L'Arbritibi - Février 2012

Page 1

L’ARBRITIBI Le journal des étudiants en foresterie et en environnement

Édition 2 - Février 2012

Besoin d’un syndicat pour les abeilles Page 2

DOSSIER POLITIQUE ET CHANGEMENTS CLIMATIQUES Page 3 à 7 Ah! Comme la neige neigeait! Page 8

Semaine des Sciences forestières Un bilan Page 12


Chers étudiants, Après le succès phénoménal de la première édition de l'Arbritibi au mois de décembre dernier, toute l'équipe est fière de vous présenter la deuxième mouture de VOTRE journal, votre source d'information favorite. Nous vous offrons aujourd'hui un dossier spécial portant sur la politique et les changements climatiques. Nous en profitons puisque le statut d'espèce vulnérable de la pensée environnementale de nos politiciens risque bientôt de basculer du côté des espèces menacées, voire disparues au Canada. Nous sommes également heureux de dévoiler notre toute première chronique; Le Grenier, dans lequel nous vous ferons découvrir les mystérieuses manigances se déroulant aux étages supérieurs des pavillons Abitibi-Price et Kruger.

Le mot du comité Il ne faudrait pas passer outre les collaborations spéciales qui offrent un aperçu sur le projet de construction d'un pavillon de logement étudiant à la Forêt Montmorency, de l'évolution du dossier de la hausse des frais de scolarité et de l'apiculture au Québec. Comme dans chaque édition, le calendrier des évènements est également disponible à la fin du cahier. Nous vous invitons encore à nous envoyer vos suggestions et commentaires, ainsi que vos articles si vous avez la plume facile. Évidemment, il nous ferait plaisir de faire participer les étudiants de géographie et de géomatique! Écrivez-nous en grand nombre! larbritibi@ffgg.ulaval.ca Alexandre Guay-Picard Noélie Hébert Tardif Félix Primeau Bureau Alice Bernier Banville Vicky Thériault Milène Courchesne Aurélie Charpentier Louis Gauthier Marianne Blanchette

1 L’ARBRITIBI


par Félix Primeau Bureau, étudiant de 1ère année en Environnemens naturels et aménagés

Besoin d’un syndicat pour les abeilles! Ce qu’il faut savoir sur l’apiculture

L’été dernier (hé oui, encore un début anecdotique!), j’ai commencé à faire de l’apiculture avec mon oncle. Impulsif de nature, il me propose de devenir son associé apiculteur au mois de février 2011 alors que la saison des abeilles commence début mai. Il serait le portefeuille et moi le personnel technique. Ne connaissant rien à la chose, je me suis vite renseigné sur le monde de l’élevage de ces petites bêtes et me suis lancé dans l’aventure. Première chose à savoir : y’en a du monde dans une ruche! Plusieurs dizaines de milliers d’abeilles forment la colonie, qui est régie par une seule reine pondeuse. Tout ce monde vit harmonieusement dans une ruche. On partait avec sept ruches, donc beaucoup de vie entre nos mains. Deuxième chose à savoir : Malgré une hiérarchie sociale hors du commun, ces petites bêtes-là sont pas mal sensibles! Présentement, le taux de mortalité des populations se situe entre 25 et 30% en Amérique et en Europe. Le phénomène est nommé « Syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles ». La cause de ce déclin est mal connue, mais un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), publié en mars 2011, recense une douzaine de facteurs pouvant être à l’origine du phénomène. Parmi ceux-ci, on retrouve les pesticides et herbicides qui contribuent à faire diminuer la diversité des plantes à fleurs sauvages nécessaires au nourrissement des larves et agissent négativement sur le métabolisme des abeilles adultes. La transformation des agrosystèmes, de plus en plus orientés vers la monoculture, a aussi un effet réducteur sur la diversité floristique en campagne. L’arrivée de nouveaux parasites dans les colonies, comme l’acarien nommé varroa, menace aussi la survie des colonies. Le dernier facteur que je mentionnerais est la pollution de l’air et les champs électromagnétiques (entre autres causé par les télécommunications) qui créent de l’interférence avec les signaux que les abeilles s’envoient pour communiquer entre elles.

Tout ceci démontre que les pollinisateurs, dont font partie les abeilles, qui sont responsables à 90% de nos ressources alimentaires, sont menacés et que les projets favorisant leur survie devraient être encouragés. D’ailleurs, en voici un qui a connu un franc succès à Québec récemment.

Projet d’apiculture Québec

urbaine

à

Ce sont les Urbainculteurs, réputés pour leur agriculture urbaine sur les toits, qui ont initié ce projet. Quelques ruches ont été disposées sur différents toits d’immeubles (centre de congrès, l’hôtel Mariott, l’hôtel Best Western et l’hôtel du VieuxQuébec) et y ont séjourné tout l’été. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les abeilles sont très heureuses en ville, car la biodiversité floristique est beaucoup plus développée qu’à la campagne. Cela s’explique par les tendances agricoles actuelles de plus en plus intensives. Les abeilles n’ont pas été une source de conflit avec les résidents, je parie même que si vous êtes allés près de ces endroits cet été, vous n’avez pas rencontré d’abeilles. En fait, lorsqu’elles sont en dehors de la ruche, elles s’affairent à ramasser le pollen et elles se soucient peu du reste. En somme, l’expérience fut un succès et l’extraction du miel a été faite avec le public pour démontrer toutes les étapes de la fabrication du miel, partant de la ruche à la mise en pot. En tout, 538 kg de miel ont été récoltés, ce qui a satisfait les Urbainculteurs pour leur première année. Le miel a été vendu à l’épicerie J.A. Moisan et au Marché du Vieux-Port de Québec. L’expérience sera répétée et élargie l’année prochaine et je vous encourage à vous procurer du miel urbain 100% québécois l’automne prochain!

L’ARBRITIBI II


DOSSIER POLITIQUE ET CHANGEMENTS CLIMATIQUES Élections environnementales Page 4

Le retrait du Canada du Protocole de Kyoto: l’abandon avant l’échec?

Page 4

Le Passage du Nord-Ouest : une traversée controversée

Page 6

III L’ARBRITIBI


par Le Rêveur

Élections environnementales Bonjour mesdames et messieurs! Bienvenue à cette émission spéciale des Élections environnementales 2012. Je suis certain que vous êtes tous anxieux de savoir quel danger environnemental sera élu Premier ministre pour quatre ans et continuera notre lutte contre l’espèce humaine. En attendant que les bulletins de vote soient fermés, nous allons faire un résumé de cette campagne. Les deux partis les plus populaires, soient le parti «Changement Climatique» et le parti «Biodiversité» sont égaux dans les derniers sondages. Les autres partis, soient le parti «Hiver Nucléaire» et le parti «Couche d’Ozone», sont bons derniers. En ce qui le concerne, le parti «Changement Climatique» fait la promotion de son plan GES qui consiste à changer l’atmosphère pour modifier l’habitat de l’homme en l’entrainant dans une période de stress, car malgré son intelligence phénoménale, il n’est qu’un animal. Pour l’instant, son plan fonctionne, mais les humains semblent s’organiser pour le déjouer, très lentement, mais surement. Par contre, il y a toujours de l’espoir!

Le parti «Biodiversité» a, quant à lui, un tout autre point de vue. Bien que l’espèce humaine ait évolué jusqu’à vivre sa vie en faisant des choses qui ne sont pas liées qu’à la production d’un bien et à sa gestion, son plan est basé sur l’exploitation des ressources naturelles. En effet, il existe des espèces qui lui sont utiles. Son plan est d’implanter des ressources naturelles dans des endroits à haute biodiversité. Comme cela, l’espèce humaine sera obligée de penser à court terme. Un plan insidieux, mais efficace, car il y a des humains pour qui tout ceci n’est pas important. Enfin, j’apprends à l’instant que les bureaux de vote sont fermés et que le décompte des votes commence! Je laisse la barre à mon confrère et je vous dis à dans quatre ans! Une nouvelle terre. Faisons une avancée dans le futur. Comment serait-ce un monde durable? Premièrement, aucun être humain ne croira que la fin justifie les moyens. Les gens seraient libres et intelligents. Il ne serait pas intéressé à des choses futiles comme le sport professionnel. Il serait bien

par Milène Courchesne, étudiante de 1ère année en Environnements naturels et aménagés

Le retrait du Canada du protocole de Kyoto : l’abandon avant l’échec? Le 12 décembre 2011, après la conférence sur les changements climatiques à Durban, en Afrique du Sud, le ministre de l’Environnement, Peter Kent, annonçait le retrait du gouvernement canadien du protocole de Kyoto. Dès le lendemain, nous pouvions lire dans les journaux des critiques enflammées accusant le gouvernement Harper d’avoir négligé ses obligations en tant que dirigeant d’un pays développé. En effet, il a été pointé du doigt puisqu’il ne montrait pas l’exemple pour les pays émergents. Selon Harper, le protocole de Kyoto comporte des «cibles stupides» (Le Monde, janvier 2012). Rappelons que ce même Premier ministre a exempté les producteurs des sables bitumeux de mesures sévères de réduction des gaz à effet de

serre pour voir au bon développement économique, ce qui nous amène à nous poser plusieurs questions. Quels seront les impacts de ce retrait du protocole de Kyoto? La décision du gouvernement était-elle justifiable? Certains ont même été jusqu’à déclarer qu’elle était illégale, je ferai donc le point sur toute cette histoire. Tout d’abord, rappelons que le protocole de Kyoto est un traité international qui a été signé en 1997. Toutefois, il n’est entré en vigueur qu’en 2005, lorsque plus de la moitié des pays signataires ont ratifié l’accord de Kyoto, le Canada en faisant partie. Ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre ont été fixés à 6% par rapport

L’ARBRITIBI IV


aux émissions de 1990 pour la période entre 2008 à 2012 (Le Monde, janvier 2012). Selon le ministre Kent, comme le Canada était incapable de veiller à ses obligations, il a dû se retirer du protocole de Kyoto. Kent prétend que le gouvernement canadien aurait à payer 14 milliards de compensations en crédit de carbone pour ne pas avoir atteint ses objectifs (Le Soleil, décembre 2011). De plus, un pays souhaitant se retirer avait jusqu’au 31 décembre 2011, soit un an avant la fin du traité, pour ne plus avoir aucune obligation. Le Canada s’est donc retiré avant d’encaisser les conséquences de l’échec. D’un autre point de vue, les partis de l’opposition, les groupes d’écologistes et les gouvernements de Chine et de France considèrent que ce geste était lâche et honteux. Le ministre Kent réplique que les cibles du protocole de Kyoto ne concernent pas les pays les plus pollueurs, c’est-à-dire les pays émergents. Pourtant, les pays développés ne devraient-ils pas réduire leurs émissions de gaz à effet de serre afin que les pays émergents leur emboîtent le pas? En décembre dernier, le Canada est donc devenu le premier pays à se retirer du protocole de Kyoto après l’avoir ratifié. Pourtant, aucune conséquence n’est associée à ce retrait. En effet, aucune contrainte sévère n’était associée au non-respect du protocole de Kyoto. Alors, l’argument de M. Kent selon laquelle le Canada aurait à débourser une somme faramineuse s’il ne respecte pas le traité serait faux? Sophie Lavallée, professeure en droit de l’environnement, ici même à l’Université Laval, nous explique : «Le protocole ne prévoit pas de sanctions juridiques si un pays ne respecte pas les cibles d’émissions pour lesquelles il s’est engagé. Il est donc faux de justifier le retrait du Canada en invoquant de possibles «pénalités». (Journal de la communauté université, janvier 2012) Cependant, elle rajoute qu’il est vrai que pour respecter les objectifs du protocole, le Canada aurait eu à payer des compensations, mais il aurait ainsi démontré son engagement dans la lutte contre les changements climatiques. Si aucune conséquence juridique ne s’ensuit du retrait du Canada du protocole de Kyoto, une chose est toutefois certaine, l’État perd considérablement de la crédibilité à l’international.

V L’ARBRITIBI

Le slogan de l’équipe Kyoto, dirigée par Daniel Turp, professeur en droit à l’Université de Montréal Au cours du mois de janvier, Daniel Turp, ancien député provincial et professeur en droit à l’Université de Montréal, a vivement réagi face à la décision du retrait : il a intenté une poursuite judiciaire en cour suprême de première instance contre le Gouvernement du Canada (Le Devoir, janvier 2012). Supportée par les groupes écologiques comme Équitterre, l’équipe Kyoto formée par Turp milite pour infirmer la décision du gouvernement. En effet, selon le spécialiste en droit, cette décision était illégale puisqu’elle venait à l’encontre de la Loi de mise en œuvre du protocole de Kyoto. Par contre, cette loi pourrait facilement être abrogée par le Premier ministre. Alors, de quelle façon pouvons-nous renverser la décision du gouvernement? L’équipe Kyoto tente présentement de se faire entendre en proposant à tous les Québécois de signer symboliquement le protocole de Kyoto. Le nombre de signatures s’élevait à plus de 4000 vers la fin janvier, un nombre qui ne cesse de grimper. Bref, le retrait du protocole de Kyoto a grandement suscité la controverse et l’issu de toute cette histoire reste encore indéterminé… Si les changements climatiques vous préoccupent et que vous voulez soutenir la cause de l’équipe Kyoto, je vous invite à visiter le site personnel de Daniel Turp : http://danielturpqc.org/pagetxperso.php?id=75


par Vicky Thériault, étudiante en 1ère année en Environnements naturels et aménagés

Le Passage du Nord-Ouest : une traversée controversée

Le réchauffement planétaire amène son lot de changements dans l’Arctique notamment la fonte de la banquise. Si certains voient ce phénomène d’un œil inquiet, pour d'autres la présence d’eau libre sur une grande période de l’année dans le Grand Nord signifie l’ouverture d’un passage reliant l’Atlantique au Pacifique. Cette opportunité de gagner temps et argent en empruntant ce passage met de l’avant des enjeux économiques, politiques et juridiques partagés par plusieurs États du monde, dont les États-Unis et le Canada.

Le statut du passage du Nord-Ouest Le passage du Nord-Ouest relie le détroit de Davis et la baie de Baffin, à l’est au détroit de Béring à l’Ouest (Bibliothèque du Parlement, 2008). Les enjeux politiques et juridiques liés à cette potentielle voie maritime pour les navires commerciaux se fondent sur le fait que le Gouvernement du Canada considère que ce passage fait partie de ces eaux intérieures. En effet, le Gouvernement

maintient cette position, clamant sa souveraineté sur le passage du Nord-Ouest en se basant sur deux éléments : un titre historique et la ligne de base droite (Alarie et al 2009). L’argument du titre historique est fortement contesté par plusieurs pays, dont les États-Unis. Selon Donat Pharand, juriste canadien « Le Canada n’est pas en mesure de s’acquitter du lourd fardeau qui lui incombe de prouver qu’il a exercé une compétence exclusive sur les eaux arctiques pendant une période suffisamment longue et avec le consentement des États étrangers et surtout les principaux États touchés par sa revendication. ». Bref, puisque la revendication établie sur le titre historique remonte à 1973 et qu’elle est contestée par plusieurs États, cet argument est faible. Par contre, les lignes de base droite, un principe provenant de l’UNCLOS (convention des États-Unis sur le droit de la mer) situe la possible voie maritime entre le littoral canadien et les lignes de bases droites (décret mis en place par le ministre des

L’ARBRITIBI VI


Affaires extérieures le 1 janvier 1986 après la traversée controversée du brise-glace américain permettrait au Canada de faire reconnaitre sa souveraineté sur une partie du passage du NordOuest. De plus, comme ce passage n’est pas reconnu comme faisant partie du territoire canadien, le Canada devra accorder un droit de passage inoffensif (droit pour les navires de naviguer sur les eaux territoriales d’un état côtier dans la mesure qu’il ne constitue pas une menace pour la sécurité de cet état). En effet, les États-Unis définissent le passage du Nord-Ouest comme étant un détroit international qui assure le passage inoffensif vers les eaux internationales. L’intérêt du Canada de faire reconnaitre sa souveraineté est de pouvoir contrôler les navires entrant sur son territoire qui effectuent la traversée. Dans le cas d’accidents où des navires qui ne possèdent pas l’équipement nécessaire s’engageraient dans cette voie maritime, le Canada serait responsable des coûts financiers et environnementaux (Lasserre, 2012).

Enjeux sociaux

environnementaux

et

Les enjeux environnementaux liés à la possibilité de transport commercial par le passage du NordOuest se fondent sur le fait que les écosystèmes présents dans ce lieu géographique sont sensibles aux moindres changements et risquent des perturbations importantes. Les navires, lorsqu’ils quittent le port à vide, doivent faire le plein d’eau de ballast pour maintenir leur stabilité (Alarie et al 2009). Malgré la réglementation obligeant une gestion des eaux de ballast, l’introduction d’espèces invasives dans les écosystèmes s’effectue par le rejet de ces eaux à proximité des côtes et celui-ci devient également une pollution importante. Ces rejets contiennent souvent des parasites menaçant l’existence des espèces indigènes pour diverses composantes telles que la compétition pour l’espace et la nourriture. L’ouverture de cette voie maritime empruntée par de nombreux pétroliers pourrait augmenter les risques de déversements. Les dommages irréversibles qui suivraient pourraient alors affecter les écosystèmes nordiques de façon considérable et les services d’urgence pour remédier à la situation seraient

VII L’ARBRITIBI

probablement plus difficiles à organiser dans ce milieu. D’autres éléments tels, les gaz à effets de serre sont considérés parmi les enjeux environnementaux. Les communautés inuites, au premier plan des changements de cet environnement, seront affectées positivement et négativement par l’ouverture du passage du Nord-Ouest. L’accès au nord conduisant à une possibilité d’exploitation de matières premières (pétrolière et minière), permettra la création d’emplois liés à la présence d’industrie. Cela signifie donc des revenus pour ces communautés. Toutefois, le pourcentage des emplois promis aux Inuits ne pourrait pas respecter des ententes prises entre ces communautés et les industries. Par exemple, dans les cas des mines Nasinivik et Polaris, la communauté autochtone devait avoir près de 65 % des emplois. Cependant, ils n’en ont obtenu que 20 % (Alarie et al 2009). Également, les enjeux environnementaux cités brièvement ci-haut représentent des impacts considérables sur l’environnement et la santé de ces communautés. Dans le cas présent, le réchauffement climatique amène une foule d’enjeux et de considérations. Si ces constats ne sont pas résolus en répondant à chacune de contraintes qu’ils amènent, il est possible qu’il y soit davantage de tort que de bénéfices à cette traversée, qui aujourd’hui, est si controversée.


Par Aurélie Charpentier, étudiante en 1ère année en Environnements naturels et aménagés

Ah! Comme la neige neigeait! Le phénomène des changements climatiques est maintenant une réalité acceptée et prouvée par le monde scientifique. Bien que certains, comme les politiciens, préfèrent fermer les yeux devant l’ampleur du phénomène, il sera bientôt impossible de nier que les changements climatiques ont des impacts réels et actuels sur le mode de vie des peuples du monde entier, les Québécois inclus. Le 27 janvier dernier se tenait une grande conférence ayant pour thème «l’hiver, l’Arctique et les changements climatiques» à laquelle plusieurs invités étaient présents, dont Bernard Voyer, explorateur des temps modernes, Julie Payette, astronaute, Louis Fortier, professeur à l’Université Laval et Karel Mayrand, directeur pour le Québec de la fondation David Suzuki. Tout ce beau monde était réuni pour discuter avec le grand public d’un sujet qui nous préoccupe tous en tant que québécois : l’hiver.

blement la nouvelle réalité à laquelle nous devrons nous adapter, car elle est déjà trop enclenchée pour être totalement éliminée. Les sports d’hiver font partie intégrante de la culture québécoise et sont imprégnés dans les gènes de la plupart d’entre nous. Qui n’a jamais fait une partie de hockey sur une patinoire extérieure avec des amis ou de la famille? Qui n’a jamais dévalé les pentes de ski ou fait de la raquette en forêt? Qu’en est-il du ski de fond? Sans oublier le chocolat chaud pris systématiquement pour se réchauffer après un après-midi à faire un bonhomme de neige. Avec les changements climatiques, ces activités qui sont ancrées dans les mœurs québécoises pourraient être menacées, ou du moins disponibles sur une moins grande période de l’année. En effet, selon M. Mayrand, qui a été formé par Monsieur Al Gore, si le réchauffement se maintien au rythme actuel, une baisse de 50 % est à prévoir sur le temps d’accessibilité des centres de ski, et en comptant le 18 % de production de neige artificielle supplémentaire. Comme le ski de fond ne peut bénéficier de la neige artificielle, le nombre de jours pour pratiquer ce sport pourrait passer de 94 à 47 en 2020 et être carrément nul en 2050, soit dans moins de 40 ans.

Que ce soit en bien ou en mal, l’hiver fait effectivement parler de lui. On dit tous qu’on le déteste, mais au fond, nous l’aimons cet hiver québécois et il fait beaucoup de nous le peuple que nous sommes. Pourtant, il est menacé de changements majeurs, dus au climat qui varie de plus en plus. Affirmer que ce ne sont que les générations futures qui devront se préoccuper des changements climatiques est désormais faux. L’hiver actuel est loin d’être aussi aride que les hivers que nos ancêtres devaient affronter dans un temps pas si lointain que cela. Les Noëls verts et les pluies de janvier, comme cette année, seront vraisembla-

L’ARBRITIBI VIII


Un des meilleurs exemples pour illustrer les changements de température est sans aucun doute les Jeux olympiques de 2010, à Vancouver. Afin que les athlètes puissent pratiquer leurs sports d’hiver, des camions devaient aller chercher la neige ailleurs et la ramener sur les lieux des épreuves, la pluie et la tiédeur s’étaient installées en janvier dans la région de Vancouver. Or, il y a de cela seulement quelques années, la neige était abondante dans ces endroits et les hivers rigoureux.

Ces changements dans la pratique des sports d’hiver ont non seulement un impact sur la culture du pays, mais aussi sur son économie, le tourisme hivernal étant une grande source de revenus pour les régions. C’est principalement dans cette optique que les gouvernements se tirent une balle dans le pied s’ils ne prennent pas au sérieux les changements climatiques actuels. Peut-être que les valeurs intrinsèques de la nature et de la culture ne sont pas assez importantes pour nos dirigeants, qui sont obnubilés par ces bouts de papier que l’on appelle argent. Peut-être faut-il mettre un signe de dollar au bout de tout, pour enfin être écoutés? Espérons que le jour où ils cesseront de jouer la terre au Monopoly, il ne restera pas «plus rien». Sources : http://www.ogwa-hydrog.ca/node/1114 http://www.lefigaro.fr/sport/2010/02/10/0 200120100210ARTFIG00419-les-jo-de-vancouv er-a-la-recherche-de-l-or-blanc-.php

par Claude Paradis, étudiante de 4ème année en Aménagement et environnement forestier

Le P’tit CAAF, un service alimentaire pas ordinaire Pour plusieurs, le P’tit CAAF est un arrêt matinal incontournable. Pour d’autres, c’est un sauveteur à l’heure du lunch. Pour d’autres encore, c’est le lieu de prédilection pour se procurer une grignotine qui permettra de tenir le coup jusqu’à la fin de la journée. Mais au-delà des services alimentaires qu’il offre, qui sont bien connus, le P’tit CAAF recèle d’autres secrets qui sont parfois bien gardés.

2e et 3e cycles (AFOR) et géographie 2e et 3e cycles (ALEGG). Il est entièrement administré et opéré par des bénévoles qui ont à cœur d’offrir un service alimentaire agréable, abordable et de qualité. Le café étudiant t’offre donc une opportunité unique de t’impliquer dans ta communauté, de participer à la vie facultaire et de t’initier à la gestion d’une entreprise.

‘’Le P’tit CAAF est toujours à la recherche de bénévoles pour la session d’hiver 2012. Venez nous voir!!!’’

De plus, le café encourage la réalisation d’activités contribuant à dynamiser la vie facultaire en remettant les profits générés par la vente de nourriture aux associations membres. Le P’tit CAAF offre également un tarif préférentiel lors de l’achat de nourriture et de breuvages pour des réunions, colloques et autres évènements.

Le P’tit CAAF est une entreprise qui appartient en parts égales aux quatre associations étudiantes du pavillon : foresterie et environnement 1er cycle (AEFUL), géographie 1er cycle (AEGUL), foresterie

IX L’ARBRITIBI

Pour plus d’informations ou pour devenir bénévole, contactez-nous par courriel au david.sicotte.1@ulaval.ca ou viens nous voir au P’tit CAAF (ABP 1240)!


par Alexandre Guay-Picard, candidat à la maîtrise en sciences forestières

Le grenier

Bienvenue dans la toute première chronique du journal l’Arbritibi! Je sais que plusieurs d’entre vous s’inquiètent… Le Grenier?!?! Sûrement une autre chronique sur les états d’âme de quelqu’un qu’on s’en … de ce qu’il pense. Ou bien, des textes biographiques sur des vedettes du Canadien de Montréal, à une époque où les joueurs les mieux payés de l’équipe marquaient plus de 50 buts par saison plutôt que … hum, « ZÉRO » ! Détrompezvous, il ne s’agit pas du point de vue cynique d’un étudiant blasé sur le passé, ou le futur, louche, de certains politiciens dont j’éviterai de prononcer le nom… Bien loin de moi l’idée de vous faire subir cela ! J’aurai plutôt la chance, pour votre plus grand plaisir, de dresser, aujourd’hui et dans les prochaines éditions, le portrait de quelques étudiants gradués, qu’ils soient à la maîtrise ou au doctorat. Ces choses inhumaines, dont certains étudiants de premier cycle qualifient souvent de « terreurs du 2e étage ». Parfois, on oublie leur existence… Parfois, on ne s’en rappelle que trop bien lorsqu’ils doivent corriger nos examens avec une liste de mots-clés… Par contre, une chose reste indéniable : c’est tout le travail que chacun d’entre eux effectue dans l’ombre et qui contribue directement et indirectement au rayonnement de notre faculté et de notre Université dans les domaines de la foresterie, de la géographie et de la géomatique.

Edith Lachance

La première étudiante que je vous présente provient d’un département qui partage une relation très étroite avec celui de foresterie : la biologie. Le projet d’Edith porte d’ailleurs sur un sujet à cheval entre les deux disciplines. Il s’agit du suivi écosystémique de la coupe avec rétention de bouquets. Ce type de coupe est en fait une CPRS dans laquelle sont laissés des îlots résiduels d’environ 150 à 300 m2 (10 X 15 mètres), qui doivent contenir un minimum de cinq arbres de diamètre marchand.

La philosophie de cette intervention repose sur l’imitation du passage d’un feu qui laisse sur pieds des îlots résiduels qui couvrent entre 7 % et 37 % de la superficie totale, selon l’exemple de la pessière à mousses du Saguenay – Lac-Saint-Jean (Perron et al. 2008). Le travail qu’Edith a effectué lors de ces 2 années de maîtrise a pour but de discerner les différences de structure et de composition de plantes de sousbois entre les parterres de coupe et les bouquets résiduels. Elle a donc échantillonné plus d’une centaine de placettes appariées dans des coupes datant de 2 à 5 ans dans la pessière à mousses de la Côte-Nord. Les conclusions qui en ressortent indiquent qu’il n’y a pas vraiment de différences entre la composition des plantes en régénération dans les parterres et dans les îlots. L’épinette noire et les éricacées dominent dans les deux cas. Évidemment, la structure représentative des deux milieux ne se ressemble pas. L’une des différences majeures est la présence de bois peu dégradé au sol dans les bouquets. On peut donc supposer qu’à long terme, les sols évolueront différemment dans les deux milieux et que cela devrait engendrer différentes compositions floristiques. En effet, les bouquets devraient évoluer rapidement vers la structure irrégulière représentative des pessières surannées. Selon l’exemple des sapinières, la

L’ARBRITIBI X


présence de bois mort peu dégradé, qui caractérise les peuplements surannés, entraîne la présence d’un cortège floristique diversifié (Desponts et al. 2002). Voici l’adresse courriel d’Edith pour ceux qui pourraient être intéressés par la coupe avec rétention de bouquets et les implications écosystémiques qui lui sont attachées. edith.lachance.1@ulaval.ca

Ruth Serra

Ruth a un passé académique que peu d’étudiants gradués de l’Université Laval peuvent réclamer. Le nom de son village d’origine en fera rêver plus d’un : Sant Quirze de Safaja. Ruth vient de Catalogne, à environ une heure de voiture au nord de Barcelone. Elle est diplômée de l’Université Polytechnique de Catalogne, en génie technique agricole. Son projet agroforestier se déroule en collaboration avec l’University of Northern British Columbia (UNBC) et le Ministry of Forest, Land and Natural Resources of British Columbia (MOFLNR). Il s’agit du contrôle de la végétation herbacée en plantation résineuse par le pâturage des moutons. Le concept consiste à faire paître des moutons dans des enclos qui ceinturent des blocs de plantation de pin tordu et d’épinettes de toutes sortes. Ce sont des essences peu susceptibles au broutage. Ce traitement ne s’applique pas dans les plantations de sapin douglas, par exemple, car cette essence sera broutée par les moutons. Le berger offre donc le service de ses moutons, des troupeaux de 300, 600 ou 900 têtes. Le prix chargé est variable, mais selon Ruth il peut être aux alentours de 1,70 $ par jour par mouton. Il est possible de traiter environ 240 hectares en 80 jours avec un troupeau de 600 bêtes. Le coût à l’hectare est donc de 340 $. Selon Newsome et al. (1995) le coût moyen à l’hectare, pour le contrôle biologique (mouton) de la compétition herbacée, est d’environ 465 $. Pas trop mal lorsqu’on compare avec le coût moyen de débroussaillage mécanique qui est de 740 $ /ha ou avec celui du contrôle chimique au

XI L’ARBRITIBI

sac à dos, qui est d’environ 564 $ /ha. Est-il possible de remplacer le travail d’élimination de la compétition qu’effectue le tout nouveau modèle de débroussailleuse forestière Stihl FS 560 de 57cc par des moutons? Il semblerait que oui! Ruth a pris des mesures dans plusieurs dispositifs et les différences sont significatives pour la croissance en hauteur et la croissance en diamètre lorsqu’on compare les parcelles traitées par le «sheep grazing» et les parcelles témoins. Selon certaines études, pourtant, le traitement n’est pas aussi efficace que le dégagement chimique ou mécanique. Chaque traitement a ses pour et ses contres (Newsome et al. 1995). Les moutons ne peuvent pas être utilisés sur n’importe quel terrain; il y a des facteurs à tenir en compte lors du choix des sites (espèces, qualité, quantité, palatabilité, toxicité de la végétation, climat, accès à l’eau, proximité des cours d’eau, visibilité, présence de prédateurs, montant de débris, accès, interaction avec la faune, etc.). Par contre, dans l’ère de la certification forestière et du développement durable, les bénéfices environnementaux et sociaux que peut entraîner le «sheep vegetation management» (SVM) doivent être pris en compte. À suivre… Pour tous ceux que le sujet intéresse ou qui sont simplement intéressés par l’agroforesterie en général (Ruth est une spécialiste), voici son contact : rut.serra.1@ulaval.ca.

Source : Desponts, M., Desrochers, A., Bélanger, L., Huot, J., 2002. Structure de sapinières aménagées et anciennes du massif des Laurentides (Que´bec) et diversité des plantes invasculaires. Can. J. Forest Res. 32, 2077–2093.


par Alice Bernier Banville, étudiant en 4ème année en Aménagement et environnement forestier

Semaine des Sciences forestières Le mois de janvier fut plein d'émotions pour les membres de la Semaine des sciences forestières. Des mois de préparation ont donné naissance à trois activités inoubliables, soit le Salon de la forêt 2012, le Colloque Kruger conjoint AF2R et une Soirée-Cinéma. Pour ceux qui y ont participé et qui aimeraient faire partie de l'organisation l'an prochain, l'élection des postes se fera le 26 mars, durant l'assemblée générale. N'oubliez pas que, quoiqu'on y retrouve de gros postes demandant beaucoup de travail, plusieurs postes requièrent une équipe de soutien, formée de quelques étudiants prêts à investir quelques heures dans l'organisation de ces évènements et dirigées par un membre plus expérimenté. Tentez donc votre chance! C'est une expérience enrichissante que vous ne regretterez pas! Restez aux aguets; la SSF change sa formule et désire être beaucoup plus présente tout au long de l'année. Vous devrez donc entendre parler de nous encore bien avant janvier 2013! Merci à toute l'équipe et à vous, qui, par votre participation, contribuez à l'évolution de notre organisation!

Salon de la forêt 2012

Vous en avez entendu parler? Il s’agit de ce gros évènement qui dure toute la fin de semaine de la première semaine de cours de la session d’hiver, qui regroupe une quarantaine d'exposants, plusieurs conférenciers, des jeux et des activités jeunesse? La Semaine des sciences forestières (eh oui, ça existe! Passez nous voir au local ABP-1262, proche du bureau de Carmen) organise ce Salon tous les ans, et ce, depuis plusieurs décennies. Ces temps-ci, il se déroule à ExpoCité, au Centre des foires. Le thème de cette année était "Revitaliser l'environnement forestier, des racines à la canopée". Très général, ce thème nous a permis d'englober

plusieurs domaines méconnus de la forêt, tout en permettant à d'autres exposants, fidèles depuis plusieurs années, de participer encore cette année. Nous voulions démontrer que la foresterie évolue, lentement, mais sûrement! L'ouverture du Salon s'est faite en présence de M. Mario Gibeault, Directeur général du bureau de la mise en marché des bois, de M. Éric Beauce, Vicerecteur exécutif et au développement de l’Université Laval et de M. Robert Beauregard, Doyen de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique. Cette année, Anne Bernard nous a concocté un coin de produits forestiers non ligneux fort apprécié par nos visiteurs; on pouvait y faire des dégustations et y acheter certains produits (des confitures, marinades, champignons, tisanes et autres). Les animateurs de ces kiosques, Anthony Avoine, Directeur général d'Amyco Champignons Sauvages, et Marise Labrie de Bioproduits de Sainte-Rita, ont aussi offert de courtes conférences très instructives sur la récolte de leurs produits, démystifiant ainsi une branche encore peu utilisée de nos forêts. Deux autres conférenciers, Patrick Pineault, ingénieur forestier à la Forêt Montmorency et Étienne St-Michel, de l’Association forestière des deux rives, ont gagné l'intérêt des jeunes élèves des écoles secondaires visitant le Salon lors de conférences données le vendredi 13 janvier. Le Salon de la forêt héberge plusieurs concours qui contribuent à l'animer agréablement. Cette année était présentée la troisième édition du Défi Cécobois (organisé par David Rainard et son équipe), où des étudiants de génie du bois, de génie civil et d’architecture font équipe pour concevoir et construire une structure en bois en deux jours, uniquement à l’aide des matériaux et des outils fournis pour le concours. On retrouvait également le concours de photographie « De deux à mille pattes» organisé par Anne Bernard, ainsi qu'un

L’ARBRITIBI XII


tirage de prix, organisé par Joachim Lecoutre. De plus, des démonstrations de débardage avec cheval, offertes par M. Jacques Bournival, ont eu lieu régulièrement au cours de la fin de semaine. Pour ceux et celles qui ont eux la chance de passer nous voir, nous vous disons merci et à l'an prochain! Pour les autres, nous vous attendons quand même l'an prochain! Ça promet d'être encore plus passionnant!

Colloque Kruger

Le Colloque conjoint Kruger-AF2R 2012, qui s’est tenu sur le campus de l’Université Laval le 18 janvier dernier, s’est déroulé en deux parties : une journée de conférence et un souper table-ronde. Il a été organisé en coopération avec l’Association forestière des deux rives que nous tenons à remercier pour leur précieuse aide. Le thème de la journée était la refonte du nouveau régime forestier : une foresterie en mutation, ce qui a permis de rassembler plusieurs intervenants de marque comme M. Richard Savard sous-ministre associé à forêt-Québec. Ce dernier a présenté la loi sur l’aménagement durable du territoire forestier. Il faut aussi souligner la présence de M. Luc Bouthillier qui a animé le colloque et une conférence sur les forêts de proximités et M. André Tremblay, président-directeur général du CIFQ qui a donné son point de vue sur ce nouveau régime. Ces conférences ont attiré plus de 200 personnes, dont une centaine d’étudiants, une vingtaine de membres de l’AF2R et une soixantaine de professionnels de la filière bois. En soirée une cinquantaine de

XIII L’ARBRITIBI

personnes ont participé à la table ronde, qui a pris l’allure d’un jeu de rôle sur les tables de gestion intégrée des ressources et du territoire. Cet évènement fut d’un intérêt majeur pour les étudiants en foresterie, qui ont pu se rendre compte de la difficulté de mettre tous les acteurs de la forêt sur un même accord.

Visionnement du film "Hommesdes-bois"

Comme nouveauté cette année, la Semaine des Sciences forestière a organisé une soirée cinéma, pour laquelle le cinéaste Simon Rodrigue s'est déplacé pour nous faire découvrir son nouveau film, Hommes-des-bois, dont la bande-annonce est disponible à http://www.hommesdesbois.com. Ce documentaire était un recueil de souvenirs de bûcherons de chantier des années 1950-1960. Dans les mots de M. Rodrigue: "La parole est laissée aux anciens travailleurs forestiers pour qu'ils nous racontent la mémoire d'une époque importante dans l'industrie forestière québécoise. La passion des témoignages est soutenue par une musique touchante ainsi que par de magnifiques images d'archives. De fantastiques dessins d'animations permettent une transition entre le réel et l'imaginaire". Pour ceux qui ont manqué cette présentation, plusieurs autres seront offertes à Québec durant la session d'hiver. Le film est d'ailleurs sorti en DVD et il est disponible sur le site internet.


par Louis Gauthier, étudiant de 4ème année en Aménagement et environnement forestier

Y aura-t-il construction d’un pavillon étudiant à la Forêt Montmorency? La Forêt Montmorency (FM) est un lieu d’enseignement et de recherche depuis près de 50 ans. Elle permet la formation, entre autres, des ingénieurs forestiers par le biais de stages de formation. Anciennement, les futurs ingénieurs forestiers (FIF) étaient cependant beaucoup plus choyés que de nos jours. En effet, jusqu’en 1984, la formation pratique durait plus de trois mois et les étudiants étaient logés, nourris et payés. « À cette époque, le nouveau ministère des terres et forêts avait de gros besoins en main-d'œuvre. C’était également à l’époque des grands projets collectifs et les gouvernements dépensaient beaucoup » explique Hugues Sansregrets, gestionnaire de la FM. Ces avantages ont ensuite diminué, si bien qu’on assista plus tard à la situation inverse, où les étudiants devaient, pour compléter leurs formations pratiques, débourser à la fois pour leur hébergement, leur nourriture et leurs frais de scolarité. « En cumulant les pertes en salaire durant ces deux semaines, les stages peuvent devenir très coûteux pour un étudiant » souligne Jean-François Caissie, étudiant à la faculté. C’est Catherine Tremblay-Savard, présidente de l’AEFUL de 2005 à 2007 qui, répondant aux plaintes répétées des étudiants et étudiantes, a décidé de s’attaquer au dossier. «Ça n’avait pas de bon sens que les étudiants paient de leurs poches pour l’hébergement à la Forêt Montmorency, forêt qui existe expressément pour leurs besoins en formation» précise-t-elle. La mission de la FM stipule justement qu’elle doit être un milieu d’accueil exceptionnel pour l’enseignement, la recherche et l’éducation liés à l’aménagement durable des forêts. C’est ainsi qu’elle négocia quelque chose de très important avec la FM : le projet de pavillon étudiant était né. Le pavillon en question devait comporter deux étages, 9 chambres pouvant loger 18 personnes, une cuisine et un salon, l’entièreté du pavillon étant tout équipés. Légèrement similaire au pavillon actuel le Boréal, le pavillon étudiant devait cependant être

un bâtiment «agréable [avec un] cachet forestier rustique.» Cette idée de pavillon étudiant semble avoir été très bien accueillie à l’époque par les gestionnaires de la faculté de foresterie, de géographie et de géomatique (FFGG). «Le doyen de l’époque était Denis Brière et il avait des idées de grandeur quant au pavillon étudiant. Les valeurs du projet le rejoignaient beaucoup» ajoute Catherine T-S. Plus qu’un simple endroit où une vingtaine d’étudiants pourrait y effectuer leurs stages pendant l’été, cette nouvelle bâtisse devait permettre qu’il y ait plus de sorties terrain à la FM durant leur formation, tout en permettant son utilisation à des fins de loisir. En fin de compte, le projet visait à démocratiser l’accès à la forêt. Le projet était initialement estimé à 260 000$ par Claude Garant, contremaître du Service des Immeubles, et les étudiants s’étaient entendus pour débourser 60 000 $ de leurs poches et ceux-ci s’étaient engagés à trouver des commanditaires pour réduire les coûts du projet, le restant étant défrayé par la FFGG et la FM. Comment trouver une telle somme? C’est à l’aide du Fonds d’Investissement Étudiant (FIÉ) que les étudiants étaient supposés amasser cette somme. Initialement, c’est plus de 30 000$ par année que le fonds devait fournir au projet. On se trouve actuellement dans une situation toute autre. « Après cinq ans de financement, la cagnotte du projet ne contient qu’à peine plus de 34 000$ » nous rappelle Mme Gagnon, administratrice de la faculté. Hugues Sansregrets pense également qu’un projet comme celui-ci coûte plus cher que l’estimation actuelle. «Le projet des étudiants, c’est un projet d’un million. En plus, le pavillon actuel est déjà étudiant. C’est sûr que ce ne sont pas des infrastructures modernes, mais de là à investir dans un nouveau pavillon…» insiste M. Sansregrets. Cependant malgré les débâcles actuelles du projet, les étudiants ont réussi à tirer profit de l’entente. En effet, cette entente prévoyait que tant que les

L’ARBRITIBI XIV


étudiants contribuaient au projet de pavillon par le biais du FIÉ, ils ne devaient plus débourser pour l’hébergement à la FM. « Autrefois il y avait trois choix : le bas de gamme, qui consistait à faire du camping à 6$ par jour, le moyen de gamme, qui consistait à utiliser les refuges, et le haut de gamme, à 49 $ par jour, qui comprend l’hébergement dans le pavillon qui et la nourriture à la cantine » nous rappelle Hugues. Malgré qu’un peu moins cher que pour un visiteur normal de l’époque (67$), il n’en reste pas moins que le choix du pavillon n’était pas abordable. « À ce prix-là, mon stage, juste en hébergement et en nourriture, me coûte plus cher que mon loyer pour un mois. On n’est pas là en touristes non plus. On commence la journée à 7h et bien souvent, à 9 ou 10 h le soir, on est encore aux ordinateurs à préparer la journée du lendemain » réitère Jean-François Caissie. Cependant, après cinq ans, les gestionnaires (Mme Gagnon et M. Sansregrets) commencent à remettre en question le projet. « Avec 34 000$, on se paye même pas la fondation d’un immeuble. Il est peut-être temps qu’on réfléchisse avec les étudiants à un autre projet, peut-être moins coûteux qui pourrait répondre aux besoins des étudiants » souligne Hugues. « Je n’aime pas ça voir des projets traîner en longueur comme ça. S’il est possible de trouver un autre projet, ça pourrait abréger le processus. À voir comment s’accumule l’argent, on n’est pas à l’aube de voir le nouveau pavillon… Cependant, c’est une initiative étudiante et on respecte ça. Si les étudiants tiennent à leur pavillon, on va vivre avec le projet actuel » nous rappelle Mme Gagnon. Catherine T-S, l’instigatrice du projet, pense quant à elle qu’il faut être vigilant. «C’est un gros morceau qu’on a réussi à gagner à l’époque. Si les étudiants sont prêts à remettre en cause le projet, il faut s’assurer que la solution soit acceptable. On s’est battu longtemps pour ça. Il n’est pas normal qu’on doive débourser autant pour avoir accès à notre forêt» souligne-t-elle. D’autres interrogations persistent. Lors de la mise en branle du projet, le programme d’environnements naturels et aménagés n’existait pas. Après seulement 2 ans d’existence, le très

L’ARBRITIBI XV

Photo: Jean-François Bourdon, étudiant de 2ème année en Aménagement et environnement forestier

populaire programme, qui regroupe maintenant quelque 50 étudiants par cohorte, prévoit la tenue d’un stage obligatoire à la dernière semaine de l’été. L’AEFUL, quant à elle, est contente que ça bouge dans le dossier du pavillon étudiant, mais est tout de même préoccupée par la situation. Tout en déplorant la situation actuelle quant au peu d’argent actuellement accumulé, elle estime qu’au moins le projet avance. «C’est sûr que quant aux prévisions de départ, on se serait attendu à des avancements plus rapides, mais reste que la situation actuelle est meilleure que l’ancienne. S’il y a une Forêt Montmorency, c’est que quelque part, il y a des étudiants pour y suivre des enseignements et y effectuer des travaux de recherche. On ne peut pas revenir à l’ancienne situation» croit David Sicotte, président de l’AEFUL. L’organisation compte faire parvenir un document regroupant les besoins et les préoccupa-


tions étudiantes aux gestionnaires afin que la solution de rechange soit fidèle à ce pour quoi les étudiants ont auparavant mis tant d’efforts à la mise en œuvre du projet de pavillon étudiant.

L’auteur tient à souligner qu’il a paraphrasé les citations contenues dans le présent article dans le but de refléter le plus adroitement possible les dires des auteurs lorsqu’ils furent interviewés.

par Annabelle Moisan-De Serres, étudiant de 3ème année en Aménagement et environnement forestier

Les universités québécoises ne sont PAS sous-financées La hausse des frais de scolarité de 1625$ devant débuter à l’automne 2012 se base sur le fait que les universités québécoises seraient sous-financées en comparaison aux universités du reste du Canada. Voici ce qu’il en est réellement… Tout d’abord, il faut mentionner que le budget total des universités est divisé en six fonds : • Fonds de fonctionnement : couvre les coûts des opérations courantes (salaires des professeurs, entretien, etc.); • Fonds d’immobilisation : pour les bâtiments et le matériel; • Fonds de souscription : dons versés pour l’université; • Fonds de dotation : dons versés par les entreprises privées qui se retrouvent ensuite sur les marchés boursiers afin que les revenus servent à fournir des fonds pour des chaires ou des bourses; • Fonds des entreprises auxiliaires : inclus les revenus des activités du campus, comme le service des résidences, les cafétérias, les librairies, etc.; • Fonds avec restriction : argent provenant des subventions et des contrats de recherche ou servant à financer des chaires de recherche subventionnées. Ce dernier fonds est « avec restrictions », car les sommes présentes ne peuvent pas servir à financer l’enseignement. Les sommes présentes dans ce fonds ont été multipliées par 12 en 25 ans, passant de 117,9 M $ en 1980 à 1,382 G $ en 2004. Toutefois, les dépenses occasionnées par la place toujours grandissante de la recherche, qui est accrue par ce fonds, sont payées grâce au fonds de fonctionnement des universités! Ces dépenses com-

paré le budget du réseau universitaire québécois à celui des autres provinces canadiennes afin de démontrer que nos universités étaient sous-financées. Toutefois, dans son calcul, la CRÉPUQ a omis de considérer 4 de ces 6 fonds, soient les fonds avec restriction, les fonds d’immobilisation, les fonds de dotation et les fonds des entreprises auxiliaires. Un important montant, qui dépasse de loin le 650 M$ de « sous-financement », se trouve donc dans ces 4 fonds et met le Québec au même niveau que les autres provinces canadiennes quant au financement de son réseau universitaire. En effet, le budget disponible par étudiant dans les universités québécoises est de 29 242 $ alors qu’il est de 28 735 $ dans le reste du Canada. Le Québec est donc loin d’être en retard par rapport aux autres provinces. C’est plutôt que l’argent n’est pas utilisé pour l’enseignement, mais bien pour la recherche. La moyenne des budgets canadiens versés pour la recherche est de 21,5% du montant total détenu par les réseaux universitaires tandis qu’il est de 26,2% au Québec. On constate donc que près de 5% de plus de notre budget est versé pour la recherche commercialisable. Le gouvernement Charest, en présentant la hausse des frais de scolarité comme une manière de rattraper un retard financier, veut faire payer les étudiants pour un problème qui n’est pas réel. Les universités québécoises ne sont pas sous-financées. Elles sont plutôt mal-financées. Toutefois, on peut quand même évaluer les bénéfices financiers qu’on pourrait tirer à faire payer 1625$ de plus par année à chaque étudiant universitaire. Voici comment sera divisé le montant total

L’ARBRITIBI XVI


ramassé grâce à cette hausse : • 35% seront utilisés pour compenser le programme de prêts et bourses, pour les étudiants qui sont déjà boursiers; • 15% à 25% seront utilisés pour financer la recherche (encore!); • 10% à 20% seront utilisés pour « rendre les universités concurrentielles », c’est-à-dire pour la publicité des universités; • 5% à 15% seront utilisés pour des mesures administratives et des gestionnaires. Que restera-t-il donc pour l’enseignement? Entre 5% et 45% du montant total… Toutefois, l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) a récemment montré que le gouvernement avait omis certains paramètres dans son calcul. En effet, la hausse des frais de scolarité coûtera à l’État près de 192 M $ en crédits d’impôt et en bonification du programme d’aide financière aux études (AFE), car l’augmentation du montant déclarable admissible sera plus élevée. Ceci aura pour conséquences de permettre à un plus grand nombre d’étudiants, qui ne sont présentement pas

boursiers, d’avoir accès à l’AFE alors qu’ils ne l’étaient pas avec les frais de scolarité actuels. On constate donc que les bénéfices de cette hausse sur la qualité de l’enseignement seront beaucoup moins importants que ce que le gouvernement veut nous faire avaler. Le mince 1,2% du budget du ministère de l’Éducation qui sera comblé par la hausse des frais de scolarité vaut-il la diminution de l'accessibilité aux études? En effet, une étude effectuée par le comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études souligne qu’au moins 7 000 étudiants verraient leur accès aux études supérieures bloqué à cause de la hausse des frais de scolarité. En 2007, le gouvernement Charest a consenti à une baisse d’impôt de 950 M $ au bénéfice des plus riches de la société. En 2010, le recteur de l’Université Laval, qui se fait le héraut du sous-financement du réseau universitaire, a augmenté son salaire de 100 000$ par année. Et il n’y aurait pas assez d’argent dans les fonds publics pour financer le réseau universitaire québécois… Il est maintenant temps de faire nos choix en tant que société et de dire NON à la hausse des frais de scolarité.

par Fabien Lanteigne, étudiant de 4ème année en Aménagement et environnements forestiers

Histoire de zombies

«Arrêter de dire que je suis démagogue, je suis de Sherbrooke!» Jean Charest, en 2006

Ainsi donc, il y aura hausse des frais de scolarité dès l’an prochain. Et en réponse, il y aura des manifestations cet hiver. Et des grèves. Et de la grogne. Et de la colère. Et de la hargne. Et des morts. (En fait, pas vraiment, mais quelqu’un a sûrement déjà eu l’idée d’un film de zombies dans une manifestation étudiante, non?) On veut ainsi aller chercher les montants qui manquent au prétendu sous-financement des universités. On le fait en utilisant de mauvais termes, en parlant de sous-financement des universités au lieu d’utiliser des termes plus appropriés comme mauvais financement des universités ou sous-financement de l’enseignement. On oublie de considérer

L’ARBRITIBI XVII

l’impact de la hausse sur les montants déclarables et admissibles aux prêts et bourses par les étudiants, qui viennent en fait annuler la moitié du montant que M. le Capitaine espère dégager avec sa hausse magique maléfique. On oublie de considérer la majorité des fonds de gestion des universités dans le calcul du sous-financement, fonds qui dressent un portrait inverse de la situation. Et on demande aux étudiants de comprendre, de faire preuve de bonne foi et de faire leur part. Allez savoir où est la logique là-dedans. Je rétorquerais bien avec des arguments, mais je combattrais par la logique un animal qui n’y obéit pas. L’argument gaugauche facile accuserait le


chef-champion en chef du Québec d’obéir une fois de plus aux paradigmes de l’utilisateur-payeur, de la marchandisation du savoir et de l’économie du savoir, concepts de société qui plaisent particulièrement aux économistes et libéraux de ce monde, mais qui ne survivent jamais à l’épreuve de la réalité. Et pour une fois, je ferai fi des étiquettes et adhérerai à l’argumentation. Une analyse en profondeur de la situation amènera tous les esprits perspicaces à conclure qu’il ne s’agit non pas d’une solution économique rationnelle, mais d’une histoire d’idéologie, tout bonnement. Les histoires d’horreur des libéraux sur le financement des universités sortent tout droit de l’esprit tordu de leurs créateurs et doivent demeurer au chapitre de la science-fiction, des problèmes irréels et des films de zombies,

c’est-à-dire dans un imaginaire collectif déformé. En ce qui vous concerne, chers amis, informez-vous, lisez tout ce qui vous tombe sous la main, posez des questions à votre entourage et à vos assos respectives, car il y aura de l’action cet hiver. Le monstre sera de retour en force avec des arguments dignes d’un film de zombies. Et peut-être que vous, étudiants motivés de ce monde, réussirez à mettre un peu d’ordre dans toute cette histoire de jus d’intestin vert fluo gluant. (Et pour les plus paranos, préparez vos 12 et tasses-vache. On ne sait jamais quand les zombies reviendront à la charge).

L’ARBRITIBI XVIII


Party de la Saint-Valentin

Manifestation contre la hausse à Québec

Semaine de relâche

Semaine de relâche

Semaine de relâche

Semaine de relâche

Cabane à sucre

Manifestation contre la hausse à Montréal

Jeux interfacultaires

L’ARBRITIBI XIX

Jeux interfacultaires

Jeux interfacultaires

Semaine de relâche


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.