Nuit
Novembre 2013 - n째 36 - lebonbon.fr
prĂŠsente
Š Emma Butler
Back to the Future
édito Novembre 2013
© Nicola Delorme
J’ai un bon pote, il s’appelle Bob, et Bob c’est le boss de la nuit, tu vois ce que je veux dire ? Le Bob, y’a pas une soirée qu’il passe pas dehors, toujours à fond, il est vraiment increvable. Tranquilou, il peut t’enchaîner des bars moisis, des clubs de seconde zone, des trucs de bourges, des afters dans des apparts de chéper, il s’en fout Bob, il a plus de caisson qu’un marathonien d’Éthiopie.
Lou Reed (1942-2013)
Avant d’être un gros noctambule, le Bob il était coureur cycliste. Pour déconner, il me dit souvent qu’il était le roi de la pédale, mais moi, ça me fait pas vraiment rire. Il me dit aussi que pour lui, le vélo, ça ressemble carrément à la teuf. Il me dit : « Ben oui, vieux, quand j’écume les rades, j’ai l’impression de gravir des cols hors catégorie. Hop, hop, j’mets le gros braquet, j’pars pour un Tour de la Défonce. » Il est quand même cool mon pote Bob, y’a pas à tortiller du cul. Le problème, c’est que la semaine dernière, pendant qu’il était sur l’étape Rex/Zorba, il s’est fait niquer par les contrôles anti-dopage. J’crois bien qu’on a retrouvé toute une pharmacie dans son urine. Mon Bob, il s’est pas démonté, il leur a dit : « Les mecs, c’est plus ce que c’était Paris. Avant, c’était une petite étape de plaine, maintenant, y’a trop de trucs à faire, on est obligé de se charger à mort pour suivre la cadence infernale imposée par les nouveaux parcours. » Alors il a fait un peu de zonz’, le Bob. Puis je suis allé le voir quand il est sorti. Il avait déjà trouvé des nouveaux fournisseurs, des gars qui lui refourguent des produits du futur, genre des machins indétectables. Il m’a fait un clin d’oeil et il m’a dit : « Dans la nuit comme dans la bicyclette, vieux, ce qui compte, c’est le pas vu, pas pris. » MPK Rédacteur en chef P.S : Une petite pensée pour Lou Reed, qui a cassé sa pipe pendant l’écriture de cet édito. C’était, lui aussi, un sportif magnifique…
Rédacteur en chef — Michaël Pécot-Kleiner michael@lebonbon.fr | Directeur artistique — Tom Gordonovitch tom@lebonbon.fr Directeur de la publication — Jacques de la Chaise | Photo couverture — Erwin Olaf par Nicola Delorme Secrétaire de rédaction — Louis Haeffner | Régie publicitaire — regiepub@lebonbon.fr Lionel 06 33 54 65 95 Contactez-nous — nuit@lebonbon.fr | Siret — 510 580 301 00032 | Siège social — 12, rue Lamartine Paris 9e 1—
Nuit
VENDREDI 6 décembre
© Julie Soudanne
DE 23H À 6H
O O AU DIVAN DU MONDE
SUR INVITATION : PARTY@LEBONBON.FR
B N B N P A R - T Y
sommaire Le Bonbon Nuit
Ewin Olaf
p. 7
Sasha Grey
p. 13
Les sortis du mois
p. 17
Daniel Avery
p. 19
Rêves syncopés
p. 23
Une nuit Ufologique
p. 25
Tim Paris
p. 29
Les Jeunes Pousses
p. 33
nightivisme
Barbi(e)turix
p. 35
nightivisme
Thierry Théolier
p. 39
tumblr
Chic Asses
p. 43
le bon cocktail
le Gin Fizz
p. 45
à la une littérature cinéma les nuits de illustration gonzo musique collectifs
trousse de secours la playlist du mois agenda
p. 46
Love Fingers
p. 47
ParisLaNuit.fr
p. 48
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agenda Les événements à ne pas manquer
Le meilleur prix littéraire du monde Le Prix du Zorba couronne chaque année un livre excessif, hypnotique et excitant, pareil à une nuit sans dormir. Il est décerné le dimanche suivant le Goncourt, à 6h du matin, au Zorba à Belleville. La prochaine édition aura lieu après la Trou aux Biches, à 6h du matin, au Zorba donc. Dimanche 10 novembre. Le Zorba, 137, rue du Faubourg-du-Temple - 75010.
On aime aussi… Le musée de l’Orangerie présente une exposition consacrée au couple mythique incarné par Diego Rivera et Frida Kahlo. L’originalité de la manifestation consiste à présenter leurs œuvres ensemble, comme pour confirmer leur divorce impossible, effectif dans les faits mais aussitôt remis en question après une seule année de séparation. Musée de l’Orangerie, jardin des Tuileries - 75001.
Clubbing Rue de Plaisance investit la Machine du Moulin Rouge pour une nouvelle label night. L’occasion de découvrir un label de qualité peu connu du grand public mais que tous les amateurs de techno et de vinyles connaissent. Varoslav, le boss du label, sera accompagné de Steve O’Sullivan (Bluetrain) et de J055 (Release the groove). Vendredi 15 novembre à la Machine du Moulin Rouge
Bonbon 80’s - Back To The Future - Chapitre 1 Hey Marty ! Réveille-toi nom de Zeus ! Tu me retrouDR/ DR/ DR/ Emma Butler
veras le 15/10/2013 à 23h zéro zéro ! Dans une boîte pittoresque qui s’appelle le Bataclan. J’ai dégotté des Dj’s et des hot dogs du futur, ça va être une fête de tous les diables ! Tu peux venir avec Jennifer mais vous devez être déguisés sinon tu risques de te retrouver face à ton toi futur et les conséquences peuvent être catastrophiques ! Et tu paieras 10€ au lieu de 5€ ! 5—
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à la une T/ Nicola Delorme P/ Courtesy Galerie Rabouan Moussion
erwin olaf Erwin Olaf est devenu ces dernières années une figure incontournable de la photographie contemporaine. Virtuose de la mise en scène, ses images sont d’une qualité esthétique éblouissante. Les thèmes qui jalonnent son œuvre questionnent la modernité et dressent un panorama de l’esprit du temps présent. Nous l’avons rencontré à l’occasion du vernissage de sa nouvelle exposition Berlin à la galerie Rabouan Moussion (jusqu’au 23 novembre). Comment est née cette série Berlin ? Quels en sont les grands thèmes, les motifs et les problématiques ?
Ce projet est né à partir du souvenir des différentes visites que j’ai faites à Berlin à partir de 1981 et de la réunification de Berlin-Est et Berlin-Ouest. J’ai pu constater à quel point la ville a rapidement évolué ainsi que les mentalités. Depuis ces cinq dernières années, je n’ai pas arrêté de me dire qu’il fallait que je la photographie pour la richesse de son histoire, pas uniquement à cause de la Seconde Guerre mondiale, mais surtout pour la période de l’entre-deux-guerres qui m’a toujours interpelé. Ce fut un interlude, un peu comme à Paris, avec beaucoup de liberté, une scène artistique très féconde, des peintres tels que Otto Dix, George Grosz, le Bauhaus… L’époque où j’ai vécu là-bas m’a semblé comme un écho à cette période et à sa décadence. À un moment donné, j’ai commencé à me sentir à l’étroit dans mon studio malgré l’immensité des décors que je 7—
pouvais y faire construire. Je me suis mis à chercher dans la ville quelques endroits historiques de cette époque qui auraient survécu aux bombardements. À mon grand étonnement, il en existait encore une quarantaine, mais, pour des raisons économiques, nous avons décidé de n’en retenir que sept. Je voulais aborder ce projet à partir de l’idée d’inconscient, comme les surréalistes l’ont fait dans les années 1920, et je me suis demandé, pour chaque lieu, ce que je voulais y photographier. Au départ, une idée simple : un clown au bord d’une piscine, ou une petite fille avec un ballon dans le long couloir d’un opéra. J’avais le lieu, l’époque et quelques premiers détails, mais ce n’était pas suffisant, et je ne tenais pas à rester dans la simple imitation de cette période. Je cherchais quelque chose de plus. Un jour, alors que j’attendais un avion en retard, j’ai observé des enfants de 6 à 10 ans qui jouaient juste devant moi, criant, gesticulant, laissés à eux-mêmes comme s’ils avaient pris la place de leurs parents. Je me suis demandé à quoi pourrait ressembler un monde où les enfants auraient usurpé la place de leurs aînés. J’avais mon thème principal : travailler avec des enfants et créer pour eux un univers dans lequel ils auraient mis en défaite les adultes et se seraient emparés de leur pouvoir. L’idée centrale derrière cette série serait donc d’ouvrir une discussion sur la problématique du conflit entre les générations.
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Erwin Olaf
Quels rapports vos images entretiennent-elles à la
Pourriez-vous nous décrire le processus créatif qui
réalité ou au mensonge ?
vous emmène d’une idée à une image ?
Je pense que la photographie que je pratique est une voie royale pour le mensonge. La question de la vérité n’a pas du tout sa place ici. Je n’aime pas la réalité et je hais l’imperfection. Si tel n’était pas le cas, je n’aurais qu’à regarder dans le miroir ou ouvrir la porte et sortir la tête dehors. Ma vie est ainsi faite. En 1973, alors que je n’étais encore qu’un petit garçon, j’ai vu David Bowie à la télévision. À cette époque, il était l’incarnation de la théâtralité. Cela m’a ouvert les yeux sur ce que je désirais accomplir. Plus tard, il y a eu Grace Jones, les films de Visconti, Terry Gilliam, mais aussi ceux de Jacques Tati. Tous ces artistes ont su créer un univers fantasmatique qui leur est propre. Aujourd’hui, il y a Tim Burton et les frères Coen. À ma façon, je voulais moi aussi investir mon propre univers. J’ai commencé comme journaliste mais pour raconter une histoire, il fallait gratter du papier pendant des heures et des heures, alors qu’avec la photo, il y a dans l’instant, entre un clic et un clac, la possibilité d’un univers. À chaque déclenchement, la possibilité d’un nouveau monde. En tirant en noir et blanc, très contrasté, plus sombre ou légèrement surexposé, vous pouvez influencer cette réalité et créer l’atmosphère si singulière que vous souhaitez communiquer. C’est donc devenu pour moi le médium pour exprimer mes propres émotions. Puis c’est même devenu, ces dix dernières années, l’occasion d’une profonde réflexion sur la photographie en tant qu’art, à proprement parler. Si vous regardez trente ans en arrière, Robert Mapplethorpe, puis Joel-Peter Witkin, ont initié cette question, ce déplacement de la photographie comme art à part entière. Aujourd’hui, je peux me balader dans des foires d’art contemporain et y trouver la photographie en bonne place. La prochaine étape ? J’ai vraiment envie de dépasser l’instrument qu’est la photographie et d’explorer d’autres médiums tels que l’installation par exemple.
Lorsque j’ai un peu de temps, je commence par me demander ce que j’ai envie de créer de nouveau. La plupart du temps, une idée surgit simplement en lisant les journaux, ou en voyageant. Souvent d’ailleurs, la façon dont les espaces publics sont construits et fonctionnent m’interpelle. De nos jours, nous passons beaucoup de temps dans ces espaces publics tels que les aéroports, les salles d’attente des hôtels ou des hôpitaux. Et qu’y faisons-nous la plupart du temps ? Nous attendons. Nous avons le chic de prétendre que nous nous occupons, mais nous passons de plus en plus de temps à attendre. Nous ne sommes pas du tout patients. À partir de ce simple constat, je me dis qu’il serait intéressant de faire quelque chose autour des espaces publics et de l’attente. Étant quelqu’un qui voyage énormément, je passe ma vie dans d’énormes et horribles hôtels qui se ressemblent tous (pas comme à Paris malheureusement), et je suis confronté à tous ces gens avec leur vie privée, assis, en train de patienter. Je me dis que c’est de cela que je veux tirer la matière de ma prochaine série. Alors je m’imagine avec mon appareil en train de bouger autour de cette fille qui est assise, cherchant à saisir au cordeau la distance pour communiquer ce que cette scène m’inspire. Voilà ce qui naturellement me mène d’une idée à une image. Après cela, je prends rendez-vous avec mon équipe et nous réfléchissons à la fille dont j’ai besoin, son attitude, le décor, la façon dont elle sera habillée… puis chacun rentre chez soi et nous travaillons sur la façon de l’éclairer, les tonalités chromatiques de l’image, la période où la scène est censée avoir lieu. Et nous lançons la production.
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Quelles sont les qualités esthétiques et les caractéristiques d’une image d’Erwin Olaf ?
Distance. J’aime la distance et la précision des détails. Plus je mûris, plus je contrôle chaque aspect et le moindre centimètre de chaque scène. Nuit
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Une fois que tout cela est maîtrisé, je cherche l’émotion, la véritable émotion ! Donc c’est un mélange de rationalisation et d’émotion. Cette combinaison est la caractéristique même de mes images. Vous dites souvent que vos images n’ont pas de signification précise. Pourtant vous abordez des thèmes tels que la séparation, la solitude, l’incommunicabilité des corps, l’angoisse du réel, la monstruosité…
marque d’un jeune homme qui veut conquérir le monde. Mais si vous regardez mes séries de ces dix dernières années, vous verrez l’œuvre de quelqu’un qui réalise pouvoir créer des émotions très profondes avec une grande économie de moyens. Vous n’êtes plus obligé de marcher sur un cadavre ou de faire face à une énorme érection. À un certain point de votre existence, vous commencez à envisager les choses différemment. Vous jetez le vernis aux orties et vous allez plus en profondeur.
Quelles fonctions ont alors toutes ces problématiques dans votre œuvre ?
On se réfère souvent à la notion d’« instant décisif »
Je veux que mes images soient une invitation à penser. Mais si vous regardez mes premières séries, il n’y a aucune pudeur à l’égard de l’émotion. Je disais alors au spectateur ce qu’il devait penser. À ce moment-là, j’étais jeune. Je peux encore aujourd’hui ressentir les émotions qui m’assaillaient alors. En 1988, j’étais obsédé par le sexe. Si vous regardez la série Royal Blood, c’est la
dans la photographie de reportage. L’instant comme
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climax d’une situation. A contrario, vos images semblent entretenir une relation allusive avec l’intensité d’une telle situation. Tout se passe comme si cet instant était soit attendu, soit passé, soit hors champ. Quel rôle joue cette idée dans votre travail ?
C’est précisément ce qui est en jeu. J’ai fait la série des yeux à demi clos, Fall, pour questionner Nuit
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cette problématique. C’est spécifique à la photographie. On ne retrouve pas cela dans la peinture ou le cinéma. Pour moi c’est la question la plus intéressante. Pourquoi ce personnage est-il en train de marcher le long de cet escalier ? Dois-je déclencher maintenant ou un peu plus tard ? Je ne le sais pas moi-même. C’est ce qui fait de l’acte photographique un acte si singulier : l’instant où vous déclenchez. Il y a quelque chose de l’ordre du langage du corps entre le personnage et moi. C’est comme danser avec un autre. Le moment où vous déclenchez, la distance par rapport au sujet, tout cela peut raconter quelque chose de complètement différent. Vos images sont toujours des photos d’intérieur, les décors sont soignés, les objets sont tout aussi magnifiques que les personnages. Les objets et les êtres sont-ils en concurrence dans vos séries ou est-ce simplement la représentation d’un monde idéal ?
Je pense que c’est simplement la représentation de mon univers intérieur. Je me suis toujours intéressé à la figure du monstre, de la marge. Si vous voulez raconter une histoire, c’est bien plus impactant de créer un monde parfait et d’inoculer en son sein une pointe d’imperfection. Photographier ces deux parts différentes de la réalité du monde et essayer de les imbriquer ensemble est bien plus intéressant. Lorsque je photographie des gens âgés, ou des obèses, je pourrais très facilement les rendre horribles. Mais pourquoi ferais-je cela ? Je n’en ai pas du tout envie. La vulnérabilité me touche mais toujours en la représentant dans sa dignité. Des figures récurrentes de votre travail, telles que
années de ma carrière, même si depuis un certain temps, elle est plutôt synonyme de repos. Mais le côté obscur de la nuit reste toujours d’une immense fertilité pour mon travail. L’individualisme punk également. C’est quand la nuit tombe que les gens les plus singuliers sortent dans les rues avec leur caractère si particulier et extravagant. C’est un monde totalement différent que j’ai très souvent cherché à célébrer dans mon travail. Pour finir, quels conseils donneriez-vous à un jeune artiste qui poursuivrait l’ambition de commencer une œuvre, comme vous l’avez fait ?
J’ai découvert ces dernières années que les jeunes photographes se lassent rapidement des techniques qu’ils explorent et du style qu’ils recherchent, sans doute à cause du monde qui évolue à une vitesse de plus en plus folle. Alors ils changent pour autre chose et ils le font trop souvent. Ne faites pas cela. Il faut persévérer pendant une, deux ou trois années. La même technique, le même sujet. Si vous regardez le travail des plus grands, ils n’en utilisent qu’une seule pour la plupart, et explorent différemment le même sujet et plus précisément à chaque fois. Et si vous souhaitez être reconnu, ce qui est très important dans ce monde où nous sommes désormais quelques milliards, vous devez rester proche de ce que vous êtes, sonder les tréfonds de votre âme et assumer ce que vous y trouverez de plus obscur. Il faut faire preuve de modestie et d’honnêteté et ne pas se décourager. Rien ne vous empêche d’expérimenter d’autres voies, mais ne vous focalisez pas sur la mode du moment et ne soyez pas influencé par les médias qui vous entourent. Soyez et restez vousmême.
les nains, les monstres, les clowns… sont culturellement associées à l’espace exclusif de la nuit. En quoi
Erwin Olaf — Berlin / Galerie Rabouan-Moussion
la nuit a-t-elle été une source d’inspiration, de peur
121, rue Vieille du Temple 75003
ou de fécondité pour votre travail ?
> Retrouvez l’intégralité de l’interview sur
Je dois dire que la nuit a été une grande source d’inspiration pour moi pendant les 25 premières
www.lebonbon.fr
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littérature T/ Manon Troppo & Paul-Owen Briaud P/ DR
sasha grey Pornstar à 18 ans, retraitée à 21, actrice dans Entourage et chez Soderbergh, Djette, l’insaisissable jeune femme était en ville pour la promo de Juliette Society, son premier et sulfureux roman. Si les pornos étaient tournés la nuit, leur atmosphère serait-elle plus érotique ?
Ce qui est sûr c’est que j’aurais préféré qu’on tourne la nuit, parce que je ne suis pas une fucking morning person ! Et puis, il faut le temps que ton corps s’échauffe… Mais pour des raisons économiques, les tournages ont lieu en journée ; les gens du métier sont des businessmen comme les autres. En plus, pas mal d’acteurs ou actrices ont la réputation de se pointer avec trois heures de retard… On se donne plus de marge comme ça ! Tes tournages étaient éprouvants, tu sortais faire la fête après pour évacuer ?
Je devais me maintenir en forme, rester concentrée sur mes objectifs. Je veillais à bien manger et à optimiser mon endurance… Je ne sortais donc pas du tout, à moins d’y être obligée. Et si ma présence était requise à un événement, je venais me montrer, je buvais deux verres et je rentrais chez moi. Je voulais vraiment maîtriser mon image, et faire mentir les stéréotypes. Je ne voulais pas devenir un cliché. Maintenant que tu es Dj, ton style de vie a changé ?
juste pour sortir, seulement quand il se passe vraiment quelque chose d’important, ou quand des amis mixent, je suis alors sûre de passer un bon moment. Tu as beau aller dans des endroits cool, les choses changent très vite ; un endroit peut être génial pendant quatre ou cinq mois, puis d’un coup il devient surfréquenté, la faune n’y est plus la même, tu y vois des touristes, ou des gamins qui sont là pour claquer l’argent de papa. L’ambiance que tu aimais n’y existe plus, et a été recyclée ailleurs. Je suppose que c’est pareil à Paris. Tu penses que tu aurais fait des choix de carrière différents si tu étais née dans une ville comme Paris ?
Je suppose que ça dépendrait d’où, à Paris, aussi. Ma rage de réussir est venue d’une nécessité d’explorer, de me débarrasser de mes sentiments de honte et de culpabilité liés à la sexualité, mais elle vient aussi de l’endroit où j’ai grandi, Sacramento. Je ne voudrais pour rien au monde élever mon enfant dans un endroit pareil. Mais ça a fait de moi celle que je suis, et j’y pense énormément. C’est le genre d’endroit dont peu de personnes arrivent à s’extraire. Il faut croire que je suis une des rares à avoir désiré plus que ça. Peut-être que si j’avais grandi à Paris, j’aurais été heureuse avec ce que j’avais, je n’aurais pas eu si tôt cette soif de réussir ailleurs. Je n’avais pas d’argent, rien ne m’a été servi sur un plateau.
Je me marre plus, c’est sûr. Mais je ne sors jamais 13 —
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Sasha Grey
“Ne plus avoir à se soucier de la caméra rend le sexe plus jouissif.”
à travers la baie vitrée, et, en effet, je vois ce nain titubant sous la pluie. Je me marre, me rassieds, et mon ami rentre quelques instants plus tard, affolé : « Je viens de le mettre K-O ! » « Quoi ?! Tu as frappé un nain ? C’est encore plus grave que de frapper une fille ! C’est quoi ton problème ? » Il m’explique : « J’étais en train de rentrer, il m’a agrippé le bras, et en voulant me débattre, je lui ai mis un coup de coude et il s’est étalé par terre. » Le type était torché, ne voulait plus se lever, et il est resté là pendant deux heures. On a remis le film, et ce nain est resté allongé devant la maison, tout du long. C’était tellement étrange… Tu as dit que tu ne voulais pas que la ville devienne un personnage de ton livre, comme c’est trop sou-
Ton roman est torride par choix personnel ou parce
vent le cas dans les thrillers. Quel genre de person-
que tu savais que tu serais attendue sur ce terrain-
nage serait Paris ?
là ?
Paris serait bien des choses… Romantique, bien sûr, mais sinistre aussi. Elle est faite de tant de mystère… Avec son histoire, son imagerie, sa lumière qui peut être aussi sexy que lugubre, j’aimerais, moi, en montrer le côté obscur.
L’idée m’est venue en partie de ma fan-base féminine, qui aime le sexe un peu vicieux, mais qui est lassée de l’esthétique du porno. Dès le début, il s’agissait d’un roman érotique, mais j’ai voulu, à la manière des 120 journées de Sodome de Sade, de Thérèse Philosophe de Boyer d’Argens, ou de Candy de Kenton, que ce soit aussi une satire. On aime penser que ces auteurs ont vécu ce qu’ils relatent. J’espère qu’il en est de même pour mon livre. J’ai essayé de modeler le parcours de Catherine, et son éveil sexuel, en me fondant sur mes propres expériences et la manière dont, à travers elles, je me suis vue changer. L’héroïne de ton livre étudie le cinéma. Quels films
Dans ta vie privée, le sexe est devenu plus important qu’avant ?
Il y a des aspects nouveaux, et encore plein de choses que j’ai envie d’essayer… Je crois même que je m’éclate plus parce que, quel que soit le nombre de fantasmes que j’ai pu réaliser, il y avait toujours une caméra, je devais toujours faire attention à ma position, à la lumière, etc… Ne plus avoir à se soucier de la caméra rend le sexe plus jouissif. Ca fait une énorme différence !
te viennent à l’esprit quand tu penses aux ambiances nocturnes à l’écran ?
Paris fait naître chez toi des fantasmes particuliers ?
Tout Lynch, sans hésitation ! Le soir où j’ai vu Mulholland Drive, j’étais chez moi à LA avec un ami. Quand il est sorti acheter à boire, j’ai reçu un appel de lui tout de suite après : « Il y a un nain devant la maison ! Regarde ! Il y a un nain bourré qui remonte la rue ! » Il fait nuit noire, je regarde
Hahahaha ! Bien sûr… Mais tu ne sauras jamais lesquels !
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Sasha Grey — Juliette Society (Le Livre de Poche, 358 p., 12,70 €)
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Cinéma T/ Pierig Leray P/ DR
Y’a quoi au ciné ? 1 mois, 4 films, 4 avis.
Inside Llewyn Davis des frères Coen –
Le problème ? On ne les a
Parfois surestimés (A Serious Man), de temps à autre imbitables (Burn After Reading), les frères Coen ne sont jamais aussi pertinents que dans l’univers musical folkeux cul-terreux (O’Brothers) dont l’esprit fait ricochet dans ce portrait humble et finalement terriblement personnel de ce loser – oserai-je – au grand cœur.
pas vus. Critiques abusives et totalement infondées des meilleurs/pires films du mois à venir.
– Sortie le 6 novembre La Vénus à la fourrure de Roman Polanski –
Polanski tente désespérément de retrouver ces vieux démons pervers et obsessifs, mais se fourre bien profond – le doigt – par sa confiance forcément aveugle en une Emmanuelle Seigner fade, vulgaire et sans le moindre sens de la mesure. Amalric fait son Amalric (un peu chiant), et la fourrure pue le renard crevé. - Sortie le 13 novembre Les Garçons et Guillaume, à table ! de G. Gallienne –
Mais aussi : Quai d’Orsay de B. Tavernier
( ), que Thierry Lhermite retourne à la case TF1, c’est pathétique, Cartel de R. Scott le 13 novembre ( ), trop de stars tuent la star, surtout quand Cameron Diaz en fait partie, Ugly de A. Kashyap le 20 novembre ( ), un policier dérangeant repéré à l’Étrange Festival. le 6 novembre
Ah les malheurs d’un premier film ! À toujours trop en faire, Guillaume Gallienne n’y déroge pas et se fout un peu trop à poil à exposer des parties que l’on aurait préféré cacher. Comme un dépressif peut te saouler, une bourrée te scotcher toute une soirée ou mémé te parler si près du visage que tu peux choper son dentier, c’est victime d’un vif malaise que l’on sort de cette confession intime. - Sortie le 20 novembre The Immigrant de James Gray –
Drôle de sensation de voir s’effondrer un réalisateur talentueux face à un sujet qui le dépasse (Ellis Island), trop lourd pour les épaules maigrelettes d’un Joaquin Phoenix au rabais et tiqué à la Lindon, avec une Cotillard perdue dans sa tristesse maladroite et mon Dieu ce ton sépia effet iPhone qui noie ce mélo honteux pour un sujet si sensible. - Sortie le 27 novembre 17 —
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les nuits de T/ Loraine Dion P/ Steve Gullick
daniel avery Nouvelle sensation électro, Daniel Avery sort de l’ombre avec son premier album Drone Logic. Mêlant subtilement une techno puissante à ses influences rock, punk et new wave, le dernier poulain d’Erol Alkan a mis toute la communauté électrophile d’ac-
son ! À Paris y’a également un truc qui m’a marqué récemment. J’ai joué au Grand Palais, juste avant James Holden. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais c’est le plus beau bâtiment que j’ai vu de ma vie. Ça reste un superbe souvenir.
cord. Il a d’ailleurs enflammé le dancefloor d’un Rex bondé le 5 octobre dernier. Le Bonbon en a profité
Le pire ?
pour le rencontrer et tenter de dresser le profil
Je pense que la plus représentative est le film Lost In Translation. L’univers de la nuit y est parfaitement retranscrit, notamment dans la scène où ils sortent. Sofia Coppola arrive parfaitement à capter l’esprit de la nuit, l’excitation qui monte quand tu t’apprêtes à retrouver tes potes. Je pense que la bande son y est aussi pour beaucoup. C’est Kevin Shields qui en est l’auteur, l’une de mes idoles musicales !
J’ai joué dans un hôtel à Saint-Pétersbourg il y a plus d’un an, c’était super cool. Le tourneur vient me chercher à la fin de mon set et me dis « viens, il y a un club génial dans lequel il faut absolument que tu joues ! » Tu sais en Russie tout est loin de tout, du coup on s’est tapé des heures de bagnole pour arriver dans un club qui était sordide. En Russie en fait, si tu choisis la bonne soirée ça peut être cool, mais si tu tombes sur la mauvaise, ça peut être horrible : des meufs complètement folles partout avec des faux seins, des fausses lèvres. Le mec venait me voir pendant que je jouais en me disant : « tu vois la meuf avec les gros seins la-bas ? Bah je veux que tu la fasses danser ! » Là je me suis dit : « bordel, qu’est-ce que je fous là ? »
Parmi toutes les soirées durant lesquelles tu as
Toi qui bosses et tournes la nuit, qu’est-ce qui t’at-
mixé, tes meilleurs souvenirs ?
tire dans le monde nocturne ?
Je me sens hyper privilégié de faire ce que je fais. J’ai eu beaucoup de moments incroyables. Mais jouer à la Fabric à Londres est toujours un moment spécial, la lumière et la qualité sonore sont toujours au top. En plus c’est un peu la mai-
Il y a une énergie spéciale la nuit qui est évidemment différente de l’énergie de la journée. J’adore le sentiment que ça génère. Être avec des potes en début de soirée et savoir qu’une grosse nuit t’attend. C’est hyper excitant de ne pas savoir à
nocturne du jeune prodige britannique. Quelle est pour toi la production artistique (film ou bouquin ou peinture) qui incarne le mieux la nuit ? Pourquoi ?
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quoi t’attendre, combien de temps cela va durer, ou qui tu vas croiser… j’adore l’imprévu. Comment as-tu découvert la nuit ? Tu te rappelles de tes premières sorties ?
Ça a été un moment déterminant pour moi. J’ai grandi à Bournemouth, sur la côte sud de l’Angleterre où il y a plein de boites très commerciales, dans lesquelles je traînais ado. J’étais alors jeune et naïf (rires) mais je n’aimais rien de ces lieux, ni les gens, ni la musique. J’ai découvert une soirée qui s’appelait Project Mayhem, où ils jouaient des trucs comme New Order ou les Pixies, dont j’étais fan, et un peu d’électro aussi. On y allait toutes les semaines. Je me suis comme connecté à ce monde. Je me suis dit, j’ai trouvé ma maison, finalement, j’ai trouvé un endroit où je me sens bien, j’ai trouvé mon monde. Qui sont tes partenaires de débauche ?
Des potes que je connais de la fac et d’autres que j’ai rencontrés en club… Mais ça ne m’empêche pas de continuer à rencontrer des gens, j’adore découvrir de nouvelles têtes, même si c’est juste pour la nuit ! Raconte-nous la dernière fois où tu es rentré à 4 pattes chez toi. C’était où, quand, comment ?
J’ai joué lors d’un festival en Croatie, il y a quelques semaines. Un truc vraiment mortel, où il y avait plein de gens que je n’avais pas vus depuis longtemps. Quand je suis rentré chez moi, j’ai réalisé que j’étais sorti depuis plus de 24h… mais c’était cool. Je crois que je me suis vraiment amusé, enfin j’étais éclaté…
Es-tu un adepte des after d’after ? Tu les fais en petit comité en appart ?
C’est marrant, parce qu’autant j’adore les clubs de nuit, autant quand je sais que le jour se lève et que des gens vont bosser, ça me fait flipper. En fait ce que j’aime, c’est être en club et oublier le monde extérieur. Après, dès que je sors et que je me rends compte que le soleil brille et qu’il y a une vie normale, je vais me coucher ! En fait je ne sais pas si je suis très after d’after, j’aime juste m’enfermer dans un endroit où je peux tout oublier. Après je peux y rester 24 heures, ça ne me pose aucun problème. Parmi les métiers de nuit, quel est celui qui t’intrigue le plus ? Pourquoi ?
La Fabric à Londres se trouve juste à côté d’un marché de viande. Du coup ils bossent à peu près en même temps que les gens du club. Et quand tu sors de la boite à 6/7 h du mat’, c’est surréaliste de voir plein de bouchers et leurs monstrueuses pièces de viande. S’il y a une salle, un club ou un bar où tu ne foutras plus jamais les pieds, c’est lequel ?
Les clubs de Bournemouth où j’allais quand j’étais jeune ! Je suis tellement soulagé de ne plus y vivre, d’avoir vu autre chose et de ne plus être condamné à sortir là-bas ! Le jour où j’ai découvert qu’il y avait d’autres lieux, ma vie a changé. Le cocktail que tu ne boiras plus jamais ?
Je ne peux plus voir la tequila. L’odeur me fait vomir… Tout ça à cause d’une nuit, il y a 10 ans. Une technique contre la gueule de bois ?
Qui est ton meilleur ami barman ?
Je sors dans des bars quand je rentre chez moi à Bournemouth, et je m’y suis fait pas mal de potes. Tous les gens qui bossent dans le club qui s’appelle le Consortium sont des amis de longue date. Quelques-uns sont Dj et d’autres barman, ou promoteur. Ce club est comme une famille. 20 —
Je ne suis pas médecin, mais je dirais : lève-toi et prends une autre bière !
Daniel Avery — Logic Drone (Phantasy Sound)
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Roman graphique sur la vie de Laurent Garnier, Rêves syncopés (éditions Dargaud) de Mathilde Ramadier et Laurent Bonneau est disponible dans toutes les bonnes librairies.
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gonzo T/ Raphaël Breuil P/ MPK & La Rage
Une nuit ufologique Flunch d’Aubervilliers Centre commercial Le Millénaire Vendredi 18 octobre - 19H07
Au menu : des crudités qui sentent le vomi, des steaks carrés mal décongelés qui filent la coulante et des frites trop cuites, qu’on peut bien sûr rattraper en les trempant dans une sauce barbecue toute séchée sur le pot. Mais ce n’est pas le thème du débat. On est venu pour causer esstrateraist’. En effet, si je me retrouve au Flunch d’Aubervilliers un Friday night, ce n’est pas pour beurrer les sandwichs, j’assiste à un dîner ufologique : une conférence de fans d’extraterrestres. Je m’installe à côté de deux femmes pas si vieilles mais quand même, frisées, habillées comme des vendeuses de magasin d’encens, avec des haleines de phoques. Je sens néanmoins que leur compagnie va être plus croustillante que leurs poissons panés. Malheureusement je ne peux pas illustrer mes propos, mais pour vous faire une idée, elles ressemblent aux sœurs de Marge dans les Simpson, Pathie et Selma. Au niveau de la populace, il y a de tout. Trois bonnes femmes de cinquante ans, une très vieille dame avec un carnet, prête à noter, qui n’a pris qu’une île flottante, un trentenaire looké comme Marty McFly avec un casque sur les oreilles, et une bande de quarantenaires qui se connaissent depuis un bail. Mais surtout 25 —
des hommes entre 50 et 60 ans, au look de prof d’auto-école. En tout nous étions dans les 12. Tous semblent habitués à assister à ces dîners car ils font un kikou à Christian, le sous-chef d’un mètre vingt, chauve, costume mal taillé, VRP dans le Poitou, qui parle sans desserrer les dents. On dirait Guy Roux en version fumeur de joints, Guy Roots. La réunion est dirigée par Marc, le chef de l’association « les repas ufologiques », qui organise ces petites conférences dans des cafétérias pourries à travers toute la France pendant que toi tu manges ton steak frites. On applaudit les performances avec des bruits de mastication et des rots soufflés. Marc, quant à lui, est plus distingué, il porte une chemisette rouge et rouge foncé sous les aisselles de la marque Gémo, et dans la vie il pourrait être vendeur chez Darty. Mais le week-end, il anime des dîners ufologiques et son réalisateur préféré, c’est Woody Alien. Citizen Denis Roger
Soudain, un mec au regard malsain, avec un pull de prof de techno, qui transpire la frustration, s’avance sur scène ; il est présenté par Marc comme étant le paria de la profession, détesté de tous les experts français, mais habitué des conférences aux stètses. Il parle d’ailleurs super bien anglais, il a à peu près le niveau de Jean-Pierre Raffarin. Son nom : Denis Roger Denocla, le Dieudonné des ufologues. Mon excitation monte en voyant Nuit
Une nuit Ufologique
ce benêt préparer son powerpoint avec assurance. Je mets deux trois truffes hallucinogènes dans mon Mamie Nova, c’est parti pour deux heures de conférences aussi chiantes que psychédéliques. Qu’on se le dise tout de go, Denis Roger est un être supérieur. Il a réussi à lui seul à décoder le langage des Ummos, les extraterrestres qui nous visitent depuis fort longtemps et nous ont aidé à vaincre la catastrophe de Tchernobyl. Comment ? On y reviendra. Pourtant, quand son CV passe au début du diaporama électronique, il ne casse pas des briques, il est juste diplômé de l’école d’ingé de Compiègne et c’est tout. Apparemment des gens se battent encore pour la traduction de langages ancestraux, mais lui il a décodé la totalité d’un code complètement inconnu, seul. Il explique tout ça dans ses bouquins vendus sur place une fortune, Présence 1, Présence 2 et Présence 3. Stark Trek
Denis Roger a pu, au fil de conversations unilatérales avec un peuple de l’espace, analyser leur mode de vie, leur habitat, leur spiritualité. Comment a-t-il obtenu autant de détails sur les véhicules qui leur permettent d’aller chercher leur baguette laser ? On y reviendra. Heureusement pour lui, leur environnement est assez proche du nôtre, et son équipe de graphistes jeune et talentueuse a pu recréer très facilement et à l’aide de Paint des photos virtuelles de certains paysages. Concrètement, ce ne sont que des images d’Ecosse avec des maisons et des objets pompées sur des créas de Philippe Stark. L’audience est captivée. Perso, je suis un peu déçu des aliens. En fait ce sont des gens qui nous ressemblent en plus petits, chauves, qui ne se battent pas, vont nous visiter 3-4 fois par an sans dire bonjour pour utiliser leurs tondeuses à gazon supersoniques dans nos champs et vivent dans des environnements semblables à ceux des catalogues Bang & Olufsen toute l’année sans trop baiser ni faire la guerre. Elle est à chier ton histoire. Comment justifier ça ? On y reviendra. 26 —
Objet violent non identifié
Pendant que les images défilent, Denis Roger prend une pause Pampryl car il commence à puer de la gueule. L’interlude lui sert d’occasion pour nous faire écouter son dernier album de world music extraterrestre. La recette est simple : un CD de musique indienne de merde acheté chez Nature et Découverte, remixé avec des voix qui font « moua houa maaoua ». Et celui-ci s’avance avec cette audace inouïe qui confirme sa connerie interdimensionnelle : « Ce sont des musiques et des paroles extraterrestres. » Je chope mon premier fou rire. Et cela va de mal en pis. Denocla, cet escroc, petit allumé de banlieue qui essaye de vendre des ouvrages sur ses trips schizophréniques, passe la frontière sectaire en tentant d’expliquer tous les grands mystères d’X Files. D’un coup il devient le Raël d’Aubervilliers. La mort, le 11 septembre, les crop circles (les dessins dans les champs), les ovnis bien sûr, le bug de l’an 2000, et bien entendu : DIEU ! Le mot est lâché, sauf que lui l’appelle Waaam. « Dieu c’est wam », cette phrase porte à confusion pour tous les bilingues français-verlan. En 12 secondes, le petit être d’une autre galaxie perd de sa crédibilité et l’audience devient sceptique et commence à lui poser des questions précises sur des sujets qu’il ne maîtrise manifestement que très peu. « On va y revenir » reste sa phrase choc. Il est à deux doigts de se prendre une soucoupe de chicken dips non identifiée dans la gueule. Alienor, 32 ans, habillée d’un T-shirt Grishka Bogdanov se lève et se casse. Je l’accompagne à la sortie du centre commercial, elle fume un joint de kryptonite, en colère. Nous parlons de X Files et d’Arcade Fire quand une forte lumière nous aveugle. Des petits êtres avec des têtes en forme de cul sortent d’une soucoupe volante et nous kidnappent. Je tombe amoureux d’Alienor et nous passâmes 2000 ans à repeupler la planète Flunch. www.lesrepasufologiques.com
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musique T/ Hillel Schlegel P/ Étienne Boisrond
Tim Paris On ne sait pas trop si Tim Paris est le plus londonien des Dj’s parisiens ou le contraire. Normal : cela fait plus de huit ans qu’il vit dans la (soi-disant) « sixième ville française ». Et si avec Dancers, le monsieur sort enfin son premier album, il ne faudrait surtout
par accepter mes influences musicales et les assumer en public. Je fais quand même de l’électro, mais je voulais que dans Dancers, l’aspect dancefloor/house soit une référence parmi d’autres, pas qu’elle écrase le reste.
pas le prendre pour un jeune blanc-bec. En effet, Tim Paris mixe et remixe tranquillement depuis le
Par certains aspects, ton disque m’évoque ce que
milieu des 90’s - tu sais, l’époque où tu allais au col-
fait Cosmo Vitelli, avec Bot’Ox par exemple. Tu
lège sapé en Kangol.
confirmes la proximité ?
Tu disposes de ton propre label. Pourquoi sortir ton premier album ailleurs, chez MyFavoriteRobot ?
J’aime être entouré, et je ne me sentais pas de sortir mon disque et en faire la promo tout seul, en devant le présenter comme s’il s’agissait du meilleur disque du monde. D’ailleurs, je ne mixe jamais mes propres titres, je trouverais ça trop prétentieux ! J’avais aussi besoin d’adresser mon disque aux autres, je ne l’ai pas fait pour moi dans mon coin, et c’est pour ça qu’il s’appelle Dancers. Il répond à l’envie d’autres gens de m’écouter, et je désire leur faire plaisir à eux comme je désire faire plaisir au public. C’est Chloé qui m’a présenté l’équipe ; j’ai déjà fait un maxi puis un remix pour eux, donc l’album est la suite logique.
Ah, c’est vrai ? Cela me fait super plaisir que tu me dises ça parce que j’adore ce qu’il fait. Je le connais par le label et les studios de I’m A Cliché, à Paris. Ça me touche d’autant plus que j’ai sorti Geschmacklos, son remix pour The Draughtsman, sur mon propre label, Marketing. D’ailleurs, sur mon album, il joue la piste de guitare du titre Extreme Nails. Comment produis-tu ?
J’utilise beaucoup d’instruments extérieurs, je diversifie au maximum mes sources sonores, mais ensuite tout passe par l’ordinateur quand c’est enregistré. Même si avec Ivan (Smagghe, ex-Black Strobe) on a monté un studio plein de machines analogiques, je produis avant tout par ordinateur.
Ton disque, c’est presque plus du prog’ rock que de
Pourquoi avoir choisi de vivre à Londres ?
l’électro, non ?
J’avais besoin de challenge, je trouvais qu’à Paris, je passais plus de temps à discuter de projets qu’à les réaliser ! J’ai voulu m’isoler pour produire ma
Grave ! Je me bats depuis des années pour qu’il ne sorte pas de mon ordinateur… mais là, j’ai fini 29 —
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Tim Paris
“Je suis en train de vivre la période la plus intéressante de ma vie.” musique… mais finalement, tout ne s’est pas exactement passé comme prévu, puisque j’ai quand même mis huit ans à sortir mon premier album. Tu as fait quoi pendant ces huit années, alors ? Déjà, j’ai produit quelques morceaux qui n’ont pas trop mal marché autour de 2005, j’ai beaucoup mixé, j’étais dans le projet It’s A Fine Line avec Ivan, et puis je fais plein de choses en dehors du mix : je fais du sound design, je travaille pour des marques… je suis un peu journaliste aussi. En ce qui concerne ma vie professionnelle, j’ai procédé par élimination ; depuis le début, je savais que je ne voulais faire que des choses en lien avec la musique. Donc maintenant, je sais exactement ce qui me plaît. Aujourd’hui, tu considères faire partie de la scène française ou londonienne ?
À la base, je fréquente plutôt des Dj’s français, mais c’est en train de changer. D’ailleurs quand je mixe, on me présente de plus en plus souvent comme un Dj londonien.
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Vu que tu connais bien les deux, que penses-tu de la scène club actuelle, à Paris comme à Londres ?
Je n’ai aucun regret sur ce qu’était la scène électro autrefois ! Je mixe depuis 19 ans, et je ne suis pas du tout du genre à verser dans le passéisme : la culture club s’est tellement développée partout qu’aujourd’hui, je suis en train de vivre la période la plus intéressante de ma vie. Mes Dj-sets sont plus pointus que jamais, il y a une vraie demande musicale de la part du public, la nuit est plus vivante que jamais et les jeunes ont une attitude hyper positive par rapport à ce qu’il s’y passe. Je ne me suis jamais autant éclaté qu’aujourd’hui avec le public : il n’est pas blasé du tout et très connaisseur ! Ce public est d’ailleurs de plus en plus jeune, non ?
Effectivement, mais je ne fais pas de la musique en fonction d’un certain type de personnes. J’aime l’idée que mon disque puisse être écouté aussi bien par mon père que par des gamins de 17, 18 ans. Aujourd’hui, les clubs sont remplis de très jeunes adultes, mais très sincèrement, je trouve ça super. Niveau références musicales, ils captent souvent beaucoup plus que des gens plus âgés, et ils sont même plus exigeants. À Paris, la mode est pourtant de se plaindre de la nuit ! Alors à choisir, tu prends Londres ou Paris ?
Londres. Parce que j’y vis, bien sûr, mais surtout parce qu’il y a une véritable culture de la nuit làbas qu’on n’a pas en France. Comme la ville est immense, l’offre y est aussi plus grande. Qualitativement, c’est pareil qu’à Paris, mais les Londoniens sortent plus, allouent plus de budget à leurs soirées, et du coup, il s’y passe toujours quelque chose. Je ne suis jamais déçu, tous les styles de musique y sont représentés, et il est très rare de se retrouver dans un endroit vide. Tim Paris — Dancers (MyFavoriteRobot)
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collectifs T/ Loraine Dion
les jeunes pousses Bonne nouvelle pour les
OTTO10 – Trentenaires know it better
clubbers, la vie nocturne de la
Qui sont-ils ? Otto
et dure toute la journée… et ils
Dix est un peintre expressionniste allemand un peu austère, certes. Mais pas que. C’est également un collectif parisien de 14 têtes bien faites, qui sont autant de compétences et de créativité mises au service d’un état d’esprit résolument libertaire. Ils insufflent depuis quelques mois un vent nouveau sur les petits matins parisiens à coups de visuels travaillés, line-up pointus, lieux réfléchis et scénographies originales. Que font-ils ? Une première journée dans un loft montreuillois leur a suffi à emporter l’adhésion d’une communauté de teufeurs bien rodés. Soleil au beau fixe en cette après-midi d’avril qui a fait d’un événement à taille humaine une réussite collective. Après avoir remis le couvert dans une annexe du 6B, ils ont finalement déballé une line-up à faire pâlir les clubs parisiens, le 1er novembre dernier, sous un chapiteau à Bobigny. Attention, collectif à suivre !
n’y sont pas étrangers :
> Plus d’infos : www.otto10.fr
capitale renaît peu à peu de ses cendres sous une forme inattendue. Exit la grosse institution à 20 boules l’entrée, voilà les nouveaux collectifs à surveiller de près ! Pleins d’entrain, ces jeunes gens se sont imposés dans des lieux et à des heures inexploitées, comme références incontournables de la nightlife parigote. La fête s’exporte désormais aux portes de la ville
Bon Esprit – Esprits sains dans des teufs saines Qui sont-ils ? Le
collectif réunit 14 jeunes trentenaires qui œuvrent dans leurs vies diurnes pour le magazine Snatch ou rodent autour du média. Ils se sont structurés pour prendre part aux nuits parisiennes légalement et s’affranchir des différentes contraintes imposées par les collaborations avec des clubs. Pour ce qui est de l’état d’esprit, comme leurs comparses, un ras-le-bol de la fête établie les incite à chercher de nouveaux espaces, loin des institutions parisiennes. L’idée centrale n’étant pas de favoriser le lieu ou le plateau, mais de privilégier la rencontre de diverses communautés en pratiquant des tarifs bas ! Que font-ils ? Leur première se tient à la Sira en juin 2012 et laisse un souvenir impérissable aux nombreux participants. Bonne ambiance, drinks abordables et décors fantasques, le lancement est plus que 32 —
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Les jeunes pousses
concluant. Après un petit couac organisationnel au Gibus, le collectif s’est rattrapé avec une dernière soirée sur une terrasse perchée à 20m de hauteur Porte des Lilas qui a achevé de convaincre les plus sceptiques. La prochaine arrive en janvier ! Ils mènent en parallèle un projet en collaboration avec une mairie destiné à réunir un public mixte autour d’un plateau « pédagogique et accessible ». Le tout est entièrement gratuit. C’est bon esprit ! > Plus d’infos : www.facebook.com/bon.esprit.73 Moebius Record – Les drafts, plus si brouillons Qui sont-ils ? Il
était une fois des potes de soirée d’une vingtaine d’années unis par les liens sacrés de la techno. Lassés des institutions électro qui les délestaient à chaque soirée de leurs quelques deniers durement gagnés, ces 4 garçons pleins d’avenir décident de se lancer dans l’organisation d’événements qui leur ressemblent. Au-delà d’un line-up ou d’un lieu original, c’est une ambiance que ces exclubbers recherchent : les soirées Draft sont nées. Que font-ils ? Leurs premiers événements prennent vie sur une péniche mairie de Clichy en juin dernier. 24 heures de fiesta placées sous le signe de l’éclectisme et de la bonne humeur. Bien que l’organisation soit parfois balbutiante et que la sympathie de la sécurité laisse souvent à désirer, les jeunes gens ont à cœur de bien faire et de faire seuls. La prochaine aura lieu en décembre dans un lieu intramuros tenu secret pour le moment. On a entendu parler d’un ancien grand magasin, affaire à suivre… > Plus d’infos : xn--mbius-hbb.fr 75021 – L’arrondissement extra-muros Qui sont-ils ? Quartier
fictif et éphémère, 75021 est en réalité une association informelle de trois trentenaires qui partagent l’envie de reconsidérer Paris hors les murs et d’encourager la scène électronique française. Des passions communes déclinées depuis près d’un an sous différents formats d’événements qui ne sauraient se borner à l’appellation d’after ou de soirée club. Les prix pratiqués et l’organisation confèrent un sentiment de liberté estampillée 75021. Que font-ils ? Leurs événements ont trouvé une demeure confortable et accueillante en la friche culturelle du 6B à Saint-Denis. Ils ont fait danser tout l’été les lève-tôt et les couche-tard (voire même les lève-tard et les couche-tôt) et autres espèces de technophiles exigeants en termes de qualité sonore. Leur volonté affichée à ce jour est d’exploiter de nouveaux formats. > Plus d’infos : facebook.com/75021Paris 33 —
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nightivisme T/ MPK P/ Chill O
BARBI(E)TURIX Contrairement
aux
clichés
hétéro-dominants,
les lesbiennes ne constituent pas une mafia et ne contrôlent pas le monde de la nuit parisienne. De fait, depuis 10 ans, le collectif Barbi(e)turix a dû jouer des coudes pour imposer son activisme culturel et festif. On vous rassure, la lutte ne fut pas vaine, comme en témoigne le succès régulier des Wet For Me à la Machine du Moulin Rouge. Nous
C’est surtout culturel. Et ça commence à prendre une tournure plus politique avec les événements qui se sont déroulés cette année. Et il y a aussi de la rigolade, on ne veut pas non plus trop se prendre au sérieux. On a une pensée et un courant qui ne réunissent pas toutes les gouines… On essaye de créer une nouvelle sorte d’activisme lesbien, on veut faire passer nos idées plus en douceur.
avons bu une mousse avec Rag, la taulière du crew. Pourquoi le son est-il toujours meilleur dans les soiHello Rag, pour ceux qui ne connaissent pas encore,
rées lesbiennes ?
peux-tu présenter rapidement le collectif Barbi(e)
Parce qu’on est obligé d’en faire deux fois plus que les autres. On a cette culture de devoir se battre plus… On a peut-être aussi un côté plus « underground » malgré nous, parce que notre culture a toujours été au placard. Du coup, et sans doute inconsciemment, on s’est tournées vers des choses plus réfléchies, plus poussées.
turix ?
Barbi(e)turix est un collectif de filles, lesbiennes pour la plupart, qui a été créé il y a une dizaine d’années maintenant. À la base, on éditait un fanzine, et les soirées que l’on faisait servaient à le financer. C’était vraiment très associatif, très bénévole. Progressivement, les soirées ont pris plus d’ampleur, et à côté de ça, le fanzine a également grandi. Maintenant, nos soirées se passent à la Machine du Moulin Rouge, notre fanzine est édité à 2000 exemplaires sur un beau papier format couleur. Et puis, il y a aussi notre site internet qui s’appelle Barbieturix.com, et qui fait entre 3000 et 5000 vues par jour. C’est un site très ouvert, on n’est pas dans le radicalisme communautaire. Justement, à propos du fanzine et du site, quelles sont leur ligne édito ? 35 —
Est-il vrai que les lesbiennes sont une mafia hyper bien organisée ? Vous pensez contrôler le monde un jour ?
(rires) Il faudrait surtout qu’on arrive à avoir plus de visibilité dans les médias avant de prendre le contrôle du monde. Ça a été dur pour la lesbienne cette année, parce que Têtu(e) a disparu et s’est fait avalé par Yagg, qui est désormais LGBT dans son ensemble. Et les magazines papier qui avaient au moins l’honneur d’exister comme Lesbien Magazine ont déposé le bilan. Nuit
Barbi(e)turix
Il y a pourtant une belle histoire entre les gouines
Les soirées Wet For Me marchent du feu de dieu.
et Paris…
N’as-tu pas peur de devenir grand public et de
Il y a 10 ans, il y avait beaucoup de choses qui s’étaient créées pour les filles via le Pulp, mais après sa fermeture, tout s’est arrêté. Nous, on a toujours été là, mais il y a eu un grand vide. Des bars lesbiens ont fermé, un bon nombre de filles se sont barrées à Berlin, tout s’est un peu cassé la gueule. Maintenant, à Paris, il y a d’autres soirées comme la Kidnapping, mais ce ne sont pas forcément des soirées 100% lesbiennes, c’est beaucoup plus ouvert.
perdre l’esprit de départ ?
Ça, ça peut nous pendre au nez. On y fait très attention. On n’est pas promoteurs de soirées, on est une asso, nous sommes des bénévoles, donc on est pas là pour faire des thunes. On s’essaye à des choses. La dernière fois on a invité Acid Arab, on a été hyper contentes de les accueillir, ils nous ont ramené une population qui n’avait pas forcément l’habitude de venir à nos soirées, et c’est vrai que certaines filles se sont senties en décalage. On est obligées de passer par là, c’est des coups d’essai.
Le constat est donc vraiment en demi-teinte…
En 2013, à Paris, il y a 2 bars lesbiens… et deux bars qui n’ont rien à voir : Le 3W se veut chic et mainstream, et la Mutinerie est plus punk, plus trash, c’est un bar associatif. Et qu’est-ce que ça manque de meufs dans les clubs parisiens ! On sent vraiment que c’est des grosses couilles qui sont derrière pour faire la programmation. Les filles invitées aux platines ne sont que des grosses stars… Nous ce qu’on voudrait, c’est faire en sorte qu’il y ait plus de gouines qui s’occupent de la prog’. Qu’est-ce qui te saoule particulièrement dans le milieu lesbien ?
Le manque de solidarité. On défile toutes dans la rue pour les grandes causes, mais pour des choses plus légères et plus futiles qui ne sont pas moins politiques, il y a des dissensions. Après, dans le milieu, ça canarde aussi pas mal. Là, il y a un grand débat en ce moment sur La Vie d’Adèle. La communauté est en train de se déchirer pour savoir si c’est un film qui nous rend service ou pas. Ce sont des débats qui n’en finissent pas, avec des snipers et des trolls dans tous les sens. Je trouve ça complètement con. C’est aussi peut-être parce qu’on sort d’une période difficile, donc on est un peu sur les dents…
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À l’avenir, comment allez-vous développer le concept ?
On est en train de réfléchir à s’exporter en Province parce qu’il y a une demande. Ensuite, ce printemps, on compte faire une expo au Point F où l’on va retracer les 10 ans des Barbi(e)turix et à travers ça les 10 ans de la culture lesbienne à Paris. Vous venez aussi de sortir aussi un bouquin, je crois.
Oui, ça s’appelle Lesbiennes dans tous leurs états. On s’est amusées à dresser 25 typologies de différentes lesbiennes : la gouine à mèche, la gouine cougard, la cagouine… On retourne les clichés contre nous et on joue avec. Faut en parler de ce bouquin, parce qu’il nous pose pas mal de problèmes en fait. Ça, par exemple, les gouines radicales, elles ne pigent pas…
Prochaine Wet For Me : Le 15 novembre à la Machine du Moulin Rouge. JD Samson En Dj Set / Tubbe Live / Molly / Ida Daugaard / Sarah Joe /Rag www.barbieturix.com Le bouquin : Lesbiennes dans tous leurs états (Éditions Des Ailes sur un Tracteur)
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nightivisme T/ MPK P/ Harmnie Boidin & Sacha K.
Thierry Théolier Il est toujours salutaire de faire un tour du côté de
Alors Thierry, c’est quoi cette histoire ? J’ai entendu
chez Thierry Théolier. Tout d’abord, le Dude aime
dire que tu voulais te présenter comme Maire de la
défoncer à tout-va quand la nuit parisienne s’ins-
Nuit (ndlr, une initiative citoyenne visant à élire un
titutionnalise et clôture ses lignes de fuites liber-
représentant des noctambules au début du mois) ?
taires. Nous assisterons donc lors de cet entretien à
Pas du tout. Je t’explique. Comme tous les mois, je vais chez Technikart chercher mon magazine pour lire ma chronique Lettre de Paris sous l’invitation de Laurence Remila, et la correction dudesque de Raphaël Turcat. Les mecs me disent : « Thierry, on a une bonne idée pour toi. Est-ce que ça te dit de déposer ta candidature comme Maire de la Nuit, et Technikart soutient ta candidature. » Bon, j’avais bu 2 picons, j’étais passé par Cash Converters, j’étais content, de bonne humeur, je dis : « Ok, pourquoi pas, let’s go, tout est bon dans le cochon. »
un cartouchage en bonne et due forme de l’initiative bureaucratico-administrative du Maire de la Nuit. Ensuite, il serait dommage de cantonner le personnage à la simple figure du hater, puisqu’il traîne derrière lui une longue chaîne de M.A.J artistiques. Avec pour dernier maillon, un bug discographique nommé 2000WTF.
Avant d’attaquer l’interview, quelques mots sur 2000WTF. Prononcer Deux-mille What The Fuck en insistant sur le « Ze Fuck » parce que la génération post 9/11 se l’est bien faite mettre. Sur une techno faussement low-cost, Thierry Théolier programme sa langue en open source façon sprechgesang et géomêtrise le long de ses 6 tracks (et 4 remixes) le néant du post-modernisme. Comment dès lors échapper au Nihil ? Sans doute en créant son propre Nihil, comme l’attestent les patterns sémantiques du morceau phare de l’album, Corporate Prayer. « Au Dieu, faites que je ne réussisse pas… » On aime ou on n’aime pas, Théolier s’en branle, il occupe les interstices. Et ce n’est que le premier acte, nous sommes prévenus.
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Et ensuite ?
Ensuite, je vais chez moi, je me replie sur moimême dans mon antre, et je commence à lire le communiqué de presse. Je me rends compte que ce n’est pas du tout ma tasse de thé. Je me dis « No way, je ne suis absolument pas fait pour ça. » Qu’est-ce qui t’a dérangé là-dedans ?
Mais putain, il faut violer l’espace public, pas demander la permission de pouvoir mettre le poing dedans. Mais on est où là ? Maire de la Nuit, ce truc, c’est une contradiction, un coup de pub fait par des communicants ! Je ne sais pas quelles sont les véritables motivations de la personne qui est Nuit
Thierry Théolier
derrière. Dans l’absolu, on ne rentre pas en discussion avec le pouvoir, on le viole. Ça dure un temps, et on se casse, et on va ensuite ailleurs, on fait des T.A.Z quoi. On ne commence pas à être des diplomates de la teuf. Ou alors, on est des bobos, et on essaye de se trouver une place à la Mairie. C’est donc complètement incompatible avec ta vision de la nuit ?
Se présenter comme Maire de la Nuit, c’est une grosse blague par rapport à un mec comme moi qui a été à la G.A.G, ou rue Royale. Je suis un D.A de Squat, pas un D.A de lieu bobo. Et puis, c’est quoi ce bordel, y’a plein de lieux partout, il faut commencer à discuter avec des mecs qui n’ont aucune culture de la nuit ? Ils posent des interdictions partout, interdiction de fumer, interdiction de se droguer, interdiction de boire, interdiction de baiser, interdiction de se tuer. Laissez-nous vivre et mourir comme on l’entend. Il n’y a donc aucune possibilité pour toi de faire une table ronde avec les institutions ? Tu penses que ça ne mène à rien ?
Mais bien sûr que ça ne mène à rien. Ça mène à couper la came. C’est comme si on avait 30 kilos de cocaïne et qu’on mettait de la merde dedans. Non, la nuit, on prend la coke, on la sniffe, et on ne demande rien à personne. La nuit c’est comme la coke, c’est un truc pur, il ne faut pas la couper, si tu la coupes, c’est foutu. T’auras des produits frelatés, t’auras des Dj frelatés, des pétasses frelatées… On n’en a rien à branler, on est dans le sauvage. La nuit est sauvage. Voilà. Donc les jeunes qui ont un peu d’énergie et de testostérone, il faut qu’ils se mettent à aller bouger leurs culs, et pas aller sucker la Concrète, le Social Club… Mais qu’ils aillent faire eux-mêmes leurs teufs là où c’est interdit, tu vois.
C’est la mafia. C’est juste la mafia. Il y a un groupe de personnes qui phagocyte les Dj’s, les lieux, les sponsorings, et qui décide de ce qui est bien et de ce qui est mal. Et en plus, c’est des lieux qui sont aseptisés et trop chers au niveau des consos. À l’heure où les logiciels Traktor sont craquables, les PC sont à 200 euros, n’importe quels gus un peu sensible peut faire danser des gens. Par rapport à ça, le Djing de snob qui se dit « tiens je connais cette musique c’est génial, regarde-moi comment je danse pas vraiment », ça me fait vomir. Tu ne penses pas que la Concrète a relancé une roue qui était un peu rouillée ?
Oui, bien sûr. Mais pour moi, tout ça, c’est du carnaval, ce n’est que du divertissement, de l’entertainment. Alors que quelqu’un qui s’engage dans l’insurrection festive, artistique et politique, il change sa vie, il se laisse pousser la barbe, il n’est plus bobo, même si la barbe devient un conformisme de plus. Y’a un truc sauvage dans la barbe… Quand tu bosses à Disneyland, ou à Mc Donald, tu peux pas avoir de poils. Tu ne peux pas être un loup, il faut que tu sois un agneau tondu. Bon, on est contents de voir que tu n’as pas changé. Toujours dans une logique de syndicaliste schizo…
C’est mon credo. J’ai écrit une phrase dont je suis assez fier : « Je ne crois plus du tout au concept pubard du cheval de Troie pour pénétrer la matrice médiatico-com-mes-couilles mais au bon vieux bélier, la machine de guerre moyenâgeuse, que l’on laissera après l’impact, orpheline, abandonnée, devant les portes fracassées de la forteresse et alors que l’on rebroussera chemin, pour retourner dans la Forêt Sans Nom, on sentira un léger malaise de l’Ennemi qui, bizarrement, n’était que nous-même… » Think about it dudes. 2000 WTF Nukod dispo sur nukod.com
Qu’est-ce qui ne te plaît pas dans le Social Club ou
Il sera derrière les platines le 20 nov chez Moune
la Concrète ? 40 —
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chicasses.tumblr.com
Cocktail T/ Vincent Kreyder P/ Gaëlle Lepetit
LE GIN FIZZ Ce mois-ci, votre serviteur a décidé de vous parler d’un cocktail à base de Gin (qui tient son nom de l’anglais « genever » ou genévrier, composante essentielle de ce liquide amer issu de la fermentation de grains de maïs, de blé ou de seigle) qui ne soit pas imbuvable. Étonnant, non ?
En effet, mes goûts personnels me pousseraient davantage à vous racoler je ne sais quel cercueil à gnôle de topinambour face auquel même le plus vil maquisard renâclerait. Or, il s’agit ici d’un classique raffiné au charme teinté de saveurs british : le Gin Fizz. Tout d’abord, l’histoire du Gin Fizz est indissociable de celle du Tonic. Ce dernier, siroté sur les navires de guerre britanniques était utilisé à des fins médicinales pour soigner, entre autres joyeusetés, le scorbut. Yummy. La primeur du concept revient à l’Amiral Nelson, qui n’aura donc pas eu pour seules bonnes idées de mettre une raclée à Napoléon à Waterloo ou de peindre le plancher de ses navires en rouge afin de ne pas décourager ses marins à la vue du sang (l’histoire ne mentionne pas s’il portait un pantalon marron avant la bataille). Il a également eu – n’ayons pas trop peur des mots – le génie d’associer le remède jus de citron aux propriétés de conservation et au goût du Gin. Avouez tout de même que ça donne un peu plus envie que l’acide sulfurique dilué. L’histoire raconte que beaucoup de marins se faisaient porter pâles après cette découverte. Il n’en fallut pas 44 —
plus pour que la boisson accompagne les matelots sur la terre ferme et subisse les modifications dues à la prérogative gustative, à savoir l’ajout du sucre et de l’eau gazeuse. Le Gin Fizz était né. À vrai dire, ce cocktail a d’intéressant et de presque ludique de comporter énormément de variations à son état fondamental. Pour les deux du fond qui ne suivent pas, je rappelle qu’on l’obtient en remplissant un shaker de 3/4 de Gin, 1/4 de jus de citron ainsi qu’une cuillerée de sucre de canne ou de sirop de canne. Verser dans un high ball ou un tumbler puis allonger avec l’eau gazeuse. Voici plusieurs exemples de variations que la mixture a subies à travers les époques : - Ajoutez à cela un blanc ou un jaune d’œuf, vous obtiendrez respectivement un Silver ou Golden Fizz. - Remplacez le citron par du jus d’orange et savourez un Orange Fizz, que l’on peut rehausser avec un trait de Cointreau. Si vous remplacez ce dernier par du Vermouth ou du dry, c’est alors un Bronx que vous dégusterez. - Vous pouvez également donner à votre Fizz une couleur dudesque en ajoutant du lait. - Enfin, et c’est ma préférée, le Dixieland ! Remplacez le jus de citron par du jus de mandarine et ajoutez un trait (voire un poteau, selon mes propres convenances) de bourbon. Je terminerai de vous convaincre avec cette anecdote savoureuse : à l’époque où cette boisson fut popularisée, le taux d’alcoolisme de la population britannique augmenta de façon significative ! Nuit
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Nuit
trousse de secours Ouvert toute la nuit !
Pharmacies de garde
Épicerie Shell
Chez Tina
84, av. des Champs-Élysées - 8e
6, boulevard Raspail - 7e
1, rue Lepic - 18e
≥ 01 45 62 02 41
≥ 7/7 — 24/24
d≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h
6, place de Clichy - 9e
Minimarket fruits et légumes
Boulangerie Salem
≥ 01 48 74 65 18
11, boulevard de Clichy - 9e
20, boulevard de Clichy - 18e ≥ 7/7 — 24/24
6, place Félix-Éboué - 12
≥ 7/7 — jusqu'à 7h
≥ 01 43 43 19 03
Alimentation 8 à Huit
Livraison médicaments 24/24
151, rue de la Convention - 15e
Fleuristes
≥ 01 42 42 42 50
≥ 7/7 — 24/24
Chez Violette, au Pot de fer fleuri
Supérette 77
78, rue Monge - 5e
Urgences
77, boulevard Barbès - 18e
≥ 01 45 35 17 42
SOS dépression
≥ mardi au dimanche jusqu'à 5h
Relais Fleury
e
≥ 08 92 70 12 38
114, rue Caulaincourt - 18e
Urgences psychiatrie
Resto
Se déplace sur région parisienne
L’Endroit, 67, place du Docteur-
≥ 01 46 06 63 97
≥ 01 40 47 04 47
Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00
Carwash
Drogue, alcool, tabac info service
≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,
Paris Autolavage 7/7 — 24/24
≥ 08 00 23 13 13 / 01 70 23 13 13
samedi de 10h à 5h
Porte de Clichy - 17e
Livraison sextoys
Tabac
Shopping
Commande en ligne
Tabac du Châtelet
Virgin Megastore
www.sweet-delivery.fr
4, rue Saint-Denis - 1er
52, av. des Champs-Élysées - 8e
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
≥ 7/7 — jusqu'à 3h
≥ jusqu'à minuit
Tabac Saint-Paul
Librairie Boulinier
Livraison alcool + food
127, rue Saint-Antoine - 4e
20, boulevard Saint-Michel - 6e
Nemo 01 47 03 33 84
≥ 7/7 — jusqu'à minuit
v≥l jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
Le Pigalle
Faim de Nuit 01 43 44 04 88
22, boulevard de Clichy - 18e
Kiosques à journaux 24/24
≥ 7/7 — jusqu'à 7h
≥ vendredi et samedi jusqu'à 5h
38, av. des Champs-Élysées - 8e
Allô Hector 01 43 07 70 70
16, boulevard de la Madeleine - 8e
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
Poste de nuit
2, boulevard Montmartre - 9e
Apéritissimo 01 48 74 34 66
52, rue du Louvre - 1er M° Louvre-
Place de Clichy - 18e
≥ 7/7 — jusqu'à 4h
Rivoli / Étienne-Marcel
Allô Glaçons
Boulangeries
53, rue de la Harpe - 5e
01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24
Snac Time
≥ 01 44 07 38 89
97, boulevard Saint-Germain - 6e
20, rue du Fb Saint-Antoine - 12e
Épiceries
≥ 7/7 — 24/24
≥ 01 43 40 03 00
L'Épicerie de nuit
Boulangerie-pâtisserie
35, rue Claude-Bernard - 5e
99, avenue de Clichy - 17e
Envoyez-nous vos bons plans
≥ vendredi et samedi jusqu'à 3h30
≥ 7/7 — 24/24
ouverts la nuit : nuit@lebonbon.fr
Internet 24/24
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Nuit
la playlist du mois P/ Moscow
love fingers
Novi Singers — Prelude en E minor OP.28 No.4
Ce disque était un cadeau du père de Vincent, mon ami parisien. La première fois que je l’ai écouté, son père le jouait pour mon fils de 1 an, pour le détendre avant de dormir. C’était très efficace, et pour moi aussi. Des années plus tard, j’ai reçu le LP dans un mail du père de Vincent, un des cadeaux les plus significatifs que j’ai pu recevoir. Neil Young — Will To Love
Comme s’il y avait un rugissement de cheminée dans le fond, cette chanson est d’une intimité écrasante. Les paroles sont naïfs et la livraison est parfaitement délicate. De la musique pleine d’âme. Litto Nebbia — Bazar De Los Milagros
Andrew Hogge (aka Love Fingers)
C’est le membre fondateur du groupe de rock argentin légendaire Los Gatos. Cette version solo et ce morceau en particulier m’a été présenté par un ami à Tokyo, Chee Shimizu. Une guitare acoustique chaleureuse avec des lignes de synthé portamento, c’est une manière évidente de gagner mon coeur.
est un artiste passant ses journées à Los Angeles et ses
Carlos Maria Trindade & Nuno Canavarro — Blu Terra
nuits entre New York et Paris.
J’ai cherché de LP pendant quelques années, c’est une découverte assez rare. Je suis un fan de Nuno Canavarro depuis l’école d’art, mais cette version avec Carlos Maria Trindade a une approche beaucoup plus mélodique que son LP plus connu Plus Quba. Blu Terra est qui ne me fatigue jamais, quelque part entre Philip Glass and Jorge Reyes.
Consommateur, chroniqueur et commémorateur de toutes choses audio et visuel, il propage ses idées à travers une variété de moyens et de plateformes. Que ce soit son mix acclamé de 999 chansons sur lovefingers.org,
Jordan De La Sierra — Gymnosphere: Song Of The Rose
son célèbre label ESP Institute,
C’est un album concept de 1977. Un solo au piano hypnotique rappellant Lamonte Young ou même Eno, pré-enregistré dans l’ambiance de la grâce de la Cathédrale de San Francisco. La distance et la qualité boueuse en font une expérience d’écoute d’un autre monde.
ou sa collection de mode féminine Objects Without Meaning (en collaboration avec sa femme Alexandra), il y a une forte attache émotionnel et cosmique dans chaque aspect de
Pep Llopis — Poiemusia La Nau Dels Argonautes
son travail.
La bande originale de Salvador Jofer "La nau dels Argonautes" joué au theatre Princesa à Valence en 1986. Il s’agit d’un LP ambiant fait de piano, synthé et de paroles creuses. Je suis presque triste d’en parler parce qu’il doit être entendu et ressenti. Bonne chance pour trouver une copie abordable.
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Nuit
agenda La sélection de ParisLaNuit.fr
Mardi 05/11 19h30 Zénith 35€
Mardi 19/11 19h30 Le Trianon 30€
≥ Woodkid
≥ Trentemoller
Mercredi 06/11 19h L’Olympia 40€
Jeudi 21/11 23h La Machine du Moulin Rouge 15€
≥ Festival Les Inrocks : Major Lazer • Rocky • Hollysiz
≥ Booka Shade Live
Jeudi 07/11 20h Point Ephémère 13€
Vendredi 22/11 23h30 La Machine du Moulin Rouge
≥ Appruder Collection #2 : Release Party
15€
23h
Rex Club 20€
≥ 50weapons: Robert Hood • Benjamin Damage •
Bambounou • Aethority ≥ Rex Club 25 Years : Loco Dice • Dj Qu• Alexkid Live Samedi 09/11 18h Mains d’Œuvres 13€
Samedi 23/11 20h La Gaité Lyrique 22€
≥ Nuit Garage/Sale et Sauvage#2
≥ Is Tropical 23h30
Dimanche 10/11
18h
La Cigale 30€
≥ Festival Les Inrocks : Laura Mvula & Alunageorge 23h
La Machine du Moulin Rouge 13€
≥ Clara Moto Release Party : Nd Baumecker • Seams
Rex Club 20€
• Timid Boy 23h30
La Bellevilloise 16€
≥ Rex Club 25 Years : Ben Klock Vs Marcel Dettmann
≥ Free Your Funk : Dj Pone vs Para One hiphoph all
& Dj Deep
night long
23h30
La Machine du Moulin Rouge 15€
≥ Embrace#2 :Cyril Hahn • Bodhi • Snakehips • Stwo
Vendredi 15/11 20h La Gaité Lyrique 18€
• Korgbrain
≥ Factory Floor
Mardi 12/11 20h La Maroquinerie 22€
Dimanche 17/11 23h Rex Club 20€
≥ Skip&Die
≥ Rex Club 25 Years : Nina Kraviz • Omar S • Jus-Ed • Jacques Bon
Mercredi 13/11 20h La Gaité Lyrique 24€ Mardi 26/11 20h Point Ephémère 15€
≥ Micky Green
≥ Dean Blunt & Guest Jeudi 14/11 19h30 Le Trianon 27€ Jeudi 28/11 Rex Club 5€
≥ La Femme 19h30
La Bellevilloise 24€
≥ Paris La Nuit invite l’Underground : Cracki (Voiron et Larcier) • Die Nacht (Valentin) •SNTWN (75021)
≥ Quadron
(Larry Byndon) • Debrouï Art (Hugo Verken) Vendredi 15/11 23h Rex Club 15€ ≥ Rex Club 25 Years : Kyle Hall • Derrick May • Agoria 23h30
La Machine du Moulin Rouge 12€
Vendredi 29/11 23h30 Machine du Moulin Rouge 12€ ≥ Corps Vs Machine : Azari & Iii • Tomas More • Dac-
≥ Wet For Me : Jd Samson (Le Tigre) • Tubbe • Molly
tylo • Leonie Pernet
Lundi 18/11 21h La Machine du Moulin Rouge 18€
Envoyez votre programmation à :
≥ Bizarre Ride II : The Pharcyde & Dj Deska
jessica@parislanuit.fr
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Nuit
© Bal du Moulin Rouge 2013 - Moulin Rouge® - 1-1028499
LA REVUE DU PLUS CÉLÈBRE CABARET DU MONDE ! DINER ET REVUE À 19H À PARTIR DE 180 € REVUE À 21H ET À 23H : 109 €
MONTMARTRE
82, BLD DE CLICHY - 75018 PARIS TEL : 33(0)1 53 09 82 82
THE SHOW OF THE MOST FAMOUS CABARET IN THE WORLD ! DINNER & SHOW AT 7PM FROM €180 SHOW AT 9PM & 11PM : €109 WWW.MOULIN-ROUGE.COM FACEBOOK.COM/LEMOULINROUGEOFFICIEL