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18 septembre
Sortie du prochain numéro
Il peint la femme telle une icône L’artiste russo-parisien Volodia Massiaguine voue à la beauté féminine une vénération quasi religieuse.
Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The New York Times, The Economic Times et d’autres grands quotidiens internationaux
P. 7 ANDREÏ PAVLOUCHINE
Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu Mercredi 10 juillet 2013
Découverte Reportage dans le sud de l’Oural : le Bachkortostan, ses paysages, son lait et son miel
Quand la « Suisse russe » s’éveillera EMMANUEL GRYNSZPAN POUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
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OPINIONS
Des biopics au service de l’État EMMANUEL GRYNSZPAN
Le critique Andreï Arkhangelski passe en revue une nouvelle tendance dans le cinéma russe, où les films biographiques sur les célébrités du pays (y compris soviétiques) ne sont pas dénués d’un relent nationaliste. Le Bachkortostan offre un vaste choix de loisirs dans un cadre naturel, dont la faune et la flore sont particulièrement riches.
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Société La législation russe répond à la droitisation sensible d’une partie de la population
Être « gay » aujourd’hui en Russie : en toute discrétion Lois interdisant la propagande homosexuelle ou l’adoption par des couples étrangers de même sexe, soutenues par les sondages : contexte gérable mais difficile pour les « gays » russes. PAUL DUVERNET
REUTERS
LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Peut-on être « gay » et vivre normalement aujourd’hui en Russie ? « C’est possible, à condition de faire des compromis, estime Iana Mandrykina, 35 ans, associé dans une agence immobilière. Il faut cacher son orientation à son entourage et jouer un personnage. Pour certains, cela va jusqu’au faux mariage », explique-t-elle en plongeant ses yeux droit dans ceux de son interlocuteur. Tout en elle indique une force de caractère et une grande énergie. Souriante, détendue, Iana estime avoir réus-
Certains revendiquent leur homosexualité, d’autres la masquent.
L’industrie aéronautique russe n’a pas engrangé de grosses commandes lors du salon du Bourget. Reste celui du MAKS à Moscou.
Fruit de l’expérience de Tchernobyl : Rostov, au sud de la Russie, fait figure de centrale « la plus sûre au monde ». PAGE4
ITAR-TASS
Sûreté nucléaire
ITAR-TASS
Du Bourget au MAKS
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Les Russes dans le Tour Du nouveau dans l’édition centaire du Tour de France : l’équipe cycliste Katusha court sous les couleurs nationales russes, et non sous celles de ses sponsors ni sous leur nom. Financée par des sociétés russes, Katusha entend néanmoins montrer que les valeurs patriotiques ne s’effacent pas toujours devant celles de l’argent !
Surnommé la « Suisse russe », le Bachkortostan, fort de ses richesses naturelles, développe discrètement son potentiel touristique, loin des sentiers battus.
Lentement mais sûrement, le peuple bachkire reprend conscience de son identité nationale au sein de la Fédération de Russie. Et le tourisme est devenu pour un nombre croissant d’hommes d’affaires le moyen de valoriser le patrimoine régional et d’accélérer le retour aux sources. « Tout a commencé par le désir de rendre hommage à mes aïeux », confie Mars Youlbarissov, entrepreneur. « L’idée m’est venue après avoir conçu un monument à la mémoire de mon ancêtre de sept générations, Kijnzya Arslanov. Je me suis dit qu’il fallait transmettre cette histoire à mes enfants. Ce faisant, j’ai progressivement réalisé qu’il était utile et nécessaire de faire connaître notre histoire au plus grand nombre ».
SPORT
si dans sa vie professionnelle et sociale. Elle rejette toute idée d’un « handicap » : « Mon homosexualité ne m’a en aucune manière empêchée de me réaliser. Ni moi, ni mes amis. Je compte grosso modo 700 personnes dans mon cercle de connaissance. Ce sont toutes des personnes très adaptées socialement. Des personnes qui ont réussi dans la société, dans leur profession et qui disposent de revenus élevés ». Ce qui réunit Iana et ses amis, ce sont des qualités humaines spécifiques. Mais c’est aussi peut-être le rejet de la part d’une partie intolérante ou simplement mal informée de la population. « Grâce à notre différence ou à cause d’elle, nous avons acquis des capacités à nous défendre, à nous cacher, à nous battre », analyse-t-elle d’un ton assuré, en avouant un intérêt personnel pour l’étude de la psychologie. Voilà qui va à l’encontre du stéréotype de l’homosexuel fragile et passif. Les « gays » russes sont-ils des « battants » ? SUITE EN PAGE 2
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LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO
Politique & Société
SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE
Pourquoi le dire haut et fort ?
Comme beaucoup de ses amis, Iana vient de province et a fait toute seule son trou dans la capitale russe. Ce qui réclame bien des efforts et un travail acharné. « Je viens de Tver [200 km au nord de Moscou], raconte-t-elle. « Il est évidemment plus facile de vivre librement dans une grande ville comme Moscou que dans une petite ville provinciale où tout le monde se connaît ». Elle souligne qu’il existe dans la capitale une large communauté homosexuelle, avec ses loisirs, ses lieux de rencontre, ses événements sociaux. « L’offre de loisirs est considérable : depuis les soirées bière-baston jusqu’aux soirées romantiques échevelées », rigole-t-elle. Selon Iana, la deuxième ville du pays, St-Pétersbourg, connaît même une vie communautaire plus développée que celle de la capitale. « Dans les années 2000, nous ne pensions pas du tout à nous investir dans l’activisme ou dans la défense des droits des homosexuels », se souvient Iana. « Nous nous consacrions entièrement à notre réussite professionnelle. Nous pensions avant tout à profiter de notre jeunesse et de notre liberté ».
Pourtant, Iana a décidé de renoncer à l’anonymat en mars dernier. Elle est « sortie du placard » en même temps qu’une trentaine de « gays » et de lesbiennes. Tous ont affiché ouvertement leur orientation sexuelle dans Afisha, sorte d’équivalent moscovite des Inrocks. Un acte de protestation contre la vague homophobe, qui selon eux, secoue le pays. La décision n’a pas été facile. « J’avais très peur de révéler mon orientation, avoue-t-elle. En tant qu’individus, nous avons tous peur d’être rejetés. J’ai attendu 35 ans pour franchir cette étape. Jusque-là, mes parents ne savaient pas. Pour mon père, qui est pilote dans l’aviation militaire, l’homosexualité était quelque chose de tabou ». Iana estime que seule une moitié de ses amis homosexuels ont révélé la chose à leurs parents. Elle fait partie d’une minorité d’homosexuels décidés à se battre pour protéger leurs droits. « Il faudrait que davantage d’entre nous sortent du placard », estime-t-elle. En même temps, elle avoue craindre pour sa sécurité. « J’ai peur qu’un excité m’agresse dans la rue. Les ho-
La « propagande » hors la loi Une loi interdisant la « propagande homosexuelle » a été adoptée par 436 députés (personne n’a voté contre) le 11 juin dernier. Elle punit d’amendes allant de 100 à 23 500 euros la propagande relative aux relations sexuelles non traditionnelles devant des mineurs. Les contrevenants étrangers sont également menacés de 15 jours d’emprisonnement et d’expulsion du pays. Elena Mizoulina, auteur du projet de loi, estime qu’il faut protéger la famille, qui constitue le socle de la socié-
té russe : « Si nous ne protégeons pas cette dernière, nous ne pourrons pas résoudre nos problèmes démographiques ». L’homosexualité a été décriminalisée en 1993 en Russie, avant d’être retirée de la liste des maladies mentales en 1999. La Commission européenne a déclaré son « inquiétude » vis à vis d’une loi qui « pourrait stigmatiser des individus (...) et conduire à des pratiques discriminatoires (...) qui sont en contradiction avec la Convention européenne sur les droits de l’homme ».
« Il est évidemment plus facile de vivre librement dans une grande ville comme Moscou que dans une petite ville provinciale », dit Iana.
SONDAGE
La perception des " gays " s'est dégradée COMMENT PERCEVEZ-VOUS LES HOMOSEXUELS ET LES LESBIENNES ?
AVEZ-VOUS DES HOMOSEXUELS OU DES LESBIENNES PARMI VOS CONNAISSANCES ? OUI NON NE S'EXPRIMENT PAS
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86% SOURCE : LEVADA
Dmitri est hostile aux grandes manifestations homosexuelles : « Je suis contre la ‘gay parade’, car cela ne fait que dresser davantage la population contre nous. Moins on en parle, mieux c’est »
mophobes n’hésitent pas à frapper les femmes », ajoute-t-elle. Selon Iana, ce ne sont pas seulement les homosexuels qui sont visés par ce qu’elle définit comme « le virage ultra conservateur du gouvernement. Toutes les minorités sont visées, tous ceux qui sont différents de la masse ».
choses différemment. « Ma devise ? Vivons bien, c’est-à-dire vivons cachés ! Seule ma mère est au courant de mon orientation. Et mes amis, bien sûr ». Ses gestes maniérés le trahissentils ? « Peut-être que certains de mes collègues de travail s’en doutent [Dmitri est employé dans l’organisation des Jeux Olympiques de Sotchi], peut-être qu’on chuchote dans mon dos, mais rien de plus. Je prends mes précautions. Et si jamais on me vire,
Pour vivre heureux, vivons cachés ! Dmitri, 25 ans, physique d’éphèbe et la voix haut perchée, voit les
je n’aurai aucune peine à trouver du travail ailleurs. Je vais bientôt me mettre à mon compte de toutes façons », conclut Dmitri. « Je suis très débrouillard de nature et j’ai plein de relations. Par exemple, des hommes mariés dans la haute administration ! », lâche-t-il en éclatant de rire. Peu intéressé par l’activisme politique, Dmitri se sent peu concerné par la nouvelle loi sur l’interdiction de la propagande homosexuelle. « Cela ne changera rien pour moi. Je suis contre la « gay parade », cela ne fait que dresser davantage la population contre nous. Moins on en parle, mieux c’est ». Dmitri se rend souvent à l’étranger en vacances ou professionnellement. Il est parfaitement conscient de la différence de mentalité en Occident, mais n’a pas pour autant le désir d’émigrer. « Je gagne bien ma vie à Moscou et mon mode de vie ne diffère en rien de celui des homos français ou britanniques. Là-bas aussi il faut parfois faire attention, éviter certains quartiers. L’homophobie existe partout ! »
Homoparentalité
Législation Les députés protègent les enfants du « péril gay »
Approuvez-vous l'idée que les couples homosexuels doivent avoir le droit d'adopter des enfants ?
Adoption : nyet aux couples étrangers de même sexe
80% Non 5% Oui
14 % Sans réponse
Malgré une augmentation du nombre d’orphelins, le Parlement russe limite les possibilités d’adoption pour les ressortissants des pays ayant légalisé le mariage pour tous. IOULIA PONOMAREVA LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
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Le 26 juin, la Chambre Haute du Parlement russe a approuvé un projet de loi interdisant l’adoption d’enfants russes par des couples homosexuels étrangers, ainsi que par les personnes célibataires, dont les pays ont légalisé le mariage entre personnes de même sexe. Ce projet de loi fait suite au vote de la loi sur le mariage pour tous, promulguée en France le 18 juin dernier par le PrésidentFrançois Hollande, qui ouvre le mariage et l’adoption aux personnes de même sexe. « Que l’Occident fasse sa propre expérimentation sociale sur les enfants chez elle, mais la Russie n’y participera pas », a affirmé l’un des auteurs du texte, Elena Mizoulina, chef du Comité de la Douma pour le droit des femmes et des enfants.
© RIA NOVOSTI/ALEXANDER KRYAZHEV
Être gay aujourd’hui en Russie : en toute discrétion
ARCHIVES PERSONNELLES
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L’accord d’adoption avec la France pourrait être modifié.
Selon elle, il est indispensable d’apporter des garanties supplémentaires à l’accord d’adoption avec la France pour s’assurer que les enfants russes ne se retrouvent pas dans des familles de personnes de même sexe. Dans un récent entretien accordé à la chaîne REN TV, Elena Mizoulina avait même proposé le retrait des enfants russes déjà adoptés par des familles du même sexe. L’Église orthodoxe russe soutient l’interdiction de l’adoption
par des homosexuels. « La reconnaissance, par certains pays, de couples du même sexe en tant que famille est le résultat d’un long processus de renoncement aux notions de chasteté, d’abstinence, de fidélité au sein du couple », a déclaré le porte-parole de l’Église orthodoxe russe Vladimir Legoïda. Selon Anton Jarov, avocat specialisé, l’adoption internationale est possible à condition que l’enfant n’ait d’autre gîte que l’orphelinat.
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Économie
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Aéronautique Le Bourget a révélé le potentiel et les défis de la production russe en attendant le salon MAKS de Moscou fin août
Les commandes au rythme de l’exploitation La Russie a déployé des efforts sans précédent au 50ème salon du Bourget, mais le succès commercial se fait attendre. Elle mise sur les nouveautés qui seront présentées au MAKS. PAUL DUVERNET LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
L’industrie aéronautique russe a épaté le public avec ses appareils militaires (les vols de démonstration du chasseur SU-35 ont été qualifiés de « sensation » par la presse) et vendu une poignée d’avions civils, alors que les géants mondiaux Airbus, Boeing, Embraer et Bombardier engrangeaient des centaines de contrats. UAC, le consortium d’État regroupant les principaux constructeurs russes, ambitionne pourtant de monter à 10% sa part du marché civil mondial en 2030, contre moins d’1% aujourd’hui. Mais ses deux principaux programmes, l’avion régional Superjet 100 et le futur moyen courrier MS-21, ne rencontrent pour l’instant qu’un accueil prudent auprès des compagnies aériennes. Au Bourget, les commandes sont venues de deux sociétés de lea-
sing (crédit-bail) russes : 20 pour le Superjet 100 (700 millions de dollars) auprès de Iliouchine Finance Co, et 30 (2,5 milliards de dollars) pour le MS-21, qui n’a encore jamais volé, de la part de VEB Leasing. Il s’agit d’accords préliminaires qui seront traduits en contrats fermes lors du salon aéronautique russe MAKS (du 27 août au 1er septembre prochain). « Le succès à l’international du Superjet dépend désormais des résultats d’exploitation de l’appareil par la compagnie mexicaine Interjet », estime Marc Sorel, directeur pour la Russie du groupe français Safran, qui fournit les moteurs du Superjet. Interjet, qui vient de recevoir son premier Superjet, est la seule compagnie non russe à avoir passé une commande significative (30 exemplaires). L’expérience mexicaine sera donc cruciale pour le Sujerjet, alors même que le brésilien Embraer a annoncé au Bourget l’arrivée d’un nouveau modèle qui sera en concurrence directe avec le russe. Son « E2 » entrera en service en 2019. Des tensions sont apparues
Miser sur MAKS
Le SU-35, présenté pour la première fois hors de Russie, renforce l’image des avions de chasse Sukhoi.
La présentation au public du nouveau réacteur PD-14 devrait être l’un des clous du salon MAKS, aux côtés de la version modernisée de l’avion de transport militaire Il-76 (appelé aussi Il-476) et du chasseur de 5ème génération T-50. Le moyen-courrier MS-21 doit engranger 40 contrats supplémentaires lors du salon, d’après le président d’Irkut, le fabricant de l’avion. Oleg Demtchenko a précisé que la compagnie Iraero désirait 10 appareils, tandis que les 30 autres iront à des sociétés de leasing russes. larussiedaujourdhui.fr/ le_bourget
REUTERS
entre Sukhoi et son partenaire italien Finmeccanica, qui commercialisent ensemble le Superjet. Le patron de Finmeccanica Allessandro Pansa envisage une sortie du projet, tandis que Sukhoi a émis des doutes sur l’efficacité du travail conjoint. « La question qui se pose, c’est
c’est celle du succès commercial. Le Superjet vole et le projet MS-21 sera mené à son terme. Mais il n’est pas du tout certain que ces programmes soient rentabilisés », explique Boris Rybak, directeur de l’agence Infomost, alors que 2 et 4,5 milliards de dollars ont été respectivement inves-
tis dans ces deux opérations. Le patron d’UAC Mikhaïl Pogossyan a rappelé que la montée en cadence de la production civile se fait très rapidement. UAC bénéficie d’un solide soutien de l’État, qui a commandé 400 appareils pour divers ministères. Lundi 24 juin, le quotidien éco-
nomique Vedomosti a révélé qu’une commande de 100 MS-21 pour l’armée russe était en préparation, avant même le premier vol de l’appareil. Pour l’instant, le MS-21 totalise 253 commandes, dont 135 fermes, 35 exemplaires devant être équipés du futur réacteur russe PD-14 (voir encadré).
Transport aérien Internet haut-débit et téléphonie mobile seront bientôt disponibles sur tous les vols de la compagnie Transaero
La concurrence s’intensifie sur la ligne Paris-Moscou, pas encore sur les tarifs
IOULIA KOUDINOVA
et dans l’Extrême-Orient russe disposent des équipements nécessaires. En outre, les intérieurs des avions seront transformés dans toutes les classes. Lors du salon du Bourget en juin dernier, Transaero a reçu le prix 2013 de « la meilleure amé-
LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Dans les deux années à venir, presque tous les avions de Transaero offriront à leurs passagers la possibilité de surfer sur Internet et d’utiliser leurs téléphones mobiles. Pour l’Internet à haut débit, deux tarifications seront proposées aux passagers : un forfait horaire, et un forfait illimité. Le prix des communications mobiles sera quant à lui déterminé par les opérateurs de chaque passager. Pour l’instant, huit longs courriers desservant des destinations aux États-Unis
Une baisse du prix des billets n’est possible que si les autorités autorisent un plus grand nombre de vols lioration », une récompense décernée par le Skytrax World Airline Awards. Cette organisation s’est basée sur des questionnaires remplis par les passagers de 200 compagnies appartenant à 160 pays. Aucune autre compagnie
aérienne russe n’a jusqu’ici reçu cette récompense. En 2012, Transaero avait déjà été couronnée du prix Skytrax de la meilleure compagnie d’Europe de l’Est. Ce n’est pas le seul classement flatteur de Transaero, qui figure régulièrement parmi les 6 compagnies les plus sûres d’Europe (d’après JACDEC). Entièrement privée,Transaero est la deuxième compagnie aérienne russe derrière Aeroflot en volume de passagers. Sa flotte compte 100 appareils, dont 38 Boeings 747 et Boeings 777, et compte le plus gros parc de longs courriers d’exURSS et d’Europe de l’Est. La compagnie n’a pas le projet de desservir en direct d’autres villes françaises que Paris, mais des accords avec Aigle Azur permettent aux provinciaux venant des villes desservies par la com-
Dmitri Stoliarov PREMIER ADJOINT DU DIRECTEUR GÉNÉRAL DE TRANSAERO
"
L’avantage compétitif de Transaero est lié au fait que ses avions volent sur la ligne Moscou-Paris au départ de deux aéroports différents : Vnukovo et Domodedovo [Sheremetyevo est utilisé par Air France et Aeroflot]. Vnukovo est le plus moderne des trois aéroports civils de Moscou. C’est aussi le plus proche du centre ville".
SERVICE DE PRESSE
Un an après l’ouverture de sa liaison entre les deux capitales, Transaero met en place de nouveaux services. Le couple Air France-Aeroflot, qui n’a plus le monopole, songe au divorce.
IL L’A DIT
Seul Transaero dessert les trois aéroports moscovites.
pagnie française (Lille, Mulhouse, Lyon, Nice, Toulouse, Bordeaux) d’utiliser une correspondance à Paris. Côté russe, un tout récent accord de partenariat avec la compagnie UTair va multiplier les interconnections depuis l’aéroport moscovite de Vnukovo. Jusqu’à l’été 2012, la concurrence sur la ligne Paris-Moscou était minimale, puisque les deux seules compagnies à voler en direct (Air France et Aeroflot) travaillaient « aile dans l’aile » grâce à des accords de partage de
codes. Les deux compagnies sont membres de l’alliance SkyTeam. La situation pourrait changer car, selon le quotidien Kommersant, Aeroflot est mécontent des conditions imposées par les partenaires de SkyTeam (surtout venant de Delta Airlines) et envisage de rejoindre Star Alliance, l’union dominée par Lufthansa. Transaero ne fait partie d’aucune alliance et sa stratégie ne prévoit pas d’en rejoindre. La concurrence n’a donc aucune raison de diminuer sur la ligne Pa-
ris-Moscou, mais rien ne garantit une guerre des prix. L’accord intergouvernemental ne donne ni à Transaero ni à son partenaire Aigle Azur la possibilité d’augmenter la fréquence de leurs rotations, qui sont actuellement réduites à un vol quotidien. Air France et Aeroflot ont chacune cinq rotations par jour. Pour augmenter la rentabilité de la ligne, qui affiche un taux de remplissage très élevé, Transaero parie donc sur la montée en gamme de ses services.
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Dossier
Reportage Après Tchernobyl, les Russes ont voulu faire de la centrale de Rostov un modèle de sécurité. Une leçon après Fukushima ?
Le nucléaire sans danger : de l’utopie à la réalité, le pari
EN CHIFFRES
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gigawatts de nouvelles capacités nucléaires seront mis en exploitation dans le monde d’ici l’année 2020.
MARINA OBRAZKOVA POUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
La centrale nucléaire abandonnée de la ville de Chtchelkino, en Crimée, est un monument marquant d’une époque révolue de l’énergie nucléaire. La construction a été « gelée » en 1986, après l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl. L’ambiance désertique du chantier abandonné a inspiré plus d’une personne : Kazantip – le plus grand festival de musique électronique et de danse de l’exURSS – a régulièrement eu lieu ici, et le réalisateur Bondartchouk a tourné ici son film L’île habitée. Parfois quelques touristes s’aventurent à Chtchelkino, mais elle reste quand même une centrale fantôme.
Quelques centaines de kilomètres plus loin, sur l’autre rive de la mer Noire, non loin de Volgodonsk, se situe la centrale nucléaire de Rostov, qui emploie à ce jour plus de 5 000 personnes. Cette centrale alimente en électricité toute la région. Sa construction a également eu lieu à l’époque de la catastrophe de Tchernobyl, mais les pouvoirs publics en ont tiré d’autres conclusions : au lieu de mettre fin au projet, la centrale a été équipée des systèmes de sécurité les plus fiables. Après la tragédie de Fukushima, certains analystes annonçaient que les jours de l’énergie nucléaire étaient comptés et que les centrales nucléaires étaient vouées à connaître le sort de la centrale de Chtchelkino. Pourtant, le nucléaire connaît un nouvel essor : sur 20 pays leaders dans la production de gaz, 15 ont lancé des programmes de développement du secteur nucléaire. Selon les estimations de
ITAR-TASS
© RIA NOVOSTI/GRIGORY SYSOEV
Le monde a besoin d’une source d’énergie fiable et peu chère. La centrale nucléaire russe de Rostov est un exemple de réponse à cette problématique.
Pas de sûreté à 100%, mais tout faire pour « s’en rapprocher ».
conçu pour résister à un tremblement de terre de magnitude 9 sur l’échelle de Richter, explique Alexandre Polouchkine, le directeur de l’ingénierie chez Rosenergoatom, une filiale de Rosatom. Il souligne que les nouvelles technologies permettent à la centrale de fonctionner normalement
Rosatom, vers l’année 2020, 460 gigawatts de nouvelles capacités nucléaires seront mis en exploitation dans le monde (à titre de comparaison : une grande ville occidentale ne consomme pas plus d’un gigawatt). Le réacteur le plus récent de la centrale nucléaire de Rostov a été
Lancement du troisième réacteur en 2013 à Rostov, la centrale « la plus sûre » au monde selon Rosatom même en cas de longue coupure d’électricité. En outre, le nouveau modèle est moins cher à produire que ses prédécesseurs. Il devient de plus en plus évident que l’énergie nucléaire occupera bientôt une place centrale dans le système énergétique mondial. Il faut également tenir compte de la croissance de la consommation énergétique de la part des pays en développement. Une centrale nucléaire peut remplacer cinq centrales thermiques pour ce qui est de la quantité d’énergie produite à rejets équivalents. « Si quelque part il existe une possibilité d’extraire du gaz de schiste au prix de 30-50 dollars/mètre cube, alors il n’est pas nécessaire d’y construire une centrale nucléaire, explique le directeur général de Rosatom, Sergeï Kirienko. De la même façon, auparavant on n’en construisait pas à côte des bassins miniers ».
Ce qui est important, c’est la stabilité du prix, poursuit-il. « Je me souviens bien de la fin des années 90, quand le prix du pétrole est descendu au-dessous de 9 dollars le baril. Nombreux étaient les experts qui pensaient que son prix ne franchirait pas la barre des 20 dollars ». Kirienko rappelle qu’en 2008, plusieurs spécialistes ont émis l’idée que, dans un avenir proche, le prix du pétrole ne descendrait pas au-dessous de 150 dollars. Le chef de Rosatom note que l’énergie nucléaire permet de garantir la stabilité des prix tout au long des 60 ans d’exploitation du réacteur. Alexandre Moskalenko, président du groupe de sociétés G.C.E (Gorodskoj Centr Expertiz) estime que le préjudice lié à l’énergie nucléaire est insignifiant, par rapport à ceux causés par la plupart des autres sources d’énergie. « Une centrale nucléaire ne rend pas inexploitables de vastes terrains agricoles comme un barrage hydro-électrique, explique-t-il. Les centrales électriques à charbon avec leurs rejets de matières cancérigènes sont le danger numéro un pour l’homme et l’environnement, par rapport aux autres sources d’énergie disponibles. L’énergie nucléaire est donc une alternative relativement inoffensive ». Et de constater que « la demande en énergie croît toujours aussi vite et l’humanité ne peut renoncer à cette source-là. Car nous n’aurons pas d’énergies de substitution à l’énergie nucléaire pour les 100 ans à venir et, dans certains pays, les centrales nucléaires satisferont jusqu’à 80 % de la demande ». L’accident sur la centrale nucléaire de Fukushima a fortement incité les constructeurs de réacteurs nucléaires de la région à privilégier la sécurité, ajoute Moskalenko, et toute la branche est actuellement focalisée sur la minimisation des risques. « Aucun réacteur ne peut être sûr à 100%, de même qu’aucune voiture ne peut l’être, fait-il remarquer. Nous ne pouvons que perfectionner le niveau de sécurité afin de répondre à la demande croissante en énergie. Pour cela, les améliorations correspondantes sont nécessaires. Notre but reste de nous rapprocher, autant que possible, des 100% de sûreté ». larussiedaujourdhui.fr/ tag/nucléaire
Innovation Des experts français et américains rejoignent le projet russe de recherche sur un réacteur à neutrons rapides
Pour reprendre le flambeau de Super-Phénix ALEXANDRE EMELIANENKOV LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Les grandes lignes du projet ont été dévoilées fin juin à Saint-Pétersbourg dans le cadre de la conférence internationale sur le thème de « l’énergie nucléaire au XXIème siècle », organisée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Représentant le pays organisateur, le gouvernement russe s’est associé à l’événement avec la participation de l’entreprise d’État Rosatom. Dans le même temps, se déroulait à St-Pétersbourg également le Forum de l’industrie nucléaire « Atomexpo 2013 », rassemblant les dirigeants des principales entreprises internationales opérant sur le marché du nucléaire. L’une des perspectives les plus prometteuses évoquée par de
nombreux experts au cours des débats concerne la technologie des réacteurs à neutrons rapides de quatrième génération. Celleci permet de concevoir des installations nucléaires munies de systèmes de sécurité internes fonctionnant avec un circuit fermé d’approvisionnement en
L’occasion de réaliser des travaux ne pouvant plus se faire en France depuis l’abandon du projet « Phénix » combustible, éliminant ainsi le problème des matières premières d’uranium tout en se conformant au régime de non-prolifération nucléaire. Des travaux de recherche scientifique et des projets expérimentaux dédiés aux réacteurs rapides ont été conçus et utilisés dans de nombreux pays dont la Russie, les États-Unis, la France (projet « Superphénix ») et le
Japon. Avec l’assistance technique de la Russie, un premier réacteur expérimental à neutrons rapides à été lancé il y a un an en Chine. L’Inde poursuivent actuellement ses efforts dans la même direction. Jusqu’à maintenant, les réacteurs à neutrons rapides ne sont pas parvenus à concurrencer les réacteurs à neutrons thermiques classiques en ce qui concerne les coûts de construction et le prix de l’électricité produite. Au cours de la deuxième journée de la conférence de l’AIEA et du forum « Atomexpo », les délégués de la Russie, des ÉtatsUnis et de la France ont signé un protocole d’accord portant sur l’utilisation des capacités du réacteur rapide expérimental polyvalent (MBIR) à neutrons rapides. Le réacteur sera construit à l’Institut de recherche sur les réacteurs nucléaires de Dimitrovgrad. Le coût total du projet s’élève à 380 millions d’euros. Selon Viatcheslav Perchoukov, directeur adjoint de Rosatom en
Le point de vue officiel russe
SERVICE DE PRESSE
Comme dans le cas de la Station spatiale internationale (SSI), des chercheurs de différents pays se regroupent pour élaborer les technologies nucléaires du futur à usage civil.
Le coût total du projet s’élève à 380 millions d’euros.
charge de l’innovation, la Russie peut tout financer elle-même. Avec une capacité nominale de 150 mégawatts, il s’agira du réacteur expérimental le plus puissant au monde. Christophe Béhar, représentant du Commissariat français à l’énergie atomique et signataire pour son pays du protocole d’ac-
cord a déclaré : « La Russie aurait pu mener à bien ce projet seule, mais a choisi d’instaurer une coopération fructueuse avec de nombreux pays. Pour nous, ce sera l’occasion de conduire des expériences et des travaux de recherche impossible à réaliser en France depuis l’abandon du programme « Phénix ».
Au forum de Saint-Pétersbourg, le Vice-Premier ministre Dimitri Rogozine a déclaré que pour la Russie, le nucléaire civil ne se limitait pas aux centrales nucléaires mais concernait également l’espace, la médecine, les nouvelles technologies de l’information et les super ordinateurs. Il s’agit aussi d’un savoir-faire purement russe : la flotte de brise-glaces nucléaires qui connaît aujourd’hui une véritable renaissance. Dmitri Rogozine a indiqué que la production d’électricité d’origine nucléaire avait atteint un record en 2012, avec 177,3 milliards de kw/h, soit 16% de la production totale d’électricité. Aujourd’hui la Russie compte 33 réacteurs en fonctionnement. Neuf nouvelles unités réparties sont en cours de construction en Russie, et 19 en dehors.
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Voyages
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La « Suisse russe » livre ses trésors Le peuple bachkir, semi-nomade et islamisé depuis le XXème siècle, s’est fixé principalement dans le sud de l’Oural. Les Bachkirs se vantent d’être le seul peuple de l’empire à n’avoir pas été soumis au servage. Désormais, c’est de la tyrannie du pétrole (60% de l’économie locale) qu’il faut s’affranchir. Diversifier avant qu’il ne soit trop tard. MarsYoulbarissov a fait fortune dans l’industrie ferroviaire et décidé de réinvestir tous ses profits un ambitieux projet de construction de plusieurs centres touristiques : un village vacances pour clients aisés prêts à payer 2 000 dollars la nuit et un hôtel de 50 chambres pour le grand public. « J’ai déjà investi 300 millions de roubles [7 millions d’euros] dans le projet en cinq étapes de village vacances ». Le district de Bourzianski, où résidaient ses ancêtres, offre des paysages splendides (il est surnommé la « Suisse russe »), une faune et flore susceptibles d’attirer les amateurs de nature sauvage les plus exigeants. Le long de la rivière blanche se trouve la grotte de Kapova, mesurant trois kilomètres de long et contenant des fresques rupestres du Paléolithique (14 500 ans) à ne pas manquer. Le Bashkortostan n’est pas mentionné dans la Bible. Mais c’est certainement la « république de Canaan » de la Fédération de Russie : le lait et le miel y coulent en abondance. Et le pétrole aussi, mais c’est une autre histoire. Le Bachkortostan est leader en Russie pour la production de lait, et son miel est, avec celui de l’Altaï, le plus réputé (voir ci-contre). Tous ces trésors recèlent un secret bien caché. Qui rêve de passer ses vacances au Bachkortostan ? Pour l’instant, seuls les Bachkirs eux-mêmes. « Nos principaux concurrents sont l’Égypte et la Turquie [destinations préférées des Russes], explique Oural Khalioulline, pionnier du tourisme dans sa région. 80% de nos touristes sont des Bachkires, les autres provenant des régions voisines et seuls 2 à 3% viennent de Moscou ou de l’étranger ». L’un des principaux freins au
EMMANUEL GRYNSZPAN(3)
SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE
Ci-dessus : une famille vivant de l’apiculture et du travail du bois. À droite : paysage typique du sud de la république, près de la frontière avec la région d’Orenbourg.
développement du tourisme est le déficit d’infrastructures de transport. Les routes sont en mauvais état. Pour rejoindre le district de Bourzianski depuis l’aéroport d’Oufa, il faut au moins trois pénibles heures de route. Interrogé sur l’amélioration du réseau routier, le chef du gouvernement bachkire Roustem Khamitov concède que les 500 millions d’euros dépensés chaque année ne vont pas résoudre le
Le Bashkortostan, ses paysages, son lait, son miel : un secret touristique encore trop bien gardé problème de sitôt. « Nous ne pouvons pas augmenter les taxes. Mais nous faisons appel à des sociétés de construction plus compétentes que par le passé ». Le gouverneur reste par ailleurs prudent sur le développement du tourisme. « Il ne va pas se produire de grands changements dans les cinq ans à venir ». Pendant que les officiels s’efforcent d’évaluer les perspectives du tourisme, une poignée d’entrepreneurs ont déjà posé les premiers jalons. « Nous comptons maintenant sur le programme
Pour s’y rendre Le vol Paris-Oufa avec une escale à Moscou dure au moins 7 heures. Compter 30 heures en train de Moscou à Oufa, pour un billet entre 60 et 130 euros.
Où se loger À Oufa, vous avez le choix entre le Posadskaya Hotel (tout récent), proche de la cathédrale Sergueevskii, ou le Bachkortostan Hotel (construit à l’époque soviétique), également dans le centre. Dans le sud de la République, optez pour le camping ou pour les auberges / bungalows. Renseignements auprès des agences locales : www. bashile.ru et www.capova.ru
fédéral pour le développement du tourisme, qui doit en principe prendre en charge le financement d’infrastructures pour les meilleurs projets », note M.Youlbarissov. Lui et ses collègues savent que cela risque de prendre beaucoup de temps. Il faut soit s’armer d’une patience infinie, soit tout faire soi-même !
Produit local rare et cher : le miel naturel grâce aux abeilles sauvages La Bachkirie est aujourd’hui le dernier lieu sur terre où se pratique encore la culture ancestrale du miel sauvage. SONIA BEKINA STRANA.RU
Afin de sauvegarder les abeilles sauvages de la région, la Bachkirie a créé la réserve de Shulgan-Tash et décidé, dans le même temps, de protéger la profession d’apiculteur de miel sauvage, ou « chasseur de miel ». La récolte du miel sauvage s’effectue en forêt. Elle exige de maîtriser les techniques de chasse et de repérer les prédateurs. D’autant que le danger de se retrouver nez à nez avec un ours existe bel et bien. Dans la culture du miel sauvage, l’apiculteur n’interfère à aucun moment dans le processus de production du miel, contrairement à la gestion humaine d’une ruche qui coinsiste à récolter en une saison le plus de miel possible par essaim et
où les abeilles domestiques remplissent avec une rigueur monacale les mêmes rayons plusieurs fois par an, comme dans une production à la chaîne. Les abeilles sauvages, en revanche, ne subissent aucune pression extérieure. Elles choisissent elles-mêmes leurs « appartements » et construisent les structures de la ruche à l’aide de matériaux naturels. Cela prend plus de temps, mais le résultat donne un miel non seulement plus pur et naturel, mais aussi bourré de vitamines, d’acides aminés et même d’hormones. Par ailleurs, le miel sauvage n’est récolté qu’une fois dans l’année, fin septembre, lorsqu’il est totalement mûr. Les ruches sauvages de Bachkirie sont réparties sur un immense territoire qui compte le parc national de Bachkirie, la réserve de Shulgan-Tash et le parc national d’Altyn-Solok, situés à seulement quelques kilomètres les uns des autres. Shul-
Le miel le plus cher du monde.
gan-Tash en accueille le plus grand nombre, soit près de 400 sur une superficie de 220 km2. Le miel sauvage de Bachkirie est le plus cher du monde : 50 euros le kilo dans les boutiques de la réserve, ou dans le village qui jouxte le parc national d’Altyn-Solokle, mais entre 120 et 200 euros à Moscou.
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Opinions
LA LEÇON D’UNE ÉCOLE FRANÇAISE Maxime Bouïev POLITOLOGUE
À
l’horizon 2020, le Président Poutine a fixé l’objectif de faire entrer au moins cinq universités russes dans les 100 premiers établissements de l’un des trois classements mondiaux. À cet effet, l’État sélectionnera un petit groupe d’écoles supérieures qui recevront les ressources nécessaires à leur développement. Avec le temps, cette stratégie devrait permettre dans une certaine mesure de consolider le potentiel scientifique et enseignant de plusieurs bons établissements. Problème : la réforme des « dinosaures » existants relève d’un processus long et pénible qui ne requiert pas que de l’argent. Pour se faire une place dans les classements mondiaux, les établissements russes devront recruter sur le marché universitaire international des centaines de professeurs, chercheurs et administrateurs. Ce qui impliquera, par voie de conséquence, soit un surdimensionnement des dits établissements, soit la nécessité d’une réduction notable du personnel d’encadrement. Dans la première hypothèse, les universités se transformeront en mastodontes sclérosés sur le terrain de la science et de l’enseignement. Ou bien, on fera face à la frustration croissante des personnels renvoyés par défaut de compétitivité. De plus, une stratégie agressive de transfert des principaux cerveaux d’une institution à une autre – « les champions nationaux » – ajoutera au mécontentement dans le milieu universitaire à l’heure où la coopération des matières grises d’un établissement à l’autre marche déjà très mal en Russie. Prenons l’exemple des sciences économiques à Saint-Pétersbourg. Des programmes plutôt médiocres d’ac-
BIOPICS : CINÉMA AU SERVICE DE L’ ÉTAT Andrei Arkhangelski CRITIQUE
L
e cinéma russe connaît une nouvelle mode : les biopics - des films biographiques sur des célébrités. Les exemples les plus frappants sont deux films sur les personnalités cultes des années 1970, le chanteur Vladimir Vyssotski (Vyssotski, merci d’être en vie, 2011) et le hockeyeur Valeri Kharlamov (Légende № 17, 2013). Une biographie du premier homme envoyé dans l’espace,Youri Gagarine, Le premier vol, est également sortie en 2013. Les films sur le gardien de but (de foot) Lev Yachine et le lutteur Ivan Poddoubni sont en cours de réalisation. Cette mode n’est pas tant motivée par des considérations commerciales que par des intérêts idéologiques. Étant donné que la quasi-totalité des films russes actuels sont réalisés avec l’apport financier de l’État (entre 10 et 100% du montant), le pouvoir dispose de leviers d’influence sur les producteurs et les réalisateurs. Le cinéma russe a été chargé d’une mission : créer l’équivalent de Hollywood. L’idée est née au moment de la sortie du film de Steven Spielberg, Il faut sauver le soldat Ryan. Dix ans durant, l’objectif suprême des réalisateurs russes est de « créer un film comme celui de Spielberg, mais sur les Russes ». Le
pic des espérances a été nourri par la sortie de Soleil trompeur 2 (2010, 2011), de Nikita Mikhalkov. Mais le film fut un échec commercial et recueillit des critiques très négatives en raison de la verbosité et des hypothèses fantasques du réalisateur. Lorsqu’il devint clair que rivaliser avec Hollywood est impossible, un recentrage sur le marché intérieur fut décidé : les préférences iraient à la promotion de « l’unité de la nation ». La recherche de thèmes capables d’émouvoir aussi bien les anciennes générations de Soviétiques que celles qui ont grandi dans la Russie démocratique a remis au goût du jour le thème de la guerre. Les adaptations cinématographiques des conflits, depuis la guerre russo-turque jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, incarnent la tendance du nouveau cinéma patriotique des années 2000. Des centaines de films et de séries traitent de ce thème, pour la plupart sans connaître de succès commercial ou de grandes audiences. Le public se lasse petit à petit de ce type de films. Selon les enquêtes de la Movie Research Company, au premier semestre de l’année 2011, le cinéma russe a enregistré une baisse d’audience de 29% (par rapport aux chiffres de la même période de l’année précédente). Selon les estimations du magazine Iskusstvo kino, en 2014 les films russes ne recueilleront que 10% des re-
cettes de l’industrie. Aucun film sur la guerre n’a été rentable en Russie (à l’exception de la Forteresse de Brest, 2011). La guerre n’intéresse plus le public. Suite au succès inattendu de Légende № 17, l’adaptation de
Mission du cinéma russe : les productions subventionnées doivent promouvoir « l’unité de la nation »
La morale des biopics russes est particulière : pour être célèbre et respecté, il faut collaborer avec l’État biographies de personnalités célèbres apparaît comme la planche de salut du cinéma populaire russe. La première tentative du genre fut Amiral (2008), le film sur l’amiral Koltchak, chef des forces antibolchéviques lors de la guerre civile en Russie, suivi de Vyssotski, merci d’être en vie. Pourtant, la biographie de Valeri Kharlamov n’est pas tant un biopic qu’un film sur l’opposition de deux systèmes, l’américain et le soviétique, le héros principal du film n’étant qu’un
rouage mineur de la Guerre froide. La biographie récente du premier homme dans l’espace, Youri Gagarine, est sortie plus d’un demi-siècle après son vol. Le film n’a pas rencontré un grand succès commercial en raison d’une promotion insuffisante à la télévision mais surtout à de l’inconsistance artistique du film. Gagarine est présenté comme une icône complètement dénuée de toute humanité. Vladimir Poutine intervient en encourageant l’idée de réaliser un film sur le célèbre gardien de l’équipe de football d’URSS, Lev Yachine, à l’initiative de la direction du projetVTB Arena Parc avec le soutien de la banqueVTB. La réalisation débutera en 2014, la sortie est prévue en 2017. Andrei Peregoudov, vice-président senior de la banque VTB, en charge du projet VTB Arena Parc, explique ainsi sa vision : «Parmi les derniers films que j’ai vus, celui sur Gagarine m’a le plus impressionné. J’aimerais que le film surYachine puisse procurer des émotions aussi fortes ». Selon Peregoudov, suite à de longues négociations, la veuve du gardien de but,Valentina Yachina, a accepté de participer au projet en tant que consultante. Le genre biopic est tout à fait légitime. Des centaines de films de ce type sont tournés en Occident sur des basketteurs, des peintres, des écrivains et d’autres personnalités de premier plan. Avec une différence non négligeable. L’idée, derrière les biopics occidentaux, est de montrer à quel point il est important d’être libre et croire en soi pour réussir. La morale des biopics russes est tout autre : pour être célèbre et respecté, il faut collaborer avec l’État. L’auteur est culturologue et critique de cinéma.
LU DANS LA PRESSE LE CAS SNOWDEN S È ME L’EMBARRAS ENTRE MOSCOU ET WASHINGTON Coincé à Moscou depuis sa spectaculaire échappée de HongKong, le « lanceur d’alerte » Edward Snowden a multiplié les demandes d’asile (acceptées par des pays d’Amérique latine) pour échapper à son extradition vers les États-Unis. « La Russie ne livre jamais personne et n’a pas l’intention de le faire », a fait savoir Vladimir Poutine, tout en appelant l’ancien consultant de la NSA à cesser de « faire du tort » aux Américains. Préparé par Étienne Bouche
UN ARBITRAGE RUSSE DÉLICAT
UN CAMOUFLET POUR LES ÉTATS-UNIS
UN IMPACT À RELATIVISER
Éditorial NEZAVISSIMAÏA GAZETA / 02.07
Éditorial GAZETA.RU / 28.06
Éditorial Andreï Smirnov et Nikolaï Zimine ITOGI / 01.07
Du point de vue de l’image, c’est une histoire ennuyeuse, car il n’y a pas de bonnes solutions. Livrer Snowden aux Américains ? Les défenseurs des droits de l’homme et une bonne partie de la presse, bienveillants à l’égard de l’ancien collaborateur de la NSA, n’approuveraient pas ce choix. Lui accorder l’asile ou le laisser rejoindre l’Équateur ? Personne n’y verrait une position de principe, mais au contraire un geste d’anti-américanisme primaire. La résolution du problème traîne. On a mis la Russie sur un lit très étroit, et désormais elle ne cesse de se retourner à la recherche de la position la plus confortable.
Ce scandale s’est déporté en terrain russe au moment même où l’insistance des Américains s’intensifiait. Le Kremlin a accepté de devenir le principal adversaire de la Maison Blanche. Le fait que l’administration Obama ait admis, ou plutôt qu’elle n’ait pas réussi à empêcher la mutation de cette affaire en scandale mondial, lui est extrêmement dommageable. Alors qu’elle critique en permanence Poutine sur les violations des droits de l’homme, elle est aujourd’hui contrainte de le supplier d’extrader un ancien agent ayant révélé les détails de l’intrusion de ses propres autorités dans la vie privée des autres.
La Russie n’a pas de raisons de remettre Snowden. Premièrement, cet incident ne peut pas dégrader les relations entre Moscou et Washington. Après l’adoption de la « liste Magnitski » et de sa réponse russe, la « loi Dima Yakovlev », les rapports entre les deux pays sont proches du point de congélation. Deuxièmement, la fuite d’un agent vers le territoire d’un ennemi potentiel est quelque chose de courant. Troisièmement, il ne faut pas oublier que Snowden est chez nous de passage. Il ne comptait pas demander l’asile à la Russie. Par conséquent, Moscou a parfaitement le droit d’affirmer qu’elle n’est pas concernée.
L’auteur est professeur à l’Université européenne de Saint-Pétersbourg. Article initialement publié dans Vedomosti
ALEXEÏ IORSH
ALEXEÏ IORSH
cès au mastère d’économie poussent comme des champignons dans les différentes universités de la ville, de plus en plus budgétivores, sans qu’on prenne le temps de se pencher sur la création d’un outil unifié et compétitif au niveau international. Selon Jacques-François Thisse, économiste en poste à l’antenne pétersbourgeoise de l’École supérieure d’économie, cette situation n’est pas propre à la Russie, car on la retrouve en France. Pour autant, les Français ont su restructurer la recherche et la coopération dans les sciences sociales par le regroupement de différentes universités en centres de recherche pilotes supra-institutionnels. Ainsi fut créée notamment l’École d’Économie de Paris (EEP) en 2006, sans recourir au pillage des cerveaux ou aux réformes de longue haleine des mastodontes d’un autre âge. En sept ans, elle est entrée dans les 15 premières à l’échelle mondiale. Les établissements constitutifs de l’EEP continuent de délivrer leurs propres diplômes selon les mormes de leur système d’enseignement. Mais, sous l’égide de l’EEP, les étudiants ont désormais la possibilité d’être formés selon des programmes compétitifs auprès des meilleurs chercheurs et enseignants de différentes écoles de France. Sans froisser personne, l’EEP rapidement taillé la réputation d’un centre scientifique puissant qui offre un pôle de ralliement aux plus grands économistes du pays. Une stratégie à laquelle nous serions bien inspirés de réfléchir à notre tour.
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Culture
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CHRONIQUE LITTÉRAIRE
Art Le peintre Volodia Popov-Massiaguine, installé à Paris depuis treize ans, fait figure de Modigliani russe
L’allégorie du totalitarisme
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La beauté féminine vénérée sur la toile à la manière d’icônes russes Le rouge d’une grenade, les lignes gracieuses d’un visage ou d’un corps de femme illustrent les toiles de Volodia PopovMassiaguine, qui se partage entre la France et la Russie. MARIA AFONINA LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
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1, 3, 4 : Les peintures de Volodia Popov-Massiaguine à l’exposition Référence Moskva. 2 : Voldia Popov-Massiaguine : salut, l’artiste !
ANDREÏ PAVLOUCHINE (4)
« Les femmes m’inspirent », reconnaît franchementVolodia Popov-Massiaguine. Ses toiles en attestent. Un visage féminin, une forme féminine, un corps de femme dénudé, tout dans le beau sexe devient objet d’art pour le peintre. En cherchant un peu, on trouvera dans sa collection des tableaux représentants des modèles masculins, ses autoportraits et des portraits de son fils. Autre sujet de prédilection : la grenade juteuse. « Quelqu’un m’a dit que dans la Bible, Eve est tentée par Adam grâce à une pomme granuleuse. Il me semble que c’est peut-être une grenade, et non pas une simple pomme. Il y a dans ce fruit quelque chose de secret, de caché. Sa chair rappelle un cœur, le jus, du sang, un labyrinthe intérieur », indique l’artiste. Seules quelques couleurs semblent prévaloir dans ses travaux : le rouge, le noir, l’or. Le peintre lui-même, il est vrai, n’est pas enclin à une telle simplification. « J’essaie de trouver l’harmonie sur la toile, c’est en fonction de cela que je recherche les couleurs et la peinture, ex-
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plique-t-il. J’ai été inspiré en tant qu’étudiant par ces grands artistes comme Botticelli, Modigliani, Cranach. J’adore Mikhail Shemyakin, Andreï Gennadiev ». L’artiste ne nie pas les différentes influences exercées par diverses écoles artistiques sur son œuvre. « Au début des années 1990, mes peintures étaient plutôt de style abstrait, de Kandinsky au constructivisme de Miró ; au milieu des années 1990, j’ai commencé à m’intéresser aux gravures populaires. Et à la fin des années 1990, lorsque j’ai dé-
Repères biographiques Volodia Popov-Massiaguine est né en 1961 dans la ville de Mitchourinsk, dans l’oblast de Tambov. Il est diplômé de l’Académie d’art industriel de Moukhina (faculté de peinture monumentale). Depuis 2000, il vit et travaille à Paris. Il est membre de la Maison des artistes en France.
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ménagé en France, mon art est devenu plus figuratif. Aujourd’hui, mon style change encore. Ces deux dernières années j’ai essayé d’utiliser d’anciens travaux pour faire de nouveaux tableaux et me lancer dans d’autres créations graphiques ». Voilà déjà treize ans que le peintre vit et travaille à Paris avec sa femme française et sa fille. Il se rend cependant souvent en Russie et pas seulement pour des expositions. À Riazan, il possède un studio où il a créé la plupart de ses œuvres.
Tout en rappelant Modigliani, le style de Popov-Massiaguine n’est pas sans évoquer la peinture d’icônes. Une image est créée sur un carton, puis reproduite et peinte. Et la représentation des femmes n’est pas en contradiction avec l’inspiration iconographique : « Je peins des femmes parce que je vois en elles leur rayonnement plastique et leur beauté divine », élabore l’artiste russo-parisien qui, à la fin de l’année, envisage de prendre part à l’exposition « Art en capital » au Grand Palais.
Arts de la scène Verdi, Wagner et deux chorégraphes français (Lacotte et Maillot) au programme du Bolchoï
Le Théâtre du Bolchoï a présenté son programme pour la saison prochaine : sept nouvelles productions, dont quatre opéras et trois ballets. PAUL DUVERNET LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Davantage de vedettes internationales, et – on l’espère – moins de scandales. Des grands classiques réclamés depuis longtemps par le public (Cosi fan Tutte, Don Carlo, Der fliegende Holländer en ce double centenaire de la naissance de Verdi et de Wagner ), des grands noms de la danse, mais point d’aventures contemporaines. La direction d’Anatoli Iksanov, marquée ces dernières années par quelques scandales retentissants (détournements de fonds, agression à l’acide contre le danseur Sergueï Filine et éviction d’un autre danseur, Nikolaï Tsiskaridze), veut
flatter les goûts conservateurs du public moscovite, et faire le moins de vagues possible. La 238ème saison du théâtre lyrique va démarrer le 17 septembre prochain. Elle verra passer de nombreuses troupes étrangères. M. Iksanov a promis de ramener sur la scène historique les deux plus grandes stars lyriques russes de la décennie : Anna Netrebko et Dmitri Khvorostovski, que le public réclame depuis longtemps. Dans quels spectacles ? Il faudra encore patienter pour le savoir. L’axe franco-russe sera particulièrement actif la saison prochaine en matière chorégraphique. Du 21 au 24 septembre, la troupe de l’Opéra de Paris dansera le ballet pantomime Paquita, une espagnolade signée Pierre Lacotte. Le chorégraphe français reviendra en novembre pour faire danser cette fois le bal-
© RIA NOVOSTI/VLADIMIR VYATKIN
Des valeurs sûres pour le public moscovite
La salle du Bolchoï Théâtre.
J.-Christophe Maillot présentera sa Mégère apprivoisée spécialement créée pour la troupe du Bolchoï
let du Bolchoï sur Marco Spada, ou la Fille du bandit, un ballet sur une musique d’Auber, « la plus brillante personnification du génie musical français », selon Ernest Reyer. Fée dépoussiérante du grand répertoire français, Pierre Lacotte présentera une
nouvelle rédaction d’un spectacle recréé spécialement pour Rudolf Noureev par l’Opéra de Rome en 1981. Le Bolchoï aura des droits exclusifs pour cinq ans sur ce spectacle. En fin de saison, en juillet 2014, ce sera au tour du chorégraphe hexagonal Jean-Christophe Maillot de présenter sa Mégère apprivoisée, spécialement créé pour la troupe du Bolchoï. Le théâtre verra aussi passer le ballet royal du Royaume-Uni avec Manon, Raven Girl et Danse à grande vitesse. L’Américain John Neumeier créera en mars 2014 sa Dame aux camélias à Moscou, un spectacle qui sera indubitablement l’un des moments forts de la saison. Dernier mot sur la danse : M. Iksanov a annoncé le retour imminent de l’enfant prodige Alexeï Ratmanski, parti à New York au grand dam des amateurs éclairés.
TITRE : 23 000 ÉDITION : DE L’OLIVIER AUTEUR : V. SOROKINE
Dans 23 000, dernier volume de la Trilogie de la Glace, comme les dans précédents La Glace et La Voie de Bro, publiés par les éditions de l’Olivier, Vladimir Sorokine relate l’épopée de la Confrérie de la Lumière. Bro, fondateur de la secte, a découvert en Sibérie les pouvoirs de la glace de la météorite de Tunguska, tombée en 1908 et depuis source d’autant de légendes que de recherches scientifiques. Le cœur de Bro s’est éveillé, il a perçu qu’il devait créer la Confrérie de la Lumière et retrouver ses 23 000 frères et sœurs. Pour qu’à leur tour leur cœur s’éveille et se mette à parler, leur poitrine doit être violemment heurtée avec un marteau de glace. Ainsi des êtres humains, impérativement blonds et aux yeux bleus, prennent conscience qu’ils sont des êtres élus, incarnations de la lumière première. Les élus, membres de la secte apocalyptique, sont dénués de toute compassion pour les humains qu’ils qualifient aimablement de « machines de chair ». Ils avancent dans leur quête, dévastant tout sur leur passage pour arracher un à un leurs frères à la vie terrestre fallacieuse. Dans 23 000, la secte s’est désormais infiltrée partout dans le monde, de Tokyo à New York, en passant par Israël ou Hongkong. Les 23 000 frères de la lumière presque tous identifiés doivent former ensemble un cercle. Alors leur cœur parlera et dira 23 fois les 23 mots secrets. La Transfiguration fera d’eux le rayon lumineux originel tandis que la terre, cette « Grande Erreur », disparaîtra. Vladimir Sorokine, dont on connaît la virtuosité dans sa parodie des grands auteurs russes, joue là encore de toute une palette de styles. Faisant alterner les moments de suspense, les passages d’une brutalité burlesque, avec les discussions littéraires, les récits de vie, les envolées mystiques, il déstabilise en permanence le lecteur qui bute sur la langue autant que sur la réalité qu’elle décrit. Le fait de prendre comme parti pris narratif le point de vue des membres de la secte et de leur psychose collective ajoute au malaise. Non seulement le lecteur n’a aucune vérité alternative à laquelle s’accrocher, mais il doit aussi arriver à mettre à distance ce que l’auteur lui donne à voir : un monde brutal, absurde, où surgissent toujours des totalitarismes absurdes eux-aussi que Vladimir Sorokine, inlassable provocateur, s’acharne à dénoncer tout en se refusant à tout didactisme, à toute connivence entre l’art et l’idéologie. Christine Mestre larussiedaujourdhui.fr/ 24033
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Magazine
Sport Une équipe aux couleurs russes
Tours et retour
Tour 2013 : Katusha en selle avec l’esprit patriotique
Katusha, équipe de cyclisme professionnel sur route créée en mai 2008 avec le soutien des sociétés Itera, Gazprom et Rostekhnologia, s’est sortie d’un vilain « tour ». L’an passé, contre toute attente, elle s’est vue refuser sa licence en vue de l’UCI World Tour 2013. Le 10 décembre, l’Union cycliste Internationale (UCI) a publié la liste des équipes admises à participer au World Tour 2013, liste dont Katusha était exclue alors que sa licence était valable jusqu’en 2015. Le 15 février 2013, toutefois, le Tribunal arbitral du sport (TAS) a rendu à l’équipe russe sa licence pour le World Tour, et donc le droit de disputer les courses cyclistes les plus prestigieuses de la planète. L’équipe est composée de 28 coureurs, dont 17 ressortissants russes.
ALEXANDRE ERASTOV LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
EN CHIFFRES
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C’est le nombre de victoires (dont 16 au World Tour) remportées en 2012 par les coureurs de Katusha, qui ont enlevé 51 prix (dont 21 au World Tour).
AFP/EASTNEWS
Katusha n’est pas une équipe comme les autres. Notamment parce qu’elle ne porte pas le nom de son sponsor. (russe) Katusha, c’est à la fois un surnom féminin, une célèbre chanson populaire et un non moins fameux lance-roquette de la Seconde Guerre mondiale. C’est surtout une équipe de coureurs russes en majorité, qui participe à l’édition anniversaire du Tour de France dont l’arrivée est prévue le 21 juillet. Avec à sa tête l’Espagnol Joaquim Rodriguez déjà primé dans deux autres grandes épreuves, le Giro d’Italia (vicechampion 2012) et la Vuelta a España (troisième en 2012). « Pour le Tour de France, Katusha positionnera son équipe la plus forte, a déclaré avant le départ le directeur sportif de l’équipe, Valerio Piva. Son chef de file sera Joaquim Rodriguez qui se battra pour une place au classement général, ce en quoi il sera soutenu par de solides grimpeurs, Alberto Losada, Iouri Trofimov et, bien sûr, Daniel Moreno, le numéro deux de l’équipe. Il y aura aussi des routiers capables d’épauler et de défendre notre leader dans les étapes de plaine, à savoir Pavel Brutt, Gatis Smukulis, Alexandre Koutchinski et Édouard Vorga-
nov. J’espère que ces coureurs fourniront un bon travail aussi bien sur le plat qu’en équipe et dans les échappées. De plus, Katusha compte un excellent sprinter, Alexandre Kristoff. Le Tour de France, c’est une course de trois semaines, et chaque étape a son importance. Nous avons bien travaillé la plupart des étapes clés, à commencer par les courses individuelles. Je considère donc que Katusha est prête à se battre ». Pour l’édition du centenaire, les organisateurs de la Grande Boucle ont concocté le parcours le plus difficile de ces dernières années. Les coureurs auront été mis à l’épreuve dès les trois premières étapes disutées en Corse. Les huitième et neuvième étapes auront amené le peloton dans les Pyrénées, site de la première grande bataille pour le maillot jaune de ce Tour de France anniversaire. À la veille du Tour, Viatcheslav Ekimov, triple champion olympique et directeur général de Katusha, a confié ses attentes à La Russie d’Aujourd’hui : « Le Tour de France est la course cycliste la plus importante. Nous donnons la priorité à notre leader Joaquim Rodriguez. Toutes les forces seront mobilisées à son profit. Par ailleurs, trois coureurs russes auront un rôle majeur : Iouri Trofimov, Édouard Vorganov et Pavel Brutt. Ce sera le groupe de soutien ». « Pour Rodriguez, dit Ekimov, ce Tour de France est l’occasion unique sinon de gagner, du moins d’avoir une place sur le podium
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Dans la centième édition de la Grande Boucle, l’équipe Katusha a choisi de courir sous les couleurs nationales plutôt que celles de ses sponsors : l’esprit patriotique avant l’argent.
Photo du haut : le leader de Katusha Joaquim Rodriguez emmène son équipe dans sa roue. Ci-dessus à gauche : Vladimir Karpets ; à droite : Pavel Brutt.
QUESTIONS & RÉPONSES
Tête-à-tête avec Pavel Brutt Qu’y a-t-il à craindre le plus dans une course ? L’accident, bien sûr. Quand arrive un carambolage et qu’il y a des blessés. Mais le pire, c’est la mort d’un coureur.
qu’un vainqueur, mais toute une équipe travaille à la victoire.
Vous êtes considéré comme un spécialiste du contre-la-montre. Comment faites-vous ? C’est vrai que le contre-la-montre est ma spécialité. Beaucoup de chefs de file se préparent spécialement à ce type de course.
Avez-vous le temps de visiter des sites dans tel ou tel pays, de goûter à la cuisine locale ? Côté visites, c’est plutôt non. Ou alors du coin de l’œil, pendant la course ou en allant à l’hôtel. Quant à la cuisine… Pour les grandes courses, en général, nous emmenons notre propre cuisinier. Il est responsable de notre nourriture. Notre médecin aussi donne des recommandations.
Le cyclisme est-il un sport d’équipe ou individuel ? Un sport d’équipe. Ça se vérifie toujours. C’est une spécificité. Il n’y a
Vous arrive-t-il de rêver que vous roulez à vélo ? Avant, oui. L’horreur ! Mais plus maintenant, et c’est tant mieux.
avec un contre-la-montre extrêmement court et extrêmement difficile où Joaquim a des chances de ne pas perdre grand-chose, et avec des étapes de montagne très dures où il pourra développer son avantage. Et puis il sera fortement soutenu par l’équipe dans les étapes de plaine. D’après les derniers tests, notre leader tient une superforme ». Au terme de l’année 2012, le chef de file de Katusha Joaquim Rodriguez – malicieusement surnommé « Purito » par les Espagnols – est devenu le meilleur cycliste professionnel du monde en supplantant le Britannique Braddley Wiggins de Sky, vainqueur du Tour de France et champion olympique, et le Belge Tom Boonen d’Omega PharmaQuick Step, héros triomphal du Tour de Flandres et du ParisRoubaix. « Purito » jouit d’une popularité folle en Europe. Quand un journaliste de La Rus-
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C’est le nombre total des prix à l’actif de Katusha (29 victoires, 30 deuxièmes places et 21 troisièmes places).
sie d’Aujourd’hui lui a demandé à quoi il devait l’amour de ses supporters, il a répondu : « Peutêtre à ma façon de rouler. Ils ont l’impression que je donne un spectacle. Ça s’explique aussi par le fait que j’ai beaucoup d’amis ». Quant à Katusha, au terme de l’année 2012, elle s’est hissée deuxième position du classement mondial. Jamais encore une équipe russe ne s’était inscrite dans le trio de tête. Seule Sky la domine désormais au palmarès mondial. Mais les coureurs de Katusha gardent la tête froide. Ce qui ne les empêche de s’amuser à se donner des surnoms. Si Rodriguez est devenu « Purito », soit « jeune taureau » en espagnol, le nom de Pavel Brutt fait évidemment penser à du champagne. La formule est toute trouvée pour fêter une victoire d’étape de Pavel : « Du champagne brut pour Brutt » !