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Orenbourg, ville cosmopolite Aux portes de l'Asie Centrale, la métropole s'enorgueillit de ses châles brodés. P. 3
Langue musicale internationale Nous avons rencontré Andrey Boreyko, qui dirige l'Orchestre national de Belgique. P. 6
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Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu Mercredi 6 novembre 2013
Société Les autorités cherchent des solutions pour apaiser les tensions entre les communautés
Le pouvoir face au défi de l'immigration Des émeutes récentes dans la capitale ont conduit les autorités à réexaminer la politique migratoire. Il s'agit de maintenir la situation sous contrôle et de stopper la montée du racisme. YOULIA PONOMAREVA LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI
Le dimanche 13 octobre, la télévision russe a diffusé des images d’une foule de plusieurs milliers de personnes envahissant le quartier dortoir de Biriouliovo dans le sud de Moscou et saccageant l’entrepôt de légumes local. Sur leur chemin, les pilleurs ont retourné des voitures et des kiosques. La foule était constituée en grande partie de jeunes nationalistes, qui ont afflué de toute la ville de Moscou. Ils étaient venus soutenir les 40 habitants du quartier réunis devant le commissariat local pour exiger que les autorités retrouvent le meurtrier de leur voisin, Egor Chtcherbakov, un Russe « ethnique » âgé de 25 ans. Ce dernier a été poignardé sous les yeux de sa fiancée dans la nuit du 10 octobre, quand il a pris la défense d’une passante importunée par un inconnu. © PHOTOSHOT/VOSTOCK-PHOTO
Une très large majorité d'immigrés viennent des ex-républiques de l'URSS pour trouver de meilleurs salaires que dans leur patrie.
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Architecture Du néo-mauresque jusqu'au réalisme socialiste, tous les styles du siècle passé sont présents à Moscou
ÉCONOMIE
Opération rénovation pour rafraîchir la mémoire d’un empire disparu
La soif de bière retombe
La capitale russe a changé de visage au tournant du siècle dernier, lorsque, venu de Vienne, l’Art nouveau y a débarqué. DARIA GONZALES
L’époque de l’Art nouveau russe, qui durait depuis un quart de siècle, a été interrompue par la première révolution et la précipitation des événements historiques qui l’ont suivie. Le style moderne russe n’a pas trouvé sa place dans le nouvel état socialiste. L'URSS s’est incarné architecturalement dans le construc-
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LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI
Manoir de l'architecte Kekoushev, construit dans les années 1900-1903. Ses formes néomédiévales tranchent dans le paysage moscovite. Il abrite désormais l'attaché militaire d'Egypte.
tivisme. Néanmoins, les bâtiments Art nouveau ont eu le temps, en 25 ans seulement, d’orner le centre historique de Moscou, qu’ils occupent encore à ce jour, avec leurs enceintes de fleurs alambiquées, telle la mémoire sibylline de l’Empire disparu. À la fin du XIXe siècle, Moscou dépassait toutes les grandes villes d’Europe par la densité de ses bâtiments. Grâce à une génération de jeunes industriels qui ont fait leurs études à l’étranger, dans le centre de la capitale se sont élevés de nombreux bâtiments dans le style moderne. On trouve au-
jourd’hui ces édifices le long des boulevards, dans le quartier du vieil Arbat et sur la rue Tverskaïa, dans les ruelles de Kitaï-Gorod et sur les aristocratiques rues Povarskaïa et Pretchistinka. À ses débuts, l’Art nouveau ne fit pas l’unanimité. La mère du riche marchand moscovite, Arseny Morozov, a sèchement déclaré : « Avant j’étais la seule à savoir que mon fils était un imbécile. Maintenant tout Moscou est au courant ». Ses tourelles ouvrées, colonnes torsadées, balcons sculptés et coquillages ornant toute la façade ont valu à l’immeuble le nom de « Palais mauresque ». Non loin du Kremlin, l’hôtel particulier créé par l’architecte Victor Mazyrine est soumis à l’époque à une critique acerbe de la société moscovite.
Les grands brasseurs étrangers, qui ont conquis le marché, paniquent devant la baisse des ventes. Mais les experts assurent que la faute en revient à des erreurs stratégiques.
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Politique & Société
Un difficile combat contre la montée de la xénophobie Les événements de Biriouliovo ont donné une nouvelle impulsion aux discussions publiques sur l’éventuelle instauration d’un régime de visa avec les anciennes républiques soviétiques situées en Transcaucasie et en Asie Centrale. Le sondage effectué par le Centre Levada en juin 2013 a montré que 84% des Russes sont favorables Ouzbékistan à cette idée. Mais Vladimir Poutine s’y oppose. Les conséquences diplomatiques négatives avec les pays concernés le gênent. L'immigration n’en devient pas moins un thème sensible. Les sondages la Kirghizstan classent parmi les problèmes majeurs pour la Tadjikistan société russe. La part des sondés qui considèrent l'immigration massive comme l’un des principaux problèmes est passée de 7% à 27%. Et à Moscou, elle a pris la première place. Le thème de la lutte contre l’immigration illégale a d’ailleurs été central dans la course à la maiSelon le Service fédéral des migrarie de Moscou l’été dernier. L’essor de la xénophobie quo- tions, 3,5 millions d'étrangers se tidienne, non-idéologique, est de- trouvent actuellement à Moscou. venu visible à partir de la deu- En majorité (80%), ils viennent de xième moitié des années 1990 pays membres de la CEI. approximativement, expliquent
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La tragédie a renforcé le mécontentement local, accumulé pendant des années, vis-à-vis de la police et l’administration locales, accusées d’indifférence et d’inaction. Les manifestants de Biriouliovo n’en étaient pas à leur première demande de renforcer le contrôle des immigrés et de fermer l’entrepôt de légumes qu’ils considèrent comme un foyer de criminalité à cause des nombreux immigrés qui y travaillent. Le meurtrier présumé d’Egor Chtcherbakov, filmé par les caméras de vidéosurveillance, présentait toutes les caractéristiques d’un homme originaire du Caucase, comme des milliers d'immigrés qui viennent travailler à l’entrepôt. Les troubles ont conduit à 400 interpellations. Toutefois, deux jours plus tard, toutes les demandes des manifestants ont été satisfaites. Les meilleurs enquêteurs ont été assignés à ce cas, et le meurtrier présumé a été localisé et transporté dans le bureau du ministre de l’Intérieur russe en personne. L’entrepôt de légumes, le plus grand d’Europe, a été fermé pour cause de nonconformité aux normes sanitaires.
24,2%
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Pays d'origine des immigrés
L’afflux d'immigrés compense partiellement la chute démographique.
les sociologues. « Avec le lancement des réformes et la frustration provoquée par la destruction sociale, une affirmation de soi négative et une recherche de l’identité nationale se sont mises en marche. Et comme il n’y avait pas de quoi être spécialement fier, cette affirmation de soi se traduisait essentiellement par un transfert de nos propres complexes et antipathies vis-à-vis de tous les étrangers, explique le directeur du Centre Levada Lev Goudkov. Ce processus s’est intensifié dans les années 2000, lorsque le pays a pris le cap du renouveau des traditions nationales, du conservatisme, de la stabilité ». Les démographes assurent qu'il faut stimuler l’afflux des immigrés en Russie, car ils compensent la chute démographique russe. « Depuis 1992, notre taux de natalité est dans le rouge. En 20 ans, nous avons perdu 13,4 millions
de personnes, aussi la population russe devrait compter 13,4 millions de personnes en moins, or ce chiffre n’est que de 5,3 millions. Le reste est compensé par l'immigration », explique Anatoli Vichnesvki, directeur de l’Insti-
Poutine refuse d'établir un régime de visa avec les pays de la CEI pour ne pas gâter les relations diplomatiques tut de démographie de l’École des hautes études en sciences économiques. Lev Goudkov estime que les tensions ethniques sont la conséquence de l’importation illégale de main-d’œuvre à bas prix. L’une des raisons de l’existence d’un marché noir de main-d’œuvre provient des quotas d’employés
Diplomatie Moscou s'efforce de contrer la politique du "partenariat oriental" menée par Bruxelles
L’Ukraine s’en va, l’Arménie revient Entre la Russie et l’Union européenne, c'est la lutte. L’Ukraine penche pour un accord d’association avec l’UE, tandis que l’Arménie préfère l’Union douanière
EN CHIFFRES
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milliards d'euros d'échanges entre l'Ukraine et la Russie, second partenaire derrière l'UE.
PAUL DUVERNET LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI
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milliard d'euros : échanges entre l'Arménie et la Russie. L'UE est le premier partenaire de l'Arménie avec 1,25 milliards d'euros.
© PHOTOXPRESS
Moscou ne se console pas de voir Kiev décidé à signer le 28 novembre à Vilnius l’accord d’association avec l’UE. Mais le Kremlin trouve le réconfort dans le choix de l’Arménie, qui, à la surprise générale, renonce à ce même accord au profit de l’Union douanière avec le Kazakhstan, le Belarus et la Russie. Début septembre, le président arménien Serge Sarkissian a annoncé la volte-face à Moscou, après des années de négociations avec Bruxelles. Lot de consolation, l’Arménie pèse beaucoup moins lourd que l’Ukraine en termes stratégiques et économiques. L’économie arménienne est dix fois moindre que l’ukrainienne. Erevan est entourée par des pays hostiles (Turquie, Azerbaïdjan, Iran) ou tiède (la Géorgie). Sa population ne compte que 3 millions d’habitants avec l’un des PIB les plus bas d’Europe. À l’inverse, l’Ukraine compte 46 millions d’habitants, quasiment tous russophones et proches culturellement. Les industries russes et ukrainiennes sont largement imbriquées, surtout dans les domaines stratégiques (aéro-
34% La guerre commerciale et le ton agressif de la diplomatie russe ont poussé l’opinion publique ukrainienne dans les bras de l’Europe.
nautique, espace, nucléaire, métallurgie). L’Ukraine consomme plus de gaz russe que l’Allemagne et reste le principal pays de transit du gaz russe vers l’Europe. Pourquoi Kiev a-t-il donc choisit le chemin de l’intégration européenne au lieu d’une zone de libre échange avec son principal partenaire commercial ? « La faute revient principalement à la Russie », estime le politologue Vladimir Fesenko. « Le blocus sur les exportations ukrainiennes vers la Russie cet été et le ton agressif de certains hauts fonctionnaires russes ont poussé l’opinion publique ukrainienne dans les bras de l’Europe ». Pour
Igor Kogut, également politologue, « même à l’Est de l’Ukraine, une région traditionnellement prorusse, la population s’est mise à rêver de l’Europe, de son niveau de vie et de ses valeurs. C’est vrai qu’une énorme machine de propagande s’est mise en place pour promettre aux Ukrainiens des lendemains qui chantent grâce à l’accord d’association ». Le président ukrainien Viktor Yanoukovitch, longtemps perçu – à tort – par les médias occidentaux comme « prorusse », a pris le train en marche et a fixé sa priorité sur l’intégration européenne, dont l’accord d’association n’est que la première étape.
La Russie est le premier investisseur en Arménie, devant l'UE (20%) et les Etats-Unis (3%)
« Il a soufflé au passage à l’opposition ukrainienne son principal cheval de bataille ». Désormais, seuls les communistes ukrainiens, qui représentent moins de 10% de l’électorat, militent pour l’entrée de l’Ukraine dans l’Union douanière dominée par Moscou. « Moscou n’a plus d’agent d’influence en Ukraine », souligne Vladimir Fessenko. Tout n’est pas définitivement réglé. Bruxelles réclame comme condition à la signature de Vilnius la libération par Yanoukovitch de la principale opposante Youlia Timochenko. Le président rechigne « parce qu’il veut à tout prix éviter son retour sur l’échi-
quier politique avant la présidentielle de 2015 », explique Vadim Karassev. Néanmoins, le premier ministre ukrainien Nikolaï Azarov estime qu’une solution est imminente, car les Européens ont, selon lui, « compris qu’il ne s’agissait pas d’une affaire politique. S’il est question de libération pour des raisons humanitaires, alors nous pouvons trouver un terrain d’entente ». Pour l’Arménie, le choix s’est présenté de manière radicalement différente. « En rejoignant l’Union douanière, nous avons fait un choix politique », admettait le Premier ministre arménien Tigran Sarkissian le 18 octobre dernier devant un parterre de journalistes à Erevan. Réputé pro européen, Sarkissian a réfuté les rumeurs selon lesquelles la Russie aurait fait pression pour obtenir ce revirement. « Poutine a menacé de doubler les prix du gaz à l’Arménie et a signé un gros contrat de vente d’armes avec Bakou. C’est ce qui a convaincu Erevan de renoncer à son aventure européenne », affirme un diplomate occidental. Erevan fait passer les enjeux sécuritaires avant le développement économique ou même les questions de souveraineté. « La Russie reste l’arbitre suprême du Caucase, tandis que les Européens n’ont pas su rassurer Erevan face au réarmement de l’Azerbaïdjan », conclut le diplomate.
étrangers – les limites sont bien inférieures à la demande du marché. En 2013, les quotas s’élevaient à 1,7 million de personnes, alors que la Russie, selon les estimations de Goudkov, a besoin de 4,5 à 5 millions d’ouvriers. En septembre, le ministre de l’Intérieur russe Vladimir Kolokoltsev a annoncé que le régime d’exemption de visa avec les pays de la CEI est activement exploité par les délinquants, notamment dans le but d’échapper aux poursuites judiciaires. Les sentiments anti-immigrés, sont particulièrement aigus dans les quartiers où la situation sociale est problématique, comme à Biriouliovo. Ce quartier est coupé du reste de la ville : il n’est pas desservi par le métro. Le coût du logement y est le plus bas de Moscou, ce qui attire de nombreux immigrés désargentés. « Biriouliovo est un quartier peuplé de personnes à bas revenus et, compte tenu du climat conflictuel général, la xénophobie et l’empressement à canaliser l’agressivité sur les étrangers y sont plus prononcés, explique Lev Goudkov. Les événements de Birioulovo ont forcé les autorités à réagir. Le Parlement a commencé l’examen accéléré d'amendements durcissant la législation en matière d’immigration. Différentes mesures de contrôle et de régulation sont étudiées, comme la création d’un fichier électronique d’empreintes digitales pour les immigrés ou la création d’un département spécial de lutte contre la criminalité ethnique. Un projet de loi introduisant des cours de russe obligatoires pour les immigrés suivis d’un examen a été déposé au Parlement. Selon un rapport de l’ONU publié en septembre, la Russie arrive en deuxième position en nombre d’étrangers habitant sur son territoire, derrière les ÉtatsUnis, soit 11 millions d’immigrés pour 143,5 millions de Russes.
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Régions
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Voyage Une destination originale, au pied de l'Oural, dans une nature exceptionnellement préservée
Orenbourg : entre l’Europe et l’Asie Les châles en poil de chèvre, le jaspe multicolore, les plus anciennes montagnes du monde et les étendues de la steppe russes : tout cela à 5 heures de vol depuis l’Europe.
Pour s’y rendre Un vol Bruxelles-Orenbourg (via Moscou) coûte environ 500 euros et dure entre 9 et 12 heures. Le train Orenbourgie propose des départs quotidiens pour une durée de voyage de 24 heures au prix allant de 73 euros (réservation standard) à 198 euros (luxe).
KONSTANTIN BELOGOLOVTSEV POUR LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI
Où se loger Le Grand Hôtel propose des chambres confortables dans le centre historique. Le Centre de Spa La Vie de Château vous propose des chambres à 100 euros par jour.
Où se restaurer
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Blinbourg est une crêperie russe traditionnelle, située dans la principale rue piétonne (rue Sovietskaïa, 23) et ouverte jusqu’à minuit. Le Café-Photo offre une décoration atypique : les murs du café sont décorés d’appareils photo anciens (rue Sovietskaïa, 44).
Vue nocturne d'Orenbourg (avenue de la Victoire) depuis le bâtiment de l'Université d'État d'Orenbourg.
Artisanat Des foulards au tissu d'une finesse inégalée
L'art du tissage porté à sa perfection Église Nikolskaïa, principal lieu de culte de la ville.
et des missiles balistiques. Après la guerre, beaucoup d’usines ont été recyclées pour produire des aspirateurs, couveuses, hachoirs à viande. Mais pour la Russie, Orenbourg reste à jamais gravé dans les cœurs par la très populaire chanson Le châle d’Orenbourg.
Orenbourg reste à jamais gravé dans le cœur des Russes grâce à la chanson populaire "Le châle d’Orenbourg" Une fois à Orenbourg, profitezen pour explorer les environs. À 70 km, se trouve la ville de SolIletsk, à la frontière du Kazakhstan. La ville est connue pour être une station thermale prisée par les touristes russes et des pays voisins pour ses bains de sel et de boue. La concentration en sel de ces eaux est comparable à la
mer Rouge. Les bains de boue, au contraire, restent chauds toute l’année et même brulants à plus de deux mètres de profondeur. Vous pourrez également vous rendre dans la ville d’Orsk en plein sur la frontière entre l’Europe et l’Asie. Sur la montagne Polkovnik, se trouvent les carrières du fameux jaspe multicolore, minéral qui contient toute la palette des couleurs, sauf le bleu. On trouve des objets en jaspe multicolore au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, il a été utilisé pour sertir la chambre à coucher du tsar au Kremlin de Moscou et pour la construction de la station de métro moscovite Maïakovskaïa. Pour les amateurs de nature et d’éco tourisme, visitez la Réserve naturelle d’Orenbourg, vous pourrez admirer aussi bien les sempiternelles montagnes de l’Oural, les plus anciennes au monde, que les étendues sans fin de la steppe russe.
En 1958, la région d’Orenbourg était représentée à l’Exposition Universelle de Bruxelles par ses châles. Ce fut justement le cadeau officiel choisi pour la Reine de Belgique. KONSTANTIN BELOGOLOVTSEV POUR LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI
La région d’Orenbourg compte une race de chèvres unique au poil très doux et résistant. Elles sont parfaitement adaptées au grands froids et aux rudes hivers de la région. L’épaisseur du poil et de 17 microns, 4 fois plus fin qu’un cheveu humain et 1,5 moins que le poil de l'angora. L’art du tissage de ce poil fin est apparu il y a 250 ans. Les vêtements en poil de chèvre avaient fait impression sur les cosaques Ïaitsky, venus s’installer dans cette ville forteresse. Ce qui a frappé avant tout les nouveaux arrivants, c’est cette capacité des Kalmuks et des Kazakhs de résister au grands froids (souvent -40 degrés) dans des vêtements qui semblaient assez légers. Une fois leur secret percé, les cosaques ont commencé à troquer ces vêtements avec les éle-
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L’oblast d’Orenbourg est un véritable pont géographique entre l’Europe et l’Asie. Elle marque non seulement la limite entre ces deux continents mais assure aussi la transition entre les paysages typiquement russes aux étendues incommensurables de forêts et de steppes et les montagnes de l’Oural. La ville d’Orenbourg a été érigée à la fin du XVIIIème siècle pour défendre les frontières des invasions des nomades mais aussi développer le commerce avec les pays asiatiques. L’hiver, des convois chargés de sel et de poisson gelé étaient envoyés jusqu’à Moscou et Saint-Pétersbourg. Contrairement à beaucoup d’autres villes en Russie, l’automne à Orenbourg est plutôt doux et les premières gelées n’arrivent que vers fin novembre. Un matin de novembre avec ses rayons de soleil qui se reflètent dans les toits du « Gostiny dvor » et de la synagogue et ses ruelles vides est un moment idéal pour partir à la découverte de cette ville. Vous pourrez aisément faire le tour du centre historique à pied. Tout est concentré sur quatre rues piétonnes pavées. Même s’il ne reste plus grand-chose de son image d’avant la révolution, vous pourrez admirer la Cour aux canons en briques rouges, les résidences de Rytchkov et Timachev, étalons du début du classicisme, le bâtiment jaune de l’Hôpital militaire avec son grand parc. Tous ces vestiges historiques datent du XVIIIème siècle, quand la ville venait d’être construite. Le plâtre des moulures et l’acier des toits reluisent sous le soleil matinal. La plus grande partie du centre historique date du XIXème siècle : la forteresse en brique de l’avant-poste militaire devenu Musée historique de la ville, la maison de l’Assemblée de la noblesse avec ses bas-reliefs classiques, l’impressionnant caravansérail avec son minaret octogonal en forme de yourte bachkire. Orenbourg est une ville très cosmopolite. Plus de 119 nationalités y sont regroupées, presqu’autant qu’en Europe. Presque toutes les confessions y sont représentées : plus de 30 églises orthodoxes, une église catholique rénovée datant du XIXème siècle, 8 mosquées, une synagogue, des temples luthériens et même des églises adventistes du septième jour. Durant la Seconde Guerre mondiale, Orenbourg est devenu le point d’acheminement de l’équipement industriel et d’usines entières qui assuraient la fabrication des avions de chasse Yak
Les châles d’Orenbourg, souvent imités, jamais égalés.
veurs contre du thé et du tabac. Avec le temps, les tisseuses kazakhes de l’Oural ont adapté les techniques de tissage, du tissage « serré » elles sont passées à la trame en dentelle et aux points de broderie. C’est ainsi que les châles d’Orenbourg ont acquis leur réputation internationale, présentés pour la première fois à l’étranger en 1857 à l’exposition Universelle de Paris. Mais leur
renommée est venue tard, juste avant la chute de l’Empire russe à la fin du XIXème siècle. À l’époque, les marques anglosaxonnes utilisaient des étiquettes « à la Orenbourg » pour désigner les imitations, tant les châles d’origine coûtaient cher. Il n’y a que trois sortes de foulards : le simple (le châle), la « toile d’araignée » et le « palantine ». Les deux derniers sont particulièrement fins, ajourés avec des motifs élaborés. Les meilleures tisseuses se trouvent dans les village de Jeltoe et Chichma. Malgré leur grande dimension (la taille standard est de 210x210 cm), la « toile d’araignée » peut tenir dans la coquille d’un œuf d’oie ou même passer par une bague de fiançailles – c’est comme ça au siècle dernier que l’on vérifiait l’authenticité du châle. Ils sont tissés avec du fil de soie (2/3 poil et 1/3 de soie). Il faut compter un mois pour la fabrication d’un tel foulard. Mais tous ne sont pas faits à la main. Dans la région d’Orenbourg, il y a plusieurs fabriques où ils sont tissés à l’aide de machines. Ils coûtent moins cher mais le tissage est moins fin et leurs motifs ne sont pas uniques. Les châles sont très variés et portent des noms simples : en sapins, en patte de chat, en framboisette, en damier, etc. Selon la difficulté d’élaboration et les dimensions, le prix d’un tel foulard peut varier de 100 à 1500 euros. Les châles faits à la main n’existent que dans des couleurs naturelles : blanc, marron et gris.
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Économie
Nucléaire Les prévisions de construction de centrales nucléaires remontent au niveau « pré-Fukushima »
L'atome, champion du prix au kilowatt ?
lorusse, au Bangladesh et auVietnam. La centrale turque Akkuyu testera le modèle « construit – possède – opère », qui suppose un schéma d’investissement radicalement nouveau pour la construction de la centrale et le calcul des tarifs d’électricité successifs. Une approche similaire pourrait être retenue pour la première centrale
jordanienne où la proposition russe a remporté l’appel d'offres. En Ukraine et au Kazakhstan, Rosatom rétablit ou établit une coopération industrielle avec ses partenaires et opère un échange d’actifs mutuellement bénéfique. Il est fort probable que la centrale Hanhikivi 1 en Finlande sera également construite sur le projet russe… Tout cela mis bout à bout a permis au directeur de Rosatom Sergueï Kirienko d’annoncer que les prévisions de construction de centrales dans le monde à l’horizon 2030 sont remontées au niveau préFukushima. Telle était sa déclaration devant les participants du forum-dialogue public « Industrie nucléaire, société, sécurité », organisé fin septembre à Saint-Pétersbourg. « Il est clair que ces prévisions ne comprennent pas l’Allemagne, le Japon et une série de pays européens, a-t-il souligné. Mais nous comptons désormais sur la GrandeBretagne qui n’en faisait pas partie avant Fukushima ». Pour appuyer ses propos, le directeur général de Rosatom a cité le lancement du premier générateur au Kudankulam en Inde qui avait eu lieu la veille ainsi que les nouvelles encourageantes venant d’autres sites de construction en Chine, en Biélorussie, en Ukraine, en Russie même et dans les pays qui se lancent à peine dans le développement du nucléaire comme le Vietnam, la Turquie, le Bangladesh, la Jordanie. Toutes les centrales en construction en Russie et celles réalisées selon les projets russes à l’étranger répondent aux normes de sécurité post-Fukushima, a assuré Kirienko devant les participants du forum à Saint-Pétersbourg.
habitant chaque année. Pourtant, encore au milieu des années 90, les Russes ne buvaient que 15 litres par an. En 2007, quand fut enregistré le pic de la consommation de bière en Russie, ce chiffre avait connu une augmentation de 550%. En 2007, les Russes ont consommé en moyenne 81 litres de bière. « C’était quelque chose d’unique en son genre. En arrivant sur le marché, les entreprises étrangères l’ont consolidé et, profitant d’une totale liberté en matière de publicité, ont obtenu des résultats mirobolants. En 2007, ces entreprises contrôlaient 92% du marché. Le fabricant russe Ochakovo occupait à peine 4% du secteur alors que les petites et moyennes entreprises culminaient elles aussi à 4% », note le directeur du Centre de recherche fédérale et régionale sur les marchés de l’alcool,Vadim Drobiz. Après l’euphorie des producteurs, le premier signal d'alerte est arrivé du côté de la démographie. Entre 1992 et 1999, le nombre de naissances a considérablement diminué en Russie. Résultat, en 2007, environ trois fois moins de jeunes ont fait leur entrée sur le marché par rapport à d’habitude, si bien que les ventes ont commencé à plonger. La crise de 2008-2009 n’a pas amélioré la situation. Au moment de l’apparition des problèmes économiques, la consommation des boissons faiblement alcoolisées a diminué partout dans le monde au profit d’alcools forts. En 2010, le niveau de consommation de bière est descendu en Russie à 72 litres par an et par habitant. Cette année 2010 a vu également l'augmentation des accises du gouvernement russe, lassé qu’un secteur aussi important ne
lui rapporte que peu d'argent. Avant cette décision, sur les 10 à 11 millions de litres bus chaque année par les Russes, le budget fédéral ne percevait que 685 millions d’euros. La révision des accises a permis d’atteindre les 2 milliards d’euros. Cette somme continue d’augmenter. De nombreux petits entrepreneurs se sont lancés activement dans la fabrication de bière, le gouvernement essayant de contrer la tendance. En conséquence, la part des grandes entreprises occidentales est finalement tombée à 82% en 2012 tandis que les petites et moyennes entreprises russes ont réussi à multiplier leur présence par quatre pour atteindre les 15,5%. Cette année, la baisse de la consommation est à mettre sur le compte de l’interdiction de la vente de bière dans les kiosques (effective depuis le 1er janvier 2013). Près de 200 000 points de vente ont ainsi été neutralisés à travers toute la Russie. Selon le directeur général de la Pivnaïa Kompania, Andreï Altounin, la fermeture des kiosques et autres débits de boisson a fait diminuer la production et la vente des grandes entreprises d’au moins 20%. « La campagne russe de lutte contre l’alcoolisme a pour ambition de diviser par deux le nombre de buveurs d’ici 2020. Cela signifie qu’il y aura de nouvelles restrictions sur la vente d’alcool », suppose l’expert. Vadim Drobiz est lui certain que, dans les années à venir, la part des entreprises étrangères passera en dessous des 75% sur le marché russe, tandis que celle des entreprises russes atteindra les 25%. La situation devrait ensuite se stabiliser.
Pendant que l’Europe centrale rue dans les brancards pour conserver le nucléaire, la GrandeBretagne se lance carrément dans des projets ambitieux de développement. ALEXANDRE YEMELYANENKOV
Cette tendance est confirmée, de manière inattendue, par l’annonce officielle de Londres que les corporations chinoises seront autorisées à investir dans l’énergie nucléaire en Grande-Bretagne. Non seulement investir, mais détenir des participations majoritaires des sociétés qui exploiteront les centrales nucléaires construites sur le territoire britannique avec la participation de capitaux chinois. L'annonce a été faite par le ministre des Finances George Osborne lors de sa récente visite en Chine. Les spécialistes russes de l’industrie nucléaire, comme leurs interlocuteurs à Berlin et dans d’autres capitales, notamment à Bruxelles, font peu de commentaires. Pourtant, les investissements pourraient atteindre 35-50 milliards de dollars pour la construction de cinq réacteurs nucléaires. Le premier projet de collaboration de ce type sera la construction d’une centrale à Hinkley Point dans le sud-ouest de l’Angleterre. Le français EDF sera le principal constructeur de la centrale. Dmitri Koumanovski et d’autres analystes du Centre russe d’expertise énergétique soulignent le fait que la triple alliance atomique de Londres, Paris et Pékin se fait en contournant Bruxelles et Berlin. Alors que la Belgique, qui tire la moitié de son énergie du nucléaire (deuxième position au monde derrière la France), prévoit la ferme-
© AFP/EASTNEWS
POUR LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI
La construction d'une centrale nucléaire à Kaliningrad.
ture de ses centrales, les Britanniques misent sur l’atome. Le Mémorandum entre Londres et Pékin, signé le 15 octobre, est entièrement consacré à la coopération en matière d’énergie nucléaire. Non seulement sur leurs marchés nationaux, mais également « sur les marchés des pays tiers par le biais d’investissements, d’échange de technologies et d’expériences, ainsi que de construction de sites nucléaires civils ». Ces nouvelles ne sont pas passées inaperçues chez la corporation russe Rosatom qui souhaite aussi accéder au marché britannique et envisage d’y obtenir des
licences pour ses technologies. « Nous connaissons les projets britanniques de construction de 16 sites nucléaires et nous aimerions y participer, a déclaré le directeur des communications de Rosatom, Sergueï Novikov, aux journalistes. La Chine se propose d’être un simple investisseur, alors que nous proposons nos technologies, ce qui est différent. Actuellement, nous obtenons les autorisations, étudions les normes locales et les particularités du pays, et nous élaborons un plan d’action. Nous ne prendrons pas d'autre initiative avant d'avoir élaboré notre stratégie ».
© ALENA REPKINA
Quant à la Chine, l’Inde, les pays du Proche-Orient et les pays historiquement proches de la Russie comme la Biélorusse, l’Ukraine, l’Arménie, le Kazakhstan, la stratégie est déjà au point. Il s’agit d’une approche spécifique à chaque pays. Le gouvernement russe est prêt à subventionner la construction des premières centrales en Bié-
Alcool Les ventes piquent du nez, avec 10% de moins sur les neufs premiers mois de l'année
Légèrement éventé, le marché de la bière russe ? Tandis que les entreprises s'interrogent sur leur stratégie, les experts situent la cause du problème principalement du côté d’erreurs de marketing commises par le passé.
Que boit-on en Russie et à quelle fréquence ?
VIKTOR KOUZMIN POUR LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI
Les grands producteurs étrangers, armés de leurs marques renommées, se sont depuis longtemps emparés des principales brasseries russes, qui produisent l’essentiel des volumes consommés dans le pays. Les véritables importations constituent seulement 2,5% des volumes du marché (soit à peu près 250 millions de litres par an). Les « magnats de la bière » accusent cette année une forte baisse de leurs ventes en Russie : 10% en neuf mois. L’Union des brasseurs russes (UBR) prévoit la poursuite de cette contraction jusqu’à fin 2014, au minimum. Le fait est qu’à partir du 1er janvier 2014, ils prévoient d’abandonner la livraison de bière dans des récipients dont le volume serait supérieur à 2,5 litres, ce volume limite passant à deux litres pour les bières dites fortes (plus de six degrés d’alcool). Comme le note l’UBR dans son communiqué, les brasseurs ont décidé de s’engager dans cette direction afin d’affirmer leur volonté de prendre part à la résolution des problèmes liés à l’abus d’alcool en Russie. Selon les estimations d’Igor Ar-
© ITAR-TASS
Belle percée des marques belges Les bières Hoegaarden et Leffe sont les deux principales licences transmises par AB InBev à sa division russe, dont la part de marché s’élève à 16,4%. Récemment, la société Pivnaïa Kompania, s'est mise à brasser des Chimay, Duvel et
Liefmans Fruitesse. De même que Svam Group (Belle-Vue Kriek Extra, Blanche de Namur et Lindemans). Le russe Interportfolio a signé avec la Brasserie Lefebvre pour distribuer bières Blanche de Bruxelles et Belgian Kriek.
naoutov, analyste à l’agence Investcafe, d’ici fin 2014, le marché de la bière pourrait avoir diminué de 25 à 30% par rapport à sa taille de 2008. Toutefois, la récession sur le marché de la bière russe ne date pas d’hier. Selon les chiffres de l’UBR, la Russie est aujourd’hui au 29e rang mondial des pays consommateurs de bière, avec une moyenne de 65 litres par
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Opinions
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LE PIÈGE DE LA XÉNOPHOBIE Sergueï Markedonov POLITOLOGUE
es émeutes massives survenues dans le quartier Moscovite de Birioulevo ont une fois de plus braqué l’attention sur la question des relations interethniques dans la Russie contemporaine. Une opposition rigide entre « étrangers » et « natifs » a fait irruption au premier plan des débats. L’accent placé délibérément sur la responsabilité ethnique collective pour un crime ou délit commis par un seul individu : le terme de « diaspora » était peut-être le plus employé ces derniers jours.Tel ou tel groupe ethnique est souvent présenté comme une seule structure monolithique formant une sorte d’État dans l’État. Une telle approche ne résiste pas à la première confrontation avec la réalité. Les Azerbaïdjanais placés au centre de l’attention des médias durant les émeutes de Birioulevo peuvent ainsi détenir la citoyenneté d’au moins trois pays différents (l’Azerbaïdjan, la Russie et la Géorgie) et appartenir à deux confessions musulmanes différentes (Sunnite ou Chiite). Si l’on s’intéresse par exemple à la situation des Azéris du Daguestan, qui constituent le sixième groupe ethnique le plus important de la plus grande République du Caucase du Nord, ils seront considérés d’après tous les critères plus « indigènes » que bien des habitants de la capitale de deuxième ou troisième génération scandant le slogan « La Russie aux Russes, Moscou aux Moscovites ». La même observation s’applique à certains Arméniens du Don, du Kouban et de Stavropol dont les ancêtres se sont installés sur ces terres dès le XVIIIe siècle. Les représentants de ces « diasporas » bénéficient quant à eux d’un statut social différent. Il est peu probable que de grands hommes d’affaires russes comme Vagit Alekperov, Alicher Ousmanov ou RubenVardanian puissent être comparés aux vendeurs des marchés et des magasins ou à de petits entrepreneurs. Il serait pour le moins naïf de considérer les organisations sociales représentant des groupes ethniques particuliers comme une sorte de « ministère » pour les Azerbaïdjanais, les Géorgiens ou les Ouzbeks. Oui, on trouve parmi eux de nombreuses personnalités influentes mais aucune organisation ne dispose de mécanismes juridiques, organisationnels, politiques, ainsi que de ressources financières pouvant leur permettre de contrôler les représentants de « leurs » groupes. Il serait extrêmement
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© ALEXEY IORSH
L’UKRAINE DANS LE CAMP EUROPÉEN ? Andreï Okara POLITOLOGUE
un mois du sommet qui se tiendra en novembre àVilnius et au cours duquel l’Ukraine signera probablement un accord de libreéchange avec l’Union européenne, chaque journée apporte son lot de « surprises » dans les relations entre Moscou et Kiev. À travers des initiatives tantôt douces, tantôt musclées, les dirigeants russes visent à faire comprendre à l’Ukraine que sa place est dans l’Union douanière et dans un futur proche au sein de l’Union eurasienne, et non pas dans l’Union européenne. Les chaînes de télévision russes brandissent la menace d’un effondrement économique, d’une dévaluation de la hryvnia et de la désintégration du pays. En Ukraine cependant, cette vision apocalyptique est accueillie avec ironie. À Kiev, même les eurosceptiques voient dans cet accord avec l’UE un mécanisme politique pouvant permettre de limiter le poids du Kremlin dans les relations de la Russie avec l’Ukraine. L’intérêt politique de Moscou est évident : sans l’Ukraine, la Russie n’a jamais été et, semble-t-il, ne pourra jamais plus être un empire. Pour l’empire russe comme pour l’Union soviétique, l’Ukraine constituait en effet une « masse critique » politique, économique et humaine. L’intégration au sein
À
de l’Union européenne apparaît bien plus prometteuse que la perspective de rejoindre l’Union eurasienne pour les élites politiques comme pour les forces d’opposition ukrainiennes et de larges couches de la société. Le pouvoir ukrainien comme les oligarques redoutent l’Union douanière et l’Union eurasienne, estimant que ces initiatives visent à les livrer pieds et poings liés au
Seul l’emprisonnement de Youlia Timochenko constitue un obstacle sur la voie de l’intégration au sein de l’UE grand « business » russe. L’opposition ukrainienne est depuis déjà longtemps active dans la défense et la promotion des valeurs européennes. La plus grande force de l’UE réside dans la séduction de ses valeurs proclamées : droits de l’homme, priorité accordée à l’individu, garantie du respect de la propriété privée, élections libres et alternance politique. Les valeurs de l’Union douanière s’avèrent problématiques. Le principal argument avancé par les promoteurs ukrainiens de l’intégration eurasiatique est la perspective de prix réduits pour les importations de gaz et de pétrole.
Des idéologues de l’Union eurasienne estiment que l’orthodoxie et les racines slaves partagées par la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie constituent les principales fondations idéologiques de ces projets d’intégration.Toutefois, le Kazakhstan, membre influent de cette union, se rattache à d’autres traditions culturelles et religieuses (l’islam). Quant à tous ceux qui estiment que l’héritage de l’appar-
Le débat sur les valeurs partagées ne penche pas en faveur de l’Union douanière ou de l’Union eurasienne tenance à l’Union soviétique devrait former la base commune de l’Union douanière et de l’Union eurasienne, ils se bercent d’illusions sur la manière dont cet héritage est perçu dans l’espace postsoviétique. Les têtes pensantes à l’origine de la création de l’Union douanière et de l’Union eurasienne n’ont formulé aucun projet spécifique en termes de valeurs, d’où le peu d’enthousiasme des élites et de la population du pays pour l’intégration au sein de ces entités. La voie de l’intégration au sein de l’Union européenne en faveur de laquelle ont pris position le Président ViktorYanoukovitch et son entourage proche fragilise l’auto-
rité morale de l’opposition. Si, par le passé, la rhétorique de l’opposition reposait sur un contraste entre europhilie et europhobie, désormais la quasi-totalité des atouts en faveur de l’intégration au sein de l’UE sont entre les mains de Yanoukovitch. Seul l’emprisonnement de l’ancienne responsable du gouvernement,Youlia Timochenko, constitue un obstacle à des progrès rapides sur la voie de cette intégration. L’Ukraine représente un tel enjeu que les dirigeants européens sont prêts à accepter un compromis selon lequel Timochenko ne serait pas libérée mais bénéficierait d’un traitement médical en Allemagne. Pour l’Ukraine, la principale difficulté réside dans le caractère imprévisible des conséquences du choix en faveur de l’Union européenne. Les avantages sont évidents pour les États fondateurs d’une union aussi puissante et attractive que l’UE, et il est bon d’en constituer le noyau avec l’Allemagne et la France. Mais qu’en est-il pour un pays récemment intégré ? La classe politique ukrainienne n’a pas encore su offrir de réponse cohérente. En outre, la question de l’intégration au sein de l’UE a été traitée comme une question religieuse, complètement idéalisée. Le volet des intérêts économiques tangibles de l’Ukraine semble passer au second plan, ce qui ne permet pas de recenser les faiblesses et les lacunes de la candidature ukrainienne à l’intégration.Tout cela suppose que la main de l’Union européenne ne tremblera pas en novembre prochain et que Bruxelles signera finalement avec l’Ukraine cet accord élaboré dans la douleur. L’auteur est politologue au Centre d’études sur l’Europe orientale.
LU DANS LA PRESSE GÉORGIE : UN NOUVEAU PRÉSIDENT ET UNE RÉCONCILIATION ?
Les Géorgiens ont élu un nouveau président, le 27 octobre. Guéorgui Margvelachvili, le candidat du parti au pouvoir "Rêve géorgien", l’a emporté au terme d'un scrutin calme, sans surprises et incontesté - une nouveauté pour le pays. La page du réformateur Saakachvili est tournée. Reste que le pouvoir réel est aux mains du Premier ministre, et celui-ci n'a pas encore été désigné.
Préparé par Veronika Dorman
LA FIN DES ROSES
LA TRANSITION GÉORGIENNE
L'APRÈS SAAKACHVILI
Éditorial GAZETA.RU / 28.10
Éditorial VEDOMOSTI / 29.10
Paul Rimple THE MOSCOW TIMES / 30.10
C'est la fin de l'ère Saakachvili. Il aura prouvé qu'avec de la volonté politique on peut vaincre la corruption. Même ses détracteurs reconnaissent que policiers et fonctionnaires ont cessé d'accepter les pots-de-vin, les bandits ont perdu leur statut de leaders informels de la nation. Saakachvili a joué un rôle important dans la transformation postsoviétique de la Géorgie. Il a solidement défini le vecteur atlantiste et européen de la politique nationale. Même la défaite contre la Russie a eu des conséquences positives : l'économie géorgienne a appris à vivre sans le marché russe, la société a compris que l'amitié avec Moscou ne garantit pas la sécurité à un petit pays.
Ivanichvili quitte le poste de Premier ministre. Le bilan de son année au pouvoir est mitigé : les relations avec la Russie se sont améliorées, les problèmes économiques n'ont pas été réglés, les réformes de Saakachvili ont commencé à être retouchées, notamment dans la police. Néanmoins, les Géorgiens sont fatigués de leur président sortant. D'où le vote de confiance au "Rêve Géorgien". Pour que la transition s'achève avec succès, il est essentiel que Saakachvili et son parti aient perdu les élections. C'est l'une des conditions de la démocratie. En Géorgie, les élites semblent donc prêtes à construire des stratégies politiques sur le long terme.
Le plan est de transformer la Géorgie en une démocratie réelle, dont les lois sont votées par un parlement pluraliste, concept inédit. Saakachvili imposait rapidement ses réformes et projets chimériques, en réduisant au silence l'opposition. Les gens vont devoir s'habituer à ce que le gouvernement agisse beaucoup plus lentement, ce qui est normal. Maintenant la vraie question est de savoir qui viendra remplir le vide du pouvoir laissé par Ivanichvili. Le pluralisme c'est super, mais il faut être réaliste. D'autant qu'Ivanichvili a promis de revenir mettre de l'ordre s'il y avait des problèmes. On peut être à la fois un démocrate et le parraIn de la vie politique géorgienne.
dangereux de passer d’une logique de responsabilité individuelle au principe de la culpabilité collective. Tout simplement parce que cela entraînerait une mobilisation nationaliste « à vocation défensive » et démontrerait également l’incapacité de l’État à gérer les problèmes qu’il est censé résoudre. À la différence des États-Unis ou de l’Union européenne, pour nous, ce ne sont pas tant les migrations extérieures que les migrations intérieures qui revêtent une importance primordiale. Ces dernières sont associées à la mobilité à travers le pays de représentants de divers groupes ethniques. Le principal problème réside dans le fait que, dans la conscience collective des habitants de Moscou et d’autres grandes villes russes, il n’y a aucune différence de principe entre Tchétchènes ou Daghestanais, détenteurs de passeports de la Russie et les Azerbaïdjanais ou les Ouzbeks, arrivés dans notre pays en tant que travailleurs tem-
Bloquer l’entrée des immigrés des pays du Sud-Caucase et d’Asie centrale enterrerait l’Union eurasienne poraires. Poursuivre une telle ligne de conduite est périlleux, car cela pourrait conduire à des actes de représailles antirusses dans les républiques du Caucase du Nord et de la région de la Volga et renforcer les sentiments séparatistes. Ou cela peut également conduire à l’instauration d’un apartheid de facto, qui marquerait la fin de l’unité du pays. Les tentatives visant à empêcher l’entrée de migrants issus des pays du Sud-Caucase et d’Asie centrale déboucheraient sur l’enterrement définitif de l’Union eurasienne et des projets d’intégration régionales comme par exemple l'alliance militaire OTSC, et renforceraient les formations antirusses dans ces pays. Si, en Russie, une stratégie de politique cohérente régulant les deux types de migration (intérieure et extérieure) n’est pas opposée à cette xénophobie croissante, ainsi qu’une campagne de (j'ose le mot) propagande en faveur d’une identité politique russe unificatrice et de projets d’intégration, alors le pays va au devant de sérieux échecs, tant en matière de politique intérieure que de politique étrangère. L'auteur est chercheur invité du Centre de recherches stratégiques et internationales de Washington
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Culture
Musique classique Défendre le répertoire
Art Nouveau à Moscou : la mémoire d’un empire Principaux chefs-d’œuvre
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BÂTIMENTS
Il n'aime ni Wagner, ni la musique contemporaine, bien qu'il en joue. La maison Z.Morozova
"J'aimerais que les Belges soient moins gênés" C'est l’espace de réception du Ministère des Affaires étrangères de la Russie, malheureusement inaccessible. Adresse : Spiridonovka, 17.
L’hôtel Metropol À deux pas de la place Rouge. Ne vous arrêtez pas aux façades et mosaïques, l'intérieur est non moins surprenant. Adresse : Teatralny proezd, 2. © LORI/LEGION MEDIA(6)
La gare de Iaroslavl
En haut : le "palais mauresque", construit entre 1895 et 1899 sur les plans de l'architecte Viktor Mazyrin. En bas, la façade de l'hôtel Metropol (à gauche) et le toit de la gare de Iaroslavl (à droite). SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE
Pendant ce temps, Le Corbusier lui-même distinguait le non moins tarabiscoté immeuble d’appartements sur le boulevard Strastnoï, construit en 1899-1902 par Proskourine et von Goguen. L’architecte français, participant à l’élaboration du document d’urbanisme de Moscou comme capitale d’un « nouvel état », proposa de créer une « ville rayonnante » idéale. À cette fin, il suffisait de raser tous les immeubles de la ville, en ne laissant que le Kremlin et le Bolchoï. Mais Le Corbusier prit soin d’inscrire sur la liste des monuments à conserver le fameux immeuble d’appartements, tant il fut impressionné par les façades richement décorées, ornées de chauves-souris, salamandres, anges mécontents, Loreleis et gargouilles. Ces dernières ont d’ailleurs inspiré l’appellation populaire de cet immeuble : « la maison aux gargouilles ». L’un des classiques du style moderne russe est Franz Schechtel, l’architecte de la gare de Iaroslavl, de l’hôtel particulier de Derojinskaïa, du théâtre d’art de Moscou dans la rue Kamerguerski et de beaucoup d’autres édifices. D’ailleurs, la mouette qui vole sur fond d’une vague, inventée par Schechtel pour le rideau du théâtre, est restée l’emblème officiel du MKhAT. Il est remarquable que Schech-
tel ait dessiné l’un de ses meilleurs projets, l’hôtel particulier Morozov, sans avoir fait d’études d’architecture. Savva Morozov, promu de l’université de Cambridge, a donné à l’architecte une liberté absolue, en définissant seulement le style souhaité : néogothique anglais. Morozov y a caché par la suite le révolutionnaire Baumann : lors d’une réception organisée en l’honneur du gouverneur général de Moscou, le compagnon d’armes de Lénine était assis à ses côtés alors que la police était à ses trousses. Un autre projet célèbre de Schechtel est l’hôtel particulier des Riabouchinsky, sur la rue Malaïa Nikitskaïa. Après la révolution, l’écrivain Maxime Gorki y a vécu. Son style architectural a été surnommé « moderne prolétaire ». Le projet de Schechtel qui a fait le plus de bruit est celui qui n’a jamais vu le jour – un mausolée
de Lénine en forme de pyramide en verre. Schechtel a eu une sorte de prémonition : le monument qu’il proposait d’intégrer à l’ensemble architectural de la place Rouge ressemble à la pyramide du Louvre. Le premier et l’un des maitres de l’Art nouveau à Moscou, Léonid Kekouchev, a inauguré sa carrière en construisant son propre hôtel particulier dans la rue Glazovski. Son portfolio est composé d’un grand nombre d’édifices moscovites remarquables : une série d’hôtels particuliers dans le quartier prestigieux de l’Ostojenka, des immeubles d’appartements à Khamovniki, non loin de là, l’hôtel Métropol avec téléphones et eau chaude dans les chambres (inédit pour le début du XXe siècle). En 1906, le premier cinéma à deux salles de la capitale a ouvert ses portes dans l’hôtel. Le style de Kekouchev est comparé à l’Art nouveau franco-belge deVictor Horta.
L'architecte Schechtel s'est inspiré des cimetières, comme en témoigne le toit noir de l’édifice. Adresse : place Komsomolskaïa, 5.
Le MKhAT de Tchékhov L’entrée du théâtre est surplombée par un bas-relief représentant un nageur, exécuté dans le style Art nouveau. Le restaurant du théâtre vaut le détour, ainsi que n’importe quel spectacle de l’une des principales scènes de Russie. Adresse : Kamerguerski, 3.
L’hôtel particulier des Riabouchinsky
Visites guidées en français La célèbre guide moscovite Ilona Gorskaya organise des visites pédestres, en français, des monuments architecturaux de la fin XIXe-début XXe (www.guide-inmoscow.com). L’association "Tours by locals" propose des guides francophones pour des visites individuelles de Moscou, consacrées
à l’architecture, la littérature, les personnalités et autres aspects intéressants de l’histoire de la ville (www.toursbylocals.com/MoscowTours). L’agence "Tours in Russia" propose des visites guidées de l’architecture Art nouveau à Moscou : à pieds ou en bus (www.toursinrussia.com).
L'hôtel abrite aujourd’hui le musée Maxime Gorki. Ouvert tous les jours de 11:00 à 16:00, entrée libre. Visites en russe seulement. Adresse : Malaïa Nikitskaïa, 6.
Andrey Boreyko est un chef d’orchestre discret, qui a pourtant dirigé les Orchestres de Hambourg, de Berne et de Vancouver. Il dirige aujourd'hui l’Orchestre national de Belgique. DARIA GISSOT POUR LA RUSSIE D'AUJOUD'HUI
Élocution posée, gestes lents, ajouté à son air de dandy élégant, suffiraient à traduire cette discrétion, qui provoque pourtant une dissonance avec la réputation des grands maîtres de la tradition musicale russe. « J’ai eu le bonheur d’avoir été le disciple de l’extraordinaire Professeur Elizaveta Koudriavtseva, célèbre pour son art de la transmission de la précision musicale ». Monsieur Boreyko, originaire de Saint-Pétersbourg se considère comme chanceux lorsqu’il parle de toutes ses collaborations. « Dès les premiers cours elle m’apprit à diriger en accord avec le son perçu, et non pas selon une représentation intellectualisée de l’œuvre ». Il se dit « l’héritier de l’époque d’avant-guerre », lorsque la Russie post-révolutionnaire connaissait une véritable floraison des arts avec, comme il le précise, « Saint -Pétersbourg comme centre absorbant de multiples tendances venues d’ailleurs ». De la seconde moitié du XXème siècle ne l’intéressent que les compositeurs suivants : Pärt, Chostakovich, Stravinsky, Silvestrov. Il aime Bruxelles. C’est là qu’entre deux voyages, deux performances, il « se vide » avant de reprendre son pupitre pour faire vibrer les cordes, vents, cuivres, bois et autres percussions. « Je donne quelquesfois la chance aux musiciens de me proposer une interprétation qui sème la discorde dans ma vision initiale de l’œuvre. Finalement je ne garde pas cette interprétation telle quelle, mais cette confrontation donne une couleur finale à l’œuvre, une nuance que j’appelle « entre ombre et demi-couleur ». Le défi d’Andrey Boreyko est de garantir la qualité ainsi que la réputation musicale d’un pays à chaque interprétation. « J’aimerais
que les Belges soient moins gênés par leur tradition de musique classique : César Franck peut être considéré comme l’équivalent d’un Tchaïkovski dans le Royaume, mais pourtant il reste peu joué ! ». Monsieur Boreyko a l’air sincèrement fier de l’excellence de la culture musicale belge et souligne la responsabilité qu’il aura durant les quatre années qu’il lui reste à diriger l’orchestre national. Langue musicale novatrice ? Il s’en soucie peu : « Je ne pourrais pas me consacrer à la seule musique contemporaine. C’est comme si on forçait un végétarien à ne manger que de la viande...Un bon équilibre musical, voilà ce que je recherche ». Le sort d’une des plus grandes salles de spectacle d’Europe dépend de son inspiration, et la maîtrise personnelle dont il fait preuve à chaque représentation fait des envieux. « Je pratique un métier mystérieux, assure-t-il d’un air lucide. J’ai l’impression d’établir un lien ésotérique avec les compositeurs. Certains refusent d’ailleurs de se livrer à moi, je les laisse alors de côté et c’est parfois seulement 5 ans plus tard que je me confronte à nouveau à l’œuvre, après avoir acquis moi-même une autre expérience de la vie, personnelle ou musicale ». A-t-il des démons ? C’est d’abord Wagner qu’il n’apprécie pas d’interpréter, ainsi que l’angoisse de devoir renoncer à son rythme de vie depuis 22 ans : « Je ne suis pas resté plus d’une semaine dans un pays depuis que j’ai quitté la Russie en 1991 ». Ses projets ? Il en dévoile quelques-uns comme celui de 10 pièces commandées à dix compositeurs européens contemporains autour d’un thème : le centenaire de la Première Guerre mondiale. « Le métier du compositeur est vraiment dur actuellement, selon Boreyko. D’ailleurs l’Orchestre National de Belgique ne vit pas sa meilleure période étant obligé de renoncer aux tournées. Mais je reste optimiste et je crois que la politique culturelle appropriée sera de nouveau en accord avec les projets de notre orchestre dès 2014 ».
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