Russia Beyond The Headlines France

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«Russia Beyond the Headlines» est le nouveau nom de

Mercredi 19 mars 2014

supplément en français du Figaro

Visions de la Russie Distribué avec

Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu

P U B L I É E N CO O R D I N AT I O N AV E C T H E DA I LY T E L E G R A P H , T H E N E W YO R K T I M E S , T H E E CO N O M I C T I M E S E T D ’AU T R E S G R A N D S Q U OT I D I E N S I N T E R N AT I O N AU X

La langue russe en Ukraine : trait d’union ou fossé culturel ? REUTERS

L’OR OLYMPIQUE BON À MONNAYER Les victoires sportives apportent non seulement la gloire et des médailles, mais aussi des contrats publicitaires avec des multinationales. PAGE 4

DIX ADRESSES POUR L’IMMERSION RUSSE EN FRANCE Un parcours en dix étapes où l’on peut apprendre la langue, rencontrer des écrivains, déguster un plat traditionnel ou aller au banya sans quitter l’Hexagone. PAGES 6-7

OLGA SVIBLOVA OU L’ART DANS TOUS SES ÉTATS La directrice du Musée d’Art Multimédia de Moscou livre au public russe de « nouvelles visions esthétiques » (dont la photo) et de grands noms de la création internationale. PAGE 8

À lire sur notre site Web Étienne Falconet : le créateur du Cavalier de bronze fr.rbth.com/28197

REUTERS

L’Ukraine qui se déchire vit aussi une rivalité artificiellement entretenue entre les langues ukrainienne et russe, pourtant très proches l’une de l’autre du point de vue linguistique. IOULIA KOUDINOVA RBTH

« Langue double amène grand trouble », écrivait Benjamin Franklin. C’est ce qu’ont dû penser les députés ukrainiens juste après le départ du Président Viktor Ianoukovitch fin février dernier. Leur première décision a été de supprimer le droit des régions d’adopter le russe comme seconde langue officielle. Ils ont en fait ouvert la boîte de Pandore. Des millions

d’Ukrainiens dont le russe est la langue maternelle ou préférée se sont offensés, nourrissant les tendances pro-russes en Crimée et dans l’est du pays. Le « grand trouble » ne vient pas de l’incompréhension, car la quasi-totalité des Ukrainiens comprennent les deux langues et une large majorité est bilingue. Le degré d’intelligibilité mutuelle entre les deux langues est élevé, aussi bien sous forme orale qu’écrite. La langue russe domine dans le bassin du Donbass (sud-est), dans les grandes villes sous la ligne allant de d’Odessa à Kharkiv, et en Crimée. Au nord et à l’ouest de l’Ukraine, ainsi que dans les campagnes, la langue ukrainienne est prépondérante. Selon un sondage réalisé en 2010 par Research & Branding

Group, l’ukrainien est la langue maternelle de 65% des habitants du pays, contre 33% pour le russe. Mais ce sondage souligne aussi un paradoxe. La maîtrise de la langue russe est supérieure à celle de l’ukrainien. Et pourtant l’usage de celui-ci est préféré par 46% de la population contre 38% pour le russe. Dans le discours public, cela se traduit par une complainte généralisée des Ukrainiens à l’endroit des hommes politiques, accusés de mal parler la langue nationale. Il est notoire que Viktor Ianoukovitch et son ancien premier ministre Nikolaï Azarov s’expriment mieux dans la langue de Pouchkine que dans celle du poète ukrainien Taras Chevtchenko. SUITE EN PAGE 2

ÉDITORIAL

Une autre « Russie d’Aujourd’hui »

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Le Palais d’hiver vu par les tsars russes fr.rbth.com/28283

EVGENY ABOV DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

epuis quatre ans, nous sortions un supplément que vous connaissiez sous le nom de La Russie d’Aujourd’hui avec le journal Le Figaro. Désormais, cette publication s’appelle Russia Beyond the Headlines (RBTH). Le changement de nom témoigne de notre volonté de dépasser les stéréotypes souvent véhiculés pour évoquer la Russie. Cette démarche implique une modification de notre ligne éditoriale. Nous ne voulons pas seulement informer.

Nous souhaitons aller au-delà de ce qui fait la Une des journaux et fournir une analyse approfondie des réalités politiques, sociales, culturelles et économiques du pays. Nos articles offriront des perspectives diverses et présenteront une autre Russie. Celle, justement, qui se cache derrière les stéréotypes. Russia Beyond the Headlines est un projet d’information mondial qui a vu le jour en 2007 avec pour but une diffusion dans un grand nombre de pays : de l’Argentine,

à l’Uruguay et au Brésil dans l’hémisphère sud jusqu’à l’Amérique du Nord et aux antipodes, à savoir l’Australie et le Japon, en passant par la plupart des pays d’Europe. Nous comptons actuellement pas moins de 26 suppléments publiés dans 16 langues différentes. Nous les publions à travers les quotidiens nationaux les plus diffusés et les plus prestigieux, tels que The Wall Street Journal, The New York Times et The Washington Post (États-Unis), The Daily Telegraph (Royaume-Uni), Le Soir

(Belgique), El País (Espagne), La Repubblica (Italie) et bien d’autres. Cette nouvelle formule est l’aboutissement de nos efforts de recherche. Elle nous permettra de consolider nos ambitions au niveau mondial et de renforcer ainsi notre marque « Russia Beyond the Headlines ». Nous vous invitons également à découvrir la Russie à travers notre site Internet - fr.rbth.com et à y exprimer votre opinion sur la qualité de notre publication et sur les thèmes qui y sont traités.


Mercredi 19 mars 2014

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Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Figaro

DOSSIER

La politisation des langues

SERGEY SAVOSTIANOV

Salle de classe dans une école russe à Sébastopol. SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

Mais c’est aussi vrai des dirigeants nationalistes ukrainiens comme l’ancien premier ministre Ioulia Timochenko ou l’ancien boxeur Vitali Klitchko, respectivement originaires de Dniepropetrovsk et de Kiev. Ce dernier a prononcé à plusieurs reprises des discours en russe devant des milliers de militants nationalistes réunis à Maïdan, au plus fort de l’insurrection de février dernier. Des écrivains ukrainiens mondialement connus comme Andreï Kourkov écrivent en russe, ce qui exaspère les nationalistes. Prônant une forme locale de jacobinisme, ces derniers militent pour un statut dominant de la langue ukrainienne, laquelle serait « menacée » par l’hégémonie du russe. « Il n’est pas question d’interdire le russe ni de porter atteinte aux droits individuels », tempère Artiom Loutsak, un responsable du mouvement nationaliste « Pravi Sektor » dans la région de Lviv. D’ailleurs, « tous les peuples d’Ukraine ont le droit de parler leur langue, mais ils doivent aussi parler l’ukrainien, qui est la langue du peuple titulaire [de la souveraineté, ndlr] ».

Coupure géographique et division linguistique exacerbées par la politisation et la tentative de rapprochement avec l’UE L’expert ukrainien Alexandre Kava, luimême originaire de Ternopil dans l’ouest de l’Ukraine, estime que les divisions autour de la langue viennent de l’intolérance du gouvernement. « La politique d’État [en matière de langues, ndlr] est dominée par les Ukrainiens de l’Ouest, qui considèrent leur point de vue comme le seul correct. Cette approche n’a pas conduit à la consolidation du pays, car les habitants de Crimée et d’autres régions du sud-est se sont sentis traités comme des citoyens de seconde zone, parlant la ‘mauvaise langue’ ». Le conflit autour du langage s’est rapidement politisé après l’arrivée au pouvoir en 2005 de forces politiques favorables à un rapprochement avec l’Union européenne. Cette politique proactive a déjà porté ses fruits. Il y a encore dix ans, le russe dominait à Kiev, la capitale de l’Ukraine. Aujourd’hui, c’est le contraire. Les dialogues bilingues sont fréquents. Par

exemple : un locuteur A initie une discussion en russe, tandis que son interlocuteur B choisit de répondre en ukrainien.

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Imposition théorique de l’ukrainien dans l’affichage, liberté relative dans les médias Autre phénomène purement ukrainien, le « sourjyk », un sociolecte du nordest de l’Ukraine, mélange les deux langues et est parlé par plus de 20% de la population. La télévision ne diffuse désormais qu’en ukrainien, mais il arrive qu’un invité à l’antenne choisisse de s’exprimer en russe. La loi stipule que tous les affichages (publicités, panneaux d’information, signalisation diverse) doivent être en ukrainien. Mais dans la cage d’escalier d’un immeuble, on lit souvent des messages en russe (par exemple : « l’ascenseur est en panne », etc.). Dans une proportion de 60%, les chansons diffusées à la radio sont en russe. Les films russes diffusés en salle ou à la télévision doivent être sous-titrés ou doublés en ukrainien. En revanche, la presse écrite reste un espace de liberté. L’un des principaux quotidiens du pays, Segodnya, n’existe qu’en russe, tandis que d’autres titres tirent dans deux éditions distinctes (russe et ukrainien) ou uniquement en ukrainien. Il est difficile de trouver des livres ou des journaux en ukrainien dans le sud-est du pays, tandis qu’à l’inverse, on ne trouve pas de presse en russe dans l’Ouest du pays. « On n’habite pas un pays, on habite une langue », philosophait Emil Cioran. En refusant la cohabitation avec les russophones, les nationalistes ukrainiens prennent le risque d’habiter bientôt dans un pays rétréci.

RAISONS D’APPRENDRE LE RUSSE

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Plus de 140 millions d’habitants en Russie et 300 millions en exURSS utilisent le russe comme langue de communication.

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Le russe est une des six langues officielles utilisées à l’ONU et à l’UNESCO. La Russie siège au Conseil de l’Europe.

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La Russie, marché en pleine expansion, représente des besoins en spécialistes russophones dans tous les secteurs.

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Connaître le russe facilite l’accès aux autres langues slaves. Le russe demeure la « lingua franca » des pays de l’Est.

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Nombre d’écrivains, de philosophes et de savants mondialement célèbres ont écrit ou écrivent en russe.

La langue russe dans les pays de l’ex-Union soviétique

Phénomène ukrainien, le sourjyk, un sociolecte, mélange les deux langues et est parlé par plus de 20% de la population

Le russe en Ukraine : une longue histoire Les premières traces de la langue russe sur le territoire ukrainien actuel remontent au XIIème siècle. Une vague de colons au XVIème siècle renforce son parler. La russification s’est accélérée au XVIIIème siècle avec les acquisitions territoriales de l’empire russe. Jacobin à sa manière, le tsar Alexandre II bannit en 1876 l’ukrainien des manuels scolaires et des textes religieux. L’URSS encourage au contraire l’enseignement de l’ukrainien à l’école mais conserve au russe une place prédominante dans la société. NATALIA MIKHAYLENKO

LES SUPPLÉMENTS SPÉCIAUX ET SECTIONS SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILLIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX : • LE FIGARO, FRANCE • LE SOIR, BELGIQUE• THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • SÜDDEUTSCHE ZEITUNG, ALLEMAGNE • EL PAÍS, ESPAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE • DUMA, BULGARIE • POLITIKA, GEOPOLITIKA, SERBIE • THE WASHINGTON POST, THE NEW YORK TIMES ET THE WALL STREET JOURNAL, ÉTATS-UNIS • THE ECONOMIC TIMES, INDE • MAINICHI SHIMBUN, JAPON • GLOBAL TIMES, CHINE • LA NACION, ARGENTINE • FOLHA DE S.PAULO, BRÉSIL • EL OBSERVADOR, URUGUAY • SYDNEY MORNING HERALD, THE AGE, AUSTRALIE • ELEUTHEROS TYPOS, GRÈCE • JOONGANG ILBO, CORÉE DU SUD • GULF NEWS, AL KHALEEJ, ÉMIRATS ARABES UNIS • NOVA MAKEDONIJA, MACÉDOINE • NATION, THAÏLANDE. EMAIL : FR@RBTH.COM. POUR EN SAVOIR PLUS CONSULTEZ FR.RBTH.COM. LE FIGARO EST PUBLIÉ PAR DASSAULT MÉDIAS, 14 BOULEVARD HAUSSMANN 75009 PARIS. TÉL: 01 57 08 50 00. IMPRESSION : L’IMPRIMERIE, 79, RUE DE ROISSY 93290 TREMBLAY-EN-FRANCE. MIDI PRINT 30600 GALLARGUES-LE-MONTUEUX. DIFFUSION : 321 101 EXEMPLAIRES (OJD PV DFP 2011)


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DOSSIER

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ENTRETIEN ARMELLE GROPPO

L’apprentissage du russe cède du terrain en France La présidente de l’Association française des russisants (AFR), Maître de conférences honoraire en langue et civilisation russe et soviétique, répond à nos questions sur l’intérêt pour le russe. Où en est l’enseignement du russe en France ? Depuis une dizaine d’années, l’intérêt pour le russe en France s’est stabilisé. Mais à mon avis, il est en train de passer de l’enseignement secondaire au niveau universitaire, ce qui représente un grand changement qualitatif. En France, à partir des années 1950, le russe a été enseigné dans de nombreux collèges et lycées. Au niveau universitaire, la langue, la littérature et l’histoire de l’URSS et de la Russie étaient principalement étudiées par les futurs professeurs, spécialistes de la Russie. Actuellement, cette demande n’existe pratiquement plus, mais elle a été en partie remplacée par celle, croissante, des futurs ingénieurs, futurs cadres supérieurs et spécialistes d’autres domaines de haut niveau. La diminution des cours de russe dans les collèges et lycées a commencé vers la fin des années 1970-début des années 1980. Elle a atteint presque 60%, mais s’est arrêtée depuis environ dix ans. Dans les années 1960, l’effectif des apprenants de russe était constitué pour un tiers de descendants de l’immigration, pour un gros deuxième tiers d’enfants de communistes, et le troisième se composait de personnes comme moi, qui apprenaient cette langue par simple curiosité. Il me semble qu’actuellement c’est essentiellement ce type de public qui étudie le russe, des gens qui s’intéressent à la Russie pour des raisons personnelles ou par curiosité intellectuelle. Dans l’enseignement supérieur, il ne reste que très peu d’étudiants français dans les sections d’études slaves. On y trouve principalement des Russes et des étudiants russophones. Ces sections pré-

paraient au professorat mais, puisque le nombre de places aux concours a diminué et que ce type de formation n’est pas recherché sur le marché du travail par les entreprises, peu d’étudiants s’y inscrivent. En revanche, les étudiants qui ont suivi une formation dans le cadre de programmes spécialisés, souvent en double diplomation, n’ont pas de difficultés pour trouver un emploi. C’est par exemple le cas à l’Université de Nanterre, qui est la seule en Europe à proposer un cursus droit russe en russe, assuré par des enseignants qui viennent spécialement de Russie. Il existe plusieurs dizaines d’autres programmes conjoints, par exemple entre Sciences Po Paris et l’Institut d’État des relations internationales de Moscou, l’IEP de Bordeaux et l’Université de Krasnodar, l’École polytechnique et l’Université de Novossibirsk. Les étudiants diplômés de ces formations sont recherchés par les entreprises.

En chiffres

13 420 élèves français apprenaient le russe en 2011-2012, un chiffre quasi stable depuis une dizaine d’années.

Quedisentlesstatistiquessurlenombrede postes de professeurs de russe et d’élèves qui apprennent cette langue ? En 2011 et 2012, seuls 13 420 élèves apprenaient le russe. Ces chiffres n’ont pratiquement pas évolué au cours des dix dernières années. Le russe est enseigné par 199 professeurs, ce qui représente 16 professeurs en moins qu’en 2010. Cela s’explique surtout par la diminution du nombre de cours de russe première langue étrangère. Parallèlement, ces derniers temps, de plus en plus d’enseignants sont des contractuels ayant le statut de maîtres auxiliaires qui peuvent être facilement licenciés, si nécessaire. Ces deux-trois dernières années, des postes ont été à nouveau ouverts aux concours d’ État de recrutement des enseignants, mais seulement quatre postes par an. Pour ce qui est de l’enseignement supérieur, il n’existe aucune donnée globale sur le nombre de professeurs et d’étudiants car jusqu’ici

MARIA TCHOBANOV

personne n’a établi ces statistiques. L’AFR vient de lancer un grand sondage afin de combler ce vide. Quelles sont des difficultés rencontrées par les francophones apprenant le russe ? Pour les Français, le russe est très compliqué, à la différence de l’espagnol ou de l’italien, par exemple. Les principales difficultés sont les déclinaisons et les aspects verbaux. Et c’est encore plus difficile aujourd’hui pour les élèves qu’il y a 50 ans, quand le latin, qui comporte également des déclinaisons, était enseigné dès la première année de lycée. Quand un élève de quatrième commençait à apprendre le russe, il connaissait déjà le principe des déclinaisons. Il faut dire qu’en France, nous ne sommes pas non plus les meilleurs en enseignement des langues étrangères. La difficulté du russe vient aussi de ce qu’à l’école primaire, l’enseignement du français repose sur une approche trop scientifique. Les élèves ne maîtrisent donc pas bien la grammaire du français et il leur est d’autant plus difficile de comprendre les déclinaisons du russe. Quel rôle joue l’Association française des russisants (AFR) ? Elle a pour but de promouvoir la langue et la culture russes en France. Mais nous voulons que les gens se fassent leur propre opinion sur la Russie, qu’ils ne perçoivent pas la Russie telle qu’elle est présentée par les médias russes ou français. L’association revendique une indépendance absolue, y compris vis-à-vis des structures politiques aussi bien en France qu’en Russie. C’est une société savante qui compte un peu moins de 400 membres, principalement, des professeurs de russe. Elle peut être l’interlocutrice du ministère de l’Éducation nationale. Notamment, en 2009, lors de la

Biographie Armelle Groppo a été viceprésidente chargée des relations internationales de l’université Paris OuestNanterre-La Défense et attachée de coopération universitaire, conseiller culturel adjoint à l’ambassade de France à Moscou.

Elle l’a dit

«

Les gens apprenant aujourd’hui le russe s’y intéressent pour des raisons personnelles ou par curiosité intellectuelle »

grave crise des universités, le ministère nous a invités, comme d’autres sociétés savantes, à des entretiens parce que nous étions politiquement plus neutres que les syndicats et maîtrisions toutes les nuances de notre domaine scientifique. Tous les deux ans, l’Assemblée générale annuelle de l’association se tient parallèlement à un colloque international organisé par une université française sur un thème en rapport avec la Russie. Nous entretenons de bonnes relations avec le Centre de la Russie pour la science et la culture à Paris. Quand on me demande, par exemple, où apprendre le russe, je conseille toujours les cours du Centre. Les professeurs russes y ont une très bonne base méthodologique. Le 22 mars prochain, notre Assemblée générale sera suivie d’une conférence qui se déroulera sur le stand du Centre à la Foire du livre de Paris. J’essaie, entre autres, d’organiser des stages d’été pour les élèves français qui apprennent le russe. En Russie, les Alliances françaises proposent des stages d’été pour les jeunes Russes qui apprennent le français. Des discussions sont en cours sur les possiblités qu’elles auraient d’y accueillir des élèves français de russe. Cette année, pour la première fois en 25 ans, de jeunes Français ont la possibilité de partir en tant qu’assistants dans les écoles et les universités russes. Ce programme d’échanges existe depuis très longtemps au niveau intergouvernemental, une quarantaine de jeunes Russes font un stage dans des établissements français, mais le programme ne fonctionnait plus pour les Français. Cette année, cinq postes sont ouverts. C’est un pas en avant. Propos recueillis par MARIA TCHOBANOV

EX-URSS Son attrait a diminué après la dislocation de l’espace soviétique, mais aujourd’hui, la langue russe revient en force

La « lingua franca » de l’espace eurasiatique Le russe bénéficie d’un attrait croissant dans de nombreux pays de l’ex–URSS. Outre qu’il reste la langue natale d’une large population, sa maîtrise a un caractère utilitaire et/ou prestigieux. DMITRI ROMENDIK RBTH

SHUTTERSTOCK/LEGION-MEDIA

Les enseignants sont aux premières loges pour noter le regain d’intérêt. Dmitri Larionov, professeur de russe, a fait ses études secondaires au Kazakhstan, puis s’est inscrit à la filiale de l’Université de Moscou au Kazakhstan également. « Les premières années, nous suivions nos cours dans la filiale de l’université à Astana, la capitale du Kazakhstan, pour les terminer ensuite à Moscou ». Larionov compte plusieurs chefs religieux musulmans parmi ses élèves – des Kazakhs, à qui il enseignait la langue russe. « Ils comprenaient qu’avec deux langues officielles dans le pays, il demeure essentiel de maîtriser le russe, pour la communication avec les paroissiens russophones ainsi que pour les manifestatons officielles ». 40% des quotidiens et magazines kazakhs sont publiés en russe, langue enseignée à l’école. Dans le nord du Kazakhstan, des régions entières sont russophones. À l’époque de l’Union soviétique, on di-

Dans une école kirghize, pendant la récréation, les élèves parlent entre eux en russe, car c’est à la mode dans leurs milieux

sait que le russe était « une langue de communication internationale ». Les habitants des républiques nationales qui faisaient partie de l’URSS, utilisaient le russe pour communiquer entre eux. Certains le maîtrisaient mieux, comme les Ukrainiens, les Biélorusses ou les Kazakhs, d’autres moins bien, comme les Estoniens ou les Arméniens. Mais le russe était obligatoirement enseigné à l’école. Point de carrière de haut niveau en URSS sans sa maîtrise parfaite. En 1991, la situation a changé. L’Union soviétique s’est divisée en 15 pays. L’attitude envers le russe y varie considérablement. Au Kirghizstan, pays voisin du Kazakhstan, l’enseignement se fait en russe dans certains établissements. La langue d’État est le kirghize, mais le russe conserve le statut de langue officielle. Lilit Dabagyan, diplômée de philosophie à l’Université slave de Bichkek, témoigne : « Dans la ville, beaucoup parlent en russe. Une de mes amies était dans une école où tous les cours étaient dispensés en kirghize, mais pendant les récréations, les élèves passaient au russe, car dans certains milieux, c’est à la mode et prestigieux... » Par cette anecdote, Lilit aborde un thème important – l’intérêt croissant à l’égard

du russe dans de nombreux pays postsoviétiques. Beaucoup comprennent que leur carrière est liée à la Russie, d’une manière ou d’une autre. Maîtriser le russe est ainsi redevenu l’une des clés du succès, comme à l’époque soviétique. Ce n’est pas le cas partout. Les pays baltes – la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie – ont adhéré à l’Union européenne. La population de ces pays, y compris de nombreux russophones, est plutôt tournée vers l’Europe. Mais les russophones sont loin d’avoir tous obtenu leur nationalité dans les pays baltes. La Lettonie et l’Estonie ont même introduit une catégorie spécifique – celle de non-citoyens du pays. Il s’agit principalement de russophones, des descendants de militaires considérés comme des occupants, ou des personnes qui ont échoué à l’examen obligatoire du letton ou de l’estonien. En Lettonie, environ 287 000 personnes sont dans ce cas, soit quelque 15% de la population du pays, et en Estonie, 90 000, soit quelque 7% de la population nationale. Leur passeport de « non-citoyens » confère cependant à ces personnes les mêmes droits que les citoyens des pays de l’UE. L’Ukraine se situe à mi-chemin entre les pays pro-russes et les pays baltes. Environ la moitié de la population y parle le

En ligne Souhaiteriez-vous que vos enfants apprennent le russe en seconde langue ? Donnez votre avis sur fr.rbth.com

russe qui n’avait, encore dernièrement, le statut de langue officielle que dans la République autonome de Crimée. Dans les universités, l’enseignement ne se fait qu’en ukrainien, et le russe est enseigné comme langue étrangère dans les écoles secondaires. En 2012, une loi reconnaissant le statut officiel de la langue russe dans les régions où la population russophone dépasse les 10% a été adoptée. Les jeunes des régions russophones sont davantage tournés vers la Russie. Nikolaï Fedine de Kharkiv poursuit ses études à Moscou. Auparavant, il a étudié à Kharkiv (deuxième plus grande ville d’Ukraine), dans une université enseignant en ukrainien, mais il a voulu poursuivre sa formation en Russie. « En Russie, l’enseignement pour les étrangers est payant, alors que les citoyens russes étudient gratuitement. J’ai eu de la chance, j’ai de la famille à côté de Moscou, j’ai pu obtenir un titre de séjour et poursuivre mes études gratuitement ». Malgré la complexité de la législation russe en matière d’immigration, quelque 30 000 citoyens des pays de l’ex-Union soviétique étudient dans les universités russes. Et la dynamique de ces dernières années montre que leur nombre va croissant.


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ÉCONOMIE

ÉNERGIE Les dirigeants de Gazprom cherchent à rassurer leurs partenaires européens

ITAR-TASS

Le territoire ukrainien sur la route du gaz

lement, donc de prendre le risque d’une détérioration des relations avec l’Europe. Le gaz russe couvre à peu près un tiers des besoins des consommateurs européens. La moitié de ce volume transite par le réseau ukrainien de gazoducs. Sa capacité de transit s’élève à 288 milliards de mètres cube à l’entrée et à 178,5 milliards de mètres cube à la sortie, dont 142,5 milliards sont destinés à l’Europe. L’année dernière, l’Ukraine a importé 27,9 mètres cube ; le volume restant – 86,1 mètres cube – a transité par son territoire pour être livré en Europe. Les dirigeants européens ont de leur côté manifesté leur volonté de préserver la stabilité du transit du gaz russe à travers l’Ukraine. Le Commissaire européen à l’énergie, Günther Oettinger, a déclaré que le plan d’aide économique d’urgence à l’Ukraine discuté à Bruxelles, qui s’élève à 610 millions d’euros, comprendrait un montant affecté au paiement partiel de la dette gazière. De leur côté, les dirigeants américains ont offert à Kiev un crédit d’un milliard de dollars. L’Ukraine cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis du gaz russe – des négociations sont en cours avec la Slovaquie, en vue la fourniture de quelque 10 milliards de mètres cube de gaz. C’est un représentant du principal fournisseur d’énergie européen, RWE, qui le dit : « Gazprom a toujours été un partenaire fiable ». Avant de préciser : « Nous ne voulons faire aucun pronostic pour un futur que nous ne pouvons prédire ».

AVIS D’EXPERT

L’ÉNERGIE AU CŒUR DU PROBLÈME INDUSTRIEL

L ALEXEÏ SKOPINE ÉCONOMISTE Professeur titulaire de la chaire d’économie régionale et de géographie économique à l’École nationale supérieure d’économie

Aucun risque pour l’Europe de gaz à Kiev ont été accueillies dans le calme. « Nous leur avons versé des fonds, nous avons baissé les prix du gaz, mais les paiements ne suivent pas », a fait valoir le président russe Vladimir Poutine. Selon des sources proches des négociations, le montant de la dette de Naftogaz s’élèverait à un peu plus de 2 milliards de dollars.

L’une des questions majeures concernant la crise ukrainienne dans un proche avenir sera économique : la situation dans le pays affectera-t-elle les livraisons de gaz à l’Europe ? KIRILL MELNIKOV POUR RBTH

Début mars, Moscou a annoncé la nonreconduction des réductions sur les prix du gaz accordées à l’Ukraine. Les tarifs préférentiels ont été négociés à la mi-décembre. Il avait été convenu que la Russie accorderait un crédit de 15 milliards de dollars (seuls 3 milliards ont été effectivement transférés). Une partie des fonds reçus par Kiev devait être consacrée au paiement des sommes dues à Gazprom. Les conditions devaient être reconduites aux termes d’un nouvel accord tous les trimestres. Les livraisons de gaz à l’Ukraine au taux préférentiel de 268,5 dollars au lieu de 415 pour 1 000 mètres cube ont commencé le 1er janvier 2014. Mais fin février, l’agence ukrainienne Naftogaz ne pouvait plus honorer les factures de gaz russe. Les nouvelles conditions de fourniture

Une aide au paiement de la dette gazière ukrainienne On ne voit pas encore comment la situation va évoluer. La Russie – le groupe Gazprom lui-même ou le gouvernement – est prête à accorder un nouveau crédit à hauteur de 2-3 milliards de dollars à Naftogaz. Les dirigeants ukrainiens ont fait savoir qu’ils comptaient sur ces fonds. Parallèlement, ils négocient avec le Fonds monétaire international un crédit de 14 milliards de dollars au minimum pour soutenir l’économie ukrainienne dans son ensemble. Il s’agit de permettre à l’Ukraine de régler ses factures de gaz russe pendant au moins deux mois. Les nouveaux dirigeants indiquent qu’il n’est pas question de prélever du gaz illéga-

En ligne Suivez l’actualité de la crise ukrainienne sur notre site : fr.rbth.com/ukraine

Des sources proches de Gazprom assurent que, pour le moment, les livraisons du gaz russe transitant par l’Ukraine en Europe ne sont pas menacées. Un représentant de l’agence Minenergo rappelle que la suspension du transit par l’Ukraine en 2009 a coûté au géant russe des pénalités s’élevant à 3 milliards de dollars. Un haut responsable de Gazprom explique que « la question plus grave encore est celle de la réputation. Compte tenu des accusations de la Commission européenne, la situation est déjà compliquée. Le troisième paquet énergie est en cours de négociation. Gazprom investit dans le développement de la production pour le marché européen ; aussi une répétition de ce scénario est-elle inacceptable ». En outre, Moscou a bien compris la nécessité de diversifier les livraisons en Europe : le transit par le réseau Nord Stream, ouvert l’année dernière, doit dépasser les 20 milliards de mètres cube cette année. De plus, Gazprom poursuit les négociations avec les dirigeants européens sur un autre projet, South Stream, qui permettrait d’exporter le gaz dans la région par la mer Noire.

«

Les Américains sont prêts à fournir leur gaz de schiste ou leur charbon aux Européens »

PUBLICITÉ Les athlètes russes victorieux à Sotchi sollicités pour monnayer leur image

Valeur marchande de l’or olympique Les médaillés des Jeux d’hiver de Sotchi prennent modèle sur les vedettes sportives les plus médiatiques pour convertir rapidement leur notoriété en contrats lucratifs. MARIA KARNAUKH POUR RBTH

REUTERS

Le couple formé par Alena Zavarzina et Vic Wild, qui a offert trois médailles à la Russie, vient de signer un contrat avec les montres russes « Raketa ». Alena est devenue le visage de la campagne publicitaire, puis elle a rejoint le Conseil d’administration. Quant à son mari, il est devenu directeur de l’usine. Les collaborateurs les plus éminents des champions savent comment transformer

Adelina Sotnikova prêtera son prénom à un établissement de formation sportive.

le succès sportif en contrats publicitaires lucratifs. Un bon exemple en est le joueur de hockey Alexandre Ovechkine, qui a créé sa propre ligne de vêtements en collaboration avec Reebok. Il est le « visage » des jeux vidéo NHL et d’autres marques sportives et cosmétiques. Ses revenus pour l’année 2013 s’élèvent à 16,8 millions de dollars. Le nom de la championne olympique de patinage artistique Adelina Sotnikova va attirer des talents vers le sport. La marque « Adelina », a été déposée pour vanter une école de formation sportive. Le record du marketing est détenu par la joueuse de tennis Maria Sharapova. La somme de ses contrats publicitaires au cours des cinq dernières années a été

multipliée par 1,5 et atteint 24 millions de dollars. Aujourd’hui, Sharapova a des accords avec sept des plus grandes marques mondiales, des producteurs de voitures aux fabricants de déodorants, totalisant 23 millions de dollars. Selon Mikhaïl Elaguine, directeur exécutif créatif du groupe de communication TWIGA, les stars du sport favorisent la notoriété de la marque. Mais attention, car « la personnalité de l’athlète peut être trop voyante... On se souviendra de l’athlète, plus de la marque ». Souvent, les athlètes tournent des spots publicitaires avant la compétition, rappelle Elaguine. « Or, en l’absence de résultats, l’échec sportif peut rejaillir sur la marque elle-même », prévient l’expert.

Étrangers en Russie : comment lancer son entreprise ?

La citoyenneté russe pour 220 000 euros fr.rbth.com/27839

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a spécialisation économique de l’Ukraine orientale et du sudouest de la Russie est identique. Dans la période de développement industriel de l’URSS, chaque région avait une spécialisation définie à l’échelle de tout le pays, le sud-est de l’Ukraine étant le cœur industriel de la partie européenne de l’URSS. La chute de l’URSS a provoqué l’obligation de régler trois problèmes fondamentaux de l’interactivité économique : le transit du gaz naturel de la Russie vers l’Union européenne par le territoire de l’Ukraine, la nécessité de maintenir les liens technologiques entre les entreprises mécaniques d’Ukraine et de Russie, la concurrence soudainement apparue dans la livraison de denrées agricoles et celle qui se livre sur le marché mondial de l’armement. Le premier problème est le transit du gaz, qui rapporte à l’Ukraine 2,9 milliards d’euros par an. La situation de monopole de l’Ukraine dans le transit (52%) la place en position de force pour négocier avec la Russie d’importantes réductions sur le gaz pour sa consommation intérieure. Le deuxième problème, celui de l’armement, concerne les entreprises mécaniques d’Ukraine, technologiquement liées aux sociétés russes, de multiples composants clés des missiles étant fabriqués en Ukraine. Le règlement des problèmes énumérés dépend clairement des décisions du pouvoir politique en place à Kiev. Quand des représentants de l’Ukraine occidentale sont au pouvoir, les problèmes s’enveniment. Quand c’est un représentant de l’Est (Ianoukovitch), la situation tend à se normaliser. La situation actuelle est liée à la concurrence entre la Russie et les États-Unis sur le marché européen du gaz. La Russie livre 150 milliards de mètres cube de gaz au prix de 340380 dollars (247-277 euros) pour 1 000 mètres cube. Les Américains sont prêts à fournir leur gaz de schiste ou leur charbon aux centrales électriques européennes à des prix inférieurs à 300 dollars (218 euros) pour 1 000 mètres cube. C’est avantageux pour l’Europe, mais celle-ci est liée à la Russie par des contrats à long terme. Si le gouvernement « pro-occidental » nouvellement formé à Kiev recommence à perturber le transit, les exportateurs américains bénéficieront d’une formidable chance de promouvoir leur gaz de schiste et leur charbon sur le marché européen. Il est tout à fait évident que cette situation n’arrange pas la Russie et que celle-ci mettra en place les mesures nécessaires pour l’établissement des conditions de transit normales.

EN BREF LES RENCONTRES FRANCO-RUSSES En mars 2014, l’association Dialogue franco-russe (DFR) publie son premier recueil de rencontres mensuelles, les Rencontres DFR. Ces Rencontres traitent de sujets intéressant les entreprises françaises actives en Russie, dont la présentation est assurée par des experts. En 2013, elles ont notamment accueilli Ivan Prostakov, qui a parlé des clés du succès des implantations en Russie ; Catherine Joffroy pour les particularités du droit russe dans l’établissement de contrats ; le consul général de la Fédération de Russie à propos de la politique des visas ; ou Alexandre Adler, qui a passé en revue les considérations géopolitiques concernant les relations entre la Russie et l’Europe. Le recueil comporte onze chapitres, un par rencontre, et en annexe, une présentation de l’économie de la Russie en 2014, rédigée par le coordinateur de ces Rencontres DFR, Denys Pluvinage.


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OPINIONS

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GÉOPOLITIQUE DE LA MER NOIRE J VLADIMIR KOLOSSOV POLITOLOGUE Professeur et docteur en géographie, directeur du Centre d’études géopolitiques à l’Institut de géographie de l’Académie des Sciences de Russie

usqu’à la fin du XVIIIème siècle environ, la mer Noire était un bassin intérieur turc. Mais après le renforcement et l’élargissement sur ses côtes du territoire de l’empire russe, qui deviendra ensuite l’URSS, la région devient une zone de rivalité avec la Turquie, qui remplace l’Empire ottoman, et reçoit le soutien des puissances occidentales. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Turquie devient membre de l’OTAN, alors que la Roumanie et la Bulgarie étaient intégrées au Pacte de Varsovie. La confrontation se stabilise car la mer Noire apparaît comme un enjeu secondaire. La situation se complique durant ces vingt dernières années. L’effondrement soviétique fait apparaître de nouveaux États nés de républiques sécessionnistes autoproclamées : la Géorgie, l’Ukraine (un des plus grands pays d’Europe possédant avec la Crimée 37,5% de la côte de la mer Noire, contre seulement 10,9% pour la Russie), la Moldavie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, ces derniers n’ayant pas d’accès direct à la mer mais y étant historiquement liés. Premier point : aujourd’hui, la zone est composée de plusieurs pays très différents de par leurs populations, leurs économies et leurs potentiels militaire et politique. En outre, ces États sont très hétérogènes des points de vues ethnique et religieux. L’expert américain Saul Cohen souligne qu’une telle situation favorise la rivalité entre des puissances plus influentes. En outre, les différences en matière de développement entre les pays de la région changent constamment. La Russie et la Turquie restent des puissances régionales. Dans le même temps, l’Azerbaïdjan a connu une croissance remarquable grâce aux revenus pétroliers, alors que l’Ukraine a accumulé beaucoup de retard sur ses voisins occidentaux. Deuxièmement, la situation géopolitique de la région de la mer Noire s’est compliquée en raison de la faiblesse in-

térieure des nouveaux pays et des conflits non résolus. La région compte quatre États non reconnus internationalement : la Transdniestrie, l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud et le Haut-Karabagh. Or, ces conflits gelés impliquent directement ou non sept pays : la Géorgie, la Moldavie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Russie, l’Ukraine et la Roumanie. En troisième lieu, la mondialisation conduit à l’érosion et à l’élargissement des frontières régionales, ainsi que l’intervention d’acteurs non étatiques tels que les multinationales, les mouvements nationaux et les communautés d’émigrés. La région de la mer Noire est devenue prioritaire au niveau mondial. La présence d’hydrocarbures en mer Caspienne et en Asie centrale est la cause de ces changements. La mer Noire est devenue un couloir énergétique entre la Caspienne et l’Europe. Le transit est désormais l’un des principaux moteurs de développement, la garantie d’une devise forte et un facteur de création de communications modernes pour beaucoup de pays de la région. La concurrence entre les États dans les domaines des investissements et de la construction de gazoducs et de terminaux sur leur territoire a renforcé les rivalités. Plusieurs parties de la région sont sorties de leur isolement. Le monopole de la Russie sur le transit des ressources d’énergie de la Caspienne a fondu après la chute de l’URSS, et d’autres débouchés sur la Chine et la région Asie-Pacifique sont apparus. Les hydrocarbures ont attiré des acteurs globaux comme les États-Unis et l’Union européenne. Washington soutient les demandes d’adhésion à l’OTAN de la Géorgie et de l’Ukraine. Cette manœuvre est perçue par le Kremlin comme une menace pour sa sécurité. La mer Noire et le sud du Caucase jouent un rôle stratégique pour Washington en raison de ses intérêts au Proche et au Moyen-Orient, ainsi que dans la

KONSTANTIN MALER

lutte contre le régime iranien. L’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’OTAN a aussi modifié le rapport de forces autour de la mer Noire. Beaucoup de pays riverains souhaitent adhérer à l’Union européenne. La Turquie depuis longtemps ; l’Ukraine et la Moldavie depuis peu. De son côté, la diplomatie européenne mise sur les leviers économiques et le « soft power » pour démocratiser et régler les conflits gelés. La Russie se montre néanmoins très méfiante à l’égard de cette internationalisation constante. Les frontières de la région de la mer Noire influencent les déclarations politiques. L’émergence de telles régions résulte aussi incontestablement de l’intensification des relations entre un groupe de pays voisins ou partageant

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La Russie se montre très méfiante à l’égard de l’internationalisation progressive de la mer Noire »

LE RETOUR D’UNE LITTÉRATURE D’IDÉES

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ANDREÏ VASSILEVSKI LITTÉRATEUR Critique littéraire, rédacteur en chef de la revue littéraire « Noviy Mir »

ans les années 1990, après la chute de l’URSS, on pouvait penser que les écrivains s’étaient enfin libérés de toute censure idéologique. Ne serait-ce que parce que personne ne s’en soucie vraiment. Le pétrole, la lutte pour le pouvoir, les chaînes de télé et les médias sont au centre de l’attention, pas la littérature. Pour des raisons historiques, la littérature en Russie a longtemps assuré des fonctions multiples, remplaçant tantôt les traités de philosophie, tantôt la liberté de la presse, ou s’attelant à la politique tout comme à la religion. Depuis 1990, chacun se limite à son domaine. La Russie connaît la liberté de la presse, la liberté politique, la liberté de conscience et de culte. Les églises officient au grand jour, les partis politiques militent, s’affrontent au Parlement, et les journaux publient ce qu’ils veulent. Quant à l’écriture, son statut est à part, hors du gouvernement et de la société. Mais 15 années ont passé, et le gouvernement semble aujourd’hui se souvenir de l’existence de la littérature. Trop souvent, et avec trop de conviction, la société russe s’est entendu dire que son niveau culturel baissait, que son système éducatif s’effondrait, que sa littérature traversait une crise, tout comme le monde de l’édition, les bibliothèques… Et que le marché ne résolvait rien. Qu’il fallait l’intervention de l’État.

À cela s’ajoute un autre facteur : la forte augmentation de l’activisme politique d’opposition depuis la fin des années 2000. Moscou et Saint-Pétersbourg ont vu défiler toutes sortes de manifestations auxquelles prenaient régulièrement part écrivains et hommes de lettres. Le gouvernement a bien été obligé de tourner la tête et de voir que, oui, la littérature existe, et qu’elle recommence à jouer un rôle sur la scène politique. C’est à ce moment-là qu’on a commencé à parler d’une régulation financière dans ce domaine. Accorder une aide à certains, que l’on refuse catégoriquement à d’autres. La question se pose bien évidemment : n’y a-t-il pas un risque d’encadrement de la liberté d’écriture, de son droit à s’exprimer en toute indépendance ? Les écrivains se verront-ils de nouveau dicter ce qu’ils doivent écrire et surtout ce qu’ils ne doivent pas écrire ? Exactement comme sous l’Union soviétique ? Mais l’URSS représentait une idéologie étatique dont la Russie contemporaine est exempte, excepté peut-être si l’on considère le rôle abstrait du patriotisme et le souhait de ne pas trop critiquer le pouvoir. Et si critique il y a, elle ne doit certainement pas s’adresser au chef de l’État ! L’État actuel cherche encore sa ligne idéologique qui permettrait à une communauté littéraire de se former et d’exi-

KONSTANTIN MALER

ger : « Voici ce que nous voulons ». Pour l’instant, rien à craindre de ce côté-là. Paradoxalement, la littérature russe contemporaine elle-même manque d’idées politiques claires. Seule consolation, quelques œuvres qui s’apparentent à ce que l’on pourrait nommer un roman politique. D’ordinaire, les écrivains politiquement engagés se livrent à ces activités parallèlement à leur vie littéraire : ceci est mon roman, et là est mon engagement politique. Pas d’idéologie politique donc, mais une conception du monde en revanche bien présente. Ainsi s’est formée historiquement la littérature en Russie. Or une littérature à l’écart de la société, qui n’existe qu’en vertu de ses obligations de belles-lettres ici ne survit pas. L’esprit de Tolstoï et Dostoïevski est toujours présent. Pour le lecteur russe, tout ce qui apporte une réflexion

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Paradoxalement, la littérature russe contemporaine manque d’idées politiques claires »

un espace maritime commun. Ces liens précèdent souvent le renforcement d’un discours politique et l’institutionnalisation des régions. Les exemples de détérioration des relations ne sont toutefois pas rares. À l’heure actuelle, les frontières de la zone sont consolidées par la création en 1992 de l’Organisation de coopération économique de la mer Noire (OCEMN). Composée de 12 pays, l’OCEMN ne rassemble pas que les États ayant un accès direct à la mer Noire, mais aussi l’Azerbaïdjan, l’Arménie, la Moldavie, l’Albanie, la Grèce et la Serbie. Malgré les atouts de l’organisation, ses États membres préfèrent négocier directement avec les grandes puissances qu’avec de telles unions régionales.

philosophique a trait à des interrogations existentielles et ne suscite pas vraiment d’intérêt. L’esthétique pure, plus communément désignée comme l’art pour l’art, ne touche qu’un public restreint, bien spécifique. Mais lorsque l’œuvre aborde des questions sociétales, prend position dans le débat, elle éveille alors l’intérêt du lecteur, et ce, indépendamment de sa qualité artistique. À cet égard, le roman retentissant de Zakhar Prilepine San’kia est loin d’être un chef d’œuvre, pour rester poli. Par contre, il traite bien des jeunes révolutionnaires. Les œuvres d’Alexandre Terekhov sont longues, arides et indigestes certes, mais son dernier roman, Allemands, sur la bureaucratie moscovite, est un thème d’actualité. Et si les interminables épopées de Maxime Kantor, violemment anti-libérales, restent finalement très vides de sens, les personnages et le sujet sont d’un niveau scolaire. Mais Maxime Kantor est lu parce que ses romans sont considérés comme porteurs d’idées. Prenons encore Boris Akounine. Très engagé politiquement, il est l’auteur de la célèbre série de polars historiques qui suit les aventures du jeune détective Eraste Fandorine. Tout se déroule au XIXème siècle, sous l’ancienne Russie tsariste. Bien qu’il s’agisse de romans policiers, les textes énoncent claire m e n t l a f a ç o n d o n t d o i t s e comporter un gentleman envers les institutions, ce qui lui est permis ou non. C’est justement ce qui fait des écrits d’Akounine un événement. D’un point de vue purement stylistique et littéraire, je ne pense pas que ses romans soient vraiment écrits d’une main de génie. Mais ce sont avant tout des textes idéologiques, donc ils sont lus et appréciés.

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CULTURE

QUESTION DE LANGUES LA RUSSIE EST PRÉSENTE EN FRANCE PAR SES RACINES HISTORIQUES ET CULTURELLES QUI SURVIVENT SOUS DES FORMES DIVERSES

DIX ADRESSES POUR UNE IMMERSION RUSSE DANS L’HEXAGONE 1 SERVICE DE PRESSE(3)

La librairie du Globe

La langue et la culture russes sont largement présentes en France, essentiellement à Paris. Le petit parcours que nous vous proposons en dix étapes vous permettra d’aller à leur rencontre.

Le Centre de la Russie pour la science et la culture (CRSC) La principale mission du CRSC, situé dans le 16ème arrondissement de Paris, est la promotion de la science et de la culture russes en France. Le Centre propose des cours de russe sur neuf niveaux : du débutant au niveau avancé, mais aussi des cours spécialisés – russe des affaires, préparation aux concours, civilisation, littérature, traduction, médias russes, etc. Les cours sont donnés par des spécialistes hautement qualifiés et locuteurs natifs. Le CRSC organise des stages linguistiques dans les universités de Moscou et de Saint-Pétersbourg. Le Centre accueille tout au long de l’année, des événements culturels, grand public et scientifiques. 61, RUE BOISSIÈRE 75116 PARIS › www.russiefrance.org

En ligne « Tous au russe ». Apprenez la langue de Pouchkine sur fr.rbth.com/12021

La librairie du Globe spécialisée dans le livre et la langue russes, est un espace culturel indépendant, un lieu de rencontre des Russes vivant en France et des Français intéressés par la Russie. La librairie cherche à montrer les nouvelles tendances et la diversité du monde du livre tant en Russie que sur la Russie. On peut y acheter et commander des livres en langues russe et française, des manuels scolaires, des dictionnaires et des titres de presse écrite, des DVD avec et sans sous-titres, des CD musicaux et des livres audio. Le magasin accueille des rencontres littéraires avec des auteurs et des traducteurs ou des personnalités de la société civile, des concerts, des projections cinématographiques, des conférences et même des ateliers pour les enfants.

France, fondée par des émigrés russes. Elle est spécialisée dans la vente de livres d’auteurs russes édités en Occident. Doté d’une bouquinerie et situé en plein cœur du quartier latin, le magasin « Les éditeurs réunis » propose un large choix de la littérature mondiale classique et contemporaine en russe et en français, des livres sur l’histoire et la culture de la Russie, des ouvrages de philosophes et théologiens ainsi que des ouvrages universitaires, des dictionnaires et des manuels. On y trouve les livres de la maison d’édition YMCA-Press, fondée en 1921 et éditant des auteurs interdits en URSS, notamment Alexandre Soljenitsyne.

La Bibliothèque Y. Tourgueniev La plus vieille bibliothèque russe de Paris a été créée en 1875 à l’initiative du révolutionnaire German Lopatine avec la participation active et le soutien financier de l’écrivainYvan Tourgue-

L’une des plus vieilles librairies en

La Galerie « Russkiy Mir » La galerie « Russkiy Mir » a été ouverte en 2008 sur la base de l’édition du même nom. La galerie cherche à montrer au public ce même monde russe, dans toute sa diversité créatrice et sa richesse, à travers les peintres russes du XXème siècle et des peintres contemporains : Igor Andreev, André Lanskoy, Anatoli Poutiline, Yuri Azarov, Boris Lejeune, Oskar Rabine, Evgeny Kropivnitski, Stanislav Nikireev, Boris Zaborov.

› www.editeurs-reunis.fr

› www.librairieduglobe.com

niev. L’un des plus importants centres culturels et intellectuels russes à l’étranger, elle a lancé « Les archives littéraires russes » sous la direction d’Yvan Bounine. En 1925, elle comptait 60 000 livres de valeur ainsi que des revues. En 1940, son contenu a été transféré en Allemagne. En 1957, un groupe d’émigrés russes a décidé de rétablir l’illustre maison « Tourgueniev ». La bibliothèque ressuscitée a été ouverte en 1959. 11, RUE DE VALENCE 75005 PARIS Ouverte aux visiteurs le mardi, le jeudi et le samedi de 15h00 à 19h00.

11, RUE MONTAGNE STE GENEVIÈVE 75005 PARIS

67, BD BEAUMARCHAIS 75003 PARIS

La librairie « Les éditeurs réunis » ou YMCA-PRESS

1. 7ème Salon du livre russe au Centre de Russie pour la Science et la Culture à Paris, 2013. 2. Concert au Village russe. 3. Une vitrine de la librairie du Globe.

LIVRES Jeunes écrivains, auteurs confirmés, éditeurs et traducteurs illustreront la diversité

Toutes les littératures russes au Salon du livre de Paris Jeunes pousses et grands noms de la littérature russe seront au grand rendez-vous de l’édition mondiale à la Porte de Versailles (21-25 mars), où la traduction sera notamment à l’honneur.

tandis que les écrivains d’aujourd’hui sont davantage centrés sur leur vie et leur expérience propres. Pour recréer une ‘encyclopédie’ cohérente, il faut réunir et traduire tous ces auteurs si divers », résume-t-il.

des opinions politiques de tous ces écrivains, toutes différentes les unes des autres. Les rencontres avec nos auteurs seront donc intéressantes pour les lecteurs étrangers aussi bien en termes littéraires que parce que ces auteurs participent activement à la vie de la Russie contemporaine ».

VENIAMINE GORKOVSKII POUR RBTH

Tous Russes, tous différents

Pouchkine en son temps avait déjà reconnu l’importance des traducteurs, ces « chevaux de poste de l’instruction ». Il est donc naturel que le stand R50, celui de la Russie au prochain Salon du livre de Paris, soit cette année animé par le jeune Institut de la Traduction de Moscou. Autour de ce stand sont prévues des rencontres avec les espoirs de la littérature russe contemporaine, avec des auteurs confirmés et des représentants des éditions jeunesse, ainsi qu’une présentation des programmes de soutien à la traduction dont bénéficient les éditeurs français.

Cette diversité sera représentée au Salon du Livre. Avec Marina Stepnova notamment, qui s’est affranchie des cadres de la prose traditionnelle dans son roman Les femmes de Lazare ; ou Elizabeth Alexandrova-Zorina, « qui évoque les questions traditionnelles des femmes avec son sens aigu de la compassion pour les petites gens ». Sera également présent Sergueï Belyakov, « qui a réussi à raconter d`une manière fascinante l’histoire tragique de la vie d`un scientifique, Lev Goumilev, fils d’Anna Akhmatova et Nikolaï Goumilev ». D’autres écrivains comme Andreï Dmitriev, Andreï Volos, Sergueï Sedov,Vladislav Artemov, et Roman Sentchine – « auteur de romans familiaux traditionnels avec des touches de modernité » – illustrent eux aussi cette variété qui se veut au cœur de la présence russe au Salon du livre. Evgeny Reznitchenko ne cesse d’insister sur ce thème : « Vous voyez, avec une simple liste, on se rend déjà compte de la diversité de nos auteurs en termes artistiques et littéraires. Sans parler

Dans le sillage des grandes classiques, une littérature renouvelée « Tolstoï, Dostoïevski, Tchekhov… Aucun des ces écrivains n’a d’égal dans la littérature russe contemporaine. Et c’est normal : elle a changé », commence par expliquer Evgeny Reznitchenko, directeur exécutif de l’Institut de la Traduction. « Les classiques du XIXème siècle écrivaient de véritables encyclopédies de la vie russe

Sans traducteurs, pas de littérature mondiale

En ligne Toutes les nouveautés littéraires sur fr.rbth.com/6364

L’Institut de la Traduction, créé en 2011 sous la tutelle du directeur adjoint de l’Agence fédérale pour la presse et les médias en Russie, Vladimir Grigoriev, vise à promouvoir la littérature russe dans le monde et s’attache à soutenir les traducteurs et éditeurs étrangers œuvrant dans ce domaine. Il a ainsi mis en place différentes formes d’aides à l’intention des traducteurs ou des éditeurs, pour la traduction et la publication d’œuvres littéraires. « Le traducteur est un intermédiaire, voire un pilier de la littérature mondiale, et ce depuis les premières versions de la Bible en plusieurs langues », rappelle Evgeny Reznitchenko. Et de préciser : « Nous présenterons donc les nouvelles traductions d’auteurs classiques et contemporains en français, notamment des pièces de théâtre de Vladimir Maïakovski et des romans de Sergueï Lebedev et de Roman Sentchine ; les livres de Marina Stepnova et Elizabeth Alexandrova-Zorina, et


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Mercredi 19 mars 2014

HISTOIRE

STRATÉGIE La ville fondée par Catherine II reste un enjeu capital

tout en démesure : tant le design de l’intérieur que la programmation originale des soirées musicales, et l’ambiance enflammée des soirées dans la boîte de nuit « Kalachnikov ».

Sébastopol : le port militaire que Moscou veut garder en Crimée

21, QUAI D’AUSTERLITZ, 1-2 PLACE AUGUSTA HOLMES 75013 PARIS › www.villagerusse.com

Artlantic, centre d’affaires et de la culture russes en Bretagne

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Fondé par Nikolaï Elkine, un musicien russe vivant en France sur la côté bretonne, l’Artlantic est devenu un centre d’attraction pour ceux qui s’intéressent à la culture russe et voudraient établir des contacts d’affaires avec la Russie. On y organise des festivals culturels russes et y propose des cours de russe et d’art populaire russe, des expositions et des concerts, des rencontres d’affaires et des stages. MOËLAN SUR MER 29350 KERSALUT + 33 2 98 96 54 02

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Un livre pratique

Le restaurant Kalinka de Caen

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7, RUE DE MIROMESNIL 75008 PARIS › www.facebook.com/GalerieRusskiyMir

I-Gallery Instant La galerie d’art I-Gallery Instant, spécialisée dans l’art russe, a été ouverte à Montmartre en 1998 à l’initiative de la critique d’art Olga Khlopova et de son époux Maxime Khlopov, docteur en sciences physiques et mathématiques, directeur du Virtual Institute of Astroparticle Physics (Institut virtuel international de la physique des astroparticules, sous le patronage du CNRS). La galerie accueille des expositions de toiles de peintres russes contemporains vivant en Russie ou à l’étranger. 12, RUE DURANTIN 75018 PARIS › www.i-gallery.fr

Le Kalinka, à Caen, n’est pas un simple restaurant proposant en Normandie une cuisine russe : son propriétaire Leonid Zeletchonok en est l’homme orchestre qui organise, le vendredi et le samedi, des soirées musicales dans l’établissement aux allures de petite isba, avec l’accueillante matriochka à l’entrée. Il chante des chansons populaires avec une voix profonde donnant des frissons. 182, RUE SAINT-JEAN 14000 CAEN + 33 2 31 34 68 00

La Maison de la Russie de Nice L’association « La Maison de la Russie de Nice », créée en 2002, regroupe plusieurs associations du Midi œuvrant pour le développement des liens entre la Russie et la France. Proposant des activités culturelles et éducatives, la « Maison » organise des saisons musicales annuelles, des conférences internationales, des rencontres amicales « Samovars », et propose des cours de langue russe pour adultes et pour enfants. Elle a par ailleurs lancé une étude sur l’héritage russe sur la Côte d’Azur.

Nuits blanches au Village russe Le restaurant russe Les nuits blanches est l’unique site en France avec banya et branches de bouleau en plus. Son cabaret offre un véritable petit coin de la Russie contemporaine dans Paris. Tout y est irrévérencieux, éclectique,

3, AVENUE CYRILLE BESSET 06100 NICE › www.maisondelarussie.fr

« Pourquoi apprendre le russe ? » : tel est le titre du recueil publié par le Centre de la Russie pour la Science et la Culture à Paris afin d’expliquer où et comment apprendre la langue russe en France. Enrichi de nombreux témoignages, cet ouvrage présente un panorama de la culture et de la société russes. Co-édition du Centre de Russie et du Groupe L’Étudiant, Paris, 2007.

Rédigé par MARIA TCHOBANOV

SERVICE DE PRESSE

les mémoires de Nadejda Mandelstam sur Anna Akhmatova. Nous mettrons aussi en avant des auteurs qui n’ont pas encore de traductions françaises avec l’espoir qu’ils trouveront un éditeur ». Enfin, une attention spéciale a été portée à la littérature jeunesse cette année avec une présentation du catalogue de la littérature enfantine russe par Xenia Moldavskaya, et des lectures par Sergueï Sedov, auteur russe de « contes touchants et modernes ».

Des expositions et conférences, mais aussi des livres sur Kalachnikov et son invention Quelques mètres plus loin, le stand S60 du Centre de la Russie pour la Science et la Culture à Paris accueillera une

exposition documentaire sur le bicentenaire de la naissance du poète russe Mikhaïl Lermontov : il servira également de cadre à la présentation du prix littéraire « Russophonie », remis annuellement pour la meilleure traduction d’une œuvre russe en français. Seront également présentés des livres d’Elisabeth Essaïan, Sophie Hasquenoph, Caroline Charron, Martine Bertho, Marina Tchebourkina, Geneviève Dispot et Kira Sapguir. Notons par ailleurs une conférence intitulée « Fabergé, de la cour du tsar à l’exil », par Caroline Charron, ou encore une présentation des livres sur Mikhaïl Kalachnikov, l’inventeur de l’arme du même nom devenue (tristement) célèbre, l’AK-47, par Elena Joly.

En 2012, Moscou était la ville invitée au Salon du livre à Paris. En 2014 la Russie sera encore très présente.

SERGEY SAVOSTIANOV

La principale base de la flotte militaire russe en mer Noire se trouve sur le territoire ukrainien. Moscou veut absolument conserver cette porte stratégique vers la Méditerranée. VICTOR LITOVKINE POUR RBTH

Répondant à la volonté de l’impératrice russe Catherine II, la ville de Sébastopol a été fondée en 1783 sur la rive sud-ouest de la péninsule de Crimée bordant la mer Noire, près des ruines du village grec antique de Chersonèse. Des ruines examinées aujourd’hui encore par les archéologues. C’est Catherine II qui donna à la nouvelle cité son nom, traduit du grec par différentes sources comme « la ville vénérée », « sacrée » ou « grandiose », ou encore « la ville de la gloire ». L’impératrice et ses stratèges avaient été séduits par le site en raison de ses 30 baies profondes protégées des vents, dont certaines s’enfoncent dans la falaise sur huit kilomètres. Sébastopol a été le théâtre d’un long siège et d’un des affrontements les plus durs de la Seconde Guerre mondiale. En 1941-42, les soldats de l’Armée rouge et les marins de la flotte de la mer Noire défendirent la ville pendant 250 jours et autant de nuits avant de devoir abandonner leurs positions. Passons à l’après-guerre. À partir de 1948, Sébastopol, jusqu’alors rattachée à l’oblast de Crimée, dépend directement de la République socialiste fédérative soviétique de Russie avec un statut de ville spéciale. Mais en 1954, à l’initiative du premier secrétaire du Parti communiste d’URSS Nikita Khrouchtchev, la Crimée est transférée à l’Ukraine en l’honneur du tricentenaire de l’union de celle-ci avec la Russie. Sébastopol, sans faire partie de l’oblast de Crimée, passe alors en fait sous la coupe du pouvoir de Kiev mais relève en droit de celui de Moscou. L’un des ports de guerre les plus importants de l’Union soviétique, la ville reste sous la tutelle du ministère de la Défense de l’URSS, même après la dislocation de celle-ci. Pourtant, la situation change brutalement dans les années 1990, quand l’Ukraine devient un État indépendant englobant la Crimée. Aux termes d’un accord sur l’amitié, la collaboration et le partenariat signé par Moscou et Kiev en 1997, la Russie reconnaît le statut ukrainien de Sébastopol et l’inviolabilité des frontières de l’État ukrainien, tandis que l’Ukraine laisse intacts les droits de la Russie sur la base militaire maritime de Sébastopol et sur la présence de la flotte russe en mer Noire jusqu’en 2017. Pour comprendre les enjeux, il est utile de rappeler les moyens et les effectifs qui entrent dans la composition des unités opérationnelles stratégiques du dispositif naval basé à Sébastopol. La liste est longue : l’état-major et le commandement de la flotte, la 68ème bri-

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FAITS SUR LA CRIMÉE

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La Crimée est une péninsule au sud de l’Ukraine. Son territoire abrite la République autonome de Crimée, Sébastopol, ainsi qu’une petite partie de la région de Kherson. Simféropol est la capitale de la République autonome de Crimée.

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Selon les données du Bureau national des statistiques d’Ukraine, au 1er novembre 2013, la population de la Crimée comptait 2 millions d’habitants. La population est composée de 50% de Russes, de 24% d’Ukrainiens et de 12% de Tatars de Crimée.

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La Crimée n’a pas de langue « officielle ». Selon un sondage réalisé en 2004, le russe était parlé par 97% de la population.

gade de protection du domaine maritime, le 17ème arsenal de la Marine, le 810ème détachement de l’infanterie marine, le 247ème détachement divisionnaire de sous-marins, le 854ème détachement côtier de l’unité d’artillerie, le bataillon détaché des ingénieurs de marine, le centre de liaison, la 30ème division de vaisseaux sousmarins, dans laquelle se trouvent le croiseur lance-missiles « Moskva », les vaisseaux lance-missiles de renfort aérien « Bora » et « Samoum », la brigade des parachutistes, celle des patrouilleurs lance-missiles, le régiment d’assaut aérien, le régiment aérien mixte, la brigade de sécurité radio et technique, les arsenaux, les dépôts de matériel militaire et des provisions de combat, les usines de réparation et les écoles de préparation des jeunes commandants... En tout : 25 000 militaires, sans compter les ouvriers et les employés qui travaillent dans les entreprises et dans les établissements liés à la flotte. Soit, au total, plus de cent mille personnes, membres des familles compris. D’après l’accord du 31 mai 1997 entre l’Ukraine et la Fédération de Russie sur le statut et les conditions de la présence de la flotte de la mer Noire sur le territoire ukrainien, le nombre de vaisseaux et navires russes pouvant naviguer ou mouiller dans les eaux territoriales ukrainiennes est autorisé jusqu’à 388 unités (dont 14 sous-marins diésel), soit un dispositif comparable à la puissance maritime de la Turquie. Par ailleurs, 161 avions et hélicoptères peuvent être stationnés sur les aérodromes de Gvardeïskoïe et de Sébastopol. Il a été prévu que l’accord conclu il y a près de vingt ans soit automatiquement reconduit pour des périodes de cinq ans, à moins que l’une des deux parties s’y oppose. Un second accord, signé à Kharkiv en avril 2010 entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Viktor Ianoukovitch, a prolongé la présence de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol jusqu’en 2042. En vertu de ce nouveau « contrat », Moscou s’engage à verser chaque année 98 millions de dollars aux autorités de Kiev pour la location de sa base maritime en Crimée. Un autre paramètre important stipule que la Russie accorde une réduction de 100 dollars par tonne de gaz livrée à l’Ukraine. Tel est le prix que les autorités russes consentent à payer en l’absence d’une alternative, à savoir une base militaire navale sur le territoire russe donnant accès à la mer Noire. Le port de Novorossiisk n’est pas assez profond et n’a pas les infrastructures nécessaires. Et puis, la présence de la flotte à Sébastopol règle une question stratégique de taille : couvrir le sud de la Russie en empêchant la présence dans la mer Noire de porte-avions déployés par un ennemi potentiel...


Mercredi 19 mars 2014

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Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Figaro

MAGAZINE

PORTRAIT Directrice de musée, elle fait découvrir au public russe de « nouvelles visions esthétiques »

À L’AFFICHE

Olga Sviblova : l’amour de l’art sous toutes ses formes

"METAMORPHOSIS" OU OVIDE REVU À L’ÈRE DES JEUX VIDÉO

La fondatrice et directrice du Musée d’art multimédia de Moscou mène avec passion une action qui lui a valu le ruban de Chevalier de la Légion d’honneur et le prix Mont-Blanc 2013.

Biographie Née à Moscou en 1953. Diplômée de la faculté de psychologie de l’Université d’État de Moscou (MGU) en 1978. 1980-1990 : elle se consacre au cinéma documentaire sur l’art et se tourne vers l’art contemporain et la photographie. En 1996 elle crée et préside la Maison de la photographie aujourd’hui nommée Musée d’art multimédia de Moscou.

ALEXANDRA SOPOVA POUR RBTH

Sa collection Autrefois, les photographes dont le style ne correspondait pas au « réalisme socialiste » étaient menacés. Ces artistes n’avaient souvent pas d’atelier, il n’avaient pas d’espace où stocker les archives. C’était dangereux de conserver chez soi des clichés contredisant la ligne officielle. À la fin des années 90, ces archives ont commencé à prendre de la valeur et beaucoup d’héritiers et de collectionneurs ont fait confiance à Sviblova et ont soutenu son nouveau musée de la photo. « Les résultats de notre travail en disaient plus que les mots. Je ne suis pas un politicien avec des promesses de campagne électorale, je suis une pragmatique avec de grands rêves. C’est important. On ne peut rien faire sans le rêve et une stratégie de développement efficace », ajoute-t-elle. Encore un objectif : réhabiliter la notion d’histoire en Russie, où tant de monument ont été détruits et remplacés par

RIA NOVOSTI

Le MAMM : son bébé Impossible aujourd’hui d’imaginer le paysage culturel moscovite sans le MAMM (Musée d’Art Multimédia de Moscou). Diplômée en psychologie, scénariste et réalisatrice de films documentaires et surtout commissaire d’exposition d’art contemporain, Olga Sviblova affiche près de 2 000 expositions à son actif, aussi bien en Russie qu’en Finlande, en Suisse, en Hollande, au Royaume-Uni et en France. « Quand j’ai commencé à travailler à l’ouverture du musée, j’avais conscience que la photographie était une sorte de média. Une œuvre d’art peut être réalisée avec de la peinture mais aussi avec des excréments d’éléphant, comme le fait Chris Ofili. Le travail d’un grand artiste n’en pâtit pas ». Olga Sviblova parle de la « magie » de la photographie, car c’est à la fois de l’art et un témoignage. Même un cliché mis en scène ou travaillé à l’ordinateur reste le témoignage d’un fragment de réalité. « Quand j’ai commencé avec le musée, je savais qu’on se dirigeait vers l’art contemporain et les nouvelles technologies qui ne sont pas simplement un changement de technique mais aussi de conception. À l’époque, dans les années 90, la photo était un support assez populaire, le seul moyen d’attirer un public suffisant. Ensuite, ce public, il a fallu l’éduquer ». Olga Sviblova voulait, dans ces années 90, non seulement faire découvrir au public russe les nouvelles formes d’art, mais aussi l’aider à se réapproprier sa propre histoire. La photo était également le moyen idéal de donner un aperçu du monde, dont l’homo sovieticus n’avait qu’une idée stéréotypée. « Les uns pensaient que l’occident était le paradis, les autres que c’était l’enfer. Nous avons montré qu’il était peuplé de gens réels », se remémore Olga.

DU 21 AU 28 MARS, THÉÂTRE NATIONAL DE CHAILLOT, PARIS

Grace à l’énérgie d’Olga Sviblova, le MAMM est devenu très vite l’épicentre de la vie culturelle à Moscou.

Elle l’a dit

«

ITAR-TASS

d’autres. « À travers la notion de monument authentique, nous voulions montrer à la Russie la variété des visions esthétiques, notamment dans l’art contemporain ».

De même, il arrive que Sviblova fasse office d’intérprète pour les fréquents invités français ou encore lors des grosses journées d’inauguration de nouvelles expositions, qu’elle aide au vestiaire !

Un curateur à l’écoute

La vie sous toutes ses formes

« L’image d’un curateur qui serait démiurge est quelque peu exagérée. Quand je travaille avec un artiste, j’essaie de révéler sa voix propre. Parfois, cela passe par le conflit, d’autres fois par une idylle joyeuse. Il faut savoir se taire pour entendre l’artiste ». À l’instar du héros de La vie de John Malkovitch, Sviblova penètre dans le cerveau de l’artiste et même dans son « système sanguin ».

Olga Sviblova avoue ne jamais avoir voulu être actrice : c’est le seul métier qui ne l’a jamais attirée. Ce qui l’intéresse, c’est la réalité et non sa mise en scène et la pièce qu’elle écrit sans cesse n’est autre que celle de sa vie. Et elle n’a pas peur d’endosser les rôles les plus variés : mannequin pour des défilés ou balayeuse. « Pendant six ans, j’ai travaillé comme gardienne d’immeuble et je peux vous dire que je faisais bien mon travail, c’était propre chez moi ». Une fois rentrée après la journée de travail, quelle que soit l’heure, elle lit six journaux et quatre revues politiques, deux revues littéraires ou artistiques sans compter les livres. Pas une journée ne se termine sans sa dose de nouvelles et d’articles. Depuis vingt-deux ans, le mois d’août, c’est les vacances : elle rejoint la maison flottante de son mari Olivier Morand au beau milieu d’une nature luxuriante et sauvage : un marais, les oiseaux, les animaux et son potager. « J’ai la main verte, dit-elle. Je fais pousser des tomates, des aubergines et des poivrons, tout ce qu’il me faut pour bien vivre. J’aime la vie sous toutes ses formes ».

Une directrice qui se fait hôtesse Depuis 17 ans, le musée occupe presque tout le temps et les pensées d’Olga Sviblova. Mais nulle menace de monotonie. « Tout tourne plus au moins autour du musée. Même lorsque je suis chargée de monter le pavillon russe à la Biennale de Venise et que l’objectif principal est qu’il tienne droit, je suis consciente que les cinq années passées sur le chantier de notre musée m’ont appris à résoudre des milliers de questions, autant financières, qu’organisationnelles, pratiques. Par exemple, si le personnel de nettoyage se sert de mauvais produits d’entretiens, c’est moi qui vais leur parler ».

J’aime l’avenir... et je pense que j’arrive à le sentir. Quoi qu’il soit - à ce jour. Et je pense que j’ai reçu un don - le don d’admirer le don des autres »

OLGA SVIBLOVA OGONIOK, 11.11.2013

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Le avril

› www.theatre-chaillot.fr

QUAND TOULOUSE CHANTE EN RUSSE LE 26 MARS, ÉGLISE SAINT-AUBIN, 45, RUE RIQUET, TOULOUSE Le chœur russe de Toulouse vous convie à un grand concert commun avec l’Orchestre d’instruments traditionnels russes de l’École des Arts G.Sviridov de SaintPétersbourg. Les choristes présenteront leur répertoire de chants traditionnels liturgiques et populaires russes et interpréteront des œuvres des compositeurs russes et européens arrangées pour des instruments traditionnels russes : balalaïkas, domras, bayans et autres gouslis. › www.toulousechanterusse.fr

CINÉMA RUSSE AU FESTIVAL "L’EUROPE AUTOUR DE L’EUROPE" DU 2 AU 11 AVRIL, DANS PLUSIEURS SALLES À PARIS Le festival « L’Europe autour de l’Europe » se déroule tous les ans au printemps à Paris. 63 longs métrages et une sélection de documentaires, d’animation et expérimentaux (36 films) sont montrés dans une vingtaine de salles à Paris. Le thème de cette édition est « Lumière et obscurités », ce qui nous ramènera aux origines, avec les peintres et les photographes. Kira Mouratova fera sa “master class” avec L’accordeur, En découvrant le vaste monde et Changement de destinée… Et le tragique Alexeï Balabanov, avec Morphine et le mystique Je veux aussi, représenté par son producteur et ami Sergueï Selyanov. › www.evropafilmakt.com

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Créé avec seize comédiens du Studio 7 du Théâtre d’art de Moscou, David Bobee et Kirill Serebrennikov abordent Les Métamorphoses d’Ovide dans une configuration apocalyptique, inspirée de l’univers des jeux vidéo. Pour souligner la façon dont différents niveaux de réalité s’entremêlent, David Bobée a fait appel au chorégraphe congolais DeLaVallet Bidiefono, qui a contribué à faire de ce spectacle un télescopage étourdissant entre passé et présent, réalisme et fantasmagorie.

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