Mercredi 2 septembre 2015
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C E S U P P L É M E N T D E S I X P A G E S E S T É D I T É E T P U B L I É P A R R O S S I Y S K AYA G A Z E T A ( R U S S I E ) , Q U I A S S U M E L ’ E N T I È R E R E S P O N S A B I L I T É D E S O N C O N T E N U
ÉCONOMIE
Un nouveau plan de lutte contre la menace de Daesh
Haro sur les brasseurs
Les microbrasseries, qui bénéficient d'un engouement sans précédent, sont en émoi. Le 1er octobre, une nouvelle législation risque de bouleverser le marché de la bière, aux dépends des petits acteurs. Cette loi devrait contraindre les microbrasseries à des dépenses incompatibles avec leur chiffre d'affaires. PAGE 4
CULTURE
La plus courte des biennales
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© GETTY IMAGES
extrémistes. Nous avons interrogé des experts sur la pertinence des moyens mis en œuvre pour contrer les radicaux.
Bart De Baere, directeur du musée d’art contemporain d’Anvers et commissaire de la 6ème Biennale de Moscou d’art contemporain, nous parle de cet événement culturel international, ses participants et sa conception révolutionnaire "work-in progress", permettant aux artistes de tous les coins du monde de collaborer sous la toile du Centre panrusse des expositions.
Une réfugiée syrienne et son bébé traversent la frontière turque pour regagner leur pays. Tandis que la Russie a mis sur la table un plan alternatif de lutte contre la progression de l'État Islamique en Syrie et en Irak, Moscou s'interroge parallèlement sur l'influence de l'islam radical à
l'intérieur de ses frontières. Selon le ministère des Affaires étrangères, 2000 citoyens russes combattraient aujourd'hui dans les rangs de Daesh. La menace est d'autant plus réelle que des chefs
rebelles du Caucase nord ont déjà prêté allégeance à l'EI. Entre 10 et 15% de la population russe sont de confession musulmane et Moscou est préoccupé par une possible propagation des idées
Marché du travail La crise économique entraîne des mouvements sociaux ponctuels mais n'influe pas sur la situation politique
La montée du chômage aiguise les tensions sociales Le premier semestre 2015 a enregistré un record du nombre de protestations des travailleurs. Toutefois, ni les experts ni le pouvoir ne s’attendent à une explosion sociale. ALISSA KOROKHOVA RBTH
Le premier semestre 2015 a pulvérisé le record des sept dernières années dans le domaine des protestations. Cette conclusion est faite par l’ONG Centre des droits sociaux et du travail dans un compte rendu analytique : « Les six premiers mois de cette année ont été marqués par 189 protes-
tations, soit 45% de plus que l’année dernière, qui avait été jusqu’ici la plus agitée ». Protestations contre les arriérés de salaires au cosmodrome de Vostotchny, grève des chauffeurs de minibus à Irkoutsk et piquet d’ouvriers à Tcheliabinsk : les travailleurs ont recours à ces me-
sures en raison de l’impossibilité d’agir dans le cadre d’une procédure juridique normale, estiment les analystes du Centre. Les syndicats n’y sont presque pas présents.
Protestation ou jugement Maria Goubareva, gynécologue
de la policlinique №121 de Moscou, a participé à deux grands meetings à la fin de l’année dernière. Les médecins exigeaient alors d’arrêter les licenciements en masse dans leurs rangs et de limoger les fonctionnaires responsables du secteur. « Le gouvernement a alors pris des mesures sous
forme de paiements et nous a promis le paradis. Les manifestations se sont calmées. Mais rien n’a changé, les licenciements continuent et les personnels prévoient de tenir de nouveaux meetings », a-t-elle fait remarquer. SUITE EN PAGE 3
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International
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Lutte anti-terroriste Puissance douce ou force brute contre l'islam radical ?
Contrer les radicaux avec tact Terrorisme Élargir et repenser la coalition
Nouveau vœu pieux ou initiative pertinente ? Une nouvelle initiative russe vise à inviter l'armée régulière syrienne dans la lutte contre Daesh. Les experts divergent sur ses chances d'obtenir le soutien des principaux acteurs. ALEXEÏ TOMOFEÏTCHEV RBTH
© REUTERS
Un membre de l'EI agite le drapeau sur la rue de Raqqa (Syrie).
Le 1er août, la Russie a lancé un service téléphonique pour les familles dont des membres ont rejoint l'EI. Les experts pensent que la force à elle seule sera incapable de vaincre le groupe. EKATERINA SINELCHTCHIKOVA RBTH
Les mutations des radicaux Les déclarations officielles sur « la présence réelle de l’EI à nos frontières » côtoient les nouvelles sur les tentatives d’enrôlement de jeunes musulmans et migrants dans les régions (ces derniers se verraient proposer un « salaire » de 800 euros par mois). En outre, on a vu apparaître fin juin sur la Toile une vidéo montrant le leader des combattants indépendantistes du nord-caucase prêtant serment de fidélité à l’EI. Toutefois, « il est trop tôt pour s'affoler à ce sujet », dit le directeur de l’Institut d’orientalisme de l’Académie des sciences, Vitali Naoumkine. Dans une interview à RBTH, il fait remarquer qu’un serment « virtuel » ne signifiait pas que « tous les groupes du Caucase du Nord seraient désormais gérés par un centre unique » et constate que « les forces de l’ordre russes coupent court plus efficacement à leurs activités ». Le nombre de victimes et d’affrontements dans le Caucase du Nord a nettement diminué, constate Varvara Pakhomenko, conseillère du Groupe international de crise et experte du Caucase. Ainsi, d’après le site kavkaz-uzel.ru, le nombre de tués et de blessés dans le Caucase du Nord a été de 1 149 en 2013, de 525 en 2015 et de 44 dans le second trimestre de l’année en cours. Cette réduction s’explique par deux faits, poursuit-elle. Premièrement, nombreux sont les terroristes et les islamistes radicaux qui sont partis pour la Syrie. Deuxièmement, de nombreux terroristes ont été tués, évincés du pays ou arrêtés à la veille des Jeux olympiques de Sotchi.
Lutter sur le front des idées
© GETTY IMAGES
La Chambre civile de Russie (organe consultatif auprès du Kremlin chargé de défendre les intérêts de la société civile) a lancé le 1er août un service téléphonique spécial pour les familles dont des membres partagent l’idéologie de l’État islamique (reconnu comme organisation terroriste en Russie) ou sont éventuellement déjà partis en Syrie sous la bannière noire des djihadistes. Le service accorde une aide psychologique et donnera des consultations sur les moyens d’éviter de tomber dans les filets des recruteurs. « Ce service devient aujourd’hui une nécessité, sa mise en place a été décidée après la fuite de l’étudianteVarvara Karaoulova », a déclaré à RBTH Elena Soutormina, présidente de la commission de la Chambre pour le développement de la diplomatie publique et le soutien des russophones à l’étranger. La jeune fille a été interpellée en juin dernier à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Selon l’enquête, elle a été enrôlée par des islamistes radicaux. « Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a indiqué que l’armée de l’EI comptait 2 000 citoyens de Russie, ce qui est un chiffre important », souligne-t-elle. Mme Soutormina a constaté que la Russie, avec son grand nombre d’ethnies et de religions, était très attrayante pour les terroristes de l’EI. Après presque un mois de fonctionnement du service, plus de 15 appels ont été reçus. Ils proviennent principalement de Moscou,Volgograd, Irkoutsk, de la région de Saratov et Adyguée (dans cette république du Caucase russe, l'imam a été engagé dans le recrutement). « Ce que nous avons appris c'est que la police ne réagit pas toujours rapidement et n'émet pas un avis de recherche international [contre les suspects]. Tous les
cas de recours à la «ligne», sauf un, portaient sur l'enrôlement pratiquement accompli et non sur la suspicion . [On n'appelle que] quand le lien avec la fille ou le frère est perdu, et les parents sont sûrs de leur disparition », dit Mme Soutormina. Selon elle, après chaque appel, ils s'adressent au ministre russe de l'Intérieur et au FSB (Service fédéral de sécurité), exigeant de résoudre le plus vite possible la situation. Ahmed Chyar, victime de l'attaque d'EI sur Kobané.
Les experts le reconnaissent : la principale méthode de lutte contre les islamistes radicaux dans le pays, ce sont les opérations coup de poing. Or, la force à elle seule ne suffit pas, « bien qu’il soit impossible de s’en passer complètement », insiste Sergueï Markedonov, spécialiste de la Transcaucasie et du Caucase du Nord à la chaire des études des régions et de la politique étrangère de l’Université des sciences humaines de Russie. « Il semble que ces forces radicales se soient évaporées, mais trois ou quatre ans plus tard, la reproduction recommence parce que le milieu qui les forme reste toujours présent. Davantage de 'puissance douce' nous est indispensable », souligne-t-il. Il est beaucoup plus important de lutter sur le front idéologique, affirme-t-il. Par conséquent, il est avant tout nécessaire de s’appuyer sur les spécialistes de l’islam, afin qu'ils proposent un projet présentant une alternative à l’islam attrayante pour les jeunes, pour leur carrière et pour leur avenir, poursuit Markedonov. Les communautés musulmanes préconisent justement cette « puissance douce ». « Nous ne nous fixons pas comme objectif de prendre les gens sur le fait. Notre lutte est une œuvre civilisatrice. Trouver et arrêter, c’est le travail des forces de l’ordre », déclare Rouchan Abbiassov, premier vice-président du Conseil des muftis de Russie. D’habitude, les recruteurs les évitent, comprenant que leurs vues n’y sont pas admises, explique-til. Mais personne ne parle pour l’instant d’un nouveau projet d’islam. « Les gens commencent à dis-
tinguer eux-mêmes le noir et le blanc » et les communautés sont concentrées sur les sermons, ajoute Rouchan Abbiassov.
« Pouvoir revenir » Il y a quelques années, les méthodes de « puissance douce » étaient appliquées également à ceux qui avaient combattu du côté des forces radicales, rappelleVarvara Pakhomenko. Une Commission de réinsertion des terroristes a fonctionné au Daghestan à partir de 2010. « Nombreux étaient ceux qui n’avaient pas eu le temps de commettre de crimes sérieux. Ils avaient fait un faux pas et on leur donnait une chance de retourner à la vie pacifique. C’est très important de pouvoir revenir, indique-t-elle. Les gens se rendaient ». Cependant, les préparatifs des Jeux olympiques ont mis fin à ce dialogue et la Commission a cessé ses activités, tandis que les opérations musclées n'ont fait que radicaliser le camp opposé. Résultat : le Daghestan et la Tchétchénie comptent le plus grand nombre d’hommes partis faire le jihad en Syrie. La Commission fonctionne de nouveau aujourd’hui, pour l’instant seulement en Ingouchie. « Nous constatons la présence au sein des autorités de responsables qui réalisent la nécessité de telles mesures », note Varvara Pakhomenko. Mais il y a aussi des difficultés, ajoute-t-elle. L’une d’elles est de convaincre à nouveau la population que la coopération est possible et qu’on peut se rendre sans redouter d’être trompé.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a présenté les détails du plan russe de lutte contre l’EI lors d’une rencontre dans la capitale du Qatar le 3 août dernier. La proposition vise à unir les efforts des armées syrienne et irakienne, des unités armées kurdes et des pays de la région. La coalition devrait agir sur la base d’un mandat du Conseil de sécurité de l’ONU. Outre l’armée syrienne, Sergueï Lavrov propose d’impliquer les groupes opposés au pouvoir syrien, qui combattent les troupes du président syrien Bachar AlAssad depuis plusieurs années, dans la lutte contre l’EI. À l’issue des pourparlers à Moscou avec son homologue saoudien, le ministre russe a déclaré le 11 août qu'« il ne s’agit, en quelque sorte, que de coordonner, sans former des armées dans les pays de la région ni les envoyer dans la zone de combat, ceux qui luttent déjà contre les terroristes afin qu’ils discernent leur objectif principal – la lutte contre la menace terroriste ». Les avis des experts russes sur la faisabilité du plan proposé par la Russie sont partagés. Le directeur du Centre d’analyse des conflits du Proche-Orient auprès de l’Institut des ÉtatsUnis et du Canada Alexandre Choumiline estime que la proposition russe n’est qu’un « vœu pieux qui reflète l’orientation politique – le souhait d’être amis avec tout le monde, et Bachar Al-Assad, et l’Arabie Saoudite, et les Kurdes ». Par contre,Vladimir Sotnikov, collaborateur du département des pays du Proche et Moyen-Orient de l’Institut des études orientales, estime que la faisabilité du plan russe est fondée car « celui-ci prend en compte les intérêts de toutes les parties impliquées, d’une manière ou d’une autre, dans la lutte contre l’EI ». Sergueï Demidenko, expert orientaliste de l’Institut des évaluations et analyses stratégiques, précise que l’initiative russe vise, dans le fond, à institutionnaliser la coalition déjà existante et à lui assurer un soutien régional et international. C’est là, selon l’analyste, que les propositions russes rencontrent plusieurs problèmes majeurs qui butent sur la personne du président syrien Bachar Al-Assad. L’Occident, comme les pays du Proche-Orient qui s’inscrivent dans le sillage de la politique occidentale, estiment que « Bachar Al-Assad est le principal problème qui donne naissance à l’EI », précise Choumiline. Les États-Unis et l’Arabie Saoudite assurent que la présence
d’un « régime dictatorial » en Syrie crée un conflit propice à l’essor de l’EI. Evgueni Satanovski, président du centre scientifique indépendant l’Institut du Proche-Orient, estime que l’orientation des États-Unis ne suppose aucun changement d’attitude vis-à-vis du régime du président Al-Assad, ce qui rend impossible la mise en œuvre du plan russe. Certains estiment pourtant que les divergences sur l’attitude à l’égard du président syrien peuvent être dépassées. Actuellement, les troupes fidèles à AlAssad sont activement impliquées dans la lutte contre les combattants de l’EI, alors que le départ du président syrien créerait un vide politique et conduirait à une lutte pour le pouvoir suivie d'un chaos qui finirait par profiter aux extrémistes.
La nouvelle coalition vise à unir les efforts des armées syrienne et irakienne, des Kurdes et des pays de la région Les propositions russes rencontrent plusieurs problèmes majeurs qui butent sur la personne de Bachar Al-Assad Ceux qui commentent les propositions russes indiquent aussi qu’une coalition de lutte contre l’EI existe déjà. Choumiline précise que celle-ci est composée de plus de 50 États et que ses opérations aériennes « atteignent leurs objectifs ». Cette analyse du bilan de la coalition existante est loin d'être partagée par l’ensemble des experts russes. Sotnikov estime que les membres de la coalition poursuivent leurs propres intérêts plutôt que l’objectif de lutte contre l’EI. L’inefficacité de la coalition existante est également pointée par Sergueï Demidenko. « C’est une formation amorphe qui existe sous l’égide des ÉtatsUnis depuis environ la fin de 2014. <…> Cela fera bientôt un an, mais il n’y a aucun résultat – l’EI continue d’exister… », souligne l’expert. Pour lui, cet état de choses est principalement lié à la position de l’Arabie Saoudite. « Ils ont élevé ce Frankenstein qu’est l’EI en soutenant l’opposition syrienne (qu’ils ont financée et soutenue tant sur le plan diplomatique que politique). Ce Frankenstein a échappé à leur contrôle, et l’objectif désormais est de reprendre les rênes », estime Demidenko. Il estime que Riyad souhaite venir à bout de l’EI sans régler le problème de l’extrémisme sunnite que le pouvoir saoudien a toujours utilisé comme « un outil parmi d'autres pour gérer la situation régionale ».
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besoin de les licencier. Mais la démission, c’est aussi une forme de protestation révélatrice de tensions sociales pouvant déboucher sur une explosion », croit-il.
La grogne monte, sans gagner la sphère politique
Risque d'explosion sociale ?
SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE
Motif des mouvements sociaux en 2015
©TASS
Toujours d’après le Centre, seuls les ouvriers du bâtiment, de l’industrie et des transports protestent plus souvent que les employés de la santé publique, mais toutes ces manifestations ont un trait commun : les syndicats officiels ne se rangent que très rarement de leur côté. « Le syndicat officiel se trouve entièrement sous l’influence du département de la Santé. Je l’ai quitté, car il ne nous défend jamais. Aujourd’hui, je suis membre du syndicat indépendant Deïstvie (Action) et ce dernier aide les médecins, mais nous sommes si peu nombreux que ce n’est qu’une goutte d’eau dans la mer… », déplore Maria Goubareva. « J’estime que tous les litiges doivent être réglés par la voie légale, par le biais de la justice », estime pour sa part le président de l’Union des automobilistes de Sibérie, Alexeï Chabanov. En avril dernier, les conducteurs de minibus d’Irkoutsk (4203 km de Moscou) ont refusé de prendre le volant pendant plusieurs jours après que les autorités locales eurent rejeté leur demande de majorer les tarifs. Toutefois, le syndicat local n’a pas soutenu le mouvement, l'accusant d'être « mené en sous-main par nos ennemis géopolitiques ». « Il est certain que les conducteurs subissent des pertes, mais, dans tous les cas, ce n'est pas une grève qui règlera le problème des tarifs », estime Alexeï Chabanov.
« 'Non' à la fermeture des hopitaux ! ». La manifestation à Moscou.
Des syndicats d’un genre nouveau « À l’échelle nationale, les syndicats ne remplissent pas leur mission et ont davantage tendance à coopérer avec les autorités et
© ALENA REPKINA SOURCE : CENTRE DES DROITS SOCIAUX ET DU TRAVAIL
le monde des affaires qu’à défendre les intérêts des ouvriers. Ce qui fait que la demande des syndicats réels existe », assure Rostislav Tourovski, chef du Laboratoire des études politiques régionales de la Haute école d'économie. C’est sans doute grâce à cette demande qu’existe depuis vingtcinq ansYedinstvo (Unité), le syndicat indépendant du géant au-
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tomobile AvtoVAZ, qui se qualifie de « syndicat de type nouveau ». Yedinstvo se vante d'organiser régulièrement des manifestations prenant des formes variées. « Les violations des droits des travailleurs augmentent en période de crise et les travailleurs se rassemblent d’eux-mêmes pour manifester. Ou bien ils fuient AvtoVAZ, ils démissionnent et nul
Sur fond de déficit de ressources, ni les autorités ni les sociétés privées ne feront de concessions importantes, estime Rostislav Tourovski, qui pense par ailleurs qu’une explosion sociale est peu probable. « Tôt ou tard, le mouvement de protestation se dissout face à l’impossibilité d’obtenir satisfaction sur les revendications, car il n’existe pas de mécanisme politique approprié », analyse Tourovski. Au niveau fédéral non plus, personne ne s’attend à une confrontation de grande ampleur. « J’ai vu récemment les statistiques du ministère du Travail sur le chômage durant les deux premiers trimestres. Ces données infirment la probabilité d’une explosion sociale », explique Valéri Riazanski, président de la commission de politique sociale au Conseil de la Fédération de Russie. Les statistiques du ministère sont remises par la suite au Service des statistiques de Russie. D’après les données de ce dernier, le pays a enregistré seulement trois grèves au cours du premier semestre de cette année. « Les statistiques officielles ne répertorient sans doute pas tous les cas – pour cela ils doivent être enregistrés , mais je ne pense pas que nous devions nous attendre à un vaste mouvement », juge-t-il, ajoutant que les autorités ont d’ores et déjà imaginé la mise en place des « mécanismes amortisseurs ». « À un moment donné, le centre fédéral a transmis aux régions certains pouvoirs, notamment financiers et de gestion, parce qu’elles connaissent mieux la situation du marché chez elles. Aujourd’hui, des ressources sont débloquées non seulement pour compenser une absence provisoire d’emploi, mais aussi pour le recyclage ou des travaux publics rémunérés. Des ressources importantes y sont octroyées. Grâce à ces mesures, il sera possible d’atténuer les problèmes qui se dressent aujourd’hui devant l’économie », conclu-t-il.
Budget familial La hausse des prix et la contraction des revenus soumettent les ménages à des efforts budgétaires sans précédent
Une rentrée scolaire sous le signe de la crise Les familles nombreuses et monoparentales approchent du seuil de pauvreté. Les autres doivent se serrer la ceinture. ALEXANDRE BRATERSKI POUR RBTH
© RIA NOVOSTI
Victoria élève seule son fils Egor, 13 ans. Ses revenus mensuels s'élèvent à 60 000 roubles (760 euros). Cette mère vient de calculer que la rentrée scolaire va dévorer à elle seule un tiers de ses revenus mensuels. « Je dois lui acheter un uniforme , et comme les produits importés sont chers, je vais chercher un uniforme fabriqué en Russie », raconte Victoria. Or, le prix des uniformes de fabrication russe
a également augmenté car une partie des matières premières est importée. Il y a un an et demi, le pouvoir d'achat deVictoria était deux fois supérieur. Mais la dévaluation du rouble de 50% par rapport à l'euro et au dollar et la crise économique sont passées par là. Si les petites familles avec un revenu moyen parviennent à réunir les moyens pour préparer leurs enfants pour l’école, les familles nombreuses ou monoparentales sont à la peine. L’année dernière, les Moscovites Irina et Pavel ont eu leur troisième enfant. Pour le moment, seul l’aîné va à l’école, mais Irina explique que sa famille a été durement frappée par la
Le coût du "cartable de l'écolier" a crû de 15% environ.
El ÉLECTRONIQUE
crise : « Nous sommes contraints de priver les enfants de jeux éducatifs, par exemple. Les cadeaux sont réservés aux anniversaires ». C'est tout le vaste groupe social des familles aux revenus modestes qui est menacé par la pauvreté. La vice-première ministre russe Olga Golodets a déclaré en juin que le nombre de Russes dont les revenus sont passés sous le seuil de pauvreté (9 700 roubles par mois, soit 122 euros) a atteint les 23 millions de personnes. Les autorités régionales prennent des mesures d’aide pour les plus démunis. Par exemple, les familles défavorisées de l’oblast de Sakhaline reçoivent pour la première fois
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cette année une aide couvrant le coût de l’uniforme. La région de Novossibirsk verse 30 euros pour chaque enfant de famille nombreuse. Des bénévoles aident les familles pauvres. Fin juillet, une initiative d'entraide à Smolensk a publié un appel à l’aide. « Les gens donnent moins que l’année dernière, mais l'entraide continue d'exister », explique Natalia Popova, responsable du département du service social et de la charité religieuse. Natalia reste toutefois optimiste : « Les temps sont durs, et les cœurs se sont endurcis, mais nous en avons vu d'autres et nous nous en sortirons ».
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CE DONT PARLENT LES COSMONAUTES be.rbth.com/383145
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DIX AVIONS ENTRÉS DANS LA LÉGENDE DE L’AVIATION RUSSE be.rbth.com/392803
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Marché de la bière Les petits investisseurs sont pris en étau entre le durcissement de la législation et la chute des ventes
Haro sur les brasseurs indépendants le marché de la bière en Russie est incroyablement intéressant. Il occupe la cinquième place dans le monde en volume. Cela répond à la question des investissements futurs de la compagnie en Russie. Le marché est intéressant, la compagnie investira.
Les brasseurs artisanaux sont désormais confrontés à la même réglementation très stricte que les grandes multinationales présentes en Russie. Leur survie est fortement menacée. MARAT MOURADIAN POUR RBTH
Selon les estimations de l'organisation des petites entreprises Opora Rossii, le pays compte aujourd'hui 950 producteurs de bière artisanale. « En Russie la bière artisanale se différencie des autres par sa valeur sentimentale, bien qu'il existe des différences au niveau du marketing et des canaux de distribution. Mais nous ne disposons pas de statistiques précises à ce sujet », souligne Dmitri Drobychevski, rédacteur en chef du portail Profibeer.ru. Selon les statistiques de l'Union russe des producteurs de bière et de boissons, les petites entreprises occupent 7% du marché en Russie mais tant les entreprises artisanales que les petites entreprises non artisanales s'adressent à lui. « Sur ces 7% les entreprises artisanales ne représentent pas plus de la moitié, commente Drobychevski, donc on peut supposer que leur part de marché réelle aujourd'hui se situe entre 1% et 3,5% Ce n'est pas un mauvais résultat si l'on prend en compte le fait qu'il y a quelques années, leur activité ne représentait que quelques dixièmes de pourcents ».
La Russie compte aujourd'hui 950 producteurs de bière artisanale.
Drobychevski souligne également que les bières artisanales sont désormais à la carte des restaurants et des cafés. « Nous faisons partie des premiers à Moscou à avoir proposé de la bière artisanale», témoigne Alexandre Maleïev, co-propriétaire du bar moscovite Tous tes amis. « Dans notre bar de Moscou nous vendons chaque mois de deux à trois tonnes de bière artisanale », note-t-il.
Quelles perspectives de croissance ? Dmitri Drobychevski pense que cette nouvelle initiative forcée du gouvernement pourrait porter un coup à ce marché émergent. « Cette politique dure de l’État pourrait freiner le développement du secteur. L'EGAIS, déjà adopté pour l'industrie de la bière, va toucher également les petits producteurs, bien que nous ayons essayé de convaincre le régulateur », déplore-t-il. Drobychevski craint que si l’État ne relâche pas sa pression sur le secteur, les gros producteurs puissent continuer leur activité mais pas les petits brasseurs. Toutefois, selon une source de Kommersant au sein de l'Organisme de régulation du marché de l'alcool en Russie, les petits brasseurs ne devront pas mettre de compteurs sur la comptabilité et les modules de transport qui transmettent l'information au système. Il sera seulement nécessaire de rentrer les données d'expédition des produits finis aux clients sur un ordinateur à part.
ENTRETIEN AVEC DMITRI CHPAKOV
« Nous livrons de la bière en Crimée » Dmitri Chpakov, président de Sun InBev, filiale russe du groupe Anheuser-Bush InBev, nous raconte pourquoi le marché local de la bière est attractif en dépit de la chute de la consommation d'un tiers depuis 2010. Cet été, les brasseurs ont reçu l’obligation de se connecter au système EGAIS (contrôle d'État très strict de laproductionetdesventes).Quelles sont les conséquences ? La première composante est les prix : un million de roubles par emplacement. Ensuite viennent des dépenses secondaires, qui seront permanentes du point de vue de l’implantation des systèmes et du personnel supplémentaire qui s’en chargera. Mais le plus important est la question de l’efficacité de ce système. Quand l’EGAIS a été introduit pour les producteurs de vodka, 30-40% de la vodka produite en Russie était illégale. Aujourd’hui, selon les
UNE PUBLICATION D'ANALYSE QUI SE CONCENTRE EXCLUSIVEMENT SUR LES DÉFIS ET LES OPPORTUNITÉS COMPLEXES DÉTERMINANT LES RELATIONS AMÉRICANO-RUSSES
données du gouvernement, ce chiffre est de 50-60%. De quelle efficacité est-il question ? Et comment peut-on comparer l’alcool fort à la bière en ce qui concerne la contrefaçon ? Aujourd’hui, 80% du marché de la bière est occupé par 4 grosses multinationales, qui ne se permettront jamais de produire des boissons contrefaites. Pourquoi nous attaquons-nous au marché de la bière, qui est très ouvert et transparent ? Le marché de la bière en Russie est en perte de vitesse depuis plusieurs années, et le bout du tunnel n’est pas encore en vue. Quelle est la stratégie de la compagnie dans ces conditions ? C’est absolument vrai, le marché subit beaucoup de pression. L’année dernière, les problèmes de l’économie russe, la dévaluation du rouble, ont eu une grande influence. Sur les derniers 5-6 ans, le marché de la bière en Russie a
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De la fabrication à la vente
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À compter du 1er octobre 2015, les petits brasseurs russes indépendants produisant moins de 300 000 décalitres par an devront se connecter au Système d’État unifié d'automatisation de l'information (EGAIS). Selon l'idée du gouvernement, relier les petits producteurs au système unifié permettra de contrôler quels volumes une société donnée produit réellement, afin de mieux lutter contre la contrefaçon. Le développement du système s'est achevé en 2006, après quoi chaque entreprise s'était vue contrainte d'installer un logiciel coûteux et de tenir les comptes de la production - ce qui nécessitait également l'embauche de professionnels formés spécialement au programme. Jusqu'à aujourd'hui, les brasseurs en étaient exemptés. Selon le quotidien Kommersant, l'installation de ce système pourrait entraîner une hausse des dépenses de deux millions de roubles (soit 28 180 euros), par an pour les brasseurs, ce qui remet sérieusement en question leurs marges bénéficiaires.
BIOGRAPHIE Dmitry Chpakov a commencé sa carrière dans l'entreprise au poste de gestionnaire de vente moyen. En 2014, il est devenu président de la filiale ukrainienne d'AB InBev. Depuis 2015, il dirige la société Sun InBev. Il a obtenu un MBA de l'Institut international de gestion et de l'INSEAD.
perdu plus de 30% de son volume. Pourquoi cela s’est-il produit ? Souvenons-nous. Les taxes ont été multipliées par 6 en 5 ans. Le volume des ventes de la société [Sun InBev, ndlr] a diminué de 30% sur les deux dernières années, nous avons perdu 15% l’année dernière. Naturellement, sur une perspective à cinq ans, la baisse est bien plus significative. Comment allons-nous réagir dans cette situation ? Tout d’abord,
AFFAIRES À SUIVRE
L’observatoire russe de la consommation a interdit l’importation en Russiedevotremarqueukrainienne Tchernigovskoïe. Cette interdiction a-t-elle eu un impact sur la compagnie ? La Tchernigovskoïe est maintenant produite en Russie et jouit d’un grand succès. Oui, nous en importions d’Ukraine, mais le volume des livraisons n’était pas si important. Aujourd’hui, la dynamique s’est inversée, par exemple, nous exportons de la Bud en bouteilles de 33cl de Russie vers l'Ukraine, car nous n’avons pas les moyens de la produire là-bas. D’une manière générale, le marché russe est quatre fois plus grand que le marché ukrainien. Pour notre compagnie, il est 1,5 fois plus grand en volume, et de 2,5 à 3 fois plus grand en valeur. Anheuser-BuschInBevestunecompagnie américaine, et le gouvernement des États-Unis a déconseillé aux sociétés dépendant de la juridiction américaine de faire des affaires en Crimée. Comment travaillez-vous dans ces conditions ? Comme les autres sociétés, nous livrons de la bière en Crimée depuis la Russie. Nous le faisons de manière légale. La responsabilité de la livraison de bière sur la péninsule repose sur nos partenaires en Crimée. Nous avons des distributeurs traditionnels avec lesquels nous travaillons depuis plusieurs années et, bien entendu, ceux-ci reçoivent maintenant la bière depuis la Russie. Que pensez-vous du boom de la bière artisanale à Moscou et dans d’autres grandes villes ? Est-ce une mode qui passera bientôt ou bien une tendance de long terme ? C’est une tendance mondiale. Il est encore trop tôt pour dire quel segment produit de grandes quantités. Mais il est énorme du point de vue de la quantité de brasseries et des offres uniques. Nous serions très intéressés par une opportunité de participer d’une manière ou d’une autre à cette tendance, qui sait, peut-être l’année prochaine verrez-vous des nouveautés, nous avons la possibilité de produire des bières uniques dans l’une de nos usines. Propos recueillis par Denis Pouzyrev, RBC
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Rapport mensuel d'août LES CONFLITS GELÉS DANS L'ESPACE POST-SOVIÉTIQUE Le dernier numéro de Direct Russie examine le conflit en cours en Ukriane, les relations tendues entre la Russie et la Géorgie, et la capacité russe d'assurer la stabilité à ses frontières. Le Kremlin peut-il efficacement aborder les risques potentiels de sécurité en évitant le déclenchement des crises nouvelles ?
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IV SOMMET D'AFFAIRES INTERNATIONAL DU 9 AU 11 SEPTEMBRE 2015, NIJNI NOVGOROD
« L'AGRICULTURE DURABLE, LES PERSPECTIVES DU DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL » 5 NOVEMBRE 2015, BRUXELLES
Le IVe sommet d’affaires 2015 se déroulera sous le slogan « Russie : ensemble vers l'avenir ! ». Les thèmes clé de ce sommet : les entreprises d'avenir, dans leur propre intérêt, doivent être intégrées avec les ressources administratives et le système d'éducation. L'idée fondamentale est l'intégration des entreprises : les projets d'affaires et les ressources nécessaires pour les mettre en œuvre, la communication des intérêts commerciaux entre les participants potentiels russes et étrangers du sommet et l'établissement sur mesure des missions commerciales. › www.ibs-nn.ru
Les deux tables rondes réuniront les représentants de la Russie, de la Biélorussie et des entreprises du Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg) pour dialoguer, établir les contacts commerciaux et discuter des questions d'intérêt commun, telles que les nouvelles technologies, les matières premières et l'écologie dans l'agriculture et l'élevage d'animaux. Les tables rondes seront organisées avec l'appui des ministères régionaux concernés du Benelux, de la Russie et de la Biélorussie. Les coorganisateurs sont Boerenbond, Wagralim, le Centre d'étude des problèmes complexes de la nature et de l'environnement de Gem-
bloux, les Universités de Moscou, de Minsk, le Cercle KONDRATIEFF (Paris- France), avec la présence des organisations russes. Sujets : - Technologie moderne et réalisations biologiques. - Technologies d'économie de ressources dans l'agriculture moderne : l'expérience internationale dans le domaine de l'agriculture et de l'élevage d'animaux. - Interaction des économies nationales : la pratique de la substitution des importations dans le domaine de l'alimentation et des matières premières industrielles d'origine bio. - Agriculture : matières premières, technologies de pointe. - Préparation de la participation du Benelux à la Ve InterEcoForum (Marbella-Espagne, mars 2016) › www.ccblr.org
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Opinions
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UN VIRAGE PRÉMATURÉ VERS LA CHINE Sergueï Aleksachenko ÉCONOMISTE
e tournant de la Russie vers l’Orient, largement annoncé par les hommes politiques russes, paraît compromis. L’Est, plus précisément la Chine, n’a pas réussi à affaiblir les positions de l’Occident, avant tout de l’Europe, dans les relations commerciales. Qui plus est, après cinq ans de croissance stable, les échanges commerciaux entre la Russie et la Chine ont brusquement chuté. La Chine n’a pas satisfait non plus les attentes des hommes d’affaires russes qui espéraient que les banques chinoises pourraient (ou voudraient) remplacer les marchés financiers occidentaux et fournir les capitaux, après l’introduction de sanctions financières. Toutefois, il serait erroné de tirer des conclusions hâtives de la situation en 2015 et de mettre une croix sur ce projet. Les principaux facteurs qui ont conditionné la réduction de commerce mutuelle entre la Russie et la Chine sont la chute des prix du pétrole et, dans une grande mesure, la dégringolade du rouble russe qui s’est ensuivie. En effet, la monnaie russe a plongé au cours des douze derniers mois de plus de 45% par rapport au billet vert. En 2013 (avant la baisse du prix du pé-
L
trole), plus des deux tiers des exportations russes en Chine revenaient à un seul groupe commercial : combustible fossile, brut et produits pétroliers. Mais même une augmentation de 26,6% de pétrole russe fourni à la Chine cette année n’a pas réussi à compenser une chute de 45% des prix (depuis le milieu de 2014) ni la diminution des exportations russes de charbon, de produits pétroliers et de gaz liquéfié. La baisse d’un tiers du coût de ces livraisons en provenance de Russie a entraîné un recul de 20% des exportations russes en Chine dans le premier semestre de l’année.
Après cinq ans de croissance, les échanges commerciaux entre la Russie et la Chine ont brusquement chuté Une brusque dévaluation du rouble fin 2014-début 2015 a inévitablement débouché sur la réduction des importations russes : le total de ces dernières a chuté de 38,5% au cours des six premiers mois de l’année, ce qui fait qu’il n’y a rien d’étonnant à la diminution comparable des exportations de marchandises chinoises en Russie de 36% (le
cours du yuan par rapport au dollar étant resté stable au cours de la dernière année). Si, il y a un an, au milieu de 2014, personne ne doutait que les deux pays réussiraient à porter leurs échanges commerciaux à 100 milliards de dollars, aujourd’hui seuls les optimistes incorrigibles peuvent envisager un chiffre de plus de 70-75 milliards à l’issue de l’année (soit de 5% à 10% de moins qu’en 2011). Qui plus est, il est évident d’ores et déjà qu’avec le prix actuel du pétrole, il ne peut être question d’atteindre les 200 milliards de dollars « prévus » pour 2020. Une croissance impétueuse des échanges de 2004 à 2015 s’appuyait sur trois facteurs : le premier, une sérieuse amélioration des relations politiques entre les deux pays ; le deuxième, la montée des prix du pétrole et des autres matières premières ; le troisième, la signature de plusieurs accords ouvrant la route aux hydrocarbures russes sur le marché chinois. Ainsi, de 2003 à 2013 (la dernière année des statistiques consolidées du commerce mondial), la quote-part de la Chine dans les importations russes a triplé pour passer de 5,8% à 16,9%. La part de la Russie dans les importations chinoises a, quant à elle, baissé de 2,3% à 2%, ce qui est dû essentiellement au fait que l’exportation russe est orientée avant tout vers les matières premières.
À supposer que les échanges entre les deux pays soient équilibrés d’ici 2020, pour que les exportations russes en Chine atteignent le chiffre de 100 milliards de dollars il faudra qu’elles triplent par rapport à cette année, ce qui signifie une hausse de 25% par an. Ce n’est peut-être pas impossible, car des rythmes similaires de croissance des exportations russes en Chine ont été enregistrés en 2004-2005 et en 2010-2011, mais dans les deux cas cette croissance a été brève et elle s’est appuyée sur l’augmentation des quantités exportées de pétrole russe en Chine et sur la hausse des prix du brut dans le monde. Il est évident que même une croissance économique moins impétueuse de la Chine demandera des matières premières supplémentaires (un créneau pour la croissance de la production en Russie), mais la Russie ne dispose plus aujourd’hui de capacités libres de leur production pour assurer une brusque croissance de ses livraisons en Chine au cours des cinq prochaines années. Le prix du pétrole est également le principal butoir de la croissance des exportations chinoises (et européennes d’ailleurs aussi) en Russie : en effet,
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pour intensifier ses importations, la Russie doit augmenter ses recettes d’exportation, ce qui n’est possible qu’en cas d’une forte croissance de la production d’articles compétitifs dans d’autres segments – or, cela ne semble pas
Seuls les optimistes incorrigibles peuvent envisager un chiffre de plus de $70-75 milliards à l’issue de l’année réaliste pour le moment –, ou seulement en cas de forte montée des prix mondiaux des matières premières. Dressant le bilan, il s’agit de souligner qu'il est impossible d’envisager aujourd’hui l’éviction des marchandises occidentales du marché russe par l’Est. La Russie et l’Europe ont atteint un niveau très élevé
d’échanges et nombre d’articles européens ne peuvent tout simplement pas être concurrencés. Les parts de la Russie et de la Chine en tant que partenaires commerciaux l’un pour l’autre correspondent à peu près à leur poids dans l’économie mondiale. Et si les rythmes actuels de croissance économique de la Chine (soit 7% par an) feront inévitablement augmenter la part du pays dans le PIB mondial, en Russie la stagnation ou des rythmes de croissance extrêmement bas conduiront au résultat opposé, à savoir à la réduction de la part de la Russie dans l’économie internationale. C’est l’absence d’une croissance stable de l’économie russe qui constituera le principal obstacle sur le chemin de l’augmentation des échanges bilatéraux dans les années à venir. Sergueï Aleksachenko est Nonresident Senior fellow de Brookings Institution (Washington, district de Columbia) et premier Vice-gouverneur de la Banque centrale de Russie de 1995 à 1998.
MYTHES MODERNES SUR LES IMMIGRÉS Ioulia Florinskaïa SOCIOLOGUE
’étude réalisée en 2013 à Moscou par le Centre des recherches sur les migrations (« Défense des droits des Moscovites face à une migration massive ») permet d’évaluer de nombreux mythes qui naissent aujourd’hui autour du rôle des migrants sur le marché du travail de la capitale.
L
Mythe N°1 : les immigrés prennent la place des travailleurs locaux 40% des sondés pensent que « les immigrés occupent les emplois de
nos travailleurs ». Toutefois, dans le monde du travail réel, les cas d'employeurs préférant embaucher un immigré en lieu et place d'un Moscovite n’ont été constatés que par 7% des sondés. Généralement, il s’agit d’emplois ne nécessitant aucune qualification. Ces emplois étaient profusément offerts par l’agence moscovite de la Bourse nationale du travail jusqu'à la fin 2013 (175 000 postes). Soit les Moscovites ne sont pas suffisamment informés sur ce type de postes, soit (et c'est plus probable) ils sont rebutés par le niveau de rémunération (entre 250 et 300 euros). Un pourcentage significatif de Moscovites (entre 17 et 26%) se déclarent prêts à travailler en tant
D’autres points de vue sur l’actualité dans la rubrique Opinions sur
que balayeurs, plombiers, aide-soignantes, etc.Toutefois, l’analyse de leur niveau de formation jette un doute sur la sincérité de leurs intentions : 27% sont des spécialistes, 29% des ouvriers qualifiés, 5% des chefs d’unité, 4% des entrepreneurs et hommes d’affaires et 1% des cadres supérieurs. Le nombre réel de personnes prêtes à postuler pour un poste de balayeur est très faible : 4% sont des ouvriers non-qualifiés, 2% des étudiants, 3% des chômeurs.
Mythe N°2 : les immigrés représentent un fardeau exorbitant pour les services de santé de Moscou Selon les statistiques du départe-
CRASH DU VOL MH17 : UN AN DE MENSONGES be.rbth.com/258881
ment de la Santé publique de Moscou, les dépenses de santé pour les personnes ne disposant pas de la police d’assurance santé obligatoire (il s’agit de ressortissants étrangers, et non de citoyens russes venus de province, car ces derniers disposent de la police) s’élèvent à 25 millions d'euros par an. Les revenus du budget de Moscou provenant de la vente des permis de travail aux migrants s’élèvent à plus de 75 millions d'euros en 2014. Bien sûr, ces recettes ne sont pas transférées au budget de la santé. Mais la situation a changé le 1er janvier 2015: désormais, chaque immigré qui obtient une autorisation de travail en Russie doit acquérir une police d’assurance santé
complémentaire couvrant les soins d’urgence. Globalement, les migrants sollicitent rarement l’aide médicale – ils ne le font que dans des cas extrêmes et recourent surtout aux services payants (63% des migrants sondés n’ont jamais sollicité l’aide médicale, 30% n’ont recouru qu’aux services payants).
Mythe N°3 : les immigrés choisissent sciemment de rester en séjour illégal 5% des Moscovites sondés déclarent louer des logements aux immigrés. Mais parmi ces propriétaires, seuls 13% acceptent d'enregistrer les immigrés dans ces logements, ce qui est pourtant obligatoire. Plus de 40% des im-
migrés sondés expliquent que l’employeur ou les propriétaires de leurs logements refusent de les enregistrer (afin de ne pas payer les taxes liées aux enregristrements). Conséquence, les immigrés se retrouvent contraints de vivre et de travailler en dehors de tout statut légal le plus souvent par la faute de Moscovites coupables d'évasion fiscale. Ioulia Florinskaïa est chercheur principal à l'Institut d'analyse sociale et prévision de l'Académie Russe d'Economie Nationale et d'Administration Publique. Article publié dans RBC
SOMMET DE L'OSC : UN REGARD EURASIEN SUR L'AVENIR DU MONDE be.rbth.com/258547
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LE COURRIER DES LECTEURS, LES OPINIONS OU DESSINS DE LA RUBRIQUE “OPINIONS” PUBLIÉS DANS CE SUPPLÉMENT REPRÉSENTENT DIVERS POINTS DE VUE ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT LA POSITION DE LA RÉDACTION DE LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI OU DE ROSSIYSKAYA GAZETA. MERCI D’ENVOYER VOS COMMENTAIRES PAR COURRIEL : BE@RBTH.COM
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LA PRODUCTION JOURNALISTIQUE RUSSE AINSI QUE LES MEILLEURS TEXTES SUR LA RUSSIE. CE FAISANT, NOUS ESPÉRONS COMBLER UNE LACUNE IMPORTANTE DANS LA COUVERTURE MÉDIATIQUE INTERNATIONALE. POUR TOUTE QUESTION OU COMMENTAIRE SUR NOTRE STRUCTURE ACTIONNARIALE OU ÉDITORIALE, NOUS VOUS PRIONS DE NOUS CONTACTER PAR COURRIER ÉLECTRONIQUE À L’ADRESSE BE@RBTH.COM. SITE INTERNET BE.RBTH.COM. TÉL. +7 (495) 7753114 FAX +7 (495) 9889213 ADRESSE 24 / 4 RUE PRAVDY, ÉTAGE 7, MOSCOU 125993, RUSSIE.
EUGÈNE ABOV : DIRECTEUR DE LA PUBLICATION, PAVEL GOLUB : RÉDACTEUR EN CHEF DE RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, TATIANA CHRAMTCHENKO : RÉDACTRICE EXÉCUTIVE, EKATERINA TCHIPOURENKO : RÉDACTRICE EN CHEF, MILLA DOMOGATSKAYA : RESPONSABLE DE L’ÉDITION (VERSION PAPIER), ANDREÏ CHIMARSKI : DIRECTEUR ARTISTIQUE, ANDREÏ ZAYTSEV, SLAVA PETRAKINA : SERVICE PHOTO. JULIA GOLIKOVA : DIRECTRICE DE PUBLICITE & RP, VICTOR ONUCHKO : REPRÉSENTANT À BRUXELLES. © COPYRIGHT 2015, AFBE "ROSSIYSKAYA GAZETA". TOUS DROITS RÉSERVÉS. ALEXANDRE GORBENKO : PRÉSIDENT DU CONSEIL RÉDACTIONNEL,
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QUESTIONS & RÉPONSES
« La plus courte biennale du monde »
L’objectif initial de toute biennale est de promouvoir une ville, un pays et l’art contemporain. Les objectifs sont-ils les mêmes aujourd’hui ? Aujourd’hui également, on peut dire que la biennale est un instrument remarquable permettant d’attirer les touristes. Prenez Venise. Cet été, les autorités ne mettent pas la ville en avant en disant « venez voir notre Venise somptueuse ». Ils disent plutôt : « Venez assister à notre biennale incroyable ! ». Et ajoutent : « Pendant que vous êtes à la biennale, venez aussi voir notre belle ville ».
BIOGRAPHIE ÂGE : 55 POSTE : DIRECTEUR DU MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN D’ANVERS
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La 6ème Biennale de Moscou d’art contemporain se tiendra du 22 septembre au 1er novembre. Le principal projet sera supervisé par les commissaires Bart De Baere, directeur du musée d’art contemporain MUHKA d’Anvers, Defne Ayas, directrice du Centre d’art contemporain Witte de With de Rotterdam, et Nicolaus Schafhausen, directeur de la Kunsthalle deVienne. Leur projet « Comment vivre ensemble ? Vue depuis le centre-ville, en plein cœur de l'île de l'Eurasie » peut être considéré comme une innovation dans la pratique des biennales. Pendant 10 jours seulement les artistes, scientifiques, économistes et les représentants de nombreuses autres professions créeront leurs œvres, organiseront de conférences et de discussions sous la toile du Centre panrusse des expositions (VDNKh). Ensuite, le centre exposera l’archivage du projet. À l’approche de la biennale, Bart de Baere nous parle de son travail et de son amour pour Moscou.
C’est clairement un effet de la biennale. Et ce sera merveilleux pour Moscou, car с'est l’une des villes les plus épatantes du monde et l’une des plus grandes villes d’Europe. Mais malheureusement, et cela m’attriste de l’admettre, l’Europe n’en est pas consciente. Peut-être, qu'elle ne le sait même pas. Mais ce dont je vous parle est bien l’effet qu’une biennale peut produire. L’essentiel est ailleurs. Que peut réellement faire une biennale ? Changer l’image de l’art et montrer ce que l’art peut faire réellement, le sens qu’il pourrait avoir pour l’avenir. Par exemple, la Biennale de Moscou pourrait avoir la même position que la biennale de Sao Paolo qui réunira non seulement les Brésiliens, mais également tous ceux qui s’intéressent à l’Amérique latine. Il est évident que Moscou doit devenir le centre de tout l’espace de l’ex-URSS, voire au-delà, le point de rencontre entre l’Europe de l’Est et l’Asie. Moscou se trouve effectivement au centre : entre Bruxelles et Pékin. Et Moscou est effectivement l’une des villes les plus importantes du point de vue
Bart De Baere a étudié l’archéologie et l’histoire de l’art, puis a travaillé comme critique d’art. Entre 1986 et 2001, il est commissaire d’exposition au musée d’art contemporain de Gand (S.M.A.K.) où il a créé de nombreuses expositions, dont l’un des plus grands projets de notre époque « This is
de l’art contemporain. Les débuts de l’avant-garde prennent leur racine à Moscou. Aujourd’hui aussi, la ville compte des artistes majeurs. Le territoire gigantesque du Centre panrusse des expositions est également propice aux rencontres … Absolument ! Le Centre panrusse des expositions a le même potentiel que les Giardini deVenise. Une ampleur impressionnante ! Il peut indiscutablement accueillir différents pavillons d’exposition. Votre projet s’installera dans le Pavillon central. Quelle est l’idée de votre exposition ? Quand nous nous y sommes rendus pour la première fois et qu’on nous a dit que nous devions construire un pavillon immense, nous avons répondu à l’unisson : « C’est impossible ! » Évidemment, avec un si faible budget, c’est chose impossible. Nous pouvions simplement y renoncer, mais nous avons décidé que Moscou était bien trop importante comme lieu de rencontre. Et les rencontres sont bien ce qui importe tant pour tous les peuples aujourd’hui. Nous parvenons facilement à nous battre tant au niveau des États qu’au niveau des petits groupes sociaux. Ainsi, la question est tout à fait d’actualité : comment pouvons-nous nous réunir ? C’est une question qui s’adresse à la société. Ainsi, plutôt que construire, nous avons décidé d’investir dans les gens, les
the Show and the Show is Many Things ». Il est le commissaire d’un événement important de la vie artistique mondiale, la dOCUMENTA IX (Cassel). Il est aux sources de la création de la Biennale de Johannesburg. De 1999 à 2001, il est conseiller du ministre flamand de la Culture, chargé de la formation de la nouvelle politique de l'héritage culturel, président de la Commission muséale et du Conseil flamand de la culture.
participants, et dans l’organisation des rencontres. Nous avons renoncé à transporter des œuvres très chères des galeries de Londres ou Pékin à Moscou et à payer une fortune en assurance. Et nous avons trouvé un format tout à fait nouveau, « La biennale la plus courte du monde ». Pendant dix jours, les participants se réuniront dans le pavillon à Moscou pour se rencontrer, créer et discuter. Que restera-t-il au public après ces 10 jours ? Notre rencontre se tiendra du 22 septembre au 1er octobre. Ensuite, nous créerons un grand documentaire sur tous les événements qui se seront produits dans le pavillon. Puis, il y aura un site, un livre et une exposition documentaire dans le pavillon même. Je suis convaincu que tout cela sera inoubliable pour tous ceux qui nous y accompagneront pendant ces 10 jours ! Dix ans plus tard, vous regarderez le film et vous vous rappellerez qui vous faisiez partie de quelque chose de grand et d’important. Vous vous attendez donc à des sensations incroyables… Du point de vue humain, oui, incroyables effectivement. Elles ne seront pas forcément incroyables du point de vue de l’expression. Dans ce monde, il y a bien trop d’éclat et de lustre. Mais je pense que les impressions vivront longtemps. Elles nous accompagneront pendant un bon moment.
Elles seront mémorables. Tout comme quand dans la vie, vous vous souvenez d’une conversation importante avec une personne, du moment où vous êtes tombé amoureux, où vous étiez ensemble, à l'unisson. La biennale cherchera-t-elle à éviter les conflits et à ne poursuivre que le positif ? Ce n’est pas une question de pur positivisme.Vous pouvez être ennemis, mais trouver un moyen de coexister. Nous pouvons essayer, de nouveau, de réfléchir ensemble sur les moyens, les manières de coexister à l’avenir. Bien sûr, ce n’est pas toujours possible. Dans une interview récente, vous avez signalé que la situation en Ukraine n’intéressait pas grand monde au sein de la communauté artistique en Europe… Je disais qu’en Europe, on n’est pas suffisamment informés sur la complexité et la difficulté de la situation en Ukraine. On connaît mal la complexité et la diversité de la situation en Russie. C'est une méconnaissance symétrique, car en Russie, par exemple, on sait peu sur les complexités des situations en Europe. J’ai appris que dans votre musée, il y a également des artistes russes contemporains. Nous avons la plus grande collection d’art de l’espace post-soviétique en Europe. Nous avons des œuvres d’Ilya Kabakov, l’un des plus grands artistes du monde. Nous avons des œuvres de Vladislav Mamychev Monroe et de Sergueï Bratkov. Récemment, nous avons acquis un grand nombre d’œuvres de Taus Makhatcheva. L’année dernière, nous avons présenté une exposition d’Olga Tchernicheva. Nous présentons régulièrement vos artistes. Propos recueillis par Oleg Kransov, RBTH
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INFOS SUR LE VDNKH
Le projet d'un parc d’Exposition agricole pansoviétique (VSKhV), ancêtre du VDNKh, a été conçu en 1935. Il devait initialement ouvrir à l’occasion du XXe anniversaire du pouvoir soviétique en 1937, sur une durée de 100 jours seulement. La construction n'a pu être achevée à temps, et le VSKhV fut officiellement inauguré en 1939. Les pavillons d’exposition étaient organisés selon des critères géographiques, afin de familiariser le public avec les réalisations économiques des républiques soviétiques – l’Ukraine, la Biélorussie, l’Arménie, l'Ouzbékistan, etc.
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En 1941, lorsque l'URSS est devenue partie prenante dans la Seconde Guerre mondiale, le parc ferme ses portes et une partie des expositions est évacuée de Moscou. Fait remarquable : en dépit des innombrables bombardements allemands sur la capitale, le territoire du centre d’exposition n’a à aucun moment, été touché par la moindre bombe, et aucun bâtiment n’a été affecté par la guerre. Le Pavillon central (où aura lieu la biennale), a été construit en 1954 par les architectes Gueorgui Chtchouko et Evgueni Stoliarov. L’édifice de trois étages et d'une hauteur de 90 mètres est réalisé dans le style Empire stalinien, avec des colonnes, des sculptures monumentales d’ouvriers et de kolkhoziens, des étendards en bronze et une flèche d’or ornée d’une étoile. L’exposition du pavillon était consacrée à l’histoire et aux principaux achèvements du pays des Soviets.
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Il existe de nombreuses légendes urbaines sur le VDNKh. L'une d'entre elles, signalant l'existence d'un bunker capable d'abriter trois cents personnes pendant deux jours, s'est avérée exacte. Pour y accéder, il fallait emprunter un passage secret situé sous la sculpture de Lénine. Lorsque cette statue a été démontée à la chute de l’URSS, le passage secret a été conservé.
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Le Centre panrusse des expositions. © LORI/LEGION MEDIA