Russia Beyond The Headlines (Belgique)

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Lundi 30 novembre 2015

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C E S U P P L É M E N T D E S I X P A G E S E S T É D I T É E T P U B L I É P A R R O S S I Y S K AYA G A Z E T A ( R U S S I E ) , Q U I A S S U M E L ’ E N T I È R E R E S P O N S A B I L I T É D E S O N C O N T E N U

ÉCOLOGIE

Terrorisme : faire face ensemble

Concilier les objectifs

©REUTERS

Le sommet de la COP21, qui aura lieu du 28 novembre au 11 décembre à Paris, doit devenir une plateforme de discussion des problèmes écologiques, auxquels la Russie fait face en tant que premier producteur mondial d’énergies fossiles et quatrième émetteur de gaz à effet de serre. PAGE 4

OPINION

Lever les obstacles Les attentats du 13 novembre à Paris ont choqué les opinions publiques à travers le monde entier. Mais cet événement tragique pourrait conduire à une entente nécessaire entre la Russie et l’Occident dans la lutte contre l’État islamique. Cela reviendrait à effectuer un bond gigantesque, estime notre expert Ivan Tsvetkov.

Forte émotion dans la population russe après les attentats de Paris. Gerbes, bougies et icônes ont été déposées en masse devant l’ambassade de France à Moscou, alors que la Russie a elle aussi été frappée en Égypte, quelques jours plus tôt.

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LIRE EN PAGES 2 , 3 ET 5 © AP

SYRIE

© AP

TENSION RUSSIE-TURQUIE UN AVION SU-24M ABATTU

Le 24 novembre 2015, un avion militaire russe Su-24M a été abattu par un chasseur F-16 turc alors qu'il rentrait sur la base aérienne de Hmeimim, en Syrie. Selon le ministère de la Défense russe, l’analyse des données de vol démontre qu’aucune violation de l'espace aérien turc n’a eu lieu. L'avion survolait le territoire syrien. Le Commandement militaire turc a déclaré que le bombardier russe

a été abattu par son armée de l’air après une intrusion dans l’espace aérien turc. « Cet événement sort du cadre de la lutte contre le terrorisme », a déclaré le président russe Vladimir Poutine à l'issue d’une réunion avec le roi Abdallah de Jordanie. « Nos militaires mènent une lutte héroïque contre le terrorisme, et la perte [de l'avion russe] est un coup dans le dos perpétré par des complices des terroristes. Je ne peux

pas qualifier autrement ce qui s’est passé aujourd’hui », a déclaré le président russe.

Découvrez le dossier actualisé sur notre site. be.rbth.com/ operation_russe_en_syrie

CULTURE

Dette à l’égard du passé Documenter une période aussi douloureuse que la Grande Terreur stalinienne a nécessité plusieurs décennies. Le nouveau musée du Goulag ouvre les pages les plus problématiques de l’histoire russe dans une exposition interactive. PAGE 6

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Dossier

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Terrorisme Une menace terroriste, extérieure plus qu’intérieure

La Russie est la cible des djihadistes Le 12 novembre, l’EI a publié une vidéo dans laquelle il menace la Russie. Les experts estiment que cette organisation présente un danger réel, mais appellent à ne pas le surestimer.

Attentats à Paris Moscou exprime sa peine

Le vibrant hommage des Russes ordinaires

ALEXEÏ TIMOFEÏTCHEV RBTH

Talons d’Achille Évaluant l’éventuelle menace de l’EI (organisation interdite en Russie), les observateurs soulignent deux « talons d’Achille » dans la sécurité du pays. Depuis le conflit tchétchène du début des années 1990, le Caucase du Nord est la région russe la plus instable. Il y a environ un an, les terroristes de l’EI ont déclaré leur intention de « libérer » cette région, notamment la Tchétchénie, pour y créer un « califat islamique ». Aujourd’hui, « même les dirigeants des petites bandes du Caucase russe ont fait allégeance à l’EI », confirme Sergueï Gontcharov, président de l’association des anciens combattants de l’unité anti-terroriste d'élite Alfa. Cependant, les forces de l’ordre maîtrisent assez efficacement les extrémistes dans la région dotée d’un système de lutte anti-terroriste. Ivan Konovalov, directeur du Centre de la conjoncture stratégique, souligne qu’aucun attentat n’a été commis depuis prés de deux ans au Daghestan, l’une des républiques les plus instables du Caucase du Nord jusqu’à une époque récente. L’expert précise que les services spéciaux et les dirigeants de chaque république travaillent à la prévention des attentats. « L’EI comprend que s’il tente une opération d’envergure, il sera immédiatement mis sous pression par les autorités locales », a déclaré l’analyste. Les frontières sud du pays sont un autre point faible de la Russie pour de nombreux experts. M. Gontcharov explique que les services de sécurité et le contrôle aux frontières dans des pays comme le Turkménistan et l’Ouzbékistan laissent à désirer. Pourtant, la situation n’est pas si dramatique. La Russie n’a pas de frontière directe avec ces pays, alors que la frontière la plus longue, celle avec le Kazakhstan, est contrôlée. Par ailleurs, avant de rejoindre la frontière sud de la Russie, les combattants devront traverser la Turquie, l’Arménie et la Géorgie, « ce qui n’est pas aussi simple que l’on pourrait croire », estime Alexeï Fenenko, de l’Institut des

Au lendemain des attentats du 13 novembre, des Russes ordinaires se sont rassemblés face à l’ambassade de France pour présenter leurs condoléances et montrer leur solidarité. PAVEL KOCHKINE RBTH © CORBIS/EAST NEWS

problèmes de sécurité internationale de l’Académie russe des sciences.

La réaction de la société et de la presse russes aux attaques du 13 novembre a été d’autant plus vive que la Russie a récemment été victime, elle aussi, d’un attentat islamiste contre l’Airbus dans le Sinaï.

Les aéroports, les gares et les centrales nucléaires… Une attention particulière est actuellement accordée par les forces de l’ordre aux grandes villes de la partie européenne de la Russie. Les points les plus faibles ? Les transports publics, les gares et les aéroports. Les extrémistes pourraient également s’attaquer aux oléoducs et gazoducs, à toutes sortes d’entrepôts et aux centrales nucléaires. Les observateurs estiment que les services spéciaux se concentreront pour l’instant sur l’identification des cellules terroristes et des centres de recrutement. Les experts indiquent que le gouvernement devra aussi accentuer les contrôles des migrants. La Russie accueille de nombreux ressortissants des pays d’Asie centrale, dont certains pourraient être liés à l’EI. Par ailleurs, le cas récent de Varvara Karaoulova, étudiante dans une des meilleures université de Russie accusée d’avoir tenté de rejoindre les rangs de l’EI, prouve que les partisans des extrémistes peuvent se recruter dans un environnement social inattendu. « Nous avons une expérience suffisante pour répondre à ces défis et menaces », indique le ministre russe de l’Intérieur,Vladimir Kolokoltsev. Les experts confirment que les services spéciaux du pays sont assez bien préparés pour les missions antiterroristes.

© MIKHAIL SINITSYN

Une menace à ne pas surestimer Les experts appellent à ne pas surestimer l’ampleur de la menace que présente l’EI. Ils précisent que, pour cette organisation, la Russie représente le contraire d’un adversaire commode. Les islamistes ne peuvent compter sur un réel soutien complice à l’intérieur du pays, tout en étant assurés que toutes les forces de l’ordre seront mobilisées pour les combattre. À ce titre, ce n’est pas un hasard s’ils ont frappé la Russie hors de ses frontières en s’attaquant à un avion en Égypte. Par ailleurs, Alexeï Fenenko estime que les principaux dangers de l’EI sont liés à l’éventuelle déstabilisation de la Turquie, qui, à son tour, déstabiliserait l’ensemble du Caucase et renforcerait l’EI en Afghanistan. Dans ce dernier cas, une explosion est à craindre au Tadjikistan, qui garde encore des traces de la guerre civile sanglante du milieu des années 1990.

Les services spéciaux et les dirigeants de chaque république travaillent à la prévention des attentats ILS L'ONT DIT

Le drapeau français de Facebook divise les internautes russes. Les uns accusent Facebook de faire de deux poids deux mesures. Les autres leur répondent que chacun est libre de choisir la façon de soutenir les victimes.

Pour

Contre

Mon avatar, c’est mon soutien, ma solidarité et mon affliction. C’est mon choix (et non pas l’instinct grégaire, comme le croient certains). Quand notre avion s’est écrasé dans la Sinaï, je suis allée à l’église prier et allumer une bougie. Et ça, c’est aussi mon choix."

"

Faire étalage de sa peine est tout aussi artificiel que s’attrister aux funérailles d’un grand-père inconnu, en imitant le plus affligé sous les yeux des amis du défunt, perplexes, et des membres de sa famille. S’affliger ouvertement n’est admissible qu’à l’enterrement de ses proches."

ELENA BAÏMIACHKINA SUR SA PAGE FACEBOOK

VLADIMIR KOZLOVSKY SUR SA PAGE FACEBOOK

AVIS D'EXPERT

Face au terrorisme international, une possible union sacrée entre la Russie et l'Occident Gueorgui Bovt POLITOLOGUE

près la série d’attentats en France, la Russie et l’Occident sont contraints de reconnaître un fait : nous avons un ennemi commun, le terrorisme international, et tout spécialement l’EI [organisation interdite en Russie, ndlr]. Cet ennemi doit être vaincu par des efforts conjoints. La Russie a déclaré que le crash de son Airbus A321 en Égypte avait été provoqué par un attentat à

A

bord, ce qui permet à Vladimir Poutine d’affirmer que « la cause

des Russes en Syrie est juste ». Le président a promis de punir les criminels, en rappelant l’article 51 de la Charte de l’ONU qui prévoit « le droit naturel à la légitime défense ». La Russie promet, pour la première fois de son histoire, une récompense de 50 millions de dollars pour des informations qui aideront à capturer les terroristes. Quelles seront les conséquences de la reconnaissance officielle d’un attentat par Moscou ? Il est peu probable que la Russie décide de couper la liaison aérienne

avec les autres pays à menace terroriste élevée. En ce qui concerne la Syrie, l’augmentation du nombre de frappes contre les terroristes ne débouchera pas sur une opération terrestre avec la participation de troupes russes dans ce pays. Un front anti-terroriste commun ne se profile pas non plus. Mais la coordination des opérations entre Moscou et l’Occident devient plus étroite après les attaques de Paris et le sommet du G20 en Turquie, où le dossier a été examiné dans un contexte qualitativement nouveau. À la lumière des nouveaux

Une énorme pile de fleurs, de bougies et d’icônes est disposée avec soin près de l’ambassade de France à Moscou. L’ensemble est impressionnant, de sept à dix mètres de longueur et quatre à cinq mètres de largeur. Les Moscovites apportent aussi des affiches faites à la main. « Pray for France » (Prions pour la France), « Stop the War » (Non à la guerre), « Je suis Paris », « Be strong Paris, Russia will always be near you » (Sois forte, Paris, la Russie sera toujours proche de toi). Comme de nombreux Russes, Vladimir, 45 ans, économiste, a été bouleversé par les attaques terroristes de Paris. Cependant, il s'efforce de ne montrer ni de signe de peur, ni de panique, «nous essayons simplement de ne pas y penser ». « Je suis juste venu pour rejoindre des gens de bien qui n’ont pas hésité à venir montrer leur so-

dangers dont l’Occident et la Russie ont pris conscience, leurs relations sont aujourd’hui meilleures qu’elles ne l’avaient été il y a un an. Ainsi, Moscou intensifiera ses frappes contre les positions de l’EI tout en s’abstenant de porter des coups aux forces qui constituent pour l’Occident la fameuse « opposition modérée ». Toutefois, la Russie n’a pas réussi pour l’instant à obtenir de la part de l’Occident la liste des sites contrôlés par les groupes qu’il considère comme « modérés » afin de ne pas les bombarder. Ce qui témoigne d’un niveau

"

extrêmement bas de confiance entre les parties. Pour autant, la coordination devient d’ores et déjà plus étroite concernant ceux que les deux parties estiment nécessaire de frapper. La première preuve en est le coup porté contre la « capitale » de l’EI en Syrie, Raqqa, par les forces spéciales de Russie immédiatement après la déclaration de Poutine sur la « punition ». Pour ce qui est d’une opération terrestre, certains experts estiment impossible de vaincre l’EI autrement, indiquant que les forces du président syrien Bachar el-Assad et des Kurdes sont insuffisantes, mais la situation est bien plus compliquée. L’EI, qui accorde une attention soutenue aux sourates de la période mecquoise dans sa propagande et son idéologie, désire livrer « une dernière et décisive bataille » ter-

lidarité et faire acte de civisme, ditil. Je suis très heureux que des gens en Russie soient venus ici pour montrer leur soutien, car je ne suis pas optimiste sur la Russie et sa société ». « Alors que je venais ici, j’ai senti un profond sentiment de compassion pour les victimes de [l’attaque à Paris, ndlr], même si je ne les connais pas », déclare Ivan, 28 ans. « Personne n’a le droit de prendre la vie d’un autre, surtout de façon aussi lâche. Je ne sais pas comment combattre cela. Ces attaques se produisent dans le monde entier, et je ne peux pas me sentir entièrement en sécurité ». Même si les autorités russes vont renforcer les contrôles de sécurité dans tout le pays, y compris dans les transports en commun, Ivan doute que cela résolve le problème de la menace terroriste, car « il est impossible de surveiller les énormes flux de personnes » entrant et sortant du pays. Un ami d’Ivan, Maxim, 29 ans, préfère approuver la voix des nombreux experts qui appellent à une régulation renforcée des flux de réfugiés. Il affirme que cette attaque était prévisible, car la France a offert l’asile à de nombreux syriens qui auraient pu avoir été recrutés par les terroristes. « De telles attaques sont inévitables [en Russie] et nous devrons y résister », affirme Vadim Soloviev, leader du groupe de sauvetage Digger-Spas, qui collabore avec le ministère russe des Situations d’urgence. « Nous comprenons clairement que ceci [l’attentat] pourrait se produite n’importe quand et n’importe où sur la planète. Nous devons être prudents et vigilants, car l’état d’alerte ne sera pas toujours maximal. Nous devons lutter tous ensemble contre ce fléau. Nous ne devons pas nous diviser sur des questions politiques, mais nous devons comprendre de toute notre âme et tout notre cœur que nous avons un ennemi commun qui doit être détruit ».

restre aux « forces de Rome ». Une bataille qui, selon une prophétie de l’islam, doit avoir lieu aux environs de la cité syrienne de Dabiq. Si cette interprétation des intentions de l’EI est juste, les attaques de Paris et l’attentat contre l’Airbus russe sont un défi, une « invitation à la bataille » de la part des fanatiques. Si cette « invitation » reste sans réponse, il y en aura d’autres. C’est la confirmation que nous sommes confrontés aujourd’hui au défi le plus sérieux lancé à la civilisation moderne par les fanatiques et les obscurantistes. Pour l’instant, l’examen de cette réponse est entravé par des débats sur des sujets qui, dans l’actuelle situation, sont tout à fait secondaires. Gueorgui Bovt est politologue, membre du Conseil de la politique étrangère et de défense.

LES SUPPLÉMENTS SPÉCIAUX ET SECTIONS SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX : • LE SOIR, BELGIQUE • LE FIGARO, FRANCE • LE JEUDI, TAGEBLATT, LUXEMBOURG • HANDELSBLATT, ALLEMAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE • THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • THE WASHINGTON POST, THE NEW YORK TIMES, INTERNATIONAL NEW YORK TIMES, FOREIGN POLICY ET THE WALL STREET JOURNAL, ÉTATS-UNIS • EL PAÍS, ESPAGNE, CHILI, MEXIQUE • EL OBSERVADOR, URUGUAY • LA NACION, ARGENTINE • EL PERUANO, PÉROU • LA RAZÓN, BOLIVIE • FOLHA DE S. PAOLO, BRÉSIL • NEDELJNIK, GEOPOLITIKA, SERBIE • NOVA MAKEDONIJA, MACÉDOINE • JOONGANG ILBO, JOONGANG SUNDAY, CORÉE DU SUD • MAINICHI SHIMBUN, JAPON • HUANQIU SHIBAO, CHINE • THE ECONOMIC TIMES, THE NAVBHARAT TIMES, INDE • NATION, PHUKET GAZETT, THAÏLANDE • THE AGE, SIDNEY MORNING HERALD, AUSTRALIE • GULF NEWS, AL KHALLEJ, AL-AHRAM, ÉMIRATES ARABES UNIS. EMAIL : BE@RBTH.COM. POUR EN SAVOIR PLUS CONSULTEZ BE.RBTH.COM. LE SOIR EST PUBLIÉ PAR SA ROSSEL ET CIE. RUE ROYALE. 100 - 1000 BRUXELLES - BELGIQUE . TÉL: 0032/2/225.55.55. IMPRESSION : ROSSEL PRINTING COMPANY SA. DIFFUSION : 94 800 EXEMPLAIRES


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Crash Les proches des victimes de l'acte terroriste s'entraident pour reconstruire leurs vies

Tourisme Le secteur essuie des pertes

À la recherche d'une destination alternative

Vol fatidique : un mois après la tragédie du Sinaï

L’attentat survenu à bord de l’avion russe A321 et l'embargo sur les vols en Égypte qui s'en est suivi pourraient déclencher une nouvelle vague de faillites sur le marché du tourisme russe. ANNA KOUTCHMA RBTH

Le décret présidentiel du 6 novembre interdit les vols vers l’Égypte, seconde destination préférée des touristes russes, avides de soleil. En 2014, le pays a accueilli 2,5 millions de vacanciers russes, selon l’Agence fédérale du tourisme (Rostourism). Pour cette saison d’automne-hiver, l’Egypte devait devenir le leader absolu, précise Ekaterina Bejanova de Onlinetours.ru : début octobre 2015 (avant le crash de l’avion А321), sa part dans la nouvelle saison atteignait 40%, les ventes suivaient le niveau de l’année précédente et auraient pu atteindre 50%. Désormais, les pertes cumulées de l'industrie touristique liées à l’interdiction des vols vers l’Égypte pourraient atteindre 280 millions d'euros, estiment les acteurs du marché.

Comment les parents, les amis et les proches vivent avec leur douleur suite à l’attaque terroriste à bord de l’avion de ligne Airbus A321. GALINA ARTEMENKO POUR RBTH © AFP/EASTNEWS(2)

« C’est une épreuve pour moi. Je dois la surmonter et je sais que je m’en sortirai. Je n’ai pas peur de voler. Je poursuivrai mon travail. Ce n’est pas la peine de me persuader du contraire », a écrit sur le réseau social VKontakte l'hôtesse de l’air Anna Sviridova, épouse du steward Stanislav Sviridov, disparu dans la catastrophe du 31 octobre 2015 dans le ciel au-dessus du Sinaï égyptien. 224 personnes, y compris 25 enfants, ont perdu la vie suite à cet attentat. 130 passagers étaient des habitants de Saint-Pétersbourg. Le courage intact d’Anna Sviridova est une exception. La plupart des proches des victimes préfèrent garder le silence. Irina Kouzina, qui a perdu dans la tragédie sa tante Nadejda Baskhakova (78 ans) et sa cousine Margarita Simanova (53 ans), confie à RBTH qu’elle reste plongée dans ce drame. La situation est compliquée par le fait qu'elle attend encore la dépouille de sa cousine et que les funérailles n’ont pas encore eu lieu. Selon les informations officielles du 17 novembre, seulement 58 victimes ont été identifiées, et 47 enterrées. L’indemnisation financière des proches pose également problème, confie Mme Kouzina : l’argent n’a pas encore été versé. Le directeur du comité de politique sociale de la ville de SaintPétersbourg, Alexandre Rjanenkov, a expliqué à RBTH que « 29 familles ont déjà reçu 33 millions de roubles [470 000 d'euros, ndlr] du budget de la ville, et nous espérons que les versements seront tous effectués avant la fin de l’année ». Les autorités municipales se sont engagées à aider les familles à résoudre les questions de propriété, les prêts immobiliers et autres crédits contractés par les victimes.

maison, des photographies des sœurs décédées avec leurs grandsparents restent bien en évidence. Les deux époux sont volontaires dans l’associationVol interrompu, créée quelques mois après la catastrophe de 2006 par des parents des victimes. Les Steinvarg ont traversé les mêmes péripéties il y a neuf ans et peuvent donc mieux aider les parents des victimes de la catastrophe du Sinaï. Selon eux, le niveau de solidarité dans la société russe était alors incomparablement plus faible. Ils se souviennent qu’il n’y avait alors ni poèmes ni mémorial à Pulkovo. Il n'y avait pas eu alors comme aujourd'hui des centaines de gens venus se rassembler sur la place centrale de la ville pour rendre hommage aux victimes. « Beaucoup avaient même peur de nous regarder, parfois nous nous sentions comme des lépreux », se souvient Marina. Plusieurs semaines après la tragédie, les gens continuent de déposer des fleurs au pied du monument à l’aviateur dans l’aérogare. Beaucoup réclament la création d'un mémorial dédié à ceux qui, le 31 octobre, rentraient paisiblement de leurs vacances au soleil. Une pétition en ce sens a déjà reçu plus de 266 000 signatures.

Aide psychologique Les cinq jours après la catastrophe, du 31 octobre au 4 novembre, les psychologues du ministère russe des Situations d’urgence ont été sollicités plus de 300 fois. Selon la loi, les psychologues du ministère travaille-

ront avec les familles jusqu’à ce que toutes les victimes de la tragédie soient identifiées. Ensuite, ils passeront le relais aux services d’assistance psychologique municipaux de Saint-Pétersbourg. « Mais nous n’avons pas en ville de service [d’État] spécial qui aide les gens à surmonter une phase de douleur profonde et de perte », dit Marina Steinvarg. Pour corriger cette situation, l’associationVol interrompu a ouvert en 2010 un centre d’aide psychologique gratuite aux parents des victimes de la catastrophe. Les psychologues qui y travaillaient se partageaient les maigres subsides du comité de politique sociale, mais depuis déjà trois ans, l’association n’est plus reconnue d’utilité publique et ne touche

ELLE L'A DIT

Anna Sviridova HÔTESSE DE L’AIR

"

J’aime le ciel, j’aime mon travail, j’aime les gens et la compagnie aérienne dans laquelle je travaille. Si mes enfants décident de consacrer leur vie à l’aviation, je les y aiderai. Car je crois au destin et à l’inéluctabilité de ce qui doit se produire. [Mon mari] restera désormais avec moi et je suis si heureuse d’avoir eu dans ma vie un tel homme, qui m’a donné tant d’émotions, d’attention et d’amour ".

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plus de subsides. Aujourd’hui, Marina pense que les psychologues vont redevenir nécessaires. « Des proches de victimes du Sinaï nous ont déjà appelés, racontent Marina et Alexeï Steinvarg. Certains ont demandé des éclaircissements sur l’indemnisation, d’autres avaient juste besoin d’être écoutés ». Gueorgui Efimenko dirige Vol interrompu depuis sa fondation. Dans la catastrophe de 2006, Gueorgui a perdu son fils cadet, sa fiancée et son petit-fils. Il se souvient qu'il y a neuf ans, il a laissé son entreprise à son fils aîné afin de consacrer tout son temps à l’association : « J’ai accompagné les parents à tous les tribunaux, lorsque les avocats ont refusé de nous aider ». C’est précisément après la catastrophe du vol Anapa-Saint-Pétersbourg que les indemnisations aux familles des victimes ont été fortement revues à la hausse. D’autres problèmes ont dû être résolus : consoler les gens, aider les uns dans leur vie quotidienne, organiser des fêtes pour les enfants des autres, mener des consultations médicales pour les enfants et les personnes âgées, militer pour l’érection d’un monument (il a finalement été construit près de Donetsk, à l'endroit où l’avion s’est écrasé), écrire un livre-mémoire, en ligne sur le site de Vol interrompu. Après la catastrophe du 31 octobre, l’association a ouvert un compte bancaire d’aide aux parents des victimes de l’A321, sur lequel seulement 290 000 roubles (4200 euros) environ ont été récoltés.

Une chute pire que lors du « printemps arabe » L’industrie russe du tourisme a déjà été confrontée à des difficultés avec cette destination. En janvier 2011, avec le début du « printemps arabe », les vols ont été suspendus pendant deux mois. En août 2013, la nouvelle crise politique en Égypte a conduit à la suspension des vols pour trois mois. L’industrie du tourisme a alors perdu près de 187 millions d'euros (6 milliards de roubles au taux de change de 2011), soit, en roubles, presque deux fois moins que les pertes actuelles. En outre, après les interdictions, le tourisme à l’étranger s’est alors rapidement rétabli, enregistrant une hausse de 13% début 2013. Cette année, la situation est aggravée par la baisse générale dans l’industrie du tourisme. Avec la dévaluation du rouble, le flux s’est contracté de 40% en moyenne depuis le début de l’année. Ainsi, selon les statistiques de Rostourism, au premier semestre 2015, l’Espagne a perdu 43% des touristes russes, l’Italie – 34%, la Thaïlande – 53%. Les destinations low cost ont été moins touchées : la Turquie – 25%, le Montenegro – 14,5%, l’Égypte – 13%. En conséquence, à la mi-avril, le nombre de tour-opérateurs spécialisés dans les voyages à l’étranger a été divisé par près de 2,5, d’après le Service fédéral de surveillance dans la sphère de sécurité des droits des consommateurs. Pour les tour-opérateurs, l’annulation massive des voyages pour la destination la plus commercialisée pourrait tracer le chemin direct vers la faillite, estime Irina Tiourina, secrétaire de presse de l’URT. L'Association des tour-opérateurs russes (ATOR) estime qu’un tiers des 1 380 compagnies pourraient quitter le marché du tourisme cette année.

Deuils en série

Où iront désormais les vacanciers russes ?

Il y a neuf ans, le 22 août 2006, Saint-Pétersbourg avait déjà enduré une tragédie similaire. Un Tu-154 de la compagnie Pulkovo reliant Anapa (sud de la Russie) à Saint-Pétersbourg, s’était écrasé dans la région de Donetsk, en Ukraine, alors qu'il traversait une zone de fortes turbulences. Marina et Alexeï Steinvarg ont perdu deux filles dans cette catastrophe et les parents de Marina sont morts. Depuis, les Steinvarg ont eu trois enfants nés après la catastrophe. Mais dans leur

Jusqu'à récemment, la Turquie a été considérée comme la principale alternative. En 2014, 3,2 millions de touristes russes ont visité le pays. Cependant, après le 24 novembre, 2015, quand les Forces aériennes turques ont abattu un Su-24 russe, le ministère russe de l'Intérieur, et puis Rostourism ont recommandé d'arrêter la vente de voyages vers cette destination pour cause d'une « menace à la sécurité des touristes ». Autre possibilité : les plages du sud-est d’Asie – le Sri Lanka, la

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CAUSES DES PERTES DE L'INDUSTRIE

Selon les estimations d’ATOR, les pertes liées aux vols supplémentaires pour le rapatriement des touristes d’Egypte s’élèvent à 21,5 millions d'euros. Elles s’expliquent par le fait que les opérateurs ont été contraints d’envoyer des avions vides en Egypte.

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Selon l’URT près de 140 000 voyages ont été vendus à l’horizon mars 2016. L’ATOR estime que si l’embargo dure plus de deux-trois mois, les tour-opérateurs perdront près de 187 millions d'euros. Ces pertes sont principalement liées au refus des tour-opérateurs égyptiens et des hôteliers de rembourser les acomptes pour les voyages annulés ou de les considérer comme une avance pour l’avenir, ainsi qu’au souhait des clients de récupérer leur argent.

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Les transporteurs aériens perdront 121,5 millions d'euros avec les annulations des voyages, évalue l’Association des exploitants du transport aérien (AETA).

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EN CHIFFRES

1 054 569 vacanciers russes ont visité l'Égypte durant les six premiers mois de l'année 2015. La Turquie et l'Allemagne viennent en deuxième et troisième position avec 1 031 525 et 284 000 touristes russes. La Belgique occupe la 32e place avec 21 615 visiteurs russes.

Thaïlande et le Vietnam. « Un voyage au Vietnam ou, par exemple, sur l’île chinoise de Hainan, pourrait être moins onéreux pour les habitants de l’est de l’Oural et de l’Extrême-Orient que l’Égypte », souligne le service touristique Rambler.Travel. « L’intérêt pour la Thaïlande ou le Vietnam reste pour l’instant presque inchangé. On peut souligner la hausse de 45% de demandes de recherche pour les voyages à Pattaya », raconte Mikhaïl Sokolov de OneTwoTrip. Il souligne également une hausse moyenne de 13-15% de l’intérêt pour Chypre, la Crète, les îles Canaries et Goa. Israël également est déterminé à se battre pour récupérer une partie des touristes russes. Le ministère du Tourisme du pays a exprimé son souhait de subventionner les vols charters depuis la Russie à hauteur de 45 euros par personne, soit 21% du coût du vol pour un avion complet. Le tourisme domestique est un autre bénéficiaire potentiel. Les principaux obstacles sont le système "tout compris", apprécié par les Russes, qui n’est presque pas proposé par Sotchi et la Crimée, et le climat qui ne permet de fréquenter les stations russes qu’en été et en début d’automne. Toutefois, la Russie peut proposer les stations de ski. « Grâce aux derniers JO, l’infrastructure de la région de Krasnodar a été améliorée – les routes ont été réparées, il y a un nouvel aéroport et de nombreux nouveaux hôtels, même si le service reste encore inférieur à celui des hôtels étrangers », souligne Ekaterina Bejanova.


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Écologie

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Environnement La structure de la filière énergétique russe reste axée sur les fossiles Émissions de gaz à effet de serre en Russie La Russie se classe au quatrième rang mondial en termes d’émissions de gaz à effet de serre, derrière la Chine, les États-Unis et l’Inde. Le pays s’engage à réduire ses émissions, d’ici à 2030, de 25 à 30% par rapport au niveau constaté en 1990. Selon les dernières données disponibles, en 2012, la Russie est parvenue à diminuer ses émissions de près de 31% par rapport à 1990. Toutefois, il convient de noter qu’après une baisse importante enregistrée à la fin des années 1990, le taux des émissions a recommencé à grimper au début des années 2000.

EN CHIFFRES

9%

des ressources hydriques mondiales sont concentrées en Russie. À ce jour, l’énergie hydraulique fournit 21 % de la production russe d’électricité.

© GETTY IMAGES

COP21 : concilier des objectifs divergents De l’aveu des écologistes, l’application de la loi russe de 2009 sur l’efficacité énergétique reste trop complexe. La COP21 pourrait déboucher sur des solutions. LOUIS BONAVENTURE POUR RBTH

Premier producteur mondial d’énergies fossiles et quatrième émetteur de gaz à effet de serre (GES), la Russie se devait d’être présente à Paris pour le sommet de la COP21. Et pour cause : 90% de l’énergie produite en Russie vient du carbone, 82% de ses rejets de GES sont générés par la production énergétique et cette dernière constitue 70% de ses exportations. Compte tenu du poids du secteur énergétique dans l’activité du pays, il lui est difficile de passer rapidement à une économie dé-carbonée.

Décalage entre la Russie et l’UE Pour Alexandre Nekrassov, directeur exécutif de l’Association des entreprises françaises pour le développement de l’efficacité énergétique et la sécurité écologique (U4E), la structure de la filière énergétique russe explique le « décalage entre l’approche de l’UE qui prône un mix énergétique [fossile-renouvelable, ndlr] et celle de la Russie qui se concentre sur l’optimisation de l’efficacité énergétique ». Fin 2008, un rapport de la Banque mondiale estimait que l’optimisation de la totalité de la filière énergétique permettrait à la Russie d’économiser jusqu’à 45% de sa consommation totale d’énergie primaire (avant trans-

formation). C’est dans cet esprit qu’en 2009, Dmitri Medvedev a promulgué une loi sur l’efficacité énergétique dont l’objectif était de réduire d’au moins 40% par rapport à 2007 les émissions polluantes d’ici à 2020. Ses cibles : l’électroménager, l’immobilier et le secteur public. Une politique qui a produit des résultats grâce aux « contrats d’efficacité énergétique », ceux-ci favorisant le financement des investissements dans les technologies propres par les économies d’énergie qu’elles permettent de réaliser.

Les grands groupes ont compris le message « Le géant de l’aluminium Rusal est ainsi parvenu à diviser par deux sa consommation énergétique », fait remarquer Alexandre Nekrassov. Le problème, c’est que ces incitations ne sont pas assez utilisées par le secteur pétrolier, tout comme les collectivités locales, qu’il s’agisse des transports, de l’éclairage public ou encore de l’immobilier. « L’innovation comporte un risque. Même si le système fonctionne, les élus locaux ne souhaitent pas forcément l’assumer devant leurs électeurs », poursuit le directeur d’U4E. En fin de compte, il pourrait y avoir un décalage entre la baisse réelle des émissions et les objectifs annoncés à l’horizon 2020. « Il n’y pas d’incitation économique : ni taxe carbone, ni marché du carbone, ce qui fait que l’État n’est pas en mesure de contraindre les entreprises à réguler leur intensité carbone [quantité de CO2 émise relative à leur croissance, ndlr] », déplore Vladimir Tchouprov, responsable du département

Compte tenu poids du secteur énergétique, difficile de passer rapidement à une économie décarbonée

30%

des besoins nationaux en électricité sont couverts par l'energie éolienne. La Russie possède un potentiel énorme de production dans ce domaine.

© ALENA REPKINA

énergie de Greenpeace Russie. Quant au renouvelable, il estime qu’« il arrive tard et au mauvais moment ». En effet, en plus de mettre en danger l’équilibre budgétaire de la Russie, la faiblesse actuelle du prix du baril n’incite pas à investir dans l’alternative que constituent les énergies renouvelables. Les énergies renouvelables restent marginales en Russie puisqu’elles ne constituent qu’un pour-cent de la production électrique du pays, contre 5% en Chine, 7% aux États-Unis et de 25% à 40% en Allemagne. Accroître les subventions ou les incitations étatiques, qu’il s’agisse du renouvelable ou de l’efficacité énergétique, « semble difficile compte tenu des difficultés ac-

Bi BIOLOGIE

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Alexeï Kokorine, responsable du programme climat et énergie du WWF Russie, estime pour sa part que si certains grands groupes investissent dans l’efficacité énergétique, la question reste secondaire pour les petites et moyennes entreprises. « L’instabilité du cadre légal et fiscal, ainsi que les différences de mises en application régionales, empêchent les PME de se projeter au-delà de quelques années. C’est la raison pour laquelle elles négligent l’efficacité énergétique, qui se mesure sur le long terme. En soi, les

Le danger des lacs de Sibérie La fonte du pergélisol serait irréversible, selon les chercheurs russes et leurs études, menées sur le plateau de l’Arctique. YANA PTCHELINTSEVA RBTH

Source de GES, les lacs thermokarstiques ont depuis peu commencé à s’agrandir. Ce phénomène fait depuis plus de vingt ans l’objet d’études de scientifiques de l’Université d’État de Tomsk (Sibérie). La recherche est menée dans la région subarctique de la Sibérie occidentale. « C’est dans l’eau que le carbone organique des sols se transforme en dioxyde de carbone (CO2) le plus rapidement, indique Sergueï Kirpotine, directeur du centre de recherches BioKlimLand à l’Université de Tomsk. La Sibérie subarctique est

recouverte à plus de 80% de lacs thermokarstiques, mais ni l’ampleur du flux de dioxyde de carbone ni la composition chimique de l’eau n’ont encore été évaluées ». Les chercheurs ont découvert que les petits lacs (300 mètres carrés) émettent beaucoup plus de gaz à effet de serre que les lacs plus étendus. En raison de leur taille négligeable, ils n’étaient pas du tout comptabilisés dans les modèles d’échange de carbone jusqu’à récemment. La fonte croissante du pergélisol en Sibérie occidentale fait craindre aux scientifiques que les grands lacs thermokarstiques ne se décomposent en une multitude de petits lacs. « Cela pourrait provoquer une hausse majeure des GES et une dissolution des émissions organiques de carbone dans

INTERNET

CHIMIE

Une énergie trop bon marché

idées développées par les autorités sont bonnes, mais compte tenu des problèmes rencontrés dans leur mise en œuvre, les buts sont inatteignables ». Une opinion partagée par Vladimir Tchouprov, pour qui « une incitation économique, comme la hausse des prix de l’énergie, est nécessaire pour sortir du statu quo actuel ». D’où l’importance de la présence à Paris de Vladimir Poutine, plus au plan intérieur qu’international, estiment la plupart des défenseurs russes de l’environnement. Elle signale aux régions l’importance que le pouvoir central accorde au réchauffement climatique et, par conséquent, à l’amélioration de l’efficacité énergétique.

Effet de Serre Le cercle vicieux des émissions massives de gaz

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tuelles de l’économie », ajouteVladimir Tchouprov.

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INGÉNIERIE

DIX AVIONS ENTRÉS DANS LA LÉGENDE DE L’AVIATION RUSSE be.rbth.com/392803

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ÉLECTRONIQUE

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les rivières et l’océan Arctique », explique M. Kirpotine. Le processus en cours sur le plateau continental arctique est un problème encore plus inquiétant. Les scientifiques d’une autre université de Tomsk ont noté que les émissions de carbone sous la forme de méthane (CH4) et de dioxyde de carbone exercent déjà un impact significatif sur le climat de la Terre. En 2014, une équipe de chercheurs dirigée par Igor Semiletov, géochimiste à l’Institut océanologique du Pacifique et à l’Université polytechnique de Tomsk, est partie pour l’océan Arctique à bord du brise-glace scientifique Oden. Ils ont été les premiers à examiner les eaux du plateau de l’Arctique de l’ouest externe à une profondeur de plus

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CE DONT PARLENT LES COSMONAUTES be.rbth.com/383145

de 45 mètres. Les scientifiques ont découvert que les émissions de carbone sur le plateau étaient beaucoup plus intenses que prévu. Jusqu’à plusieurs milliers de grammes de méthane par mètre carré sont émis au quotidien, ce qui montre que le pergélisol sousmarin de l’Arctique a été sévèrement dégradé. Quelque 700 « trous de méthane » de ce type, chacun d’une taille allant jusqu’à 800 mètres de diamètre, ont été retrouvés sur le plateau. « Nous trouvons de plus en plus de preuves qui confirment notre hypothèse sur le rôle prédominant du plateau continental de la Sibérie dans le changement de l’équilibre terrestre en méthane aujourd’hui et au cours des 400 dernières années au minimum », conclut Igor Semiletov.

Ph PHYSIQUE

MALADIES OCULAIRES : POURQUOI DES ÉTRANGERS VIENNENT SE SOIGNER EN RUSSIE be.rbth.com/168289


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UNE GUERRE SANS RÈGLES NI LIMITES Sergueï Markedonov POLITOLOGUE

es événements du vendredi 13 novembre à Paris lèvent le voile sur de nombreuses lacunes graves dans la sécurité internationale. Des slogans chocs déferlent : « choc des civilisations », « menace de l’immigration » ou encore : « défi du terrorisme international ».

L

Le terrorisme comme instrument de violence Au Proche-Orient et en Afghanistan, nous observons non seulement une forme de concurrence mais aussi des affrontements directs entre différentes organisations comme l’État islamique, le Front al-Nosra, les Talibans [organisations interdites en Russie, ndlr], le Hezbollah, le Hamas. Il est évident qu’excepté leur goût similaire pour les explosifs, les tendances et les objectifs des terroristes n’ont rien de commun. Le terrorisme n’est pas une fin en soi. C’est un instrument de violence politique utilisé par différents intérêts. Ces intérêts ferment les yeux sur les excès des « combattants pour la pureté de la foi » et les défenseurs de la « liberté nationale ». Le constat qui s’impose, c'est l’impuissance des principaux acteurs internationaux à mettre en place une coopération sérieuse. Ceci alors que le monde a été secoué par une vague monstrueuse de cynisme terroriste à grande échelle au cours des quinze dernières années. Depuis le 11 septembre 2001 (World Trade Center et Pentagone), puis les attaques terroristes à Madrid, la prise d’otages dans l'école de Beslan en Russie de l'année 2004, les attaques à Mumbai en novembre 2008, jusqu'au massacre d’étudiants à Peshawar au Pakistan, en décembre 2014.

dère le cas des individus responsables des attentats à Paris, il ne s’agit en aucun cas d’une lutte pour un confort social plus élevé (appartement, voiture, salaire), mais le signe d’un mécontentement idéologique et politique. Aujourd’hui, une grande partie de la presse soulève les problèmes des musulmans européens et la propagation d’opinions radicales dans leur communauté, en liaison avec l’immigration. Pour autant, la complexité du pro-

ture revêt un caractère strictement confessionnel. Des communautés musulmanes se sont formées et développées avec succès dans les pays européens. Bien sûr, il serait simpliste de considérer chaque citoyen musulman européen comme potentiellement capable de telles méthodes. Deuxièmement, au sein des pays du Proche-Orient, en Afrique du Nord et en Asie du Sud-Est, les radicaux et extrémistes islamiques mènent depuis longtemps

Le terrorisme n’est pas une fin en soi. C’est un instrument de violence politique utilisé par différents intérêts

La coexistence de différentes cultures au sein de l’Europe contemporaine devient le problème numéro un

blème ne se limite pas au seul sujet de l’immigration. Il est plus important d’évaluer l’efficacité des stratégies d’intégration et d’associer les représentants des « différents » groupes ethniques et religieux au cœur des sociétés européennes.

une guerre contre les partisans d’un modèle laïc au sein duquel la religion ne régenterait pas la vie sociale et la vie politique. Nous pouvons d’ailleurs observer des similitudes avec la situation dans le Caucase russe et dans la région de la Volga. Malheureusement, les pays occidentaux et la Russie n’ont pas été en mesure de développer une stratégie de coopération commune visant à minimiser la menace islamiste.

Le choc des civilisations, un concept bancal Il n’y a pas de recette miracle pour le traitement de ces maux. En premier lieu, la présence du problème très réel et dangereux du radicalisme et de l’extrémisme islamique ne signifie pas que la ligne de frac-

Revenir à des notions claires C’est au travers du réseau des

structures terroristes que les islamistes, qui se considèrent comme des outsiders n’ayant aucune chance de battre les principaux pays du monde dans une guerre militaire ou une compétition économique, mettent au défi les États-Unis, Israël, la Russie et les pays de l’UE. Les gouvernements ayant des structures militaires bien organisées et de solides institutions administratives sont incapables de faire face aux réseaux terroristes. Rien ne bougera aussi longtemps que les gouvernements nationaux ne prendront pas conscience du danger provenant de ces réseaux terroristes, qui menacent non seulement l’État mais également le principe même d’organisation de la vie. À cet égard, le plus urgent est de renoncer au politiquement correct, un format ne permettant pas d'exprimer la complexité de notre monde, et de revenir à des notions claires. Si le défi politique émane aujourd’hui de l’islamisme radical, des sectes totalitaires et des groupes nationalistes, il est essentiel d’en débattre ouvertement, sans se confondre dans la culpabilité historique d’un passé colonial. Le monde évolue, et les péchés commis autrefois par les Européens et les Américains ne peuvent justifier ceux qui, aujourd’hui, prétendent combattre pour la « pureté de la foi ». Mais dans la lutte contre le terrorisme, la composante de la « puissance », bien qu'importante, ne constitue pas une clé universelle. Arrêter ou éradiquer le terrorisme démoniaque est plus facile que de minimiser les symptômes de cette fureur. Quoi qu’il en soit, la coexistence de différentes cultures au sein de l’Europe contemporaine devient le problème numéro un. Sergueï Markedonov est maître de conférences en études des régions étrangères et de la politique étrangère de l’Université d’État des sciences humaines de Russie.

OBSTACLES À LA COOPÉRATION Ivan Tsvetkov POLITOLOGUE

u lendemain des attaques terroristes à Paris, aux yeux de presque tous les gens ordinaires et normaux, c’est désormais une urgence morale pour le monde civilisé de s’unir dans la lutte contre l’islam radical. Pourtant, l’examen froid montre que ce sursaut émotionnel parfaitement compréhensible se heurte à des obstacles redoutables lorsqu’il s’agit de la relation complexe entre la Russie et l’Occident.

d’une action décisive, Moscou pourrait guider ses partenaires dans la bonne direction en abolissant les contre-sanctions. Néanmoins, il faudra quelque chose de plus que les attentats parisiens pour que la crainte de l’EI et le désir de vengeance viennent atténuer l’estime de soi de l’élite politique européenne. Il semblerait que la position de principe de l’UE et la condamnation des actions de la Russie en Ukraine ne pourront servir de monnaie d’échange dans la lutte contre l’EI. En tout état de cause, les politiciens qui sont contraints par la rhétorique du passé et incapables de changer de cap sans que leur image de marque en pâtisse ne peuvent utiliser cette stratégie. Cela signifie que seul le président russe peut initier un revirement radical dans les relations entre la Russie et l’UE. Durant son mandat, Poutine a construit une réalité politique dans laquelle il définit lui-même ce qui est moral ou amoral et quels sont les intérêts nationaux de la Russie. Il y a, toutefois, des limites. Moscou ne rendra pas la Crimée à l’Ukraine pour l’unité anti-EI, même si les attaques terroristes déferlent en Russie de Kaliningrad à Vladivostok.

A

Obstacle N°1 : l’Ukraine, la Crimée et les sanctions Qu’est-ce qui empêche la formation d’une nouvelle coalition anti-EI [organisation interdite en Russie, ndlr] ? Du point de vue de la Russie, la raison la plus évidente sont les sanctions liées à l’Ukraine.Toutefois, de nombreux Russes pensent que c’est le moment le plus opportun pour les annuler. Le sentiment que « la raison l’emportera » prend de l’ampleur à travers le spectre idéologique russe. Si le Kremlin pense que l’Europe est, effectivement, proche

Moscou ne rendra pas la Crimée à l’Ukraine pour l’unité anti-EI même si les attentats déferlent en Russie

Obstacle N°2 : la réticence de l’OTAN à déclarer la guerre à l’EI La situation interne de l’OTAN est un autre aspect du problème. Un grand doute plane sur le leadership des États-Unis et leur volonté de mener les alliés dans une opération au sol contre l’EI. Une nouvelle grande campagne militaire au Proche-Orient n’est certainement pas la manière dont le président américain Barack Obama aimerait achever sa présidence. Tout ce à quoi on peut s’attendre de la part de l’actuelle administration américaine est un renforcement des mesures de sécurité, de nouvelles livraisons d’armes à l’opposition anti-Assad en Syrie et des mots d’encouragement pour l’Europe dans son combat contre l’EI. Cela pourrait, par ailleurs, correspondre aux intérêts objectifs des États-Unis, car contrairement à l’attentat du 11 septembre 2001 à New York, cette fois, le pays n’est pas dans l’épicentre des événements.

Un terrorisme protéiforme

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L’évocation d’un front à grande échelle contre les organisateurs d'attentats ne date pas d’hier. Cependant, aucune coalition internationale réelle ne semble émerger pour l'instant. Les actions prioritaires sont remplacées par d’utopiques projets d’édification de « la démocratie au ProcheOrient » ou encore par des plans destinés à renverser les régimes indésirables. Une fois de plus, les attentats de Paris démontrent que le terrorisme n’est pas uniquement le lot des pays pauvres. Si l’on consi-

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LEÇONS MAL APPRISES

QUI VERSE DE L'HUILE SUR LE FEU ?

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Ivan Tsvetkov est professeur d'études américaines, département des relations internationales de l'Université d'États de Saint-Pétersbourg.

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Mémoire L'ouverture d'un nouveau musée aidera à perpétuer le souvenir des pages sombres de l’histoire

Goulag : « Payer notre dette à l’égard du passé » L’ampleur des répressions politiques à l’époque de Staline fut sans précédent. Le nouveau musée revient sur ces pages tragiques de l’histoire russe dans une exposition interactive.

EN LIGNE

Découvrez l'histoire de la Grande Terreur

DMITRI SMOLEV POUR RBTH

Le musée de l’histoire du Goulag a vu le jour à Moscou en 2001, à l’initiative d’Anton AntonovOvseïenko, historien et écrivain, passé par les prisons et les camps en tant que fils d’un « ennemi du peuple ». À l’époque, aucun espace public ne présentait le phénomène de la terreur politique de manière systématisée et exhaustive. Le musée s’est d’abord installé dans le centre-ville, rue Petrovka, et s’est fixé cet objectif, malgré un manque flagrant de surfaces, de pièces dans sa collection et de financements. En 2004, quand l’exposition a ouvert au public, les organisateurs ont compris que la mission annoncée exigeait des conditions autrement plus importantes. « Avec le déménagement dans ce nouveau bâtiment, nous cessons d’être un tout petit musée pour devenir un centre muséal de stature internationale. La surface des expositions a été multipliée par neuf, nous avons désormais assez de place pour conserver les pièces et pouvons mener des travaux de recherche. Nous accueillons déjà un centre social bénévole et un studio d’anthropologie visuelle, prochainement nous ouvrirons une librairie et une bibliothèque », raconte le directeur du musée Roman Romanov. Ce bâtiment résidentiel de quatre étages datant du début du XXe siècle, situé à proximité

Lettres des prisonniers du Goulag L'ONG Mémorial a publié un livre, Les lettres de papa, composé sur la base des archives de lettres et de dessins des détenus dans les camps soviétiques adressés à leurs enfants. be.rbth.com/32559

©YURY PALMIN/ LE MUSÉE DE L’HISTOIRE DU GOULAG

© SERGEY MELIKHOV/ LE MUSÉE DE L’HISTOIRE DU GOULAG (3)

du centre-ville, ruelle Pervy Samotetchni, a été entièrement rénové. La première exposition, qui occupe toutes les salles, a ouvert le 30 octobre 2015, le Jour de la mémoire des victimes des répressions politiques. Le projet de l’exposition, qui durera un an, a été réalisé avec la participation de 25 musées et archives russes, chacun étant consacré à différentes facettes de l’histoire des camps soviétiques. Malgré sa thématique, le nouveau musée évite de plonger les visiteurs dans une ambiance

sombre et oppressive. Même les portes de prison avec leurs verrous massifs, amenées ici de différents coins du pays et réunies dans une installation commune, servent plutôt de métaphore incarnée de l’horreur que d’instrument d’épouvante. De nombreux objets de la vie quotidienne dans les camps sont présentés dans des vitrines éclairées, comme s’il s’agissait de trésors anciens. Les entretiens vidéo avec les survivants des répressions paraissent assez ordinaires jusqu’à ce qu’on se concentre sur leur contenu.

Les éléments interactifs susceptibles d’intéresser les enfants sont nombreux. Pourtant, cette présentation des documents historiques ne peut être qualifiée d’inappropriée ou de frivole, car elle est très réfléchie et s’inscrit dans un concept muséal solidement élaboré. Elle suit sa propre logique : plutôt que de jouer sur les émotions des visiteurs, elle les pousse peu à peu à apprendre, réfléchir et juger. À la cérémonie d’inauguration du musée, Natalia Soljenitsyne, épouse du prix Nobel de littéra-

NOUVEAU DESIGN ATTRAYANT

NAVIGATION SIMPLE

ture Alexandre Soljenitsyne, l’auteur de L'Archipel du Goulag, a déclaré : « Cet événement dépasse largement le cadre de la ville, futelle une capitale. C’est un événement de portée nationale. Bientôt, un monument à la mémoire des victimes des répressions sera érigé à Moscou. Pouvons-nous considérer que nous avons ainsi payé notre dette à l’égard du passé ? Ou devons-nous voir ces événements comme une levée d’étendard sur le vaisseau amiral, comme un exemple que le reste du pays tout entier devra suivre ? ».

FACILE À PARTAGER

Les Solovki, archipel de spiritualité À l’époque de Staline, l'un des plus célèbres archipels du Nord de la Russie, les îles Solovetski, fut transformé en un goulag de haute sécurité. be.rbth.com/483537

B E . R B T H . C O M / M U LT I M E D I A

SCANNEZ L’IMAGE POUR VOIR LA VIDÉO D’INTRODUCTION.


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