L'Arbritibi - Vol. 4 n°2 - 13 novembre 2014

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ion s r ve n e le e au l.ca b i on niqu lava p dis ctro gg.u i s s éle i.ff Au itib r b lar Volume 4 numéro 2 13 novembre 2014

Un bref retour sur le 24e congrès de l’IUFRO page 3

L’invasion silencieuse du méconnu fleuve Saint-Laurent pages 3-4

Il fait chaud au PEPS page 5

Chronique d’une fille à vélo

page 6

Chronique du Grenier pages 7-8

La griffe du chien pages 8-9

Chronique littéraire pages 9-10

Chronique d’un étrange pages 10-11


Chères étudiantes, Chers étudiants, Ce mois-ci dans l’Arbritibi, la variété se multiplie et les chroniques déboulent ! Pour ceux qui cherchent à développer leurs connaissances, Il fait chaud au PEPS traite d’un sujet estival; les îlots de chaleur et L’invasion silencieuse du méconnu fleuve Saint-Laurent s’attaque à la biodiversité poissonière de notre cher fleuve.

Le mot du comité

Dans la Chronique d’un Étrange, vous trouverez une critique concernant le vaccin contre le VPH (critique n’engageant que son auteur) et Gabriel Rocheleau, notre étrange de la dernière édition, revient en force avec l’ouverture de sa propre chronique : La griffe du chien. La chronique littéraire, fidèle au poste, aborde la bibliographie de la célèbre Amélie Nothomb en bref. La Chronique du Grenier, longtemps oubliée, refait surface avec Mathieu Bouchard et ses machines. Finalement, Mathilde se lance dans une nouvelle aventure : écrire sur deux roues, ou plutôt, écrire sur ce quoi touche au bicycle. Finallement, n’oubliez pas d’aller consulter l’article de Camille qui nous parle de son congrès de l’IUFRO à Salt Lake City ! Lisez-nous ! Écrivez-nous ! Le comité de L’Arbritibi, votre journal étudiant Pour tout commentaire ou nous proposer un article, n’hésitez pas à nous contacter par courriel ou via notre page Facebook ! Retrouvez également les versions électroniques du journal sur notre site internet. larbritibi@ffgg.ulaval.ca larbritibi.ffgg.ulaval.ca /larbritibi Présidente : Mathilde Routhier Collaborateurs : Mathieu Bouchard, Gabrielle Desrosiers, Viengxay Matthayasack, Alexandre Prioletta, Camille Proulx, Gabriel Rocheleau Infographie : Jean-François Bourdon Crédit photo (page couverture) : Mathilde Routhier Tirage: 150 exemplaires Distribution: pavillons Abitibi-Price, Gene-H.-Kruger et Charles-Eugène-Marchand La réalisation du journal est rendue possible grâce à la contribution financière du Fonds d’enseignement et de recherche de même que du Fonds d’investissement étudiant. Merci ! Imprimé sur du papier Rolland Enviro100

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Un bref retour sur le 24e congrès de l’IUFRO par Camille Proulx, étudiante en aménagement et environnement forestiers Du 5 au 11 octobre dernier se tenait, dans la ville de Salt Lake City (Utah), un congrès forestier international de grande envergure : le 24e congrès de l’IUFRO (International Union of Forest Research Organizations). L’évènement rassemblait des scientifiques de toute origine autour du thème « Sustaining Forest, Sustaining People, The Role of Research » et accueillait près de 4000 forestiers dont 400 étudiants et étudiantes. Il était également l’hôte des rencontres annuelles de la SAF (Society of American Foresters) et de l’IFC (Institut forestier du Canada). J’y étais présente avec quatre autres étudiants de la Faculté. Je vous invite à lire la prochaine édition du Monde Forestier, car un article se rapportant à notre expérience y paraîtra et à visiter le blog de l’évènement : http://blog.iufro2014.org/. Pour l’instant, voici un court texte, plus personnel qu’informatif, sur ce que cette semaine à Salt Lake City m’a apporté.

la passion. Des évènements comme le congrès international IUFRO sont propices à ce type rencontre, car tous les gens qui s’y présentent gravitent dans le même domaine et sont ouverts aux discussions. Ils sont tout simplement présents. Il naît de tels moments un partage d’informations qui agit comme un moteur et qui donne envie d’approfondir, de grandir, de connaître. Ainsi s’échangent des informations sur des auteurs, des idées, des citations, des articles scientifiques ou des blogs. De retour chez-soi, on est enrichi de nouvelles connaissances théoriques, mais aussi de nouveaux projets, de nouvelles idées, de nouveaux objectifs et surtout de nouvelles amitiés. Ce qu’il faut retenir de cette brève pensée : impliquezvous, prenez toutes les occasions qui s’offrent à vous et participez à autant d’évènements que vous le pouvez (facultaires ou extra-facultaires, nationaux ou internationaux); en d’autres mots, enrichissez-vous !

J’y ai fait la rencontre de Chantel avec qui j’ai pu discuter comme je le fais avec des amis de longue date, peut-être encore plus parce que mes amis de longue date ne sont pas toujours forestiers ! Ces rares moments sont précieux, car porteurs d’espoir, de motivation et de plaisir. Il n’y a, à mon avis, rien de plus stimulant que l’échange qui se crée entre deux personnes qui partagent une passion sinon que le contexte de cet échange soit aussi de concert avec

L’invasion silencieuse du méconnu fleuve Saint-Laurent par Viengxay Matthayasack, étudiant en opérations forestières Miaou, le fleuve Saint-Laurent possède une incroyable biodiversité de poissons. Des gros brochets de 90 ans, des dorés jaunes de grande valeur, des lépisostées osseux aux allures préhistoriques, des perchaudes aux nageoires oranges, des becs de lièvre avec leurs drôles de lèvres, une armée de petits menés aux multiples couleurs... en sommes, une diversité de plus de 35 espèces de poisson (Montréal inclus) diversifiés autant dans la forme et que dans la taille. Mon implication lors d’inventaires ichtyologique m’aura permis de voir une bonne partie de ces poissons. Cependant, Vol. 4 n°2

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l’un d’eux mérite un peu plus d’attention : le gobie a taches noires ! Le gobie à taches noires (Neogobius melanostomus) est un petit poisson reconnaissable par son museau arrondi et sa tache noire sur la nageoire dorsale et qui mesure au maximum 25 cm, mais plus souvent quelques centimètres seulement. On le retrouve dans le fleuve et c’est malheureusement une espèce exotique envahissante. Ce coquin nous vient de la mer Caspienne (probablement via les eaux de ballast)

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depuis 1990. Au Québec, ce poisson n’a naturellement pas d’ennemis et cause du tort a plusieurs espèces de poissons en étant un compétiteur agressif et en mangeant leurs œufs. C’est une espèce qui à connu un succès phénoménal grâce à sa double reproduction annuelle dans notre région, à ses habitudes de poisson de fond et, dans certains cas, par le fait d’être le seul ennemi naturel de la moule zébrée (une autre espèce exotique envahissante). D’autres clés du succès viennent de sa capacité a se disperser de manière naturelle et plus artificielle comme sous la forme d’appât pour la pêche. Apparemment, un(e) gobie mort(e) est encore capable de relâcher son sperme ou ses œufs dans l’eau. C’est un peu triste étant donné l’écosystème stable et en santé en milieu très urbanisé. Étant donné que l’ennemi est sous l’eau, les méthodes disponibles pour contrôler l’invasion sont limitées (et n’oubliez pas les enfants, Québec sans pesticides... quoique sous l’eau). En même temps, le suivi est très complexe, coûteux et requiert la participation du public. Quoique parfois fiables, ne sont pas des gens qui suivent l’évolution des plus petits poissons puisque jeter un gros filet dans l’eau sans permis spécial est illégal. Au moins, on a une loi qui interdit de relâcher toute espèce envahissante pêchée.

Ne perdez pas espoir ! Nous qui sommes habitués à intervenir dans le bois, on dirait qu’on oublie parfois le puissant effet de la sélection naturelle. Si je reviens aux gobies, une drôle d’adaptation semble s’être récemment amorcée dans l’écosystème. Certains poissons indigènes du fleuve, en particulier le doré noir (un poisson de fond), ont commencé à s’alimenter de gobies. Quand on y pense, peut-être qu’on s’inquiète pour rien et Dame nature fera son travail pour rétablir l’équilibre de l’écosystème dans un parfait silence. Hormis ça, les moules zébrés accumulent les métaux lourds en suspension, les gobies mangent les moules et d’autres poissons comestibles participent à cette chaîne de bioaccumulation dont on entendra peutêtre parler dans le futur. Bonus : Saviez-vous qu’une opération (Dragon) antibraconnage de poissons a eu lieu en 2009 pour arrêter l’exploitation et la vente illégales de poissons du fleuve Saint-Laurent au printemps dans le quartier Chinois de Montréal ? Pour plus d’informations :

Bodeur, P., Reyjol Y., Mingelbier M., Rivière T. et Dumont P. 2011. Prédation du gobie à taches noires par les poissons du Saint-Laurent : contrôle potentiel d’une espèce exotique ?. Le Naturaliste Canadien. 135(2): 89-96.

Gobie à taches noires, Neogobius melanostomus (Joseph R. Tomelleri / Cimarron Trading Company)

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Il fait chaud au PEPS

par Alexandre Prioletta, étudiant en aménagement et environnement forestiers Il fait chaud au PEPS, c’est le cas de le dire. Non seulement les admirateurs sont survoltés par les victoires au football, mais ils dégagent une chaleur incroyable lors des matches du Rouge et Or. Toutefois, cette chaleur est minime comparée à celle repoussée par la structure même où se déroule ces évènements ou bien les salles d’entraînement des athlètes. Comme vous pouvez le voir sur cette photo, le PEPS, à vol d’oiseau, ressemble à un gros tas de béton au milieu d’un champ vert. Alors, en été, imaginez-vous la chaleur que ce toit doit capter et réémettre dans les environs. C’est sans oublier toute l’énergie nécessaire pour faire fonctionner à plein régime les systèmes de climatisation. On parle ici d’un Image satellite de la zone du PEPS (Google Maps) bel exemple d’îlot de chaleur. Un îlot de chaleur sées seraient la vigne vierge ou lierre de Boston (Parcorrespond a une élévation de la température loca- thenocissus quinquefolia) et l’hydrangée grimpante lisée dans un milieu urbain par rapport à une autre (Hydrangea petiolaris). Ces dernières ne dérangeant zone avoisinante. Ces îlots forment des microclimats pas l’enveloppe du bâtiment et lui donne une allure artificiels crées par l’activité humaine et par l’urbani- disons... un peu plus verdoyante ! sation. Ces derniers peuvent aggraver les épisodes de canicules et modifier la nature en repoussant des es- Sources : pèces qui n’aiment pas la chaleur1. Charles Lessards 1. http://www.futura-sciences.com/magazines/ environnement/infos/dico/d/developpement-durable-ilotainsi que moi-même avions remarqué qu’il serait perchaleur-urbain-5473/ tinent de peut-être renverser cette tendance et de lut- 2. http://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/988_ ter contre ce phénomène en conscientisant les gens. MesuresIlotsChaleur.pdf Pour y faire face, nous pouvons installer: 3. http://www.donnees.gouv.qc.ca/?node=/donneesdetails&id=2f4294b5-8489-4630-96a1-84da590f02ee

Un toit vert2 contribuant à : • L’augmentation de l’isolation thermique et du rafraichissement des établissements; • Rajouter de l’esthétique au gros édifice en béton; • Offrir la possibilité de faire de l’agriculture pour nourrir les athlètes à l’intérieur; • Améliorer la qualité de l’air; • Allonger la durée de vie du toit contre les intempéries et les rayons UV. Des murs verts2 : C’est-à-dire des plantes grimpantes placées au sol près des murs capables de grimper jusqu’à 30 m. On pourrait réduire les écarts de température et réduire les rayons UV qui convergent vers ce point. Les plantes utiliVol. 4 n°2

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Analyse cartographique des îlots de chaleur sur le campus de l’Université Laval. La zone encerclée correspond au PEPS. (réalisée par le CERFO)

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Chronique d’une fille à vélo « Toi t’es hippie tu viens au cégep à vélo »

par Mathilde Routhier, étudiante en aménagement et environnement forestiers Eh voilà c’était dit. Ma « hippieness » était ainsi dévoilée par mon moyen de transport… sur trois gros kilomètres. Ça ne faisait pas de moi une cycliste pour autant n’est-ce pas? Laissez-moi vous parler un peu de ma « vélolution ».

cégep, c’était simplement vraiment plus efficace de prendre le vélo, puis j’ai goûté à un vieux vélo de route (le plaisir commence). Vint ensuite l’achat d’un vélo de cyclo, des rêves de traverser le Canada, et un amoureux vendu, soldé, Sautons l’apprentissage de l’équilibre et les ballades liquidé vélo. Voilà, cet hiver, je roulerai encore à vélo. familiales. Tout commence lors de la naissance de mon désir de voyager à vélo jusqu’à Kamouraska C’est donc avec ce petit bagage, qu’à l’avenir, je vous (destination de plaisance assez régulière pour les jaserai de voyages, de réflexions, d’actualités... de Routhier) aux alentours de 11 ans. Enthousiasmée vélo. par mon idée de génie, je l’ai partagée à mes parents. Mon père a semblé considérer ma proposition et m’a demandé de réaliser un itinéraire ne passant pas par les autoroutes et considérant des journées de maximum 70 km; chose que j’ai faite. Ensuite, mon père m’a proposé une préparation, un avant-goût de ce que je demandais. On est donc parti, mon frère, mon père et moi-même en direction du pont de Québec. Je me souviens du stress causé par la minceur de la piste cyclable sur le chemin St-Louis et la peur de traverser ce pont en grillage; les concombres et le sandwich aux cretons mangés sur le bord de l’eau dans le coin de Lévis; de la remontée pénible vers Québec et finalement du souper chez ma grand-mère à quatre coins de rue de chez-moi. Au moment où, contente de ma journée terminée, je dévore mon hamburger, mon père me dit : « Donc ce soir tu dors ici et demain matin je repasse te chercher et on refait la ride dans le sens inverse. » Retenue, se contenir, montrer que tu es agréablement surprise... non ! Oh non ce n’est pas juste. Ce n’est pas pareil ! On est à côté ! Ma première expérience de cyclo a donc attendu mes 22 ans pour être réalisée. Entre les deux, j’ai commencé à me déplacer à vélo un peu au secondaire, plus parce que mon père me le recommandait que par plaisir (pour la température, mon père avait établi qu’à partir de 60 % de probabilités d’averses, on pouvait choisir l’autobus. Que je l’aimais ce 60 % !). Au

photo: Mathilde Routhier

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Chronique du Grenier

La technologie, c’est aussi dans le fin fond du bois à plus de 200 km de la ville la plus proche ! par Mathieu Bouchard, candidat à la maîtrise en sciences forestières Pour beaucoup de nos collègues non forestiers, la récolte du bois est (trop) souvent synonyme de progrès technologiques limités et de conservatisme : le godendard n’est pas loin ! Cette vision est aussi vraie pour quelques-uns d’entre nous, faut-il se l’avouer…

Les implications sont aussi importantes pour l’opérateur. Celui-ci utilise, en moyenne, près de 4000 fonctions pendant une heure de travail normale en forêt boréale (Gellerstedt, 2002). Cela veut dire : choisir son arbre, l’abattre, décider de la manière dont il va le façonner, choisir l’endroit de son empilement, prévoir où il va circuler avec sa machinerie, protéger la régéLa réalité « terrain », c’est que la technologie occupe nération, régler le chauffage de sa cabine, répondre de plus en plus de place dans le quotidien des entre- à son contremaître qui le call sur son FM, penser à sa preneurs en récolte et leurs opérateurs. Les ordina- blonde, tout en écoutant sa musique country favorite teurs de bord représentent un potentiel énorme pour à la radio… et j’en passe… améliorer notre connaissance de la ressource forestière, de même que pour faciliter le travail de l’opérateur de machinerie. Il n’y a en effet que deux moments dans toute la chaîne de transformation de la matière ligneuse où chaque arbre est manipulé individuellement : par l’abatteuse sur le parterre de coupe et dans l’usine au moment d’être scié. Chaque arbre qui passe dans une tête dont les rouleaux d’alimentation sont équipés de potentiomètres est mesuré et numérisé. On peut donc connaître sa longueur, son défilement, son diamètre à tous les 10 cm, son volume, ses coordonnées GPS et même le de bord Ponsee dans son environnement naturel moment (à la seconde près !) où il a été coupé. Pas Ordinateur (photo: Mathieu Bouchard) mal pour une machine qui ne fait que couper du bois ! Il faut cependant que ces têtes soient calibrées, mais Les fonctions incluses dans les ordinateurs perça, c’est un autre dossier… mettent d’automatiser, en partie ou en totalité, les décisions reliées au façonnage. Ce faisant, l’opérateur peut se concentrer à prendre des décisions sur d’autres aspects : la protection de la régénération, l’environnement ou simplement profiter de micropauses dans son cycle de production.

Exemple de profil d’un arbre tiré du logiciel Silvia Vol. 4 n°2

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Cette partie est cependant très peu documentée : mon projet (sous la direction de Daniel Beaudoin et la codirection de Luc LeBel) vise donc à mesurer l’impact sur la productivité et sur la qualité du bois façonné des fonctions d’automatisation du façonnage. Nous collectons donc les informations de trois abatteuses qui travaillent au Lac-Saint-Jean pendant une période de près d’une année. -7-


Deux modèles de têtes d’abattage sont suivis : Ponsse, avec son logiciel Opti4G et Log Max, avec le logiciel Log Mate 500. Le projet est réalisé en collaboration avec Produits forestiers Résolu et FPInnovations.

Référence :

Gellerstedt, S. 2002. Operation of the single-grip harvester: motor-sensory and cognitive work. International Journal of Forest Engineering. 13(2): 35-47.

Le potentiel de ces ordinateurs reste donc encore une denrée sous-exploitée, mais qui regorge de potentiel. À suivre.

Abatteuse multifonctionnnelle sur un parterre de coupe (photo: Mathieu Bouchard)

La griffe du chien

Times Square, Notre Nouvel Oratoire

par Gabriel Rocheleau, bachelier en actuariat Piété : Vertu qui dispose à rendre à Dieu l’honneur qui lui est dû par les actes extérieurs de la religion.

Dociles, ils étaient des chiens.

Dans le temps, les gens étaient pieux. Ils allaient à la messe, se faisaient dire quoi penser et retournaient à leurs occupations sans saveurs. Ils ne savaient même pas ce qu’était le Baba Ganousch !

Depuis, les gens sont-ils moins pieux ? Ils écoutent la TV, se font dire quoi penser et puis retournent à leurs occupations sans saveurs. Ah, au moins ils savent comment faire du Baba Ganousch.

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Recette du Baba Ganousch 2 aubergines de moyenne taille (environ 1kg au total) ¼ de tasse de tahini (pâte de sésame) ¼ de tasse de jus de citron 2 à 3 gousses d’ail, finement et gentiment hachées ¼ c. à thé de cumin ½ c. à thé de sel 2 c. à table de persil très frais, haché plus finement que du steak haché 1 c. à table d’huile d’olive Cuisez les aubergines, environ 30 minutes à 375°F. Séparément, combinez tahini, jus de citron, ail, cumin et sel dans un bol de taille moyenne. Enlevez la chair des aubergines, mélanger ça avec le mélange, de façon à avoir un mélange mélangé. Laissez refroidir et bourrez ça de persil et d’huile d’olive.

les mains de l’environnement extérieur. On y entre, la queue entre les jambes, comme des chiens. Dans le temps, les pieux principes nous faisaient sentir coupables d’exister. Il fallait croire pour être. Ast’heure, les publicités nous font savoir qu’on a besoin de consommer pour exister. Il faut avoir pour être. Simplement être, c’est pas assez ? On a beau se prétendre athée, on pense quand même religieusement au temps. On prévoit tout. Quelle heure est-il ? Aurai-je le temps ? C’est quoi ton salaire; combien vends-tu ton temps de l’heure ? Astu remis ton travail à temps ? Quel temps fait-il ? Attemps-moi pas pour souper, je dois faire du surtemps.

La société aime bien penser qu’elle a évolué dans le temps, qu’elle nous a permis de transcender les Pas surprenant que ce bel icône consumériste s’apdogmes du passé pour créer une réalité représentant pelle Times Square. Le triomphant Endroit du Temps. davantage nos désirs, nos valeurs et nos ambitions. Refusons ce qui nous est proposé par la société, refuEst-ce le cas? Ou bien est-ce qu’on fait juste jouer au sons d’être rabaissé à une forme abâtardie de nousping-pong entre le dogmatisme religieux et l’avilisse- même, refusons la béquille idéologique sur laquelle ment consumériste? le monde nous force à nous appuyer; pensons, doutons, créons, ouvrons notre esprit et commençons à Quelle est la différence entre arriver à Times Square vivre dans le monde réel. et faire son entrée dans l’Oratoire St-Joseph? On se présente dans ces lieux en remettant pieusement nos N’ayez jamais peur de japper. pensées, notre individualité et notre humanité dans

Chronique littéraire Nothing but the best

par Mathilde Routhier, étudiante en aménagement et environnement forestiers Aujourd’hui je vous parle de Nothomb, cette écrivaine qui m’a marquée dès la première lecture. C’était il y a fort longtemps, alors que j’étais dans les jeunes âges du secondaire. Ma mère m’avait acheté Stupeur et tremblements (1999) suite au visionnement du film du même nom. Cette écriture au ton on ne peut plus égocentrique ne peut que nous accrocher. S’en suivit La métaphysique des tubes (2000) qui me charma tout autant en ajoutant une vision enfantine poignante et sans « flafla » au ton presque arrogant. J’ai lu par la suite quelques romans moins impressionnants de la même auteure pour regoûter, enfin, au plaisir de Vol. 4 n°2

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la lire avec Le Sabotage amoureux (1993). Selon moi, les œuvres de Nothomb se distinguent en deux catégories : les autobiographies et les autres romans. Personnellement, je préfère ses autobiographies. Le Sabotage amoureux raconte son passage à Pékin alors qu’elle avait entre cinq et huit ans. Comme l’ensemble de la vie de Nothomb racontée, ces trois années dans la capitale chinoise n’ont rien de banal : « L’univers existe pour que j’existe. […] Il ne fallait pas se cacher que le

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monde s’était préparé à mon existence depuis des milliards d’années. » Elle y revit la deuxième guerre mondiale avec les autres enfants du ghetto diplomate et tombe amoureuse d’une jeune fille italienne d’une beauté foudroyante. Malice et méchanceté sont au rendez-vous jusqu’à ce que l’école reprenne; insultes, torture littéraire linguistique, batailles, attaques de vomi et trempage dans l’urine font partie de leur quotidien. C’est lorsque la neige s’abat sur Pékin que l’histoire romantique aux allures masochistes prend d’assaut les pages du roman. La jeune fille tentera par tous les moyens de se rendre valable aux yeux de sa belle qui elle, n’avait d’yeux que pour un jeune garçon (malgré toute la froideur de son regard). Cette vérité rendait la jeune Nothomb des plus perplexe et désemparée : « Se pouvait-il qu’elle lui trouva du charme ? Tout inclinait à le croire. À l’âge de quatorze ans, j’allais changer d’opinion sur ce point, à mon grand étonnement. Mais à sept ans, cette inclination me semblait inconcevable. J’en conclus avec effroi que ma bienaimée avait perdu la raison. » La neige fondit, la guerre reprit de

plus belle malgré un armistice forcé par les parents et l’amourette de Nothomb dégénéra : « L’erreur, c’est comme l’alcool : on est très vite conscient d’être allé trop loin, mais plutôt que d’avoir la sagesse de s’arrêter pour limiter les dégâts, une sorte de rage dont l’origine est étrangère à l’ivresse nous oblige à continuer. Cette fureur, si bizarre que cela puisse paraître, pourrait s’appeler orgueil : orgueil de clamer que, envers et contre tout, on avait raison de boire et raison de se tromper. Persister dans l’erreur prend alors une valeur d’argument, de défi à la logique : si je m’obstine, c’est donc que j’ai raison, quoi qu’on puisse en penser. Et je m’obstinerai jusqu’à ce que les éléments me donnent raison. »

Bref, si vous n’avez jamais lu de Nothomb et que vous n’avez que peu de temps à consacrer à la lecture, Le Sabotage amoureux, avec ses 123 pages, est une bonne entrée en matière. Vous pourrez y découvrir le charme de son écriture. Si vous préférez l’ordre, commencez par La métaphysique des tubes qui raconte sa vie entre zéro et cinq ans, au Japon. Vous pourrez alors continuer avec Le Sabotage amoureux, Stupeur et tremblements et Ni d’Ève ni d’Adam (2007), que j’ai moins aimé.

Le Sabotage amoureux d’Amélie Nothomb (Le Livre de poche)

Bonne lecture !

Chronique d’un Étrange

Se protéger... de ce qu’on nous dit sur notre santé ! Le vaccin contre le VPH par Gabrielle Desrosiers

L’université féministe d’été qui avait lieu l’été dernier à l’Université Laval avait pour thème Les âges de la vie : les reconfigurations et enjeux que cela implique pour les femmes. Les conférences qui m’ont le plus interpellée sont celles qui présentaient une analyse critique féministe sur certains discours dominants concernant la santé des femmes. Venant de terminer un baccalauréat en travail social et ayant milité activement dans des luttes féministes au sein de mon milieu étudiant, j’ai déjà eu l’occasion de réfléchir et de développer un discours sur des enjeux sociaux concernant les femmes. Pourtant, en ce qui concerne

la santé et le rapport au monde médical, je me sens peu outillée. Pour cette raison, j’ai principalement choisi d’assister aux conférences abordant les conséquences des nouvelles technologies de la santé sur le rapport au corps et à la santé des femmes. Je vous présenterai dans cet article le compte-rendu de la conférence de Geneviève Rail, professeure de l’Université Concordia et sociologue de formation, portant sur une « Critique féministe des discours dominants en santé à trois âges de la vie » et tout particulièrement sa critique sur le vaccin contre le virus du papillome humain (VPH).

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Geneviève Rail a articulé une critique féministe des discours dominants en santé en citant en exemple trois cas concrets, soit le vaccin pour le VPH, la lutte contre l’obésité et la prévention du cancer du sein. Pour illustrer davantage son propos, elle a comparé les discours dominants en santé à des cartes postales. Une carte postale qui ne représente qu’une version tronquée, idyllique et clichée de la réalité pour la transformer en vérité unique et absolue. Ces discours ont ainsi non seulement des conséquences directes sur les comportements que l’on choisit d’adopter, mais elles stigmatisent aussi les femmes qui n’y adhèrent pas! Par exemple, le Canada connaît une vague de vaccination massive de Gardasil, vaccin contre le VPH, dans les écoles primaires. Cette dernière est justifiée par la croyance que le VPH causerait le cancer du col de l’utérus, cancer auquel on attribuerait bon nombre de décès. Le Gardasil serait alors présenté comme le moyen le plus efficace et le plus sûr de réduire le cancer du col de l’utérus lié au VPH. Toutefois, dans les faits, le VPH est un virus qui disparaît de lui-même du corps dans 90 % des cas et aucune étude ne confirmerait effectivement le lien entre le VPH et le cancer du col de l’utérus. De plus, bien qu’il soit la 3e cause de décès associé au cancer chez les femmes, le cancer du col de l’utérus ne causerait que peu de décès en occident depuis l’utilisation du PAP test (il y aurait en effet 16 types de cancer plus dangereux). Quant au vaccin Gardasil, son efficacité ne serait pas encore prouvée. Cela dit, il offrirait une protection qui ne durerait qu’entre 5 à 7 ans. De même, aucune donnée longitudinale n’assurerait sa sûreté. Au contraire, plusieurs rapports témoignent des dangers du vaccin et plusieurs pays auraient arrêté la vaccination. Toutefois, le discours dominant concernant les bénéfices du Gardasil, même s’ils ne sont pas objectifs, a des impacts sociaux importants. Il propage la croyance que les jeunes filles l’ayant reçue sont protégées contre le cancer du col de l’utérus et qu’elles sont par conséquent de « bonnes filles soucieuses de leur santé ». Il serait donc du devoir des « mères responsables » de s’assurer de faire vacciner leur enfant. Les familles et les enfants vaccinés ne disposent souvent pas des informations qui leur permettraient de déconstruire ces perceptions. Dans les écoles où la vaccination du Gardasil est offerte, la pertinence et l’efficacité du vaccin ne sont que très peu remises en question. Les Vol. 4 n°2

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vaccinées et leur famille ont bien souvent intégré le discours dominant au sujet du vaccin contre le VPH… Rares sont celles qui se questionnent à l’égard du fait se faire vacciner ou non, encore plus rares celles qui refusent ! En bref, la conférence de Geneviève Rail illustre à quel point les discours dominants en santé imposent de manière directive une vision de la santé qui incite les femmes à la consommation de médicaments (ex : vaccin Gardasil) ou d’interventions médicales (reconstruction mammaire, accouchement chirurgical) n’ayant plus comme motif le traitement d’une pathologie, mais plutôt la gestion des risques ou la conformité à une norme physique socialement établie. C’est un contrediscours duquel on entend bien peu parler ! Je retiens de mon passage à l’Université féministe d’été que malgré tout l’esprit critique et la curiosité dont on peut faire preuve en ce qui concerne notre santé et celle des femmes en général, il est souvent difficile d’avoir accès à de l’information qui vient faire contrepoids à celle diffusée par les grandes entreprises pharmaceutiques. On ne perd par contre jamais rien à s’informer davantage !

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Geneviève Rail, professeure à l’Université Concordia (photo: Université Concordia)


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