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Bataille pour Moscou : David contre Goliath Le candidat du Kremlin domine le scrutin municipal, mais n'est pas à l'abri d'une surprise. P. 2

Dernier bastion de l’industrie russe Reportage dans une usine du champion international russe des hélicoptères. P. 4

Produit de Russia Beyond the Headlines

© ITAR-TASS

Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu Mercredi 4 septembre 2013

Tapis rouge pour les étudiants étrangers

Moscou veut redevenir un centre d'attraction pour les étudiants du monde entier. Former les élites étrangères est un excellent moyen de créer des réseaux d'influences. Mais la Russie veut aussi voir ses universités remonter dans les classements internatonaux. Aura-t-elle les moyens de ses ambitions ? LIRE EN PAGE 4

© SERGEY MIKHEEV

Découverte Reportage dans le sud de l’Oural

© ALAMY/LEGION MEDIA

Surnommé la « Suisse russe », le Bachkortostan, fort de ses richesses naturelles, développe discrètement son potentiel touristique, loin des sentiers battus. PAUL DUVERNET LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Lentement mais sûrement, le p e u p l e b a c h k i re re p re n d conscience de son identité nationale au sein de la Fédération de Russie. Et le tourisme est devenu pour un nombre croissant d’hommes d’affaires le moyen de valoriser le patrimoine régional

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Plus de lumière !

Le festival belge de musique classique rend hommage au maître soviétique dans une programmation consacrée à la mélancolie. Parmi les grands interprètes, Teodor Currentzis, directeur de l’Opéra ballet de Perm.

La 5ème édition de la Biennale d’art contemporain de Moscou ouvrira ses portes du 19 septembre au 20 octobre 2013. À cette occasion, la capitale se transforme en un espace de création artistique permanent.

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© ITAR-TASS

Le pays où coulent le lait et le miel

et d’accélérer le retour aux sources. « Tout a commencé par le désir de rendre hommage à mes aïeux », confie Mars Youlbarissov, entrepreneur. « L’idée m’est venue après avoir conçu un monument à la mémoire de mon ancêtre de sept générations, Kijnzya Arslanov. Je me suis dit qu’il fallait transmettre cette histoire à mes enfants. Ce faisant, j’ai progressivement réalisé qu’il était utile et nécessaire de faire connaître notre histoire au plus grand nombre ». Le peuple bachkir, semi-nomade et islamisé depuis le XXème siècle, s’est fixé principalement dans le sud de l’Oural. Les Bachkirs se vantent d’être le seul peuple de l’empire à n’avoir pas été soumis au servage. Désormais, c’est de la tyrannie du pétrole (60% de l’économie locale) qu’il faut s’affranchir. Diversifier avant qu’il ne soit trop tard. Mars Youlbarissov a fait fortune dans l’industrie ferroviaire et décidé de réinvestir tous ses profits dans un ambitieux projet de construction de plusieurs centres touristiques: un village de vacances pour clients aisés prêts à payer 2 000 dollars la nuit et un hôtel de 50 chambres pour le grand public. « J’ai déjà investi 300 millions de roubles [7 millions d’euros] dans le projet en cinq étapes de village de vacances ».

Russie au Klara Festival

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LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE SUPPLÉMENT RÉALISÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA ET DISTRIBUÉ AVEC

Politique & Société

Élections La mairie de Moscou est en jeu et le scrutin est nettement plus ouvert que d'habitude

OPINION

La bataille pour Moscou, c'est David contre Goliath

D'abord les problèmes sociaux

Le Kremlin veut voir son candidat remporter l'élection dès le premier tour pour démontrer son écrasante supériorité. Mais l'opposition lui envoie son champion dans les jambes.

ELLE L'A DIT

Olga Krychtanovskaya

YULIA PONOMAREVA SOCIOLOGUE ET ANCIEN CONSEILLER DU KREMLIN

LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

"

Le maire doit avant tout gérer les infrastructures. Il ne suffit pas d’être un bon orateur pour être un bon maire. Sobianine incarne la stabilité, il répare les infrastructures et construit de nouvelles routes. Au final, cela reviendra à choisir entre Poutine et l’opposition. "

À gauche, le maire sortant Sergueï Sobianine. À droite, l'opposant Alexeï Navalny.

Un récent sondage d’opinion conduit par l'agence Synovate Comcon montre que 63 % des moscovites souhaitent voter pour Sobianine, suivi par Navalny avec 20 % d’intentions

son ? « Le Kremlin et Sobianine craignent l'avenir », explique Lilia Shevtsova, analyste politique au centre Carnegie de Moscou. « Le gouvernement s'attend au mécontentement des moscovites dans un avenir proche, car la Russie entre en récession ». Un récent sondage d’opinion conduit par Synovate Comcon montre que 63 % des moscovites souhaitent voter pour Sobianine, suivi par Navalny avec 20 % d’intentions. Les autres candidats sont loin sous la barre des 10 %. Alexeï Navalny s'est fait

teurs comme étant à caractère politique. En juillet, il a été reconnu coupable du détournement de 377 000 euros au détriment d'une exploitation forestière à Kirov, où il était conseiller du gouverneur de la région en 2009, et condamné à cinq ans de prison. Sa condamnation au terme de ce procès très controversé a conduit des milliers de manifestants à protester dans les rues proches du Kremlin à Moscou. À la surprise générale, 24 heures seulement après la demande de son emprisonnement,

©PHOTOSHOT/VOSTOCK-PHOTO(2)

La course politique pour le contrôle de la capitale russe se résume désormais à un face-àface entre le maire sortant Sergueï Sobianine, soutenu par le Kremlin, et le leader de l'opposition Alexeï Navalny. L’élection du maire de Moscou le 8 septembre prochain sera la première en 10 ans : celle de 2004 avait été remplacée par une nomination présidentielle. Sobianine, 55 ans, a été nommé maire en 2010 pour succéder à Yuri Loujkov, limogé par le président de l’époque Dmitri Medvedev. Le nouveau maire a remplacé la quasi-totalité de l’équipe de son prédécesseur avec l’objectif affiché de moderniser la ville en redynamisant son système de transports et en améliorant les espaces publics, tâche à laquelle son équipe s’est activement attelée pendant la durée de son mandat. Âgé de 37 ans à peine, son challenger Alexeï Navalny représente u n e n o uv e l l e g é n é r a t i o n d'hommes politiques. Il a construit son ascension par son activisme sur le web et l'organisation de manifestations antigouvernementales. La course à la mairie de cette ville de 15 millions d’habitants devait initialement démarrer en 2015, à la fin du mandat de cinq ans du maire actuel. Mais Sergueï Sobianine, auparavant gouverneur d'une région pétrolifère et chef de l’administration présidentielle, a chamboulé les cartes en avançant les élections. La rai-

connaître par son blog dénonçant la corruption au sein des sociétés publiques. En 2010, il a formé une plateforme d’avocats, financée par un réseau participatif, afin de mettre au grand jour les fraudes sur les commandes publiques. Il assure que les enquêtes de sa fondation ont conduit à l’annulation de contrats d’État à hauteur de 1,5 milliards d'euros. Toutefois, au cours des 18 derniers mois, M. Navalny a été la cible d’une enquête criminelle jugée par beaucoup d'observa-

les procureurs sont retournés devant la cour pour demander sa libération pendant la durée de son appel. Cette libération lui a permis de prendre part à la course pour la mairie de Moscou. Du moins provisoirement. « C’est Sobianine qui a sorti Navalny de prison », affirme Igor Bounine, président du Centre des technologies politiques, basé à Moscou. « Le maire actuel veut montrer que ces élections sont transparentes et ouvertes pour que sa victoire soit légitime. C’est pour cela qu’il a libéré le principal blogueur russe ». Habituellement persona non grata à la télévision publique, principale source d’information pour 87% des Russes, Navalny saisit chaque occasion pour porter son message : mettre fin à la corruption permettrait de récupérer des centaines de millions de roubles pour le budget de la ville, argent qui pourrait ensuite bénéficier aux Moscovites. Lors d’un débat télévisé entre les candidats auxquels Sobianine a refusé de participer, Navalny a parlé de la corruption publique omniprésente. « La campagne de Sobianine est typique du gouvernement qui contrôle toutes les ressources, elle manque d’imagination et utilise la pression administrative, dit Mlle Shevtsova. Navalny utilise de nombreuses méthodes de campagne dynamiques, en ligne comme hors ligne, malgré ses ressources limitées ». Il a recueilli un total de 1,3 million d'euros de dons pour sa campagne et peut compter sur 14 000 volontaires qui distribuent des brochures et des journaux à travers la ville. Chaque jour, Navalny organise jusqu’à cinq réunions avec les électeurs en plein air à proximité des stations de métro dans différents quartiers de Moscou. Ce qui a commencé comme une campagne visant à légitimer Sobianine en tant que maire de Moscou a, petit à petit, légitimé Navalny en tant que son principal opposant. Reste à savoir si l'opposant sera emprisonné après l’élection, ce qui pourrait le transformer en prisonnier politique aux yeux de nombreux Russes.

Pavel Saline POLITOLOGUE

u point de vue de l'opinion, la situation des droits de l’homme ne s’est pas dégradée en Russie car la population nourrit des attentes sont différentes. Les lois protégeant les droits des croyants et interdisant la propagande de l’homosexualité n’intéressent pas l’immense majorité de la société. Pour les autorités, il est plus judicieux de débattre de ces questions que des sujets véritablement pressants comme la corruption et les services

D

L’opposition s'empare des thèmes sociaux. C'est le secret de la popularité du candidat Navalny publics communaux Les gens sont

préoccupés par la construction d’un État efficace au quotidien : éducation, santé, services publics, sécurité, immigration... La Constitution affirme que la Russie est un État social et c'est précisément à ce titre que la sauvegarde de ces droits est un sujet pressant. Les Russes sont sensibles aux droits acquis durant la période soviétique, comme la gratuité de l’enseignement et de la médecine. Mais ces droits sont aujourd'hui bafoués et l’opposition a commencé à s’emparer du sujet. Tel est le secret de la popularité du candidat au poste de maire de Moscou Alexeï Navalny : sur son blog, il a commencé à évoquer les intérêts financiers personnels, à parler des actionnaires minoritaires et de la corruption des fonctionnaires. La prochaine génération d’hommes politiques de l’opposition va sans aucun doute poursuivre cette ligne d'attaque.

ENTRETIEN AVEC HENRI MALOSSE, PRÉSIDENT DU CESE

Nommé il y a trois mois à la tête du Comité économique et social européen (CESE), Henri Malosse entend réconcilier les citoyens avec leurs institutions. Européen convaincu, il fait du rapprochement avec la Russie sa priorité. D’où vient votre intérêt pour la Russie ? J’ai suivi des études de sciences politiques, durant lesquelles je me suis beaucoup intéressé à l’Histoire de l’Europe, en particulier à la Seconde guerre mondiale et à la division du continent. Fan de Soljenitsyne, j’étais un activiste anticommuniste. J’ai même manifesté à Paris contre la venue d’Andreï Gromyko ! [ministre soviétique des Affaires étrangères, ndlr]. J’ai été aussi très actif à la fin des années 1970 en Pologne. La chute du système communiste m'a enthousiasmé : libérée de l’URSS, la Russie pouvait enfin se rapprocher de l’Europe.

ment surmonter ce climat de méfiance réciproque ? Je crois beaucoup au rôle de la société civile pour favoriser ce rapprochement. Il y a un double mouvement à développer pour faire tomber ces « phobies » réciproques : la « russophobie » d’un côté, « l’occidentalophobie » de l’autre. Ce sont des sentiments exploités à des fins politiques. Prenez l’exemple de la relation franco-allemande : dans les années 1960, le moindre village français était jumelé avec un village allemand. Les initiatives développées par ces partenariats ont, je crois, fait beaucoup plus pour le rapprochement des deux peuples que le traité de l’Elysée. Aujourd’hui, les sondages l’attestent : demandez à un Français de quel pays il se sent le plus proche, il vous répondra l’Allemagne, et inversement. La Russie doit commencer par faire ce même travail avec ses voisins, notamment avec les pays baltes.

Aujourd’hui, la Russie et l’UE entretiennent des relations tièdes. Com-

Dans quels domaines le CESE et la Chambre civique de la Fédéra-

© SERVICE DE PRESSE

« Construisons notre futur avec la Russie »

BIOGRAPHIE POSTE : PRÉSIDENT DU CESE ÉLU : LE 18 AVRIL 2013

Député du CESE depuis 1995, Henri Malosse a rédigé 50 rapports, dont une critique de la Directive Bolkestein. Il a inspiré la création des centres européens d’information pour les entrepreneurs.

tion de Russie peuvent-ils collaborer ? Nous travaillons sur un projet de contrôle civique du système pénitentiaire. Malheureusement, les prisons russes sont héritières du système du goulag. Il faut renforcer les associations de citoyens : je crois au rôle des visiteurs de prison pour rendre compte de la réalité, dénoncer les cas d’isolement injustifié et veiller au respect de la charte des Nations unies. Nous voulons également développer des échanges entre les écoles et les universités à travers un système de jumelage, pas seulement avec Moscou et Saint-Pétersbourg. Nous abordons également des sujets sensibles de société, comme la question des orphelins ou la lutte contre l’alcoolisme. Concernant la défense des droits de l’Homme, la Russie perçoit le discours de l’UE comme moralisateur. Cette posture ne complique-t-elle pas ce rapprochement ? Nous n’avons pas de leçons à donner, tout simplement parce qu’il

existe aussi des violations des droits de l’Homme dans des pays de l’UE. Dans ce domaine, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a une légitimité, donne son avis sur des plaintes déposées par des citoyens russes. Ce sont eux qui la sollicitent le plus. Cet accès direct des citoyens russes à cette institution permet d’éviter les avis de pouvoir. La Russie sort d’une période terrible.Vingt ans après, sa mue n’est pas encore achevée. Les responsables politiques de la Fédération portent une part de responsabilité en ne rompant pas radicalement avec le passé soviétique. Mais cela n’autorise pas l’UE à donner des leçons en permanence. La Russie vient d’adopter une série de lois controversées : pénalisation de l’outrage au sentiment religieux, de la « propagande des relations sexuelles non traditionnelles », loi sur les ONG… Qu’en pensez-vous ? C’est une crispation rétrograde, que j’espère uniquement conjoncturelle. Cela ne colle pas à l’idée que j’ai de la société russe, qui

évolue. Je crois qu’on ne peut pas stopper un mouvement de fond par des lois. L’idée d’interdire l’adoption d’enfants par des couples homosexuels étrangers me paraît grotesque, d’autant plus que la situation des orphelins est dramatique, une honte pour un grand pays comme la Russie. L’abolition du régime de visas entre la Russie et l’Union européenne ne semble plus d’actualité. Pourquoi ? C’est une question essentiellement politique. Les arguments techniques avancés sont des faux-semblants. Je pense que nous avons tout intérêt à supprimer ce système, nos relations s’en porteront d’autant mieux. Des millions de Russes viennent passer leurs vacances en Europe ! C’est une chicanerie, et cela n’a jamais empêché les mafieux de tout bord de circuler, ni empêché l’immigration clandestine. Au XXIe siècle, maintenir un tel système est une ineptie. Propos recueillis par Etienne Bouche, La Russie d'Aujourd'hui

LES SUPPLÉMENTS SPÉCIAUX ET SECTIONS SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILLIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX: • LE SOIR, BELGIQUE • LE FIGARO, FRANCE • THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • SÜDDEUTSCHE ZEITUNG, ALLEMAGNE • EL PAÍS, ESPAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE •DUMA, BULGARIE • POLITIKA, GEOPOLITIKA, SERBIE • THE WASHINGTON POST, THE NEW YORK TIMES ET THE WALL STREET JOURNAL, ÉTATS-UNIS • ECONOMIC TIMES, NAVBHARAT TIMES, INDE • MAINICHI SHIMBUN, JAPON • GLOBAL TIMES CHINE • SOUTH CHINA MORNING POST, CHINE (HONG KONG) • LA NATION, ARGENTINE • FOLHA DO SAO PAOLO, BRÉSIL • EL OBSERVADOR, URUGUAY • SYDNEY MORNING HERALD, THE AGE, AUSTRALIE • ELEUTHEROS TYPOS, GRÈCE • JOONGANG ILBO, CORÉE DU SUD • GULF NEWS, AL KHALEEJ, ÉMIRATS ARABES UNIS • NOVA MAKEDONIJA, MACÉDOINE. EMAIL : REDAC@LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE. POUR EN SAVOIR PLUS CONSULTEZ LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE. LE SOIR EST PUBLIÉ PAR SA ROSSEL ET CIE. RUE ROYALE. 100 - 1000 BRUXELLES - BELGIQUE . TÉL: 0032/2/225.55.55. IMPRESSION : ROSSEL PRINTING COMPANY SA. DIFFUSION : 94.800 EXEMPLAIRES


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Voyages

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La « Suisse russe » livre ses trésors

© EMMANUEL GRYNSZPAN(3)

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

Le district de Bourzianski, où résidaient ses ancêtres, offre des paysages splendides (on le surnomm la « Suisse russe »), une faune et flore susceptibles d’attirer les amateurs de nature sauvage les plus exigeants. Le long de la rivière blanche se trouve la grotte de Kapova, mesurant trois kilomètres de long et contenant des fresques rupestres du Paléolithique (14 500 ans) à ne pas manquer. Le Bachkortostan n’est pas mentionné dans la Bible. Mais c’est certainement la « république de Canaan » de la Fédération de Russie : le lait et le miel y coulent en abondance. Et le pétrole aussi, mais c’est une autre histoire. Le Bachkortostan est leader en Russie pour la production de lait, et son miel est, avec celui de l’Altaï, le plus réputé (voir ci-contre). Tous ces trésors recèlent un secret bien caché. Qui rêve de passer ses vacances au Bachkortostan ? Pour l’instant, seuls les Bachkirs euxmêmes. « Nos principaux concurrents sont l’Égypte et la Turquie [destinations préférées des Russes], explique Oural Khalioulline, pionnier du tourisme dans sa région. 80% de nos touristes sont des Bachkires, les autres proviennent des régions voisines et seuls 2 à 3% viennent de Moscou ou de l’étranger ». L’un des principaux freins au développement du tourisme est le déficit d’infrastructures de transport. Les routes sont en mauvais état. Pour rejoindre le district de Bourzianski depuis l’aéroport d’Oufa, il faut au moins trois pénibles heures de route. Interrogé sur l’amélioration du réseau routier, le chef du gouvernement bachkire Roustem Khamitov concède que les 500 millions d’euros dépensés chaque année ne vont pas résoudre le problème de sitôt. « Nous ne pouvons pas augmenter les taxes. Mais nous faisons appel à des sociétés de construction plus compétentes que par le passé ». Le gouverneur reste par ail-

Ci-dessus : paysage typique du sud de la république, limitrophe d’Orenbourg. À droite : une famille vivant de l’apiculture et du travail du bois.

Pour s’y rendre

leurs prudent sur le développement du tourisme. « Il ne va pas se produire de grands changements dans les cinq ans à venir ». Pendant que les officiels s’efforcent d’évaluer les perspectives du tourisme, une poignée d’en-

Le Bachkortostan, ses paysages, son lait, son miel : un secret touristique encore trop bien gardé trepreneurs ont déjà posé les premiers jalons. « Nous comptons maintenant sur le programme fédéral pour le développement du tourisme, qui doit en principe prendre en charge le financement d’infrastructures pour les meilleurs projets », note M. Youlbarissov. Lui et ses collègues savent que cela risque de prendre beaucoup de temps. Il faut soit s’armer d’une patience infinie, soit tout faire soi-même !

Le vol Bruxelles-Oufa avec une escale à Moscou dure au moins 7 heures. Compter 30 heures en train de Moscou à Oufa, pour un billet entre 60 et 130 euros.

Où se loger À Oufa, vous avez le choix entre le Posadskaya Hotel (tout récent), proche de la cathédrale Sergueevskii, ou le Bachkortostan Hotel (construit à l’époque soviétique), également dans le centre. Dans le sud de la République, optez pour le camping ou pour les auberges / bungalows. Renseignements auprès des agences locales : www. bashile.ru et www.capova.ru

Où se restaurer Le café Lido (94, rue Pouchkine) propose des plats bachkires. La carte du café Halal (85, rue Tsurupa) propose des plats typiques : samsa, lagman, plov, chourpa et autres plats traditionnels de la gastronomie orientale.

Produit local rare et cher : le miel naturel grâce aux abeilles sauvages La Bachkirie est aujourd’hui le dernier lieu sur terre où se pratique encore la culture ancestrale du miel sauvage. SONIA BEKINA STRANA.RU

Afin de sauvegarder les abeilles sauvages de la région, la Bachkirie a créé la réserve de ShulganTash et décidé, dans le même temps, de protéger la profession d’apiculteur de miel sauvage, ou « chasseur de miel ». La récolte du miel sauvage s’effectue en forêt. Elle exige de maîtriser les techniques de chasse et de repérer les prédateurs. D’autant que le danger de se retrouver nez à nez avec un ours existe bel et bien. Dans la culture du miel sauvage, l’apiculteur n’interfère à aucun moment dans le processus de production du miel, contrairement à la gestion humaine d’une ruche qui consiste à récolter en une saison le plus de miel possible par essaim et où les abeilles domestiques remplissent avec une

rigueur monacale les mêmes rayons plusieurs fois par an, comme dans une production à la chaîne. Les abeilles sauvages, en revanche, ne subissent aucune pression extérieure. Elles choisissent elles-mêmes leurs « appartements » et construisent les structures de la ruche à l’aide de matériaux naturels. Cela prend plus de temps, mais le résultat donne un miel non seulement plus pur et naturel, mais aussi bourré de vitamines, d’acides aminés et même d’hormones. Par ailleurs, le miel sauvage n’est récolté qu’une fois dans l’année, fin septembre, lorsqu’il est totalement mûr. Les ruches sauvages de Bachkirie sont réparties sur un immense territoire qui compte le parc national de Bachkirie, la réserve de Shulgan-Tash et le parc national d’Altyn-Solok, situés à seulement quelques kilomètres les uns des autres. Shulgan-Tash en accueille le plus grand nombre,

Le miel le plus cher du monde.

soit près de 400 sur une superficie de 220 km2. Le miel sauvage de Bachkirie est le plus cher du monde : 50 euros le kilo dans les boutiques de la réserve, ou dans le village qui jouxte le parc national d’Altyn-Solokle, mais entre 120 et 200 euros à Moscou.

© GAIA RUSSO


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Économie

Entrepreunariat

Aéronautique Les hélicoptères russes restent très compétitifs à l'exportation

© RIA NOVOSTI

Des hélicoptères appréciés pour leur robustesse et leur résistance aux climats extrêmes. Ici, un Mi-38.

« Hélicoptères Russes » capte de nouveaux marchés, dégage des bénéfices et rejoint les trois plus grands constructeurs mondiaux. Un succès quasi unique parmi les industriels russes.

Performances des appareils : Mi-28N Vitesse ascentionnelle 816 m/min Vitesse maximale 320 km/h Rayon d'action 435 km

PAUL DUVERNET LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Du matin au soir, les hélicoptères vrombissent au-dessus des faubourgs de Rostov-sur-le-Don. Des appareils militaires ou civils, conçus, assemblés et testés par Rostvertol, l’un des quatre grands sites industriels de « OAO Vertoleti Rossii » (« Hélicoptères Russes », en français). Ravie d’ouvrir ses usines aux journalistes et visiteurs étrangers – attitude exceptionnelle pour une entreprise militaire russe – Rosvertol révèle les dernières technologies de fabrication lui permettant de conserver et même de gagner des points sur le marché global très concurrentiel des hélicoptères. « Les pales de nos hélicoptères sont désormais entièrement en matériaux composites », se félicite Andreï Varfolomeïev, ingénieur principal de l’usine, devant un robot enrobant rapidement une pale d’un fin ruban composite. Débordant de commandes étrangères (Brésil surtout) et domestiques (pour l’armée russe), Rosvertol produit à la chaîne trois types d’appareils.

© SERVICE DE PRESSE(2)

Mi-26T Vitesse maximale 295 km/h Charge utile maximale 20 tonnes Rayon d'action 800 km

Le plus célèbre est le Mi-26, le plus gros hélicoptère du monde, capable de soulever 20 tonnes de charge utile. Il existe en quatre versions (lutte anti-incendie, secourisme, transport de troupe, ravitailleur), plus une version modernisée avec seulement deux pilotes. L’appareil suscite l’intérêt des Chinois mais aussi du ministère de la Défense français. Rosvertol produit également le Mi-28N « Night Hunter », un tout nouvel appareil de combat encore en phase de test et qui a été

dévoilé pour la première fois au grand public au salon aéronautique MAKS de Moscou à la fin août. Enfin, l’usine produit le Mi35M, version modernisée du Mi24, l’un des hélicoptères militaires les plus connus au monde, dont la silhouette bulbeuse hante les esprits depuis la guerre d’Afghanistan. Appareil d’attaque et de transport de troupes, le Mi-35M vient de recevoir un gros contrat venant de l’armée de l’air brésilienne, qui s’en servira pour pa-

trouiller sur ses zones frontières en Amazonie. « Nos hélicoptères sont appréciés pour leur robustesse et leur résistance aux climats extrêmes. Ils sont tous opérationnels entre -50° et +40° », se vente Dmitri Petrov, PDG d’« Hélicoptères Russes ». La société fait figure de champion national dans une économie russe dominée par les matières premières et où l’industrie manufacturières reste très peu compétitive à l’échelle mondiale. Dans l’aéronautique, les exportations se limitent à des avions de chasse conçus à l’époque soviétique. La production russe d’avions civils reste faible et ne dégage pas de bénéfices, tandis qu’« Hélicoptères Russes » a réalisé un bénéfice net de 212 millions d’euros l’année dernière. Rattrapée par son succès, l’usine de Rostov-sur-le-Don doit maintenant voler vers de nouveaux horizons. À mesure que les commandes augmentent, les nuisances sonores croissent pour les riverains. « Mais pas proportionnellement », remarque Varfolomeïev. « Nous veillons à réduire le bruit de nos hélicoptères, conformément aux normes de certification internationales ». Rosvertol a aussi été rattrapé par le développement urbain de Rostov-sur-le-Don. Construit aux confins de la ville dans les années 30, le site industriel est désormais encerclé par les habitations. Le directeur de Rosvertol Boris Slioussar indique que le déménagement partiel des activités va commencer l’année prochaine et va concerner tout ce qui provoque des nuisances sonores, c’est-à-dire les essais statiques et les essais en vol. « Nous nous efforçons de construire des hélicoptères silencieux, mais pour l’instant nous n’y sommes pas parvenus », plaisante-t-il. Selon lui, l’hélicoptère d’attaque Mi-28, dernier-né de l’usine « est un appareil très complexe nécessitant beaucoup d’heures de vol. L’entraînement sur des simulateurs n’est pas suffisant ». Le déménagement vers une zone non habitée au Sud de Rostov va prendre « environ dix ans », explique Slioussar. « Le plus important est de ne pas perturber le rythme de production ». « Le carnet de commande est plein jusqu’à 2025 », révèle-t-il, tout fier d’être l’un des rares patrons soviétiques à avoir parfaitement su négocier le virage du capitalisme.

© ALAMY/LEGION MEDIA

Un champion international de l’industrie russe "Le marché russe se développe à un rythme incroyable."

Comment démarrer son affaire en Russie? À Moscou et à Saint-Pétersbourg, on compte des boulangers français, des restaurateurs du Japon et même un architecte marocain. Créer une entreprise en Russie, est-ce si difficile ? VITOLD IANTCHIS POUR LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

« Pourquoi j’ai décidé de lancer une entreprise en Russie ? Contrairement aux pays de la Communauté européenne, la crise ne se fait pas vraiment sentir ici, et le système fiscal est acceptable, le taux d’imposition des sociétés se chiffrant à 6% », dit Marouane Sbaï, architecte marocain qui habite depuis 2004 en Russie. Au cours des trois ou quatre dernières années, la Russie a activement travaillé sur l’amélioration du climat des affaires, en changeant notamment la législation et en simplifiant les procédures administratives, entre autres. En effectuant leurs réformes, les autorités russes visaient principalement les procéd u re s b u re a u c r a t i qu e s , notamment l’enregistrement d’une entreprise. Le résultat est évident : s’il y a cinq ans, un entrepreneur pouvait passer au fisc une journée entière pour faire enregistrer sa société, maintenant, grâce à des systèmes électroniques de gestion de files d’attente, le temps d’attente ne dépasse pas une heure. « L’essentiel, c’est de préparer attentivement tous les documents nécessaires pour obtenir un brevet d’un entrepreneur individuel, ce sont une traduction notariée du passeport, un permis de séjour temporaire ou permanent et une réception du paiement des frais d’inscription se chiffrant à 800

roubles (près de 20 euros) », dit Marouane Sbaï. Nous ajouterons juste que si vous voulez travailler en Russie, il vous faut tout d’abord recevoir un visa et un permis de séjour. L'immobilier représente un coût significatif, avec de grandes variations selon les villes : à Novossibirsk ou à Ekaterinbourg, on trouve des appartements meublés à 250 euros, tandis qu’à Moscou, les prix démarrent à 1000 euros. Il est vivement recommandé à l’entrepreneur d’apprendre le russe. « Vous ne réussirez rien sans parler la langue en Russie, comme dans tout autre pays », estime l’entrepreneuse lituanienne Jolanta, dont la société de tourisme travaille en Russie et en Lituanie. Restent les risques liés à la bureaucratie et à la corruption ; ainsi, en louant un espace pour votre bureau, vous serez obligés de faire face à de nombreuses inspections des services d’incendie, sanitaires, etc. Il faut donc avoir les nerfs solides et un bon sens de la négociation pour avoir accès à l'Eldorado russe.

ELLE L'A DIT

Michelle Bolognani 5 ANS EN RUSSIE, PROPRIÉTAIRE D'UNE BOUTIQUE DE MODE À MOSCOU

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Contrairement à l’Europe blasée, la Russie accepte toutes les nouvelles idées. En plus, le marché russe se développe à un rythme incroyable."

RUSSIA BEYOND THE HEADLINES – PARTENAIRE MÉDIA

Le forum de Sotchi stimule la modernisation économique XII FORUM INTERNATIONAL D’INVESTISSEMENT À SOTCHI, 2013 26-29 SEPTEMBRE

Le Forum international d’investissement à Sotchi est une plateforme de dialogue entre les entreprises et le gouvernement. L’an dernier, le forum a réuni plus de 7 300 participants, notamment des chefs de différents organismes d’État et d’institutions publiques, de sociétés russes et internationales majeures ainsi que de missions diplomatiques de 55 régions russes et de 40 pays.

PHILIPPE PEGORIER, PRÉSIDENT ALSTOM RUSSIE

Pour Alstom, le Forum économique de Sotchi est une formidable opportunité de rencontrer la communauté des investisseurs et les autorités russes. C’est un espace créatif où tous peuvent réfléchir à de nouveaux projets d’avenir, qui seront la clef du développement des régions. Avec la construction d’une usine de production de turbines électriques à Oufa, la production en cours de locomotives dans la région de Rostov, pour ne citer que quelques exemples, Alstom est fier de participer à cette mission, qui est de donner un second souffle aux économies régionales.


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Dossier

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Enseignement Moscou réactive sa politique de formation des élites étrangères pour accroître son "soft power"

Etudiants étrangers bienvenus Moscou redécouvre l'intérêt de former des étudiants étrangers pour gagner en influence et en réputation. Ces derniers pourront passer à distance les examens d'entrée aux universités russes.

CHIFFRES CLÉS

2,8% pourcentage d’étudiants étrangers en premier et deuxième cycle ainsi qu’en doctorat, y compris par correspondance, dans les universités russes en 2011-2012.

DAN POTOTSKI LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

10000 bourses sont accordées chaque année par la Russie. La moitié va aux citoyens des anciennes républiques soviétiques, l’autre moitié est réservée au reste du monde.

Travailler avec un visa étudiant

© SMOLIANSKAIA EVGUENIA

Tous les ans, 15 000 étudiants étrangers supplémentaires seront admis dans les universités russes à titre gratuit, soit une fois et demie davantage qu'aujourd'hui. « Nous devons d'abord mettre l’accent sur les étudiants étrangers de l'Asie du Sud-Est, du Moyen-Orient et d'Afrique. Nous avons besoin d’étudiants qui, par la suite, pourront servir les priorités de la politique étrangère russe. Et notre politique étrangère, la politique industrielle, l'export, sont tournés vers ces pays », clarifie Olga Kachirina, secrétaire générale de l'Union russe des recteurs. « Le chiffre de 15 000 étudiants étrangers correspondrait, à la fois, aux capacités du système d'éducation russe et à nos besoins humains. À mon sens, les étudiants étrangers en Russie permettent de renforcer le prestige du pays, ses positions internationales. C'est également un facteur très important en matière de classement des universités. Le nombre d'étudiants étrangers d'un établissement est l'un des principaux critères d'évaluation de son niveau », décrypte à son tour le recteur de l'Université russe de l'Amitié des Peuples, Vladimir Filippov. « C'est bien entendu un important élément d'influence. Ceux qui ont passé quelques années en Russie ont des amis, des contacts, sont imprégnés de la philosophie de la vie en Russie. Ils ne perdront jamais ces acquis. Ils comprendront mieux la Russie et, d'une manière ou d'une autre, contribueront au renforcement des liens avec notre pays. C'est une analyse parfaitement comprise, par le ministère de l'Éducation, le ministère des Affaires étrangères et par d'autres structures gouvernementales », ajoute Filippov. Le ministère de l'Éducation a informé La Russie d'Aujourd'hui que le projet est déjà prêt et a été transmis au gouvernement de la Fédération de Russie. « Nous prévoyons d'entamer les discussions sur le projet en septembre de cette année, celui-ci entrerait en vigueur dès les prochaines admissions en 2014 », explique Gulnara Krasnova, membre du groupe de travail et vice-recteur aux relations internationales de l'Université russe

La priorité est donnée aux étudiants des pays émergents. Les étudiants d'Europe de l'Ouest ne représentent que 4,4 % du total.

de l'Amitié des Peuples. « Il s'agit de l'organisation des examens d'admission dans les centres culturels russes dans de nombreux pays. À l'issue d'un concours, le candidat pourra soumettre son dossier d'inscription dans une université russe ». À l'heure actuelle, les 750 universités russes accueillent quelque 250 000 étudiants étrangers venant de 150 pays. Plus de 40 000 d'entre eux étudient à titre gratuit (leurs études sont prises en charge par le budget fédéral russe). Le ministère de l'Éducation prévoit de passer leur pourcentage de 2,3% actuellement à 6% en 2015 et à 10% d'ici 2018. Parmi les étudiants étrangers, les plus nombreux sont originaires de la CEI et des pays asiatiques. L'Asie et l'Océanie pourvoient environ 40 % des étudiants étrangers en Russie, dont 16.5% sont originaires de Chine. Les étudiants d'Europe de l'Ouest représentent 4,4 %. Le succès du projet sera assuré par la reconnaissance des diplômes de baccalauréat étrangers en Russie. Selon le nouveau projet de loi sur l'éducation qui entre en vigueur le 1er septembre, le niveau ou la qualification des diplômes étrangers seront reconnus automatiquement s'il existe un accord international bilatéral.

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Les universités russes sont-elles compétitives ? Tatiana Kastouéva-Jean décortique l’état de l’enseignement supérieur en Russie à travers quelques monographies consacrées à des universités aux profils variés. HÉODEZ VISEUR LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

L’enseignement supérieur en Russie souffre de plusieurs maux, comme le cloisonnement entre la recherche et l’enseignement. Depuis l’adhésion au processus de Bologne en 2003, les autorités politiques affichent clairement la volonté de se rapprocher des modèles occidentaux, de rendre les cursus plus lisibles et de moderniser les méthodes de l’enseignement pour s’affirmer sur le marché global des services éducatifs. Cependant, certains experts occidentaux parlent du « mirage

éducatif » russe puisque le taux d’étudiants (8 % de la population active en 2010-2011 selon Rosstat) et un nombre impressionnant de diplômés du supérieur ne génèrent pas les résultats escomptés en matière de productivité de travail, de compétitivité globale, de brevets obtenus ou de publications répertoriées dans les index de citations occidentaux. Pour Tatiana Kastouéva-Jean, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (IFRI), il s’agit d’un verdict sévère, même s'il est vrai, selon elle, que « dans son état actuel, le système de l’enseignement supérieur russe ne répond pas aux besoins de l’économie nationale et n’est pas compétitif au nilarussiedaujourdhui.be/22269

veau international ». La qualité des formations s’est dégradée depuis 20 ans. Les étudiants se dirigent massivement vers les filières économiques et juridiques au détriment de celles d’ingénieur et de technologie, ce qui créé des déséquilibres sur le marché de l’emploi. La recherche du diplôme plus que des connaissances conduit à des pratiques de fraudes (achat de diplômes et même de thèses). Pour améliorer la qualité de l’enseignement, le gouvernement a décidé de resserrer le système par la sélection des meilleures universités sur lesquelles se concentre désormais l’effort budgétaire. 40 universités ont reçu les labels d’« universités nationales de recherche » et d’« universités fédérales ». L’objectif de Vladimir Poutine est de voir figurer 5 universités russes dans le Top 100 du classement de Shanghai à l’horizon 2020. « À long terme, il est probable que ce pari soit remporté. Mais pour cela, la Russie doit satisfaire aux critères indispensables à une université de classe mondiale : la concentration des talents, l’abondance des ressources, une gouvernance souple et un écosystème favorable », explique la chercheuse.

Depuis juillet, le visa étudiant permet aux ressortissants étrangers inscrits dans les établissements russes de travailler légalement en Russie. La modification de la législation du travail et des visas pourrait constituer une nouvelle incitation visant à attirer des étudiants étrangers. La loi sur l’accès des étudiants étrangers au marché du travail en Fédération de Russie a été signée fin juillet par le président. Le texte définit les règles permettant aux étudiants d’obtenir une autorisation de travail. Cette dernière doit être accordée sans conditions supplémentaires. Les autorisations de travail seront accordées sans quotas et sous un délai court.

Infographie l'Université d'État de Moscou Lomonossov, l'une des plus grandes universités du monde. larussiedaujourdhui.be/ 21087

Tous au russe Apprenez la langue russe avec le blog de Yulia Amlinskaya larussiedaujourdhui.be/12021

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Culture & Loisirs

CHRONIQUE LITTÉRAIRE

Musique Mélancolie, classique et moderne

Chostakovitch, figure phare du Klara Festival ETIENNE BOUCHE LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Le visage triste de Kirsten Dunst dans Melancholia en est peut-être la plus belle incarnation du cinéma contemporain. Pas étonnant que le film de Lars von Trier se retrouve au sommaire du Klara Festival, qui clôt son triptyque sur la condition humaine par la mélancolie. Après l’utopie (2011) et la spiritualité (2012), l’édition de 2013 prend sa source dans l’œuvre de John Dowland – son nom, Go Crystal Tears, y est une référence directe –, mais aussi dans le célèbre ouvrage de Richard Burton, L’Anatomie de la mélancolie. Du 30 août au 13 septembre, les salles de concert de Bruxelles, Bruges et Anvers plongeront dans les œuvres mélancoliques de Schubert, Mahler, Dvorak, mais surtout de Chostakovitch : le festival a choisi de mettre à l’honneur le compositeur

Bruxelles, Bruges et Anvers plongeront dans les œuvres de Schubert, Mahler, Dvorak et de Chostakovitch plexe. Sa musique est très personnelle, labyrinthique. Tantôt tortueuse, tantôt caustique et ironique, ce qui explique qu’elle ne soit pas très populaire », observe Hendrik Storme, directeur artistique du festival. « Il a divisé sa personnalité en deux parties : d’un côté la créative, de l’autre la politique. C’est de cette dualité que naît la mélancolie ».

© SERVICE DE PRESSE(2)

soviétique (1906-1975) ainsi que son ami le Britannique Benjamin Britten. Deux hommes qui partageaient une complicité artistique – Chostakovitch lui dédie sa 14ème Symphonie – mais se comprenaient mutuellement. Jugée difficilement accessible, l’œuvre de Chostakovitch reste mal connue. « C’est un personnage extrêmement intéressant, avec une psychologie très com-

Le festival rend hommage au maître soviétique dans une programmation consacrée à la mélancolie, sous les doigts d'Alexandre Melnikov et l'archet d'Andreï Baranov.

Le Roman de la Perestroïka

TITRE : LE ROMAN DE LA PERESTROÏKA AUTEUR : V. FEDOROVSKI ÉDITION : ROCHER

Le chef d'orchestre Teodor Currentzis, 41 ans, directeur de l’Opéra ballet de Perm (dans l'Oural).

Car très vite, le musicien se retrouve contraint de composer des œuvres de commande, et s’attire le courroux du pouvoir lorsqu’il s’affranchit des canons officiels. En 1936, son opéra Lady McBeth est attaqué par la Pravda : le journal dénigre son « formalisme petit-bourgeois ». « Chez Chostakovitch, la mélancolie est un recours pour répondre à un isolement personnel », analyse Henrik Storme. Sa 14ème Symphonie, inspirée de sa lecture d’Apollinaire et de Rilke, exprime son désenchantement. Pour interpréter la musique de Chostakovitch, le festival a fait appel à Teodor Currentzis, 41 ans, directeur de l’Opéra ballet de Perm. « Je le trouve très expressif. Il est de ces artistes capables de communiquer la

langue des compositeurs », dit de lui Hendrik Storme, qui s’inquiète de l’intérêt déclinant pour la musique moderne. « C’est une langue difficile à comprendre, d’où la nécessité de la transmettre avec émotion ». L’hommage à Britten et Chostakovitch prendra la forme d’une trilogie de concerts interprétés par des artistes russes. Le pianiste Alexandre Melnikov jouera au Bozar de Bruxelles le jeudi 5 septembre ; le concert du 7 septembre prévu à Anvers réunira quant à lui le violoniste Andreï Baranov, lauréat 2012 du concours Reine Elisabeth, et la basse du Bolchoï Piotr Migounov. Le MOC interprétera la très sombre Quatorzième symphonie de Chostakovitch, dédiée à Benjamin Britten.

L'entretien avec Andreï Baranov, jeune violoniste russe, qui a gagné le Concours Reine Elisabeth larussiedaujourdhui.be/ 14676

Biennale La 5ème édition se déroulera sous le signe de la spiritualité

À L'AFFICHE

Plus de lumière sur l’art

PREMIERE : FAUST DE ALEXANDRE SOKOUROV

Du 19 septembre au 20 octobre 2013, la 5ème biennale d'art contemporain se tiendra à Moscou. De nombreux lieux accueilleront les oeuvres d’artistes du monde entier. CHLOÉ VALETTE

L’artiste minimaliste Edith Dekyndt présentera une oeuvre composée de couvertures en laine, sur lesquelles a été tissé un carré doré à la feuille d’or, un clin d’oeil à l’avant-gardiste Kasimir Malévitch, mais aussi à l’orthodoxie russe. « Avec ces couvertures, il y a l’idée du domestique et de l’intime, mais aussi celle du froid et de la préservation, et le fait qu’elles soient recouvertes partiellement d’or est également un hommage à l’icône russe. C’est un peu un autre regard sur le sacré », explique la plasticienne. Le projet principal de cette édution aura pour thème « Bolshe sveta » (Plus de lumière) et se tiendra sous la direction de Catherine de Zegher, récemment nom-

© SERVICE DE PRESSE

LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Les couvertures tissées d'or d'Edith Dekyndt, artiste minimaliste.

mée directrice du musée des Beaux-Arts de Gand en Belgique. « L’idée de « Plus de lumière » concerne le temps et l’espace, deux notions que je vois comme une énergie qui donne de la lumière », a expliqué la curatrice, écrivain et critique d’art belge à La Russie d’Aujourd’hui. « Je travaille toujours avec le lieu, l’es-

pace, la communauté, et j’essaie de joindre ces éléments locaux à la scène internationale ». Catherine de Zegher a souhaité réunir des artistes du monde entier : Azerbaïdjan, Syrie, Kazakhstan, Russie... Et pas seulement Moscou ou Saint-Pétersbourg, mais aussi l’Oural, la Sibérie, où les peuples conçoivent

LE 11 SEPTEMBRE, PALAIS DES BEAUX-ARTS, BRUXELLES

l’espace différemment, comme dans le travail de Mikhaïl Lukatchevski, un artiste yakoute. « En Russie, il existe une scène tout à fait différente de ce que l’on imagine. Il y a un côté très spirituel, très mental, et les jeunes Russes sont très inventifs, ce qui me donne beaucoup d’espoir », a-telle confié. Parmi les participants au projet principal, figurent aussi sept artistes belges, à l’honneur pour cette édition 2013. Pour beaucoup d’entre eux qui ne connaissent pas ou peu la Russie, c’est l’occasion d’aller à la rencontre d’un public et de s’interroger sur ce vaste pays, sa culture, son peuple. « Qu’est-ce que le spirituel au XXIème siècle, à qui parle-t-il et comment parle-t-il aux Russes ? », s’interroge Edith Dekyndt, qui explore un univers particulièrement intéressant, emprunt de sensibilité et d’intelligence d’esprit. « Et en miroir, que représente pour eux Malévitch ? Où se trouve aujourd’hui le suprématisme dans la société russe ? », poursuit-elle.

Faust est le quatrième et dernier volet d’une série de films réalisés par Alexandre Sokourov sur la corruption et le pouvoir. Pour son adaptation de la légende, le réalisateur se base quelque peu sur la pièce de théâtre éponyme de Goethe. › www.bozar.be

RENCONTRE AVEC MIKHAÏL CHICHKINE LE 25 SEPTEMBRE, PASSA PORTA, BRUXELLES

L'écrivain russe Mikhaïl Chichkine aborde, dans sa conférence d'ouverture, la spécificité de la littérature russe, sa position d'écrivain russe vivant en Suisse, ainsi que son rapport à la langue et à la sienne en particulier. › www.passaporta.be TOUS LES DÉTAILS SUR NOTRE SITE

Vladimir Fedorovski avait à l’époque de la perestroïka une trentaine d’années, il était en poste à l’ambassade de l’URSS à Paris et commentait devant une France abasourdie les revirements inattendus de l’histoire. Poursuivant son œuvre romanesque sur l'histoire russe, Fedorovski dévoile un nouveau pan de cette histoire dont il fut l’observateur et l’acteur. De Brejnev à Poutine en passant par la chute du mur de Berlin, Fedorovski retrace l’ascension au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev, l’homme qui désormais symbolisera ce moment si particulier de l’histoire. Le témoignage de Fedorovski sur la genèse des événements est particulièrement intéressant, notamment en ce qui concerne le rôle d’AlexandreYakovlev, idéologue et père de la perestroïka. Toutefois, il minimise le rôle des difficultés économiques dans le processus de libéralisation. Certains acteurs de l’époque, notamment Egor Gaïdar qui fut Premier ministre (cf. l’Empire éclaté ed. Eyrolles) ont vu dans la faillite de l’économie soviétique l’annonce de la fin de l’empire soviétique et le changement de cap politique. Fedorovski ne nous dit pas non plus quelle part est liée aux convictions ou aux contingences dans les décisions de Gorbatchev, influencé par une épouse ambitieuse et omniprésente et terrorisé par le spectre d’un KGB tout puissant. On s’étonne souvent en Europe que Gorbatchev et Eltsine, les principaux artisans de ce cataclysme politique, réalisé sans effusion de sang et sans violence, soient pourtant détestés par les Russes qui expriment de plus en plus souvent leur nostalgie de l’époque soviétique. Ils regrettent « non pas le communisme, mais l’empire, le vertige de la grandeur illusoire », explique Fedorovski qui montre au passage les diverses étapes du dépeçage économique du pays et l’apparition des oligarques. Le lecteur comprendra mieux alors le rôle de Poutine qui a réussi le pari de « réhabiliter à la fois le passé tsariste et le passé soviétique afin de bâtir une continuité historique ».

LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

Christine Mestre

Le Prochain NUMÉRO

2 Octobre


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