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L'exposition qui fait du bruit un objet d'art Les appareils de Vladimir Popov reproduisent les sons de la mer, de l'usine ou du transport. P. 7
Le virus de la caméra sans frontières Les pays se mêlent dans la vie de Lioudmila Espiaube, mais son style reste unique. P. 7
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Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu Mercredi 5 septembre 2012
LOISIRS
L'église orthodoxe en question © KIRILL LAGUTKO
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OPINIONS
Tous les week-end, le docteur Léo Bokeria, cardiologue le plus célèbre de Russie, organise une promenade de santé dans un parc de la capitale russe. EKATERINA TCHIPOURENKO
Léo Bokeria possède plus de 150 brevets d’inventions médicales.
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Les cosaques sont de retour
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LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI
« Promenade de santé » avec le docteur Léo Bokeria. Cet éminent cardiologue avoue que, pour lui aussi, se lever de si bonne heure pendant son jour de repos est un véritable exploit. Pourtant, huit samedis de suite, il se rend au parc pour une balade avec ses patients. Léo Bokeria n’a jamais eu peur des premières fois. Avant même d’être désigné comme principal cardiologue du ministère de la Santé en Russie, il a été un pionnier en matière de traitement chirurgical des malformations cardiaques congénitales et acquises, de l’arythmie et de l’ischémie cardiaque. Lors des interventions, il se sert volontiers des technologies de pointe comme l’imagerie 3D permettant de reconstituer l’espace opéré ou la visioconférence permettant à une vingtaine de médecins de suivre l’intervention à travers la Russie et en CEI.
À l’occasion du bicentenaire de la Campagne de Russie, un bataillon de vingt-trois cosaques a pris le chemin de la France. Ce
trajet de 5 300 km va leur prendre deux mois. Leur destination finale est Fontainebleau, où ils arriveront en octobre.
Porte du Caucase
Le parlement a voté une loi interdisant aux officiels de posséder des propriétés immobilières à l'étranger. Cette mesure permettra-t-elle d'enrayer la fuite des capitaux ?
Après 18 ans de négociations, la Russie adhère à l'Organisation mondiale du Commerce. Mais le débat sur les avantages et les inconvénients se poursuit.
La petite république d'Adygué peut être fière non seulement de ses montagnes, de ses rivières, de son fromage, mais aussi de la tolérance de ses habitants envers toutes les religions.
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Enfin à l'OMC ! © GETTY IMAGES/FOTOBANK
Patrimoine patriote
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Les promenades du cœur
Le politologue Eugene Ivanov estime que depuis son inauguration en mai,Vladimir Poutine a renoncé à la modernisation. Resté crispé sur une promesse de stabilité, il ne propose pas de vision stratégique d'avenir.
PHOTO DU MOIS
Santé Une initiative de salubrité publique
Les rues de Moscou paraissent bien désertes par ce samedi matin frisquet. Contrastant avec la capitale figée dans l’attente de l’automne, le parc Krylatskie kholmy, avec ses collines encore verdoyantes, apparaît comme un véritable îlot estival gardant l’emprunte des jours ensoleillés. Malgré l’heure matinale, plus d’une centaine de personnes sont présentes au rendez-vous de la
Le pouvoir toujours en quête d'identité
Prière publique pour la protection de la foi devant la cathédrale du Christ Saint Sauveur, le 24 avril 2012.
Reportage photo exclusif sur la Syrie en ruines LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE/15315
© LORI/LEGION MEDIA
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Les célèbres châles et les foulards russes que les touristes les plus attentifs repèrent lors de leur voyage en Russie proviennent de l’usine textile de Pavlovski Possad. Lancée au milieu du XIXe siècle par Vassili Griaznov, à la fois industriel visionnaire et saint de l’Eglise orthodoxe, l’usine est une véritable institution qui perpétue, depuis 200 ans, la tradition des châles et foulards imprimés à travers l'histoire mouvementée du pays.
© ITAR-TASS
Trois jeunes femmes, membres du collectif Pussy Riot viennent d'être condamnées à deux ans de prison pour avoir récité dans une cathédrale une "prière punk" intitulée "Mère de Dieu, débarrasse nous de Poutine". De nombreux Russes ont été choqués par cette performance. Le patriarche Cyrille a parlé d'"abomination" et de "blasphème". D'autres y ont vu une dénonciation de liens qu'ils trouvent trop étroits entre le pouvoir politique russe et l'autorité religieuse. L'affaire Pussy Riot et la condamnation très sévère a en tous cas placé le clergé orthodoxe au centre d'une polémique qui enflait depuis des mois. À cause du train de vie luxueux du haut clergé, de son influence politique grandissante et des valeurs très conservatrices qu'il défend. Notre reportage se penche sur le regard qu'ont les Russes sur une église à laquelle une majorité de la population dit appartenir. L'église orthodoxe russe estelle encore en phase de "renouveau" ou bien est-elle confrontée à sa première crise depuis la fin de l'ère soviétique ?
Un souvenir injustement méconnu
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LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE SUPPLÉMENT RÉALISÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA ET DISTRIBUÉ AVEC
Politique
Religion La position du Patriarcat de Moscou provoque des remous au sein de la population russe
L’affaire Pussy Riot divise les orthodoxes Le procès des Pussy Riot a scindé la société en deux camps distincts, mais la légère baisse de confiance envers l’Église ne concerne qu’une petite partie des Russes.
Le soutien des Russes à l'église L'État doit-il intervenir dans les questions religieuses ?
À quelle religion appartenezvous ?
IGOR SEDYKH LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI
© NATALIA MIKHAYLENKO
Les activités du clergé suscitentelles votre mécontentement ?
© ITAR-TASS
Des gros bras surveillent les abords de la cathédrale du Christ sauveur, lieu du « délit » des Pussy Riot. Sous un ciel de plomb, ils passent au crible les fidèles pour repérer les suspects : ceux qui viendraient soutenir les trois punkettes tout juste condamnées à deux ans de camp. L’atmosphère est tendue, sur le fil du rasoir. « J’ai pitié de ces filles mais je ne peux pas accepter ce qu’elles ont fait. Elles ont tout de même blasphémé contre la sainte Vierge », commente Tatiana Sarganskaïa, 54 ans, fidèle de l’Église orthodoxe. Le procès des Pussy Riot est révélateur de bouleversements significatifs au sein de la société russe. Dès le début, deux camps distincts se sont formés pour se diviser définitivement à l’issue du procès, laissant peu de gens indifférents. D’un côté, ceux qui revendiquent la séparation de l’Église et de l’État et de l’autre, les activistes orthodoxes qui prônent une présence accrue de l’Église à tous les niveaux. Parfois, les positions surprennent. Le leader du parti communiste Guennadi Ziouganov s’est retrouvé du côté de l'Église en affirmant qu’elle était sujette à une « puissante attaque psychique ». Réputé très conservateur, il a soutenu que « Staline a beaucoup fait pour la renaissance de la croyance orthodoxe dans le pays ». À l'inverse, beaucoup de chrétiens ont estimé que l'Église aurait pu faire preuve de davantage de miséricorde. Le haut clergé s'est prudemment tenu à l’écart de l’affaire , attendant le verdict pour demander davantage d'indulgence en-
SOURCE : FOM
Nombre d'orthodoxes ont été choqués par le manque de miséricorde du haut clergé.
AVIS D'EXPERT
Deux réformes indispensables sionnelle de la société russe : des partis et des associations doivent apparaître. L'absence d'unions chrétiennes dans un pays façonné pendant des siècles par cette tradition chrétienne, est un erreur. Cela favorise et nourrit les extrémismes de toutes sortes, cela développe un terreau de haine, de nationalisme et de violence. Si l'Église et le pouvoir ne veulent pas de révolution en Russie, ils doivent commencer à changer, en faisant un pas vers le peuple, et pas uniquement l'un vers l'autre.
Viatcheslav Inozemtsev DOCTEUR EN SCIENCES ÉCONOMIQUES
En ce début de XXIe siècle, l'Église orthodoxe est confrontée à la tâche de mener deux réformes. D'un côté, une réforme qui conduirait à la prise de conscience de la primauté de ses traits chrétiens sur sa spécificité orthodoxe ainsi qu'à sa réconciliation avec le progrès social et la doctrine moderne des droits de l'homme. D'autre part, la politique en Russie devrait également être réformée en tenant compte de la nature multiconfes-
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Le haut clergé a prudemment attendu le verdict pour demander davantage d'indulgence envers les Pussy Riot vers les Pussy Riot. Tout en se gardant bien d'aller jusqu'à contester la sentence. Le prêtre Sergueï Baranov, chef de l’éparchie de Tambov, a été tellement choqué par le verdict qu’il a décidé de quitter l’Église orthodoxe russe : « Bien sûr, les actes des Pussy Riot sont inadmissibles, mais la tournure qu’a pris le procès et le verdict qui en découle sont, à mon avis, blasphème et sacrilège ». C’est l’avis de la plupart des défenseurs des Pussy Riot : ils condamnent leurs actes mais l’absurdité du jugement les
pousse à prendre le parti des faibles. À l’opposé, se sont formés des groupes d’orthodoxes radicaux. « Le bien doit avoir de bons poings », lance Ivan, 23 ans, persuadé d’être du côté de la vérité et de Dieu. Ses camarades et lui font la ronde dans les rues, traquant les t-shirts inspirés de Pussy Riot. Plusieurs villes ont déjà leur « service de sécurité orthodoxe ». Vladimir Poutine et l'Église orthodoxe russe n'ont jamais caché entretenir des relations étroites et cordiales. Les autorités ont soutenu le retour de terres de l'Église et des monastères, confisqués par les autorités soviétiques. L'Église, à son tour, n’a jamais critiqué le pouvoir et a même accordé une origine sacrale au pouvoir deVladimir Poutine. Les autorités ont
donné le feu vert à l’enseignement des bases de l'orthodoxie à l’école, suscitant un large débat. Cette union est devenue particulièrement évidente quand Cyrille a pris les fonctions du Patriarche. Ce dernier a appelé les orthodoxes à ne pas participer aux manifestations de l'opposition. Enfin il a appelé à voter pour Poutine aux élections présidentielles. Une autre polémique enfle sur les aspects matériels. Toute l’information sur la fortune de l'Église est cachée. Chacune de ses plus de 30000 paroisses est une entité juridique indépendante, la même situation prévaut avec 160 éparchies et le Patriarcat de Moscou. « Où prennent-il cet argent, cela demeure un mystère », commente Nicolai Mitrochine, spécialiste du Centre d'études sur l'Europe orientale de l'Université de Brême. Du fait de sa discrétion, le nombre de scandales autour de l'argent de l'Église russe orthodoxe est moindre aujourd'hui que dans les années 90. Mais le débat reste vif autour du retour des biens de l'Église. Selon une loi de 2010, toutes les organisations religieuses peuvent exiger le retour de la propriété à usage religieux. Autrement dit, l'Église pourrait redevenir le plus grand, ou l'un des plus grands propriétaires du pays - comme avant la Révolution de 1917. Les scandales liés au patrimoine du clergé, y compris la montre à 30000 euros de Cyrille, n'ont pas influencé la confiance en l'Église. Le représentant du Patriarcat de Moscou Vsevolod Tchapline a déclaré que la richesse de l'Église reflète son prestige social. Et pour l'archiprêtre, ce prestige doit être « le plus visible possible et refléter la place de l'église dans la vie sociale, que chaque croyant estime être centrale ». Quant à ces gens qui reprochent au clergé son goût du luxe, l'archiprêtre Tchapline les qualifie tout simplement d'"ennemis".
Fonctionnaires Des députés veulent obliger les officiels à rapatrier leurs fortunes
Sondage La majorité est fatiguée d'attendre
Sus à la fuite des capitaux !
Un gros creux dans la popularité de Poutine
SERGUEÏ GORIACHKO, ANASTASIA NOVAK KOMMERSANT
Les députés de quatre factions ont proposé d’interdire à tous les fonctionnaires de posséder des biens immobiliers à l’étranger. D’après la déclaration des revenus 2011 des membres de l’Assemblée, gouverneurs, hauts fonctionnaires et membres de l’administration du président ainsi que de leur famille, 52 d’entre eux ont déclaré être propriétaire de 107 biens immobiliers hors de la Russie. Ce projet de loi devrait enjoindre les fonctionnaires, leurs épouses et leurs enfants mineurs à se débarrasser des biens immobiliers et de leurs comptes bancaires étrangers dans les six mois qui suivent. En cas d'infraction, la loi prévoit une amende de 125 000 euros et jusqu'à 5 ans de prison. L’un des auteurs du document, Viatcheslav Lyssakov, a ajouté que ces mesures vont être durcies en
seconde lecture : réduction des délais pour se débarrasser des actifs étrangers, élargissement du cercle familial et interdiction d’envoyer ses enfants étudier à l’étranger. Les sanctions en cas d’infraction risquent également d’être renforcées. Le député explique ces mesures draconiennes par « le volume pour le moins important des actifs cachés sur des comptes offshore » et les nombreuses astuces permettant de ne pas déclarer le gros de leur fortune. Mais pour Ilia Ponomarev, auteur du premier projet de loi qui préconisait juste de rendre obligatoire la déclaration d’actifs étrangers, « les officiels vont simplement mieux cacher leurs actifs étrangers, d’autant que la plupart en ont déjà l’habitude ». Le député communiste Valéri Rachkine trouve plus raisonnable d’obliger seulement à déclarer les biens immobiliers étrangers. « La Russie a ratifié de nombreux accords commerciaux avec différents pays. Devrait-on tous les annuler à cause de ce projet de loi ? » Un sondage du Fonds Opinion Publique indique que la population veut des mesures plus sé-
Les pays favoris des fonctionnaires
Selon le dernier sondage en date, les cotes de popularité et de confiance du président ont connu une forte baisse cet été, après une diminution constante de ces indicateurs depuis mai. JONATHAN EARLE THE MOSCOW TIMES
© NATALIA MIKHAYLENKO
Deux projets de loi ont été soumis en juillet à la Douma. L’un oblige les officiels russes à déclarer leurs actifs étrangers, l’autre leur interdit la possession de biens immobiliers à l’étranger.
SOURCE : REVENUS DES FONCTIONNAIRES ET DE LEURS FAMILLES EN 2011
IL L'A DIT
Mikhaïl Degtiarev DÉPUTÉ DE LA DOUMA D’ÉTAT, PARTI LIBÉRALDÉMOCRATE
"
Des restrictions sur la propriété des officiels sont nécessaires. C’est un signal pour les élites".
vères : 66% sont pour l’interdiction des comptes en banque et des biens immobiliers à l’étranger. Pour 16% des citoyens, cette loi est nécessaire car l’argent que les fonctionnaires transfèrent à l’étranger est de l’argent détourné, issu de la corruption. Seuls 4% estiment que chacun doit être libre de garder son argent où il le souhaite. Article publié dans Kommersant
D'après le sondage du Centre Levada, 48% des personnes interrogées affirment avoir une opinion positive des actions du président. Ils étaient encore 60% en mai, lors de sa dernière réélection. L’indice de confiance de Poutine a chuté de 57% en mai à 52% en août, tandis que le taux de désapprobation de sa politique est resté stable à 24%. Par rapport aux chiffres occidentaux, la cote de popularité du président russe a toujours été très élevée en Russie, ce qui servait d’argument aux partisans de Poutine pour justifier sa présence au pouvoir durant 12 ans. En mai 2008 par exemple, au terme de huit années de présidence,Vladimir Poutine pouvait se vanter d’avoir le soutien de 77% de la population, selon les chiffres du Centre Levada.
Les résultats du dernier sondage montrent que les Russes voient désormais Poutine comme un dirigeant peu efficace et doutent de sa capacité à opérer des changements positifs. 53% accordent à Poutine une influence « très forte » à « forte » sur la situation en Russie, beaucoup moins que le 66% enregistrés en mai - le résultat le plus faible depuis octobre 2006. Et 56% se déclarent « fatigués d’attendre » des changements positifs de sa part. Son indice de confiance, rapport entre le soutien et la désapprobation de la population, a chuté à 35% en juillet, en baisse constante depuis le pic enregistré à 78% en septembre 2008. Pourtant, toujours selon le sondage de Levada, l’opposition, à l’origine des mouvements massifs de contestation depuis décembre, peine à s’affirmer. En juillet, seuls 42% des Russes soutenaient l’opposition. Et seuls 5% des sondés se disent prêts à manifester pour des élections libres. Article publié dans The Moscow Times
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Société
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Promenade de santé avec le cardiologue Les randonneurs se sont divisés en deux groupes et font la queue devant deux « cabinets » disposés dans de grandes tentes. Dans le premier, on se charge d’inscrire les nouveaux et de leur distribuer « l’uniforme » : casquette, t-shirt et podomètre. Dans le second, on leur fait un bilan de santé: prise de sang pour déterminer le taux de glucose, mesure de la tension artérielle. « Je suis chirurgien cardiaque. Nous sommes tous cardiologues ici. Il y a aussi des infirmières en chef et de simples aide-soignantes », explique l’un des bénévoles du projet, qui travaille au Centre Bakoulev. Les promeneurs sont plutôt des personnes âgées vivant non loin du parc. Certains sont venus après avoir lu des prospectus distribués près du métro, d’autres ont été dirigés depuis le Centre Bakoulev. « En Russie, il y a près de 700 000 médecins, si chacun promène une centaine de personnes, ce sera bénéfique pour une grande partie de la population. Car même en France, où la médecine sociale est si développée, les établissements traitant l’arythmie peuvent prendre en charge seulement 3% des malades même en travaillant 24h sur 24, 7 jours sur 7 », explique Léo Bokeria. Dès qu’il apparaît, ses « patients » l’encerclent jusqu’à la fin de la balade. Grand, le rose aux joues, il écoute l’air très sérieux mais répond toujours avec un sourire chaleureux. Il parle des médicaments, des traitements, il en-
tend chacun et « écoute » même parfois le coeur. « Nous discutons aussi bien des tout nouveaux traitements que des méthodes simples, apprises dans l’enfance mais oubliées. Ne pas trop manger, ni trop boire, ne pas fumer, se coucher à heure régulière, se lever de bonne humeur, en deux mots : mener une vie saine ». Il se souvient que c’est sa mère qui lui a inculqué les préceptes d’un mode de vie sain. « Elle nous a consacré toute sa vie et je lui suis extrêmement reconnaissant de m’avoir appris la vie, jusqu’à
L'initiative fait tâche d'huile. Les gouverneurs voisins veulent avoir la même chose sur leur territoire
© ELENA POCHETOVA (4)
SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE
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Si chaque médecin russe promenait une centaine de personnes, ce serait bénéfique pour une grande partie de la population, dit Léo Bokeria.
mes 15 ans, où je suis devenu un garnement comme tous à cet âge. Grâce à elle, j’ai pu grandir sans porter atteinte à ma santé. Pourtant nous vivions dans un quartier à risque ». Leo Bokeria annonce le départ de la promenade et ouvre la marche en tenant une petite fille par la main. Il essaie tranquillement de répondre à la myriade de questions, tout en plaisantant, racontant des anecdotes sur sa profession, se rappelant des promenades précédentes. Dans la foule, on entend des bribes de phrases : « Réunissons-nous pour la Journée de la ville » ou « la santé dans la philosophie de Descartes... » Il avoue n’avoir jamais pensé
Une biographie parfaite Né en 1939 à Otchamtchira, en république d'Abkhazie. Formation : Faculté de médecine de I.M.Setchenov à Moscou. En 1968, après ses études, Léo Bokeria commence à travailler à l’Institut de chirugie cardio-vasculaire A.N. Bakoulev, et en devient le directeur en 1994. En 2001, il devient membre de l’Académie des Sciences de Russie au département de physiologie et de médecine fondamentale. Pionnier en matière de chirurgie des malformation cardiaques, il a
été également le premier, en Russie, a implanter des appareils de stimulation cardiaque pour prévenir les cas de mort subite. Il est à l’origine de la mise en place du seul système d’informatisation complète du dossier des patients en cardiochirurgie, avec une base de données de plus de 20 000 patients. Léo Bokeria est lauréat du prix Hippocrate, décerné aux meilleurs chirurgiens cardiaques mondiaux. Il est président de la "Ligue Nationale pour la Santé" et membre de la Chambre Publique de Russie.
à une carrière publique avant d'avoir reçu en 2003 la proposition de rédiger une lettre de santé adressée aux citoyens russes. « Je me suis dit que j’aurais beaucoup à dire sur la santé. J’ai accepté. Nous avons commencé à publier en Russie un atlas : La santé, grandeur de la nation. Ce sont des cartes géographiques sur lesquelles sont marquées, par régions, les maladies les plus courantes, le nombre de terrains de sport, de prisonniers et beaucoup d’autres informations. Ce livre a eu un impact sérieux. Les gouverneurs ont commencé à s’intéresser aux régions voisines en se demandant « Pourquoi cet événement n'existe-t-il pas dans ma région ? ».
Maintenant Léo doit être partout à la fois : à la mi-août, il inaugurait le premier circuit pédestre à Samara, l’ouverture d’un nouveau circuit est prévue dans le parc moscovite de Tsaritsyno au début de septembre, et il prépare un nouvel atlas : La santé dans les pays de la CEI. Tandis que notre balade s’achève, les participants se dirigent vers l’équipe médicale pour comparer les indicateurs de signes vitaux avec ceux des promenades précédentes. « Je me sens très bien, une légère fatigue. La tension a baissé et le moral est remonté ! », témoigne Zoïa Grigorievna, dont c’est la deuxième promenade. Et sûrement pas la dernière.
Santé Reportage auprès de séropositifs luttant avec la maladie, mais aussi avec l'administration russe
Quand le sida vous remet les pieds sur terre IGOR VIOUJNY LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI
Alina, une jolie blonde, est la maman d’une fillette de 11 ans, originaire d’Ekaterinbourg, la capitale informelle de la drogue dans l’Oural. Elle n’est pas venue à Moscou depuis longtemps et s’étonne : « Vous êtes tous maussades ici, vous avez beaucoup de problèmes ? » Alina rit tout le temps et boite un peu à cause d’une infirmité innée. Elle est venue dans la capitale pour « chercher la vérité », comme elle dit : à 34 ans, elle a besoin depuis longtemps d’une opération, un remplacement de l’articulation coxale que les médecins lui refusent. Parce qu’elle est séropositive. Deux ans de calvaire d’hôpital en hôpital et sept refus de se faire opérer. Parfois pour des raisons formelles, c’était soi-disant contre-indiqué à sa condition. Parfois, on lui disait ouvertement que c’est à cause de son HIV. « Le centre de soins et de réhabilitation Roszdrav a fini par accepter... J’hallucine », dit-elle en riant à gorge déployée. Lors de son accouchement en 2001, en découvrant qu’elle por-
tait le virus, les médecins l’ont traitée de prostituée. Ils lui ont reproché d’être contagieuse. « Les médecins m’ont humiliée mille fois. Je me suis renfermée, puis j’ai commencé à picoler. Je buvais, je buvais, je sentais bien que je devenais alcoolique », se souvient-elle. Un sondage du Centre Levada pour l’ONU a révélé, en 2010, que 76% des Russes séropositifs se sentent stigmatisés, ils vivent dans la honte et la culpabilité. 78% redoutent la discrimination et la réprobation de leur entourage. Ces angoissent sont fondées : 56% sont effectivement victimes de ce type de traitement. Alina raconte que c’est son mari, séronégatif, qui l’a aidée à surmonter la dépression. « Quand il a appris pour moi, il ne s’est pas détourné. C’est ça l’amour. Je t’aime, je m’en fiche, il m’a dit. Et c’est toujours vrai », sourit la jeune femme. Alina ne sait pas comment elle a attrapé le virus, ou bien elle ne veut pas en parler. Disposée à la confidence, Alina demande néanmoins que son nom de famille ne soit pas divulgué. Elle craint que l’article ne soit lu dans sa ville natale et qu’elle ne puisse plus y retrouver du travail.
« Plus tu en sais, mieux tu te portes » Contrairement à Alina, le Mos-
EN CHIFFRES
76%
C'est le pourcentage de Russes séropositifs qui se sentent stigmatisés et vivent dans la honte et la culpabilité.
30
millions d'euros c'est la somme prévue dans le budget russe de 2011-2012 pour la prévention du sida.
© IGOR VIOUJNY
Environ 60% des nouveaux séropositifs en Russie sont des toxicomanes. Et pour certains, le virus devient la dernière chance de commencer une nouvelle vie.
" Personne ne doit rien à personne ", tel est le credo d'Alexandre.
Sans le virus, Alexandre serait peut-être déjà mort d’une overdose, comme beaucoup de ses amis covite Alexandre Savitski, 39 ans, ne cache pas son statut. « Quand j’ai appris en 2000 que j’étais séropositif, je me suis dit qu’il me restait six mois à vivre », se souvient-il. Aujourd’hui, il a une femme, séropositive elle aussi, et deux enfants, sains tous les deux. Il a aussi la chance d'avoir un travail qu’il aime : il forme des psychologues qui s’occupent des séropositifs.
Une telle issue aurait été difficilement imaginable il y a douze ans, quand Alexandre avait 27 ans. À l’époque, il vivait dans le nord, dans une ville déprimée, et se piquait. Il a attrapé le virus par la seringue. Sa mère l’a amené à Moscou dans un centre de réhabilitation privé, où il a compris qu’on pouvait vivre avec le HIV. Encore faut-il changer son mode de vie. Sans le virus, vraisemblablement, Alexandre ne serait plus de ce monde. Il serait mort d’une overdose, comme beaucoup de ses amis. En 2011, le ministère de la Santé, dans le cadre de la lutte contre les financements étrangers
des ONG nationales, n’a pas autorisé le Fonds mondial à subventionner les associations en Russie, et d’importants programmes pour le HIV et la tuberculose ont dû être suspendus. « Mais en échange, le gouvernement n’a pas proposé de financements adéquats, ni de programmes méthodologiques », relève le directeur d’une organisation de défense des séropositifs, Sergei Smirnov. « L’État n’a pas voulu utiliser l’expérience de dizaines d’ONG, alors qu’objectivement on en a besoin ». Pour autant, l’État subventionne la prévention. Dans le budget de 2011-2012, 1,2 milliards de roubles (soit 30 mios euros) sont
réservés à cette fin. Mais Aksionov doute que cet argent sera dépensé efficacement. Les ONG sont unanimes : le problème, c’est qu’en 25 ans de lutte contre le sida, la Russie n’est pas parvenue à élaborer une stratégie au niveau fédéral de lutte contre le virus. Quatre ministères et deux commissions sont en charge de la question. Résultat, le seul domaine à peu près efficace est l’approvisionnement des malades en médicaments, qui coute 60 milliards de roubles par an. Mais tant qu’aucune stratégie préventive n’existe, chacun survit comme il peut. « Moi, je suis un anarchiste par nature », explique Alexandre. Il n’a rien reçu de l’État, tout a été le fait de sa propre initiative. « Chez nous, chacun se sauve soimême, martèle-t-il. Mon crédo : dans ce pays, personne ne doit rien à personne ». Alina semble être du même avis, mais elle a confiance dans les gens. Des inconnus l’ont aidée à trouver sur Internet une clinique qui a bien voulu l’opérer. Des bénévoles inconnus eux aussi l’ont accueillie à Moscou et lui ont expliqué où s’adresser et comment. « Je me sentais comme une horsla-loi, maintenant je suis une personne ordinaire. On va m’opérer et la vie va continuer », souritelle. Et elle compte donner naissance à un deuxième enfant.
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PARTENAIRE
Économie
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Commerce international La Russie vient d'entrer officiellement dans l'Organisation Mondiale du Commerce
EN BREF
L'adhésion à l'OMC ne met pas fin à la controverse
EuroChem investit 15 millions d'euros dans une usine belge
IOULIA SINAEVA JOURNALISTE
En adhérant à l'OMC, la Russie sera en mesure de peser sur l'élaboration des règles du commerce mondial. Le pays bénéficiera d'une réduction des droits de douane, ce qui sera en premier lieu profitable aux exportateurs russes de métaux (ferreux et nonferreux) et de produits de l'industrie chimique. « Ces dernières années, les exportations russes ne se diversifient pas et, en plus, elles se détériorent. Aucune mesure de promotion de l'export n'a été adoptée. De fait, l'entrée dans l'OMC est la première étape d'importance afin de renforcer les exportations russes », estime le professeur Natalia Volcthkova, de l'École russe d'économie. L'entrée dans l'OMC provoque des bouleversements qui forcent le monde des affaires à agir de façon plus transparente, car désormais son activité sera contrôlée non seulement par les autorités russes, mais aussi par des représentants d'autres pays. « La stabilisation de la politique commerciale pourrait rendre la Russie plus attrayante pour les investisseurs étrangers », ajoute Mme Voltchkova. Selon les analystes de Troïka Dialog, l'adhésion à l'OMC sera bénéfique pour le secteur des services. Dans l'ensemble, les droits d'importation pour ce secteur devraient être réduits de 13,3 à 10,3%. L'adhésion produira en outre un assouplis-
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sement des restrictions sur les importations, par exemple dans l'alimentation. Néanmoins, d'autres secteurs tels que la finance et les télécommunications devront attendre avant de sentir des effets positifs. Les études de la Banque mondiale indiquent que l'entrée dans l'OMC entraînera une hausse des salaires, aussi bien pour les travailleurs à bas salaires que pour le personnel hautement qualifié. Les spécialistes de la Banque expliquent cet effet par le fait que les nouvelles entreprises étrangères souhaitant ouvrir des représentations en Russie vont recruter parmi ces deux catégories. Cependant, les avantages que le budget russe retirera de l'adhésion ont un prix. Le ministre du Développement économique Andreï Belooussov a déclaré que les pertes du budget causées par l'abaissement des taxes d'importation pourraient atteindre 4,7 milliards d'euros en 2013, et 6,4 milliards en 2014. Selon lui, ces pertes seront atténuées par la croissance des échanges et l'élargissement de l'assiette fiscale. Le ministre considère la réduction du niveau de protection du pays par les droits de douane comme un « droit d'entrée ». Les taxes d'importation seront réduites progressivement ce qui, selon Belooussov, permettra aux entreprises industrielles et agricoles de s'adapter au fur et à mesure. Selon la Banque mondiale, l'OMC générera une hausse du PIB au cours des trois premières années d'environ 3,3%, et sur 11 ans de 11%, l'augmentation devant être permanente. Les experts russes sont moins optimistes, avec tout juste 0,5% par an.
FORUM DES RELATIONS ENTRE LA RUSSIE ET LA BELGIQUE LE 20 SEPTEMBRE ANVERS
Un forum est organisé par la Chambre de commerce belgoluxembourgeoise pour la Russie et le Belarus sur le développement des relations entre les ports belges et la Russie, de 16h30 à 21h45. Après une présentation des différents ports belges et russes, les intervenants traiteront notamment
EN CHIFFRES
© GETTY IMAGES/FOTOBANK
4,7 mds euros Le manque à gagner du budget fédéral russe pour 2013. Ce manque à gagner va encore augmenter en 2014, puis devrait se résorber.
18 années Les négociations d'adhésion à l'OMC (alors appelé le GATT) avaient démarré en 1994 sous l'administration de Boris Eltsine.
0% Les importations de porc, l'un des secteurs les plus menacé par l'OMC, seront annulées alors qu'elles sont de 15% actuellement.
Belooussov considère la moindre protection du pays par les droits de douane comme un « droit d'entrée » La Russie a obtenu des concessions importantes de l'OMC, comme les conditions d'admission des filiales de banques étrangères (uniquement à travers des filiales russes soumises à la Banque centrale). Pour le gaz, le droit de douane de 30% sur les exportations a été sauvé. On a également réussi à s'entendre sur la question de la mise en place des périodes de transition: une période assez longue d'« acclimatation » sera fournie aux industries telles que l'automobile, l'agriculture et les assurances.
des changements apportés par l’entrée de la Russie dans l’OMC, de la place des ports belges et russes dans le système portuaire européen, du modèle portuaire futur, des difficultés liées aux douanes. Le forum s’achèvera par un cocktail permettant aux participants de se rencontrer. L’inscription à l’avance est nécessaire. Tous les renseignements et les fiches d’inscriptions sont disponibles sur le site. › www.ccblr.org
© AFP/EASTNEWS
Dix-huit ans ont été nécessaires pour mener à terme les négociations d'adhésion à l'OMC, sur fond de fronde de députés protectionnistes et de certains cercles d'affaires.
Elvira Nabioullina, ancienne ministre russe de l'Economie et Pascal Lamy, directeur général de l'OMC, au moment de la signature pour l'adhésion de la Russie.
« La Russie a obtenu des droits tout à fait avantageux. Désormais, notre défi est d'être actifs et de rechercher des avantages non seulement au niveau individuel, mais aussi de nouer des amitiés en fonction des intérêts. Par exemple, nous avons actuellement intérêt à nous rapprocher des États octroyant un soutien minimal à l'agriculture : l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada, les pays d'Amérique latine. Ce groupe souhaite une liquidation rapide des subventions à l'agriculture. Nous devons les rejoindre et lutter pour l'élimination des subventions », a déclaré Alexeï Portanski, professeur de la faculté d'économie mondiale et de politique mondiale à la Haute école d'économie. Les périodes de transition pour
la libéralisation de l'accès au marché russe dureront deux ou trois ans, et de cinq à sept ans pour les produits les plus sensibles. L'automobile, l'agriculture, les équipements agricoles et l'industrie légère ont été classés par les membres du groupe de travail comme des filières sensibles susceptibles de faire face à certaines difficultés économiques et financières en raison des nouvelles conditions. Selon les acteurs du marché, suite à l'adhésion l'OMC, les pertes annuelles de ces secteurs se chiffreront en milliards d'euros.
JOURNÉES ÉCONOMIQUES BELGO-LUXEMBOURGEOISE
ciétés locales ainsi que le centre de recherche nucléaire et la gigantesque usine d'avions Aviastar SP, la plus vaste du pays. Ils auront l’occasion de rencontrer les acteurs économiques et les responsables politiques de la région d’Oulianovsk, y compris le gouverneur et le ministre de l'Agriculture.
DU 1 AU 5 OCTOBRE RÉGION D’OULIANOVSK, RUSSIE
Ces journées économiques organisées dans la région d'Oulianovsk invitent à mieux connaître une région généralement éclipsée par Moscou et Saint-Pétersbourg. Les thèmes abordés seront l’automobile, l’aviation, le nucléaire innovant, l’agriculture et la logistique. Les participants visiteront des so-
Article publié dans RBC Daily
L’inscription préalable est indispensable. › www.ccblr.org
EuroChem investit en 2012 environ 15 millions d'euros dans des actifs achetés à BASF pour la production d'engrais à Anvers. Ces actifs avaient été rachetés en avril dernier au géant chimique allemand très présent en Belgique. Les actifs acquis comprennent une usine de production d'ammonium nitrate de calcium / nitrate d'ammonium, des engrais et de l'acide nitrophosphorique. Ils ont été logés dans une société distincte, du nom d'EuroChem-Anvers. EuroChem Trader a également acquis K + S Nitrogen, qui distribue des engrais fabriqués dans les installations de la société EuroChem-Anvers, ainsi que la production d'autres grands fabricants d'engrais européens.
Les affaires en sucre de Sharapova
© GETTY IMAGES/FOTOBANK
« Sugarpova » est la nouvelle marque de bonbons que la joueuse de tennis russe a présenté à New York : un mélange de goût, style et charité. L'intention de l'athlète est de promouvoir des friandises correspondant à son style. Voilà que Sharapova, à l'image de tant d'autres sportifs, crée un nouveau business, qui ajoute une touche de luxe accessible aux sucreries, le tout dans un emballage dernier cri et décliné en dix goûts. « C'est le projet le plus passionnant que j'aie entrepris, car il s'agit de mon affaire, mon investissement et mon argent », a déclaré Sharapova.
RUSSIA BEYOND THE HEADLINES – PARTENAIRE MÉDIA DU FORUM
Sotchi, pôle d’attraction des investissements européens Un Forum automnal incontournable Le Forum International d’Investissements de Sotchi se tiendra cette année du 20 au 23 septembre. En 2011, il a accueilli 548 participants étrangers de 47 pays. À cette occasion, 105 accords ont été signés pour une somme totale de 11,4 milliards d’euros.
© SERVICE DE PRESSE, ADMINISTRATION DE LA RÉGION DE KRASNODAR
IL L’A DIT
Nicolaï Prianichnikov PRÉSIDENT DE MICROSOFT RUSSIE
"
En général mes impressions sur le Forum (Sotchi-2011) sont très positives. La discussion avec Vladimir Poutine était la partie la plus utile. Je me rappelle de ses déclarations sur la nécessité à réduire le rôle du gouvernement dans l'économie. Et je crois que c'était une décision juste ».
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Régions
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Pour s’y rendre
Voyage L'Adygué reste une destination méconnue, malgré la grande diversité de paysages et de cultures
Le meilleur moyen d’aller jusqu’au coeur de l'Adygué, est la ligne aérienne Moscou - Krasnodar. Puis par bus jusqu'à Khadjokh ou "Krasnodar-Maikop". Le billet d'avion aller-retour coûte 250 euros et le trajet jusqu’à Krasnodar prend environ 2h30.
Un État de grâce sur le versant nord du Caucase
Où se loger Le village de Khadjokh regorge de chambres d’hôtes. C’est le type de logement le plus agréable. Les prix démarrent à 20 euros par personne. Les budgets serrés opteront pour le camping. Ils trouveront partout des endroits pour planter leurs tentes.
Où se restaurer Il y a peu de cafés à Khadjokh. Cependant, les chambres d’hôtes font aussi table d'hôte. Si vous n'aimez pas déjeuner au grand air, le café « Pechernii Tchelovek », installé à l’intérieur de la masse rocheuse du village de Khadjokh, propose un menu du jour.
Le fromage adyguéen sent la fleur © GEOPHOTO
DARIA GONZALES LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI
L’air du petit matin est imprégné de mimosa et de prunes mûres. Le monastère orthodoxe Saint-Michel de l’Athos se noie dans la brume ; un homme avec une grande barbe vêtu d’une soutane noire empile des caisses de pain frais au pied d’un mur. Les habitants de l’Adygué, au sud de la Russie, ne ferment jamais leur porte à clef. « Ne te presse pas.Tu auras le temps de tout faire, et ce que tu n’as pas le temps de faire n’est pas indispensable », est la phrase que l’on entend le plus souvent dans les hameaux perdus dans les montagnes. Les chevaux grimpent vers le plateau Lago-Naki. Le palefrenier Serioja fait bruyamment claquer sa langue et cravache la croupe de son cheval avec une branche d’érable. Quand les pistes de montagnes ne sont pas trop mauvaises, le camion tout-terrain GAZ-66, préféré des militaires, devient une bonne alternative au cheval. Deux Tcherkesses en chapeaux à longs
poils bouclés descendent à sa rencontre. Serioja les salue d’un hochement de tête amical. La région compte 80 nationalités, dont les Adyguéens, la population de souche. Ils vivent dans des hameaux isolés, dans les plaines du nord, tandis que les régions montagneuses sont peuplées d’un mélange multiethnique : Russes, Tcherkesses, Grecs, Tsiganes, Arméniens et Kurdes, autant de mentalités, de religions et de traditions différentes. « Il n’y a pas de conflits entre nous, tout ça c’est dans les villes », raisonne Serioja, en regardant pensivement les crêtes. « Tout le monde s’est dispersé dans les hameaux et on se fiche ici de savoir quel dieu tu pries. Là-bas, dans le village de Temnolesskaya, vivent des vieux croyants. Des jupes jusqu’au sol, des foulards. Ils ont planté la croix sur la montagne. Elle protège toute notre vallée, les chrétiens, les musulmans, les baptistes aussi ». Le directeur de l’office du tourisme régional, Serguei Choubine, explique que « les locaux sont pleins d'initiatives. Ils connaissent les meilleurs chemins, les villages, les noms de crêtes et les endroits dangereux. À la fin des années 1990, les gens ont commencé à ouvrir des maisons d’hôte et de petites structures de tourisme spor-
Privée de mer, l’Adygué est pourtant truffée de fossiles marins et de coquillages préhistoriques tif. Beaucoup d’entreprises familiales ». Rouslan est diplômé de la fac de mathématiques de l’université de Maïkop. N’ayant pas trouvé de travail dans sa spécialité, il a fini par monter la première entreprise de tourisme dans le village de Khadjokh. Aujourd’hui, il emploie sept moniteurs professionnels, dont sa petite sœur de quatorze ans Suzanna, sa mère qui prépare les paniers repas et son père qui emmène les touristes dans les montagnes dans le fameux GAZ-66. Peu de gens viennent s’installer
en Adygué, et peu quittent leur terre natale. La république ressemble à un monde parallèle où la principale nouvelle, depuis des mois, n’est « ni le procès des Pussy Riot, ni la crise syrienne ou les JO, mais la rivière Blanche, d’habitue cristalline, qui est devenue trouble à cause des crues ». Le soir tombe. Le soleil, apparu une minute, se couche quelque part au loin, derrière les montagnes. L’air est rempli d’arômes de pomme. Dans la pommeraie, les tentes s’amassent autour du feu. Les étudiants en archéologie viennent ici toute l’année pour étudier les vestiges de la région, les dolmens qui parsèment la terre d’Adygué. Le « Khadjokh-1 » se trouve ici, au bout de la pommeraie, sur un petit talus, parmi des arbres fantasques. Il pleut de nouveau, mais l’archéologue Igor Ogaï,
© LORI/LEGION MEDIA (3)
qui préside la Société de géographie russe, malgré la foudre et le tonnerre, continue son récit sur cette petite maison et sa désignation : peut-être un tombeau, un temple, ou une indication routière. À Khadjokh, Igor étudie des monuments du mégalithique et anime des visites de l’exposition privée du village Kamennomostski, deux petites pièces contenant tout ce que les archéologues de Maïkop ont réussi à dénicher. « Ce casque de soldat nazi date du milieu du XXe siècle, et celui-là, techerkesse, du XVIIe. Des lances, des espadrilles en paille, des accessoires de coiffure, des amulettes en os. Si vous devinez le nom de cette pierre, je vous offre un aimant. C’est une améthyste ». Igor déverse sur les visiteurs une avalanche d’informations. Il virevolte entre les fossiles étalés par terre, des collections d’espèce adyguéennes, et des aurochs et sangliers empaillés, écarquillant d’un air menaçant leurs yeux de verre. Un chaton gris ronronne dans le casque allemand. « On vient du monde entier pour voir nos dolmens. Nos monuments de 5000 ans d’âge ont été conservés, miraculeusement, en très bon état. Nous aimerions constituer ici un parc mégalithique en liant tous les monuments en un circuit unique, mettre à jour les infras-
© LORI/LEGION MEDIA
© YURI IVASCHENKO
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tructures, augmenter le flux de visiteurs, et donc de moyens pour continuer les fouilles archéologiques et entretenir les dolmens existants. Nous nous en occupons à nos propres frais mais ce n’est pas assez ». Une nuit pleine de senteurs s’est installée. Un vieux landau tcherkesse se balance doucement devant une porte ouverte. Il y a plusieurs siècles déjà, les Tcherkesses y attachaient les bébés avec de petites sangles de cuir, pour éviter qu’ils ne tombent. Ils s’amusent à dire qu’ils devraient recevoir le Prix Nobel pour l’invention de la ceinture de sécurité. Khodja, un riche Tcherkesse de Gouzeriple a construit, à côté de sa maison, une mosquée, une synagogue et une église. Elles scintillent dans la nuit de petites lumières bleues. Khodja, lui, est assis, l’air maussade, au bord de la rivière Blanche. La truite a quitté les eaux troubles. La seule chose dont il rêve aujourd’hui, c’est de l’eau claire qui coule dans la rivière près de sa maison.
1. Le canyoning est l'une des activités les plus populaires des amateurs d'extrême dans la république. 2. La mosquée Sobornaïa à Maïkop. 3. Le monastère orthodoxe Saint-Michel de l’Athos. 4. Le marché aux puces sur l'un des itinéraires touristiques.
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© MAKAR BUTKOV
Cette petite république du Caucase fait peu parler d'elle. Pas de violence, pas de drames. Au contraire, une tradition d'hospitalité qui devrait la transformer en pôle touristique.
La meule de fromage a toujours des motifs caractéristiques sur le bord, imprimés avec des branches d’osier pendant la préparation. La recette est simple : le lait de vache filtré est mis sur le feu. Lorsqu’il commence à bouillir, on y ajoute du petit-lait aigre. Le caillot obtenu repose cinq minutes, puis on retire la moitié du petit-lait. Ce fromage se mange frais, fumé ou séché.
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Opinions
L'EGYPTE : CLÉ DE VOUTE
TOUJOURS EN QUÊTE D’UNE IDENTITÉ
Fiodor Loukianov GAZETA.RU
peine après avoir prêté serment, le président égyptien Mohammed Morsi a rapidement remodelé le paysage politique. Le limogeage des chefs de la junte égyptienne, le ministre de la Défense Hussein Tantawi et le chef d'état-major Sami Annan, ainsi que la suppression des amendements à la Constitution élargissant les pouvoirs de l'armée, montrent que les Frères musulmans n'ont pas l'intention de chercher un compromis avec l'ancien régime. L'Egypte est le pays le plus peuplé du monde arabe (80 millions d'habitants). Le Caire étant historiquement une des principales capitales de la région. Les événements qui s'y déroulent, s'ils n'ont pas servi de modèle pour le développement politique de la région, ont laissé un impact visible. L'armée égyptienne n'a pas tenté, comme en Algérie, d'annuler dans la violence l'élection des islamistes. Et même si elle se résout à une telle démarche, son succès est loin d'être garanti. En 20 ans, beaucoup de choses ont changé dans le monde. À l'époque, les généraux algériens pouvaient compter sur des décisions en coulisses, alors que personne n'interférait avec leurs méthodes. Aujourd'hui, la réaction internationale serait négative aussi bien dans le monde arabe qu'en Occident, quelle que soit la préoccupation de ce dernier pour l'islamisation de l'Egypte. En outre, la société égyptienne veut des procédures et des changements démocratiques. Si les Frères musulmans et Mohammed Morsi consolident leur pouvoir, cela pourrait signifier le début d'une redistribution profonde des forces et de l'influence au Moyen-Orient. Il est clair que le modus vivendi en vigueur depuis la fin des années 1970 avec Israël ne sera pas maintenu. Il est peu probable que le Caire se lance dans une rupture brutale et démonstrative des accords. On pourrait plutôt s'attendre à une révision en douceur. La réorientation de la Turquie, les changements en Egypte et le chaos en Syrie, qui éclabousse déjà la Jordanie et le Liban, détruisent l'ensemble du système de relations sur lesquelles s'est bâtie la sécurité d'Israël. Presque aucun des dirigeants actuels au Moyen-Orient ne prendra le risque de provoquer une guerre avec l'État hébreu, même
À
© NATALIA MIKHAYLENKO
Eugene Ivanov LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI
près plus de 100 jours de présidence, Vladimir Poutine n’a toujours pas proposé de thème pour le développement de la Russie. Les pays, comme les personnes, souffrent parfois de crises identitaires, que je définirais comme une incapacité à saisir pleinement leur raison d’être universelle (ce que l’on appelle en Russie « l’idée nationale »), leurs véritables valeurs et aspirations et, plus essentiellement encore, leur vision du futur. La crise identitaire suppose souvent aussi un large fossé entre les citoyens ordinaires et les dirigeants, ainsi qu’un malaise entre différents groupes sociaux. Nous avons toutes les raisons de croire qu’après plus de 100 jours de la troisième présidence deVladimir Poutine, la Russie est plongée dans une sorte de crise identitaire. La situation était différente il y a quatre ans, quand un jeune et dynamique Dmitri Medvedev a commencé à promouvoir son programme de modernisation. Pas de doute aujourd’hui, les tentatives de Medvedev pour réformer le modèle économique vétuste et le système politique autoritaire de la Russie n’ont pas eu beaucoup de succès. Néan-
A
moins, ses efforts, et surtout sa rhétorique rafraîchissante, ont favorisé la formation de l’image d’une Russie désireuse de devenir un meilleur pays pour ses citoyens, et cette image a été bien accueillie en Russie et dans le monde entier. Medvedev n’est plus président, mais il est toujours dans les parages et prétend encore être un modernisateur. Actuellement, il dirige un cabinet rempli de jeunes technocrates aux qualifications libérales certaines. Mais depuis le début, l’équipe de Medvedev a été étrangement silencieuse, et son impact sur la situation à l’intérieur du pays n’est pas très clair. La dernière nouvelle que j’ai entendue, personnellement, au sujet du cabinet, est que le gouvernement a dépensé $730 000 pour décorer et meubler les bureaux des jeunes modernisateurs. De son coté, depuis son inauguration en mai, le président Poutine n’a fait aucune tentative pour formuler une vision stratégique cohérente de l’avenir du pays. Après avoir rejeté tacitement l’idée de « modernisation » de son prédécesseur et complètement épuisé sa propre promesse de « stabilité » (un terme qu’il a eu du mal à définir pendant sa campagne présidentielle), Poutine n’a littéralement rien proposé en échange. Les problèmes du pays
Le président n'a encore fait aucune tentative pour formuler une vision cohérente de l’avenir du pays
Poutine a rejeté la modernisation de son prédécesseur et épuisé sa propre promesse de stabilité sont réels : l’économie est encore, de façon humiliante, dépendante des prix du pétrole et la corruption est devenue incontrôlable. Mais les officiels russes ont passé l’été à compter, comme des enfants, les médailles remportées et perdues par la Russie aux JO de Londres. Il semble que l’unique « idée nationale » que la classe politique russe soit capable de formuler serait de gagner la course à l’or aux JO d’hiver de Sotchi en 2014. Tiens, d’ailleurs, les Jeux Olympiques de Sotchi sont en train de devenir l’évènement sportif le plus cher de l’histoire. Ne demandez pas où va tout cet argent (34 milliards d’euros).
Et puis il y a eu la sentence des Pussy Riot. C’est grave qu’une perturbation mineure de l’ordre public ait pris les proportions d’un scandale politique et culturel majeur dans l’histoire de la Russie contemporaine, le tout à cause d’une mesquine soif de vengeance des leaders politiques et, pire encore, religieux. Ce n’est pas bon non plus qu’à l’époque où l’unité devrait devenir la véritable « idée nationale » russe, un facteur de division (créé ex nihilo) coupe le pays en deux idéologiquement, comme la Russie en manquait. Pire encore, en provoquant contestations et condamnations partout dans le monde, la Russie a perdu, une fois de plus, une occasion pour définir d’elle-même son identité. Ce sera fait par d’autres désormais, et le Kremlin risque de ne pas aimer le résultat. Il est vrai que pour l’instant la crise identitaire n’a pas tué un seul individu. Pas plus qu’il n’y a de précédent dans l’histoire d’un pays qui se serait écroulé sous le poids d’une telle crise. Certes.Toutefois, il ne faut pas prendre les crises identitaires à la légère, pour une simple raison : elles sont souvent suivies d’autres crises qui, elles, sont beaucoup plus nuisibles. Eugene Ivanov est un commentateur politique.
LU DANS LA PRESSE PUSSY RIOT : ON N'A PARLÉ QUE D'ELLES TOUT CET ÉTÉ Pour avoir chanté et dansé dans une cathédrale moscovite, trois jeunes femmes viennent d'être condamnées à deux ans de prison. Depuis leur arrestation, la controverse n'a fait qu'enfler à travers tout le panorama des sensibilités. Des ultra conservateurs aux ultra libéraux, des orthodoxes aux athées, des opposants à Poutine aux partisans du régime. Les lignes de rupture n'ont fait que se creuser, comme en témoignent les éditoriaux.
Préparé par Veronika Dorman
PIRE QUE LE NUCLÉAIRE
COMBAT INÉGAL
DIVISER POUR MIEUX RÉGNER
Alexander Golts
Père Alexandre Pikalev
Mikhaïl Fishman
THE MOSCOW TIMES
PRAVOSLAVIE I MIR
VEDOMOSTI
Ce procès et son verdict ont montré à quel point les dirigeants russes sont vraiment réactionnaires. La Maison Blanche et le Pentagone n'auront pas manqué de le relever. Bien qu'en apparence il s'agisse d'une affaire intérieure, le comportement réactionnaire et fondamentaliste de la Russie est perçu comme un problème plus global par de nombreux dirigeants occidentaux. Ils en tirent des conclusions sur la santé et la stabilité générales du régime. Si le Kremlin fait preuve d'instabilité et de radicalisme dans les affaires domestiques, il peut faire preuve d'autant de rigidité et d'imprévisibilté dans les questions de sécurité mondiale ou les dossiers militaires.
Des phénomènes comme les Pussy Riot ou les FEMEN sont les morceaux d'un même puzzle, l'objectif étant la guerre avec la tradition, la culture et la fois, au nom de l'absurdité morale. Mais l'Église est la seule citadelle immuable qu'aucun cataclysme d'origine humaine n'a pu ébranler en 2000 ans. C'est pourquoi les t-shirts pourriront sur les décharges ; les jeunes femmes de Pussy Riot grandiront et deviendront raisonnables ; celles de FEMEN vieilliront et auront honte de se dévêtir en public mais l'Église, elle, restera. Et ce qui sera écrit sur l'Église dans les livres d'histoire, a qui sera adjugé la victoire, ne dépendra pas d'elles, mais de nous, les orthodoxes.
D'un point de vue purement politique, la condamnation des trois filles militantes marque une nouvelle étape dans le dialogue de Vladimir Poutine avec la société. Depuis sa réélection, le pouvoir s'est concentré sur l'autodéfense. Il ne fait qu'interdire, chasser, licencier, mettre à l'amende, emprisonner, bref, intimider par tous les moyens. Des agents secrets sèment la pagaille, les dissidents sont pris en chasse, les tribunaux fabriquent des affaires. Pas une once de légalité, mais une logique implacable : le pouvoir se bat contre une partie de la société. Les limites de l'acceptable sont mobiles, mais on sait à peu près quoi faire pour ne pas se mettre dans le pétrin.
avec à la clé un regain de popularité dans les rues arabes. Mais l'érosion générale des règles de conduite pourrait entraîner une série d'incidents sur la frontière israélienne, la riposte pouvant entraîner Israël dans un conflit latent avec tous ses voisins. Bien sûr, Washington possède des leviers de pression liés aux deux milliards de dollars octroyés au Caire pour diverses raisons depuis les accords avec Israël. Et comme l'économie égyptienne est en chute libre, il serait dangereux pour le gouvernement des Frères musulmans de refuser cet argent.
Alors que l'attention mondiale est focalisée sur la Syrie, l'Egypte est le théâtre d'événements qui, par leur importance pour l'avenir régional et mondial, sont comparables à la guerre civile en Syrie Cependant, dans le cadre d'un processus de remodelage géopolitique global, une réorientation vers d'autres sponsors n'est pas à exclure. Les principaux acteurs du « printemps arabe » sont les monarchies du golfe Persique, dont l'influence a grimpé en flèche en un an et demi. Les capacités financières des royaumes pétroliers leur permettent de soutenir l'Egypte dans une mesure comparable aux États-Unis. La collision prochaine la plus grave est liée à l'Iran : pour presque tous les acteurs régionaux, l'objectif principal est d'éviter le risque d'un Iran nucléaire et de réduire l'influence de Téhéran, ce qui est un des aspects du conflit en Syrie. Tant que le problème iranien subsistera, les intérêts des monarchies, des régimes révolutionnaires, des États-Unis et d'Israël coïncideront. Mais si ce dossier est réglé, le programme commun prendra fin et on peut à coup sûr s'attendre à voir s'effriter l'entente tacite entre l'Arabie saoudite et Israël. Beaucoup, pour ne pas dire tout, dépendra alors de l'Egypte, de son état interne et de son orientation externe. Fiodor Loukianov est rédacteur en chef de Russia in Global Affairs. Version intégrale de l'article sur Gazeta.ru
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Culture CHRONIQUE LITTÉRAIRE
Art On peut voir le laboratoire musical de Vladimir Popov jusqu'au 16 septembre à Moscou
Une exposition assourdissante Voir notre diaporama sur larussiedaujourdhui.be/15433
Une reconstruction des instruments « à bruit » inventés par Vladimir Popov dans les années 1920-1950 et livrés aux mains des visiteurs du musée polytechnique de Moscou. EMILY WRIGHT LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI
Ce n’est pas en vain que le projet d’exposition interactive du musicien Piotr Aidu et de son « laboratoire musical » s’intitule ReConstruction du bruit. Il s’agit d’une double reconstruction : dans
un premier temps, des instruments conçus parVladimir Popov pour les bruitages au théâtre et reconstruits entièrement à la main, dans un deuxième temps, des sons de la vie, qui peuvent être recréés par tous grâce à ces outils en bois et en métal. C’est ainsi que les organisateurs de l’exposition nous montrent l'une des nombreuses expériences sonores qui ont vu le jour pendant la période de l’avant-garde russe. Environ 70 des quelques 200 « machines à bruit » conçues par
Popov (188916 septembre), il y 1968), destinées a plus d’instruau théâtre puis ments cassés que réutilisées par s d’instruments i o les premiers ciep intacts. li d mp luie. néastes, sont à la Même les dise r r p u la bo disposition du positifs jugés incase m a m t public dans quatre Un ne com sables y sont passés. « Le bruit n salles. La réaction des so peut avoir une influence imprévisiteurs ? Konstantin D o u - visible sur les gens et les rendre dakov-Kachouro, l’organisateur primitifs », affirme Doudakovqui s’occupe de la recherche scien- Kachouro. Et ces visiteurs sont tifique du projet, raconte qu’un enchantés par une exposition mois et demi après l’ouverture de aussi interactive que peu surveill’exposition (qui a lieu jusqu'au lée (il n’y a, en effet, aucun sur-
Mais ces instruments de bruitage sont aussi utilisés par la suite au cinéma et à la radio. Eisenstein a ainsi fait sonner ses boucliers dans son film Alexandre Nevski (1938). Une scène de combat du film en question est projeté sur le mur dans la salle consacrée à la bataille et le spectateur peut lui-même devenir le bruiteur du film à l’aide des appareils à disposition. Le but de l’exposition est de reconstruire des appareils qui n’existent plus et montrer que le bruit est un phénomène culturel. Sortir ces instruments de l’oubli pour les placer dans un contexte où l’art, le théâtre et les bruits, cette musique du quotidien, ne font plus qu’un est l’ambition de ce « laboratoire musical ».
Photographie "Capter cette beauté" est devenu l'un des motifs principaux de la vie de Lioudmila Espiaube
IRMA CORDOVAL LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI
« J'ai attrapé le virus de la photographie à Singapour, grâce à un ami de notre famille, Ang », raconte Madame Espiaube. Un jour, ce dernier a organisé un voyage de 10 jours au Vietnam et a invité ses amis, dont Lioudmila, à s'ouvrir à de nouveaux horizons. Subjuguée par les immenses étendues de la nature sauvage, Lioudmila a saisi son appareil photo.
Début 2003, Lioudmila rencontre le photographe français Vincent Munier, dont le travail avait été récompensé trois années auparavant au cours du prestigieux concours Wildlife Photographer of the Year, organisé par la BBC. Impressionnée par les clichés des grues japonaises pris par Munier au cours d’un voyage hivernal, Lioudmila décide de se rendre au Japon pour observer les grues de ses propres yeux. Si la photographe confesse avoir douté de son talent, elle part pourtant trois semaines sur l'île d'Hokkaïdo avec son appareil photo. « Lorsque je vivais en France, dès que je croisais une personne asiatique, j'étais attendrie, comme si quelque chose qui émanait d’elle
m'était familier », reconnaît la photographe. Au Japon, Lioudmila a réussi à photographier la danse des grues, sous la neige, au cours de la saison des amours. « La danse des grues s'accompagne d'un grand cri aigu. Quand celles-ci font une trêve, on entend la neige tomber tellement le silence règne », raconte-t-elle. Cette année, Lioudmila s'est rendue à Tounski en février, à 600 km de Shanghaï. Là-bas, elle a pris des photos des célèbres paysages montagneux et des escaliers qui inspiraient à l'époque les peintres chinois. « Je ne ressens pas la fatigue. Quand je vois les montagnes, les nuages et que la lumière est idéale,
© LIOUDMILA ESPIAUBE
Le virus de la caméra n'a pas de frontières Originaire d'Azerbaïdjan, Lioudmila Espiaube a quitté l'ancienne république soviétique pour explorer l'Asie, dont la culture rejaillit à travers toute son œuvre.
Lioudmila est attirée par l'Asie, sa culture et les gens.
je n'ai qu'un désir : capter cette beauté. Je fuis tous les fantômes de la civilisation qui hantent les paysages naturels », ajoute-t-elle. La photographe reconnaît être séduite par les deux pays : le Japon, ses neiges pures et la quiétude de ses paysages la ravissent tout autant que la Chine et sa culture antique. La Russie et son
Azerbaïdjan natal occupent encore peu de place dans son œuvre, mais Lioudmila y travaille. En juillet 2011, Lioudmila Espiaube s'est rendue dans l'Altaï avec l'expédition scientifique Biosphère, où elle a pu photographier des paysages de montagne et la faune locale. Ses clichés ont été publiés dans le journal Nat’Images.
© ITAR-TASS
ART UN CRÉATEUR D'OBJETS EN PÂTES
© NATALIA MIKHAYLENKO
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veillant, tant le bruit est assourdissant) mais également si instructive. Popov, qui était aussi acteur, a inventé ces instruments pour reproduire, au théâtre, le son de l’automobile, du tank, du bateau, de la grenouille, de la mer, du tonnerre ou encore d’un homme qui tombe dans l’eau. Dès les années 1910, les spectacles du Théâtre d’art de Moscou (MKhAT) trouvent un nouvel écho grâce aux dispositifs de Popov.
L'exposition n'est pas surveillée : le personnel ne peut supporter 100 décibels de moyenne toute la journée !
"Ritmokombinator", l'appareil qui imite le bruit des machines-outils.
07
TOURISME VOYAGE EN PAYS COSAQUE
TITRE : LES VAINCUS AUTEUR : IRINA GOLOVKINA ÉDITION DES SYRTES TRADUIT PAR KSÉNIA YAGELLO
De Guerre et paix à La Saga moscovite deVassili Axionov, en passant par des ouvrages au volume plus modeste, comme Docteur Jivago ou La Joie souffrance de l’auteur franco-russe Zoé Oldenbourg, les sagas russes marquent puissamment le paysage littéraire. La dernière en titre, Les Vaincus, est due à la plume de la petite-fille du compositeur Nikolaï Rimski-Korsakov, Irina Golovkina. Anticipant les craintes légitimes du lecteur, l’éditeur a pris soin de proposer tout au début de l’ouvrage un index des noms des personnages qui lui facilitera l’avancée dans l’imposant volume d’un millier de pages.En Russie, la défaite de l’armée blanche et le triomphe des bolcheviks instaurent la lutte des classes, violente confrontation de deux mondes, celui des vainqueurs et celui des vaincus. Du côté des vainqueurs, l’arbitraire et les exactions des périodes de guerre laissent bientôt la place à l’implacable meule de la terreur organisée par l’hôte du Kremlin. Quant aux vaincus, quel que soit leur désir de s’adapter au monde nouveau, ils sont irrémédiablement condamnés à être broyés. Les familles sont éparpillées, décimées, les êtres brisés par les offenses, les persécutions, la misère et la peur. Parmi les vaincus, la famille Bologovski et de nombreux personnages dont les destinées tragiques s’entremêlent. Essentiellement des femmes, parmi elles, Elizaveta, aussi appelée Lolotchka, infirmière, amoureuse éperdue d’Oleg, ancien officier de la garde. Elle s’effacera pourtant devant Assia Bologovski qu’Oleg épousera, une jeune fille charmante, autant douée pour le bonheur qu’Elizaveta l’est pour l’adversité. Elizaveta est guidée par l’importance de donner un sens à sa vie à travers l’exaltation de valeurs intellectuelles et patriotiques. Elle est le fil conducteur du roman, dont son journal constitue une part importante. Comme Irina Golovkina l’a été elle-même, elle est le témoin indispensable pour les générations à venir et semble survivre aussi pour donner du sens à cette période terrible de l’histoire russe. Car pour Elizaveta, seul compte vraiment le destin messianique de la Russie. Publié en Russie en 1992, le livre d’Irina Golovkina a suscité chez les lecteurs russes un engouement car elle leur restitue, dans une langue puissante, des pans entiers de leur histoire et convoque les thématiques duales qui leur sont chères, foi orthodoxe contre nihilisme, patriotisme contre bonheur individuel. Le lecteur occidental y trouvera aussi tout le charme des grands romans russes. Christne Mestre
Que peut-on préparer à partir de pâtes ? On trouve de nombreuses recettes. Sergueï Pakhomov a trouvé une manière originale : moulins, voitures, hélicoptères... Il a même breveté son idée.
Apprenez le russe avec notre blogueuse Yulia Amlinskaya. Lisez ses chroniques et faites les exercices. Ce mois-ci elle s'est consacrée au sport, un sujet tout à fait d'actualité après les Jeux Olympiques de Londres 2012.
Au XVIIe siècle, Starotcherkassk était la capitale de la Grande armée du Don. Aujourd'hui, c'est un charmant village typique situé près de Rostov. Le rythme de vie paisible s'organise autour de la magnifique cathédrale de la résurrection.
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LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE SUPPLÉMENT RÉALISÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA ET DISTRIBUÉ AVEC
Loisirs
RECETTE
Reportage Visite d'une institution de l'artisanat russe
Controverse autour de la tarte au miel
Voir notre diaporama sur larussiedaujourdhui.be/15353
Jennifer Eremeeva SPÉCIALEMENT POUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
ubliez les Pussy Riot, un nouveau scandale fait le buzz à Moscou. Les apiculteurs de toute la Russie connaissent une levée de boucliers devant le déplacement de la foire du miel, de la prestigieuse place du Manège au centre de la capitale vers un centre commercial en périphérie. Une mesure prise par l’actuel maire, Sergeï Sobyanine, visiblement pour dénigrer son prédécesseur Iouri Loujkov, dont la passion pour l'apiculture est célèbre. Sobyanine ne semble pas être un fan de sucreries en tout genre, sans parler du miel, voilà donc un défi culinaire dans lequel croquer ! Voyons si nous pouvons convertir le maire de Moscou aux délices du sucré à l’aide d’une tarte au miel ! Le miel a joué un rôle primordial dans la vie des hommes depuis le paganisme. Longtemps avant que le sucre ne soit facilement accessible, le miel était le premier ingrédient aux propriétés sucrantes, utilisé dans différents aspects de la cuisine : pour la fermentation des boissons comme l’hydromel ou le kvas et la cuisson des gâteaux et des coo-
© KIRILL LAGUTKO
Les châles de Pavlovski Possad, un souvenir prisé MILA RIMSKAYA LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI
Un visiteur se promenant sur l’Arbat, l’artère la plus touristique de Moscou, ne peut manquer de remarquer les étals bariolés des magasins de souvenirs. Si son oeil est attentif, entre les chapkas et les matriochkas, il tombera infailliblement sur les fameux châles russes. S'il est un tant soit peu curieux, il fera glisser entre ses doigts les douces franges de laine ou de soie, et appréciera la bonne qualité de la laine, serrée mais légère, typique de la laine mérinos. Puis, au moment de choisir, il se perdra dans la multitude des couleurs classiques, rouge, vert, bleu ou noir, ou des tons pastel plus modernes, en passant par les dizaines de motifs fleuris tous différents. Tous cela sans savoir de combien d’années d’histoire chaque pétale et chaque fleur témoigne. Environ 200... L’histoire commence en 1795 avec la petite fabrique de soie du paysan Ivan Labsine, l'une des 70 entreprises textiles qui existaient alors sur le territoire du gouvernement de Moscou. C'est là que naît notre héros, plus précisément dans la ville de Pavlovski Possad. Ce n'est qu'en 1850 que la fabrique acquiert ses caractéristiques actuelles, quand le descendant de Labsine, avec son associé Vassili Griaznov, commence à produire des châles avec des motifs imprimés.
Depuis, les châles en laine et les foulards en soie de Pavlovski Possad ont toujours fait partie intégrante du patrimoine culturel russe. Contrairement à tant d’autres, la fabrique a survécu à la Révolution, aux Guerres mondiales et à la Perestroïka. Chaque période historique se lit dans son architecture : les bâtiments d’origine en briques rouges en partie restés intacts, un grand portrait de Lénine datant de l’époque soviétique, les horloges murales désormais ar-
Nous sommes ravis de voir que les jeunes portent aussi nos châles : nous ne sommes pas si vieux jeu rêtées, les grilles tournantes que chaque ouvrier devait et doit encore aujourd’hui passer pour entrer et sortir. Une partie du matériel est également d'origine. De vraiment nouveau, on ne voit que la partie administrative et certaines nouvelles lignes de production.Vyatcheslav Dolgov, le vice directeur général, explique : « Notre cycle de production est complet, à l’exception de l’élevage des moutons. À l’époque soviétique, la concurrence n’existait pas. Mais aujourd’hui, avec l’économie de marché et la concurrence qui propose la même offre à un moindre coût, nous avons dû réajuster et moderniser progressivement la production, grâce à un programme d’aides et de facilités fiscales que l’État réserve à certaines entreprises de pro-
duction artisanale. Aujourd’hui nous avons des imprimeurs italiens ». L'entreprise a également adapté sa politique commerciale. « Nous vendons désormais à partir de notre site Internet : plus de 200 000 personnes y ont acheté un châle au moins une fois. Le site propose aussi un forum qui a créé une communauté virtuelle de « Chalemanki, fanatiques des châles ». Ce sont des femmes de tous les âges qui se tiennent informées de toutes nos nouveautés, achètent régulièrement et n o u s d i s -
Le grand couturier russe Viatcheslav Zaitsev a crée sa collection « Istoki » (Les origines) sur les motifs de châles de Pavlovski Possad.
© PHOTOXPRESS
L’histoire des châles de Pavlovski Possad s'étale sur plus de deux cents ans, mais la fabrique n'est pas tournée vers le passé et cherche en permanence de nouveaux motifs.
pensent leurs conseils ». Le magasin propose un grand choix de châles avec des ornements floraux et animaliers, et d'autres consacrés aux villes et personnalités reconnues. On y trouve même un châle avec les héros russes de la Campagne de 1812. Les hommes ne sont pas privés non plus de cache-nez de laine ou de soie. « Nous sommes ravis de voir des jeunes porter aussi nos châles : cela signifie que nous avons réussi à casser le vieux préjugé comme quoi les châles sont seulement bons pour les grandsmères ». Vyatcheslav Dolgov ajoute une précision historique : « Vassili Griaznov, en plus d’être un industriel visionnaire, était aussi un homme extrêmement bon qui se préoccupait sans cesse des pauvres. Sa canonisation avait été décidée bien avant la révolution russe, mais a eu lieu seulement en 1999, 130 ans après sa mort ». Dolgov est intarissable sur le fondateur : « Même si nous sommes une entreprise laïque, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous sentir protégés par ce grand homme. Et c’est peut-être grâce à lui que notre production se vend si bien dans le monde orthodoxe ».
Le miel a joué un rôle primordial depuis le paganisme car il fut longtemps l'unique ingrédient sucrant kies comme le pain d’épices. Le miel était également un bon médicament, par application, comme un baume, ou par ingestion pour soulager fièvres et frissons. En Russie, aujourd’hui, le miel, la confiture, et le thé chaud sont toujours considérés comme des produits de base. Les recettes de tartes au miel abondent en Russie. Avec le pain d’épices, les tartes au miel traditionnelles de la Russie occidentale sont souvent composées de noix et de pommes, mélangeant ensemble les saveurs des trois festivals des récoltes d’août, connues dans le calendrier liturgique comme les trois « Sauveurs ». Le 14 août est le « Medovyi Spas », ou le « Sauveur de Miel ». Le 19 août, on fête le « Yablochnyi Spas» - ou « Sauveur de pommes » - qui est suivi, le 29 août, par le « Sauveur du fait sans les mains » où noix et noisettes sont les vedettes. J’ai mené un petit sondage informel parmi mes divers amis russes pour déterminer la tarte au miel la plus populaire et le résultat m’a quelque peu surpris. La spécialité au miel favorite de mes amis s’est révélé être le « Medovik », une tarte assez compliquée et demandant un certain temps de
Les Pussy Riot méritent-elles deux ans de prison ?
Voyage à vélo sur les traces de Tolstoï larussiedaujourdhui.be
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préparation. Je n’aurais pas dû être surprise, presque toutes les fêtes de bureau auquel j’ai participé en Russie comprenaient des tartes au miel, ce gâteau multi-couches de biscuit plat et une crème, remplie de caramel et recouverte de noix. Comme tous les gâteaux achetés en magasin en Russie, ils ont l’air parfaits et alléchants mais ils ont en réalité un arrière-goût de sciure. Je savais grâce à mes livres de cuisine française que la combinaison biscuit/ remplissage pouvait fonctionner. Le défi a donc été d’ajuster saveurs et textures. Les livres de cuisine russes traditionnels ne font pas mention du Medovik. J’en ai déduit que ce dessert avait gagné son extraordinaire popularité pendant la période soviétique. Cela s’est confirmé quand j’ai commencé à comparer des recettes de livres de cuisine de l’ère soviétique – ni très fiables, ni faciles à utiliser. Les opinions divergent sur les ingrédients, mais tous en avaient un en commun, ingrédient très soviétique : une conserve de lait condensé sucré bouilli pendant deux heures et demi ! Sceptique, j’en ai bouilli une, puis j’ai compris d’où le goût du caramel venait : la chaleur caramélise doucement le sucre dans le lait condensé et produit une substance proche du pudding, qui, malheureusement, est également très glissante et difficile à manipuler. Le goût est également très discret. Après quelques échecs pour tenter d’empêcher la couche de biscuits de glisser dans tous les sens, j’ai foncé au garde-manger pour trouver des ingrédients et un équipement additionnel. Ajouter de la crème et du fromage frais au lait condensé et du beurre ont résolu le problème du glissement et ont fortement permis d’améliorer le goût du produit fini. Un moule et une brochette en bois aident à garder tout ensemble dans le réfrigérateur pendant la nuit, alors que le biscuit absorbe lentement la crème. Le résultat est très éloigné du précédent, et qui sait, peut être suffisant pour convaincre Monsieur le maire ! Lisez la recette de la tarte et les autres sur larussiedaujourdhui.be