Jeudi 5 novembre 2015
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C E S U P P L É M E N T D E S I X P A G E S E S T É D I T É E T P U B L I É P A R R O S S I Y S K AYA G A Z E T A ( R U S S I E ) , Q U I A S S U M E L ’ E N T I È R E R E S P O N S A B I L I T É D E S O N C O N T E N U
Syrie L’opinion publique russe envers l'engagement a basculé de l’indifférence au soutien
Pharmacie Vers le 100% "made in Russia" ?
Les médicaments à l'abri du rouble Le gouvernement russe veut substituer les importations dans le domaine des produits pharmaceutiques, ce qui joue en faveur des producteurs étrangers implantés en Russie. KIRA EGOROVA RBTH
En mai 2015, le premier ministre russe Dmitri Medvedev a ordonné au gouvernement d'enclencher un processus de substitution aux importations dans le secteur pharmaceutique. Cette nouvelle politique va principalement jouer en faveur des sociétés étrangères qui ont déjà des usines en Russie, pensent les acteurs du marché. « Pour les entreprises étrangères déjà implantées dans le pays, cela promet un retour sur investissement plus rapide, et celles qui n'ont encore pas d'usine
en Russie vont être poussées à y relocaliser leur production », estime Viktor Dmitriev, directeur général de l'Association russe des producteurs pharmaceutiques (ARPP). Aujourd'hui, pratiquement toutes les compagnies pharmaceutiques de renommée mondiale ont une représentation en Russie. Par contre, seules quelques unes peuvent se vanter d'avoir des usines en province. C'est le cas de certains géants du marché comme le groupe français Sanofi, le suisse Novartis, AstraZeneca (Suède-Grande-Bretagne) et Novo Nordisk du Danemark. L'américain Abbott, (le groupe a notamment pris le contrôle du belge Solvay en 2010), a également des usines en Russie. SUITE EN PAGE 3
ÉDUCATION
CULTURE
Lingua franca continentale
Les harmonies de Touva
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Opération en Syrie : les Russes entre soutien et confusion Les réactions populaires au premier engagement militaire russe hors de l'ex-URSS penchent vers le soutien. Mais les experts et sociologues notent l'existence d'un malentendu. EKATERINA SINELCHTCHIKOVA RBTH
À peine 5 heures ont séparé, fin septembre, l'autorisation donnée au président d’utiliser les troupes à l’étranger et la première attaque aérienne russe en Syrie. En Russie, la population n'a pu exprimer d’emblée une position tranchée à l’égard de cette intervention, tout s’est passé beaucoup trop vite, soulignent les sociologues. Sur internet, dans les forums de discussions, beaucoup de commentaires disaient : « Pour le moment, nous ne savons pas ce que nous devons en
penser, car nous n’avons aucune information ». Une dizaine de jours plus tard, les deux principaux services d'études sociologiques du pays, VTsIOM et Levada, ont publié des sondages montrant qu'une majorité de Russes approuvaient globalement la campagne militaire. Dix jours plus tard, la cote de popularité de Vladimir Poutine a battu son maximum historique, pour atteindre près de 90%. Mais certains s'interrogent : les Russes comprennent-ils réellement aux côtés de qui et contre qui se battent les militaires de leur pays ? Saisissent-ils les objectifs et les enjeux de cet engagement ? Les sondages semblent indiquer que la réponse est négative.
Ce n’était que la Syrie Il y a qu'un an, la guerre civile en
Syrie était un sujet secondaire dans les bulletins d'information russes. Parmi ceux qui se disaient au courant des événements en Syrie, plus de la moitié affirmaient ne soutenir aucune des parties du conflit. La menace posée par les terroristes de l’État islamique était perçue comme secondaire, certains sondés considérant même l'organisation comme un allié potentiel dans l'arène géopolitique, rappelle l’expert du centre Levada Stepan Gontcharov. « Cette situation a persisté jusqu’à la fin de l’été dernier, lorsque les premières informations sur le transfert des troupes vers les bases russes en Syrie ont commencé à être publiées par la presse. Le grand public n'a été rattrapé par le conflit que plus tard encore, quand l’agenda des chaînes de télévision fédérales
a commencé à changer », explique-t-il. Au moment des premières frappes russes, l’intervention contre les islamistes de l’EI, le Front al-Nosra (branche locale d’Al-Qaïda, également interdite en Russie) et les autres mouvements considérés comme radicaux par la Russie n’avait effectivement pas encore remplacé le sujet jusque-là le plus populaire dans la presse russe : la crise dans le sud-est de l’Ukraine. « Quand le Conseil de la Fédération a été saisi de la demande d’autorisation pour utiliser les forces armées à l’étranger et quand il s’est avéré qu’il ne s’agissait "que" de la Syrie, la première réaction, paradoxalement, fut celle du soulagement. On craignait une nouvelle aggravation sur le front ukrainien et cela nous effrayait beaucoup plus. C’était ma réaction et celle de nombreuses autres personnes sur ma timeline sur Facebook », raconte Ekaterina Schulmann, politologue et professeur associé de l’Institut des sciences sociales de l'Académie présidentielle russe d'économie nationale et d'administration publique. D’autant qu’on a vite compris que la campagne syrienne était par ailleurs une tentative de reprendre le dialogue avec les pays occidentaux et d’éviter l’isolation. SUITE EN PAGE 2
Pourquoi apprendre la langue russe et comment le faire en Belgique ? Un reportage spécial de RBTH sur le concours de langue russe organisé récemment à Bruxelles.
La musique énigmatique du groupe folklorique Huun-HuurTu à découvrir ce novembre au cœur de Bruxelles. Les musiciens du groupe nous ont accordé un entretien dans lequel ils décryptent leurs racines ancestrales.
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Politique & Société
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Quelles sont les raisons de l'intervention russe en Syrie ?
Syrie : soutien et confusion sur les enjeux du conflit « C’est sans doute nécessaire » En réalité, en dépit d’un pourcentage élevé de gens qui approuvent l’intervention en Syrie, les Russes sont peu nombreux à comprendre les subtilités du Proche-Orient et ne cherchent pas toujours à les saisir. « Quand ils en savent quelque chose, ils restent dans les vieux c l i ch é s s o v i é t i q u e s : " l e s Arabes" et "Israël". La situation à l’intérieur de la Syrie et ses différents mouvements islamistes ne les intéressent tout simplement pas », estime Leonti Byzov de l’Institut des recherches sociales globales. Les gens forgent leur opinion grâce aux émissions télé et aux bulletins d’information, explique le sociologue. Cela apparaît clairement quand on les interroge en détail : qui combat qui et pourquoi ? « Ils pensent que Poutine sait ce qu'il fait et que si le Conseil de la Fédération lui a donné un feu vert, c'est que l'intervention est nécessaire », estime-t-il. Par ailleurs, ce soutien traduit manifestement aussi l’expression d'un sentiment anti-américain. « L’essentiel est qu’il y ait un ennemi évident et que nous faisions mieux que les Américains – cela suffit, ce qui s’y passe concrètement n’est pas très important », explique Mikhaïl Korostikov, spé-
cialiste de la politique internationale et directeur du département du développement stratégique de l’Université d’État de Moscou d’économie, statistique et informatique. Ainsi, un autre pays exposé à un conflit armé pourrait remplacer la Syrie, mais l’attitude face à l’intervention militaire serait la même, constatent nos interlocuteurs. La dernière étude de l’École des hautes études en sciences économiques montre que l’opinion publique russe peut changer très rapidement, note M. Korostikov. C’est, par exemple, le cas des relations avec la Chine. « Il y a deux ans, la Chine ne figurait pas sur la carte des alliés de la Russie, aujourd’hui c’est l’allié numéro un sur toutes les questions », explique-t-il.
« Ce n’est pas notre guerre » Il y a aussi parmi les Russes des personnes qui sont prêtes à partir combattre les terroristes aujourd’hui même, et ce quelle que soit la destination. « La Syrie ou la "Nouvelle Russie", quelle différence ? Dans les deux pays, c’est l’anarchie et quelqu’un doit l’arrêter. Dans les deux pays, il y a des enfants. Si on les laisse tomber, ils seront tous tués », estime Igor, un habitant d’Ouglitch, qui s'était engagé dans le Donbass comme combattant volontaire. Aujourd’hui, des hommes
Suivez-vous la situation en Syrie ?
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SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE
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L'intervention en Syrie est largement approuvée par les Russes.
Approuvez-vous l'opération russe ?
ILS L'ONT DIT
Maxime Chevtchenko
Gueorgui Mirski
JOURNALISTE, MEMBRE DU CONSEIL POUR LES DROITS DE L’HOMME AUPRÈS DU PRÉSIDENT
DIRECTEUR DE RECHERCHE À L'ACADÉMIE DES SCIENCES DE RUSSIE
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On ne peut gagner cette guerre ni militairement ni diplomatiquement. L’économie, c’est autre chose. Il est possible de faire en sorte que personne n’achète ne serait-ce qu’un baril de pétrole et ne donne ni de l’argent ni des armes. L’EI n’est pas une construction monolithique, il aura ses bolcheviks et ses mencheviks."
Si la Russie ne s’était pas impliquée dans le conflit syrien, la Russie se serait mise hors jeu. Si l’on ne participe pas au conflit proche-oriental, on ne participe pas à la politique mondiale. C’est l’unique région du monde qui a une valeur tant sacrale qu’économique, car c’est la région la plus riche en ressources énergétiques."
"
Sondages effectués par le Centre national d’étude de l’opinion publique VTsIOM (graphiques 1 et 2) et le Centre Levada (graphique 3).
AVIS D'EXPERT
La Russie mise-t-elle sur un « Israël alaouite » en Syrie ? Fedor Loukianov POLITOLOGUE
orsque les manifestations contre le règne autoritaire de la minorité religieuse (alaouite) conduite par Bachar el-Assad ont embrasé la Syrie en 2011, les opinions sur l’avenir du pays étaient partagées. En Occident, en Turquie et dans les pays du Golfe, les observateurs s’attendaient à une chute rapide du régime de Damas selon le scénario tunisien (révolte intérieure) ou le schéma libyen (ingérence extérieure). En Russie, on relevait la particularité du cas syrien : une population aux obédiences religieuses diverses, une armée efficace, une classe dirigeante unifiée et le
L
puissant soutien de l’Iran laissaient entrevoir un tout autre déroulement. La suite des événements a montré que Moscou avait une meilleure lecture des particularités de la situation. La position russe – en faveur des autorités officielles et en opposition résolue à toute ingérence étrangère – s’est révélée la plus cohérente à défaut de produire des résultats. Depuis 2011, la situation s’est détériorée, malgré la destruction des armes chimiques et les vaines tentatives d’unir l’opposition contre Assad. La brusque apparition de l’État islamique (EI) a changé la donne. La situation est aujourd’hui embrouillée à l’extrême, les divers acteurs étant mêlés à des conflits différents les uns des autres : les forces du régime d’Assad contre l’EI et
ce qui est qualifié d’« opposition modérée » ; l’EI contre Assad et l’opposition ; l’opposition contre tous. Et c’est sans parler des Kurdes menant leur propre guerre contre la Turquie qui, sous prétexte de combattre l’EI, tente de régler la question du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). L’espoir de voir émerger d’un tel imbroglio une solution en Syrie est tout à fait irréaliste, d’autant que la communauté internationale est désespérément divisée sur les options susceptibles de résoudre la crise. Il ne peut y avoir désormais de « victoire » en Syrie, comme d’ailleurs dans l’ensemble du Proche-Orient. Les diplomates russes ont toujours insisté qu’il ne s’agissait pas de sauver Assad, mais les principes (pas d’ingérence, pas de nuisance) et que l’objectif nu-
Les risques que Moscou est prêt à prendre pour une enclave alaouite sont dans l’intérêt de tous, sauf de l’EI méro un était de maintenir le statu quo. Cette politique a échoué et le statu quo n’a plus cours en Syrie. Tandis que l’Ouest juge que la temporisation a laissé la porte ouverte à l’EI, ironiquement devenu la seule force efficace d’opposition à Assad, la Russie estime que l’entêtement occidental a annihilé les chances d’une transformation en douceur du régime. Quoi qu’il en soit, il s’agit désormais d’éviter la
chute de Damas aux mains des islamistes, qui symboliserait l’abandon irréversible de la modernité au Proche-Orient. Les centaines de milliers de personnes qui fuient en Europe l’ont compris : il n’y a pas de place pour ceux qui sont tournés vers l’avenir là où flotte le drapeau noir. On peut penser que là où les efforts russes pourraient porter leurs fruits, c'est dans la création d’un périmètre défensif autour d’une sorte d’« Israël alaouite », une enclave capable de se défendre (avec un appui extérieur) et de constituer un obstacle à l’expansion de l’EI. À en juger par les nombreux contacts diplomatiques de l’été dernier qui ont vu Moscou accueillir une série de visiteurs procheorientaux, l’activité déployée actuellement par la Russie ne devrait
comme lui forment de petits groupes sur les réseaux sociaux et cherchent ensemble des moyens de partir en Syrie. Ils reconnaissent, toutefois, que c’est difficile pour le moment, car il n’y a pas de canaux formels et les canaux informels sont difficiles à trouver. Le ministère de la Défense n’a pas souhaité répondre à questions de RBTH sur le nombre de volontaires russes engagés en Syrie. Pourtant, dans leur majorité, les Russes considèrent que « ce n’est pas notre guerre », le peuple syrien n’est pas subitement devenu un peuple ami et cette guerre n’est pas une « guerre sacrée » qui doit être menée jusqu’au bout à tout prix, suggèrent les sociologues. Il s'agit pour beaucoup d'une guerre virtuelle. Et ni les réfugiés syriens (qui n'affluent pas en Russie), ni les éventuelles pertes économiques ne peuvent refroidir cet enthousiasme : le fait de faire partie d’une grande mission est bien plus cher aux Russes. « Cependant, la société russe a un point faible, lié d’une part au traumatisme afghan et, plus généralement, à la mémoire de la Seconde Guerre mondiale… Dès qu’on est confronté à des pertes humaines potentielles, l’opinion se dégrade brutalement. La société est prête à se réjouir de la manifestation de la puissance militaire et internationale, mais nous ne sommes pas prêts à payer pour cela », estime la politologue Ekaterina Schulmann.
pas être une surprise. Objectivement, le fait que Moscou est prêt à prendre des risques en faveur d’un « Israël alaouite » est dans l’intérêt de tous, sauf de l’EI. Ce qui n’empêche pas les dirigeants occidentaux de s’inquiéter de la présence militaire russe en Syrie tout en appelant à la mobilisation contre l’EI comme vient de le faire le Britannique David Cameron. À supposer que l’EI soit vaincu et que s’ensuive une lutte pour le contrôle de la Syrie, on peut comprendre les préoccupations de l’Occident qui ne tient pas à voir la Russie revendiquer un rôle clé dans la future nation. Toutefois, le scénario de loin le plus probable n’est pas la défaite de l’EI par une coalition internationale, ni la renaissance de la Syrie sur de nouvelles bases, mais le regroupement des adversaires des islamistes se battant pour leur survie sur des territoires circonscrits. Dans ce cas, l’Occident aurait intérêt à ne pas empêcher la Russie d’agir, et devrait même l’y encourager.
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En 2014, Abbott a réalisé l'une des plus importantes transactions de l'histoire du secteur pharmaceutique russe en achetant le deuxième plus grand producteur de médicaments du pays – la compagnie Verofarm – et ses antennes régionales à Voronej, Belgorod et Pokrov pour 16,7 milliards de roubles (495 millions de dollars selon les cours de 2014). D'autres leaders mondiaux comme l'Américain Pfizer, l'Al-
lemand Bayer et le Belge UCB Pharma cherchent depuis longtemps des partenaires russes par l'intermédiaire desquels ils pourraient localiser en partie ou totalement leur production. UCB, par exemple, connue pour ses recherches dans le domaine de l'épilepsie et d'autres troubles cognitifs, a signé un mémorandum avec la compagnie russe de biotechnologies Binnofarm pour un transfert de technologies, l'emballage des produits d'UCB et la conduite de recherches scientifiques.
©TASS
Les médicaments vitaux doivent être produits en Russie
de médicaments innovants sur le marché russe est constituée à 90% de produits importés. Dans ces conditions, de telles mesures gouvernementales « vont stimuler les producteurs étrangers à relocaliser leur production en Russie et mener à une baisse des prix d'achat et de vente des médicaments au détail », pense Viktor Dmitriev. « C'est un choix qui a déjà fait ses preuves au Japon, par exemple, qui a adopté ces mesures il y a plusieurs années. Et comme nous sommes actuellement sous le coup de sanctions, c'est la meilleure décision tant du point de vue politique qu'économique et réglementaire », commente M. Dmitriev. Les compagnies étrangères qui gèrent déjà une production en Russie voient aussi l'avenir d'un bon œil.
Ce que veut le gouvernement Les autorités russes veulent que 90% des médicaments « vitaux » et « importants » (que le gouvernement achète dans le cadre des programmes sociaux) soient de production russe en 2018, contre 65% aujourd'hui. Selon l'agence russe de statistiques Rosstat, la part des médicaments russes sur le marché national représente 55% de l'assortiment mais seulement 20% en valeur monétaire. Dans le même temps, la consommation
« Nous voyons dans cette stratégie de substitution aux importations des opportunités supplémentaires d'étendre nos activités en Russie, en coopération avec les compagnies locales », commente Thibault Crosnier Leconte, directeur général de Sanofi Pasteur (filiale de Sanofi spécialisée dans les vaccins) en Russie. En particulier, le producteur français prévoit de lancer la production, en Russie, de son fameux vaccin pour les enfants dans les usines de la compagnie russe NANOLEK à Saint-Pétersbourg – les détails du contrats ont été fixés lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg en juin 2015. Aujourd'hui, un enfant sur huit en Russie est vacciné par un produit de Sanofi. « Cette localisation de la production a aussi des conséquences positives sur le plan social, dans la mesure où elle rendra nos vaccins accessibles à tous les enfants russes », ajoute M. Leconte. Sanofi Pasteur prévoit de lancer ce processus de localisation en 2016 en commençant par un transfert de savoir-faire et de systèmes de contrôle-qualité. Le transfert de technologies devrait avoir lieu en 2019. L'usine de Saint-Pétersbourg devrait produire jusqu'à 10 millions de doses chaque année, « ce qui permettra de satisfaire pleinement la demande de ce vaccin en Russie », affirme M. Leconte. La Russie est un marché attractif pour les compagnies pharmaceutiques étrangères qui produisent des médicaments par synthèse chimique, pense M. Dmitriev. « Nous avons la force de production et les cerveaux pour y arriver. De plus, les entreprises étrangères s'ouvrent, grâce à la Russie, des débouchés vers l'Union économique eurasiatique et la CEI – un marché de 250 millions de personnes », ajoute-t-il. Malgré tout, de nombreuses sociétés étrangères spécialisées dans les biotechnologies pourraient y réfléchir à deux fois avant de s'implanter en Russie. « La production en elle-même est complexe, peut prendre des semaines, et le marché russe se révéler trop petit. Cela ne sera pas rentable pour tout le monde », conclut Viktor Dmitriev.
EN BREF Carlson Rezidor ouvre à Moscou
Le groupe belgo-américain Carlson Rezidor Hotel Group envisage d’ouvrir son huitième hôtel à Moscou en 2017. L’hôtel Radisson Blu Olympiysky disposera de 379 chambres, d’une zone de conférences et d’un complexe spa. « Ce projet confirme une fois de plus notre engagement dans le marché hôtelier de la Russie, des pays de la CEI et des pays baltes. Nous envisageons de poursuivre le développement de la présence de notre groupe dans la région », a déclaré Elie Younes, vice-président exécutif et directeur du développement du groupe Carlson Rezidor. Le groupe gère déjà 59 hôtels dans l'ex-URSS.
L'AFFAIRE À SUIVRE FORUM "BELGIQUE, LUXEMBOURG ET UEEA" LE 13 NOVEMBRE, CENTRE DE CONGRÈS DE LA CCI DE RUSSIE, MOSCOU
La Chambre de Commerce Belgo-Luxembourgeoise en Russie vous invite à participer au Premier Forum d'affaires International « Belgique, Luxembourg et Union économique eurasienne". Le Forum est consacré à l'interaction avec la Commission économique eurasienne et aux nouvelles règles commerciales. › www.ccblr.org TOUS LES DÉTAILS SUR NOTRE SITE
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Entrepreneurs Ils veulent casser l'image d'une Russie incapable d'exporter
Des dizaines de PME ont éclos dans des friches industrielles. Répondant d'abord à une demande domestique plus exigeante, elles se tournent désormais vers l'exportation. MIKHAÏL BOLOTINE POUR RBTH
Constantin Lagoutine et Anna Sajinova, deux jeunes architectes, venaient à peine de terminer leurs études en 2008 lorsqu'ils ont réalisé que personne ne pouvait fabriquer ce qu’ils désiraient. Ils ont proposé leurs idées à plusieurs fabricants de meubles, mais partout, la même réponse : trop compliqué, marché trop étroit. Ils ont alors décidé de donner eux-mêmes vie à leurs inventions. Aujourd’hui, les architectes dirigent une équipe de 30 personnes au sein d’Archpole, leur atelier de mobilier. Installés dans une ancienne usine de luminaires, ils fabriquent des chaises, des tables et des canapés et ciblent la classe moyenne urbaine. Les deux designers s’inscrivent dans une nouvelle vague qui gagne du terrain en Russie. C’est aussi le cas de Ksenia Nunis, cofondatrice de Depstore, une boutique qui vend des pro-
duits de créateur installée dans la galerie commerçante à la mode de Moscou, le Tsvetnoy Central Market. « Quand je me suis lancée en 2011, il y avait peut-être une douzaine de noms connus », dit Nunis. « Aujourd’hui, le choix est bien plus large et les grandes chaînes commencent à montrer leur intérêt, car elles cherchent à réduire leurs coûts logistiques ». « C’est une tendance saine, car seuls ceux qui savent supporter la pression des détaillants et gèrent leur propre production survivront sur le marché. Aujourd’hui, c’est le moment idéal de lancer sa propre marque », ajoute Ksenia Nunis. Elle a commencé avec une boutique en ligne visant à rehausser le profil des créateurs russes et à effacer la barrière entre les produits occidentaux et les produits russes. Toutefois, avec 80% de produits fabriqués en Russie dans son inventaire, Ksenia Nunis tient également à stocker des marques étrangères célèbres. La raison : bien que les détaillants reconnaissent la qualité des produits proposés par des petits fabricants, ils continuent à se plaindre du manque de professionnalisme dans leur marketing. Stocker des marques étrangères est le seul moyen de faire
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Le nouveau souffle du Made in Russia
L'atelier de Constantin Lagoutine et Anna Sajinova.
comprendre aux fabricants russes comment proposer des produits de bonne qualité à des prix raisonnables, précise Mme Nunis. Si certains petits fabricants de la nouvelle vague ont une expérience entrepreneuriale à leur actif, la plupart ont commencé à partir de rien avec un business plan des plus basiques et, dans certains cas, même moins. Depuis 2009,Vladimir Grigoriev dirige une entreprise de chaussures appelée Afour à Saint-Pétersbourg. Aujourd’hui,
elle fabrique 20 paires de chaussures et bottes de créateur par jour dans les trois pièces que Grigoriev loue dans une fabrique de chaussures soviétique abandonnée aux abords du centre-ville. Son entreprise est née avec quelques modèles originaux qu’il avait faits pour lui-même. En peu de temps, il a embauché un cordonnier dans son atelier un jour par semaine pour assembler ses créations pour ses amis, puis les amis de ses amis. Puis, il s’est lancé dans la promotion sur les réseaux sociaux, suivie d’une boutique en ligne où les clients pouvaient créer leurs propres modèles, allant des richelieux bordeaux aux bottes d’hiver jaune et noir. La croissance est bonne, le volume double chaque année, mais presque tout est fabriqué avec des surstocks achetés aux fabricants européens. Le grand saut pour devenir une entreprise véritablement russe est encore à venir. « Un jour, nous achèterons nos matières premières en Russie », prédit Andreï, qui gère les commandes d’Afour. La même vision 100% russe motive les fondateurs d’Archpole à Moscou, qui cherchent encore à s’étendre. « Si nous voulons vraiment avoir un impact, nous devons lancer une production à grande échelle avec des milliers d’employés plutôt qu’avec quelques dizaines seulement », dit M. Lagoutine, qui n’a aucune intention d’abandonner son objectif de longue date : faire en sorte que les camions qui ramènent toutes sortes de marchandises en Russie de l’étranger soient un jour entièrement remplis de ses meubles sur le chemin du retour.
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Langue russe En Belgique, la demande pour les classes de russe ne faiblit pas
« Lingua franca continentale » Par exotisme ou par passion, pour parler la langue de ses ancêtres ou s'ouvrir de nouveaux horizons professionnels : toutes les raisons sont bonnes pour apprendre le russe !
ILS L'ONT DIT
Alexander Razumov
BENJAMIN HUTTER DIRECTEUR DU CENTRE CULTUREL ET SCIENTIFIQUE DE RUSSIE À BRUXELLES
POUR RBTH
« Ne pas avoir peur de l'alphabet ! » Pour Nicolas, aujourd'hui étudiant en Master 2 d'interprétation à l'Université de Louvain, tout a commencé pendant les Noël de son enfance. Dans son petit village, un chœur russe venait chanter tous les 24 décembre et c'est là qu'il est tombé amoureux de la langue. Après avoir choisi de commencer le russe au lycée, sa fascination n'a fait que grandir pour la culture que la langue lui avait ouverte. « Je ne suis pas un fan de littérature classique mais par contre, j'adore Sergueï Loukianenko, auteur de science-fiction incroyable dont s'inspire le film Night Watch », raconte-t-il. Aujourd'hui il s'abreuve de séries humoristiques russes sur internet, comme Koukhnia (Cuisine, en français), et passe des heures à regarder le Comedy Club ou KVN (un jeu télévisé humoristique populaire). « Souvent les gens ont peur de l'alphabet mais ce n'est rien. Une fois qu'on a compris c'est une langue très amusante à apprendre. Et elle ouvre vers une culture totalement nouvelle», souligne-t-il. Sanne, qui apprend le russe à l'Université d'Anvers, est du même avis : « Je ne voulais pas apprendre une langue ennuyeuse, je voulais quelque chose d'exotique, et c'est ce que j'ai trouvé avec le russe ! », témoigne-t-elle. Elle a déjà passé six mois à Krasnodar dans le sud de la Russie et deux semaines à Petrozavodsk, ville du Nord qu'elle a prise en affection.
Une langue pour le business Langue d'humour et de sciencefiction, la langue russe ouvre aussi des portes au niveau professionnel. Clémence, elle, a choisi le russe pour devenir interprète, « un métier vivant, de communication, dans l'instant
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OUVRAGES MAJEURS DE SVETLANA ALEXIEVITCH Svetlana Alexievitch est la première lauréate de langue russe à recevoir le prix Nobel de littérature depuis 28 ans. RBTH vous invite à découvrir ses principales œuvres traduites en français.
"
Au Centre, on peut apprendre le russe du niveau débutant jusqu'à la pratique professionnelle. Nous avons environ 300 élèves, dont beaucoup travaillent pour la Commission européenne ou les représentations diplomatiques des États-Unis. Le centre est aussi un lieu d'expositions, concerts et spectacles - nous avons monté Le Revizor de Gogol et nous travaillons sur une adaptation des contes de Pouchkine. "
Olga Bainova
©LEONID SOKOLNIKOV
Pour l'anglais, la question ne se pose même plus : on l'apprend car c'est la langue « universelle », celle d'Internet et du monde des affaires, avec laquelle on pourra toujours, plus ou moins, se débrouiller aux quatre coins du monde. Avec la langue russe, si l'on pose la question à dix personnes, il y a de fortes chances d'obtenir dix réponses différentes. À l'occasion du concours de langue organisé samedi le 24 octobre à Bruxelles par le Centre culturel et scientifique russe, RBTH a demandé à plusieurs élèves et professeurs d'universités belges pourquoi elle restait si prisée.
COORDINATRICE DU CENTRE DE LANGUE ET DE CULTURE RUSSES DE L'UMONS
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Les participants du concours de langue russe à Bruxelles.
EN CHIFFRES
312 millions c'est le nombre de personnes qui parlaient le russe dans le monde en 1990. Selon le ministère russe de l'Éducation, ce chiffre est un maximum historique.
28,6 millions Le Centre de langue et de culture russes de l'Umons.
c'est le nombre d'individus parlant la langue russe aujourd'hui dans le monde, en dehors de la zone des pays de l'ex-URSS
La raison principale pour apprendre le russe réside dans les débouchés professionnels. Le russe est l’une des langues officielles des Nations unies et d’autres organisations internationales et européennes. Raison n°2 : la Russie "en VO". La valeur de l’héritage littéraire, artistique et scientifique russe n’est pas à démontrer. Pour y accéder pleinement, il est indispensable d'aborder les œuvres en version originale. Raison n°3 : faire des affaires. Le russe est la langue véhiculaire dans de nombreux ex-satellites de l’URSS. L’anglais gagne du terrain, mais sa diffusion n’est pas encore suffisamment large.
© SERVICE DE PRESSE
TEST
Évaluez votre russe RBTH démarre une rubrique hebdomadaire consacrée à l'étude de la langue russe, avec des tests d'évaluation de langue russe pour débutants. Les épreuves comprennent des questions lexicales, orthographiques et grammaticales. D'autres tests sur be.rbth.com/evaluer_votre_russe 1. В школу пришел новый […] учитель математики • молодой • младший • маленький
4. Мы не можем вспомнить, где […] этого человека • смотрели • видели • глядели
2. Мой друг неплохо знает французский язык и хорошо говорит[…] • по-английски • английским языком • английский язык
5. Преподаватель […], что завтра будет тест по грамматике • рассказал • сказал • разговаривал
3. В нашей группе […] студенты из США и Великобритании • учат • изучают • занимаются
6. Студенты нашего факультета […] на концерте в университете • поступали • выступали • наступали
LA GUERRE N’A PAS UN VISAGE DE FEMME
Son premier livre est une enquête de sept ans auprès de femmes à peine sortie de l'enfance et engagées dans l’Armée rouge lors de la Seconde guerre mondiale.
7. Вчера я ходил […] зубного врача • к зубному врачу • к зубному врачу •
8. В прошлом году я учился […] • Екатеринбург • из Екатеринбурга • в Екатеринбурге 9. Вечером я поеду на вокзал встречать […] • родные братья • с родными братьями • родных братьев Envoyer vos réponses à l'adresse be@rbth.com
LES CERCUEILS DE ZINC
L’horreur d’une guerre vue et vécue du côté féminin. Elle donne la parole à celles qui sont restées longtemps les muettes et les oubliées de l’histoire officielle.
Quatre ans durant, Alexievitch a rassemblé des documents en Afghanistan, sur la dernière guerre non-déclarée de l'URSS. Elle relate la terreur hantant les
familles comptant de jeunes hommes. Terreur qu’ils soient enrôlés et envoyés en Afghanistan puis retournés chez eux dans un cercueil de zinc.
et l'adrénaline ». Elle a particulièrement pris goût à la langue quand elle est partie vivre huit mois à Moscou : « Quand les Russes voient que tu fais l'effort de parler leur langue, ils t'adoptent immédiatement », témoigne-t-elle. Daria, elle, est née à Chypre d'une mère ukrainienne et d'un père chypriote. Pour elle, le russe était la langue des dessins animés, celle avec laquelle elle communiquait parfois avec sa mère. Elle a décidé d'utiliser cet atout pour travailler dans le tourisme. « Mon objectif n'était pas de perfectionner la langue pour la langue, mais bien de l'utiliser d'un point de vue professionnel ». Et avec le russe, il y a effectivement de quoi faire. « C'est la langue d'un grand pays mais aussi d'un espace géographique immense : elle vous servira aussi bien en Géorgie qu'au Kazakhstan, en Arménie ou en Biélorussie », souligne Claude Robinet, prêtre catholique belge qui a travaillé 30 ans pour le Vatican, à Rome, au programme russe et
biélorusse. Et d'ajouter : « C'est un vrai atout pour les contacts commerciaux, économiques et scientifiques ». Maria, née en Lettonie de parents russes, va même plus loin : « Les Chinois apprennent tous l'anglais et dans 20 ans, ce sera leur outil principal pour les affaires. Tandis que les Russes restent très attachés à leur langue et cela restera un vrai plus de parler russe dans le monde des affaires ».
ENSORCELÉS PAR LA MORT
LA SUPPLICATION : TCHERNOBYL, CHRONIQUES DU MONDE APRÈS L'APOCALYPSE
Matériau poignant, l'ouvrage livre les confessions de ceux qui ont tenté de se suicider, ou de leur entourage. Il donne la parole aux déçus du communisme,
victimes consentantes, agents passifs ou parfois actifs d'une utopie meurtrière, d'un système fondé autant sur le mensonge et l'auto-illusion que sur la peur.
Pas de baisse d'effectifs en Belgique Les récentes critiques envers la Russie pour sa politique ukrainienne et syrienne ont-elle touché les effectifs des principaux cursus russes en Belgique ? « C'est vrai que la politique et la façon dont le pays est présenté dans la presse ont leur rôle à jouer : à l'époque de Gorbatchev on avait environ 80 étudiants en première année. Aujourd'hui le chiffre tourne autour de 50 », témoigne Olga Novitskaïa, professeur de russe à l'Université d'Anvers.
Ce ne sont pas tant les conséquences physiques de la catastrophe nucléaire qui intéressaient Alexievitch, mais plutôt sa trace indélébile dans les
Pourtant, la presse faite à la Russie semble jouer, ces derniers temps, en sa faveur. « Plus on en parle, plus les gens s'y intéressent et je pense que pendant trois à cinq ans nous allons constater une augmentation des effectifs », estime David Babaev, professeur à l'Institut supérieur de traducteurs et interprètes auprès de l'Université libre de Bruxelles. Aujourd'hui, l'institut accueille tous les ans environ 70 élèves en première année. Les deux professeurs s'accordent également sur le fait que l'économie joue son rôle dans le choix d'une langue. « La Russie est proche de l'Europe, de l'Asie, a beaucoup de ressources et un grand potentiel économique. Il est beaucoup plus facile de trouver un travail avec la langue russe qu'avec l'espagnol ou l'italien », juge Olga Novitskaïa. « Enfin, le russe est la langue de ceux qui croient en une Europe unie de Lisbonne à Vladivostok, la langue du rêve et de l'ouverture au monde », conclut David Babaev.
LA FIN DE L'HOMME ROUGE
âmes humaines. Elle nous fait entrevoir le monde bouleversant des survivants. L'écrivaine fut la première à faire parler les voix suppliciées de Tchernobyl.
Armée d’un magnétophone et d’un stylo, avec une acuité, une attention et une fidélité uniques, Svetlana Alexievitch s’acharne à garder vivante la mémoire de
l’Homo sovieticus. Un travail documentaire sur le projet communiste de transformer l’homme dans le laboratoire du marxisme-léninisme.
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KABOUL APPELLE À L'AIDE Nikita Mendkovitch POLITOLOGUE
e récent appel à l'aide lancé par Kaboul à la Russie pour lutter contre les talibans pose la question de l'équilibre des forces dans la région. Jusqu'à présent, l'Afghanistan était considéré comme se trouvant dans la zone d'influence des États-Unis et de l'OTAN. Les développements récents montrent que les ressources de l'armée afghane et de l'OTAN sont insuffisantes pour maintenir la stabilité dans le nord du pays. Au printemps 2015, les talibans ont renforcé leurs positions dans les provinces du Badakhchan et de Koundouz avant de mener à l'automne une opération militaire qui leur a permis de contrôler, pendant quelques jours, la ville de Koundouz. Au final, les autorités et les militaires américains ont réussi à chasser les rebelles hors de la ville, mais ce succès temporaire des talibans démontre que les 14 ans de présence militaire étrangère sur le sol afghan n'ont pas abouti à leur neutralisation. Face à l'apparition d'importantes forces terroristes aux frontières nord de l'Afghanistan, la Russie et ses alliés ne pouvaient pas rester inactifs. L'exemple récent de la Syrie a montré que Moscou était prêt à soutenir la lutte antiterroriste loin de ses frontières. Dans le passé, la Russie a déjà fourni un soutien à l'Alliance du Nord qui combattait les talibans dans les années 1990. Il ne s'agit pas d'envoyer des combattants sur le terrain. L'armée afghane demande des hélicoptères et des armes légères. Mais, l'appel à l'aide formulé par le vice-président afghan Abdoul Rachid Dostom lors de sa récente visite en Russie va au-delà des relations commerciales. Cette tentative de Kaboul de renforcer les liens avec la Russie a plusieurs raisons. Au-delà des livraisons d'armes, il pourrait y avoir un "jeu diplomatique". Aujourd'hui les États-Unis et les pays européens sont de moins en
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SYRIE : TROUVER UNE STRATÉGIE DE RETRAIT Fedor Loukianov POLITOLOGUE
’automne 2015 est une nouvelle étape importante de l’histoire politique russe. Pour la première fois en plus d’un quart de siècle, le pays mène officiellement une grande opération militaire à l’étranger. Celle-ci n’est pas motivée par le maintien « politiquement correct » de la paix, mais par des raisons tout à fait stratégiques. Moscou appelle à la création d’une coalition internationale contre la terreur, mais montre clairement qu’il est prêt à agir et peut le faire seul. Les raisons qui ont incité le Kremlin à prendre la décision de conduire une opération militaire bien au-delà des frontières nationales sont claires. L’État islamique [organisation interdite en Russie, ndlr] est un ennemi indubitable de la Russie. Le sens politique de Poutine a joué son rôle également. Il a saisi l’occasion de retourner la situation et a obligé les autres à réagir à son initiative, et non l’inverse. La démonstration des capacités militaires russes, considérablement élargies, n’est pas un but, mais un facteur. Tout comme la formation d’un cercle de partenaires importants dans une région allant de Téhéran à Beyrouth. Les risques sont tout aussi évidents. Dans les faits, Moscou participe à une guerre civile cruelle
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aux côtés d’une des parties, Bachar el-Assad, ainsi qu’à une guerre confessionnelle en se solidarisant (même ponctuellement) avec la minorité chiite du monde musulman contre la majorité sunnite. Cela demande une construction méticuleuse de la politique, sinon l’ampleur des dégâts, y compris dans la politique intérieure, compte tenu des particularités confessionnelles des musulmans russes, peut être conséquente. Les relations avec l’Occident vont certainement se compliquer davantage. Une défaite importante des islamistes est dans les intérêts de presque tout le monde. Mais, comme le succès potentiel de la Russie est conditionné non seulement au renforcement de son influence, mais aussi de celle des positions du régime d’el-Assad, l’attitude négative des États-Unis et de leurs alliés est garantie. Il est difficile de prédire aujourd’hui si cela en viendra à une confrontation directe avec Moscou, mais l’on peut espérer que certaines leçons ont été tirées de l’expérience du passé. Quoi qu’il en soit, au mieux, les principaux acteurs garderont la neutralité. Toutefois, une guerre médiatique violente est inévitable, et elle a déjà commencé. Le principal dilemme des guerres menées aujourd’hui par les puissances mondiales est qu’elles n’impliquent pas de notion de « victoire ». Les campagnes militaires ont été conduites
D’autres points de vue sur l’actualité dans la rubrique Opinions sur
presque uniquement dans le but de changer les régimes et cet objectif a toujours été atteint – en Afghanistan, en Irak et en Lybie. On n’osait pas le qualifier ouvertement de victoire, d’autant que la destruction d’un pouvoir indésirable n’y a jamais conduit à la victoire. Le succès militaire obligeait le vainqueur soit à se lancer dans une reconstruction
La recherche d’une « stratégie de retrait » devenait invariablement l’objectif de toute campagne militaire
Toute guerre a sa propre logique qui, à un certain point, finit par l'emporter sur les intérêts politiques nationale (Afghanistan et Irak) couteuse et inefficace, soit à se retirer immédiatement (Lybie), laissant derrière lui un État en ruines. Dans tous les cas, la recherche d’une stratégie de retrait devenait invariablement l’objectif de toute campagne militaire. L’implication russe en Syrie présente, évidemment, une différence fondamentale par rapport
RÉFORMER L’ONU, UNE MISSION IMPOSSIBLE ? be.rbth.com/514369
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aux actions des États-Unis et de l’OTAN depuis le début des années 2000 : Moscou ne cherche pas à changer le pouvoir en place, mais à le conserver et le renforcer. Quoi qu’on dise de la légitimité perdue d’el-Assad et de l’absence de contrôle efficace sur la majeure partie du territoire, la collaboration avec l’armée régulière et l’appareil administratif, certes considérablement affaiblis, offre bien plus de possibilités que le soutien aux insurgés. Pourtant, tout cela ne supprime pas la question de la « stratégie de retrait », surtout si les choses n’évoluent pas comme prévu. Après tout, les Américains frappent l’EI depuis la base aérienne d'Incirlik en Turquie, où ils resteront en cas d’évolution défavorable, alors que les pilotes russes sont installés en Syrie directement. Toute guerre a sa propre logique qui, à un certain point, l'emporte sur les intérêts politiques. Il est très difficile d’éviter ce piège, l’expérience proche-orientale de presque toutes les puissances qui ont cherché à y jouer de grandes parties, en est la preuve. L’histoire du Proche-Orient ne nous apprend qu’une chose : les choses ne s’y passent jamais comme prévu. Il ne faut pas l’oublier.
moins disposés à fournir de l'aide à Kaboul. Cet appel à la Russie pourrait donc être une forme de chantage envers Washington, dans l'espoir d'obtenir un soutien financier accru. Il est possible aussi que derrière ces tentatives de rapprochement se cachent des raisons politiques. Contrairement aux États-Unis, qui ont misé sur la destruction des talibans tout en menant des pourparlers séparés avec différents chefs de guerre, la Russie et la Chine ont tenté d'affaiblir les extrémistes en rompant leur alliance avec les services secrets pakistanais, qui utilisent les talibans dans leur lutte
Moscou et Pékin tentent d'affaiblir les talibans en rompant leurs liens avec les services secrets pakistanais contre l'Inde. Washington a également tenté de s'entendre avec Islamabad, mais sans succès. Aujourd'hui, une tentative d'intégration de l'Inde et du Pakistan à l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) est en cours. Ce qui a conduit à l'expulsion par le Pakistan de plusieurs groupuscules terroristes vers l'Afghanistan, les privant ainsi de l'une de leurs bases arrières. L'importance de chacun de ces facteurs définira à quel point l'alliance entre Kaboul et Moscou sera sérieuse et durable. Mais ces tentatives de rapprochement, en elles-mêmes, illustrent l'importance grandissante de la Russie au Proche-Orient et en Asie centrale, et la montée de son influence directe et indirecte sur les gouvernements de la région. Nikita Mendkovitch est expert au Conseil russe pour les affaires étrangères.
Fedor Loukianov est président du Conseil pour la politique étrangère et la politique de défense.
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GUERRE EN SYRIE: QUEL IMPACT SUR L’ÉCONOMIE RUSSE ? be.rbth.com/481407
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QUESTIONS & RÉPONSES
Les étranges harmonies de Touva à la conquête du monde
© RIA NOVOSTI
Le 27 novembre, le groupe HuunHuur-Tu se produira à Bozar à Bruxelles. En dépit de l'étrangeté radicale de leur musique – le chant diphonique traditionnel de la région de Touva, située à la frontière de la Russie et de la Mongolie – le groupe est devenu culte en vingt ans d’existence et compte à son actif plusieurs collaborations avec des classiques du rock mondial tels que Frank Zappa. Les musiciens nous parlent de la popularité de la musique folklorique et de leurs espoirs de remporter un Grammy.
leurs concerts, à faire des arrangements et à improviser.
En haut : Radik Tyulyush avec choor et byzaanchy. En bas : Kaigal-ool Khovalyg avec igil.
BIOGRAPHIE
Qui sont pour vous vos acolytes ? Dans presque tous les pays du monde, il y a des groupes qui interprètent le folklore local. Les plus célèbres parmi ceux qui utilisent cette musique sont sans doute Deep Forest et Radiohead. Et même si nos musiques et nos racines sont différentes, nous sommes toujours ravis d’écouter des interprètes folks de différents pays et de nous produire avec eux. Nous collaborons également avec plusieurs groupes ethniques – un chœur bulgare, le Moscow Art Trio, un duo folk suisse, des Japonais, des Indiens, les Américains du Kronos Quartet et bien d’autres.
Comment traduisez-vous le nom de votre groupe ? En touvain « Huun » signifie « soleil », « Huur Tu » signifie « rotation des rayons ». Ensemble, cela peut être traduit comme la rotation du soleil.
Un succès global Huun-Huur-Tu a été fondée en 1992 à Kyzyl (Touva). C'est l'utilisation du chant de gorge qui les a popularisés : un chanteur est capable de produire deux ou même trois lignes mélodiques distinctes (sur une étendue allant jusqu'à quatre octaves). Des concerts de ce quatuor de multi-instrumentistes ont eu lieu sur tous les continents, souvent avec la participation d'artistes internationaux de divers genres, y compris le célèbre DJ Carmen Rizzo, avec qui le groupe a sorti l'album Éternelle en 2009.
Pourquoi votre musique a-t-elle rencontré un succès planétaire ? Les racines de cette musique remontent à nos arrière-arrière-arrière-arrière-grand-pères et audelà. Il y a ceux qui disent que la civilisation existait en Sibérie bien avant le reste du monde. Et c’est confirmé par des historiens, des explorateurs et des archéologues. Notre terre accueillait une proto-civilisation qui travaillait beaucoup avec le son et les instruments. Le monde entier joue aujourd’hui du violoncelle et du violon grâce à l’Asie centrale, berceau de tous les instruments à archet. Ainsi, on peut facilement
imaginer que notre musique peut toucher tout le monde très profondément. Même si toutes nos chansons sont en langue touvaine.
©HUUNHUURTU.RU(4)
Comment peut-on décrire votre musique ? On peut l’appeler « éternité », du nom de l’un de nos disques. La musique que nous interprétons nous vient des temps très anciens. Nous ne faisons que la perpétuer et la conserver. Il s’agit généralement de recueils du folklore national que nous arrangeons pour proposer notre vision de la manière dont nos ancêtres la jouaient en public. Nous n’avons pas vu d’orchestres jouant ce type de musique, bien qu’ils aient dû exister, mais nous cherchons à imaginer
En haut : Sayan Bapa avec doshpuluur. En bas : Alexeï Saryglar avec igil et dungur.
Quels instruments jouez-vous ? Nous utilisons l'igil, le byzaanchy, le doshpuluur, le chor, la guitare et les testicules de taureau [rires]. Avec les sabots de cheval, ils nous servent de percussions. Dans la région de Touva, les testicules de taureau sont utilisés pour faire des salières. Nous les remplissons d’osselets et de morceaux de fer – ça fait d’excellents
maracas. Nos instruments préférés sont l'igil ou le morin khuur et le doshpuluur. L’histoire de la création du doshpuluur, un instrument à cordes et à archet, est inconnue, bien que depuis les temps anciens, il est utilisé en accompagnement à la voix masculine, alors que l'igil est né de manière mystique. Parlez-nous de votre collaboration avec Frank Zappa ? Il nous a invités deux fois à dîner. Nous avons improvisé avec lui et avons enregistré dans son studio. La deuxième fois, il était déjà très malade, et nous avons simplement discuté et écouté de la musique – une rencontre amicale. D’ailleurs, les enregistrements sont intéressants, mais la veuve de Zappa a pour le moment gelé le projet. Quelle est votre ambition professionnelle ? Nous aimerions recevoir un Grammy, par exemple. Ce serait une reconnaissance non tant pour nous que pour notre culture musicale dans son ensemble. La musique latino-américaine a connu un essor important ces 15 dernières années. Ils ont leur propre Grammy, et ils reçoivent des Grammy internationaux. C’est donc une reconnaissance des musiciens et des compositeurs de toutes les cultures. Propos recueillis par Oleg Krasnov
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"LE RETOUR" D'ANDREY ZVYAGINTSEV
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La soprano russe Anna Guerguel, accompagnée au piano par Olga Kononova, russe également, et par la flûtiste australienne Wendy Quinlan, interpréteront des œuvres de Ippolitov-Ivanov, Rachmaninov, Prokofiev et Gubaïdulina : de la musique de chambre russe.
Dans la vidéo documentaireVolga, faisant preuve d’une simplicité des plus efficaces, l’artiste de 24 ans Aslan Gaisumov (République tchétchène, Russie) nous plonge dans le conflit tragique auquel est confrontée sa terre natale. Dans le cadre du programme The Kids Are All Right.
De retour au foyer, un père disparu depuis longtemps entraîne ses deux fils dans un voyage qui tourne au parcours initiatique. Lion d’or en 2003, un film d’atmosphère de réalisateur russe Andrey Zvyagintsev, aussi chargé de menaces qu'un ciel orageux, beau et énigmatique.
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