Octobre 2017
TABLE DES MATIÈRES
SFI discute du futur forestier à Ottawa
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Réduire le monde à des mots
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Coeur de bois
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Emploi au service de l’environnement
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Igloolik
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Henry David Thoreau, le marcheur de Concord
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Le point sur nos poubelles
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Dossier: Les études à l’étranger
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«Roadtrip» au Canada
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Quand la télédétection combat la sécheresse
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L’AEFEUL vous souhaite une bonne session d’automne!
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L’IFSS 2017 en Afrique du Sud
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L’art de la courtoisie
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Pégeaux: un comité pour les passionnés de l’eau
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La prière de l’épinette noire
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Le comité du Jaseur Boréal, votre journal étudiant Coordonnatrice: Anne Voyer Collaboratrices et collaborateurs : Béatrice Côté, Emma Côté, Nadia Larocque Lemay, Helin Dura, Samuel Jalbert, Marc-Élie Adaimé et Marimay Loubier Graphistes: Helin Dura et Anne Voyer Photo de la page couverture prise par Mathilde Routhier
lejaseurboreal@ffgg.ulaval.ca lejaseurboreal.ffgg.ulaval.ca /lejaseurboreal
Tirage : 90 exemplaires Distribution : pavillons Abitibi-Price et Gene-H.-Kruger
Imprimé sur du papier Rolland Enviro100
La réalisation du journal est rendue possible grâce à la contribution financière du Fonds d’investissement étudiant et de vos associations étudiantes. Merci !
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LE MOT DU COMITÉ Bon début de session à toutes et à tous! C’est avec enthousiasme et fierté que nous vous présentons ce premier numéro du Jaseur Boréal pour la session d’automne 2017. Année après année, notre journal continue de rassembler les voix de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique (FFGG), afin de leur permettre de s’exprimer librement. Sa publication constitue donc, à chaque fois, une belle réalisation. C’est le fruit de tout un travail d’entraide et de collaboration qui se cache derrière ces pages. À cet effet, nous tenons à remercier celles et ceux qui acceptent de prendre la plume. Au cours de l’été, de nombreux étudiants ont troqué leur sac d’école pour un sac de voyage. Dans ce numéro, nous aurons donc droit à quelques récits d’aventures; réflexions sur l’altérité; et même à un dossier spécial sur les études à l’étranger. Comme à l’habitude, nous aurons aussi la chance de lire les réflexions philosophiques, poétiques et scientifiques de nos collègues. Enfin, pour les nostalgiques, notre formidable technicienne, Martine, a pris le temps de nous écrire pour raconter les premiers mois de son périple à travers le Canada. Bonne lecture, Le comité.
Photo prise par Clara Canac-Marquis
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SFI discute du futur forestier à Ottawa Par Helin Dura et Maxime Brousseau, étudiant.e.s en Aménagement et environnement forestiers C’est du 27 au 29 septembre que se tenait le congrès annuel de la Sustainable Forestry Initiative (SFI). Cette année, l’évènement rassemblait plus de 300 participants dans la capitale canadienne afin de parler des enjeux actuels. Nous avons pu être parmi les invités grâce à une bourse octroyée à 21 étudiants représentant les universités nord-américaines. Nous avons également eu la chance de côtoyer des représentants de différentes compagnies forestières telles que Résolu, Louisiana Pacific (LP), J.D. Irving, Sappi, Eacom et bien d’autres encore. Plusieurs porte-paroles d’organismes de conservation étaient également de la partie. Notons entre autres Canards Illimités et Conservation de la nature Canada. Il s’agissait donc d’une opportunité incroyable afin d’en apprendre davantage sur le processus de certification et pour tisser des liens avec les entreprises. Discours fort de l’honorable James Carr Pour le ministre canadien des Ressources naturelles, il semblait évident que la forêt est un secteur d’avenir. Selon Monsieur Carr, l’aménagement forestier devra répondre aux enjeux des changements climatiques afin de maintenir la qualité de vie des canadiennes et canadiens. Le ministre soulignait aussi l’influence positive qui découle des relations collaboratives entre le gouvernement, l’industrie et les peuples des Premières Nations.
Relation de partenariat avec les premières nations Le rôle important des communautés autochtones dans la foresterie nord-américaine a été souligné à maintes reprises autant dans l’aménagement des forêts que dans le développement de ces communautés. JP Gladu, président du Canadian Council for Aboriginal Business, a donné le ton pour la première journée de la conférence en présentant les nombreux progrès des relations entre les communautés autochtones et les entreprises canadiennes. Ses dires étaient appuyés par Monsieur Jeff Zweig, président de TimberWest, une compagnie forestière de la Colombie-Britannique, pour qui les partenariats avec les Premières Nations sont un élément clé à la réussite de l’entreprise qu’il dirige. Faire une gestion participative, tel était le mot d’ordre de la journée. La conférence étant tenu sur un territoire ancestral algonquin, nous avons ainsi eu l’honneur d’assister au discours de bienvenue de madame Claudette Commanda, aînée algonquienne. Relier les jeunes avec la forêt Rafael Salago, directeur général du projet Learning Tree, a fait, à notre avis, l’une des présentations les plus intéressantes. Son organisme assure un soutien aux enseignants afin d’intégrer les notions de l’environnement et du développement durant les heures de classe. Le programme vise à développer une curiosité pour les sciences forestières chez les enfants et de, qui sait, leur donner l’envie de poursuivre une carrière dans le domaine. Sa mission est aussi d’amener les jeunes ori-
Conférence au congrès annuel de la SFI (Source : Maxime Brousseau) -4-
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ginaires des milieux urbains à vivre des expériences en Nous avons abordé certains thèmes qui nous intéresforêt, loin de leur réalité quotidienne. Ainsi, une telle saient davantage, mais la conférence traitait de bien initiative vise à ce que les jeunes s’approprient un peu d’autres sujets tels que la biomasse, la conservation, plus leur territoire et soient sensibles à ce qu’on en fait. l’utilisation du bois dans les structures, etc. C’est donc dire qu’il y en a pour tous les goûts! La prochaine conféLes forestiers et les médias rence annuelle de SFI se tiendra en septembre prochain À la fin de la seconde journée, dans un événement au Colorado. Nous encourageons les étudiants de forestenu en parallèle, la FAO s’attaquait à un enjeu de taille: terie, de génie du bois et d’environnement à soumettre l’image destructrice de la foresterie. Selon Monsieur leur candidature, car le contenu des conférences est Faheem Chaudhry, stratégiste dans une firme londo- étroitement lié à l’ensemble de ces domaines. De plus, nienne, si le monde forestier ne prend pas les rênes pour principalement pour les finissants, c’est une opportunité éduquer en toute transparence la population, il ne faut incroyable afin de rencontrer d’autres étudiants d’unipas s’étonner que quelqu’un d’autre le fasse. Et pas tou- versités canadiennes et américaines, réseauter avec plujours dans la direction qu’on voudrait! Il était rafraîchis- sieurs employeurs et qui sait, se trouver un emploi. sant d’avoir l’opinion d’experts en communication exposant une opinion neutre face à ce qui est dit et perçu par Voir: la population. Il serait intéressant d’avoir des invités de http://www.sfiprogram.org/annual-conference/annualce genre dans nos cours, car la communication est un conference-2017/agenda/sessions/ aspect trop souvent négligé en foresterie.
Réduire le monde à des mots
Par Élise Bouchard, candidate à la maîtrise en biologie végétale (UQAM) Des articles scientifiques et notions d’écologie avancée défilent devant mes yeux depuis quelques semaines. Un ramassis de calculs, de nombres, de mots, et je m’étonne, m’émerveille, devant cette logique, ces principes, ces découvertes!
Il faudra les réutiliser bien assez tôt, mais à défaut que ce langage soit complet et clair, un choix s’impose; celui de combler les lacunes grammaticales par une bonne dose de processus naturels en pleine face. Peut-être alors, avec les sens en éveil et l’esprit autrement sollicité, y comprendrons-nous quelque chose… d’important.
Chronique littéraire en annexe Je ne pouvais pas citer Hubert Reeves sans écrire quelques lignes à propos de ce livre incroyable : Compagnons de voyage. On y fait le procès de la Nature. Elle est accusée de cruauté et indifférence par rapport aux souffrances que son ambition Un nom de chapitre d’un livre d’Hubert Reeves me re- implique et inflige, et d’irresvient en tête : Le langage des choses muettes. ponsabilité quant au devenir de ses propres projets. Des choses muettes, comme la forêt, les écosystèmes, la nature. Peut-être que certaines choses se ressentent plus Plusieurs témoins sont appequ’elles ne s’expliquent? lés à la barre; astrochimiste, biologiste et artiste! Les Lorsque les mots vous envahiront aussi la tête, avec uns la défendent, les autres l’avancement scolaire et l’allongement des rapports, je l’accusent. Gagnera-t-elle sa vous propose une solution pour votre salut: oubliez les cause? Il faudra lire pour le Source: Hubert Reeves mots et... sortez dehors! savoir! Puis, je réalise que toutes ces lettres et ces chiffres décrivent un écosystème forestier, un milieu vivant, interactif et complexe. J’éprouve soudain comme un malaise. Il semble immense le monde qui sépare les pixels de mon écran et la forêt qui nous environne.
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Coeur de bois
Par Emma Côté, étudiante en Aménagement et environnement forestiers Le soleil forme un disque blanc et net derrière les denses volutes de brouillard qui coiffent la canopée. La vaste et flamboyante érablière blottie sous son limbe cintre les courbes voluptueuses de la terre comme le plus seyant des habits, vous accueillant en son sein tel un confessionnal, et se déploie dans la lumière ambiante comme une fiévreuse vision du paradis. Le feu d’octobre et l’épaisse étoffe caligineuse offrent un curieux contraste d’extravagance et de sobriété, de fougue et de pudeur, de véhémence et d’oubli. Quelque part dans le brasier, un pic solitaire perce le silence de son tambourinement véloce, conscient peut-être des milles oreilles discrètes de la communauté sauvage qui se prêtent comme une seule à son écho fantomatique. La voix complice et enjôleuse de la rivière plus bas se réverbère dans l’atmosphère immobile et accompagne la rythmique nonchalante de l’oiseau. Dans le calme onirique, seules daignent se mouvoir les feuilles rubescentes qui pleuvent comme des flammèches vers les eaux murmurantes. Vous connaissez bien ce sentiment, cette impression d’authenticité qui habite les boisés les plus vierges. Vous connaissez l’euphorie de soudainement vous retrouver devant une telle scène, jambes gourdes et cœur vivant, après une longue marche silencieuse. Vous savez vous perdre dans une contemplation quiète, l’esprit loin de tout et enfin si près du Tout : malgré tout ce qu’on en dit, vous préférez le hêtre au paraître. Oui, votre cœur est de bois et votre sève circule mieux au soleil; pour toutes ces raisons votre esprit, échauffé par l’air frais et humide de l’érablière, s’émeut peut-être; et puis, sciemment ou non, vous vous animez de quelque poésie impromptue. Poésie. C’est une bête étrange, certes, mais non féroce : versatile et d’une curiosité vulpine, elle est celle qui nous traduit le récit abscons de la Terre dans le creux du cœur. Fugace, funambule sur le fil de nos pensées, elle ne se montre que si on ne la cherche point, et nous dévore dès qu’on y goûte, pour le meilleur et pour le pire. Elle nous entraîne dans les univers les plus merveilleux, des plus lumineux aux plus noirs, sans jamais s’alentir dans la grisaille de l’habitude; sa beauté est immarcescible, divine mais accessible, moyennant qu’on sache penser avec autre chose que notre tête. Oubliez vers et
sonnets : la poésie, c’est cette énergie tranquille qui lasse les plus inlassables démons. Cette force brute qui nous saisit le cœur à deux mains et le fait battre en harmonie avec le piano et l’oiseau. Cette passion furieuse qui pousse inexorablement nos regards vers les couleurs variables d’un paysage de terre ou d’acrylique. Ce frisson qui nous caresse l’échine lorsque le vent souffle jusque dans nos veines. Et le bagage qu’elle vous laisse vous allège, même après votre retour obligé à la réalité; car en effet, le ciel blanc se fardant maintenant d’or et d’anthracite, vous réalisez que vous ne pouvez pas rester. Vous devez partir, abandonner cette thébaïde de feu, retourner vers l’univers un peu gris d’où vous venez sans échapper cette paix fragile en chemin. En repoussant jusqu’aux limites du possible le moment où vous oublierez qu’elle existe toujours, quelque part entre deux tours d’horloge impatients. J’ai toutefois confiance que vous ne la laisserez pas vous échapper bien longtemps. Votre soif de liberté vous en empêchera, et en dépit de la pression, son souvenir nostalgique continuera de danser comme une flamme grêle mais inextinguible. On vous apercevra bientôt entre des branches nouvelles, désireux de retrouver ce petit morceau de bonheur, si poussiéreux soit-il, dans ce recoin trop souvent snobé de l’âme humaine. L’ailleurs appelle les cœurs de bois. Vous avez soif de ses enseignements, vous le savez; ne laissez jamais le poids du devoir vous le faire oublier. Ne vous lassez pas d’être poètes.
Source: http://awesomwallpaper.com/img1/C3A31D065237/ nature-landscapes-hills-fog-mist-haze-trees-forest-color-autumnfall.jpg
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Emploi au service de l’environnement
Par Marie-Christine Laurin, étudiante en Environnements naturels et aménagés Je débute ma quatrième session au baccalauréat en environnements naturels et aménagés. Même si j’adore ce programme, je cherche toujours un peu ma réponse lorsque les gens me demandent ce que je peux et ce que je veux faire à la fin de mon baccalauréat. Même si les possibilités de réponses sont grandes et les possibilités d’emploi nombreuses, il est toujours pertinent d’avoir des exemples concrets. Voici donc le but de mon article.
déterminer quel arbre traiter et lequel abattre, en plus de gérer la replantation et les sites de plantation en sousétage, c’est-à-dire de planter des arbres là où les frênes vont éventuellement être abattus. Comme mentionné précédemment, ce dossier était principalement géré par le service de l’environnement, il impliquait d’autres départements, soit le service des communications pour répandre l’information aux citoyens et gérer le site internet, le service d’approvisionnement pour les devis et les appels d’offres et finalement le service des travaux publics pour la replantation des arbres.
Pendant l’été 2016 et 2017, j’ai eu la chance de travailler au poste d’étudiante en environnement au Service de l’environnement de la Ville de Saint-Eustache. N’ayant jamais travaillé pour une ville avant, je ne me doutais pas à quel point l’organisation d’une ville serait complexe et à quel point mes tâches allaient être diversifiées.
Une autre grosse partie de mon travail lors de ces deux contrats était d’aider le service de l’urbanisme dans le dossier d’abattage d’arbre privé. En prime, je pouvais utiliser leur voiture électrique climatisée (le gros luxe) de temps en temps. J’avoue que c’est une partie de mon travail que j’ai beaucoup aimé, à la fois parce que j’étais sur le terrain, mais surtout parce que j’étais en contact avec les citoyens. Ce que j’aimais particulièrement, c’était de conseiller le citoyen dans l’achat et la plantation d’un nouvel arbre, mais aussi d’en dissuader quelques-uns de couper leur arbre sain (merci au cours de foresterie urbaine, que je conseille fortement à tout le monde).
Dans le cadre de mon travail, j’ai été amenée à travailler avec beaucoup d’employés de la Ville, et ce, dans plusieurs services différents. Chaque service et chaque personne est important pour le bon fonctionnement de la Ville, et un dossier implique souvent plusieurs départements. De ce fait, j’ai travaillé avec des collègues au service de l’urbanisme, du service des eaux, de l’approvisionnement, du génie, des communications et des travaux publics. En plus, j’ai eu des rencontres parci et par-là avec les élus municipaux, des comités et j’ai même rencontré le maire quelques fois. Saint-Eustache étant une relativement petite ville (45 000 habitants), nous avons la chance d’avoir plus de proximité avec nos collègues des autres services, de travailler souvent avec eux et de ne pas ressentir la hiérarchisation, autant du côté des employés que du côté politique.
Cependant, la gestion de ce dossier n’était pas de tout repos, et j’ai tout de même eu quelques cas problématiques. En effet, il fallait porter une attention particulière aux arbres situés en bande de protection riveraine, en zone de mouvement de sol ou les arbres ayant un DHP > 76 cm puisque ceux-ci sont davantage contrôlés par la réglementation municipale. Les citoyens n’étaient pas toujours heureux de se faire dire qu’ils ne pouvaient abattre leur arbre que sous certaines conditions. Et la phrase culte des citoyens en détresse : J’ai l’doué. J’suis chez nous pis j’paye mes taxes. «Non M. Tremblay, il La majeure partie de mon temps, lors de ces deux man- faut quand même vous soumettre à la réglementation.» dats, a été consacrée au dossier de l’agrile du frêne. Pô facile! Ayant constaté la présence de celle-ci depuis quelques années, un budget a été débloqué pour ce dossier. Lors Finalement, j’ai eu d’autres tâches et d’autres mini dosde mon premier mandat à l’été 2016, ma collègue et moi siers à m’occuper durant l’été. Le premier étant de faire avons dû localiser tous les frênes publics sur le territoire les inspections lors des demandes de pesticides par les de la Ville dans le but de mettre en place un programme citoyens. Nous allions vérifier si la demande était fondée contre l’agrile du frêne (d’où l’importance d’avoir un in- et si le citoyen avait essayé des méthodes plus naturelles. ventaire de la forêt urbaine). Au final, c’est une base de Je crois que nous avons délivré moins de 5 permis cet données de plus de 1 000 frênes publics à gérer, autant à été, beau travail ! Une autre tâche a été d’aider ma supél’été 2016 que 2017. La gestion du dossier demandait de rieure avec l’implantation du bac brun à la ville. J’ai aussi Vol. 7 n°1
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tenu des kiosques d’information dans quelques évènements de la Ville. Finalement, j’ai été amenée à présenter des topos sur des journées citoyennes, de l’avancement de certains dossiers et de parler de l’importance d’un inventaire de la forêt urbaine au comité de l’environnement de la ville, en plus d’assister à différents points de presse et conférence de presse, notamment celle du COBAMIL pour le grand nettoyage de la rivière du Chêne (vous irez voir ça: 12 tonnes de déchets sorties de la rivière en 14 jours de nettoyage. Un autre beau projet !). En bref, je crois que travailler dans une ville représente un beau défi. En effet, c’est un milieu qui est très politique et il est parfois difficile de faire avancer des dossiers et de vouloir changer les choses en environnement. Aussi, il faut plaire à tout le monde, autant au citoyen qu’aux directeurs de la Ville et je trouve que c’est une tâche difficile à accomplir. Le truc, c’est de croire en son projet, de le connaître de A à Z et d’être en confiance lorsqu’on le présente. Ça m’a permis d’acquérir plusieurs connaissances sur des sujets très diversifiés, de l’agrile du frêne au bac brun, en passant par les pesticides. Je
crois que c’est un bon travail pour ceux et celles qui sont curieux d’en apprendre plus sur différentes problématiques environnementales, qui aiment la gestion de dossiers et la résolution de problèmes et qui aiment juste un peu le service à la clientèle. Parce que c’est toujours gratifiant lorsqu’on nous dit: «Vous offrez un vraiment bon service à la Ville.» Merci, merci.
Équipe de travail de la ville de St-Eustache, été 2017 (Source: Marie-Christine Laurin)
Igloolik
Par Marc-Élie Adaimé, candidat à la maîtrise en géographie Arrivé à Igloolik, Nunavut, en août (je ne me souviens plus de la journée exacte). Le paysage était plutôt intéressant, à première vue. Complètement désert, sans végétation, mais fascinant tout de même. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi on apprécie les arbres. C’est gros et encombrant, à part pour les bonsaïs vu qu’ils sont un peu plus petits, donc pas trop mal je crois, mais je vais éviter d’en parler, c’est un autre sujet. Les jours qui ont suivi devenaient de plus en plus intéressants, probablement parce que j’ai pu me mêler rapidement aux habitants du village. Les enfants ne dorment pas là-bas. L’un d’entre eux (âgé de onze ans, je crois) m’a même dit qu’ils rentraient souvent chez eux à quatre heure du matin, même la veille d’une journée scolaire. Je ne sais pas s’ils ont le temps de se reposer plus tard durant la journée, mais quoi qu’il en soit, ça présente ses avantages, j’imagine. Est-ce qu’ils ressentiraient les effets anéantissants du décalage horaire s’ils voyageaient pour l’outre-mer par exemple? Je pense qu’il faut toujours voir le bon côté des choses. Autre fait (que j’avais déjà constaté au Nunavik, l’an
dernier) : Les jeunes qui se regroupaient autour de moi pour me poser des questions régulières (mon prénom, mon âge, mes origines, ce que je faisais là-bas, si j’étais intéressé par l’achat d’un couteau de 14 cm fait à la main, etc.) semblaient toujours fascinés par ce que j’avais à dire, même s’il n’y avait rien de fascinant là-dedans. Ils posaient même des questions « aléatoires » et saugrenues des fois. L’un d’entre eux m’a demandé si je me souvenais du gâteau d’anniversaire de mes deux ans. C’est drôle parce que je pense que mes parents ne se souviennent même pas de moi à cet âge-là (et je pense que j’ai toujours détesté les gâteaux lorsque j’étais plus jeune). Bref, pour revenir au sujet, aussitôt qu’ils croisent un « étranger », ils sont fascinés et à l’écoute totale, ce que je trouve admirable quand même. Ils rient beaucoup aussi et ont des tas d’histoires intéressantes à raconter. Des histoires uniques au Grand Nord, à l’Arctique, aux ours blancs, aux baleines, aux aurores boréales et j’en passe. J’admire aussi leur simplicité. Les jeunes s’amusent avec un rien. Un vélo seul suffit pour les occuper et les rendre plus qu’heureux toute la journée. Je crois qu’il y a une leçon à en tirer vu que le monde devient de plus en plus dépendant de toutes sortes d’inventions inutiles. D’ail-
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leurs, je me demandais l’autre jour qui s’était levé un ma- mais je me demande quand même si l’expérience serait tin et dit : « Aujourd’hui, je vais inventer le Frisbee » ? la même avec des arbres. Ces quelques semaines étaient formidables (même si je n’en ai pas beaucoup parlé. Normal, dernière minute)
Source: Marc-Élie Adaimé
Henry David Thoreau, le marcheur de Concord Par Samuel Jalbert, étudiant en Aménagement et environnement forestiers Henry David Thoreau (1817-1862) est un philosophe et poète américain souvent considéré comme l’un des précurseurs des mouvements écologistes et de la simplicité volontaire. Dans Walden, son œuvre maitresse, il nous présente l’expérience qu’il a réalisé sur le bord de l’étang du même nom, près de Concord au Massachusetts, où il a construit une cabane en bois de ses propres mains pour y mener, pendant un peu plus de deux ans, une vie de simplicité et de contemplation.
Nature et culture Thoreau est un grand amoureux de la nature et pratique de manière quotidienne une forme de contemplation mystique. Il passe de nombreuses heures à marcher en forêt, sans destination précise, en analysant le comportement des animaux, en prenant des notes sur
«Je gagnai les bois parce que je voulais vivre suivant mûre réflexion, n’affronter que les actes essentiels de la vie, et voir si je ne pourrais apprendre ce qu’elle avait à enseigner, non pas, quand je viendrais à mourir, découvrir que je n’avais pas vécu.» Dès les premiers chapitres, Thoreau jette les bases de sa pensée. Il nous invite à laisser de côté le superflu pour accorder toute notre attention à ce qu’il considère essentiel : l’autosuffisance alimentaire, l’étude de la nature et la sculpture de soi. Pour lui, l’émancipation de l’individu est fondamentale, à la fois pour l’individu en soi et pour le bien commun. Cette émancipation ne peut s’opérer que dans une certaine forme de retrait par rapHenry David Thoreau (Source: Wikipédia) port à la société, qui elle est source de conditionnement et de confusion. Vol. 7 n°1
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les caractéristiques des plantes et en méditant sur différents sujets scientifiques et métaphysiques. La beauté et la complexité de la nature sont pour lui révélatrices des grands principes moraux de la vie humaine. Dans ce contexte, on aurait tendance à le considérer comme un protecteur unilatéral de la nature, mais il y a dans sa pensée une nuance très importante à comprendre à ce niveau. La langue anglaise offre deux mots pour parler du sauvage. Tandis que «wilderness» renvoie à une étendue sauvage qui serait intacte, c’est-à-dire sans modification anthropique, l’idée de «wildness» renvoie plutôt à l’expérience intérieure du sauvage. Cette différence est fondamentale dans la pensée de Thoreau, mais souvent mal comprise. Il n’est pas le penseur d’une philosophie de la protection d’une nature inaltérée par l’homme, car il ne croit pas en l’existence d’une telle nature. C’est d’ailleurs une idée qu’il enseigne à ses élèves après une descente de la rivière Concord, en déterrant devant leurs yeux une pierre calcinée, preuve de la présence d’une tribu d’autochtones Wampanoag, bien longtemps avant la venue des européens en Amérique. C’est en ce sens que l’idée d’étendue sauvage intouchée est déconstruite, car la nature est indissociable de la culture des peuples plus anciens, et donc de la culture au sens large.
Désobéissance civile Thoreau est aussi un révolutionnaire. Il a notamment aidé des esclaves à se cacher ou à fuir vers le Canada, à une époque où le Massachusetts était un état esclavagiste. Pour lui, l’esclavage est le principal problème politique de son époque. Il a aussi refusé de payer une partie de ses impôts à l’État, c’est-à-dire la proportion qu’il considérait servir au soutien des politiques de l’esclavage. Cette désobéissance lui a valu de passer une nuit en prison après quelques années de défaut de paiement. Il justifia ainsi cette décision dans le discours qu’il prononça le 16 janvier 1848 au Lyceum de Concord (Cette conférence s’intitulait « La relation entre l’individu et l’État » et on l’édite aujourd’hui sous le titre de « La désobéissance civile ») : « Sous un gouvernement qui emprisonne quiconque injustement, la véritable place d’un homme juste est aussi en prison. » Attention toutefois à ne pas lire ici l’expression d’un anarchisme immédiat. Thoreau croit en la possibilité d’un gouvernement juste, mais à condition que celuici gouverne le moins possible. L’absence totale de lois n’est pas souhaitable à ses yeux, ou du moins, n’est pas envisageable de manière pragmatique dans le contexte politique dans lequel il vit.
Quoi qu’il lui soit déjà arrivé de défendre l’utilisation d’une certaine violence dans un contexte bien précis, il n’utilise pas la violence et n’en fait pas la promotion. Il « Il est vain de rêver un état sauvage loin de nous. Il n’y a d’ailleurs inspiré d’autres penseurs et activistes pacien a pas. C’est le marécage qui est en nous, dans notre fiques qui lui ont succédé, comme Martin Luther King cerveau, dans nos entrailles ; vigueur de la Nature, qui et Ghandi. nous inspire ce rêve. Jamais je ne trouverai dans le Labrador sauvage plus grande sauvagerie qu’au cœur de Solitude et isolement Concord, c’est-à-dire celle que j’y mets moi-même. » Thoreau présente aussi une vision des relations humaines dans laquelle solitude ne signifie pas isolement. L’auteur de Walden nous invite ici, tel un Diogène1 des Il accorde une importance capitale à l’amitié, l’entraide temps modernes, à l’ensauvagement de soi. Il ne pro- et même à l’implication sociale. L’erreur la plus compose pas de voyager vers les contrées les plus lointaines mune à son sujet est de prétendre qu’il s’est retiré dans pour accéder à un contact avec une nature prétendu- les bois par un rejet de la société. Pourquoi un homme ment sauvage et extérieure à soi. Il s’agit plutôt de faire isolé viendrait-t-il prononcer des conférences sur la l’expérience intérieure de notre propre nature sauvage, place publique, ce qu’il a fait à plus de 70 reprises dans et de s’approprier cette nature en tant que force libéra- sa vie? On apprend aussi, dans la biographie qu’en a fait trice. Thoreau est donc un anticonformiste qui prône Thierry Gillyboeuf, que pendant son expérience de rela pensée libre comme seule voie possible vers l’éman- trait, il venait presque quotidiennement rendre visite à cipation. sa famille et ses amis, car Walden se situe à seulement quelques kilomètres de Concord. Cette expérience se déroule donc à la marge entre la ville et la forêt, et non en pleine nature. 1 Diogène le Cynique, IVe siècle avant Jésus-Christ - 10 -
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Sa pensée a sur ce point (et sur plusieurs autres) une certaine similitude avec celle d’Épicure, qui, ayant fondé la communauté du Jardin, occupait ses journées à jar diner, philosopher et partager des plaisirs « sobres » avec ses amis. Cette idée du retrait dans la marge de la société revient souvent chez les philosophes, et elle est caractéristique d’une volonté de porter un regard lucide sur soi et sur son époque.
breuses autres valeurs avec les gens que l’on rencontre au sein de notre faculté. C’est pourquoi il est, à mes yeux, notre pionnier à toutes et à tous, forestières et forestiers d’aujourd’hui et de demain. J’espère vous avoir donné envie de le lire!
Simplicité volontaire Le cœur de sa pensée réside selon moi dans sa volonté de « réduire la vie à sa plus simple expression. » À une époque où l’appât du gain et l’accumulation des possessions matérielles prennent le pas sur les considérations spirituelles, cette idée acquiert une pertinence singulière à mes yeux. « J’avais trois morceaux de pierre calcaire sur mon bureau, mais je fus épouvanté de m’apercevoir qu’ils demandaient à être époussetés chaque jour, alors que le mobilier de mon esprit était encore tout non épousseté. Écœuré, je les jetai par la fenêtre. » Comme cet extrait de Walden le montre, c’est par un souci de rigueur face à la complexité et la subtilité de la vie de l’esprit qu’il se positionne en faveur d’un mode de vie simple, c’est-à-dire une vie qui laisse le plus d’espace possible à la réflexion philosophique et spirituelle. Car après avoir assuré nos besoins fondamentaux de nourriture, d’eau et de sécurité, qu’est-ce qui importe vraiment? Se pourrait-il que ce soit de donner, ou de trouver, (selon qu’on soit existentialiste ou croyant) un sens à notre vie? Quant à lui, le marcheur de Concord croit que la vie a un sens, et qu’il est possible de découvrir ce sens caché à force de déchiffrer les mystères de la nature. Évidemment, la simplicité volontaire n’est pas chose facile. Il est confortable de posséder une belle grande maison, mais cela implique aussi, pour la majorité d’entre nous, d’être possédé par une belle grosse hypothèque. C’est ce que semblent avoir compris plusieurs personnes qui se lancent désormais dans la vague des mini-maisons. Voilà un beau mouvement inspiré de la simplicité volontaire! Reste à voir si ce mouvement sera lui aussi infecté par le consumérisme!
Une réplique de la cabane de Thoreau sur le bord de l’étang de Walden (Source: Samuel Jalbert)
Références Adèle Van Reeth. Les chemins de la philosophie, épisodes du 24 au 27 avril et du 22 mai 2017. France Culture. Catherine Larrère et Raphaël Larrère. 2015. Penser et agir avec la nature, une enquête philosophique. Éditions la découverte. Thierry Gillyboeuf. 2012. Henry David Thoreau le célibataire de la nature. Éditions Fayard. Thoreau. 2014. Walden ou la vie dans les bois. Éditions Gallimard. Thoreau. 2012. La désobéissance civile. Éditions TYPO
Conclusion Thoreau est l’un des premiers penseurs, sinon le pre- samuel.jalbert.1@ulaval.ca mier, à avoir souligné la nécessité d’une science forestière qui s’inspire de la nature. Il partage aussi de nomVol. 7 n°1
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Le point sur nos poubelles
Par Béatrice Côté, étudiante en Environnements naturels et aménagés et membre du comité étudiant Éco-logos 42 500. C’est l’équivalent du nombre d’étudiants et d’employés à temps plein à l’Université Laval pour la période 2016-2017. Chaque année, ce sont environ 1 000 personnes qui se rajoutent à ce chiffre. Ça fait du monde à éduquer, vous me direz. Eh bien oui, et la sensibilisation au tri des déchets ne fait pas exception.
Règle n°1 : S’INFORMER Ça tombe bien, en poursuivant votre lecture, c’est ce que vous ferez!
Le 28 septembre dernier, le comité étudiant Éco-logos s’est donné pour mission d’informer un peu plus les étudiants présents à la cafétéria du Abitibi-Price sur cette problématique qu’est parfois le tri des déchets. Parce qu’on va se le dire, mettre nos déchets dans les bons bacs à l’Université, c’est pas mal mélangeant. Même pour moi, étudiante en environnement qui m’informe sur le sujet et qui idolâtre des gens comme vous et moi qui adhèrent au mouvement Zéro Déchet. J’avoue avoir de la difficulté à discerner si un emballage de sachet de thé est recyclable ou s’il doit prendre la direction de la poubelle. Alors, comment faire pour mieux trier nos matières résiduelles? ACCEPTÉ Matières recyclables - Canettes, boîtes de vides conserve - Berlingots de lait, boîtes de jus - Contenants de plastique avec le code 1, 2, 4 ou 5
Règle n°2 : L’APPLIQUER
Matières compostables
- Essuie-tout - Sachets de thé - Assiettes en carton et boîtes de pizza souillées - Bâtonnets de bois - Viandes et poissons
Tout d’abord, il faut savoir qu’à l’Université Laval, les îlots de tri présentent quatre bacs : contenants recyclables vides, matières compostables, papiers/cartons et déchets. Donc, qu’est-ce qui va dans quoi? Le tableau suivant présente ce qui est accepté ou refusé dans les différents bacs ainsi que des explications pour vous éclairer.
Maintenant que vous êtes rendus experts en la matière, il s’agit de prendre maximum trois secondes avant de jeter quelque chose pour vous demander : cet item s’en va-t-il dans le bon bac? Si vous êtes toujours incertain de votre choix, le mieux est de le jeter à la poubelle. En faisant cela, vous évitez de contaminer possiblement un bac qui ne l’aurait pas été sans votre geste. Rappelez-vous que l’objectif du tri des matières résiduelles n’est pas d’augmenter la récupération, mais plutôt de diminuer les déchets. On n’a qu’à penser à la règle REFUSÉ Notes - Sacs de plastique - Il n’est pas nécessaire - Styromousse de rincer vos contenants, - Objets cassés mais on demande de les vider de toute nourriture ou liquide puisqu’ils sont triés à la main. - Séparez les bouchons des bouteilles et les pailles (qui vont à la poubelle) des boîtes de jus. - Verres à café - Même s’il est inscrit - Plastique (incluant les « compostable » sur les oxo- et biodégradables) verres à café, ces derniers - Ustensiles biodégrane sont PLUS composdables tables à l’UL. Trop de - Tissu verres venaient de l’extérieur du campus et contenaient une pellicule de plastique, triés à tort dans le compost.
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Papier et carton
- Papier carbone (factures et reçus) - Journaux - Livres - Enveloppes - Papier imprimé rectoverso - Carton - Verres à café - Sacs - Styromousse - Plastiques sans code ou avec code 3, 6 ou 7 - Pellicule plastique de type Saran Wrap - Mouchoirs, papier d’aluminium et parchemin**
Déchets
- Plastique - Papier ciré - Mouchoirs et essuie-tout - Carton souillé
- Les déchets sont acheminés à l’incinérateur de Québec et leurs cendres vont ensuite à l’enfouissement. - ** Je n’ai malheureusement pas encore eu de confirmation à savoir si ces items vont dans le compost ou au recyclage. À suivre! des 3R (je sais, ça vous ramène des souvenirs de l’école si.ulaval.ca ou par téléphone au 418-656-2131 poste primaire, mais sachez que ça s’applique encore plus au- 7603 jourd’hui) : Réduire, Réutiliser et Recycler. Pensons à diminuer notre consommation de contenants en plas- Épiceries en vrac à Québec : tique jetables ou de Saran Wrap lorsque vient le temps de faire nos lunchs ou de s’en acheter un; privilégions - Le Crac, 690 rue St-Jean (Haute-Ville) les contenants réutilisables, ou du moins ceux qui se - Gourmandises Louca, 778 rue St-Jean (Haute-Ville) recyclent. À l’épicerie, dites-vous que ce n’est pas néces- - Fruiterie 440, 385 rue Soumande (Vanier) saire d’emballer vos fruits et légumes avant de passer - Bulk Barn, 365 rue Soumande (Vanier) à la caisse : de toute façon, vous les lavez avant de les - La Récolte, 885 3e Avenue (Limoilou) manger! Les épiceries en vrac sont de plus en plus acces- - Alimentex, 1188 1e Avenue (Limoilou) sibles dans la région de Québec, d’autant plus qu’en ce - Accomodation Bio, 1298 2e Avenue (Limoilou) moment, les marchés publics regorgent d’aliments savoureux. Allez donc y faire un tour: vous encouragerez Marchés : nos producteurs locaux tout en diminuant votre impact environnemental. Pis qu’on se le dise, entre des fraises - Marché local UL, entre les pavillons Charles-De d’automne du Québec ou des fraises de la Californie, me Koninck et Jean-Charles-Bonenfant (les mardis entre semble que le choix n’est pas très difficile à faire. 11h30 et 14h, jusqu’au 24 octobre) - Marché public de Ste-Foy, 920 avenue Roland Beaudin Pour en savoir plus… (tous les jours de 8h-18h, jusqu’au 12 novembre) - Marché du Vieux-Port, 160 Quai Saint-André (en seTri des matières résiduelles sur le campus : maine de 9h-18h, la fin de semaine de 9h-17h, ouvert à l’année) - Récupération des matières résiduelles sur le campus https://www.ulaval.ca/developpement-durable/axesdintervention/infrastructures-durables/matieres-residuelles.html - Des doutes ou des questions? Contactez Mme Guylaine Bernard, coordonnatrice d’opérations, Environnement et développement durable: Guylaine.Bernard@ Vol. 7 n°1
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- Piles (rapportez-les à la Coop Zone du MauricePollack)
Depuis un peu plus d’un an, toutes les factures et reçus sont acceptés dans le bac des papiers. L’usine dans laquelle ils sont acheminés valorisent les boues de désencrage.
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Dossier: Les études à l’étranger Histoires d’aventuriers forestiers partis à la conquête du monde Par Émilie St-Jean (É.S.); Vicky Tremblay (V.T.); Nicolas Legault (N.L.); Jérémy Martel (J.M.); Benoît Laberge (B.L.) et Nancy Gélinas (N.G.) Quels sont les avantages d’un échange au niveau académique et professionnel? B.L. Une fois diplômé et enfin sur le marché du travail, on se retrouve souvent dans une situation où se libérer quelques mois pour partir à l’aventure à travers le monde devient difficile. En plus des multiples avantages académiques et professionnels qu’apportent un échange en cours de programme, il permet de voyager tout en étant financé et bien encadré.
interculturelles, tant personnelles que professionnelles, dans un contexte de pays en émergence ou une communauté autochtone. Les stages ont lieu à la session d’été.
N.G. Pour ceux et celles qui voudraient vivre une expérience différente, il y a également la possibilité de réaliser un stage en milieu de travail à l’étranger, via FOR 3600 - Projet de stage international, un cours de six crédits. Ce dernier permet de développer de nouvelles aptitudes liées au professionnalisme, à la communication et à la collaboration, de même que d’acquérir des compétences
Est-ce que ça coûte cher ? É.S. En Allemagne, le coût de la vie était pareil ou même moins cher qu’à Québec. L’Université de Göttingen demande 300 € de frais supplémentaires par session, mais cela inclut la passe de bus et de trains régionaux (dans l’une des plus grandes provinces du pays) et des concerts et pièces de théâtre gratuits. Il est donc possible
Source: Nicolas Legault
Qui peut recevoir les bourses de 2000$ ou 3000$ du Bureau International ? B.L. Le financement est offert à un étudiant qui satisfait tous les critères d’admissibilité du type de séjour qu’il a choisi. Le montant de l’aide financière dépend également du type de séjour. La section “Étudiants UL J.M. De mon côté, l’avantage était au niveau du perfec- - Séjours d’études à l’étranger” du site Web du Bureau tionnement de l’anglais. Pouvoir (et devoir) pratiquer international de l’UL contient tous les détails pertinents à l’oral avec des gens expérimentés m’a permis d’aug- pour chacun des séjours (www.ulaval.ca/international). menter ma fluidité et mon vocabulaire. Par contre, il est aussi évident que d’étudier la foresterie en Suède, un N.G. Pour les stages à l’étranger, le BI offre également pays avec des compétences en foresterie développées au des bourses allant de 1250$ à 2000$, tout dépendant de fil des siècles, était très intéressant pour m’ouvrir l’esprit l’entente qui existe entre la FFGG et l’organisme d’acsur les pratiques et enjeux forestiers scandinaves. cueil local.
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de voyager “gratuitement” dans de belles villes et égale- seule session permet de voir la culture locale, mais pas ment avoir accès à leurs aéroport et gare facilement. de bien l’appréhender. N.L En Suède, la vie coûte un peu plus cher qu’au Québec, mais la bourse compense largement cette différence de coût. Donc, un étudiant qui ne voyage pas trop, une fois rendu en Suède, et qui conserve le même niveau de vie qu’au Québec, finit sa session avec le même montant dans son compte de banque que s’il était resté étudier ici. L’alcool est à peu près au même prix. La viande coûte plus cher en Suède, mais le fromage est plus abordable. Le loyer des résidences est très variable d’une chambre à l’autre et peut être très élevé. Cependant, vous pouvez préciser, dans votre demande, que vous désirez une chambre qui soit moins cher.
Est-ce difficile les cours et les travaux en anglais ? V.T. Nah! En Tchéquie, le niveau des professeurs et des autres étudiants étrangers en anglais n’est pas si élevé. Les travaux sont réalisables dans cette langue et Google translate peut être d’une grande aide si vous pensez avoir plus de difficultés ;).
J.M. Pas du tout ! En Suède, l’anglais était la langue seconde de tous. Tout le monde est donc très compréhensif et ouvert d’esprit. Il ne faut vraiment pas que la langue anglaise soit un désavantage que vous considérez avant de prendre votre décision pour un échange. Au contraire, c’est une occasion parfaite d’apprendre et de V.T. Non, je me payais du gros luxe comme du fro- s’améliorer. mage, de la bière et du lait - même pas besoin de faire les poubelles. Les transports en Tchéquie sont très peu dispendieux, tout comme le dortoir à 120 euros le mois, l’épicerie et les activités, comme le zoo. Je croyais avoir le budget pour une seule session, mais je suis finalement restée un an au complet. Rock n roll ! Partir un an ou partir une session ? É.S. Un an, si possible ! C’est l’occasion d’en apprendre beaucoup plus, de se forger de meilleures amitiés, d’en profiter davantage pour le même effort et de voyager entre ses deux sessions à moindre coût. N.L. Une session ça passe très vite, mais je ne crois pas que l’échange en Suède s’offre pour un an complet. Si vous avez la possibilité de rester pour un stage durant l’été, dans le sud de la Suède, faites-le ! Source: Jérémy Martel B.L. Bien que la presque totalité des étudiants qui participent à un échange le font pour une seule session, la porte est ouverte afin d’y participer deux sessions. Le défi devient alors de trouver des équivalences possibles afin de combler un minimum de 12 crédits par session d’échange. L’exercice n’est pas impossible mais demande une plus grande préparation avec sa direction de programme et dépend du contenu de chacun des programmes.
Combien de temps doit-on prévoir pour s’inscrire et faire les démarches nécessaires ? É.S. J’ai commencé à modifier légèrement mon parcours à partir de la troisième session et plus sérieusement à la quatrième. Par contre, j’aurais préféré avoir regardé encore un peu plus tôt la liste des cours offerts là-bas pour y trouver plus de cours obligatoires. Se préparer d’avance signifie aussi commencer plus tôt la recherche de bourses supplémentaires, car elles existent !
J.M. De mon côté, je suis parti une session seulement, je crois que c’était suffisant pour créer un bon réseau social et rencontrer des amis incroyables avec qui je parle encore fréquemment. Toutefois, j’aurais aimé partir un an et prendre plus de temps pour voyager. À mon avis, une
B.L. Le plus tôt sera le mieux ! La première étape est de s’engager à faire un échange, car il y aura des répercussions sur le cheminement. Il faut ensuite choisir sa destination et planifier un choix de cours et sa préparation linguistique. De façon générale, pour un programme de
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trois ou quatre ans, si la décision est prise à la fin de la première année d’études, tout se passe bien. Si vous changez d’idée en cours de route, pas de problème; on révise le cheminement. V.T Pour aller étudier en Tchéquie, j’ai choisi mes cours dans mon cheminement à Québec assez tôt. Sur place, j’ai changé mon horaire à plusieurs reprises parce que la liste de cours fournie n’était pas exacte. Donc, à mon avis, pour l’University of Life Sciences of Prague, le choix de cours peut être effectué sur place, no stress. J.M. J’ai pris la décision de partir au premier hiver pour
partir au deuxième automne. C’était complexe au niveau du cheminement, mais Benoit Laberge est une très bonne référence et il fera tout pour vous aider. J’ai dû changer de cours à la dernière minute parce que l’université d’accueil demandait des préalables que je n’avais pas. J’ai fini avec un cours de génétique des animaux d’élevage de doctorat, ce que j’ai détesté au début en raison de la charge de travail incroyable de ce cours. Toutefois, j’ai fini par aimer le cours au point de faire un stage de recherche en génétique des conifères au CFL l’été suivant ma session à l’étranger et possiblement changer mes plans de carrière.
Étudiant: Nicolas Legault (N.L.) Destination: Alnarp, Suède Calendrier scolaire pour la session d’hiver: 17 janvier au 2 juin Programme: Euroforester, master in forestry Cours inscrit: - National and International forest policy; - Broadleaves: Forest dynamic, biodiversity and management for multiple goals. Points forts: - Voyages dans les pays baltes ainsi qu’en Pologne inclus avec les cours; - Enseignement d’extrêmement bonne qualité; - «National and International forest policy» est mon meilleur cours à vie; - «Broadleaves» est un cours très aéré, qui permet de finir la session en beauté et de voyager. Points faibles: - Il faut débourser (environ 400$/voyage) pour les voyages inclus dans les cours; - Ce sont deux cours de 10 semaines chacun qui se suivent, donc la session est plus longue de 5 semaines.
Étudiante: Émilie St-Jean (É.S.) Destination: Göttingen, Allemagne Calendrier scolaire pour la session d’automne: octobre à février Calendrier scolaire pour la session d’hiver: avril à juillet
Cours inscrit: - Allemand de base; - Économie et politique en foresterie internationale (obligatoire); - Sylviculture et écologie en forêt tropicale; - Excursion en botanique et biogéographie aux Îles Canaries; - Projet d’inventaire en forêt feuillue; - Planification et évaluation de projets (obligatoire); - Foresterie en zones arides et méthode en sylviculture; - Foresterie en Allemagne. Points forts: - L’accueil de la faculté; - 16 -
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- Le «sentiment de famille» avec une cohorte d’étudiants du monde entier; - L’occasion unique d’aller aux Îles Canaries avec de l’aide financière; - Des professeurs très compétents. Points faibles: - Le calendrier scolaire; - Certains cours sont davantage pour faire un pont avec les non-forestiers; - 300 euros de frais supplémentaires par session; - Température grise, très souvent.
Étudiante: Vicky Tremblay (V.T.) Destination: Prague, République-Tchèque Calendrier scolaire pour la session d’automne: octobre à décembre Calendrier scolaire pour la session d’hiver: février à mai Cours inscrit: - Special forest plantation; - Tree physiology; - Psychology and work behavior; - Landscape planning; Points forts: - Coût de la vie; - Proximité et accessibilité à de belles destinations; - Ambiance sur le campus; - Beaucoup de sorties terrain; Points faibles: - Lourdeur du système administratif; - Température assez grise; - Niveau d’anglais des professeurs et des employés de soutien de l’université;
- Urban forestry; - Forest protection; - Conservation biology; - Ecosystem conservation and management; - Forest Harvesting. - Professeurs facile d’accès et flexibles pour les horaires; - Transport en commun très efficace; - Zoo de Prague incroyable et abordable. - Culture culinaire très très carnivore; - Les tchèques sont assez froids, mais beaucoup plus affectueux et accessibles après quelques schnaps; - Démarches laborieuses pour l’obtention du visa: prenez-vous d’avance!
Étudiant: Jérémy Martel (J.M.) Destination: Uppsala, Suède Calendrier scolaire pour la session d’automne: 25 août 2016 au 13 janvier 2017 Cours inscrit: - Genome Analysis; - Ecology & Management of Diseases and Pests of Forest Trees Points forts: - Très bon niveau d’anglais des étudiants et enseignants; - Bonne qualité de l’enseignement; - Session tranquille, avec beaucoup de temps libre;
- J’étais le seul étudiant du cours d’écologie et gestion des insectes et maladies en forêt, ce qui fait que j’avais un enseignement pratiquement privé et je pouvais gérer mon horaire avec le professeur sans problèmes; - Uppsala est une ville étudiante incroyable.
Points faibles: - Pas beaucoup de congés scolaires; - Coût de l’hébergement élevé; - Coût élevé de la viande;
- Charge de travail importante du cours génomique; - Le fait que j’étais le seul étudiant du cours d’écologie faisait que je ne pouvais pas manquer de cours (pour voyager) ou faire les choses à moitié.
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«Roadtrip» au Canada
Par Martine Lapointe, technicienne experte Si vous me cherchez encore quelque part dans le pavillon depuis la rentrée, vous ne me trouverez pas! Depuis 3 mois, je fais un « road trip » au Canada et aux États-Unis.
terie. Nous avons vu plusieurs usines le long de la route mais l’industrie est surtout concentrée à Prince-George.
Source: Martine Lapointe
Notre périple au Yukon et en Alaska s’est fait avec, comme toile de fond, la fascinante histoire de la ruée vers l’or de 1896 à 1899. Nous sommes allés à Skagway (Ak), là où les gens arrivaient de Seattle en bateau. De J’ai quitté Québec le 5 juillet dernier en direction de cet endroit, ils devaient parcourir à pied une distance de l’Ouest. Destination : l’Alaska! Avec notre mini roulotte 55 km avec une tonne de vivres et d’outils. que nous appelons gentiment Juliette, nous avons traversé le Québec, le nord de l’Ontario, le Manitoba et la Saskatchewan pour enfin commencer nos visites et randonnées en Alberta. Nous sommes allés voir les vestiges des dinosaures dans les Badlands et, ensuite, nous avons bien profité du 150ième anniversaire du Canada pour marcher dans les Rocheuses : les lacs Waterton, Banff, Icefield Parkway et Jasper. Nous avons fait un petit saut de 4 jours au Montana pour aller à Glacier National Park. Les glaciers y sont maintenant très petits et ils seront tous disparus en 2030 (il y en avait plus de 150 en 1850). C’était magnifique, avec les prairies alpines toutes fleuries. À cet endroit, j’ai traversé pour la première fois ce qu’on appelle le « Continental Divide ». C’est le long de cette limite qui suit les sommets que l’eau coule vers l’Est ou vers l’Ouest. Dès que l’on se retrouve du côté ouest, nous pouvons déjà voir une différence significative dans la végétation : cèdre rouge, pruche de l’Ouest et plusieurs nouvelles plantes absentes du versant Est. Nous le traverserons à plusieurs reprises durant le voyage. À Banff et à Jasper, nous avons senti la fumée des feux de la Colombie-Britannique, mais cela ne nous a pas empêchés de faire de magnifiques randonnées. Mes coups de cœur : Crypt Lake à Waterton, le lac Agnès près du lac Louise et le Mont Edith Cavell à Jasper. Sans oublier les glaciers le long du Icefield Parkway. De quoi survivre durant au moins une année au KlonAu début d’août, nous avons pris la direction du Yukon dike (les policiers de la GRC ne les laissaient pas paset de l’Alaska, mais avant, il fallait traverser le nord de ser s’ils n’avaient pas tous les vivres requis). Nous avons la Colombie-Britannique. Nous l’avons fait en 3 jours. marché sur les traces de ces « stampeders » sur la ChilNous avons fait un arrêt à Stewart, B.-C et Hyder, Alas- koot Trail. C’est un sentier qui est administré par Parcs ka, petits villages côtiers d’où l’on peut voir le magni- Canada et National Park USA. Cinq jours en autonomie fique Glacier Salmon. Et sur la route du Glacier, nous avec une trentaine d’autres marcheurs. . Des paysages sommes arrêtés voir les saumons qui remontaient le magnifiques et surtout, plein de trucs abandonnés sur ruisseau, ainsi que quelques ours noirs qui venaient s’y la piste il y a plus de 110 ans : des chaussures, du verre, alimenter. des poêles à frire, beaucoup de métal... Le plus difficile de la piste, c’est le col Chilkoot. Une pente de 45 degrés Une grande partie du nord de la province vit de la fores- sur laquelle des marches avaient été faites dans la neige, - 18 -
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à l’hiver 1897. Les chercheurs d’or montaient 1 à 2 fois par jour le col avec une charge de 80 à 100 livres sur le dos! Nous l’avons monté qu’une seule fois en grimpant sur les rochers. À la fin du sentier, nous avons pris le train pour revenir à Skagway. Les chercheurs d’or eux, devaient se construire un bateau et naviguer sur les lacs et le fleuve Yukon sur une distance de 800 milles pour se rendre aux champs d’or de Dawson! Ils n’étaient pas au bout de leurs peines! Et ceux qui sont finalement arrivés n’ont vraiment pas eu de chance : tous les claims le long des rivières avaient été attribués. Plusieurs sont revenus dans le sud, d’autres sont devenus employés-mineurs. On trouve toujours de l’or à Dawson City. Il ne faut que du temps et de la machinerie.
une route en une seule année (1942) durant la guerre, pour accéder au territoire et pour se protéger d’une possible invasion des Japonais par la mer ou les airs (ce qui est presque arrivé). C’est le Alaska Highway qui part de Dawson Creek au B.-C., et qui se termine à Delta Junction, totalisant une distance de 1422 milles. Cette route a été construite en grande partie sur le pergélisol. Beaucoup de portions s’affaissent, surtout dans les tourbières. Pas facile pour la roulotte! Nous avons visité Fairbanks et son passé minier, le Parc national de Denali, avec la montagne la plus haute de l’Amérique du Nord (6093 mètres), et Anchorage, la métropole avec ses milliers d’avions de brousse. De belles petites villes se cachent au fond des fjords : Seward, Valdez, Hyder, Haines, Skagway. On y voit des glaciers et beaucoup de saumons qui remontent les rivières pour se reproduire et malheureusement y mourir. Ce sont aussi des ports de pêches très prolifiques pour le flétan et pour les bateaux de croisières!
Source: Martine Lapointe
Nous avons aussi fait une visite dans le 2ième plus grand parc national au monde, le Parc Wrangell-St-Elias. Il est voisin du Parc national Kluane, situé au Yukon. Des paysages à couper le souffle. Beaucoup de hautes montagnes, de rivières et de glaciers qui n’ont pas encore trop subi les changements climatiques. J’ai marché sur le Glacier Root à cet endroit. Les forêts de l’Alaska sont composées surtout d’épinettes noires et de peupliers baumiers. La végétation y est très diversifiée et est en partie similaire à la nôtre. Après l’Alaska, nous sommes revenus sur nos pas jusqu’à Prince-George et nous avons suivi la Cariboo Trail jusqu’à Vancouver. Ensuite, traverse sur l’île de Vancouver. Deux jours à Tofino, et 4 jours dans la région de Victoria. À Tofino, je suis retournée sur Meares Island, que j’avais visitée il y a plus de 30 ans. Cette île était dans la mire des compagnies forestières dans les années 1980. Des écologistes et autochtones se sont battus pour éviter À Whitehorse et à Dawson, plusieurs musées et bâti- la récolte du bois. Aujourd’hui, un sentier nous permet ments nous rappellent cette épopée. L’Alaska a une his- de voir des cèdres rouges millénaires et immenses. Les toire tout aussi intéressante. Colonisée par les Russes épinettes de Sitka sont aussi énormes. Dans le sud de dans le but d’y établir une colonie et pour y faire la traite l’Île de Vancouver, les forêts sont toutes aussi magnides fourrures, elle a été vendue aux Américains en 1867 fiques. Ce sont des « rainforests » qui bénéficient d’un (les Russes avaient besoin d’argent pour financer leurs climat humide et très pluvieux. guerres). Longtemps, les Américains du continent ont cru que ce territoire n’était que de la glace et de l’eau qui Nous avons pris un traversier de Victoria à Port Angeles, leur avait coûté bien cher… jusqu’à ce de l’or, du cuivre dans l’état de Washington. Nous sommes allés dans le et du pétrole y soient trouvés! On a même construit Parc national Olympique. Dans ce parc, il est possible Vol. 7 n°1
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Source: Martine Lapointe
de marcher dans les montagnes, d’aller voir les rochers dressés sur les plages de sable ou de galets et d’aller dans les « rainforests », de voir de très gros et grands arbres recouverts de mousses luxuriantes. Ça vaut vraiment la peine. Pour les maniaques de Twilight, le petit village de Forks existe et c’est sur les plages de ce parc que plusieurs scènes du film ont été tournées.
Nous avons poursuivi notre route vers un autre parc remarquable : le Parc national du mont Rainier. Ce volcan toujours actif de 14 410 pieds est visible à plus de 50 km avec sa neige éternelle et ses glaciers. À sa base, de
grandes étendues de vieilles forêts denses de cèdre rouge et de pruche de l’Ouest dominent le paysage. Ce parc est aussi considéré comme l’endroit recevant le plus de neige dans le monde : 16 mètres par année! Lors de mon passage, les couleurs automnales étaient à leur meilleur. Un jardinier n’aurait pu faire mieux que la nature! Nous avons pris deux jours pour traverser le nord de l’Oregon et de l’Idaho. Je suis présentement dans le Parc national de Grand Teton et nous dormons à plus de 2000 mètres d’altitude. Les montagnes sont déjà recouvertes de neige et il y en a d’annoncée pour les prochains jours. Nous espérons pouvoir nous promener dans le Parc de Yellowstone, qui est voisin, sans trop de problèmes. Nous sommes toujours en pneus d’été! Nous continuerons notre périple en traversant le Wyoming, le Dakota du Sud pour ensuite prendre la route du retour à Québec. Je serai de retour parmi vous en janvier, avec des milliers de nouveaux souvenirs dans la tête et des tonnes de photos à classer! Pour voir des photos du voyage, sur Facebook, cherchez “Juliette dans l’ouest” et faites-moi un petit coucou! Vous trouverez facilement. Bonne session à tous!
Quand la télédétection combat la sécheresse Par Rachel Green, étudiante en Conservation des ressources naturelles (UBC)
Je m’appelle Rachel Green et je suis étudiante en conservation des ressources naturelles à University of British Columbia (UBC). Dans le cadre du programme COOP auquel je participe, je fais un stage comme chercheure scientifique à la NASA Ames Research Center, en Californie.
l’agriculture et l’élevage, le climat sec et l’augmentation du vent et de la poussière nuisent à leurs moyens de subsistance. La méthode actuelle pour mesurer les précipitations se fait par des pluviomètres. Le Département des ressources en eau de la Navajo Nation a placé plus de 80 stations de pluviométrie à travers le territoire qu’ils doivent parcourir chaque mois afin de vérifier les niveaux de précipitation des différents sites. Il en résulte des données incohérentes et beaucoup de temps consacré à la collecte de données. Aussi, le financement d’urgence pour la sécheresse est actuellement réparti uniformément par l’agence, et non selon les besoins des sites touchés par les conditions actuelles. L’espoir est que, grâce à la technologie de télédétection et les études du territoire faites par la NASA, le Département des ressources en eau pourra mieux communiquer la gravité et l’emplacement de la sécheresse sur ses territoires afin que le financement puisse être attribué efficacement.
C’est très excitant d’être ici parce que je suis entourée de nombreux scientifiques brillants et inspirants. Je travaille dans la partie des sciences de la Terre de la NASA, division des sciences appliquées. En ce moment, mon projet consiste à créer une carte interactive pour analyser la sécheresse dans la plus grande réserve amérindienne, la Nation Navajo, au sud-ouest des États-Unis. En raison des changements climatiques, la Nation Navajo est confrontée à une forte sécheresse et plus d’un tiers des 175,000 habitants de sa population n’a pas accès à l’eau potable et à l’électricité. La nation couvre trois états La première étape de ce processus est cruciale à la réuset, par conséquent, une grande variété de climats. Étant site du projet. Elle consiste à faire l’analyse de la corréladonné que beaucoup de gens dépendent de la terre pour tion entre les données de la pluviométrie et les données - 20 -
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de télédétection, principalement à partir de l’ensemble de données pluviométriques des 30 dernières années nommées « Climate Hazards Group Infrared Precipitation with Station data » ou CHIRPS. Ceci est important pour valider et créer une précision dans les images
satellites. Pour créer la carte j’utilise la plate-forme de visualisation des images satellites Google Earth Engine qui permet l’analyse des données du CHIRPS. La semaine prochaine, je visiterai la Nation Navajo pour rencontre leurs spécialistes des systèmes d’information géographique. Ils montreront à notre équipe leur méthode de collecte des données de la pluviométrie et nous discuterons de comment ils peuvent améliorer la présentation de leurs données ainsi que des différents rapports. L’objectif est de développer un outil d’application web pour surveiller la sécheresse tout en anticipant les sécheresses sévères dans certaines régions de la Nation ainsi que de déterminer la répartition des fonds de secours d’urgence.
Source: Rachel Green
Ce projet fait partie de deux initiatives émergentes de la NASA – La première concerne la résolution des problèmes d’eau dans la région occidentale des États-Unis et la seconde consiste à fournir des ressources ainsi qu’une formation technique aux communautés autochtones américaines en matière de technologie de télédétection. Éventuellement, j’espère que ce projet sera poursuivi et élargi pour créer des cartes climatiques sur le web pour d’autres groupes autochtones en vue de soutenir la prise décisionnelle pour atténuer les changements climatiques.
L’AÉFEUL vous souhaite une bonne session d’automne!
Par le comité exécutif de l’Association des étudiant.e.s en foresterie et en environnement de l’Université Laval L’Association des étudiants en foresterie et environnement de l’Université Laval souhaite à tous ses membres une bonne session d’automne. Tout au long de l’année scolaire, les 14 élus du comité exécutif 2017-2018 travailleront conjointement à la réalisation de nombreux mandats à différents niveaux du milieu universitaire. Fort d’un premier mandat à la présidence, Marius Legendre est de retour cette année au gouvernail de l’association. Il saura faire bénéficier à tous les étudiants de foresterie, d’environnement et de génie du bois son expérience d’implication et des bonnes relations qu’il entretient avec les plus hautes instances de la faculté et de l’université. Minh Le, le seul et l’unique, occupera le poste de VP exécutif et assistera les exécutants dans la mise en œuvre de leurs mandats. Ninja de naissance, Minh n’a peur de rien et pourra affronter toutes les situations qui se présenteront sur son chemin. DaVol. 7 n°1
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vid Langlais agira cette année à titre de VP aux affaires institutionnelles et s’assurera de rédiger les procèsverbaux de toutes les réunions du comité. Malgré les apparences, derrière ses lunettes, se cache la secrétaire parfaite. L’association ajoute une grosse pointure à son équipe en Alexandre Morin-Bernard au poste de VP aux affaires pédagogiques. Il sera en charge de la production des notes de cours et la réalisation des évaluations de cours. Toujours sur son 31, il se fera un plaisir de vous répondre ou vous rediriger vers les bonnes personnes pour toute interrogation concernant votre formation. Renée “P’tite Beauce” Ferland-Bilodeau remplira les fonctions de VP aux affaires externes et sera la fière représentante de l’AÉFEUL au niveau de la toute suprême CADEUL. Un vendredi par mois, elle ira au front lors des caucus pour la défense des intérêts forestiers sur le campus. Nous lui souhaitons la meilleure des chances et croisons nos doigts pour la revoir en un seul morceau
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novateurs ainsi que pour tenir avec vous des débats environnementaux tels que celui sur la protection de la rainette faux-grillon en Montérégie. Thomas Breton agira comme responsable des sports et tâchera de vous organiser chaque semaine une activité des plus amusantes. Aussi en forme que Josée Lavigueur, aussi dynamique qu’un professeur de zumba et avec sa tignasse qui témoigne d’une santé et d’une hygiène exemplaires, Thomas saura tirer le meilleur de vous-même et vous amènera à vous dépasser chaque semaine. Stéphanie Tousignant, Vickie Bourque, Jonathan Tedeschi et Luc Girompaire assureront le poste de recrues. Ils sauront, tout au long de l’année, faire le lien avec les p’tits jeunes et en apprendre sur la gestion de l’association étudiante afin assurer la relève tant espérée pour les générations à venir. Le comité exécutif aura comme chaque année le grand mandat de représenter la voix des étudiants au premier cycle du département des sciences du bois et de la forêt auprès de plusieurs instances de l’Université Laval. Il veillera à la défense des intérêts des membres au sens large. Il travaillera à l’organisation d’événements de diverse nature visant à animer la vie parascolaire au sein du pavillon. Il appuiera également les étudiants et les comités de la faculté dans leurs démarches d’organisation d’événements ainsi que de recherche de financement. Le local de l’association vous est toujours ouvert et nous vous invitons à passer nous y voir en tout temps. En vous souhaitant une excellente année scolaire !
Source: AEFEUL
chaque lundi. Léo Painchaud occupera le poste de VP aux communications. Il sera le micro du comité exécutif et s’assurera de vous transmettre toutes les informations importantes concernant toutes les activités de l’association. N’ayez crainte, une voix enchanteresse, une calligraphie elfique et un grand charisme se trouvent en ce beau brun ténébreux. Kamille Juneau-Richer sera responsable des activités socioculturelles et aura donc le mandat de vous divertir grâce à l’organisation de diverses activités tout au long de l’année. Elle aura besoin d’une solide équipe de bénévoles pour l’assister lors des événements, n’hésitez donc pas à l’approcher si vous aimeriez contribuer. Son passé dans les bars les plus déjantés de l’Outaouais l’a certainement préparée aux pires scénarios possibles des soirées festives. Émile Richer occupera pour une deuxième année le poste de VP aux finances. Il aura le mandat de tenir à jour le budget de l’association étudiante, de vous en informer et de veiller au contrôle des revenus et des dépenses. En bon étudiant en opérations, les dollars seront toujours au sommet de ses priorités; vous pouvez donc considérer votre argent en sécurité. Entre deux fins de semaine de chasse et pêche et ses tournois de lancer d’assiette, Gabriel Laroche trouvera le temps d’assurer le lien entre les comités et l’association en tant que VP aux affaires internes. Beaucoup l’ignorent, mais sous la casquette se cache un être attachant et dévoué. Béatrice Côté tiendra les rênes du volet développement durable de l’association. Fière représentante du baccalauréat en environnements naturels et aménagés, elle est la personne toute désignée pour répondre à vos questions concernant les orientations de la faculté en termes de développement durable, vous présenter une foule de projets actuels et
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L’IFSS 2017 en Afrique du Sud
Par Corryne Vincent, étudiante en Aménagement et environnement forestiers Après avoir visité 5 aéroports sur 3 continents différents et passé près de 40 heures depuis mon départ de Montréal, je pose enfin les pieds en sol sud-africain. Me voilà arrivée à Capetown, cité-mère de l’Afrique du Sud, située au sud-ouest du continent africain. J’y rejoins deux étudiantes de la University of Washington rencontrées à Seattle en février dernier lors du Canadian American Regional Meeting et avec qui j’ai bien l’intention de passer mes deux prochaines journées avant que l’IFSS (International Forestry Students’ Symposium) 2017 ne commence à George, ville située plus à l’est.
Mandela Metropolitan University, là où les 121 participants provenant de 32 pays différents se réuniront pour entamer ces deux semaines de visites forestières et d’assemblée générale – car oui, l’IFSS a pour premier rôle de servir de rassemblement pour l’assemblée générale annuelle de l’IFSA qui se déroulera en 5 temps. J’y rejoins d’ailleurs les 7 autres étudiants de l’Université Laval aussi présents à cet événement : Alexandre Morin-Bernard, Xavier Noël-Monastesse, Alice Semnoun, Vicky Tremblay, Alexandre Veilleux, Félix Poulin et Émilie St-Jean.
Source: Corryne Vincent
Dans les deux semaines qui suivront, nous parcourrons 3 000 km à bord de deux autobus voyageurs, traverserons 5 provinces et visiterons 8 villes tout en s’arrêtant ici et là pour visiter des entreprises forestières, des pépiAlors, je sors de l’aéroport, un peu craintive pour être nières, des laboratoires de recherche, des plantations, honnête. On m’a répété à maintes reprises avant mon des musées forestiers et des forêts de conservation. départ que ce pays n’était pas des plus sécuritaires. J’entre Entrons alors dans le vif du sujet : la foresterie sud-afridans le dixième taxi que je vois, fatiguée, exténuée de la caine! pluie qui semble me suivre depuis Montréal, passant par Londres et Frankfort également, mais surtout très exci- La foresterie sud-africaine en chiffres tée de participer pour la première fois à un événement Les plantations couvrent 1,3 millions d’hectares, la forêt d’envergure internationale. Alors, je rejoins mes deux naturelle plutôt utilisée à des fins de conservation couvre amies et nous profitons de nos deux jours pour visiter la 0,5 millions d’hectares et la savane couvre 40 millions ville de Capetown, un gros coup de cœur si vous voulez d’hectares. La principale espèce commerciale est le pin, mon avis. D’ailleurs, la pluie a cessé deux heures après représentant 57% des arbres plantés. Les autres espèces mon arrivée et je ne la reverrai plus une seule fois lors de commerciales répandues sont l’eucalyptus (35%) et mon séjour de trois semaines en Afrique du Sud. Sachez l’acacia (8%). L’industrie forestière offre 180 000 emplois que les mois d’été, pour nous, sont les mois d’hiver pour dont les deux tiers sont situés en région. Les deux prineux, qu’il y fait généralement entre 10°C et 25°C et que cipales compagnies forestières sont Mondi et Sappi. Il y cette période de l’année est celle de la sécheresse. a aussi 25 000 petits producteurs et on compte 74 scieries et 18 papetières dans le pays. Finalement, 80% des Le 2 juillet, j’arrive à George sur le campus de la Nelson plantations sont certifiées FSC.
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Bref historique de la foresterie sud-africaine Une des choses qui m’ont marquée en premier, en tant que Québécoise, a été la faible présence de forêt naturelle dominant le paysage. Lors de notre visite dans un musée forestier, j’ai pu comprendre qu’au 19e siècle, ils ont coupé l’entièreté des forêts naturelles afin de répondre aux besoins de la colonie, alors en pleine expansion. Réalisant ensuite que la forêt naturelle ne se régénérerait jamais assez rapidement pour fournir la quantité de bois nécessaire à la population, ils ont instauré les plantations dans leur paysage. C’est pourquoi aujourd’hui, la majorité du couvert forestier est constituée de plantations. Sylviculture et types d’aménagement forestier Tel qu’expliqué précédemment, les plantations sont le principal type d’aménagement forestier. Ce sont donc des monocultures d’une des trois espèces décrites cihaut où tous les arbres sont plantés en rangs. Les opérations forestières s’effectuent principalement avec de la machinerie agricole. L’arbre est abattu avec une abatteuse, essouché avec une pelle mécanique et planté avec une épandeuse où quelques hommes déposent la semence dans le sol (voir la photo ci-dessus. Les eucalyptus qu’on peut voir à gauche n’ont que 4 ans!!!). Aucune régénération naturelle n’est utilisée. Lorsque la plantation atteint la maturité, elle est entièrement coupée et replantée dans les mois à venir. Le pin a une révolution de 25 à 30 ans et 71% de sa récolte est utilisée dans les scieries, l’eucalyptus a une révolution de 6 à 10 ans et 84% de sa récolte est utilisée pour la pulpe et finalement, l’acacia a une révolution de 9 à 11 ans et 92% de sa récolte est également utilisée pour la pulpe. Je ne pourrais vous dire combien de m³/ ha les Sud-Africains sont capables d’obtenir, ni même le DHP de l’arbre abattu, mais je peux vous dire que le marché du bois sud-africain est un marché de volume. Ils font même des recherches afin de diminuer les révolutions, les considérant trop longues!
un certain partenariat entre les différentes entreprises forestières afin d’éviter la propagation des feux de forêt. Ainsi, lorsqu’un secteur de plantations est en train de brûler non loin d’un secteur de plantations d’une autre entreprise, cette dernière a tout intérêt à aider à éteindre le feu afin d’éviter que celui-ci n’affecte ses plantations. Aussi, la faune sauvage est une des problématiques retrouvées dans les jeunes plantations. Les éléphants piétinent les jeunes plants, dégradant ainsi la qualité de la plantation. On est loin du broutement causé par nos chevreuils dans les forêts du Québec! Retour personnel sur l’IFSS 2017 Ce n’est qu’en reposant les pieds dans la pluvieuse Montréal que je réalisai l’ampleur et la pertinence de mon séjour en Afrique du Sud. Bien que j’aie complété trois ans au sein du comité local de l’IFSA à l’Université Laval, je n’avais toujours pas exactement saisi combien le symposium était un événement enrichissant. Lorsqu’on a la chance de rencontrer plus d’une centaine d’étudiants partageant tous la même passion pour l’arbre, le partage de connaissances et la comparaison entre les différents types d’aménagement sont parmi les principaux sujets de conversation. Toutefois, le symposium nous permet également d’ouvrir nos horizons sur les différentes cultures, de découvrir des mets d’ailleurs, cuisinés par des gens d’ailleurs, de rencontrer des personnes formidables des quatre coins du globe permettant ainsi de créer une cohésion entre la jeunesse forestière ainsi que de discuter de différents enjeux communs.
J’espère bien franchement que vous aurez cette chance dans les années à venir. D’ailleurs, les prochains symposiums auront lieu au Mexique à l’été 2018 et en Estonie à l’été 2019. L’IFSA peut également envoyer plusieurs délégués à différentes rencontres internationales tel que la COP23, le Global Landscape Forum, la United Nations Convention on Biological Diversity et plusieurs autres. En tant que membre AEFEUL, et donc IFSA, vous avez l’opportunité d’y assister en tant que délégué IFSA. Sachez que vous pouvez toujours vous impliquer au sein Types de dommage aux plantations de notre comité. Écrivez-nous ou venez me voir pour Lors de nos multiples visites, nous avons pu com- plus d’informations! prendre que 31% des dommages aux plantations sont liés aux feux de forêt tandis que 61% sont liés à d’autres Pour plus d’informations encore sur la foresterie sudcauses dont, majoritairement, le vandalisme. Afin de africaine, ne manquez pas le souper international du 9 lutter contre les feux de forêt, chaque entreprise fores- novembre prochain où les 8 étudiants présents à l’IFSS tière possède sa propre machinerie. Il n’y a pas de socié- vous feront une présentation sur ce pays! té d’état comme la SOPFEU, en Afrique du Sud. Chacun est responsable de son territoire. Toutefois, il existe - 24 -
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L’art de la courtoisie
Par Julien Villettaz Robichaud, étudiant en Aménagement et environnement forestiers Afin d’améliorer les liens unissant les différents individus de notre société raffinée et de les faire perdurer dans le temps, il importe d’exercer convenablement l’art de la courtoisie. Pour s’adonner avec finesse à cette activité représentant le ciment de toute société évoluée, certaines règles d’or nous orientent vers la voie du succès interpersonnel. Ce court écrit, faisant bien moins de deux pages en version Jaseur Boréal, vise à les énoncer clairement et en expliquer les fondements.
avancé, ponctué inlassablement par le changement, ne peut point nous permettre de se questionner sur les effets de nos actions pour nos congénères. Cette action continuelle étant le moteur de notre évolution, non seulement technologique mais également morale et sociale, elle constitue notre spécificité humaine nous permettant de nous élever au-delà des bêtes.
Troisième règle d’or : Pratiquer l’art du small talk et du doux mensonge à foison afin d’éviter les malaises L’art moderne de la conversation requiert l’utilisation adéquate de deux outils exceptionnels : le « small talk » et le doux mensonge. Le silence est à proscrire car Première règle d’or : Ne jamais dire à un vrai con qu’il il peut faire dérailler notre esprit des préoccupations est con humaines; le premier outil sert habilement à éviter ce La politesse la plus élémentaire à pratiquer afin d’être piège. De même, un doux mensonge vient plus facileun humain socialement viable est de ne jamais exté- ment à l’esprit qu’une explication véridique tout en étant rioriser nos jugements envers autrui. Le fondement souvent plus approprié. La fin des malaises peut être obde nos grandes nations reposant essentiellement sur la tenue grâce à ces deux moyens. crédibilité de nos façades publiques, il serait dangereux d’effriter l’estime propre des gens face à leur ego. Plus un Ces trois règles d’or régissent ainsi les interactions sojugement est exact, plus il sera néfaste pour la cohésion ciales entre les humains faisant partie de la même caste sociale et donc, à proscrire à tout prix. et elles nous permettent de tous mettre l’épaule à la roue pour faire avancer ce miracle divin qu’est l’Humanité. Deuxième règle d’or : Ne jamais montrer l’origine et l’étendue des déceptions à ceux qui les engendrent Dans le même ordre d’idées, exprimer ses émotions à la vue de tous est inconvenable, d’autant plus si ceux qui les ont générées sont présents. Notre mode de vie
Pégeaux: un comité pour les passionnés de l’eau Par Dominique Adam, étudiante en Environnements naturels et aménagés
Le projet étudiant en gestion des eaux (PÉGEAUX) a débuté en 2007 à l’Université Laval grâce au travail d’étudiants de divers domaines (biologie, génie des eaux, environnement…) tous rassemblés par un désir de participer activement à la gestion responsable et la conservation des ressources hydriques. Le comité permet aux étudiants de se familiariser concrètement avec le milieu en améliorant et en mettant en application leurs connaissances théoriques. Le groupe permet également d’entrer en contact avec les communautés riveraines et des professionnels du milieu pour développer des aptitudes sociales en participant à la sensibilisation et l’éducation du public. Vol. 7 n°1
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Les membres sont régulièrement invités à plusieurs types d’activités : conférences sur les systèmes aquatiques (inondation, changement climatique, midi-conférence Centreaux, gestion des bandes riveraines…), activités d’échantillonnage sur le terrain, d’analyse d’eau en laboratoire et visites de différents sites (station d’épuration et d’échantillonnage). Le projet le plus intéressant pour les étudiants en environnement est sans contredit celui du lac Dion. Au cours des dix dernières années, plusieurs activités ont été réalisées pour évaluer la qualité du lac, soit l’extraction de carottes de fond de lac et l’analyse des sédiments. En 2010, une quarantaine d’arbustes et plusieurs plantes
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plus techniques d’échantillonnage. Plusieurs nouveaux projets d’intérêts sont également en cours de développement tel l’entretien de systèmes d’aquarium et la réhabilitation de milieux aquatiques. https://pegeaux.wordpress.com/ Source: https://pegeaux.wordpress.com
indigènes ont été rajoutés en bordure à l’aide du comité pour pallier la bande riveraine pratiquement inexistante, et un suivi a été réalisé dans les années subséquentes. À l’été dernier, les efforts consistaient principalement à récolter les données physico-chimiques de l’eau du lac. Sur le terrain, le disque de Secchi permettait de mesurer la transparence du lac alors qu’une sonde permettait de mesurer la conductivité, l’oxygène dissous et la température. L’eau du fond du lac et de la surface était également récoltée pour une analyse de pH et d’absorbance en laboratoire. L’ensemble de ces données récoltées a permis de confirmer l’efficacité des efforts faits dans le passé pour améliorer la qualité du lac Dion conformément au plan directeur de l’eau établi préalablement en 2005. Pour les prochaines années, PÉGEAUX se concentrera principalement à faire de la sensibilisation quant aux ressources aquatiques tout en développant des projets
La prière de l’épinette noire
Verbatim d’un extrait de l’émission de radio C’est fou (dimanche, 4 juin 2017) Par Serge Bouchard, anthropologue
Source: Ariel Bélanger
Je vous ai tant vues, épinettes noires, défiler dans le pare-brise de ma voiture. Des millions de kilomètres et toujours vous, épinettes, à la droite et à la gauche, un corridor sans fin, une route qui s’enfonce dans la forêt boréale, des rideaux d’arbres au garde-à-vous. Vous nous regardez passer. Vous nous regardez aller, mais vous, une à une, vous restez au poste, un peu comme si un diable s’était amusé à vous planter dru, en rangées, avec mission de guetter quelque chose qui nous dépasse entièrement.
Je crois que les épinettes noires surveillent l’éternité. Elles prient, ces carmélites. Ces vieilles agenouillées ne se laisseront jamais distraire. Elles abritent les mouches noires. Elles s’abrillent d’un lourd manteau de neige, qui les fait plier, se courber. Elles gèlent dur. Elles prennent de face le vent du Nord. Elles surveillent et elles veillent. Plus elles remontent vers le Nord, plus elles rapetissent et se penchent. Et quand elles relèvent la tête, leurs capuchons montre leurs pointes brisées, les chevelures ébouriffées, tout en cachant leurs mystérieuses figures. Il est extrêmement difficile de regarder une épinette dans les yeux, car son visage est introuvable. Voilà le secret de la taïga. Les épinettes sont en voyage. Elles appartiennent plus au ciel qu’à la Terre. Elles filent dans la voie lactée, aux vents et au froid du cosmos. Ce sont de petits pylônes spirituels qui relient la Terre à l’univers. Un poète de l’Abitibi a écrit: «Le vent dans les épinettes fait tourner la planète.» Il a tout dit, d’un seul coup de phrase. Il y a longtemps que je vous aime mes moniales, mes austères. Vous avez l’écorce craquelée, du bois qui a vécu, une surface de parchemin taché de lichens, de la barbe aux branches. Vous conservez vos pousses mortes
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et vos aiguilles se recroquevillent serrées comme une marque d’humilité. Toutes ensemble, à perte de nos espoirs, vous formez le paysage des paysages: une ligne de vie dans le ciel du couchant, les dents de scie du temps. Vous vivez par les pousses de la tête, souvent penchées, mortes à la longueur du tronc, souvent maigres, toujours maigres, appuyées les unes contre les autres pour ne pas tomber, quand vous êtes devenues trop grandes. Puis, il y a les petites, celles qui n’osent pas pousser trop en hauteur par peur du vent, du froid, de l’eau. L’épinette noire a été la victime de tous nos désamours. Nous n’avons pas su reconnaître ses pouvoirs mystérieux, tout comme nous avons mis des lunes à nous éveiller à la richesse du Nord. Ces chicots sans valeur représentaient la noire pauvreté de la misère humaine. Ces paysages donnaient froid dans le dos. Nous en avons eu peur. Oui, plus d’un fut effrayé par ces espaces indomptables, l’impardonnable forêt boréale, le pays des indiens supposés les plus pauvres de la terre américaine. D’ailleurs, le dialogue fut longtemps impossible: l’enfer des uns était le paradis des autres.
lequel je m’appuie, là où je repose mon esprit, mon dos brisé, mes jambes mortes; l’arbre sous lequel je bois ma tasse de thé, résolu, fatigué et heureux, devant le petit feu qui sent si bon. Épinettes noires de la sainte corneille, épinettes de l’écho de corbeau, bois de chauffage, épinette morte, perche de la maison conique, épinette de la boucane rassurante, bois dense et précieux qui consumme le carburant des vents solaires, tu es le Nord dans toute sa vérité épineuse. Ce serait une politique originale que de te sacrer arbre national, car c’est toi la petite, la rugueuse, la dépeignée, la mine de rien. C’est toi, la petite Saint-Michel-de-la-misère, qui fait le pays si grand. C’est toi qui brûle. C’est toi que l’on récolte sans délicatesse, avec des machines effrayantes. C’est toi le beau bois que nous avons dit si laid. C’est toi qui te tiens droite, qui te tiens croche, et c’est encore toi qui prie pour nous. Pour écouter cette formidable émission, consulter le: http://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/cest-fou/episodes/382561/audio-fil-du-dimanche4-juin-2017
L’épinette noire, gloire de la préhistoire, est une antenne qui nous relie à l’éternité. Elle nous insuffle une sagesse morose, une mélancolie du long cours. C’est l’arbre sur
Prochaine date de tombée: 5 novembre 2017 Message du comité: La production de ce journal est un projet qui est rendu possible grâce à votre participation: c’est un projet collectif. Si vous lisez ceci, vous pourriez, vous aussi, y prendre part. Nous sommes ouverts à toutes sortes d’idées et de sujets. Alors, n’hésitez surtout pas à nous écrire. Enfin, nous vous invitons à prendre l’habitude d’ajouter les dates de tombée à votre agenda et à nous faire parvenir vos articles, dessins, jeux et photographies. Nous pourrons ainsi créer ensemble un journal à notre image. À bientôt! Vol. 7 n°1
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Testez vos connaissances! Associez les cônes des conifères du Québec ci-dessous à leur nom latin!
1 A) Abies balsamea (L.) Mill.
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B) Pinus resinosa Ait.
C) Picea mariana (Mill.)
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D) Thuja occidentalis L.
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E) Pinus strobus L.
F) Pinus banksiana Lamb.
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Solutionnaire 1.D) 2.E) 3.B) 4.C) 5.A) 6.F) - 28 -
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