Russia Beyond The Headlines

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«Russia Beyond the Headlines» est le nouveau nom de

Mercredi 16 avril 2014

, distribué en français avec Le Figaro

Visions de la Russie Distribué avec

Parmi les autres partenaires de distribution : The Daily Telegraph, The New York Times, The Washington Post, La Repubblica, etc.

C E C A H I E R D E H U I T PA G E S E S T É D I T É E T P U B L I É PA R R O S S I Y S K AYA G A Z E TA ( R U S S I E ) , Q U I A S S U M E L ’ E N T I È R E R E S P O N S A B I L I T É D E S O N C O N T E N U

UNE FUSION POUR MIEUX BÉTONNER LE MARCHÉ RUSSE La part de Lafarge-Holcim pourrait atteindre 9,1% du marché, ce qui lui permettrait de figurer parmi les trois plus grands cimentiers en Russie.

Crise ukrainienne : une nouvelle donne diplomatique

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LORI/LEGION MEDIA

DOSSIER SPÉCIAL : LA CRIMÉE SOUS UN AUTRE ANGLE La péninsule, sous les feux de l’actualité, est aussi une région possédant un vaste potentiel touristique et agricole. Découvrez ses joyaux architecturaux et revivez trois faits marquants de l’histoire de la région. PAGES 4-5

ILIA KABAKOV SUR L’ART D’HIER ET D’AUJOURD’HUI L’artiste se rémémore la production clandestine soviétique et livre ses sentiments sur la création actuelle.

GETTY IMAGES/FOTOBANK

Derrière les annonces de « nouvelle guerre froide » entre la Russie et l’Occident, les relations économiques restent un facteur clé et un enjeu de stabilité. Moscou insiste pour que

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À lire sur notre site Web La mode pour handicapés : entre couture et force d’esprit fr.rbth.com/28635

l’Europe et préserver le dialogue. Mais la crise a donné aux liens économiques avec l’Asie un caractère devenu prioritaire. SUITE EN PAGE 2

Coup de projecteur sur les joailliers russes MARINA OBRAZKOVA RBTH

fr.rbth.com/28373

l’élargissement de l’Alliance atlantique aux pays de l’Est. Si les sanctions occidentales sont mal vécues, le Kremlin affirme vouloir conserver de bonnes relations avec

ORFÈVRERIE La célébrité de Fabergé a laissé dans l’ombre nombre d’autres créateurs ou artisans

Qui n’a pas entendu parler de l’orfèvrejoaillier Karl Fabergé, fournisseur de la Cour impériale russe ? Mais qui peut citer d’autres grands bijoutiers russes ? Le pays n’en manquait pourtant pas.

La géographie, partie intégrante de la langue

ses intérêts soient mieux pris en compte dans les négociations sur le futur de l’Ukraine, rejetant des valeurs « venues d’ailleurs », sur fond d’inquiétude après

Jusqu’au milieu du XIXème siècle, les joailliers étaient considérés comme de simples artisans. Ce n’est que lorsqu’ils ont commencé à participer à des expositions internationales que leurs noms sont devenus de véritables marques commerciales.

Syndrome de Stockholm Les joailliers suédois Bolin sont arrivés en Russie au début du XIXème siècle, quelques dizaines d’années avant Fabergé. Ils fournissaient principalement les tsars, ce qui n’était pas une mince affaire. Ils devaient, par exemple, confectionner le contenu de la dot de ses filles.

Un seul ensemble nuptial coûtait autant qu’une maison au centre de SaintPétersbourg et comprenait une couronne de mariage, quelques diadèmes, un collier et des bracelets, sans oublier les bagues et autres boucles d’oreilles. La veille du mariage, les nouveaux joyaux des princesses étaient exposés à la vue de tous. Il s’agissait d’une tradition ancestrale : la « valeur » de la future épouse était déterminée par celle de sa dot. La maison de joaillerie Bolin a travaillé en Russie jusqu’à la Première Guerre mondiale, dont le début allait bloquer son propriétaire d’alors, Wilhelm Bolin, en Allemagne. Le bijoutier a bien essayé de rejoindre la Russie via la Suède, mais il a été retenu à Stockholm, où il a ouvert un magasin et est rapidement devenu fournisseur des rois de Suède. Il a ainsi substitué, parmi ses prestigieux clients, une monarchie à une autre. SUITE EN PAGE 8

L’impératrice Alexandra Fedorovna Romanova arbore le diadème en émeraudes créé pour elle par Bolin (à gauche). À droite, un œuf réalisé par la même compagnie.


Mercredi 16 avril 2014

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Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Figaro

POLITIQUE

ANALYSE GÉOPOLITIQUE Les événements dans l’Est de l’Ukraine ont modifié l’échiquier planétaire

Vers un "pivot" de la Russie à l’Est ?

AP

Que l’on parle d’« occupation » (en Occident) ou de « réunification » (pour une majorité de Russes), les événements de Crimée sont-ils annonciateurs d’une nouvelle ligne diplomatique ? DMITRI BABITCH POUR RBTH

La question apppelle deux réponses diamétralement opposées. D’une part, on peut considérer que Moscou cherche à reconquérir sa puissance perdue après la chute du régime soviétique, et cela, peut-être même au-delà des frontières de l’ex-URSS. On peut au contraire voir les événements de Crimée comme une « improvisation infructueuse », et envisager un retour proche à la normale – la Russie acceptant à contre-cœur que de nouveaux territoires de l’ex-Union soviétique rejoignent la sphère d’influence occidentale, dans le cadre de négociations autour d’un « élargissement de la zone de prospérité et de sécurité ». Mais comme toujours, la vérité n’est pas aussi tranchée. Pour Rossiyskaya Gazeta, le journal officiel de la Russie, l’intervention en Crimée est le signe que le pays souhaite définir une « zone de sécurité », c’est-à-dire marquer les territoires qu’il considère comme essentiels pour lui-même, où il surveillera de près l’éventuelle instauration de gouvernements anti-russes, voire l’accroissement de la présence militaire des pays occidentaux. L’Ukraine fait partie de ces territoires. Mais d’après Fedor Loukianov, rédacteur en chef du mensuel moscovite Russia in Global Affairs, cela ne signifie pas que la Russie veuille rivaliser avec les États-Unis sur l’échiquier planétaire à l’image de l’ex-URSS. Là où le bât blesse, c’est que « sur place », cette position modérée n’est pas forcément partagée, non seulement en Crimée, mais aussi dans d’autres régions de l’Ukraine, et même dans la République de Moldavie avoisinante. « Si on récupère notre pays, vous pouvez garder la monnaie », m’a dit il y a quelques semaines Valentina, une habitante de Crimée qui tient un petit stand de boulangerie-pâtisserie à Soudak, une

Ils l’ont dit

«

Ne croyez pas (...) que d’autres régions feront comme la Crimée. Nous ne voulons pas la division de l’Ukraine ».

V. POUTINE (DANS UN MESSAGE AUX UKRAINIENS)

«

Nous n’avons aucune intention de franchir la frontière ukrainienne et nul intérêt à le faire. Absolument pas ».

S. LAVROV MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

ville ancienne célèbre pour sa forteresse du XVIème siècle édifiée par les colons génois. « Mais aujourd’hui, inutile d’espérer retrouver notre pays », a-t-elle ajouté. Tous ceux que j’ai rencontrés en Crimée ont évoqué cet endroit mystérieux, « notre pays ». Pour les plus âgés, « notre pays », c’est indubitablement l’Union soviétique ; pour les plus jeunes, le pays en question ressemble à la Russie (même s’ils en ont parfois une idée vague, certains n’ayant jamais traversé le détroit qui sépare la Crimée du territoire russe). Mais « notre pays », ce n’était certainement pas l’Ukraine, dont la Crimée faisait officiellement partie depuis 1954 (dans le cadre de l’URSS, de 1954 à 1991). C’est peut-être l’échec le plus cuisant de l’actuel gouvernement ukrainien, certes, mais aussi de tous ses prédécesseurs qui ont gouverné le pays depuis son accession à l’indépendance en 1991. Ils n’ont jamais réussi à donner aux Criméens le sentiment d’être chez eux en Ukraine. Un ressenti similaire, mais à plus grande échelle, est palpable en Transnistrie, un petit État non reconnu officiellement, qui appartenait à la Moldavie – aujourd’hui tournée vers l’Europe – avant de faire sécession en 1992. Contrairement aux Criméens, les habitants de Transnistrie avaient pris les armes pour rester au sein de la Moldavie en 1992, lorsqu’un conflit bref mais acharné éclata avec les Moldaves, avant de se conclure par une trêve. En 2006, la Transnistrie avait organisé un référendum sur une éventuelle intégration à la Russie ; 97% des votants étaient favorables à cette idée, mais Moscou a poliment décliné l’offre. Armen Oganessian, rédacteur en chef du magazine moscovite International Life affirme : « À présent, certaines régions d’Ukraine, mais aussi de Moldavie, dont la Gagaouzie turcophone située au sud de celle-ci, se voient confortées dans leur espoir de se réveiller un jour en étant intégrées à la Russie ». Si cette tendance donne de l’espoir aux Transnistriens et aux Gagaouziens, elle inquiète les occidentaux. Certains n’ex-

cluent pas une « situation afghane » en Europe de l’Est, avec des guerilleros urbains en Ukraine dans le rôle des moudjahidines afghans. Selon Alexeï Pilko, directeur du Centre Eurasia au sein de l’agence de presse RIA Novosti de Moscou, « l’inconvénient majeur de ce scénario, c’est qu’il ne convient à aucune des parties prenantes. Il ne convient pas à Moscou, car la Russie est effectivement bien différente de l’Union soviétique, laquelle produisait tout ce dont elle avait besoin, des films aux vins, en passant par la viande. La Russie actuelle a besoin de gazoducs et d’oléoducs pour obtenir des devises qui lui permettent d’acheter à l’Union européenne ce qui lui est nécessaire pour vivre, non pour se divertir ». Lorsqu’on dégaine les armes, les « pipelines » se vident ; la Russie est donc la dernière à souhaiter que l’on fasse parler la poudre en Europe de l’Est. Le scénario afghan est également inacceptable pour l’Union européenne, comme pour l’Ukraine, où même les hommes politiques les plus bellicistes ne souhaitent guère voir leur pays devenir le « champ de bataille où un nouveau conflit mondial aurait éclaté » (expression utilisée par Ksenia Liapina, députée appartenant au parti de l’Union panukrainienne « Patrie », nouvellement arrivé au pouvoir). C’est pourquoi on a poussé un soupir de soulagement à Kiev, mais aussi à Moscou, lorsque le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que la Russie n’avait nullement l’intention de s’étendre au-delà des frontières orientales de l’Ukraine, et son homologue ukrainien affirmer que le nouveau pouvoir en place à Kiev n’avait pas pour objectif de faire adhérer l’Ukraine à l’OTAN. Le « conflit ethnique » entre Russes et Ukrainiens, si souvent évoqué, est moins ancré dans la réalité que dans les médias ou dans l’esprit de certains intellectuels et de quelques excités. Si ces personnes ont plus facilement accès aux médias de masse de part et d’autre de la frontière ukrainienne, les opinions qu’elles expriment ne reflètent aucune-

John Kerry et Sergueï Lavrov lors d’une première rencontre à Paris pour évoquer la crise ukrainienne au cours de quatre heures de discussions.

En ligne

Selon un sondage effectué sur notre site Web, 90,64% de nos lecteurs sont favorables à l’apprentissage du russe comme seconde langue pour leurs enfants. Les avis contraires ont représenté 9,36% des réponses. Consultez nos derniers sondages sur notre site fr.rbth.com

ment les relations entre les habitants. On pourrait en l’occurrence s’interroger sur l’influence des messages auxquels les médias donnent comlaisamment voix. Selon AlexeïVlasov, directeur du centre de recherches Nord-Sud à l’université de Moscou, « il n’y aura pas de guerre en Ukraine ; cependant, un retour à la normale n’est pas non plus envisageable en ce qui concerne la politique étrangère de la Russie ». Boris Volkhonski, membre de l’Institut Russe d’études stratégiques, précise cependant que « de nombreux analystes espèrent que les sanctions relativement légères inciteront Vladimir Poutine à revenir à la diplomatie de l’ère Eltsine, mais ils risquent grandement d’être déçus ». Volkhonski rappelle qu’une grande partie du pays désirait, dans les années 90 et au début des années 2000, établir de nouvelles relations avec l’Europe de l’Ouest et les États-Unis, des relations fondées sur la confiance mutuelle plutôt que sur un « équilibre de la peur ». Lorsque les anciens bastions du bloc soviétique – RDA, Pologne, Hongrie et Tchécoslovaquie – sont passés à un autre régime politique, Boris Eltsine a conclu que les inquiétudes de l’Ouest vis-à-vis de la Russie finiraient par s’estomper. Au cours de ses premières années au pouvoir,Vladimir Poutine a suivi les mêmes lignes directrices, allant jusqu’à tolérer que l’Union européenne et l’OTAN s’étendent aux États baltes, qui faisaient autrefois partie de l’URSS. Mais le nouveau « changement de gouvernement » en Ukraine – bien plus violent qu’en 2004-2005 – a sonné le tocsin. Aux yeux de Poutine, les événements survenus à Kiev montrent que l’Occident n’a pas su tirer les leçons des échecs essuyés par ses anciens alliés « révolutionnaires » – les ex-présidents d’Ukraine et de Géorgie, Victor Iouchtchenko et Mikhaïl Saakashvili, à présent très impopulaires. De plus, la violence qui a accompagné la « transition gouvernementale » amorcée à Kiev fait craindre, du point de vue de la Russie, qu’une « transition gouvernementale » susceptible d’intervenir dans le futur à Moscou ne donne lieu à des troubles encore plus graves. Quelle sera donc la ligne politique adoptée par le Kremlin ? Certes, il n’est pas question d’un virage total à l’Est accompagné d’une réorientation à 100% de la Russie vers ses voisins asiatiques, au détriment de ses partenaires européens avec lesquels elle est en désaccord. Mais la Russie n’accordera plus sa confiance aveuglément, comme au temps où, en échange de concessions géopolitiques, elle acceptait les explications selon lesquelles telle ou telle décision difficile à avaler serait bonne pour elle (Moscou avait écarté d’emblée les promesses de Bruxelles affirmant que la Russie pourrait « elle aussi profiter » d’un rapprochement de l’Ukraine avec l’Union européenne). Le projet de rapprochement économique avec celle-ci et, dans une moindre mesure, avec les États-Unis, sera relancé dès que les tensions qui pèsent sur les relations diplomatiques seront apaisées. Néanmoins, la sécurité risque d’être perçue comme un facteur encore plus important que les avantages économiques. Dans son discours sur l’intégration de la Crimée, le Président Vladimir Poutine l’a exprimé d’une manière imagée, mais claire : « Je ne peux tout simplement pas concevoir que nous ayons à nous rendre à Sébastopol pour rencontrer les marins de l’OTAN. Bien sûr, certains d’entre eux sont des types formidables, mais ce serait mieux qu’il viennent nous rendre visite, et qu’ils soient nos invités, plutôt que l’inverse ». Pour un Européen lambda, ces paroles pourraient sembler déplacées. Mais le message est certainement passé chez les personnes que j’ai interrogées en Crimée et à Moscou.

RUSSIA BEYOND THE HEADLINES (RBTH) PUBLIE 26 SUPPLÉMENTES DANS 21 PAYS POUR UN AUDITOIRE TOTAL DE 33 MILLIONS DE PERSONNES ET GÈRE 19 SITES INTERNET EN 16 LANGUES. LES SUPPLÉMENTS ET CAHIERS SPÉCIAUX SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILLIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), ET DIFFUSÉS DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX SUIVANTS: • LE FIGARO, FRANCE • LE SOIR, BELGIQUE• THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • SÜDDEUTSCHE ZEITUNG, ALLEMAGNE • EL PAÍS, ESPAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE • DUMA, BULGARIE • POLITIKA, GEOPOLITI KA, SERBIE • THE WASHINGTON POST, THE NEW YORK TIMES ET THE WALL STREET JOURNAL, ÉTATS-UNIS • THE ECONOMIC TIMES, INDE • MAINICHI SHIMBUN, JAPON • GLOBAL TIMES, CHINE • LA NACION, ARGENTINE • FOLHA DE S.PAULO, BRÉSIL • EL OBSERVADOR, URUGUAY • SYDNEY MORNING HERALD, THE AGE, AUSTRALIE • ELEUTHEROS TYPOS, GRÈCE • JOONGANG ILBO, CORÉE DU SUD • GULF NEWS, AL KHALEEJ, ÉMIRATS ARABES UNIS • NOVA MAKEDONIJA, MACÉDOINE • NATION, THAÏLANDE. COURRIEL : FR@RBTH.COM. POUR DE PLUS AMPLES INFORMATIONS, CONSULTER FR.RBTH.COM. LE FIGARO EST PUBLIÉ PAR DASSAULT MÉDIAS, 14 BOULEVARD HAUSSMANN 75009 PARIS. TÉL: 01 57 08 50 00. IMPRESSION : L’IMPRIMERIE, 79, RUE DE ROISSY 93290 TREMBLAY-EN-FRANCE. MIDI PRINT 30600 GALLARGUES-LE-MONTUEUX. DIFFUSION : 321 101 EXEMPLAIRES (OJD PV DFP 2011)


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Mercredi 16 avril 2014

ÉCONOMIE INDUSTRIE Le français Lafarge et le suisse Holcim formeront le deuxième producteur de ciment en Russie

Une fusion pour mieux bétonner le marché russe Le regroupement des deux leaders mondiaux du ciment, Lafarge et Holcim, va renforcer ses positions en Russie. La part de marché du nouvel ensemble pourrait atteindre 9,1%. ALEXANDRA MERTSALOVA KOMMERSANT

Le français Lafarge et le suisse Holcim ont annoncé, le 6 avril, leur intention de fusionner par échange d’actions. La future holding sera contrôlée à 57% par Holcim, et les 43% restants reviendront à Lafarge, ont indiqué les parties dans un communiqué. Les nouveaux partenaires espèrent que la valeur de leur société atteindra 44 milliards d’euros (soit 60 milliards de dollars) avec un volume de ventes de 31 milliards d’euros (43 milliards de dollars). Les entreprises estiment que la fusion permettra à la structure de réduire les coûts, et les économies réalisées étant de l’ordre de 730 millions d’euros (1,9 milliard de dollars). En Russie, Holcim possède deux usines de ciment à Kolomna (région de Moscou) et à Volsk (région de Saratov). En 2013, le groupe a produit 5,8 millions de tonnes de ciment en Russie. Le français Lafarge détient également deux usines en Russie : une à Voskressensk (région de Moscou) et l’autre à

Korkino (région de Tcheliabinsk), qui l’an dernier ont produit cumulativement 4,1 millions de tonnes de ciment, ce qui représente 7% de la production totale en Russie. Une part de 15% des entreprises russes de Lafarge est détenue par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Dans les filiales russes de Lafarge et de Holcim, la décision de fusionner n’a pas été commentée. Le mariage des deux groupes va conduire à une redistribution des rôles dominants sur le marché russe. La part du nouvel ensemble atteindra 9,1% du marché, avec une production de plus de 6 millions de tonnes de ciment par an, estime le directeur associé de la société de conseil CMPRO,Vladimir Gouze. Ainsi, Lafarge-Holcim deviendra le deuxième producteur de ciment dans le pays. Le nouvel ensemble se classera devant l’entreprise russe Novoroscement, de Lev Kvetnoi, dont la part s’élève désormais à 8,7% du marché (5,8 millions de tonnes par an). Le principal acteur du secteur en Russie demeure Eurocement : la part du groupe, qui en 2013 a produit 21,6 millions de tonnes de ciment, était de 32,6% l’an dernier. Le volume total de la production de ciment en Russie l’an dernier s’élevait à

La société Arianespace a signé avec l’Agence fédérale spatiale russe (Roskosmos) un contrat pour la livraison de sept lanceurs SoyouzST supplémentaires destinés au cosmodrome de Kourou, en Guyane française, selon un communiqué consacré à la mise en orbite du satellite d’observation de la Terre Sentinel-1A. Le satellite a été lancé par Soyouz-ST. Le communiqué indique que le contrat permettra à Arianespace de satisfaire les commandes gouvernementales et privées jusqu’en 2019. REUTERS

En chiffres

21,6 millions de tonnes de ciment, soit 32,6% : c’est la part du groupe Eurocement, leader russe du secteur

66,4 millions de tonnes, tel est le volume global de la production de ciment dans le pays

Le rouble chute, la consommation croît MARIA KARNAUKH POUR RBTH

Selon la banque d’ État Sberbank, l’indice de la consommation des ménages « Ivanov » a crû pour la première fois depuis un an. Il s’agit d’un indice composite reflétant le comportement de la classe moyenne russe. Si en 2013 cet indice chutait parallèlement à celui de confiance des consommateurs (moins 11% à la fin de l’année dernière), aujourd’hui, la confiance est à la hausse. « Le chef de la famille gagne plus : son revenu moyen a crû de 3% au cours du dernier semestre. On s’attend à une croissance des bénéfices des entreprises, alors que le niveau de chômage a recu-

lé de 0,8% », expliquent les experts de Sberbank. Toutefois, la hausse concerne surtout les gros achats. Les détaillants indiquent que la réorientation de la demande constitue la principale tendance de ces derniers mois. Les Russes disposant d’un revenu moyen de 570 euros par personne préfèrent réduire les dépenses quotidiennes et 55% des sondés achètent désormais des produits moins chers. Parallèlement, sur fond d’économies sur les articles de base dans le budget familial, la classe moyenne effectue plus de gros achats, notamment des équipements ménagers et de l’électronique grand public – leur indice a crû de 6%. La couche la plus aisée de la classe moyenne se protège de la dévaluation en achetant des voitures et de l’immobilier ainsi que d’autres biens durables. Les concessionnaires automobiles Audi observent que la chute du rouble n’a

EN BREF LA RUSSIE LIVRERA SEPT SOYOUZ-ST À ARIANESPACE

66,4 millions de tonnes. « Étant donné que les principaux actifs de Lafarge et Holcim sont concentrés dans la région de Moscou, la part du marché régional devrait atteindre environ 23% », ajoute Vladimir Gouze. Le regroupement des actifs pour les entreprises occidentales était devenu un processus inévitable, estime M. Gouze. D’après les chiffres de 2013, le volume des ventes de Lafarge en Russie a diminué de 6%. La société française avait envisagé la vente de ses actifs russes. Les actionnaires des deux groupes ont répondu de manière positive à la nouvelle d’une fusion. Après l’annonce de celle-ci, les actions de Holcim à la SIX Swiss Exchange avaient progressé de 1,62% dans un contexte de chute de l’indice SMI de 1,15%. Celles de Lafarge à la Bourse de Paris avaient grimpé de 2,57%, avec un recul de l’indice du CAC 40 de 1,8%.

Leader mondial, le français Lafarge avait vu ses ventes diminuer en Russie. Sa fusion avec le suisse Holcim devrait lui permettre de remonter la pente.

TENDANCE Lorsque la devise nationale s’affaiblit, les Russes la convertissent en biens durables

La classe moyenne russe ne semble pas avoir été affectée par le ralentissement économique, ni par la dévaluation du rouble. Les Russes achètent toujours plus de voitures et de logements.

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fait que stimuler la demande. BMW, Mercedes, Jaguar et Land Rover s’attendent également à une progression de leurs ventes.Volvo table sur une croissance de 10%. L’optimisme des marques automobiles est justifié par la dynamique observée depuis le début de l’année – la demande croît de 10 à 15% en moyenne pour BMW, Mercedes, Jaguar et Land Rover. L’immobilier constitue l’autre objet de dépense privilégié des Russes. « Au cours des trois premiers mois de 2014, la demande a été très élevée, explique Maria Litinetskaia, PDG de Metrium Group. Le segment du logement neuf de classe économique a connu une progression de 30 à 40% au premier trimestre, alors que le segment des appartements anciens était en hausse de 20 à 30% ». Dans le même temps, les Russes ont épargné davantage, les dépôts affichant une croissance de 1,3%. Ils préfèrent cependant conserver désormais leur argent en devises étrangères plutôt qu’en roubles. La part des dépôts en devises est passée de 17,5% à 20%. Les Russes s’inquiètent du ralentissement économique et d’une éventuelle crise financière, sujets abondamment évoqués dans les médias.

LÉGÈRE BAISSE DES VENTES DE VOITURES EN MARS Les ventes de voitures et de véhicules utilitaires légers (LCV) neufs en Russie ont reculé de 0,4% en mars 2014 par rapport à la même période de l’année dernière, pour un chiffre de 243 300 unités, a annoncé l’Association des affaires européennes (AEB). « Ces derniers mois, la baisse du marché s’est ralentie, ce qui est un signe de stabilisation, a dit Jorg Schreiber, président du comité des producteurs automobiles de l’Association des affaires européennes (AEB). Il semble que nous avons enfin atteint une stabilisation en mars 2014. La question est de savoir si elle sera durable ». Les ventes de voitures ont reculé de 2%, soit 602 500 unités, en janvier-mars 2014 par rapport à la même période de 2013.

POUTINE SE REND À PÉKIN EN MAI POUR SIGNER DES CONTRATS ÉNERGÉTIQUES La classe moyenne En Russie seuls 25% de la population peuvent être considérés comme appartenant à la classe moyenne. Dans les grandes villes, cet indice peut atteindre les 50-60%. La classe moyenne est composée de Russes disposant d’un revenu de 940 euros par mois.

Moscou et Pékin envisagent d’accélérer la préparation d’une série de contrats énergétiques à l’occasion de la visite du président russe Vladimir Poutine en Chine en mai prochain, a annoncé le vicepremier ministre Arkadi Dvorkovitch. Au début d’avril, M. Dvorkovitch s’est rendu à Beijing à la tête d’une délégation comprenant les responsables des ministères en charge de l’énergie et les représentants de grands groupes tels que Gazprom, Rosneft, Novatek et Rusal. Selon le vice-premier ministre russe, la délégation a rédigé les contrats principaux prêts pour signature : « Il s’agit de contrats portant sur la livraison de gaz à la Chine par l’itinéraire oriental et d’un contrat concernant le projet GNL Yamal piloté par le groupe Novatek ».

SYSTÈMES DE PAIEMENT Les banques négocient entre elles un accord au niveau national

La Russie cherche une alternative à Visa et Mastercard Les sanctions occidentales n’ont finalement touché que deux banques russes, mais elles ont convaincu les autorités et les banquiers de mettre en place un système national de paiement. ANNA KUCHMA RBTH

L’hégémonie de Visa et de Mastercard sur le marché russe fait depuis longtemps l’objet de critiques. Bien avant les événements en Ukraine, la Banque centrale de Russie s’était penchée sur des solutions alternatives afin de briser le monopole des deux géants internationaux. D’après les estimations des banquiers, la part de Visa et Mastercard dans le volume du nombre de cartes est de 80 à 90%. Des avis en nombre grandissant

s’expriment dans le secteur financier russe en faveur d’un système de paiement universel qui soit sous le contrôle du régulateur national. « La solution la plus cohérente serait la création d’un tel système sous l’autorité de la Banque centrale de Russie », estime Sergueï Mednov, membre de la direction de la Banque de Moscou, qui est contrôlée par l’ État. La Banque centrale a justement l’intention de créer un centre de gestion des transactions nationales russes avant le 1er juin 2014. Le mesure améliorerait non seulement la sécurité nationale, mais apporterait également des revenus supplémentaires à la Banque centrale. Cependant, les experts qualifient de plus prometteur le système de paiement PRO100 comme celui du centre de vire-

Déjà présent sur le marché russe, l’UnionPay chinois se positionne comme une alternative de dimension mondiale

ments de Sberbank. Les cartes de paiement ont d’abord été fournies aux fonctionnaires. « Pour fusionner avec le système de paiement PRO100, il faut en moyenne au moins un mois et demi à la banque », dit Andreï Nesterov, directeur du département des communications stratégiques « OuEK ». Pour une banque, le ticket d’entrée dans le système coûte 30 000 euros, dit Nesterov. Les coûts de fonctionnement sont inférieurs à ceux des systèmes étrangers. Selon la spécialiste Alma Obaevaïa, il faudra au minimum six mois pour que le système local entre en service. Pour concurrencer globalement Visa et Mastercard, il faudra bien davantage. Or, les systèmes de paiement nationaux ont un défaut de taille. « Les problèmes appa-

En ligne Retrouvez toutes les actualités économiques sur fr.rbth.com/6364

raissent quand les consommateurs veulent se servir de leurs cartes de paiement à l’étranger, où il n’y a pas de support du système russe. Et il sera problématique dans la situation actuelle de faire passer au niveau international un projet quelconque », fait remarquer Tamara Kassianova, première vice-présidente de l’association « Club russe des directeurs financiers ». Tandis que la Russie élabore son propre système de paiement, l’UnionPay chinois a déjà pris position sur le marché russe à l’automne 2013, et ambitionne aussi de représenter une alternative à Visa et Mastercard. Le système national de paiement de la Chine a été fondé en 2002 pour acquérir en quelques années une dimension internationale.


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DOSSIER

TOURISME SUR LA PÉNINSULE CETTE TERRE RICHE EN HISTOIRE ET EN ARCHITECTURE EST PLUS QU’UN LIEU DE VILLÉGIATURE SUR LA MER NOIRE

LES JOYAUX DE LA CRIMÉE La Crimée est une destination de prédilection pour les Russes, les Ukrainiens ou les Biélorusses. Outre ses sites archéologiques et de villégiature, elle est jalonnée d’édifices historiques. SNEJANA SHERSTYUK POUR RBTH

Le palais de Livadia L’une des plus luxueuses résidences de Crimée, le palais Livadia est le dernier édifice construit sous l’Empire russe pour la famille du tsar. Ce long bâtiment blanc pourvu de nombreuses baies réalisées dans le style italien a été édifié en 1911. Il a été conçu par l’architecte criméen Nikolaï Krasnov. Selon certaines sources, l’empereur Nicolas II aurait dépensé pour sa construction près de quatre millions de roubles-or prérévolutionnaires (à titre de comparaison, un fonctionnaire moyen percevait, en 1911, un salaire annuel de 4 000 roubles, soit mille fois moins). Depuis 1993, le palais de Livadia est classé comme musée. Le palais est situé à 3 km de Yalta.

Le palais de Massandra Ce palais construit dans le style Louis XIII a été prématurément privé de propriétaire. Le maître d’œuvre en était l’architecte français Étienne Bouchard, lequel travaillait pour le compte d’un membre de la noble et riche famille du prince Semion Vorontsov. Ce dernier n’a toutefois jamais vu le projet arriver à son terme : les travaux furent en effet suspendus en 1882 lors du décès de Vorontsov. Sept ans plus tard, le domaine fut racheté par l’empereur Alexandre III. La construction fut achevée en trois ans, mais l’empereur décéda avant de voir la dernière touche à ce palais dont Nicolas II hérita. Dans les années 1930, l’édifice fut converti en sanatorium. Après la Seconde Guerre mondiale, il devint résidence d’État où séjournèrent Staline, Khrouchtchev et Brejnev. Situé à Verkhnyaya Massandra, le palais-musée est ouvert de 9h à 18h.

Une carte pour retrouver tous les palais

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NATALIA MIKHAYLENKO

de la Cour, puis par la marchande moscovite Rachmaninova. Celle-ci décida de détruire la structure originale en bois et d’y construire à la place un château, également en bois. C’est Rachmaninova qui donna au château son nom actuel : « le Nid d’hirondelle ». L’architecture de style gothique doit à son dernier propriétaire, le magnat du pétrole Von Steinhel, d’avoir été préservée jusqu’à nos jours. Le château, quidate de 1912 et est devenu plus tard un

Le Nid d’hirondelle Cette résidence a été érigée pour un général russe au nom inconnu, lors de la guerre russo-turque de 1878. Baptisée par son premier propriétaire « château de l’amour », elle a été immortalisée par les tableaux d’Ivan Aïvazovsky. Depuis l’époque de sa construction sur la montagne Avrorin, le château a plusieurs fois changé de propriétaire : il fut détenu par la famille d’un médecin

site icônique de la Crimée, s’élève au sommet d’une falaise de 40 mètres. De taille modeste, l’intérieur de l’édifice comprend un hall d’entrée, une salle de séjour attenante et des escaliers conduisant aux deux chambres situées dans la tour à deux niveaux. Le baron Steinhel parti pour l’Allemagne au début de la Première Guerre mondiale, le château du « Nid d’hirondelle » fut acquis par un marchand moscovite qui y ouvrit un restaurant – l’établissement dut fermer à la mort de son fondateur. Après le tremblement de terre de 1927 (de magnitude 9), le bâtiment fut endommagé et fermé au public pendant 40 ans. Un restaurant a de nouveau ouvert dans le « Nid d’hirondelle » restauré. L’architecture tout à fait inhabituelle de cette résidence en fait aujourd’hui un lieu touristique extrêmement fréquenté. Le château est situé à proximité du village de Gaspra, non loin de Yalta.

Le palais Vorontsov à Aloupka a servi de décor à de nombreux films de l’ère soviétique et post-soviétique.

En ligne Dix sites dont vous n’auriez jamais pensé qu’ils étaient en Russie fr.rbth.com/28059

Le palais Panina Ce palais médiéval, orné de belles tours crénelées, couvert de lierre et aux façades gothiques, a été construit dans la première moitié du XIXème siècle ; il appartenait à la famille des princes russes Golitsine. Le bâtiment a été édifié à partir du projet d’un célèbre architecte style néorusse, Fedor Chekhtel. Le palais de Gaspra des Golitsine est ensuite passé à la famille des aristocrates Kotchoubey, puis à l’héritière de cette richissime famille, Sophie Panina. Deux ans de la vie de l’écrivain russe Léon Tolstoï sont associés à son nom ainsi qu’à ce palais. Durant son séjour à Gaspra, l’écrivain rendit visite à Tchekhov et Gorki, Kouprine et Chaliapine. Au cours de son dernier séjour à Gaspra, Tolstoï prit froid : il se sentait si mal que les médecins avaient abandonné tout espoir de guérison. L’écrivain, refusant les attentions que son corps nécessitait, exprima le souhait d’être

HISTOIRE La Crimée occupe une place à part dans la mémoire russe

Les trois événements qui ont inscrit la péninsule sur la carte du monde Bien avant le récent référendum sur le rattachement du territoire à la Fédération de Russie, la Crimée était entrée dans l’histoire à la faveur de trois épisodes plus qu’anecdotiques. ALEXEÏ EREMENKO RBTH

Potemkine en conquérant Le lien de la Crimée avec la Russie est une vieille histoire. Dès le XVIIIème siècle, ce fut une préoccupation de Catherine II et de son fidèle allié, le prince Potemkine. La conquête de l’Empire des steppes au nord de la mer Noire permettait de neutraliser les Tatars, qui menaient des raids incessants dans le sud de la Russie. Le Khanat de Crimée fit partie des terres annexées confiées au prince Potemkine et en 1787, l’impératrice se rendit sur place avec Joseph II (incognito) pour jeter les bases d’un partage de l’empire ottoman entre la Russie et l’Autriche.

En 1787, la Grande Catherine voyagea en Crimée avec un passager incognito : l’Empereur d’Autriche Joseph II

La charge de la brigade légère Le 25 octobre 1854, James Thomas Brudenell, septième comte de Cardigan, lança 673 cavaliers britanniques contre la batterie d’artillerie russe protégeant la ville de Balaklava. Il perdit près de la moitié de sa brigade légère (113 morts et 247 blessés) dans cette charge suicidaire immortalisée par Tennyson, Kipling, et Iron Maiden. Le maréchal français Pierre Bosquet résuma l’évenement d’une phrase restée célèbre : « C’est exceptionnel, mais ce n’est pas une guerre. C’est de la folie ». La défaite de la brigade légère constitua le succès le plus spectaculaire des troupes russes lors de la Guerre de Crimée de 1854-1856. C’est le fait d’armes majeur qui marqua l’entrée de la Crimée dans l’histoire mondiale. L’armée russe, malgré des miracles de persévérance, n’aurait pu gagner la guerre contre une alliance regroupant presque toutes les grandes puissances europén-

nes (la France, l’Angleterre, la Sardaigne et l’Empire ottoman, soutenus par l’Autriche et la Prusse). Par ailleurs, les armes obsolètes et la corruption parmi les commandants militaires n’aidaient pas la cause russe. Mais sans la défense de Sébastopol et de Balaklava, la situation aurait été désespérée. Pour la petite histoire, la Guerre de Crimée a donné à la culture mondiale le sonnet de Balaklava (parmi les sonnets criméens) et le cardigan, vêtement inventé par le comte du même nom : les Britanniques avaient considérablement souffert du froid près de Sébastopol.

Attaque au gaz dans les carrières C’est l’un des principaux mystères de la Seconde Guerre mondiale : l’Allemagne nazie n’a utilisé des armes chimiques que lors de la campagne de Crimée. La Wehrmacht avait conquis une grande partie de la Crimée à l’automne 1941, mais les combats pour la

RIA NOVOSTI

Reproduction picturale de la Défense de Sébastopol par Alexandre Deïneka (1942).

presqu’île se poursuivirent jusqu’à l’été suivant. Pour l’assaut contre Sébastopol, les Allemands eurent recours aux canons Dora, les plus massifs utilisés au cours du conflit. À l’est de la Crimée, l’Armée rouge se replia sans se retirer entièrement. Plus de 10 000 soldats en retraite sur le front de Crimée se réfugièrent dans les carrières du village d’Adjimuchkaï, qui s’étendaient sur une quarantaine de kilomètres, et résistèrent au siège des troupes nazies près de six mois. Sans parvenir à se frayer un chemin à l’intérieur, les Allemands purent en revanche démolir les tunnels et boucher les puits. Ces opérations se révélant insuffisantes, ils se rabattirent sur l’injection de gaz chimique dans les galeries. Seuls 48 des défenseurs retranchés dans les carrières survécurent.


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DOSSIER

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INVESTISSEMENTS L’équilibre ténu entre risque et opportunités

Les milieux d’affaires attentifs et attentistes sur les perspectives en Crimée

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“ PARADIS ” CRIMÉENS

La silhouette gothique actuelle du « Nid d’hirondelle » lui vaut un succès inusable parmi les touristes, qui viennent se faire photographier en masse aux abords.

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Le village de Novy Svet (Nouveau Monde) est né à la fin du XIXème siècle grâce au prince Lev Golitsine, père fondateur de la viticulture russe. Il était initialement connu sous le nom de Paradis, avant d’être rebaptisé à la suite d’une visite de Nicolas II, selon le souhait du Tsar. La grotte de Chaliapine servait de cave à la collection de vins du prince, d’où est issue une entreprise vinicole.

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enterré en Crimée. Il avait pour cela fait l’acquisition d’une petite parcelle de terrain accolée au domaine. Mais à la surprise générale, Tolstoï se rétablit (sans doute avec l’aide du légendaire climat de Crimée) et vécut encore huit ans. Le palais est situé dans le village de Gaspra. Le sanatorium pour enfants « Iasnaïa Poliana » s’y trouve actuellement, et une exposition dédiée à l’écrivain a été ouverte au premier étage.

Le palais Ioussoupov Ce palais de style néoromantique avec des éléments Renaissance a été édifié par l’architecte criméen Nikolaï Krasnov pour le prince Félix Ioussoupov, ancien gouverneur-général de Moscou. La dernière reconstruction a été dirigée par le même Nikolaï Krasnov pour le jeune Ioussoupov, héritier de Félix (et célèbre en tant que protagoniste du meurtre de Grigori Raspoutine) ; Krasnov n’était pas satisfait de l’apparence de son domaine, le qualifiant d’affreuse bâtisse aux murs gris, incompatible avec l’architecture d’un bord de mer. Sculptures de lions et statues en marbre de personnages de la mythologie de la Grèce antique importées de Venise décorent les arches et les escaliers. Le style néorusse prédomine dans les intérieurs. Fondateur du parc du palais Ioussopov, le jardinier Karl Kebach était célèbre en son temps. Le parc couvre une superficie de 16,5 hectares, sur lesquels sont répartis 7 500 végétaux (arbres et arbustes ornementaux notamment). Le palais est situé dans la localité de Koreiz.

Le palais Vorontsov Ce palais a été construit au milieu du XIXème siècle pour le gouverneur-général du kraï de Novorossiisk, Mikhaïl Vorontsov. On le doit à l’architecte favori de la reine Victoria d’Angleterre, Edward Blore, qui a contribué à l’édification du célèbre Buckingham Palace, ainsi qu’à la construction du château de Walter Scott en Écosse. La façade sud du palais, orientée vers la mer, a été conçue dans un style mauresque évoquant le palais espagnol de l’Alhambra des seigneurs arabes de Grenade, construit à la fin du XIVème siècle. Sur la frise aux niches profondes de la façade, une inscription arabe stylisée reproduit à six reprises la devise des califes de Grenade : « Pas de vainqueur sinon Allah ! ». Un clin d’œil au fait que la Crimée a été arrachée aux Ottomans à l’issue de guerres incessantes. Devant la façade du palais, la « terrasse du lion » est accessible par un monumental escalier orné de trois paires de lions en marbre blanc. Ces lions veillant au-dessus des marches supérieures sont identiques à ceux d’Antonio Canova situés sur la tombe du pape Clément XII à Rome. La façade arrière du palais ainsi que sa partie ouest ont été construites selon une variante de l’architecture romantique sur le thème du style Tudor du XVIème–début du XVIIème siècle. En incluant les annexes, le complexe des différents bâtiments du palais comprend environ 150 pièces. Un musée se trouve actuellement dans le bâtiment du palais. Le palais Vorontsov est situé dans la ville d’Aloupka.

La grotte de Marbre, dont l’entrée s’élève à 920 mètres au dessus du niveau de la mer près d’Alouchta, est d’une beauté unique à l’image de ses innombrables galeries.

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La ville de « Chersonèse Taurique », avec ses colonnes de pierres blanches, ses églises médiévales et les ruines de son théâtre antique, est classée par l’UNESCO parmi les cent sites les plus remarquables dans le monde.

ALLRETAIL.UA

La Russie promet des sommes colossales pour relancer l’économie de la Crimée. Un chantier guetté par les investisseurs, que le flottement législatif incite cependant à la prudence. PAUL DUVERNET POUR RBTH

Moscou a promis de dépenser des milliards d’euros en Crimée, dont cinq pour la seule année 2014. On parle déjà en Russie de la péninsule comme d’un nouveau Sotchi : les efforts budgétaires annoncés évoquent les olympiades par leur échelle, mais aussi parce qu’il est question de redévelopper un territoire laissé en jachère pendant deux décennies. Les grosses dépenses seront affectées à la construction de gazoducs et de bâtiments, de canalisations d’eau potable, de routes et d’infrastructures portuaires. Les sociétés œuvrant dans les secteurs des infrastructures gazières, routières, ferroviaires et portuaires vont guetter le lancement de très importants appels d’offres. « Le pont ou le tunnel qui reliera physiquement la Crimée à la Russie va coûter au moins 1,1 milliard d’euros. C’est un ouvrage d’une grande complexité », estime Alim Omerov, un entrepreneur des BTP originaire de Crimée et basé à Moscou. Omerov a déjà étudié ce projet dans le passé et pense que le savoir-faire de groupes étrangers pourrait être sollicité. Les investissements seront orientés vers les deux secteurs phares de la Crimée : le tourisme et l’agriculture. Dans les deux cas, cela devrait stimuler les petites et moyennes entreprises. Alim Omerov envisage d’ailleurs d’investir dans la distribution d’eau et dans l’agriculture. « La Crimée possède des terres fertiles et un climat idéal pour cultiver les céréales, fruits et légumes. Ce potentiel est sous-exploité et va repartir sur de bonnes bases, estime Omerov. Même chose pour la production viticole. Les caves qui ont été privatisées produisent aujourd’hui de la piquette alors que tous les éléments sont réunis pour produire du bon vin ». L’injection de capitaux devrait arroser d’autres secteurs. Moscou va doubler

UVR DÉCO

PLES : UN PARADIS À CIEL OUVERT POUR LES ARTISTES

Et toute une liste de destinations surr FR.RBTH.COM/TOURISME E

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Auchan vient d’ouvrir ses portes à Simferopol.

EZ « LA SIBÉRIE ET POINT FINAL » : ERGAKI fr.rbth.com/28489

En chiffres

1,1 milliard d’euros, coût minimum estimé du pont entre la Crimée et la Russie.

5 milliards d’euros de dépenses budgétaires en Crimée pour la seule année 2014.

les revenus des retraités et des employés de l’ État, ce qui devrait se traduire par une augmentation du pouvoir d’achat, avec un effet positif sur la consommation. Ce qui tombe bien par exemple pour le géant français Auchan, qui a inauguré fin février sa première grande surface de Crimée à Simferopol, juste avant l’intégration de la péninsule dans la Fédération de Russie. Si Auchan est visiblement confiant dans la croissance de la consommation, ce n’est pas le cas de toutes les chaînes internationales. Le groupe espagnol Inditex, qui englobe les marques Zara, Massimo Dutti et Bershka, vient de renoncer à y ouvrir des magasins. « Je pense que les Occidentaux vont rester réticents à investir en Crimée, mais nous pourrons compter sur des investissements chinois ou saoudiens », estime Omerov. Outre les sanctions internationales et le climat d’instabilité politique autour de l’Ukraine, d’autres éléments inspirent la prudence parmi les investisseurs : l’Ukraine a promis de lancer des poursuites judiciaires contre la Russie et les sociétés profitant des expropriations. Avec des dommages et intérêts qui atteindront sans nul doute des centaines de millions d’euros. Les cours d’arbitrage internationales vont avoir du travail, et les litiges risquent de tenir à l’écart les grandes firmes internationales, mais aussi les sociétés russes qui ont des intérêts en Ukraine. L’incertitude porte sur la somme qui sera finalement exigée de la Russie et, pour les sociétés russes en Ukraine, il existe un risque qu’elles soient saisies sous forme de dédommagement. L’un des secteurs les plus fragilisés par le climat politique est le tourisme. Or, c’est l’un des piliers de l’économie locale. Touristes et investisseurs ont en commun de fuir l’instabilité. Pour Omerov, « il y aura un gros creux pendant deux ou trois ans, mais tout rentrera ensuite dans l’ordre ». L’homme d’affaires souligne que l’infrastructure touristique laisse aujourd’hui à désirer. Gageons que ces trois années permettront de faire les rénovations nécessaires pour placer la Crimée au niveau de la concure et grecque. rence turque

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OPINIONS

LES SANCTIONS VONT-ELLES FAIRE MAL ? DEUX AVIS CONTRAIRES

KONSTANTIN MALER

POURQUOI LA RUSSIE NE CRAINT PAS L’ISOLEMENT

L

FEDOR LOUKIANOV POLITOLOGUE Président du Conseil pour la politique étrangère et la politique de défense

es pays du G7 se réuniront désormais sans la Russie, qu’ils ont vouée à l’isolement international en prenant des sanctions contre elle. Mais quelle en sera la portée réelle ? Qu’il ait été organisé dans les règles ou non, le référendum sur la Crimée a eu lieu. Si certains dirigeants occidentaux avaient voulu y voir un simple geste tactique pour faire monter les enchères, leur espoir a été déçu. Il faut maintenant mettre les menaces à exécution. Il n’existe pas d’exemple de mesures punitives efficaces contre une superpuissance nucléaire qui occupe la majeure partie de l’Eurasie, conserve une influence dans le monde entier et possède un gigantesque réservoir de ressources naturelles. Est-il possible d’isoler la Russie, comme on menace de le faire ? Un isolement complet est évidemment hors de question. D’abord parce qu’un pays aussi immense et d’une telle importance ne peut être tenu à l’écart. Ensuite parce que, même dans le cas de sanctions extrêmes qu’imposerait l’Occident au risque de se porter préjudice, un blocus mondial est bien improbable. En Asie, au Proche-Orient et en Amérique latine, on est admiratif devant l’audace que représente le défi lancé

pour la première fois depuis les années 1980 à la domination américaine. Officiellement, personne n’affichera son soutien au rattachement de la Crimée à la Russie. Quels que soient les sentiments de la Chine, du Brésil ou encore de l’Iran à l’égard de l’Ukraine, on ne voit pas d’un bon œil le précédent d’un État reconnu par l’ONU annexer une partie d’un autre État. Mais on regarde avec un grand intérêt la Russie commencer à jouer un rôle véritablement indépendant sur la scène internationale sans se soucier de la réaction de l’Occident. Voilà en effet qui pourrait modifier l’équilibre mondial du pouvoir. Et qui, pour Pékin par exemple, pourrait ouvrir des perspectives considérables. Une mobilisation anti-russe n’est certes pas exclue, d’autant plus que l’Occident, pour la première fois depuis vingtcinq ans, se retrouve face à un refus flagrant de jouer selon les règles établies après la Guerre froide. Les sanctions viseront à porter atteinte à l’économie russe, et les moyens sont nombreux. Mais un autre scénario est possible. Il faut s’attendre à une forte réaction dans un premier temps. Mais si la Russie se tourne sérieusement vers l’Est, les stratèges verront les choses différemement. Qu’est-ce qui importe le plus ? Le contrôle de l’Ukraine, qui n’est pas une priorité américaine ? Ou l’évitement d’une alliance russo-chinoise, qui pourrait dangereusement menacer les intérêts des États-Unis ? À ce stade, il pourrait s’avérer qu’après tout, le sort de l’Ukraine ne soit pas, pour l’Occident, d’une importance vitale. ARTICLE INITIALEMENT PUBLIÉ DANS KOMMERSANT

DES EFFETS RÉELS À PLUS OU MOINS LONG TERME

L

VLADIMIR KOLOSSOV GÉOGRAPHE Membre de l’Académie des Sciences de la Russie

a Russie a beau prétendre que les sanctions occidentales ne lui font pas peur, son économie pourrait souffrir de certaines mesures déjà prises ou en réserve. En d’autres termes, je crains que l’optimisme affiché par Moscou ne soit prématuré. Il est vrai qu’on imagine mal que des pénalités d’une grande ampleur soient adoptées et appliquées contre un pays aussi important que la Russie. La mise au ban d’une puissance déjà profondément intégrée dans l’économie mondiale serait sans précédent. Mais c’est un défi majeur que la Russie a lancé à l’ordre géopolitique mondial qui prévaut depuis le démantèlement de l’Union soviétique. Un défi que l’Occident, galvanisé par l’initiative russe en Ukraine, ne peut qu’être contraint, sinon tenté de relever. Selon toute vraisemblance, les conséquences des sanctions ne seront pas fortement ressenties dans l’immédiat en Russie : les mesures les plus sérieuses prendront du temps (incidemment, elles finiraient d’ailleurs par coûter cher à l’Occident si elles étaient maintenues ou renforcées). Comme dans les années 1980, les ÉtatsUnis et leurs alliés chercheront à faire baisser les prix mondiaux du pétrole, du gaz et de diverses denrées, conformément aux tendances que l’on ob-

serve actuellement dans les économies développées où l’on s’efforce de réduire la dépendance à l’égard des énergies fossiles et à diversifier les ressources énergétiques. L’Union européenne va intensifier sa recherche de nouvelles sources d’approvisionnement en hydrocarbures et accélérer la construction de terminaux d’accueil de navires-citernes livrant du gaz liquéfié en provenance des États-Unis, d’Afrique du Nord et d’autres régions. Des domaines comme l’exportation d’armes et la collaboration technique et scientifique (par exemple, la construction de centrales électriques nucléaires à l’étranger) risquent d’être également touchés. On peut prévoir que les gouvernements occidentaux exerceront une forte pression sur les partenaires actuels ou potentiels de la Russie dans ces secteurs. Ceci vaut également pour les grands projets d’investissement des sociétés occidentales en Russie : il n’est pas exclu qu’ils se fassent attendre longtemps. Les changements qui pourraient intervenir dans la politique des visas (refusés à certains hauts responsables et faisant l’objet de procédures plus complexes pour tout le monde) ne gêneraient pas seulement les fonctionnaires mais aussi les citoyens russes ordinaires. Enfin, la réorientation des relations économiques russes vers l’Asie n’est pas si simple. Elle sera très coûteuse et prendra du temps. Le développement des exportations de pétrole et de gaz vers la Chine et les autres pays de la région Asie-Pacifique passe par la réalisation de lourdes infrastructures nécessitant d’énormes investissements. La Russie doit être prête à assumer l’ensemble de ces conséquences.

D’autres points de vue sur l’actualité dans la rubrique Opinions sur FR.RBTH.COM/OPINIONS LES BRICS ONT CONDAMN É LES SANC TIONS CONTRE LA RUSSIE

POURQUO I LA RUSSIE A BESOIN DES ÉTATS-UN IS

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Mercredi 16 avril 2014

CULTURE

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ENTRETIEN AVEC ILIA KABAKOV

CHRONIQUE LITTÉRAIRE

Nous, les cygnes blancs de l’art contemporain

NADIA MANDELSTAM SE SOUVIENT D’AKHMATOVA

ILIA ET EMILIA KABAKOV SONT LES INVITÉS DE MONUMENTA AU GRAND PALAIS Classé en 2000 par ART News comme l’un des « dix plus grands artistes vivants », Ilia Kabakov s’exprime sur l’art clandestin soviétique, l’émigration et la création contemporaine. Comment êtes-vous entré en contact avec l’art non officiel ? À l’époque de Staline, chaque geste des artistes était contrôlé. Des commissions visitaient les ateliers et emportaient les toiles. Mais sous Khrouchtchev et Brejnev, plus personne ne s’intéressait à ce que tu disais dans ta cuisine ou faisais dans ton atelier. À Moscou, à partir de 1957 environ, est apparu un univers absolument incroyable dédié à l’art clandestin. On y trouvait des peintres, des poètes, des écrivains, des théologiens amateurs et des compositeurs. Ces gens n’organisaient aucune exposition et n’avaient ni critiques, ni galeries, ni ventes. C’était comme vivre dans un abri antiaérien.Vous savez, dans un abri antiaérien, tout le monde est ami avec tout le monde, tout le monde partage, un sandwich, une pomme… On vit tous la même situation, de sorte qu’il y a du respect et de la compréhension mutuels. Quand les portes de l’abri antiaérien se sont ouvertes, en 1987 approximativement, chacun s’est retrouvé face à son destin.

Titre

Biographie Né en URSS, Ilia Kabakov se rend célèbre en fondant l’école conceptuelle de Moscou. Illustrateur de livres à ses débuts, il devient le pivot de l’art dissident soviétique. Ses œuvres « Coléoptère » et « Suite » figurent aujourd’hui parmi les plus chères de l’art contemporain russe. Les œuvres de l’artiste sont exposées à la galerie Tretiakov, à l’Hermitage, au musée d’Art contemporain de New-York et dans bien d’autres musées prestigieux.

Lorsque vous êtes parti à l’étranger et que vous avez pu cesser de porter un masque soviétique, vous-êtes vous senti soulagé ? Quand je suis parti, j’ai pu rencontrer ceux auxquels je rêvais. Cela ressemble au conte d’Andersen, le vilain petit canard. Les cygnes existaient vraiment. J’ai réalisé que la plus belle période dans la vie du monde artistique occidental s’était déroulée entre les années 1980 et 2000. C’était l’âge d’or du musée et de l’exposition en Europe et en Amérique. Je l’ai vécu. J’étais immensément heureux. Comme un musicien qui passe d’une salle de concert à une autre et donne des récitals dans chacune d’elle. Par ailleurs, il y avait un grand intérêt et beaucoup de curiosité pour celui qui avait quitté cette sorte de Corée du Nord, et cette curiosité signifiait pour moi un grand nombre d’expositions. J’étais Sinbad le marin, celui qui devait tout dire à l’Occident à propos de cette terrible fosse, de laquelle je pouvais rapporter quelques messages et récits. Je pensais que de la colère, du désespoir et de l’angoisse, j’en aurais pendant toute ma vie, mais les choses se sont passées de sorte que, lorsque je suis parti de mon pays, ma tête s’est vidée, et maintenant il n’y a plus grandchose à dire.

Sur Anna Akhmatova

Auteur Nadejda Mandelstam

Traduit par Sophie Benech Édition Le Bruit du temps

AP

Et il n’était pas blessant pour vous que l’on vous traite d’abord comme une personne venue d’Union soviétique avant de voir en vous un artiste ? Non, le monde de l’art était totalement apolitique. Cette période que j’ai vécue était complètement centrée sur l’art. Et quant à moi, je ne percevais pas le pouvoir soviétique d’un point de vue politique, mais plutôt climatique. C’est-àdire que là-bas, il y avait toujours de la pluie et de la merde, et qu’il en serait toujours ainsi. Le pouvoir soviétique était perçu comme une zone climatique de ténèbres éternelles et de pluie. Je n’avais aucun désir de protester, de m’aventurer hors de la fenêtre et de me mettre à crier : « Pluie, arrête de tomber ! ». Comment vous est venue pour la première fois l’idée d’une installation totale ? J’ai eu cette idée déjà à Moscou, dans les années 1984-1985, alors que j’avais déjà conçu les projets de différentes installations qui pourraient être réalisées à Moscou. Dès que je suis parti, c’est devenu possible… Le pouvoir a fait une erreur en laissant entrer en Union soviétique d’énormes quantités d’objets issus de la culture occidentale. Il fallait nous barricader, comme l’on fait les nazis, mais en URSS, l’art occidental était exposé dans les musées, et l’on jouait de la musique occidentale dans les conservatoires. Les bibliothèques étaient pleines des meilleures traductions de la littérature occidentale. Un contexte étranger en provenance de l’autre côté de la barrière subsistait toujours. Les professeurs nous disaient : « Vous

avez déjà 18 ans et vous n’avez encore rien fait ; à votre âge Raphaël avait déjà peint la « Madonne Solly ». Donc, mon lieu de naissance était instinctivement associé à l’Occident, et lorsque vous dites « ici » et « là », vous finissez toujours par vous asseoir sur les deux chaises. Je crois qu’aujourd’hui beaucoup de personnes comprennent cela. La réalité environnante était d’une sauvagerie morne et dégueulasse. Le contraste entre ces oasis qu’étaient le musée Pouchkine, la galerie Tretiakov, le Conservatoire, quelques bibliothèques et la sauvagerie quotidienne qu’était alors la vie soviétique, constituait un terrain fertile pour la production artistique. Lorsque tu lis des livres, tu observes ton environnement à partir du point de vue de tes lectures. Avec cela peuvent venir différentes attitudes, celle d’un ethnographe, lorsque tu te sens comme l’envoyé d’un club géographique anglais en Afrique observant le mode de vie des cannibales. Ou une attitude de colère : « Pourquoi dois-je vivre comme un chien ? » C’est le désespoir. Il y avait encore une troisième attitude : se sentir comme le "petit homme" de Gogol. Bien que tu sois écrasé, tu as toujours tes idéaux, ton manteau, ton libre-arbitre grinçant. D’un côté tu es un observateur, et de l’autre, un patient. Donc, ce que la génération actuelle ne connaît pas, c’est la peur folle d’être enlevé, frappé, emprisonné. Cette peur est difficile à décrire aujourd’hui. PROPOS RECUEILLIS PAR MARIA SEMENDIAEVA, AFISHA

On ne peut que se réjouir de la parution des souvenirs de Nadejda Mandelstam Sur Anna Akhmatova pour au moins trois raisons : d’abord parce que ce livre est un rescapé, sauvé par Natalia Chtempel voisine des Mandelstam à Voronej, comme ont été sauvés dans des mémoires anonymes les poèmes de Mandelstam et d’Akhmatova, dont l’admirable Requiem. Sans ce réseau inespéré de résistance que resterait-il de leur œuvre ? Parce qu’on se souvient aussi des mémoires de Nadejda Mandelstam, Contre tout espoir, de sa plume alerte, de son esprit caustique et de la voix incroyablement libre et moderne de l’octogénaire. Enfin, parce qu’Akhmatova, poétesse immense, et son œuvre sont insuffisamment connues en France. Elles se sont rencontrées en 1924 et ont traversé leur siècle dans l’œil du cyclone, « par un temps sans pitié », comme l’écrit Akhmatova. Tantôt c’est elle qui rend visite aux Mandelstam en relégation, tantôt c’est eux qui vont la voir à Léningrad, parfois ils se retrouvent à Moscou ; pendant la guerre Akhmatova sauve Nadejda en la faisant venir à Tachkent. Quarante années durant, vagabondes solitaires et complices, ballotées par la vie, chacune à sa manière au service de la poésie, elles se retrouvent, toujours pour des discussions sans fin. Avec une intelligence et une liberté de pensée rares, elles analysent leur siècle, les comportements humains, leurs mécanismes, la responsabilité, la peur : « De tout ce que nous avons connu, le plus fondamental et le plus fort, c’est la peur et son dérivé – un abject sentiment de honte et de totale impuissance » et, fait sans précédent dans la littérature russe, leur statut de femme. Aux yeux des hommes, « un esprit logique est bien sûr un grand défaut chez une femme », écrit Nadejda, tandis qu’Akhmatova reconnaît non sans malice les avoir bernés en cachant son intelligence pour ne pas leur déplaire. Nadejda Mandelstam rappelle « la force de son intelligence et la causticité de son verbe », soulignant que « l’analyse [était] le fondement structurel » de sa pensée. Akhmatova, dit-elle, n’était pas la poétesse de l’amour mais « du renoncement à l’amour au nom d’une humanité supérieure ». Elle décrit une Akhmatova, toujours très bien informée, solidement ancrée dans son temps, au milieu de son peuple et de ses souffrances : pendant le blocus terrible de Léningrad, dans les appartements communautaires ou sous les murs des prisons, aux antipodes de la poétesse frivole et passéiste, stigmatisée par un pouvoir imbécile. Portée pendant des décennies par la seule mission dont elle se savait investie, sauvegarder l’œuvre d’Ossip Mandestam, son mari, Nadejda a connu avec ses souvenirs une gloire tardive et inattendue, à la mesure de son cheminement exceptionnel et tragique à travers le siècle. CHRISTINE MESTRE

EN BREF PHOTO À PARIS : « LE PARI DE SOTCHI » Le 28 avril dans la galerie de l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) à Paris, s’ouvrira l’exposition de photographies de Marion Péhée, intitulée « Le pari de Sotchi », qui permettra aux visiteurs de revivre les grands moments des XXIIèmes Jeux olympiques d’hiver. Photographe français à la recherche d’un nouvel angle sur les JO de Sotchi, Marion Péhée a voulu montrer un autre aspect des compétitions, notamment en saissant les réactions des supporteurs dans les tribunes. Le 29 avril, plusieurs conférences sur l’histoire et les traditions de la Russie se dérouleront dans les différents amphithéâtres de l’INALCO.

PHOTOBIENNALE 2014 À MOSCOU

SERVICE DE PRESSE

La Photobiennale de Moscou réunit jusqu’au 25 mai les œuvres de grands photographes français et étrangers. Les Français sont à l’honneur dans les expositions suivantes. Jusqu’au 28 avril, la Maison moscovite de la photographie accueille la « Belle époque » de Jacques-Henri Lartigue, qui a capté des scènes de loisirs de la haute société au début du siècle dernier. La même Maison regroupe jusqu’au 20 avril les photographies qu’Henri Cartier-Bresson a consacrées à la capitale britannique et qui sont présentées dans le cadre de l’exposition « Autre Londres ». Enfin, la fondation de la culture Ekaterina propose du 12 avril au 18 mai les réalisations de deux photographes français, Thierry Cohen (« Des villes obscurcies ») et Martial Cherrier (« La catastrophe du corps »).

UNE SEMAINE EN RUSSIE AVEC RUSSIA BEYOND THE HEADLINES

VIVEZ L’AMBIANCE DU PAYS D é c o u v re z le blog des photos de la semaine


Mercredi 16 avril 2014

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Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Figaro

MAGAZINE À L’AFFICHE CONCERT « LE MONDE DES ENFANTS » LE 19 AVRIL, SALLE GAVEAU, 45-47, RUE LA BOÉTIE, PARIS Réunir l’amour pour la musique et l’amour pour les enfants, c’est ce que vous propose le concert de bienfaisance en faveur des orphelinats de Russie, avec le pianiste Alexandre Ghindin et l’ensemble « Hermitage » dirigé par Vahan Mardirossian. Outre la musique de Bach et de Rachmaninoff, vous entendrez un chœur d’enfants interpréter des chansons folkloriques. Vous pourrez aussi participer au concours organisé par l’ambassade de Russie. À ne pas manquer, Alexandre Ghindin étant un des pianistes les plus originaux de nos jours. › www.fnacspectacles.com

ART MONACO 2014 : DES ICÔNES RUSSES 2

1. Pavel Ovtchinnikov est connu pour ses objets en émail. 2. Une réalisation en argent de Pavel Sazikov. 3. Ivan Khlebnikov était un maître du décor en émail.

Le style sublime des joailliers des tsars sort de l’ombre 3 ALAMY/LEGION MEDIA

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

Il puisait les thèmes de ses œuvres dans l’histoire et la littérature, notamment dans les épisodes de la vie d’Ivan le Terrible et du saint orthodoxe Serge de Radonège, ou dans les vers de Mikhaïl Lermontov. Mais ses émaux constituaient la partie la plus intéressante de son travail. Le Musée historique d’État conserve d’ailleurs une carafe en forme de coq des années 1870, assortie de gobelets en forme de poussins et décorée d’émail champlevé. Cette technique était également utilisée pour les plats en argent et en or.

Style russe L’orfèvre-joaillier et marchand Pavel Sazikov est connu depuis 1793. En 1851, son fils Ignati a apporté à l’exposition de Londres des objets décorés de motifs de la vie rurale tels que l’ours et son maître, la crémière, le chandelier en l’honneur de la bataille de Koulikovo et d’autres œuvres de l’art populaire. Il a même remporté la médaille d’argent pour son chandelier et est rentré à Saint-Pétersbourg auréolé d’une grande notoriété. Cette distinction londonienne l’a propulsé au devant de la scène. Les membres de la Cour n’effectuaient plus leurs achats chez n’importe quel artisan, mais chez un joaillier ayant été reconnu dans la capitale britannique ! Les aristocrates russes, qui considéraient souvent que les objets précieux français étaient meilleurs que ceux de leur pays, pouvaient désormais mettre en évidence des objets de fierté nationale. L’importante popularité dont a bénéficié le style russe n’est pas si étonnante. Les Européens eux-mêmes appréciaient ce qui était devenu une mode « à la russe ». À l’exposition de Vienne de 1873, le samovar et le service à thé présentés par le joaillier Ivan Khlebnikov avaient fait sensation. Le samovar reposait sur des pattes de coq et ses poignées étaient en forme de têtes du gallinacé. Les tasses massives étaient quant à elles décorées de pierres précieuses et d’émail. Un tel raffinement ne pouvait laisser indifférent. Khlebnikov est revenu de l’exposition auréolé d’une célébrité qui l’a encouragé à poursuivre son artisanat avec encore plus d’enthousiasme.

SUIVEZ

Ascenseur social Pavel Ovtchinnikov était lui aussi connu

Ces joailliers actuels qui raflent les récompenses

Le carré magique Les principaux centres de joaillerie russes sont situés à Moscou, SaintPétersbourg, Kostroma et Iaroslavl.

En 1996, le « sphinx de Gyzeh » d’Elena Opaleva a été couronné du prix international de diamants De Beers, l’équivalent d’un Oscar dans le milieu de la joaillerie. En 2013, le joaillier créateur Ilgiz Fazoulzianov a été sacré « Gagnant parmi les gagnants » avant de remporter pour la deuxième fois consécutive le Grand Prix du concours International Jewellery Design Excellence Award à Hong-Kong.

LE 26 AVRIL, ÉGLISE SAINT-PAUL, 1, PLACE DU GÉNÉRAL EISENHOWER, STRASBOURG

En ligne La joaillerie russe en quête de reconnaissance mondiale fr.rbth.com/25343

Le violoniste Vladimir Spivakov et les Virtuoses de Moscou vous convient à un récital de musique classique dans l’église Saint-Paul à Strasbourg. Spivakov est l’un des violonistes et chefs d’orchestre russes les plus connus dans le monde. Au programme : Mozart, Haydn, Chostakovitch, Piazzolla, Scherling, Van Heusen. Les jeunes boursiers de la Fondation internationale de bienfaisance de Vladimir Spivakov, lauréats de divers concours internationaux, participeront à la manifestation. Le concert est organisé dans le cadre des journées de la culture russe, qui se déroulent dans plusieurs villes d’Europe. › www.art-baden.com

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Le salon le plus connu de la Côte d’Azur ouvre ses portes pour tous les amateurs d’art contemporain. À l’occasion de son cinquième anniversaire, les organisateurs d’Art Monaco 2014 ont préparé un programme spécial dans le cadre duquel plus de 4 000 participants exposeront leurs œuvres. La Russie sera represéntée cette année par Pavel Mitkov, dont les icônes religeuses sont ou étaient appréciées par Vladimir Poutine, le pape Jean-Paul II et plusieurs autres grands personnages. Toutes les œuvres exposées seront mises en vente. Si vous appréciez l’art moderne, ce rendez-vous est à inscrire dans votre calendrier. › www.artemonaco.com

RÉCITAL VLADIMIR SPIVAKOV AVEC LES « VIRTUOSES DE MOSCOU »

EN

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pour ses objets en émail. Le joaillier acquit une certaine gloire grâce à ses techniques comme le cloisonné, le peint, le vitré et le vitraillé. Le cloisonné était utilisé à l’époque de la Rus’ de Kiev où il était arrivé en provenance de Byzance, avant de disparaître pendant le joug tataro-mongol. C’est Ovtchinnikov qui a réussi à le faire revivre. Le destin de cet homme né dans une famille de serfs n’est pas banal. On avait très vite découvert chez lui un talent pour le dessin, raison pour laquelle il avait été envoyé exercer dans l’atelier dit des arts en or et argent. Au bout de huit ans de travail, il avait amassé assez d’argent pour racheter sa liberté, se mariéeravec une femme de quelque fortune et ouvrir son propre atelier. Vingt-quatre ans plus tard, le chiffre d’affaires annuel de son atelier s’élevait à un demi-million de roubles – une somme qui couvrirait à notre époque le tournage du film à grand spectacle et gros budget Titanic. Ce sont 600 personnes qui travaillaient pour Ovtchinnikov. À 35 ans, au faîte de sa gloire, ce dernier était devenu fournisseur de la Cour, avant d’être nommé citoyen d’honneur et Chevalier de plusieurs ordres. La Révolution de 1917 a contraint les joailliers à émigrer. Il leur était devenu impossible d’exercer leur métier en raison de la famine, du chaos et des expropriations de bijoux pour les besoins de la classe ouvrière. Leur activité renaît progressivement mais relève d’une autre école, d’une autre esthétique. Le style sublime des joailliers des tsars n’est désormais visible que dans les musées et les collections privées.

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