Président Jacques de la Chaise jacques@lebonbon.fr Rédacteur en chef
édito “bon”jour
Julien Chavanes Julien@lebonbon.fr Design original Laurel et Hardy laurelethardy@lebonbon.fr
Nicolas Sarkozy. Pardon ?!!
Rédaction Benjamin Delsol, Camille Dutrieux, Sarah Ertel, Simon Lacourt, Dorcite, Mélé, Alexandra Silbert, Bulle Solvet Photographes Stéphane Balmy, Céline Barrelet, Thomas Orssaud, Laurent Monlau Maquette Emmanuelle Labouré Illustrateurs Guillaume Ponssin
Oui je sais, en ouverture d’édito, comme ça, à froid, ça choque. Mais attendez la suite. Nicolas Sarkozy, donc, se lève le matin, tranquille, à l’Elysée. Il s’installe à son illustre table présidentielle pour prendre le petit déjeuner. Là, il se saisit d’une magnifique baguette, tranche une tartine qu’il plonge dans sa tasse de café. C’est quoi le rapport avec le Bonbon ? La baguette. Elle est fabriquée par Djibril Bodian, le meilleur boulanger de Paris, notre Bon Artisan du mois !
Paulina Léonor Chef de Pub David Belloeil david@lebonbon.fr 06 27 96 75 82 Petites annonces annonce@lebonbon.fr Rejoignez Le Bonbon recrut@lebonbon.fr Contactez-nous
Des destins incroyables, nous en avons rencontré dans notre 18e Tout de même, ce symbole là est puissant. C’est un boulanger d’origine sénégalaise qui offre tous les matins son pain à notre président. Djibril doit ce privilège à sa victoire au concours de la meilleure baguette de Paris, en mars dernier. Il en tire une fierté mesurée. Homme chaleureux et volontaire, il dit juste que l’excellence dans son métier n’a rien à voir avec la couleur de la peau. La leçon est simple et belle.
hello@lebonbon.fr 01 48 78 15 64 Le Bonbon 30, place St Georges, 75009 Paris. SIRET 510 580 301 00016 ISSN : en cours Dépot légal : à parution OJD : en cours de validation Imprimeur
De belles histoires, il y en a à toutes les pages du Bonbon, de François Hadji-Lazaro au photographe Gérard Uféras. Et puis un rendez-vous à ne pas manquer, en fin de mois et de magazine : la Fête de la Goutte d’Or. Un bel évènement pour fêter la richesse du quartier, les Djibril, François, Gérard et tous les autres. Le Bonbon y sera. On s’y retrouve ?
Julien Chavanes
Centre Impression
RÉGIE PUBLICITAIRE 06 27 96 75 82 david@lebonbon.fr juin 2010 |
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leS bonbonS mode d’emploi comment profiter Des Bonbons
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Repérez les Bonbons pré-découpés au milieu du magazine.
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Présentez vos Bonbons au moment de payer et vous bénéficierez immédiatement de l’avantage annoncé !
descriptif d’un Bonbon Enseigne
Le nom du commerçant
khiel’s
Avantage
Définition du type d’offre
un teint lumineux avec notre mini-soin visage Eclat offert avec votre ordonnance beauté et ses échantillons.
Description
Le type de commerce
Coordonnées
Adresse et téléphone
Produits de soin pour la peau, le corps et les cheveux, fruits d’ingrédients naturels uniques 22, rue des Abbesses Tél 01 42 54 44 19 www.kiehls.fr Mardi/mercredi 11h -19h30, jeudi/vendredi/samedi 10h30/ 20h - dimanche 11H-19h30
sommaire miam miam !
Page 6. khiel’s
© Gérard Uféras par Laurent Monlaü
Page 34. françois
Page 10. christophe
hadji-lazaro
Page 5. Le Bon Timing Page 6. Le Bon Commerçant Page 10. La Bonne Étoile Page 12. Les Bons Plans Page 14. Le Bon Art Page 16. Le Bon en Arrière Page 18. Le Bon Look
Page 38. Djibril
alévèque
bodian
Page 21. Le Casse Bonbon Page 22. La Bonne Recette Page 25. La Bonne Séance Page 26. Le Bon Astro Page 28. Les Bons Tuyaux Page 31. La Bon’Bonne Page 32. Le Bon Écolo
Page 14.
gérard uféras
Page 44. la fête de la goutte d’or
Page 34. Le Bon Homme Page 36. Les Bons Shops Page 38. Le Bon Artisan Page 40. Les Bons P’tits Diables Page 42. Les Bons Snapshots Page 44. Le Conte est Bon Page 46. Le Bon Agenda juin 2010 |
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le Bon Timing les évènements à ne pas manquer
© DR
concert
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théatre
© Asako Masunouchi
événement
© DR
spectacle
The Clipse Yurp ! Les jumeaux MC’s cracheurs de feu sont de retour sur Paname ! L’un des plus grands groupes de rap des années 2000 devrait une nouvelle fois embraser la foule. Au programme : histoires de deals, de flingues et quelques moments d’introspections. On y court ! Le 10 juin Elysée Montmartre 72, boulevard de Rochechouart Tél : 01 44 92 45 36
Garnier & Sentou « VU DUO C’EST DIFFERENT » Ce jeune duo qui a obtenu le Prix Fnac de l’humour nous emporte avec brio dans son univers loufoque et surprenant. Des comiques prometteurs à suivre de très près, qu’on retrouvera à la rentrée au théâtre de la Pépinière dans « A deux lits du délit » aux côtés d’Arthur Jugnot. A l’affiche jusqu’au 27 juin 2010 du jeudi au samedi 20h, dimanche, 18h au théâtre du Funambule. 18, rue des Saules Tél : 01 42 23 88 83
Vente Vintage A la boutique éphémère du Bon coin au 30 de la rue Montcalm et à sa nouvelle annexe, vous trouverez des bijoux, des accessoires de mode, des vêtements Femme vintage. Et pour la première fois un espace réservé aux hommes, des objets et tout ce qui vous fait rêver des années 30 à 80. Venez fouiner ! Un week-end par mois toute l’année Prochaines dates 26 & 27 juin, 17 & 18 juillet Tél : 06 19 40 18 68 et 06 80 59 32 46
Playing for Change Tout le monde a vu sur internet cette incroyable reprise de « Stand by Me », chantée par des dizaines de musiciens des rues à travers le monde. Derrière ce morceau, il y a un projet ambitieux baptisé « Playing for change », qui va des concerts à la construction d’écoles de musique. Ce soir, les musiciens sont réunis sur scène. Un beau moment d’humanité. Le 30 juin 2010 La Cigale 120, bd de Rochechouart Tél : 01 49 25 81 75 juin 2010 |
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le Bon commerçant texte Bulle Solvet / photo Stéphane Balmy
La crème de la crème ! Après avoir paradé chez Colette, au Bon Marché, dans le 4e et le 6e, la marque culte américaine arrive aux Abbesses ! Sandra et Ligea, « défenseuses officielles du film hydro-lipidique de la peau », sont deux Kiehl’s customers représentatives qui vous transmettent ici l’engagement total de la marque de cosmétiques pour votre beauté et… votre planète.
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ew York City. 1851. 500 000 habitants dont un : le pharmacien herboriste John Kiehl’s, qui manie la pipette avec brio sur la 3rd Avenue. Les clientes raffolent de ses formules magiques ultra concentrées et personnalisées. Le savoir-faire se perpétue ensuite de génération en génération, de pays en pays, pour atterrir chez nous, place des Abbesses. La démarche est restée la même. « Nous effectuons des diagnostics de peau avec chaque client. C’est une étape importante pour bien orienter les achats, personnaliser l’offre », expliquent Sandra et Ligéa, Kiehl’s customers représentatives du 18ème arrondissement. Aujourd’hui déclinés en plusieurs gammes -visage, corps, cheveux, solaire, hommes et bébés- les produits Kiehl’s restent synonymes d’efficacité et de qualité. Et non ! Il n’y a pas que les people qui en raffolent !
Jolis flacons et typo old style, ligne design épurée et vintage… Ici c’est juste ultra tendance ! Sauf que… ce n’est pas voulu. « On met l’argent dans le produit, pas dans le packaging. La priorité va à l’intérieur du bocal ! », précise Sandra. Ainsi le conditionnement est presque le même que celui d’origine. Sauf qu’il est aujourd’hui en plastique. « Entièrement recyclé ! Et nous avons un système de carte de recyclage que l’on tamponne à chaque fois qu’un emballage vide nous est rendu. Au bout de vingt, un cadeau vous est offert. » Sandra me présente un sac fait à partir d’emballage Kiehl’s recyclé. Je suis verte !! Jamais vu de pub dans les mag féminins ? Normal : « Tout se fait par le bouche à oreille, c’est pour cela qu’un client content est une priorité pour nous ». De multiples échantillons sont disponibles. Le but : faire tester au client et lui permettre de connaître la meilleure formule pour lui. Ainsi ce n’est pas la pub qui fait connaître la marque mais bien le buzz. Alors d’après vous, qu’est-ce qui fait que la marque plait tant à nos Brad Pitt, Marc Lavoine, Charlize Theron et autres icônes belles et sexy ? La qualité oui, mais encore… Son engagement dans de nombreuses causes ? Bien joué. Dans les années 1970, juin 2010 |
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kiehl’s Aaron Morse, héritier de la marque, écrit la « mission de Kiehl’s » dans laquelle il déclare qu’elle « ne peut se contenter d’enregistrer chaque jour des bénéfices » et qu’elle se doit d’ « améliorer la qualité de vie de la communauté ». Classe... « Cet engagement nous tient à cœur. La majorité de nos produits sont issus du commerce équitable. Nous avons aussi signé des pactes environnementaux avec plusieurs pays pour ne pas dégrader la nature et réguler entre autres l’importation d’argile blanche », explique Sandra. Tiens, mais… original le design de ce flacon! Pas très 19ème siècle ! « C’est Pharell Williams qui l’a dessiné. » C’est pour ça… Trois visuels différents, conçus par le chanteur Hip Hop Pharell Wiliams, l’artiste Jeff Koons et l’actrice Julianne Moore, habillent le Toning Mist (tonique visage). Et 100% des bénéfices du soin seront reversés à l’association Rain Forest Alliance qui lutte contre la déforestation. On va pouvoir shopper sain, beau, et le cœur tran’kiehls !
Petit baromètre des best-sellers de la marque culte américaine : Ultra facial cream (crème hydratante) Rare earth (resserre les pores, matifie, hydrate et purifie) Mexoryl (filtre solaire à appliquer sur sa crème de jour, prévient 90% du vieillissement cutané) Le parfum mixte Musk, qui pour l’anecdote a été jugé « trop sensuel » par le tsar de Russie, oublié dans une cuve, remis sur le marché en 1961, et est devenu un best-seller depuis!
Boutique Kiehl’s
22, rue des Abbesses 75018 Paris Tél : 01 42 54 44 19 Ouverture du mardi au vendredi 11h -19h Samedi 10h30 -19h30 - Dimanche 13h -19h
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lA BonNE ÉTOILE texte Benjamin Delsol / photo François Caillon
CHRISTOPHE ALÉVÈQUE
pas forcement là où on l’attend Depuis plus d’un an maintenant, Le Bonbon arpente le 18e arrondissement pour repérer les personnalités du quartier, tel un paparazzi devant la villa de Johnny. La rencontre du mois : Christophe Alévêque, rue Custine. Mais tout récemment, le comédien, actuellement sur les planches avec « Ciao Amore », a déménagé. C’est donc assis sur un carton qu’il a répondu à nos questions.
parnasse dans « Ciao Amore ». Un registre sentimental dans lequel on ne l’attendait pas. Et si, comme dans cette comédie, sa femme décidait de le quitter, où souhaiterait-il l’emmener dans Paris pour la reconquérir ? « Je lui proposerais une grande traversée de la ville à moto, en me laissant guider, sans savoir exactement où aller. Une chose est sûre, l’épopée s’achèverait place des Abbesses. C’est ma place préférée. Elle a quelque chose d’extrêmement romantique. » La preuve donc : i 1989 reste marquée par la chute du Mur Alévêque a quitté le 18e, mais il y reste encore de Berlin, c’est aussi la période qu’a choi- très attaché. « C’est mon village. J’aime croiser les sie Christophe Alévêque pour venir vivre à gars que je connais au tabac, à la boulangerie ou Paris. Sans lien de cause à effet. Suivront vingt au café. C’est l’opposé du Paris impersonnel et de années passées à Montmartre. Mais en choisis- la société individualiste dans laquelle nous vivons. sant de l’interviewer, Ici, tout se sait. J’ai eu le Le Bonbon découvre malheur de retrouver ma e le 18 C’est mon – stupéfait – que moto par terre sur le trotl’humoriste et comé- village. C’est l’opposé toir, après avoir oublié de dien a décidé de chan- du Paris impersonnel mettre la béquille un soir, ger de quartier. « Ce j’en entends encore parler ! » n’est pas vraiment un choix, mais plutôt une belle opportunité. Et finalement je ne suis pas mécontent Une « société d’hyperconsommation et ultralibéd’avoir bougé. » En effet, adieu Custine, Cau- rale » que Christophe Alévêque pointe du doigt laincourt, Lepic… Depuis quelques semaines, dans un one-man-show politiquement incorrect c’est rue Victor Massé, à Pigalle, « le quartier – « Super Rebelle », en tournée cet été – où il des guitares et des pipes », qu’il s’est installé avec s’en prend notamment à notre président. « Ah Séréna Rainaldi, la comédienne qui partage sa Nicolas Sarkozy… Président Zébulon 1er ». C’est vie, mais aussi la scène avec lui, tous les soirs d’ailleurs en son honneur qu’il organisait au sur les planches du théâtre de la Gaîté-Mont- début du mois de mai, et pour la troisième
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année, un « rassemblement de résistance ludique devant le Fouquet’s pour fêter son anniversaire sur l’hymne de la droite moderne : Les Mille Colombes de Mireille Mathieu. » Ni militant, ni encarté, mais clairement opposé à la politique de l’UMP, Christophe Alévêque n’oublie pas qu’il est là avant tout pour nous amuser. « Vous ne me verrez jamais dans un meeting politique, bien qu’on me le propose très régulièrement. » Lui a simplement choisi de réunir son public dans des salles de spectacles. Ou bien ses amis dans son appartement, pour un petit dîner. « Nous recevons, mais en petit comité, tout simplement parce qu’on ne peut plus faire de bruit. Tu as beau prévenir ou inviter tout l’immeuble, il y a toujours un voisin pour gueuler. Quand tu es jeune, tu les emmerdes. Maintenant j’ai passé l’âge. » Mais rassurons-nous, si Alévêque semble s’être assagi, c’est uniquement chez lui. En dehors, il compte bien continuer à se faire entendre.
“Ciao Amore” avec Christophe Alévêque et Sérena Reinaldi au Théâtre de la Gaîté-Montparnasse À Paris dans le 14e jusqu’au 27 juin 2010.
SES BONNES ADRESSES
Le Cépage Montmartrois 65, rue Caulaincourt Le Saint-Jean 16, place des Abbesses
SES ADRESSES DU 18 e :
Terrass Hôtel 12, rue Joseph de Maistre Le Sourire de Saigon 54, rue du Mont-Cenis
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les Bons plans on a testé pour vous
Koodjo-Vi Les voyages en meubles
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ans la partie commerçante et pavée de la rue Duhesme, se trouve une discrète boutique de meubles qui gagne à être connue tant elle fait voyager.
J’arrive à l’ouverture et rentre dans la boutique exotique : personne…visiblement le gérant n’est pas là. J’en profite alors pour déambuler tranquillement entre les objets afin de voir ce que Koodjo-vi a à offrir. L’ atmosphère est dépaysante, l’espace à la fois vaste et cosy (90m2) se présente comme un enchevêtrement de bibelots fantaisie, de meubles en teck ou acajou et de sculptures déco (masques africains, miroirs en mosaïque), mais reste cependant très moderne et urbain. Les meubles : des commodes (600€), des vitrines (500€), des consoles (250€), évoquent l’Afrique, la Chine, l’Indonésie ou même le Pérou par leurs couleurs chaudes et leurs motifs ethniques. Certaines pièces, plus classiques, ont le charme désuet presque rustique des maisons de campagne. Koodjo-vi est donc un lieu dans lequel on peut aussi bien faire du shopping pour se meubler ou parfaire sa déco si on a des envies d’ailleurs, mais c’est aussi la boutique cadeaux idéale, dans laquelle on trouve de quoi faire plaisir à tous à petits prix 14 —
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comme par exemple le service à thé en céramique aux romantiques couleurs beiges rosées (19€), ou le plus viril pouf en imitation python (25€). Sans oublier notre coup de cœur : la très chic et complète gamme de parfums d’intérieurs les Collines de Provence (13€ la bougie parfumée). Mon interlocuteur finit par apparaître, un café à la main. Frédéric Dos Santos gère seul cette boutique, ouverte depuis 2007. Comme il me l’explique et comme en témoignent les « salut Fred ! » qui se succèdent pendant notre entretien, il a été bien accueilli par les commerçants du quartier. Je constate avec plaisir qu’ ici, dès l’ouverture on ouvre sa boutique et on laisse sa porte ouverte aux clients, aux curieux et aux voisins. Mais Frédéric ne gère pas qu’une boutique, car Koodjo-Vi c’est aussi une société de vente en ligne, ouverte depuis novembre 2008. Ah j’allais oublier l’essentiel, Koodjo-Vi veut dire Petit Lundi en togolais, mais non ça n’a pas de réel rapport avec la boutique, c’est seulement pour la beauté ethnique de ces mots… Dorcite mélé Koodjo-Vi 61, rue Duhesme Tél : 01 42 55 88 47 www.koodjo-vi.com Ouvert du lundi au samedi de 10h à 19h30 et le dimanche de 10h à 13h30.
les bons plans
LE GRAND HOTEL DE CLERMONT Chez Ammad, ou le bar à 1001 histoires
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ur la vitrine est inscrit le numéro de téléphone de l’établissement : MONT 49.99. Le ton est donné, le voyage dans le temps amorcé. Il semblerait que pas un seul moment de l’histoire du quartier ne soit dissociable de celle du Grand Hôtel. Tout le monde y est venu et y a tout vécu. Pour commencer, des nonnes établirent leurs quartiers dans ce couvent, début 19ème siècle. Moins catholique début 20ème, les putes officiaient dans les étages à trois chambres par pallier. Le juste milieu vint après la première guerre, quand le Grand Hôtel de Clermont devint un bar. A cette époque, l’atelier de théâtre en face était encore une ferme. Marcel Cerdan venait pour déjeuner et boire des coups ; le champion s’entrainait dans la salle de boxe à côté, pratique. Parfois Edith Piaf le rejoignait. Elle connaissait bien cet endroit, elle y vécut au début de sa carrière. Mais ils ne furent pas les seuls. Jeanne Moreau, pour le tournage d’Obsession, pratiquait le trapèze dans la salle de boxe. Et comme une partie du film a été tournée à l’hôtel… Et des films il en a vu défiler l’hôtel ; parmi eux Pigalle de Karim Dridi. D’ailleurs, un décorateur est passé récemment
faire du repérage, on n’arrête pas le succès. Dans ce bar, on peut croiser toutes sortes de personnages. Des jeunes, des vieux du quartier, des touristes, des journalistes. Tiens, tiens. Ils viennent depuis bien longtemps car à la période des radios libres, au fond du bar, toute l’équipe de Fréquence Montmartre émettait tous les jours à 18h30. Les tables rapprochées, les micros posés et antenne ! L’hôtel quant à lui est loin d’être un palace mais vaut le détour. Le meilleur moment reste la descente des escaliers rouges et blancs, au son du jazz diffusé dans le bar, la photo de Gregory Peck à droite, quand soudain le vieux téléphone s’égosille avec un « dring dring » tonitruant. Ou sont mon fume cigarette et ma robe à franges ? Aujourd’hui, et ce depuis 20 ans, Ammad et ses fils font perdurer la tradition du lieu, son ambiance et ses habitudes, avec en bonus, le couscous du jeudi midi. Alexandra Silbert Chez Ammad 18, rue de Veron Tel : 01 46 06 40 99 juin 2010 |
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le Bon art texte Bulle Solvet / photo Gérard Uféras
Gérard Uféras Faire le Paris d’Amour
Présentée par la Mairie de Paris comme une « contribution au bonheur de vivre ensemble », l’exposition Paris d’Amour se tient à l’autel, enfin… à l’Hôtel de Ville jusqu’au 31 juillet 2010. Rencontre avec son auteur, Gérard Uféras, photographe amoureux de l’impalpable.
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tuelle, explique-t-il. De là est née ma passion pour les coulisses. » Il entame une série de photos à travers le monde dans lesquelles il sublime des artistes de la scène et de la mode, jusqu’à franchir la porte des coulisses de l’Opéra de Paris, réputées impénétrables. En 2009, une exposition intitulée Etats de Grâce rassemblent ses séries d’images à la Maison Européenne de la Photographie.
aris. Les années 60. Alors que son père tient une boutique d’objets de toutes sortes, le jeune Gérard Uféras se dirige lui Révélateur de l’impalpable, amoureux de l’enclairement vers les appareils photos. Plus tard, vers du décor, Gérard Uféras se dirige ensuite embauché à l’agence Rapho, il demande à l’un vers le thème du mariage. De 2009 à 2010, il de ses collègues, un certain Willy Ronis, de le photographie plus de soixante-dix unions célérecommander pour l’obtention d’une bourse. brées à Paris et en fait une superbe exposition, « Il est allé voir mon travail au Carrousel et il en Paris d’Amour. « Le sujet est davantage l’amour, a écrit des choses extraordinaires. Nous sommes qui est au centre de ma vie et de mon travail, que devenus amis instantanément. » Pendant plus le mariage ». Immédiateté de l’émotion, qui de dix ans, Willy Ronis est le premier lecteur au-delà de l’esthétique provoque en nous un de ses clichés. Proche d’Henri Cartier Bresson, écho sans filtre… Frissons garantis. « Quand co-fondateur de l’agence Vu, je prends la photo, je respire avec membre éminent de l’agence mes modèles, d’où l’utilisation de Quand je Rapho depuis 15 ans, Géfocale courte. J’avais la gorge prends la photo, la rard Uféras est aujourd’hui serrée quand je faisais ces clichés. » Les visiteurs aussi. Ils parareconnu comme l’un des plus je respire avec dent au bras d’une bande son grands photographes de sa gé- mes modèles dans laquelle se succèdent airs nération. lyriques, youyous, chants traditionnels asiaLa notion de détail lui apparaît fondamentale tiques ponctués de « Oui ! » gonflés de sens lorsqu’il est photo-journaliste et portraitiste et au bord des larmes... « Le son amène à la rêau journal Libération de 1984 à 1988. « Nous verie. L’esprit vagabonde. Je voulais qu’on puisse abordions un sujet de manière plus humaine que ressentir l’émotion au plus fort. » Car la pratique frontale, c’était plus pénétrant qu’une vision fac- de l’art est pour lui toujours associé à l’amour
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et au partage. « J’ai vécu des moments précieux, rares, à la suite desquels je n’ai ressenti que de la gratitude. Je voulais transmettre cela. » Cette recherche de l’émotion n’est pas la seule raison qui ait poussé le photographe à aborder ce thème. « La notion de mariage est indissociable de celle de laïcité. » Il en profite pour rappeler cet autre nom donné à la mairie, « la maison pour tous ». Parisien installé à Max Dormoy, issu d’une famille originaire d’Europe de l’Est qu’elle a dû fuir à l’époque des dangers, le photographe tenait à rendre hommage à ce Paris de tous les possibles, symbole de diversité et de liberté culturelle et religieuse. « Les portes de la mairie doivent rester ouvertes pendant l’acte du mariage,
ainsi on se marie devant toute la République, c’est un symbole très fort. » « La question de vivre ensemble ne doit pas être synonyme de danger ou d’angoisse, mais d’amour et d’ouverture » ajoute-t-il. Son leitmotiv ? « Vaincre ses peurs et aller vers le monde avec bienveillance. » Eh bien … OUI !
Exposition Paris d’amour / entrée gratuite au salon d’accueil de l’Hôtel de Ville, 29, rue de Rivoli, (Paris 4e) M° Hôtel de Ville Du 6 mai au 31 juillet. Entrée libre de 10h à 19h tous les jours, sauf dimanches et fêtes http://www.parisdamour.com/
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bon EN ARRIÈRE texte Simon Lacourt / photo Thomas Orssaud
Le quartier Saint Pierre De fil en aiguille Un festival de jupes bariolées dévale les marches du Sacré Coeur vers les étals du marché Saint Pierre. Soie, lycra, paillettes ou boutons fluo, les couturier(e)s de tous âges chinent, le mètre à la main. Bienvenue dans le Paris où commence la mode.
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n certain M. Orsel acquiert les terres du bas de l’abbaye de Montmartre en 1795 et y crée le village Orsel, rattaché à la ville de Paris en 1860. La place Saint Pierre est une des plus importantes du quartier, le marché qui s’y trouve nécessite rapidement la construction d’une Halle. Un disciple de Baltard en est chargé en 1868. Fonte, verre et brique, selon les classiques du Maître, le marché traditionnel s’entoure chaque matin de mille étals divers et variés. Les familles Dreyfus et Moline possèdent des entreprises de tissu à Levallois. Ils font chaque semaine trois allers-retours avec des charrettes à bras chargées de rouleaux de tissu. Leur spécialité : les fins de série et les restes de sur-stockage d’usines à prix cassés. Dans le Paris populaire, leur affaire prospère rapidement. 1920, une loge de concierge se libère en face de la
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Halle. Ils n’hésitent pas à investir pour posséder un entrepôt sur place. À l’heure ou chaque foyer possède une machine à coudre et ou les habits sont « fait main », les deux entrepreneurs jouent sur du velours. Ils achètent des terrains alentour, font construire des immeubles et multiplient les enseignes. Ce sont les années folles, la Halle Saint Pierre devient le marché au tissu, et se brode la réputation de place de la mode parisienne. Merceries, passementeries, retouches, tous les métiers du textile s’installent dans le quartier. La guerre puis la Révolution industrielle et la production en série mettent les petites échoppes sur le fil. L’offre se diversifie vers le tissu d’ameublement, les grands noms sont prêts à en découdre. Les façades opulentes des Moline, Dreyfus et autres Reine affichent de quelle étoffe ces entreprises sont faites. La Halle Saint Pierre change d’usage, le marché baisse le rideau et le bâtiment accueille une galerie d’art en 1986, puis le musée Max Fourny depuis 1995. Malgré ces changements, les clients rue d’Orsel ou rue Livingstone ne sont pas là pour faire tapisserie. Grands noms et amateurs s’affairent dans des tourbillons de couleurs et de dentelles, à la recherche du coupon rêvé. Mais assez parlé chiffons, il faut que je file...
le bon ecolo texte Alexandra silbert
CREP’USCULE c’est du bio !
Au 91 de la charmante rue Lamarck, s’ouvre la porte d’une attachante crêperie bio. Mickaël, propriétaire et chef, y reçoit avec ses airs de matelot mais non non, il n’est pas Breton. Cuisinier depuis trente ans et résidant du quartier depuis quinze, Mickaël a voulu ouvrir son restaurant, un endroit à dimension humaine où on mange bio et sain. Ici, les galettes et les crêpes sont intégralement faites maison et préparées à la commande. Farine, cidre, légumes, tout est bio. La crème de marrons et le caramel au beurre salé sont préparés avec amour par le chef. Ce touche à tout semble d’ailleurs impatient d’installer son laboratoire pour réaliser des glaces cet été. Et nous donc ! Au Crep’uscule, les galettes sortent de l’ordinaire et c’est le moins qu’on puisse dire. Celle à la poêlée d’escargots ou bien encore le chic-issime duo au foie gras mettent l’eau à la bouche. La curiosité reste tout de même le tartare traditionnel emballé dans une galette. Visiblement, l’emballage est une manie ; à la carte des desserts, le Baba au rhum est lui aussi dans sa crêpe de protection. Tout ceci ressemble à une carte de restaurant bobo chic, pourtant, malgré la qualité des produits, les prix s’of-
frent le luxe de rester abordables. La galette la plus chère est à 13€60. En vitrine s’affichent des piles de livres de poche, visiblement lus et relus. « Ce sont mes lectures. » Mickaël apporte au restaurant ses livres une fois terminés et les prête aux clients passionnés. Ceuxlà, il les reçoit une fois par mois à son Cercle de Lecteurs, souvent le deuxième mardi de 19h à 22h. Chacun vient parler du dernier livre qui l’a fait chavirer, en lit des extraits, l’échange avec un autre. Et puis une discussion en entraînant une autre, un ou deux verres plus loin ils restent dîner. Mickaël veut rendre son restaurant plus chaleureux, y apporter un nouveau mobilier, agrandir la salle, installer son fameux labo pour les glaces… Il aimerait aussi organiser d’autres rencontres et espère que ses habitués auront des idées intéressantes à proposer. A bon entendeur ! 91, rue Lamarck Tél : 01 42 64 29 20 Ouvert 7/7, 11h-23h Brunch les dimanches et jours fériés, 11h -17h juin 2010 |
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le bon homme texte Julien Chavanes / photo pierre terrasson
François Hadji-Lazaro Retour à Pigalle
Le quartier rouge parisien retrouve sa figure de proue ! Silhouette inoubliable, bretelles légendaires, instruments fous : François Hadji-Lazaro rejoue Pigalle. Au programme : un nouvel album, une tournée et un passage au zinc du Bonbon.
et tragique, ombre et lumière. Un fil sur lequel il se promène avec légèreté depuis le début des années 80.
A cette époque, alors jeune enseignant, il décide que sa vie ne peut s’accorder qu’avec la musique. Sa guitare à la main, n a cherché durant des années. il descend sous terre, cultiver son art dans On n’a jamais trouvé le bar tabac le métro. Au bout d’un dédale, Pigalle. de la rue de martyrs. En tout cas C’est là qu’il trouve une cave pour répéter aucun qui ressemble de près ou de loin avec ses potes. C’est l’arrache, les bouts de à celui chanté par Pigalle. On pouvait ficelles, les copains, la fête, le bitume, les chercher longtemps… « Il n’a jamais exis- zincs. La belle époque. Hey les gars, et si té ! », tranche François Hadji-Lazaro. Un on montait un groupe ? Et ben ouais. On mythe s’effondre. Une balle dans la tête va s’appeler comment ? « Pigalle ! C’était du Père Noël. « C’est un lieu imaginaire, pas un gros effort d’imagination, on répétait métaphore de plein de bisici. On trouvait le trots que j’ai pu fréquennom chouette et puis Pigalle...C’est le ter. Pour le genre de rade coin où déambulent il avait l’avantage que je voulais décrire, le d’être connu dans le ceux qui prennent nom de la rue des Marmonde entier. On se tyrs était parfait ! » C’est la nuit pour le jour voyait déjà faire des bien la force des évocatournées à Londres ou tions de François Hadji-Lazaro, dont les Tokyo… » Premier album en 84 et une remots animent des images troublantes de prise folk/ska parfaite d’une chanson de réalisme. « Beaucoup de gens ont cherché Georges Ulmer pour annoncer la couleur. le « bar tabac ». Entre nous, heureusement Ca s’appelle évidemment Pigalle : « Un qu’il n’existe pas ! Il est assez infâme. Il y p’tit jet d’eau, une station de métro, entoua aussi une forme de dénonciation dans ce rée de bistrots… Pigalle ! Et quand vient le morceau. » Ainsi va l’homme de Pigalle, crépuscule c’est le grand marché de l’amour. sur un fil de funambule entre réel et ima- C’est le coin où déambulent ceux qui prenginaire, engagement et onirisme, comique nent la nuit pour le jour. » Le Pigalle de
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François Hadji-Lazaro, c’est celui des années 80, entre mafia et tourisme. Il y vit, il s’y perd. « Les nuits commençaient, on ne savait jamais comment elles finissaient. J’aurais pu y rester. » 20 ans plus tard, le revoilà en homme orchestre de Pigalle. Entre temps, il a eu mille vies, au ciné et sur la scène, des films de Jeunet et Caro à ses albums avec les Garçons Bouchers, les Los Carayos ou en solo. Pigalle lui manquait, tout simplement. « Je me suis demandé si le public allait suivre, si ceux qui nous aimaient il y a quelques années allaient encore adhérer.
Et bien oui ! Et en plus ils amènent leurs gamins ! » Le nouvel album, baptisé « Des Espoirs », offre une jolie galerie de personnages, héros d’un quotidien si sombre qu’il prête à sourire. François Hadji-Lazaro poursuit son numéro d’équilibriste. Au-dessus de Pigalle.
Nouvel album
« Des Espoirs » chez Saucissong Records
Myspace.com/pigalleofficiel
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les Bons shops les nouvelles boutiques du quartier
Illios
Clin’s Bar
Au cœur du 18 ème, dans la plaine de Montmartre, se trouve une oasis gastronomique Méditerranéenne : le restaurant Illios. Tenue par Yannis, son épouse Sonia et leur ami Socrate, cette adresse de gourmets qui suscite la curiosité est à découvrir sans tarder ! Le restaurant Illios, est installé rue Ramey depuis 18 ans. Yannis, le maître des lieux, est un hôte aussi jovial que charismatique, qui accueille, épaulé par son épouse, une clientèle fidèle. Illios signifie soleil en grec et les murs chauds de cette salle intimiste de 53 couverts lui rendent hommage. Sur l’un d’eux est par ailleurs reproduite une magnifique fresque d’une villa de Pompei. Yannis est un chef pour lequel la restauration n’a plus de secrets, il a fait ses classes dans des établissements renommés (comme La Poste, célèbre restaurant dans lequel Bizet composa Carmen). Il décide ensuite de lancer sa propre affaire pour le plus grand plaisir de tous. La carte propose des entrées remplies du soleil de la Méditerranée et il semblerait que ce soit à l’Illios que l’on déguste le meilleur tiramisu de Paris… Avec une petite formule déjeuner très abordable à 15€ (entrée+plat+dessert) il n’y a définitivement aucune raison de se priver ! Dorcite Mélé
Ambiance chaleureuse et accueil convivial sont de mise au Clin’s Bar. Ce lieu un peu atypique attire une clientèle hétérogène, venue des quatre coins du 18ème arrondissement. La journée, accès Internet, wifi gratuit et jeux de société sont à la disposition des clients. Ici, la bonne ambiance est de rigueur. Le Clin’s Bar invite aussi ses clients à célébrer l’happy hour de 17h à 20h, tous les jours sauf le mardi. L’occasion de boire une pinte de bière à 3,20€, un mojito à 4,20€, ou la délicieuse Karmeliet (à la pression), qui est sur la carte depuis peu. Le soir, l’endroit se transforme en bar de nuit. Et le samedi, les clients sont conviés à des soirées à thème. Surplombant la salle, le DJ invite tout ce beau monde à danser sur des morceaux qui varient en fonction du thème de la soirée. Carnaval, années 80 ou pop, tous, sans exception, sont invités à se défouler sur la piste. Le reste de la semaine, l’ambiance est tout aussi éclectique avec des concerts, parfois improvisés, où des groupes viennent jouer de tous les styles de musique. Ouvert à toutes les tendances et cultivant le sens de la bonne humeur, le Clin’s Bar a de beaux jours festifs devant lui ! Caroline Carbel-Fortunée
Du soleil dans les assiettes
Illios 61, rue Ramey Tél : 01 42 23 67 60 Ouvert du lundi au vendredi et le samedi soir, de 12h00 à 14H15 au déjeuner, de 19h45 à 22h15. 22 —
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Un mix d’éclectisme et de bonne humeur
Clin’s Bar 3, rue Joseph Dijon Tél : 01 42 55 89 86 Ouvert tous les jours de 16h à 2h – fermé le mardi Facebook : clin’s bar waik
les bons shops
Communiqué
Chez Vous
Comme à la maison ou presque Vous pensiez avoir tout vu et tout goûté dans ce quartier Montmartre qui n’a plus de secret pour vous ? Enfin presque plus de secret ! Ce mois-ci Le Bonbon vous fait découvrir un lieu qui deviendra très vite un incontournable dans vos bonnes adresses gourmandes du 18ème. Poussez un tout petit peu après la rue Custine et descendez un chouïa la rue Caulaincourt pour venir chez eux, ou plutôt « Chez Vous », bar à vin et restaurant intimiste au cœur d’un Montmartre paisible et authentique, loin de l’agitation et des attrapetouristes. « Eux », ce sont Arnaud et sa compagne Alexandrine, deux passionnés qui, avec pas moins de 12 et 17 ans de carrière derrière eux, mènent ce lieu d’une main de maître. Pour eux, restauration ne peut rimer qu’avec chaleur et décontraction. L’hôte prévient : « Je veux que les gens se sentent bien, comme s’ils étaient chez eux ». Et c’est vrai que l’on se sent bien, assis devant le tonneau qui fait office de table et savourant un verre de vin choisi sur les conseils de la maison. En ce mois de juin, vous vous laisserez peut-être tenter par le délicieux Côte de Brouilly, vin naturel sélectionné et goûté par le tandem de choc. Monsieur Soleil pointant enfin le bout son nez, chacun se remet en quête d’une terrasse où se poser le temps d’un déjeuner entre collègues ou d’un
café entre amis. À mi-chemin entre l’atmosphère conviviale du troquet de quartier et le charme discret du restaurant à la française, « Chez Vous » deviendra le nouveau lieu de prédilection de tous ceux qui n’imaginent plus leur pause déj’ sans lunettes de soleil. Vous aurez le choix entre la formule « plat du jour + café » à 9 euros pour les plus pressés ou l’entrée-plat du jour (ou le plat du jour-dessert) à 13€ pour les plus affamés. La lumière qui baigne la terrasse jusqu’en milieu d’après-midi se fait alors la malle. Mais pas de panique, elle réapparaît de l’autre côté de « Chez Vous ». Laissez donc le côté cour et venez essayer le côté jardin pour un dîner face à un coucher de soleil 100% montmartrois. Fermez les yeux, avancez un peu… Voilà vous y êtes. Au fond de la salle, vous dégusterez l’entrecôte sauce Morille ou le « Risotto…selon humeur » du chef, nez à nez avec un véritable petit paradis. Les grands arbres et la végétation sauvage de « la coulée verte » vous plongeront dans l’atmosphère d’antan, à l’époque où la rue Caulaincourt n’était que maquis. Alors si vous êtes sur la butte et que vous trouvez qu’il y manque un zeste d’authenticité, venez d’urgence « Chez Vous » pour vous réconcilier avec l’ambiance du village Montmartre. Mais faites vite, il n’y a déjà plus beaucoup de places en terrasse ! Sarah Ertel
Chez Vous 41, rue Caulaincourt Tél : 01 42 54 54 79 juin 2010 |
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le bon artisan texte julien chavanes / photo Céline Barrelet
Djibril Bodian Le magicien et ses baguettes Il pratique la magie blanche, celle de sa farine, qu’il pétrit, transforme, dessine, pour donner vie à la meilleure baguette de Paris. Couronné en mars dernier, Djibril Bodian n’a rien changé à sa recette : passion, précision, humilité. Et une énorme dose de sympathie !
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lle sort tout juste du four. Joliment dorée, trésor chaud au parfum hypnotisant. Elle s’ouvre sans effort, avec un délicieux craquement, dévoile un corps léger, aéré de fines alvéoles. Evidemment, on craque. On croque. Et on comprend. On comprend pourquoi Djibril Bodian, le magicien qui lui a donné vie, vient de gagner le prix de la meilleure baguette de Paris. Elle est douce, pleine, généreuse. Un dessert. Elle se savoure parfaitement seule, nue, sans accompagnement. Epure gastronomique. Le grand tour de magie, le voici : elle disparait aussi vite qu’elle est apparue ! La première bouchée appelle les suivantes, impossible de
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s’arrêter ! Le secret ? Le créateur. Tout simplement. Djibril Bodian, 33 ans, voix calme, sourire franc, mains fines, de la passion à chaque mot. « La couleur, l’aspect, le parfum, la mie, l’alvéolage et bien sûr le goût : tout est important pour faire une bonne baguette ! C’est une question d’expérience et d’observation. La recette est toujours la même, ce sont les produits utilisés et le savoir-faire qui font la différence. » Djibril dispense sa magie depuis 12 ans sur la Butte, au 38 de la rue des Abbesses. Mais depuis 6 ans, avec le rachat de sa boutique par l’enseigne « Le Grenier à Pain », il a vraiment les moyens de ses ambitions. L’exigence absolue du garçon a trouvé un parfait relais avec ses nouveaux employeurs. Et s’il faut parler d’un secret, Djibril est formel : « Le temps. Il faut sortir de la logique productiviste qui réduit tout, et notamment la qualité. Aujourd’hui, les boulangers reviennent aux anciennes méthodes, plus respectueuses du produit. Moi-même, j’ai amélioré ma baguette en laissant la pâte reposer
davantage un jour où il y avait moins de clients. C’était une petite erreur, mais elle s’est avérée meilleure ! C’est grâce à ce type d’améliorations que j’ai pu remporter le concours. » Djibril est né dans la pâte à pain. « Mon père est boulanger à Pantin et mon frère est pâtissier. Je les ai toujours vus s’épanouir dans ces métiers pourtant très contraignants. Je me suis dit qu’une belle vie pouvait être possible dans cette profession. Après mes études, j’ai trouvé une place ici aux Abbesses. Je n’ai plus jamais quitté le quartier. J’habite Porte de Saint-Ouen, mais c’est un vrai bonheur de venir travailler ici. C’est un endroit extraordinaire. Il y a toujours du monde et la clientèle est fidèle. » Cela faisait 5 ans que Djibril tentait de remporter le concours de la meilleure baguette de Paris. Depuis sa consécration, les sollicitations
n’arrêtent pas : « C’est une grande fierté mais je suis épuisé ! » Il ne s’embarrasse pas des symboles. Un jeune homme de 33 ans d’origine sénégalaise faisant la meilleure baguette de Paris ? « Cela prouve juste que ce métier n’a rien à voir avec la couleur de la peau. Rien de plus. » Privilège ultime lié à sa victoire : il sera durant un an le boulanger de l’Elysée ! Chaque matin, Nicolas Sarkozy trempe dans son café des tartines d’un pain délicieux, fabriqué par un certain Djibril Bodian. Et ça aussi, c’est un joli tour de magie…
Le Grenier à Pain
38, rue des Abbesses Tél : 01 46 06 41 81 Fermé le mardi
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les bons petits diables texte julien chavanes
Les ateliers Francoeur l’éveil en scène Au 26 de la rue francoeur, le théâtre n’a pas d’âge! Erwan et Agathe reçoivent les plus jeunes, de 3 à 17 ans, pour des cours qui éveillent les sens et stimulent l’imaginaire.
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ouer, quoi de plus naturel pour un enfant? Aux Ateliers Francoeur, nos petits peuvent exercer leurs talents de grands comédiens entourés par une équipe de professionnels. Il y a 7 ans, ce lieu plein de charme est repéré par un couple d’acteurs: Erwan Creignou et Agathe Chouchan. A l’époque, la salle du 26 rue francoeur est à vendre. Pour Erwan et Agathe c’est une chance unique: ils habitent au cinquième étage du même immeuble! L’histoire est trop belle : les voici à la tête des Ateliers Francoeur. Ils proposent d’abord des cours pour adolescents puis élargissent aux enfants jusqu’au plus petits: 3 ans ! « Nous sommes passionnés par la transmission. Donner des cours de théâtres aux plus jeunes, c’est exigeant. Il faut arriver à les captiver, à cadrer leur énergie. Sinon, ça part vite en Spiderman! » La méthode est douce et évolutive: 26 —
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« Les débuts, ce sont surtout des séances de présentation, de prise de parole, de respect de l’écoute. Puis l’on passe aux histoires, que l’on raconte puis que l’on joue avec eux. » Le cours dure 45 minutes, une fois par semaine. 10 à 12 enfants, pas plus. De 6 à 12 ans, le cours passe à 1h. Et de 14 à 17, 1h30. A la fin de l’année, chaque groupe propose un petit spectacle. Pour ceux qui ont dépassé les 10 ans, les honneurs d’une vraie salle de théâtre: Le Funambule, situé juste en face des ateliers. « Suivre ces petits, les voir grandir, c’est très émouvant » raconte Erwan. Depuis peu il propose aussi des stages de cinéma. Au programme également, des cours d’éveil musical, de guitare et de danse. Tous les enseignants sont des professionnels de leur discipline. Les prix varient de 270 à 310€, en fonction de l’âge. Et pour les parents, des cours pour adultes sont également proposés ! En scène !
Ateliers Francoeur 26 rue Francoeur Tel: 01 42 23 31 41
c’etait le 14 mai au divan du monde : la bonbon party vol. 1
plus de photos sur le facebook du bonbon ou sur
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le conte est bon texte Julien Chavanes
La Goutte d’Or en Fete
Célébrer l’ici et l’ailleurs La Fête de la Goutte d’Or a 25 ans ! Festival unique et précieux, il dévoile chaque année les trésors de créativité et de solidarité d’un quartier pas comme les autres. Rendez-vous du 19 au 27 juin pour savourer ses nombreux parfums.
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a commence toujours de la même manière. Fin juin, la Goutte d’Or monte doucement en température. Dans les écoles, les associations, les cours d’immeubles, l’émulation se fait sentir. Le quartier se prépare, se presse, se drape pour sa grande fête. Puis c’est l’explosion de couleurs, de sons, de saveurs. Durant une semaine, les habitants vivent aux rythmes du festival. Vendredi et samedi soir, la grande scène installée devant l’église Saint Bernard attire une foule joyeuse. Goutte à goutte d’or, sa jeunesse remplit ses rues, vivante, métisse, dorée. Puis elle se retire doucement, par vagues, rentre chez elle, heureuse d’avoir célébré, au moins quelques jours, une vie de quartier qui ne laisse pas souvent la place à l’euphorie. Cela fait 25 ans que la fête de la Goutte d’Or dit autre chose 30 —
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du quartier. Elle fait du bien. Nathalie Kouper, organisatrice, confirme : « Les habitants sont très attachés à l’évènement. Il offre une autre image de la Goutte d’Or. Une image qui lui ressemble. » En 1976, une association organise un simple repas. Autour d’un méchoui, on installe des ateliers artistiques accompagnés d’un orchestre. Un quart de siècle plus tard, la Fête de la Goutte d’Or est gérée par environ 200 personnes, toutes bénévoles, et accueille plus de 15000 visiteurs ! Des dizaines d’associations sont impliquées, les habitants régulièrement consultés. Les écoles profitent de la grande scène pour présenter leurs spectacles de fin d’année et c’est quasiment toute la jeunesse du quartier qui donne vie à la mythique soirée rap du vendredi soir. La liste des groupes passés par le festival est impressionnante : Amadou et Mariam, Gnawa Diffusion, Manu Chao, Zebda, Diams’, Kery James, Sinik, Idir… Dans Paris intra muros, c’est absolument unique. Et ce n’est pas un hasard. Sur ce petit morceau de la capitale, se croisent mille cultures, mille influences, mille références. Creuset géant, bouillon de créativité, qui ne demandait qu’à avoir son théâtre pour s’ex-
primer pleinement. Le quartier avait besoin de la Fête de la Goutte d’Or. Il suffit de s’y perdre un jour de juin, entre les stands de cuisine africaine tenus par les mamans, les ateliers de jeux pour les plus jeunes, les groupes d’associations battant le pavé et les artistes fiers de défiler sur cette scène incroyable, pour le ressentir puissamment. L’an dernier, le décès d’un jeune du quartier avait stoppé net les festivités. Preuve que la fête a aussi ses limites. Mais pour les 25 ans, l’affiche promet d’être belle. Outre le village festif et ses animations quotidiennes, sont annoncés sur scène l’Orchestre National de Barbès et Sexion d’Assaut. Que la
Goutte d’Or se fête encore longtemps. A l’heure où l’on se crispe sur nos petites identités, c’est tout le 18ème et même tout Paris, qui a besoin d’elle et de ses trésors.
La Goutte d’Or en fête Du 19 au 27 juin 2010
Dans tout le quartier. Grande scène devant l’église Saint Bernard. Programmation complète sur le site internet de la fête : www.gouttedorenfete.org
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le Bon agenda agenda des manifestations culturelles musique La boule noire Mardi 01 : SOMA Mercredi 02 : BeatSteaks Du Vendredi 04 au Samedi 05 : Fallenfest Lundi 07 : Four Year Strong Mardi 08 : We are the fallen Mercredi 09 : Blessed by a broken heart Jeudi10 : The Tatianas Samedi 12 : Fallenfest Elysées Montmartre Mercredi 02 : Pony Pony Run Run Jeudi 03 : Incognito Vendredi 04 : 10 ans Hip Hop résistant – Dilated People + Kyssi Wète Samedi 05/06 et 19 : Le bal de l’Elysées Montmartre Lundi 07 : V V Brown Mardi 08 : Thievery Corporation Jeudi 10 : Clipse Samedi 12: Infunkwetrust the party Mercredi 16 : UB 40 Samedi 19 : Warren Dimanche 20 : The Get Up Kids Samedi 26 : Que Fuerte Paris Gaypride Party 2010 Les trois baudets Mardi 01 : Chloé Lacan Merc 02 : Serge Rezvani Jeudi 03 : Lili Ster Vendredi 04 : 3 minutes sur Mer + Lisa Portelli Samedi 05 : Damien Robitaille Mardi 08 : Charlotte etc. Mer 09 : Irène Jacob Jeudi 10 : Calame Vendredi 11 : Fabio Viscogliosi et Blutch Samedi 12 : Tonino Benacquista Dimanche 13 : Félix Jousserand+ Projection de « Slam ce qui nous brûle » Mardi 15 : Promotion 1010 d’ACP, la manufacture chanson Jeudi 17 : Bastien Lallemant Vendredi 18 : Uppercut + Perrine en morceaux Samedi 19 : David Lafore + Maud Lübeck Lundi 21 : Kakehashi Mardi 22 : Mr Mouch + Grand slam de Paname 32 —
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Mer 23 : Spam + John Fizz Jeudi 24 : Pigalle + Prohom Vend 25 : La féline + Mo Sam 26 : Tamérantong Lundi 28 : Irène Jacob Mardi 29 : Les yeux d’la tête + Tina Tictone Mer 30 : Arnold + Igit et la communauté du petit monde Centre musical Barbara Mardi 01 : Tamikrest Jeudi 03 : Binge Drinking + FGO lab hors les murs + Carole Masseport Vendredi 04 : Rezone + Alex Keren Mardi 08 : Collectif au fond du couloir à gauche Jeudi 10 : Savon Tranchand + Singeon Vendredi 11 : Carte blanche à Savon Tranchand + Retransmission matchs de foots Dimanche 13 : Festival Newbled+ Emel Mathlouthi matchs Vendredi 18: Fgo lab’ avec Harrison & beau + Mahelle Samedi 19 : Concert des 9-15 ans de l’école Atla Dimanche 20 : Panique au village Du 23 au 37 : Fête de la Goutte d’Or La cigale Mardi 01 : Kate Nash Mercredi 02 : Sophie Hunger Vendredi 04 : Erik Lundi 07 : Meshell Ndegeocello Jeudi 10 : The drums + We have Band + Guests Lundi 14: Puggy Jeudi 17: Stanislas Du 26 au 27 : Fallenfest Lundi 28 : Vitaa Mardi 29 : Rise against Mercredi 30 : Playing for change Le divan du monde Vendredi 4: MASQUERADE Vendredi 11 : France/Uruguay Samedi 12 : Argentina/Nigeria + England/USA Jeudi 17 : France/Mexico Samedi 19 : BACK TO THE 80S/90S Mardi 22 : France/South Africa Jeudi 24 : Soirée secousse Mercredi 30 : Asaf Avidan & The Mojos
les bonnes adresses
RÉGIE PUBLICITAIRE 06 27 96 75 82 david@lebonbon.fr
1/ 1001 fe n etr e s
13/ KOO DJO-VI
71, rue Condorcet 01 45 33 03 86
60, rue Duhesme 01 42 55 88 47
2/ C LIN’S BAR
14/ LA B ONNNE HEURE
3, rue Joseph Dijon 01 42 55 89 86
11, rue Brochant 75017 01 46 27 49 89
3/ C RYSTAL OPTI CAL
15/ LE GAB IN
24 rue de la Goutte d’Or 01 42 52 36 31
25, rue Lambert 01 53 28 27 93
4/ B IJOUTERIE D ENYS TOURNAN D
16/ LE PETIT PARI S IEN
102, rue Damrémont 01 46 06 95 29
28, rue de Tholozé 01 42 54 24 21
5/ CALL ME B UBB LE S
17/ ANOU C HI K
54, rue Custine 06 48 27 14 76
30, rue Durantin 01 42 58 44 83
6/ IYARA
18/ LE S JOLI(E)S MÔME S
57, rue Caulaincourt 01 42 55 62 65
69, rue Labat 01 55 79 07 50
7/ KIEHLS
19/ LE S STU D IO S MONTMARTRE
22, rue des Abbesses 01 42 54 44 19
www.paris-apartement-rent.com 01 42 59 43 05
8/ la C HAI S E ROU G E
20/ MARC HE D E S GASTRONOME S
18, rue Francoeur 01 42 51 47 24
9, place Pigalle 01 80 06 85 56
9/ D E C O ELEMENTS
21/ NATUREHOUS E
150, rue Ordener 01 42 64 40 94
170, rue Marcadet 01 42 54 96 22
10/ D IXHUITIEME AVENUE
22/ OPTI CAL S OIN
8, rue Ramey 01 42 64 27 69 / 59, rue Caulaincourt 01 42 58 06 06 / 81, rue Mont Cenis 01 42 64 27 69
68, rue Duhesme 01 42 55 56 39
11/ LE S C OPITONE
23/ RE STAURANT A LA G OUTTE D’OR
1, rue Fleury 01 53 09 30 70
41, rue de la Goutte d’Or 01 42 64 99 16
12/ IN STITUT EVAS ION FOR MEN
24/ TRALALI TRALALA
4, rue Audran 01 42 62 30 42
80, rue Mont Cenis 01 83 56 71 75
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