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Mercredi 17 décembre 2014

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Visions de la Russie Distribué avec

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C E C A H I E R D E H U I T PA G E S E S T É D I T É E T P U B L I É PA R R O S S I Y S K AYA G A Z E TA ( R U S S I E ) , Q U I A S S U M E L ’ E N T I È R E R E S P O N S A B I L I T É D E S O N C O N T E N U

QUAND L’ACTIVITÉ REPRENDRA...

DOSSIER La célèbre institution de Saint-Pétersbourg, joyau russe de l’art mondial, fête ses 250 ans

Malgré un climat d’affaires défavorable, certaines entreprises françaises jugent opportun d’être présentes en Russie pour profiter du marché à l’heure de la reprise. PAGE 4

LA RUSSIE EXPORTE SON SANG ARTIFICIEL Le Perftoran, né des travaux de chercheurs soviétiques, est très demandé comme susbtitut sanguin à l’étranger et pourtant encore peu présent sur le marché russe. PAGE 5

MISTRAL : À LA LUMIÈRE DES PRÉCÉDENTS La remise en cause de la livraison des bâtiments à la Russie n’est pas sans précédents analogues, explique un historien. Et la commmande passée à la France était d’abord un geste politique aux yeux de Moscou. PAGE 6

VOYAGE AU PAYS DES LÉGENDES SÉCULAIRES

PHOTOXPRESS

ILYA KROL, GEORGUI MANAÏEV RBTH

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L’Ermitage français La section de l’art français est l’une des fiertés de l’Ermitage. C’est une collec-

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Le coup de jeune du musée de l’Ermitage À l’heure du deux cent cinquantième anniversaire, on procède à un grand réaménagement pour faire place à l’art contemporain et étendre les collections dans les nouvelles salles de l’État-Major de la Garde impériale.

C’est le temps des vœux et les vôtres pourront être exaucés, si vous y croyez, sur cinq sites mythiques de Russie.

tion unique de chefs-d’œuvre, pas la plus importante, mais la plus grande hors de France. « Notre collection recouvre l’art français allant du XVIème siècle et jusqu’au début du XXème », explique la méthodologiste en chef Natalia Brodskaïa, l’une des plus anciennes collaboratrices du musée, qui se flatte de montrer « les artistes les plus célèbres et leurs chefs-d’œuvre ». La collection des frères Morozov et de Sergueï Chtchoukine qui, à la fin du XIXème-début du XXème siècles ont acheté des dizaines de toiles impressionnistes et post-impressionistes en France, est le joyau de l’Ermitage. Grâce à eux, le musée possède aujourd’hui l’un des ensembles les plus complets au monde de tableaux de Matisse et de Gauguin. Ces collectionneurs étaient d’« incroyables » précurseurs, explique Mme Brodskaïa, car ils avaient su apprécier les nouvelles tendances de « l’art français avant même les collectionneurs français. Quand ils ont commencé à acheter leurs œuvres, personne ne s’intéressait aux impressionnistes, encore moins à Matisse et à Picasso qui épouvantaient le public ».

En 2014, l’Ermitage a été désigné meilleur musée d’Europe par les utilisateurs du principal portail touristique TripAdvisor, devant l’Académie des beaux-arts de Florence et le musée d’Orsay. Son 250ème anniversaire correspond à un nouvel âge d’or. L’institution n’a connu un tel essor qu’à l’époque de sa fondatrice, Catherine II. En 1764, l’impératrice posa la première pierre de la

est une source d'information multilingue, d'actualités, de commentaires, d'opinions et d'analyses sur la culture, la politique, le monde des affaires, la science et la société russes. Édité à Moscou, RBTH publie des avis contrastés d'éditorialistes et d’acteurs de la vie politique et économique, tant sur le rôle joué par la Russie sur la scène internationale que sur les affaires intérieures du pays.

collection de l’Ermitage après avoir acheté 225 œuvres de peintres hollandais, flamands et italiens à un marchand berlinois. Aujourd’hui, le musée, qui réunit plus de trois millions de pièces, dont des trésors anciens, des chefs d’œuvre de l’Antiquité, des exemples de l’art orientale et slave, conserve 96 tableaux de la collection originale, installée initialement dans des appartements isolés du palais.

Du classique avant le moderne L’Ermitage d’aujourd’hui n’a pas oublié Catherine La Grande – des toiles à son effigie ornent la galerie des portraits de la seconde moitié du XVIIIème siècle. Ces œuvres sont le summum de l’école de portrait russe de son époque. Mais les deux millions et demi de visi-

teurs qui fréquentent le musée chaque année ont d’autres œuvres de toutes les écoles et de toutes les époques à admirer. La collection artistique européenne de l’Ermitage compte environ 600 000 pièces, dont quelques chefs-d’œuvre absolus : les Madones inspirées de Léonard deVinci, la Chambre rouge ardente de Matisse, la gracieuse Vénus de Tauride et le Garçon accroupi de MichelAnge. Les expositions permanentes occupent 120 salles du musée, installées dans quatre bâtiments. Les expositions temporaires sont présentées sur dix sites différents appartenant au musée.

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Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Figaro

DOSSIER

RIA NOVOSTI

L’Ermitage s’ouvre au monde L’héritage de la Garde impériale Au début des années 2000, l’Ermitage s’est lancé à l’international et a ouvert des filiales à Londres et Las Vegas. Les deux sites ne sont pas parvenus à atteindre l’auto-suffisance et ont été fermés, mais d’autres filiales fonctionnent avec succès à Amsterdam et Venise depuis plusieurs années. « Aujourd’hui, l’Ermitage est un musée encyclopédique global présent dans le monde entier », souligne le directeur Mikhaïl Piotrovski, dans un entretien au journal Rossyiskaya Gazeta. « Partout, l’Ermitage présente la Russie et sert de pont culturel majeur ». Pourtant, le principal tournant dans la vie du musée ces dernières décennies a eu lieu dans sa ville natale, quand il a obtenu l’usufruit du bâtiment de l’État-Major général de la Garde impériale, situé de l’autre côté de la place du Palais, qui n’avait jamais fonctionné comme musée auparavant. Depuis 1829, année de sa construction, les couloirs de cet édifice étaient arpentés non par les amateurs des beaux-arts, mais par des officiers. En 2012, pour la première fois, des œuvres d’art sont exposées dans ses salles. Et le musée, qui menait une politique d’exposition plu-

tôt conservatrice et ne présentait que rarement de l’art contemporain, a obtenu une aile entière pour présenter les créations d’aujourd’hui.

Photo ci-dessus : la grande verrière italienne dans le Nouvel Ermitage.

France prochainement. L’Ermitage répond à cette reconnaissance sans arrogance, d’une manière professionnelle. Même en cette année anniversaire, le musée évite toute solennité inutile, jugeant que le meilleur moyen de célébrer l’occasion est d’organiser un nombre toujours plus grand d’expositions et de s’ouvrir encore plus au public. « La fête chez nous dure toute l’année, nous ouvrons régulièrement des salles pour cette célébration : la salle des expositions au Petit Ermitage, les ateliers et la Maison de réserves du Palais d’Hiver, toute une série de grandes expositions », explique Piotrovski. Selon lui, l’Ermitage a aujourd’hui pour mission d’être non seulement un espace artistique, mais aussi une référence : « nous pouvons désormais insister sur le fait que l’Ermitage est une sorte d’étalon qui permet à la société de prendre conscience de sa valeur ». En effet, malgré les scandales, inévitables dans la vie de tout grand établissement, l’Ermitage reste une institution exemplaire pour les Russes. Les problèmes politiques et la conjoncture économique et sociale restent en dehors de ses murs. En son sein, l’art mondial trouve refuge et s’est même, cette année, rapproché des connaisseurs internationaux.

Le virage de la modernité Le bâtiment de l’État-Major n’est pas un projet isolé pour le sanctuaire artistique de Saint-Pétersbourg. Il s’inscrit dans la campagne Ermitage 20/21 qui vise à élaborer la nouvelle politique du musée, tournée vers la modernité. Depuis 1997, l’Ermitage a acquis 400 exemplaires remarquables d’art figuratif et décoratif, dont les célèbres sculptures Nature morte aux pastèques de Fernando Botero, et Étude de nu de Louise Bourgeois ainsi que la toile Lumière noire du classique de la peinture française contemporaine, Pierre Soulage. Les nouveaux bâtiments de l’Ermitage accueillent chaque année des expositions majeures.

Une institution exemplaire En ce 250ème anniversaire, le musée focalise toutes les attentions. On en parle, on écrit et fait des films sur le sujet. Le documentaire L’Ermitage révélé de la réalisatrice britannique Margy Kinmonth est actuellement projeté dans de nombreux pays européens, dont la

Diderot, Catherine II et le prestige russe

FINE ART IMAGES / VOSTOCK PHOTO

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

La splendide collection de l’Ermitage fut assemblée par l’impératrice avec l’aide de divers consultants et émissaires, dont les philosophes français des Lumières Voltaire et Diderot, ainsi que de ses sujets envoyés en mission diplomatique à l’étranger. Le sens que l’impératrice Catherine II souhaitait donner à sa collection d’œuvres d’art était avant tout politique – elle voulait forger l’image d’une grande puissance capable de rivaliser avec d’autres nations européennes par l’éclat de sa culture. Avec le concours de Diderot, l’Ermitage acquiert en 1772 la collection du baron Crozat de Thiers comprenant des chefsd’œuvre tels que Judith de Giorgione, La Vierge à l’Enfant et saint Joseph de Raphaël, Danaé et La Sainte Famille de Rembrandt et bien d’autres. En 1815, sous Alexandre Ier, la collection du musée s’enrichit de grandes œuvres venues de France, les murs du Palais d’Hiver accueillant des pièces inestimables, dont La Descente de la Croix de Rembrandt et La Nuit de Lorrain, de la collection de la première épouse de Napoléon, Joséphine.

INSOLITE Quatre faits méconnus sur le plus célèbre musée de Russie

Ce que vous ne savez peut-être pas sur la collection de l’Ermitage ou autour d’elle

MARIA SOKOLOVSKAÏA RBTH

seulement, votre visite vous prendrait près de huit années.

Les premiers tatouages 3

YOURI MOLODKOVETS

Huit ans pour tout voir

1 CORBIS/ALL OVER PRES S

Comme tous les panthéons des arts du monde, l’Ermitage recèle non seulement une gigantesque collection de chefs-d’œuvre mais aussi une petite histoire riche en anecdotes.

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La collection principale du musée occupe cinq bâtiments situés le long des quais de la Neva dans le centre de Saint-Pétersbourg avec, au cœur du complexe, le Palais d’Hiver. La collection du musée compte environ K trois millions d’objets d’art de difféOTOBAN AGES/F ETTY IM rentes époques, installés dans 350 G salles d’une superficie totale de 20 kilomètres. Si vous vouliez étudier chaque pièce présentée pendant une minute

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Le musée conserve les plus anciens tatouages sur corps humain connus dans le monde ; ils sont préservés sur les dépouilles de momies découvertes dans des tertres scythes de l’Altaï. Fait intéressant : on pensait d’abord que seul le corps de l’un des chefs de tribu portait des tatouages. Mais des exhumations postérieures dans la même zone de deux momies tatouées ont entraîné un réexamen des dépouilles conservées au musée. Les tatouages ont été découverts grâce à la technique de la photographie infrarouge.

La garde féline SERVICE DE PRESSE

Depuis trois siècles, une multitude de

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Ces chats qui veillent sur les trésors de l’Ermitage fr.rbth.com/31321

chats vivent dans les sous-sols du musée. La garde féline est apparue dans la résidence impériale en 1745 sur ordre de l’impératrice Élisabeth Ière, qui souhaitait ainsi chasser les rats et les souris du Palais d’Hiver. Les chats ont d’abord été « employés » au palais, puis au musée. La seule exception remonte aux années du siège de Leningrad, quand une famine épouvantable provoqua la disparition des chats dans la ville. Après la guerre, l’Ermitage recruta de nouveaux matous en provenance de villes comme Novgorod ou Pskov.

L’ombre des Romanov Le Palais d’Hiver servait de résidence au dernier couple impérial russe. Comme tout autre monument historique, il est entouré d’une série de légendes sur la dynastie des Romanov. Mais outre ces évocations romanesques, les salles du palais préservent des témoignages bien réels du passé. L’un des plus touchants est l’inscription au diamant faite par l’impératrice Alexandra Fedorovna sur une vitre du premier étage donnant sur la Neva : « Nicky [Nicolas II de Russie, ndlr] regarde les hussards. 17 mars 1902 ».

RUSSIA BEYOND THE HEADLINES (RBTH) PUBLIE 30 SUPPLÉMENTS DANS 24 PAYS POUR UN LECTORAT TOTAL DE 33 MILLIONS DE PERSONNES ET GÈRE 20 SITES INTERNET EN 16 LANGUES. LES SUPPLÉMENTS ET CAHIERS SPÉCIAUX SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), ET DIFFUSÉS DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX SUIVANTS: • LE FIGARO, FRANCE • LE SOIR, BELGIQUE• THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • HANDELSBLATT, ALLEMAGNE • EL PAÍS, ESPAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE • DUMA, BULGARIE • NOVA MAKEDONIJA, MACÉDOINE • POLITIKA, GEOPOLITI KA, SERBIE • THE WASHINGTON POST, THE NEW YORK TIMES ET THE WALL STREET JOURNAL, ÉTATS-UNIS • THE ECONOMIC TIMES, INDE • MAINICHI SHIMBUN, JAPON • HUANQIU SHIBAO, CHINE • LA NACION, ARGENTINE • FOLHA DE S.PAULO, BRÉSIL • EL OBSERVADOR, URUGUAY • SYDNEY MORNING HERALD, THE AGE, AUSTRALIE • ELEUTHEROS TYPOS, GRÈCE • JOONGANG ILBO, CORÉE DU SUD • GULF NEWS, AL KHALEEJ, ÉMIRATS ARABES UNIS • THE NATION, PHUKET GAZETT, THAÏLANDE. COURRIEL : FR@RBTH.COM. POUR DE PLUS AMPLES INFORMATIONS, CONSULTER FR.RBTH.COM. LE FIGARO EST PUBLIÉ PAR DASSAULT MÉDIAS, 14 BOULEVARD HAUSSMANN 75009 PARIS. TÉL: 01 57 08 50 00. IMPRESSION : L’IMPRIMERIE, 79, RUE DE ROISSY 93290 TREMBLAY-EN-FRANCE. MIDI PRINT 30600 GALLARGUES-LE-MONTUEUX. DIFFUSION : 321 101 EXEMPLAIRES (OJD PV DFP 2011)


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SOCIÉTÉ

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BIENFAISANCE Enquête sur le développement du volontariat au sein de la société russe

Les organisations caritatives, en progrès, peuvent mieux faire

Lida Moniava fait observer, de son côté, que les Russes préfèrent aider directement des enfants malades ou orphelins que de donner de l’argent pour la lutte contre les maladies incurables, étant plus réticents s’ils ont le sentiment que leur contribution ne changera pas grand-chose de manière concrète et immédiatement visible. En même temps, Lida note qu’on assiste ces dernières années au développement actif de communautés locales : « des dizaines de personnes nous appellent tous les jours afin de proposer leur aide. Ça vous donne le sentiment que tout le monde autour de vous est prêt à vous tendre la main, même s’il est peu probable que cela se passe de cette manière dans tout le pays ».

Le nombre de Russes engagés dans une activité caritative a augmenté d’un million en l’espace d’une année. Pourtant, la Russie ne figure encore qu’en 126ème position au classement mondial de la philanthropie. ANASTASSIA MALTSEVA POUR RBTH

Alina souffre du syndrome de Werdnig-Hoffman [amyotrophie spinale infantile, ndlr], une maladie génétique très grave. Pendant les cinq premières années de sa vie, elle ne pouvait respirer de manière autonome et avait besoin d’un masque pour recevoir de l’oxygène. Fin 2011, suite à une pneumonie, l’état de santé d’Alina a empiré. Placée au service des soins intensifs, elle a été reliée à un respirateur artificiel. Ses parents devaient choisir : ou bien laisser Alina passer le restant de ses jours à l’hôpital, ou bien acheter l’appareil en question et équiper leur appartement pour maintenir l’enfant en soins intensifs. « Un respirateur artificiel coûte un million de roubles (15 000 euros) », indique Lida Moniava, responsable du programme dédié aux enfants au sein de la fondation de bienfaisance Vera, qui soutient les centres de soins palliatifs. « L’État ne prend pas en charge ce genre de problèmes, et la famille d’Alina n’avait pas l’argent nécessaire. Sa mère s’est donc tournée vers nous pour lui venir en aide ». La fondation a relaté la situation d’Alina sur les réseaux sociaux. L’histoire a été lue par des milliers de personnes et plusieurs centaines d’entre elles ont fait des dons. La somme requise a ainsi pu être réunie. Cette histoire est loin d’être une exception. Au cours de sa carrière, Lida Mo-

Le chemin est encore long

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niava raconte avoir observé près d’une quarantaine de succès semblables.

Le volontariat comme moyen d’épanouissement personnel

tivités caritatives au niveau gouvernemental étaient mal vues, parce qu’elles révélaient des problèmes contredisant la propagande. De nos jours, le volontariat et les activités de bienfaisance se développent activement en Russie à travers des réseaux sociaux tels que VKontakte, Odnoklassniki ou Facebook. De nombreux utilisateurs de ces réseaux n’ont pas encore eu la possibilité de s’affirmer au sein de la société. Ils cherchent à venir en aide à des personnes dans le besoin et par la même occasion, à donner ainsi un sens à leur vie.

Une volontaire de la Fondation Vera anime un atelier de pâte à modeler.

Lev Abinder, fondateur et dirigeant de la Fondation d’entraide russe – une des principales organisations caritatives du pays – souligne que le nombre de volontaires augmente chaque année. Selon lui, les Russes sont traditionnellement portés vers la solidarité envers les personnes en difficulté. À l’époque soviétique, toutefois, rien ni personne ne stimulait ce type d’activité. Les ac-

En ligne

En Russie, les orphelins en quête d’insertion sociale fr.rbth.com/31693

Ces dernières années, les Russes sont de plus en plus nombreux à considérer que les organes du pouvoir ne sont pas en mesure de résoudre une série de problèmes sociaux locaux, considère Lev Goudkov, directeur du Centre analytique Levada. « Ceci concerne notamment la médecine dans les régions exposées à un manque de spécialistes et d’équipements médicaux innovants ». Dans de petites villes, il est difficile d’obtenir une aide nécessaire aux patients atteints d’une maladie complexe ou rare. Ceux qui ont déjà rencontré ce genre de problème réagissent dès qu’ils apprennent que quelqu’un a besoin d’aide. Selon M. Goudkov, le point faible du bénévolat en Russie réside dans le fait que « la plupart des gens s’engagent dans ces initiatives lorsque les conditions ne leur laissent pas d’autre choix. Par exemple lorsqu’il faut éteindre le feu des tourbières dans une forêt avoisinante ou amasser une somme d’argent pour venir en aide à un enfant malade », explique le sociologue. Les initiatives civiles consolident la société et permettent d’établir des liens horizontaux solides au sein de cette dernière, mais en Russie, le bénévolat se distingue par son caractère spontané et occasionnel, ce qui l’empêche d’acquérir les formes d’un mouvement puissant et organisé, conclut Lev Goudkov.

À NOTER TENDANCES La mode du bio en passe de révolutionner l’agriculture russe LES FERMIERS AU 6ÈME FESTIVAL RUSSENKO

Le pari des nouveaux fermiers Les habitudes alimentaires des Russes changent : les produits bio entrent lentement mais sûrement dans leur vie, ce qui offre des perspectives aux exploitations fermières traditionnelles. ANASTASSIA BELKOVA POUR RBTH

La mode des aliments sains Bien enracinée en Occident, la mode de l’agriculture fermière n’a conquis la Russie que récemment. On a vu des dirigeants d’entreprise et des cols blancs abandonner les bureaux et se lancer dans l’élevage de cochons et de lapins ou dans la plantation d’arbres fruitiers. L’idée que les produits fermiers sont bons pour la santé a vite fait son chemin dans les esprits. Les nouveaux fermiers assurent que leurs bêtes ne consomment que des aliments écologiquement propres, de l’eau de puits artésiens et des produits dépourvus de tout engrais chimique. Le prix de cette alimentation est élevé : un kilo de porc coûte 1 600 roubles (24€) au lieu de 400 (6€), ce qui n’arrête pas les citadins aisés, ni certains restaurateurs. Quant à la population plus modeste, elle est devenue

Un stand et des produits présentés lors de la quatrième édition du Festival de produits fermiers Russian Gusto.

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Initialement philologue, Stanislav Sabaneev a créé une ferme dans la région de Saratov (à 858 km au sud-est de Moscou). Il y élève des agneaux et des volailles. Avec leur viande, le fermier produit des mets délicats qu’il fournit aux restaurants de Moscou. « Je réponds de la qualité des produits finis. Ils n’auront jamais aucun additif. Ils sont fabriqués uniquement à base de viande de qualité et d’épices. Je n’utilise que des conservateurs naturels et, bien sûr, le fumage », explique Sabaneev. Il dit s’être inscrit à la faculté de philologie par hasard. « L’agriculture pour moi est également un hasard, mais c’est là que je me suis retrouvé », ajoute Sabaneev.

Le cap mis sur la qualité Petit à petit, des restaurants russes commencent à intégrer des produits fermiers dans leur menu. En partie, cette tendance naissante est due aux chefs cuisiniers étrangers qui venaient à Moscou et s’intéressaient aux produits locaux, affirme Victor Michaelson, directeur de Slow Food Russie, une association axée sur le développement de l’écogastronomie.

adepte des festivals de produits bio. En quelque sorte, l’application en août dernier de l’embargo sur une série de produits alimentaires importés a eu un effet positif pour les fermiers, assure l’employé d’une fromagerie de Dmitrov (région de Moscou). « C’est notre heure de gloire. Depuis l’annonce de l’embargo, la demande pour nos produits a remarquablement augmenté », dit-il. Victor Michaelson, directeur de la filiale russe de Slow Food et organisateur du festival de produits fermiers Russian Gusto confirme cette heureuse coïncidence pour les fermiers, car d’un côté l’embargo a poussé les consommateurs à s’intéresser davantage à l’origine des produits, et de l’autre, les autorités régionales se sont intéressées à l’activité des producteurs locaux.

Les incertitudes du financement Les petites exploitations se retrouvent généralement à l’écart des programmes d’aide de l’État. Selon le directeur de l’Union russe des fermiers, Vladimir Smaguine, les agriculteurs de la région de Moscou ont bénéficié cette année de 100 millions de roubles (2 millions d’eu-

ros selon le taux de change du début de l’année) en subventions, mais plus de 80 millions ont été partagés par une vingtaine de grandes entreprises, auxquelles en Russie s’applique également l’appellation de « fermes ». Une petite production a beaucoup de mal à obtenir des crédits, car devant l’augmentation de la dette agricole, les banques prêtent deux fois moins que les années précédentes. De ce fait, les nouveaux fermiers sont contraints de se tourner vers le « crowdfunding » (financement communautaire). Sur Internet, un couple de la région de Nijni Novgorod espérait lever 550 000 roubles (7 700€) pour monter une fromagerie mais n’en a pour l’instant recueilli que 10%. D’autres sont plus chanceux et Victor Michaelson se montre optimiste quant à l’avenir des nouveaux fermiers en général. Il estime que s’ils parviennent à occuper une niche sur le réseau de distribution dans les grandes villes, ils s’y implanteront durablement. « L’agriculture fermière poursuivra son développement, la qualité des produits remportera tôt ou tard le marché », affirme de son côté le fermier Sabaneev.

DU 30JANVIER AU 1ER FÉVRIER 2015 VILLE DU KREMLIN-BICÊTRE, VAL-DE-MARNE Le festival des cultures russes et russophones RussenKo est une manifestation incontournable donnant à voir la Russie d’aujourd’hui dans ce qu’elle a de plus créatif. Le nouveau cru propose un ensemble éclectique mêlant les arts plastiques, la photographie, la littérature, le cinéma, la musique, les spectacles vivants et la gastronomie. Largement appréciée en 2014, cette dernière est reconduite au programme et aura pour thème principal cette année les nouveaux fermiers. › www.russenko.fr

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ÉCONOMIE

INVESTISSEMENTS Face à l’attentisme de certains, des entrepreneurs français font le pari d’être présents pour la reprise

Le choix du marché russe au bon moment La communauté d’affaires française en Russie a connu des jours meilleurs. Mais la conjoncture difficile ne doit pas masquer les créneaux porteurs et il faudra être prêt quand l’économie reprendra.

Affaires à suivre

RENCONTRES RUSSIE 2015

LOUIS BONAVENTURE POUR RBTH

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Malgré l’affaissement de la croissance, qui devrait se situer sous la barre de 1% en 2014, certains secteurs de l’économie russe restent promis à une forte expansion. Certes, l’euphorie des investisseurs étrangers de ces dernières années a cédé le pas à une certaine circonspection, mais la France reste pour sa part bien positionnée sur le marché russe. « En termes d’investissements directs, la France arrive en deuxième position derrière l’Allemagne », souligne Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire francorusse, un centre de réflexion spécialisé dans l’analyse des relations entre les deux pays. Il reconnaît que la situation actuelle n’est pas favorable à l’investissement, mais « c’est normal, les gens attendent, regardent comment ça se passe, évaluent », poursuit le chercheur. Si certains entrepreneurs français attendent de voir comment les choses vont évoluer, d’autres sont persuadés que c’est maintenant qu’il faut se lancer sur le marché russe, pour profiter pleinement des effets de la reprise lorsque celle-ci finira fatalement par intervenir.

12-13 FÉVRIER, UBIFRANCE, PARIS

Des incubateurs déstinés aux PMIPME françaises cherchant à s’implanter en Russie s’ouvrent à Moscou.

la recherche scientifique, qui est très bonne dans certains secteurs, et le marché. On voit apparaître des start-ups mais le problème, c’est qu’elles ne communiquent pas suffisamment avec les grands groupes susceptibles de stimuler leur développement. C’est là que nous intervenons avec des prestations de coaching et de stratégie qui n’existent pas en Russie », souligne Yannick Tranchier. En parallèle à ses activités au sein d’Obvious, cet ingénieur en informatique a également créé la Maison des entrepreneurs français (MEF), un incubateur dans le centre de Moscou, destiné aux PMIPME qui cherchent à s’implanter. « Plusieurs de mes clients français soucieux de développer leurs activités en Russie m’ont demandé si je pouvais les

Partenariats entre jeunes pousses C’est le cas de Yannick Tranchier et de sa société Ob-vious, dont la vocation est de nouer des partenariats technologiques entre des jeunes pousses (start-ups) russes et françaises pour ensuite leur permettre de monter et de gérer des projets collaboratifs entre les deux pays. « En Russie, il y a un écart énorme entre

L’Agence Ubifrance organise la quatorzième édition du rendez-vous annuel de la communauté d’affaires française intéressée par la Russie : « Rencontres Russie : séminaire et forum d’affaires » › www.ubifrance.fr/ RencontresRussie2015

Pépinière française au cœur de Moscou Carré France, un immeuble en plein centre de Moscou occupé exclusivement par des entreprises françaises, est né au printemps dernier, mû par la volonté de se regrouper en un même espace pour mieux affronter les difficultés économiques du moment. À l’automne, Carré France a décidé de mutualiser un certain nombre d’espaces et de les louer à des entrepreneurs désireux de s’implanter en Russie. C’est ainsi que la pépinière éponyme a vu le jour. Le projet est ciblé sur des sociétés françaises ou des entreprises intéressées par les échanges franco-russes. Benoît Lardy, associé partenaire de la pépinière Carré France, juge que « sur certains secteurs d’activité, il est des jeunes Français qui ont de bonnes idées. En Russie, ils peuvent trouver des débouchés naturels ainsi qu’un marché et des conditions tout à fait favorables pour s’installer ».

accompagner dans leur démarche et pour commencer, les aider à trouver des bureaux. J’ai alors décidé de créer ma solution », explique Yannick Tranchier.

La grande distribution pour cible Sept entreprises, actives dans la pétrochimie, l’aéronautique, l’internet, le tourisme, les logiciels ou les ressources humaines ont déjà franchi le pas. Elles sont une quarantaine d’autres à négocier leur arrivée prochaine, même si plusieurs d’entre elles ont remis leur décision à plus tard. Denis Le Chevalier fait partie de ceux qui ont choisi la MEF. Sa niche ? La grande distribution, où les perspectives sont prometteuses compte tenu de la taille du marché russe. « Les 100 premiers réseaux de distribution en Russie, sachant qu’il y en a 1 400, représentent trois fois la France en termes de magasins », s’enthousiasme-t-il.

L’atout du savoir-faire occidental À terme, M. Tranchier a pour ambition de faire de la MEF un véritable lieu de vie et d’affaires car les sanctions n’ont rien changé aux besoins de modernisation de l’économie russe qui restent importants. L’embargo décrété sur les produits agricoles de plusieurs pays occidentaux est une occasion pour la Russie de développer sa propre production et là, le recours au savoir-faire étranger s’impose. Autre exemple : le secteur de la santé. Il y a très peu d’infrastructures destinées à la prise en charge des personnes âgées alors qu’on constate un allongement de l’espérance de vie de la population depuis quelques années. Là aussi, le savoirfaire occidental pourra être utile, mais pour avoir accès à ces marchés, une implantation en Russie reste indispensable.

SANCTIONS Les investisseurs européens s’adaptent aux défis

RÉGIONS L’oblast de Sverdlovsk tend la main aux investisseurs

Changement de stratégie : on passe par l’Asie

L’Oural tourné vers les sociétés européennes

REUTERS

La Russie se tournant vers l’Est pour remplacer les importations en provenance de l’Ouest, les milieux d’affaires européens gèrent la nouvelle donne. IGOR ZOUBKOV POUR RBTH

Les hommes d’affaires européens qui travaillent en Russie ou traitent avec des sociétés russes ont déjà tiré leurs conclusions sur la politique de substitution des importations et noté les signaux d’un virage à l’Est de l’économie russe en réponse aux sanctions occidentales. Ils comptent donc localiser davantage leur production en Russie et remplacer les sociétés européennes par des entreprises asiatiques dans la chaîne de livraison, indique le président de l’AEB (Association of European Business), Philippe Pégorier. Cette stratégie a dû être adoptée pour des raisons politiques et en raison de la dépréciation du rouble. À la Bourse de Moscou, l’euro grimpe en flèche, et avec lui, le coût des importations européennes. « Pour faire face à cette situation, nous allons localiser au maximum la production en Russie, à un niveau

Philippe Pégorier, président de l’AEB.

sans précédent. Les milieux d’affaires européens sauront s’adapter à ces nouveaux défis et conserver leurs parts de marché. La date de levée des sanctions n’a déjà plus d’importance », explique Philippe Pégorier. Selon lui, les sanctions ont eu pour l’instant un impact commercial sans toutefois peser sur le volume d’investissements des pays de l’Union européenne en Russie : les entreprises européennes déjà implantées dans ce pays, qui sont de fait déjà des acteurs de l’économie nationale à part entière, poursuivent leur projets. Néanmoins, les mesures de rétorsion ont réussi à dissuader les entreprises qui étudiaient seulement la possibilité d’investir en Russie, distendu les liens et fait perdre confiance dans la véracité des informations. « En ce qui concerne le virage vers l’Est de la Russie, il faut noter que les entreprises étrangères présentes sur son territoire sont en général les filiales de grandes compagnies globales, qui n’ont pas seulement des usines ici mais également en Inde, en Chine, etc. On étudie actuellement la possibilité de réorienter nos projets d’investissement en Russie par l’intermédiaire de nos entreprises en Asie. Elles travaillent avec la même qualité, les mêmes technologies et les mêmes normes qu’en Europe », confirme Philippe Pégorier. Il rappelle qu’aujourd’hui les pays membres de l’UE représentent les trois quarts des investissements en Russie et que même les plus grands partenaires asiatiques du pays sont encore très loin de ces indices. L’AEB s’est déjà prononcée deux fois contre les sanctions européennes et les contre-mesures adoptées par la Russie. « Sur cette question nous bataillons avec Bruxelles », témoigne Philippe Pégorier. Pour lever les sanctions, il faudrait parvenir à un consensus des membres de l’UE, tout comme pour étendre leur délai, qui court pour l’instant jusqu’à l’été prochain. « Nous allons travailler sur ce point désormais : si les sanctions ne sont pas levées, nous allons faire du lobbying pour qu’au moins leur prolongation soit bloquée par différents membres de l’UE », note Pégorier. Et de conclure : « Leur allongement serait un grand coup porté au business européen en Russie ».

La Russie se rapproche de l’Asie sans repousser l’Occident, a récemment annoncé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Une volonté de coopérer avec l’Europe se fait également sentir au niveau des autorités régionales. IGOR ROZINE RBTH

À la mi-novembre, le bureau moscovite de l’AEB (Association of European Business) a accueilli un exposé sur les possibilités d’investissement dans l’oblast de Sverdlovsk, présenté par le gouverneur de la région, Evgueni Kouïvachov, en présence des représentants de sociétés déjà installées dans l’Oural. À ce jour, environ 400 entreprises étrangères sont présentes dans l’oblast de Sverdlovsk, dont les françaises Danone et Saint-Gobain. L’intérêt des investisseurs pour la région n’est pas une coïncidence : comme l’a signalé devant l’AEB M. Kouïvachov, les sociétés qui s’y installent « obtiennent non seulement un accès aux marchés ouralien, sibérien et d’Extrême-Orient, mais se réservent également une ouverture aux autres marchés de l’Union économique eurasienne ainsi qu’aux pays d’Asie centrale, car la situation géographique est favorable d’un point de vue logistique ». Ce constat est volontiers confirmé par la filiale de Saint-Gobain qui, depuis 2012, produit des matériaux secs de construction dans la région. « L’oblast de Sverdlovsk est l’une des zones industrielles les plus avancées de Russie, l’un des carrefours de transport les plus importants du pays et bénéficie d’une infrastructure moderne », ont indiqué des représentants de la société dans un entretien avec notre journal. Pour susciter la participation de capitaux étrangers à des projets d’investissement, les autorités régionales mettent en place des dispositifs spécifiques d’incitation fiscale et de subventions régio-

nales. Comme le reconnaît le service de presse de Saint-Gobain, ces dernières années les autorités régionales ont déployé beaucoup d’efforts pour fournir de bonnes conditions de travail aux investisseurs étrangers. La zone économique spéciale appelée Vallée du Titane, créée fin 2010, est particulièrement attractive pour les investisseurs. Il s’agit d’une sorte d’ « offshore à la russe » qui dispose d’une infrastructure productive prête à l’emploi. Les résidents de cette zone sont exemptés de taxes foncières, de la taxe sur le transport et de l’impôt sur le patrimoine des sociétés. L’impôt sur les bénéfices est plafonné à 2% seulement pendant dix ans.

Grâce au dynamisme des investisseurs, l’oblast Une coopération mutuellement avantageuse parvient à Les avantages fiscaux ne sont pas le seul connaître une atout de l’oblast. Les entreprises y sont aussi attirées par un fort potentiel en rescroissance sources humaines, comme l’a confirmé économique le président du conseil d’administration d’Enel Russie, Stéphane Zvéguintsov, qui supérieure à a également pris part à la présentation la moyenne de la région de Sverdlovsk. « L’Oural et l’oblast de Sverdlovsk sont une mine de du pays

ressources humaines. Il suffit de mentionner l’Université fédérale de l’Oural qui forme des spécialistes de haut niveau et qui peut fournir la main d’œuvre nécessaire à n’importe quelle production », a-t-il souligné. Grâce au dynamisme des investisseurs, l’oblast parvient à connaître une croissance économique supérieure à la moyenne du pays (3%), indique le cabinet de conseil PwC. De plus, selon les estimations du vice-président du groupe ABB Russia Mikhaïl Akim, les technologies occidentales en matière d’efficacité énergétique peuvent trouver des débouchés dans la région, étant donné que 80% de l’énergie fournie dans l’oblast est consommée par des unités industrielles de type chimique et métallurgique.


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Mercredi 17 décembre 2014

SCIENCES & TECHNIQUES

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SUBSTITUTS SANGUINS Le Perftoran vise le marché mondial

Un sang artificiel « made in Russia »

La Russie exporte le Perftoran, aussi appelé « sang bleu », vers presque tous les pays du monde. Découverte à la fin des années 1970 par un groupe de chercheurs soviétiques sous la direction du professeur Felix Beloïartsev, cette solution n’a été mise sur le marché que récemment. Pour des raisons qui restent encore inconnues, la préparation du Perftoran a été interdite sous le régime soviétique. Quant à son inventeur, après avoir été la cible d’attaques médiatiques et de perquisitions dans sa maison de campagne, il aurait, selon la version officielle, « mis fin à ses jours ». Le Perftoran a refait surface il y a une dizaine d’années seulement, lorsqu’Alliance Pharmaceutical, une société américaine de recherche et développement de substituts sanguins, a découvert et évalué, à la suite d’examens poussés, la haute qualité du perfluorocarbure russe. Dès lors, les exportations de substituts sanguins russes ont commencé à affluer d’abord vers les pays de la Communauté des États indépendants (CEI) et d’Europe de l’Est, puis dans les pays de l’Union européenne, en Chine, et en Inde pour boucler leur « tour du monde » avec les États-Unis et l’Amérique latine.

similaires à celles du sang humain. Il peut être enrichi et dosé en fonction de la maladie et des besoins individuels du patient. Son lieu de production se situe à Pouchtchino, dans la banlieue de Moscou. « Nous livrons le Perftoran dans une dizaine de pays, de façon constante. Nous suivons également de près les productions génériques en Europe et aux États-Unis, mais nous ne coopérons pas sur ce plan avec nos collègues étrangers », a indiqué le directeur général du laboratoire Igor Maslennikov, qui est resté silencieux sur les volumes de production et des exportations, invoquant le secret commercial. Les médecins sont convaincus de la supériorité du Perftoran par rapport à la transfusion sanguine traditionnelle, car il évite la propagation de maladies et est par ailleurs compatible avec n’importe quel type de sang. Contrairement au sang d’un donneur, la solution peut être décongelée et recongelée jusqu’à cinq fois, et sa durée de conservation atteint deux années, contre un mois et demi pour le sang humain. « Le Perftoran est un excellent outil pour le maintien de la vitalité des organes et des tissus. Il transporte mieux que n’importe quelle autre solution les gaz et autres substances dans le corps », fait remarquer Rouben Aïrapetian, spécialiste en chirurgie endovasculaire auprès de l’Institut de recherche clinique de la région de Moscou. Cependant, selon lui, utiliser cette solution en cas de perte de sang importante et de transfusion urgente revient encore trop cher.

La composition du « sang bleu »

Trop cher pour la Russie ?

Le Perftoran est un perfluorocarbure composé de gaz fluorés aux propriétés

Sans doute est-ce le coût financier de la transfusion qui explique que dans

Les perfluorocarbures, capables de compenser une perte sanguine, ne sont apparus sur le marché russe que récemment, même si ces solutions ont été découvertes dès la fin des années 1970 par des chercheurs soviétiques. Parallèlement, le potentiel à l’export promet. ARAM TER-GAZARIAN POUR RBTH

En chiffres

5 fois où la solution peut être décongelée et recongelée.

2 années, telle est la durée de conservation du Perftoran.

Le Perftoran évite la propagation de maladies et est en outre compatible avec n’importe quel type sanguin

Guenrikh Ivanitski, membre de l’Académie des sciences de Russie, est l’un des concepteurs du Perftoran.

les milieux hospitaliers russes, la méthode du don de sang l’emporte sur son analogue artificiel. Selon M. Aïrapetian, ne serait-ce que pour la première transfusion, il faut compter près de 950 euros, soit un coût final d’environ 200 000 euros pour un seul hôpital. « En termes financiers, c’est très coûteux, voilà pourquoi les Russes utilisent le plus souvent des méthodes simples et peu onéreuses, souligne le spécialiste. N’importe quelle préparation adaptée peut remplacer les fonctions du sang. Quant au Perftoran, il est parfait dans le cas des maladies chroniques, des traitements à long terme et du rétablissement de l’organisme après une perte de sang importante. Dans de tels cas de figure, il s’avère être un excellent conducteur de substances vitales ». Pourtant, la situation évolue rapidement, en raison de la pénurie des dons de sang, qui a fait suite à la suppression des indemnisations financières. « On a voulu économiser sans tenir compte du fait que les donneurs, en Russie, sont en général des étudiants et des personnes originaires de familles pauvres, ont confirmé à notre journal les employés du Centre national de

En ligne

Pour en savoir plus sur les innovations scientifiques et techniques ; fr.rbth.com/tech

transfusion sanguine de Moscou. Après l’entrée en vigueur de la loi, le nombre de donneurs a chuté de 20-25% ». Afin d’améliorer la situation, les municipalités de plusieurs régions ont commencé à indemniser partiellement les donneurs. La pénurie dans le domaine du don de sang a bien sûr affecté le secteur médical dans son ensemble. C’est pourquoi le ministère de la Santé a brusquement augmenté ses achats de substituts sanguins de plus de 72%, passant de 560 millions d’euros à plus d’un milliard. Selon le cabinet d’études BusinesStat, entre 2012 et 2016, la production de substituts sanguins devrait atteindre 53,2 millions d’unités. Cependant, le Perftoran n’est pas en tête des produits les plus populaires, notamment en raison de son prix élevé.

VIROLOGIE Un remède conçu à l’Université de l’Oural s’attaque à un large éventail de maladies infectieuses très répandues

La triazavarine testée contre Ebola Des chercheurs de la région de l’Oural, en Russie, ont mis au point un médicament d’un type nouveau, permettant de lutter contre un grand nombre de virus et d’infections, dont Ebola. DARIA KEZINA RBTH

Des perspectives internationales « Ce médicament possède vraiment des caractéristiques pharmacologiques uniques : aujourd’hui, cinq analogues

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Une toxicité minimale

REUTERS

Avant la fin de l’année, les pharmacies russes seront autorisées à vendre la triazavirine, un médicament de large application contre les virus. Élaboré par les scientifiques de l’Université fédérale de l’Oural, ce produit est aussi efficace contre la grippe que contre la fièvre hémorragique de Congo-Crimée, l’infection virale du Nil occidental et d’autres maladies dangereuses. Les scientifiques russes croient que la triazavirine a toutes les chances de répéter le succès de l’aspirine, utilisée déjà depuis 150 ans.

ont déjà été conçus, qui pourraient servir différents buts médicaux », explique Oleg Kisselev, directeur de l’Institut de recherche scientifique sur la grippe et membre de l’Académie des sciences médicales de Russie. L’Usine Medsintez, dans l’Oural, est chargée de la fabrication de la triazavirine. Selon les estimations du groupe, le volume optimal de production serait de 12 millions de boîtes par an. La première année, la triazavirine ne sera vendue qu’en Russie et sur ordonnance. Dans un second temps, Medsintez envisage son lancement sur le marché mondial. Selon M. Kisselev, la triazavirine intéresse déjà à l’étranger : elle a été testée avec succès aux États-Unis contre l’infection virale du Nil occidental. Mi-septembre, le médicament a été présenté lors du sommet de l’OMC à Genève. « Une analyse comparative des médicaments antiviraux contre le virus Ebola a montré que la triazavirine arrivait en tête. C’est l’un des meilleurs médicaments car il est le moins toxique, possède une

Selon les chercheurs russes, la triazavirine pourrait avoir au XXIème siècle un impact semblable à celui de l’aspirine au siècle précédent.

bonne fenêtre thérapeutique et est compatible avec tout autre type de thérapie », explique Oleg Kisselev.

Vingt ans de travaux Le nouveau médicament rentre dans le groupe des « triazolo-triazines », qui ont un mécanisme particulier de fonc-

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Il existe déjà dans la pharmaceutique mondiale un exemple de médicament antiviral de large spectre, mais il est toxique et s’accumule dans les érythrocytes, nuisant au foie et aux organes liés au sang. Quant à la toxicité de la triazavirine, elle est minime, selon ses concepteurs.

tionnement : ils bloquent les étapes primaires de la contagion des cellules vitales pour le virus même. En créant un lien avec les protéines virales, la molécule de la triazavirine annihile la viabilité du virus. Le médicament protège l’organisme à toute étape du développement de la maladie. La pratique clinique n’a jamais utilisé de tels médicaments et la plupart des traitements antiviraux employés aujourd’hui maintiennent l’immunité ou ne suppriment que les symptômes de la maladie. La triazavirine est le résultat de recherches fondamentales lancées au début des années 1990. En 2009, lorsqu’il fallut prendre des mesures pour protéger la population russe de la pandémie de grippe porcine, le ministre russe de la Santé a fourni, pour la première fois, une évaluation complète de l’action de ce médicament. Face à la nécessité de trouver une solution pour le traitement d’Ebola, la triazavirine a passé les phases II et III des expérimentations cliniques et a été homologuée.

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Mercredi 17 décembre 2014

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OPINIONS

MISTRAL : PRÉCÉDENTS À MÉDITER E ALEXANDRE VERCHININE HISTORIEN Docteur en histoire et secrétaire scientifique au Centre d’analyse des problèmes et d’étude de l’État et de l’administration

n 2014, la magie des dates est parfois sidérante. Comme s’il ne suffisait pas que les événements ukrainiens soient comparés à la crise des Balkans ayant conduit à la Première Guerre mondiale, il est possible d’établir une analogie vieille d’un siècle elle aussi à propos des péripéties actuelles autour des deux Mistral destinés à la Russie. À l’été 1914, sur proposition du premier lord de l’Amirauté britannique Winston Churchill, le gouvernement de sa Majesté prend la décision unilatérale d’immobiliser dans leurs chantiers navals deux dreadnoughts destinés à la Turquie, déjà construits et pratiquement prêts à être livrés. Un scandale s’ensuit : la Turquie est alors un pays neutre, une telle démarche est donc sans fondement, hormis l’intérêt politique. Tous ceux qui considèrent la situation actuelle comme inédite ont oublié que la Russie se trouvait il n’y a pas si longtemps à la place de la France. En 2010, Moscou a refusé de livrer à l’Iran des complexes de missiles antiaériens S-300 déjà payés par l’autre partie contractante. Les raisons en étaient les mêmes : pression politique de la part de Washington et de ses alliés. Cela explique en partie pourquoi Moscou a réagi avec autant de calme à la déclaration du ministre français de la Défense Jean-Yves le Drian, qui a reconnu le 5 décembre que le porte-hélicoptèresVladivostok pourrait ne jamais rejoindre son port d’attache. En matière de ventes d’armements, il est nécessaire d’être prêt pour ce type d’éventualités. Par ailleurs, l’achat de ces navires à la France a initialement été pensé par le Kremlin comme un geste politique. Le Mistral était important pour la Russie, mais non en raison de ses caractéristiques techniques. Conçu pour les débarquements sur les côtes sauvages et

le soutien à ses hélicoptères, ce BPC (bâtiment de projection et de commandement) est vulnérable dans une bataille navale et nécessite une forte escorte. Pour la Marine russe et sa doctrine traditionnellement défensive, il est relativement difficile de trouver un emploi à un tel navire. Mais à travers cet accord, Moscou a pénétré au cœur du saint des saints du bloc occidental : la coopération militaro-technique, considérée comme la forme la plus élevée de collaboration entre les États. Rappelons le contexte politique dans lequel la décision avait été prise. Trois années seulement s’étaient écoulées après le conflit armé avec la Géorgie au cours duquel le président français Nicolas Sarkozy avait joué le rôle de médiateur. Sa diplomatie de la navette avait

UN DEMI-SIÈCLE APRÈS, UNE NOUVELLE « OSTPOLITIK », MAIS CONÇUE À MOSCOU

L FEDOR LOUKIANOV POLITOLOGUE Président du Conseil pour la politique étrangère et la politique de défense

e projet de gazoduc South Stream a été abandonné. C’est ce qu’a annoncé le président russe Vladimir Poutine lors d’une récente visite d’État à Ankara au cours de laquelle il a accepté d’augmenter les livraisons de gaz à la Turquie, et éventuellement de les acheminer vers le marché européen en passant par ce pays. Rien d’étonnant : l’Union européenne ne cesse d’évoquer les menaces politiques liées à l’importation du gaz russe et annonce officiellement son objectif de réduire sa dépendance à cet égard. La situation économique russe est loin d’être resplendissante. L’investissement est en panne et le prix des hydrocarbures dégringole. Dans ces conditions, la poursuite du projet South Stream, dont la rentabilité était de toute façon discutable, relèverait de l’entêtement. Ce projet remonte à la fin des années

2000 et au début des années 2010. À l’époque, la Russie espérait porter à un autre niveau l’étroit partenariat qu’elle entretenait avec l’Union européenne, contournant ainsi (au sens littéral comme au figuré) les pays « intermédiaires » politiquement sensibles – dont l’Ukraine, d’abord et avant tout. Au début de la dernière décennie, l’objectif de la Russie était différent : il s’agissait de faire de l’Ukraine une partie intégrante du système de livraison du gaz à l’UE, c’est-à-dire de rétablir, sur une nouvelle base, un fil unique reliant la Russie à l’Europe comme au temps de l’URSS. En 2002-2003, Moscou, Kiev et Berlin évoquèrent la mise en place d’un consortium gazier tripartite, mais le projet n’avança pas, essentiellement en raison de la position de Kiev. Puis survint la période du Maïdan qui sonna le glas de toutes négociations constructives.

dans l’ensemble permis de consolider un statu quo favorable au Kremlin dans le Caucase. Sarkozy est également devenu l’un des opposants les plus actifs à l’octroi à Kiev d’un plan d’action en vue de son adhésion à l’Otan. Jusqu’alors, la France était considérée par la Russie comme un partenaire influent au sein de l’Union européenne. Locomotive politique d’une Europe unie, elle jouait, depuis l’époque du général de Gaulle, un rôle particulier dans les relations Est-Ouest. Que voyons-nous en 2014 ? Un effondrement de grande ampleur de tout l’édifice des relations entre la Russie et l’Occident. Avec ou sans les Mistral, Paris n’est déjà plus un médiateur. Pour le Kremlin, cette attitude invalide la quasi-totalité du projet. Aux yeux des

C’est alors que commença, de ce fait, l’histoire des « streams » (les canaux d’acheminement) : le North Stream le long de la mer Baltique jusqu’à l’Allemagne, et le South Stream à travers la mer Noire et le sud-est de l’Europe jusqu’à l’Autriche et l’Italie. La détermination de l’Allemagne permit de faire aboutir le North Stream, car le pays voulait voir ses livraisons assurées en cas de problèmes d’acheminement par l’Ukraine et le gazoduc ne traversait d’ailleurs le sol d’aucun pays de transit. Les événements de 2014 ont obligé la Russie à revoir ses priorités. Le « partenariat stratégique » avec l’UE n’a pas résisté à la divergence de vues sur les pays « intermédiaires » et les sanctions ont miné la coopération économique jusqu’alors à l’abri. La fourniture de pétrole et de gaz à l’Europe repose sur les accords passés dans les années 1960 qui allaient prédéterminer pour longtemps le vecteur des relations géopolitiques, à savoir la politique de rapprochement avec l’Est, ou Ostpolitik qui avait été entamée à la fin des années 60 par le chancelier allemand Willy Brandt. L’Allemagne et l’Italie, en tant que bénéficiaires des gazoducs, sont à l’origine de l’interdépendance pétrolière et

«

À travers cet accord, Moscou a pénétré au cœur du saint des saints du bloc occidental : la coopération militarotechnique. »

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La Russie ne rompt pas avec l’Europe. Toutefois, le tournant qu’elle opère vers l’Est et l’Asie est inévitable, d’autant que l’Occident la pousse dans cette direction. »

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UN QUART D SIÈCLE SA E NS SAKHARO V

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gazière étroite qui s’est établie entre l’URSS puis la Russie et l’Europe. Près d’un demi-siècle plus tard, on a tenté de reproduire ce modèle mais sans succès. Il y a 40 ans, lors des conflits israélo-arabes, le brut sibérien permit à l’Europe de réduire sa dépendance à l’égard des fournisseurs politiquement peu sûrs du Moyen-Orient. Désormais, le Vieux Monde voit les importations en provenance de Russie comme un danger. Que cela soit justifié ou non est une question à part. Mais il est évident que les événements en Ukraine ont joué un rôle extrêmement négatif. Une nouvelle Ostpolitik se dessine. Mais à Moscou : elle regroupe une série d’accords avec la Chine, l’adoption d’une politique plus active envers l’Asie, le pari de faire de la Turquie un pays de consommation et de transit du brut russe, le marché énergétique passé avec l’Iran et ainsi de suite. Il est clair que la Russie ne rompt pas avec l’Europe. Toutefois, le tournant qu’elle opère vers l’Est et l’Asie et le report de son attention sur cette région sont explicables, sinon inévitables, d’autant plus que l’Occident la pousse dans cette direction. Article initialement publié dans ROSSIYSKAYA GAZETA

FR.RBTH.COM/OPINIONS

D’AUTRES POINTS DE VUE SUR L’ACTUALITÉ DANS LA RUBRIQUE OPINIONS SUR MOSCOU A GIT SELO SES INTÉR N ÊTS

dirigeants français, la ressource politique du contrat Mistral est également épuisée. Les possibilités de conduire une action indépendante à l’égard de la Russie s’avèrent de plus en plus limitées. François Hollande n’y porte d’ailleurs pas le même intérêt que son prédécesseur. Les deux parties pourraient se séparer à l’amiable, mais pour les Français, un problème aigu se pose. Le contrat a été signé ; il convient donc de l’honorer ou de restituer l’argent et payer des pénalités. Dans une telle situation, l’intérêt primoridal de la France est de garder son argent sans perdre la face, ce qui ne sera possible que si Moscou fait preuve de bonne volonté. Le Kremlin est-il prêt à faire un geste ? Après le torpillage des livraisons de S-300 à l’Iran, Téhéran a consenti à un certain nombre de concessions relatives au contrat, la Russie étant son principal partenaire dans le dialogue avec l’Occident. En son temps, Sarkozy avait sans doute espéré que les emplois liés à la commande et une forte rentrée budgétaire allaient améliorer son image à la veille des élections de 2012. Si Moscou adoptait la même attitude que Téhéran, elle lui permettrait de maintenir le contact avec un pays clé du bloc occidental, dans un contexte où la crise ukrainienne a entraîné une rupture avec tous les autres, dont l’Allemagne. C’est évidemment ce sur quoi misent les Français. Le fait que Hollande ait récemment endossé le costume de négociateur en chef sur la question ukrainienne est tout sauf une coïncidence. Sa visite éclair à Moscou du 6 décembre est à ce titre éloquent. Et bien que selon le président Poutine, le sort des Mistral n’ait pas été évoqué durant les entretiens, le sujet plane nécessairement audessus des relations franco-russes.

LA RUSSIE REVO SA DOCTR IT INE MILITAIRE fr.rbth.com

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Mercredi 17 décembre 2014

RÉGIONS

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LORI/LEGION MEDIA(4)

CROYANCES ET TRADITIONS En cette période de fêtes et de souhaits, voyage dans la Russie de légendes vieilles comme le monde

Le kremlin de Kazan, la tour « penchée » et la mosquée Koul Charif (photo de gauche) ; la forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg (à droite).

toucher et de faire un vœu dans sa tête. Pour s’y rendre : bus ou taxi depuis la ville d’Abakan (92 km). Où se loger : hôtel Abakan (3 étoiles).

Vous recherchez l’amour éternel ? Une sérénité spirituelle totale ou la réalisation de vos souhaits les plus étranges ? La Russie recèle des lieux où tout est possible... à condition d’y croire !

La grande vieille femme en pierre République de Khakassie (sud sibérien) Pour une bonne santé

SERVICE DE PRESSE

Située au milieu de nulle part, la République de Khakassie est littéralement recouverte de menhirs, ces grosses pierres posées verticalement sur le sol. Cent ans de recherches à travers la Russie n’ont cependant pas permis de déterminer leur origine mystérieuse. On ne comprend pas comment ces roches de 50 tonnes ont pu être transportées depuis les montagnes jusque dans les plaines. Elles sont vieilles de plus de 4 000 ans, mais leur prédestination reste inconnue. Dans ces endroits situés à proximité de failles de la croûte terrestre, on procédait à des rituels magiques et les pierres elles-mêmes étaient censées avoir des vertus curatives. Un des menhirs les plus célèbres est celui d’Ouloug-Khourtouyakh-Tas, qui signifie « silhouette de grande vieille femme en pierre » ; il est récemment entré au patrimoine mondial de l’UNESCO. On peut y apercevoir le visage, la poitrine et le ventre d’une femme. Selon la légende, si vous étalez de la smetana (crème fraîche aigre) ou du lait sur son visage, elle vous aidera à guérir de l’infertilité. Les autres menhirs ne sont pas véritablement spécialisés dans une maladie spécifique, mais ils sont en général capables de tonifier votre vie : il suffit de faire trois fois le tour d’un menhir dans le sens des aiguilles d’une montre, de le

Région de Tcheliabinsk (Sud de l’Oural) Pour la paix de l’âme

PHOTOXPRESS

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Le menhir d’OulougKhourtouyakh-Tas (République russe de Khakassie).

Même si elle n’est pas aussi connue que Stonehenge, la tout aussi unique forteresse Arkaïm constitue l’un des endroits les plus attractifs pour le tourisme de pèlerinage et d’ésotérisme en Russie. Les fouilles méticuleuses effectuées par les archéologues et astronomes à l’intérieur de cet édifice en forme de cercle ont permis de déterminer que le site avait plus de 4 800 ans. Les scientifiques actuels ont été frappés par la complexité et la précision de ce « projet » très réussi, d’autant plus qu’aucune trace d’un autre site de ce genre plus récent et plus simple n’a été trouvée. On estime qu’Arkaïm compte un plus grand nombre d’évènements astronomiques étudiés que l’observatoire d’Eurasie. Le site des fouilles archéologiques est considéré comme sacré et doté d’une « énergie positive » capable de renforcer l’être humain spirituellement ou de guérir certaines maladies. Arrêtez-vous au parc naturel Arkaïm juste pour quelques jours : vos souhaits se réaliseront d’euxmêmes ou vous comprendrez que dans ce monde, tout est si fragile que rien ne vaut la peine d’être désiré. Pour s’y rendre : bus ou taxi depuis les villes de Tcheliabinsk ou de Magnitogorsk. Ces dernières sont reliées à Moscou par des vols directs. Où se loger : hôtel Laguna de Magnitogorsk (3 étoiles) ; hôtel Vidgof de Tcheliabinsk (5 étoiles).

U DÉCO

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CINQ ENDROITS ROMANTIQUES DE MOSCOU POUR LES VOYAGES EN AMOUREUX fr.rbth.com/31783

VREZ

Kazan, dans la République du Tatarstan Pour le bonheur en amour

La tour Suumbike fait partie du kremlin de Kazan et est l’un des principaux symboles de la ville. Sa flèche est inclinée de près de deux mètres par rapport à la verticale de l’édifice. Une triste légende affirme que cette tour a été construite sur ordre du tsar russe Ivan IV, plus connu sous le nom d’Ivan le Terrible, sept jours après la prise de Kazan (capitale du khanat de Kazan, très puissant à l’époque). Le tsar avait alors demandé en mariage une princesse de Kazan nommée Suumbike qui, à son tour, avait exigé du tsar russe qu’il fasse construire pour sa famille une tour à étages en un temps record de sept jours. À la fin des travaux, Suumbike s’est jetée du haut de la tour. Le monument incliné est censé porter bonheur en amour (ce qu’Ivan le Terrible n’a pas pu avoir). La légende veut qu’il faille en faire le vœu en appuyant son dos contre la tour et en prononçant le nom de son être désiré. Pour s’y rendre : Kazan est reliée à Moscou par train et vols directs. Où se loger : Korston Royal Hotel (5 étoiles).

Le Stonehenge de l’Oural

Élaboré à l’aide d’informations fournies par notre partenaire TRIPADVISOR

DARYA GONZALEZ

La tour « penchée » de Suumbike

L’archange bienveillant qui attend votre simple regard Saint-Pétersbourg Pour la réalisation de vos vœux pieux

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Envie de vacances écologiques en Russie ? fr.rbth.com/31089

C’est précisément avec la forteresse Pierre-et-Paul, située sur l’île Zaïatchii (l’île aux Lièvres, en russe), qu’a débuté l’histoire de Saint-Pétersbourg. Cette île a rapidement été envahie de bastions et de constructions militaires très simples, dont beaucoup ont été conservées intactes

jusqu’à nos jours. Une sépulture pour les tsars et grands princes composée de 60 tombeaux sous terre a été construite à côté de la cathédrale Pierre-et-Paul, qui a plus tard donné son nom à la forteresse. C’est là que sont enterrés la majorité des monarques russes des XVIIIème et XIXème siècles. On prétend qu’il suffit de faire un vœu en regardant l’archange doré situé au sommet de la cathédrale pour que vous soyez exaucé(e). Pour s’y rendre : en bus ou en train depuis Moscou ou par vol international depuis votre pays. Où se loger : hôtel Four Seasons (5 étoiles) ; Nevsky Forum Hotel (4 étoiles).

Ville sous-marine Région de Nijni Novgorod Pour la réalisation de vos souhaits les plus fous

TASS

Un parcours de l’insolite en cinq étapes pour le temps des vœux

Le lac Svetloïar est l’un des plus légendaires de Russie. Son origine n’est toujours pas connue, mais ce lac est célèbre dans tout le pays pour deux raisons. La première est que son eau possède des propriétés uniques : elle peut être conservée plusieurs années dans un récipient fermé sans perdre de sa clarté, ni de sa transparence ou de son goût. La seconde tient à une légende que tout écolier russe connaît, à savoir celle de la ville invisible de Kitège tombée au fond du lac après avoir refusé de se rendre à l’armée ennemie. Après avoir prié, les croyants orthodoxes font trois fois le tour du lac à genoux en demandant à Dieu d’exaucer leurs vœux. Beaucoup croient que si l’on place une bougie allumée sur une planche ou un morceau d’écorce qu’on pose sur l’eau, on entendra le son des cloches des églises au fond du lac. On considère naturellement lac Svetloïar comme l’un des prétendants au titre de Shambhala russe avec l’Altaï. Pour s’y rendre : Nijni Novgorod est reliée à Moscou par train et vols directs. Prendre un bus ou un taxi jusuqu’au village de Vladimirskoïe. Où se loger : Hôtel Ibis Nizhny Novgorod (3 étoiles).

NEUF CONSEILS À L’USAGE DES VOYAGEURS ÉTRANGERS EN RUSSIE fr.rbth.com/31709

RÉGION D’OMSK : À LA RECHERCHE DES CENTRES ÉNERGÉTIQUES DE SIBÉRIE fr.rbth.com/31557


Mercredi 17 décembre 2014

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Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Figaro

MAGAZINE

PROMENADE La capitale française porte les traces du père d’Eugène Onéguine

Le Paris d’Alexandre Pouchkine tés les pistolets que les héros du roman Eugène Onéguine avaient en main lors du duel fatal ayant coûté la vie à Vladimir Lenski. Fait curieux : la Maison Fauré Le Page exposait sur demande des visiteurs un coffret contenant des prototypes de ces mêmes armes.

Sans jamais s’y rendre, le célèbre écrivain a mis en scène, dans ses livres, la ville de deux révolutions qui est aussi synonyme, dans son esprit, de l’épanouissement artistique. EVGUENIA CHIPOVA RBTH

« Je suis à Paris ; je respirais ; je me suis mis à vivre ». Cet épigraphe du roman Le nègre de Pierre le Grand reflète bien l’admiration de Pouchkine pour la cité de ses rêves qu’il n’a toutefois jamais visitée. Il n’empêche : le plan de la capitale française comporte une série de lieux associés avec le nom du grand homme de lettres russe.

La Place Colette et La Comédie Française Située dans le premier arrondissement, la Place Colette (anciennement Place du Palais Royal) était l’endroit où aimait se promener le premier biographe de Pouchkine, Pavel Annenkov. À droite de la place se dresse l’immeuble massif de La Comédie Française, panthéon de l’art dramatique dont la façade est ornée de reliefs représentant Molière, Racine, Corneille etVictor Hugo, les grands classiques ayant influencé le jeune écrivain russe d’alors. Francophone et francophile dès son plus jeune âge, ce qui était usuel dans l’aristocratie russe de la fin du XVIIIème siècle, Alexandre Pouchkine a grandi au sein d’une famille férue de littérature française. Sous l’influence de son père, Alexandre rédige à l’âge de neuf ans sa première comédie en français en imitant le génie de la farce, Molière.

Fauré Le Page L’ancienne boutique Fauré Le Page, célèbre arquebusier parisien, était située au coin de la rue de Richelieu et de la place Colette. C’est ici qu’ont été ache-

Le Café Véry Toujours dans Eugène Onéguine, on trouve par ailleurs une trace du café parisienVéry, installé dans la Galerie Beaujolais. C’est ici que Zaretsky, le second de Vladimir Lenski, avait l’habitude de se rendre tous les matins.

Francophone et francophile dès son plus jeune âge, Pouchkine a grandi au sein d’une famille férue de littérature française

Paris et La Dame de pique La nouvelle fantastique La Dame de pique est incontestablement l’une des œuvres les plus novatrices de l’époque. Si vous tournez de la rue de Richelieu vers la rue Saint-Marc, l’Opéra-Comique s’ouvrira à votre vue. C’est sur la scène de ce théâtre qu’a eu lieu la première de l’opéra La Dame de pique, dont le livret a été écrit par le Français Eugène Scribe. Il convient par ailleurs de mentionner que c’est à Paris que la comtesse (héroïne de la nouvelle) avait appris le secret des trois cartes – le trois, le sept et l’as – qui gagnent toujours. C’est autour de la quête de ce savoir secret que s’agence l’ensemble de l’œuvre.

L’Opéra Garnier Le 23 juillet 1969, la troupe du théâtre Bolchoï, dirigée par Mstislav Rostropovitch, violoncelliste réputé, a donné la première parisienne de l’opéra Eugène Onéguine sur la scène du Palais Garnier. L’épouse du maestro, Galina Vichnevskaïa, interprétait le rôle de Tatiana.

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Rédigé avec l’aide de la présidente de l’Association des Amis de Pouchkine EKATERINA ETKIND NATALIA MIKHAYLENKO

À L’AFFICHE ENTRETIEN AVEC AGNÈS DESARTHE

Quand les lettres russes apaisent le mal du pays Vous expliquez dans votre livre passionnant, « Comment j’ai appris à lire », votre cheminement vers la lecture et la littérature. Comment la littérature russe y a-t-elle trouvé sa place ? La littérature russe a trouvé sa place dans ma vie au moment où la littérature tout court a fait son irruption dans mon existence. J’avais environ dix-sept ans et, jusque-là, je ne m’intéressais pas aux livres. J’avais parfois entendu ma grand-mère prononcer les noms de Lermontov ou Tolstoï, mais ce n’étaient que des noms. La vraie découverte s’est faite avec Le Sous-sol de Dostoïevsky, un livre court, percutant, qui me paraissait très moderne. Dans mon groupe d’amis, nous lisions Maïakovski à voix haute, c’était comme fumer ou boire ensemble, ça nous exaltait. Ensuite, j’ai continué à explorer l’œuvre de Dostoïevsky. Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai lu Lermontov et encore plus tard, Tolstoï. Je dois préciser que l’impression que j’ai toujours ressentie en lisant de la littérature russe était quelque chose que l’on pourrait qualifier d’apaisement du mal du pays. J’avais l’impression de rentrer chez moi.

En quoi la littérature russe est-elle à part ? Chaque littérature est « à part » des autres, chacune est guidée par le génie de la langue dans laquelle elle est écrite et par la culture qu’elle reflète. La littérature russe a une place particulière pour moi, et donc dans ma vie elle est « à part » car les personnages qui la peuplent me sont très familiers. Certaines expressions aussi, que mes grands-parents traduisaient littéralement du russe quand ils parlaient français et que je retrouve parfois, même

du jury du prix Russophonie. Que pouvez-vous dire de la littérature russe contemporaine ? Aide-t-elle à comprendre la Russie ? On sent une grande diversité et une grande vivacité dans la littérature russe contemporaine. Tous les genres me semblent représentés : l’épique, la comédie, la critique sociale, la critique littéraire, la poésie. C’est une littérature qu’on a envie de suivre. J’ai récemment conseillé des livres de Prilepine ou d’Ossipov à des amis qui avaient perdu le fil et disaient ne rien comprendre à ce qui se passait en Russie. Ce qui m’a frappée en lisant ces deux-là, c’est une contradiction réjouissante qui n’étonnera pas les habitués de la culture russe : un vent violent de changement, couplé à un éternel invariant. Les capitales changent. Qu’en estil des campagnes ? Mais je suis un peu comme Platon dans sa caverne, je ne vois le pays qu’à travers les ombres projetées par ses écrivains. Je n’y suis pas retournée depuis 1989 !

Vos livres sont traduits en russe, comment ont-ils été accueillis ?

OPALE/EAST NEWS

Biographie

Agnès Desarthe Traductrice et auteure pour la jeunesse, Agnès Desarthe a aussi publié des essais et des romans pour adultes. Elle est lauréate de nombreuses récompenses, dont le prix Marcel Pagnol, le prix du roman Version Fémina et le prix Maurice-Edgar Coindreau.

dans des romans contemporains. Les fous russes sont les fous que je comprends le mieux, les amoureux russes, ceux qui m’émeuvent le plus.

Quels sont les auteurs qui comptent particulièrement pour vous ? J’ai déjà parlé de Dostoïevsky et de Maïakovski, j’ajouterai Tsvetaïeva. J’aime ses poèmes, son journal, ses récits. C’est un auteur très complet, d’une vigueur inouïe. Chez les contemporains, Prilepine est celui qui m’intéresse le plus – son éclectisme, ses descriptions d’enfants et même de nourrissons, ses effets de contraste, son humour, sa vision politique. Je lis aussi fidèlement Sorokine et Oulitskaïa, aussi différents qu’ils puissent être, mais passionnants tous les deux.

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Un de mes romans a été traduit en russe. Il s’intitulait Mangez-moi. On m’a dit que la traduction était excellente. Quant à la réception, j’en ignore à peu près tout. C’est souvent le cas avec les livres en traduction. Les marchés étrangers sont loin d’être transparents. Mais j’aimerais beaucoup retourner en Russie. C’est un rêve qui a failli se réaliser il y a deux ans, je crois, autour de mes livres pour enfants, mais les romans avaient été acheminés trop tard et le voyage a été annulé. Préparé par CHRISTINE MESTRE

Le 9ème prix Russophonie fin janvier Créé en 2006 par l’Association France-Oural et la Fondation Eltsine, le prix Russophonie récompense la meilleure traduction du russe vers le français d’une œuvre écrite originellement en russe, quelle que soit la nationalité de l’auteur ou de l’éditeur. Cette année, le jury a retenu cinq traductions de romans parmi la quarantaine d’œuvres publiées. Le nom du lauréat sera dévoilé lors des Journées du livre russe, le 31 janvier 2015.

SIXIÈME ÉDITION DES JOURNÉES DU LIVRE RUSSE DE PARIS LES 30 ET 31 JANVIER 2015 MAIRIE DU 5ÈME ARRONDISSEMENT

Le principal événement littéraire russe parisien de l’année sera centré autour la mosaïque que forme l’emploi de la langue russe en Europe. Écrivains et traducteurs, français, russes et russophones de divers pays vont s’y côtoyer aux tables des éditeurs et libraires et lors de tables rondes et de discussions sur des thématiques littéraires intéressant lecteurs et créateurs. Cette année, à côté d’écrivains français comme Danièle Sallenave, André Markowitch ou Sylvain Tesson, les journées accueilleront tout particulièrement des poètes et écrivains venus de pays de l’Europe où la russophonie occupe une place importante à côté de la langue locale : pays Baltes, Biélorussie, Ukraine, Moldavie. Comme à l’accoutumée, des grands noms de la littérature russe seront présents : Zakhar Prilepine, Boris Akounine, Max Frei, Sergueï Lebedev... En avant-première des Journées, le 16 janvier, une rencontre sera organisée à La Bulac avec des « écrivains voyageurs » francophones, sur les traces de Michel Strogoff. › www.journeesdulivrerusse.fr

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