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10 juillet Le prochain numéro REUTERS
Le Mariinsky nouvelle formule Le célèbre théâtre lyrique de St-Pétersbourg s’est doté d’un nouvel espace culturel digne des ambitions de la ville.
Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The New York Times, The Economic Times et d’autres grands quotidiens internationaux
P. 8
Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu Vendredi 24 mai 2013
Bacchus au bord de la mer Noire
SOCIÉTÉ
Sans jambes, avec le cœur SERVICE DE PRESSE
Le pays de la vodka peut aussi produire du bon vin. Les terres bordant la mer Noire possèdent les vertus nécessaires, notamment à la production de très bons vins blancs mousseux, et le climat s’y prête. Le savoir-faire est limité, mais des viticulteurs importent les bonnes techniques, et des investisseurs étrangers prennent le risque. Reste à convaincre le consommateur, mais aussi les pouvoirs publics, qui tardent à prendre des mesures incitatives. Dans notre dossier sur la viticulture en Russie, nous traçons un état des lieux de la production actuelle et revenons un peu en arrière sur l’évolution du goût et l’introduction du vin auprès des masses prolétariennes, un breuvage jusqu’alors réservé à une élite. Aujourd’hui, le vin produit en Russie a mauvaise presse par rapport aux crus d’importation. Mais une expérience réussie de viticulture à la française prouve que le potentiel russe existe.
Comment le photographe de Saint-Pétersbourg Sergueï Alexandrov, amputé des deux jambes suite à un accident de montagne, a remporté le bronze aux championnats de Russie de ski paralympique. PAGE 3
OPINIONS
Syrie : Moscou bouge-t-il ? Le politologue Andreï Ilyashenko se penche sur la prochaine conférence à Genève et s’interroge sur l’évolution possible de la position du Kremlin.
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MIKHAIL MORDASOV
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Espace L’agence spatiale russe dévoile un nouveau calendrier et de grands projets
Transports Défi pour les pouvoirs publics
Le cosmos remet les ambitions en orbite
Désengorger Moscou : grands et petits remèdes
l’espace ». C’est pourquoi la Russie ambitionne de mettre au point une nouvelle famille de lanceurs sous le nom générique d’Angara. Mais ce n’est pas pour demain. La conception d’un véhicule pour l’espace requiert des moyens technologiques et financiers très lourds. C’est pourquoi les fameux lanceurs Proton, Soyouz et Zenit, qui ont fait preuve de leur robustesse pour un coût raisonnable, continueront à décoller depuis Baïkonour. La dernière feuille de route publiée par Roscosmos le 29 avril dernier stipule que d’ici à 2015, le futur lanceur lourd Angara aura son pas de tir au cosmodrome militaire de Plessetsk, dans le Grand Nord russe. Un pas de tir doit aussi être construit sur le tout nouveau cosmodrome de Vostotchny, dans l’Extrême-Orient russe. La communauté des experts reste très sceptique sur ce calendrier, jugé trop serré. À l’horizon 2020, Vostotchny sera élargi pour accueillir à son tour le lanceur lourd Angara 5, ainsi que des vols habités.
Un nouveau cosmodrome, un nouveau lanceur super lourd, des missions vers la Lune et Mars, le renouveau de l’exploration interstellaire : tout un programme jusqu’en 2030 et plus. PAUL DUVERNET LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Porte du Nord
La première année du troisième mandat a vu le président, hostile aux concessions, mobiliser les forces conservatrices en province.
Arkhanguelsk, l’une des villes les plus septentrionales de la Russie, mise sur l’Arctique pour attirer les touristes.
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AP
Poutine, un an après
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LORI/LEGION MEDIA
AP
L’agence spatiale russe (Roscosmos) se frotte les mains devant sa nouvelle manne budgétaire. Le Kremlin parle de nouveau de conquête spatiale, pour faire rêver des Russes nostalgiques des épopées gagariniennes. Le découpage des ambitions spatiales s’articule autour de quatre échéances : 2015, 2020, 2030 et au-delà. Impossible de bâtir une stratégie spatiale indépendante sans disposer de ses propres lanceurs. Il s’agit du sacro-saint « accès à
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Aux heures de pointe, 300 km de bouchons paralysent la capitale et le métro est bondé. Pistes cyclables, zones piétonnes et réorganisation des transports publics sont à l’étude. BENJAMIN HUTTER LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Moscou et son oblast comptent près de 20 millions d’habitants soit deux fois plus que l’agglomération parisienne. Cette population se déplace : chaque jour, le métro moscovite accueille neuf millions de passagers, selon le site officiel du réseau. Certaines stations, comme Vykhino ou Kitai-Gorod, voient passer quotidiennement jusqu’à 150 000 personnes. C’est le taux de fréquentation le plus élevé du monde. En ce qui concerne le réseau routier, le ministère du Transport régional a recensé 53 zones d’engorgement pendant les heures de pointe, qui forment à chaque fois près de 300 km de bouchons et des embouteillages à n’en plus finir. Vladimir Poutine lui-même a cru bon de s’excuser du fait que ses convois pré-
ITAR-TASS
sidentiels n’arrangent pas la situation (lors d’un entretien accordé à la chaîne NTV après son investiture en mai 2012) : « Je regrette et présente mes excuses à ceux à qui nous causons des inconvénients. À vrai dire, ça me chagrine mais je dois travailler », avait indiqué le président avant d’ajouter que les rues de la capitale russe n’étaient pas prévues pour un si gros volume de véhicules. SUITE EN PAGE 3
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LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO
Politique
Bilan Au cours de la première année de son troisième mandat présidentiel, le chef de l’État a consolidé sa base électorale en province Poutine » dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou. Fin 2012, les autorités russes ont fait passer une loi interdisant l’adoption des enfants russes par les Américains. Elles ont en outre durci les lois sur les manifestations et lancé une campagne contre la « propagande de l’homosexualité auprès des mineurs ». Ce n’est pas tout. Des manifestations anti-gouvernementales organisées le 6 mai 2012, juste avant l’investiture de Poutine, ont dégénéré en émeutes ; 27 personnes, arrêtées par la police ce jour-là et soupçonnées d’avoir participé aux affrontements avec les policiers, comparaissent actuellement devant la justice. Alexeï Navalny, un des leaders de l’opposition anti-Poutine, a quant à lui été accusé de détournement de fonds et risque plusieurs années de prison. Son procès très médiatisé défraye actuellement la chronique et une manifestation de soutien à son égard a réuni des milliers de personnes dans le centre de Moscou le 6 mai dernier. Toutes les Organisations non gouvernementales russes qui interviennent dans la sphère politique et bénéficient d’un financement étranger ont été obligées par le gouvernement de se déclarer « agents de l’étranger », expression synonyme d’« espion » en russe. Parallèlement, M. Poutine a déployé sa nouvelle arme électorale : le Front populaire russe. Fondé en mai 2011 avec la participation du parti au pouvoir Russie unie, cette organisation réunit actuellement plus de 1 800 organisations communautaires. Sur 238 sièges obtenus par Russie unie aux élections à la Douma (Chambre basse du parlement) en 2011, 80 ont été octroyés à ses
Poutine a résolument tourné le dos aux concessions La cote du président reste positive malgré une baisse de 8 points sur un an. Vladimir Poutine a privilégié la fermeté et les valeurs conservatrices.
SONDAGE
Une cote en légère baisse
IOULIA PONOMAREVA LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Vladimir Poutine reste l’homme politique le plus populaire du p ay s , m a i s l e s s o n d a g e s montrent une érosion de son image : son indice de confiance a diminué de 60% à 52% durant la première année de son troisième mandat. L’année dernière, M. Poutine a mené sa campagne électorale pour la présidentielle dans le contexte de manifestations antigouvernementales sans précédent. Durant l’année qui a suivi le scrutin, la contestation s’est affaiblie. Avant la présidentielle, de nombreux analystes prédisaient qu’afin d’amadouer la classe m oye n n e , Po u t i n e s e r a i t contraint d’évoluer et d’adoucir singulièrement son style de gouvernement. C’est l’inverse qui s’est produit. Les mesures prises par les autorités au cours de l’année passée, sont de plus en plus souvent qualifiées de répressives par l’opposition. « Poutine estime que si l’on change, on peut devenir vulnérable », note Alexeï Makarkine, vice-président du Centre des
LA COTE DE POPULARITÉ DE VLADIMIR POUTINE A RECULÉ SUR UN AN, MAIS RESTE À UN NIVEAU QU’ENVIERAIT FRANÇOIS HOLLANDE EN FRANCE.
ALENA REPKINA AP
technologies politiques. « Il ne veut pas faire de concessions par crainte d’être contraint d’en faire de nouvelles ». La première année du troisième mandat de Poutine a été riche en
événements médiatisés. Pour preuve, le procès du groupe Pussy Riot, dont trois participantes ont été condamnées à deux ans de prison pour avoir interprété leur chanson « Vierge Marie, chasse
Cœur de l’électorat poutinien : les provinciaux qui n’ont pas fréquenté l’université et n’utilisent pas Internet
membres. « Le Front populaire réunit des « personnalités de terrain » : des médecins, des enseignants, des ouvriers mineurs », analyse la sociologue Olga Krychtanovskaïa. « Poutine a décidé de consolider l’ensemble des forces qui lui sont alliées », souligne pour sa part Alexeï Makarkine. D’après les sociologues, les « alliés » de Poutine, son électorat de base, sont essentiellement constitués des résidents des petites villes et villages russes, ayant une éducation secondaire et n’utilisant pas Internet. Dans le contexte des nombreux scandales où trempent des membres du parti au pouvoir Russie unie, dont des actifs secrets à l’étranger ont été récemment révélés par les médias, M. Poutine a décidé de lancer une « patriotisation de l’élite ». Ainsi, les responsables russes ont été obligés de se débarrasser de comptes bancaires à l’étranger avant le 1er juillet. Pourtant, les fonctionnaires sont encore autorisés à détenir de l’immobilier hors la Russie. « Les mesures adoptées actuellement par Poutine ont pour objectif de forcer les fonctionnaires à rapatrier leurs actifs », dit Olga Krychtanovskaïa. « On leur propose de choisir : soit tu sers ton pays, soit tu quittes ton poste ». L’année passée, le président Poutine a signé une loi obligeant les fonctionnaires à dévoiler leurs dépenses et les dépenses de leurs familles. « Quant aux tentatives des autorités de lutter contre la corruption, rien n’a réellement changé, estime Elena Panfilova, directrice du Centre des initiatives et recherches anti-corruption de Transparency International Russia : au niveau local, nous pouvons agir, mais pas contre la grande corruption ».
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Des missiles pour Damas : Moscou insiste malgré Israël Le 14 mai, le président russe a reçu le Premier ministre israélien. Au centre des pourparlers : les systèmes de missiles antiaériens S-300 que Moscou doit fournir à Bassar el-Assad. ANDREÏ KOLESNIKOV KOMMERSANT
Benjamin Netanyahu s’est rendu à Sotchi pour un court séjour à l’invitation de Vladimir Poutine. On ne pouvait donc aucunement affirmer que le Premier ministre israélien était venu persuader Vladimir Poutine de renoncer à fournir à la Syrie les quatre systèmes de missiles antiaériens S-300 au titre d’un contrat signé en 2010. Tout se passait plutôt comme si M. Poutine avait invité Benjamin Netanyahu pour le persuader de se réconcilier avec l’idée de ces livraisons. Il avait peu de chances d’y parvenir. Le Premier ministre israélien a dès le début de la rencontre accueilli avec une tension visible chaque mot protocolaire prononcé par le président russe, sans en comprendre un seul. Il semblait qu’il voulait lire quelque
chose entre les lignes des propos de son interlocuteur. M.Netanyahu a attiré l’attention sur la paix et la tranquillité qui règnent à Sotchi (en effet, l’itinéraire emprunté par le cortège du chef du gouvernement israélien avait été fermé à la circulation bien avant son arrivée) et a suggéré une prochaine rencontre dans la station balnéaire israélienne d’Eilat, où l’on a découvert de façon inattendue que Vladimir Poutine s’était déjà rendu - un détail biographique jusqu’alors inconnu. Les négociations ont duré plus de deux heures. MM. Poutine et Netanyahu n’ont pas répondu aux questions des journalistes, se limitant à des déclarations convenues. Le premier a déclaré que la Russie et Israël « avaient une compréhension commune : la poursuite du conflit en Syrie est lourde de conséquences désastreuses ». Cependant, à en juger par le visage de Benjamin Netanyahu, le président russe aurait pu se passer de le souligner : c’était clair. Fait intéressant, cependant, Vladimir Poutine a essayé de pro-
PHOTOSHOT/VOSTOCK-PHOTO
International Vladimir Poutine et Benjamin Netanyahu évoquent la livraison des S-300
V. Poutine (de dos) et B. Netanyahu à Sotchi.
poser une position commune de la Russie et d’Israël sur la Syrie selon la ligne suivante : si la poursuite du conflit est lourde de conséquences, il faut y mettre fin, et un cessez-le-feu dans la situation actuelle est favorable
L’hostilité d’Israël aux S-300 devrait profiter à la Russie : il faudrait remplacer les missiles qui seraient détruits au président syrien en exercice (avec plus ou moins de succès), Bachar el-Assad. Benjamin Netanyahu semblait bien plus préoccupé par la question des S-300 (équivalent des « Patriots » américains). L’adjoint du président russeYouri Ouchakov a reconnu que le sujet des S-300 avait « effectivement été discuté ». Selon les informations dont on dispose, la position de M. Poutine n’a pas changé : la livraison des systèmes
S-300 à la Syrie est en quelque sorte une chose acquise. « Israël, a dit Benjamin Netanyahu, est parvenue à un accord de paix avec deux de ses voisins. Que Dieu nous aide à en obtenir avec les autres. Mais, malheureusement, on ne fait la paix qu’avec les forts - avec ceux qui sont en mesure de se défendre ». Avec les missiles S-300, la Syrie sera visiblement en mesure de se défendre. Cependant, si l’on y regarde de plus près, la position hostile d’Israël sur le dossier des S-300 devrait profiter à la Russie, même si c’est une proposition encore mal comprise. Après tout, dès que les S-300 feront leur apparition sur la frontière israélienne, ils seront détruits par les forces que l’on devine. Cela ne fait aucun doute. Puis la Russie signera un nouveau contrat pour la livraison de nouveaux systèmes. Et ainsi de suite. Article publié dans Kommersant
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Société
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Transport : par tous les moyens SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE
« Pour rentrer du travail en voiture depuis le métro Park Koultoury jusqu’à la station Belorusskaïa (8 km), le trajet me prend entre 25 minutes… et sept heures ! », témoigne Natalia, 29 ans, journaliste. « Quand je rentre chez moi par Dmitrovskoe chaussée, pas un jour ne passe sans qu’au moins un ou deux accidents ponctuent mon trajet », ajoute Anton, 27 ans, chimiste. Les 620 millions de passagers annuels du bus sont un peu mieux lotis mais leur nombre étant en constante augmentation, la menace de l’engorgement plane également sur ce moyen de transport très utilisé. Les voies de bus spéciales sont peu respectées par les automobilistes, en dehors des zones où sont installées des caméras de surveillance. Que faire ? Marier tous les modes de déplacement pour que le transport des Moscovites soit plus fluide, répond Gamid Bougalov, chef du département Transport de Moscou. À ce sujet, le plan d’action des institutions compétentes est aussi ambitieux que le problème est important. D’ici à la fin de l’année, 190 nœuds de transport « de niveau 1 » (ou « hubs ») devraient être créés à Moscou. Il s’agirait d’abord de dégager l’accès des métros et des gares, aujourd’hui obstrué par des boutiques souvent illégales, pour aménager des parkings et des espaces verts. La transition entre voiture et transport en commun serait ainsi facilitée. Certaines stations, où plusieurs modes de transport cohabitent, seront également aménagées pour que le transfert s’effectue dans un seul et même bâtiment. Car aujourd’hui, si l’on veut prendre le train dans l’une des gares desservies par le métro Komsomolskaïa par exemple, il faut impérativement sortir dans la rue… et refaire la queue. L’objectif, à l’horizon 2020, est de créer 150 à 160 hubs à Moscou. Une ligne de chemin de fer située entre les deux périphériques de Moscou devrait voir le jour en 2015 et faciliter la transition.
ITAR-TASS
Coût de cette première étape : 65 millions de dollars par hub selon Gamid Bougalov ; 325 millions selon Sergueï Pak, directeur du développement des stations ferroviaires.
Les efforts porteront sur les infrastructures et chaque mode de transport : train, bus, métro et tramway L’année dernière, plus de 620 millions de passagers ont pris le bus. les autorités ont promis de mettre prochainement en service un millier d’autobus améliorés. En 2012, les trains régionaux ont convoyé plus de 500 millions
de passagers. Le ministère du Transport annonce que d’ici à 2020, ce chiffre pourrait doubler. De nouvelles voies ferrées sont prévues, sans parler du projet Rex - des trains régionaux directs desservant les villes les plus importantes de la région. D’ici à 2030, la construction de 600 km de voies pour tramways devrait améliorer la desserte des banlieues. Le tramway rapide, qui peut transporter 30 000 passagers par heure, permettra de désengorger les routes. La première ligne, dont le chantier débutera cette année, reliera la station de métro Krasnogvardeïskaïa et l’aéroport de Domodedovo. Le métro, enfin, continue de s’étendre au-delà du périphérique.
Le vélo-politain Les endroits où les cyclistes peuvent rouler confortablement restent rares, mais des projets existent de marquage des routes, de règles de circulation et de législation relatives aux cyclistes. Les autorités de Moscou comptent avant tout dessiner trois pistes cyclables reliant différents quartiers, ainsi que des zones de stationnement pouvant accueillir 2 000 vélos. En 2012, une piste cyclable de 7,5 kilomètres a été tracée sur l’avenue Vernadskovo, dans le sud-ouest de Moscou. Cette piste est munie de 12 parkings. GAIA RUSSO;RIA NOVOSTI
Portrait Après une double amputation, Sergueï Alexandrov remporte une médaille paralympique et offre une belle leçon de vie
La force de caractère supplée celle des jambes perdues Quatre ans après son accident de montagne, il remporte le bronze aux championnats de Russie de ski paralympique grâce à des prothèses en carbone et à une volonté de fer. PAULINE NARYCHKINA LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
SERGUEÏ ALEXANDROV(3)
Sergueï Alexandrov, 31 ans, est photographe de profession et amateur d’alpinisme. En 2009, il part avec ses amis à la conquête du mont Elbrouz dans le Caucase du Nord. La piste n’est pas particulièrement dangereuse mais dans un moment d’inattention, il glisse et tombe dans une crevasse sur près de deux km. À l’arrivée : triple fracture ouverte des deux jambes. Il attend les secours durant 32 heures interminables, s’abandonnant à la douleur pour mieux s’agripper à la vie.Verdict : amputation tibiale des deux jambes. Difficile pourtant d’employer le mot handicapé pour décrire ce jeune homme athlétique et charismatique à la démarche as-
surée et à la poignée de main ferme. Grand, blond, les yeux clairs et le sourire à pleines dents, il apparaît tel un dieu auréolé d’un halo de lumière. Il ne se départit pas de son sourire, même pour raconter son drame : « Je savais qu’avec une fracture ouverte, une personne peut tenir pendant une heure et demie-deux heures ; après, aucune garantie de survie. Moi, j’ai tenu 32 heures. Alors, lorsqu’on m’a annoncé l’amputation, je l’ai pris assez calmement ». Une fois sorti de l’hôpital, en vrai sportif, il se découvre un second souffle. Cette renaissance lui donne conscience d’un pouvoir, d’une force hors du commun, celles de générer l’espoir et de transmettre le positif. À partir de là, tout s’est passé « comme dans un rêve » et en grande partie grâce aux personnes rencontrées qu’il compare à des anges gardiens. « Je n’avais même pas le temps de formuler ce dont j’avais besoin. Tout se passait si vite ». Comme cet in-
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connu venu une première fois faire sa connaissance à l’hôpital et une deuxième fois lui apporter la totalité de la somme pour l’achat des prothèses en fibre de carbone (environ 5 000 euros pour chaque jambe) qui lui ont permis de remarcher. Ou bien le directeur de la Fédération du sport pour les han-
dicapés de Saint-Pétersbourg qui l’a pris sous son aile, qui l’a motivé et a financé ses entraînements et son équipement de ski, sport très coûteux, grâce à quoi il s’est hissé à la 3ème place au championnat paralympique de ski alpin en mars 2013. Au départ, la rééducation fut une terrible épreuve. « Pour me
La photographie l’a aidé à se reconstruire après le drame.
déplacer du lit à la cuisine, je suais à grosses gouttes. La douleur était extrêmement intense mais le sentiment de bonheur était plus fort. Je suis en vie ! ». Son prothésiste lui répétait constamment : « Supporte tant que tu peux ». Il n’a pas le choix et cela le pousse au dépassement. Au bout de deux semaines, il dé-
cide d’attaquer le travail et part photographier un mariage. Pris par l’action, il en oublie ses béquilles. Un mois après, il s’entraîne déjà à la course. Puis, par le biais de la Fédération de sport pour handicapés, il se tourne vers le ski. Un an plus tard, à force d’entraînements acharnés, il devient numéro 6 en Russie. Aujourd’hui, c’est avec une médaille de bronze qu’il revient du championnat de Russie paralympique de combiné alpin. Il est ainsi l’un des premiers skieurs à tester les pistes des JO de 2014 à Sotchi. S’il n’est pas dans la sélection olympique officielle, il ne désespère pas de faire partie des quotas supplémentaires et de tenter sa chance aux Jeux paralympiques d’hiver de 2014. Sergueï est un photographe reconnu qui vit de sa profession. Marié, il est père d’une petite fille de 9 mois. Depuis sa chute, et malgré son handicap, il a réussi à gravir les montagnes de Norvège, les volcans de la Kamtchatka, où il a marché plus de 10 heures avec un sac à dos de plus de 30 kg. Pourquoi courir après la première place ? « Pour pouvoir la partager », rayonne Alexandre. Actuellement, il suit une formation d’entraîneur pour pouvoir transmettre sa conviction : on peut vivre normalement avec n’importe quel handicap et, plus encore, être heureux !
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Économie
La conquête spatiale redevient une priorité pour le Kremlin SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE
Mais l’expert Anatoli Zak note avec malice que la formulation de Roscosmos dans sa feuille de route est volontairement très floue et suggère que ces deux derniers projets ne seront prêts qu’à partir de 2020. Le développement de la famille Angara, avec un véhicule capable de placer 50 tonnes en orbite basse, va pousser le lanceur lourd Proton vers la sortie autour de 2030. À cet horizon également, un véhicule à propulsion électrique fera la navette entre l’orbite basse terrestre et la future base lunaire.
Au-delà de l’horizon 2030, la Russie table sur l’introduction d’un lanceur dont le premier étage sera réutilisable. Des vols habités seront effectués dans l’orbite lunaire et la construction d’une base sur la Lune sera entamée. Il est aussi question d’élaborer un lanceur (Angara-100 ouYenisseï-5) capable d’envoyer entre 130 et 180 tonnes dans l’espace pour rendre possible une mission habitée vers mars. Selon Anatoli Zak, l’élément positif de la nouvelle feuille de route, c’est que « les dirigeants fixent désormais des objectifs pragmatiques et non pas de prestige comme ceux hérités de la
Les Russes sont en effet associés au projet européen ExoMars. ESA
EN CHIFFRES
4,5
milliards d’euros, tel est le budget consacré à Roscosmos pour 2013. Soit trois fois plus qu’en 2008.
période soviétique ». Ainsi, les vols habités, qui représentaient 58% du financement total, vont être réduits. La hiérarchie donne désormais la priorité aux applications pratiques ; viennent ensuite les missions scientifiques et en dernier, les vols habités. Toutefois, la décision de se lancer dans la construction extrê-
mement onéreuse d’un nouveau cosmodrome (Vostotchny) apparaît comme politique, « ce qui risque d’être un douloureux et inutile sacrifice supplémentaire vu l’absence de financement pour le développement d’un lanceur lourd et vu le passage au second plan des vols habités », remarque Zak.
L’exploration interplanétaire reste un domaine négligé par la Russie, ou du moins repoussé à un lointain futur. L’échec du lancement de la sonde PhobosGrunt en 2011 a jeté un froid durable. La coopération internationale pourrait, si elle s’intensifie, permettre à Roscosmos de revenir plus tôt dans l’exploration interplanétaire. Les Russes sont en effet associés au projet européen ExoMars, dont les lancements sont prévus en 2016 et 2018. Roscosmos devrait en partie prendre le relais de la NASA, qui a renoncé récemment à ExoMars. Sur le versant commercial, la coopération internationale porte déjà ses fruits, comme en témoignent les lancements de Soyouz depuis le cosmodrome de Kourou en Guyane française. « Européens et Russes sont très complémentaires dans l’espace, affirme un industriel français basé à Moscou. C’est à mon avis dans le segment des satellites que la coopération a le plus de potentiel. Les Russes ont une véritable offre compétitive en la matière », précise cet homme d’affaires qui n’est pas autorisé à être nommément cité. Thales Alenia Space et ISS Reshetnev ont fondé une coentreprise le 28 février 2013 pour concevoir et fabriquer des équipements destinés aux satellites de communication russes dans un premier temps, et au marché international dans une deuxième étape.
Aéronautique Le consortium russe OAK déploie des moyens inédits pour promouvoir ses avions sur les marchés occidentaux
Nouvelles perspectives au Salon du Bourget Les constructeurs russes vont présenter trois avions au salon, dont deux appareils militaires jamais montrés en Occident. Mais le consortium vise aussi le marché civil des avions de ligne. PAUL DUVERNET
La nouvelle fierté de l’armée de l’air russe, le Su-35, va exécuter un vol de démonstration cette année au Bourget. Ce sera une première mondiale pour cet appareil, qui n’a jamais volé publiquement à l’étranger. Onze exemplaires de ce chasseur de quatrième génération équipent déjà l’armée russe, douze supplémentaires lui seront livrés cette année et une série distincte de 48 appareils entrera en service à partir de 2015. L’autre grande nouveauté russe du Bourget sera leYak-130. Nettement moins connu que ses cousins venant de chez Sukhoi, le Yak-130 va néanmoins susciter beaucoup d’intérêt parmi les spécialistes. Ce biréacteur biplace
SERVICE DE PRESSE(2)
LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Le chasseur Su-35 (à gauche) et le biplace d’entraînement Yak-130 (à droite).
d’entraînement subsonique est l’un des derniers nés de l’industrie militaire russe. Sa silhouette ramassée le rend reconnaissable de très loin. L’appareil se décline dans des versions de chasse légère, d’appui feu et de reconnaissance. Son coût modeste [autour de 15 millions de dollars, ndlr] le rend accessible à plusieurs armées
régulières du monde et il est d’ores et déjà opéré par les armées de l’air russe et algérienne, tandis que les négotiations avec plusieurs pays sont en cours. Ces deux appareils militaires guettent des contrats à l’étranger. Andrei Mouraviev, porteparole d’OAK, laisse entendre que Le Bourget verra de nou-
OAK place beaucoup d’espoirs dans la présentation du Superjet 100 par son principal client étranger, Interjet
veaux contrats pour les avions russes. Sur le versant civil, le Superjet 100 de Sukhoi reste l’appareil phare sur lequel sont concentrés l’essentiel des efforts commerciaux d’OAK. Un nouvel exemplaire effectuera un vol de démonstration au salon. Il s’agit d’un appareil de la série livrée à la compagnie mexicaine Interjet. Le constructeur souligne que l’intérieur a été conçu par la célèbre firme italienne Pininfarina. Une source chez OAK indique que le consortium attend beaucoup de la présentation qui sera faite par Interjet de la nouvelle série : « Ils vont expliquer au public du Bourget pourquoi ils ont acheté cet appareil et commandé cet intérieur de Pininfarina a été réalisé spécialement pour leurs besoins ». Interjet, qui a commandé 20 exemplaires plus 10 en option, est la première grosse compagnie occidentale à avoir opté pour l’avion régional russe. Le Superjet 100 doit faire face à la concurrence féroce de
deux grands constructeurs déjà bien implantés sur le segment des avions régionaux de 100 places, à savoir le canadien Bombardier et le brésilien Embraer. Une nouvelle maquette du moyen courrier MS-21 élaborée par OAK sera également présentée au public du salon. Le gouvernement russe a en effet confié au consortium la tâche d’investir le marché civil des avions de ligne aujourd’hui dominé par Boeing et Airbus. OAK est l’acronyme russe pour « Compagnie aéronautique unifiée », qui regroupe les grands noms de l’industrie comme MiG, Iliouchine, Tupolev, Yakovlev, Beriev, Irkut et Sukhoi. Le consortium appartient en majorité au gouvernement et, pour une petite partie, à des actionnaires privés. Pratiquement tous les avions russes actuels, civils ou militaires, sont conçus et produits par OAK. Le consortium a produit une centaine d’appareils en 2012 et va porter sa production à 130 cette année, avec une forte croissance de la part des avions civils.
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Régions
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Voyage Suivez-nous sur les bords de la mer Blanche, dans une ambiance à la fois maritime, polaire et profondément russe
NATALIA MIKHAYLENKO , LORI/LEGION MEDIA(2)
Arkhanguelsk, porte du Grand Nord Cité pré-polaire située à près de mille kilomètres à l’est de Moscou, Arkhanguelsk est pourtant sur le même fuseau horaire. Il n’empêche : c’est la porte d’un autre monde. CLÉMENCE LAROQUE LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Là-bas, au-delà des bois caréliens, la vie s’écoule lentement. Fondée en 1584, Arkhanguelsk, qui doit son nom au monastère de l’Archange Michel non loin de là, est restée une ville traditionnelle et historique qui vit cependant avec son temps et cultive un goût pour la musique de jazz. Avant de partir à la découverte du cœur d’Arkhanguelsk, commencez par un petit tour dans le marché couvert local. Il se situe derrière le Palais des Sports. En matinée, vous pourrez ressentir le pouls commercial de la ville. C’est l’heure où les étals sont recouverts de légumes frais, poissons et viandes dans une harmonie très russe. Poursuivez en arpentant la rue TchoumbaroyaLoutchinskovo, d’est en ouest. Dans cette rue piétonne, vous pourrez admirer une enfilade de maisons traditionnelles en bois à
plusieurs étages, typiques de cette région nordique. À mi-chemin, une statue loufoque représentant un homme chevauchant une truite vous interpellera sûrement. Elle représente en réalité Nalim Malinytch, un personnage de contes fantastiques russes dont l’auteur est originaire d’Arkhanguelsk. En poursuivant votre chemin, vous arriverez à la Place Lénine. Aux côtés de sa statue qui trône au centre de la place, on se sent particulièrement insignifiant. Vous arrivez enfin sur les quais très bien aménagés de la Dvina. Une belle et agréable promenade s’impose, été comme hiver. En face de vous se trouve alors le port d’Arkhanguelsk, qui fut la seule place maritime russe pour le commerce avec l’Occident, jusqu’à la fondation de SaintPétersbourg en 1703. En plus d’être agréable, la balade sur les quais sera instructive. Plusieurs statues érigées ici et là racontent l’histoire de la ville. Un phoque en marbre rappelle la période de la famine durant la Grande Guerre patriotique (1941-45) où les habitants avaient dû se nourrir de viande de phoque. Un peu plus loin,
Pour s’y rendre Le vol Paris-Arkhanguelsk (via Saint-Pétersbourg) dure 8 heures. Prix moyen du billet : 600 euros. C’est 21 heures de train de Moscou à Arkhanguelsk, pour un billet entre 65 euros et 160 euros.
Une université tournée vers l’Arctique
L‘hôtel Stolitsa Pomoria offre sa suite présidentielle pour 226 euros. Pour les routards, l’auberge de jeunesse "Lomonosov" propose ses lits à partir de 11 euros.
Restructurée en 2010, l’Université fédérale (Arctique) du Nord, ou NArFU, a été construite sur les bases de l’Université d’État Technique d’Arkhanguelsk (ASTU). Environ 17 millions d’euros y ont été investis en 2010 pour défendre les intérêts arctiques de la Russie et créer un campus innovant. « L’objectif clé de NArFU est de protéger les intérêts géopolitiques de la Russie en Arctique », indique le recteur Elena Kudryashova. Organisé à Arkhanguelsk depuis trois ans, le Forum inter-
national de l’Arctique est un événement majeur qui rassemble des scientifiques du monde entier pour débattre des thématiques actuelles en rapport avec le Grand Nord. NArFU propose à 20 000 étudiants des programmes variés, avec un accent sur l’ingénierie relative au gaz et au pétrole, mais aussi sur l’environnement, la biotechnologie et l’ingénierie forestière. La région d’Arkhanguelsk est très prometteuse en matière de ressources naturelles : minéraux, pétrole, gaz et bois.
l’Amiral Nikolaï Kouznetsov scrute l’horizon comme il le fit pendant la période soviétique. Si, après cela, votre estomac crie famine, arrêtez-vous au restaurant Bobroff qui se trouve le long des quais, au 2 rue Popov. Il propose des plats traditionnels de la région ainsi que des fruits de mer à un bon rapport qualité-prix. Testez également une des bières locales qui sont excellentes.
Ne manquez pas un long bâtiment surmonté de deux coupoles. Il s’agit des plus anciens murs de la ville, ceux du musée Gostiny Dvor qui était à l’origine un centre pour négociants. Il abrite aujourd’hui des expositions très documentées sur l’histoire d’Arkhanguelsk et de la région. Le bâtiment, qui a récemment été rénové, accueille également des concerts et des festivals de jazz. Un peu plus loin,
sur le chemin Teatralny, la magnifique église Nikolski aux bulbes dorés et murs multicolores mérite qu’on s’y attarde. S’il est un sport local populaire à Arkhanguelsk, c’est bien le bandy, dérivé du hockey mais qui se joue sur des terrains de football gelés. L’équipe de la ville, Vodnik, a été neuf fois championne de Russie, d’où l’engouement que lui voue la population.
Où se loger
INFO
Une économie diversifiée Arkhanguelsk est la plus grande ville et le centre administratif de l’Oblast d’Arkhanguelsk ainsi que du district municipal de Primorsk. Son emplacement privilégié - sur les deux rives de la Dvina septentrionale et les îles du delta à 3035 km de l’embouchure du fleuve dans la mer Blanche - lui vaut un climat maritime doux. Aujourd’hui, Arkhanguelsk est un important centre scientifique et industriel du nord-ouest de la Russie. On y trouve des entreprises forestières, de traitement du bois, de production de cellulose et de papier, des sociétés de pêche, des industries microbiologiques et des usines de fabrication de machines-outils. C’est aussi un grand port pétrolier et une zone clé pour le complexe énergétique russe. Sa population atteint 355 800 personnes, installées sur un territoire de 300 000 km2.
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LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO
Opinions
SYRIE : AU-DELÀ DES DIVERGENCES Andreï Ilyachenko POLITOLOGUE
L NATALIA MIKHAYLENKO
LA RUSSIE DANS LE CLUB DES GRANDS ? Fedor Loukianov POLITOLOGUE
E
n mai 1998, la Russie faisait ses débuts en tant que membre à part entière du G8. Elle est entrée ces 15 dernières années dans presque toutes les organisations internationales qui l’intéressaient. Avec quels résultats ? Il y a 15 ans, à la mi-mai 1998, Birmingham accueillait la première réunion du G8 – c’est ainsi que s’appellerait à partir de ce moment le forum informel des principaux pays industrialisés – intégrant la Russie, qui est depuis devenue non seulement membre de presque tous les clubs internationaux, mais a aussi l’expérience d’avoir exercé la présidence de la plupart d’entre eux. A-t-elle pour autant obtenu une place dans le groupe des leaders internationaux qui décident du sort du monde ? Birmingham-98 a marqué un tournant majeur pour la nouvelle Russie. Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, le président Boris Eltsine cherchait à ce que le pays retrouve son statut symbolique de grande puissance. Mais trois mois après Birmingham, Moscou faisait défaut sur ses dettes et plongeait dans une grave crise économique et politique. L’illusion d’égalité de statut avec les autres grandes puissances s’est évaporée quand le gouvernement russe a dû mendier d’urgence un
soutien financier aux pays occidentaux, essuyant au final un refus. La situation a bien changé. De débiteur, la Russie s’est depuis longtemps convertie en pays créditeur proposant ses services, aux États auxquels elle quémandait auparavant des prêts, pour soutenir aujourd’hui la monnaie unique européenne ou les pays de la zone euro. Cependant, le changement qui s’est opéré depuis la fin des années 1990 n’a pas tourné à l’avantage du G8. Au milieu des années 1970, lors de la création d’un mécanisme de consultations informelles des principales économies de l’Ouest, le but était, dans un format le plus fermé possible, de mener des discussions professionnelles et franches sur l’état réel des choses. Au fur et à mesure de l’expansion (à partir du G5) et de la médiatisation du club, les rencontres au sommet se sont peu à peu transformées en spectacle politique pour le public. Plus l’environnement est transparent, plus la franchise est dangereuse dans les déclarations, même lors des rencontres privées, mais multilatérales : les fuites sont inévitables. Et sans franche discussion, la réunion perd tout sens, du moins celui fixé par les créateurs du format. D’autre part, un changement fondamental dans l’équilibre mondial des forces a fait que les réunions en petit comité ne débouchaient sur rien. Comment
évoquer les perspectives de l’économie mondiale sans la Chine ? Mais accepter Pékin dans le G8 était gênant, s’agissant d’une communauté de démocraties. L’apparition au milieu de la crise de 2008 du G20 a résolu le
L’apprentissage du leadership a souffert du sentiment d’infériorité lié à l’effondrement de l’Union soviétique
C’est le développement interne du pays qui déterminera la place de la Russie dans le monde problème. Cependant, le G20 ne s’est pas converti en gouvernement mondial. Après avoir joué un rôle utile dans la première phase de la crise, le simple fait que des représentants des 20 principales économies se réunissent ayant un effet apaisant, le forum est devenu une manifestation très protocolaire. Toutefois, chaque pays prenant la tête du G20 s’efforce d’utiliser sa présidence pour se présenter en puissance mondiale respon-
sable. Cette fois, c’est le tour de Moscou. Au cours des dernières années, la Russie a formulé à maintes reprises des initiatives sur les questions mondiales, qui n’ont toutefois pas eu de suite. La raison en est double. D’une part, elle n’a pas encore su faire preuve de leadership dans un monde nouveau en raison de la persistance jusqu’à présent de sentiments d’infériorité liés à l’effondrement de l’Union soviétique. En outre, les hommes politiques russes n’ont pas encore acquis l’art que leurs homologues occidentaux maîtrisent à la perfection : enrober leurs propres intérêts égoïstes dans une parure très altruiste. Mais il y a un autre aspect. Dans le monde actuel, les initiatives mondiales ne fonctionnent tout simplement pas. La réalisation des projets se heurte à l’absence de structure – formelle ou informelle. Les décisions qui marchent le moins bien sont précisément celles adoptées au niveau mondial. L’exemple le plus frappant est l’échec des efforts de l’ONU pour lutter contre le changement climatique. La Russie a fait ce qu’il fallait pour obtenir un statut international, objectif fixé par les dirigeants de l’époque. Mais ce que sera son véritable rôle dans les années à venir, on l’ignore toujours. Comme en 1998 quand Eltsine participait au G8, c’est la qualité du développement interne du pays, et pas sa capacité à être représenté dans les forums internationaux, qui déterminera la place de la Russie dans le monde.
e 7 mai, durant la visite du chef de la diplomatie américaine John Kerry en Russie, Moscou et Washington ont décidé d’organiser une conférence internationale sur la Syrie à Genève. Situation sans précédent : John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov ont fait une déclaration conjointe afin d’inciter les autorités syriennes et l’opposition à prendre part à la réunion. Une semaine plus tard, Moscou a déclaré qu’il était nécessaire d’attirer à la réunion les principales puissances régionales, l’Iran et l’Arabie saoudite. Il s’agit au fond d’une « Genève 2 », c’est-à-dire, d’une reproduction d’une réunion similaire qui a eu lieu dans cette ville il y a un an. À l’époque, tous les participants se sont prononcés pour le lancement d’un dialogue politique entre les parties belligérantes. Un dialogue qui n’a toujours pas démarré. La raison principale de cet impasse est la divergence entre Moscou et l’Occident. Les pays occidentaux et leurs alliés insistent sur le retrait du président syrien Bachar el-Assad comme condition sine qua non du règlement de la crise dans le pays. Moscou, pour sa part, prône une résolution du conflit sans pression extérieure. En d’autres termes, la Russie essaie de contrer la stratégie du changement de régime à l’aide d’une intervention militaire, comme on l’a vu au cours des 25 dernières années en Yougoslavie, en Irak et en Libye. Moscou et Washington ont toujours affiché des divergences extrêmes sur cette question. Mais cela n’empêche pas les dirigeants mondiaux d’effectuer des manœuvres diplomatiques : le Premier ministre britannique James Cameron s’est récemment rendu
en Russie et aux États-Unis ; le chef du gouvernement israélien Benyamin Netanyahou est allé à Moscou et à Pékin ; le Premier ministre turc a effectué une visite à Washington. Mais reste le problème essentiel d’el-Assad. Le ministre syrien de l’Information Omran al-Zoubi a récemment déclaré que les autorités syriennes ne prendraient pas part à la conférence de Genève si les participants évoquent la destitution de Bachar el-Assad ou la modification de la Constitution. Cependant, les États-Unis exigent la présence du chef de l’État syrien à « Genève 2 » sous peine de « fournir davantage d’aide à l’opposition ». Il s’agit d’augmenter l’aide financière et de lever l’embargo de l’Union européenne sur les armes. Le 16 mai, l’Assemblée générale de l’ONU a déjà adopté une résolution proposée par le Qatar et l’Arabie saoudite condamnant le régime. Tout aussi importante est la menace d’une invasion. Les preuves de l’usage d’armes chimiques par Damas pourraient servir de prétexte à une intervention militaire. Mais les preuves ne sont pas toujours nécessaires : il suffit de se rappeler les « armes de destruction massive » en Irak. Une véritable épée de Damoclès pèse ainsi sur el-Assad. Et ce danger peut sans doute le frapper sans résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. C’est devenu évident après les raids israéliens des 3 et 5 mai. La Turquie, elle aussi, menace la Syrie, ayant accusé les services secrets syriens d’avoir organisé l’attentat du 11 mai dans la ville de Reyhanli. Si les participants de la conférence de Genève ne proposent que d’augmenter la pression sur le leader syrien, on peut faire une croix sur un règlement rapide de la crise dans le pays. Andreï Ilyachenko est un spécialiste des relations internationales.
Fedor Loukianov est un chef du Présidium du Conseil pour la politique étrangère et de défense. Article publié dans Ogoniok NIYAZ KARIM
LU DANS LA PRESSE ESPIONNAGE : BONS BAISERS DE RUSSIE
Les services secrets russes ont démasqué très médiatiquement un agent de la CIA qui occupait le poste de troisième secrétaire à l’ambassade américaine de Moscou. Ryan Fogle a été arrêté en flagrant délit tandis qu’il tentait de recruter un officier russe spécialisé dans la lutte anti-terroriste dans le Caucase du Nord. Il était affublé d’une perruque, en possession d’une importante somme d’argent et d’un « arsenal classique d’espion ». Préparé par Veronika Dorman
ESPIONNAGE PÉRIMÉ
À QUI PROFITE L’ESPION?
Ioulia Kalinina
Éditorial
LE BON VIEUX TEMPS Alexeï Melnikov
MOSKOVSKI KOMSOMOLETS/ 16.05
VEDOMOSTI/ 16.05
GAZETA.RU/ 16.05
Le voilà, le James Bond d’aujourd’hui. Il part en mission avec une fiche imprimée pour ne rien oublier et un atlas de Moscou pour ne pas se perdre. Perruques, lunettes noires et autre attirail d’espion sont passés de mode. Mais les gouvernements continuent à les financer par inertie, tandis que les vétérans enseignent aux jeunes en prenant pour exemple les opérations secrètes du siècle dernier. L’argent public sert toujours pour qu’une foule de gens continue à faire des choses absurdes (porter des perruques, prendre des suspects en filature, à pied, en voiture), en pensant qu’ils accomplissent quelque chose d’important pour la patrie.
La médiatisation de l’événement confirme son caractère politique. Poutine et Obama doivent se rencontrer en juin au G8 et en septembre au G20. Peut-être les faucons russes ont-ils manigancé le scandale pour enrayer la détente ? Mais l’affaire vaut surtout pour la politique intérieure. Pour lutter contre les dissidents, on fait appel à la rhétorique de l’espionnage : défendant les valeurs américaines, financés par les ÉtatsUnis, ce sont des ennemis. Il faut entretenir l’anti-américanisme des masses. L’arrestation médiatisée sied bien au système « médiacratique » de Poutine, qui ne semble compter que sur la propagande pour conserver le pouvoir.
L’esprit de l’époque brejnévienne et sa lutte incessante contre la CIA ennemie du peuple soviétique semble revivre aujourd’hui. Parades et décorations sur la Place rouge, réarmement massif, chasse aux « agents étrangers », exploits sportifs à la gloire de la Patrie... Dans une telle atmosphère, il ne manquait plus que les espions américains. Il y a une nostalgie pour ce temps où le peuple soviétique uni cherchait et démasquait les agents, émerveillé par l’adresse de l’ennemi et la sagacité du contre-espionnage national. On continue à cultiver l’amour populaire pour les services secrets, on entretient le patriotisme en insistant sur l’unicité de la Patrie.
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Dossier
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Viticulture La production russe reste dominée par des vins de médiocre qualité, mais de vrais professionnels veulent changer la donne
Bacchus revit sur la mer Noire « Vin russe » : en voilà une appellation exotique ! Un peu comme si l’on imaginait une « vodka champenoise ». Pourtant, il existe, le vin russe. Nous l’avons rencontré.
ILS L’ONT DIT
Les importations de vin
Vadim Drobiz CHEF DU CENTRE DE RECHERCHE DU MARCHÉ DES VINS SPIRITUEUX FÉDÉRAL ET RÉGIONAL
DENIS POUZYREV LA RUSSIE D’AUJPURD’HUI
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En France, Italie, Espagne, dans chacun de ces pays, il y a plus de 10 000 producteurs de vin, et en Russie, environ 150. En termes de superficie, nos vignobles ne sont que deux fois moindres que ceux de la France. Notre sol permet de cultiver du raisin. La viticulture à l’étranger est le fait de petites exploitations. Ce sont elles qui produisent les meilleurs vins. Nos agriculteurs devraient bénéficier d’incitations pour améliorer leur production".
Leonid Popovitch PRÉSIDENT DE L’UNION DES VIGNERONS ET DES VITICULTEURS DE RUSSIE
NATALIA MIKHAYLENKO, ITAR-TASS
Un vignoble de qualité en quête de débouchés ITAR-TASS
Nouveau vin, racines anciennes Créée par décret du tsar Alexandre II en 1870, l’entreprise vinicole Abrau-Durso, près de la mer Noire, produisait les meilleurs vins mousseux pour l’élite du Parti communiste à l’époque soviétique. Elle est tombée en décadence au début des années 2000, jusqu’à ce que Boris Titov la rachète et y investisse 20 millions de dollars (15 M euros). En nommant l’expert
français Hervé Justin directeur de production et en investissant des sommes conséquentes dans le marketing, M. Titov a fait d’AbrauDurso un leader de la production de vins mousseux, même s’ils ne sont pas chers par rapport au niveau russe. Son fils Pavel dirige actuellement la société et la prépare à son introduction en bourse sur le London Stock Exchange.
duction n’avait de vin que le nom, et qu’elle ne correspondait pas aux standards russes, encore moins aux normes internationales. Les producteurs de vin russe de qualité se battent depuis longtemps pour l’adoption d’un prix minimal du vin sur les étalages en Russie, à au moins 3 euros la bouteille, car ils n’arrivent pas à concurrencer les segments bon marché. Les viticulteurs les plus radicaux luttent pour que l’État censure les producteurs de mauvais vin, car leur existence même discrédite toute l’industrie vinicole. « Pourquoi conserver l’emploi du mauvais vigneron et du producteur de préservateurs iranien ? », s’indigne Elena Denisova. « Ne serait-il pas plus judicieux d’aider à se développer les bons vignerons du sud de la Russie ? ». La vente du vin a chuté en Russie l’année dernière, sous la pression des producteurs d’alcools forts et des brasseurs transnationaux. Selon Rosstat, la production de vin a baissé de 9,2% en 2012, tandis que celle de
vodka a augmenté de 13,2%. Il est vrai que l’importation de vin s’est accrue de 4,5%, mais la livraison de grands vins a dégringolé (60,5 millions de bouteilles). Tout n’est pas si noir. Depuis 2006, sont apparus des domaines viticoles dont la production peut être présentée sans honte aux connaisseurs les plus exigeants. Le leader est le domaine AbrauDurso, dans les collines situées derrière le port de Novorossiisk, sur la mer Noire. Parmi les entreprises orientées sur la production de qualité et qui ont les moyens financiers d’obtenir les licences d’État, se distinguent Château le Grand Vostok, Lefkadia,Vedernikov, et quelques autres. En 2012, un Guide des vins russes a été publié pour la première fois, regroupant 55 nominations de 13 producteurs russes. L’ouvrage a été compilé par les meilleurs sommeliers russes, qui ont exprimé l’espoir que les « grands vins russes » ne soient pas une chimère. Levons notre verre à leur succès.
En moins d’une décennie, Château le Grand Vostok, un vignoble dirigé par des Français sur la mer Noire, a démontré qu’il pouvait produire des vins de grande qualité en Russie. DENIS POUZYREV LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Le vignoble a adopté les technologies européennes de viniculture : la plantation et la qualité du raisin étaient supervisées par ses premiers vignerons français, Franck Duseigneur et Gaëlle Brulon, comme elles le sont par le chef vigneron actuel, Laurent Dubreuil. Les étés chauds et les hivers doux dans les hauts plateaux de Krasnodar rassemblent les conditions idéales pour produire du vin. Le Château Le Grand Vostok, basé dans le village de Sadovy, à 75 km du rivage de la mer Noire, possède plus de 1 600 hectares de terre, vignes comprises, et peut utiliser une grande étendue supplémentaire de forêt, de champs et de lacs. Afin de passer à l’étape suivante, vitale, l’entreprise
cherche un investisseur étranger à Londres fournissant les capitaux pour aider à développer de nouvelles filières commerciales et ainsi augmenter la production. Arthur Sarkisian, chef du syndicat des sommeliers russes, est convaincu que les vins russes de qualité prendront bientôt une place importante sur les rayons des magasins et la carte des vins des restaurants. « Maintenant que la Russie se met à produire du bon vin, il est naturel qu’il soit représenté dans les restaurants et dans les magasins, déclare M.Sarkisian. Mais pour que cela ait lieu, l’ Êtat doit soutenir la production nationale ». C’est ce que fait déjà la région de Krasnodar qui demande aux restaurants de mettre d’offrir au moins 50% de vins russes sur leurs cartes. « Pour la Russie dans son ensemble, ce seuil pourrait être mis à 20 % en prenant la même mesure vis-à-vis des magasins de détail », explique M. Sarkisian, qui ajoute qu’un jury d’experts devrait certifier les vins méritants.
Franck Duseigneur, le directeur général du Château.
"
La tâche la plus difficile du viticulteur russe est de produire des vins de qualité correcte et compétitifs dans le segment des vins de table. Pour y arriver, toutes les solutions techniques et les matières premières sont déjà disponibles. Nous n’avons besoin que d’un environnement commercial favorable".
Bonnes adresses pour bons vins
ITAR-TASS
Il est peu probable que vous trouviez du vin russe sur une table française. Si c’était le cas, il s’agirait probablement d’un vin doux ou semi-doux, catégorie représentant 80% de la production russe. Vous allez sourire, mais c’est encore la faute à Staline. À la fin des années 1950, selon l’Office international du vin, l’URSS occupait la cinquième place mondiale en superficie de vignes et la septième en volume de production vinicole. Dès les années 1930, la jeune viticulture soviétique a été soutenue par les hautes autorités du pays. C’est que le dictateur soviétique Joseph Staline était géorgien, et le ministre de l’industrie alimentaire, Anastase Mikoyan, était arménien. Géorgiens et Arméniens sont culturellement portés sur le vin. Des fouilles archéologiques montrent même que la viticulture du Caucase est antérieure à celle de la Grèce antique. Pendant l’industrialisation de l’Union soviétique, un programme de ravitaillement avait été élaboré pour satisfaire les besoins des masses en produits alimentaires, y compris en vin, qui, jusqu’à la révolution de 1917, n’était accessible qu’à l’aristocratie. Il fallait faire du vin une boisson accessible à tous. Des savants ont été sollicités pour régler le problème. Des cépages résistant au gel et à haut rendement ont été créés.Tout cela n’a pas servi la qualité de la production : les vins issus de ces processus étaient difficiles à boire car très acides et totalement dépourvus de corpulence. Pour pallier le problème, on a commencé à y ajouter du sucre de raisin, et souvent de l’alcool éthylique. Cette technologie est encore largement utilisée à ce jour. « Avec du mauvais raisin ou les déchets des usines de jus de fruit en Iran ou en Italie, on fabrique du concentré, qui est en fait du sucre de raisin non raffiné », explique Elena Denisova, directrice du conseil des directeurs de Château le Grand Vostok, l’un des rares producteurs de vin russe de qualité. « C’est un camouflage idéal pour du vin imbuvable. On ajoute ce concentré au mauvais vin à l’étape de la fermentation ou alors on le mélange à un produit vineux trop fermenté, en essayant d’en rectifier le goût horrible. Avec cela, on ajoute des aromatisants et des colorants artificiels ». Dans les années 1930, la culture du vin n’existait pas en URSS, et le prolétariat triomphant a accueilli avec enthousiasme le nouveau produit qu’on lui servait. L’agence de statistiques Rosstat a calculé qu’en 2012, le marché du vin en Russie représentait 485,1 millions de bouteilles, dont 63,2% de production russe. En voyant la liste des plus grands producteurs de vin russes, le plus invétéré des optimistes risque de désespérer. Sept des dix leaders, en volumes produits, sont des usines de vin bon marché en cartons Tetrapack de 1 litre. Le prix d’un tel breuvage ne dépasse pas 2 euros le litre. Il y a un mois, le régulateur des boissons alcoolisées en Russie, Rosalkogol, a suspendu les licences de trois des cinq principales usines de vin de la région de Krasnodar. La cause : les études ont montré que leur pro-
Gavroche. Ambiance sombre et intime, divans larges et profonds, service idoine. Et surtout, un très large choix de vins français et italiens, à un prix somme toute assez élevé dans les blancs comme dans les rouges. Gavroche présente l’avantage d’une situation géographique en plein centre de Moscou.
Grand Cru. Cette enseigne compte deux adresses. L’une d’elles se situe rue Malaïa Bronnaïa, juste derrière l’étang des Patriarches. Créé par Maxime Kachirine, ce bar à vin vend au détail les produits de son entreprise Simple Wine, qui propose un catalogue impressionnant de vins et de spiritueux.
Vintage. C’est l’adresse offrant les prix les plus démocratiques. Le Vintage Bar, situé rue Krassina affiche une décoration modeste et une première bouteille à seulement 10 euros. En raison de son grand succès, le Vintage Bar est plein à craquer tous les soirs et il est conseillé de réserver.
Dissident. Ce bar est très chic mais paradoxalement parfois vide le vendredi soir, a une longue histoire. Les prix attirent surtout une clientèle prête à dépenser au moins 15 euros pour un verre de vin rouge argentin. L’intérieur douillet et l’agréable musique de fond sont ses points forts.
Bontempi. Situé en face de la célèbre maison des journalistes sur le boulevard Nikisty, Bontempi donne l’impression de toujours être prix d’assaut, notamment en raison de ses prix modestes. Le décor est peu conventionnel et le bar est en sous-sol. Les doses sont généreuses et la présentation soignée. La carte propose des vins à tous les prix.
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Culture & Loisirs
Architecture Hormis un extérieur contesté, le nouvel « outil » artistique de Saint-Pétersbourg fait l’unanimité
À L’AFFICHE LES GRANDES VOIX 2013-2014 DU 24 MAI AU 18 DÉCEMBRE THÉÂTRE DES CHAMPS-ELYSÉES ET SALLE PLEYEL, PARIS
PAULINE NARYCHKINA
REUTERS
Saint-Pétersbourg a inauguré début mai le complément du théâtre historique Mariinsky. C’était l’événement de l’année pour une ville qui se veut « capitale culturelle mondiale ». PAULINE NARYCHKINA LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Vu de l’extérieur : un bloc monolithe minimaliste qui manque de charme... et révolte les riverains L’intérieur rachète l’extérieur d’un lieu d’échange qui se veut accessible au plus grand nombre et de la ville entière. C’est du vandalisme et il mérite d’être rasé », s’indigne Kirill Volkov, membre de l’association de défense des monuments historiques et culturels de Saint-Pétersbourg et habitant du quartier. De l’extérieur en effet le bâtiment ressemble un bloc monolithe minimaliste et manque de charme. Pour le foyer, les architectes ont misé sur la lumière et la transparence. De larges baies vitrées offrent une balle perspective sur le canal et, depuis les étages supérieurs, sur les toits et les cou-
poles de la ville. « Le mur d’onyx illuminé de l’intérieur donne la chaleur indispensable dans cette ville du Nord. L’escalier monumental en verre de 33 mètres de haut monte en volute sans alourdir l’espace. Les pendants en cristal Swarovski évoquent la légèreté d’une envolée de libellules », explique Joshua Dachs, directeur du bureau new-yorkais responsable du design. La salle de concert devrait réconcilier. Selon Isabelle PartiotPéri, architecte française et metteur en scène ayant travaillé en 2006 et 2009 sur des spectacles du Mariinsky, « la visibilité est assurée de partout même des balcons latéraux et sans se tordre le cou. Le tracé des balcons allant jusqu’au cadre de scène crée une ligne de fuite qui porte le public vers la scène. Le sol est posé non sur du béton mais sur une structure en bois qui crée un effet de résonance ». Bref, l’intérieur rachète l’extérieur. Guerguiev répète que l’essentiel est de créer un lieu d’échange, accessible au plus grand nombre. Cependant, le service de presse affirme que le prix des tickets restera identique à celui du Mariinsky historique (de 12 à 30 euros généralement) afin de garder son public. C’est comme si ce lieu avait pour vocation de donner un nouvel élan à la force créatrice et de porter la ville à un niveau culturel mondial. « Les mécontents n’ont qu’à venir à un spectacle, on en reparlera ensuite », tranche l’architecte canadien Jack Diamond pour mettre fin à la polémique.
LE SACRE DU PRINTEMPS DU 29 AU 31 MAI THEÂTRE DES CHAMPS-ELYSÉES, PARIS
Valery Guergiev à l’ouverture de Mariinsky 2.
Le Ballet du Mariinsky présente Le Sacre du printemps dans la choréographie originale de Vaslav Nijinski. Cette année marque l’anniversaire de la première représentation de cette œuvre d’Igor Stravinsky. Chorégraphie de Sasha Waltz. › www.theatrechampselysees.fr
ILS L’ONT DIT
Valery Guergiev
Isabelle Partiot-Péri
DIRECTEUR ARTISTIQUE DU THÉÂTRE MARIINSKY DE ST-PÉTERSBOURG
ARCHITECTE FRANÇAISE ET METTEUR EN SCÈNE AU MARIINSKY
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On dirait que Guerguiev a pris toutes les contraintes classiques des salles d’opéra et de théâtre pour les résoudre au mieux".
La scène historique ne pouvait tout simplement plus accueillir le nombreux public, ni tous les projets que je souhaite réaliser".
1ER FESTIVAL DU CINÉMA RUSSE À NICE : « LES ROMANOV ET LA RUSSIE » DU 14 AU 17 JUIN PALAIS DES CONGRÈS “ACROPOLIS” ET CINÉMATHÈQUE DE NICE
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Pour la première fois en France, projection de films originaux issus des archives du Fonds d’État des Films de la Russie – Gosfilmofond. Les projections seront accompagnées de la participation d’artistes russes et français. › www.larussiedaujourdhui.fr/23711
ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG LE 17 JUIN THÉÂTRE DES CHAMPS-ELYSÉES, PARIS
Cette nouvelle saison qui fête les 100 ans du Théâtre des Champs-Elysées met la Russie à l’honneur et, à l’affiche, l’Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg et Iouri Temirkanov, son directeur musical et maestro depuis 1988. Au programme : L’Oiseau de feu d’Igor Stravinsky, Danses polovtsiennes d’Alexandre Borodine, Shéhérazade de Nikolaï RimskyKorsakov. › www.theatrechampselysees.fr
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C’est devant un public chamarré en robe et smoking, composé de célébrités du monde artistique et politique, que le président Poutine est venu en personne couper le ruban et souhaiter un bon anniversaire au « Maestro Guerguiev » en le félicitant pour sa persévérance dans l’entreprise de créer un nouvel outil artistique et culturel à la hauteur de son aîné, Mariinsky 2. Les travaux étalés sur une dizaine d’années ont coûté environ 550 millions d’euros au contribuable. Un premier projet abandonné pour raisons techniques, celui du Français Dominique Perrault, a fait place à celui des architectes canadiens du bureau Diamond Schmitt. L’espace gigantesque de près de 80 000 m2 répartis sur sept niveaux peut accueillir 2 000 personnes. Avec une scène centrale, un auditorium pour les représentations plus intimistes et les ateliers artistiques, un amphithéâtre sur le toit, il vient compléter le théâtre historique Mariinsky, qui date de 1860, et le nouvel auditorium, inauguré en 2006. Valéry Guerguiev, qui règne en maître absolu depuis maintenant 25 ans (encore une célébration) sur cette triple institution culturelle célébrant l’art lyrique et le ballet a démontré
une nette volonté de porter Saint-Pétersbourg au rang de capitale culturelle mondiale. Certains riverains sont pourtant scandalisés. Le jour du gala, ils brandissent des pancartes « Bon anniversaire au PDG du « Centre commercial » Mariinsky ». « Regardez-ça. Ajoutez des affiches publicitaires sur la façade et vous avez là une très belle galerie commerciale. Cet édifice est une insulte à l’architecture du quartier
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RIA NOVOSTI
Mariinsky 2 : un espace culturel digne du nom et d’une fière mission
SERVICE DE PRESSE
La série Les Grandes Voix accueille plusieurs artistes russes cette année : Anna Netrebko, Ildar Abdrazakov, Dmitri Khvorostovsky et Julia Novikova. Elle poursuit également l’expérience des opéras en version de concert.
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