénonçais le fait qu’à cause d’une série de facteurs corrigeables, quoique difficilement, 33% des terres agricoles du monde sont désormais modérément ou fortement dégradées (FAO, 2015). Ces facteurs sont assez nombreux, et certains sont issus d’une combinaison d’autres facteurs. La complexité du mode de production agricole actuel n’est plus à démontrer. Notons toutefois certains facteurs assez communs, tels que l’érosion des sols, la dépendance aux engrais, pesticides et herbicides chimiques (Marshak, 2010) , ainsi que l’épuisement des nappes phréatiques et la perte de biodiversité.

Mais si la permaculture suppose une certaine souplesse du producteur, elle ne va pas sans une certaine rigidité dans ses méthodes : pour reproduire avec précision les mécanismes qui composent les systèmes vivants de la nature, la permaculture doit s’effectuer sur plusieurs saisons, plusieurs années, car elle prévoit d’intégrer à la ferme, au sein des cultures, des arbres, des arbustes et des animaux. Or, un pommier ou une vigne ne produisent pas avant des années.

Tel que démontré dans son livre « Restoration agriculture » (Shepard, 2013), Mark Shepard postule qu’en remplaçant les cultures annuelles par des cultures vivaces, on protégerait les sols de manière efficace tout en réalisant des bénéfices justifiant la mise en place de tels moyens. Il propose pour y parvenir de Une solution à la plupart de ces problèmes est au- fonctionner par strates en imitant le biome d’accueil. jourd’hui, plus que jamais, vastement discutée chez les adeptes d’une agriculture plus humaine : la per- Par exemple, le biome de sa ferme au Wisconsin est maculture. ce qu’il qualifie de « savane de chênes ». Pour pouvoir produire en respectant son biome, il fonctionne par Grosso modo, la permaculture est une méthode agri- strates, un peu comme une véritable forêt. Au somcole systémique, basée sur la compréhension et la met de sa forêt productive, il a des arbres assez hauts reproduction des interactions naturelles entre les qui produisent des noix tels que le châtaigner et le composantes végétales et animales du biome mis à chêne. Juste en dessous (mais pas nécessairement contribution. C’est une école à part entière, car elle ne au même endroit), les Malus et les Prunus (pommiers, relève pas que de la technique : elle cherche à incor- cerisiers, pruniers, etc.) apportent une autre culture porer, en amont du problème, la variable « comment à sa ferme. Il cultive également de petits arbres, des produire ». Lorsque poussée plus en profondeur, la noisetiers, et de vignes, qu’il a disposés au travers permaculture discute également du « quoi produire des autres de manière à imiter la végétation natu» et du « pourquoi produire ». relle sans réduire la productivité. Enfin, des arbustes et des buissons résistants à l’ombrage produisent des En somme, il est postulé, en permaculture, qu’en groseilles et d’autres baies, tandis que des espèces reproduisant fidèlement les interactions entre les demandant plus de lumière, tels que les Rubus (framvivants (incluant le sol et son biote) il serait possible boises, mures), sont disposées ailleurs. Il laisse égalede créer une agriculture plus que durable, mais bien ment des zones pour les graminées et les « mauvaises permanente. » herbes, et il ensemence ses boisés humides pour la culture de champignons. C’est, à mon avis, la continuation logique de l’agriculture d’avant la crise des années 1930. C’est proba- Des plantes non-productives (mais pas dénuées blement l’attitude que des fermes familiales auraient d’utilité, telles que le vinaigrier) poussent également, adoptée si elles avaient suivi la tendance scientifique afin de ne pas dénaturer l’installation. plutôt que la tangente industrielle. - 12 -

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Au cœur de sa ferme de « New Forest », des animaux se promènent, certains en liberté surveillée, d’autres dans des enclos mobiles ou des tunnels, par exemple des tunnels en grillage pour les poules au long des pommiers. Les animaux paissant, eux, sont menés au pré en ordre, en commençant par les veaux sevrés, plus les vaches laitières, suivis des bœufs, des cochons, des moutons et, à la toute fin, les chèvres, les tondeuses de la nature, capables de digérer du gyproc. Ces animaux paissent de manière à réguler la croissance des plantes dans les prés, laissés aux graminées et « mauvaises » herbes, et constituent naturellement, en tant que tels, une forme de production. Certaines espèces peuvent consommer les surplus et les pertes des plantes de la ferme. Vous devez commencer à comprendre les interactions qu’ont entre elles les plantes, et avec les plantes les animaux, qui défèquent, retournent le sol et mangent les insectes. Il va sans dire que presque rien n’est mécanisé sur cette ferme, et que l’irrigation est assurée par des étangs artificiels profitant aux bêtes comme aux plantes en retenant l’eau plus longtemps. Le couvert végétal des arbres protège le sol contre l’érosion en retenant une incroyable quantité d’eau dans les feuilles, tandis que les racines absorbent une part importante du ruissellement au sol, tout en garantissant la stabilité du sol. Plus les systèmes reproduits par l’agriculture sont complexes et proche des systèmes naturels, plus la pérennité de la ferme est assurée. Ce mode de production, certes plus exigeant que la monoculture hyper-mécanisée (qui est l’une des principales causes des problèmes agricoles modernes), a plusieurs avantages. Avant tout, il permet une meilleure captation de l’énergie du soleil qu’un champ uni et plat de céréale. Le soleil qui n’est pas capté par une plante de la « canopée » l’est par un arbuste ou un buisson, l’albédo y étant beaucoup plus faible (5-10% contre 20-25%) (Villeneuve, 2007) . En plus, chaque acre de forêt tempérée séquestre environ 3 fois plus de carbone qu’une prairie, et près de 30 fois plus qu’une terre cultivée. Il est donc fort probable qu’une « permaferme » soit supérieure qu’une superficie en monoculture en ce qui a trait à la lutte contre les changements climatiques. Troisièmement, la valeur ajoutée totale des produits de la ferme « New Forest » est supérieure à la valeur ajoutée totale d’une ferme en monoculture de taille LE JASEUR BORÉAL

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équivalente. Finalement, et c’est là le plus important, la permaculture place les fermes à l’abri de presque tout. Une forêt résiste mieux à une inondation, aux vents, à la grêle, au gel, etc. qu’un champ de maïs. La variété des plantes empêche qu’une épidémie ou une infestation ne décime toute la plantation, et elle permet au fermier d’être à l’abri des aléas du marché en ce qui a trait au prix de sa récolte, car il est peu probable que toutes les denrées subissent une brusque fluctuation en même temps. D’ailleurs, le modèle peu mécanisé de la ferme « New Forest » place également M. Shepard à l’abri des hausses du prix de l’énergie. Il va sans dire que la permaculture présente des avantages incontestables lorsque comparée au modèle présent d’agriculture industrielle. J’espère que l’avenir verra naître davantage de petites « permafermes » familiales et écologiques, et je place tous mes espoirs en cette école de pensée pour les paysans des pays en voie de développement, qui pourraient y acquérir une véritable indépendance, et une base solide pour lutter contre la précarité alimentaire dans leurs régions du monde.

Ferme de « New Forest » (tirée de Google) Sources FAO, 2015, http://www.fao.org/3/a-i4373f.pdf MARSHAK, S, « Terre, portrait d’une planète », 2010, de Boeck, P. 197-198 SHEPARD, M, « Restoration agriculture – Real-world permaculture for farmers », 2013, Acres USA VILLENEUVE, C, RICHARD, F, « Vivre les changements climatiques – réagir pour l’avenir », 2007, éditions MultiMonde

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Déconstruire nos préjugés : Les autochtones au Québec sont-ils des citoyens privilégiés? Par Camille Proulx, Étudiante en Aménagement et environnement forestiers, 4e année « L’idée que les autochtones soient des citoyens privilégiés, et même qu’ils aient des droits supérieurs aux autres citoyens vivant sur le territoire du Québec fait maintenant partie des croyances populaires et du discours quotidien. »

extrait de l’émission Infoman. Il vous permettra aussi de connaître l’opinion d’Autochtones sur la question : https://www.youtube.com/watch?v=IWsvxvfZxCk. Les intervenants nous y rappellent qu’un (Améri)indien habitant sur une réserve a un droit limité de possession, qu’il ne peut obtenir d’hypothèque et que, par conséquent, il a une capacité d’emprunt limitée.

D’où vient une telle perception? Peut-être est-ce une méconnaissance de la Loi sur les Indiens ou encore des idées de conquête et d’assimilation qui teintent les relations entre les citoyens « non autochtone » et « autochtones » depuis trop longtemps. Avant toute chose, il faut savoir que la Loi constitutionnelle de 1982 reconnaît trois groupes comme peuples autochtones au Canada : les Premières Nations (ou Amérindiens), les Inuit et les Métis. Gardons à l’esprit qu’il s’agit, dans tous les cas, de catégories.

Idéologie de conquête ou d’assimilation Le stéréotype des Autochtones privilégiés peut aussi prendre racines dans l’idée que ces peuples ont été conquis ou assimilés. L’ethnologue Sylvie Vincent et l’anthropologue Bernard Arcand ont épluché plusieurs manuels d’histoire québécois et en concluent que cette représentation est liée à une méconnaissance induite par les manuels d’histoire d’autrefois :

(Pierre Lepage, 2002, Mythes et réalités sur les peuples autochtones, p. 59)

La Loi sur les Indiens : un régime de tutelle La Loi sur les Indiens définit un statut légalement construit, c’est-à-dire celui d’être Indien. Attention, il s’agit d’une identité légale qui n’est pas synonyme d’appartenance amérindienne ou encore autochtone. Certes, ce statut est différent de celui des citoyens non autochtones et il confère des privilèges, mais dans quelle mesure? D’abord, seuls les Amérindiens (donc ni les Inuit ni les Métis) sont soumis à cette loi. Ensuite, en ce qui a trait aux impôts, privilège souvent mentionné dans le discours public, seuls les Amérindiens inscrits n’en paient pas, et ce, seulement s’ils travaillent sur ou pour une réserve. Ces individus sont aussi exemptés de taxes, mais à condition que leurs achats soient faits sur la réserve ou livrés dans celle-ci. Enfin, il ne faut pas non plus isoler l’élément « privilège », car le statut conféré par la loi implique aussi des inconvénients. En fait, la Loi sur les Indiens est un régime de tutelle et non de privilèges. À commencer par la définition du statut, elle encadre tous les aspects de la vie des individus et des communautés. En fait, elle soumet les Amérindiens au contrôle du Gouvernement. Pour comprendre ce que j’entends par là, je vous recommande ce court

« L’Occident a toujours cherché à écarter, en les exterminant ou en les assimilant, tous ceux qui se trouvèrent sur le chemin de son expansion (Jaulin 1972a, 1972b). Notons seulement que les manuels scolaires du Québec sont issus de la même tradition et n’ont pas en cela de spécificité particulière. »

(Arcand B. et Vincent S., 1979, L’image de l’Amérindien dans les manuels scolaires du Québec, Comment les Québécois ne sont pas des sauvages. Montréal, Hurtubise. p. 376)

Dès leur arrivée, les Européens ont tenté d’assimiler les Autochtones. Toutefois, la politique d’assimilation de la France a été abandonnée, s’avérant être un échec. En fait, la colonie française avait besoin des Autochtones comme alliés pour se maintenir et ceux-ci devaient exercer une souveraineté sur le territoire pour alimenter le commerce des fourrures. Qu’en est-il de la conquête? Oui, en 1760, le territoire du Québec a été conquis, mais cet évènement réfère à la victoire de l’Angleterre sur la France et non sur les nations autochtones. D’autant plus qu’en 1763, la Proclamation royale déclarait que les Autochtones ont un droit incontestable sur les terres. (suite à la page suivante)

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I Ce court survol historique nous amène à souligner que le manque de voix et de perspectives autochtones dans l’histoire de l’Amérique contribue à renforcer des stéréotypes à leur sujet. Bref , les Autochtones sont loin d’être des citoyens privilégiés. Leur statut parfois particulier ne s’applique pas dans toutes les situations et comporte beaucoup d’inconvénients quoique certains privilèges. Enfin, pour poursuivre la déconstruction de nos préjugés, je vous recommande la lecture suivante : Source: LEPAGE, 2002. Mythes et réalités sur les peuples autochtones, Québec : Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, édité par le Ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada et Éducation Québec. 85 p.

Fête des semences : la 7e édition s’en vient ! Par Lily Garnier, Étudiante à la Maîtrise en Biogéosciences de l’environnemement

Préparez vos petites graines ! Eh oui, à peine le temps de reprendre le rythme des cours que le calendrier commence déjà à se remplir ! Dans quelques semaines, se tiendra à l’Université Laval, la Fête des semences et de l’agriculture urbaine de Québec. Organisée par le Réseau d’agriculture urbaine de Québec (RAUQ), cette 7e édition se déroulera sous le thème des légumineuses ! Ça t’intéresse, hein ?

L’organisation de l’événement est en pleine germination : une belle gang travaille avec beaucoup de plaisir pour que ce soit une journée d’échange, d’apprentissage, de partage ! Et comme plus on est de fous, plus on rit, on lance un immense appel aux bénévoles !

Tout au long de la journée, une quinzaine de conférences seront offertes. Elles aborderont divers sujets pour satisfaire toutes les oreilles ! Sur place, il y aura aussi des ateliers, des exposants, des semenciers… Ce sera aussi l’occasion de te procurer toutes sortes de semences rares, patrimoniales et biologiques grâce aux nombreux artisans semenciers présents ! De quoi s’approvisionner pour avoir un beau jardin cet été !

Ou appelle-nous au : • 418 – 806 - 4897

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Alors si tu es intéressé, envois-nous un courriel à : • fetedessemences@gmail.com

Où ? : Université Laval, Pavillon Desjardins Quand ? : Dimanche 6 mars de 10h à 16h30

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La Semaine des sciences forestières approche à grands pas! Par Jonathan Dubé Ouellet, étudiante en Aménagement et environnement forestiers

Le 4 février aura lieu le Génie en arbre qui en sera aussi à sa troisième édition. Cette compétition de type « génie en herbe » à saveur forestière invite des équipes composées d’ingénieurs forestiers et d’étudiants à s’affronter pour obtenir la première place et ainsi repartir avec le grand prix. Cette activité se déroulera à la cafétéria de la faculté. Des consommations et un souper pizza seront offerts gratuitement sur place en plus de nombreux prix de présence. C’est un événement à ne pas manquer! Pour vous inscrire et voir les détails de l’événement, visitez le site web de la SSF. Le traditionnel Salon de la forêt aura lieu, quant à lui, les 13 et 14 février 2016 au pavillon Alphonse-Desjardins. Ce dernier sera sous le thème «la forêt, une passion qui nous rassemble». De nombreux exposants seront du rendez-vous, sans compter les nombreuses activités organisées : le Défi Cecobois, les jeux forestiers, des ateliers dynamiques et plusieurs conférences. Le Salon est sans contredit l’événement majeur de la Semaine des sciences forestières. Vous y êtes tous les bienvenus, que ce soit pour discuter avec de potentiels employeurs, faire des découvertes, prendre contact avec différents publics ou encore encourager le comité organisateur.

Comme vous le savez sans doute, la Semaine des sciences forestières 2016 approche à grands pas! Je profite donc de l’occasion pour vous présenter la programmation de cette semaine haute en couleurs et vous rappeler qu’il vous est toujours possible de vous impliquer dans cette aventure étudiante qu’est l’organisation de la SSF.

Par la suite, une table ronde aura lieu le 17 février à la salle 2320/2330 du pavillon Gene H. Kruger et débutera avec un souper à 19h00 suivi d’un débat à partir de 20h15. De la planification jusqu’à la mise en marché; le Québec parviendra-t-il à créer des produits du bois innovateurs, diversifiés et compétitifs? Telle est la question à laquelle vont essayer de répondre les panélistes issus du domaine forestier et du domaine du bois invités. Intéressé(e)? Surveillez le site de la SSF! Les inscriptions commenceront au début du mois de février au prix de 15$ + txs pour les étudiants. Les places sont limitées!

Premièrement, soulignons la tenue d’un événement qui aura lieu en marge de cette semaine : la Soirée contes et légendes. Cet événement en est à sa troisième édition et aura lieu le 2 février 2016 à la café- (suite à la page suivante) téria du pavillon Abitibi-Price. Ce sera l’occasion de prendre une bière en se laissant transporter dans un autre univers le temps d’une soirée. - 16 -

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Et en ce qui concerne le colloque Kruger? Cette année, il se tiendra exceptionnellement plus tard au courant de la session. Le 30 mars pour être exact, sous le thème «À la rencontre des Premières Nations». La programmation sera disponible sur le site de la SSF fin février. Plus de détails suivront dans le prochain numéro. Ceci étant dit, laissez-moi vous rappeler la mission première de la SSF! En fait, nous travaillons avec acharnement afin d’offrir à tous les étudiants et étudiantes de l’AÉFEUL une occasion de prendre contact avec le grand publique, de forger les bases d’un réseau de contacts varié et solide dans le domaine forestier et de l’environnement et de célébrer notre passion commune pour les sciences forestières. Bien entendu, ces événements vous sont destinés; il vous faut donc prendre la peine d’y participer soit en tant que visiteur, spectateur, participant ou encore bénévole! À ce sujet, comme chaque année, la SSF aura besoin de nombreux bénévoles pour ses différentes activités, notamment lors du Salon de la forêt 2016. Voici une petite liste de nos besoins pour le salon de la forêt : • •

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Bénévole pour le montage et démontage du salon. Bénévole pour animer différents kiosques o Accueil o Loterie o Sondage o Jeunesse (Maquillage, bricolage …) o Touche-à-tout Bénévole pour diriger les visiteurs dans les allées du salon Et autres …

Si cela vous intéresse, sachez que la SSF vous fournira les repas (buffet froid), en plus du chandail officiel de l’événement. Toutefois, il y a une seule condition pour cela : vous devez être présent un minimum de 6 heures en tant que bénévole. Si vous le désirez, il vous est possible de devenir bénévole pour l’une ou l’autre des activités présentées précédemment simplement en vous manifestant. Pour ce faire, contactez-nous par courriel au ssf@ffgg.ulaval.ca ou encore venez nous voir au local de la SSF (ABP-1262). LE JASEUR BORÉAL

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Avons-nous sous-estimé les plantes?

Par Élise bouchard, étudiante en Aménagement et environnement forestiers J’ai récemment écouté un reportage de BBC World Science, intitulé « Have we underestimated the plants? », et ce qu’on y disait a su ébranler mon opinion sur le monde végétal. Soyons excentriques en ce début de session; voici les découvertes scientifiques qui m’ont sortie de ma torpeur du temps des fêtes. La sensitive plant de son nom anglais, Mimosa pudica de son petit nom latin, a l’habitude surprenante de replier ses feuilles sur elles-mêmes lorsque celles-ci perçoivent un contact physique (voir Figure 1).

L’équipe du professeure Stefano Mancuso a réalisé plusieurs expériences de la sorte, toujours dans l’optique de prouver que les plantes ont des capacités cognitives et quelque chose s’apparentant à de l’intelligence. Comment avoir de l’intelligence sans cerveau? Est-ce possible? Chez les animaux, seules les cellules du cerveau sont capables de produire et de transmettre des signaux électriques. Chez les plantes, toutes les cellules ont cette capacité. Elles auraient donc un ‘’genre’’ de cerveau généralisé. Le Dr. Suzanne Simard, professeure au département de foresterie de l’Université de Colombie-Britannique (University of British-Columbia), a étudié les réseaux de connections racinaires en forêt. Ses résultats sont surprenants. Premièrement, les réseaux racinaires sont immenses et connectent des centaines d’arbres entre eux. Les arbres peuvent s’échanger de l’azote, du phosphore, de l’eau, du carbone, des substances allélopathiques et des signaux de défense par le biais de ceux-ci.

Figure 1. Mimosa pudica

Des expériences réalisées sur des Sapins Douglas ont Cette réaction étonnante a inspiré une étude au révélé que cet échange ne se fait pas de façon impardépartement de neurobiologie de l’Université de tiale. Les arbres ont leurs préférences, ils auraient Florence. L’expérience consiste à placer des plants même, l’instinct maternel…! dans un dispositif qui les soulève à 15 cm du sol et les laissent tomber régulièrement. L’impact est assez Les arbres matures auraient la capacité de reconfort pour provoquer le repliement des feuilles. En- naître les gaules issues de leurs graines et de leur suite, on répète cette manœuvre à perpétuité, jusqu’à transmettre, par le biais de connexions racinaires, ce que… Tenez-vous bien! Une chose incroyable se une quantité de ressources plus importante que celles allouées aux autres arbres. produise. Après 60 chutes, les feuilles ne réagissent plus à l’impact. Les plantes ont appris que celui-ci n’est pas dangereux et qu’elles peuvent donc cesser de se défendre. Même après deux semaines d’arrêt, lorsqu’on reprend l’expérience, les feuilles ne réagissent plus, ce qui rejette l’hypothèse de la fatigue physique.

En résumé, les plantes apprennent durant leur vie et elles perçoivent une quinzaine de stimulis et des interactions très complexes avec leur environnement. Les arbres sont connectés par leur réseau racinaire, se partagent des ressources et savent reconnaître leur génétique et aider celle-ci à prospérer.

Les plantes seraient donc capables d’apprentissage Quelles sont les implications de tout cela? au cours de leur vie. Hum. - 18 -

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Pour ma part, je vais devoir repenser ma vision de la forêt en tant que communauté pour l’élever à des niveaux plus complexes. Il y a un article intéressant dans le new yorker qui résume plusieurs découvertes sur le sujet si ça vous intéresse: The intelligent plant. Bon début de session!

Photo «cute»

Par Vanessa Audet, étudiante en Environnements naturels et aménagés

Crédit photo: www.etsy.com

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