Mercredi 5 novembre 2014
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C E S U P P L É M E N T D E S I X P A G E S E S T É D I T É E T P U B L I É P A R R O S S I Y S K AYA G A Z E T A ( R U S S I E ) , Q U I A S S U M E L ’ E N T I È R E R E S P O N S A B I L I T É D E S O N C O N T E N U
ÉCONOMIE
La chute du Mur, 25 ans après : de la joie aux espérances déçues
Les 2 faces du rouble
Une nouvelle chute record des cours pétroliers affecte le budget de la Russie. La situation n’est améliorée que par la chute brutale du rouble qui dope les recettes d’exportation. Les experts estiment que la monnaie russe risque de se déprécier davantage car nul ne sait jusqu’où peut descendre le pétrole. PAGE 4
OPINION
Débat sur le rôle de l’OTAN Les nouvelles règles d’interaction en Europe et dans le monde – voici ce que doivent définir la Russie et les ÉtatsUnis, estime notre expert Andreï Souchentsov. La question de l’élargissement de l’OTAN en Europe devra constituer l’un des points clés de ces règles. PAGE 5
CULTURE
L'alchimie du New Jazz © ULLSTEIN BILD / VOSTOCK PHOTO
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À LIRE SUR NOTRE SITE WEB
25 ans après la chute du Mur de Berlin, les bouleversements historiques engendrés par cet événement continuent de diviser l’opinion publique russe. La fin de la guerre froide et la réunification de l’Allemagne sont perçus positivement. Ce sont les changements à domicile qui
sont diversement appréciés. L’écroulement de l’Union soviétique, avec sa cohorte de conflits et la profonde crise économique qui a suivi, reste un traumatisme majeur. Il n’existe pas de consensus, ni sur les causes, ni sur les responsabilités. Le sen-
ÉCONOMIE
Comment le saumon norvégien franchit le barrage des sanctions
timent dominant est qu’une série d’erreurs ont été commises et que les premières victimes ont été les Russes. L’histoire aurait pu suivre un cours différent, de l’aveu même de l’un de ses principaux artisans, Mikhaïl Gorbatchev. Il nous accorde dans ce numéro un entre-
tien exclusif (p.2), où il fait le lien entre les erreurs du passé et les tensions actuelles entre l'Est et l'Ouest. Notre dossier spécial vous propose quelques clés pour relier l’histoire et le présent.
Un mouvement musical unique en son genre, qui est né en URSS et a fasciné le public occidental.
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SCIENCES & TECH
SPORTS
L'odyssée animale de l'espace
Racisme dans le football russe : les sanctions commencent à faire effet
UN ARTISTE RUSSE EST DEVENU LE SYMBOLE DE LA CHUTE DU MUR DE BERLIN BE.RBTH.COM/31327
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ENTRETIEN EXCLUSIF UN ENTRETIEN DE RBTH AVEC MIKHAÏL GORBATCHEV, À L’APPROCHE DU 25E ANNIVERSAIRE DE LA CHUTE DU MUR DE BERLIN, AUTOUR DE LA QUESTION : UN NOUVEAU MUR S'ÉRIGE-T-IL ENTRE L’EST ET L’OUEST ?
L’année 1989 est celle de la chute du Mur de Berlin. Mais celle-ci n’est intervenue qu’au mois de novembre. Durant l’été précédent, au cours d’une conférence de presse à l’issue des négociations de Bonn avec le chancelier Kohl, une personne vous a interpellé en demandant : « Et que vat-il se passer avec le Mur ?! » Vous avez alors répondu : « Sous la Lune, rien n’est éternel. Le Mur pourra disparaître lorsque les conditions ayant conduit à sa création ne seront plus en place. Je ne vois pas ici de difficulté majeure ». À quel déroulement des événements vous attendiez-vous alors ? À l’été 1989, ni moi-même ni le chancelier Kohl ne nous attendions bien évidemment à ce que tout se déroule aussi rapidement, je ne m’attendais pas à ce que le Mur tombe au mois de novembre. Nous l’avons d’ailleurs tous deux reconnu par la suite. Je ne prétends pas être un prophète. Il arrive que l’histoire accélère sa course. Elle punit alors tous ceux qui se trouvent en retard. Mais elle punit encore plus sévèrement tous ceux qui prétendent se mettre en travers de son chemin. Cela aurait été une grave erreur que de rester derrière le rideau de fer. C’est pourquoi il n’y a eu aucune pression de notre part sur le gouvernement de la RDA.
Lorsque le déroulement des événements a commencé à s’accélérer de façon inattendue, les dirigeants soviétiques ont pris la décision unanime - je tiens à souligner ce fait - de ne pas interférer dans les processus internes à l’œuvre en RDA, et donc de faire en sorte que nos troupes ne sortent sous aucun prétexte de leurs garnisons. Je suis aujourd’hui convaincu que cela était la bonne décision. Quels sont les éléments ayant au final permis de mettre un terme à la partition de l’Allemagne et qui, selon vous, a joué un rôle décisif dans la réalisation de cette réunification pacifique ? Ce sont les Allemands euxmêmes qui ont joué le rôle décisif dans la réunification de l’Allemagne. Je ne parle pas ici seulement des manifestations de masse en faveur de l’unité, mais également du fait qu’au cours des décennies d’après-guerre, les Allemands de l’Est comme de l’Ouest ont apporté la preuve qu’ils avaient tiré les leçons du passé et que l’on pouvait leur accorder notre confiance. En ce qui concerne le déroulement pacifique de la réunification et le fait que ce processus n’a pas débouché sur une dangereuse crise internationale, je pense qu’un rôle décisif a ici été joué par l’Union soviétique.
Nous autres au sein de la direction soviétique, nous savions que de tous les peuples de l’Union soviétique, les Russes étaient sensibles aux aspirations des Allemands à vivre au sein d’un État démocratique unifié. Je voudrais également souligner qu’au-delà de l’URSS, les autres acteurs du processus de règlement final de la question allemande ont également fait preuve de mesure et de sens des responsabilités. Je parle ici des pays de l’Alliance atlantique : les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France. Ce n’est aujourd’hui un secret pour personne que François Mitterrand comme Margaret Thatcher avaient de sérieux doutes sur le rythme de la réunification. La guerre avait tout de même laissé une marque profonde. Mais lorsque tous les aspects ayant trait à ce processus ont été résolus, ils ont signé les documents mettant fin à la guerre froide. L’une des questions centrales qui se trouve aujourd’hui liée au déroulement des événements en Ukraine concerne l’élargissement de l’OTAN vers l’Est. Vous n’avez pas le sentiment d’avoir été trompé par vos partenaires occidentaux dans le cadre de l’élaboration des plans pour l’avenir de l’Europe de l’Est ? Pourquoi n’avez-vous pas insisté sur une formalisation juridique des promesses faites en
particulier par le secrétaire d’État américain James Baker relatives à l’absence d’expansion vers l’Est de l’OTAN ? Je le cite : « Il n’y aura aucun élargissement de la juridiction ou de la présence militaire de l’OTAN d’un seul pouce vers l’Est ». La question de l’élargissement de l’OTAN n’a dans l’ensemble pas été discutée et ne se posait pas au cours de ces années-là. Je dis cela en toute responsabilité. Aucun pays d’Europe de l’Est n’a soulevé cette question, y compris après la dissolution du pacte deVarsovie en 1991. Elle n’a pas non plus été soulevée par les dirigeants occidentaux. Une autre question a en revanche été abordée : le fait qu’après la réunification de l’Allemagne, aucune extension des structures militaires de l’OTAN ni aucun déploiement de forces militaires supplémentaires de l’alliance ne devait avoir lieu sur le territoire de l’ancienne RDA. C’est dans ce contexte que M. Baker a prononcé les paroles mentionnées dans votre question. Des déclarations similaires ont été faites par M. Kohl et M. Genscher. Tout ce qui pouvait et devait être fait pour consolider ce règlement politique a été fait. Et respecté. L’accord de règlement final avec l’Allemagne mentionnait qu’aucune structure militaire supplémentaire ne serait implantée dans la partie Est du
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« JE M’OPPOSE À TOUS LES MURS » Mikhaïl Gorbatchev.
pays et qu’aucune troupe additionnelle ni arme de destruction massive n’y seraient déployées. Toutes ces dispositions ont été respectées jusqu’à ce jour. Nul besoin donc de prétendre que Gorbatchev et les dirigeants soviétiques de l’époque étaient des naïfs qui se sont laissés abuser. S’il y a eu de la naïveté, elle est intervenue plus tard, lorsque cette question a été soulevée et que la Russie a dans un premier temps répondu « pas d’objections ». La décision d’élargir l’OTAN vers l’Est a finalement été prise par les États-Unis et leurs alliés en 1993. Je l’ai dès l’origine qualifié d’erreur majeure. Cela constituait bien évidemment une violation de l’esprit des déclarations et assurances qui nous avaient été données en 1990. En ce qui concerne l’Allemagne, ces assurances ont été formalisées juridiquement et respectées. L’Ukraine évoque la construction d'un mur le long de sa frontière avec la Russie. Comment expliquez-vous que nos peuples, frères
depuis toujours, ayant appartenu à un seul et même État, se soient soudainement brouillés à tel point que la séparation pourrait ne pas être seulement politique mais également se matérialiser par un mur ? La réponse à cette question est très simple : je m’oppose à tous les murs. Que ceux qui envisagent de « construire » un tel ouvrage y réfléchissent à deux fois. Je pense que nos peuples ne se brouilleront pas. Nous sommes trop proches à bien des égards. Il n’y a pas entre nous de problèmes et de différences insurmontables. Mais beaucoup de choses dépendront de l’intelligentsia et des médias. S’ils décident de travailler à notre désunion, en initiant et exacerbant les querelles et les conflits, cela sera catastrophique. De tels exemples nous sont connus. C’est pourquoi j’appelle l’intelligentsia à se comporter de manière responsable.
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L'AVIS D'UN EXPERT
Média Comment les journaux soviétiques ont passé sous silence la chute du Mur de Berlin
Les reportages que les Soviétiques n'ont pas pu lire Le 9 novembre 1989, la presse internationale rapportait la chute du Mur de Berlin. Mais en URSS, le mur de la désinformation n'a rien laissé filtrer. Il fallait alors savoir lire entre les lignes. GUEORGUI MANAEV RBTH
gime ouvert sur la frontière entre la RDA et la RFA et Berlin Ouest ». On peut supposer que cette interdiction d'évoquer les événements de Berlin a été imposée par le gouvernement. Selon Nikolaï Kojanov, l'un des collaborateurs de la Pravda, qui existe encore aujourd'hui en Russie, « les journalistes de la Pravda ont toujours eu du flair en politique. Et bien sûr, quand l'information est tombée sur la chute du Mur de Berlin, ils ne se sont pas empressés de la publier. Cet événement signifiait l'effondrement du camp socialiste et en informer la popu-
Fedor Loukianov POLITOLOGUE
e Mur de Berlin a été le symbole de l’absurdité de la confrontation idéologique entre deux blocs. On pourrait penser qu’avec sa chute, les raisons de la partition disparaîtraient à leur tour. Pourtant, il ne s’agit que d’une perception globale. Dans la pratique, la sortie de la confrontation est perçue différemment par chacun. Gorbatchev pensait que la réalisation d’une maison commune européenne se ferait ensemble, conçue par des « ingénieurs » issus des deux camps. Et ensemble, ils construiraient une structure dans laquelle tout le monde se sentirait en confiance, car elle aurait pris
L
Au lieu de construire une maison commune, c'est un processus d’encerclement qui a été lancé
© MARK BOÏARSKI
En haut : L'article « La visite interrompue » dans le numéro de la Pravda du 11 novembre. À gauche : Nikolaï Kojanov, l'un des collaborateurs de la Pravda.
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DÉCOUVREZ DANS NOTRE RUBRIQUE
Cette Europe que nous avons perdue
lation revenait à reconnaître cet effondrement. Je pense que nos collaborateurs espéraient que tout allait s'arranger et se reformer de soi-même ». Kojanov doute tout de même qu'une directive interdisant la publication d'informations sur la chute du Mur ait existé, encore moins sur le papier. Selon lui, d'une manière générale, les événements qui pouvaient menacer la réputation du régime étaient toujours couverts très prudemment par la Pravda, le principal organe de presse du Parti communiste. « En 1953 par exemple, après la mort de Staline, des grèves de masse ont commencé en RDA. Elles ont pris une telle ampleur que les militaires ont été appelés pour disperser la foule. Dans le journal Pravda, on pouvait lire "alors qu'à Berlin des ouvriers désœuvrés ne voulaient pas travailler" », rapporte Kojanov. Personne ne voulait annoncer aux citoyens soviétiques que les ouvriers allemands étaient révoltés – cela aurait pu provoquer des manifestations similaires en URSS.
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Le 9 novembre 1989, les kiosques de l'Union soviétique étaient à moitié vides : ce jour-là, les journaux Moskovski Komsomolets, Sovietskaïa Rossiïa, Komsomolskaya Pravda et Troud ne sont pas parus. Seuls la Pravda et Izvestia, deux des principaux journaux du pays, étaient disponibles. Malgré tout, les lecteurs n'ont pu y lire aucune information sur la chute du Mur de Berlin – seulement quelques nouvelles de la vie politique en RDA. « Changements en RDA » – tel était le titre de l'article de la correspondante spéciale du journal Pravda à Berlin, Maïa Podklutchnikova, le 9 novembre. Elle citait le Conseil des ministres de la RDA : « Nous prions tous les citoyens qui ont le projet de quitter notre république d'y réfléchir à nouveau ». Un lecteur attentif pouvait déduire de ces paroles que les citoyens de la RDA avaient la possibilité de sortir du pays. Ce qui voulait dire que le Mur de Berlin n'existait plus. On peut aussi retrouver une allusion à la situation réelle dans le numéro de la Pravda du 11 novembre 1989. Dans l'article « La visite interrompue », l'auteur a annoncé que le chancelier de la RFA Helmut Kohl a coupé court à son voyage officiel en Pologne pour une journée et est retourné à Bonn « à cause de la situation dramatique à la frontière des deux États allemands ». Le ministre des Affaires intérieures de la RFA Wolfgang Schäuble a déclaré que « la RFA continuera d'accueillir tous les Allemands qui désirent déménager en RFA » mais il a demandé aux citoyens de la RDA « de réfléchir d'une façon très sérieuse à leur départ car ils risquaient de se retrouver dans des conditions d'habitation incommodes pendant un long moment ». La semaine suivante, la Pravda continuait de couvrir les événe-
ments politiques en RDA et en RFA mais sans jamais mentionner le mot "mur". Dans le numéro du 12 novembre, un reportage de la même Podklutchnikova évoquait de nouveau une migration de masse et le renvoi des cartes de membre du Parti socialiste unifié d'Allemagne par des Allemands de l'Est. Enfin le 14, le journal Moskovskii Komsomolets a publié une brève sur l'ordre donné aux troupes frontalières de la RDA de « faire tout le nécessaire pour garantir une exécution régulière et systématisée des nouvelles règles du ré-
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en compte les souhaits de chacun. En ce sens, Gorbatchev, sans doute sans le vouloir, a suivi la logique d'Andreï Sakharov, qui appelait à une convergence du capitalisme et du socialisme. Dans la réalité, il n’y a pas eu de convergence, mais une absorption. La chute de l’URSS et l’effondrement du modèle soviétique ont été perçus par l’Occident comme la preuve de son bon droit absolu : moral, historique, économique. Et ce qui aurait dû être un rapprochement progressif entre les deux parties, la création d’une qualité nouvelle, s’est transformé en partage express de « l’héritage soviétique ». Cette méthode de construction d’une « maison commune européenne », calquée sur le modèle occidental, ne pouvait réussir qu’à une seule condition : la Russie devait suivre le même sort que celui de l’Union soviétique. Mais ce n’est pas arrivé, et la Russie est devenue un obstacle à la réussite du projet occidental. L’UE est ainsi faite qu’elle ne connaît pas d’autres voies que celle de diffuser ses idées et son droit aux pays voisins. Reconnaître la Russie comme co-fondatrice de cette nouvelle Europe, l’Occident
n’aurait pas pu. De son côté, la Russie a refusé de tenir le rôle de subordonné. Au final, au lieu de construire une maison commune européenne qui, avec le temps, aurait réellement pu devenir eurasiatique, un processus d’« encerclement » a débuté. Les Européens de l’Ouest ont d’abord étendu la structure érigée avec l’aide directe des États-Unis sur leur territoire pendant la guerre froide, pour ensuite procéder à la construction de structures auxiliaires. Tôt ou tard, ces édifices devaient se heurter aux murs d’un autre bâtiment voisin, que la Russie a progressivement entrepris de redresser et de reconstruire après la chute du début des années 90. Et voilà qu’un nouveau fossé a ressurgiten Europe. Un fossé orienté plus à l’Est que 25 ans auparavant, mais plus profond aussi, parce qu’il ne relève pas tant d’une confrontation idéologique que de différences culturelles et historiques, d’une incompatibilité des mentalités. La maison commune européenne avait-elle une chance de voir le jour ? Si l’URSS avait perduré, non pas comme empire communiste, mais en tant que collectivité équilibrée, vivant dans une optique d’apport mutuel, l’Europe aurait pu s’unir autour de principes véritablement égaux. Le fruit de cette convergence serait l’édification d’une structure, où les fournitures d’énergie ne provoqueraient pas de crise, où la démocratie ne s’accompagnerait pas de la désindustrialisation totale comme dans les pays Baltes, et où, dans ce vaste espace économique, les habitants des pays de l’Est ne constitueraient pas une main d’œuvre bon marché, voire clandestine, pour la partie occidentale. Et bien sûr, une structure où la question d’un remilitarisation de l’Europe centrale ne se poserait pas, 25 ans après. Peut-être n’est-ce qu’une utopie et, lorsque la construction d’une maison commune européenne a véritablement été à l’ordre du jour, il était déjà trop tard. L’URSS avait atteint le point de non-retour, tandis qu’en Occident, ses adversaires, enivrés par la victoire, ne voulaient plus de compromis. Dans ce cas, l’Europe que nous avons perdue ne pouvait exister que dans la tête des idéalistes. Fedor Loukianov préside le Conseil de politique étrangère et de défense.
SOURCE : MUSÉE DU MUR, FORCES ARMÉES DES ÉTATS-UNIS, BERLIN.DE
HISTOIRE :
LES ÉCRIVAINS RUSSES ET LA GUERRE LE VOYAGE EN EUROPE QUI A CHANGÉ LA VIE D'UN TSAR
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Économie
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Finance La dévaluation aide les exportateurs, mais les consommateurs russes trinquent
Embargo Un poisson norvégo-biélorusse
Le saumon franchit le barrage des sanctions
L'avis des Russes : pourquoi le cours du rouble chute-t-il ?
L’embargo sur les saumons en provenance de Norvège n’a pas entraîné de pénurie de filets de saumon salé sur les étals des magasins russes. Grâce à un détour par le Belarus. IRINA JAVORONKOVA RBC DAILY
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Le choix entre consommation et budget fédéral La chute record des cours pétroliers mord dans le budget russe. Si la dépréciation de la devise russe se poursuit, elle pourrait entraîner une baisse de la consommation des ménages. MARIA KARNAUKH, ALEXEÏ LOSSAN RBTH
À la mi-octobre, le cours du pétrole Brent, à partir duquel le prix du pétrole russe est fixé, est passé sous la barre des $83. Au cours des trois derniers mois, il a chuté de 24%. Il s’agit de la plus forte baisse depuis la crise de 2008. Cette fois, selon les estimations des professionnels, les prix pourraient tomber jusqu'à $72 le baril. Mikhaïl Kroutikhine, associé chez RusEnergy Consulting, estime que si le gouvernement diminue les taxes sur l’extraction minière, les compagnies pétrolières pourraient réaliser des bénéfices en dépit des cours pétroliers faibles. Mikhaïl Kroutikhine doute également que les prix du pétrole puissent tomber sous la barre des $80. De leur côté, les producteurs russes disent que dans ces nouvelles conditions de marché, les activités de forage pourraient être paralysées. « Nous nous attendions à une baisse de la production de pétrole en Russie en 2016 », expliquait Léonid Fedoun, vice-président de Lukoil, en août dernier. « Mais en observant nos collègues, nous pensons désormais que cela arrivera plus tôt, en 2015 ». Mikhaïl Kroutikhine estime que dans les 10 prochaines années, l’extraction pétrolière russe chutera de 15 à 20%. La dépréciation actuelle du rouble pourrait en partie compenser la chute des prix du pétrole. Depuis le début de l’année, le rouble s’est déprécié de 20% par rapport au dollar et de 11% par rapport à l’euro. Anton Silouanov, ministre russe des Finances, explique : « Une baisse des prix du pétrole d’un dollar se traduit par une contraction des recettes budgétaires russes de 70 milliards, tandis que la baisse des taux de change du rouble apporte un total de 180 à 200 milliards
PRÉVISIONS
Positives
Négatives
« Les prix du pétrole vont rebondir, comme ils l'ont fait en 2012, et reviendront à une fourchette de 95 à 120 $ le baril », estime M. Baranov de Pallada Asset Management. (En 2012, le cours du pétrole avait chuté de 100-130 $ le baril à 90-100 $, pour revenir par la suite à un prix de 95 à 120 $). Le cours du rouble devrait remonter à un taux de 3538 pour 1 dollar. D'après M. Khestanov de la société Alor Brokerage, lever les sanctions permettrait de réduire la dette extérieure et d'augmenter le chiffre d'affaires avec les pays ayant suspendu leurs relations avec la Russie. Cela devrait aboutir à une augmentation de la croissance de 2 à 4%.
« Les prix du pétrole pourraient encore baisser de 10 $, et passer sous la barre des 75 $ le baril, entraînant une dévaluation du rouble », tempère M. Baranov. Dans un tel cas de figure, les experts envisagent un déficit budgétaire de 700 milliards de roubles. M. Baranov ajoute qu'il faudrait compenser en dévaluant à nouveau le rouble de 8 à 9 %. Selon M. Khestanov, si le cours du pétrole continuait à baisser, il resterait suffisamment de ressources budgétaires pour une année supplémentaire, et le gouvernement serait obligé de réduire les effectifs de ses employés, de baisser les retraites, et de faire tourner la "planche à billets".
CHIFFRES CLÉS
120 35 75 45 dollars le baril c'est le scénario optimiste du prix du pétrole.
roubles pour 1 dollar : c'est le scénario optimiste pour le taux de change du rouble.
35% des produits de consommation sont importés, d'où la sensibilité au taux de change
dollars le baril c'est le scénario pessimiste du prix du pétrole.
roubles pour 1 dollar : c'est le scénario pessimiste pour le taux de change du rouble.
de roubles au budget (3,5 à 3,8 millions d'euros) ». « La dépréciation du rouble est bénéfique pour le budget, car la principale source de recettes (52 à 55%, selon les estimations) est l’exportation », explique Sergueï Khestanov, directeur d’Alor Brokerage. Le recours à l’assouplissement quantitatif permet d’améliorer la rentabilité des exportateurs pétroliers et équilibre le budget. « En conséquence, on enregistre un surplus – les recettes budgétaires l’emportent sur les dépenses », ajoute Sergueï Khestanov. Pourtant, tandis que le gouvernement profite de la dévaluation du rouble, ce n’est pas le cas de la population. Selon les
experts, le panier du consommateur est constitué à 30-40% de produits importés (biens fabriqués à l’étranger et biens produits en Russie en utilisant des équipements étrangers). « Une dépréciation de 20% du rouble (par rapport au dollar) augmente le coût de la nourriture de 30% », explique Sergueï Khestanov. En outre, plus le niveau de revenu est faible et plus la proportion du revenu consacrée à l’alimentation est importante. Par conséquent, une telle dépréciation de la monnaie nationale affecte particulièrement les personnes à bas revenus. Toutefois, la classe moyenne russe commence également à ressentir l’impact de la baisse du rouble. « La hausse des prix de la nourriture est considérable pour le budget de ma famille », raconte Natalia Korchounova, Moscovite âgée de 43 ans avec un enfant à charge, qui travaille dans le département des ressources humaines d’une grande entreprise. « Je ne fais pas mes courses dans les supermarchés et ne connais pas leurs prix, mais dans les magasins de mon quartier les prix de la viande, des produits laitiers et des fruits ont bondi ». « La chute du rouble a effectivement affecté mes finances à court terme », explique Tobin Auber, 43 ans, un directeur de la télévision britannique installé à Saint-Pétersbourg. « Je dirais que mes dépenses en alimentation ont crû d’environ 40%. Toutefois, comme la plupart des gens en Russie, nous sommes préparés à des éventuelles péripéties du rouble ». Le pire est-il à venir ? Les avis des experts sur l’évolution future de la relation entre le rouble et les prix du pétrole divergent. Selon Alexeï Kozlov, analyste en chef chez UFC IC, le rouble ne pourrait être soutenu que par l’amélioration de l’attractivité de l’économie russe pour les investisseurs qui permettrait d’enrayer la fuite massive des capitaux. « L’économie russe dépend très largement des prix du pétrole, des taux de croissance et de l’inflation. Si ces facteurs sont stabilisés, la dépréciation de la monnaie russe sera également stabilisée », explique-t-il. L’inflation pourrait même contribuer à une reprise progressive des cours pétroliers. La semaine dernière, Bloomberg a rapporté que les prix du pétrole remontaient suite aux mesures prises par l’Iran pour empêcher une nouvelle baisse. L’Arabie saoudite et le Koweït envisagent également de réduire la production du champ Khafji situé dans la zone neutre entre les deux pays. En conséquence, le prix du Brent est remonté à 90,21$ le baril.
Avant d’arriver sur les étals en Russie, le poisson en provenance de Norvège passe désormais par le Belarus : découpé et salé, il y subit une première transformation, a déclaré à RBC le directeur général adjoint du holding pétersbourgeois ROK-1, Alexandre Starobinski. Le site de ROK-1 indique que la société produit annuellement plus de 60 000 tonnes de 400 produits différents, parmi lesquels des poissons fins, des bâtonnets de crabe et du caviar. ROK-1 procède de la même manière, a précisé M. Starobinsky, sans entrer dans les détails. « Après l’entrée en vigueur des sanctions, nous avons traversé tout le Belarus pour voir s’il était possible d’acheter certaines usines locales de transformation de poisson, mais nous avons finalement décidé de simplement leur passer commande, car nous nous attendons à ce que les sanctions soient rapidement levées », raconte le directeur commercial de la société concurrente Baltiïski Bereg, Konstantin Petrov. Le poisson norvégien peut entrer en toute légalité sur le territoire de l’Union douanière via le Belarus et le Kazakhstan. Le réexporter tel quel en direction de la Russie est impossible, dans la mesure où la Norvège reste le pays d’origine du produit. Cependant, si le poisson fait l’objet d’une transformation (par exemple, en étant salé) et d’un conditionnement, il devient un produit biélorusse ou kazakh. Tous les obstacles à l’importation disparaissent alors.
Pour l’année 2013, le volume total de la consommation de poisson en Russie s’élevait à 2,8 millions de tonnes, la part des produits importés représentant plus d’un tiers. La Norvège occupait la première place parmi les importateurs, avec une part d’environ 40%. Le représentant d’une société russe de transformation de poisson a indiqué à RBC que par comparaison avec la période durant laquelle il était possible d’importer directement les produits depuis la Norvège, l’augmentation des dépenses correspondait au montant de la commission prélevée par les partenaires biélorusses. Selon les estimations des interlocuteurs de RBC, leurs coûts ont augmenté de 15 à 20%. Selon le Norwegian Seafood Council, en septembre, le prix moyen du saumon norvégien sur le marché mondial s’établissait à 4,2€ le kilo. Pour ce même mois, selon Custom Inform, l’importateur russe payait en moyenne son saumon 7,3€/kg. Les personnes interrogées par RBC estiment le coût du transport du poisson depuis la Norvège jusqu’en Belarus de 3 900 à 4 700 euros par camion de 16 tonnes. Il faut encore ajouter à cela la commission du partenaire biélorusse ainsi que le coût des certifications et du conditionnement avant d’obtenir le prix final. « Après l’introduction des sanctions et contrairement à d’autres branches, l’industrie du poisson s’est entièrement conformée aux exigences imposées par les sanctions. S’il faut ajouter du sel pour être en mesure d’importer le poisson en Russie, les industriels s’exécutent. C’est un procédé absolument légal », commente le directeur exécutif de l’Union des industriels du poisson de Russie, Sergueï Goudkov. Article publié dans RBC Daily
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EN BREF Liaison directe St-Pétersbourg Bruxelles La compagnie aérienne belge Brussels Airlines va lancer le 30 mars 2015 une liaison directe Saint-Pétersbourg – Bruxelles. Ce trajet avait été interrompu en 2007, rappelle le service de presse de l'aéroport de Poulkovo (Saint-Pétersbourg). « Le facteur principal qui a poussé Brussels Airlines à organiser les vols est la demande croissante de billets entre Saint-Pétersbourg et la capitale belge », remarque le directeur commercial de la société Porte aérienne de la capitale du Nord (qui gère Poulkovo), Evgueni Iline.
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OÙ A MENÉ L'EXPANSION DE L'OTAN ? Andreï Souchentsov POLITOLOGUE
e débat entre la Russie et l'Occident sur l'élargissement de l'OTAN en Europe occupe la première place des discussions quand il s'agit d'évoquer la sécurité européenne. Il faut chercher les racines de ces désaccords dans la différence de compréhension de la fin de la Guerre froide et ses principales conséquences. La Russie est convaincue que la Guerre froide s'est achevée grâce aux efforts communs de l'Union soviétique et des ÉtatsUnis à la fin des années 1980, quand la confrontation s'est transformée en coopération des deux super-puissances. L'Occident y a aussi cru jusqu'au démantèlement de l'URSS. « Grâce à Dieu l'Amérique a gagné la Guerre froide », a finalement déclaré le président américain Georges Bush en janvier 1992. Cet événement a été perçu, en Occident, comme le début d'une nouvelle ère pendant laquelle les accords du passé ne seraient plus valables. Côté soviétique, on était convaincu qu'après la fin de l'affrontement, les deux parties allaient définir ensemble le futur des espaces où leurs intérêts se croisaient. Il s'agissait, en premier lieu, de la sécurité en Europe qui devait s'appuyer sur un équilibre des intérêts des plus grandes puissances, agissant en tenant compte des termes de l'OSCE. Le futur de l'OTAN, organisation créée pour affronter l'URSS, est devenu central. À la fin des années 1980, les parties en négociation autour de
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D'AUTRES POINTS DE VUE SUR L'ACTUALITÉ DANS LA RUBRIQUE OPINION SUR
l'Allemagne ont conclu que l'accord de l'URSS sur la réunification du pays et la retraite des troupes soviétiques de son territoire seraient une garantie du non-élargissement de l'OTAN. Dans une conversation avec Mikhaïl Gorbatchev en 1990, le secrétaire d'État américain James Baker a précisé : « Les consultations et les discussions dans le cadre d'un mécanisme à 2 + 4 doivent garantir que l'unification de l'Allemagne ne conduira pas à l'élargissement de l'organisation militaire de l'OTAN à l'est ». Les pays de l'Alliance ont convenu de ne pas installer leur infrastructure militaire en Allemagne de l'Est et cette obligation est toujours valable. La position de l'URSS sur le caractère inadmissible de l'élargissement de l'OTAN est très claire mais aucun accord ne garantit ce statu quo. En 1989-1990, on n'en parlait pas parce que le Pacte de Varsovie continuait d'exister et on gardait l'espoir de définir un nouvel équilibre en Europe, en concertation avec l'Occident. Mais, déjà en 1991, l'URSS a perdu le contrôle des événements en Europe. Les « révolutions de velours » et la dissolution forcée du Pacte de Varsovie ont fait naître une situation dans laquelle l'Occident ne se pressait pas de tenir ses engagements devant Moscou. La situation s'est encore aggravée après la tentative de coup d'État en URSS, puis la désintégration du pays. Les leaders de la nouvelle Russie ont mis de côté les exigences soviétiques de garantir la non-expansion de l'OTAN et ont même élaboré des plans pour rejoindre l'Alliance.
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En 1990, Boris Eltsine écrivait : « Comme pour narguer les quatre années de restructuration russe, la RDA, la Tchécoslovaquie et la Bulgarie ont fait en quelques jours un bond en avant vers une société normale, humaine et civilisée. Nous ne savons déjà plus si nous pourrons rattraper ce retard ». Ces mots illustrent bien l'empressement avec lequel les anciens pays du Pacte de Varsovie ont voulu rejoindre l'OTAN. De leur côté, les leaders de l'Alliance ont interprété la situation comme un signe de victoire et ont mis en place un programme pour convertir l'organisation en
POLITOLOGUE
La Russie et l’UE peuvent-elles revenir à des relations plus constructives ? Récemment encore, il était habituel de parler au niveau officiel de partenariat stratégique.
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es derniers mois, nous observons une curieuse dynamique dans les relations entre l’Occident et le Belarus. Les visites d’officiels européens à Minsk, les conférences de plus en plus fréquentes et les sommets montrent un certain dégel dans les relations entre le Belarus et l’Europe. Pourtant, pendant de longues années, aucun contact n’existait entre l’Occident et ce pays, alors que toute discussion sur la liberté de la presse ou les valeurs démocratiques était étouffée dans l’œuf par Minsk. Cette reprise de contacts ne pouvait, évidemment, pas être le fruit d’un hasard. Les tentatives de normaliser les relations entre l’Occident et le Belarus apparaissent comme la conséquence directe des événements qui ont lieu dans l’Ukraine voisine. Dès le mois de mars, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a commencé à positionner le Belarus comme un pays
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Le Vieux Continent reste la communauté la plus proche de nous d’un point de vue culturel et historique. L’Asie, elle, ne provoque aucune émotion. Fedor Loukianov président du Conseil de la politique extérieure et de défense
des systèmes de valeurs et les désaccords ont conduit à une incompréhension totale. Dans les faits, l'Occident a tourné le dos à une politique sensée et dirigée vers des objectifs précis dans ses relations avec la Russie. Il était acquis de penser que Moscou allait lui-même en direction de l'Ouest et que ses actions unilatérales ne pouvaient pas nuire à la Russie. Cette politique ne visait pas à ignorer les intérêts de Moscou mais c'est justement ce qui se passait en réalité. Cette politique n'a pas été réexaminée après les premiers désaccords entre la Russie et l'OTAN
LE BELARUS TIRE SON ÉPINGLE DU JEU Alexandre Iskandarian
Russie et Union européenne dans l'ère du pragmatisme
organisme de sécurité universel. Dans ce contexte, la Russie a cessé d'être perçue comme un partenaire égal et a pris, dans la politique de l'OTAN, le rôle d'un pays européen supplémentaire avec lequel l'Alliance allait construire des relations selon ses propres conditions. Ces tendances ont consolidé les déséquilibres profonds dans la sécurité européenne qui, au milieu des années 1990, ont fait l'objet de désaccords profonds entre la Russie et l'OTAN. Au début de la décennie, ils ont manqué l'occasion de régulariser les relations russo-occidentales. La différence
neutre et l’a proposé comme intermédiaire dans le conflit. Il s’agissait clairement d’un signal envoyé à l’Occident dans le but d’améliorer les relations réciproques. Une médiation réelle de Minsk dans le conflit ukrainien était cependant pratiquement impossible, le pays avait peu de chance d’obtenir un mandat de l’ONU
jours été la marque de fabrique de la politique de Loukachenko. Toutefois, il faut reconnaître que l’Occident n’avait pas d’autre choix dans la situation actuelle. Dans le contexte de la crise ukrainienne, le régime biélorusse ne paraît plus si odieux. La confrontation avec la Russie a adouci l’image du « dernier dictateur d’Europe » et a repous-
Le signal montrant que le Belarus ne se range pas aux côtés de la Russie a été entendu et apprécié
Si le pouvoir se met d'accord avec une partie de l'opposition, un lien sera créé avec l'UE
pour une opération de maintien de la paix et le Belarus ne disposait d'ailleurs pas de moyens suffisants pour le faire. Mais le signal montrant que le Belarus ne se range pas ouvertement du côté de la Russie et est prête pour les efforts de maintien de la paix a été entendu et apprécié. Bien entendu, un équilibre délicat à la limite du penalty a tou-
sé la question des droits de l’homme et des valeurs occidentales au second plan. En 2015, le Belarus organisera ses prochaines élections présidentielles. Personne ne doute de l’issue de ce scrutin, mais la légitimation de ses résultats est, d’ores et déjà, l’objectif du pouvoir biélorusse. Et il s’agit précisément de les légitimer aux yeux de l’Occident.
autour des conflits dans les Balkans. En réponse aux appels de la Russie à discuter des avancées souhaitables pour la sécurité en Europe – comme l'élargissement de l'OTAN ou l'installation du bouclier antimissile américain – l'Occident disait : « Nous ne sommes plus ennemis, faites ce que vous voulez ». Washington et Bruxelles ne s'inquiétaient pas des pas symétriques de la Russie pour renforcer sa propre sécurité, notamment parce qu'on croyait qu'elle ne pouvait pas représenter une menace sérieuse. Une expression est rentrée dans les discours : « La Russie veut un partenariat d'égal-àégal mais n'est pas un partenaire égal ». La Russie a donc réévalué ses rapports avec l'Occident. Les projets de création d'un ordre mondial sur un pied d'égalité ne se sont pas réalisés. Les États-Unis et l'OTAN ont utilisé à plusieurs reprises leur force dans des conflits d'une façon unilatérale, en contournant le droit international. La voix indépendante de la Russie, dans le but de défendre ses intérêts, a suscité de plus en plus de critiques de l'Occident, qui accusait la Russie de « ne pas jouer selon les règles ». La crise ukrainienne fut la dernière et la plus importante conséquence de ce déséquilibre de l'ordre international. Pour mettre fin aux conflits en Europe et dans le monde, la Russie et l'Occident n'ont cependant pas d'autre choix que de tomber d'accord. Andreï Souchentsov, professeur à l'Université MGIMO (Moscou) et chercheur associé au ClubValdaï.
Si le pouvoir parvient à se mettre d’accord avec l’opposition, ou du moins une partie de l’opposition, et échanger sa reconnaissance des élections contre, disons, quelques places au parlement, alors il sera possible de s’entendre avec l’Occident dans cette nouvelle situation. Le départ de Štefan Füle, commissaire européen à l'élargissement et à la politique européenne de voisinage et de Radosław Sikorski, ministre polonais des Affaires étrangères, permet au minimum d’espérer une dynamique positive dans les relations entre le Belarus et l’Europe. Se débarrasser des sanctions est un vieux rêve de Minsk. La probabilité d’une telle évolution est tout de même très limitée. Le président biélorusse traine derrière lui une longue histoire des relations assez conflictuelles avec l’Union européenne et, malgré toutes les démarches propagandistes, il est clair que le Belarus est l’allié le plus proche de la Russie dans la région, et un allié stratégique. Il est peu probable que les relations entre le Belarus et l’Occident changent radicalement. Toutefois, le pays peut essayer de tirer un certain profit de la situation actuelle. Dans ce type de partie d'échecs, le dirigeant biélorusse reste un joueur inégal. Alexandre Iskandarian, directeur de l’Institut du Caucase (Erevan, Arménie).
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Musique Au cours des années 70, un mouvement musical clandestin s'est développé au nez et à la barbe des autorités
L'alchimie du New Jazz, un défi lancé au conformisme soviétique Pendant des décennies, les musiciens soviétiques ont suivi l'exemple des innovations occidentales dans divers genres. Mais il existe une exception à la règle : le new jazz. VASSILI CHOUMOV RBTH
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Pendant les années 60, les intellectuels soviétiques se sont mis à apprécier la musique avant-gardiste occidentale des compositeurs John Cage et Pierre Boulez, ainsi que le free jazz d'Ornette Coleman et de John Coltrane. De ces influences est né un nouveau genre : le new jazz. C'est le journaliste et critique musical Efim Barban qui a défini le concept du new jazz, dans un livre publié clandestinement en 1977 : Musique noire, Liberté blanche. D'après Barban, « dans l'URSS de la fin des années 70, moins d'une centaine de personnes connaissaient le free jazz. Tous ces aficionados se connaissaient, même s'ils vivaient très éloignés les uns des autres - de Vilnius à Novossibirsk et d'Arkhangelsk à Almaty. Le free jazz appartenait à la scène musicale underground, et faisait partie de la culture alternative ». Le new jazz a été exporté vers l'Occident par les émigrés soviétiques de la rédaction russophone de la BBC. Leo Feigin (sous le pseudonyme d'Alexeï Leonidov) animait un programme radio consacré au free jazz soviétique, et sortait des disques enregistrés par des jazzmen underground sous son propre label musical, Leo Records. Plus tard, il fut rejoint par Efim Barban (sous le pseu-
donyme de Gerald Wood) et Alexandre Kan. L'une des figures du genre était le trio GTC : Viatcheslav Ganelin (piano),Vladimir Tarassov (batterie), et Vladimir Tchekassin (chant). Ils s'étaient rencontrés à Vilnius au début des années 70. Leur musique se démarque par des improvisations virtuoses dans divers styles. GTC a ouvert la voie à une pléiade de musiciens et représenté l'URSS en Occident en tant que pays doté de son propre style de jazz avant-gardiste. Alexandre Lipnitski, un journaliste et musicien moscovite, fut le premier en URSS à publier un article élogieux sur le trio GTC dans le journal Soviet Culture, ce qui popularisa ce groupe jusque-là inconnu, et l'aida à surmonter la dure réalité soviétique. À l'époque, l'expression : « Aujourd'hui il joue du jazz, demain, il trahit la patrie » reflétait bien l'état d'esprit hostile aux styles importés d'Occident. L'histoire d'Eddie Rosner, un musicien très populaire, qui a introduit le swing en URSS, est emblématique. En 1946, Rosner fut arrêté par le NKVD et condamné à 10 ans de goulag, où il est resté
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1. Le chanteur Léonid Outiossov et le groupe de jazz The Jolly Fellow (1930). 2. Affiche publicitaire du film Homme d’affaires (1921). 3. Le groupe de jazz amateur soviétique avec la chanteuse Tamara Evgrafova (1959).
Festival itinérant Jazz Province De Koursk à Voronej, puis 9 autres villes en deux semaines seulement : tel est le programme du festival itinérant russe Jazz Province. Cette manifestation a fait germer une "vie jazz" dans de nombreuses
villes russes. Le festival a lieu du 31 octobre au 13 novembre. Des musiciens des États-Unis, de Norvège, d'Allemagne, de Grande-Bretagne, de Suisse, d'Estonie et d'Israël y prennent part.
jusqu'à la mort de Staline en 1953. N'importe quel musicien de jazz aurait pu connaître le même sort. En 1948, le Politburo du Comité central du Parti communiste émet une directive odieuse stigmatisant certains styles musicaux, dont le jazz, comme « aliénant ». Cette période de l'histoire du jazz soviétique fut surnommée « le redressement des saxophones ». Au cours des années 70, les jazzmen ne pouvaient ni se produire en concert, ni partir en tournée. Melodia, la seule compagnie de disque soviétique, ne pressait qu'exceptionnellement du jazz. Les musiciens devaient patienter des années avant de pouvoir produire un album. La répression poussa les artistes à passer à l'Ouest aussi vite que possible. Ainsi, à l'arrivée des années 90, des dizaines d'artistes talentueux avaient déjà émigré. Hormis GTC, l'autre pionnier du genre est Sergueï Kouriokhine. Pianiste de free jazz à ses débuts, il rencontra le succès en créant le groupe PopMechanika (PM) en 1984, un mélange avant-gardiste de styles divers et variés, allant du free-jazz au rock et à la variété, en passant par le théâtre de l'absurde, mêlant musique et performances. Kouriokhine avait imaginé sa propre technique de direction d'orchestre, en incluant des sauts et des mouvements de jambes. PM fusionnait divers genres musicaux et théâtraux, toujours éclectiques. Ses effectifs très variables allaient d'une poignée d'individus à plusieurs dizaines. Parmi les anciens de PM, on trouve les musiciens des principaux groupes du Saint-Pétersbourg des années 80 - Aquarium, Kino et Auction. Nombre de musiciens de jazz célèbres ont fait partie de PM, dontVladimir Tchekassin (GTC), Sergueï Letov, Igor Boutman, Arkadi Chilkloper, et bien d'autres encore. Jusqu'à aujourd'hui, Saint-Pétersbourg continue d'accueillir le Festival International Sergueï Kouriokine. En parallèle, un Centre d'art moderne Sergueï Kouriokhine soutient de jeunes projets musicaux d'avant-garde ou expérimentaux. Il semble hélas qu'aucun autre pionnier de la trempe de GTC ou Kouriokine n’ait pour l'instant émergé - ces derniers appartiennent tous au passé. Le new jazz est resté la manifestation isolée d'un phénomène musical dynamique, créé par plusieurs individus talentueux ensemble, à leurs risques et périls, et en défiant un régime totalitaire.
UN NOUVEL AN DE RÊVE SUR LA PLACE ROUGE
DU PRINCIPAL SAPIN DE NOËL DU PAYS AUX TINTEMENTS DES CARILLONS DE LA PLACE ROUGE EN PASSANT PAR LES ILLUMINATIONS DE FÊTE DES NOUVELLES ZONES PIÉ PIÉTONNIÈRES, RBTH VOUS EXPLIQUE COMMENT PA PASSER UN RÉVEILLON DU NOUVEL AN MÉMORAB MÉMORABLE DANS LA CAPITALE RUSSE.
T R AV E L 2 M O S C O W. C O M
Durant la journée, vous pourrez parcourir les allées commerçantes richement décorées du GOuM et acheter des souvenirs du Nouvel an. Les lumières éclatantes du plus grand arbre du Nouvel an de Russie, les illuminations de fête de la cathédrale Basile le Bienheureux, les feux d’artifice et les « hourras ! » prononcés à l’unisson par plusieurs milliers de personnes forment une atmosphère impressionnante pour débuter la nouvelle année. Sélectionnez le bon point de vue sur la place Rouge et vous pourrez enregistrer votre propre message vidéo avec en toile de fond la tour aux carillons (dans le style présidentiel).
LE CENTRE HISTORIQUE PIÉTONNIER Dès la mi-décembre, les zones piétonnières de Moscou - l’Arbat, le passsage Kamergersky, la rue Nikolskaïa, se métamorphosent en lieux féériques tirés de contes du Nouvel an. Vous pourrez y profiter des concerts, boutiques de souvenirs et foires gastronomiques, ainsi que du vin et de plats chauds. Le soir du réveillon du Nouvel an, tous sont invités à participer au défilé de fête.
SHOPPING ET ANIMATIONS DE FOIRES Aux foires, les visiteurs pourront découvrir de petites isbas en bois abritant des foulards de Pavloposad, des plateaux de Jostov, ainsi que du pain d’épice de Toula. Visiter la ville des nains et le pays féérique des anges de Noël : tout cela devient possible en se rendant au festival des foires « Le voyage de Noël ». Vous pourrez même y croiser de célèbres personnages du folklore russe, par exemple Emelia et son four mobile, et bien évidemment, Grand-père Gel et la Fille des neiges.
LE SOUFFLE DE L’HIVER DANS LES PARCS Pour le Nouvel an, chaque parc moscovite organise de nouveaux programmes destinés aux enfants comme aux adultes : spectacles son et lumière sur le thème des comédies musicales soviétiques du Nouvel an, des master-classes de ferronnerie ou de fabrication de décorations de Noël. Au parc de Kolomenskoïe, l’on se promène à cheval, tandis qu’au parc de Sokolniki, se déroulent des compétitions de sculpture de bonhommes de neige.
LES PATINOIRES DE MOSCOU Sur la principale patinoire du pays sur la place Rouge, l’on peut non seulement patiner au son des carillons, mais aussi boire du vin et manger des clémentines. La patinoire la plus romantique de Moscou est située au cœur du jardin de l'Ermitage, tandis qu’à la patinoire du parc Gorki (la plus grande d’Europe), un grand nombre de cafés « cosy » se trouvent sur la piste. En hiver, les étangs de Moscou se changent également en patinoire : vous pouvez vous rendre aux légendaires étangs du Patriarche, ou bien de faire un tour sur les étangs Tchistie Proudy.