La Russie d'Aujourd'hui

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Produit de Russia Beyond the Headlines

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À la redécouverte d’Anton Lavinsky Des sculptures de l’artiste cubiste réapparaissent dans une galerie parisienne. P. 7 GETTY IMAGES/FOTOBANK

La « poupée russe » a fière allure

Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The New York Times, The Economic Times et d’autres grands quotidiens internationaux

C’est le surnom de la créatrice de mode Ulyana Sergeenko, qui intègre les traditions cuturelles russes. P. 8

Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu Mercredi 19 février 2014

POLITIQUE

JO La jeune patineuse crée la surprise à Sotchi et incarne la relève de la grande tradition russe sur la glace

Ioulia Lipnitskaïa : une pirouette en or et un record

À l’horizon politique 2014

matrice a immédiatement compris que « l’élève » Ioulia avait les capacités de devenir une vraie championne. Lors de la saison 201112, Ioulia Lipnitskaïa a remporté toutes les compétitions juniors auxquelles elle a pris part, dont la finale du Grand Prix et le championnat du monde. L’année suivante, elle gagnait déjà deux étapes du Grand Prix senior, avant de se retirer de la finale : elle s’était ouvert le menton et avait subi une légère commotion à l’entraînement.

Plus jeune championne olympique de l’histoire des Jeux d’hiver, Ioulia est « en piste » pour d’autres médailles et représente à moins de 16 ans un exemple pour sa génération. ANNA KOZINA LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Une « tsarine » est née : Ioulia Lipnistkaïa est devenue la plus jeune championne olympique de l’histoire des Jeux d’hiver en remportant à Sotchi l’épreuve de patinage artistique par équipes avec la Russie. Elle avait exactement 15 ans et 249 jours. Le record appartenait auparavant à l’Américaine Tara Lipinski, qui s’était emparée de l’or à Nagano en 1998 à l’âge de 15 ans et 255 jours. La veille des JO 2014, Lipinski avait d’ailleurs déclaré dans un entretien au New York Times qu’on pouvait s’attendre à une surprise avec Lipnitskaïa, évoquant plutôt le tournoi individuel féminin où la Russe pourrait remporter l’or qui a toujours échappé à son pays dans cette discipline. Ioulia n’était pas encore née quand Evgeni Plushenko, son partenaire au sein de l’équipe, est devenu pour la première fois champion du monde senior. Il la qualifie de « petit génie ». Double médaillé d’argent aux Jeux olympiques de Lillehammer et Nagano, Elvis Stojko a quant à lui écrit sur son compte Twitter : « Ioulia Lipnitskaïa peut devenir la nouvelle superstar. Elle sera pour beaucoup de gens une source d’inspiration si elle poursuit encore plusieurs années sa carrière dans le patinage artistique ».

Parmi les grands objectifs de la politique étrangère russe cette année : l’intégration éurasienne, le renforcement des relations avec l’Union européenne (sans parler de l’épineux dossier ukrainien) et la négociation de nouvelles entrées sur le marché des hydrocarbures. PAGE 2

SOCIÉTÉ

Le Centre orthodoxe relancé à Paris

En 2012, elle commence à connaître des problèmes typiquement liés à l’adolescence : prise de poids et croissance difficile. Sa première monitrice, Elena Levkoviets, se souvient des doutes qui avaient assailli la future championne olympique l’année dernière : « Ioulia ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait et ne savait pas quoi faire de ses bras et de ses jambes. De plus, tout ne lui réussissait pas à l’entraînement ». Qui aurait pu penser que cette jeune fille frêle se battait tous les jours contre son poids ? Toutberidze ne cesse de s’extasier devant la détermination de son élève, surnommée « tantchik » (le petit tank) à l’école de patinage. « Je n’avais jamais vu ça dans ma carrière : elle ne mangeait tout simplement rien. Lorsqu’il faut perdre du poids, elle ne se nourrit que de fibres en poudre pour se donner de l’énergie. Mais elle y arrive, Dieu soit loué. Elle a beaucoup de caractère ».

SERVICE DE PRESSE

Âge de transition

Redessiné par Jean-Michel Wilmotte, ce centre cultuel et culturel de quatre bâtiments intégrera son architecture dans le paysage urbain du quai Branly tout en respectant les obligations canoniques de l’Église orthodoxe russe. La première pierre devrait être posée en juin prochain, après des années de tergiversations. PAGE 3

RÉGIONS

Premiers pas Pas un seul jour de repos

ITAR-TASS

Ioulia est née à Ekaterinbourg, où elle a commencé le patinage artistique à quatre ans. Estimant que sa ville natale ne répondait pas à ses ambitions, elle décide en 2009 de s’installer à Moscou pour s’entraîner chez la jeune spécialiste Eteri Toutberidze. Lipnitskaïa se souvient qu’elle était prête à renoncer à son ambition et à devenir une jeune fille ordinaire au cas où Toutberidze ne l’aurait pas prise sous son aile. Mais elle a été retenue et la for-

Ioulia Lipnitskaïa porte de nouveaux espoirs russes de médaille sur la glace à Sotchi cette semaine.

Ce « quartier des artistes » de Saint-Pétersbourg, qui doit son nom à Anton Rubinstein est ou a été l’adresse d’écrivains et de musiciens célèbres, de Dovlatov à Brodsky en passant par les stars du rock underground.

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À lire sur notre site Web Poutine propose une zone de libreéchange à l’Union européenne NTIN STA KON

larussiedaujourdhui.fr/27661

larussiedaujourdhui.fr/27843

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Le mars

ER MAL

INSTITUT DE L’ART RÉALISTE RUSSE

Le sport à l’ère soviétique, au-delà de l’idéologie

La rue Rubinstein

Dans ses prestations, Ioulia donne l’impression de réaliser avec une facilité déconcertante ses pirouettes à grand écart vertical, pour lesquelles sa note reçoit les degrés de difficulté les plus élevés et un bonus de « +3 ». Mais cette impression est trompeuse.

Prochain numéro


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LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR EDITION DE ROSSIYSKAYA GAZETA DISTRIBUÉE AVEC LE FIGARO

Politique & Société

Géopolitique Trois grandes priorités de la politique étrangère russe : union eurasienne, relations européennes et nouveaux marchés

ALEXANDRE GABOUEV KOMMERSANT

L’année en cours sera décisive en ce qui concerne la formation de l’Union économique eurasienne (UEE), présentée comme le principal projet de politique étrangère de la Russie et l’une des priorités du troisième mandat présidentiel deVladimir Poutine. Le texte du Traité d’Union devrait être rédigé d’ici mars 2014 et les chefs d’État doivent ensuite se réunir l’été prochain pour le ratifier. L’Union économique eurasienne doit entrer en service dès le 1er janvier 2015. L’an dernier, de nombreux problèmes touchant au processus d’intégration ont fait surface. Le premier touche les divergences entre Moscou et le Kazakhstan. D’après des sources proches des négociations, la Russie souhaite faire de l’UEE une structure très centralisée, dans laquelle pratiquement tout serait coordonné. Les États membres ne devraient pas seulement former un marché unique de libre circulation des biens, services, capitaux et personnes mais également constituer un espace unique en matière d’immigration, d’éducation et même de politique d’information. Les autorités du Kazakhstan, et dernièrement de la Biélorussie considèrent cela comme une atteinte à leur souveraineté. Avec ces divergences en toile de fond,

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Renforcer l’intégration eurasienne

Sergueï Lavrov (à droite), chef de la diplomatie russe, et son homologue français Laurent Fabius.

tiquement installé en position de monopole sur les achats de pétrole russe à l’Est. L’une des tâches les plus urgentes pour 2014 devra donc être la diversification des contacts en Asie de l’Est : la Chine conservera son rôle de client principal, mais Moscou doit trouver un contrepoids. Une récente visite deVladimir Poutine en Corée du Sud n’a pas débouché, tandis que les relations avec le Japon restent caractérisées par la défiance en raison du différend territorial des îles Kouriles. Quant aux autres partenaires asiatiques comme l’Inde et le Vietnam, ils proposent des débouchés pour les produits de la construction mécanique, mais pas encore d’investissements. Or, la recherche d’investissement est

Moscou devra faire preuve de tact diplomatique.

Entrer sur les nouveaux marchés des hydrocarbures Parmi les principaux défis, celui que la Russie a peut-être le mieux géré en 2013 concerne la recherche de nouveaux débouchés pour ses hydrocarbures. Rosneft a signé un accord avec des compagnies pétrolières chinoises portant sur l’octroi d’une avance de 60 milliards de dollars (42 milliards d’euros) pour de futures livraisons de pétrole. Cette somme servira principalement à l’achat d’actifs en Russie. Mais l’importance qu’a prise la Chine a créé un risque de dépendance excessive envers un seul consommateur. Beijing s’est pra-

une priorité absolue pour l’économie russe.

Resserrer les relations avec l’Europe Le virage chinois en matière d’exportation de matières premières ne rendra pas seulement nécessaire une diversification des contacts en Asie afin de couvrir les risques, mais impliquera également la restauration de relations plus étroites avec l’Europe. Les relations avec l’Union européenne se sont considérablement dégradées au cours des deux dernières années, bien qu’en apparence, Moscou comme ses partenaires européens s’efforcent de ne pas le montrer publiquement. Le symbole le plus visible de la somme de griefs accumulés réside

Version éditée d’un article publié dans Kommersant

Evgueny Boujinski VICE-PRÉSIDENT DU CENTRE PIR

SERVICE DE PRESSE

Les priorités (Union économique eurasienne, relations avec Bruxelles et recherche de nouveaux débouchés pour les hydrocarbures) n’occultent pas les dossiers syrien et ukrainien.

ILS L’ONT DIT

"

En 2014, le principal problème qui structure la politique extérieure russe est le règlement définitif du dossier nucléaire iranien. Si l’on parvient à transformer l’accord provisoire en convention à long terme, cela aura un impact positif sur une série d’autres problèmes urgents, tels que la guerre civile en Syrie et la question du bouclier antimissile européen dans les relations russoaméricaines ".

Halil Karaveli DIRECTEUR DU PROJET TURQUIE DE L’INSTITUT DES ÉTUDES DE L’ASIE CENTRALE ET DU CAUCASE DE L’UNIVERSITÉ JOHNS HOPKINS

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Objectifs diplomatiques et défis économiques : le programme pour 2014

dans le fait qu’en 2013, la Russie et l’UE n’ont organisé qu’un seul sommet (à Ekaterinbourg en juin) en dépit du fait que durant de nombreuses années, les dirigeants de ces deux ensembles se réunissaient deux fois par an : une fois en Russie, puis une seconde en Europe. D’après certaines sources au sein de la Commission européenne, cela s’explique par le fait que le Sommet d’Ekaterinbourg s’est achevé sans aucun résultat : le sommet de décembre risquait ainsi de devenir le second sommet consécutif à se solder par un échec complet. La relation touche le fond à cause de l’Ukraine. Des fonctionnaires européens ont accusé la Russie d’ingérence dans les affaires d’un État souverain. Les officiels russes ont fait preuve de plus de réserve, mais dénoncent les Européens se rendant à Kiev pour soutenir la contestation. La détérioration des relations avec l’Allemagne constitue pour la Russie la perte la plus sérieuse. Selon des sources berlinoises, le refroidissement tiendrait aux poursuites judiciaires visant en Russie des opposants. La cause réelle serait toutefois la diminution progressive de la dépendance des grandes entreprises allemandes envers les matières premières et le marché russe. « Lorsque l’on parle de l’économie chinoise et de son taux de croissance annuel de 7%, tout le monde est prêt à fermer les yeux sur les droits de l’homme, mais lorsque le regard se porte sur la Russie, sa faible croissance économique et ses perspectives incertaines, les enthousiastes se raréfient », estime un responsable. Les diplomates russes reconnaissent que le niveau des relations a baissé, et sans le soutien de l’Allemagne, travailler avec les autres États membres de l’UE s’avère autrement plus difficile. C’est pourquoi rétablir les contacts avec Berlin constitue également un objectif primordial. La coopération autour de la libération de Mikhaïl Khodorkovski, dans laquelle l’Allemagne a joué un rôle clé, peut être considérée comme un exemple positif.

"

Les tensions géopolitiques en Asie orientale, notamment la confrontation territoriale qui oppose la Chine à plusieurs États voisins, seront la tendance pour l’année 2014. Les problèmes économiques, sociaux et environnementaux en Chine sont susceptibles de s’aggraver cette année et nécessitent une attention particulière ".

QUESTIONS & RÉPONSES

La crise ukrainienne et le risque nationaliste Maïdan [surnom du mouvement protestataire ukrainien, ndlr] a vite cessé d’être pacifique. Pourquoi les intellectuels restent-ils solidaires des actions coup de poing des nationalistes ? Le nationalisme de rue radical est socialement très loin de l’intelligentsia, mais dans le fond ils sont sensibles aux mythes ukrainiens créés précisément par l’intelligentsia. Le nationalisme est l’enfant de l’intelligentsia car c’est elle qui invente les mythes nationaux. Les oligarques influencent-ils les événements ? Bien sûr. L’Ukraine est le pays de l’espace post-soviétique le

pour une explosion comme à Maïdan, il faut une charge irrationnelle de haine très forte. Ce n’est pas seulement l’absence de confiance ou le rapport sceptique au pouvoir, c’est la même chose dans n’importe quel pays. Mais une force telle qui ne peut pas attendre un an jusqu’aux élections, et renverser légalement un président qu’on ne supporte pas.

plus oligarchique. Les oligarques ukrainiens sont les principaux adversaires du rapprochement avec la Russie et de l’entrée dans l’Union douanière. Ils craignent d’être dévorés par les oligarques russes. Si les oligarques opèrent en coulisse, pourquoi la classe moyenne monte-t-elle sur les barricades ? La classe moyenne tant à Moscou qu’à Kiev est une couche assez fine, et non la classe sociale de la majorité, comme dans les années 60-80 en Occident. Mais elle est malgré tout assez visible dans les grandes villes. La génération qui raisonne de façon utilitariste a déjà grandi. Et la culture protestataire appartient à sa descendance : « nous avons si bien réussi, nous sommes éduqués », se dit-on : « pourquoi devrions-nous nous soumettre à des hommes d’État barbares et malhonnêtes ? »

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Mikhaïl Remizov, directeur de l’Institut pour une stratégie nationale russe, décrypte la crise ukrainienne et explique pourquoi une situation analogue est peu probable en Russie.

Les manifestants du Maïdan : la classe moyenne sur les barricades.

C’est un motif universel de protestation d’une sous-culture consumériste. La vérité est que ce type de motivation décrit plus ce qui s’est passé avec Bolotnaïa [le surnom du mouvement de prostestation russe, ndlr]...

Bolotnaïa ne s’est pas développé comme Maïdan... Parce-que les autorités russes se sont comportées plus intelligemment. La haine du pouvoir est l’apanage d’une minorité tout à fait insignifiante. Et

En Russie, sommes-nous plus sceptiques et désabusés ? Sans doute qu’en Russie l’instinct de l’État est plus fort. La culture politique ukrainienne se construit sur l’archétype du village cosaque, la Zaporoguie, elle est plus anarchique. Chez nous, on raisonne essentiellement à peu près ainsi : l’État est injuste, mais son absence serait encore pire. Il ne faut renverser ce que l’on combat que si l’on est sûr qu’il y a une bonne alterna-

tive. L’instinct anarchique au contraire dicte ceci : on renverse le pouvoir, et on verra plus tard pour le reste. Quelles sont les principales leçons que la Russie peut retirer de Maïdan ? La principale leçon est la suivante : les autorités ont décidé à un certain moment qu’elles pouvaient tout se permettre, que l’expansion de « la famille » et des modèles de rapports claniques de corruption n’aurait pas de frontières et, se passionnant pour le marchandage politique, ont oublié que la population observait tout ça. La société qu’elles ont l’habitude de considérer comme statique a une force intérieure et peut en un instant devenir un acteur agissant. Propos recueillis par Elena Iakovleva, Rossiyskaya Gazeta

LES SUPPLÉMENTS SPÉCIAUX ET SECTIONS SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILLIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX: • LE FIGARO, FRANCE • LE SOIR, BELGIQUE• THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • SÜDDEUTSCHE ZEITUNG, ALLEMAGNE • EL PAÍS, ESPAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE • DUMA, BULGARIE • POLITIKA, GEOPOLITIKA, SERBIE • THE WASHINGTON POST, THE NEW YORK TIMES ET THE WALL STREET JOURNAL, ÉTATS-UNIS • ECONOMIC TIMES, INDE • MAINICHI SHIMBUN, JAPON • GLOBAL TIMES, CHINE • LA NACION, ARGENTINE • FOLHA DE S.PAULO, BRÉSIL • EL OBSERVADOR, URUGUAY • SYDNEY MORNING HERALD, THE AGE, AUSTRALIE • ELEUTHEROS TYPOS, GRÈCE • JOONGANG ILBO, CORÉE DU SUD • GULF NEWS, AL KHALEEJ, ÉMIRATS ARABES UNIS • NOVA MAKEDONIJA, MACÉDOINE • NATION, THAÏLANDE. EMAIL : REDAC@LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR. POUR EN SAVOIR PLUS CONSULTEZ LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR. LE FIGARO EST PUBLIÉ PAR DASSAULT MÉDIAS, 14 BOULEVARD HAUSSMANN 75009 PARIS. TÉL: 01 57 08 50 00. IMPRESSION : L’IMPRIMERIE, 79, RUE DE ROISSY 93290 TREMBLAY-EN-FRANCE. MIDI PRINT 30600 GALLARGUES-LE-MONTUEUX. DIFFUSION : 321 101 EXEMPLAIRES (OJD PV DFP 2011)


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Société

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Architecture Après quelques péripéties politiques, le projet de centre orthodoxe et culturel redémarre sur des bases solides

Un coin de Russie à Paris en 2016 La nouveau centre culturel bénéficiera d’une architecture s’intégrant dans le paysage tout en respectant les règles canoniques de l’Église orthodoxe russe. DIMITRI DE KOCHKO

La maquette du futur centre orthodoxe et culturel russe dans le cadre du quai Branly.

Un architecte français bien connu en Russie

Pourquoi vous a-t-on confié ce projet aussi important ? Notre bureau d’architectes est bien connu en Russie car nous y travaillons depuis de nombreuses années. Nous travaillons aussi depuis longtemps à Paris, où plusieurs de nos projets font partie du décor. Il s’agit de bâtiments publics, de bureaux de grandes entreprises ou de logements.

De combien de bâtiments sera composé le complexe ? Il y en aura quatre sur un terrain de 4 245 m2. Le complexe sera composé d’une cathédrale avec cinq coupoles, d’un centre de rencontre pour les représentants de la communauté russe et les Français désirant en savoir davantage sur la culture orthodoxe, d’un bâtiment administratif et ecclésiastique, mais aussi, d’une école primaire bilingue français et russe qui pourra accueillir jusqu’à 150 enfants. C’est un élé-

ment qui n’était pas prévu dans un premier temps, lorsque nous avons participé à l’appel d’offres international en 2011.

dévolus à deux bâtiments de Météo France. Le projet prévoit une voie de passage privée mais ouverte le jour au public, un dégagement d’une partie du Palais de l’Alma, mitoyen, jusqu’à présent dissimulé à la vue, et des espaces verts. Jean-Michel Wilmotte a beaucoup insisté sur

cette ouverture et le caractère aéré du projet en rendant hommage aux Russes d’avoir accepté de ne pas construire sur toute la surface à laquelle ils avaient droit (8 000 mètres carrés). « Peu de promoteurs acceptent de faire ça aujourd’hui », a reconnu M. Wilmotte.

Les fresques intérieures sont de la compétence de l’ Église orthodoxe russe. Il semble qu’elles seront peintes dans l’esprit de l’époque des célèbres artistes Andrei Roublev ou Théophane le Grec. M. Kojine a précisé que des écoles russes ont retrouvé le savoir-faire de l’époque et a lais-

Quel matériau utiliserez-vous ? C’est la pierre de Bourgogne qui est traditionnellement privilégiée à Paris, comme pour la cathédrale Notre-Dame de Paris et le Louvre. Propose recueillis par Viatcheslav Prokofiev, Rossiyskaya Gazeta

« Vous savez, il m’arrive souvent de travailler sous tension. Par exemple, si j’arrête complètement l’entraînement, je suis raide comme un bout de bois. Mes muscles cessent tout simplement d’obéir », soupire la jeune médaillée. Ioulia est une véritable perfectionniste. Elle peut être mécontente d’elle-même après une victoire indiscutable. Ce fut encore le cas après sa deuxième performance olympique. « Les sauts auraient pu être mieux exécutés et ma dernière pirouette n’a pas été effectuée de la meilleure façon. Je n’arrive pas encore à me pardonner mes erreurs. Cela viendra peut-être avec l’expérience, comme quand Carolina Kostner sourit même après une chute aux championnats du monde ». Toutberidze est d’accord avec son élève. « Elle doit encore travailler certains aspects. Ioulia s’est énervée au milieu du programme. Mais c’est normal, ce n’est quand même pas une poupée mécanique. Nous tirerons

les conclusions de ses performances et corrigerons toutes les erreurs en vue de la prochaine compétition ». Il s’agira du tournoi individuel qui aura lieu les 19 et 20 février. Pour prendre de la distance par rapport à l’euphorie entourant sa première médaille d’or et se cacher des regards admiratifs afin de s’entraîner tranquillement, Ioulia et son entraîneur sont rentrés le 10 février à Moscou où toute une patinoire était à leur disposition.

Adversaires Il fallait de la volonté pour passer d’une ambiance olympique festive au silence d’une patinoire et au calme de la vie à la maison. Mais c’est le prix de la préparation pour affronter la concurrence qui attend à Sotchi. Les adversaires de Lipnitskaïa peuvent en effet tirer profit à la fois de leur expérience et de leurs médailles. C’est le cas de l’Italienne Carolina Kostner, championne du monde 2012 et cinq fois championne d’Europe, ainsi que de la Japo-

SON PALMARÈS NÉE : LE 5 JUIN 1998 ENTRAÎNEUR : ETERI TOUTBERIDZE

Ioulia Lipnitskaïa est désormais championne olympique dans les épreuves par équipes, championne d’Europe 2014, championne du monde junior 2012 et vice-championne du monde 2013, ainsi que médaillée d’argent en finale du Grand Prix 2013-14. Pour son programme libre, elle a reçu à Sotchi la note de 141,51 points, deuxième résultat de l’histoire derrière Kim Yu-na (150,06). Elle occupe la troisième place du

classement de l’Union internationale de patinage (ISU) en date de janvier 2014. Lipnitskaïa a elle-même choisi les thèmes de ses numéros. Programme court : « Ne otrekaïoutsia lioubia » (Mark Minkov). Programme libre : « La liste de Schindler » (John Williams). Certains metteurs en scène ont refusé de réaliser « La liste de Schindler » avant qu’Ilia Averboukh, médaillée d’argent aux Jeux de Salt Lake City en danse sur glace, ne donne son accord. Son emploi du temps chargé a même obligé Ioulia Lipnitskaïa à travailler sur ces mises en scène la nuit.

traitant de « pastiche » et rejetant l’idée de canopée. En novembre 2012, la Russie retira son projet. Un groupe de travail franco-russe fut constitué. Le cabinet J-M Wilmotte, qui était arrivé second au concours et qui venait alors de remporter le projet du Grand Moscou en Russie tout en ayant l’habitude de travailler à Paris, avec la Mairie et d’autres partenaires, se vit confier la tâche de proposer un nouveau projet. Il aurait aussi l’avantage d’éviter certains écueils techniques auxquels se heurtait le projet Nunez. Le Patriarche Cyrille a donné sa bénédiction aux plans, et même fait quelques suggestions, selon l’ambassadeur Alexandre Orlov. M. Wilmotte s’est dit « très impressionné par l’entrevue lumineuse avec le patriarche ». La première pierre devrait être posée le 6 juin, à l’occasion de la commémoration du débarquement, ou le 12, pour la fête nationale russe de la Constitution post-soviétique qui a vingt ans cette année.

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L’architecte Jean-Michel Wilmotte nous parle de son projet.

JO : avec Lipnitskaïa la relève est enfin arrivée sur la glace SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

sé entendre qu’une école de Saint-Pétersbourg lui paraissait la mieux placée. Au printemps 2010, en pleine année croisée France-Russie, la Russie avait remporté l’appel d’offres pour acquérir ce terrain situé dans un des plus beaux quartiers de Paris. Le prix d’achat tournerait officieusement autour de 60 millions d’euros. Un appel à projets avait été lancé très rapidement et 10 candidats ont été présentés au public et à un jury, comprenant des Russes et des Français, des représentants de l’ Église orthodoxe russe et de la Mairie de Paris. En mars 2011, le jury avait voté en faveur de l’architecte espagnol Manuel Nunez Yanowsky. Ce dernier, en équipe avec des architectes russes et français, proposait une église recouverte d’une « canopée » en verre. Mais en janvier 2012, alors que la Russie déposait une demande de permis de construire à la Préfecture, le maire de Paris Bertrand Delanoé s’y opposa et fit des déclarations hostiles aux plans de l’architecte Nunez, le

QUESTIONS & RÉPONSES

REUTERS

Le centre redessiné a été présenté le mois dernier à la presse. L’architecte Jean-Michel Wilmotte, concepteur du projet, et Vladimir Kojine, intendant du Kremlin, ont dit espérer que les travaux démarreront au premier trimestre de cette année et dureront deux ans pour une livraison en 2016. L’entreprise Bouygues a remporté l’appel d’offres. L’église, au centre, sera entourée d’une salle d’exposition, d’un centre paroissial, d’une cafétéria « à la russe » ouverte au public et d’une école franco-russe non confessionnelle pour 150 élèves accueillis dans 5 salles de classes de 30 places. Le projet initial ne prévoyait pas d’école mais la communauté russe de France, appuyée par l’ambassadeur de Russie, Alexandre Orlov, l’a demandée et a été entendue par les autorités de Moscou. Le tout est construit en pierre de Bourgogne feuilletée et dans un style moderne sans ostentation. C’est la pierre de taille la plus répandue dans ce très « beau quartier » de Paris, proche de la Tour Eiffel et au bord de la Seine. L’église est bâtie dans l’esprit des églises russes des XVèmeXVIIème siècles des villes historiques de Vladimir et Souzdal et des cathédrales du Kremlin de Moscou, avec des murs massifs de couleur ocre clair, ici allégés par des incrustations en verre et l’effet feuilleté. Les cinq coupoles, grandes et couvertes d’or mat, sont en forme de bulbes, très associés par le public français à la Russie. Le clocher est, comme l’exige la tradition canonique russe, situé à part en haut de la salle des expositions. Le tout occupe 4 650 mètres carrés à l’angle du quai Branly et de l’avenue Rapp, précédemment

SERVICE DE PRESSE (2)

LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Evgeni Plushenko étreint « le petit génie » après la victoire.

naise Mao Asada, médaillée d’argent aux Jeux d’hiver 2010 et deux fois championne du monde (2008 et 2010), que la Russe a déjà vaincues au tournoi par équipes. Sans oublier la Coréenne Kim Yu-na, championne olympique à Vancouver et deux fois championne du

monde, ou encore la Russe Adelina Sotnikova, présente sur le podium du championnat d’Europe 2014 aux côtés de Lipnitskaïa. Elles ne bénéficieront probablement pas du même soutien du public. « On m’a prévenue plusieurs fois que les spectateurs

feraient beaucoup de bruit et qu’on n’entendrait même pas la musique. Dès l’échauffement, partout et tout le temps. J’étais normalement prête pour de telles conditions. Mais je ne pensais pas que ce serait si bruyant. Dieu soit loué, cela m’a aidée, explique Ioulia. L’important est

que j’étais bien préparée et que je me sentais bien sur la glace : elle glissait bien, me poussait et était peu friable. J’essaierai de continuer sur cette voie. Je ne pourrai me considérer comme une championne olympique qu’à la fin de toutes les compétitions ».


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Économie

Marché des spiritueux Une riche tradition de « boissons haut de gamme » se cache derrière la vodka Christophe Gauville, maître de chais de la distillerie, devant l’alambic spécialement réalisé pour la marque Viche Pitia.

EMMANUEL GRYNSZPAN

Une renaissance qui passe par un alambic français Deux Russes et un Français ont eu l’idée de mettre sur le marché d’anciennes recettes d’alcools russes totalement oubliés depuis la révolution bolchevique. PAUL DUVERNET LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

La vodka est à la mode partout dans le monde. On en produit partout, même en France (songez à Grey Goose, la plus onéreuse au monde). Mais derrière cette forêt de vodkas aux arômes somme toute limités, se cache une riche tradition gustative en train d’être redécouverte. Pour ceux qui ont le sentiment que la vodka est un alcool brut auquel on a « oublié » d’ajouter une fragrance,Viche Pitia pourrait être une révélation. La marque, dont le nom veut dire en russe « boisson supérieure » ou « boisson haut de gamme », offre une ligne de spiritueux franco-russe qui a l’ambition de recréer le riche

paysage gustatif pré-révolutionnaire. Deux « parfums » sont déjà dans les rayons des épiceries de luxe (et à la carte de quelques grands restaurants) : le n°30 « lait et citron » (43%) et le n°7 « cumin » (58%). Attention ! Il ne s’agit pas d’une de ces innombrables vodkas parfumées où l’on a glissé dans la bouteille une herbe à bison, une queue de lézard ou une larme de tsarine… La production deViche Pitia possède un caractère artisanal : l’alcool résulte d’une macération, puis d’une distillation dans un alambic dédié. Rien à voir avec les productions industrielles sur les étagères des supérettes. Viche Pitia se veut une boisson gastronomique dont l’origine remonte au XVIIIème siècle. Retour sur la petite histoire des spiritueux en Russie s’impose. En 1765, la tsarine Catherine II promulgue un décret définissant les conditions idoines pour la

EN CHIFFRES

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marchés d’exportations pour la marque Viche Pitia en deux années de démarches. La Russie devrait rester le marché principal.

1765

Catherine II signe un décret réglementant sévèrement la distillation. Seuls les aristocrates avaient désormais le privilège de pouvoir produire leur propre alcool.

Viche Pitia se veut une boisson gastronomique et renvendique des origines historiques datant du XVIIIème siècle

distillation de la vodka, stipulant entre autres que seuls les nobles avaient le droit de posséder des alambics. À cette époque, chaque famille aristocratique se targuait de produire son propre alcool, tandis que le peuple buvait (et boit encore) un tord-boyaux appelé « Samogon ». Naturellement, chaque famille rivalisait pour distiller la boisson la plus originale et la plus savoureuse. Des alambics à repasse en cuivre étaient alors employés, et non des alambics à colonne, comme ceux utilisés aujourd’hui pour les vodkas. Cette manière de procéder a complètement disparu en Russie alors qu’elle est toujours en usage en France. Cette grande diversité subit une première tentative de standardisation de la vodka par l’État russe en 1863, avant d’être éradiquée par les Bolcheviques en 1917, alors que le pou-

voir s’arroge un monopole sur la distillation. La plupart des recettes sont perdues. Mais voilà qu’un groupe de trois amis passionnés décide de ressusciter cette tradition en fouillant dans les archives, pour en faire un projet commercialement viable. « Maison de la Vodka », la société qui produit Viche Pitia, est fondée en 2010 par trois personnes aux profils complémentaires : Igor Shein, ancien académicien et expert en alcools, Konstantin Lapitsky, propriétaire d’une chaîne de boutiques de vin à Krasnoïarsk et Pierre Solignac, un homme d’affaires français travaillant dans la distribution de vins et d’alcool (spiritueux). Ce dernier confie à La Russie d’Aujourd’hui pourquoiViche Pitia est distillé en France. « Nous voulions au départ distiller en Russie, mais la législation russe ne permet pas d’utiliser les alambics dont nous avons besoin. Nous avons rapidement compris que le seul endroit possible était la région de Cognac. Comme la loi française interdit de distiller dans le même alambic de l’alcool de seigle (Viche Pitia) et de l’alcool de raisin (Cognac) – les mélanges d’alcools –, nous avons dû acquérir notre propre alambic sur mesure de 2000 litres ». Les bouteilles de Viche Pitia sont déjà commercialisées depuis plusieurs mois en Russie à un prix approchant les 100 euros pour la bouteille de 70cl et autour de 45 euros en France pour la bouteille de 50cl. « Nous nous positionnons comme une boisson gastronomique, qui se situe au niveau des whiskies haut de gamme ». Un produit de niche pour lequel les entrepreneurs voient une demande mondiale. « Notre marché principal reste la Russie, mais nous comptons aussi entrer sur le marché nordaméricain », explique Pierre Solignac en dégustant une n°7 (cumin) au Café Pouchkine de Moscou. « Pour l’instant, nous avons démarré ce projet en autofinancement, mais le ticket d’entrée aux États-Unis requiert des investissements très importants », souligne-t-il en ajoutant chercher éventuellement un quatrième partenaire pour la Maison de la Vodka. Confronté à un spiritueux aussi accrocheur, pas facile de trouver un investisseur sobre !

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EN BREF Gazprom convoite une centrale française Le groupe ernergétique russe a déposé son dossier dans un appel d’offres portant sur l’achat de deux centrales électrothermiques en France. Les actifs sont mis en vente par la compagnie énergétique autrichienne Verbund. L’entreprise recherche des acheteurs pour sa centrale de 420 mégawatts à Pont-sur-Sambre et pour une autre centrale à Toules. Les deux unités ont été construites dans les années 2009-2012. Verbund a investi 650 millions d’euros dans ses centrales électrothermiques en France. Les usines, équipées de cycles combinés, se sont fortement dépréciées en raison de la vogue pour le charbon, dont le prix est devenu attractif. L’acquisition par Gazprom de centrales fonctionnant au gaz lui permet de garantir un volume d’exportations stable. Le géant gazier pourrait acquérir ces centrales en partenariat avec le négociant suisse Vitol. En novembre dernier, le dirigeant de Gazprom Alekseï Miller et le patron deVitolYann Taylor ont discuté de leurs possibilités de coopération en France et en Grande-Bretagne.

AFFAIRES À SUIVRE LA FOIRE DE L’IMMOBILIER DU 11 AU 14 MARS, PALAIS DES FESTIVALS, CANNES

Le MIPIM (Le Marché international des professionnels de l’immobilier) réunit les acteurs de tous les secteurs de l’immobilier professionnel depuis 25 ans. La Russie sera représentée par une délégation de haut niveau et plusieurs entreprises dans ce domaine. Le stand russe bénéficiera de l’appui du Ministère du développement régional. › www.mipim.com

TOUS LES DÉTAILS SUR NOTRE SITE

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Communication Les entreprises russes parient sur le mécénat de grandes marques sportives étrangères pour se faire mieux connaître

Une bonne image à l’export grâce au sport Les contrats de parrainage de clubs sportifs étrangers par des entreprises russes se multiplient. La formule est généralement gagnante et tout le monde y retrouve son compte. TIMOUR GANEEV LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

En plus des effigies des footballeurs du club de la ville, tous les transports en commun de Gelsenkirchen arborent le logo de Gazprom. L’accord entre Gazprom et le club remonte à 2006. Lors des cinq premières années, près de 100 millions d’euros ont été investis par le groupe russe, qui va financer le club rhénan à hauteur de 16 millions d’euros par an jusqu’à 2017. C’est logique : l’Allemagne est un très grand consommateur de gaz russe et Schalke 04 est l’un des clubs les plus populaires du championnat allemand. La stratégie de l’entreprise a bien fonctionné. Selon l’agence de relations publiques Edelman, seulement 16% des Allemands faisaient confiance à l’entreprise russe au moment de son arrivée, contre 39% en 2013.

Lukoil et la ville de Philadelphie (États-Unis) La compagnie pétrolière Lukoil

té auprès des supporteurs. Lukoil a aussi divisé par deux le prix des billets pour les matches à domicile.

Kaspersky Lab et Ferrari

AP

Le monde de la Formule 1 a accueilli un nouveau sponsor russe. L’entrepriseYotaPhone, qui fournit les smartphones de la même marque, est devenue le partenaire de l’écurie britannique « Lotus ». L’accord semble logique car cette saison la Russie organisera son premier Grand Prix lors de l’étape qui aura lieu sur le circuit de Sotchi. Ni l’écurie, ni l’entreprise n’ont dévoilé la somme investie par le sponsor, bien que selon des sources au sein de l’industrie, cette dernière s’élèverait à près de 7 millions d’euros. YotaPhone n’est pas la première entreprise russe à s’être lancée dans le parrainage sportif auprès de formations étrangères.

Gazprom et le FC Schalke 04 (Allemagne)

Gazprom : 16 millions d’euros annuels au FC Schalke 04.

a depuis longtemps fait du parrainage sportif l’un des éléments de sa communication mondiale. Aux États-Unis, Lukoil a décidé de se concentrer sur la ville de Philadelphie. La compagnie gazière a ainsi pris sous son aile trois clubs locaux : les Flyers (hockey), les Phillies (base-ball) et les Eagles (football américain).

Tout a démarré avec l’achat de 2 000 stations-service Getty et Mobil par Lukoil en 2005. Pour améliorer sa visibilité, Lukoil est devenu sponsor des célèbres équipes de Philadelphie. La clientèle des stations service Lukoil a explosé ces dernières années et l’entreprise jouit à présent d’une réelle populari-

Après la signature d’un contrat publicitaire avec l’acteur Jacky Chan, l’entreprise informatique russe Kaspersky Lab s’est sentie pousser des ailes. En 2010, le groupe s’engage avec l’écurie Ferrari. Kaspersky Lab a choisi de soutenir toute l’écurie, et pas seulement un pilote. « Si nous avions choisi de parrainer un pilote russe, notre logo serait uniquement apparu sur sa combinaison, alors qu’en parrainant Ferrari, nous bénéficions d’une meilleure visibilité », précise le PDG de l’entreprise, Evguéni Kaspersky. L’un de ces avantages est l’accès à la zone VIP de l’écurie italienne. Selon M.Kaspersky, en quelques années de partenariat avec Ferrari, cette zone très demandée a vu défiler près de 3 000 invités de l’entreprise.

Aeroflot et le club Manchester United (Royaume-Uni) En 2013, le grand club anglais (qui compte de nombreux supporteurs en Russie) fit savoir qu’il se séparait de l’un ses sponsors officiels, Turkish Airlines, au profit du transporteur russe Aeroflot. Le contrat, signé pour une durée de cinq ans, prévoit le versement de près de 30 millions d’euros de la part de la compagnie russe. Toutefois, les footballeurs du club ne seront pas tenus de voyager uniquement sur Aeroflot. Cette dernière aura seulement le rôle de consultante chargée d’organiser des vols charters pour les matches et de transporter les Mancuniens en Russie, si une telle occasion se présente. L’un des appareils d’Aeroflot est désormais peint aux couleurs de Manchester United. Il est envisagé d’installer une maquette de l’avion Sukhoi Superjet, symbole du renouveau aéronautique russe, dans l’enceinte du stade Old Trafford.


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Régions

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Insolite Au détour d’un lieu de mémoire culturelle vivante de Saint-Pétersbourg

La rue Rubinstein, quartier des artistes Cette adresse de St-Pétersbourg est connue pour les écrivains et musiciens russes qui l’ont choisie pour résidence, de Dovlatov à Brodsky en passant par les stars du rock underground.

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GEORGI MANAEV LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Boulgakov l’inspiré Le bâtiment le plus notoire de la rue Rubinstein est la « Maison de Tolstoï », une vaste résidence dotée de trois cours intérieures, construite au début du XXème siècle et qui a appartenu au comte Mikhaïl Tolstoï, un parent éloigné du célèbre écrivain. Grigori Raspoutine a également fréquenté la demeure : il se rendait à des réunions secrètes dans les appartements du prince Andronikov. L’un des plus fameux personnages de la littérature russe, Woland (le diable en personne, dans le roman Le maître et Marguerite de Boulgakov), a aussi vécu à cet endroit. Boulgakov s’est en fait inspiré de Dmitri Pozdneev, un érudit, qui hébergea un temps l’écrivain dans son appartement à Saint-Pétersbourg.

La « larme du socialisme » Parmi les jolies maisons de la ville datant du XIXème siècle, un édifice de type constructiviste en ruine attire l’attention ; situé au numéro 7 de la rue Rubinstein et baptisé « La maison de la joie » par ses fondateurs, il fut construit en 1932 grâce aux fonds collectés par de jeunes écrivains et ingénieurs idéalistes, désireux de s’affranchir de leur ancien mode de vie au profit d’une existence communautaire. Ces petits ap-

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La rue Rubinstein est une voie de Saint-Pétersbourg adjacente à l’Avenue Nevsky, en plein cœur de la ville historique. Il y a plus d’un siècle, c’était un quartier chic où vécut Anton Rubinstein, compositeur et professeur de Piotr Tchaïkovski. La rue porte son nom depuis 1929.

1. La vue sur l’une des façades des vieilles maisons où habitait Sergueï Dovlatov ; 2. Le panneau apposé sur l’immeuble où « L’écrivain Sergueï Dovlatov habitait [ici] de 1944 jusqu’à 1975 » ; 3. La « Maison de Tolstoï ».

partements à l’espace inhabituel n’avaient ni cuisine ni salle de bain : les douches et la cantine étaient partagées. Le bâtiment possédait également une haltegarderie, une librairie et un salon de coiffure, soit tout le nécessaire pour permettre aux jeunes intellectuels de se libérer des tâches domestiques. « C’était une maison bruyante, chaleureuse et joyeuse, les portes des appartements n’étaient jamais fermées à clé, si bien que les voisins de palier se rendaient régulièrement visite. Le soir, à la cantine, les acteurs de théâtre se laissaient aller après une pièce ; on lisait à voix haute, on improvisait des sketches et on dansait », se remémore l’un des locataires. Mais les appartements étaient vraiment minuscules, et les murs si fins qu’il était possible d’entendre tout se qui se disait derrière la cloison voisine. Mais les conditions de vie allaient se détériorer : le rêve utopique d’une vie sans corvée s’est vite effrité. La maison fut rebaptisée, non sans ironie, « La larme

Mais qui était Anton Rubinstein ? Anton Rubinstein (sans lien de parenté avec son homonyme polonais, Arthur Rubinstein), pianiste, compositeur et chef d’orchestre russe, est né en 1829 en Transnistrie (Moldavie) et mort en 1894 à Peterhof. Très tôt sa mère lui enseigna le piano et à l’âge de 9 ans, il fut l’élève du célèbre pia-

niste français Alexandre Villoin. Ses concerts eurent un grand succès à Paris où il rencontra Franz Liszt et Frédéric Chopin. Anton Rubinstein, compositeur prolifique, forma plusieurs élèves dont le plus célèbre, Piotr Tchaïkovski, allait devenir l’un des musiciens russes les plus joués.

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du socialisme ». À la fin des années 30, de nombreux locataires sont jetés en prison, notamment la poétesse Olga Bergholz. Deux ans plus tard, elle y retourne, alors que le siège de Léningrad commence. Bergholz y écrit une phrase restée célèbre : « Personne n’est oublié, rien n’est oublié », qui deviendra la devise de commémoration des soldats tombés durant la Seconde Guerre mondiale.

IMMEUBLES DE LA RUE RUBINSTEIN

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Immeuble n° 7. Construit en 1932 à l’angle de la rue Rubinstein et de la ruelle Grafski. La bâtiment, de style constructivisme précoce, est l’une des premières concrétisations du concept de communalité de la vie quotidienne.

Les pantoufles de Dovlatov et les valises de Rein

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Parmi les habitants de la rue Rubinstein, on retiendra également Evgueni Rein, ami et professeur de Joseph Brodsky. Rein rencontre Brodsky pour la première fois à la fin des années 50 dans des circonstances qu’il relate ainsi : « Il est venu me voir et m’a lu des poèmes que j’ai vraiment aimés. Nous sommes devenus amis. Bientôt, j’ai eu ma chambre dans la rue Rubinstein, au 19. Nous nous rencontrions quotidiennement ». Socialiste engagé, Rein avait

Immeuble n° 13. Construit en 1864, reconstruit en 1888 et 1913. A successivement hébergé l’assemblée des peintres, la rédaction de la revue du ministère de l’Éducation, une école secondaire et le club rock de Leningrad. Aujourd’hui, c’est un théâtre musical pour enfants.

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Immeuble n° 15-17. Ancienne propriété de M. Tolstoï, construite en 1910-1912 dans un style « moderne nordique ».

pour amis de nombreux écrivains dans le Saint-Pétersbourg de l’époque. Parmi eux, Sergueï Dovlatov, qui vivait lui aussi dans la rue Rubinstein. Rein se souvient : « Sergueï me rendait visite chaque jour. En pantoufles et en robe de chambre, même par mauvais temps » ; s’ensuivaient de longues nuits de discussions sur la vie et la littérature. Dovlatov a vécu au numéro 23 jusqu’à son émigration aux États-Unis. Désormais, dans la cour de l’immeuble de Dovlatov, s’élève une peinture murale représentant une machine à écrire géante, devenue l’un des symboles de sa prose, et dans son ancienne chambre, le parquet porte encore les stigmates de l’écrivain, des taches de vin, traces précieuses que les locataires actuels chérissent et entretiennent.

M. Trololo et les Rockers Les fenêtres de la Maison de Tolstoï donnent sur un petit jardin public, qui tient son nom du chanteur défunt Edward Khil, égale-

ment connu sous le pseudonyme de « M. Trololo ». Khil, qui a lui aussi vécu dans cette maison, était bien plus qu’une simple célébrité ayant acquis sa popularité sur Internet. Sa carrière d’artiste exceptionnel a duré cinq ans, durant lesquels il était connu et reconnu de tous. Khil était par ailleurs très avenant et sociable. Même dans sa vieillesse, le chanteur a gardé la même énergie. Au début des années 80, les résidents de la rue Rubinstein ont remarqué un nombre croissant de rockers pèlerins et de musiciens amateurs envahissant les lieux. En 1981, le premier club de rock russe officiel ouvrait ses portes au 13 de la rue Rubinstein. À cette époque, c’était le seul endroit de Saint-Pétersbourg où les jeunes musiciens pouvaient jouer du rock en toute légalité. Ce n’est que plus tard qu’une commission du parti communiste approuvera officiellement ce genre musical. Le club de rock a notamment permis à des groupes mythiques comme Akvarium ou Kino de démarrer.

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Immeuble n° 18. Le Petit théâtre dramatique est installé dans la partie droite et jouxte (à gauche) la maison de rapport de I. Jeverjeev.

DOMBAÏ, IAKOUTSK et dʼautres aventures hivernales…

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Immeuble n° 23. Construit en 1911-1912. Les Efremov (la famille de l’écrivain Ivan Efremov) ont vécu ici. Sergueï Dovlatov y a habité dans les années 1960-70.

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Opinions

À LA RECHERCHE DES SOURCES DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE que cela soit ce qui se passe depuis le début du mois de janvier 2014. Signe de l’inquiétude que provoquent actuellement les marchés émergents chez les acteurs, on a constaté une chute du rouble par rapport au dollar. Mais cette chute sera aussi bénéfique pour la Russie, dont l’économie peut retrouver une compétitivité qui avait été érodée par une lente hausse du taux de change réel. L’arbitrage se fera donc entre la politique monétaire et la politique budgétaire. Aujourd’hui, c’est bien la politique monétaire qui offre le plus de possibilités d’aménagements. La Banque centrale de Russie a annoncé sa décision de cesser d’intervenir sur le marché des changes et de passer à une politique dite de ciblage de l’inflation. Il reste à voir quelle sera la politique de la Banque centrale durant cet hiver et le printemps prochain. La politique de ciblage de l’inflation n’est pas adaptée à la situation de la Russie. La Banque centrale indique cependant de telles marges de fluctuations par rapport à son objectif d’inflation (5% pour 2014 avec +/- 1,5% de variation) que l’on peut y voir une politique délibérée. Il est clair aujourd’hui que la Banque centrale a décidé de laisser le rouble se déprécier de 15% à 20% afin de rétablir la compétitivité de l’industrie russe, ce qui confirme

Jaques Sapir ÉCONOMISTE

A

lors que la Russie est sous les feux de la rampe, avec les Jeux Olympiques de Sotchi, un certain nombre de problèmes économiques restent en suspens. Une nouvelle politique économique va devoir s’imposer en Russie tant pour ses équilibres politiques internes que pour lui permettre d’occuper le rang international que sa diplomatie a contribué à lui donner. Les facteurs internationaux tirant vers le bas la croissance économique, et en particulier la situation européenne, vont perdurer de nombreux mois. Or, la Russie ne peut se permettre aujourd’hui une trop longue période de stagnation. Certes, les Investissements directs étrangers ont connu une hausse importante ces derniers mois. Mais cela ne suffira pas à redonner à la croissance économique la vigueur qu’elle a connue même si ces investissements constituent un bon indicateur de l’attractivité économique. La Russie doit donc trouver en elle-même les sources d’une croissance forte, en coopération avec ses partenaires, tant asiatiques qu’européens. Elle doit pour cela cesser de fétichiser la stabilité de son taux de change. Il semble bien

notre analyse antérieure sur le taux de change réel. Le modèle de développement russe, qui est actuellement très largement extraverti, doit aussi céder la place à un modèle plus autocentré, sur la Russie et sur les pays qui l’entourent. Cela implique de donner un véritable contenu de coopérations industrielles à l’Union douanière qui se met en place, mais aussi de

La baisse du rouble aura un effet bénéfique sur la compétitivité de l’économie russe définir une vraie politique par rapport à l’Ukraine, dont on sait les tensions que provoque ce pays aujourd’hui entre l’Union européenne et la Russie. En réalité, l’avenir économique de l’Ukraine semble bien devoir s’écrire dans un partenariat avec la Russie. L’industrie, et globalement l’économie ukrainienne représente encore un large segment de l’industrie russe. Si l’on regarde les perspectives de ces prochaines années, la situation économique de l’Union européenne ne se compare pas aux possibilités et aux potentialités du marché de l’Union douanière. Cette dernière

peut devenir rapidement une zone de forte croissance. L’intérêt bien compris de l’Ukraine serait donc de se rapprocher de la Russie, et l’intérêt bien compris de l’UE serait d’en prendre acte. Enfin, les formes de l’intégration internationale de l’économie russe doivent évoluer. Dans ce domaine aussi une logique de coopération industrielle doit se substituer à la logique de fournisseur de matières premières qui a dominé jusqu’alors. Ceci, cependant, pose un problème à de nombreux pays – dont la France – sans que l’on comprenne très bien pourquoi. Pourquoi voit-on des opérations qui pourraient être fructueuses tant pour l’industrie française que pour l’industrie russe être freinées, voire bloquées, tant par la frilosité des banques que par les mauvaises manières de l’administration ? Les arguments avancés (la crainte de blanchiment de capitaux) sont futiles et dérisoires quand on regarde la liste des partenaires russes. En fait, la Russie ne semble pas ici faire exception dans l’ensemble des pays émergents, d’après Alexandre Ivlev, le Directeur de l’agence Ernst & Young pour la Russie. Il y a une russophobie instinctive des milieux bancaires et de Bercy, russophobie qui ne repose sur rien de concret qui soit avouable. Il est donc particulièrement important que se mettent en place des logiques d’investissements croisés, que des entreprises russes puissent enfin librement investir en France et réciproquement des entreprises françaises en Russie. La part des investissements directs n’a en effet cessé de monter depuis l’an dernier. Jaques Sapir est le Directeur d’études à l’EHESS.

L’UKRAINE RAPPROCHE LA RUSSIE ET L'UE Vladimir Tchijov AMBASSADEUR

N

on, le titre n'est ni une faute de frappe, ni un sophisme. Son affirmation n'est paradoxale qu'en surface. Elle semble difficile à prouver : la décision ukrainienne de suspendre les préparatifs pour la signature de l'Accord d'association avec l'Union européenne a soulevé une vague d'émotions chez certains hommes politiques et experts. Sur fond de Sommet du Partenariat oriental àVilnius, les thèses sur le jeu géopolitique « à somme nulle » et la pression russe à l'égard de l'Ukraine ont attisé les tensions. L'impact négatif du « facteur ukrainien » sur les relations entre la Russie et l'UE paraissait évident, conclusion qui s'est affirmée dans l'esprit de nombreux analystes. Cependant, cette logique « de fer » est fallacieuse et dangereuse, car elle est potentiellement source de conflit. Pour le comprendre, il suffit de considérer calmement un ensemble de faits. Les réalités sont telles que les relations Russie-UE, UkraineUE et Russie-Ukraine comportent un caractère stratégique et partenarial à long terme, indépendant des fluctuations politiques conjoncturelles. Elles

sont précieuses car elles répondent aux intérêts de nos peuples. Le développement de ces relations est bénéfique pour tous. L'Union européenne est le premier partenaire de la Russie et représente la moitié de notre commerce extérieur. Nous avons tout intérêt à porter notre collaboration à un autre niveau : grâce à la suppression de l’obstacle des visas, la promotion du commerce et des investissements, l'intensification des contacts politiques. Nous espérons que cette tâche, q u i exige de grands efforts et de la patience, rencontrera un soutien approprié de la part de nos partenaires européens. Dans ces conditions, nous comprenons et soutenons pleinement l'intérêt de l'Ukraine, comme d'autres pays, à approfondir la coopération avec l'Union européenne. Définir ses modalités, son format et ses caractéristiques est le droit souverain du peuple ukrainien et de son gouvernement démocratiquement élu. L'intensité, l'étendue et la profondeur des relations entre la Russie et l'Ukraine (en matière de contacts humains, de coopération industrielle, de commerce,

notamment dans le cadre de la zone de libre-échange établie au sein de la Communauté d’États indépendants (CEI) n'ont pas besoin de preuves particulières. Bien entendu, nous souhaitons poursuivre le développement de cette collaboration. La restriction des liens mutuellement profitables qui ont été établis porterait un préjudice grave à nos projets communs et affecterait l'économie des deux pays et le bien-être de leurs citoyens. La perspective de signer l'Accord d'association entre l'UE et l'Ukraine, avec sa zone de libreéchange « approfondie et universelle » n'a, malheureusement,

pas donné lieu à une avancée significative dans le cadre du triangle UE-Ukraine-Russie. Au contraire, la question s'est réduite à une politisation de la situation, à des tentatives de contraindre Kiev à faire un faux choix « entre Moscou et l'Europe » et à la critique du choix souverain de l'Ukraine en faveur d'une analyse exhaustive des conditions de l'Accord et des consultations supplémentaires avec l'Union, éventuellement avec la participation russe. Les Ukrainiens, tout comme nous, doivent se faire une idée claire sur les conséquences pratiques de la signature de l'Ac-

cord, notamment en ce qui concerne nos projets communs et les relations industrielles existantes. Il faut prendre en compte l'effet des modifications des conditions préférentielles applicables à tous les membres de la zone de libre-échange de la CEI, y compris l'Ukraine : avec la signature de l'Accord, il serait impossible de maintenir ces conditions. Et le problème n'est pas politique, mais purement économique. Les conséquences de l'abandon par IORSH l'Ukraine des conditions préférentielles de la CEI au profit du régime de la nation la plus favorisée (et il ne s’agit pas de mesures de rétorsion, encore moins de sanctions) doivent être mûrement réfléchies. Aussi, la seule solution naturelle et positive serait de lancer un dialogue trilatéral entre l'Ukraine, la Russie et l'Union européenne permettant de mener une discussion honnête, substantielle et respectueuse sur toutes les questions qui se posent. La proposition de Kiev allant dans ce sens a hélas été rejetée par les instances européennes, visiblement sans consultation préalable avec les pays membres. La possibilité d’utiliser le « facteur

ukrainien » comme élément unificateur qui permettrait de définir les modalités de notre collaboration commune n’a pas encore été exploitée. Néanmoins, la Russie, comme l’Ukraine, est prête pour un tel travail. La balle est dans le camp de l’Europe. Par ailleurs, Moscou croit fortement que la région aux frontières de la Russie et de l'Union est un facteur positif dans nos relations avec l'UE. La « feuille de route » adoptée en 2005 concernant l'espace de sécurité extérieure entre la Russie et l’UE réunit les processus d’intégration régionale, idée promue dans le cadre de l’initiative du président russe de créer un espace économique et humanitaire allant de Lisbonne à Vladivostok. Je suis convaincu que l'avenir appartient aux efforts communs méticuleux d'associer les processus d'intégration européenne et eurasienne qui ne se contredisent pas, mais se complètent. D'autant que le projet eurasien est parfaitement transparent, car fondé sur les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et largement inspiré par l’expérience de l’Union européenne. Vladimir Tchijov est Ambassadeur de Russie auprès de l’Union européenne.

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Culture

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Art Redécouverte d’un artiste russe dont les œuvres cubistes avaient disparu de la circulation depuis plus de huit décennies

Les deux vies du sculpteur Anton Lavinsky FINEARTIMAGES / VOSTOCK PHOTO (3)

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La Galerie de l’Exil à Paris expose les sculptures cubistes du célèbre créateur de l’affiche du Cuirassé Potemkine d’Eisenstein, partagé entre l’art et le modèle soviétique.

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DARIA MOUDROLIOUBOVA LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

1. L’affiche du film Le Culrassé Potemkine de Sergueï Eisenstein ; 2 et 3. Deux lithographies colorées de Lavinsky ; 4. Sculpture en terre cuite (sans titre).

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ristes » s’engouffrent dans la brèche ; le système d’enseignement des Beaux-Arts est bouleversé. Anton Lavinsky en sera l’un des premiers réformateurs. En 1920, presque simultanément avec la création de l’école de Bauhaus à Weimar, un décret de Lénine crée l’institut VKhUTEMAS [Atelier supérieur d’art et de technique, ndlr] qui est appelé à préparer les artistes aux besoins de l’industrie. Lavinsky prend la tête du département de la sculpture et y invente, avec Rodchenko et Vesnin, une nouvelle méthode d’enseignement où l’architecture et la sculpture viennent s’enrichir mutuellement. De ces ateliers, façonnés à la manière de ceux de la Renaissance où chaque maître enseignait son propre style à des apprentis, sortiront les premiers objets « design », promesses d’un nou-

veau monde où un simple menuisier allait devenir « designer ». Mais ce monde des « objets nouveaux » dans lequel nous vivons encore n’est pas né sans sacrifices. L’art, même voué à l’industrie, dérange les communistes. N’est-il pas un « anachronisme de l’époque bourgeoise » ? Elizaveta Lavinsky, la femme du sculpteur, se souvient : « Combien de jeunes talentueux ont abandonné l’art, se limitant à l’illustration ! (…) Et s’ils ont quitté l’art, ce n’est point parce qu’ils ne l’aimaient pas, mais à cause de cette foi fanatique dans le fait que l’art doit mourir, que le prolétariat n’en a guère besoin (…) Je terminais à l’époque mes études à la faculté de la sculpture et devais devenir apprentie chez un maître. Mais (…) j’ai dû tout abandonner et m’inscrire dans un atelier d’architecture, sans en ressentir la moindre vocation. (…) Aujourd’hui (1948) j’en suis sûre, c’était la plus grande erreur de ma vie. Deman-

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En apercevant la sculpture à travers les vitres de la galerie, on la prendrait pour un bronze : couleur, facture, surface – de prime abord, l’erreur est inévitable ! Mais cette pièce est en plâtre. D’autres sont en terrecuite, marbre ou ciment armé : formes anguleuses aux lignes droites et pleines, équilibre parfait. Cubistes. Des classiques aujourd’hui, mais qui, en 1925, ne faisaient pas l’unanimité, à tel point que leur créateur les avait détruites, enflammé qu’il était par un discours entendu dans le cercle d’une revue futuriste. Depuis 2008, certaines de ses sculptures miraculeusement sauvées en France ont une à une refait surface dans des maisons de vente aux enchères. Combien en reste-t-il de méconnues ? Et comment Lavinsky en est-il venu à détruire les autres ? Tout avait pourtant si bien commencé. Après la Révolution de 1917, une nouvelle ère artistique est décrétée : le « constructivisme », une esthétique utilisant des techniques industrielles et la géométrisation de l’espace. De nombreux artistes « futu-

dez aux autres, la moitié d’entre eux diront la même chose. (…) je ne vivais pas de l’art, mais la création artistique est devenue pour nous tous une activité antisoviétique. Comme la religion, l’art est devenu prohibé ». Lavinsky était sans doute peu adapté à l’époque : idéaliste, il abandonne la sculpture, se lance dans le travail du bois, réalise des décors de théâtre, des affiches, puis retourne à l’architecture, son métier d’origine. Mais dès qu’une poignée d’étudiants refusent d’étudier auprès de ce « faiseur de tabourets », il perd tout intérêt pour la discipline et ne crée guère que des kiosques à journaux, des tribunes pour les parades… Suiveur ? Influençable ? Susceptible ? Pourtant, ses sculptures révèlent un caractère authentique, privé, affirmé. Réalisées dans un cadre intime, les sculptures de Lavinsky mettent en scène la femme et le couple : seul domaine préservé dans un monde des années 1920 déjà très orwellien. Il ne le restera pas longtemps : le nouvel idéal du couple libre, promu dans l’Union soviétique, est poussé jusqu’au paroxysme dans l’histoire qui lie Lavinsky à Mayakovsky, avec qui il travaille en tant qu’illustrateur et décorateur. Mayakovsky vit à l’époque avec Ossip et Lilia Brik : cette dernière ne pouvant avoir d’enfants, c’est la femme de Lavinsky qui aurait donné naissance au fils de Mayakovsky… De quoi pousser Lavinsky à détruire, quelques années plus tard, des sculptures devenues incongrues ? Après un voyage à Cologne en 1928 pour diriger, avec El Lissitsky, la réalisation du pavillon soviétique pour une grande exposition sur la presse, Lavinsky n’a plus jamais quitté l’URSS. Il survécut à la fin du cubisme, des revues futuristes et des ateliers, puis au suicide de Mayakovsky en 1930.Vivant de commandes de l’État, il resta à Moscou jusqu’à sa mort en 1968. Toutes ses archives ont été jetées et sont hélas perdues.

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QUESTIONS & RÉPONSES

« Une leçon de vie pour nos contemporains déprimés » Quand avez-vous commencé à traduire et pourquoi ? Les choses se sont enchaînées naturellement à partir des années 1970. J’ai été amenée à traduire des petits textes, puis on m’a demandé de m’informer sur les sémioticiens russes, jusqu’à la préparation du recueil de Lotman et Ouspensky, Sémiotique historique de la culture russe, qui m’a demandé 13 ans de travail – beaucoup de textes d’Ouspensky n’étaient pas encore rédigés. Vous vous intéressez à Florensky depuislongtemps;commentl’avezvous découvert ? Grâce à mon professeur, Nikita Struve, qui avait publié dans sa revue Vestnik, des chapitres des Souvenirs d’enfance. Plus tard, on m’a reparlé de Florensky et j’ai commencé à rassembler les textes accessibles en Occident. Justement, la Perspective inversée était publiée par les soins de Lotman et Ouspensky, presque sans coupures ! J’étais prête à boucler ma

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En décernant le 8ème prix Russophonie à Françoise Lhoest, le jury récompense l’œuvre de toute une vie et la passion d’une traductrice pour le génie de Paul Florensky, « le Pascal russe ».

traduction de l’Iconostase, lorsque le petit-fils de Florensky m’a fait connaître le chercheur qui en préparait l’édition scientifique à partir du texte que Florensky avait dicté et corrigé. Plus tard, j’ai tellement aimé Le Sel de la terre (la vie du starets Isidore) que j’ai décidé de traduire. Je l’ai fait avec passion. Le texte est resté dans mes classeurs, je puise dans ceux de l’éditeur… ce qui m’a permis d’améliorer l’édition par des références nouvelles. Quant aux Lettres de Solovki parues en russe en 1998 il s’est écoulé trente années entre l’établissement du texte russe et sa publication en russe.

Que nous apporte l’œuvre de Florensky aujourd’hui ? Paul Florensky, que l’on appelait le « Pascal russe », que l’on comparait à Léonard deVinci ou Jean Pic de la Mirandole, a payé de sa vie le fait d’être lui-même un génie ; pire : un prêtre qui entendait le rester—au plus fort de la persécution contre les chrétiens de toute l’histoire de l’humanité—et qui l’est resté jusqu’à son dernier souffle. C’est une personnalité exceptionnelle, essentiellement par sa recherche de la beauté. Son témoignage est fabuleux ! Celui d’un grand insomniaque dont le cerveau bouillonne d’idées en permanence ! Au goulag, il monte de toutes pièces une usine avec des matériaux de rebut, travaille à 200% de la norme et obtient des brevets d’inventeur ! Par amour pour sa femme et ses enfants, il a l’héroïsme de ne rien dire ou presque sur ses conditions de vie. Quelle précieuse leçon de vie pour nos contemporains déprimés ou en quête de sens ! Que vous apporte ce prix ? Il est l’occasion de rendre hommage. À la petite-fille de Florens-

ky qui, au tout début de cette grande aventure, m’a emmenée sur la grande île de Solovki. TatianaVassilievna Florenskaya est morte bien avant la sortie de ce livre que l’éditeur, Dimitrijevic, n’a pas vu non plus, lui qui a publié à l’Âge d’homme tous ces ouvrages, des sémioticiens à Florensky. Aux Solovki, j’ai rencontré des gens merveilleux qui ont choisi d’y vivre et d’y travailler, restaurateurs, historiens, historiens de l’art qui s’attachent à reconstituer le puzzle de la vie et de la détention des prisonniers. Cela suppose d’entrer dans une vie passablement ascétique : les Solovki sont loin de tout, et c’est bien pour cela que les saints Zossime, Sabbas, Germain et leurs successeurs ont choisi d’y vivre. C’est aussi aux Solovki que vécut Philippe Kolytchev, qui créa tous ces canaux d’un lac à un autre, fit tous ces travaux d’ingénieur avant de devenir métropolite de Moscou, le seul qui eut le cran de dénoncer la folle impiété d’Ivan le Terrible entrant à cheval dans la cathédrale du Kremlin. Il le paya de sa vie ! Propos recueillis par Chtistine Mestre

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Haute couture Très remarquée à l’étranger, Ulyana Sergeenko repense et intègre harmonieusement les traditions de son pays

GETTY IMAGES/FOTOBANK (5)

La « poupée russe » a fière allure bant jusqu’aux chevilles, de chastes chemisiers arrivant jusqu’à la gorge, des lèvres écarlates et des foulards noués vers l’arrière sont à l’honneur des revues de mode. Une combinaison insolite de modestie et de sexualité. C’est en grande partie grâce à cette nouvelle héroïne nationale que l’Occident est actuellement soulevé par une vague d’intérêt pour les styles « à la russe » et « russe rétro ».

Proposant un voyage imaginaire en Asie Centrale, le défilé de la jeune couturière russe fut remarqué par le gotha mondial lors de la récente Semaine de la mode de Paris. Qui est Ulyana ? INNA FEDOROVA LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

La marque Ulyana Sergeenko est née il n’y a pas si longtemps. Le premier défilé a eu lieu en 2011. Partageant aujourd’hui les podiums avec Chanel et Balenciaga, Ulyana est qualifiée de Russian Lady, de poupée russe, d’icône du style à la russe.

Débuts de la marque La majeure partie de ses tenues sont cousues sur commande ou habilement stylisées à l’aide d’éléments décoratifs. C’est ainsi qu’a débuté l’histoire de la marque Ulyana Sergeenko, qui ne cesse de gagner en popularité dans le monde entier. À l’heure actuelle, figurent parmi ses clients Lady Gaga, Sarah Jessica Parker, Anna Dello Russo, Carine Roitfeld, Natalia Vodianova, Miroslava Douma, ainsi que d’autres célébrités. Ulyana s’est toujours efforcée de s’entourer d’articles de premier choix. « J’ai toujours été intéressée par la mode ; enfant, je rêvais toujours que je porterais de la haute couture… Je n’avais jamais envisagé que les choses se

La jeune fille ambitieuse devenue « la Sergeenko » Épouse du millionnaire Danil Khatchatourov, l’ambitieuse jeune fille de la ville kazakhe d’Oust-Kamenogorsk a vite mené une vie sociale active en se rendant à toutes sortes de manifes-tations dans le milieu de la mode. C’est là qu’elle s’est épanouie en créant des vêtements hors du commun fort éloignés de la mode classique, des tenues bien pensées et harmonieuses qui, alliés à sa personnalité qui ne passe pas inaperçue en public, lui ont valu dans le monde de la mode d’être désormais connue comme « La Sergeenko ». Ses « looks » caractéristiques, faits de somptueuses jupes tom-

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La femme voyageur de la collection printemps-été 2014 (à gauche) et la femme russe actualisée, automne-hiver 2013.

LE CIEL ÉTAIT SI BAS JUSQU’AU 4 MAI LA MAISON DE LA PHOTOGRAPHIE ROBERT DOISNEAU, GENTILLY

Gérald Assouline, photographe et sociologue, est un homme de terrain. Depuis 1999, il parcourt les territoires de l’ex-Bloc soviétique qui s’étendent de l’Estonie à l’Ukraine en passant par la Pologne et la Biélorussie. Chacun de ses voyages est une occasion de saisir la transformation des villes et la

conversion des mentalités. Cultivant l’art de l’errance et son riche lot de découvertes et de rencontres, Assouline photographie à rebours, s’intéresse davantage au ressenti qu’aux détails perçus, capte des atmosphères plutôt que des paysages, obtient des sentiments sous l’apparence de portraits. Son appareil révèle les souvenirs et raconte l’exacte réalité des lieux et des personnes qu’il fréquente. › maisondelaphotographie-robertdoisneau.fr

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DESTINATION RUSSIE DU 19 FÉVRIER AU 28 MARS NANTES, BOUGUENAIS, ORVAULT

passeraient de telle façon que la haute couture serait en quelque sorte associée à mon nom, que mon souhait deviendrait réalité : c’est tellement incroyable… ». En Russie, l’attitude envers Ulyana est ambivalente. Pour les uns, c’est une femme intelligente et hautement compétente qui, de par son talent, sa témérité et son originalité, mérite sa renommée. Pour d’autres, qui ne sont sans doute pas à l’abri d’une certaine jalousie, elle est une « épouse de Roublevskoe » typique (en deux mots : une épouse entretenue par un mari richissme, qui peut se faire financer tous ses caprices). Les experts étrangers s’intéressent avant tout à ses compétences professionnelles, et ils ne sont pas tous du même avis. Une partie d’entre eux jugent ses défilés trop théâtraux, et les pièces surabondantes et primitives. D’autres admirent l’originalité de ses collections et la capacité d’Ulyana Sergeenko à repenser harmonieusement les traditions de son pays. La première collection de la marque se voulait, d’après la créatrice, « une illustration de la Vogue soviétique des années 50 » (si tant est qu’une telle chose ait existé). Des silhouettes rétro, des robes longues et étroites, des manteaux de fourrure, des chandails et des sacs en forme de bourses ont favorablement impressionné l’en-

« Un autre regard sur Tchekhov », chœur et théâtre (entrée libre), « La dernière fête » (tableaux chantants) et « La nostalgie de l’avenir » (théâtre) sont au programme de théâtre, de musique et de cinéma russes en pays nantais. À noter le festival de cinéma russe salle du Katorza à Nantes du 21 au 23 mars et celui de musique « Le printemps russe » (classique, jazz et traditionnelle) à l’Odyssée. › infos-russes.com/regions/destinationrussie-2

semble des spectateurs du premier défilé, des blogueurs aux acheteurs.

Toujours plus d’audace La deuxième collection était encore plus audacieuse. Les tenues évoquant l’esthétique soviétique ont été agrémentées de longues robes paysannes bouffantes, de chapeaux de paille et de bodys érotiques intégrant des éléments en chiffon. Dès lors, robes longues, foulards, couleurs élaborées et délicates plus le « goût russe » éternel sont devenus la carte de visite de la marque. Aujourd’hui, les stars russes ainsi que des célébrités étrangères comme Dita Von Teese ne sont plus les seules à s’afficher en portant les tenues d’Ulyana Sergeenko. La chanteuse Beyonce est récemment apparue dans le nouveau clip vidéo « Haunted » vêtue d’un body en velours aux jabots blancs issus de la collection Automme-Hiver d’Ulyana. Dans un autre clip vidéo, « Jealous », Beyonce arborait déjà une pèlerine en dentelle Ulyana Sergeenko sur laquelle ont travaillé quinze maîtres-artisans de Vologda. La mystérieuse « Poupée russe » a remporté des succès conséquents en l’espace de quelques années. Ulyana continue d’enchanter le monde de la mode avec ses figures originales qui restent, de l’avis général, la meilleure publicité de sa marque.

LES FRÈRES KARAMAZOV DU 5 MARS AU 13 AVRIL THÊÀTRE DE L’ÉPÉE DE BOIS, PARIS

Le Théâtre de l’Épée de Bois présente un spectacle adapté du roman de Fedor Dostoievski, sur un texte traduit par André Markowicz. Adaptation et dramaturgie par Iris Aguettant, Cécile Maudet, Olivier Fenoy, Bastien Ossart, mise en scène d’Olivier Fenoy et de Cécile Maudet. › epeedebois.com


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