Russia Beyond The Headlines

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«Russia Beyond the Headlines» est le nouveau nom de

Mercredi 18 juin 2014

, distribué en français avec Le Figaro

Visions de la Russie Distribué avec

Parmi les autres partenaires de distribution : The Daily Telegraph, The New York Times, The Washington Post, La Repubblica, etc.

C E C A H I E R D E H U I T PA G E S E S T É D I T É E T P U B L I É PA R R O S S I Y S K AYA G A Z E TA ( R U S S I E ) , Q U I A S S U M E L ’ E N T I È R E R E S P O N S A B I L I T É D E S O N C O N T E N U

POUTINE EN NORMANDIE : ET APRÈS ? Ce que l’on peut attendre du contact direct sur les plages du Débarquement, le premier depuis la crise ukrainienne, entre le président russe et ses homologues occidentaux.

1914-2014 : la Russie rouvre une page glorieuse oubliée

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L’AVENTURE DES START-UPS RUSSES EN FRANCE De jeunes entrepreneurs russes ayant lancé des projets dans l’Hexagone nous font part de leurs expériences, de leurs attentes et des problèmes qu’ils rencontrent. PAGE 3

PARIS RETROUVE LE PROVOCARTISTE KOSOLAPOV

CHLOÉ VALETTE

Mêlant des éléments de la culture pop américaine et de l’idéologie soviétique, le maître du Sots art Alexander Kosolapov donne sa troisième exposition parisienne. PAGE 7

À lire sur notre site Web L’équipe nationale russe au Brésil : qui est capable de faire la différence ? fr.rbth.com/29463

Barychnikov : gloire de la danse et fierté multinationale fr.rbth.com/28397

Tout au long des 70 années de l’époque soviétique, les origines et les enjeux de la Première Guerre mondiale ont été opportunément cachés sous le tapis par un pouvoir déterminé à exalter la révolution bolchévique. Alors que l’Europe entière s’apprête à commémorer le début de la “Grande Guerre”, les Russes redécouvrent un conflit dans lequel ils ont joué un rôle déterminant – travail de mémoire qui suggère une relecture, y compris chez les historiens européens. À lire dans notre dossier spécial : des témoignages contemporains, des analyses de politologues et le portrait du créateur du premier monument à la gloire des héros russes érigé à Moscou. Ci-contre : Délire de Guillaume, une affiche russe de 1914. PAGES 4-5, 6 et 8


Mercredi 18 juin 2014

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Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Figaro

INTERNATIONAL

GÉOPOLITIQUE Le 70ème anniversaire du Débarquement a peut-être permis de relancer la diplomatie

Crise ukrainienne : un pas vers le dialogue sur les plages de Normandie Ils l’ont dit

«

D’une phase de conflit la crise est passée à une phase de négociations »

Pour Moscou, le conflit dans l’est de l’Ukraine est essentiellement la continuation de la campagne de Crimée, par des méthodes différentes et sans recourir ouvertement aux forces armées régulières, estime Pavel Verkhnyatski, directeur du Centre ukrainien d’analyse opérationnelle et stratégique. Selon lui, le principal objectif géopolitique de la Russie est d’arrêter la progression de l’OTAN à l’Est, comme l’a déclaré Poutine à plusieurs reprises. La déception causée par le non-respect des engagements pris dans les années 90 sur le non-élargissement de l’Alliance atlantique à de nouveaux pays d’Europe de l’Est reste vive au sein de l’élite politique russe. Quant au projet d’association de l’Ukraine avec l’Union européenne, Poutine a rappelé que la Russie ne s’interdirait pas, pour s’y opposer, de recourir à des mesures protectionnistes, notamment à la suppression des exemptions douanières sur les importations et à des restrictions concernant le régime de séjour des citoyens ukrainiens en Russie.

L’avenir des relations entre la Russie et l’Occident ALEXEÏ POUCHKOV PRÉSIDENT DE LA COMISSION DES AFFAIRES INTERNATIONALES DE LA DOUMA

PHOTOSHOT/VOSTOCK-PHOTO

Les rencontres bilatérales entre Vladimir Poutine et plusieurs dirigeants européens ont fait naître l’espoir d’une amorce de dialogue. Mais le chemin est encore long et semé d’embûches.

Vladimir Poutine, Angela Merkel et Petro Porochenko lors des célébrations du Jour J en France.

NIKOLAÏ LITOVKINE RBTH

Les cérémonies commémoratives en Normandie ont fourni aux dirigeants des principales puissances mondiales concernées par la crise ukrainienne la première occasion d’une rencontre à grande échelle depuis le début de la confrontation entre Moscou et Kiev. Un premier échange entre Vladimir Poutine et le président ukrainien nouvellement élu, Petro Porochenko, devrait permettre de passer à l’étape pratique des négociations prévues. Les déclarations convenues sur l’intention de cesser le feu et de parvenir à un règlement diplomatique du conflit ont été prononcées. Mais avec des nuances.

Dure bataille pour le nouveau président ukrainien Les propos sur la volonté de faire taire les armes ne signifient pas, bien entendu, que les opérations militaires seront suspendues immédiatement, mais ils laissent entrevoir l’ouverture d’un dialogue. Pour autant, les déclarations identiques de Porochenko et de Poutine sur le cessez-le-feu sonnent différemment dans la bouche de l’un ou de l’autre dirigeant. Pour Porochenko, il importe de mettre fin au conflit au plus vite et de faire sortir le pays de la crise politique et économique profonde qu’il traverse. Le nouveau président doit répondre aux attentes du Maidan, qui lui a fixé un délai (le mois de septembre), et expliquer ce qu’il compte faire pour conjuguer la réconciliation politique et la relance de l’économie. Il devra justifier ses décisions dans la presse et aux yeux des partenaires étrangers, tout en préservant l’unité du pays.

«

Le principal objectif russe lors de la visite en France était de montrer que le pays n’est pas isolé »

PAVEL SALINE DIRECTEUR DU CENTRE DE RECHERCHES POLITIQUES DE L’UNIVERSITÉ DE LA FINANCE AUPRÈS DU GOUVERNEMENT DE LA RUSSIE

REVUE DE PRESSE

Les objectifs russes en Ukraine

« Les sanctions dirigées contre l’entourage de Poutine ne causent pas de dommages économiques sensibles et sont plutôt symboliques. Elles témoignent de la réticence de l’Occident à porter des coups dévastateurs à l’économie russe. La visite de Poutine a prouvé que l’Europe souhaite poursuivre des relations économiques bilatérales avec la Russie. La France n’a pas renoncé à nous vendre les Mistral, l’Allemagne ne renonce pas à notre gaz ». Parlant ainsi, Alexandre Konovalov, président de l’Institut des évaluations stratégiques, souligne aussi que les intérêts des États-Unis ne sont pas absents de la question européenne : une forte augmentation de la production américaine de gaz de schiste couvrant déjà une bonne partie de la consommation intérieure de gaz, c’est à long terme l’accès au marché européen qui sera recherché. Konovalov conclut sur une note à la fois positive et prudente : « La visite de Poutine a changé l’ambiance : d’une confrontation tendue, nous sommes passées à une simple confrontation. L’Occident est prêt au dialogue, mais uniquement à condition d’être assuré que nous n’occuperons pas l’Ukraine de l’Est et n’y organiserons pas une nouvelle Crimée. Dans ce cas, nous avons une chance de rétablir le dialogue. La blessure portée à nos relations est profonde, mais pas mortelle ».

APRÈS LE JOUR J : POUTINE EST VENU, IL A PARLÉ, IL N’A PAS CONVAINCU La presse russe guettait avec impatience la rencontre entre Poutine et les dirigeants mondiaux présents en Normandie. Il n’en est pas sorti grand chose hormis des politesses de rigueur.

BILAN POSITIF POUR POUTINE CYRILLE KHARATIANE

VEDOMOSTI / 10.06 Le Président Poutine sort apparemment gagnant. Premièrement, on estime en Europe qu’ « il ne faut pas contrarier l’ours russe » ; deuxièmement, il faut admettre que l’Ukraine ne rembourse pas sa dette ; et troisièmement, le gaz russe est incontournable en Europe, y compris en Ukraine. Il y a cependant cette étrange guerre civile dont la Russie, selon Vladimir Poutine, n’est pas responsable, mais qui y participe selon l’Europe, provoquant catastrophes humanitaires, otages et victimes. En résumé, il fallait bien parler, respecter les usages diplomatiques et accepter que le président russe donne le « la ». En écho à cette faiblesse évidente, « Gazprom » a accordé un rabais à « Naftogaz ».

LA SOLITUDE DU PRÉSIDENT RUSSE SUR LES PLAGES DU DÉBARQUEMENT ANDREÏ KOLESNIKOV

FORBES / 9.06 Ne pensez pas que la venue de Poutine en Normandie ait renversé les tendances politiques. Les impasses restent les mêmes. Ni Merkel, ni Cameron, ni Hollande ne savent ce qu’il faut penser de Poutine et de ses intentions. Qui mieux est, Poutine ne le sait pas lui-même, car le nouveau gouvernement de Kiev ne parvient pas à contrôler les bandits dans son pays, et le président russe ne peut être tenu pour responsable des excès commis à Donetsk et à Lougansk.

REPORTAGE La Russie accueille de nombreuses personnes déplacées par le conflit

Rostov prend soin des réfugiés ukrainiens Les affrontements qui se poursuivent dans le Sud-Est de l’Ukraine ont provoqué des déplacements de population à l’intérieur du pays, mais aussi vers la Russie où les réfugiés sont aidés.

L’autre sens

ELENA MELIKHOVA POUR RBTH

Le sanatorium pour enfants de Dmitriadovski, dans la région de Rostov-surle-Don (950 kilomètres au sud de Moscou et 100 km au sud de Lougansk, en Ukraine), est bondé et bruyant. Les aires de jeux sont pleines d’enfants, que leurs mères surveillent de près. Mais un air d’angoisse règne sur les lieux. Les Ukrainiennes réunies ici s’inquiètent pour leurs proches, restés à la maison. Elles sont en revanche heureuses d’avoir pu garantir la sécurité de leur progéniture. « Nous sommes arrivées tard le soir. Ces étrangers nous ont accueillies comme si nous étions de la même famille. Ma fille et moi vivons dans une chambre pour deux personnes avec toutes les commodités ; on nous sert cinq repas par jour », explique la jeune Ukrainienne Victoria Ptitsa de Lougansk en serrant contre elle sa fillette de cinq ans.

ELENA MELIKHOVA; VIKTOR POGONTSEV

Comme ici, de jeunes mères ukrainiennes ont fui les zones d’affrontement pour trouver refuge en Russie et assurer la sécurité de leurs enfants.

Le nombre d’Ukrainiens qui affluent en Russie depuis les régions du Sud-Est de l’Ukraine croît chaque jour. Les tensions, qui ne donnent aucun signe d’affaiblissement, poussent environ 7 000 personnes à franchir la frontière quotidiennement. Pour certains Ukrainiens, la région de Rostov est une zone de transit avant d’aller plus loin, chez des proches ou des amis. D’autres n’ont personne en Russie. C’est pour ces gens, épuisés par la tragédie, que des places ont été réservées dans les pensionnats et les colonies de vacances, où on leur offre l’abri et tous les soins nécessaires.

Les Ukrainiens du Sud-Est du pays sont également nombreux à chercher refuge à Kiev plutôt que dans la Russie voisine, a indiqué la chaîne Euronews, dont le correspondant a cependant cité un habitant de Kramatorsk déplorant l’absence de soutien de l’État.

En ligne

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Le seul centre de Dmitriadovski a déjà accueilli quelque 300 réfugiés. Le ministère russe des Situations d’urgence a installé un camp de tentes supplémentaire à proximité. Rodion Platokhine, âgé de 17 ans, et son frère Daniil, 11 ans, ont fui Lougansk lors des bombardements. Leurs parents en pleurs les ont fait monter dans un car partant pour la Russie. Au total, 49 sites ont été préparés pour fournir un logement temporaire aux citoyens du pays voisin. Des médecins et des psychologues travaillent en permanence auprès des réfugiés, pour qui l’’autre grande préoccupation est de trouver du travail. Des visites de représentants des services de l’emploi sont prévues. Les citoyens ukrainiens ont un libre accès au territoire de Rostov, où on les aide à s’enregistrer auprès des services d’immigration et à trouver un emploi au sein des entreprises du Don. Outre l’aide fournie par les autorités et les organismes de bienfaisance, le soutien de la population locale s’exprime par le recueil de l’assistance humanitaire dont se chargent des volontaires, tandis que 1 500 familles ont accepté d’accueillir chez elles des réfugiés.

L’URSS ABSENTE EN NORMANDIE SERGUEÏ ROGANOV

IZVESTIA / 6.06 L’image forte qui se dégage de la célébration du Débarquement, avec les dirigeants mondiaux les uns face aux autres sur fond de guerre civile en Ukraine, est celle d’une claque administrée par la Russie au monde occidental. Toutes les menaces mondiales adressées à la Russie se sont avérées bien faibles. Malgré l’insistance de la Russie, mener des négociations s’est révélé impossible. L’Occident, se cachant derrière les célébrations du Débarquement, s’est limité à quelques tête-àtête avec Poutine. Par ailleurs, la Russie représentant l’URSS lors de ces célébrations, l’invitation aurait dû être adressée aussi à tous les dirigeants de pays issus de l’ex-Union soviétique, dont le peuple s’est battu et a contribué à la victoire.

Préparé par MARIA AFONINA

RUSSIA BEYOND THE HEADLINES (RBTH) PUBLIE 26 SUPPLÉMENTS DANS 21 PAYS POUR UN AUDITOIRE TOTAL DE 33 MILLIONS DE PERSONNES ET GÈRE 19 SITES INTERNET EN 16 LANGUES. LES SUPPLÉMENTS ET CAHIERS SPÉCIAUX SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILLIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), ET DIFFUSÉS DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX SUIVANTS: • LE FIGARO, FRANCE • LE SOIR, BELGIQUE• THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • SÜDDEUTSCHE ZEITUNG, ALLEMAGNE • EL PAÍS, ESPAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE • DUMA, BULGARIE • POLITIKA, GEOPOLITI KA, SERBIE • THE WASHINGTON POST, THE NEW YORK TIMES ET THE WALL STREET JOURNAL, ÉTATS-UNIS • THE ECONOMIC TIMES, INDE • MAINICHI SHIMBUN, JAPON • GLOBAL TIMES, CHINE • LA NACION, ARGENTINE • FOLHA DE S.PAULO, BRÉSIL • EL OBSERVADOR, URUGUAY • SYDNEY MORNING HERALD, THE AGE, AUSTRALIE • ELEUTHEROS TYPOS, GRÈCE • JOONGANG ILBO, CORÉE DU SUD • GULF NEWS, AL KHALEEJ, ÉMIRATS ARABES UNIS • NOVA MAKEDONIJA, MACÉDOINE • NATION, THAÏLANDE. COURRIEL : FR@RBTH.COM. POUR DE PLUS AMPLES INFORMATIONS, CONSULTER FR.RBTH.COM. LE FIGARO EST PUBLIÉ PAR DASSAULT MÉDIAS, 14 BOULEVARD HAUSSMANN 75009 PARIS. TÉL: 01 57 08 50 00. IMPRESSION : L’IMPRIMERIE, 79, RUE DE ROISSY 93290 TREMBLAY-EN-FRANCE. MIDI PRINT 30600 GALLARGUES-LE-MONTUEUX. DIFFUSION : 321 101 EXEMPLAIRES (OJD PV DFP 2011)


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ÉCONOMIE

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INVESTISSEMENTS Enquête auprès d’entreprises russes nouvellement lancées sur le marché français

Terrain fertile pour les jeunes pousses ? Les start-ups russes peuvent-elles se faire une place sur le marché français ? RBTH a interrogé des entrepreneurs déjà installés dans l’Hexagone. Leurs impressions sont mitigées. GILLES DAMANDE POUR RBTH

À Moscou, l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII) se félicite de l’augmentation du volume des investissements russes en France : à hauteur de 1,3 milliards en 2013, ils ont été multipliés par dix en trois ans, la Russie gagnant ainsi treize points dans la liste des principaux investisseurs en France. « En 2013, 38 sociétés russes ont travaillé en France, c’est-àdire 15 de plus qu’en 2012 », indique cette structure gouvernementale dans son rapport annuel. Ces résultats, jugés prometteurs, restent néanmoins discrets à la lumière des flux d’investissements français sur le marché russe. La même tendance s’observe concernant les start-ups : les jeunes pousses russes sont encore peu nombreuses à se lancer dans les affaires en France. À tort, juge Dmitri Goussiev, installé dans l’Hexagone depuis dix ans. « Il y a incontestablement des perspectives ici et en Europe, beaucoup de niches sont encore inexploitées », assure le fondateur de CloudWave, une société informatique lancée en décembre 2013. Pour Adrien Henni, rédacteur en chef de East-West Digital News, site d’information international sur les secteurs numériques en Russie et ex-URSS, la France n’a certes pas la réputation d’être la Californie, et pâtit d’une image peu attractive. « Les entrepreneurs russes vont d’abord viser des zones jugées plus propices aux affaires comme l’Asie, le monde anglophone ou hispanophone. Ils savent

Le service Mes Dépanneurs a fait mouche auprès de la clientèle française avec son dépannage d’urgence à domicile.

GETTY IMAGES/FOTOBANK

Les Russes visent d’abord des zones jugées plus propices comme l’Asie, le monde anglophone ou hispanophone

qu’ils y trouveront plus facilement des capitaux ». Ivan Burdun, 60 ans, a vécu au RoyaumeUni et aux États-Unis. Pendant treize ans, il a mené des recherches dans le domaine aéronautique à Novossibirsk, pôle scientifique sibérien. Il est désormais installé en Provence où il a lancé il y six mois Aixtree, petite entreprise spécialisée dans le domaine maritime et aéronautique. Dans un contexte de stagnation économique liée à la crise de 2008, Ivan Burdun a pensé à l’étranger. C’est l’invitation à créer une société en France, formulée par l’AFII et l’agence Provence Promotion, qui l’a incité à investir dans l’Hexagone. « Ce fut une surprise totale, car nous n’avions jusqu’à présent jamais

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considéré la France comme un lieu potentiel pour le développement d’une entreprise, explique-t-il. Nous imaginions le marché français fermé aux services de recherches privés en provenance de Russie ». La création de son entreprise a été saluée par des prix régionaux. Bien implantée dans la communauté russe de Paris, Katia Sogréeva s’est lancée dans un tout autre secteur d’activité. Il y a un an, elle a créé, avec des compatriotes, Mes Dépanneurs, une plateforme de dépannage à domicile. Elle explique : « L’idée est née d’expériences vécues dans notre entourage. Beaucoup de nos amis se sont fait arnaquer par des plombiers. Abordez le sujet en France et vous verrez qu’une personne sur deux

vous racontera la manière dont elle s’est fait rouler dans la farine pour un dépannage à domicile ». Mes Dépanneurs propose aux clients en détresse l’assistance d’un plombier, d’un électricien, d’un chauffagiste ou encore d’un serrurier dans les 20 minutes. Que des professionnels. À l’heure du premier bilan – la société existe depuis un an –, Katia Sogréeva ne nie pas les obstacles rencontrés (pénurie de travailleurs fiables, démarches juridiques pesantes) : « Le principal frein, c’est la lenteur des prises de décision. La réponse à un simple courriel peut prendre une dizaine de jours, et c’est considéré comme normal ». Mais la fiabilité des partenaires français et le sentiment d’avoir trouvé un secteur offrant des perspectives de développement emportent la mise. « En tant qu’entreprise innovante, nous avons obtenu un prêt sans intérêt du gouvernement français », précise Katia. Dmitri Goussiev déplore également une certaine raideur des procédures françaises, notamment dans les banques : « Même pour des choses simplissimes – l’ouverture d’un compte, par exemple –, il faut constituer des dossiers très détaillés. Mieux vaut pouvoir compter sur l’aide d’un expert comptable ». Si la Russie parvient à attirer des entrepreneurs français, l’inverse n’est pas forcément vrai. Katia Sogréeva avance trois raisons pour expliquer cette asymétrie : dans les affaires, la connaissance de la langue russe est moins requise en Russie que le français en France ; il est difficile d’obtenir un titre de séjour offrant le statut convoité d’entrepreneur ; enfin, le marché français serait plutôt conservateur, « les consommateurs préférant s’orienter vers du Made in France d’une maison fondée de préférence au XVIIIème siècle ».

SCIENCES & TECHNIQUES Création de centres spécialisés dans les techniques radiatives, les biotechnologies et la pharmaceutique

Des pôles de compétitivité pour développer l’accès à la médecine nucléaire en Russie accord de développement du pôle a été signé à Saint-Pétersbourg par les autorités régionales, l’agence Rosatom et le fonds Rusnano. Selon les estimations préliminaires, la création et le développement de ce pôle pourraient bénéficier de 590 millions d’euros en subventions et investissements privés d’ici 2017. La spécialisation englobera les technologies radiatives, les biotechnologies et la pharmaceutique. Le projet porte notamment sur la création prochaine de centres de médecine nucléaire, la fabrication de produits radio-pharmaceutiques pour les équipements IRM et l’élaboration de médicaments. Tout cela doit permettre, à l’avenir, de réduire de manière significative le coût du traitement pour les patients.

Bien que figurant parmi les cinq premiers producteurs d’isotopes médicaux, la Russie a besoin d’en faire bénéficier sa population dans un pays où le recours à la médecine nucléaire est inférieur à la moyenne européenne. ANDREÏ REZNITCHENKO POUR RBTH

Un centre consacré au développement de la médecine nucléaire en Russie est en cours de création dans l’oblast de Léningrad, à proximité de Saint-Pétersbourg. Il s’agit d’un pôle spécialisé dans l’industrie médicale et pharmaceutique ainsi que les technologies radiatives. Dès 2012, il a été inscrit sur la liste de projets territoriaux innovants aptes à bénéficier du soutien de l’État. Le 22 mai, un

Statistiques Les recherches sur l’utilisation des radionucléides au service du diagnostic médical portent sur une quarantaine de patients (pour mille) par an aux États-Unis, 25 au Japon, 19 en Autriche, seulement 7 en Russie.

En outre, le nouveau pôle accueillera un centre de traitement du mélanome métastatique. Selon les statistiques, le nombre de diagnostics de ce type de cancer en Russie a crû de 38% au cours des dix dernières années. Par ailleurs, en l’absence de médicaments spéciaux fabriqués sur place, les médecins russes ont recours à des produits israéliens ou allemands. Autre objectif : la création d’équipements médicaux pour la plasmaphérèse (purification) et l’oxygénation du sang. Des études prévoient d’organiser la fabrication industrielle de ces équipements d’ici cinq à sept ans en Russie. Pour le moment, les États-Unis et l’Europe sont en pointe sur ce marché. L’utilisation de technologies importées

rend le coût de chaque procédure très élevé – dans le cas de la plasmaphérèse il atteint 50 000 roubles (1 100 euros). Le lancement de la fabrication des filtres en Russie permettra de le réduire. « En Europe, 80% des patients atteints de cancers sont diagnostiqués en première ou deuxième phase, alors qu’ en Russie, dans 75% des cas, le diagnostic intervient en troisième ou quatrième phase, explique Victor Ivanov, directeur adjoint du Centre scientifique de radiologie médicale de l’Académie russe des sciences médicales. Aussi, les technologies fournies par la médecine nucléaire sont-elles indispensables pour le diagnostic précoce de la maladie ». Pour lui, la Russie compte suffisamment d’études en matière de médecine nucléaire pour fabriquer des produits compétitifs. La médecine nucléaire a été déclarée prioritaire, comme l’a précédemment annoncé le dirigeant de Rosatom Sergueï Kirienko. Un programmecadre fédéral correspondant devrait être prochainement adopté. Outre la région de Leningrad, des centres devraient s’ouvrir en Sibérie et en Extrême-Orient.

EN BREF DES CHALANDS DE DÉBARQUEMENT POUR LE « MISTRAL » STX France va livrer à la Russie en octobre quatre chalands de débarquement, conçus spécialement pour les porte-hélicoptères de classe Mistral construits à St-Nazaire, rapporte l’agence Interfax. Les ingénieurs de la Marine française ont mis au point une version améliorée de ces chalands, qui seront de taille supérieure (27 m de long et 7 m de large, contre 23 m long et 6,3 m pour la version française). Autre nouveauté : deux rampes, une proue et une poupe pour améliorer la manœuvrabilité. Ces chalands devraient mieux réagir au tangage, et leur vitesse sera de 20 nœuds, soit deux fois celle de la version française.

L’HERBE D’ORENBOURG UTILISÉE DANS L’INDUSTRIE DU BÂTIMENT !

LORI/LEGION MEDIA

Des scientifiques français ont proposé d’établir à Orenbourg une usine de traitement mixte d’herbes des prairies et de fibres utilisées dans les matériaux de construction, notamment les matériaux d’isolation qui sont ajoutés au béton et au parquet. L’entreprise est censée ouvrir dans un village de la région de Sazan Beliavski, à proximité des « Steppes Orlov » d’Orenbourg qui recouvrent 16 500 hectares. Le professeur de l’Université de Strasbourg et architecte urbain Jean Paul Masquida a prélevé dix échantillons différents d’herbe pour examiner l’aptitude de la fibre. Selon lui, « dans la steppe d’Orenbourg, il y a beaucoup de matières premières utiles aux matériaux écologiques qui manquent en Europe ».

49% DES RUSSES RENONCENT À LEURS VACANCES CETTE ANNÉE

LORI/LEGION MEDIA

Près d’un Russe sur deux compte passer ses vacances d’été à la maison, selon un sondage du Centre panrusse d’études de l’opinion publique (VTsIOM). La principale raison évoquée par 46% des sondés concerne le manque de moyens financiers. Ils sont 20% à y avoir renoncé pour des raisons de santé ou de charge de travail. Les autres ont changé leurs projets pour l’été en raison d’une naissance ou pour s’occuper de proches en âge avancé. Un Russe sur cinq compte passer ses vacances à la datcha. La mer Noire arrive en 2ème position des destinations. La Crimée est choisie par 9% des sondés – soit quatre fois plus qu’en 2013. En revanche, le nombre de personnes souhaitant passer des vacances à l’étranger a chuté (26%).

PARTENARIAT « SAINTGOBAIN » – UNIVERSITÉ D’ÉTAT DE MOSCOU L’Université d’État de Moscou (MGU) va collaborer avec la société de construction Saint-Gobain pour concevoir des technologies de contrôle des passagers dans les aéroports. Les jeunes chercheurs et doctorants de l’université, ainsi que les spécialistes de l’entreprise, prévoient d’améliorer les méthodes de contrôle à l’aide d’une technologie basée sur les propriétés d’un type particulier de cristaux organiques. La MGU reste avare de détails sur ce « savoir-faire », en invoquant le secret professionnel. En plus du projet déjà mentionné, les scientifiques se pencheront sur l’étude des propriétés acoustiques des matériaux et la création de piles à combustible.


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DOSSIER

PREMIÈRE GUERRE MONDIALE NOTRE DOSSIER SPÉCIAL EN CETTE ANNÉE CENTENAIRE DU DÉCLENCHEMENT DES HOSTILITÉS RÉVÈLE UNE DIFFÉRENCE DE PERCEPTION FONDAMENTALE DU CONFLIT EN RUSSIE ET EN EUROPE OCCIDENTALE

LE RÔLE PIVOT DE LA RUSSIE Souvent minimisé en Occident, le rôle de l’armée impériale russe dans l’issue de la Première Guerre mondiale fut pourtant déterminant, affirme Serge Andolenko, général historien français d’origine russe.

Le nombre de mobilisés et les pertes

DIMITRI DE KOCHKO POUR RBTH

La part décisive prise par les troupes de l’armée impériale russe dans l’issue du conflit n’a pas été reconnue à sa juste valeur en Occident. C’est en tout cas le point de vue de Serge Andolenko, général français issu de Saint-Cyr et historien d’origine russe émigré en France après la Révolution d’octobre. Dans un entretien accordé à RBTH, son fils Pavel Andolenko, lui-même ancien officier de « la Royale », divulgue les principales thèses de son père allant à l’encontre de l’opinion dominante. Celle-ci se limite au souvenir de Brest-Litovsk (la paix séparée signée par les bolcheviks) et à la piteuse performance de l’armée russe. Pour Andolenko, ce n’était pas du tout le cas jusqu’à l’abdication du tsar Nicolas II. Le rôle de l’armée impériale russe fut au contraire déterminant sur le cours de la Première Guerre mondiale de 1914-1918 et pour la victoire finale. Le centenaire du déclenchement de la « Grande Guerre » est une occasion unique de le rappeler, car une idée très répandue dans la conscience historique occidentale veut que la Révolution d’octobre 1917 soit le résultat d’une défaite militaire de l’armée russe. Le même stéréotype réduit à néant le rôle des troupes russes dans la victoire de novembre 1918. Les recherches de Serge Andolenko retrouvent aujourd’hui toute leur actualité. Pour lui, la « désinformation » dont sont victimes nos contemporains à tous les niveaux « conduit, inconsciemment ou non, tous les États complices de cette supercherie à conserver des données fausses dans leurs mémoires respectives ».

En 1914, l’offensive contre la Prusse sauve l’armée française sur la Marne Pour le général Andolenko, l’armée russe qui s’engage dans la guerre en 1914 est une des meilleures de son temps. Mais elle est « fortement handicapée par deux points faibles inhérents au pays » : la taille géographique de celui-ci (40 fois la France, deux fois et demie les États-Unis) qui aggrave les difficultés logistiques, et une économie en forte expansion au début du

NATALIA MIKHAYLENKO

Les Russes ont compensé par des pertes en vies humaines leur infériorité en armes et en équipements.

Le général Serge Andolenko

historien de Saint-Pétersbourg Viktor Pravdiouk, coûtera à la Russie plus de 100 000 morts et une défaite à Tannenberg. Mais tout commence bien. Les premières victoires affolent l’état-major allemand qui dégarnit le front Ouest de deux corps d’armée et d’une division de cavalerie, ce qui donnera plus tard lieu au « miracle » de la Marne. Ce dernier est loin d’être dû aux seuls taxis célébrés dans nos écoles.

« Je suis très fier de mon père qui a fait beaucoup de bien à la Russie et à la France », explique aujourd’hui Pavel Andolenko, ancien officier de « la Royale ». Né en Russie, le général Andolenko perd son père, tué au cours de la Première Guerre mondiale. Il émigre en France après la guerre civile et est admis à Saint-Cyr. Dès sa sortie, il s’intéresse à l’histoire de l’armée russe, dont il est un des meilleurs spécialistes en France. Admirateur du généralissime Alexandre Souvoroff « qui n’a jamais perdu une bataille », le général Andolenko, alors commandant, obtient la reddition du général Hans Schaeffer à Marseille le 28 août 1944, sauvant la ville de la destruction. Par la suite, Andolenko, officier de la Légion étrangère, donne des cours sur Souvoroff à l’École de guerre.

1915 : Verdun avant Verdun sur le front de l’est M. Andolenko qualifie l’année 1915 de « Verdun avant Verdun » : l’armée russe va subir tout ce que l’industrie allemande est capable de produire. Aux hécatombes de 1914 vont s’ajouter celles encore plus terribles de 1915. L’industrie russe ne suit pas et sur les champs de bataille les soldats russes doivent ramasser les armes de leurs camarades tués. Toutefois, rien ne les arrête : les combats se poursuivent à la baïonnette, au couteau et même à mains nues… La Russie perd près de 2 500 000 tués ou blessés (au total, la Première Guerre lui coûtera deux millions de morts, plus que la France saignée à un million et demi). Les Allemands, conscients qu’ils ne peuvent gagner sur les deux fronts, proposent

conflit mais pas suffisamment consolidée pour s’adapter à une conflagration mondiale de longue durée. Ces deux handicaps vont forcer l’armée russe à « remplir sa mission dans des conditions inhumaines » au cours des deux premières années du conflit. Le 17 août 1914, la Russie lance une offensive contre la Prusse orientale, pour laquelle son armée n’est pas prête. L’Empire russe s’y engage à la demande de la France pour permettre à cette dernière de résister à l’offensive allemande sur la Marne. Ce combat « pour les alliés », comme le qualifie aujourd’hui le réalisateur

Français et Russes ont supporté les deux tiers de l’ensemble des pertes en vies humaines au cours de la Grande Guerre

RIA NOVOSTI

aux Russes une paix séparée en offrant un cadeau de choix : Constantinople et les détroits ! Les Russes eux-mêmes auraient dû demander l’armistice en toute logique militaire, puisqu’ils compensaient par des pertes humaines leur infériorité en équipements et en armes. Ils ne le font pas et Nicolas II rejette l’offre allemande pour ne pas lâcher ses alliés. Et la boucherie se poursuit.

L’année charnière : 1916 En 1916, l’Allemagne réactive ses troupes sur le front Ouest. C’est Verdun puis l’offensive de la Somme. Pour les Russes, c’est un répit relatif qu’ils mettent à profit pour approvisionner et équiper les troupes grâce aux progrès fulgurants de l’industrie. Ils lancent au moins deux offensives décisives pour le sort de la guerre : celle du général Broussilov en juin vers la Bessarabie, qui met deux millions de combattants adverses hors de combat, et celle du général Youdénitch qui défait les Turcs sur le front du Caucase et arrive jusqu’à l’Euphrate. Grâce à ce redressement de l’armée russe, les alliés envisagent la suite du conflit avec plus d’optimisme. Winston Churchill, ministre des Munitions à l’époque, relève que « peu d’épisodes

La Première Guerre mondiale sur affiches russes d’époque

SOCIÉTÉ Le conflit de 14-18 réhabilité dans la mémoire collective

Le centenaire du début de celle qu’on nomme “la Grande Guerre” fait l’objet en Russie d’un projet sur le thème “Histoire cachée : Affiches de la Première Guerre mondiale”, qui circule dans 48 grandes villes du pays, de Kaliningrad à YuzhnoSakhalinsk. Il est constitué d’une exposition d'affiches de propagande russe de 1914-1916, issues de la collection du Musée d'État d'histoire contemporaine de Russie.

D’une « grande » guerre à une autre : pour la victoire de la justice historique MUSÉE D’ÉTAT CENTRAL D’HISTOIRE CONTEMPORAINE DE RUSSIE

Le terme « grande » est appliqué en Russie et en Occident à deux guerres différentes : pour les Russes, il ne s’agit pas de 1914-1918 mais de la Grande Guerre patriotique de 1941-1945. ALEXANDRE VERCHININE POUR RBTH

La Première Guerre mondiale fut oubliée en Russie dès qu’elle prit fin, et pour longtemps. L’idéologie soviétique l’avait qualifiée de conflit impérialiste dans lequel des groupes de la bourgeoisie se seraient affrontés pour conquérir des marchés en utilisant les ouvriers et les paysans ainsi trahis. En très peu de temps, tous les souvenirs de la guerre furent détruits. Le cimetière fraternel

Dans le discours idéologique soviétique, la Première Guerre mondiale n’avait pas d’utilité, donc pas de place

de Moscou, où étaient enterrés les soldats russes morts au front, fut rasé. On n’évoquait la Première Guerre mondiale que parce qu’elle avait été le catalyseur des événements révolutionnaires qui avaient amené les Bolcheviks au pouvoir. Les colossales pertes humaines subies par la Russie et les succès de l’armée russe tombèrent alors dans l’oubli. Et, une fois que l’Union soviétique triompha de l’Allemagne d’Hitler, la guerre impérialiste perdue fut complètement effacée de la mémoire. Dans le discours idéologique soviétique, la Première Guerre mondiale n’avait pas d’utilité, donc pas de place. Elle était perçue très différemment en Occident. La guerre de 1914-1918 fut pour


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DOSSIER

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TÉMOIGNAGES Le conflit a touché aussi le monde de la culture

La Grande guerre vécue par les artistes russes Un tableau de Kouzma PetrovVodkine, Sur la Ligne de front.

NATALIA MIKHAYLENKO

1916 ? », s’interroge à son tour M. Pavel Andolenko.

La révolution entraîne la destruction de l’armée impériale

CORBIS/ALL OVER PRESS

L’empereur Nicolas II passe ses troupes en revue.

de la Grande Guerre sont plus surprenants que la restauration, le ravitaillement et l’effort gigantesque de la Russie en 1916 ». Au début de l’année 1917, tous les observateurs et acteurs du conflit (Allemands et alliés) sont d’accord : « la Russie impériale a déjà gagné la guerre ! », estime le général Andolenko aujourd’hui cité par son fils Pavel. « L’armée russe n’était pas défaite, au contraire », dit M. Pavel Andolenko à RBTH. « Il arrive qu’on qualifie les pertes humaines subies par la Russie en 1915 d’inutiles. C’est pourtant grâce à cette multitude de sacrifices que la Russie n’a pas capitulé ou signé une paix séparée. Que se serait-il passé si la Russie avait été acculée, les alliés occidentaux auraient-ils pu reconstituer leurs forces et développer leur production d’armements pour aborder

3 FAITS SUR LA GUERRE

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Depuis janvier 1917, les Autrichiens négocient avec les Français, les Anglais et les Italiens. Mais le Tsar n’est pas au courant. S’il l’avait été, il n’aurait probablement pas abdiqué en mars. Cette abdication aux raisons encore mal élucidées, selon Andolenko, a marqué le début de la fin : les soldats qui avaient combattu pour la Patrie, Dieu et le Tsar « ne savaient plus où se tourner ». Le Gouvernement provisoire, tout en proclamant sa volonté de poursuivre la guerre, donne des ordres incohérents qui disloquent l’armée de l’intérieur. Pour Andolenko, « la révolution n’est pas une conséquence fortuite du marasme existant, ni d’une prétendue défaite militaire ; la révolution serait plutôt la cause première de la destruction de l’armée ». Français et Russes ont supporté les deux tiers de l’ensemble des pertes en vies humaines. « Les armées française et russe ont payé le plus lourd tribut à la victoire et il faut garder en mémoire que ces deux armées ont lutté en étroite collaboration tout au long de la guerre, chacune s’efforçant toujours de soulager l’autre quand celleci supportait l’effort principal de l’ennemi », conclut après son père Pavel Andolenko. À la fin de la guerre, malgré la paix de Brest-Litovsk et les « emprunts russes », le maréchal Foch déclarait : « Si la France n’a pas été effacée de la carte de l’Europe, c’est avant tout à la Russie que nous le devons ». L’histoire se rééditera 27 ans plus tard : les États-Unis n’interviendront dans le conflit que six mois après la reddition de Von Paulus aux Russes à Stalingrad.

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La Première Guerre mondiale a entraîné la disparition de quatre empires : allemand, austrohongrois, ottoman et russe.

Cinquantecinq millions de personnes, militaires et civils, ont été blessées ou mutilées dans ce conflit de plus de quatre ans.

ULLSTEIN BILD/VOSTOCK-PHOTO

Carte postale française (1915) : la TripleEntente (France, Royaume-Uni, Russie).

l’Europe une épreuve grave et douloureuse : des millions de victimes, des villes entières détruites. En Russie, où le conflit fut suivi d’une terrible guerre civile, elle fut rapidement oubliée. Les Européens, en revanche, durent parcourir un long chemin pour exorciser ce traumatisme culturel profond. Les tentatives visant à glorifier la guerre, à en faire une source de nationalisme, se soldèrent par la catastrophe encore plus grande que fut la Seconde Guerre mondiale. Un tel enchaînement provoqua en Europe la consternation de la génération suivante. Les petits-enfants des poilus

RIA NOVOSTI

O. FEDIANINA, M. BESSMERTNAÏA, N. SOLDATOV KOMMERSANT

L’année 1914 en Europe est celle d’un renouveau patriotique général, qui voit pour la première fois la scission d’une classe cosmopolite et cultivée se considérant jusqu’alors comme européenne et unie. À l’origine de cette fracture, ceux qui se feront appeler plus tard les « maîtres de la culture ». La rhétorique patriotique apparaît à l’époque dans les journaux intimes et la correspondance des écrivains et artistes les plus respectés du pays, dans des représentations diverses empreintes de sincérité. La vie de nombreux représentants de la culture russe – écrivains, poètes ou compositeurs – a été affectée par la guerre. Certains d’entre eux ont partagé leurs expériences dans des lettres adressées à leurs proches ; d’autres les ont exprimées sous forme de nouvelles, de romans ou de tableaux.

BORIS PASTERNAK POÊTE ÂGÉ DE 24 ANS EN 1914

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La Russie est sortie de la guerre le 3 mars 1918, en signant le traité de BrestLitiovsk avec les Allemands et les Autrichiens.

voyaient la Première Guerre mondiale d’un tout autre œil. Pour eux, citoyens d’une Europe engagée dans l’unification, ce fut une tragédie commune dont la mémoire devait être préservée pour prévenir sa réédition. Dans l’Europe unifiée, le nationalisme n’a pas sa place. L’expérience de la guerre est comprise et assimilée, elle est considérée comme une tragédie dont la leçon est retenue. La plupart des Russes ont du mal à comprendre les tenants et aboutissants de la Première Guerre mondiale. Pourquoi la Russie s’est-elle jetée dans un conflit dont l’issue ne pouvait qu’être dévastatrice ? Comment ne pas voir le spectre d’une révolution en devenir ? Et surtout, pourquoi perdre une guerre quasiment gagnée à la suite de l’effondrement du système politique ? Autant de questions clés de l’histoire du pays en quête de réponses, dont la recherche attise l’intérêt des Russes pour la guerre de 1914-1918. Les tirages de livres consacrés à cette « Grande » guerre-là vont croissant, des musées se créent, la mémoire familiale de ces événements lointains renaît. En août, Moscou se dotera d’un monument à la mémoire des soldats russes de la Première Guerre mondiale (voir page 8). Cent ans après, la justice historique a triomphé.

ALEXANDRE KOUPRINE ÉCRIVAIN ÂGÉ DE 44 ANS EN 1914

Juste avant la guerre, on remet à Boris Pasternak un livret militaire blanc [document attestant un service dans des unités de base arrière, ndlr]. À l’automne 1914, il souhaite s’inscrire comme volontaire, mais renonce. Il n’écrira pas non plus de vers patriotiques. En 1916, Pasternak qualifie la vie pendant la guerre de sombre et inutile. Pour lui, le monde est dans l’attente d’une ère nouvelle. On relève dans une lettre à ses parents datée du 20 juillet 1914 le passage suivant : « Non mais, dites-moi, papa, quels salauds ! La duplicité avec laquelle ils ont mené la diplomatie par le bout du nez, le discours de Wilhelm, leur comportement vis-à-vis de la France ! Le Luxembourg et la Belgique ! ». À l’automne 1914, Kouprine s’enrôle comme volontaire dans le régiment de réserve et est envoyé en Finlande pour entraîner les soldats. En janvier 1915, malade, il est démobilisé. Dans sa maison à Gatchina, il crée une infirmerie pour les blessés au combat. Il écrit en 1914 dans un article intitulé Sur la Guerre : « Qu’ont fait de mal la Russie et les Russes à l’Allemagne ? Pourquoi cette haine contre nous règne-t-elle sur le Rhin ? Serait-ce parce que la Russie les a nourris de son pain, parce que ces centaines de milliers d’Allemands ont reçu le plus chaleureux des accueils ? ».

« L’ennemi des humains ». Roerich a créé cette affiche en 1914, dans laquelle il condamne la destruction barbare de monuments culturels à Louvain, Chantilly et Reims.

SERVICE DE PRESSE

IGOR STRAVINSKI COMPOSITEUR ÂGÉ DE 32 ANS EN 1914

KOUZMA PETROV-VODKINE PEINTRE ÂGÉ DE 36 ANS EN 1914

Depuis le début des années 1910, Stravinski partage sa vie entre Saint-Pétersbourg et Paris, où sont joués L’Oiseau de feu, Pétrouchka et Le Sacre du printemps. Début 1914, il dit « tomber par chance » avec sa famille en Suisse qu’il ne quittera pas pour rentrer en Russie, pour cause de guerre. Le 20 septembre 1914 il a écrit au peintre Lev Bakst : « Ma haine pour les Allemands ne grandit pas de jour en jour, mais d’heure en heure, et je brûle de plus en plus de jalousie lorsque je vois que nos amis, Ravel, Delage et Schmitt, sont tous au combat. Tous ! » Kouzma Petrov-Vodkine est enthousiaste au début de la Première guerre mondiale. Il croit que l’Allemagne sera vite vaincue et que « la vie [deviendra] claire » (dans son journal intime le 6 septembre 1914). Mais comme l’affirmait le peintre Alexandre Benois, dès l’été 1916, appelé comme réserviste dans le régiment Izmaïlovski, Petrov-Vodkine ne peut « cacher l’horreur d’être envoyé au front ». Cette même année, il peint son tableau Sur la Ligne de front où un jeune officier menant ses soldats à l’assaut de l’ennemi trouve la mort.

DÉCOUVREZ NOS DIAPORAMAS DES AFFICHES DE L’ÈRE SOVIÉTIQUE CONTRE LES HABITUDES NÉFASTES FR.RBTH.COM/29453

LES ADIEUX DES ÉLÈVES DE BESLAN À LEUR ÉCOLE FR.RBTH.COM/29481


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OPINIONS

QUEL ESPACE POST-SOVIÉTIQUE ? L FIODOR LOUKIANOV POLITOLOGUE

e territoire de l’ex-URSS est entré dans une nouvelle phase d’autodétermination. La signature du traité instituant une Union économique eurasiatique, les événements en Ukraine, la prochaine conclusion de l’accord d’association avec la Moldavie, la Géorgie et l’Ukraine, les troubles en Abkhazie… Autant de carrés de mosaïque qui forment le paysage politique actuel. L’espace post-soviétique a traversé plusieurs étapes après la chute du Mur. D’abord, l’impulsion insufflée par l’effondrement de l’URSS, qui a mis à l’épreuve la stabilité des « nouveaux États indépendants ». Une partie d’entre eux ont retrouvé leurs frontières historiques, malgré de violents conflits (Tadjikistan, Caucase du Nord), et une autre partie ont de facto perdu des territoires, tout en conservant leur unité (Azerbaïdjan, Géorgie, Moldavie). L’Occident, trop occupé à absorber l’Europe centrale et orientale, ne s’est pas jeté dans le jeu chaotique post-soviétique. Les États-Unis et l’Europe n’ont pas entravé les actions de la Russie visant à établir la stabilité le long de ses frontières, mais ils ont fait en sorte que l’influence russe ne tourne pas à l’hégémonie. Vers la fin des années 1990, le principal concept de la politique étrangère des anciennes républiques soviétiques était multivectoriel, consistant en un louvoiement entre la Russie et ses concurrents. D’autant qu’en Europe, des décisions stratégiques capitales ont été prises à ce moment précis (élargissement de l’OTAN et de l’Union européenne, approfondissement de l’intégration, neutralisation et éviction des régimes hétérodoxes comme la Serbie). La Russie traversait alors une crise poussant une nouvelle fois le pays au bord de l’effondrement. Mais même dans cet état, Moscou est en possession d’un riche ensemble de leviers qui lui permettent d’éviter que ses partenaires ne se tournent vers d’autres pays leaders.

Président du Conseil pour la politique étrangère et la politique de défense

L KONSTANTINE EGGERT POLITOLOGUE L’auteur est spécialiste des relations internationales

Après tout, celle-ci constitue pour beaucoup le prolongement et la conclusion de la Première, une tentative de la part des Allemands vaincus de prendre leur revanche. Dans notre pays, on ne sait pratiquement rien de cette première guerre qualifiée d’« impérialiste » par Lénine. À ce propos, regardez les sondages élevés de ce fossoyeur de la Russie historique. De toute évidence, les Russes ne comprennent toujours pas : les Bolcheviks ont débuté leur ascension vers le pouvoir de manière ignoble, par une collusion avec l’état-major allemand. C’est donc d’une trahison directe, entre autres choses, qu’est née la terreur communiste du XXème siècle que nous ne sommes pas parvenus à surmonter jusqu’à présent. C’est l’histoire de cette guerre que les Russes doivent découvrir par euxmêmes et réécrire. Mais quelques leçons me semblent pour ma part évidentes dès aujourd’hui. Premièrement, l’intérêt national n’est pas similaire, et bien souvent en contra-

diction avec les intérêts ou le « prestige » de la classe dominante. Deuxièmement, faire preuve de mansuétude envers le vaincu est le meilleur moyen de pérenniser la victoire. C’est ce que n’avaient pas compris les artisans du Traité de Versailles ayant mis un terme à la Première Guerre mondiale. Mais c’est ce qu’ont réalisé les alliés occidentaux après la Seconde Guerre mondiale, lorsque qu’ils se sont abstenus d’humilier l’Allemagne et le Japon. Aujourd’hui, l’une et l’autre sont des démocraties exemplaires incapables d’imaginer l’idée même d’agression. Au final, la troisième et peut-être la plus importante des conclusions : les soldats des guerres perdues sont aussi dignes d’honneur que les vainqueurs. Si, en 2014, le premier monument dédié à la mémoire des morts de cette guerre voit véritablement le jour, nous nous réapproprierons un nouveau fragment de la mémoire collective, sans laquelle il n’y a en vérité pas de nation. Article publié dans KOMMERSANT

ALEXEY IORSH

Dans les années 2000, cette position est maintenue, même si les tentatives d’auto-détermination s’accentuent. L’orientation pro-russe du Belarus est un exemple particulièrement parlant. Et bien qu’elle soit en conflit récurrent avec l’Occident, son président Alexandre Loukachenko est parvenu à obtenir différentes faveurs de la part de Moscou. À l’opposé, on trouve la Géorgie qui, sous Mikhaïl Saakachvili, a pris une direction sans équivoque. L’Ukraine est un cas à part : à l’issue de la « Révolution orange », elle opère une tentative de rapprochement euro-atlantique qui échoue pour des raisons internes, malgré le soutien occidental. L’Azerbaïdjan, enfin, est un modèle de transition vers les ÉtatsUnis sans déclaration officielle, avec des projets énergétiques constituant une alternative à leurs analogues russes.

«

L’équilibre des puissances a changé. La Russie a retrouvé une partie de ses capacités. L’Occident semble en avoir perdu”

ROUVRIR EN RUSSIE LA PAGE DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE ’année 2014 marque celle d’un anniversaire dont peu de gens se souviennent en Russie. Je partage l’opinion d’une partie des historiens pour qui le XXème siècle a débuté le 1er août 1914, avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale. La Grande Guerre, comme l’appellent les pays vainqueurs appartenant à « l’Entente cordiale » (Grande-Bretagne, France et États-Unis), a infligé une blessure mortelle à la vieille Europe aristocratique. Elle a remis en question toutes les valeurs, y compris religieuses, auparavant considérées comme immuables. Fait intéressant, dans les années 19131914, tout le monde s’attendait à un

La guerre russo-géorgienne de la fin des années 2000 indique que Moscou est prêt à employer la force pour empêcher ses rivaux de pénétrer dans la zone de ses intérêts vitaux. Mais même après ce coup de force, la question d’un choix d’orientation exclusif ne s’est pas posée. L’attitude de Moscou est plutôt considérée comme un appel à ne pas détruire un statu quo plus ou moins multivectoriel, à le consolider, pour éviter toute réaction trop brusque. Mais l’équilibre des puissances a changé. La Russie a retrouvé une partie de ses capacités. L’Occident, en revanche, semble en avoir perdu. Le conflit ukrainien de 2013 marque l’étape suivante. Éclatant à la suite d’un accord d’association avec l’Union européenne, il oblige Kiev à faire un choix. L’UE et la Russie ont émis des propositions qui se sont avérées incompatibles

dans le paradigme habituel de Kiev. Mais revenir en arrière ne sert à rien. La lutte des forces internationales est désormais une affaire de principe. Et pas uniquement pour Kiev. La majorité des pays devront choisir. Seuls les pays qui possèdent suffisamment de ressources peuvent garder une certaine distance. L’Azerbaïdjan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan se tiennent en dehors de toute alliance. Autre possibilité, celle de la « neutralité », avec l’accord de plusieurs forces internationales sur « l’exploitation conjointe » de tel ou tel pays. Mais elle reste pour l’instant purement hypothétique. Le temps où les acteurs internationaux s’efforçaient scrupuleusement de ne pas apparaître comme des adversaires, donnant l’apparence d’un « pluralisme géopolitique », s’achève. Il est évident que n’importe quel choix sous-entend un ensemble de gains et de pertes. Chaque pays devra donc faire le calcul d’un juste équilibre. Pour exemple, l’impératif sécuritaire qui a poussé l’Arménie à faire un choix en faveur de l’Union économique eurasiatique. Moscou ne pourra pas retenir la Géorgie. Tbilissi, conscient qu’il n’y a aucune chance de récupérer l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, n’a plus rien à perdre. La situation moldave est plus complexe. Le problème n’est pas tant celui de la Transnistrie que de la région autonome de Gagaouzie, qui a exprimé sa volonté d’autodétermination. La phase liée à un vecteur déterminé n’est sans doute pas la dernière. Le monde et l’Eurasie se développent et à la suite de nouvelles collisions, il n’est pas exclu que les tendances globales d’intégration prennent le dessus. Ce qui, d’un point de vue rationnel, serait préférable. Mais pour paraphraser le leader du prolétariat mondial, avant de s’unir, il faut savoir où sont ses limites. Article publié dans ROSSIYSKAYA GAZETA

conflit mondial. Mais les protagonistes y ont tous pris part pour des raisons qui, du point de vue actuel, apparaissent futiles, comme la défense des « frères serbes » par l’Empire russe, ou le « prestige national » en AutricheHongrie. Durant ce mois d’août funeste, tout le monde était convaincu que le conflit serait terminé avant Noël. Il a duré quatre ans. Il aura manqué un an et demi à la Russie pour figurer parmi les vainqueurs. Si les choses avaient pris une autre tournure, sans la Révolution de 1917, qui sait si la Russie n’aurait pas été en mesure d’assouplir les conditions du Traité de paix de Versailles pour l’Allemagne et d’empêcher ainsi la Seconde Guerre mondiale ?

«

Sans la Révolution de 1917, la Russie aurait peut-être pu assouplir le Traité de Versailles pour l’Allemagne”

D’autres points de vue sur l’actualité dans la rubrique Opinions sur FR.RBTH.COM/OPINIONS LA RUSSIE AUX NOUV FACE EAUX DIRIGEAN TS UKRAINIEN S

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Mercredi 18 juin 2014

CULTURE

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ANIMATION Le réalisateur russe réfugié en France a porté à sa façon, différente de Disney, le monde animal à l’écran

« Le lion et le moucheron » (1932), d’après une fable de La Fontaine, l’un des six courts métrages présentés sur le DVD « Les Fables de Starewitch ». À droite, Stanislas Starevitch et sa double caméra, vers 1925.

Fontenay va recréer l’univers magique de Ladislas Starewitch Mal connu du grand public, Ladislas Starewitch fut l’un des précurseurs du cinéma d’animation. Sous l’impulsion de sa petite-fille, son œuvre va être exhumée à Fontenay-sous-Bois. AVA SOSKINE ET ETIENNE BOUCHE POUR RBTH

Au cinéma Kosmos de Fontenay-sousBois, ville de la proche banlieue parisienne, Léona Martin-Starewitch présente avec émotion des films qu’elle connaît les yeux fermés. Entre fierté et déférence, elle commente le travail méticuleux de son grand-père, ponctuant ses propos d’anecdotes familiales. Voilà vingt ans qu’elle reconstitue une œuvre dispersée et tombée dans l’oubli : acquisition de pellicules, restauration, édition de DVD. Cette année vient récompenser sa détermination puisqu’en septembre, la ville de Fontenay consacrera une exposition au réalisateur. La Halle Roublot reconstituera l’univers de l’artiste, son studio de montage avec marionnettes, sa collection de papillons et de coléoptères.

À l’affiche L’exposition consacrée à Ladislas Starewitch sera présentée du 8 au 21 septembre prochain à la Halle Roublot de Fontenay-sousBois (94).

Né à Moscou de parents polonais en 1882, Ladislas Starewitch grandit à Kovno, en Lituanie. Touche-à-tout, il s’intéresse au dessin, à la peinture et à l’entomologie. C’est son intérêt pour les insectes qui le mène au cinéma : photographe pour le musée ethnographique de Kovno, il veut montrer à ses élèves un combat de lucanus cervus. Il tente de les filmer, mais ces coléoptères à larges mandibules se figent à la lumière. Il utilise alors des insectes naturalisés qu’il met en mouvement, image par image. Son premier geste cinématographique est né. S’il tourne également des films avec acteurs en Russie, c’est le cinéma d’animation qui apporte à Starewitch la notoriété. Il est embauché par Alexandre Khanjonkov, influent producteur de Moscou qui assure la promotion de ses films. En 1911, La Cigale et la fourmi lui vaut d’être décoré par le Tsar lui-même et est diffusé à plus de 140 exemplaires. Mais à la révolution, Starewitch quitte Moscou pourYalta, puis fait le choix de l’émigration lorsque l’industrie cinématogra-

phique est nationalisée par les Bolcheviks. Commentant de vieux clichés, la descendante du réalisateur raconte la vie de Starewitch comme celle d’un personnage de roman. Avec femme et enfant, il fait escale à Constantinople avant de rejoindre l’Italie. Un voyage de deux ans qui le conduit à Joinville-le-Pont, haut lieu du septième art et foyer de Russes émigrés. En 1924, Starewitch acquiert une propriété à Fontenay-sous-Bois et y installe son studio de tournage. Travaillant un temps pour des productions françaises, il revient rapidement aux méthodes artisanales du cinéma d’animation. « Mon grand-père créait tout lui-même. Quand il avait besoin d’un instrument, il l’inventait ; quand il avait besoin d’un effet spécial, il le faisait ; quand il avait besoin d’une marionnette, il la faisait ! Seules ses filles Irène et Nina l’aidaient parfois », raconte Léona. Fasciné par les mouvements du corps animal, il cherche des modèles vivants. Son personnage Fétiche, héros d’une série de films, est une reproduction de son propre

En ligne Cinq grands films d’animation soviétiques fr.rbth.com/28061

chien. Mi-peluches, mi-bêtes sauvages, les marionnettes de Starewitch n’ont pas grand-chose à voir avec l’anthropomorphisme mignon des héros de Disney. Le critique de cinéma Hervé Aubron loue une esthétique singulière qu’il rapproche de la taxidermie. « Starewitch anime de l’inerte, projette de l’humain sur des êtres étranges ». À l’aube des années trente, il tourne en collaboration avec sa fille aînée Irène son premier long-métrage sonore, Le Roman de Renard, considéré comme le premier du cinéma d’animation. C’est tout un casting animal qui prend vie : les personnages, habillés de daim, de velours et de cuir, respirent, cillent et pleurent. Son chef d’œuvre. « Starewitch a été sollicité pour aller à Hollywood, mais il a refusé. Il aimait trop son indépendance », souligne Léona. Mais le succès n’est plus le même à l’aprèsguerre : on juge son cinéma naïf et passé de mode. Il réalise pourtant des films jusqu’à sa mort, en 1965. Son œuvre semble aujourd’hui redécouverte : elle suscite l’intérêt de cinéastes contemporains comme Terry Gilliam qui en fait l’une de ses références. Il y a du Starewitch chez Tim Burton, mais aussi chez Wes Anderson dont le Fantastic Mr. Fox apparaît comme un hommage au rusé Renard. Passionnée par l’héritage de son grand-père, Léona Starewitch a restauré l’ensemble des films tournés en France. Ils seront présentés à l’« exposition virtuelle » qui accompagnera la manifestation organisée à la Halle Roublot.

EXPOSITION Connue pour son éclectisme, la galerie Vallois accueillera jusqu’au 26 juillet les œuvres inédites et subversives de l’artiste

Kosolapov : quand le Sots art rencontre le Pop art L’un des grands maîtres de l’art contemporain russe et père du Sots art, Alexander Kosolapov signe son grand retour à Paris, après un premier passage en 2007 puis un autre en 2010. CHLOÉ VALETTE POUR RBTH

L’art est-il intrinsèquement politique ? Pour Alexander Kosolapov, c’est d’abord le reflet de la société. « L’art actif est lié aux problèmes de notre société. En ce sens, mes oeuvres ont quelque chose de politique, confie l’artiste à RBTH. Mais dans mon travail, ce que je recherche, ce n’est pas tant la critique que l’analyse d’un nouveau modèle idéologique : une nouvelle iconographie, de nouvelles perspectives », précise-t-il. Quoi qu’il en soit, les œuvres d’Alexander Kosolapov sont d’une actualité brûlante. Elles examinent le présent,

Définition Alexander Kosolapov est l’un des fondateurs du Sots art, qu’il définit comme « un courant portant à réflexion sur la société environnante, mais [qui], à la différence du Pop art, porte sur l’idéologie, principal produit fabriqué par l’Union soviétique ».

DÉCO

UVRE

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sondent le futur, analysent les processus sociétaux. Chacune d’entre elles rappelle un événement en cours, une tendance sociale, une évolution du monde contemporain. Au contact de la société américaine où il vit aujourd’hui, Alexander Kosolapov s’empare aussi du Pop art et, le mêlant adroitement au Sots art, il se plaît à détourner les codes du consumérisme américain. Ses projets artistiques Mini et Mickey, l’Ouvrier et la Kolkhozienne, M&Matisse ou Molotov Cocktail décortiquent avec une douce ironie les symboles de la consommation de masse comme de l’idéologie soviétique. Pourfendeur de la société consumériste américaine, Alexander Kosolapov l’est aussi de la Russie contemporaine et de ses dérives. Ses travaux autour de la représentation religieuse relèvent de la satire à l’égard du pays. La plus emblé-

matique, Icon Caviar, présente un oklad hasard des réflexions d’un artiste qui authentique du XVIIème siècle de la conceptualise la société. Pour lui, « inVierge de Kazan, dont l’icône sur bois vesti d’un rôle particulier, l’art dispose a été remplacée par une imitation de d’une liberté singulière, sans censure, caviar noir. C’est le principe même du qui lui permet de soulever des problèmes symbolisme consumériste : produit de que les autres sphères de la vie quotiluxe par excellence, le dienne ne peuvent pas exprimer ». caviar ne saurait s’asDans l’air du temps, c’est une exposisimiler à un produit tion 3D qu’il nous propose en réunisde masse. sant divers supports (peintures, phoDernière œuvre en date tographies, sculptures, objets), particulièrement crimatières (toiles, bronze, métal) et tique envers l’ Église de techniques (sérigraphie, collage, Russie, Mercedes modelage). « L’artiste est ROC (pour Russian à la fois dans l’espace réel Orthodox Church) et sur la Toile, dans l’esdénonce les privilèges et les pace muséal et dans la rue… goûts de luxe du clergé Il s’empare des différents suprusse. ports de diffusion, traditionHaute en relief, l’exnels et nouveaux formats, position parisienne à des fins dialectiques », invite à cheminer au Mickey Unbeliever (Mickey le mécréant, ndlr). revendique Kosolapov.

SAINTPÉTERSBOURG : DIX EXCURSIONS À COUPER LE SOUFFLE fr.rbth.com/29411

Z

DIX SITES DE VILLÉGIATURE POUR PASSER DES VACANCES DE RÊVE SUR LES CÔTES RUSSES fr.rbth.com/29391

DERBENT, LA PLUS ANCIENNE ET LA PLUS MÉRIDIONALE DES VILLES DE RUSSIE fr.rbth.com/29011


Mercredi 18 juin 2014

8

Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Figaro

MAGAZINE

PORTRAIT Andreï Kovaltchouk a sculpté un monument dédié aux combattants russes de la guerre 14-18

À L’AFFICHE

« Graver dans le bronze ma perception de l’univers »

LA MUSIQUE RUSSE HONORÉE AU FESTIVAL INTERNATIONAL DE COLMAR DU 3 AU 14 JUILLET ITAR-TASS

En prévision de l’inauguration du monument à la mémoire des héros russes de la Première Guerre mondiale, RBTH a rencontré son créateur, le sculpteur russe Andreï Kovaltchouk. FLORA MOUSSA POUR RBTH

Le précédent de Tchernobyl Andreï Kovaltchouk s’est engagé dans la sculpture à l’âge de 12 ans sous l’influence de son père, le célèbre architecte de l’époque Nikolaï Kovaltchouk. « Depuis mon enfance, j’étais plongé dans l’univers des arts. J’étais donc souvent présent dans des ateliers, mais cette passion pour l’art sculpté s’est formée progressivement ; j’étais quand-même un enfant ordinaire qui aimait jouer au ballon avec ses amis ». Mais ce n’est qu’en 1988 qu’Andreï Kovaltchouk, alors âgé d’un peu moins de 30 ans, remporte son premier concours pour un projet de monument aux victimes de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Le même sujet lui apporte la gloire et marque le début de sa carrière de sculpteur monumentaliste. Ce succès a sans aucun doute été le résultat du bouleversement émotionnel que l’artiste a subi à la suite de cette tragédie nucléaire du siècle. « Je considère que ce fut l’œuvre principale non seulement de l’époque, mais de toute ma carrière. C’était l’ère soviétique, et les sujets de la crucifixion et de l’abnégation étaient quasi-absents dans l’art monumental. Mais, la particularité de cette œuvre réside dans les bras tendus de l’homme qui se force dans son dernier élan à protéger le monde contre une catastrophe imminente. Ce thème est tellement tragique qu’il ne pouvait être exprimé avec moins d’émotions ». Âgé aujourd’hui de 54 ans, Andreï Kovaltchouk est l’auteur de toute une série de monuments dédiés aux grandes personnalités ayant marqué l’histoire russe, dont le grand poète national Alexandre Pouchkine à Astana (Kazakhstan) ou Pierre Ier à Astrakhan. Mais on trouvera aussi parmi ses compositions des thèmes abstraits, dont les « Jeunes mariés », statue inspirée par le couple princier, Rainier III et Grace de Monaco. Des œuvres de ce sculpteur ornent en outre des villes européennes, notamment Munich, Turku et Paris. Le choix des sujets de ses œuvres, il l’explique par son « intérêt pour l’histoire et par [sa] propre perception de tel ou tel événement. Au fur et à mesure de l’histoire, les émotions passent au second plan. De loin, tu peux avoir une vision plus large de la situation, percevoir un événement ou ses acteurs avec plus de confiance », élabore-t-il, tout en soulignant que ceci ne veut pas dire que les autres sujets, notamment les portraits des contemporains, le nu artistique féminin ou l’art animalier ne l’intéressent pas. « Je n’ai pas le temps pour tout aborder, surtout maintenant que j’exerce un rôle social en tant que président de l’Union des peintres ». Le travail sur ses œuvres lui inspire un sentiment d’exaltation : « En sculptant, tu plonges dans un état qui t’emporte loin de la réalité, te laissant pénétrer dans un autre monde ». Kovaltchouk explique qu’en créant, il cherche avant tout à « retransmettre sa perception de l’univers, à faire découvrir sa vision du

SUIVEZ

À Colmar, trois salles d’exception, le Koïfhus, la chapelle Saint-Pierre, et l’église Saint-Mathieu, sont consacrées aux concerts de musique classique. La Russie est de nouveau à l’honneur de la 26 ème édition du Festival international de la ville, puisque celui-ci rendra hommage au célèbre musicien et chef d’orchestre Evgueny Svetlanov (1928–2002), qui a dirigé l’Orchestre symphonique d’État d’URSS pendant plus de 35 saisons. À cette occasion, de nombreux solistes de renommée internationale sont invités, ainsi que des ensembles, des chœurs et orchestres dirigés par Tugan Sokhiev et Vladimir Spivakov. Le festival restera fidèle à sa tradition, puisqu’une fois encore, de jeunes talents se produiront, profitant ainsi d’un solide tremplin et d’une expérience exceptionnelle. › www.festival-colmar.com

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Biographie Andreï Kovaltchouk est né le 7 septembre 1959 à Moscou. Diplômé en 1981 de l’Académie d’État d’Art et d’Industrie Stroganov de Moscou, il prend part à différents concours, remportant le premier d’entre eux en 1988. Honoré par toute une série de distinctions, dont un Prix d’État de Russie, il préside depuis 2009 l’Union des peintres.

monde ». La « création d’une image » occupe une place centrale dans ce processus, la forme ne vient qu’après pour aider à véhiculer l’idée. « La forme non basée sur un concept tombe très vite en désuétude. C’est l’idée autour de laquelle est organisée la forme qui donne de la valeur à l’œuvre ».

Des héros de Normandie-Niemen à Pierre Cardin La France figure en bonne place dans la carrière de l’artiste : en 2007 il sculpte un mémorial consacré aux légendaires pilotes de l’escadron Normandie-Niemen à Moscou. Quatre ans plus tard, en 2011, il crée une statue à l’effigie du grand maître de la mode Pierre Cardin. Aujourd’hui, cette sculpture se dresse sur les Champs-Élysées, à Paris. Le sculpteur avoue que cette empreinte française ne doit rien au hasard : « La France a été le premier pays étranger que j’ai visité. En 1991, j’ai passé deux mois à la Cité internationale des arts de Paris. Ce séjour m’a laissé une très forte impression : j’ai visité les musées parisiens, j’ai admiré les monuments », raconte Andreï Kovaltchouk. C’est avant tout le génie de la sculpture Auguste Rodin et les œuvres des impressionnistes français dans leur ensemble qui ont laissé une marque sur le style de Kovaltchouk. « Lorsque tu visionnes ces œuvres en abondance, elles pénètrent à l’intérieur de toi et ensuite tu génères inconsciemment ce que tu y as puisé », explique-t-il. La page française dans le livre de sa carrière n’est pas tournée. En décembre prochain, il prévoit d’inaugurer une sculpture de l’écrivain russe Ivan Bounine dans la ville de Grasse.

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La Première Guerre mondiale et la levée des tabous En 2013, Andreï Kovaltchouk a eu l’honneur de devenir le créateur du premier monument de Moscou dédié à la mémoire des soldats tombés lors de la Première Guerre mondiale. L’inauguration est prévue le 1er août prochain. La composition qu’il a conçue comprendra trois éléments : une colonne surmontée d’une statue de soldat russe du début du XXème siècle, Chevalier d’un ordre impérial de Russie, pour un ensemble d’environ 11,5 m de haut. Le deuxième élément sera une composition sculptée avec des scènes de combat en hautrelief organisées autour d’un drapeau tricolore russe en bronze. La dernière pièce sera un énorme banc de granit portant l’inscription : « Aux héros de la Première Guerre mondiale ». L’histoire a voulu que l’exploit de l’armée impériale russe reste quasi inaperçue de nos contemporains et pourtant, rappelle Andreï Kovaltchouk, la Russie aurait pu figurer parmi les vainqueurs au même titre que la France ou la Grande-Bretagne. Mais la révolution de 1917 l’a retirée du conflit avant la victoire. Le monument est un hommage au soldat ordinaire qui a dignement fait son devoir et défendu sa partie. « Ce soldat russe a honnêtement suivi son parcours et il mérite que sa mémoire soit honorée », explique le sculpteur qui se réjouit qu’à notre époque, il nous ait été permis d’éliminer la couche qui a recouvert pendant des décennies une partie de la réalité historique de la Russie, ouvrant aux artistes une infinité d’horizons encore inexplorés.

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Andreï Kovaltchouk dans son atelier (à gauche). Le monument dédié aux victimes de la catastrophe de Tchernobyl (en haut à droite). Le projet du monument aux héros russes de la Première Guerre mondiale qui sera inauguré au mois d’août au Mont Poklonnaïa, à Moscou (photo du bas).

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LE TRIO CONCORDIA MET PIERRE CRÉMONT AU PROGRAMME DE SA TOURNÉE RUSSE DU 14 AU 19 SEPTEMBRE MOSCOU, IAROSLAVL, RYBINSK, SAINT-PÉTERSBOURG SERVICE DE PRESSE

Le trio à cordes français Concordia va se produire dans quatre villes russes. Concordia est un ensemble du musique classique fondé en 2009 dont les membres, Emmanuel Resche et Patrizio Germone, violonistes, ainsi que Claire Lamquet, violoncelliste, revisitent la musique des XVIIème, XVIIIème et XIXème siècles. Cette tournée russe est consacrée aux œuvres du violoniste Pierre Crémont (1784-1846), qui a fait une bonne partie de sa carrière en Russie. En première mondiale, le trio Concordia fera découvrir au public russe le concerto pour violon et orchestre “Rondeau russe dans le genre ukrainien”, que Pierre Crémont avait composé et interprété lui-même. À Moscou, Il sera joué pour la première fois depuis l’ère du musicien, sur des instruments d’époque. ›

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