Russia Beyond The Headlines Belgique

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Russia Beyond the Headlines est le nouveau nom de

Mercredi 2 avril 2014

supplément en français au journal Le Soir

Les actualités de la Russie Distribué avec

Ce supplément de six pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu

P U B L I É E N C O O R D I N AT I O N AV E C T H E D A I LY T E L E G R A P H , T H E WA S H I N G T O N P O S T E T D ’A U T R E S G R A N D S Q U O T I D I E N S I N T E R N AT I O N A U X

Ukraine Dans la crise actuelle, la langue est devenu l'otage d'intérêts politiques

ÉDITORIAL

Langue russe en Ukraine : les mots de la discorde

Une autre Russie Eugène Abov DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

epuis deux ans, nous sortions un supplément que vous connaissiez sous le nom de La Russie d’Aujourd’hui avec le journal Le Soir. Désormais, cette publication s’appelle Russia Beyond the Headlines (RBTH). Le changement de nom implique une modification de notre ligne éditoriale. Nous ne voulons pas seulement informer. Nous souhaitons aller au-delà de ce qui fait la Une des journaux et fournir une analyse approfondie des réalités politiques, sociales, culturelles et économiques du pays. Nos articles offriront des perspectives diverses et présenteront une autre Russie. Celle, justement, qui se cache derrière les stéréotypes. Russia Beyond the Headlines est un projet d’information mondial qui a vu le jour en 2007 avec pour but une diffusion dans un grand nombre de pays : de l’Argentine, à l’Uruguay et au Brésil dans l’hémisphère sud jusqu’à l’Amérique du Nord et aux antipodes, à savoir l’Australie et le Japon, en passant par la plupart des pays d’Europe. Nous comptons actuellement pas moins de 26 suppléments publiés dans 14 langues différentes et 19 sites internet. Nous les publions à travers les quotidiens nationaux les plus diffusés et les plus prestigieux, tels que The Wall Street Journal, The NewYork Times et The Washington Post (États-Unis), The Daily Telegraph (RoyaumeUni), Le Figaro (France), El País (Espagne), La Repubblica (Italie) et bien d’autres. Cette nouvelle formule est l’aboutissement de nos efforts de recherche. Elle nous permettra de consolider nos ambitions au niveau mondial et de renforcer ainsi notre marque « Russia Beyond the Headlines ». Nous vous invitons également à découvrir la Russie à travers notre site Internet be.rbth.com et à y exprimer votre opinion sur la qualité de notre publication et sur les thèmes qui y sont traités.

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© REUTERS

L’Ukraine qui se déchire vit aussi une rivalité artificiellement entretenue entre les langues ukrainienne et russe, pourtant très proches l’une de l’autre du point de vue linguistique. IOULIA KOUDINOVA RBTH

« Langue double amène grand trouble », écrivait Benjamin Franklin. C’est ce qu’ont dû penser les

députés ukrainiens juste après le départ du PrésidentViktor Ianoukovitch fin février. Leur première décision a été d'ôter aux régions le droit d’adopter le russe comme seconde langue officielle. Ils ont en fait ouvert la boîte de Pandore, même si Kiev est depuis revenu sur cette décision. Des millions d’Ukrainiens dont le russe est la langue préférée se sont offensés, nourris-

sant les tendances pro-russes en Crimée et dans l’est du pays. Le « grand trouble » ne vient pas de l’incompréhension, car la quasi-totalité des Ukrainiens comprennent les deux langues et une large majorité est bilingue. Le degré d’intelligibilité mutuelle entre les deux langues est élevé, aussi bien sous forme orale qu’écrite. La langue russe domine dans le bassin du Donbass (sud-

est), dans les grandes villes sous la ligne allant de d’Odessa à Kharkiv, et en Crimée. Au nord et à l’ouest de l’Ukraine, ainsi que dans les campagnes, la langue ukrainienne est prépondérante. Selon un sondage réalisé en 2010 par Research & Branding Group, l’ukrainien est la langue maternelle de 65% des habitants du pays, contre 33% pour le russe. Mais ce sondage souligne aussi un paradoxe.

La maîtrise de la langue russe est supérieure à celle de l’ukrainien. Et pourtant l’usage de celui-ci est préféré par 46% de la population contre 38% pour le russe. Dans le discours public, cela se traduit par une complainte généralisée des Ukrainiens à l’endroit des hommes politiques, accusés de mal parler la langue nationale. SUITE EN PAGE 2

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Le mai

À lire sur notre site Web Tolstoï et Pouchkine au service du marketing be.rbth.com/28339

Fabergé n’était pas le seul be.rbth.com/28387

Prochain numéro


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RUSSIA BEYOND THE HEADLINES WWW.BE.RBTH.COM SUPPLÉMENT RÉALISÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA ET DISTRIBUÉ AVEC

Dossier

Les mots de la discorde c’est le contraire. Les dialogues bilingues sont fréquents. Par exemple : un locuteur A initie une discussion en russe, tandis que son interlocuteur B choisit de répondre en ukrainien.

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

Il est notoire que Viktor Ianoukovitch et son ancien premier ministre Nikolaï Azarov s’expriment mieux dans la langue de Pouchkine que dans celle du poète ukrainien Taras Chevtchenko. Mais c’est aussi vrai des dirigeants nationalistes ukrainiens comme l’ancien premier ministre Ioulia Timochenko ou l’ancien boxeur Vitali Klitchko, respectivement originaires de Dniepropetrovsk et de Kiev. Ce dernier a prononcé à plusieurs reprises des discours en russe devant des milliers de militants nationalistes réunis à Maïdan, au plus fort de l’insurrection de février dernier. Des écrivains ukrainiens mondialement connus comme Andreï Kourkov écrivent en russe, ce qui exaspère un certain nombre de nationalistes. Prônant une forme locale de jacobinisme, ces derniers militent pour un statut dominant de la langue ukrainienne, laquelle serait « menacée » par l’hégémonie du russe. « Il n’est pas question d’interdire le russe ni de porter atteinte aux droits individuels », tempère Artiom Loutsak, un responsable du mouvement nationaliste « Pravi Sektor » dans la région de Lviv. D’ailleurs, « tous les peuples d’Ukraine ont le droit de parler leur langue, mais ils doivent aussi parler l’ukrainien, qui est la langue du peuple titulaire [de la souveraineté, ndlr] ».

La promotion de l'ukrainien bouscule l'ordre établi L’expert ukrainien Alexandre Kava, lui-même originaire de Ternopil dans l’ouest de l’Ukraine, estime que les divisions autour de la langue viennent de l’intolérance du gouvernement. « La politique d’État [en matière de langues, ndlr] est dominée par les Ukrainiens de l’Ouest, qui consi-

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RAISONS D'APPRENDRE LE RUSSE

Le russe dans les pays de l’ex-URSS

Bataille linguistique dans les médias et au cinéma

Plus de 140 millions d’habitants en Russie et 300 millions en ex-URSS utilisent le russe comme langue de communication..

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Le russe est une des six langues officielles utilisées à l’ONU et à l’UNESCO. La Russie siège au Conseil de l’Europe.

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la Russie, marché en pleine expansion, représente des besoins en spécialistes russophones dans tous les secteurs.

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Connaître le russe facilite l’accès aux autres langues slaves. Le russe demeure la « lingua franca » des pays de l’Est. Nombre d’écrivains, de philosophes et de savants mondialement célèbres ont écrit ou écrivent en russe.

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Histoire du russe Les premières traces de la langue russe sur le territoire ukrainien actuel remontent au XIIème siècle. Une vague de colons au XVIème siècle renforce son parler. La russification s’est accélérée au XVIIIème siècle avec les acquisitions territoriales de l’empire russe. Jacobin à sa manière, le tsar Alexandre II bannit en 1876 l’ukrainien des manuels scolaires et des textes religieux. L’URSS encourage au contraire l’enseignement de l’ukrainien à l’école mais conserve au russe une place prédominante dans la société.

© NATALIA MIKHAYLENKO

dèrent leur point de vue comme le seul correct. Cette approche n’a pas conduit à la consolidation du pays, car les habitants de Crimée et d’autres régions du sud-est se sont sentis traités comme des ci-

toyens de seconde zone, parlant la ‘mauvaise langue’ ». Le conflit autour du langage s’est rapidement politisé après l’arrivée au pouvoir en 2005 de forces politiques favorables à un

rapprochement avec l’Union européenne. Cette politique proactive a déjà porté ses fruits. Il y a encore dix ans, le russe dominait à Kiev, la capitale de l’Ukraine. Aujourd’hui,

Autre phénomène purement ukrainien, le « sourjyk », un sociolecte du nord-est de l’Ukraine, mélange les deux langues et est parlé par plus de 20% de la population. La télévision ne diffuse désormais qu’en ukrainien, mais il arrive qu’un invité à l’antenne choisisse de s’exprimer en russe. La loi stipule que tous les affichages (publicités, panneaux d’information, signalisation diverse) doivent être en ukrainien. Mais dans la cage d’escalier d’un immeuble, on lit souvent des messages en russe (par exemple : « l’ascenseur est en panne », etc.). Dans une proportion de 60%, les chansons diffusées à la radio sont en russe. Les films russes diffusés en salle ou à la télévision doivent être obligatoirement soustitrés ou doublés en ukrainien, ce qui peut paraître ridicule étant donné que presque tout le monde comprend très bien le russe. En revanche, la presse écrite reste un espace de liberté. L’un des principaux quotidiens du pays, Segodnya, n’existe qu’en russe, tandis que d’autres titres tirent dans deux éditions distinctes (russe et ukrainien) ou uniquement en ukrainien. Il est difficile de trouver des livres ou des journaux en ukrainien dans le sud-est du pays, tandis qu’à l’inverse, on ne trouve pas de presse en russe dans l’Ouest du pays. « On n’habite pas un pays, on habite une langue », philosophait Emil Cioran. En refusant la cohabitation pacifique avec les russophones, les nationalistes ukrainiens prennent le risque d’habiter bientôt dans un pays rétréci.

Ex-URSS Son attrait avait diminué après la dislocation de l’espace soviétique, mais aujourd’hui, la langue russe revient en force

La « lingua franca » de l’espace eurasiatique Le russe bénéficie d’un attrait croissant dans les pays de l’ex– URSS. Outre qu’il reste la langue natale d’une large population, sa maîtrise a un caractère utilitaire et/ou prestigieux. DMITRI ROMENDIK RBTH

© SERGEY SAVOSTIANOV

Les enseignants sont aux premières loges pour noter le regain d’intérêt. Dmitri Larionov, professeur de russe, a fait ses études secondaires au Kazakhstan, puis s’est inscrit à la filiale de l’Université de Moscou au Kazakhstan également. « Les premières années, nous suivions nos cours dans la filiale de l’université à Astana, la capitale du Kazakhstan, pour les terminer ensuite à Moscou ». Larionov compte plusieurs chefs religieux musulmans parmi ses élèves – des Kazakhs, à qui il enseignait la langue russe. « Ils comprenaient qu’avec deux langues officielles dans le pays, il demeure essentiel de maîtriser le russe, pour la communication avec les paroissiens russophones

Salle de classe dans une école russe à Sébastopol.

ainsi que pour les manifestatons officielles ». 40% des quotidiens et magazines kazakhs sont publiés en russe, langue enseignée à l’école. Dans le nord du Kazakhstan, des régions entières sont russophones. À l’époque de l’Union soviétique, on disait que le russe était « une langue de communication

internationale ». Les habitants des républiques nationales qui faisaient partie de l’URSS, utilisaient le russe pour communiquer entre eux. Certains le maîtrisaient mieux, comme les Ukrainiens, les Biélorusses ou les Kazakhs, d’autres moins bien, comme les Estoniens ou les Arméniens. Mais le russe était obligatoire-

ment enseigné à l’école. Point de carrière de haut niveau en URSS sans sa maîtrise parfaite. En 1991, la situation a changé. L’Union soviétique s’est divisée en 15 pays. L’attitude envers le russe y varie considérablement. Au Kirghizstan, pays voisin du Kazakhstan, l’enseignement se fait en russe dans certains établissements. La langue d’État est le kirghize, mais le russe conserve le statut de langue officielle. Lilit Dabagyan, diplômée de philosophie à l’Université slave de Bichkek, témoigne : « Dans la ville, beaucoup parlent en russe. Une de mes amies était dans une école où tous les cours étaient dispensés en kirghize, mais pendant les récréations, les élèves passaient au russe, car dans certains milieux, c’est à la mode et prestigieux... ». Par cette anecdote, Lilit aborde un thème important – l’intérêt croissant à l’égard du russe dans de nombreux pays post-soviétiques. Beaucoup comprennent que leur carrière est liée à la Russie, d’une manière ou d’une autre.

Maîtriser le russe est ainsi redevenu l’une des clés du succès, comme à l’époque soviétique. Ce n’est pas le cas partout. Les pays baltes – la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie – ont adhéré à l’Union européenne. La population de ces pays, y compris de nombreux russophones, est plutôt tournée vers l’Europe. Mais les russophones sont loin d’avoir tous obtenu leur nationalité dans les pays baltes. La Lettonie et l’Estonie ont même introduit une catégorie spécifique – celle de non-citoyens

Dans une école kirghize, pendant la récréation, les élèves parlent entre eux en russe, car c’est à la mode du pays. Il s’agit principalement de russophones, des descendants de militaires considérés comme des occupants, ou des personnes qui ont échoué à l’examen obligatoire du letton ou de l’estonien. En Lettonie, environ 287 000 personnes sont dans ce cas, soit quelque 15% de la population du pays, et en Estonie, 90 000, soit quelque 7% de la population nationale. Leur passeport de « noncitoyens » confère cependant à ces personnes les mêmes droits que les citoyens des pays de l’UE. L’Ukraine se situe à mi-chemin

entre les pays pro-russes et les pays baltes. Environ la moitié de la population y parle le russe qui n’avait, encore dernièrement, le statut de langue officielle que dans la République autonome de Crimée. Dans les universités, l’enseignement ne se fait qu’en ukrainien, et le russe est enseigné comme langue étrangère dans les écoles secondaires. En 2012, une loi reconnaissant le statut officiel de la langue russe dans les régions où la population russophone dépasse les 10% a été adoptée. Les jeunes des régions russophones sont davantage tournés vers la Russie. Nikolaï Fedine de Kharkiv poursuit ses études à Moscou. Auparavant, il a étudié à Kharkiv (deuxième plus grande ville d’Ukraine), dans une université enseignant en ukrainien, mais il a voulu poursuivre sa formation en Russie. « En Russie, l’enseignement pour les étrangers est payant, alors que les citoyens russes étudient gratuitement. J’ai eu de la chance, j’ai de la famille à côté de Moscou, j’ai pu obtenir un titre de séjour et poursuivre mes études gratuitement ». Malgré la complexité de la législation russe en matière d’immigration, quelque 30 000 citoyens des pays de l’ex-Union soviétique étudient dans les universités russes. Et la dynamique de ces dernières années montre que leur nombre va croissant.

LES SUPPLÉMENTS SPÉCIAUX ET SECTIONS SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILLIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX : • LE SOIR, BELGIQUE • LE FIGARO, FRANCE • THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • SÜDDEUTSCHE ZEITUNG, ALLEMAGNE • EL PAÍS, ESPAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE •DUMA, BULGARIE • POLITIKA, GEOPOLITIKA, SERBIE • THE WASHINGTON POST, THE NEW YORK TIMES ET THE WALL STREET JOURNAL, ÉTATS-UNIS • THE ECONOMIC TIMES, INDE • MAINICHI SHIMBUN, JAPON • GLOBAL TIMES CHINE • LA NATION, ARGENTINE • FOLHA DE S. PAOLO, BRÉSIL • EL OBSERVADOR, URUGUAY • SYDNEY MORNING HERALD, THE AGE, AUSTRALIE • ELEUTHEROS TYPOS, GRÈCE • JOONGANG ILBO, CORÉE DU SUD • GULF NEWS, AL KHALEEJ, ÉMIRATS ARABES UNIS • NOVA MAKEDONIJA, MACÉDOINE • NATION, THAÏLANDE. EMAIL : BE@RBTH.COM. POUR EN SAVOIR PLUS CONSULTEZ BE.RBTH.COM. LE SOIR EST PUBLIÉ PAR SA ROSSEL ET CIE. RUE ROYALE. 100 - 1000 BRUXELLES - BELGIQUE . TÉL: 0032/2/225.55.55. IMPRESSION : ROSSEL PRINTING COMPANY SA. DIFFUSION : 94 800 EXEMPLAIRES


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Régions

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Artisanat Près de Moscou, la production traditionnelle céramiques connaît une renaissance

Gjel : un des hauts lieux mondiaux méconnus de la céramique

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© ITAR-TASS

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Le nom de Gjel est familier aux amateurs de porcelaine. C'est à Gjel, non loin de Moscou, que sont fabriquées les célèbres céramiques ornées en bleu. C'est un lieu incontournable d'un point de vue historique et culturel. TATIANA KHOROCHILOVA ROSSIYSKAYA GAZETA

Les villages se succèdent les uns après les autres, constituant un ensemble territorial unique, au sein duquel des poteries y sont produites depuis fort longtemps. Son centre en est l’Institut d’État artistique et industriel de Gjel, créé il y a plus d’une centaine d’années. Un musée et des échoppes de vendeurs chargées de vaisselle bleue, ainsi que des bâtiments dédiés à la production. Le village portant le nom de Gjel n’a que très peu changé au cours des cent dernières années : il s’agit d’un petit village au bord du barrage installé sur la rivière Gjelka.

Gjel est mentionné pour la première fois en 1339, dans le testament du Grand-Prince de Moscovie Ivan Kalita Seul sept-cent personnes y vivent, mais plus de 1500 personnes travaillent dans les établissements spécialisés dans la production des figurines bleues et blanches disséminés dans tous les villages alentours. Le village de Gjel est pour la première fois mentionné en 1339, dans le testament du Grand-Prince de Moscovie Ivan Kalita. C’est à cette époque que les artisans locaux ont commencé à produire de la vaisselle à partir de glaise blanche. Ayant fait la distinction entre les différents types d’argile, la meilleure étant la délicate glaise blanche « milovka », utilisée pour la production de porcelaine et de faïence. Les paysans de Gjel n’ont jamais été des serfs : l’ensemble de Gjel et de ses paysans était rattaché au département Aptekarsky (pharmacie), spécialement en vue de la production de poterie. Vers 1800, l’on invente dans le village de Volodino le mélange de pâte blanche permettant d’obtenir de la faïence. La première fabrique de porcelaine y a également été créée. Son fondateur, Pavel

Koulikov y a étudié les techniques de fabrication de la porcelaine. À la fin des années 1780, Gjel comptait déjà 25 fabriques de céramiques. L’argile était extraite des fondrières locales. Lorsque le maître-artisan avait achevé son travail, il faisait alors appel aux fils-apprentis et aux filles-décoratrices. Ces derniers étaient chargés de peindre la vaisselle. Ils la transportaient ensuite dans le grand fourneau destiné à la cuisson. Mise à part la vaisselle, on y fabrique des jouets en forme d’oiseaux et d’animaux, ainsi que des figurines sur le thème de la vie rurale russe. D’éclatants chevaux blancs, des cavaliers, poupées, ustensiles de cuisine miniatures sont peints en violet, bleu et marron, dans un style folklorique. Aujourd’hui, plusieurs importantes fabriques sont engagées dans la production de « Gjel ». La « Fabrique de porcelaine de Gjel » a été fondée dans le village de Novokharitonovo, et son atelier dédié à la production d’œuvres d’art est situé dans le village de Retchitsa, depuis longtemps spécialisé dans la fabrication de porcelaine de Gjel. Aux étages inférieurs, l’on y trouve l’atelier de modelage, et aux étages supérieurs, l’atelier dédié à la peinture. L’odeur de la peinture y est très forte. Les tables de travail des artistes sont encombrées par leurs instruments : pinceaux, spatules, récipients remplis d’un mélange noir d’oxyde de cobalt. C’est ce dernier qui permet d’obtenir la couleur bleue une fois l’article passé par la fournaise. « Nous avons fêté l’an dernier le 195ème anniversaire de notre établissement, bien que l’histoire de notre fabrique remonte à l’année 1818, lorsqu’une petite manufacture dédiée à la fabrication de vaisselle en porcelaine s’est établie dans le village de Novokharitonovo, raconte le directeur de la « Fabrique de porcelaine de Gjel », Piotr Sivov. Notre fabrique est la plus importante, ainsi que la plus prospère de toute la région ». « La guilde de Gjel » est une autre grande fabrique, ayant démarré ses activités dans les années 1990. Aujourd’hui, artisans et artistes y ont presque entièrement relancé la tradition de la peinture bleue au cobalt, pratiquement malheureusement tombée en désuétude avant la révolution. La fon-

1. Les cruches en argile traditionnelle de Gjel. 2. La peinture sur objets en porcelaine. 3. L'Ocarina, instrument de musique ancestral. © RIA NOVOSTI(2)

Pour s’y rendre Transports en commun : prendre le bus N°325 à la station de métro Vykhino ou le train de la gare de Kazan jusqu’à la station Gjel. En voiture : de Moscou à Gjel par l’autoroute de Yegorievsk, 62 km, 1h de route.

Où se restaurer Le restaurant "Na beregou ozera" (Kraskovo, 1 rue Novaïa), se situe à 10km de l’autoroute de Yegorievsk, près d’un quai duquel vous pouvez plonger et pécher, l’été il y a des tentes et des pavillons sur les bords du lac. Au menu, des recettes traditionnelles russes, différentes bières et un large choix de vodkas.

Le Musée de Gjel

© NATALIA MIKHAYLENKO; LORI/LEGION MEDIA

dation du design industriel se trouve sur le territoire de cette fabrique, cette dernière a rassemblée d’importantes archives sur l’histoire de la porcelaine, en particulier sur celle de la porcelaine de Gjel.

À la différence des autres fabriques de Gjel, la fabrique expérimentale de céramique de Gjel produit des céramiques multicolores traditionnelles. Car la peinture au cobalt n’est pas la seule méthode utilisée par les

maîtres-artisans, « Gjel » compte aussi des producteurs d’argile multicolores, peintes de couleurs vives. Article publié dans Rossiyskaya Gazeta

Il est aujourd’hui possible d’admirer les exemples les plus précieux de la porcelaine de Gjel traditionnelle en se rendant au musée situé sur le territoire de la « Guilde de Gjel » (district Ramenskiy, village de Tourigino). Au sein du musée, beaucoup s’intéressent au processus de fabrication de la faïence et de la porcelaine, se familiarisent avec les différentes techniques de peinture et créent leur propres œuvres durant les master-class de poterie. Le fond du musée contient plus de 2000 articles, dont les plus anciens datent du XVème siècle.

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Économie

Crimée Le gouvernement russe évalue le transfert des actifs

L'épineuse question des nationalisations

OPINION

Parfumerie Esprit d'entreprise

Au cœur du problème industriel

Une base belge pour la chasse aux arômes

Alexeï Skopine ÉCONOMISTE

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© ALENA REPKINA

La valeur totale des entreprises à nationaliser dépasse à peine les 1,5 milliard d'euros.

Le Parlement de Crimée veut nationaliser les entreprises publiques ukrainiennes. Le défi sera surtout d'investir pour assurer leur bon fonctionnement TATIANA LISINA RBTH

Ces investissements ont été estimés entre 2,8 et 3,6 milliards d'euros par le Ministère du développement économique de la Fédération de Russie. Début 2014, les registres des avoirs publics et des sociétés faisaient état de près de 300 entreprises ukrainiennes, publiques ou semi-publiques. Or, de nombreuses entreprises de la péninsule connaissent de gros problèmes. C'est le cas des chantiers navals « More », qui sont régulièrement au bord de la faillite à cause de leur niveau de dettes. La Crimée concentre ses richesses dans un petit nombre d'entreprises dont la valeur globale dépasse à peine les 1,5 milliard d'euros. Selon les estimations du magazine Forbes, la valorisation du groupe Tchernomorneftegaz, qui assure l’approvisionnement en gaz de presque tous les consommateurs criméens, est de 0,72 milliard d'euros. L'entreprise sera bientôt vendue aux enchères. Son acheteur le plus probable est Gazprom. La situation concernant le réseau énergétique n'est pas claire. En 2013, les autorités ukrainiennes avaient annoncé leur volonté de privatiser les réseaux de chaleur de la ville de Saki, ainsi que les centrales thermiques de Simferopol et d'Archintsevo. L’État ukrainien prévoyait de vendre sa part dans ces entreprises (37%) via la mise aux enchères d'un lot d'actions d'une valeur de 18,8 millions d'euros. Les vignobles représentent également des actifs assez conséquents dans la région que le Parlement prévoit de nationaliser. « En soi, les installations et les locaux des usines valent peu. C'est plutôt le stock de ces entreprises qui peut se révéler précieux, leurs produits finis, mais aussi les vignes appartenant à ces entreprises », affirme le président du Syndicat des vignerons de Russie, Leonid Popovitch, dans un interview à RBK. D'après M. Popovitch, la valeur cumulée des vignobles peut dépasser les 180 millions d'euros. Le principal actif dans ce secteur est le groupe Massandra. Selon les chiffres de l'entreprise ILS, l'un des plus importants importateurs d'alcool en Russie, la production du groupe

Massandra représente près de 18% des vins doux et mousseux importés en Russie depuis l'Ukraine. Avant même le référendum du 16 mars, la Russie avait promis d'investir 3,6 milliards d'euros dans les infrastructures de la région à travers des financements publics et privés. Parmi les principaux objectifs de ces investissements, on compte la reconstruction de la route reliant Kherson et Kertch, dont la facture est estimée à 1 milliard d'euros ; la construction d'un pont à travers le détroit de Kertch qui, au minimum, réclamera 1,1 milliard d'euros ; la reconstruction des ports de pêche et des aéroports, ainsi que la modernisation du réseau de chemin de fer.

Avant même le référendum du 16 mars, la Russie avait promis d'investir 3,6 milliards d'euros dans les infrastructures de la région à travers des financements publics et privés L’un des principaux problèmes est l’approvisionnement en eau. Une solution serait de construire une canalisation au fond du détroit de Kertch. La construction pourrait prendre de 2 à 6 mois et coûter 60 millions d'euros. Plusieurs entreprises publiques devraient être nationalisées. Comme l'affirme Vladimir Omeltchenko, responsable des questions sur l'énergie du Centre Razoumkov, « l'indépendance énergétique de la Crimée nécessiterait l'investissement à long terme de 5 milliards de dollars ». Ces sommes d'argent sont indispensables pour augmenter la production de gaz, la rénovation des anciennes centrales thermiques et leur raccord à des sources d'énergie alternatives, ainsi que l'augmentation de leur puissance. Une autre menace sérieuse qui risquerait d’affecter la Crimée serait une coupure de l’alimentation en électricité. La Crimée ne fournit aujourd’hui qu’environ 20% de ses besoins en électricité, le reste provient de l’Ukraine. Le 23 mars dernier, lors de la suspension temporaire de deux lignes à haute tension ukrainiennes en Crimée, sans lumière il ne restait plus que seulement 30% de la péninsule. Prochainement, la Russie devrait fournir à la péninsule

une station de turbines à gaz mobiles ayant servie aux Jeux Olympiques de Sotchi, et qui possède une capacité de plus de 200 MW. À l’avenir, afin de pouvoir fournir de l’électricité par la Russie à la péninsule, il est nécessaire de construire un câble au fond du détroit de Kertch. Dans le cas d’une construction accélérée l’hiver, il sera possible d’assurer un approvisionnement plus ou moins stable en énergie électrique sur la péninsule. Il est également envisagé la variante de la construction d’une centrale électrothermique, alimentée par le gaz, qui cependant pourrait prendre encore plus de temps. Les autorités de Crimée envisagent déjà cette option. D'ailleurs, plusieurs industries pourront se révéler de précieuses acquisitions pour la Russie. L'usine Fiolent, qui produit des équipements radioélectroniques dont a besoin l'industrie russe. Les hydroglisseurs des chantiers navals « More » devraient aussi décrocher des commandes en Russie. Les experts estiment que l’industrie viticole de Crimée a besoin d'investissements. Selon Arthur Sarkisian, du syndicat des sommeliers de Russie, le droit russe, sous lequel se trouvera bientôt la Crimée, est loin d'être adapté au dévoloppement et à la promotion du secteur viticole. L'expert estime toutefois que la viticulture en Crimée possède un bon potentiel, grâce au climat et à la qualité de ses sols. Le sort des zones de villégiature laisse beaucoup à désirer. On estime à 290 millions d'euros les investissements nécessaires pour porter par exemple les sanatoriums au standard européen. En 2014, la Crimée a l’intention d’accueillir près de 6 millions de touristes, ce qui correspond aux chiffres de l’année 2013. C’est ce qu’a déclaré la ministre du tourisme et de villégiature de Crimée, Elena Iourtchenko. De plus, à cause de la crise, cette saison les prix seront en baisse. Les prix des circuits touristiques, en Crimée, des agences de voyage seront en baisse de 25%. Les hôtels sont également prêts à offrir des réductions de l’ordre de 10 à 15%. Découvrez les toutes dernières informations sur la crise ukrainienne sur notre site

be.rbth.com/ukraine

La résolution des problèmes dépend clairement des décisions du pouvoir politique à Kiev par an. La situation de monopole de l'Ukraine dans le transit (52%) la place en position de force pour négocier avec la Russie d'importantes réductions sur le gaz pour la consommation intérieure de l'Ukraine. Le deuxième problème concerne les entreprises mécaniques d'Ukraine technologiquement liées aux entreprises de Russie, de multiples composants importants des missiles étant fabriqués en Ukraine. La résolution des problèmes énumérés est clairement liée au pouvoir politique à Kiev. Quand des représentants de l'Ukraine occidentale arrivent au pouvoir, les problèmes s'enveniment. Quand un représentant de l'Est (Ianoukovitch) arrive au pouvoir, la situation commence à se normaliser. La situation actuelle est liée à la concurrence entre la Russie et les États-Unis pour le gaz européen. La Russie livre 150 milliards de mètres cube de gaz au prix de 340-380 dollars (247-277 euros) pour 1 000 mètres cube. Les Américains sont prêts à livrer leur gaz de schiste ou leur charbon aux centrales électriques européennes à des prix inférieurs à 300 dollars (218 euros) pour 1000 mètres cube. C'est avantageux pour l'Europe, mais l'Europe est liée à la Russie par des contrats de long terme. Si le gouvernement « pro-occidental » nouvellement formé à Kiev recommence à perturber le transit, les exportateurs américains recevront une formidable opportunité de promouvoir leur gaz de schiste et leur charbon sur le marché européen. Il est tout à fait évident que cette situation n'arrange pas la Russie et elle mettra en place les mesures nécessaires pour l'établissement des conditions de transit normales. A.Skopine est professeur à la chaire d'économie régionale et de géographie économique de la Haute École d'Économie.

La rencontre entre l'excellence de la tradition belge et l'esprit d'entreprise des jeunes Russes produit des étincelles. Maria Borisova en donne un bon exemple dans le secteur du luxe. PAUL DUVERNET RBTH

La parfumerie sélective, c'est la création de parfums artisanaux développés « à la main » et destinés à un public sélect, très exigeant sur la qualité et prêt à y mettre le prix. Ce segment est né comme une alternative à la standardisation et à l’industrialisation de la parfumerie. Sur le marché du luxe, une grande partie de la clientèle recherche un produit exclusif, c’est-à-dire fait sur mesure ou du moins non disponible à tous les coins de rue. La parfumerie sélective voit s’ouvrir un boulevard devant elle en Russie. Le marché de la parfumerie s’y est développé de manière très lente, presque entièrement orienté vers l’importation de produits grand public. La conception et la production locale artisanale reste handicapée par le souvenir des parfums soviétiques « Moscou rouge » et de l’eau de cologne « Concombre », réservés aux plus ardents nostalgiques. Les choses changent cependant avec l’émergence d’une jeune génération aussi patriotique qu’entrepreneuriale. Sélection Excellence, fondée par Maria Borisova (26 ans), est l’une des premières à avoir occupé la niche. Aujourd’hui, la société, dont la production est basée en Belgique, génère un chiffre d’affaires de 75 000 euros par an et écoule sa production à un rythme de 300 flacons par mois. L’idée est née en 2010. Maria Borisova, alors âgée de 22 ans, voyage comme touriste en Belgique. Visitant les environs de Bruxelles, elle fait la connaissance d’un parfumeur. Après avoir sympathisé, ce dernier lui offre une fragrance issue d’un mélange d’essences spécialement assemblées pour Maria Borisova. De retour à Moscou, elle garde un contact épistolaire avec le parfumeur, qui se livre abondamment à elle sur son métier. Maria Borisova se met à porter ce parfum exclusif belge régulièrement. Un phénomène inhabituel se produit : un grand nombre de gens l’interrogent sur le nom du parfum. Elle réalise subitement le potentiel commercial et l’idée lui vient d’en faire une entreprise, dans laquelle elle invite le parfumeur belge. Ce dernier n’avait pas encore créé sa propre marque et accepte de se lancer dans l’aventure. La marque

© ALEXANDER KORNYUKHIN

a spécialisation économique de l'Ukraine orientale et du sudouest de la Russie est identique. Dans la période de développement industriel de l'URSS, chaque région avait une spécialisation définie à l'échelle de tout le pays, le sudest de l'Ukraine étant le cœur industriel de la partie européenne de l'URSS. La chute de l'URSS a provoqué l'obligation de régler trois problèmes fondamentaux de l'interactivité économique : le transit du gaz naturel de la Russie à l'Union européenne par le territoire de l'Ukraine, la nécessité de maintenir les liens technologiques entre les entreprises mécaniques d'Ukraine et de Russie, et la concurrence soudainement apparue dans la livraison de denrées agricoles et la concurrence sur le marché mondial de l'armement. Le premier problème est le transit du gaz, qui rapporte à l'Ukraine 2,9 milliards d'euros

Maria Borisova marque de son emprunte la parfumerie russe.

Sélection Excellence est née. Après avoir créé quelques fragrances et une ligne de flacons, la première étape fut d’installer un stand sur le marché et de tester la réaction du public. Encouragé, Sélection Excellence décide de distribuer sa production à travers quelques magasins spécialisés soigneusement sélectionnés. Lancée comme un hobby, l’entreprise devient rapidement l’activité principale de Maria Borisova. Face à l’accroissement rapide de la demande, l’activité se développe. Comme l’explique Maria Borisova, les investissements au départ étaient très modestes. Tout le produit des ventes était réinvestis dans le développement de la marque et dans la production. Il a fallu attendre deux ans pour que les ventes atteignent le million de roubles (20 000 d'euros). Maria Borisova a également eu l’idée de lancer la production d'une cire parfumée, mais réalise vite que le succès dans ce segment est aussi difficile, car « hormis la difficulté consistant à concevoir une fragrance réussie, il faut se fournir en cire de qualité et en beaux flacons. Sinon les ventes ne décollent pas ». Aujourd’hui, sa tâche principale consiste à sentir la tendance, exactement comme un couturier.Véritable stratège, elle décide de la date de lancement et du nombre de flacons, de leur bouquet – tantôt sucré, tantôt frais – avec des notes hautes ou des arômes de bases. Ses instructions, elle les couche par écrit tandis que son parfumeur bruxellois réalise les fragrances dans son atelier à deux mille kilomètres. Quatre points de vente à Moscou écoulent sa production. Maria Borisova ne compte évidemment pas en rester là et songe à d’autres marchés étrangers. Berlin sera son premier test.

EN BREF Sibelco investit dans l'argile à Voronej Le groupe belge Sibelco prévoit d’investir environ 300 millions de roubles (6 millions d'euros) dans la modernisation de l’entreprise russe qu'elle a acquise en février de cette année : Extraction minière deVoronej. L’entreprise située près de la ville de Voronej, est spécialisée dans l’extraction d’argile, est l’un des fournisseurs majeurs pour les fabricants russes de céramique réfractaire. La société prévoit d’utiliser cet argent dans l’achat de nouveaux équipements. De plus, Sibeclo a été établi un business-plan global de développement sur 12 ans. Le gérant de la SARL, Sibelco Russia, Youri Novikov, a dé-

claré que le volume des investissements dépend du cours du dollar et qu’à ce jour le chiffre exact n’est pas encore défini : « La société est dans un état déplorable, mais l’apport de fonds devrait contribuer à une mise à niveau progressive, aussi une partie de l’argent sera destinée à la modernisation de la ligne de chemin de fer qui appartient à la société ». Sibelco, la holding de 233 sites industriels dans 41 pays, fournie sur le marché des matériaux pour la fabrication du verre, de la métallurgie, des industries chimiques et de construction. En Russie, elle se présente comme une SARL, Sibelco Russia.


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Opinion

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SANCTIONS : DEUX POINTS DE VUE L’OCCIDENT SURPRIS PAR LA FERMETÉ DE POUTINE Fedor Loukianov POLITOLOGUE

es pays du G7 se réuniront désormais sans la Russie : les dirigeants ont promis une réaction très ferme au rattachement de la Crimée à la Russie jusqu’à l’isolement international complet de la Russie. Mais est-ce possible ? Le référendum est enterriné. L’espoir des Occidentaux que le vote en n'était qu'un geste tactique, s’est envolé. Il faut maintenant mettre les menaces à exécution. L’expérience des sanctions efficaces contre la superpuissance nucléaire, qui occupe la majeure partie de l’Eurasie, conserve une influence dans le monde entier, et un gigantesque réservoir de ressources, ne suffit pas. Est-il possible d’isoler la Russie, comme il en a désormais été averti ? Bien sûr, il ne s'agit pas d’un isolement complet. Premièrement, ignorer un pays aussi immense et aussi significatif est impossible. Deuxièmement, même si l’Occident impose les sanctions les plus sévères, allant jusqu’à se porter préjudice lui-même, cela n’équivaut pas à un blocus mondial. Une partie immense de l’humanité, en Asie, au Proche-Orient, en Amérique latine, retient son souffle en observant pour la première fois, depuis les années 1980, quelqu’un défier la domination américaine.

L

Moscou ne s’attend pas à un soutien formel sur le rattachement de la Crimée à la Russie. Quels que soient les liens entre la Chine, le Brésil ou encore l’Iran et l’Ukraine, le précédent d'un rattachement d’une partie d'un État reconnu par l’ONU n’arrange personne. Mais le fait que la Russie puisse commencer à jouer véritablement un rôle indépendant sur la scène mondiale, sans se soucier de la réaction de l’Occident, voilà qui intéresse beaucoup ! En effet, cela pourrait modifier l’équilibre du pouvoir sur la scène internationale. Pour Pékin, par exemple, cela offrirait des perspectives considérables. Une mobilisation anti-russe n’est pas exclue, d’autant plus que l’Occident

pour la première fois en vingtcinq ans se retrouve face à un refus flagrant de jouer selon les règles établies après la Guerre froide. Les sanctions viseront à porter atteinte à l’économie russe, et les moyens sont nombreux. Mais il y a un autre scénario. La première réaction sera, certes, très brutale. Mais si la Russie procède à une réorientation vers l’Est de manière réaliste, les stratèges poseront la question différemment. Ce qui est le plus important pour les Occidentaux, c’est le contrôle de l’Ukraine, ce qui est loin d’être la priorité américaine. Et aussi d'empêcher l'apparition d'une solide alliance russo-chinoise, qui pourrait dangereusement menacer la position des États-Unis. Et puis, il pourrait s'avérer tout d'un coup que l’Ukraine libre n’ait finalement pas une importance si cruciale pour l’Occident. Fiodor Loukianov, Conseil de politique étrangère et de Défense. Article publié dans Kommersant

QUI EST PRÊT À EN SUPPORTER LES EFFETS ? Vladimir Kolossov GÉOGRAPHE

'ai peur que l'optimisme par rapport aux éventuelles sanctions de l'Occident soit prématuré. Effectivement, l'ampleur des pénalités contre un pays si important et déjà profondément intégré dans l'économie mondiale est sans précédent. Mais le défi lancé par une Russie construite après la chute de l'Union soviétique à l'ordre géopolitique mondial atteint un niveau critique et, évidemment, deviendra un facteur de cohésion de tout l'Occident. Selon toute vraisemblance, les

J

conséquences des sanctions seront loin d'avoir une influence immédiate pour la Russie : les mesures les plus sérieuses prendront beaucoup de temps et finiront pas coûter cher à l'Occident. Comme dans les années 1980, les États-Unis et leurs alliés joueront sur la baisse des prix mondiaux du pétrole et du gaz et d'autres matières premières, qui contribueront à des tendances objectives dans l'économie des pays développés : la baisse des volumes énergétiques et des capacités matérielles, la diversification des ressources énergétiques. L'UE essaie déjà d'accélérer les mesures prises pour recher-

cher des sources alternatives de livraisons d'hydrocarbures, la construction de terminaux d'accueil de tankers transportant du gaz liquéfié en provenance des États-Unis, d'Afrique du Nord et d'autres régions. Les domaines russes comme l'exportation des armes et la collaboration technique et scientifique (par exemple la construction de centrales électriques nucléaires à l'étranger) sont très sensibles aux facteurs politiques. On peut s'attendre à ce que les gouvernements des puissances occidentales renforcent fortement la pression sur les clients actuels ou potentiels du nucléaire russe. Cela concerne aussi les grands projets d'investissement des compagnies occidentales en Russie : il ne faut pas exclure de devoir les oublier pour longtemps. Les changements dans la politique des visas sont « officiels » et tacites, par exemple par la voix d'un fort renforcement des procédures, et peuvent toucher non seulement les fonctionnaires, mais aussi des citoyens russes ordinaires. Enfin, une réorientation de la Russie elle-même vers « l'Asie » est loin d'être une affaire simple, et elle sera très coûteuse et prendra beaucoup de temps. Actuellement, il existe un fort déficit pour d'infrastructures nécessaires pour un élargissement significatif des exportations énergétiques vers la Chine et les autres pays de la région AsiePacifique. Leur création exige d'énormes investissements, de longues négociations et travaux. Il faut être prêts à toutes ces conséquences. Vladimir Kolossov est géographe à l'Académie des Sciences russe.

© KONSTANTIN MALER

LE RETOUR D’UNE LITTÉRATURE D’IDÉES Andreï Vassilevski CRITIQUE

ans les années 1990, après la chute de l’URSS, on pouvait penser que les écrivains s’étaient enfin libérés de toute censure idéologique. Ne serait-ce que parce que personne ne s’en soucie vraiment. Le pétrole, la lutte pour le pouvoir, les chaînes de télé et les médias sont au centre de l’attention, pas la littérature. Pour des raisons historiques, la littérature en Russie a longtemps assuré des fonctions multiples, remplaçant tantôt les traités de philosophie, tantôt la liberté de la presse, ou s’attelant à la politique tout comme à la religion. Depuis 1990, chacun se limite à son domaine. La Russie connaît la liberté de la presse, la liberté politique, la liberté de conscience et de culte. Les églises officient

D

au grand jour, les partis politiques militent, s’affrontent au Parlement, et les journaux publient ce qu’ils veulent. Quant à l’écriture, son statut est à part, hors du gouvernement et de la société. Mais 15 années ont passé, et le gouvernement semble aujourd’hui se souvenir de l’existence de la littérature. Trop souvent, et avec trop de conviction, la société russe s’est entendu dire que son niveau culturel baissait, que son système éducatif s’effondrait, que sa littérature traversait une crise, tout comme le monde de l’édition, les bibliothèques… Et que le marché ne résolvait rien. Qu’il fallait l’intervention de l’État. À cela s’ajoute un autre facteur : la forte augmentation de l’activisme politique d’opposition depuis la fin des années 2000. Moscou et Saint-Pétersbourg ont vu défiler toutes sortes de manifestations auxquelles prenaient régulièrement part écrivains et

hommes de lettres. Le gouvernement a bien été obligé de tourner la tête et de voir que, oui, la littérature existe, et qu’elle recommence à jouer un rôle sur la scène politique.

Paradoxalement, la littérature russe contemporaine ellemême manque d’idées politiques claires C’est à ce moment-là qu’on a commencé à parler d’une régulation financière dans ce domaine. Accorder une aide à certains, que l’on refuse catégoriquement à d’autres. La question se pose bien évidemment : n’y a-t-il pas un risque d’encadrement de la liberté d’écriture, de son droit à s’exprimer en toute indépendance ?

Les écrivains se verront-ils de nouveau dicter ce qu’ils doivent écrire et surtout ce qu’ils ne doivent pas écrire ? Exactement comme sous l’Union soviétique ? Mais l’URSS représentait une idéologie étatique dont la Russie contemporaine est exempte, excepté peut-être si l’on considère le rôle abstrait du patriotisme et le souhait de ne pas trop critiquer le pouvoir. Et si critique il y a, elle ne doit certainement pas s’adresser au chef de l’État ! L’État actuel cherche encore sa ligne idéologique qui permettrait à une communauté littéraire de se former et d’exiger : « Voici ce que nous voulons ». Pour l’instant, rien à craindre de ce côtélà. Paradoxalement, la littérature russe contemporaine elle-même manque d’idées politiques claires. Seule consolation, quelques œuvres qui s’apparentent à ce que l’on pourrait nommer un roman

politique. D’ordinaire, les écrivains politiquement engagés se livrent à ces activités parallèlement à leur vie littéraire : ceci est mon roman, et là est mon engagement politique. Pas d’idéologie politique donc, mais une conception du monde en revanche bien présente. Ainsi s’est formée historiquement la littérature en Russie. Or une littérature à l’écart de la société, qui n’existe qu’en vertu de ses obligations de belles-lettres ici ne survit pas. L’esprit de Tolstoï et Dostoïevski est toujours présent. Pour le lecteur russe, tout ce qui apporte une réflexion philosophique a trait à des interrogations existentielles et ne suscite pas vraiment d’intérêt. L’esthétique pure, plus communément désignée comme l’art pour l’art, ne touche qu’un public restreint, bien spécifique. Mais lorsque l’œuvre aborde des questions sociétales, prend position dans le débat, elle éveille alors l’intérêt du lecteur, et ce, indépendamment de sa qualité artistique. À cet égard, le roman retentissant de Zakhar Prilepine San’kia est loin d’être un chef d’œuvre, pour rester poli. Par contre, il traite bien des jeunes révolutionnaires. Les œuvres d’Alexandre Terekhov sont longues, arides et

indigestes certes, mais son dernier roman, Allemands, sur la bureaucratie moscovite, est un thème d’actualité. Et si les interminables épopées de Maxime Kantor, violemment anti-libérales, restent finalement très vides de sens, les personnages et le sujet sont d’un niveau scolaire. Mais Maxime Kantor est lu parce que ses romans sont considérés comme porteurs d’idées. Prenons encore Boris Akounine. Très engagé politiquement, il est l’auteur de la célèbre série de polars historiques qui suit les aventures du jeune détective Eraste Fandorine. Tout se déroule au XIXème siècle, sous l’ancienne Russie tsariste. Bien qu’il s’agisse de romans policiers, les textes énoncent clairement la façon dont doit se comporter un gentleman envers les institutions, ce qui lui est permis ou non. C’est justement ce qui fait des écrits d’Akounine un événement. D’un point de vue purement stylistique et littéraire, je ne pense pas que ses romans soient vraiment écrits d’une main de génie. Mais ce sont avant tout des textes idéologiques, donc ils sont lus et appréciés. Andreï Vassilevski est le critique littéraire, rédacteur en chef de la revue littéraire « Noviy Mir »

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Culture & Loisirs

Théâtre Maeterlinck sur la scène russe

À L'AFFICHE

Un « Pelléas et Mélisande » expérimental à Moscou ÉTIENNE BOUCHE POUR RBTH

Seule dans la forêt, Mélisande pleure. Le spectateur ne sait rien de cette héroïne diaphane, visage de l’éternel féminin. Golaud, petit-fils du roi Arkel, la retrouve sur son chemin ; touché par cette beauté innocente et vulnérable, il l’emmène avec lui dans son château. Mélisande y rencontre Pelléas, le demi-frère de Golaud… Il n’y a guère de rebondissements à attendre de la pièce de Maurice Maeterlinck : l’amour et la jalousie condamnent inexorablement ces trois âmes tourmentées à la fatalité. « Je ne connais aucune œuvre dans laquelle soient enfermés autant de silence, autant de solitude, d'adhésion et de paix, autant de royal éloignement de toute rumeur et de tout cri », écrivait Rainer Maria Rilke en 1902, année où la pièce fut adaptée à l’opéra par le compositeur Claude Debussy. Bien qu’il appartienne à une génération d’écrivains influencés par le symbolisme russe, Maurice Maeterlinck est un auteur peu joué en Russie, ce qui n’étonne pas le metteur en scène Vladimir Aguéev : la matière de Pelléas et Mélisande est complexe, et sa structure inhabituelle. « À l’époque soviétique, les acteurs ont reçu une autre formation esthétique, et ce bagage culturel peut se révéler encombrant », a-t-il expliqué à la chaîne Kultura. « Les jeunes, eux, sont

plus malléables. Ils sont lumineux, souples. Il me paraît plus facile de travailler avec eux ». Aussi Aguéev a-t-il monté la pièce non pas pour la grande scène du théâtre Vakhtangov, l’institution de la rue Arbat, mais pour le « Premier studio », discrète annexe qui se veut espace d’expérimentation artistique pour une nouvelle génération d’acteurs. L’espace scénique est très resserré, tel une salle de cinéma. La distance entre comédiens et spectateurs, elle, quasiment abolie. Des silhouettes surgissent d’une obscurité gothique, leurs visages de porcelaine éclairés par des lampes de poche orientées par les comédiens euxmêmes. L’atmosphère, froide, dépouillée, se rapproche d’un songe aux accents fantastiques. Plus que des corps de chair et de sang, les personnages sont des apparitions, des êtres désincarnés récitant des sentiments sibyllins. Dans cette œuvre majeure du symbolisme – traduite en russe par Valéri Brioussov, chef de file de ce courant –, l’amour est allusif, silencieux, platonique et ne s’avoue que tardivement, quand il semble déjà voué à l’échec. Vladimir Aguéev y a trouvé matière à expérimentations : sur scène, trois Pelléas et trois Mélisande se succèdent, un choix dont la justification reste obscure. L’adaptation s’autorise un mélange de genres inattendu, n’excluant pas des éléments de grotesque... Ces derniers donnent une saveur singulière à certaines séquences que l’on croirait échappées d’un film de David Lynch. Le metteur en scène opte également pour un éclectisme musical qui ne convainc pas tou-

DU 3 AU 7 AVRIL, CENTRE CULTUREL ET SCIENTIFIQUE DE LA RUSSIE, BRUXELLES

Chaque année depuis 2008 la Représentation de Rossotroudnichestvo, en collaboration avec l’Université d’État du cinéma et de la télévision de Saint-Pétersbourg, organise à Bruxelles et dans d’autres villes belges le festival du cinéma russe junior contemporain « Nouvelles générations – nouveaux noms ». Le but du projet est de familiariser l’auditoire belge avec le cinéma russe contemporain. Le programme comporte une projection de courts-métrages de fiction réalisés par de jeunes réalisateurs de Saint-Pétersbourg, et également un débat. › www.bel.rs.gov.ru

"CHEBURASHKA ET SES AMIS" LE 16 AVRIL, CENTRE CULTUREL RÉGIONAL, DINANT

Cheburashka et le crocodile Gena sont entourés d'amis auprès de qui la vie s'écoule paisiblement, même si une vieille dame leur joue parfois des tours. L'arrivée du cirque dans la petite ville va bouleverser leur tranquillité. Projection d'un dessin animé d'animateur culte russe Roman Katchanov pour les tout-petits. › www.dinant.be/culture

Vassili Tsiganov (Pelléas) et Alexandra Tcherkassova (Mélisande).

"IVAN LE TERRIBLE" DE SERGEI M. EISENSTEIN

jours, la volonté de « faire moderne » l’emportant par moments sur la pertinence. Le spectateur entend, entre autres, Pink Floyd, Depeche Mode et une version a cappella d’Edith Piaf. On peut regretter que le metteur en scène sacrifie parfois la mélancolie brumeuse de la pièce au profit d’une excentricité criarde. Il réussit en revanche à mettre en valeur le texte à travers ses comédiens : le spectacle est porté par des interprètes talentueux et énergiques.

LE 25 ET LE 30 AVRIL, CINEMATEK, 9 RUE BARON HORTA, BRUXELLES

Pelléas et Mélisande, au Premier Studio du Théâtre Vakhtangov (Moscou). Spectacles le 6 avril, le 18 avril et le 6 mai.

TITRE : SUR ANNA AKHMATOVA AUTEUR : N. MANDELSTAM TRADUIT PAR SOPHIE BENECH ÉDITIONS : LE BRUIT DU TEMPS

n se réjouit de la parution des souvenirs de Nadejda Mandelstam

O

Sur Anna Akhmatova pour trois raisons : d’abord parce que ce livre fut sauvé par Natalia Chtempel voisine des Mandelstam àVoronej, comme ont été sauvés dans des mémoires ano-

nymes les poèmes de Mandelstam et d’Akhmatova, dont l’admirable Requiem. Sans ce réseau inespéré de résistance que resterait-il de leur œuvre ? Elles se sont rencontrées en 1924 et ont traversé leur siècle dans l’œil du cyclone, « par un temps sans pitié », comme l’écrit Akhmatova. Tantôt c’est elle qui rend visite aux Mandelstam en relégation, tantôt c’est eux qui vont la voir à Léningrad, parfois à Moscou ; pendant la guerre Akhmatova sauve Nadejda en la faisant venir à Tachkent. Quarante années durant, vagabondes solitaires et complices, ballottées par la vie, chacune à sa manière au service de la poésie, elles se retrouvent, toujours pour des discussions sans fin : « Elle restait jusqu’à l’aube…elle fumait comme une folle…quand on ne sait pas ce qu’il est advenu de son fils, seules les cigarettes aident à retenir un hurlement sauvage de bête ». Avec une intelligence et une liberté de pensée rares, elles analysent les comportements humains, leurs mécanismes, la responsabilité, la peur : « De tout ce que nous avons connu, le plus fondamental

› www.cinematek.be

TOUS LES DÉTAILS SUR NOTRE SITE

Vladimir Logvinov et Lada Tchourovskaia, un autre couple d'acteurs.

EN BREF

CHRONIQUE LITTÉRAIRE

Nadia Mandelstam se souvient d'Akhmatova

Sur la partition de Prokofiev, une tragédie du pouvoir où se profile, derrière la figure d'Ivan, celle de Staline - un film pour lequel Eisenstein déploie toute la puissance d'expression d'un formalisme unique et fascinant. Dans le cadre du programme "Classics", une anthologie libre des films qui ont influencé le développement du 7e art.

© SERVICE DE PRESSE(2)

Des amants idéaux condamnés à un funeste destin : le metteur en scène Vladimir Aguéev adapte la célèbre pièce de Maurice Maeterlinck au théâtre Vakhtangov.

"NOUVELLES GÉNÉRATIONS – NOUVEAUX NOMS"

et le plus fort, c’est la peur et son dérivé – un abject sentiment de honte et de totale impuissance » et, fait sans précédent dans la littérature russe, leur statut de femme. Aux yeux des hommes, « un esprit logique est bien sûr un grand défaut chez une femme », écrit Nadejda, tandis qu’Akhmatova reconnaît non sans malice les avoir bernés en cachant son intelligence pour ne pas leur déplaire. Nadejda Mandelstam rappelle « la force de son intelligence et la causticité de son verbe, soulignant que « l’analyse [était] le fondement structurel » de sa pensée. Akhmatova, dit-elle, n’était pas la poétesse de l’amour mais « du renoncement à l’amour au nom d’une humanité supérieure ». Elle décrit une Akhmatova, toujours très bien informée, au milieu de son peuple et de ses souffrances : pendant le blocus de Léningrad, dans les appartements communautaires, aux antipodes de la poétesse frivole et passéiste, stigmatisée par le pouvoir. Portée pendant des décennies par sa mission : sauvegarder l’œuvre de son mari Ossip, Nadejda a connu avec ses souvenirs une gloire tardive et inattendue, à la mesure de son cheminement exceptionnel et tragique à travers le siècle. Christine Mestre

Musique à Khabarovsk

© SERGUEÏ MIKHEEV

Du 6 au 18 avril 2014, à Khabarovsk, se tiendra le 4ème Festival International de Musique de Iouri Bachmet. Les participants au Festival International de 2014 sont le Chef d’orchestre Ernest Hetzel (Autriche), la violoniste Alissa Margulis (Belg i qu e ) , l e v i o l o n c e l l i s t e Alexandre Bouzlov (Russie), le pianiste Maxime Mogolevski (États-Unis), etc. Le traditionnel participant du Festival sera le concert intimiste des Solistes de Moscou, le seul ayant reçu le prix Grammy, sous la direction de Iouri Bachmet, qui se produira en tant que Chef d’orchestre et que soliste.

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