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Sur les traces de Tolstoï à velo Grand amateur de la petite reine, l’écrivain a inspiré une expédition clyclotouristique. P. 8
Du classique et du moderne au théâtre Diverses versions de « La Mouette » mais aussi du neuf à l’affiche de la saison théâtrale russe en France.
Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The Washington Post et d’autres grands quotidiens internationaux
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Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu Mercredi 19 septembre 2012
ÉVÉNEMENT
La place de la religion en question
La Russie célèbre cette année le bicentenaire de la bataille de Borodino (ou bataille de la Moskova), qui a opposé en septembre 1812 les armées russe et française. Le terrible affrontement, qui a fait 75 000 morts sur 250 000 hommes engagés, avait ouvert le chemin de Moscou à Napoléon, avant que la contre-attaque russe ne mette fin à sa campagne. L’anniversaire de Borodino a fait l’objet d’une reconstitution historique. PAGE 3
OPINIONS REUTERS/VOSTOCK-PHOTO
Transports Doute levé sur le financement des infrastructures
PHOTO DU MOIS
La grande vitesse reste sur les bons rails
Super Oxana, 5 fois en or
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IOULIA KOUDINOVA LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
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rejetant l’argument du quotidien d’affaires Vedomosti qui rappelait que « pour le financement du projet de construction de lignes à grande vitesse par le budget de l’État, il est indispensable que soit établi un acte législatif – un appel d’offres. En l’absence actuelle d’un tel document, les moyens financiers ne peuvent être mobilisés ». L’article de Vedomosti en question avait eu une grande résonance à l’étranger, car des contrats importants sont en jeu pour plusieurs grands groupes, dont des entreprises françaises. SUITE EN PAGE 4
LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR
La nageuse russe Oxana Savchenko a remporté la médaille d’or aux Jeux paralympiques de Londres dans ses cinq disciplines, dont le 100 m dos avec un nouveau record du monde (1’07’’99).
« La palette russe »
Le Parlement a voté une loi interdisant aux officiels de posséder des propriétés immobilières à l’étranger. La fonction publique en sortirat-elle plus patriotique ?
La petite république d’Adygué peut être fière non seulement de ses montagnes, de ses rivières et de son fromage, mais aussi de sa culture tolérante.
C’est le titre d’une exposition à la galerie parisienne « Russkiy Mir » de peintures, sculptures et photos réalisées par six artistes russes résidant en France. Jusqu’au 28 septembre.
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Porte du Caucase
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Fonction patriotique
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AP
de grosses dépenses devaient être engagées dès cette année pour l’achat des terrains. Dans un communiqué de presse datant du 29 août, la RZD a remis les pendules à l’heure en
Malgré la stabilité de la cote présidentielle, qu’analyse le sociologue Alexeï Levinson, les Russes attribuent majoritairement à Poutine la responsabilité des difficultés du pays.
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La société des Chemins de fer russes (RZD) dément les rumeurs d’un retard sur le financement par l’État de la construction de deux lignes à grande vitesse.
La nouvelle a franchi les frontières à la vitesse d’un TGV. Le gouvernement russe n’aurait pas budgété les 84 milliards d’euros nécessaires pour lancer la construction des lignes Moscou Saint-Pétersbourg et MoscouEkaterinbourg. Le chantier devant être terminé pour la Coupe du monde de football de 2018,
L’envers de la popularité de Poutine
Prière publique pour la protection de la foi devant la cathédrale du Christ-Sauveur, le 24 avril 2012.
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SERVICE DE PRESSE
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Trois jeunes femmes du collectif Pussy Riot viennent d’être condamnées à deux ans de prison pour avoir déclamé, dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, une « prière punk » invoquant « Mère de Dieu, débarrassenous de Poutine ». Le patriarche Cyrille a parlé d’« abomination » et de « blasphème » tandis que de nombreux Russes ont été choqués. D’autres ont vu dans la démarche une dénonciation des liens qu’ils jugent trop étroits entre le pouvoir politique et l’autorité religieuse. L’affaire Pussy Riot et son verdict très sévère ont placé le clergé au centre d’une polémique qui enflait depuis plusieurs mois. En cause : le train de vie luxueux du haut clergé, son influence politique grandissante et les valeurs très conservatrices qu’il défend. Quel regard les Russes portentils sur une Église à laquelle une majorité de la population dit appartenir ? L’Église orthodoxe est-elle toujours en phase de « renouveau » ou bien estelle confrontée à sa première crise depuis la fin de l’ère soviétique ?
Il y a 200 ans, la bataille de Borodino
Un colosse nucléaire au pôle Nord LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR/15651
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LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR COMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETA DISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO
Politique
Religion La position du Patriarcat de Moscou provoque des remous au sein de la population russe
Le clergé orthodoxe en question Le procès des Pussy Riot a scindé la société en deux camps distincts, mais la légère baisse de confiance envers l’Église ne se constate qu’auprès d’une petite partie de la population.
Les Russes soutiennent-ils l'église ?
L’AVIS D'UN EXPERT
L'État doit-il intervenir dans les questions religieuses ?
Deux réformes indispensables
Quelle est votre appartenance religieuse ?
IGOR SEDYKH
Viatcheslav Inozemtsev
LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI
DOCTEUR EN SCIENCES ÉCONOMIQUES
Les activités du clergé suscitentelles votre mécontentement ?
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Des gros bras surveillent les abords de la cathédrale du Christ-Sauveur, lieu du « délit » des Pussy Riot. Sous un ciel de plomb, ils passent au crible les fidèles pour repérer les suspects, à savoir ceux qui viendraient soutenir les trois « punkettes » condamnées à deux ans de camp. Le procès des Pussy Riot est le reflet de bouleversements dans la société. Deux camps radicalement opposés se sont affrontés lors des audiences, laissant rares les indifférents. D’un côté, ceux qui revendiquent la séparation de l’Église et de l’État et de l’autre, les activistes orthodoxes qui prônent une présence accrue de l’Église à tous les niveaux. Parfois, les positions surprennent. Le leader du parti communiste Guennadi Ziouganov s’est joint à l'Église en affirmant qu’elle était victime d’une « puissante attaque psychique ». Il a même soutenu que « Staline a beaucoup fait pour la renaissance de la croyance orthodoxe dans le pays ». À l'inverse, nombreux sont les chrétiens qui ont estimé que l'Église aurait dû faire preuve de miséricorde. Le haut clergé s'est prudemment tenu à l’écart de l’affaire, attendant le verdict pour demander une plus grande indulgence envers les Pussy Riot - tout en se gardant bien d'aller jusqu'à contester la sentence. De son côté, la frange othodoxe radicale a beaucoup fait parler d’elle. « Le bien doit avoir de bons poings », lance Ivan, 23 ans, persuadé d’être du côté de la vérité et de
L'Église orthodoxe est confrontée à deux réformes. La première consiste en une prise de conscience de la primauté de ses caratéristiques chrétiennes sur sa spécificité orthodoxe, une réconciliation avec le progrès social et les droits de l'homme. Dans la seconde, le pouvoir politique devra tenir compte de la nature multiconfessionnelle de la société russe, avec la création de partis et d’associations chrétiennes. Leur absence favorise les extrémismes de toutes sortes. Pour éviter une révolution, l'Église et le pouvoir se voient obligés de faire un pas vers le peuple, et pas uniquement l'une vers l'autre.
Nombre d'orthodoxes ont été choqués par le manque de miséricorde du haut clergé.
ILS L'ONT DIT
Vladimir Poutine Cyrille PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION DE RUSSIE
PATRIARCHE DE MOSCOU ET DE TOUTE LA RUSSIE
À l’époque soviétique le pouvoir était très cruel avec les représentants des confessions religieuses. Désormais, l’État se doit de protéger la sensibilité des croyants".
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Dieu. Ses camarades et lui font la ronde dans les rues, traquant les t-shirts inspirés de Pussy Riot. Plusieurs villes ont déjà leur « service de sécurité orthodoxe ». Vladimir Poutine et l'Église
orthodoxe russe n'ont jamais caché entretenir des relations étroites et cordiales. Les autorités ont soutenu le retour de terres de l'Église et des monastères, confisqués par les autorités so-
Il ne s’agit pas de cléricalisation, mais de l’influence croissante de l’Église sur la vie de notre peuple et de notre société. Et c’est le cas : c’est notre tâche, et nous nous efforçons de la remplir".
viétiques. L'Église n’a jamais critiqué le pouvoir et a même accordé une origine sacrale au pouvoir deVladimir Poutine. Les autorités ont donné le feu vert à l’enseignement des bases de l'orthodoxie à l’école, suscitant une controverse. Cette « complicité » a été particulièrement évidente quand Cyrille a pris ses fonctions de Patriarche, appelant les orthodoxes à ne pas participer aux manifestations de l'opposition, puis à voter pour Poutine aux présidentielles. Une autre polémique enfle sur les aspects matériels. Aucune information ne filtre sur la fortune de l'Église. Chacune de ses paroisses, dont le nombre est estimé à plus de 30 000, constitue
une entité juridique indépendante, ce qui est aussi le cas des 160 éparchies et du Patriarcat de Moscou. « Où prennent-il cet argent ? Cela demeure un mystère », commente Nicolai Mitrochine, spécialiste du Centre d'études sur l'Europe orientale de l'Université de Brême. La discrétion qui règne explique que le nombre de scandales liés à l'argent de l'Église orthodoxe soit moindre aujourd'hui que dans les années 90. Mais le débat reste vif sur la restitution des biens de l'Église. Selon une loi de 2010, toutes les organisations religieuses peuvent exiger le retour de la propriété à usage religieux. Autrement dit, l'Église pourrait redevenir le plus
grand, ou l'un des plus grands propriétaires du pays - comme avant la Révolution de 1917. Les scandales liés au patrimoine du clergé, y compris la montre à 30 000 euros de Cyrille, n'ont pas trop nui à la foi en l'Église. Le représentant du Patriarcat de Moscou, Vsevolod Tchapline, a déclaré que la richesse de l'Église reflète son prestige social. Et pour l'archiprêtre, ce prestige doit être « le plus visible possible et refléter la place de l'Église dans la vie sociale, que chaque croyant estime être centrale ». Quant à ceux qui reprochent au clergé son goût du luxe, l'archiprêtre Tchapline voit tout simplement en eux des « ennemis » de la religion.
Fonction publique Des députés veulent obliger les officiels à déclarer, voire rapatrier leurs avoirs étrangers
EN BREF
Une loi pour forcer les hauts fonctionnaires à donner l’exemple
Grand Moscou, idées françaises
Deux projets de loi ont été soumis en juillet à la Douma. L’un oblige les officiels russes à déclarer leurs actifs étrangers, l’autre leur interdit la possession de biens immobiliers à l’étranger. SERGUEÏ GORIACHKO, ANASTASIA NOVAK KOMMERSANT
Les députés de quatre factions ont proposé d’interdire à tous les fonctionnaires de posséder des biens immobiliers à l’étranger. D’après la déclaration des revenus 2011 des membres de l’Assemblée, gouverneurs, hauts fonctionnaires et membres de l’administration du président ainsi que de leur famille, 52 d’entre eux ont déclaré être propriétaires de 107 biens immobiliers hors de la Russie. Le projet de loi devrait en-
joindre aux fonctionnaires, à leurs épouses et leurs enfants mineurs de se débarrasser des biens immobiliers et de leurs comptes bancaires étrangers dans les six mois qui suivent. En cas d'infraction, la loi prévoit une amende de 125 000 euros et jusqu'à 5 ans de prison. L’un des auteurs du projet, Viatcheslav Lyssakov, a ajouté que ces mesures vont être durcies en seconde lecture : réduction des délais pour se débarrasser des actifs étrangers, élargissement du cercle familial et interdiction d’envoyer ses enfants étudier à l’étranger. Les sanctions en cas d’infraction risquent également d’être renforcées. Le député explique ces mesures draconiennes par « le volume pour le moins important des actifs cachés sur des comptes offshore » et les nombreuses astuces permettant de ne
Les pays favoris des fonctionnaires
nisteValéri Rachkine trouve plus raisonnable d’obliger seulement à déclarer les biens immobiliers étrangers. « La Russie a ratifié de nombreux accords commerciaux avec différents pays. Devrait-on tous les annuler à cause de ce projet de loi ? » Un sondage du Fonds Opinion publique indique que la population veut des mesures plus sévères : 66% sont pour l’interdic-
Les officiels risquent de simplement mieux cacher leurs actifs étrangers - la plupart en ont déjà l’habitude
pas déclarer le gros de la fortune possédée. Mais pour Ilia Ponomarev, auteur du premier projet de loi qui préconisait juste de rendre obli-
gatoire la déclaration d’actifs étrangers, « les officiels vont simplement mieux [les] cacher, d’autant que la plupart en ont déjà l’habitude ». Le député commu-
tion des comptes en banque et des biens immobiliers à l’étranger. Pour 16% des citoyens, cette loi est nécessaire car ils pensent que les fonds que les fonctionnaires transfèrent à l’étranger est de l’argent détourné, issu de la corruption. Seuls 4% estiment que chacun doit être libre de garder son argent où il le souhaite. Article publié dans Kommersant
AFP/EASTNEWS
Les cabinets d’architecture français Grumbach et Wilmotte ont remporté le concours pour le développement du Grand Moscou, en association avec les Américains de Urban Design Associates. La proposition des architectes et urbanistes français, inspirée du Grand Paris, prévoit le développement du territoire le long de la chaussée de Kalouga, avec des lignes ferroviaires à grande vitesse reliant directement les régions au Kremlin. La gare Kievski sera entièrement rénovée, et deux autres gares seront construites, l’une près de l’université MGU, l’autre aux abords du Kremlin.
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Dossier
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Bicentenaire Un musée rénové relance le débat sur la célèbre bataille qui ouvrit la voie de Moscou... et de l’échec ultime de Napoléon
Le musée « La bataille de Borodino » offre une vue saisissante du combat de 1812 que les Russes jugent décisif entre l’armée napoléonienne et celle du tsar Alexandre Ier. EMILY WRIGHT LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
La fresque réalisée par le peintre Franz Roubaud en 1902 détaille toute l’ampleur de la confrontation qui porte aussi le nom de bataille de la Moskova et qui, comme le panorama mural en forme de boucle, semble sans issue concrète. Le musée, construit en 1962 et tout récemment rénové, offre aux visiteurs une vision de « Borodino » qui fait revivre l’histoire et relance le débat : 200 ans après le combat, la question du vainqueur et du vaincu est loin d’être résolue. Dans le musée, les avis fusent. Romain, un jeune Suisse romand venu en Russie avec son grand-père Sylvestre, est sceptique : « Ils présentent ça comme une grande victoire…
Ce n’est pas tout à fait ce qu’on a appris à l’école ». Pour Sylvestre, il s’agit surtout d’une « grande boucherie ». En effet les pertes humaines sont estimées à environ 30 000 morts du côté français (sur 130 000 soldats) et à près de 45 000 du côté russe (sur 112 000 combattants). Au soir du 7 septembre, les deux armées revendiquent la victoire. Car d’un côté, la bataille de la Moskova ouvre la voie de Moscou que Napoléon prend le 14 septembre, mais le repli de l’armée russe permet à cette dernière de contre-attaquer quelques semaines plus tard et de faire reculer la Grande Armée. « Au final, c’est le maréchal Hiver qui l’a emporté », conclut Sylvestre, imputant au froid l’échec ultime de Napoléon concrétisé par la désastreuse retraite de Russie. Un guide du musée insuffle aux enfants des valeurs patriotiques, en s’arrêtant devant de flamboyants costumes que l’armée russe portait en 1812.
ELENA POCHOTOVA
Borodino, prélude à la retraite de Russie
Une partie du musée est dédiée au général Koutouzov qui commandait les troupes russes.
Moscou retrouve son Arc de triomphe Après une « toilette » majeure, l’Arc de triomphe de Moscou remis à neuf a été inauguré début septembre. Le monument commémorant la victoire russe sur Napoléon avait été construit en 18291834 par l’architecte Joseph Bové et installé sur la place Tverskaïa Zastava, par où passait l’empereur russe lors de ses voyages de Saint-Pétersbourg à Moscou.
Reconstitution historique sur le champ de bataille
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Pas de vraie bataille sans Napoléon !
Le 7 septembre 1812, la bataille de Borodino, dite aussi bataille de la Moskova, fut la plus sanglante du 19ème siècle. Elle a été recréée 200 ans plus tard. CAROLINE GAUJARD-LARSON LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Chaque année, c’est une défaite qui est commémorée en Russie, car elle marque aussi le début de la déroute de Napoléon. Le 200ème anniversaire de la bataille de Borodino a donc été célébré en grande pompe le 2 septembre dernier. Dans le cadre d’une spectaculaire reconstitution historique, la Russie et ses invités ont pu revivre
l’événement sous le regard attentif de Vladimir Poutine. Juste avant, le président russe a déposé une gerbe à la mémoire des morts de Borodino (75 000 en tout) puis le chef de l’État s’est entretenu avec ses invités, dont l’ancien président de la République française Valéry Giscard d’Estaing, rappelant que la France et la Russie avaient plus souvent combattu côte à côte que l’une contre l’autre. Trois mille figurants en habit militaire de l’époque ont évolué devant quelque 200 000 spectateurs massés aux abords du champ de bataille, tandis que, 300 cavaliers donnaient la charge et
que retentissaient une trentaine de canons. Une reconstitution des plus fidèles, les acteurs connaissant bien les tactiques de combat, les règlements militaires de 1812 et le maniement tant des armes à feu que des armes blanches. En marge de la reconstitution, une autre cérémonie a eu lieu devant le monument dédié aux soldats de Napoléon.Vladimir Poutine a remis aux habitants de Mojaïsk et de Maloïaroslavets (tout près de Borodino) des certificats attestant l’attribution du titre de « Ville de gloire militaire », la population de ces deux villes s’étant distinguée pendant la guerre de 1812. Les festivaliers ont pu par ailleurs visiter le musée local et sa nouvelle exposition – « Gloire à Borodino ! ». « La nation s’est soulevée pour lutter contre les envahisseurs, a déclaréVladimir Poutine. Son courage a été sans précédent, son âme forte, son amour sincère pour le pays natal, tout cela a caractérisé notre pays comme jamais, notre pays qui a manifesté une force gigantesque. Il était inutile d’y résister, il était impossible de gagner contre nous ». Une bonne occasion pour le président, dont la popularité est en baisse dans les sondages, de galvaniser les foules.
À l’époque de Staline, le centre de la capitale russe a été l’objet d’une rénovation d’envergure, dont l’Arc de triomphe fut l’une des « victimes », puisqu’il fut démonté en 1936. Le monument n’a été réinstallé qu’en 1968, cette fois-ci sur l’avenue Koutouzovski, près de l’endroit ou Napoléon attendit en 1812 en vain qu’on lui remette les clés du Kremlin.
« Eh bien, les enfants, vous préférez notre armée ou l’armée française ? ». « La nôtre ! », répondent les jeunes en chœur. La fresque retraçant l’épique bataille est elle-même gigantesque (15 mètres sur 115). Commandée par le tsar Nicolas II pour le centenaire de la bataille, elle a été réalisée en neuf mois. Le peintre, Franz Roubaud (1856-1928), né à Odessa dans la famille d’un commerçant français, s’est toujours revendiqué « artiste russe peignant des tableaux russes ».
« La bataille de Borodino », son troisième panorama, est considéré comme l’apogée de son œuvre. Les origines de Roubaud ne sont pas la seule chose qui lie cette fresque à la France. En effet, le gouvernement de Nicolas II, pour ne pas raviver de vieilles querelles avec la France, demande à Roubaud de s’inspirer du panorama « La bataille de la Moskova » du peintre français Jean-Charles Langlois. La biographie de Franz Roubaud (signée O. Fedorova) affirme que le but de l’ œuvre de Roubaud était de montrer « l’esprit du combattant russe », tandis que celle de Langlois dépeignait « la force des Français ». La récente modernisation du musée inclut des écrans tactiles aidant le visiteur à identifier les troupes, sans quoi, trouver Napoléon (qui est sur sa monture) ou Koutouzov (qui est à pied) reviendrait à chercher une aiguille dans une botte de foin. Devant la partie du panorama représentant un régiment polonais, deux visiteurs français se sont arrêtés. Bernard et Véronique sont à Moscou pour la reconstitution de Borodino. Celle-ci se déroule chaque année en septembre sur les lieux de l’affrontement avec cavaliers en costumes d’époque. Les deux Français monteront des chevaux russes afin de jouer le rôle des cavaliers-lanciers polonais, engagés par Napoléon dès 1807. Ces deux cavaliers-acteurs en ces années de bicentenaires des victoires et défaites napoléoniennes passent leur temps sur des champs de bataille à rejouer l’histoire. Durant le combat fictif, la question du vainqueur et du vaincu n’est plus d’actualité ; seule compte la commémoration de la vaillance des combattants russes et français.
REGARD SUR LA MODE RUSSE D’ÉPOQUE
Les styles vestimentaires au XIXe siècle longues, ainsi que des châles. Chez les hommes, il était prestigieux de porter un uniforme militaire, mais on s’habillait également en queue-de-pie. Un costume typique se composait d’une chemise, d’un gilet (avant la guerre il était à la mode de porter deux gilets), d’une queue-de-pie et d’une redingote, accompagnée de temps en temps d’un manteau. Le pantalon avait une forme plus ou moins moderne ; ni sa couleur ni sa longueur n’avaient d’importance, car il était caché par des bottes.
Au début de la période de la guerre de 1812, les dames sont passées des corsets rigides aux semi-rigides. Indépendamment de la couche sociale à laquelle elles appartenaient, les femmes portaient une blouse couverte d’une robe fine et légère, appelée en russe « chemise » (une robe avec la ceinture sous la poitrine et à manches ballon). Les robes étaient principalement en mousseline ou en batiste. Pour se réchauffer, les dames portaient des spencers, vestes courtes à manches RUSLAN SUKHUSHIN
À L’AFFICHE
UNE VERSION CONTESTÉE
Napoléon vaincu par l’hiver ? On dit que Napoléon Bonaparte a quitté la Russie avec précipitation en raison du temps très froid qui régnait en cet hiver 1812. Quelle est la part de vérité dans cette affirmation ? Le lieutenant général Denis Davidoff, qui a participé à la guerre patriotique de 1812, a écrit un article en 1835, dans lequel il rejette l’existence d’un lien entre l’hiver russe et la défaite de Napoléon. Selon ses dires, en 1812, il ne gelait pas à pierres fendre. De nombreux autres témoignages relatent qu’au moment de la re-
traite napoléonienne, la température ne descendait pas en dessous de -10°. D’après les relevés thermométriques de l’observatoire astronomique Vilenskaïa, en 1812, la température la plus basse (-9,2°) a été enregistrée le 14 novembre. Le lieutenant général Davidoff note juste que « l’hiver a été un allié des Russes et non pas, comme on l’a parfois pensé, leur unique allié ». Bonaparte aurait donc décidé de battre en retraite à l’arrivée de l’hiver après avoir compris que la guerre ne faisait que commencer !
Borodino (1812-2012). Bicentenaire d’une bataille historique. L’exposition a ouvert ses portes à la Résidence de l’Ambassade russe à Paris, où elle se poursuit jusqu’au 23 septembre. › www.info-russes.com
EN LIGNE Nous avons préparé pour vous une documentation multiforme complète sur la question de Borodino : articles, diaporamas et vidéo sont disponibles sur notre site Web. › www.larussiedaujourdhui.fr/14809 SERGEJ KUKSIN_RG
Une reconstitution des plus fidèles, les acteurs connaissant bien les tactiques de combat, les règlements militaires de 1812 et le maniement des armes à feu et armes blanches.
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PARTENAIRE
Économie
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Nucléaire Rosatom demande un milliard d’euros à Sofia pour l’annulation d’un contrat qui pénalise aussi Areva
EN BREF
La Bulgarie coupe ses réacteurs
Sberbank resserre ses liens avec Cetelem
voquant une vague d’indignation dans tout le pays. Le projet de Bénélé avait reçu en 2007 toutes les autorisations nécessaires. Son annulation a provoqué une nouvelle levée de boucliers : plus de 700 000 personnes ont signé une pétition adressée exigeant un référendum pour relancer la construction de la centrale. Selon l’ex-Premier ministre bulgare Simeon II, « ce sujet est devenu trop politisé. La construction de cette centrale stratégique est très importante pour notre secteur énergétique, mais elle ne doit pas être un instrument utilisé poir réunir le parti ou se préparer pour les éléctions ». Areva, qui avait racheté la part de Siemens dans la coentreprise des deux groupes dans le nucléaire, était resté seul sous-traitant de la société russe Atomstroyexport pour les systèmes de sécurité, selon un accord signé en 2008. Le projet prévoyait la construction de deux réacteurs à 1 000 MW chacun jusqu’à 2017, selon une technologie russe moderne qui devait être mise en service pour la première fois dans un pays de l’Union européenne. Sofia doit prendre une décision définitive et la très forte amende réclamée par Rosatom pourrait s’avérer catastrophique pour l’économie du pays, sur laquelle planerait par ailleurs le risque d’une « famine énergétique » selon certains. La proposition de Boïko Borissov envisageant la construction d’une centrale à gaz sur le site de Béléné laisse les experts perplexes du fait de l’absence d’infrastructure gazière dans la région.
La coopération entre la Bulgarie et le groupe français Areva, qui devait fournir deux réacteurs de troisième génération pour la centrale de Kozlodouï, risque d’être interrompue. MAURICE LEMAIRE
La Bulgarie a annoncé son refus de poursuivre le projet de construction de la centrale nucléaire de Béléné. Elle est sur le point de perdre non seulement beaucoup d’argent mais aussi la confiance des investisseurs. Le russe Rosatom a engagé une procédure pour exiger la somme non négligeable d’un milliard d’euros de compensation à la Compagnie électrique nationale bulgare pour le travail déjà réalisé. Le projet de construction de la Centrale nucléaire d’une puissance de 2 gigawatts a connu une histoire mouvementée depuis sa naissance en 1981. Il semblait en bonne voie en 2006, lorsqu’à la suite d’un appel d’offres international, un contrat a été signé entre l’électricien national bulgare NEK et la société russe AtomStroïExport (filiale à 100% de Rosatom). Mais suite à l’arrivée au pouvoir de Boïko Borissov, chef de la droite bulgare, le projet fut gelé, les parties ne parvenant pas à s’accorder sur le coût ni les conditions de l’exécutin des travaux. Après cinq ans de négociations infructueuses, en mars 2012, le Premier ministre décide d’annuler le contrat, devant rapporter près de 6,3 milliards d’euros à la Russie. Il explique cette décision par le coût trop élévé (la Bulgarie avait in-
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LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Le contrat dont l’annulation doit être confirmée aurait des conséquences non négligeables pour Areva.
diqué ne pas vouloir dépenser plus de 5 milliards d’euros). « Areva et Siemens étaient avec Atomstroïexport les principaux sous-traitants pour la centrale de Béléné. Les compagnies française et allemande ont créé un consortium devant fournir à Rosatom des systèmes automatiques de gestion de la sécurité de la centrale. L’annulation de ce projet a enlevé à Areva une importante source de revenus et la possibilité de s’implanter sur le marché du nucléaire bulgare, ainsi que de continuer à développer ses compétences en matière de nouvelles technologies nucléaires », considère Leonid
CHIFFRES CLÉS
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GW, c’est la capacité (2 gigawatts) que devait atteindre la centrale de Béléné. La construction avait débuté en 1981, été gelée en 1991, puis relancée en 2002 et en 2006.
Rosatom a de grandes chances de gagner son procès dans le cadre d’une cour d’arbitrage internationale
Bolchov, directeur de l’Institut de la sécurité et de développement nucléaire en Russie et membre de l’Académie des sciences russe. Bolchov affirme que Rosatom a de fortes chances de gagner son procès car le groupe agit dans le cadre de la Cour d’arbitrage internationale. Pour la Bulgarie, Béléné était le symbole du retour à sa position de leader énergétique dans les Balkans et le moyen de créer des milliers d’emplois. Quatre réacteurs de la centrale de Kozlodouï construits à l’époque soviétique avaient été fermés sur demande de l’Union européenne pour des raisons de sécurité, pro-
La banque russe joint ses forces à celles de BNP Paribas pour accélérer le développement de Cetelem en Russie. Sberbank a payé 128,4 millions d’euros pour une part de 70% dans Cetelem Russie contre 30% pour BNP Paribas Personal Finance France, qui possède les droits sur la marque Cetelem. Ce spécialiste du crédit à la consommation développera son offre sur les points de vente. L’objectif de la banque est d’atteindre 25% des parts du marché des crédits à la consommation d’ici trois à quatre ans.
Bruxelles attaque Gazprom
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L’Union Européenne a lancé une enquête anti-monopole concernant le géant gazier en Russie. Gazprom risque d’écoper d’une amende allant jusqu’à 10 milliards d’euros. L’UE suspecte Gazprom d’enfreindre au développement d’un marché gazier unique en Europe en gênant la diversification des livraisons de gaz. Le groupe russe estime que la Commission européenne cherche à exercer sur lui des pressions politiques.
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Les rames à grande vitesse n’ont pas encore de voies séparées. SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE
Il s’agit en premier lieu des français Alstom et SNCF, de l’allemand Siemens, du sud-coréen Hyundai et le chinois CRCC. Pour les uns, il s’agit de fournir du matériel roulant (la Russie ne dispose pas pour le moment de fabricant proposant du matériel roulant à 400 km/h). Pour les autres (des opérateurs comme la SNCF), il s’agit de vendre du savoir-faire relatif à la mise en place de réseaux à très grande vitesse. La mise au point de RZD a rassuré les acteurs du rail, qui finalisent actuellement leurs projets pour l’appel d’offres, dont le lancement est prévu début 2013. Le projet est d’autant plus sur les rails que Vladimir Poutine, alors Premier ministre, avait en 2011 annoncé la construction d’une ligne permettant de relier
Poutine veut un train circulant à 400 km/h sur des voies séparées, soit un investissement de 28 milliards d’euros Moscou à Saint-Pétersbourg en deux heures 30 (le Sapsan de Siemens met aujourd’hui un peu plus de trois heures 45). Le président russe veut un train circulant entre 350 et 400 km/h, sur des voies séparées. L’ investissement nécessaire est chiffré à 28 milliards d’euros. Vladimir Poutine avait aussi annoncé une seconde ligne reliant Moscou à Ekaterinbourg (dans l’Oural) en 8 heures contre 26 aujourd’hui pour le train le plus rapide, cette deuxième ligne devant coûter le double de la première, soit 56 milliards d’euros. Les deux lignes devaient être
ÉVÉNEMENT FORUM INTERNATIONAL D’INVESTISSEMENTS
Sotchi, pôle d’attraction PRÉSIDENT DE MICROSOFT RUSSIE
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En général mes impressions sur le Forum (Sotchi-2011) sont très positives. La discussion avec Vladimir Poutine était la partie la plus utile. Je me rappelle ses déclarations sur la nécessité de réduire le rôle du gouvernement dans l’économie. Et je crois que c’était une bonne décision ".
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Nicolaï Prianichnikov
Échanges France-Russie (en 2011, en milliards d’euros)
15 md
28md Total des échanges
25%
13md Import ations depuis la France
Le Forum International d’Investissements de Sotchi se tiendra cette année du 20 au 23 septembre. En 2011, il a accueilli 548 participants étrangers de 47 pays. À cette occasion, 105 accords ont été signés pour un montant global de 11,4 milliards d’euros. www.forumkuban.com
Exportations vers la France
Croissance des échanges par rapport à 2010
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La grande vitesse reste sur de bons rails politiques
prêtes pour 2018, date à laquelle la Russie organise la Coupe du monde de football dans huit villes différentes (dont cinq reliées par ces lignes). La construction des deux lignes à très grande vitesse, d’une longueur totale de 3 000 km, sera financée à 70% par l’État et pour le reste, par des investisseurs privés. Il s’agira du plus grand projet public-privé dans le pays. Le PDG de RZD, Vladimir Iakounine, a proposé en août au gouvernement un nouveau calendrier des dépenses permettant d’alléger le poids du projet sur le budget fédéral russe. D’ici à 2030, un total de 6 500 km de lignes à très grande vitesse doit être construit, d’après la RZD. Le groupe vient de nommer le 3 septembre dernier un nouveau directeur pour sa filiale OAO « Skorostnye Magistrali », dédiée à la très grande vitesse. Alexandre Micharine, ancien gouverneur de la région de Sverdlovsk, occupera aussi la fonction de premier vice-président de RZD. L’homme a fait pratiquement toute sa carrière dans les Chemins de fer russes. Au niveau international, RZD a confirmé son intention de participer à la reprise du groupe de logistique français GEFCO, une filiale à 100% du constructeur automobile PSA. Le PDG de RZD Vladimir Iakounine justifie son intérêt par le fait que « RZD est une compagnie de transport, dont la tâche est de livrer à la porte du client. Or, dans le contexte actuel, cela n’est pas possible sans une offre logistique étendue ». Selon des sources citées par la presse française, RZD serait la société la mieux placée pour prendre 75% de GEFCO, pour une transaction de 945 millions d’euros. L’objectif est d’obtenir une synergie avec Transcontainer, la filiale logistique de RZD, et la création d’un grand corridor eurasiatique.
Parmi les sujets principaux cette année : la compétitivité de l’économie russe, la mise en œuvre de technologies innovantes, la modernisation de l’infrastructure russe, etc.
LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR COMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETA DISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO
Régions
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Pour s’y rendre
Voyage L'Adygué, une destination méconnue qui recèle sa grande diversité de paysages et de cultures
Un État de grâce sur le versant nord du Caucase
Le meilleur moyen d’aller jusqu’au cœur de l'Adygué est offert par la ligne aérienne Moscou-Krasnodar, puis par car jusqu'à Khadjokh ou "Krasnodar-Maikop". Le billet d'avion aller-retour coûte 250 euros et le trajet jusqu’à Krasnodar prend environ 2h30.
Où se loger Le village de Khadjokh regorge de chambres d’hôtes. C’est le type de logement le plus agréable. Les prix démarrent à 20 euros par personne. Les budgets serrés opteront pour le camping : les endroits où planter sa tente ne manquent pas dans la région.
Où se restaurer Il y a peu de cafés à Khadjokh, mais les chambres d’hôtes font aussi table d'hôte. Si vous n'aimez pas déjeuner au grand air, le café « Pechernii Tchelovek », installé à l’intérieur de la masse rocheuse du village de Khadjokh, propose un menu du jour.
Le fromage adyguéen sent la fleur GEOPHOTO
DARIA GONZALES LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI
L’air du petit matin est imprégné d’effluves de mimosa et de prunes mûres. Le monastère orthodoxe Saint-Michel de l’Athos se noie dans la brume ; un homme à la grande barbe vêtu d’une soutane noire empile des caisses de pain frais au pied d’un mur. Les habitants de l’Adygué, au sud de la Russie, ne ferment jamais leur porte à clef. « Ne te presse pas. Tu auras le temps de tout faire, et ce que tu n’as pas le temps de faire n’est pas indispensable » : c’est la phrase entendue le plus souvent dans les hameaux perdus dans les montagnes. Les chevaux grimpent vers le plateau Lago-Naki. Le palefrenier Serioja fait bruyamment claquer sa langue et cravache la croupe de son cheval avec une branche d’érable. Quand les pistes de montagnes ne sont pas trop mauvaises, le camion tout-terrain GAZ-66, préféré des militaires, devient une bonne alternative au cheval. Deux Tcherkesses en cha-
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peaux à longs poils bouclés descendent à sa rencontre. Serioja les salue d’un hochement de tête amical. La région compte 80 nationalités, dont les Adyguéens, la population de souche. Ils vivent dans des hameaux isolés, dans les plaines du nord, tandis que les régions montagneuses sont peuplées d’un mélange multiethnique : Russes,Tcherkesses, Grecs, Gitans, Arméniens et Kurdes, autant de mentalités, de religions et de traditions différentes. « Il n’y a pas de conflits entre nous, tout ça c’est dans les villes », raisonne Serioja, en regardant pensivement les crêtes. « Tout le monde s’est dispersé dans les hameaux et on se fiche ici de savoir quel dieu tu pries. Là-bas, dans le village de Temnolesskaya, vivent des vieux croyants. Des jupes jusqu’au sol, des foulards. Ils ont planté la croix sur la montagne. Elle protège toute notre vallée, les musulmans, les chrétiens, y compris les baptistes ». Le directeur de l’office du tourisme régional, Serguei Choubine, explique que « les locaux sont pleins d'initiatives. Ils connaissent les meilleurs chemins, les villages, les noms de crêtes et les endroits dangereux. À la fin des années 1990, les gens ont commencé à
La meule de fromage a une bordure traditionnellement ornée de motifs caractéristiques imprimés à l’aide de branches d’osier pendant la préparation. La recette est simple : le lait de vache filtré est mis sur le feu ; lorsqu’il commence à bouillir, on y ajoute du petitlait aigre. Le caillot obtenu repose cinq minutes, puis on retire la moitié du petit-lait. Ce fromage se mange frais, fumé ou séché.
Privée de mer, l’Adygué est pourtant truffée de fossiles marins et de coquillages préhistoriques ouvrir des maisons d’hôte et de petites structures de tourisme sportif. Beaucoup d’entreprises familiales ». Rouslan est diplômé de la fac de mathématiques de l’université de Maïkop. N’ayant pas trouvé de travail dans sa spécialité, il a fini par monter la première entreprise de tourisme dans le village de Khadjokh. Aujourd’hui, il emploie sept moniteurs professionnels, dont sa petite sœur de quatorze ans Suzanna, sa mère qui prépare les paniers repas et son père qui
emmène les touristes dans les montagnes à bord du fameux GAZ-66. Peu de gens viennent s’installer en Adygué, et peu quittent leur terre natale. La république ressemble à un monde parallèle où la principale nouvelle, depuis des mois, n’est « ni le procès des Pussy Riot, ni la crise syrienne ou les JO, mais la rivière Blanche, d’habitue cristalline, qui est devenue trouble à cause des crues ». Le soir tombe. Le soleil, apparu une minute, se couche quelque part au loin, derrière les montagnes. L’air est rempli d’arômes de pomme. Dans la pommeraie, les tentes s’amassent autour du feu. Les étudiants en archéologie viennent ici toute l’année pour examiner les vestiges de la région, les dolmens qui parsèment
la terre d’Adygué. Le « Khadjokh-1 » se trouve ici, au bout de la pommeraie, sur un petit talus, parmi des arbres fantasques. Il pleut de nouveau, mais l’archéologue Igor Ogaï, qui préside la Société de géographie russe, malgré la foudre et le tonnerre, poursuit son récit sur cette petite maison et sa désignation : peut-être un tombeau, un temple, ou une indication routière. À Khadjokh, Igor étudie des monuments du mégalithique et anime des visites de l’exposition privée du village Kamennomostski, deux petites pièces contenant tout ce que les archéologues de Maïkop ont réussi à dénicher. « Ce casque de soldat nazi date du milieu du XXe siècle, et celui-là, techerkesse, du XVIIe. Des lances, des espadrilles en paille, des accessoires de coiffure, des amulettes en os. Si vous devinez le nom de cette pierre, je vous offre un aimant : c’est une améthyste ». Igor déverse sur les visiteurs une avalanche d’informations. Il virevolte entre les fossiles étalés par terre, des collections d’espèce adyguéennes, et des aurochs et sangliers empaillés, écarquillant d’un air menaçant leurs yeux de verre. Un chaton gris ronronne dans le casque allemand. « On vient du monde entier
pour voir nos dolmens. Nos monuments de 5 000 ans d’âge ont été conservés, miraculeusement, en très bon état. Nous aimerions constituer ici un parc mégalithique en liant tous les monuments en un circuit unique, mettre à jour les infrastructures, augmenter le flux de visiteurs, et donc de moyens pour continuer les fouilles archéologiques et entretenir les dolmens existants. Nous nous en occupons à nos propres frais mais ce n’est pas suffisant ». Une nuit pleine de senteurs s’est installée. Un vieux landau tcherkesse se balance doucement devant une porte ouverte. Il y a plusieurs siècles déjà, les Tcherkesses y attachaient les bébés avec de petites sangles de cuir, pour éviter qu’ils ne tombent. Ils s’amusent à dire qu’ils devraient recevoir le Prix Nobel pour l’invention de la ceinture de sécurité. Khodja, un riche Tcherkesse de Gouzeriple, a construit, à côté de sa maison, une mosquée, une synagogue et une église. Elles scintillent dans la nuit de petites lumières bleues. Khodja, lui, est assis, l’air maussade, au bord de la rivière Blanche. La truite a quitté les eaux troubles. La seule chose dont il rêve aujourd’hui, c’est de voir de l’eau claire couler dans la rivière près de sa maison.
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JURIJ IVASCHENKO
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1. Le canyoning est l'une des activités les plus populaires des amateurs d'extrême dans la république. 2. La mosquée Sobornaïa à Maïkop. 3. Le monastère orthodoxe Saint-Michel de l’Athos. 4. Le marché aux puces sur l'un des itinéraires touristiques.
SERVICE DE PRESSE
Cette petite république du Caucase fait peu parler d'elle. Pas de violence, pas de drames. Au contraire, une tradition d'hospitalité qui devrait en faire un pôle d’attraction touristique.
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Opinions
LES « CRÉTINS D’AMIENS » BORIS KAGARLITSKI THE MOSCOW TIMES
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ALEKSEJ IORSH
n août dernier, des émeutes ont éclaté dans la ville d’Amiens pendant que je passais mes vacances en France. Quelques jours après les confrontations entre les jeunes et la police, les autorités ont arrêté deux adolescents qui avaient profité du désordre pour mettre le feu à une école. Au cours de l’enquête, les deux garçons paraissaient avoir des difficultés à lire le rapport de la police, et ont déclaré avoir agi par colère envers leurs professeurs qu’ils jugeaient trop stricts. Jean-Luc Mélenchon a très vite trouvé un surnom aux deux jeunes : les « crétins d’Amiens ». Le fait que Mélenchon se soit montré plus furieux que les autres politiciens en exprimant son indignation est très significatif. Pourtant, le système d’enseignement français reste l’un des meilleurs d’Europe et, alors que la gauche française tente de mettre les institutions éducatives à l’abri des coupes budgétaires, les deux « crétins d’Amiens » ont mis le feu à leur école pour se venger d’enseignants qu’ils considéraient comme trop sévères. Il ne fait cependant aucun doute que ces « pyromanes » viennent de classes sociales défavorisées. Le problème est que même le meilleur système d’enseignement ne peut résoudre les problèmes de société. Pire, le contraste entre la discipline, la rigueur et l’efficacité du système scolaire et la désorganisation grandissante de la vie sociale devient source de tensions. Pour la génération précédente, tout était clair. L’école servait d’ascenseur social pour les jeunes des classes moins favorisées. Les enfants issus de l’immigration ou de familles pauvres savaient qu’ils devaient faire de bonnes études pour réussir dans la vie. Les écoles françaises ont toujours été strictes,
VLADIMIR POUTINE RATTRAPÉ PAR LA RÉALITÉ VEDOMOSTI
C
es derniers temps, on entend de plus en plus souvent dire que la cote de popularité du président russe Vladimir Poutine est en baisse. Et il est vrai qu’en août dernier, elle a chuté de quatre points par rapport au mois de juillet. Toutefois, il faut noter qu’elle n’a régressé que d’un seul point par rapport à juin 2012. En effet, 63% des personnes interrogées se sont dites satisfaites de l’action du Président Poutine, et en douze ans de sa gouvernance, ce résultat a été observé à plusieurs reprises. Il serait pertinent de préciser que cet indice, appelé « cote de popularité de Vladimir Poutine », ne reflète pas la réputation du dirigeant russe, mais plutôt l’état de la société à un moment donné. Chamboulée par l’apparition du pluralisme dans la vie politique au cours des années 1990, la société russe avait besoin d’une figure unificatrice, et c’est Vladimir Poutine qui, dès l’année 2000 et jusqu’à nos jours, répond à ce besoin. C’est pour cette raison que sa cote de popularité n’a jamais ressemblé à celle de la plupart des dirigeants dans le reste du monde et c’est ce facteur d’unification qui lui
procure une stabilité inédite. Alors qu’un indice de popularité reflète généralement les succès et les échecs de la politique menée par les dirigeants, ce n’est pas le cas de Vladimir Poutine, dont la cote invariable a été qualifiée de « téflon ». Laissons de côté l’ensemble des éléments mystiques contenus dans les propos de diverses
pays ? », chacune appelant cinq réponses possibles. À la première question, une majorité écrasante des répondants ont désignéVladimir Poutine. En réponse à la seconde question, le public a préférédonner tort au « gouvernement » ou à Dmitri Medvedev (quand il était encore président) plutôt qu’à M. Poutine. Comme nous l’avons précédem-
Le président incarne l’unité du pays et continue d’être crédité des succès de la politique russe, mais...
... Pour la première fois, une majorité de Russes attribuent à Poutine la responsabilité des difficultés rencontrées
personnalités selon lesquels Poutine serait pour la Russie un cadeau du ciel ; le sens de telles affirmations se résume à l’idée que, pour la plupart des Russes, la fonction présidentielle dépasse le cadre de l’activité d’un simple mortel. La vocation du chef de l’État est de renforcer le prestige de son pays, non de se mêler de politique et d’économie comme quelque autre dirigeant. Viennent confirmer cette idée les deux questions que nous avons posées au public depuis l’année 2001 : « à qui attribuezvous les succès rencontrés par la Russie ? » et « qui jugez-vous responsable des problèmes du
ment indiqué, la cote de popularité de ce dernier montre que l’attitude à son égard n’a pas changé. C’est la même impression que l’on ressent en étudiant les réponses à la première des deux questions citées. Près de 60% des personnes interrogées considèrent que M. Poutine est le principal responsable des « réussites de la Russie dans les domaines de la politique internationale, de l’économie et de l’augmentation du bien-être du peuple ». Au fil des ans, nous avons enregistré ce résultat à plusieurs reprises, mais en ce qui concerne la seconde question, selon nos experts, c’est la première fois qu’une
majorité de Russes, soit 51%, estiment que Poutine est responsable « des problèmes existant dans le pays et de la hausse du coût de la vie ». Lors des sondages précédents, ce taux ne dépassait pas 31%, et l’année dernière, il se chiffrait à 29%, tandis que 40% des personnes interrogées accusaient le gouvernement (mais non son chef), et que 41% considéraient M. Medvedev, président à l’époque, comme le responsable des problèmes du pays. En août 2012, le nombre des Russes rejetant la responsabilité des difficultés sur le Premier ministre était trois fois moindre que celui des personnes donnant tort au président. Cette évolution pourrait signifier que les temps ont changé et qu’aujourd’hui, près de la moitié des Russes perçoivent Vladimir Poutine comme un président ordinaire qui mérite leur gratitude pour ses succès, mais qui doit également assumer la responsabilité des problèmes non résolus du pays. Alexeï Levinson, sociologue, chef du département de recherche socioculturelle du centre d’étude de l’opinion publique du centre Levada. Article publié dans Vedomosti
LU DANS LA PRESSE LA RUSSIE REGARDE VERS LE PACIFIQUE
Du 2 au 9 septembre, Vladivostok a accueilli le sommet de la Coopération économique pour l’AsiePacifique (APEC), qui a réuni 21 dirigeants des pays de la région. En se préparant à l’événement, la Russie a investi des sommes considérables dans la construction d’infrastructures manquantes jusqu’alors. Mais les coûts ont pu paraître injustifiés à certains observateurs. Et l’avenir d’une région en difficulté ne semble toujours pas s’être éclairci. Préparé par Veronika Dorman
TROP CHER PAYÉ
UNE ZONE VITALE
ET APRÈS ?
Éditorial
Vladislav Inozemtsev
Éditorial
GAZETA.RU
OGONIOK
VEDOMOSTI
Le principal objectif de l’APEC était de flatter l’ego de son hôte, Vladimir Poutine. L’organisation de la manifestation mondaine la plus chère de la planète n’apportera presque rien à notre pays. Le prix approximatif du sommet s’élève à 16,7 milliards d’euros. Rien ne présageait que des décisions importantes allaient être prises à Vladivostok. Parce que le Kremlin n’a pas d’idées quant au rôle nouveau que la Russie pourrait jouer dans une région aux puissances émergentes et au commerce gigantesque. Le sommet n’est qu’une fête fabuleuse pour les dirigeants de 21 pays. Un événement certainement agréable et inoubliable, mais trop coûteux.
La présence de la Russie dans cette région est vitale. Il est inacceptable que notre pays soit si peu impliqué dans l’économie et la politique du Pacifique. Le problème n’est pas tant que notre pouvoir n’accorde pas assez d’importance au vecteur asiatique, mais que la Russie n’a rien à proposer à ses partenaires. Pour tenter de restaurer notre statut de grande puissance du Pacifique, nous avons besoin d’un projet à grande échelle de mise en valeur de toute la Sibérie. Mais pour le réaliser, il faut prendre en compte l’expérience asiatique, au sein de laquelle les seuls avantages stratégiques de la Russie sont les ressources naturelles bon marché.
Bientôt, personne ne fera plus grand cas des gigantesques ponts, désormais partie du décor. Les fédéraux qui ont apporté 16,7 milliards d’euros à Vladivostok et ses alentours sont repartis, les bataillons de maçons ont rejoint d’autres chantiers. Comment vivra désormais l’Extrême-Orient ? Aussi passivement qu’avant, mais avec la canalisation et une université sur une île ? Ou bénéficiera-t-il d’une vie nouvelle pour exploiter son potentiel économique ? Les habitants haussent les épaules, mais les responsables sont catégoriques : Vladivostok est devenue la fenêtre sur l’Asie ; d’ailleurs, le président Poutine a promis des avantages fiscaux aux entreprises locales.
Jadis, les efforts paraissaient justifiés car la société récompensait les diplômés par des postes prestigieux était respecté à la fois par les élèves et les parents. Désormais, une telle rigueur est perçue par beaucoup relevant du sadisme. Le niveau baisse car les apprenants fuient les difficultés intellectuelle et, par la même occasion, le savoir. On remarque ainsi que plus le système scolaire devient exigeant, plus le gouffre se creuse entre les autorités et certains jeunes comme les « crétins d’Amiens ». Et cette situation n’est malheureusement pas propre à la France. Boris Kagarlitski est directeur de l’Institut d’études sur la mondialisation. Article publié dans The Moscow Times.
NATALIA MIKHAYLENKO
Alexeï Levinson
autoritaires et difficiles. Et il doit d’ailleurs en être ainsi. Proposer des études faciles et amusantes ne sert à rien. La maxime selon laquelle « en s’entraînant dur, tout devient plus facile » reste la clé de toute bonne formation, les efforts étant récompensés par des perspectives professionnelles. Tout cela a changé ces vingt dernières années. L’éducation française est restée aussi stricte. Les écoles continuent d’exiger des élèves qu’ils maîtrisent leur sujet au lieu de mémoriser bêtement ou de copier sur Wikipédia. Mais la société française n’offre plus les mêmes chances aux diplômés. Le chômage chez les jeunes ne cesse de grimper, et les études ne garantissent plus la même ascension sociale. Il n’y a pas si longtemps, un enseignant à cheval sur la discipline et testant rigoureusement les connaissances de ses élèves
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Culture CHRONIQUE LITTÉRAIRE
Théâtre Choix de pièces russes en France
L’inévitable Mouette, mais aussi des nouveautés ALEXANDRA REGNIER LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
metteur en scène, caractérise notre époque. À ce spectacle audacieux jugé « prétentieux » et « décevant » par la presse, d’aucuns préféreront une autre réécriture de la pièce, Los hijos se han dormido de l’Argentin Daniel Veronese, toujours en tournée en France après sa création au Festival d’automne à Paris en 2011. Le spectacle, resserré par Veronese autour des quatre protagonistes, explore les liens qui unissent La Mouette à Hamlet de Shakespeare. La version de Christian Benedetti, unanime-
TITRE : LE SINGE NOIR AUTEUR : ZAKHAR PRILEPINE ÉDITION : ACTES SUD TRADUIT PAR JOËLLE DUBLANCHET
Les Estivants : 2-6 octobre au Théâtre Garonne de Toulouse, 10-11 octobre au Théâtre de Nîmes, 19-26 octobre au Théâtre National de Strasbourg, 30 octobre-17 novembre au Théâtre de la Bastille à Paris.
SRINATH CHRISTOPHER SAMARASINGHE
Cette saison, ce ne sera pas juste une Mouette, mais plutôt Les Oiseaux de Hitchcock tant les versions de la pièce de Tchekhov sont nombreuses. « Peut-on vivre sans l’art ? » « Qu’est-ce qu’un artiste ? ». À l’heure où la place de la culture se rétrécit comme une peau de chagrin, ces deux questions essentielles posées par la pièce en 1896 tourmentent de nouveau les metteurs en scène. Entre l’institutionnalisation de l’art et l’évolution des goûts du public vers des œuvres plus « divertissantes », qu’advient-il de la liberté de l’artiste ? C’est du moins le questionnement d’Arthur Nauzyciel dont La Mouette a été présentée en clôture du Festival d’Avignon cet été et qui tournera dans toute la France dès le mois de septembre. Traitée comme la descente aux enfers d’un artiste (le spectacle commence d’ailleurs par le suicide de Tréplev), la pièce évoque la nécessité d’un nouveau théâtre pour échapper à la « dévastation politico-culturelle » qui, selon le
Innocents et sauvages
TIM WOUTERS
En dépit de la richesse du répertoire russe, l’offre théâtrale reste figée à la frontière du XIXe et du XXe siècles. La saison 2012-13 réserve néanmoins quelques surprises.
En dehors du tandem Tchekhov-Gorky, des metteurs en scène s’attaquent au répertoire contemporain Christian Benedetti lors d’une répétition de « sa » Mouette.
ment saluée par la critique et plus proche de l’esprit de Tchekhov, sera reprise à l’automne au Théâtre de l’Athénée à Paris, en alternance avec Oncle Vania. Enfin, en novembre, ce sera le tour de Frédéric Bélier-Garcia de réinventer La Mouette dans une très attendue mise en abîme familiale : le metteur en scène y dirigera sa propre mère, (Nicole Garcia) dans le rôle d’Arkadina (le spectacle sera créé à Angers, puis partira en tournée).
La version française du très réussi Les Estivants de Gorky par le collectif tg STAN à Toulouse, Nîmes, Strasbourg et Paris explore elle aussi un monde en train de disparaître, celui de la culture classique… Des échos de fin de siècle repris par Les Trois soeurs de Tchekhov à la Comédie Française (par Alain Françon) et au Théâtre National de Strasbourg (version hongroise d’Attila Vidnyánszky). Mais c’est en dehors du tan-
Art Une exposition à voir jusqu’au 28 septembre à Paris
dem Tchekhov-Gorky que se situent les événements les plus marquants de la saison. L’introduction d’Oblomov au répertoire de la Comédie Française est ainsi d’une importance majeure. Là aussi, la réflexion du metteur en scène est nourrie par l’actualité : Volodia Serre se servira du roman de Gontcharov pour s’interroger sur la pertinence du modèle de développement occidental. La croissance doit-elle être le moteur de notre civilisation ?
Ce sont aussi des metteurs en scène russes qui font leur entrée sur la scène dramatique française. Dmitry Tcherniakov, l’un des metteurs en scène d’opéra les plus en vue en Europe, signe ici sa première réalisation théâtrale hors de Russie. Et ce n’est point au répertoire russe, mais à Phèdre de Racine que s’attaque le scénographe connu pour ses révisions des classiques, ce qui, conjugué à la modernité de ses mises en scène, est une réelle audace pour la Comédie Française. Au Théâtre de la Ville, c’est un metteur en scène ukrainien,Vladimir Troitski, qui abordera une autre vache sacrée du répertoire occidental : Le Roi Lear (le prologue), donné en parallèle avec un spectacle d’après le Vii de Gogol. Là aussi, on retrouve deux mondes en voie de disparition, celui de l’Ukraine rurale dans laquelle est transposée l’intrigue du Roi Lear, et celui, fantasque, duVii, entre la mystique païenne et chrétienne. Entre Tchekhov en espagnol et en hongrois et Shakespeare en ukrainien et en français, le théâtre est devenu un tout petit « village global ».
GROS PLAN SUR LE...
« La palette russe » dans toute sa diversité
IRINA KORNEEVA LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
* 7 Rue de Miromesnil, Paris
FESTIVAL DE MUSIQUE MILITAIRE SPASSKAÏA BACHNIA : EN FANFARES SUR LA PLACE ROUGE Plus d’un millier de musiciens et d’artistes venus de 11 pays différents, ainsi que la Musique de l’Armée Blindée Cavalerie de Metz, se sont rassemblés à Moscou début septembre pour la 5ème édition du festival de musique militaire Spasskaïa Bachnia. À lire sur larussiedaujourdhui.fr/15617.
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À L'AFFICHE
« COMMENT J’AI MANGÉ DU CHIEN », D’EVGUENI GRICHKOVETS DU 29 SEPTEMBRE AU 25 NOVEMBRE, THÉÂTRE DU RANELAGH, PARIS
SERVICE DE PRESSE
Oscar Rabine, Igor Chelkovski, Boris Lejeune, Vladimir Sichov, Vladimir Titov et Vladimir Kara font aujourd’hui partie du cercle des artistes connus et reconnus. « Nous sommes arrivés en France il y a vingt ou trente ans et formons une « secte » d’artistes possédant la culture russe mais dont le talent se développe sur le sol français », expliqueVladimir Kara, à l’origine du projet. Ils sont tous Russes : là est le
seul critère partagé par ces artistes, qui n’ont par ailleurs rien en commun, qu’il s’agisse de leur technique, de leur vision de l’art ou de leurs thèmes. Le sol français leur a sans doute inspiré cette liberté d’expression qui les différencie. L’historienne de l’art Christinne Sourgins, présente au vernissage le 5 septembre, affirme que l’école russe telle qu’on la connaissait dans le passé n’existe plus : ne subsisteraient que des peintres œuvrant indépendamment, chacun dans son style. « Aujourd’hui on ne connaît que quelques linéaments, mais qui nous dit qu’il n’y a pas dans un atelier quelqu’un qui a réalisé une œuvre absolument magnifique, attendant d’être suffisamment montrée ? », s’interroge-t-elle.
Boris Lejeune, l’un des artistes à l’affiche de l’exposition parisienne, se consacre surtout à la sculpture. Auteur d’une plaque dédiée à Ossip Mandelstam rue de la Sorbonne, il explique avoir trente projets de sculptures à achever prochainement. Pourtant, ce sont des peintures qu’il expose à la galerie Russkiy Mir. Parmi elles, Annonciation et Résurrection, qui touchent à des sujets religieux. L’artiste estime que « tout ce qui s’est passé dernièrement autour de la religion en Russie est affreux ». Oscar Rabine, 84 ans, chef de file des artistes non conformistes, est surtout connu à Paris comme le « patriarche » des peintres russes installés en France. Il expose quelques-uns des ses tableaux à la galerie Russkiy Mir tout en continuant à travailler avec passion dans son atelier situé à quelques pas du Centre Georges Pompidou. Il ne manque pas de faire part, les yeux brillants, de ses nouveaux projets : « Cela fait longtemps que je travaille sur un… hache-viande ! Il est très vieux, noirci et hors service ; je l’ai acheté l’été dernier dans un marché aux puces à Marseille.Voyezvous, il y a énormément de nondits, y compris politiques, derrière cet objet de la vie quotidienne ».
© VLADIMIR_PESNYA_RIA NOVOSTI
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Plus de vingt œuvres réalisées par six artistes d’origine russe résidant de longue date dans la capitale française font l’objet de l’exposition « La palette russe » à la galerie « Russkiy Mir »*.
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TOUS LES DÉTAILS SUR NOTRE SITE
L’auteur évoque avec humour sa vie dans la Russie contemporaine. Mise en scène de Christophe Gauzeran, avec Géraud Andrieux.
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Zakhar Prilepine, l’enfant terrible de la littérature russe - il vient d’écrire une lettre à Staline qui fait grand bruit - revient avec un roman écrit à la première personne. Même si Prilepine ne donne pas, comme il le fait souvent, son prénom au héros qui restera sans nom tout au long de cet étrange roman, ce dernier lui ressemble, ne serait-ce que parce que comme lui, il est écrivain, journaliste et fasciné par les faits de société qui agitent la Russie, ici les enfants assassins. Il est à un moment où sa vie patine. Pataugeant dans ses relations amoureuses, entre une maîtresse qui finit par le congédier, une prostituée qui se fait tuer, il fuit son épouse et sa famille se délite. Espérant collecter un précieux matériau pour son prochain livre, notre héros se lance dans une enquête sur les enfants assassins. Les enfants sont dénués de pitié, « ils ne connaissent pas la peur … ni les … catégories du bien et du mal… ils ne comprennent pas ce qu’est la cruauté. » Le phénomène des enfants assassins récurrent dans l’histoire semble pouvoir aider le héros à répondre à son questionnement : « Qu’est ce qui est le plus inhérent à la nature humaine : la résignation ou la révolte ? Quand la résignation fait-elle d’un saint un pauvre type ? Et quand la révolte fait-elle d’un héros national un psychopathe paroxystique ? ». Reflet du chaos du monde et de l’univers du héros, la narration est saccadée. On ne sait jamais exactement quand ni où l’action se situe, dans un immeuble où toute la population aurait été massacrée par des enfants sauvages, au Moyenâge, sur un champ de bataille où déferlent des hordes d’enfants, dans des lieux où ils sont objets d’étude : laboratoire secret ou terrarium ; ou encore dans la déambulation du narrateur à travers les cours de la ville ou dans ses souvenirs d’enfance et de jeunesse, à moins que ce ne soit dans son délire morbide ? Comme toujours chez Prilepine, quelques pépites poétiques viennent éclairer un récit brutal comme le monde qu’il dépeint : sanguinaire et malade, peuplé d’enfants innocents et sauvages et d’adultes immatures, « mous comme des pommes pourries », incapables de protéger leur progéniture. Malgré les thémes habituels, le lecteur aura peut–être du mal à retrouver dans ce roman, l’auteur prometteur de Pathologies et du Péché, consacré en 2011 en Russie meilleur auteur de sa décennie. Christine Mestre Découvrez d’autres chroniques sur larussiedaujourdhui.fr
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LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR COMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETA DISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO
Loisirs
Découverte Grand amateur de bicyclette, l’écrivain russe a inspiré une expédition cyclotouristique dans les régions de Kalouga et Toula
Poursuivre Tolstoï à la force des mollets Entre les melons d’Astrakhan et les nids de poule de Toula, le cyclotourisme en Russie ne manque ni de charme ni d’écueils. Trois compagnons ont suivi la voie tracée par Tolstoï. MORITZ GATHMANN LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
REUTERS/VOSTOCK-PHOTO
La route alterne sans logique apparente entre chemin à travers champs et voie goudronnée pied de laquelle des sources d’eau froide et claire jaillissent entre les hêtres et les bouleaux. Tout autour des sources ont été construites de petites cabanes en bois. En cette chaude aprèsmidi d’été, les visiteurs font la queue pour un bain dans l’eau rafraîchissante et la pénombre d’une cabane. On entend à l’intérieur des bavardages animés et à l’extérieur, les Russes, qui ne sont pas particulièrement réputés pour parler facilement aux inconnus, semblent gagnés par l’énergie positive du lieu : l’ambiance est joyeuse. Une odeur de pommes séchées provient d’un four situé sur les terres du couvent : les religieuses se préparent pour le carême et le long hiver à venir. Le lendemain, nous quittons
Avis aux amateurs cyclotouristes
MORITZ GATHMANN
Derrière nous retentit un klaxon, puis un camion Kamaz passe à toute allure. Transporte-t-il du gravier, des melons d’Astrakhan ou du raisin de Moldavie ? Nous n’avons pas le temps d’y réfléchir : devant nous apparaît la côte suivante et un nouveau camion approche. Nous sommes sur la chaussée de Simferopol, la vieille route qui va de Moscou jusqu’en Crimée. Après une semaine en selle, c’est la pire route possible pour des cyclistes : à double voie, empruntée par des camions, n’offrant, pour éviter les véhicules, que des bas-côtés jonchés de gravier. Nous sommes trois, un Allemand russe, un Berlinois et un ami originaire de Kalouga, à effectuer à vélo le trajet de Toula jusqu’à la rivière Oka. Nous avons parcouru 350 kilomètres et arrivons au terme de notre périple qui nous mène « sur les traces de Tolstoï ». Léon Tolstoï avait la bougeotte : depuis son domaine de Iasnaïa Poliana près de Toula, il parcourait souvent 170 kilomètres pour aller jusqu’à Moscou et aimait se rendre au monastère d’Optina Poustyne dans l’oblast voisin de Kalouga, pour discuter avec les moines de son rapport compliqué avec Dieu. Optina Poustyne est notre première destination en arrivant de Kalouga. Le monastère, qui vit du mythe selon lequel il représentait une source de spiritua-
lité avant la révolution, fait plutôt une impression « profane » aujourd’hui. Des cars sont garés devant l’entrée, l’atmosphère est rythmée par un va-et-vient constant, et dans le réfectoire du monastère, le mot « prix » sur les étiquettes des sandwiches au caviar a été remplacé par la formule « don » (de 20 euros). Une ambiance très différente règne au couvent de Chamardino. C’est ici, où sa sœur était religieuse, que Tolstoï s’est rendu lors de sa dernière fugue. À quelques kilomètres d’Optina Poustyne, les murs en brique rouge du couvent nous saluent depuis une colline bucolique au
Deux des trois compagnons qui ont découvert à vélo les lieux parcourus par Lev (Léo) Tolstoï (photo de gauche). À droite, une photo d’époque montre l’écrivain et son propre vélo.
la région de Kalouga. Nous passons au milieu de champs de fleurs aux parfums exquis, devant des kolkhozes en ruines et dans de petits villages paisibles. Tantôt la route est un chemin à travers champs, tantôt nous nous
frayons un passage dans le gravier, puis soudain, la voie est de nouveau goudronnée. Il semble n’y avoir aucune logique apparente dans cette alternance. La ville de Beliov, dans l’oblast de Toula, présente une image
Mieux vaut venir avec sa propre bicyclette et suffisamment de chambres à air et de rayons de rechange : en-dehors des villes comme Kalouga ou Toula, il est difficile de trouver des pièces détachées en cas de besoin. Attention : il n’y a pas grand monde qui s’y connaisse en moyeu à vitesses intégrées en Russie. Hébergement : on peut camper presque partout en Russie. Petit conseil : pas trop près des villages, car la jeunesse locale risque de vous faire passer une soirée fort arrosée à la vodka !
choquante : à gauche de l’artère urbaine apparaissent des dépotoirs fumants, à droite, du métal amassé attend d’être évacué. Les usines sont barricadées, des ordures s’amoncellent le long de la rue Karl Marx. Dans cette lo-
calité de 14 000 habitants, nous cherchons pendant une bonne heure avant de trouver un endroit où manger. Beliov, cité vieille de 850 ans, souffre du lourd handicap d’une « ville culde-sac » : le chemin qui mène à Toula, capitale administrative de l’oblast, est long et mal bitumé, et celui qui mène à l’oblast de Kalouga est non carrossable. Nous cherchons à nous éloigner rapidement d’ici. Un vent du soir favorable et chaud nous emmène sur la petite route de Toula ; des deux côtés de la voie, des peupliers nous offrent leur ombre. Cette route-là ne suit pas le cours des rivières, mais passe par des collines. Nous arrivons à Toula dans la soirée et mobilisons nos dernières forces pour atteindre Iasnaïa Poliana, à l’extérieur de la ville. Ceux qui ont lu le roman de Sophie Tolstoï À qui la faute ? pour se mettre dans l’ambiance d’Iasnaïa Poliana (littéralement « la clairière lumineuse ») reconnaîtront l’allée des longues promenades, bordée de peupliers, les écuries, les habitations du personnel domestique et de la famille Tolstoï elle-même. Derrière, dans le parc, à l’ombre des arbres, se trouve un monticule de peu d’apparence, recouvert de pelouse : la tombe de l’écrivain. C’est à Iasnaïa Poliana que Tolstoï a écrit Guerre et Paix, il recevait ici ses admirateurs venus du monde entier, il s’y disputait avec son épouse, et c’est d’ici qu’il est parti pour une dernière errance, qui s’est achevée dans une gare du sud de la Russie, où il est décédé. Pour nous aussi, le voyage se termine. Le retour à Kagoula se fera en train depuis Aleksine, au bord de l’Oka : plus confortable mais moins exotique.
Gastronomie Le jeune chef pétersbourgeois Yvan Berezoutski utilise des ingrédients typiques, tels les bourgeons de bouleau...
Authenticité et innovation au menu de la relève russe MARIA AFONINA LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Ivan Berezoutski a de quoi sourire. Déjà auréolé d’un prix au concours international « Les goûts de l’Espagne », il vient à 26 ans d’exercer son talent sur la Côte d’Azur, où il a travaillé en duo avec Sébastien Broda, chef du restaurant étoilé Park 45, dans le cadre des Saisons gastronomiques franco-russes. Ivan a abandonné ses études de maçonnerie pour une école de cuisine. Son frère, qui a travaillé depuis plusieurs années dans la restauration aux États-Unis, l’a
encouragé dans cette voie. L’an dernier, un stage de trois mois en Espagne, y compris aux fourneaux du célèbre El Bulli (3 étoiles au Michelin), a confirmé sa vocation. Après un premier mois passé à Salamanque « où l’on a fait le tour des fermes et des usines de fabrication du fromage et des jambons crus », relate Ivan, la formation s’est parachevée sur la Costa Brava à El Bulli, « dont le chef, Ferran Adrià, est considéré comme l’un des meilleurs au monde ». Pour les Saisons gastronomiques, Ivan avait choisi de présenter des produits russes peu connus en France, selon des accommodements originaux. Il en avait au préalable envoyé la liste à Sébastien Broda : écorce de bou-
leau, groseille verte, tvorog (fromage frais russe). Au menu : crabe du Kamtchatka au pollen de fleurs ; flétan au popcorn de sarrasin, carottes et groseilles vertes ; lapin cuit au four dans de l’écorce de bouleau et bonbons à la vodka, bourgeons et feuilles de bouleau, girolles (apportées de Russie) ; et un dessert rafraîchissant composé de betterave en trois textures différentes, avec tvorog et jus de baies. « J’ai fait découvrir beaucoup de choses aux Français, se félicite Ivan. Les Français savent très bien faire la pub de leurs produits et nous avons beaucoup à apprendre d’eux. Tout le monde connaît le homard français qui ratisse la charogne des fonds marins, mais pas le ragondin qui se
La France a accueilli la troisième édition des « Saisons de la Gastronomie franco-russe ». Organisatrice et créatrice de la manifestation, Natalia Marzoeva précise que le but recherché est de présenter la gastronomie russe moderne aux Français. Les Saisons sont bilatérales et se dérouleront aussi à Moscou et Saint-Pétersbourg cette année, tout en se poursuivant à Monaco, à la brasserie Café de Paris et au restaurant de l’hôtel Monte Carlo Bay.
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Les Saisons gastronomiques franco-russes ont fait découvrir des produits du pays accommodés à des sauces originales.
Saisons du goût
Ivan Berezoutski dans le feu de l’action sur la Croisette.
nourrit d’herbes propres dans des rivières claires. En Russie, nous n’osons parfois ni manger nos propres produits, ni en faire la réclame. L’éperlan n’est pas très connu à Moscou, alors qu’à SaintPétersbourg on en mange beaucoup », regrette le jeune chef. Ivan Berezoutski a prévu de retourner en France en février 2013,
Présidentielles aux États-Unis : selon le verdict, quelles retombées pour la Russie ?
Les Pussy Riot méritent-elles deux ans de prison ?
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invité à participer au festival de la jeune gastronomie Omnivore. En attendant, il doit relever un défi dans sa ville natale : depuis juin, il travaille dans les cuisines du Flying Dutchman, à bord du navire du même nom sur la Neva. « Ma mission est d’améliorer la qualité dans quatre directions : haute cuisine, poissons-viandes,
cuisine russe et cuisine japonaise ». Ses projets d’avenir ? Des étoiles Michelin, plaisante Ivan. En attendant, il souhaiterait travailler aux États-Unis, comme son frère, et dans le restaurant espagnol Mugaritz, aux côtés d’Andoni Luis Aduriz. Puis ouvrir un restaurant avec son frère.
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