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Mercredi 17 septembre 2014

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Visions de la Russie Distribué avec

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C E C A H I E R D E H U I T PA G E S E S T É D I T É E T P U B L I É PA R R O S S I Y S K AYA G A Z E TA ( R U S S I E ) , Q U I A S S U M E L ’ E N T I È R E R E S P O N S A B I L I T É D E S O N C O N T E N U

MOSCOU FACE AU DÉFI DJIHADISTE La Russie, directement concernée par la menace terroriste, juge nécessaire une coalition internationale qui passe par une coopération avec le régime syrien.

Sanctions et contre-sanctions : jusqu’où ira l’escalade ?

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LA RUSSIE MISE SUR LA CHINE Le refroidissement dans les relations avec l’Europe n’a fait qu’accélérer le rapprochement entre Moscou et Pékin. La future coopération se conçoit au-delà de simples échanges économiques pour s’étendre à la sphère politique. PAGE 6

ERIK BULATOV : « NOTRE CULTURE EST EUROPÉENNE »

Installé à Paris depuis vingtdeux ans, le peintre avantgardiste russe s’exprime sur un héritage et des échanges artistiques croisés. PAGE 7

LA GASTRONOMIE FRANÇAISE EN RUSSIE APPELÉE À SE DÉMOCRATISER Le restaurateur moscovite Éric Le Provos minimise l’embargo et veut rendre la cuisine française abordable. PAGE 8

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Les tensions entre la Russie et l’Occident apparues à la faveur de la crise ukrainienne se sont encore accrues au cours de l’été. Les sanctions économiques sont désormais réciproques. L’embargo russe sur les produits agroalimentaires risque de frapper

durement le marché européen et inquiète les producteurs. De part et d’autre, de nombreux chefs d’entreprise se plaignent d’être otages de la politique. Les pertes essuyées ou à venir ne sont pas encore évaluées qu’il faut déjà s’inquiéter d’un risque

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d’escalade : durcissement des sanctions d’un côté, des mesures de rétorsion de l’autre. Le monde des affaires s’accommode mal du caractère imprévisible de la situation. L’exemple des Mistral illustre à quel point le vent peut vite tourner : au lendemain du

conflit avec la Géorgie (août 2008), alors qu’on parlait déjà de nouvelle guerre froide, Paris et Moscou nageaient à contre-courant en négociant la vente de plusieurs de ces navires... LISEZ NOTRE DOSSIER EN PAGES 4-5 et 8

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Mercredi 17 septembre 2014

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Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Figaro

INTERNATIONAL

PROCHE-ORIENT Les islamistes radicaux lancent un défi à la Russie au même titre qu’à l’Occident

REVUE DE PRESSE

Moscou appelle à l’union dans la lutte contre les djihadistes

TRÊVE EN UKRAINE : LE SCEPTICISME RÈGNE

L’État islamique (EI) a mis en ligne un message vidéo dans lequel il menace de lancer une guerre contre la Russie en Tchétchénie et dans l’ensemble du Caucase du Nord.

La presse russe évalue avec prudence la situation en Ukraine suite à la réunion, le 5 septembre à Minsk, du “groupe de contact” pour le règlement de la crise sanglante qui secoue le pays.

NIKOLAÏ SOURKOV RBTH

Le message des islamistes a entraîné une réaction immédiate : le numéro un tchétchène Ramzan Kadyrov a rétorqué qu’il était prêt à « tordre le cou à tout ennemi qui apparaîtrait dans les parages ». Les observateurs russes se sont mis à parler d’une « menace mortelle » émanant de l’EI, alors que les autorités du pays ont invité la communauté internationale à s’unir dans la lutte contre ce groupuscule terroriste. Le 2 septembre dernier, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a exhorté la communauté internationale à « faire bloc devant la menace du terrorisme international et de la combattre de manière coordonnée, sans politique de deux poids deux mesures ». Il a jugé sans avenir la position de l’Occident qui aide à lutter contre les combattants de l’EI en Irak, mais qui les tolère en Syrie tant qu’ils font la guerre contre le régime de Bachar el-Assad. « Il nous faut tous nous unir de manière ferme dans la lutte contre le terrorisme sous tous ses aspects, ne pas légitimer les terroristes, ne pas faire de distinction entre ‘les bons’ et les ‘méchants’ », a déclaré le responsable de la politique extérieure russe.

En Syrie, une collaboration avec le régime qu’un expert juge nécessaire La menace que représente l’EI doit faire passer au second plan tous les autres différends, considère Gueorgui Mirski de l’Institut d’économie mondiale et de relations internationales RAN. « Dans toutes leurs déclarations, ils parlent de restaurer le pouvoir de l’islam de l’Espagne à Boukhara [Ouzbékistan, ndlr]. Si les djihadistes de l’EI mettent la main sur le pétrole kurde, ils auront assez de ressources pour une expansion encore plus grande. Ils s’empareront de la Jordanie, et ensuite de l’Arabie saoudite. Nous devrons ainsi faire face à un vrai califat ». L’analyste rappelle que les extrémistes visent les territoires musulmans de la Russie, et en premier lieu le Caucase du Nord et la région de laVolga.

NI GUERRE, NI PAIX PAVEL APTEKAR

VEDOMOSTI / 08.09

REUTERS

L’État islamique contrôle des pans entiers de territoires en Syrie et en Irak.

M. Mirski estime que l’EI ne peut être détruit que par voie militaire : les mesures politiques et économiques ne suffiront pas. Il juge cependant que les conditions ne sont pour le moment pas réunies pour mener une opération de grande envergure contre les djihadistes. « Premièrement, la communauté occidentale en a marre des guerres, c’est pourquoi on ne peut pas parler d’envoi de gros contingents terrestres en Irak. Deuxièmement, le retour des Américains dans ce pays apporterait à l’EI de nouveaux volontaires aspirant à combattre les Américains, les juifs et les chiites. Le soutien aux Kurdes est donc justifié à ce stade. Mais cela ne suffit pas étant donné les bases de l’EI en Syrie. Il faut se mettre d’accord pour collaborer avec Bachar el-Assad », explique M. Mirski.

Moscou opte pour des mesures concrètes Le sénateur Mikhaïl Marguelov, président de la commission du Conseil de la Fédération chargée des affaires internationales, a indiqué dans un entretien avec RBTH que la Russie était prête à prendre part à la lutte contre les islamistes radicaux au Proche-Orient. En

« La Russie est prête à prendre part à la lutte contre les islamistes radicaux au ProcheOrient »

ce qui concerne les mesures concrètes proposées par la Russie, le sénateur a souligné que « négocier avec les terroristes et condamner verbalement leurs actes ne servait à rien (...) La Russie aide l’Irak concrètement, qui plus est à la demande de Bagdad, et fournit des armes modernes à l’armée irakienne, dont des avions d’assaut Su-25. En outre, la Russie a accepté de grandes réductions de prix sur ses armes, ce qui a aussi favorisé la livraison de matériel américain en Irak », a expliqué M. Marguelov. Répondant à une question sur la possibilité de mettre en place une « coalition anti-djihadiste », le sénateur a précisé qu’il n’existait pas encore de consensus clair autour des pays pouvant adhérer à une telle alliance. « On a beaucoup parlé de ce sujet, surtout après le 11 septembre 2001. À l’époque, la Russie et les États-Unis étaient prêts à s’unir contre toute menace terroriste. Moscou est toujours prête à une telle union des efforts. Il devrait normalement exister un front antiterroriste unique, mais pour le moment il n’y a que des terroristes : ‘les nôtres’ en Syrie et ‘les autres’ en Irak ; on n’en viendra pas à bout de cette manière ».

Le protocole sur le cessez-le-feu dans le sud-est de l’Ukraine signé à Minsk peut être qualifié de chef d’œuvre diplomatique. Le document final satisfait toutes les parties impliquées dans le conflit, car ses dispositions n’obligent personne à quoi que ce soit. Cela permet aux parties de manifester leur aspiration à la paix simultanément avec leur détermination à poursuivre la guerre jusqu’à la victoire définitive. Somme toute, le protocole de Minsk n’a pas produit les conditions d’un règlement durable de la crise ukrainienne. Or, le cessez-lefeu actuel, quelque fragile qu’il soit, est sans aucun doute préférable à une guerre d’envergure lourde de nouvelles victimes.

UNE TRÊVE FRAGILE POUR LE SUD-EST DE L’UKRAINE PIOTR LIKHOMANOV

ROSSIYSKAYA GAZETA / 08.09 Les insurgés du Donbass ne se font pas d’illusions : la trêve décrétée le 5 septembre y est perçue comme une pause pour reprendre son souffle, et ils ne croient pas à une paix durable. Sur le terrain, les travaux sont en cours pour rétablir l’approvisionnement en eau et en électricité des zones touchées par les combats. Dans le même temps, les insurgés constatent un renforcement du contingent ukrainien aux environs de Gorlovka et font état de la poursuite du pilonnage de Donetsk.

SONDAGE La popularité du président russe est étroitement liée à sa politique étrangère

LE DONBASS PLONGÉ DANS L’INCERTITUDE

Le poids sur la scène internationale d’abord

TATIANA LVENKO

Le retour en fanfare de la Russie dans l’arène mondiale est perçu comme le principal succès de Vladimir Poutine. Mais la défense des droits des citoyens ressort comme son point faible.

Le bond de la cote de Vladimir Poutine

GALIA IBRAGIMOVA RBTH

Trente pour cent des Russes estiment que la consolidation des positions de leur pays sur la scène internationale est le principal acquis du président Vladimir Poutine, révèle une étude récente du Centre analytique russe Levada. Les décisions sur la Crimée et les actions engagées par la Russie vis-à-vis de la situation en Ukraine sont les principaux facteurs ayant contribué à accroître la popularité du président aux yeux des Russes. « La puissance de la politique étrangère de Vladimir Poutine ne peut pas ne pas plaire aux Russes. Dans les années 1990, le pays manquait de leader fort et charismatique, capable de contrebalancer la

NATALIA MIKHAYLENKO

communauté internationale. Le président actuel ne craint pas de s’exprimer sur les problèmes internationaux les plus sensibles et de proposer des solutions. C’est là le succès de sa popularité », estime le directeur du Centre de conjoncture politique Sergueï Mikheev.

L’optimisation de l’efficacité militaire et la réforme des forces armées recueillent 28% d’opinions favorables. Mais le chef de l’État est crédité de résultats peu concluants en matière de défense de la démocratie et des libertés politiques (moins de 1%), d’amélioration des relations interethniques (moins de 1%), de lutte contre la criminalité (1%) et d’élimination de la menace terroriste (2%). Bien que 12% des répondants citent le développement économique du pays parmi les principaux succès de M. Poutine, le politologue russe Andreï Piontkovski note que « la croissance des indicateurs économiques reste incertaine. Aujourd’hui, les experts, y compris au sein du gouvernement russe, parlent d’une détérioration de la croissance qui se répercute sur la vie quotidienne ». Enfin, 16% des sondés ne voient aucun succès à attribuer à la politique du président, qui est au pouvoir depuis 15 ans, et 15% se déclarent sans opinion.

En ligne La version intégrale de cet article est sur notre site fr.rbth.com/30735

NEZAVISSIMAÏA GAZETA / 08.09 Le cessez-le-feu n’a pas réglé le problème fondamental du conflit. Le « statut spécial » octroyé aux « républiques populaires » de Donetsk et de Lougansk à l’issue de la réunion de Minsk ne satisfait pas les revendications des dirigeants indépendantistes. Les accords de Minsk ne vont pas audelà des projets de décentralisation du pouvoir annoncés par Kiev auparavant. Il est donc probable que ces régions bénéficieront d’une autonomie économique, budgétaire et humanitaire, mais ne seront pas habilitées à mener une politique étrangère indépendante. Certains experts ukrainiens estiment que le protocole de Minsk a pour objectif de maintenir l’incertitude dans le Donbass, sur le modèle de la Transnistrie.

Extraits sélectionnés par DMITRI SMIRNOV

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ÉCONOMIE

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SCIENCES & TECH Les avancées du projet ITER

L’avenir énergétique planétaire en discussion La conférence de l’AIEA sur l’énergie thermo-nucléaire réunira du 13 au 18 octobre prochain à Saint-Pétersbourg près de 1 000 délégués de plus de 50 pays. MARK COOPER POUR RBTH

Les perspectives de développement des recherches dans le domaine de la fusion atomique ainsi que les possibilités technologiques et d’investissement nécessaires à la mise en œuvre de cette source d’énergie : tel est le thème du sommet de Saint-Pétersbourg. Le projet ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor ou en français « réacteur thermonucléaire expérimental international ») regroupant 35 pays, dont ceux de l’Union européenne et la Russie, sera au centre des débats. Il a pour objectif la réalisation d’un réacteur thermonucléaire expérimental dans la ville française de Cadarache, et l’établissement de ses capacités d’usage commercial. Dans le cadre de la conférence, l’entreprise publique Rosatom détaillera la participation du camp russe au projet. Malgré la situation tendue sur la scène internationale, la réalisation se poursuit activement. Anatoli Krassilnikov, docteur ès sciences et directeur du bureau russe d’ITER, attribue cette progression à l’intérêt capital de l’entreprise pour l’ensemble de la planète. « Ce projet est tellement significatif pour toute l’humanité que les désaccords du

moment perdent du coup de leur importance », a indiqué M. Krassilnikov dans un entretien avec RBTH, ajoutant que « les pays impliqués dans le projet produisent 80% du Produit intérieur brut mondial et abritent près de la moitié de la population de la Terre ».

Un apport russe hautement apprécié D’après Anatoli Krassilnikov, le camp russe participe très activement à ITER et cet apport est apprécié. « Lors de la dernière réunion du Conseil d’ITER, organe collégial à la tête du projet, les graphiques des travaux de sept pays membres ont été présentés, et la Russie a été désignée leader du projet ». Les propos du physicien russe sont confirmés au sein d’ITER. Michel Claessen, porte-parole, a ainsi expliqué à RBTH que suite à une récente visite d’un groupe de travail à l’Institut Efremov (Saint-Pétersbourg), où sont menées les études sur le projet, les examinateurs en sont repartis « avec une impression très positive ». M. Claessen a également souligné qu’à la différence de « certains autres partenaires », la Russie n’avait jamais été en retard sur les délais de réalisation du projet. Elle a pris sur elle la responsabilité de produire 20 systèmes destinés au réacteur international. L’usine mécanique Tchepetski fournit plus particulièrement une grande partie des matériaux supraconducteurs. Les spécialistes nucléaires russes sont également

AFP/EASTNEWS

Le chantier du réacteur de fusion nucléaire ITER à Cadarache, en France.

chargés de mettre en œuvre la première enceinte du réacteur thermonucléaire à partir de béryllium, un des éléments les plus importants. L’institut de recherches en hautes technologies sur les matériaux non organiques Andreï Botchvar (VNIINM selon l’abbréviation russe) en élaborera 40%. Les entreprises russes devront en outre mettre en place neuf systèmes de diagnostic du réacteur. ITER constituant un gigantesque projet international dans lequel collaborent les entreprises de plusieurs pays, on note évidemment des retards d’exécution, souligne Michel Claessen. Mais les travaux vont bon train. Évoquant les incertitudes liées au projet, il précise que le seul facteur significatif à cet égard reste l’aspect financier.

L’historique d’ITER Au milieu du XXème siècle, des physiciens de pointe, travaillant au niveau mondial à la recherche de nouvelles énergies, se sont tournés vers la source de vie sur Terre : le Soleil, dans les tréfonds duquel, sous des températures de près de 20 millions de degrés, se déroulent des réactions de fusion des éléments légers dégageant une énergie colossale. Ce sont les spécialistes russes

Il l’a dit

«

Ce projet est tellement significatif pour l’humanité que les désaccords du moment perdent du coup de leur importance »

ANATOLI KRASSILNIKOV DIRECTEUR DU BUREAU RUSSE D’ITER

qui ont le mieux réussi à reproduire ces réactions de fusion nucléaire sur Terre. Les connaissances et l’expérience cumulées en Russie dans le domaine de l’énergie de fusion ont également été à la base du projet ITER. L’idée est née en Russie. En 1985, le scientifique soviétique EvguéniVelikhov a proposé aux chercheurs d’Europe, des États-Unis et du Japon de créer ensemble un réacteur thermonucléaire fondé sur le dispositif Tokamak mis en place par les scientifiques de l’URSS. Et dès 1986, un accord a été signé à Genève sur la conception des installations qui recevront plus tard le nom d’ITER. En 2011, le projet a enfin « franchi le Rubicon » et sa construction effective a pu commencer. Le réacteur thermonucléaire est présenté comme nettement plus sûr que le réacteur atomique en matière de radiation. La quantité d’agents radioactifs qu’il contient est comparativement fiable. L’énergie pouvant s’échapper à la suite d’un accident serait peu élevée et ne pourrait entraîner la fusion du réacteur, estiment les spécialistes qui notent en outre que plusieurs dispositifs faisant obstacle à la propagation des éléments radioactifs ont été conçus et intégrés au chantier du réacteur.

ÉNERGIE Les experts prédisent un apaisement dans la coopération énergétique entre la Russie et l’Union européenne

Peu de craintes sur la fourniture de gaz La Russie a fermé le robinet du gaz à l’Ukraine depuis le mois de juin. Mais l’Europe ne devrait pas avoir de graves perturbations à redouter cet hiver. BENJAMIN HUTTER POUR RBTH

Les conflits gaziers russo-ukrainiens se sont succédé en 2006, 2008 et 2009, entraînant à chaque fois des perturbations dans les livraisons vers l’Union européenne. La crise ukrainienne, couplée avec l’arrêt complet des livraisons de gaz à l’Ukraine depuis juin 2014 pour nonremboursement de sa dette gazière, donne des raisons de s’inquiéter.

L’Est et le Sud plus exposés La réalité est moins sombre, du moins pour l’Europe occidentale. « Les pays d’Europe de l’Ouest et du Nord ne risquent pas de manquer de gaz car ils sont fournis par le gazoduc Nord Stream », nouvel itinéraire de transit, qui relie la Russie à l’Allemagne par la mer Baltique entré en service en 2012, estime Alexeï Skopine, directeur de l’Institut international du développement à Moscou. Depuis son lancement, 50% des livraisons de gaz russe en Europe empruntent ce trajet en contournant le territoire ukrainien. Toutefois, sa capacité totale – cinq millards (mds) de mètres cube – ne lui permettra pas de garantir à l’Europe une sécurité totale dans la mesure où certains États d’Europe de l’Est et du Sud sont encore très dépendants des 86,1 mds de mètres cube transitant par l’Ukraine. Au sein de l’Union europénne, des pays comme la Bulgarie et la Slovaquie sont les plus exposés à la pénurie. Selon Mikhaïl Kortchemkine, président de la société de conseil East European Gas Analysis, les consommateurs bulgares et slovaques « devront régler leurs

thermostats à 10-13 °C dès le début de la saison de chauffage ».

Vraie ou fausse menace ? Toutefois, il faut bien distinguer les livraisons de gaz en Ukraine et le transit gazier par ce pays. D’un côté, Kiev a en effet contracté une dette envers le géant russe Gazprom, qui s’élève aujourd’hui à 4,07 mds d’euros selon la compagnie. Le PDG de Gazprom Alexeï Miller a déclaré que si l’Ukraine voulait de nouveau être livrée en gaz, après l’interruption des livraisons en juin 2014, elle devrait d’abord régler sa dette. Cependant, une coupure pour l’Ukraine ne signifie pas que le gaz qui transite par ce pays est lui aussi bloqué. L’Ukraine continue donc pour l’instant de fournir l’Europe. Malgré tout, lors du dernier Conseil des ministres à Kiev, le chef du gouvernement Arseni Iatseniouk a annoncé que « selon ses informations », la Russie s’apprêtait à couper le transit de gaz vers l’Europe via l’Ukraine. « On ne manque pas d’être perplexe face à certaines allégations de responsables politiques ukrainiens selon lesquelles la Russie envisage de couper le gaz à l’UE. Nous les considérons comme une tentative – totalement dépourvue de fondement – d’induire en erreur ou de désinformer les consommateurs européens de gaz russe », a réfuté le ministre russe de l’Énergie, Alexandre Novak, lors d’une conférence de presse, ajoutant que la Russie ferait tout son possible pour s’acquitter de ses obligations contractuelles envers les importateurs européens.

L’interdépendance réduit les risques de conflit Toutes ces solutions, il est vrai, reposent sur le même modèle : des livraisons gazières russes à l’Europe. La Russie ne pourrait-elle donc pas, malgré tout, cou-

cher que le gaz russe aux Européens », estime Vladimir Salamatov. Et d’ajouter : « Même si l’Europe se résignait à produire elle-même du gaz de schiste – et cette décision n’est pas pour demain – il lui faudrait vingt ans pour compenser la moitié des livraisons russes ». Aujourd’hui, environ 30% des approvisionnements gaziers européens viennent de Russie. « L’UE et la Russie sont donc vouées à la coopération dans le secteur gazier », conclut Alexeï Skopine.

Du gaz russe pour l’Europe

Une solution à long terme

NATALIA MIKHAYLENKO

per le gaz au Vieux continent en cas de situation géopolitique extrême ? C’est peu probable. « Gazprom réalise 40% de son chiffre d’affaires total [ndlr : 54 mds de dollars en 2013] grâce à l’Europe », rappelle l’expert russe Vladimir Salamatov. Et même si la Russie a signé un contrat de livraison à la Chine pour 38 mds de mètres cube par an sur trente ans, le chiffre reste symbolique face aux 161,5 mds de mètres cube livrés à l’Europe chaque année. Côté européen, les alternatives ne sont pas encore prêtes. La possibilité d’un approvisionnement en gaz de schiste provenant des États-Unis est à l’étude mais « cette solution coûtera deux fois plus

En ligne Gazprom, entre l’Ukraine et les sanctions fr.rbth.com/30417

Pour écarter définitivement le spectre des coupures de gaz russe en Europe, un deuxième projet de gazoduc a été lancé en 2012 : South Stream, qui passera sous la mer Noire puis en Bulgarie, en Hongrie, en Slovénie et en Italie. Mais dans le contexte d’instabilité gouvernementale constante en Bulgarie et sous la pression de Bruxelles qui menace le pays de sanctions financières, les autorités bulgares ont annoncé en août qu’elles interrompaient les travaux jusqu’à nouvel ordre. Quels risques court aujourd’hui le groupe français EDF, actionnaire à 15% du projet aux côté de Gazprom et de l’italien Eni ? « L’escalade des tensions pourrait entraîner l’arrêt complet de la construction du projet South Stream, y compris sa partie sous-marine », juge en effet Mikhaïl Kortchemkine. Alexeï Skopine estime même que la construction du gazoduc « n’est pas justifiée au regard des risques géopolitiques que cela représente ». Du côté de Gazprom, pourtant, on ne tire pas encore la sonnette d’alarme. Le président russe Vladimir Poutine a en effet évoqué un autre tracé pour le South Stream en cas de problème : le gaz russe transiterait par la Turquie et la Grèce avant d’arriver en Italie et en Autriche.


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DOSSIER

GUERRE DES SANCTIONS L’OCCIDENT ET LA RUSSIE SE SONT ENGAGÉS DANS UN CERCLE VICIEUX AU COÛT SANS CESSE CROISSANT POUR LES ÉCONOMIES DES DEUX BORDS. LE PARTENARIAT FRANCO-RUSSE EST-IL REMIS EN QUESTION ?

LES ENTREPRISES EN OTAGES Les sanctions coïncident avec un ralentissement général de la croissance économique en Russie comme dans l’Union européenne. Les milieux d’affaires s’inquiètent. LOUIS BONAVENTURE POUR RBTH

Du jour au lendemain, le porc, le bœuf, le poisson, les produits laitiers et les fruits et légumes provenant de l’Union européenne, de la Norvège, des ÉtatsUnis, du Canada, et de l’Australie se sont retrouvés dans l’impossibilité de franchir la frontière russe pour une année. Ces contre-sanctions, comme on les appelle à Moscou, ont été décidées au plus haut sommet de l’État, officiellement pour protéger l’économie russe des sanctions occidentales qui la touchaient depuis plusieurs mois. Sauf que pour l’instant, sanctions et mesures de rétorsion n’ont pas encore eu d’effet tangible sur le différend qui oppose l’Ukraine et ses alliés occidentaux à la Russie. Au contraire, elles suscitent les plus vives inquiétudes auprès des différentes communautés d’affaires, et en particulier de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe (CCIFR).

Un embargo lourd de conséquences économiques et sociales Pour son président, Emmanuel Quidet, le régime de sanctions et les mesures de rétorsion qu’il a entraînées auront des effets désastreux pour l’UE, non seulement sur la croissance économique mais aussi au plan social. Selon certaines estimations, l’embargo russe pourrait mettre 500 000 personnes au chômage, rien qu’en France et en Allemagne. Mais pour l’instant, il est difficile d’obtenir des chiffres précis susceptibles de confirmer cet ordre de grandeur. « Nous ne disposons pas encore de statistiques sur les conséquences de l’embargo visant les produits agricoles français, il est encore trop tôt », explique Pavel Chinsky, le directeur général de la CCIFR. Il est cependant essentiel à ses yeux d’établir une distinction entre les entreprises qui produisent en Russie et les autres pour pouvoir appréhender les conséquences de l’embargo décrété par Moscou.

Des sanctions clivantes « Une entreprise comme Danone, dont l’essentiel de la production se fait en Russie avec des produits locaux et qui ne recourt à l’importation que pour quelques composants spécifiques sera moins touchée que Bongrain qui, elle, exporte des fromages français en Russie et se retrouve de facto exclue du marché », souligne Pavel Chinsky. Heureusement, les exportations agricoles françaises à destination de la Russie restent modestes au regard du volume total d’exportations françaises. Elles constituent moins de 10% des 18 milliards d’euros d’échanges réalisés en 2013. Et malgré le contexte géopolitique difficile de ces derniers mois, la Russie reste un partenaire commercial de premier plan pour la France. Ni plus, ni moins que son premier marché d’exportation hors UE. Raison pour laquelle

GAIA RUSSO(2)

Frédéric Mondoloni, chargé d’affaires de l’ambassade de France à Moscou, souligne à juste titre qu’il est indispensable que « les acteurs économiques russes et français maintiennent un dialogue ».

pétrolifère dont il est l’opérateur, de même que 17% du premier opérateur gazier russe indépendant, Novatek. GDF-Suez détient 9% de Nord Stream, ce gazoduc qui achemine l’or bleu de Russie en Allemagne en passant sous la Baltique pour contourner l’Ukraine.

Des projets prometteurs

La Russie, partenaire commercial de premier plan pour la France et son premier marché d’exportation hors UE

Les projets et les montants qui sont en jeu vont en effet bien au-delà du seul secteur agricole, comme le montre le niveau d’investissement direct de la France en Russie. Au 1er janvier 2013, avec 13,1 milliards d’euros, la France était le neuvième investisseur étranger en Russie dans des secteurs d’activité pour le moins diversifiés. Depuis 2001, Safran a par exemple investi près d’un milliard d’euros dans différents projets industriels aéronautiques. C’est la Snecma, l’une de ses filiales, au sein d’une co-entreprise avec la société russe Saturn qui conçoit et produit les moteurs qui équipent le nouvel avion de ligne russe, le SSJ100. Auchan est devenu le numéro deux de la grande distribution en Russie. Certes, une partie de l’assortiment de ses magasins est touchée par les sanctions, mais au fil de son développement en Russie, le groupe français a pris soin de faire appel, le plus souvent possible, aux producteurs locaux. Dans l’énergie, la plupart des grands groupes français sont également très actifs. Total détient, entre autres, 40% du projet de développement du champ

Des difficultés réelles

En ligne Inflation dans l’assiette fr.rbth.com/30595

Même si le marché russe regorge de possibilités pour qui se donne les moyens de tenter l’aventure, les difficultés n’en demeurent pas moins réelles. L’économie russe est entrée dans une phase de ralentissement à la fin de l’année dernière et les sanctions occidentales n’ont fait que l’accentuer. Avec des immatriculations en recul de 9,9%, le marché automobile illustre bien cette problématique et l’exemple de Renault-Nissan, actionnaire majoritaire d’AvtoVAZ – le fabriquant de Lada et premier constructeur russe – est révélateur. La branche russe de l’alliance franconipponne vient d’annoncer qu’elle allait supprimer 25 000 postes d’ici à 2020 sur les 55 000 actuels. Pourtant leader avec 15,6% de parts de marché, RenaultNissan a vu ses immatriculations baisser de 16%, presque deux fois plus que le marché. La faute à la baisse du rouble qui renchérit ses véhicules. Même s’ils sont fabriqués en Russie, certains de leurs composants demeurent toutefois importés. Mais cela ne remet pas en cause pour

autant la présence de Renault-Nissan sur le marché russe fort de 145 millions d’habitants qui est appelé à devenir, statistiquement, le plus grand d’Europe, devant l’Allemagne. « C’est maintenant qu’il ne faut pas prendre de mauvaises décisions. Il faut investir justement quand le marché est en déconfiture », déclarait récemment à la presse Bruno Ancelin, directeur de Renault pour la Russie, en rappelant que la décision d’investir dans le pays au cœur de la crise de 2009 s’était révélée judicieuse puisque le marché russe avait été l’un des plus rentables du groupe au cours des années suivantes. Mais contrairement à 2009, la conjoncture ne dépend pas uniquement de l’évolution des cycles économiques. Elle est essentiellement tributaire des incertitudes liées à la durée des sanctions – 3 mois pour l’Occident ; 12 mois pour la Russie, mais peut-être moins – et leur éventuel élargissement à d’autres secteurs économiques. Dans ces conditions, les entreprises sont obligées de naviguer à vue en ayant le sentiment d’être prises en otage. « Le marché russe est un relais de croissance qui n’a pas d’équivalent dans le monde compte tenu des besoins de modernisation très importants de son infrastructure industrielle et il serait dommage d’en priver les entreprises françaises qui sont aux prises avec un environnement difficile sur leurs marchés traditionnels », conclut Pavel Chinsky.


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DOSSIER SONDAGE Les Russes approuvent massivement le patriotisme alimentaire

GETTY IMAGES/FOTOBANK

L’embargo ne semble pas trop difficile à digérer VIKTORIA SERGUEEVA KOMMERSANT

Défendre les intérêts nationaux Ce « patriotisme alimentaire » s’exprime principalement dans les petites localités (88%) mais aussi les villes de plus de 500 000 habitants (86%, sauf à Moscou et Saint-Pétersbourg). Seuls 9% des sondés considèrent que l’embargo alimentaire ne peut que nuire au pays. Interrogés par le quotidien Kommersant, les experts expliquent cet optimisme des citoyens russes par la « mobilisation patriotique » constatée au cours de ces derniers mois. Cependant, les résidents de Moscou et de Saint-Pétersbourg se montrent un peu plus réservés à l’égard de la riposte aux sanctions : tandis que 72% des Moscovites et Pétersbourgeois soutiennent l’embargo alimentaire décidé par le gouvernement, 17% d’entre eux se prononcent contre, citant à l’appui de leur position les modifications du rayonnage usuel dans les commerces, ainsi que le risque d’une éventuelle hausse des prix, selon les résultats détaillés de l’enquête. « Les amateurs de charcuterie et les partisans de l’authenticité du parmesan continuent de protester sur les réseaux sociaux, mais ils sont minoritaires », dit le directeur général du VTsIOM Valeri Fedorov, soulignant que les Russes ont conclu il y a déjà vingt ans que les « produits nationaux étaient meilleurs que ceux importés », et que c’est pour cette raison que l’initiative du gouvernement a été approuvée par la plupart des citoyens.

Quelques inquiétudes sur la qualité des produits En effet, la plupart des Russes redoutent que l’embargo alimentaire n’entraîne un bond des prix : 63% des personnes interrogées sont convaincues que les produits deviendront désormais plus chers, et 46% craignent que les marchandises interdites en Russie

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METS “ALTERNATIFS“

La guerre des sanctions entre la Russie et l’Occident n’est pas sans faire de "victimes". Les fins gourmets russes ont été privés de nombreuses spécialités culinaires. Cette année du moins, ils devront se passer de fromage, de homard et d’huîtres en provenance de France. Toutefois, certains produits européens tombés sous le coup de l’embargo ont l’heur (ou le malheur...) de pouvoir être remplacés. RBTH se fait un devoir d’établir une liste de mêts pour lesquels il existe un offre de substitution, venant de destinations "exotiques".

Une enquête d’opinion révèle que les Russes approuvent à une très large majorité l’embargo imposé par le Kremlin sur les importations de produits agro-alimentaires européens.

La guerre des sanctions a renforcé la cohésion nationale. Une large majorité de Russes se prononce en faveur de l’interdiction des importations de produits agricoles en provenance des pays ayant imposé des mesures économiques contre Moscou sur fond de crise ukrainienne. D’après une enquête effectuée le mois dernier par le Centre russe d’étude de l’opinion publique (VTsIOM), 84% des sondés manifestent leur appui à cette réaction de la Russie vis-à-vis de ses partenaires internationaux, 80% affirmant que cette mesure de rétorsion sera en général bénéfique pour l’agriculture et l’économie du pays.

Foie gras La Chine fait désormais partie des cinq plus grands fabricants de foie gras, ce produit raffiné connu depuis l’Empire romain. La marque française Rougié y a d’ailleurs elle-même lancé sa campagne de production. Encore mieux : le foie gras se produit aussi en

FOTOIMEDIA

Les Russes voient le bon côté des choses : l’embargo devrait permettre de stimuler l’agriculture russe, qui a trop longtemps végété, victime de la concurrence.

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Bachkirie et près de Riazan (185 km au sud-est de Moscou), même si sa qualité reste, de loin, inférieure à son original français. Il est vrai aussi que le volume de production reste très modeste. De toute façon, les Français l’avouent eux-mêmes, le foie gras reste un produit de luxe. ALAMY/LEGION-MEDIA

REUTERS

soient importées illégalement, sous des étiquettes affichant des oxymores du genre « huîtres mongoles » ou « thon suisse ». Cela dit, 73% se disent sûrs que l’embargo n’aura pas d’impact sur la qualité des produits, contre 21% craignant une nette dégradation de leur qualité. Le retour de la pénurie quasi-universelle de l’époque soviétique n’est évoqué que par 22% des participants au sondage. Néanmoins, malgré toutes ces préoccupations, les Russes sont plutôt optimistes : 85% des personnes interrogées estiment que l’embargo accélérera le développement de l’agriculture nationale, et 86% qu’il en résultera une augmentation de la part des produits russes sur le marché. En outre, 63% des sondés croient que les mesures adoptées par Moscou aideront ses partenaires asiatiques et latino-américains à renforcer leurs positions en Russie. D’après Leonti Bryzov, de l’Institut de sociologie auprès de l’Académie des sciences de Russie, les Russes sont plutôt guidés par « leurs émotions ». « Ils considèrent que le pays a un bon potentiel et qu’il développera son agriculture », sans réaliser la véritable portée de l’embargo, estime M. Bryzov. Le politologue Evgueni Mintchenko partage son avis. Pour ce dernier, l’optimisme ambiant est une conséquence directe de la mobilisation du sentiment patriotique. « Cette restriction est perçue comme un prix à payer au nom de la souveraineté », a-t-il souligné. « Les Russes pensent ainsi : certes, nous voilà contraints de renoncer à certains produits alimentaires, mais tout va bien dans le pays ». L’enquête du VTsIOM a été menée les 16 et 17 août auprès de 1 600 personnes majeures dans 42 régions russes. La marge d’erreur statistique ne dépasse pas 3,4%.

Ils l’ont dit

«

L’embargo pourrait stimuler la croissance du marché agricole russe : de 4 à 8% en 2015 » ANTON FOMINE ANALYSTE À LA SOCIÉTÉ D’INVESTISSEMENT INSTAFOREX

Fromages Les grands amateurs de fromage seront sans doute les plus touchés par cette "perte de guerre". En Russie, il n’existe pas de production de fromages français, et les fromages affinés faits maison par les fermiers russes ne peuvent satisfaire la demande que

de quelques restaurants au mieux. Si par bonheur on rencontre encore certains fromages de substitution fabriqués en Russie, comme la Burrata ou la Mozzarella, on n’y trouve pas de formules analogues pour les fromages français, se désolent les chefs de cuisine.

Huîtres Le cas des huîtres est encore plus problématique. Les huîtres russes, récoltées dans la mer Noire ou en Extrême-Orient, ont une qualité largement inférieure à leurs concurrentes européennes. Sans forcément être bon marché. « Nous ne pourrons jamais at-

FOTOIMEDIA

teindre le niveau des huîtres françaises, mais nous pouvons développer notre propre produit, dont le goût sera associé à la Russie », assure le chef cuisinier Vladimir Moukhine. Cette production domestique doit en outre être améliorée, ce qui prendra du temps. GETTY IMAGES/FOTOBANK

«

L’embargo fera grimper de 10% les prix des produits concernés, ajoutant 1,9% au taux d’inflation global »

IVAN TCHAKAROV ÉCONOMISTE À LA BANQUE CITIGROUP

Homards Il n’existe pas à proprement parler d’analogue russe au homard. Les chefs de plusieurs restaurants gastronomiques russes se sont rabattus sur la chair de crabe, insistant sur le caractère de son goût, « plus fort et plus puissant ». Toutefois, cette substitu-

tion a le double défaut non seulement de ne pas combler les gourmets les plus pointilleux, mais aussi de ne pas être vraiment meilleur marché. Que les amateurs se rassurent cependant : les homards marocains raviront les papilles des clients les plus exigeants.

Truffes Près de la ville russe de Pskov (nordest), se dressent des chênes vieux de 150 ans, propices à la reproduction de champignons, garantit Anatoli Kazakov, chef cuisi-

nier du restaurant Selfie. Des truffes sont également importées de Crimée. Cependant, il faut avouer que le goût des truffes locales reste bien inférieur à celui des italiennes et des françaises.

Rédigé avec l’aide de la directrice de la société Brand Communications SANDRA DMITROVITCH


Mercredi 17 septembre 2014

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OPINIONS

L’HEURE DE PASSER À LA TABLE DES NÉGOCIATIONS L FEDOR LOUKIANOV POLITOLOGUE Président du Conseil pour la politique étrangère et la politique de défense

a zone de turbulence politico-militaire que traverse actuellement l’Europe à cause de l’Ukraine semble sans issue. La solution sera diplomatique ou ne sera pas, et demandera des efforts surhumains et des solutions atypiques. Les deux prémisses ne tolèrent aucune transparence : la moindre petite fuite, qu’elle soit voulue ou fortuite, fait entrer le processus dans le domaine public où règne un rejet mutuel total. Et s’il s’agit d’un processus de négociations sérieuses, nous n’en connaîtrons l’issue qu’au dernier moment : l’échec ou, au contraire, un accord quelconque. À quel accord les parties pourraient-elles parvenir ? Le contenu en a semblé clair dès avril dernier, lors de la première tentative de trêve entreprise à Genève, bien avant les effusions de sang massives dans le Donbass, avant les violents combats, les sièges des villes et la destruction du Boeing 777. Aujourd’hui, la situation s’est fortement détériorée, mais le fond du problème reste le même. Plusieurs dossiers figurent sur la table des négociations. Le premier concerne le système politique de l’Ukraine, qui garantirait à l’Est un statut spécial avec la conservation de ses particularités culturelles et historiques. Le deuxième est celui du statut « neutre » de l’Ukraine, à savoir son renoncement à intégrer l’OTAN, que la Russie considère comme une menace fondamentale. Le troisième concerne le vaste éventail de questions liées au gaz : les dettes, le prix, le transit, etc. Le quatrième dossier touche à la relance économique de l’Ukraine après la guerre, ce qui est très improbable en cas de rupture complète des relations avec la Russie. Pris séparément, chacun de ces dossiers est déjà assez lourd. Que dire si les quatre sont réunis dans un même ensemble ?

KONSTANTIN MALER

En réalité, les chances de parvenir à un accord seront plus grandes s’ils font l’objet d’une négociation globale que s’ils sont pris indépendamment. Ce sont là les bases de la diplomatie. Plus il y a de possibilités de traiter diverses questions à la fois, plus l’espace pour les concessions mutuelles s’élargit. Certains dossiers considérés comme secondaires par l’une des parties seront en revanche essentiels pour l’autre. Un échange sur cette base est donc tout à fait possible. Malheureusement, discuter autour de l’arrêt des combats est quasiment inutile. Le conflit ukrainien est une guerre civile qui fait intervenir des forces et des intérêts hors de sa sphère proprement dite. Il relève d’un type d’opposition dans lequel la définition des contours d’un compromis possible et le futur équilibre

«

La solution [à la crise ukrainienne] sera diplomatique ou ne sera pas ; elle exigera des efforts surhumains et des solutions atypiques »

politique doivent être précédés d’une trêve. Les succès militaires des forces en opposition servent d’arguments et d’atouts supplémentaires dans les négociations entre les représentants politiques. Les affrontements armés et les consultations diplomatiques ne peuvent donc que s’effectuer parallèlement. Pourquoi les négociations ont-elles néanmoins repris ? Mi-juillet, sur fond de tempête médiatique consécutive à la destruction de l’avion malaisien, tout semblait pourtant joué : au lieu de négocier, on laisserait les armes désigner un vainqueur. Au revirement, plusieurs raisons. La Russie, qui ne cache pas sa sympathie politique pour les insurgés, a bien conscience de la ligne à ne pas franchir. La question de l’intervention militaire n’a pas lieu d’être, ce qui veut dire que

MOSCOU COURTISE ARDEMMENT PÉKIN

C VASSILI KACHINE ANALYSTE Chercheur au Centre d’Analyse des Stratégies et Technologies

ap à l’Est. Le lancement de la construction du gazoduc « Force de Sibérie », l’offre de Vladimir Poutine ouvrant le gisement de Vankor aux investisseurs chinois, l’empressement de Gazprom à signer dès le mois de novembre un accord sur les exportations de gaz vers la Chine via l’Altaï, tous ces éléments attestent de la nouvelle orientation du commerce extérieur russe vers l’Orient. Le fait que la Russie ait levé les mesures de restrictions politiques préexistantes concernant l’entrée des investisseurs chinois dans la production de pétrole et de gaz est une conséquence directe des tensions politiques récentes avec l’Occident.

Il est important de rappeler qu’une grande partie de ces mesures auraient de toute façon été prises tôt ou tard par la Russie. Pour les exportateurs de ressources, l’Asie représente l’avenir : à elle seule, la Chine est aujourd’hui le plus grand consommateur d’énergie au monde. L’Europe est déjà derrière nous. Cependant, dans un contexte de paix, la réorientation vers l’Est aurait sans doute été plus lente, accompagnée d’un jeu politique complexe impliquant l’Union européenne, les États-Unis et le Japon. Dans le même temps, la Russie aurait souhaité conserver au maximum sa liberté d’action en limitant la présence de capitaux chinois dans le

«

Pour les exportateurs de ressources énergétiques, l’Asie représente l’avenir »

secteur énergétique. La nature et les effets de cette réorientation dépendent aussi de facteurs conjoncturels. L’accélération de la construction de ces gazoducs coûteux vers la Chine, conjuguée à l’accès des Chinois aux actifs stratégiques que représentent les matières premières, constitue un événement qui ne relève déjà plus de l’économie, mais de la sphère politique et stratégique mondiales. La série d’accords énergétiques russo-chinois déjà conclus ou qui le seront cette année signe le début d’une redistribution des cartes, à l’aube de l’affrontement qui s’amorce en vue d’un nouvel ordre mondial. Les parties ne seront pas seulement liées à une in-

la phase armée du conflit doit prendre fin. Mais Moscou n’a pas l’intention « d’abandonner » les Républiques populaires autoproclamées. L’idée serait plutôt d’obliger les participants au processus de paix à reconnaître leurs représentants et donc d’éviter qu’ils concèdent une défaite militaire face aux forces de sécurité ukrainiennes. Kiev, bien sûr, ne peut pas reculer. Le nombre de victimes et l’importance des dégâts l’obligent à rechercher la victoire militaire, ou la société ukrainienne se retrouvera elle-même face à l’épineuse question de savoir à quoi servirait d’avoir payé un tel prix. La guerre va laisser l’économie nationale totalement délabrée alors qu’elle était déjà en piteux état. L’Ukraine ne peut compter que sur l’aide extérieure, dont les sources sont connues comme le loup blanc, mais qui ne montrent pour l’instant pas le bout de leur nez. Personne ne possède la quantité de fonds nécessaire. La principale charge du sauvetage financier de Kiev devra, selon toute évidence, être assumée par l’Union européenne, mais cette dernière manque de liquidités. Et même ceux, parmi les Européens, qui ne voient la Russie que négativement, l’accusant de tous les maux qui touchent l’Ukraine aujourd’hui, reconnaissent que sans une aide économique de Moscou, la question ukrainienne ne sera pas résolue. À l’horizon plane une possible crise gazière. Ce qui semblait impensable il y a encore quelques mois ne semble aujourd’hui plus totalement exclu. Le jeu des sanctions et des contre-sanctions dicte sa propre loi. Et voilà que Kiev se dit prêt à interdire le transit du gaz en Europe et que Moscou, froissée que l’Occident traite un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU comme un pays du tiersmonde que l’on peut faire plier par la contrainte, étudie les possibilités de riposte les plus dures. La crise ukrainienne a déjà détruit ce qui, après la guerre froide, était considéré comme le nouveau système de sécurité européen. Si la diplomatie permet d’enrayer cette crise, le premier pas vers un véritable nouveau système de sécurité européen sera peut-être franchi. Article initialement publié dans ROSSIYSKAYA GAZETA

frastructure de gazoducs coûteuse. Sur fond de dégradation des relations entre la Russie et l’Europe et d’une détérioration des relations sino-américaines, le développement d’une coopération industrielle russo-chinoise est logique. La chaîne d’approvisionnement va elle aussi connaître un bouleversement. Au terme de la crise ukrainienne, il est peu probable que les relations avec l’Europe retrouvent leur niveau précédent. Grâce à sa coopération avec la Chine, la Russie pourra sans doute être en mesure de réduire les coûts économiques d’une nouvelle guerre froide avec l’Occident. Toutefois, à plus long terme, cette perspective pourrait lui coûter son statut d’acteur indépendant sur la scène politique internationale. Article publié le 02 septembre 2014 SLON.RU

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Mercredi 17 septembre 2014

CULTURE

ENTRETIEN AVEC ERIK BULATOV

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CHRONIQUE LITTÉRAIRE

LA NOSTALGIE DES ANCIENS DU KGB

Titre Dressé pour tuer

Auteur Tchinguiz Abdoullaïev KOMMERSANT

Traduit par

« Notre culture est européenne » : un héritage partagé

Robert Giraud SERVICE DE PRESSE(3)

de l’Aube

LE CREDO D’UN PEINTRE AU CROISEMENT DES COURANTS QUI ONT NOURRI LA CRÉATION EUROPÉENNE ET RUSSE Installé en France depuis les années 90, Erik Bulatov, avant-gardiste russe, expose jusqu’au 8 octobre à Moscou les œuvres qui « synthétisent l’ensemble de son parcours artistique ». Que pensez-vous de la nouvelle tendance visant à esthétister l’époque soviétique ? C’était une très mauvaise période qu’il ne faut pas idéaliser. Les gens qui l’idéalisent le font parce qu’ils étaient jeunes et la jeunesse a ses avantages par rapport à la vieillesse. Le système soviétique était inhumain par essence. Il est devenu mieux toléré lorsqu’il a commencé à faiblir : au fur et à mesure qu’il fléchissait, il n’était plus aussi brutal. On pouvait alors vivre plus ou moins, résister et réaliser certaines idées. Mais il ne faut pas en conclure que c’était le bon temps. La Russie et l’Europe, peuvent-elles vivre l’une sans l’autre ? Notre culture est européenne, notre éducation et notre façon de penser sont également européennes. Notre idée nationale, c’est ce qu’il y a de pire. Nous devons affronter le monde avec un visage ouvert, non avec une gueule répugnante de nationaliste. Le nationalisme constitue aujourd’hui le plus grand danger pour la Russie et il est en partie lié à l’esthétisation de la période soviétique. Cependant, je reste persuadé que la conscience de notre appartenance et la voie que nous devons suivre sont liées à l’Europe. Il ne peut en être autrement. Et l’Europe ne peut vivre sans nous. Qu’on le veuille ou non, il faudra se tolérer et s’accepter. Quelle est la place de l’art russe dans l’univers de l’art européen ? L’art européen n’existe pas en tant que tel. Il est français, allemand, anglais. Il

est important que l’art russe entre à son tour dans l’art européen à leurs côtés. C’est tout simplement une nécessité et une fatalité. Nous sommes en grande partie responsables du fait que l’Occident puisse croire que l’art russe est inexistant. Lorsqu’on voit des expositions d’artistes russes, elles sont toujours mal présentées, et au final, les gens pensent qu’il n’y a pas d’art en Russie. L’art russe existe pourtant bel et bien. On croit que l’avant-garde russe du début des années 20 est le seul épisode de l’art russe ; elle est souvent perçue non pas comme étant liée à l’art russe, mais comme le fruit d’une influence française. Oui, nos artistes avant-gardistes ont étudié auprès des Français, mais après quelques années, ils se sont mis à créer des choses que les Français ne créaient pas eux-mêmes. Il y a eu le Carré noir de Malevitch. A-t-on fait quelque chose de semblable en France ? Rien. En étudiant auprès des Français, les artistes russes se sont rapidement mis à créer quelque chose de totalement différent, de particulier, quelque chose de russe. Si le public français a besoin que l’art anoblisse et embellisse sa vie, le public russe a besoin de l’art pour vivre. L’art russe fait du public son co-auteur et l’emmène dans un espace social autre. C’est ce qu’ont fait Malevitch et nos avantgardistes. Ils proposaient au public les instruments avec lesquels ils travaillaient : regardez comme c’est facile ! Voilà un carré, voilà un triangle, et voilà une ligne, tout simplement. Chacun de nous peut le faire. Votre vie sera différente, et vous, vous deviendrez une tout autre personne !

Erik Bulatov est né le 5 septembre 1933 à Sverdlovsk (aujourd’hui Ekaterinbourg). Diplômé en 1958 de l’Académie d’art Sourikov à Moscou, il travaille comme illustrateur pour la maison d’édition Dietguiz. Sacré en 1988 meilleur artiste de l’année par l’Unesco, il expose en 1989 au centre George Pompidou à Paris, ville où il s’installe en 1992.

En ligne Top 12 des autoportraits d’artistes russes fr.rbth.com/30423

Vous êtes installé à Paris depuis 22 ans. Quelle place cette ville occupe-t-elle dans votre vie artistique ?

DÉCO

TOP 10 DES TRÉSORS MYSTÉRIEUX PERDUS DE RUSSIE fr.rbth.com/30255

Et toute une liste de destinations ti sur FR.RBTH.COM/TOURISME

Biographie

UVRE

Éditions

Erik Bulatov (à Moscou en 2006) et ses œuvres : XXème siècle russe (1990), La voûte céleste - l’horizon (2001), Les nuages grandissent (2007).

Paris m’inquiète beaucoup sur le plan de la créativité. Je ne lui ai pas donné assez et je ne l’ai pas assez exprimé. Je me sens redevable et je voudrais faire quelque chose pour Paris. Je suis francophile depuis ma plus tendre enfance. À l’adolescence, on pensait que l’art contemporain, c’était l’art français, et lorsque nos professeurs parlaient de « l’ulcère » du formalisme, ils visaient toujours la France. Elle était le point de repère et le centre absolu de la nouveauté. Malheureusement, la France d’aujourd’hui se situe plutôt en périphérie. Paris a un sens remarquable de la continuité historique depuis le MoyenÂge. Ce n’est pas Saint-Pétersbourg, bâti en un siècle et dans un seul style. Quand on vient à Paris, on se retrouve dans un espace-temps culturel homogène, comme le cours d’un fleuve. En Russie, c’est impossible : tout y est déchiré. Toute notre histoire se compose de fragments morcelés avec douleur, qui s’opposent les uns aux autres. C’est quoi pour vous la liberté ? Pour moi, l’image de la liberté, c’est le ciel, et cet espace qui se situe audelà du social. Je reste persuadé que dans un espace social, la liberté ne peut pas exister. Il faut en sortir : à travers la peinture, à travers l’espace, il y a la liberté. J’ai réalisé quelque chose de semblable dans mon tableau intitulé J’y vais [réalisé en 1975, ndlr]. On m’a proposé récemment de peindre une toile qui puisse justement représenter cette image de la liberté pour le musée Eltsine à Ekaterinburg. Estce que j’ai accepté ? Bien sûr ! PROPOS RECUEILLIS PAR TATIANA CHRAMTCHENKO

Nombreux seront ceux qui se réjouiront de retrouver Drongo, le héros du troisième opus de Tchinguiz Abdoullaïev publié aux éditions de l’Aube, dans une traduction toujours impeccable de Robert Giraud. L’ex-agent du KGB, reconverti en privé au cœur fragile revient avec une enquête qui l’amène une fois encore à débrouiller les intrigues autour du pouvoir non sans donner au passage un éclairage sur la société russe et quelques coups de griffe, notamment aux nouveaux Russes : « Je ne peux pas souffrir ces goujats au mufle de bouledogue, affublés de chaînes, de bracelets et de montres en or. Ils déshonorent notre pays aux yeux du monde ». Glisse au passage un personnage secondaire. Cette fois c’est une personnalité politique le ministre des Finances du gouvernement russe dont il est une des figures clé, Artiom Sergueïevitch Polétaïev, qui est la cible de deux tentatives d’assassinat dans la même journée. L’agent chargé du dossier est gravement blessé et le FSB doit se résoudre à faire appel à Drongo qui va travailler en duo avec la belle Elena Souslova, agent du contreespionnage, avec laquelle il a eu jadis une aventure. Le temps de trois journées qui les conduisent de Moscou à Londres, tous deux vont tenter de protéger Polétaïev et de dénouer les fils d’une intrigue qui se joue au cœur même du pouvoir et le met en péril. Tchinguiz Abdoullaïev fait le choix original de nous donner dès le départ les clés puisque ce sont les coupables que l’on suit durant les cent premières pages. À leur tête, Slepniov, un ancien colonel du KGB, victime lui aussi du démantèlement de l’URSS. Comme nombre de ses anciens collègues déboussolés, Slepniov s’est reconverti dans la criminalité ; son audace et sa cruauté en font un ennemi redoutable auquel nos deux héros devront s’affronter. Mais qui a intérêt à déstabiliser le pouvoir en recourant aux services de Slepniov ? L’auteur réussit à tenir son lecteur en haleine par un récit alerte plein de rebondissements et traversé par les histoires de cœur et de corps du beau Drongo. N’espérez cependant rien de torride, la pudeur de Drongo l’interdit. Car notre héros est profondément marqué par son éducation soviétique – comme l’auteur il est né et à grandi à Bakou (1) – que l’on retrouve non seulement dans cette pudeur, mais aussi dans son patriotisme et surtout dans la nostalgie de l’URSS qui continue de l’habiter. Comme il l’écrit : « Le souvenir de cet autre pays où il avait vécu et pour lequel il avait versé son sang provoquait en lui une douleur lancinante, comme celle d’un membre amputé. Il savait que l’ex-superpuissance du XXème siècle n’avait aucune chance de ressusciter … mais personne ne pouvait le priver du droit de mémoire ». (1) Tchinguiz Abdoullaïev est né en 1959 à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, au bord de la mer Caspienne. Agent de renseignement soviétique jusqu’en 1987, il a été blessé en opération et décoré. Depuis 1988, il publie des « thrillers », principalement politiques, déjà traduits en 17 langues et distribués dans 23 pays. CHRISTINE MESTRE

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GATCHINA : DE L’EMPIRE À NOS JOURS fr.rbth.com/30111


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MAGAZINE

GASTRONOMIE Éric Le Provos fait partie des grands chefs attirés à Moscou au début des années 90

À L’AFFICHE

Plaidoyer pour « démocratiser » la cuisine française en Russie

LE DEUXIÈME FESTIVAL DU CINÉMA RUSSE À NICE DU 22 AU 28 SEPTEMBRE KINOPOISK.RU

Dans un contexte d’embargo sur les produits alimentaires européens, Russia Beyond the Headlines a rencontré le chef et restaurateur Éric le Provos pour évoquer avec lui l’image élitiste de la cuisine française en Russie et sa recette pour la relancer.

Il l’a dit

«

FLORA MOUSSA RBTH

C’est en faisant à manger à mon frère que j’ai fait mes premiers pas dans le monde de la cuisine »

C’est le 25 décembre 1991, à l’aube de la naissance d’une nouvelle Russie, qu’Éric Le Provos, chef cuisinier français doté d’une solide expérience internationale pour avoir travaillé en Écosse et aux États-Unis, est arrivé à Moscou. Tout s’est passé très vite. Une annonce dans un journal spécialisé dans l’hôtellerie. Une phrase de son père : « Éric, tu as fait le capitalisme, tu aimes voyager, va voir ce qui se passe chez les communistes ».

Voyage de l’autre côté du Mur « À l’époque, on ne savait pas vraiment ce qui s’y passait, avoue le chef, il s’agissait encore de franchir le Mur. Au début, je n’ai pas trop compris le charme du pays. Il y avait des choses intéressantes, mais c’était encore relativement fermé et il y avait des problèmes politiques internes. Un an plus tard, je suis reparti en France et ce n’est que lors de mon deuxième séjour que j’ai commencé à découvrir le pays ». Les années 1990 furent l’âge d’or de la cuisine française en Russie. Son prestige était particulièrement recherché : « le Mur s’ouvrait, les nouveaux riches – toute cette génération qui avait 35-45 ans – cherchaient à se montrer. La demande allait au foie gras et aux huîtres, c’était la grande richesse », se souvient Éric Le Provos.

Démocratiser la cuisine française Mais vers 2003, tout a changé : la nouvelle génération, la progéniture des nouveaux riches des années 1990 est apparue sur le marché. À leur tour, ces gens se sont mis à voyager et ont introduit de nouvelles tendances, optant pour une cuisine moins compliquée : « Les Russes ont commencé à réclamer de la simplicité. On a assisté à une avancée rapide des Italiens et des Japonais ». La cuisine française et ses grandes exigences, notamment celles de chefs onéreux, de personnel hautement qualifié et d’ingrédients chers, subit un coup très rude, raconte Éric. « Aujourd’hui, on trouvera à Moscou près de 600 restaurants italiens et autant de japonais, contre à peine trois ou quatre vrais restaurants français », souligne-t-il, ajoutant qu’il « n’y a pratiquement plus de cuisine française en Russie ». Cependant, Éric dit connaître le remède. Pour sauver et développer ce qu’il en reste, il faut détruire le stéréotype répandu à travers le monde, et en particulier en Russie, selon lequel la cuisine française, « c’est une petite portion dans une grande assiette, le tout à un prix astronomique ». D’autant plus que, selon le chef, la France a un atout incontestable : « c’est la seule cuisine au monde qui ait différents niveaux de restauration - le café, le bistrot, la brasserie et les gas-

ÉRIC LE PROVOS CHEF CUISINIER FRANÇAIS

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DES ARTISTES RUSSES AU FESTIVAL DU CIRQUE DU VAL D’OISE

Biographie À Moscou depuis 1992

DU 26 AU 28 SEPTEMBRE Riche de son expérience dans des restaurants étoilés de Paris, en province puis à l’étranger et sur des bateaux de croisière, Éric le Provos a choisi en 1992 de poursuivre l’aventure en Russie. En vingtdeux années de sa vie dans ce pays, il a pris part à l’ouverture d’une dizaine de restaurants français à Moscou.

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Éric Le Provos et deux de ses plats : Dorade au four et Salade de légumes croquants et confits.

La ville de Nice accueillera des projections de films en langue russe, sous-titrés en français, provenant des archives du Fonds d’État de films de Russie. Le programme du festival 2014 s’articule autour de deux dates importantes de l’année, liées à l’histoire de la Russie : le bicentenaire de la naissance du célèbre poète Mikhaïl Lermontov (1814-1841) et la commémoration du centenaire du début de la Première Guerre mondiale. Outre les films historiques, le festival présentera des œuvres célèbres de l’époque soviétique – L’amour et les pigeons, Monologue, Le septième compagnon –, les dessins animés soviétiques préférés du public, ainsi que des films russes contemporains dont L’Amiral, Les zazous, Des monstres et des hommes, etc.

tronomiques. Or, la seule chose que nous voulons montrer dans le monde, ce sont les gastronomiques, qui sont les plus chers ». Des prix abordables (de 20 à 30 euros) et une démocratisation, c’est la recette pour réhabiliter la cuisine française. Notre chef mise sur une clientèle issue de la classe moyenne et qui voyage. Laquelle accorde une grande importance au rapport qualité-prix. Éric se prépare à mettre sur papier ce projet dans un livre consacré à la cuisine accessible, cette autre facette de la gastronomie française.

Tout bien pesé, l’embargo est sans effet sur le goût Interrogé sur l’éventuel impact de l’embargo alimentaire sur la gastronomie, Éric tient à dissiper une rumeur récemment apparue. « La cuisine française est avant tout une technique et un goût. Il suffit de maîtriser la technique et d’avoir un produit de bonne qualité », explique le chef, soulignant qu’il n’a pas besoin d’une « viande française pour faire un très bon bœuf bourguignon ». Et de poursuivre : « dans la recherche de mon nouveau concept, je n’ai même pas besoin de produits étrangers, car je peux tout trouver ici. Quant aux fromages et au foie gras, je peux très bien m’en passer, d’autant plus que ces produits possèdent un très fort caractère, et ne sont appréciés en Russie que par une frange très étroite d’amateurs, dont le pourcentage ne dépassera pas le 1% ».

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Un embargo salvateur pour la Russie ? « Ces sanctions, c’est malheureux pour l’Union européenne et pour ses vrais artisans. Pourtant, cette mesure peut être une très bonne chose pour la Russie, donner un très bon élan au pays », selon le chef. Accompagné d’un bon programme de soutien de la part du gouvernement, ce projet est susceptible de remettre l’agriculture russe en route et de stimuler l’activité dans les régoins, estime-t-il. « Dans ce pays, il y un énorme écart entre la ville et la région, et si cette initiative se met en route, ce sera intéressant de voir tous ces villages commencer à créer du commerce. Au lieu d’acheter tout à Moscou, les propriétaires des résidences secondaires iront acheter leurs produits dans les villages voisins et feront marcher le commerce local. Les gens commenceront à se rencontrer, ça créera une ambiance et permettra de sauver des villages », espère aujourd’hui Éric Le Provos.

Le restaurant comme but de sortie 62% des citadins russes fréquentent régulièrement des restaurants ou d’autres types de lieux de restauration, selon l’institut de sondage VTsIOM. Pour près de la moitié des habitants des villes russes (47%), se rendre au restaurant ou au café constitue un loisir. Beaucoup de restaurants provinciaux se transforment en discothèques le soir. L’addition moyenne au restaurant est de 1 500 roubles (30 EUR) pour deux personnes. Le prix moyen d’un repas dans un restaurant français à Moscou est de 55 euros par personne.

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Pendant trois jours au parc des Coquelicots à Domont, plus de 15 000 personnes sont attendues au Festival international du cirque du Val d’Oise qui bénéficiera cette année de la présence d’artistes russes de renommée internationale. Le spectacle Les sangles aériennes met en scène l’histoire d’un amour infini. Les artistes de cirque Valeri Sytchev et Malvina Abakarova présenteront au public un spectacle acrobatique inspiré d’une symphonie chorale du compositeur russe Valéry Gavrilin et du monde mystérieux de l’écrivain Fiodor Dostoïevsky. Ce spectacle met en scène l’une des plus belles œuvres du cirque contemporain. Dans le cadre du festival, les spectateurs pourront assister aux prestations du célèbre clown russe Andrej Jigalov, médaillé en 1992 d’or au Festival mondial du Cirque de Demain. › www.cirqueduvaldoise.fr

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