ELLE EST PAS BELLE LA VIE ?!
PARIS CENTRE
Février 2019 - n° 106 - www.lebonbon.fr
EDITO
Confiseur
Jacques de la Chaise
Directeur Associé
Antoine Viger
Directeur de Création
Tom Gordon
Rédacteurs en Chef
Eva Yoro Coline de Silans Zoé Stène Hélène Chi Chao Wei Rachel Thomas Sarah Sirel Lucas Javelle
Graphistes
Clément Tremblot Juliane Goustard Augustin Serres
Secrétaire de Rédaction
Louis Haeffner
Rédacteurs
Manon Merrien-Joly Juliette Darmon Inès Agblo Morgane Espagnet Lisa Belkebla Marie-Carline Chardonnet
Social Media Manager
Gaëtan Gabriele
Photographe
Naïs Bessaih
Directeur Commercial
Benjamin Alazard
Directeur Évenementiel
Nicolas Delmatto
Directeurs de Clientèle
Fallon Hassaïni
Chef de Projets
Farah Bardissy Juliette Bise Corentin Durrieu Chloé Decombes
Concepteur Rédacteur
Timothée Malbrunot
Chefs de Publicité
Benjamin Haddad Élodie Gendron Thomas Reka Christopher Holubenny
Chefs de Projets Digital
Dulien Serriere Florian Yebga
Développeur
Maxime Laigre
Vidéo
William Baudouin Fiona Garfagnini Nicolas Grellier
Culture et Partenariats
Fanny Lebizay Antoine Kodio
Stagiaires
Jeanne Gourdon Emilie Malle Théo Conigliano Marianne Mosad Alvarez
Contact
SAS Le Bonbon 15, rue du Delta - 9e Benjamin Haddad benjamin.h@lebonbon.fr 06 20 23 54 49
Cette année, elle a mis le paquet. Elle a choisi un resto au design épuré, bientôt étoilé. Parce qu’elle s’y est prise un peu au dernier moment, on lui a proposé le dernier service, la seule place qui restait. Elle arrive bien habillée, juste à l’heure en ce 14 février. Son jeu est bien rôdé. On l’accueille avec un sourire, on l’invite à s’asseoir en attendant son ami. Les minutes passent. Elles se délecte du cadre, de tout ces couples qui ont l’air de s’ennuyer ferme. Elle connaît la suite sur le bout des doigts : au bout d’une heure, on s’inquiétera du fait que son ami n’est toujours pas arrivé. Les larmes dans les yeux, elle répondra qu’elle ne comprend pas, qu’il aurait dû être là. Encore un peu plus tard, elle annoncera avec des trémolos dans la voix que son ami ne viendra pas. Pris de pitié, le serveur lui offrira alors le menu Saint-Valentin qu’elle avait réservé, et qu’elle savourera en riant intérieurement. Gagné. Ce jour- là, elle en est à savourer son cœur en chocolat, quand le serveur s’approche d’elle. Il est désolé pour elle, celui qui a fait ça ne la mérite sûrement pas. Elle sourit, entame la conversation, lui explique que la SaintValentin elle n’y croit pas, et, comme il a l’air sympa, finit par lui révéler son secret. Il reste un moment interdit puis éclate de rire. Celle-là, on ne lui avait encore jamais fait. Quelques heures plus tard, ils se quittent devant le restaurant, en riant bruyamment. Sur le chemin du retour, elle se dit que décidément, elle ne doit pas être douée en amour : elle n’a même pas le nom du garçon. Alors qu’elle s’apprête a rentrer, les mains dans les poches, elle s’arrête subitement : dans la poche de son manteau, entre deux stylos, un bout de papier froissé avec un numéro. Coline de Silans
3
FÉVRIER 2019
6
LA BONNE GALERIE
8
LE BON ARTISAN
10
LA BONNE ASSO
12
LE BON FILM
14
LE BON FESTIVAL
F.A.M.E. à la Gaîté Lyrique
16
LA BONNE ÉTOILE
Le plus sympa des voyous
20
LA BONNE ENQUÊTE
Ces nouvelles façons d’aimer
24
LE BON EN ARRIÈRE
156, rue Saint Denis
25
LA BONNE ILLUSTRATION
La Place, une nouvelle galerie d’art Pauline Brosset, chapelière Greeters fait visiter Paris gratos Celle que vous croyez
RegardsCoupables™
5
DIAPHANA FILMS PRÉSENTE
JULIETTE BINOCHE
Celle que vous croyez UN FILM DE
SAFY NEBBOU FRANÇOIS CIVIL NICOLE GARCIA D’APRÈS LE ROMAN DE
CAMILLE LAURENS
le 27 février au cinéma
BON TIMING On s’illusionne au Centre Pompidou Le Centre Pompidou nous présente la première rétrospective française consacrée au père de l’art optique. Ce genre emblématique qui s’est épanoui au milieu des années 50 consiste à jouer avec les formes et les couleurs pour créer des illusions d’optique. À travers sa large palette d’œuvres, Vasarely illustre les grands changements sociétaux et devient ainsi une figure majeure de la culture populaire. Vasarely, le partage des formes Place Georges-Pompidou – 4e Du 6 février au 6 mai 2019 On s’immerge dans un monde fantastique Les samedis de la VR proposent des séances thématiques avec une sélection d’œuvres provenant du monde entier, afin de rendre la virtualité accessible à tous. Ce mois-ci, le Forum des images nous a concocté une programmation aux petits oignons. Au menu, des films d’horreur à vivre à 360°, des expériences immersives et interactives qui vont vous faire trembler. Les samedis de la VR Forum des images 2, rue du Cinéma – 1er Chaque samedi, 6 séances de 14h30 à 19h30 On se met aux couleurs de la Chine Le 5 février, on célèbre le Nouvel An chinois et l’entrée dans l’année du cochon de terre. Au menu, le grand défilé du Dragon, place de la République, le dimanche 10 février, mais également de nombreux spectacles, marchés, conférences, ateliers et animations hautes en couleur dans tout le 3e arrondissement. Nouvel An chinois Un peu partout dans le 3e Du 4 au 9 février 2019
7
LA BONNE GALERIE
Une nouvelle galerie d’art et de parfum ouvre dans le 2e Dans une petite rue du quartier Montorgueil, voilà un lieu qui vaut le coup d’œil. Un cabinet de curiosités où se mêlent douceur et volupté, un espace qui évolue au gré des inspirations d’Emmanuel et Virginie, deux passionnés d’art qui ont fait de cet endroit un lieu vivant et inspirant. Lorsqu’on pousse la porte de cette galerie, on entre dans l’univers artistique d’une trentaine d’artisans parfumeurs, peintres, sculpteurs, céramistes ou encore designers. Un univers où l’on prend le temps d’observer, de toucher et de s’imprégner des odeurs. Un endroit où l’on s’attache à la rencontre : « J’expose les artistes pour lesquels j’ai eu un coup de cœur et celui-ci passe d’abord par la rencontre humaine, c’est le plus important pour moi », nous confie Emmanuel, architecte, designer et scénographe.
8
Communiqué
Outre les œuvres permanentes, le lieu reçoit, une fois par mois, un(e) artiste pour une grande exposition éphémère. Durant 2019, on pourra donc s’immerger dans les créations contemporaines des artistes, dont celles de Ray Renaudin et Cristina Marquès en ce début d’année. Des œuvres d’art exposées en résonance avec les parfums… Virginie, directrice de la création de sa marque de parfums depuis plusieurs années, crée des senteurs très personnelles autour de fleurs d’exception comme le mimosa ou la fleur d’oranger : « certains sont l’expression d’un engagement, d’autres, inspirés des femmes de ma famille. L’eau de Gina, par exemple, traduit l’hyperféminité. Je me suis inspirée de ma mère d’origine italienne. Chaque flacon de parfum a une histoire, c’est un mode d’expression et donc une œuvre à part entière. ».
“J’expose les artistes pour lesquels j’ai eu un coup de cœur” Également cercle de pensée, la galerie est un moyen de partager et d’échanger des idées sur le parfum et l’art, comme lors de conférences thématiques, de dîners ou encore d’ateliers olfactifs originaux tels que la création de parfums sur-mesure ou la méditation olfactive. Un voyage parfumé est proposé avec des conférences et des expositions qui rythment la vie de La Place. Un lieu hybride et chaleureux qui ravira les amoureux d’art et les curieux ! • Z.S.
La Place 9, rue Française – 2e
9
LE BON ARTISAN
Rencontre avec une chapelière hors pair C’est dans le quartier des Arts et Métiers que Pauline Brosset nous a ouvert les portes de son petit atelier caché. À 33 ans, cette créatrice aux mains de fée fait partie de la communauté très fermée des artisans du vêtement sur-mesure, et a accepté, le temps d’une matinée, de nous plonger dans son univers. Rencontre avec une chapelière hors pair. Malletiers, tailleurs, bottiers et chapeliers ; autant de métiers oubliés qui semblent faire l’objet d’un regain d’intérêt auprès de la jeune génération. C’est le cas de Pauline Brosset, jeune chapelière douée, intuitive et passionnée : « Petite, je voulais déjà être chef d’entreprise et styliste, mais c’est ma rencontre avec le célèbre chapelier Fernand Sebbah qui m’a donné envie de me spécialiser. La chapellerie rassemblait l’excellence et l’élégance, je trouvais que c’était dans l’air du temps. ».
Chaque jour, Pauline s’attelle minutieusement au travail et doit faire preuve d’ingéniosité pour bidouiller des outils qui ne sont, aujourd’hui, malheureusement plus fabriqués. « Pour l’une de mes créations, j’ai dû utiliser un plot de signalisation. Une fois passé au lave-vaisselle, ce fut un parfait moule à chapeau pointu. » Outre sa créativité, le secret de la chapelière se trouve dans un appareil rare et très particulier : un conformateur des années 50, récupéré dans une mythique maison française de haute couture et qui permet de reproduire la forme et le tour de tête sans devoir utiliser d’ovale normalisé. Côté matière, nous sommes bien loin d’une fabrication industrielle : feutre de castor, soie, cuir ou encore cachemire, « imperméables, malléables et durables, on ne fera jamais mieux que la nature », clame la jeune femme, « on peut même utiliser la matière de base
10
“La première chose que je fais lorsqu’une personne passe à l’atelier, c’est de prendre le temps de la rencontrer” du chapeau et pour le re-customiser selon nos envies et ainsi avoir l’opportunité de le garder au moins une décennie. ». La force de la créatrice ? Sans aucun doute sa générosité ! « La première chose que je fais lorsqu’une personne passe à l’atelier, c’est de prendre le temps de la rencontrer et de m’intéresser à son mode de vie. Mon but est évidemment que ma proposition soit au plus proche de son style et de sa personnalité pour qu’elle porte son chapeau le plus souvent et le plus longtemps possible. » Et lorsqu’on lui demande ce que le chapeau peut nous apporter, Pauline nous répond
en toute simplicité : « ce que je trouve fascinant, c’est que le chapeau oblige un certain respect naturel et puis, avoir son propre style est devenu très moderne, être à la mode c’est complètement dépassé. ». Chapeau bas à cette super nana ! • Z.S.
Pauline Brosset 43, rue Volta – 3e Tél. : 01 42 74 65 75 paulinechapelière.com
11
LA BONNE ASSO
Greeters fait visiter Paris gratos ! Avec près de 34 millions de touristes chaque année, Paris est l’une des villes les plus visitées du monde. Le Louvre, la tour Eiffel, Notre-Dame, les Champs, et si les visiteurs du monde entier souhaitaient désormais voyager autrement ? C’est ce que propose Greeters, une petite pépite qui ne se contente pas de faire découvrir Paris mais donne l’opportunité de la vivre.
Tout au long de l’année, l’asso organise des balades gratuites pour les visiteurs provinciaux et étrangers grâce aux 400 bénévoles passionnés qui prennent plaisir à faire découvrir leur quartier. « Le tourisme a évolué, les gens veulent visiter autrement et adorent se sentir Parisiens le temps d’une journée », explique JeanClaude Simhon, président de l’association. Pour les bénévoles parisiens, balader des familles ou des petits groupes d’amis, c’est surtout l’occasion d’échanger avec des personnes venant du monde entier et de partager avec eux les joies de leur quartier. « C’est dingue, mais beaucoup d’amitiés naissent de ces rencontres. Moi par exemple, j’ai créé un lien fort avec certaines personnes, il m’est même arrivé de me faire inviter à l’étranger ! », nous confie Jean-Claude. C’est au détour d’une balade que l’on rencontre Thomas, bénévole depuis quelques mois : « Quand j’avais des amis ou de la famille qui venaient à Paris, j’adorais leur faire découvrir la ville en dehors des sentiers battus. Dans le même temps, je cherchais à m’entraîner à parler anglais et en tombant sur l’association, je me suis dit que c’était exactement ce qu’il me fallait. ».
12
“Le tourisme a évolué, les gens veulent visiter autrement et adorent se sentir Parisiens le temps d’une journée.”
« Chaque promenade est charmante et surprenante parce qu’on prend le temps et on s’adapte aux centres d’intérêt des gens. Il n’y a pas longtemps, je suis tombé sur une personne mal voyante, j’ai dû m’adapter et décrire précisément les lieux par lesquels on passait. J’ai été surpris de voir que finalement, c’est moi qui découvrait Paris autrement. » Avec 15 langues parlées, la force de Greeters est sa capacité d’accueil pour de nombreuses nationalités. Avec comme valeurs le tourisme participatif et le développement durable, voilà une jolie manière de partager un petit bout de sa vie de Parisien ! • Z.S.
Parisien d’un jour – Paris Greeters www.greeters.paris
13
LE BON FILM
5 bonnes raisons d’aller voir Celle que vous croyez Claire, la cinquantaine, se crée un faux profil facebook pour stalker son amant, Ludo. Sur les réseaux, elle est désormais Clara, une superbe jeune femme de 24 ans. Un peu par hasard, elle noue une relation virtuelle avec Alex, le meilleur pote de Ludo, qui tombe éperdument amoureux de Clara. Prise à son propre jeu, Claire ne peut plus reculer…
Une satire des réseaux sociaux Avec beaucoup d’intelligence et de subtilité, le film montre les dérives du tout virtuel. Si les réseaux sociaux augmentent les chances de rencontrer l’amour, ils peuvent aussi créer une véritable dépendance. On joue avec son image, on idéalise sa vie, mais les sentiments qui se créent par écrans interposés sont bien réels, et la souffrance qu’ils peuvent engendrer également. Juliette Binoche Elle est tout simplement époustouflante. Dans le rôle de cette femme qui refuse, quelque part, de vieillir, elle est tour à tour inquiétante, fragile, séductrice, et dévoile une duplicité surprenante. Elle porte le film de bout en
14
bout avec une authenticité et une aisance qui touchent à la grâce. Quelle femme ! François Civil Dans toute la première partie du film, son personnage n’existe que par sa voix, mais il parvient grâce à un travail fascinant sur les intonations et les modulations vocales à lui donner corps, à le rendre sensible, si bien que quand il apparaît finalement en chair et en os, on tombe totalement sous le charme. Comme Claire. Jeux de miroirs En travaillant beaucoup sur les reflets – dans le miroir, à la fenêtre la nuit, devant l’écran – et les images que les personnages ont et
donnent d’eux-mêmes, le réalisateur Safy Nebbou donne une profondeur vertigineuse à son métrage, dont les décors naturels sont constitués par les immeubles tout en verre d’un Paris très contemporain. La voix au cœur de tout Le film débute par la confrontation silencieuse entre Claire et sa psychiatre, incarnée avec beaucoup de sensibilité par Nicole Garcia. Dans ce cabinet cosy comme dans l’intimité d’une chambre duveuteuse, pendue au téléphone, les voix des comédiens résonnent avec une puissance émotionnelle impressionnante. Tomber amoureux d’une voix, c’est possible ! • L.H.
15
LA BON FESTIVAL
F.A.M.E, un festival unique alliant cinéma et musique Le festival international de films musicaux fête ses 5 ans d’aventure. Compétition, avant-premières exclusives, films rares et inédits, performances live, conférences et rencontres, le F.A.M.E c’est tout ça à la fois. Pendant 5 jours, c’est sous les pulsations des images et de la musique que la Gaîté lyrique vivra et vibrera. Dédié aux récits cinématographiques ayant pour thème principal la musique, le festival est un voyage où l’on passe d’un style musical à un autre : « Les films musicaux reflètent souvent une époque et nous permettent d’explorer d’autres cultures », nous confie Olivier Forest, l’un des deux directeurs artistiques. Mais au-delà des projections, F.A.M.E est avant tout un lieu de vie bouillonnant qui se prolonge à travers une série d’animations et d’évènements gratuits au cœur de Paris. Pour sa 5e édition, F.A.M.E met en avant des femmes puissantes. La flamboyante M.I.A, héroïne d’un film qui dévoile son intimité, ou comment l’enfant réfugiée qu’elle était s’est transformée en pop star internationale. La très mystérieuse Karen Dalton, étoile du folk de la fin des années 60
qui fascinait Bob Dylan. Les strip-teaseuses du club Shakedown, haut lieu de soirées lesbiennes afro-américaines, underground, torrides et illégales, dans le L.A. des années 2000. Sans oublier les L7, contributrices de l’émancipation des femmes dans le rock des années 90. Du voguing à la high energy, cette édition de F.A.M.E se joue aussi sur le dancefloor – foyer des cultures populaires, où les corps livrent leurs aspirations profondes en s’affranchissant des logiques et des diktats du jour – comme à travers le documentaire Fabulous, où Lasseindra Ninja, Mother de la House of Ninja, resplandissante sur les pistes des ballrooms du monde entier, est confrontée à son histoire et son identité. F.A.M.E, c’est l’occasion unique de découvrir des histoires passionnantes quel que soit le style, l’artiste ou l’époque. Rendez-vous à la Gaîté lyrique pour cinq jours de feu d’artifice visuel et vivant ! • Z.S.
F.A.M.E La Gaîté Lyrique 3 bis, rue Papin – 3e Du 13 au 17 février
16
“Un lieu de vie bouillonnant qui se prolonge à travers une série d’animations et d’évènements gratuits au cœur de Paris.” 17
18
LA BONNE ÉTOILE
Sarah Sirel Photos Naïs Bessaih
Texte
Le plus sympa des voyous Derrière le mystère Voyou se cache Thibaud, grand gaillard, visage affable et grandeur bienveillante. Avec un sourire enfantin, il porte sur le monde un regard juste et malicieux, du genre que l’on découvre en marchant sous la pluie au saut du lit. Son premier album, Les Bruits de la Ville, sort le 15 février et il enchante nos oreilles. C’est doux et sucré à la fois, comme une pastille à la menthe qui fond dans la bouche. Tu viens d’où Voyou ? Je suis né à Lille, j’ai ensuite vécu à Nantes et désormais à Paris depuis un an. On va retourner les questions habituelles, t’es chaud ? Alors, qu’est-ce qui ne t’a pas influencé ? La musique EDM, la techno hongroise des 90’s, le film Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?.
C’est quoi ta chanson pas préférée dans l’album ? C’est toutes mes bébés, j’ai ma petite tendresse pour chacune d’elles ! Mais je dirais le morceau Lille, il me rappelle trop de souvenirs tristes. T’écoutes pas quoi comme musique ? Despacito et les Summer Hits. Mais je n’ai jamais d’animosité pour la musique des autres… Même si je trouve ça hyper mauvais. On va parler de ton album si tu veux bien, tu as passé combien de temps dessus ? Tout est allé vite, j’ai vécu beaucoup de choses en deux ans et cet album est un condensé de ces deux dernières années. Pourtant tous les morceaux ont été écrits à des moments différents.
19
VOYOU C’est drôle car ça se ressent, chaque morceau évoque une émotion particulière et bien différente, comme un accordéon de sentiments… C’est le but ! Je passe énormément de temps sur les arrangements pour faire passer les émotions que peuvent ressentir les personnages que je décris et dépeindre le décor de mon histoire. Les morceaux ne se ressemblent pas car ils font tous appel à une émotion différente. Ça ne ferait pas trop sens pour moi d’avoir un truc hyper uniforme dans la masse sonore.
De toute façon il y a plein de tristesse qui nous entoure, mais on peut l’accepter et considérer que les choses tristes nous font évoluer vers quelque chose qui nous permet d’aller mieux ! Je n’ai pas de problème de tristesse dans ma vie en général.
“J’ai fait dix ans de tournée avant de lancer Voyou en solo.”
Elles ne parlent que de toi tes chansons ? Non, ma parole unique n’est pas assez intéressante pour être suffisante. Le morceau La Serre, par exemple, parle de la violence de notre époque. On est dans la merde pour le climat et je fais ma part du job pour sauver la planète, mais peut-être qu’il faut accepter qu’on ne contrôle pas tout et que le temps manque, non ? Mais bref, ne parlons pas de politique.
On retrouve beaucoup le registre du rêve dans l’album. T’es un grand enfant qui a peur du temps qui passe ? Non, le temps pour moi ne passe pas à la même vitesse que pour les autres car je fais un truc qui, justement, ne me renvoie pas au visage le temps qui passe. Ma plus grosse appréhension n’est pas de vieillir mais de ne plus rien avoir à raconter, comme beaucoup de personnes qui prennent de l’âge et qui restent bloquées à l’époque dans laquelle elles ont grandi. Ça m’arrivera peut-être un jour. Il contient pas mal de morceaux tristes, pourtant ton album, pris dans son ensemble, est assez joyeux. L’état d’esprit commun, c’est planqué, pas trop violent et jamais cynique. Je ne raconte pas une histoire qui se passe mal sans jamais donner les clés derrière pour que ça aille mieux.
Justement tu as toujours l’air heureux, c’est le cas ? Ouais, j’ai la chance de ne pas avoir de problèmes d’angoisse, de stress, ni de me poser de questions sur ce qu’il s’est passé ou ce qui va m’arriver. Toujours zen.
Alors on change de sujet. Racontemoi ta vie, t’as commencé comment la musique ? Mon père est musicien et j’ai commencé à jouer de la trompette avec lui quand j’étais petit. À 5 ans je suis rentré au Conservatoire, et j’en suis parti plus tard faute de manque d’espace de création plutôt que d’interprétation. J’ai ensuite commencé mes premiers groupes de rock vers 14 ans à Nantes. Puis en sortant du lycée j’ai joué avec Rhum for Pauline, Elephanz et Pegase, et j’ai fait dix ans de tournée avec ces groupes avant de lancer Voyou en solo. C’était pas facile mais j’étais heureux parce que je faisais un truc qui me plaisait et c’était plus important que de gagner de l’argent.
20
Tu chantes cette chanson qui s’appelle Les Trois Loubards, qui raconte une agression. Tu t’es vraiment fait castagner comme ça ? Ça m’est arrivé plusieurs fois ouais, je me suis fait racketter quand j’habitais dans la banlieue lilloise quand j’étais jeune. Mais le contexte des Trois Loubards, avec trois mecs qui viennent vers moi et me tapent la discut’ avant de me taper tout court, ça m’est arrivé à Nantes il y a environ trois ans. C’est quoi la question que tu aimerais que je te pose ? Le dernier concert que j’ai vraiment kiffé, et là-dessus je te réponds MOU au Pop Up du Label. Et je dis pas ça parce que c’est un pote, c’est sincère, j’ai adoré.
Tes adresses préférées à Paris ? Pour dîner, Jones à Voltaire. On y trouve plein de petits plats à partager, c’est tellement bon que ça te tue à chaque fois que tu prends une bouchée. Les saveurs sont folles, les textures sont folles, les couleurs sont folles, et les vins naturels sont incroyables. Pour boire des coups, j’aime beaucoup le Motel et le Chair de Poule et pour des concerts, j’adore la Maroquinerie. Sinon j’adore mon appart’, je m’y sens hyper bien. C’est important de le dire, non ? • S.S. Merci à l’hôtel 1K pour son accueil
Les Bruits de la Ville / Entreprise/ A+LSO Sortie le 15 février En concert le 10/04 à la Cigale et le 20/04 au Printemps de Bourges
21
22
LA BONNE ENQUÊTE
Ces nouvelles façons d’aimer LGBTTQQIAAP. Plus. Bienvenue en 2019, où l’alphabet sera bientôt à cours de lettres pour embrasser toutes les communautés, sexualités et identités de genre que les millennials brandissent avec fierté. Gay ? Pansexuel ? Polyamoureux ? Bi-curieux ? Le lexique de la nouvelle génération n’a jamais été aussi riche et complexe, celle-ci exigeant la précision pour se définir au mieux. L’amour conjugué au singulier, au pluriel, au féminin, au masculin mais surtout au présent ; rencontre avec ces Parisiens qui fêtent l’amour, en toutes lettres. S’oriente-t-on vers une démocratisation de ces formes de sexualité divergentes, aujourd’hui clairement nommées et identifiées ? Possible lorsque l’on comprend qu’enrichir le vocabulaire amoureux et sexuel, c’est finalement permettre une meilleure compréhension de soi et de sa place face aux normes très instituées. « Le fait que ces définitions se démocratisent, c’est une très bonne chose car ça permet à plein de gens qui avaient le sentiment d’être “hors-norme” de se
sentir enfin appartenir à un groupe, de poser des mots sur leur sexualité qui n’a en réalité rien d’anormale. Dans la construction sexuelle, c’est important de pouvoir se référer à ses semblables et à des codes communs, surtout quand on est jeune », explique Claire Alquier, sexologue. Libertine assumée, Florence s’est toujours sentie hors-norme, avant même de débuter sa sexualité “kinky” et de découvrir le monde BDSM. Sa sexualité débridée, elle n’en parle finalement qu’aux initiés. Seuls quelques très bons amis à elle, étrangers au milieu, appelés “vanille”, sont au courant de ses pratiques sexuelles. Elle explique en effet que s’assumer en tant que femme dans notre société n’est pas toujours évident, alors se revendiquer libertine peut vite donner lieu à des raccourcis et des préjugés. Même son de cloche du côté de Tony qui se définit comme « hétéro-curieux non monogame ». La norme et les pressions sociales, il les a subies pendant plusieurs
23
LA BONNE ENQUÊTE années, exprimant des difficultés à accepter son attirance pour les hommes. « Assumer sa bisexualité chez un homme, c’est encore compliqué de nos jours car il faut sans cesse se justifier sur le fait qu’il ne s’agisse pas d’une homosexualité refoulée, mais bien d’une réelle attirance pour les deux sexes », regrette notre sexologue. Pour Tony, le choix de ses partenaires est vite devenu compliqué car contraint de respecter « cette norme » dont il avait du mal à se défaire. Finalement, ce trentenaire non-monogame a décidé d’assumer sa sexualité, bien que celle-ci reste très controversée, notamment auprès de son entourage qui ne le prend pas toujours au sérieux ou « essaie de (le) réparer ». À 22 ans, Camille a déjà une belle expérience en tant que polyamoureuse. Et c’est par le biais d’une rencontre que cette jeune fleuriste a troqué sa fidélité et ses habitudes de monogame au profit d’un amour multiple. La raison ? « Je me suis dit que cet homme était si merveilleux, alors pourquoi aurais-je dû être la seule à en profiter ? », s’est-elle demandé. Si l’amour à plusieurs continue d’alimenter bien des fantasmes, considéré à la fois comme une fantaisie, une excentricité voire une anomalie, Camille pense précisément le contraire. « Il me semble que tous les polyamoureux sont de grands sentimentaux. On aime l’amour. C’est justement cette soif de l’autre qui m’a menée au polyamour. Ma curiosité. J’ai l’impression de vivre plus intensément ainsi. Et on ne va pas se mentir, c’est aussi jouissif de se sentir subversif. » Une sexualité en marge de la norme auraitelle donc des effets aphrodisiaques ? S’affranchir du modèle étriqué de leurs aînés, dominé par le patriarcat, la binarité hétéro/homo mais aussi par cette vision hétéronormée de la relation amoureuse, voilà
le pari de ces jeunes adultes qui redéfinissent l’amour et la sexualité, les rendant protéiformes mais aussi plus excitants. Si Clémence, éducatrice spécialisée de 30 ans se définissant comme bisexuelle, avoue ressentir parfois de la jalousie quand elle voit un(e) de ses partenaires dans les bras d’autres personnes, elle reconnaît que cette vision peut également l’exciter, « surtout quand la soirée se finit dans leurs bras », précise-t-elle. Se jouer du genre en brouillant volontairement les codes vestimentaires, pour Malaïka, jeune cheffe de projet digital assumant sa bisexualité et se revendiquant comme “genderfuck”, peut avoir en effet des aspects très attrayants. Elle raconte ainsi qu’en tant que cis-genre, il lui arrive souvent de se faire draguer par des hommes gays ou des
24
femmes hétérosexuelles, pour son « plus grand plaisir ». Preuve que les orientations et représentations sexuelles échappent aux concepts dans lesquels la société tente parfois de les enfermer. Si la démocratisation de ces nouvelles façons d’aimer est une vraie avancée, Claire Alquier craint que la “tendance” prenne le pas sur la sincérité, pointant du doigt cet encouragement parfois exacerbé de l’expérience à tout prix, contraignant les jeunes à essayer tout et tout de suite. « La sexualité, c’est quelque chose qui évolue tout au long de la vie. Plus on a accumulé de l’expérience, avec l’âge, avec du recul et une réflexion sur soi-même, plus on est en mesure de définir ses propres besoins et de s’affranchir des pressions sociales normées et très classiques. Mais c’est quelque chose qui demande du temps, du travail et de l’énergie »,
explique-t-elle. Si bien que la nouvelle génération est parfois aux prises avec une sorte de tiraillement, ne se reconnaissant ni dans la norme très classique toujours très présente de nos jours, ni dans l’autre, celle du non-classicisme et de l’expérience pour l’expérience. Finalement, en 2019, l’amour, la norme et le sexe n’auraient-ils pas été déplacés, faisant de la marginalité une nouvelle forme de conformité ? Seul l’avenir nous le dira. • E.Y.
Bibliographie La salope éthique de Janet Hardy More than two de Franklin Veaux Les nouvelles hétérosexualités de Daniel Welzer-Lang Art Queer. Une théorie freak de Renate Lorenz
25
1907 2019
156, rue Saint-Denis
LA BONNE ILLUSTRATION
Illustration
RegardsCoupables™ — @regards_coupables
27
LE BON SHOPPING
e i v a L
28
Canapé Maison du Monde - 375€ Casque Urbanears - 50€ Culotte Henriette H - 50€ Canard en plastique Qualipet - 8,90€ Casquette Adidas - 18€ Coque Kenzo - 40€ Carnet Junique - 140€ Cafetière Philips - 113€ Montre Swatch “Skinblush” - 105€
en rose 29
Š Naïs Bessaih
LE BON HOROSCOPE
BÉLIER
GÉMEAUX
LION
À trop prendre les personnes qui vous entourent pour acquises, arrive ce qui devait arriver. Elles s’éloignent de vous ! Attention donc à ne pas vous disperser et à prendre soin de vos êtres chers. En fait je rigole, c’est complètement faux mais je voulais me prendre pour Christine Haas au moins une fois.
Personne ne vous l’a encore dit aujourd’hui, alors lisez bien : vous êtes superbes, bien évidemment que c’est une idée brillante de s’habiller comme vous le faites, vos goûts sont légion et sont le prolongement de votre caractère ! Après tout, qui d’autre peut se vanter de porter des Crocs en février ? Pas grand monde...
Dans la grande gueule de bois permanente qu’est la vie, il est toujours de bon ton de ne pas se laisser abattre et de boire jusqu’à plus soif à la rafraîchissante fontaine du week-end. Allez, on sert les dents et on y va mollo sur les métaphores.
TAUREAU Pour ceux qui ont lu cette page le mois dernier, ça donne quoi pour vous la nouvelle année ? 2019 vous sourit-elle ? Est-ce que vos engagements et vos résolutions se portent bien ? Sans déconner, dites-moi, j’aimerais bien savoir si l’horoscope, c’est vraiment un truc qui marche.
CANCER Le fait de vivre à Paris met beaucoup de pression d’un point de vue culturel : toujours une expo à voir, un petit film d’auteur indépendant, un concert de jazz incontournable... Mais n’ayez pas peur, revendiquez votre amour des films de Christian Clavier et restez cette personne entière et touchante.
VIERGE La planète va mal, la vie est de plus en plus chère, des conflits mondiaux pointent le bout de leur nez et la France est 2e au classement FIFA. Quelle est votre place dans ce microcosme d’anxiété ? Toujours en terrasse visiblement. Vous êtes à la vie ce que la Bretagne est à Paris : un grand bol d’air frais.
32
Février 2019
par bill@lebonbon.fr
BALANCE
SAGITTAIRE
VERSEAU
Le mode avion, ça existe ; ça veut dire que lorsque vous regardez fébrilement votre téléphone en attente d’un message providentiel, il est possible que l’interlocuteur soit déconnecté, ce qui fait un peu de bien dans ce monde moderne ! Sauf si on parle de votre crush, lui c’est parce qu’il vous ignore, désolé.
Très bien, c’est l’hiver, mais il s’agirait de grandir un peu, de sortir de cet état léthargique et d’enfin accepter de sortir un peu plus ! Parce que franchement, l’excuse du « je reste chez moi, il fait trop froid » ça va 5 minutes. Je suis dur avec vous, mais c’est pour votre bien.
Vous glissez sur les problèmes comme un kayak sur l’eau, vous grimpez dans l’estime de votre supérieur tel le saumon qui remonte la cascade, il pleut sur vous une multitude de bonnes nouvelles et votre hydratation n’a d’égale que votre humeur positive. À bientôt pour d’autres jeux de mots mouillés.
SCORPION La liste des nommés aux Oscars est sortie et malgré tout, vous vous offusquez de ne pas avoir été contacté pour être le présentateur de cette fabuleuse cérémonie. Pourtant c’est bien connu qu’en tant que Scorpion, vos blagues sont affûtées et ne manquent pas de piquant ! Ça se voit tellement que je n’en suis pas un ?
CAPRICORNE Très bonne idée que d’attaquer 2019 à toute vitesse ! Pas le temps d’hésiter, on fonce tête la première ! C’est vraiment une belle initiative, c’est juste dommage que comme tout le monde vous n’ayez pas encore pris l’habitude et continuiez d’écrire 2018 sur n’importe quel papier important.
POISSONS Besoin d’un peu de motivation pour accomplir vos rêves ? Il suffit de demander ! Vous voulez chanter ? Attrapez donc ce micro ! Vous voulez danser ? La piste est à vous ! Vous voulez rester dans votre canapé à manger, boire et regarder des séries ? Vous excellez déjà dans ce domaine, je n’en doute même pas.
33
Welcome Cora ! Que la force soit avec toi ! Champagne pour Nicolas !
Le dry ja nuary n e se passe p as très bien, j’ai chuté dès le 3 e jour… William
Je comprends rien à ce qui se passe en France, je dois être sobre…
Bon a nnive rsair ma kik i des b e ois ! Nico
Nicolas D. t’es plus puceau, well done ! Patrick Sébastien président !
Je t’aime maman ! Clem’ Happy You Naïs ! On t’aime !
ière fois C’est la dern voyage en rs que je pa llègues… co es m ec av L.
nu suis deve Cool, je ! U M P r eu influenc qui ont les gens d, cest o p ir des a t une vraimen e. c ra sous-
J’ai découvert le compte @entenduadunkerque sur instagram, ça m’a souvé ma journée
Vous aussi passez votre annonce, contactez : cora.p@lebonbon.fr
Dany Boon, rends l’argent ! J’ai arrêté le spor je pue trop…
e t’aim , Je s a m on Tho cret. T as si p e en s ratrice i m d a . rète sec
34
t