Mercredi 3 décembre 2014
be.rbth.com
Les actualités de la Russie Distribué avec
Parmi les autres partenaires de distribution : The Daily Telegraph, The New York Times, The Washington Post, Le Figaro, etc.
C E S U P P L É M E N T D E S I X P A G E S E S T É D I T É E T P U B L I É P A R R O S S I Y S K AYA G A Z E T A ( R U S S I E ) , Q U I A S S U M E L ’ E N T I È R E R E S P O N S A B I L I T É D E S O N C O N T E N U
Médecine La réforme du secteur de la santé se heurte au mécontentement du corps médical
Les hôpitaux : un grand corps malade ? La réforme décidée en 2010 provoque des réactions de rejet. La réduction des effectifs et des hôpitaux est dénoncée par les médecins, qui sont soutenus par une partie de l'opinion publique. EKATERINA SINELCHTCHIKOVA POUR RBTH
« Nous sommes ici aujourd’hui pour exprimer notre désaccord avec la politique qui est menée ! », assène depuis l’estrade Iouri Lapine, l’un des meilleurs pédiatres de Russie. Devant lui, des manifestants portant des banderoles et des tracts scandent : « Honte ! ». Le plus important meeting de ces dernières années s’est tenu dans la capitale en novembre dernier, sous les cris de « Stop à l’effondrement de la médecine à Moscou » et a rassemblé, selon les diverses estimations, entre 4 000 et 6 000 personnes, mobilisées contre la réforme de la santé en Russie. La réforme est annoncée en avril 2010 par Vladimir Poutine, à l’époque Premier ministre. Elle vise à investir massivement dans le secteur et à préparer sa mutation vers un nouveau modèle d’assurance maladie. Pour améliorer la qualité et l’accès aux soins, la réforme prévoit l’achat d’équipements modernes et la chasse au gaspi.
Ce nouveau modèle suggère que toute personne souhaitant bénéficier de soins médicaux gratuits doit être inscrite sur les registres du système de l’assurance maladie obligatoire (CMU) et disposer d’un numéro d’assurance. Ce dernier donne le droit au patient de choisir son établissement de soin, son médecin traitant et sa compagnie d’assurance, qui devra payer les soins prescrits sur ordonnance. Tout service supplémentaire restera à la charge du patient. Avant la réforme, les établissements médicaux étaient en grande partie financés directement par le budget fédéral, régional et municipal. Désormais, seul le Fonds de la CMU sera habilité à leur allouer de l’argent, récolté à partir des prélèvements sociaux. En octobre 2014, un site d’information médicale a publié le plan du Département de la santé de la ville de Moscou, qui prévoit la fermeture de 28 centres médicaux et le licenciement de 5 000 employés du corps médical. Une décision qui a déclenché la colère des médecins et les a incités à descendre dans la rue. SUITE EN PAGE 2
© VITALI RAGULINE
« Stop à l'effondrement de la médecine », scandent les opposants à la réforme de la santé.
Investissements Des entreprises belges lorgnent les grands appels d’offres publics
OPINION
La Coupe du monde 2018 en Russie déchaîne les appétits
Moscou Le Bolchoï près rejette l’OTAN de chez vous
Fin novembre, l’ambassade de Belgique à Moscou a organisé une présentation de promotion des entreprises belges. ALEXANDER RATNIKOV POUR RBTH
© RIA NOVOSTI
Seize entreprises belges y ont participé, ainsi que les représentants de l'Union royale belge des sociétés de football et le cabinet de conseil Ernst & Young (EY). Le concours de l’ambassade et de la Chambre de commerce, ainsi que la participation importante des entrepreneurs belges, s’expliquent par l’ampleur du futur événement. À l'instar des JO et de la Formule 1, les Coupes du monde de football offrent des
Plus de 10 milliards d'euros pour financer le mondial 2018.
est une ressource d'information multilingue, d'actualités, de commentaires, d'opinions et d'analyses sur la culture, la politique, le monde des affaires, la science et la société russes. produit à Moscou, RBTH publie des avis contrastés d'éditorialistes et de porteurs d'intérêts économiques ou politiques, tant sur le rôle joué par la Russie sur la scène internationale que sur les affaires intérieures du pays.
CULTURE
opportunités d'affaires extraordinaires. Selon les données officielles, le gouvernement russe avait consacré plus de 1,7 milliard d’euros à la préparation des Jeux olympiques d’hiver 2014 à Sotchi, et ce montant ne comprend pas les investissements dans les infrastructures ni les investissements privés. À titre de comparaison, le montant cumulé engagé par les autorités centrales et régionales canadiennes pour la préparation des précédents Jeux olympiques d’hiver à Vancouver a été estimé par le comité d’organisation à 260 millions d’euros. Il est désormais clair que les dépenses pour la préparation de la Coupe du monde 2018 de la FIFA pourraient dépasser le montant consacré à Sotchi. Le financement global devrait se situer au-dessus de 10,6 milliards d’euros.
Le journaliste Andreï Souchentsov analyse la position de la Russie dans le conflit ukrainien, proposant aux lecteurs de retourner 20 ans en arrière à travers une extrapolation originale. Imaginez un effondrement des États-Unis au lieu de l'effondrement de l'Union soviétique...
La possibilité d'assister en direct aux spectacles de l’un des plus célèbres ballets du monde sans quitter votre ville existe grâce à la collaboration entre le théâtre Bolchoï et le groupe Pathé Live. Dans un entretien, son directeur général Thierry Fontaine raconte l'histoire du projet et ses perspectives globales.
SUITE EN PAGE 4
PAGE 5
PAGE 6
2
13%
30
29
millions de visiteurs par mois
de lecteurs influents
millions de lecteurs
journaux influents
QUI SOMMES-NOUS ?
16
20
23
langues
sites web
pays
Pour intégrer vos publicités sur les plateformes de RBTH, contactez sales@rbth.com
02
Politique & Société
RUSSIA BEYOND THE HEADLINES
www.be.rbth.com
Supplément réalisé par Rossiyskaya Gazeta et distribué avec
Famille Les noces ? Après les études !
© ALENA REPKINA
SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE
L’opacité du processus de réorganisation irrite également beaucoup. « Depuis 2011, certains établissements médicaux sont élargis. Tout a commencé avec les cliniques pour enfants, puis, les cliniques pour adultes, pour finir avec les hôpitaux. Mais comme tout se fait en secret et qu’aucun détail n’est donné sur le pourquoi de la fermeture de tel ou tel établissement, il n’y a eu aucune réaction de la part de la société civile. Les protestations n’ont commencé que lorsque les gens ont vu de leurs propres yeux qu'on fermait des dizaines de centres et qu'on licenciait des centaines de personnes », a raconté à RBTH Alexandre Averiuchkin, l’un des organisateurs de la manifestation de Moscou. S'exprimant sur la chaîne télévisée Moscou-24, le responsable du Département de la santé de la ville de Moscou Alexeï Khripoun explique que le but de la réforme n’est pas de fermer des établissements de soins, mais de trouver un nouvel équilibre : « Pendant des décennies, un déséquilibre s’est créé entre la quantité de soins dispensés dans les hôpitaux et ceux dispensés dans les cliniques. La partie principale des ressources diagnostiques et thérapeutiques se concentrait dans les hôpitaux, c’est pourquoi
CHIFFRES CLÉS
9000€ le montant de la compensation qui sera versée aux médecins moscovites licenciés à cause de la réforme de la santé.
51ème la position de la Russie dans le classement mondial de l’efficacité des systèmes de santé Bloomberg.
Le passage du modèle de financement par le budget au modèle d'assurance obligatoire se fait dans la douleur
les hospitalisations étaient devenues quasi-systématiques », souligne-t-il. Les experts interrogés par RBTH confirment que le problème est bien réel. « Aucun médecin ne veut travailler en polyclinique, tout le monde veut aller à l’hôpital. Là-bas, le travail est plus intéressant, on rencontre des cas plus sérieux, et les salaires sont plus généreux, souligne David Melik-Gusseïnov, directeur du Centre pour l’Économie sociale, un partenariat à but non lucratif. Mais entretenir autant de praticiens hospitaliers revient cher. Or ils ne sont nécessaires qu’en cas d'urgence ». Selon Alexeï Khripoun, les cliniques disposent maintenant de tous les équipements modernes nécessaires pour poser n’importe quel diagnostic. Il n’y a donc plus de nécessité de garder tous ces hôpitaux. Des arguments qui laissent les médecins perplexes. « On ferme en premier lieu des hôpitaux spécialisés. Il y a deux ans, deux hôpitaux spécialisés en maladies infectieuses ont été fermés. Dans le premier, le service de pneumologie était hautement qualifié. Demandez désormais dans quel service être redirigé... Vous n’en trouverez pas un comme celui-ci dans tout Moscou. Quand au second, il était spécialisé dans les maladies rares de la peau. On y recevait des enfants qui n’avaient pas les moyens d’aller dans des
cliniques privées », regrette Alexandre Averiuchkin. La chambre basse du parlement russe a déjà répondu à l’appel du corps médical et a présenté un projet de loi qui prévoit la création de commissions publiques dans chaque sujet de la Fédération, capables de décider quel établissement peut être réduit ou non. « Si la loi est adoptée, le plan de réduction des hôpitaux moscovites dans son état actuel pourra être révisé », affirme l’un des auteurs du document, le président du Comité de la Douma pour la santé Sergueï Kalachnikov. La réforme pourrait être moins douloureuse si les « réformateurs » étaient plus cohérents dans leurs actions, estiment plusieurs interlocuteurs de RBTH. « On ne peut pas mener une telle réforme rapidement. Si la réduction des hôpitaux doit permettre le renforcement des polycliniques, les médecins auraient également dû y être transférés. Pour l’instant, ce n’est pas ce qui se passe. Les hôpitaux ferment, mais aucune alternative de type ambulatoire n’est pour l’instant proposée », selon Kirill Danichevski, professeur à la Haute École Économie. Pour Melik-Gusseïnov, ce qui se passe actuellement à Moscou est « un épisode très douloureux qui intervient en pleine transition d’un système budgétaire vers un système d’assurance obligatoire » financé par des prélèvements sociaux. Kirill Danishevski assure que pour l’instant, aucune des principales dispositions de la réforme n’ont été vraiment mises en place : le jeu de la concurrence entre les compagnies d’assurances n’a pas encore commencé, on ne voit pas encore de propositions mettant en avant les avantages et les bénéfices des prestations. « Sans cela, aucun modèle d’assurance obligatoire ne peut montrer sa supériorité face à un modèle budgétaire », pense l’expert. « On essaie de transférer le système vers un autofinancement, mais c’est impossible, car la médecine est un secteur qui nécessite de gros investissements et n'est pas rentable », souligne Alexandre Averiuchkin. Le gouvernement saura-t-il trouver un équilibre entre les économies budgétaires et la protection sociale ?
© RIA NOVOSTI
Une réforme de la santé enfantée dans la douleur
Les étudiants souhaitent profiter de leur liberté avant de "se ranger".
Les mariages précoces sont passés de mode Les Russes suivent la tendance occidentale et reculent l'âge du mariage. En 2004, les moins de 24 ans représentaient 40% des mariages. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 20%. DARIA LIOUBINSKAÏA POUR RBTH
Les jeunes adultes, surtout les citadins, estiment qu'il n'est pas indispensable d'officialiser leur relation, estime la psychologue Natalia Trofimova. Les motivations les plus fréquentes du mariage sont l'amour, la naissance d'un enfant, la stabilité, le statut social, l'indépendance vis-à-vis des parents. « Les étudiants d'aujourd'hui peuvent réaliser pratiquement tout cela simplement en se retrouvant régulièrement ou en vivant ensemble », ajoute la psychologue. La diminution des mariages étudiants constitue un reflet naturel des processus à l'œuvre dans la société. « L'attitude de la société envers les unions civiles a évolué, elles sont aujourd'hui davantage considérées comme une modalité tout à fait légitime », indique l'expert. L'importance accrue de la carrière professionnelle qui incite à reculer la procréation (souvent instigatrice du mariage), joue également un rôle. La psychologue Maria Romantsova estime que les facteurs socio-économiques et socio-psychologiques en faveur de l'obtention d'une éducation supérieure et d'une carrière évolutive sont un facteur clé de la tendance actuelle. « Avec mon futur mari, nous
nous sommes rencontrés lorsque nous étions étudiants, mais pour le mariage, nous avons décidé d'attendre jusqu'à la fin de nos études », explique Liana Chakirova (23 ans). Liana souhaite achever son master à l'étranger. « Nous ne voyions aucun sens à nous marier pour ensuite vivre séparés pendant un an. Une famille et des études à plein temps sont difficilement compatibles », ajoute-t-elle. « Le mariage et la naissance d'un enfant changent radicalement la vie. Ce n'était pas le cas en URSS. Même la naissance d'un enfant n'occasionnait pas de dépenses significatives, car il n'y avait rien à acheter », indique Anna Varga, professeur de psychothérapie à la Haute École d'Économie. Avec le développement de la propriété et de l'épargne, l'attitude envers le mariage se responsabilise. Igor et Evguenia Iachkov (26 et 25 ans) se sont rencontrés lorsqu’ils étaient étudiants, mais ont décidé d'attendre jusqu'à la fin de leurs études avant de se marier. Evguénia pense que les difficulté financières du couple constituaient le principal obstacle à leur mariage. « La période consécutive au mariage est un moment magique pendant lequel on souhaite constamment être avec l'autre », ajoute Evguénia. « Or, nous n'avions pas cette possibilité ». « Dans l'ensemble, nous n'aimions pas l'idée de nous marier pendant nos études : les exemples de mariages étudiants de nos connaissances nous ont dissuadés », résume Igor.
Sécurité Des « gardes du corps » bénévoles rassurent la population de Nijni Novgorod
Un groupe de volontaires offre de raccompagner jusqu'à chez eux ceux qui souffrent d'un sentiment d'insécurité dans la rue. MARIA VOLKOVA ROSSIYSKAYA GAZETA
Ces dernières semaines, les habitants de Nijni Novgorod ont été choqués par plusieurs incidents. Le 8 novembre au soir, Maria Glikina, 19 ans, s'est rendue à une réunion d'anciens élèves en plein centre ville avant d'aller voir son amie. Quelques jours plus tard, elle a été retrouvée morte dans le sous-sol d'une maison située près de l'endroit où elle avait passé son dernier appel. Peu après, une autre tragédie a failli se produire en centre-ville : un homme a tenté
d'enlever un enfant de 9 ans tout près de l'école, le poussant dans sa voiture. Le garçon a été sauvé par un retraité qui est venu à l'école pour accompagner son petit-fils à la rentrée. « J'étais devant mon ordinateur, parcourant le fil d'actualité, et j'ai vu que les gens disparaissaient régulièrement à Nijni Novgorod. Donc, une idée m'a traversé l'esprit : il y a pas mal de jeunes hommes robustes dans notre ville, pourquoi ne pas se réunir et aider tous ceux qui en ont besoin ? », raconte Dmitri Novossiolov, chef de l'initiative « Je serai là ». Âgé de 27 ans, Dmitri a un emploi, mais désormais il consacre 4 ou 5 heures par jour au projet. Pour l'instant, seize volontaires
se sont enregistrés comme participants ; ils patrouillent actuellement dans les rues de la ville. Soixante nouvelles demandes de participation sont déjà exami-
En juste une semaine, 1 200 personnes ont déjà manifesté, sur un réseau social, leurs désir de participer au projet nées : les candidats subissent une vérification organisée par les fondateurs du projet en coopération avec la police. « Nous n'avons pas d'exigences extraordinaires. En gros, tout volontaire doit être âgé de plus de
18 ans, avoir un casier judiciaire vierge et être suffisamment costaud pour que l'on ne soit pas obligé de le sauver à son tour. Ceux qui veulent participer sont en général assez robustes, nous avons plusieurs sportifs semi-professionnels et un boxeur. Il y avait même des conductrices qui se disaient prêtes à ramener les autres jeunes femmes après la tombée de la nuit », dit Dmitri. Les volontaires ont déjà accompagné plusieurs citadins. La plupart des requêtes viennent des femmes âgées entre 18 et 30 ans. « Nous avons reçu aujourd'hui cinq appels pour ce soir, tandis qu'en moyenne par jour, nous en avons de six à douze », commente Dmitri.
© GETTY IMAGES/FOTOBANK
Des "anges gardiens" descendent à la tombée de la nuit Les requêtes sont admises de 17h jusqu'à minuit. Outre le bénévole responsable pour l'accompagnement, il y a toujours de cinq à sept volontaires travaillant sur la route, prêts à agir dans une situation d'urgence. En une semaine seulement après le lancement du projet, 1 200 participants se sont enregistrés dans son groupe dans un des réseaux sociaux. Les fondateurs du projet envisagent d'aller plus loin dans l'avenir et d'aider toute personne se trouvant dans une situation difficile. À ces fins, ils mènent des négociations avec d'autres organisations bénévoles. L'initiative devrait contribuer à ramener la sérénité dans les rues de Nijni Novogorod.
LES SUPPLÉMENTS SPÉCIAUX ET SECTIONS SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX : • LE SOIR, BELGIQUE • LE FIGARO, FRANCE • THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • HANDELSBLATT, ALLEMAGNE • EL PAÍS, ESPAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE • DUMA, BULGARIE • POLITIKA, GEOPOLITIKA, SERBIE • THE WASHINGTON POST, THE NEW YORK TIMES ET THE WALL STREET JOURNAL, ÉTATS-UNIS • THE ECONOMIC TIMES, INDE • MAINICHI SHIMBUN, JAPON • HUANQIU SHIBAO, CHINE • LA NACION, ARGENTINE • FOLHA DE S. PAOLO, BRÉSIL • EL OBSERVADOR, URUGUAY • SYDNEY MORNING HERALD, THE AGE, AUSTRALIE • JOONGANG ILBO, CORÉE DU SUD • GULF NEWS, AL KHALEEJ, ÉMIRATS ARABES UNIS • NOVA MAKEDONIJA, MACÉDOINE • NATION, PHUKET GAZETT, THAÏLANDE • TAGEBLATT, LUXEMBOURG. EMAIL : BE@RBTH.COM. POUR EN SAVOIR PLUS CONSULTEZ BE.RBTH.COM. LE SOIR EST PUBLIÉ PAR SA ROSSEL ET CIE. RUE ROYALE. 100 - 1000 BRUXELLES - BELGIQUE . TÉL: 0032/2/225.55.55. IMPRESSION : ROSSEL PRINTING COMPANY SA. DIFFUSION : 94 800 EXEMPLAIRES
RUSSIA BEYOND THE HEADLINES
www.be.rbth.com
Régions
Supplément réalisé par Rossiyskaya Gazeta et distribué avec
03
Voyage À la découverte du berceau des Tatars de Kazan
La capitale de la tolérance Kazan fêtera l'année prochaine son 1010e anniversaire. Les célébrations constitueront un moment idéal pour découvrir le nouveau visage de la capitale historique du Tatarstan. DARIA GONZALES RBTH
Kazan est une ville unique, dont la population est répartie presque également entre les communautés tatares musulmanes et russes orthodoxes. Le charme de Kazan est enraciné dans ce mélange de cultures, reflété dans l'architecture de la ville et de ses sites culturels. RBTH vous invite à la promenade dans ce Babylone contemporain.
Un Kremlin de toute beauté Le meilleur point de départ est la station de métro Kremlevskaïa, qui se trouve sous les murs du Kremlin de Kazan, qui a été construit au Xe siècle. Les habitants locaux affirment que le métro a été « construit pour ceux qui ne sont pas pressés » : une seule ligne, deux rames qui passent à des intervalles d’un quart d’heure. Dans le Kremlin, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2000, on peut visiter les tours et les cathédrales, mais aussi la mosquée Koul Charif et la tour « penchée » de Suumbike. La légende raconte qu’une princesse tatare s’est jetée du dernier étage de la tour après que celle-ci a été édifiée en un temps record de trois semaines sur ordre de son futur époux et envahisseur du khanat de Kazan, Ivan le Terrible. La tour s'incline aussi irrémédiablement que celle de Pise.
Le néogothique de Kazan Après le Kremlin, allez voir le bâtiment du ministère de l’Agriculture (le Palais des cultivateurs, rue Fedoseevskaya, 36), non loin de là. Son architecte semble avoir perdu la raison car nulle part en Russie on ne trouve pareille fantasmagorie : un bâtiment grandiose avec colonnades, coupoles, griffons, bas-reliefs, fenêtres-miroirs et bois bétonné dans l’arche du milieu.
Dîner rue Baumanskaïa La rue Baumanskaïa est l’équivalent du Vieil Arbat moscovite ou de la Rambla de Barcelone. Parmi les nombreux cafés et restaurants, la Maison de la cuisine tatare vaut
le détour, ou sa version économique, située en face, Dom Tchaïa (la maison du thé). Les deux établissements servent le traditionnel tartare (viande crue hachée), la goubadya (gâteau de fête au bœuf), et bien sûr les tchéboureki, chaussons frits à la viande hachée de veau ou d’agneau.
Promenade sur le front d’eau La rue Lev Tolstoï mène sur les berges de la rivière Kazanka qui s’est transformée, avec la construction d’un barrage et d’un lac artificiel, en cours d’eau large et tranquille. Les berges commencent près de la place du Millénaire de Kazan, l’une des plus grandes places de Russie. Les vues de la place avec le Kremlin, la mosquée et la « soucoupe volante » futuriste du cirque sont devenues les cartes de visite de la ville. Sur un îlot, au milieu du fleuve, flotte la très ancienne église des guerriers morts au combat le 2 octobre 1552, quand Ivan le Terrible a pris Kazan, fondée en 1811.
La plus ancienne mosquée du Tatarstan À une station de métro du Kremlin, place Toukaï, visitez la mosquée Al-Mardjani (rue Kaïouma Nassyri, 17). Vous serez chaleureusement accueilli et emmené gratuitement pour une visite guidée. N’oubliez pas d’enlever vos chaussures avant de pénétrer dans la mosquée. Non loin se trouve le quartier des étudiants, peuplé essentiellement de Turcs, qui apprennent ici le Coran, aux frais du gouvernement turc. Le tatare et le turc sont parlés ici beaucoup plus que dans les autres endroits de la ville. Si vous voulez sortir de Kazan, nous vous proposons de visiter Sviajsk, une ville-monastère unique, située sur une île. Fondée par Ivan le Terrible à l'occasion de la prise de Kazan, Sviajsk est devenu un point stratégique important pour l’armée russe dans la conquête du khanat de Kazan. Aujourd’hui, c’est un village, abritant quatre monastères et de nombreuses églises orthodoxes, sur une île reliée à la terre ferme par une digue, sur laquelle court une route. L’accès en est donc facile, aussi bien en bus qu’en transport fluvial.
Le Kystyby, chef-d’œuvre tatare · 1 kg d’oignons · 200 ml de lait · 50 g de beurre · Des herbes Comment le préparer ? Consultez la recette-vidéo sur notre site ! be.rbth.ru/22745
DÉCO
À lire dans la rubrique Tourisme BE.RBTH.COM/TOURISME /
Religion Yardem, une mosquée pas comme les autres
La mosquée qui guide les aveugles
Le monastère flottant
CUISINE
Ingrédients pour 20 portions de kystybys : Pâte : · 500 g de farine · 300 ml de lait · 50 g de beurre · 1 œuf · Du sel Farce : · 1 kg de pommes de terre
© NATALIA MIKHAYLENKO; LORI/LEGION MEDIA
UVRE
En 2002, Ildar Bayazitov a commencé à travailler comme imam et à recueillir les malvoyants et malentendants, délaissés par les autres paroisses. Une initiative qui a fait boule de neige. GALINA BABITCH POUR RBTH
Dans une petite pièce, derrière un bureau sur lequel est posé un gros livre ouvert, est assis un petit garçon. Il passe sa main sur les pages du livre entièrement blanches. Devant lui, se trouve le Coran, écrit en braille. Agé de 12 ans, le petit Imran, issu d’une famille nombreuse tchétchène, est venu ici de Belgique. Son père, qui a décidé d’apprendre le Coran à son fils, a trouvé sur Internet la mosquéeYardem de Kazan, qui enseigne les principes fondamentaux de l’islam aux musulmans non-voyants et a envoyé Imran en Russie pour trois ans. Ici, le garçon a rapidement appris à prier et à lire en arabe. « En à peine un peu plus de six mois, il a déjà acquis énormément et a mémorisé un Juz’ [partie, ndlr] entier du Coran », a raconté à RBTH l’imam de la mosquéeYardem Ildar Bayazitov. En 2002 il est devenu imam de la petite mosquée de Suleiman, dans le village de Levtchenko, aux environs de Kazan. « Un beau jour, j’ai rassemblé tous les non-voyants et je leur ai dit : faisons une du’a collective, une prière à Allah, puisse un dirigeant nous entendre et nous venir en aide, raconte Ildar Bayazitov. Et vous
© SERVICE DE PRESSE
imaginez, quelques jours plus tard, je reçois un appel : Metshin [le maire de Kazan, ndlr] viendra vous rendre visite demain matin ». Le maire de la ville Ilsur Metshin a proposé de choisir un lieu pour la construction d’un nouveau complexe. L’endroit a été trouvé : le bâtiment se trouve sur une vaste zone autour de laquelle une maison pour les non-voyants est située non loin du bureau de la Société des aveugles et de la bibliothèque régionale pour aveugles. C’est le grand architecte tatar Aïvar Sattarov, auteur de la grande mosquée Koul Charif de Kazan, qui a été invité à incarner l'ambitieux projet. Il a fallu cinq ans pour mener à bien la construction, depuis la pose de la première pierre jusqu’à son ouverture.
L’imam me montre les nombreuses pièces de l’immense complexe, où chaque porte contient deux plaques : l’une gravée en lettres plates, l’autre en braille. À côté de chaque porte, deux boutons attirent l’attention : en appuyant dessus, une voix indique où mène chaque porte. La salle de prière est recouverte d’un tapis aux caractéristiques uniques : l’épaisseur des poils est telle que chaque personne mal-voyante peut ressentir les lignes avec ses pieds et ainsi se positionner à sa place, en rang. On trouve également un cabinet médical, une pièce de relaxation qui dispose d’équipements de massage, une cuisine où les personnes qui ont perdu la vue retrouvent le goût de cuisiner, un atelier de couture où chacun peut exprimer sa
créativité. On y trouve également des tables de ping-pong adaptées aux mal-voyants : les non-voyants apprennent à se déplacer dans l’espace en fonction du son renvoyé par la balle. Et il ne s’agit pas de simples divertissements, mais d’une partie intégrante du programme de rééducation. « Nous essayons de transformer chaque jour en fête, explique la directrice du centre de rééducation et de formation pour aveugles Malika Guelmutdinova. Un jour, un homme de Nijnekamsk est venu nous voir. Toute sa famille avait péri dans un accident de voiture. Lui, a complètement perdu la vue. Il pleurait sans cesse ! Nous avons beaucoup travaillé avec lui. Petit à petit, en construisant un nouveau rapport à lui-même, il a commencé à changer. Aujourd’hui, il enseigne l’orientation aux aveugles ». Malika Guelmutdinova n’est pas seulement professeur de l’Islam pour les non-voyants. Elle est aussi l’auteur d’un manuel unique utilisé par les musulmans aveugles dans tous le pays. Elle-même a appris à écrire en braille en russe, en tatare, puis en arabe. La nuit, elle développait pour ses étudiants des manuels d’apprentissage des fondements de l’Islam. À la main, en perçant des trous dans des feuilles de papiers, pour former des lettres et des mots… Et bien qu’en juillet dernier,Yardem n’ait célébré que son premier anniversaire, le centre a permis de rééduquer et d’enseigner les fondements de l’islam à plus de 600 aveugles. Alors que je suis assise sur un banc en face de la mosquée, une vieille femme s’approche de moi. Elle souhaite donner des affaires pour les pauvres et me demande où se trouve l’entrée principale: « Des amis m’ont dit de les apporter ici, car c’est un endroit formidable ».
Z
Neuf conseils à l'usage des voyageurs étrangers en Russie
Région d'Omsk : à la recherche des centres énergétiques de Sibérie
be.rbth.com/31709
be.rbth.com/31557
Plongée au cœur de l'ancienne Carélie be.rbth.com/31515
04
Économie
RUSSIA BEYOND THE HEADLINES
www.be.rbth.com
Supplément réalisé par Rossiyskaya Gazeta et distribué avec
La course aux grands appels d'offre SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE
11
milliards d'euros - c'est le montant consacré au programme d'infrastructure de la CM 2018. 5,8 milliards iront au transport, 3 milliards sur les sites sportifs.
11
villes accueilleront la CM 2018 : Moscou, SaintPétersbourg, Nijni Novgorod, Kazan, Volgograd, Sotchi, Saransk, Rostov-sur-le-Don, Kaliningrad, Samara et Ekaterinbourg.
639 Maxime Ryjak a indiqué que le processus de sélection des fournisseurs des équipements pour la Coupe du monde 2018 prendrait, sans doute, un certain temps. Le manager estime que son entreprise a toutes ses chances, mais s’attend à une forte concurrence. « Pour le moment, nous n’avons pas de contrats », a-t-il précisé L’expérience olympique pourrait aider les entreprises belges dans les conditions de rude concurrence avec d’autres fabricants. Par exemple, ACV a équipé le complexe de sauts à ski RusSki Gorki à Sotchi, Schréder a installé les éclairages du parking du centre de curling Ice
SaintPétersbourg double la capitale IGOR ROZINE RBTH
Dans le cadre de l'étude de la société de conseil financier Z/Yen Group publiée fin septembre 2014, Saint-Pétersbourg progresse de six places dans le classement des centres financiers mondiaux et atteint la 72ème place, tandis qu'à l'inverse, Moscou recule en 80ème position. Le classement se base sur 5 paramètres : le climat des affaires, les finances, les infrastructures, le capital humain et la réputation. Saint-Pétersbourg est à ce titre la région leader de Russie, ce qui se reflète en retour dans le volume des investissements étrangers. La ville a par ailleurs adopté en 2014 une stratégie de déve-
millions d'euros seront consacrés au stade Loujniki de Moscou, la plus grande enceinte sportive, dont la capacité sera portée à 81 000 spectateurs.
Les entreprises belges espèrent décrocher pour 100 millions d'euros de contrats pour le Mondial 2018.
Investissements Bienvenue aux Belges !
Saint-Pétersbourg a dépassé Moscou dans le classement du Global Financial Centres Index. Ce succès a principalement été remporté en attirant des investisseurs étrangers.
CONFÉRENCE DE SAINTPÉTERSBOURG – NOUVELLE POLITIQUE ÉCONOMIQUE MONDIALE DU 5 AU 6 DÉCEMBRE, CCSR, RUE DU MERIDIEN 21, BRUXELLES
La conférence internationale sera consacrée aux questions liées à l'économie mondiale : système économique global, gestion des flux financiers dans le cadre du « Processus de Washington », nouvelles approches de l'organisation de l'économie, etc. › www.bel.rs.gov.ru TOUS LES DÉTAILS SUR NOTRE SITE
WWW.BE.RBTH.COM
© RIA NOVOSTI
Certaines entreprises belges sont bien placées pour remporter une partie des contrats. Le succès dans les appels d’offres serait une aubaine pour les entrepreneurs, ouvrant le vaste marché russe, bien au-delà de la Coupe du monde. S'inspirant de l'expérience de Sotchi, la présentation a divisé les entreprises en cinq groupes distincts, représentés sous la forme d’anneaux olympiques. Les entreprises belges désireuses de participer aux appels d’offres sont spécialisées dans la fabrication d’équipements sportifs et de systèmes de contrôle d’accès, ainsi que dans les secteurs des médias, de la logistique et de la construction. Ce dernier secteur est le plus représenté. Presque toutes les entreprises spécialisées dans la construction ont mis en avant leur capacité de s’adapter aux besoins du client. « Notre principale qualité pour l’organisation de la Coupe du monde 2018 est notre capacité à élaborer des solutions individuelles pour chaque projet concret, comme nous l’avons montré au Brésil (Coupe du monde 2014), à Kiev (Euro 2012) et en Afrique du Sud (Coupe du monde 2010). La flexibilité de nos équipements permet de les adapter pour les besoins individuels des clients et ainsi de réaliser les idées les plus audacieuses des architectes », a expliquéYan Chernushevich, directeur de Schréder Russie (société spécialisée dans les systèmes d’éclairage) au cours de la présentation. Le directeur général d’ACV Rus (fabricant de chauffe-eau)
CHIFFRES CLÉS
AFFAIRES À SUIVRE
loppement jusqu'à l'année 2030 qui devrait permettre d'accroître significativement le volume de tels investissements.
Nouvelle stratégie Les autorités pétersbourgeoises offrent des avantages considérables aux personnes prêtes à investir dans la région. L'administration a en particulier prévu l'introduction d'une taxe foncière à taux préférentiel pour les entreprises, ainsi que des incitations fiscales pour les entreprises de télécommunication et les sociétés actives dans le domaine touristique. « Nous créons toutes les conditions nécessaires pour que notre ville disposant de nombreux avantages géopolitiques attire les principales entreprises nationales et les sociétés étrangères. Saint-Pétersbourg est prête à nouer des coopérations. De nombreux projets dont la réalisation serait bénéfique tant pour la ville que pour nos partenaires-investis-
Cube, alors que les structures en aluminium de Reynaers ont été utilisées pour la construction du stade olympique Ficht. Le groupe EVS, spécialisé dans le développement des technologies pour la diffusion en direct, a déjà assuré les retransmissions à Sotchi. Il pourrait en outre faire valoir sa collaboration avec la première chaîne de télévision russe Perviy Kanal. Enfin, le concepteur d’infrastructures de transport Automatic Systems a installé quelque 85 barrières automatiques à Sotchi via son distributeur russe. Pour le moment, les entreprises belges n'ont encore signé aucun contrat et le calendrier des dates
seurs se trouvent actuellement dans notre portefeuille », a déclaré à RBTH le gouverneur de SaintPétersbourg, Gueorgui Poltavtchenko. Conséquence de la mise en œuvre de cette stratégie, la part des industries à fort contenu technologique et scientifique dans le produit intérieur brut de la région devrait atteindre 20% d'ici 2019, tandis que les investissements en capital fixe devraient croître de 70%. En parité de pouvoir d'achat du rouble par rapport au dollar, la productivité du travail dans le secteur industriel de Saint-Pétersbourg se monte déjà à 80 000 dollars par personne employée, contre une moyenne de 36 000 sur l'ensemble de la Russie. La base industrielle de la ville de Saint-Pétersbourg est à l'heure actuelle composée de plus de 730 grandes et moyennes entreprises, dont certaines figurent parmi les leaders nationaux. La catégorie des petites entreprises actives dans le domaine de la production industrielle regroupe 22 000 agents économiques. Saint-Pétersbourg se classe parmi les régions russes les plus avancées en ce qui concerne la mise en œuvre de politiques de clusters pour stimuler le développement de l'industrie. Des clusters dans les domaines de la construction automobile, de l'industrie pharmaceutique, de la radio-électronique, de la construction navale et des télécommunications opèrent avec succès dans la ville.
Partenariat commercial et économique À l'heure actuelle, la Belgique ne figure pas parmi les principaux partenaires commerciaux et économiques de Saint-Pétersbourg.
des appels d’offres n'est pas connu. Dans ces conditions, il est difficile d’évaluer le montant de recettes global auquel les entreprises belges pourraient prétendre si elles participent à la préparation de la Coupe du monde. Les Jeux olympiques de Londres en 2012, qui ont rapporté 280 millions d’euros aux entreprises belges, ainsi que la Coupe du monde de la FIFA 2014 au Brésil, qui leur a permis d’encaisser quelque 100 millions d’euros, pourraient donner un indice. Les matchs de la Coupe du monde 2018 auront lieu dans 12 stades et 11 villes russes.
Le gouverneur de Saint-Pétersbourg, Gueorgui Poltavtchenko
Entreprises belges Des entreprises détenues à 100% ou partiellement constituées de capitaux belges opèrent à SaintPétersbourg. Ces dernières sont actives dans le secteur de la logistique, de la boulangerie et de la confiserie, des communications, de la conduite de travaux d'ingénierie, etc. Une quinzaine de bars et restaurants belges ont ouvert en ville, dont les plus populaires sont la brasserie Kriek, le restaurant KwakInn et le réseau de cafés-boulangerie "Le Pain Quotidien". Par ailleurs, aucun festival culinaire à succès ne peut faire l'impasse sur la préparation des gaufres belges.
Les investissements belges cumulés dans l'économie de SaintPétersbourg atteignent 578 millions de dollars
L’expert sportif international Dimitri Huygen estime qu'un résultat proche du Brésil paraît le plus probable. Son avis est partagé par Anton Anitsev, directeur du département marketing et développement commercial dans les pays de la CEI chez EY. Il estime que, pour les entreprises belges, le potentiel du marché russe dans le cadre de la préparation du pays pour la Coupe du monde 2018 est très important et comparable au volume des biens et services vendus par les entreprises belges au Brésil. Tous espèrent que les tensions politiques n'interféreront pas dans la préparation de l'événement !
Le pays pointe à la 20ème place du classement des pays les plus actifs dans le domaine des échanges commerciaux avec la capitale du Nord de la Russie. Le volume des échanges commerciaux entre Saint-Pétersbourg et la Belgique demeure toutefois relativement stable : 570 millions de dollars en 2012, 476,4 millions en 2013 et 310,2 millions pour le premier semestre 2014. Les importations de Saint-Pétersbourg en provenance de Belgique sont traditionnellement supérieures aux exportations : le total des exportations s'est monté à 104,5 millions de dollars pour 2013, contre 371,8 millions pour les importations. Les exportations sont pour l'essentiel constituées de bois, de métaux ferreux, de cuivre. La structure des importations est en retour dominée par les plastiques, les produits alimentaires, ainsi que les équipements électriques. Selon l'office des statistiques de Saint-Pétersbourg (Petrostats), les investissements belges dans l'économie de Saint-Pétersbourg se sont montés à 167 millions d'euros en 2013, tandis que les investissements cumulés ont atteint les 578 millions de dollars en 2012. Pour StéphaneVan Doorsler, directeur général de l'entreprise belge de logistique Alers, en ce qui concerne la CEI et les pays Baltes, la politique de soutien aux entreprises industrielles mise en œuvre par les autorités municipales figure parmi les avantages de la capitale du Nord. « Grâce à la création de zones économiques spéciales et de subventions pour certains types d'activités, le coût de la main d'œuvre y est moins cher qu'à Moscou, tandis que la qualité de vie est meilleure que dans la capitale », explique-t-il.
EN BREF Le Superjet 100 pénètre le marché européen La compagnie aérienne belge VLM Airlines est la première compagnie européenne à avoir commandé des avions de ligne régionaux Sukhoi Superjet 100. Selon l'accord d'intention signé avec la société de leasing Ilyushin Finance Co, la compagnie recevra deux SSJ100 LR en avril 2015, avec une option sur deux autres appareils et un droit pour 10 avions supplémentaires. Cet accord ouvre le marché européen aux avions Sukhoi Superjet 100. Aujourd'hui le SSJ100 est le seul avion de ligne russe à être certifié selon les normes européennes EASA.
Dans la pratique, cette coopération mutuellement avantageuse se confirme par des événements régulièrement organisés en commun. Au cours des trois-quatre dernières années, Saint-Pétersbourg a ainsi accueilli une série de séminaires russo-belges, de présentations, de conférences et de rencontres consacrées au développement du tourisme, à la coopération en matière d'investissements, à la santé ainsi qu'aux échanges d'expérience en matière de mise en œuvre d'initiatives législatives. Une délégation de Wallonie comprenant les représentants de 8 sociétés actives dans les domaines des services de conseil, du design d'intérieur, des matériaux de construction, des produits alimentaires et du matériel de jardinage s’est rendue sur les berges de la Neva en 2014. La région de Saint-Pétersbourg arrive à l'heure actuelle en quatrième place du classement des régions russes selon la taille de leur économie, derrière la ville de Moscou et les régions de Tioumen et de Moscou. Fin septembre 2014, l'agence internationale de notation Standard & Poor's (S&P) a en particulier maintenu la note de crédit de Saint-Pétersbourg au niveau "BBB-", a indiqué à RBTH le service de presse de l'agence. « Les notes de crédit de la ville reflètent son faible niveau d'endettement, son haut niveau de liquidité ainsi que la position de Saint-Pétersbourg de deuxième ville de Russie disposant d'une économie diversifiée et d'un fort potentiel de croissance », ont indiqué les analystes de l'agence. Article préparé conjointement avec l'administration de Saint-Pétersbourg
© LORI/LEGION MEDIA
RUSSIA BEYOND THE HEADLINES
www.be.rbth.com
Opinions
Supplément réalisé par Rossiyskaya Gazeta et distribué avec
© IORSH
MOSCOU DÉFEND SES INTÉRÊTS Andreï Souchentsov POLITOLOGUE
’opinion publique occidentale estime souvent que la politique russe dans la crise ukrainienne est déterminée par les ambitions personnelles du président Vladimir Poutine. En Russie, on pense au contraire que cette crise a été provoquée par l’expansion de la sphère d’influence de l’Occident à l’Est. Cette expansion a créé une situation de « jeu à somme nulle » au sein de l’espace post-soviétique dans lequel certains pays ont des liens plus étroits avec la Russie que d’autres. Dans la crise ukrainienne, Moscou défend ses intérêts nationaux, dont certains sont vitaux. Je tâcherai d’expliquer la politique russe par une analogie « contrefactuelle ». Imaginons qu’il y a 23 ans, ce n’est pas l’URSS mais les États-Unis qui se soient effondrés. Suite à l’effondrement, les États côtiers et frontaliers de Washington, Californie, Nouveau-Mexique, Texas, Floride et Géorgie ont fait sécession des États-Unis. Les anciens États-Unis se sont retrouvés privés de leur accès confortable à l’océan Pacifique, alors que les sites clés de l’infrastructure nationale – le cosmodrome, les bases et ports militaires, les oléoducs et les chemins de fer, les centres GPS et les sites industriels – sont restés sur le territoire d’autres États. Washington a consacré les deux décennies suivantes au rétablissement de l’économie et à la créa-
L
tion d’une infrastructure alternative dans les cas où les nouveaux voisins ont refusé de collaborer avec les États-Unis.Toutefois, certains anciens territoires américains se sont prononcés en faveur du rétablissement de l’union et Washington a conservé sa coopération avec eux. Dans ce contexte, une puissance européenne influente et active a commencé à renforcer sa présence en Amérique du Nord et en Amérique latine, entamant son expansion à Cuba. La puissance extérieure a proposé aux anciens États américains une alliance militaire
ressources énergétiques vers l’Europe, la coopération commerciale et industrielle et les droits des populations russophones. Dans la même situation, les États-Unis agiraient exactement de la même manière que Moscou. Aujourd’hui, pourtant, ce n’est pas une puissance européenne qui élargit sa présence dans le Nouveau Monde, mais l’OTAN et les États-Unis dans l’Ancien. Selon la logique de Bruxelles et Washington, les pays de l’espace post-soviétique disposent d’un droit souverain de choisir
Les membres de l’OTAN sont loin de comprendre que les États post-soviétiques sont très fragiles
Les États-Unis ont contribué à la scission en Ukraine en renforçant des forces irresponsables
et une intégration économique sous la devise « les États disposent d’un droit souverain de choisir leur propre voie ». Les États-Unis et cette puissance extérieure commencent alors un « jeu à somme nulle ». Les tensions entraînent des conflits autour du cosmodrome de la Floride et de la base militaire navale de San Diego en Californie. Dans ce conflit, la force extérieure élargit sa sphère d’influence, alors que les États-Unis défendent leurs intérêts. Et tout cela est logique. La même logique explique la politique de la Russie en Ukraine. Elle défend ses intérêts : la base navale en Crimée, le transit des
les unions politiques, économiques et militaires dans lesquelles ils souhaitent participer. Pourtant, les grands pays qui se sont trouvés hors de l’Alliance de l'Atlantique-Nord, posent la question : quel est le rôle de cette organisation sur le continent et contre qui entend-elle se défendre ? L’OTAN a été conçue à l’issue de la Seconde Guerre mondiale comme une alliance défensive contre l’Union soviétique. L’effondrement de l’URSS a été suivi d’une tentative de doter le potentiel militaire de l’OTAN de fonctions globales – l’alliance devait se défendre contre les menaces émanant du monde entier.
D’autres points de vue sur l’actualité dans la rubrique Opinions sur
Au cours des 20 dernières années, l’OTAN s’est défendue deux fois contre la Yougoslavie, ainsi que contre l’Afghanistan et la Libye. En 2003, les pays membres de l’OTAN ont débattu pour décider s’ils devaient se défendre contre l’Irak, au final les plus actifs d’entre eux ont décidé que oui, il fallait le faire. Dans le contexte de la crise ukrainienne, le secrétaire général adjoint de l'OTAN Alexander Vershbow indiquait que l’OTAN considérait la Russie comme une menace. Il est venu répéter les déclarations précédentes de certains législateurs américains et des dirigeants des pays Baltes et de la Pologne. Les membres de l’OTAN sont loin de tous comprendre que les États de l’espace post-soviétique sont très fragiles. La provocation extérieure ébranle la stabilité politique dans ces pays et, par conséquent, les conditions nécessaires à la croissance économique. Cela empêche les pays post-soviétiques de rapidement sortir du piège du revenu intermédiaire et de se hisser au niveau des pays européens développés. C’est dans la prospérité que naît la démocratie, et non l’inverse. Les habitants des États-Unis et de l’Union européenne qui, au cours d’une génération, ont été témoins de l’intégration et du développement rapides, pensent que le monde entier vit au même rythme. Et pourtant, durant tout ce temps, l’espace post-soviétique a été le terrain de processus très différents. En proie à la décomposition communautaire, cet espace a fait l’objet de tentatives de prévention des conflits liés à cette décomposition. Ces dernières années, la Russie a cherché à reprendre sa position de noyau dynamique au sein de l’espace eurasien. En Ukraine, ce processus est confronté à l’expansion de la sphère d’influence occidentale vers l’Est. Les États-Unis n’ont pas initié le coup d’État à Kiev, mais ils ont décidé de saisir l’occasion et de renforcer leurs positions, contribuant ainsi à la scission au sein de la société ukrainienne et y renforçant des forces politiques irresponsables. Le nouveau gouvernement ukrainien a cherché à utiliser les États-Unis et l’OTAN dans sa lutte contre la Russie, comme l’avait fait Mikhaïl Saakachvili en attaquant les forces de maintien de la paix en Ossétie du Sud en 2008. En soutenant l’intégration euro-atlantique de l’Ukraine, l’Occident déchire ce pays et cause des dommages irréparables à ses relations avec la Russie. Une conclusion s’impose : toutes les parties ont tout intérêt à s’entendre sur les futures règles d’interaction en Europe et les moyens d’assurer un avenir stable à l’Ukraine.
05
L’ÉCONOMIE PEINE FACE À LA BAISSE DU PÉTROLE Bryan MacDonald JOURNALISTE
a dernière fois que la Russie a été confrontée à une faillite financière remonte à août 1998. Le rouble s’était effondré face au dollar après que le gouvernement de Boris Eltsine eut fait défaut sur la dette intérieure et gelé les remboursements dus aux créanciers étrangers. En l’espace de quelques semaines, le taux de change du rouble par rapport au dollar était passé de 6 à 21. Et pourtant, dix ans plus tard, l’économie d’un pays habitué aux crises décollait comme jamais, affichant une croissance à deux chiffres. QuandVladimir Poutine arriva au pouvoir en 1999, il trouva un État échappant à tout contrôle, asphyxié sous le poids d’une expérience économique néo-libérale ratée. Il mit fin à la spirale en instaurant un impôt sur le revenu fixe de 13% qui permit de s’attaquer à ce qui était une véritable culture de l’évasion fiscale. Puis il renationalisa les principales industries et mit fin à la domination des oligarques des années 90. L'envolée des prix du pétrole, due à des facteurs externes, arriva au bon moment et le Phénix russe put redéployer ses ailes. Alors que tout semblait perdu, le pays put soudain s’éloigner du gouffre. Le culte que voue le Kremlin à l’or noir pourrait-il aujourd’hui causer sa perte ? Les relations entre Moscou et Washington sont au plus bas depuis les années 1970. La fuite des capitaux russes a atteint un niveau record et devrait s’élever à 102 milliards d’euros cette année. La croissance économique est proche de zéro. Cela donne à réfléchir dans ce pays qui, récemment, affichait encore une croissance de 4%, alors que ses rivaux faisaient du sur-place ou reculaient. Et le rouble est en chute libre par rapport aux principales devises étrangères. L’Europe souffre également et devra sans doute se résigner à la
L
levée des sanctions qui ont peu d’effet sur les États-Unis, mais nuisent aux économies européennes presque autant qu’à la Russie. Quant aux prix du pétrole, y voir un vil complot des États-Unis et de l’Arabie saoudite contre le Kremlin de Poutine est absurde. La chute des prix du brut est la conséquence de l’essor du pétrole de schiste aux ÉtatsUnis et de la baisse de la demande en Chine et en Europe. Le problème de la Russie est que le baril de brut produit en Oural a vu son prix plonger, passant de 115 à 83 dollars depuis juin. La Deutsche Bank affirme qu’en raison de la forte hausse des dépenses ces dernières années, Moscou doit vendre
Il est absurde de voir dans la baisse du prix du pétrole un complot ourdi par les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite son pétrole à 80 euros pour équilibrer son budget. L’incapacité du Kremlin à diversifier l’économie russe pourrait bientôt se retourner contre lui. La chute du rouble pourrait être un désastre pour les ménages ordinaires, mais elle a un impact positif sur le budget de l’État, car les revenus du pétrole sont perçus en dollars alors que les dépenses domestiques se font en roubles. Les producteurs pétroliers du Proche-Orient ne pourront pas supporter une baisse prolongée du rendement de leur activité. La Russie dispose de solides réserves de liquidités susceptibles de rendre la souffrance économique supportable encore un moment. Quant au boum du schiste qui aide à maîtriser le chômage américain, des prix inférieurs à 90 dollars le baril ne seront pas viables. Bryan MacDonald est un journaliste irlandais spécialisé dans les affaires russes et la géopolitique
Andreï Souchentsov, professeur à l'Institut des relations internationales de Moscou (MGIMO) et membre du Club de discussion Valdaï.
© TATIANA PERELYGUINA
LA RUSSIE MISE SUR LE G20
NOUVEL ÉQUILIBRE GAZIER
be.rbth.com/31561
be.rbth.com/31551
BE.RBTH.COM/OPINIONS E X P R I M E Z- V O U S
E N
A L L A N T
S U R
N OT R E
S I T E ,
FA C E B O O K / L A R U S S I E D A U J O U R D H U I
O U
T W I T T E R . C O M / R B T H _ F R
LE COURRIER DES LECTEURS, LES OPINIONS OU DESSINS DE LA RUBRIQUE “OPINIONS” PUBLIÉS DANS CE SUPPLÉMENT REPRÉSENTENT DIVERS POINTS DE VUE ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT LA POSITION DE LA RÉDACTION DE LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI OU DE ROSSIYSKAYA GAZETA. MERCI D’ENVOYER VOS COMMENTAIRES PAR COURRIEL : BE@RBTH.COM
RUSSIA BEYOND THE HEADLINES EST PUBLIÉ PAR LE QUOTIDIEN RUSSE ROSSIYSKAYA GAZETA. LA RÉDACTION DU SOIR N’EST PAS IMPLIQUÉE DANS SA PRODUCTION. LE FINANCEMENT DE RBTH PROVIENT DE LA PUBLICITÉ ET DU PARRAINAGE, AINSI QUE DES SUBVENTIONS DES AGENCES GOUVERNEMENTALES RUSSES. RBTH A UNE LIGNE ÉDITORIALE INDÉPENDANTE. SON OBJECTIF EST DE PRÉSENTER LES DIFFÉRENTS POINTS DE VUE SUR RUSSIE ET SA PLACE DANS LE MONDE À TRAVERS UN CONTENU DE QUALITÉ. PUBLIÉ DEPUIS 2007, RBTH S’ENGAGE À MAINTENIR LE PLUS HAUT NIVEAU RÉDACTIONNEL POSSIBLE ET À PRÉSENTER LE MEILLEUR DE
LA PRODUCTION JOURNALISTIQUE RUSSE AINSI QUE LES MEILLEURS TEXTES SUR LA RUSSIE. CE FAISANT, NOUS ESPÉRONS COMBLER UNE LACUNE IMPORTANTE DANS LA COUVERTURE MÉDIATIQUE INTERNATIONALE. POUR TOUTE QUESTION OU COMMENTAIRE SUR NOTRE STRUCTURE ACTIONNARIALE OU ÉDITORIALE, NOUS VOUS PRIONS DE NOUS CONTACTER PAR COURRIER ÉLECTRONIQUE À L’ADRESSE BE@RBTH.COM. SITE INTERNET BE.RBTH.COM. TÉL. +7 (495) 7753114 FAX +7 (495) 9889213 ADRESSE 24 / 4 RUE PRAVDY, ÉTAGE 7, MOSCOU 125993, RUSSIE.
EUGÈNE ABOV : DIRECTEUR DE LA PUBLICATION, PAVEL GOLUB : RÉDACTEUR EN CHEF DE RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, TATIANA CHRAMTCHENKO : RÉDACTRICE EN CHEF DE LA RÉDACTION FRANCOPHONE PAR INTÉRIM, EKATERINA TCHIPOURENKO : ASSISTANTE DE LA RÉDACTION, MILLA DOMOGATSKAYA : RESPONSABLE DE L’ÉDITION (VERSION PAPIER), ANDREÏ CHIMARSKI : DIRECTEUR ARTISTIQUE, ANDREÏ ZAYTSEV, SLAVA PETRAKINA : SERVICE PHOTO. JULIA GOLIKOVA : DIRECTRICE DE PUBLICITE & RP, VICTOR ONUCHKO : REPRÉSENTANT À BRUXELLES. © COPYRIGHT 2014, AFBE "ROSSIYSKAYA GAZETA". TOUS DROITS RÉSERVÉS.
ALEXANDRE GORBENKO : PRÉSIDENT DU CONSEIL RÉDACTIONNEL, PAVEL NEGOITSA : DIRECTEUR GÉNÉRAL, VLADISLAV FRONIN : DIRECTEUR DES RÉDACTIONS. TOUTE REPRODUCTION OU DISTRIBUTION DES PASSAGES DE L’OEUVRE, SAUF À USAGE PERSONNEL, EST INTERDITE SANS CONSENTEMENT PAR ÉCRIT DE ROSSIYSKAYA GAZETA. ADRESSEZ VOS REQUÊTES À BE@RBTH.COM OU PAR TÉLÉPHONE AU +7 (495) 775 3114. CE SUPPLÉMENT A ÉTÉ ACHEVÉ LE 28 NOVEMBRE.
06
RUSSIA BEYOND THE HEADLINES
Culture & Loisirs
www.be.rbth.com
Supplément réalisé par Rossiyskaya Gazeta et distribué avec
GRAND ENTRETIEN
Les ballets du Bolchoï près de chez vous, c'est possible ! Depuis 2009 Pathé Live diffuse en direct et distribue dans 1 200 salles de cinémas à travers le monde les ballets du théâtre Bolchoï de Moscou. Cette année, les retransmissions des ballets du Bolchoï ont accueilli leur millionième spectateur au cinéma. RBTH a rencontré Thierry Fontaine, directeur de Pathé Live pour parler de ce projet qui enthousiasme tant le public.
Comment expliquez-vous ce succès ? Le Bolchoï, c’est la référence pour la danse classique.Vous n’avez pas l’occasion d’aller à Moscou tous les jours. Néanmoins, vous pouvez voir en direct un ballet dansé à Moscou. La retransmission permet aux passionnés de la danse d’y accéder à moindre coût et, en plus, de découvrir les œuvres qu’ils n’ont pas l’occasion de voir ailleurs. Comment choisissez-vous les œuvres pour vos productions et retransmission depuis Moscou ? Notre approche vise à alterner des œuvres très connues comme Casse-noisette, Le Lac des cygnes, La Belle au Bois Dormant, qui attirent le public le plus large, avec des ballets moins connus. Nous prenons des risques pour assurer la diversité, qui est importante pour nous. Par exemple, personne ne connaissait Légende d'amour, parce que ce ballet n'a jamais été montré, sauf à Moscou il y a 10 ans, et lors de la création dans la capitale en 1965. Cette année, il y a aussi Ivan le Terrible qui n'a jamais été vu en dehors de la Russie. Pour pouvoir équilibrer les comptes, les titres moins connus sont rediffusés, puisque l’investissement pour une retransmission en direct est très lourd, il représente 400 000 euros. Evidemment, miser sur les classiques c'est moins risqué, mais ce n'est pas une bonne stratégie sur le long terme. Quels efforts marketing faites-vous pour attirer les amateurs de ballets dans les salles de cinéma ? Il y a beaucoup de travail de communication, entre autres, via les cinémas, qui font la communication pour nous avec les supports qu'on leur fournit. Cette année, Pathé Live a tourné une bande annonce spécialement pour ce programme avec deux danseursétoiles du Bolchoï : Olga Smirnova et David Hallberg. La bande annonce est assez moderne dans
PASSEZ LES VACANCES D'HIVER AVEC RBTH ! PARTICIPEZ À NOTRE CONCOURS Le concours commence le 4 décembre 2014 PLUS D'INFORMATION SUR BE.RBTH.COM / FACEBOOK.COM/LARUSSIEDAUJOURDHUI / TWITTER.COM/RBTH_FR
© REUTERS
L'approche de Pathé Live vise à alterner des oeuvres très connues avec d'autres moins connues.
son esprit, elle donne envie de voir de la danse même au jeune public. Pour la saison prochaine, nous avons envisagé une nouvelle bande annonce avec beaucoup plus de danseurs. Il nous a également paru très important de rendre les danseursétoiles du Bolchoï plus proches des spectateurs de nos retransmissions de ballets. Bientôt, notre équipe va se rendre a Moscou pour filmer les danseurs lors des répétitions, dans la rue, dans leur vie, pour montrer qu'ils sont avant tout des êtres humains. Même si ces artistes effectuent un travail acharné derrière le spectacle et qu'il s'agit de personnes exceptionnelles. Les retransmissions en direct créent-elles une ambiance particulière au Bolchoï ? Il y a une vraie émulation entre les danseurs, me semble-t-il. Par exemple, quand on est en coulisse le jour du live, on les voit venir, dès qu'ils sortent de scène, regarder ce qui se passe sur l'écran, parce qu’ils sont très fiers de ce travail. On dirait qu'ils ont plus envie de danser le jour où il y a la retransmission. Les connaisseurs du ballet me disent même que souvent, les danseurs dansent mieux quand il y a le direct, sans doute parce que le fait d'être regardés partout dans le monde les galvanise. Ce qui est formidable avec le Bolchoï, c'est qu'il s'adapte. Qui aurait pu croire qu’une équipe française produise des retransmissions de ballet russe pour les diffuser dans le monde ? C’est d'une grande ouverture d’esprit. Est-ce que le public a évolué depuis le lancement de ce projet ? Le public est devenu plus fidèle, plus régulier. Pour cette saison, nous enregistrons une croissance des réservations de 20% en moyenne par ballet. En France, nous diffusons dans 120 salles, et c'est le premier territoire en termes de résultat, devant l'Angleterre et les États-Unis. Il y a une progression, parce que les ci-
BIOGRAPHIE
EN DIRECT DE MOSCOU
Thierry Fontaine
Calendrier des retransmissions © DAMIR YUSUPOV
nuit, la belle Odette attend qu’un serment d'amour brise la malédiction jetée par le terrible Von Rothbart. Sublime musique de Tchaïkovski, chorégraphie ici revue par Youri Grigorovitch. © DAMIR YUSUPOV
© SERVICE DE PRESSE
Il y a cinq ans que Pathé Live a pris la décision de produire et de transmettre en direct dans les salles de cinéma les ballets du théâtre Bolchoï. Pourquoi votre choix s'est-il arrêté précisément sur cette maison d'opéra ? Après nos premières saisons avec le Metropolitan Opera de New York, qui ont eu beaucoup de succès auprès du public, nous nous sommes posés la question de savoir quelle était la référence du ballet dans le monde. La marque qui est internationalement connue et reconnue en la matière, c’est le Bolchoï. D'autant plus que ce théâtre est intéressé à aller audelà des frontières pour montrer le travail de ses artistes au niveau international. Ainsi avait-il déjà collaboré avec une société française qui filmait ses ballets pour la télé et une diffusion en DVD. Ces deux arguments combinés ont motivé la décision prise en 2009 par Pathé Live de produire la première retransmission d'un ballet du Bolchoï : il s'agissait de Flammes de Paris. Ensuite, tout est allé très vite. Aujourd’hui nous avons 1 200 salles de cinéma dans 50 pays qui diffusent ces spectacles. C’est un grand succès. Le plus marquant et le plus étonnant, c’est que ce théâtre moscovite, souvent perçu de l'extérieur comme une maison traditionnelle - avec l’aspect négatif sous-jacent -, est pourtant la Maison de ballet qui a décidé d’embrasser les technologies les plus modernes et de s’ouvrir sur le monde. D’autres théâtres l’ont suivi, comme le Royal Opera de Londres, l’Opéra de Paris, mais le Bolchoï reste le premier. Et c’est aujourd’hui celui qui connaît le plus grand succès dans les cinémas du monde entier. Nous sommes en train de remonter les chiffres d'entrées pour Légende d'Amour, mais je peux
déjà dire que nous avons accueilli pour ce dernier spectacle notre millionième spectateur depuis le début des diffusions. C'est énorme et très important pour l'image du théâtre ainsi que pour ses artistes, qui peuvent ainsi exposer leur travail dans le monde entier.
POSTE : DIRECTEUR GÉNÉRAL ÂGE : 56 ANS
Thierry Fontaine est diplômé de Sciences Po Paris et possède un master en gestion des médias de l’École supérieure de commerce de Paris. Il a débuté sa carrière comme journaliste dans le magazine Le Film Francais avant de travailler pour Warner Bros International Distribution. Il rejoint les cinémas Gaumont Pathé en 2001 d’abord comme Responsable Marketing, puis devient en 2011 directeur général de Pathé Live.
némas aussi affinent leur politique tarifaire et d’abonnement, ce qui permet de faire venir les gens pour les ballets moins connus. Le 21 décembre, nous diffusons en direct Casse-noisette et ce sera l'occasion pour les parents et les grands parents d'amener les enfants pour leur faire découvrir cet œuvre comme s'ils y étaient. C’est un projet qui est géré de manière très professionnelle, il est très valorisant pour nous et nous avons envie de continuer. Propos recueillis par Maria Tchobanov
SUIVEZ Recevez les meilleurs articles concernant la Russie directement dans votre messagerie électronique be.rbth.com/subscribe
Nom : La Bayadère Date de retransmission : 07/12/14 Reflet de l'amour impossible entre la danseuse sacrée Nikiya et Solor dans une version scénique de Youri Grigorovitch. Avec les étoiles du Bolchoï Svetlana Zakharova, Maria Alexandrova et Vladislav Lantratov. © DAMIR YUSUPOV
Nom : Roméo et Juliette Date de retransmission : 08/03/15 La légende des amants de Vérone est ici servie par une troupe d’excellence avec en vedette, Anna Nikulina et Alexander Volchkov. © DAMIR YUSUPOV
Nom : Casse-Noisette Date de retransmission : 21/12/14 Musique emblématique de Tchaïkovski, décors et costumes féériques, ce beau conte initiatique reprend les thèmes universels de l'amour, du pouvoir et du bien contre le mal. © ANDREY MELANINE
Nom : Le Lac des cygnes Date de retransmission : 25/01/15 Cygne blanc de jour et femme de
Lisez-nous tous les jours sur BE.RBTH.COM et sur vos plateformes préférées
Nom : Ivan le Terrible Date de retransmission : 19/04/15 S'appuyant sur la musique composée par Prokofiev pour le film d'Eisenstein de 1944, Youri Grigorovitch crée avec Ivan le Terrible une épopée lyrique puissante et riche en couleurs sur la Russie médiévale et le règne controversé d’Ivan IV. Les ballets seront retransmis dans les cinémas de Bruxelles, Bruges, Anvers, Gand, Hasselt, Brainel'Alleud, Courtrai, Louvain, Liège, Ostende. Plus d'information sur › www.pathelive.com › www.kinepolis.be
PARTAGEZ VOTRE OPINION SUR /larussiedaujourdhui
/rbth_fr