JEUDI 1ER OCTOBRE 2015 Distribué avec
Ce cahier de quatre pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta, qui assume l’entière responsabilité se son contenu PA R M I L E S A U T R E S PA R T E N A I R E S D E D I S T R I B U T I O N : T H E D A I LY T E L E G R A P H , T H E N E W YO R K T I M E S , L E F I G A R O , L A R E P U B B L I C A E TC .
RÉGIONS Bienvenue au pays des volcans, ou l'Europe et l'Asie s'emmêlent
Aux confins de l’Eurasie, sur les rives sauvages du Pacifique Ici, les hiéroglyphes s’entrelacent avec le cyrillique, les datsans (temples bouddhistes) côtoient les églises orthodoxes, les volcans bouillonnent, de véritables tropiques sibériens envahissent les fenêtres et l’océan Pacifique est à portée de main.
liers de personnes de tous les coins de la Russie affluent à Iakoutsk, capitale de la république. Toutefois, un Nouvel an chaud n’est pas l’unique raison de visiter cette ville. Le pergélisol (ou permafrost), qui sert de fondation à la mégapole la plus froide du monde, a conservé les squelettes des mammouths qui peuplaient autrefois la Sibérie. Le parc naturel des colonnes de la Léna, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, surplombe le fleuve éponyme : c’est un mur de rochers verticaux qui s’étend sur de longs kilomètres.
La région d’Amour
Le kraï de Khabarovsk
La région d’Amour est nichée à la frontière de la Russie et de la Chine, à six fuseaux horaires de Moscou et à 130 kilomètres du Transsibérien. La capitale de la région, Blagovechtchensk, est située sur l’Amour, l’une des plus longues voies navigables au monde. Blagovechtchensk s’apparente à une version froide de la Nouvelle-Orléans américaine, mais avec des églises orthodoxes et des cafés chinois à la place des crêperies françaises. La plupart des touristes sont attirés ici par les visites en bateau à moteur sur le fleuve, car c’est l’Amour qui forme la frontière entre la Russie et la Chine.
Les touristes chinois viennent à Khabarovsk pour « voir l’Europe », les Européens – pour découvrir la « ville la plus asiatique de Russie ». La capitale du kraï de Khabarovsk est l’une des plus belles villes de la partie Est du Transsibérien, noyée dans la verdure et riche en demeures construites avant la révolution et soigneusement restaurées et entretenues. Khabarovsk accueille la « galerie Tretiakov d’Extrême-Orient » avec ses œuvres d’Aïvazovski, Rembrandt et Titien, ses porcelaines japonaises et ses icônes russes anciennes. Le kraï de Khabarovsk attire également les éco-touristes – on peut y admirer le lac de lotus, les volcans, les tigres d’Amour et de Sibérie et les colonies d’oiseaux et de lions de mer.
Les Européens viennent à l’ExtrêmeOrient Russe pour découvrir l’Asie, les Chinois – pour visiter l’Europe. Mais en réalité, cette région de la Russie est sans pareille. ANTON RIAZANTSEV POUR RBTH
La République de Sakha (Iakoutie) Tout est différent en Iakoutie, même le Nouvel an y est célébré en juin : lors de la célèbre fête du soleil Yhyаkh, des mil-
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EXTRÊME-ORIENT RUSSE
RÉGIONS DE LA RUSSIE LES GRANDS CENTRES URBAINS DE L'EXTRÊME-ORIENT RUSSE SONT SI ÉLOIGNÉS DE MOSCOU QU’IL EST PLUS FACILE DE S'Y RENDRE DEPUIS LES ÉTATS-UNIS OU DE LA CHINE QUE DE LA CAPITALE RUSSE
AUX CONFINS DE L’EURASIE, SUR LES RIVES DU PACIFIQUE SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE
L’oblast autonome juif L’oblast autonome juif et sa capitale Birobidjan furent fondés au début des années 30 du ХХe siècle sur ordre du Comité exécutif central de l’URSS. La région n’a jamais vraiment attiré les Juifs soviétiques comme l’aurait souhaité Staline. Les habitants locaux se vantent que leur ville « ne compte que 27 jours d’ensoleillement de moins qu’Odessa [sud de l’Ukraine, ndlr] ». Le territoire de la région accueille 7 parcs naturels, ainsi que l’unique pont de bateaux au monde figé dans la glace, enjambant le fleuve Amour.
Le kraï du Primorié Le kraï du Primorié attire par sa nature – les geysers chauds, les plages désertes et les hautes collines. Le « San Francisco russe » ou le « Constantinople d’Extrême-Orient » – la capitale du kraï du Primorié Vladivostok – est un véritable paradis des gourmets. Fruits de mer, confiseries « lait d’oiseau » dont la recette à base d’algues rouges fut inventée ici, confiture de fougère, bois au miel et au cognac… Les toponymes soviétiques de Vladivostok et ses immeubles anciens, les ponts futuristes, les hiéroglyphes qui complètent le cyrillique sur certaines affiches publicitaires et les volants à droite forment ce caractère national unique que l’on ne retrouvera dans aucune autre ville de Russie ni du monde. Zolotoï Rog, une baie en forme de corne en plein cœur de Vladivostok, le sépare en centre respectable et en quartier marginal Tchourkine qui remonte aux traditions anciennes de Harlem ne w-york a i s e t de l’ E a s t E nd londonien.
Fruits de mer On trouve à Vladivostok beaucoup de pêcheurs amateurs, qui pêchent en hiver éperlan et morue, en été le flet et le rotengle, en automne le hareng et la nuit le calmar. Lorsque l’eau se réchauffe, de nombreux habitants de Vladivostok plongent dans l’eau à la recherche de coquilles SaintJacques.
dont elle n’a pas peur. Outre les musées et le monument commémorant les prisonniers du goulag « Masque de tristesse », l’oblast de Magadan est célèbre pour sa nature nordique qui attire les amateurs d’éco-tourisme.
Le kraï du Kamtchatka Le Kamtchatka est une région où vous pourrez découvrir une véritable débauche de nature sauvage. Ici, vous trouverez de tout et à portée de main : le majestueux océan Pacifique, des cimes enneigées, des volcans, des lacs bouillonnants de saumons, des sentiers des ours et des fjords qui n’ont rien à envier à la Norvège, des piscines thermales dans lesquelles on peut nager toute l’année et, bien sûr, la vallée des geysers. Ici, il n’y a pas de chemins de fer, ni de communication maritime régulière. Le transport aérien est meilleur moyen de s’y rendre. Notez que des éruptions volcaniques impromptues peuvent retarder les vols pendant plusieurs jours. Sur place, l’hélicoptère est le moyen de transport roi, car peu de routes sont asphaltées.
En bas : Le pont à haubans à travers la baie Zolotoï Rog (Corne d’or) à Vladivostok. À droite : 1. Le volcan Ilinski à Kamtchatka. 2. Les collines, les forêts et les rivières de Kamchatka.
Le district autonome de Tchoukotka Si la Terre était fi nalement plate, la Tchoukotka se trouverait littéralement à son extrémité. Ici, il n’y a pas de routes, l’unique bateau de transport de passagers peut rester coincé dans les glaces à toute période de l’année. Les locaux mangent des baleines et des morses et vivent dans de petits villages dispersés à travers l’immense toundra qui, en été, flamboie de couleurs vives et, en hiver, plonge dans la nuit éternelle, la neige, les terribles ve nt s a rc t ique s et le s au ror e s boréales. L’île d’Yttygran, située au sud-est de la Tchoukotka, abrite l’un des monu-
ments les plus énigmatiques de la culture arctique, l’Allée des Baleines.
L’oblast de Sakhaline L’oblast de Sakhaline comprend l’île de Sakhaline, les îles Kouriles et deux autres petites îles, Moneron et Tiouleni. Avant que l’Union soviétique ne récupère le sud de Sakhaline et les îles Kouriles appartenant alors au Japon, la ville d’Ioujno-Sakhalinsk portait le nom japonais Toyohara. Elle conserve à ce jour des traits japonais qui se mêlent de manière curieuse aux traits soviétiques. Les îles Kouriles abritent 40 volcans en activité connus et de nombreux monuments naturels.
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L’oblast de Magadan Les tristement célèbres Magadan et Kolyma restent à ce jour une contrée rude avec une histoire riche et douloureuse : le réseau de camps de travail pénitentiaires de Kolyma subsista jusqu’à la formation de l’oblast de Magadan en 1953. Aujourd’hui, la capitale de l’oblast est une ville dynamique avec de nombreux musées, restaurants, hôtels et un passé
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TASS
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Jeudi 1er octobre 2015
EXTRÊME-ORIENT RUSSE
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IAKOUTIE Vivre et survivre dans le village le plus froid de la Terre
Des éleveurs de rennes centenaires grâce à la magie du gel Le froid conserve, c’est bien connu. Preuve en sont les centenaires du village d’Oymyakon, connu comme le lieu habité de manière permanente le plus inhospitalier de la planète. DARIA GONZALES RBTH
Dans le dialecte du peuple local, les Tungus, « Oymyakon » signifie « fleuve non gelé » ou « l’endroit où les poissons passent l’hiver ». Dans le village, situé à 5 334 km à l’est de Moscou, l’eau du fleuve ne gèle pas. Mais ce n’est pas dû à la magie : le sol ici est gelé en permanence jusqu’à une profondeur de 5 000 pieds (environ 1 600 mètres) et sous la pression de la terre gelée, les eaux souterraines remontent à la surface. À une température de -60° C, le visage découvert d’une personne subit instantanément la morsure du froid. Il n’y a pas de vent ici, le temps est toujours ensoleillé, et seuls des chevaux trapus et poilus arpentent la toundra. En hiver, leurs poils épais poussent jusqu’à une longueur de quatre pouces (environ 12 cm) et la crinière ne couvre pas seulement leur encolure mais aussi leurs épaules. La plupart des voitures étrangères ne démarrent pas sous ces températures et les véhicules nationaux, comme l’Oural ou UAZ, fabriqués en Russie, nécessitent l’usage de chalumeaux pour démarrer. Tous les souvenirs en ville sont décorés du numéro -71,2 : la température enregistrée ici en 1926 par le géologue
soviétique Sergueï Obroutchev et consiÀ une temdérée comme le point le plus bas pospérature de sible. Mais malgré des conditions qui -60° C, le semblent inhumaines, la population locale a trouvé un compromis avec la visage dénature. couvert d’une Centenaires d’Orient personne est difficile de croire que des êtres subit instan- Il humains choisissent de vivre dans un tanément la environnement aussi hostile. Et y élèvent leurs enfants. Pourtant, les hamorsure du bitants d’Oymyakon sont réputés pour froid leur longévité exceptionnelle. Ils profitent de l’air pur et de l’eau limpide, d’un mode de vie actif et d’une nourriture saine. Leur régime est principalement composé de poisson, de viande de cheval et de produits laitiers. Ils compensent l’absence de légumes par la consommation de baies sauvages. Andreï Danilov, qui travaille toute sa vie comme éleveur de rennes, a 102 ans. Les maisons ne sont plus faites de peaux de rennes et Andreï vit donc dans une tente de toile dans la glace. Son père est mort à l’âge de 117 ans et sa mère à l’âge de 108 ans. Les amis d’Andreï, Aryan et Afrossinya, vivent dans une yourte. Récemment, à l’âge de 90 ans, ils ont adopté une petite fille, alors qu’ils n’ont jamais eu d’enfants. Aujourd’hui, ils élèvent tous deux du bétail. Ils affirment n’avoir jamais été malades de leur vie. Le couple explique cette santé de fer par deux produits laitiers locaux : le hayak et le kyortchekh. Le hayak a une couleur et un goût évoquant l’huile
REUTERS(2)
Spécialités glacées
Les habitants du village ont passé un compromis avec la nature et ont découvert le secret de la longévité.
épaisse. La recette du kyortchekh est semblable à celle de la glace : du lait de vache frais, battu avec des baies, partiellement gelé et transformé en gâteau.
Le plat le plus connu à Oymyakon est le stroganina, une sorte de sashimi sibérien. Il est préparé à base d’esturgeon, de cisco arctique et de colin pris au piège sous la glace. La préparation commence au moment de la pêche. Les pêcheurs Tungus tuent les poissons d’un seul coup adroit et les congèlent. Lorsque le poisson congelé est ramené de l’extérieur, on commence tout de suite à le couper en lamelles : le nom du plat vient du verbe « strogat » qui veut dire raser. Les lamelles doivent être séparées du poisson de façon à ce que chacune d’elles comporte une fine couche de graisse sous-cutanée. C’est cette couche qui contient des acides Omega-3, qui renforcent le cœur et ralentissent le vieillissement. Non seulement ces plats ne peuvent être préparés plus au Sud, mais ils ne peuvent pas non plus être exportés. Ils faut se rendre sur place pour l’apprécier, tout comme le soleil aveuglant, les éleveurs de rennes centenaires et les chevaux ressemblant à des ours.
PRIMORIÉ Rencontre avec les Nanaïs, autochtones de l'Extrême-Orient
Droits sortis d’un roman de Fenimore Cooper Le Primorié, région bordant l’océan Pacifique, fut rattaché à l’empire russe il y a plus de 150 ans. Qui peuplait ces terres avant l’arrivée des Russes et des Chinois et y vit encore aujourd’hui ? VASSILI AVTCHENKO POUR RBTH
Vers le milieu du XIXe siècle, quand les Chinois, puis les Russes, débarquèrent sur le territoire actuel du kraï du Primorié, plusieurs peuples y vivaient déjà : les Oudegeïs, les Nanaïs, les Orotches, ainsi que d’autres ethnies. Autrefois, on les appelait « allogènes », aujourd’hui – « minorités autochtones » d’Extrême-Orient. Ils appartiennent à la famille de peuples toungouses. Certains se sont urbanisés depuis longtemps, d’autres vivent toujours dans la taïga. Ce sont les habitants premiers du Primorié. Depuis toujours, la chasse et la pêche constituaient leurs principales occupations. Les chasseurs étaient d’excellents pisteurs et de bons tireurs. Les pêcheurs étaient des virtuoses du harpon et descendaient les rivières dans les canots qu’ils taillaient en bois (les petites barques s’appelaient « omorotchka », les barques de plusieurs places – « bati »). Ils faisaient leurs vêtements en peaux d’animaux et même en peau de poisson. Au XIXe siècle, les aborigènes établirent des relations commerciales avec les Chinois et les
M. BARABANOV/ RIA NOVOSTI
YURI MURAVIN /TASS
À gauche : Danse d’un chaman. À droite : Les chasseurs à taïga d’Oussouri.
Russes à qui ils achetaient les armes et la poudre en échange de fourrures. L’explorateur, scientifique et écrivain Vladimir Arseniev raconta la vie des aborigènes du Primorié au monde dans son livre Dersou Ouzala, intitulé ainsi d’après son ami et guide d’origine nanaïe. Arseniev qualifiait les aborigènes du Primorié de « communistes primitifs ». Il estimait que leur mode de vie et les relations entre eux et avec le monde étaient plus justes et naturelles que les coutumes européennes. Pour
Diaporama
Les Khantys, habitants de la taïga. lu.rbth.com/27453
les aborigènes du Primorié, tout était vivant, ils utilisaient le mot « humain » pour les animaux, le Soleil, le feu… Aujourd’hui, leur population a considérablement diminué. Il ne reste plus qu’entre 1 500 et 2 000 représentants des peuples premiers de la région. Ils vivent principalement dans les districts nord de la région – Terneïski, Krasnoarmeïski et Pojarski. Ces zones conservent encore une taïga pleine d’animaux sauvages, qui ne connaît presque pas la civilisation. Bien que
les populations parlant leur lanque natale « oudihe » soient désormais décimées, de nombreux Oudegeïs mènent toujours un mode de vie traditionnel. Les plus célèbres villages aborigènes sont Krasni Yar (près de 600 habitants) et Agzu (près de 200 habitants). Ces villages demeurent très difficiles d’accès, mais Krasni Yar y organise tous les ans un festival de la culture oudegeïe qui réunit de nombreux visiteurs, notamment japonais et coréens.
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EXTRÊME-ORIENT RUSSE
AVENTURE Découvrez les Kouriles et les îles septentrionales aux paysages spectaculaires
Des îles volcaniques à la beauté insoupçonnée
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Des forêts tropicales d’Extrême-Orient et Allées des Baleines à ciel ouvert aux monastères insulaires, voici une sélection des îles russes les plus pittoresques. DMITRI SEVASTIANOV POUR RBTH ALAMY;LORI/LEGION MEDIA
Itouroup Située tout près du Japon, Itouroup est la plus grande île de l’archipel des Kouriles. Comme toutes les îles Kouriles, elle s’est formée avec l’apparition d’un volcan sous-marin : sur le cap Inkito de l’île se trouve le « pays de la lave froide », qui permet de voir à quoi ressemblait l’archipel il y a des millions d’années. On peut voir à Itouroup neuf volcans en activité, l’une des plus grandes cascades de Russie, Ilya Mouromets (141 m), de nombreuses sources chaudes et lacs en ébullition.
L’Île Wrangel L’île, d’une superficie de 7 510 kilomètres carrés, est traversée par le 180e méridien, et est le jumeau nordique des îles Galapagos : malgré le climat difficile, et même en grande partie grâce à lui, elle est restée un oasis de nature sauvage. L’île Wrangel est le champion du monde en quantité de tanières d’ours blancs. De plus, c’est ici que s’est installée la plus grande population mondiale de morses de l’océan Pacifique, et la seule colonie de reproduction d’oies blanches en Asie. Selon les paléontologues, l’île Wrangel était aussi le dernier bastion des mammouths laineux. Une sous-espèce naine y survécut jusqu’au XVIIIe siècle av. J.C., 6 000 ans après l’extinction des mammouths dans tous les autres coins de la planète.
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L’Île Ratmanov (Grande Diomède)
En ligne
Découvrez les Kouriles du Sur, terre de méditation. lu.rbth.com/33433
Point le plus oriental de la Russie, l’île Ratmanov est située au milieu du détroit de Béring, à seulement 3,7 kilomètres du territoire des États-Unis, l’île Krusenstern. On y trouve l’un des plus grands rassemblements d’oiseaux de la région, avec plus de 4 millions d’individus. En juin 1976, on y aperçut même un colibri roux, la seule espèce de colibris à avoir été relevée en Russie.
Staritsky (440m). Des centaines d’oiseaux rares se sont installés en toute liberté sur les plages de rochers, les poissons locaux ne craignent pas l’homme non plus. Mais le plus grand intérêt de Moneron est son monde sous-marin. C’est précisément la faune marine de l’île que les écologistes s’efforcent de sauver pardessus tout : certaines espèces sousmarines n’existent nulle part ailleurs en Russie.
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1. L’Île Wrangel. 2. L’île Yttygran. 3. L’Île Ratmanov. 4. Les morses de l’océan Pacifique sur l’île Wrangel.
Yttygran Moneron Depuis la mer, l’île russe au nom français de Moneron rappelle les paysages de la série Lost. Elle est si petite que la parcourir à pied prend de 5 à 6 heures, même en comprenant l’ascension au point culminant de l’île, le mont
Dans le détroit de Béring, près de la baie de Providenia, se trouve la petite île montagneuse d’Yttygran. C’est ici que se trouve la célèbre Allée des Baleines, un monument unique témoignant de la culture des anciens baleiniers. Le début de sa construction est
daté approximativement au XIVe siècle. Elle est constituée de deux rangées parallèles s’étendant sur 300 mètres. La rangée la plus proche de la mer est formée de crânes de baleines du Groenland. Plus haut sur la pente s’étend la rangée des mâchoires de baleine, enterrées verticalement et s’élevant à 4 ou 5 mètres au-dessus du sol, tout en s’enfonçant dans le sol de cinquante centimètres. Le poids d’une seule de ces mâchoi res est de 250 à 300 kilogrammes.
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Ensemble architectural de la laure de la Trinité-Saint Serge à Serguïev Possad
Kremlin et place Rouge
Cathédrale Saint-Basile
L’adresse russe la plus célèbre ne démérite pas avec ses portes majestueuses, ses dômes imposants, sa symbolique fleurie et son clocher légendaire. Centre du pouvoir russe depuis le XIIIe siècle et jusqu’à la fondation de Saint-Pétersbourg au début du XVIIe siècle, le Kremlin fut un centre religieux important et la résidence des Grands Princes de la Russie.
C’est, sans doute, le symbole le plus reconnaissable de la Russie, avec ses dômes tourbillonnants en forme d’oignon qui s’élancent dans le ciel. La place Rouge est considérée la principale place de Moscou, car c’est ici que convergent les axes routiers principaux de la ville.
Située près de Moscou, la ville de Serguïev Possad est célèbre pour son monastère de la Trinité fondé au XIVe siècle par le moine Serge de Radonège. Le prince Dimitri Donskoï se rendit au monastère à la veille de la bataille de Koulikovo pour prier pour la victoire. En 1744, le monastère fut promu au rang de « Laure », le plus élevé. Le célèbre peintre d’icônes Andreï Roublev créa de nombreuses icônes uniques dans les murs de ce monastère.
welcome.mos
Église de l’Ascension à Kolomenskoye
Ensemble du couvent Novodievitchi
Cette église fut érigée en 1532 dans le domaine royal (à l’intérieur des frontières actuelles de Moscou) en commémoration de la naissance du prince qui devait devenir Ivan IV le Terrible. C’est la première église à toits en pavillon sur une structure de pierre construite en Russie qui eut une grande influence sur l’architecture orthodoxe.
Le couvent fut fondé en 1520 par le grand-duc Vassili III. Ses intérieurs se distinguent par leurs fresques ornées, parmi les plus raffinées de la ville. Le couvent abrite de nombreuses églises, mais la cathédrale Smolenski à cinq dômes, érigée en 1524-1525, est la plus célèbre. Aujourd’hui, le cimetière est le lieu du dernier repos de nombreuses personnalités de l’histoire russe, dont l’écrivain Anton Tchekhov, le réalisateur Sergueï Eisenstein et le 1er président russe Boris Eltsine.