Notice de PFE / Habiter la Vallée de la Chimie

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CO-HABITER AU SEIN DE LA VALLÉE DE LA CHIMIE : La possibilité d’une mixité programmatique



CO-HABITER AU SEIN DE LA VALLÉE DE LA CHIMIE : La possibilité d’une mixité programmatique Laura ROUDEIX Projet de Fin d’Études Stratégies et Pratiques Architecturales Avancées D.E : Noune Tchilingarian E.N.S.A.L 2015/2016


SOMMAIRE

I + L’Archipel de la Vallée de la Chimie 1 / Des obstacles n/s infranchissables 2 / Des communes mises a distance 3 / Un patrimoine naturel ignoré 4 / Des communes mises a distance 5 / Les îles de l’Archipel 6 / Les outils du désenclavement 7 / Scénarios

II + émergence : Fabrication d’un contexte 1 / Un site / une interface 2 / Accessibilité et mixité programmatique 3 / Vers un parc habité


III + Genèse du projet architectural : A partir du site 1 / Trois enjeux 2 / Habiter le parc 3 / Se protéger 4 / Organiser la mixité 5 / Construire/déconstruire l’îlot

IV + Habiter l’entre-deux 1 / Situations 2 / Signifier l’entre-deux 3 / Se protéger - Matérialités


INTRODUCTION

Cette notice a pour but d’illustrer la continuité entre l’analyse territoriale menée au cours du semestre 1 sur la Vallée de la Chimie, et l’aboutissement au projet architectural. Elle a pour objectif de retracer les questionnements qui ont nourrit et orienté le projet tout au long de l’année. Elle résume à la fois la lecture que nous avons eu du territoire, les enjeux urbains du site sélectionné, et les réponses architecturales proposées en conséquences.

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Si l’analyse nous a dans un premier temps permis de cibler une entrée de lecture et de compréhension du territoire, elle nous a également conduit aux choix des scénarios et des sites d’intervention. Ainsi, le projet architecturale tire ses enjeux et ses caractéristiques de cette première lecture pour se concrétiser par la formalisation d’une spatialité et d’une matérialité en cohérence avec ces derniers. Cette approche préfère au schéma linéaire de pensée un processus interactif rythmée d’aller-retours et d’imbrications entre les échelles. La première partie d’Analyse est le fruit d’un travail de groupe, les éléments présentés de la stratégie urbaine sont la synthétisation et la réappropriation d’une stratégie urbaine menée à quatre, tandis que le projet architectural est entièrement personnel. 7


I + L’ARCHIPEL DE LA VALLÉE De la Chimie

Après la visite de différents sites dans la vallée de la chimie, ils nous a semblé être face à un territoire morcelé, dans lequel co-existent de façon autonome des espaces de nature très différente. Ces fragments de ville représentent les îles de ce que nous avons appeler l’Archipel de la Vallé de la Chimie. Les deux types d’enclaves les plus représentatives de cet archipel sont les grandes surfaces industrielles, situées dans les parcelles les plus proches du Rhône, et les parties habitées, sous la forme des bourgs et des zones résidentielles.

Après analyse, sur place et cartographiée, nous avons pu identifier et nommer trois types d’éléments qui caractérisent la vallée et favorisent une telle partition du territoire : des infrastructures lourdes telles que l’A7 ou la voie ferrée, une topographie marquée, et des limites constructives restrictives instaurées par le PPRT (Plan De Prévention des Risques Technologiques). Cette analyse questionne les outils de développement disponibles dans le territoire afin d’amorcer un décloisonnement des activités qui y prennent place. A droite : Une carte qui illustre la partition du territoire entre vallée habitée et valéle productive.

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DES OBSTACLES N/S INFRANCHISSABLES

Le premier facteur contraignant de la vallée de la chimie est sa position d’entrée de ville. Placées au sud de Lyon, les communes en question sont traversées par de lourdes infrastructures telles que l’autoroute A7, le périphérique urbain, les voies départementales, les voies ferrées reliant le sud-est à Lyon, puis à Paris et au nordest de la France. Ces couloirs de circulation lacèrent la vallée de manière longitudinale. En nous rendant dans plusieurs lieux au sein de la Vallée, en vélo, en voiture puis en train, certains constats nous sont apparus. En vélo tout comme à pied, à partir du port de Gerland, les berges du Rhône sont très difficiles d’accès. Si les déplacements Nord/Sud sont relativement possibles, se déplacer transversalement dans la vallée pointe de nombreuses difficultés, notamment par l’absence de bas cotés pour vélo et/ou piéton. 10

Franchir les infrastructures (N/S) n’est possible que très ponctuellement, ce qui demande une bonne connaissance des lieux, et les espaces qui en résultent (ponts, tunnels, etc) sont souvent délaissés, mal entretenus, en état de friches. Les bourgs des communes restent les endroits les plus praticables à pied et à vélo, sans donner une réelle possibilité de les relier entre elles (absence d’accotement, passage fréquent de poids lourds), ce qui a pour conséquence de créer des enclaves de vie, séparées par des espaces indéfinis souvent en friche. Depuis les grands axes de circulation automobiles, il existe très peu de point d’entrée dans les communes, et ces entrées se font principalement par les zones industrielles situées dans la partie basse de la vallée. Les voiries secondaires sont toujours très larges et on y croise beaucoup de camions et poids lourds.


A droite : Carte des infrastructures majeures de la vallée dont le Rhône. A Gauche : + Photographie de l’autoroute A7 depuis un pont. +Photographie de la voie Ferrée traversant Saint-Fons

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DES COMMUNES MISES A DISTANCE

(M) Constructions possibles sous conditions. Prescriptions obligatoires pour ERP et industries. Pas d’ERP difficilement évacuable .

DISTANCE D’ÉLOIGNEMENT

(M+) Quelques constructions possibles sous réserve de remplir une des deux conditions suivantes : • Aménagement de constructions existantes non destinées à accueillir de nouvelles populations • Constructions, en faible densité, des dents creuses (F) Principe d’interdiction avec quelques aménagements. Construction d’infrastructures de transport autorisée uniquement pour les fonctions de desserte de la zone. Extensions liées à l’activité à l’origine du risque autorisées.

(TF) Principe d’interdiction stricte. Extensions liées à l’activité à l’origine du risque autorisées.

SITE A RISQUES

Frise qui détaille les conditions restrictives de construction aux abords des sites à risques. Source :http://www.developpement-durable.gouv.fr/

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La présence du PPRT, Plan de Prévention des Risques Technologiques, délimite les zones constructibles à proximité des usines et conditionne la répartition des usages et l’accessibilité de certains territoires. Cette réglementation favorise la partition programmatique de la vallée, à savoir les parcelles des usines situées en bordure du fleuve, les Zones industrielles sur les plaines, et enfin les bourgs habités sur les plateaux.


Carte des sites à risques et des périmètres instaurés par le Plan de Prévention des Risques Technologiques.

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UN PATRIMOINE NATUREL IGNORÉ

Comme expliqué précédemment, la topographie de la vallée (berges/plaines/balmes/plateaux) correspond également au découpage programmatique de la vallée, mais offre un patrimoine naturel plus que qualitatif.

+ Les balmes, de part leur forte déclivité, restent les parties les moins constructibles et donc les plus préservées. + Les berges, le long desquelles des cheminements sont tracés, restent également qualitatives et permettent la mise à distance des usines par rapport au fleuve.

Photographie des Berges du Rhône (Crédit L.Roudeix)

Photographie des Balmes à Feyzin (Crédit L.Roudeix)

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+ L’aspect résidentiel des plateaux permet une certaine continuité naturelle grâce aux parcs et aux jardins individuels. + Sur les plaines en contre-bas, la nature reste au stade résiduelle, d’entre deux, ou de friches. Il s’agit de poches naturelles entre les plate-formes bitumées des usines qui occupent des surfaces au sol importantes.


Carte qui souligne les limites topographiques.

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LES ÎLES DE L’ARCHIPEL

C’est cette partition du territoire, esquissée dans les pages précédentes, qui nous a conduit à nommer cet ensemble de poches mono-fonctionnelles l’Archipel de la Vallée de la Chimie. Les enclaves sont assimilée à des îles, car elle n’entretiennent pas de relations entre elles et disposent de leur propre logique morphologique et fonctionnelle :

- Les emprises des grandes usines (Total, Arkema, Axel’one, etc), hermétiques avec un point d’entrée unique et relié directement à l’autoroute. - Les zones industrielles, plus fragmentées mais aux parcelles souvent clôturées, desservies par un réseau secondaire fonctionnel, large et peu adapté aux piétons.

Chacune avec son propre tissu parcellaire, sa volumétrie et sa densité bâtie, sa temporalité d’activité, etc..

- Les bourgs et leurs quartiers résidentiels, de faible densité, abritant commerces et services, dans lesquels les modèles du pavillonnaire et du petit collectif sont prédominants.

On peut ainsi reconnaître quatre types «d’îles» qui, à défaut de cohabiter, se côtoient de manière autonome dans la vallée : 16

- Des espaces vides résiduels dans lesquels la nature évolue de manière spontanée.


BERGES

FLEUVE

A7

A7

Les grandes usines : + «Méga» parcelles minéralisées + Point d’entrée unique relié directement à au moins une infrastructure majeure

Les Zones Industrielles : + Grandes parcelles minéralisées cloturées + Desservies par un réseau secondaire large relié à l’autoroute.

BALMES

FRICHES

VOIE FERREE

VOIE FERREE

QUARTIERS RESIDENTIELS

A7

BOURG (Feyzin)

Les vides paysagers : + D’anciennes parcelles industrielles en friches cloisonnées et donc souvent innaccessibles.

Les bourgs des communes : + Petites parcelles de type faubourg + Souvent mis a distance des infrastructures par des épaisseurs paysagères

Exemples d’îles extraits de la commune de Feyzin

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LES OUTILS DU DESENCLAVEMENT

Après le constat puis l’analyse des conditions de cette partition programmatique, nous avons pu déterminer trois types d’actions, en réponse aux contraintes précédemment citées, pouvant transformer ces limites en qualités pour ces espaces. Ces différents outils sont souvent déjà présents dans la vallée, mais peu exploités comme éléments de valorisation du territoire. Il s’agit, en réponse aux nuisances apportées par les infrastructures, de développer les mobilités, à savoir l’accessibilité des différents sites, en s’appuyant sur le réseau actuel et en améliorant les jonctions piétonnes et modes doux jusqu’aux zones plus industrielles. 18

Afin de mettre en valeur le patrimoine naturel de la vallée, il s’agirait de rendre accessibles - voir habitables - les vides au caractère de friche, pour les faire contribuer à un environnement et une image plus qualitatifs. Enfin, il s’agira d’exploiter les «failles» et les entre-deux des périmètres instaurés par le PPRT afin d’en amorcer ou développer l’urbanisation, en favorisant la diversité des programmes et des types d’habitats.


Rendre les différentes enclaves plus perméables et donc accessibles à l’échelle locale comme métropolitaine. + Renforcer le transport de voyageurs ferroviaire, faciliter la desserte en transports en commun, améliorer les tracés et aménagements pour les modes doux.

Mettre en valeur le patrimoine naturel existant. + Du paysage contourné et délaissé des friches à un paysage approprié et habité.

Apporter une nouvelle forme de mixité programmatique par l’apport de supports aux nouvelles entreprises, de services destinés aux habitants comme aux salariés des entreprises, et une pluralité de typologies d’habitat (individuel, intermédiaire, collectif, social, accession, etc.) 19


SCÉNARIOS : BOURGS ET FRICHES

Sur les quatre enclaves citées précédemment, il nous a semblé que deux parmi elles pouvaient constituer des supports possibles de projet, en raison de leur caractère habitable d’une part, et des opportunités constructibles qu’elles présentent grâce à leurs localisations vis-à-vis des restrictions du PPRT d’une autre : + Les Bourgs industriels, qui présentent une activité déjà effective et qui pourraient constituer les piliers d’une ouverture vers la partie industrielle de la vallée. + Les vides paysagers, pouvant devenir de nouvelles polarités intermédiaires, articuler les parties habitées à la vallée productive, et amorcer une nouvelle forme de mixité programmatique. 20

Nous avons choisi ces deux catégories de sites parce qu’ils sont porteurs d’enjeux pour l’articulation des espaces de travail et des zones résidentielles, et qu’ils pourraient amorcer un désenclavement des espaces de vie de la vallée de la chimie.


LES BOURGS

Qautres bourgs de la vallée : Pierre-Bénite, SaintFons, Irigny, Feyzin

LES VIDES INDUSTRIELS

Les vides de la vallée : situés majoritairement parmis les parcelles industrielles des plaines.

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SCENARIOS : INFILTRATION ET EMERGENCE

Pour cibler nos interventions nous avons choisi de travailler sur deux communes situées à proximité des limites entre la vallée productive (usines et zones industrielles) et la vallée habitée (bourgs et quartiers résidentiels) : Saint-Fons et Feyzin. Nous avons ainsi proposé deux scénarios complémentaires : - Intervenir au sein d’un bourg déjà actif, Saint-Fons, en y développant la diversité d’habitat et de services, afin de diffuser cette activité jusqu’aux parcelles industrielles de l’autre coté de la voie ferrée. C’est ce que nous appellerons le scénario INFILTRATION. - Fabriquer un milieu habitable au sein d’un vide paysager situé à Feyzin, dans lequel pourraient cohabiter de nouvelles entreprises et de nouvelles formes d’habitats. Ce que nous appellerons le scénario ÉMERGENCE. 22

C’est ce dernier scénario de l’ÉMERGENCE qui nous mènera à la proposition d’une stratégie urbaine puis d’un projet architectural au sein du site mentionné à Feyzin.


INFILTRATION : Renforcer l’ouverture et la mixité des bourgs actifs

ÉMERGENCE : Apporter de nouvelles activités au sein de vides délaissés SCÉNARIO DÉVELOPPÉ

Zones d’interventipons Limite entre la vallée productive et la vallée habitée

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Situé au nord de la commune de Feyzin, dans le prolongement d’une zone industrielle, le site se caractérise avant tout par la présence d’une parcelle anciennement industrielle, aujourd’hui en état de friche, et de l’entreprise Air Liquide plus au nord. Détachées des plateaux habités et du bourg plus au sud, les parcelles, ainsi que les voiries qui les desservent, sont caractéristiques d’une zone industrielle. L’enjeu de cette proposition sera de fabriquer les conditions qui permettront l’émergence d’une nouvelle forme d’urbanité dans un site aujourd’hui délaissé. Il s’agira de déterminer quelles peuvent être les actions clés qui permettront de faire d’une zone industrielle un milieu habité.

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II + Émergence Fabrication d’un contexte


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Un site / une interface

Le site que nous avons choisi se situe au Nord de la commune de Feyzin. Nous l’avons choisi pour sa qualité de friche industrielle, et la diversité des types d’îles, relevées dans notre analyse, qui l’entourent. Inclue dans la Zone Industrielle du Château de l’Isle plus au sud, cette friche constitue un espace indéfini, une ellipse entre les entreprises moyennes de logistique et l’usine d’Air Liquide au Nord. 26


Air Liquide Site

FEYZIN - BOURG BAS

FEYZIN BOURG BAS

Le bourg bas de Feyzin est une figure d’exception dans la vallée de chimie : il est le seul foyer urbain implanté sur les plaines et non sur les plateaux. On y trouve de l’habitat peu dense, des commerces et des services.

Air Liquide Site

ZONE INDUSTRIELLE du Château de l’Isle ZONE INDUSTRIELLE

Feyzin accueille un grand nombre d’entreprises de logistiques et de transports, en raison notamment de sa position stratégique à proximité de l’autoroute et des transports ferroviaires.

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Un site / une interface Anciennement relié au quartier de la tour à l’est par un passage à niveau, le site garde une trace du petit parcellaire des plateaux habités. Les habitations sur les balmes disposent d’une vue plongeante sur cette friche en contre-bas. Au nord, de l’autre coté du boulevard urbain sud, les grandes entreprises implantées à Feyzin, Solvay et Bluestar Silicons. Et enfin à l’ouest, le site de la raffinerie Total. A travers ce portrait hétérogène, Feyzin apparaît comme la concentration de différentes entités plus ou moins urbaines, qui coexistent sans pour autant interagir entre elles.

Schéma de l’articulation possible entre les différentes enclaves qui bordent le site

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Notre site, quant à lui, constitue une île à la logique encore indéfinie, en devenir. Il s’agirait d’y développer la possibilité d’une cohabitation entre la vallée travaillée et la vallée habitée.


Site

PLATEAU HABITÉ - FEYZIN HAUT PLATEAU HABITÉ

Anciennement intégré au quartier de La Tour, notre site conserve des traces du parcellaire faubourien.

Site

GRANDES INDUSTRIES

GRANDES INDUSTRIES La raffinerie, à l’ouest, et Solvay, au nord, sont mis à distance par l’autoroute mais marquent l’histoire et le paysage de Feyzin. Il s’agit d’enclaves monofonctionnelles hermétiques.

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Un site en devenir

Il s’agit de projeter dans ce site un milieu habité, porté par une mixité programmatique nouvelle, permettant notamment la cohabitation d’entreprises et d’habitat. Cette volonté s’inscrit en continuité des prescriptions proposées par la mairie de Feyzin et du Grand Lyon : Dans le Plan d’Occupation des Sols (POS) de l’agglomération, ainsi que dans le PLU de la commune, le site est classé en tant que zone AU1, soit «zone à caractère naturelle destinée à être urbanisée à court terme à vocation mixte»1. Son développement est anticipé grâce à la projection du démantèlement de la raffinerie de Feyzin, qui offrirait plus de souplesses quant aux prescriptions du PPRT aujourd’hui en vigueur. 1 Plan Local d’Urbanisme de Feyzin : http://plu.grandlyon.com/

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Quelles actions pourraient alors permettre l’émergence d’une urbanité mixte au sein de la partie basse de la vallée, à l’image du bourg bas de Feyzin?


Carte des risques technologiques dans la vallĂŠe - POS Grand Lyon, 2003

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Accessibilité et mixité programmatique

Dans la continuité du projet du train de banlieue, proposé en collaboration entre le Grand Lyon et OMA pour desservir le sud de l’agglomération, nous proposons l’implantation d’un des arrêts de ce tram à l’ancien emplacement du passage à niveau qui reliait les parties plaines et plateaux de Feyzin (1). Ce nouveau point d’entrée sur la commune permet d’amorcer l’émergence d’une nouvelle polarité urbaine, soit d’un quartier, de supporter de nouveaux programmes dynamiques tels que des services ou des commerces, et de permettre l’apport d’une nouvelle connexion piétonne entre les plaines et le haut des balmes. 32

L’enjeu est de créer un environnement attractif à la fois pour de nouvelles entreprises et de nouveaux habitants aux profils variés. A la recherche d’une complémentarité avec le bourg existant de Feyzin, ce nouveau quartier proposerait des services destinés aux habitants de la commune comme aux salariés des entreprises environnantes. Des réseaux modes doux pourraient ensuite être développés entre le Bourg, le nouveau quartier, et Saint-Fons.


Vers SAINT-FONS

(1)

École Primaire Équipements sportifs Nouvel arrêt Tram-Train

Centre de Recherche et Innovation de SOLVAY.

Nouveaux programmes :

(A7)

Voie ferrée

+ Locaux pour nouvelles entreprises logistiques et recherches : Bureaux/ laboratoires + Services : Gare, crèche, cafétéria, etc + Habitat plus dense et intermédiaire. + Logements de courte durée.

Gare SNCF de Feyzin

Vers SOLAIZE, GIVORS, puis VIENNE

Schéma de l’implantation du nouvel arrêt au sein du contexte de la commune de Feyzin.

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Vers un paysage habité

Malgré la présence d’infrastructures lourdes, le site jouit d’un patrimoine naturel riche : à l’ouest les espaces interstitiels de l’autoroute (1), et à l’est la déclivité boisée des balmes (2). Ces deux paysages constituent l’arrière plan d’un milieu lui aussi naturel, celui de la friche qui occupe la plus grande parcelle centrale du site (3). Dans ce délaissé, nous projetons les qualités d’un paysage habité, d’un parc où la nature pourrait être en partie maîtrisée afin d’accueillir des usages de loisirs, tels que la promenade, le sport, etc. Ce parc contribuerait ainsi à la qualité paysagère et d’usages du lieu, faisant du site un milieu concurentiel pour l’habitat comme pour l’implantation de nouvelle entreprises. 34


Aires de pique nique

(3) (1)

Jeux

(2)

Petite agriculture

Promenade

Sports / loisirs

Schéma des paysages perçus (1 et 2), et du parc habité (3).

La friche actuelle sur le site (Google Earth)

Photographie des Balmes à Feyzin (Crédit L.Roudeix)

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Deux zones clés aux enjeux différents

Pour terminer, nous avons déterminé deux zones aux enjeux de développement distincts : + A l’ouest, compris entre la nature résiduelle de l’autoroute et le futur parc aménagé, une programmation majoritairement industrielle en lien avec la nouvelle voirie fonctionnelle et la zone industrielle au sud, associée à de nouvelles formes d’habitats. (1) + A l’est, l’amorce d’un nouveau quartier qui cumule services et logements collectifs, en lien avec la nouvelle entrée que constitue l’arrêt du tram train. (2) 36

Les points communs au développement de ces deux zones sont l’accent mis sur l’espace public en tant que support d’une mixité programmatique nouvelle, l’intégration de l’espace naturel du parc dans les spatialités proposées, et une gestion plus maîtrisée de la desserte automobile. C’est la partie numéro 2, entre le parc et la voie ferrée, que j’ai choisi comme support du projet architectural. La partie suivante a pour but de retracer mon questionnement au sujet du type de forme urbaine pouvant devenir le support d’une mixité programmatique et conférer à cette île son identité, son «code génétique».


(2)

(1)

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PHOTOS DU SITE

(1)

(2) (3)

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1 / Vue vers le boulevard urbain, Ă gauche Air Liquide (photo personnelle)

2 / Vue vers les balmes, au premier plan la voie ferrĂŠe (photo personnelle)

3 / Vue sur la friche (photo personnelle)

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III + GENÈSE DU PROJET ARCHITECTURAL A partir du site

Dans un site détaché des références traditionnelles des bourgs ou des zones résidentielles, il s’agit de s’appuyer sur les éléments de contexte que nous avons souligné, ou créé, dans les parties précédentes. Ainsi, trois données du site servent à fabriquer les enjeux du nouveau quartier : + La présence de la voie ferrée et des nuisances sonores qui l’accompagnent.

A quelle(s) référence(s) archétypale(s) urbaine(s) et architecturale(s) faire appel dans la morpho-genèse d’un projet situé en zone industrielle? 40

+ Le nouvel arrêt de Tram train qui constitue une nouvelle entrée dans le quartier. + Et enfin la transformation de la friche naturelle en parc rendu accessible.


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CONTEXTE ET INTENTIONS

Ces premières données de base permettent d’aboutir aux premières orientations du projet, à savoir, + Se servir de l’arrêt du train pour générer une polarité urbaine concentrant de nouveaux services. La proximité avec les transports, notamment reliés à la ville de Lyon, rend le site attractif pour des entreprises nouvelles et des habitants potentiels. + Favoriser l’insertion de bâtiments en réelle relation avec le parc, grâce à des jardins domestiques en rez-de-chaussée, et des ouvertures offrant des vues sur le parc et le paysage industriel de la vallée. + Se protéger par un élément construit des nuisances apportées par la voie ferrée, permettant l’apport d’espaces apaisés au sein du parc. 42


LA GARE

ORGANISER LA MIXITÉ

Apporter une diversité de logements, d’emplois et de services, s’appuyer sur l’espace public pour gérer l’interface entre les différents profils d’usagers (habitants/travailleurs), les temporalités, et permettre l’appropriation du lieu.

LE PARC

HABITER LE PARC

Par l’apport d’espaces extérieurs orientés vers le parc (jardins et terrasses et balcons), et d’ouvertures choisies vers le paysage de la vallée.

LA VOIE FERREE

SE PROTÉGER

Par la forme des bâtiments, les matériaux et/ou des espaces tampons.

Coupe schématique des enjeux de projets 43


HABITER LE PARC Tiers Paysage

«Le Tiers-Paysage [...] désigne la somme des espaces où l’homme abandonne l’évolution du paysage à la seule nature. Il concerne les délaissés urbains ou ruraux, les espaces de transition, les friches, marais, landes, tourbières, mais aussi les bords de route, rives, talus de voies ferrées, etc … [...] Le Tiers-Paysage intéresse le professionnel de l’aménagement, le concepteur, en ce qu’il l’amène à inclure au projet une part d’espace non aménagé ou encore à désigner comme espace d’utilité publique les délaissés que génère, quoi qu’on fasse, tout aménagement.» Gilles Clément, Le Manifeste du Tiers-Paysage, 2003, Editions Sujet/Objet. 44

Déjà au cours du premier semestre, nous avons porté une attention à la qualité du paysage spontané présent sur la friche. Il est proposé de conserver en partie le caractère inaccessible de cette nature sauvage, en n’intervenant pas ou très peu sur son développement. Seul des cheminements permettrait de s’y déplacer, reliant des poches dégagées pouvant accueillir des usages de loisirs : promenade, jeux pour enfants, sports, etc. Directement inspiré de la notion du Tiers paysage développée par le paysagiste Gilles Cléments, il s’agit de proposer une variété d’espaces, allant du jardin domestique au paysage perçut inaccessible, en passant par des paysages habités libres d’accès.


Photographies des jardins de l’ENS à Lyon, http://jardin.ens-lyon.fr/

Photographie du Red Ribbon Park, à Qinhuangdao city en Chine. Un élément de mobilier minimaliste permet de déambuler au sein du paysage laissé naturel. Le tiers paysages en devient en partie accessible et offre au cheminement un usage contemplatif.

Photomontage intentions pour le parc

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HABITER LE PARC Espace public Voirie de la zone industrielle : Fonction de circulation et de desserte

Afin de mettre en valeur le parc comme un espace «habité», un travail est également effectué sur l’aménagement des voiries. Aujourd’hui le site est traversé par une voie issue du tissu industriel (2), large et dépourvue d’accotement, ce qui favorise les déplacements rapides (limitation à 70 km/h vs 50 dans un bourg), et la rend peu praticable aux piétons et vélos. Un ancien tracé parcellaire à l’ouest est prolongé et devient une nouvelle voirie aux fonctions industrielles (1), tandis que la route principale actuelle est déportée le long de la voie ferrée (3). Cette dernière modification permettrait aux futurs bâtiments de s’implanter au sein de la nature du parc. 46

Nous proposons de redonner à la voirie sa qualité sociale de rue, d’espace public. Pour cela, et parce que le site ne se trouve pas dans le contexte urbain du bourg, il est proposé un compromis qui permettrait de dissocier l’espace de circulation automobile des nouveaux flux piétons (nouveaux habitants/travailleurs).


La rue traditionnelle : Lieu d’échange et d’usages, destiné au piéton

Le compromis : L’espace public est dissocié de la voie de circulation.

(3) (2)

(1)

Schéma de la transformation des voiries.

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HABITER LE PARC Espace public

Ce dispositif permet de générer un espace linéaire de promenade public, mettant en lien différentes entités urbaines. Les volumes bâtis s’articuleraient le long de ce cheminement, tout en ayant leur rez-de-chaussée en contact direct avec la végétation du parc. Les bâtiments qui accueillent du logement pourraient disposer de jardins privatifs au sein du parc. Les accès se faisant à partir de cet espace longiligne, cela permet de limiter les emprises au sol des bâtiments.

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Habiter le parc implique également de limiter la minéralisation des sols.

Arrêt Tram-Train

Espace public d’arrivée «Place» VOIE FERRÉE VOIE AUTOMOBILE DÉPLACÉE ESPACE PUBLIC LINÉAIRE «PROMENADE» EMPRISE BÂTIE

N

Shématisation du principe d’un espace de promenade piétonne linéaire qui relie les bâtimenst entre eux.

Extrait coupe longitudinale Nord/Sud qui illustre l’intégration des espaces paysagers entre les bâtiments 1 :500 - Version projet au 01/04

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SE PROTÉGER DE LA VOIE FERRÉE Par quels moyens?

En raison de la proximité de la voie ferrée, la question sonore se pose et les solutions existent à l’échelle urbaine, par la disposition des bâtiments, comme architecturale, par la répartition des pièces et le choix des matériaux. Faire d’un bâtiment l’écran protecteur permet aux espaces de l’autre coté des ambiances plus silencieuses. Les espaces annexes, espaces extérieurs, coursives, jardins d’hiver, placés le long des façades exposées permettent la mise à distance des logements vis-à-vis de la voie ferrée. 50

Enfin, cetains matériaux sont en capacité d’absorber les fréquences sonores grâce à un effet de compacité, comme la pierre, le béton, et tout matériau massif. Le choix du revêtement peut également avoir un impact sur la réverbération du son au contact de la façade.


LE bâtiment protecteur

L’espace tampon

LE MUR PROTECTEUR

Exemple :

Exemple :

Exemple :

BURGOS & GARRIDO ARQUITECTOS Logements sociaux à Carabanchel, Espagne

Scheiwiller Svensson Arkitektkontor Logements étudiants à Stockholm

EM2N Logements à Zurich, Suisse

Le bâtiment en forme de peigne forme une barrière face à la voie ferrée, et créer de cette manière des intériorités protégées du bruit.

Plan schématique

Le bâtiment est d’une forme simple mais des coursives se superposent le long de la façade coté voie ferrée, donnant l’impression d’un second volume greffé à celui des logements.

Plan schématique

Le bâtiment, en plus d’agir comme écran protecteur d’un îlot, utilise l’effet de masse du béton sur la façade coté voie ferrée, avec des murs de 60 cm d’épaisseur.

Plan schématique

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SE PROTÉGER DE LA VOIE FERRÉE Par quels moyens?

Durant les différentes phases de conception du projet, plusieurs de ces solutions ont été proposées, dont l’une étant devenue une des clés de la recherche formelle à l’échelle urbaine : le bâtiment protecteur contre la voie ferrée. Cette disposition bâtie permet en effet une hiérarchie dans les espaces, dans leurs statuts et leurs ambiances, et, se répétant le long de l’espace piéton développé précédemment, permet des séquences d’espaces aux qualités différentes. On assiste à l’alternance entre des espaces ouverts, dans un continuité visuelle entre le parc et les balmes (coupe B), et des espaces plus clos, protégés, tournés vers le parc (coupe A). 52

Ce bâtiment concentre les programmes de bureaux et/ou services et certains logements étudiés en conséquence. Les deux autres bâtiments placés cotés parc sont quant à eux majoritairement de l’habitat. La question de la mise à distance des logements vis-à-vis de la façade et de la matérialité ont également été abordées à différents moments de la conception, et seront développées dans la dernière partie de cette notice.


Coupe schématique A

Coupe schématique B

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ORGANISER LA MIXITÉ Quelle mixité?

Afin de proposer une dynamique différente du bourg et de la zone industrielle, il s’agit de permettre la cohabitation des temporalités et des usages induits par le logement et la présence d’activités professionnelles. Pour appliquer une dimension plus urbaine, il est proposé d’importer de nouvelles formes d’entreprises, moins bruyantes et encombrantes, plus facilement associables à de l’habitat sous la forme de bureaux. 54

Pour l’habitat, il s’agit de diversifier l’offre, en proposant des logements spacieux pour les familles, comme des typologies plus restreintes pour répondre aux profils des jeunes professionnels mobiles par exemple. Également, proposer des typologies reprenant les qualités de l’individuel que l’on trouve en périphérie, notamment avec des espaces extérieurs généreux, mais avec une densité plus importante, tel que l’habitat intermédiaire, peu présent dans la vallée. Enfin, des services destinés aux habitants comme aux salariés pourraient permettre une certaine cohabitation dans la temporalité du quotidien.


ENTREPRISES

Logement individuel et petits collectifs

Logistiques / stockage / transformation. Ateliers, entrepôts et quelques bureaux.

VERS UNE ÉCHELLE PLUS MÉTROPOLITAINE

EXISTANT

HABITAT

+

+ Habitat collectif + Importer de l’intermédiaire + Conserver certaines qualités de l’individuel à travers les espaces extérieurs attenants aux logements

+ Proposer des locaux moins volumineux pour des activités peu encombrantes telles que les services aux entreprises (banques, assurance, communication, etc), ou en lien avec les instituts de recherche (laboratoires). 55


ORGANISER LA MIXITÉ Espaces publics

Pour concrétiser cette cohabitation programmatique, une importance est donnée aux espaces publics, qui jouent le rôle d’interface entre les différentes fonctions, usages et temporalités. Ces espaces doivent redonner de l’importance aux déplacements piétons et vélos, agir comme belvédères sur les espaces dégagés du parc, et permettre des occupations ponctuelles.

Enfin, dans l’optique d’un réel partage de l’espace public, ces derniers devraient pouvoir offrir des possibilités d’interactions entre les différents habitants, notamment en travaillant l’aménagement urbain pour favoriser l’appropriation ponctuelle du lieu par des regroupements, des événements, de la flânerie, etc.

Ce retour au sol met en avant les interactions d’usages et visuelles avec les rez-de-chaussée, qui devront accueillir des activités plutôt que du logement. Square dans le centre d’Oslo, Norvège Le dénivelé est divisé en strates qui apportent une variété d’espaces.

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+ Diminuer l’habitat en RDC au profit de services partagés : crèche, petits commerces, cafétéria. + Faciliter les déplacements et l’accessibilité piétonne : élargissement des chaussée, matérialité des sols. + Proposer un mobilier urbain singulier et polyvalent pour permettre différents agencements et usages dans un même lieu, par les matériaux ou la topographie des sols par exemple.

Centre de Crikvenica, Croatie. Les marches du dénivelé se transforment en mobilier urbain.

Promenade piétonne à Valenje, Slovénie Un élément en béton continu se déforme tout au long de la promenade pour former différents types de mobilier urbain.

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ORGANISER LA MIXITÉ Quels archétypes? «L’architecture primitive peut se définir comme quelque chose d’organisé autour d’un vide» J. Lacan, 1975, Le Séminaire, Livre VII, L’Éthique de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, du Seuil.

En l’absence de références typomorpholgiques, l’analyse des archétypes urbains qui rendent possible la cohabitation des fonctions habiter et travailler permet de déterminer les principales caractéristiques spatiales de la mixité : - Des rez-de-chaussée actifs, pouvant accueillir les fonctions quotidiennes tels que des services ou des commerces. - La gestion des seuils, de la limite public/privé, et des vis-à-vis. 58

- La proximité des éléments bâtis, qui dessinent et caractérisent un «vide construit», d’une nature différente des autres vides environnants, et appropriable mentalement par ses occupants (sentiment d’appartenance). Cet espace, qui peut prendre un caractère public (rue, place) ou privé (cour), prend toute son importance dans l’articulation et la mise en scène des différentes pratiques de la ville. Permettre la cohabitation en préservant l’intimité et l’autonomie de chacun devient alors un des enjeux majeurs de cette organisation autour d’un vide.


ARCHÉTYPE Exemple LYON

LA RUE , Modèle traditionnel d’un espace linéire ou cohabitent les fonctions travailler et habiter. L’espace public comme espace de sociabilité et d’économie.

LA PLACE , «Dans une ville, une agglomération ou un village, lieu public consistant en un espace plus ou moins large, découvert et le plus souvent entouré de bâtiments publics, où aboutissent plusieurs rues ou avenues, et où ont lieu souvent des activités commerciales, festives ou publiques.» (CNRTL)

Place Bellecour, 2ème arrondissement

Exemple FEYZIN

Rue Garibaldi, 6ème arrondissement

Bourg de Feyzin bas

Place de Feyzin-bas 59


ARCHÉTYPE Exemple LYON Exemple FEYZIN

L’ÎLOT , Forme urbaine caractéristique des villes depuis la fin du XIXeme. L’îlot concentre des fonctions variées qui lui confèrent une logique et une urbanité propre. L’espace dégagé en son centre quitte le domaine public pour devenir privé.

Les îlots Morand dans le 6eme arr.

A Feyzin, les tissus sont plus perméables, moins denses, et les espaces vides moins définis. Les formes bâties sont également plus hétérogènes, puisqu’elles répondent à une logique fonctionnaliste, à savoir une fonction = une forme urbaine. Les problématiques de projet, à l’échelle urbaine comme architecturale, qui émergent de ce constat sont : A quelle(s) référence(s) faire appel dans la morphogenèse du projet dans un contexte de périphérie?

L’une des traces de concentration bâtie se rapprochant de celle de l’îlot, dans le quartier de La Tour à Feyzin. 60

Ces différents exemples mettent en avant la différence d’interprétation des archétypes entre la ville, Lyon, et la périphérie, Feyzin, notamment en terme de densité bâti.

De quelle manière apporter une urbanité plus mixte à Feyzin sans dénaturer les qualités d’un habité moins dense et plus individuel?


PÉRIphérie

SITE

VILLE

TISSU Hétérogène de la périphérie

Compromis

tissu dense et mixité urbaine

Îlot ancien Feyzin

PROJET Habitat Collectif Feyzin

morphologie schématisée de l’îlot

Parcelle industrielle Feyzin

UNE FORME = UNE FONCTION

Compromis

UN Système permet PLUSIEURS FONCTIONS

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Construire / déconstruire l’îlot

Comme développé précédemment, l’urbanité prend place autour d’un vide. L’îlot reste le dispositif le plus théorisé comme outil d’expression et de transformation des villes. C’est à partir de cet archétype que j’ai choisi d’appréhender le projet. L’îlot, dans son expression et son fonctionnement, associe l’urbain et l’architecture, et permet d’illustrer l’emboîtement des échelles dans le processus de conception du projet. Ce travail théorique sur l’îlot a pour but d’amener à l’expérimentation et à l’émergence d’un nouveau modèle, qui, bien qu’issu des différents archétypes urbains, requestionne la pratique de l’espace public et les relations possibles entre les fonctions habiter et travailler. 62

L’emprunt au modèle de l’îlot permet également de réintroduire une certaine urbanité au sein de Feyzin, à savoir une concentration bâtie plus importante, mêlant entreprises et logements, et perçue comme un ensemble architectural organisé autour d’un vide.


La théorie de l’Îlot ouvert par Christian de Portzamparc 1995 - Paris - Quartier Massena (http://www.christiandeportzamparc.com/)

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Construire / déconstruire l’îlot

« Plutôt qu’un projet de lotissement occupant tout le territoire, celui-ci conserve les vignes, les fermes et les oliviers et crée des “îles“ bâties de quatre à cinq niveaux sur des socles de parking qui permettent une libération du sol, transformé soit en jardin de copropriété, soit en jardin public, soit appartenant à chaque “île“. » Les Jardins de la Lironde - Montpellier Christian de Portzamparc - 1991>2012 (http://www.christiandeportzamparc.com/)

La réinterprétation de l’îlot me permet également d’apporter des réponses spatiales aux trois enjeux annoncés précédemment, à savoir, se protéger de la voie ferrée, habiter le parc, et organiser la mixité programmatique. La référence à l’îlot ouvert développé par C. de Portzamparc a permis une réflexion sur le statut du vide autour duquel d’organisent les bâtiments, et sur l’intégration du paysage à cet espace fédérateur. 64

L’espace public ne contourne plus les îlots mais les traverse afin de générer un espace parcouru, habité, vivant aux rythmes des temporalités des différents usagers. Un bâtiment longe la voie ferrée et permet de protéger l’intériorité de l’ensemble vis-à-vis du bruit. L’ouverture de la ceinture bâtie permet l’intégration de la nature du parc à l’îlot tout en en signifiant l’intériorité. Cela donne également des vues sur le parc au bâtiment de l’autre coté de la promenade.


L’ÎLOT urbain : Entité refermée sur elle même. Limite Public/Privé matérialisée par le bâtiment

L’Objet isolé : Bâtiment autonome au sein d’un espace au statut indéfini.

L’ÎLOT OUVERT : Ensemble de bâtiments qui définissent une intériorité privative. Le statut de ce vide central devient semipublic.

PUBLIC

PUBLIC

SEMIPUBLIC

PRIVÉ

INDÉFINI

VOIE FERRÉE PUBLIC

VOIE AUTOMOBILE DÉPLACÉ

N

Bâtiment PROTECTEUR : Logements / bureuax / services

PUBLIC

PARC PUBLIC / NATURE ACCESSIBLE

Bâtiments Protégés : Logements

ESPACE PUBLIC LINÉAIRE «PROMENADE»

SEMI PUBLIC PAYSAGE INTÉRIEUR PARC PUBLIC / NATURE ACCESSIBLE

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EXPÉRIMENTATIONS / ÉVOLUTION Formalisation de l’îlot

Mars 2016

Avril 2016

Évolution de la formalisation de l’îlot au fil du semestre. 66

Mai 2016


Mars 2016

Avril 2016

Mai 2016

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IV + HABITER L’entre-deux

Les parties précédentes ont permis d’amener la question architecturale à l’échelle des bâtiments qui composent l’îlot. Bien que cohabitant au sein d’un ensemble homogène, ces bâtiments présentent des enjeux de conception différents, déterminés par la nature des espaces vides dont ils deviennent les interfaces. Ainsi, chaque bâtiment est pensé de manière différente, mais selon ces trois problématiques principales : le rapport à l’espace public, l’ouverture sur le paysage, et la protection sonore. 68


69


SITUATIONS 1 - Bureaux / Services / Petites typologies de logements. Le long de la voie ferrée, le bâtiment «protecteur» doit gérer de manière autonome les question d’isolation phonique au sein de son intérieur, par des espaces intermédiaire et une façade épaisse peu percée. Inversement, on choisira plutôt d’ouvrir largement sur l’espace public.

Chacun des ensembles, reproduit au nombre de quatre le long de l’espace de promenade piétonne, a pour invariante son orientation. Dès le début de la réflexion architecturale, il s’agissait de déterminer le degrès de perméabilité entre intérieur et extérieur, public et privé, visuelle et fonctionnelle, pour chacune des parties bâties de l’îlot. Comme le montre ces schémas, la répartition des bâtiments engendre trois situations de projet différentes mais interdépendantes. 70

2 - Habitat collectif / service RDC J’ai choisi de protéger de la même manière le bâtiment au Nord de l’îlot, à savoir par le traitement d’une façade épaisse ponctuellement ouverte sur l’extérieure, et une façade au sud plus poreuse. La proximité avec l’espace public pose également la question de la mise à distance des façades de ce côté-ci.

3 - Habitat individuel et intermédiaire Le troisième bâtiment joue pleinement avec la transversalité entre l’intériorité de l’îlot et la vue dégagée vers le paysage.


SITUATION DE L’ÎLOT

DÉVELOPPEMENT DES INTENTIONS POUR CHAQUE SITUATION

Trois bâtiments / Trois situations

- Protection à l’est et au nord. - Ouverture sur l’espace public central et sur le grand paysage.

Ajustement de l’orientation du 3ème bâtiment pour capter les vues et la lumières, et pour enclore un peu plus l’intériorité de l’îlot.

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SIGNIFIER L’ENTRE DEUX Le mur de refend

Après avoir établi ces situations d’entre deux, c’est le dessin d’une structure au caractère transversal qui m’est très vite apparut comme une évidence. Après avoir expérimenté, dans ses dimensions comme dans la matérialité la possibilité d’une trame, c’est finalement l’élément du mur porteur qui est parvenu à concrétiser ma réflexion sur la transversalité. Ce dernier permet d’accentuer la sensation de se siturt entre deux extrémités. Pour des raisons à la fois esthétiques et économiques, c’est à travers le matériau béton que j’ai souhaité développer l’élément du voile de refend. Pour les mettre en valeur, ce sont des plancher légers en ossature bois qui viennent marquer les étages. 72


Le mur s’exprime de différentes manières afin de définir des espaces de nature différentes, clos ou bien ouverts.

Maquette de l’avancement au 06/05 73


SIGNIFIER L’ENTRE DEUX La typologie traversante

De ces points de départ de la transversalité et de la structure aux murs de refend, c’est un travail sur des typologies qui exploite cette situation d’entre-deux qui a naturellement émergé. La trame irrégulière qui fédère les voiles porteurs permet une complémentarité entre un espace de vie principal (cuisine/salon/ salle à manger) traversant, et des espaces plus clos qui sont desservis sans l’intermédiaire d’un couloir. L’idée est de faire se répondre des cadrages sur des espaces aux qualités différentes, à savoir l’intérioté de l’îlot d’un coté, et le paysage environnant de l’autre. 74


Des espaces de vie ouverts qui exprime la transversalité, et des pièces de replis (salle-de-bain, chambres) plus closes qui s’y rattachent.

Schéma de recherche au sujet de la trame et de la perméabilité des voiles.

Recherche typologique, ici un T5 sur deux niveaux. 75


SE PROTÉGER Matérialités

Se protéger du bruit :

J’ai intitulé cette partie de recherche sur le matérialité «se protéger» car ce verbe illustre à la fois le besoin de s’isoler phoniquement vis-à-vis de la voie de ferrée, et la gestion de l’intimité pour les façades des logements qui donnent sur l’espace public. Pour accentuer le contraste entre l’enveloppe hermétique extérieure et l’intériorité de l’îlot plus poreuse, j’ai travaillé sur l’expression de deux matériaux distincts, répondant chacun à leur manière à ce besoin de protection, le bois et le zinc. 76

Après les recherches menées sur les caractéristiques sonores des fréquences émises par le passage des trains et sur les dispositifs pouvant être mis en place à l’échelle architecturale, j’ai finalement opté pour la combinaison de matériaux qui réagissent différemment face aux sons. Le passage d’un train réunis deux types de bruits : le bruit linéaire du moteur et du frottement des rails, et des bruits plus ponctuels comme les sifflets par exemple. Pour se protéger des bruits ponctuels, plutôt aigus, il s’agit de réverbérer le son par un bouclier, à l’image de la balle qui rebondi sur un mur. Pour cela ce bouclier doit être dans un matériau lisse non poreux. J’ai fait le choix d’employer le ZINC.


Structure ton

AB

S

NT

BA

R SO

s ant

l

Iso

IER

CL

U BO

is

Bo

c

Zin

Inversement, pour se protéger des bruits linéaires aux fréquences plus basses, ce sont des matériaux aérés et/ou fibreux qui permettent d’absorber en partie ces ondes. Le bois ainsi que les isolants fibreux comme la laine de verre peuvent permettre cette absorption. Cette association de matériaux, placée devant la structure en béton, pourrait limiter la diffusion du son à travers les bâtiments. 77


SE PROTÉGER Matérialités

Relation espace public / intimité du logement : A l’inverse de la compacité des façades extérieures à l’îlot, les parois donnant sur l’espace intérieur se veulent plus poreuses, pour la luminosité d’une part, mais également pour permettre un effet de une transition entre l’espace public et l’intérieur des logements. C’est le bois que j’ai choisi pour la matérialités de ces façades. 78

Par l’emploi de panneaux ajourés, ces dernières deviennent des filtres derrière lesquels des volumes se rapprochent ou s’éloignent. Cette épaisseur entre intérieur et extérieur, entre public et privé, permet l’intégration des balcons et terrasses attenants aux logements. Cet espace aux parois des logements au second plan d’être plus largement vitrées. Un système de panneaux amovible donne la gestion de cette interface aux habitants, qui peuvent déterminer le degrés d’ouverture vers l’espace public, en fonction de l’heure par exemple.


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CONCLUSION

C’est à travers toutes ces expérimentations que j’ai tenté de répondre à la question comment habiter au sein d’un territoire contraint comme celui de la vallée de la chimie. A la rencontre de la périphérie et de ses paysages hétérogènes et intemporels, il a été difficile de se positionner à la fois en terme de formalisation, de densité, et de références. Faire appel à des archétypes urbains m’a permis de questionner l’architecture en relation avec l’espace vide, construit ou naturel. Cette importance du rapport entre l’objet et son contexte illustre l’entrelacement qui existe entre l’échelle urbaine et l’architecture. 80


Ce processus de conception marqué par des aller-retours entre les échelles m’a amené à une constante remise en question, avec pour objectif la cohérence entre un constat d’analyse et la matérialisation d’un projet qui tente d’y répondre. Ce projet se résume à mes yeux par la recherche d’un compromis entre la concentration urbaine et les qualités qu’offre l’habitat en périphérie. A travers l’appropriation des archétypes urbains, et sans prétendre résoudre le zonning programmatique, il pose les conditions d’une cohabitation entre la vallée productive et la vallée habitée. 81


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