CDPE Haute Normandie

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PARLEMENT EUROPÉEN E ZIN GA MA AL GU LIN BI

LE MAGAZINE DES GRANDS ENJEUX

La Haute Normandie, un territoire ambitieux au cœur de l’Europe

an ambitious region at the heart of Europe


Novembre 2014 | Haute-Normandie

© Région Haute-Normandie

Upper Normandy: one of the top Eco-Regions of France

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pper Normandy is Claude Monet and the engines of Arianespace, it is Etretat, and the 100% electric car. Upper Normandy gets better the better you come to know it. In possession of many assets, our Region has strong attractive potential: sectors of excellence for which it is renowned (automobile, logistics, chemistry, biology, aeronautics, aerospace, agribusiness, energy…) ; a recognised industrial identity; a strategic geographical position at the heart of the Seine Valley and maritime frontage open to the world; its universally known landscapes and heritage.

ÉDITORIAL

La Haute-Normandie : l’une des premières Eco-Régions de France

In Upper Normandy, the priority is energy transition, with the ambition to become one of the top Eco-Regions in France: structuring an offshore wind farming industrial sector, provider of sustainable and qualified employment, support for the electric vehicle, a call for energy projects to promote industrial processes that are sober in energy, the reduction of consumption and useless energy expenditure, eco-construction; but also the development of a future digital sector, support for innovative SMEs, research, training…

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a Haute-Normandie, c’est Claude Monet et les moteurs d’Arianespace, c’est Etretat, et c’est la voiture 100% électrique. La Haute-Normandie gagne à être connue. Forte de nombreux atouts, notre Région dispose d’un fort potentiel d’attractivité : des filières d’excellence qui font sa renommée (automobile, logistique, chimie, biologie, aéronautique, aérospatiale, agroalimentaire, énergies…) ; une identité industrielle reconnue ; un positionnement géographique stratégique au cœur de la Vallée de la Seine et une façade maritime qui lui donnent une ouverture sur le monde ; ses paysages et son patrimoine mondialement connus.

The Region, a major player in public policy, should soon see its expertise consolidated within a new Norman perimeter, joining together with Lower Normandy: economic development, education, mobility, vocational training, equipment and support in the territories, energy transition… Normandy will have all the triggers it needs to ensure the development of the territories and prepare the future.

En Haute-Normandie, notre priorité est la transition énergétique, avec l’ambition de devenir l’une des premières Eco-Régions de France : structuration d’une filière industrielle de l’éolien en mer pourvoyeuse d’emplois durables et qualifiés, soutien au véhicule électrique, appel à projets énergies pour promouvoir des procédés industriels sobres en énergie, réduction de la consommation et des dépenses énergétiques inutiles, écoconstruction ; mais aussi développement d’une filière d’avenir dans le numérique, appui aux PME innovantes, à la recherche, à la formation…

In this environment in full evolution, today and tomorrow the Region constitutes for our fellow-citizens, the territories, the companies and organisations, a solid, stable, reliable support on which they can count n

Dans cet environnement en pleine évolution, la Région constitue aujourd’hui et demain pour nos concitoyens, les territoires, les entreprises, les associations, un pilier solide, stable, fiable, sur lequel ils peuvent compter n

© David Morganti RHN

La Région, acteur majeur de l’action publique, devrait voir prochainement ses compétences renforcées, dans un nouveau périmètre normand, en fusionnant avec la Basse-Normandie : développement économique, éducation, mobilité, formation professionnelle, aménagement et solidarités des territoires, transition énergétique... La Normandie aura ainsi tous les leviers pour assurer le développement des territoires et préparer l’avenir.

Nicolas Mayer-Rossignol Président de la Région Haute-Normandie Chairman of the Upper Normandy Region

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 1


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Hors-série - Novembre 2014

SOMMAIRE :

Haute-Normandie

La Haute-Normandie : l'une des premières Eco-Régions de France

1

Éditorial de Nicolas Mayer-Rossignol, président de la Région Haute-Normandie

La Haute-Normandie en chiffres

4

Une économie d’avenir

La Haute-Normandie, 1ère région de France pour l’éolien en mer mise sur le développement de l’éolien en mer L’excellence des éoliennes “Made in Normandie”

5 7

Un entretien avec Nicolas Mayer-Rossignol, président de la Région Haute-Normandie

“Une première en Europe”

12

Un entretien avec Louis-François Durret, président Areva Renouvelables

Une Normandie à Haute valeur ajoutée

14

Un entretien avec Jean-Pierre Desormeaux, président de la Chambre de commerce et d’industrie régionale de Haute-Normandie

Le tourisme au cœur de l’économie locale

16

Un entretien avec Claude Taleb, vice-président délégué à l’Économie solidaire, à l’Agriculture, à la Pêche, à la Forêt et au Tourisme

Giverny, l’éveil des sens

20

Région européenne en devenir

“Le fonds européen, un véritable levier”

23

Un entretien avec Dominique Gambier, vice-Président du Conseil régional de Haute-Normandie en charge de l’économie, de la recherche et des affaires européennes, maire de Déville lès Rouen

276 : un espace d’expérimentations et d’innovation

26

Un entretien avec Jean Louis Destans, président du Conseil général de l’Eure, Député de la 2ème circonscription de l’Eure

“Des liens entre terre et mer”

28

Un entretien avec Nicolas Rouly, président du Conseil général de la Seine-Maritime

Le port de Rouen dans la cour des grands

34

Un entretien avec Philippe Deiss, ancien directeur du port de Rouen

HAROPA, “un outil indispensable”

38

Un entretien avec Hervé Martel, directeur Général du Grand Port Maritime du Havre et président de HAROPA

Un territoire de savoirs

La formation et le suivi des jeunes sont les maîtres-mots de la Région en matière d’apprentissage

42

Un entretien avec Hélène Segura, vice-présidente de la Région Haute-Normandie en charge de la formation

“Garantir les meilleurs débouchés”

46

Un entretien avec Cafer Özkul, président de l’Université de Rouen

“Développer l’esprit d’entreprendre”

50

Un entretien avec Didier Pézier, président de Seinari (l’Agence de l’innovation en région Haute-Normandie)

Et demain la Haute-Normandie ?

Big-Bang territorial : la Haute et la Basse-Normandie ne feront plus qu’une seule Normandie en 2016

55

Un entretien avec Nicolas Mayer-Rossignol, président de la Région Haute-Normandie

Aménagement du territoire : quels projets pour un territoire durable?

58

Un entretien avec Laurent Logiou, conseiller régional de Haute-Normandie, 4ème vice-président délégué à l'aménagement des territoires

Agir pour la transition énergétique

61

Un entretien avec Véronique Bérégovoy, 11e Vice-présidente du Conseil régional de Haute-Normandie, déléguée à l’environnement, au plan climat-énergies et au logement

“Une terre apaisée sur la voie de la réussite” Un entretien avec Pierre-Henry Maccioni, préfet de Région Haute-Normandie

2 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

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TABLE OF CONTENT: Upper Normandy Upper Normandy : one of the top Eco-Regions of France

1

Nicolas Mayer-Rossignol, chairman of the Upper Normandy Region

Upper Normandy: key figures

© ENIA ARCHITECTES

Novembre 2014 | Haute-Normandie

4

A promising economic future

Upper Normandy, no. 1 region of France for offshore wind farming, capitalises on the development of offshore wind farming The excellence of wind mills “Made in Normandy”

6 8

Interview with Nicolas Mayer-Rossignol, chairman of the Upper Normandy Region

“A first in Europe”

13

Interview with Louis-François Durret, chairman of Areva Renouvelables

A high value added Normandy

15

Interview with Jean-Pierre Desormeaux, chairman of the Chamber of Commerce and Regional Industry of Upper Normandy

Tourism at the heart of the local economy

18

Interview with Claude Taleb, vice-president delegate to the interdependent Economy, Agriculture, Fishing, Forest and Tourism

Giverny, an awakening of the sensés

21

A rising European region

“The European funds, a genuine boost”

24

Interview with Dominique Gambier, vice-president of the Regional Council of Upper Normandy in charge of the economy, research and European affairs, Mayor of Déville lès Rouen

276: a space for experiment and innovation

27

Interview with Jean Louis Destans, chairman of the General Council of the Eure, Member of Parliament of the 2 nd district of the Eure

“Linking land and sea”

30

Interview with Nicolas Rouly, chairman of the General Council of Seine-Maritime

The port of Rouen among the greats

36

Interview with Philippe Deiss, former director of the port of Rouen

HAROPA, “an essential tool”

39

Interview with Hervé Martel, director General of the Grand Port Maritime du Havre and chairman of HAROPA

Territory of knowledge

Training and support for young people are the watchwords of the Region in terms of apprenticeships

44

Interview with Hélène Segura, vice-president of the Upper Normandy Region responsible for training

“Guaranteeing the best opportunities”

47

Interview with Cafer Özkul, chairman of the University of Rouen

“Developing entrepreneurship”

51

Interview with Didier Pézier, chairman of Seinari (the Upper Normandy Regional Agency for Innovation)

The Upper Normandy of tomorrow

Territorial big-bang: Upper and Lower Normandy will make just one Normandy in 2016

56

Interview with Nicolas Mayer-Rossignol, chairman of the Upper Normandy Region

Regional planning: which projects lead to a sustainable region?

60

Interview with Laurent Logiou, regional Advisor of Upper Normandy, 4th vice-president delegate to regional planning

Act for energy transition

62

Interview with Véronique Bérégovoy, 11th Vice-president of the Regional Council of Upper Normandy, delegate to the environment, the climate-energy plan and housing

“A land of peace on the way to success”

64

Interview with Pierre-Henry Maccioni, Upper Normandy Regional prefect LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN - Édité par Monde Edition S.A.S. - Siège : 3, rue Mornay, 75004 Paris - Téléphone : 01 44 54 05 50 - Fax : 01 44 54 05 55 E-mail : redaction@lcp-europeen.eu - www.lecourrierduparlement.fr n Directeur de la publication - Rémy Lazimi n Secrétaire de rédaction - Sharon Lazimi n Journalistes - Julien Dreyfuss, Sacha Grynbaum, Anaïs Normand, Marie Pannetier, Pauline Pouzankov, Marie Vergne, Laure Verneau n Infographiste - Isabel Da Silva n Directrice de la communication - Danielle Decaris n Relations presse - Laurent Vigée n Régie publicitaire - GS Intermedia : Directeur de la publicité Nathaniel Ayache, Relations extérieures - Gérard Slama n Remerciements - Sophie de Santis - François Duboc n N° 07 n Imprimé en France n Dépôt légal à parution n Photo de couverture - © Demid - Fotolia.com - Toute reproduction, même partielle, des articles publiés dans ce numéro, nécessite explicitement le consentement écrit de l’éditeur.

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 3


Novembre 2014 | Haute-Normandie

La Haute-Normandie en chiffres Upper Normandy: key figures

Upper Normandy includes 2 departments (the Eure and Seine Maritime) with 1420 communes, of which 82% are rural. Overall, it has a surface area of 6,278 km2 and counts 1,800,349 inhabitants, who account for 55.5% of the population of Normandy. With Le Havre, Dieppe, Rouen and Evreux as principal cities, it is made up of 6 urban and 63 commune communities.

• 1re région pour la production de lin • 4e puissance industrielle française avec 6 700 entreprises • 6e région pour la recherche • 60 % de la production française des lubrifiants • 50 % des plastiques, 30 % des voitures • 5 des 10 premiers groupes internationaux de la filière chimie biologie - santé en Haute-Normandie

• Number 1 region for the production of flax • 4th French industrial power with 6,700 companies • 6th region for research • 60% of French production of lubricants • 50% of plastics, 30% of cars • 5 of the top 10 international groups in the chemistry-biology-health sectors in Upper Normandy

4 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

• Number 1 region for offshore wind farming • Number 1 region for harbour traffic in France • Number 1 maritime frontage in France with the port of Rouen (number 1 exporting port for cereals and flour) and the port of Le Havre (number 1 French port for containers and number 2 in tonnage) • 4th French region for foreign trade

Reliée à Paris (1h10 depuis Rouen) et à Marseille (6 heures depuis Le Havre), la Région prévoit un projet de ligne nouvelle Paris-Normandie pour améliorer les déplacements des Franciliens comme des Normands. Il prévoit notamment le développement des trois régions de Basse-Normandie, de Haute-Normandie et d’île-de-France avec pour priorité 3 sections : Paris-Mantes, le nœud de Rouen et Mantes-Evreux.

Connected to Paris (1h10 from Rouen) and Marseilles (6 hours from Le Havre), the Region is planning a new Paris-Normandy line to improve travel for the inhabitants of Ile-de France and Normandy alike. It plans in particular to develop the three areas of Lower Normandy, Upper Normandy and Ile-de-France with 3 priority sections: Paris-Mantes, the node of Rouen and Mantes-Evreux.

© Fotolia.com

La Haute-Normandie compte 2 départements (l’Eure et la Seine Maritime) pour 1420 communes, dont 82 % sont rurales. Au total, elle a une superficie de 6 278 km2 et compte 1800349 habitants, qui représentent 55,5% de la population normande. Avec pour villes principales Le Havre, Dieppe, Rouen et Evreux, elle est composée de 6 communautés d'agglomération et 63 communautés de communes.

• 1re région pour l’éolien en mer • 1re région pour le trafic portuaire en France • 1re façade maritime de France avec le port de Rouen (1er port exportateur de céréales et de farine) et le port du Havre (1er port français de conteneurs et 2e port en tonnage) • 4e région française pour le commerce extérieur


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A p ono un rom isin mie d e g ec ono ’aven mic futu ir re

Novembre 2014 | Haute-Normandie

La Haute-Normandie,

1ère région de France pour l’éolien en mer mise sur le développement de l’éolien en mer

© Kim Hansen

Première région française pour l’éolien offshore, la Région Haute-Normandie entend développer l’emploi dans ce secteur prometteur.

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a Région Haute-Normandie a fait de l’éolien en mer l’étendard de son engagement pour la transition énergétique de son économie. Deux parcs éoliens vont être construits : le premier, attribué au consortium EDF-Alstom, prévoit l’installation au large de Fécamp de 83 éoliennes représentant une capacité totale de 500 MW. D’une puissance équivalente, le second, qui vient d’être confié à GDF-Suez et Areva, sera implanté à 14 kilomètres des côtes du Tréport. La mise en œuvre de ces deux projets se traduit par la mobilisation de l’ensemble des acteurs régionaux pour créer en HauteNormandie une véritable filière industrielle de l’éolien offshore destinée à alimenter le marché français comme l’export. Avec à la clé, des milliers d’emplois qualifiés. La Région Haute-Normandie joue un rôle moteur depuis le début de cette nouvelle dynamique économique.

Mise en place d’une nouvelle filière industrielle À l’origine de la création de la filière Energies Haute-Normandie dès 2009 et du comité régional de coordination de l’éolien en mer en 2011, la Région impulse la filière industrielle éolienne offshore. Elle accompagne ainsi les aménagements portuaires du Grand Port Maritime du Havre (GPMH). Il doit voir s’implanter les plateformes industrielles, notamment d’Areva, destinées à la fabrication et à l’assemblage des éoliennes. La collectivité participe aussi aux travaux d’aménagement du port de Dieppe qui

L’éolien en mer est le symbole de l’engagement haut-normand pour la transition énergétique de l’économie régionale.

accueillera les bateaux servant à l’exploitation et à la maintenance des éoliennes. La Région souhaite fédérer plus encore l’ensemble des PME haut-normandes compétentes dans les différents domaines de soustraitance. L’idée : les aider à améliorer leur offre et diversifier leurs débouchés notamment à l’export dans le cadre des appels d’offres internationaux.

Des formations adaptées, du CAP au diplôme d’ingénieur En termes de formation, politique dont elle est responsable, la Région développe une offre adaptée pour permettre aux HautNormands de bénéficier des emplois à venir. Avec le Rectorat, elle a notamment obtenu le label “Campus des métiers et des qualifications” dans le domaine des énergies, le lycée Descartes-Maupassant de Fécamp en étant la tête de réseau. Un chantierécole y sera implanté. Des places de formation continue supplémentaires ont été ouvertes pour répondre à la demande de ces nouveaux métiers. En partenariat avec

Pôle emploi, elle travaille à la mise en place d’un portail internet “emploi éolien” en complément et en coordination avec les outils existants, destiné à faciliter la recherche d’emploi, la rencontre entre l’offre et la demande, mais aussi l’orientation vers les formations adéquates. Les Régions HauteNormandie et Picardie travaillent en étroite collaboration avec le chantier-école WindLAB à Amiens qui rassemble différents acteurs de la formation et de l’industrie éolienne souhaitant former leurs salariés. Enfin, en termes R&D, la Région soutient le projet WIN “Wind Innovation In Normandy” dédié aux tests de prototypes d’éoliennes au large de Veulettes sur-mer. Elle contribue à la structuration de la R&D par le soutien à la création du Centre d’Expertise et de Valorisation des Energies Offshore (CEVEO), porté par l’Université du Havre en lien avec les autres établissements d’enseignement supérieur. Le site du Madrillet près de Rouen qui abrite déjà l’Université, l’INSA, l’Esigelec et qui va accueillir le centre R&D, a vocation à devenir le “vaisseau amiral” de la recherche sur l’éolien offshore en France n Julien Dreyfuss

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 5


Novembre 2014 | Haute-Normandie

© Région Haute-Normandie

Upper Normandy, no. 1 region of France for offshore wind farming, capitalises on the development of offshore wind farming Number one region of France for offshore wind farms, the Upper Normandy Region intends to develop employment in this promising sector.

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he Upper Normandy region has made offshore wind farming the flagship of its engagement in the energy transfer of its economy. Two wind farms will be built: the first, allocated to the EDF-Alstom consortium, sees plans to install 83 windmills off Fécamp, with a total capacity of 500 MW. of equivalent power, the second, which has been just entrusted to GDF-Suez and Areva, will be installed 14km off Tréport. The implementation of these two projects translates to the mobilisation of all the regional players to create a genuine industry sector in offshore wind farming in Upper Normandy for the French market as well as for export. At the heart of this are thousands of qualified jobs. The Upper Normandy Region has played a driving role since the beginning of this new economic dynamic.

Start of a new industry sector At the origin of the creation of the Upper Normandy Energy sector since 2009 and the regional committee of coordination of offshore wind farming in 2011, the Region is propelling the offshore wind farming industry sector. For this reason it is supporting the harbour installations of the Grand Port Maritime of Le Havre (GPMH). Industrial platforms must be established, in particular by Areva, intended for the manufacture and assembly of the windmills. The community is also participating in the alteration works in the port of Dieppe which will harbour the boats being used for the exploitation and maintenance of the windmills. The Region wishes to federate even further all the Upper Normandy SMEs skilled in the various subcontracting fields. The idea is to help im-

In 2011, the Region propelled the offshore wind farming industry sector.

prove their offering and diversify their outlets in particular into export within the framework of the international invitations to tender.

Adapted training courses, from ‘CAP’ to engineering diploma In terms of training, a policy for which it is responsible, the Region is developing adapted courses to make it possible for people in Upper Normandy to profit from employment to come. Alongside the Local Education Authorities, it has notably obtained a “Campus of the trades and qualifications” certification in the field of energies and Descartes-Maupassant collège in Fécamp is the network head. A training site will be established there. Additional places for adult education have been made available to respond to the demand for these new trades. In partnership with the employment centre, it is working towards the installation of a “wind farm employment” internet portal

6 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

intended, in complement to and in conjunction with the existing tools, to facilitate the search for employment, the meeting of supply and demand, as well as directing people towards appropriate courses. The Regions of Upper Normandy and Picardie work in close cooperation with the WindLAB training school in Amiens, which gathers various players in wind farm training and industry members wishing to train their employees. Lastly, in terms of R&D, the Region supports the WIN “Wind Innovation In Normandie” project dedicated to testing prototype windmills off Veulettes-sur-mer. It contributes to the structuring of R&D through support for the creation of the Centre of Expertise and Exploitation of Offshore Energy (CEVEO), supported by the University of Le Havre in conjunction with other higher education establishments. The site of Madrillet close to Rouen which is already home to University, INSA and Esigelec and which will accommodate the R&D centre, is destined to become the “flagship” of offshore wind farming research in France n


ENTRETIEN | Alors que la Haute-Normandie se positionne comme l’une des premières régions énergétiques françaises, elle s’engage désormais en faveur du développement de l’éolien, avec pour ambition de devenir un territoire de référence des énergies d’avenir.

Le 1er enjeu de la transition énergétique pour la Normandie en général, pour la HauteNormandie en particulier, c’est l’emploi. Nous sommes l’une des 1ères régions énergétiques françaises en termes d'activité économique et de production de richesses. La filière emploie 34 000 personnes et génère 40 500 emplois tous secteurs confondus. Afin de conforter sa position de leader, la Région a dès 2009 initié la création de la filière Energies Haute-Normandie, qui fédère plus d’une centaine d’entreprises. En 2011, elle a lancé l’appel à projets Energies (150M€) destiné aux entreprises - en particulier les PME - et aux laboratoires de recherche pour faire émerger les dossiers innovants dans le domaine, notamment, des énergies renouvelables. En 2013, nous avons obtenu l’un des premiers labels Campus des métiers et des qualifications dans le domaine des énergies, pour le réseau CMQ3E dont le lycée Descartes-Maupassant de Fécamp est le porte-drapeau. Depuis plusieurs années, la Région Haute-Normandie est ainsi à l’impulsion pour ouvrir une nouvelle page de son histoire industrielle. Cette mobilisation sans faille est aujourd’hui récompensée : avec deux parcs d’éoliennes au large du Tréport et de Fécamp, un centre de R&D à Rouen, plusieurs ports de maintenance, un réseau de PME et de centres de formation d’excellence, une localisation idéale pour l’export, la Haute-Normandie devient la première région de France pour l’éolien en mer.

Comment portez-vous le développement de l’éolien en mer ? La Région intervient à de nombreux niveaux en impliquant et en faisant collaborer ensemble tous les acteurs : entreprises petites et grandes, laboratoires de recherche, établissements d’enseignement supérieur, lycées et CFA, associations… Dès 2011, la Région a instauré un comité régional de coordination de l’éolien en mer, qui a permis d'unifier les initiatives et de coordonner les actions menées, dans les 3 grands axes prioritaires : développement économique, formation, recherche. Elle accompagne massivement les investissements nécessaires à l’accueil des usines et des champs d’éoliennes : sur le Grand Port Maritime du Havre (GPMH) et sur le Port de Dieppe (SMPD) notamment. Elle adapte l’offre de formation à ces nouveaux métiers qui recrutent, dans les lycées, les établissements d’enseignement supérieur, les organismes de formation continue…

Quelles retombées en attendez-vous pour la Région ? En termes d’emploi, d’attractivité…

© David Morganti RHN

La Région Haute-Normandie s’est engagée dans la transition énergétique de son économie. Quels sont les grands enjeux ? Quels sont les outils et dispositifs innovants qui ont été mis en place ?

© David Morganti

L’excellence des éoliennes “Made in Normandie”

Pour les Haut-Normands, c’est l’espoir de voir naître une nouvelle filière industrielle avec des milliers d’emplois directs et indirects, à la clé. Et de faire rayonner la HauteNormandie dans le monde entier. La Région s’est préparée à accueillir cette nouvelle filière industrielle sur son territoire. Aujourd’hui, elle est à l’œuvre pour la faire grandir et prospérer. Quand on pense à la HauteNormandie, on pense à Giverny, à Monet, à Maupassant. Demain, je souhaite que l’on pense aussi à l’excellence des éoliennes “Made in Normandie” n Propos recueillis par Julien Dreyfuss

Nicolas Mayer-Rossignol Président de la Région Haute-Normandie

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 7


Novembre 2014 | Haute-Normandie

Interview with: Nicolas Mayer-Rossignol, Chairman of the Upper Normandy Region

The excellence of wind mills “Made in Normandy” Whereas Upper Normandy positions itself as one of the first French regions for energy, from now on it is committed to the development of wind energy, with ambitions to become a place of reference for energy of the future.

The Upper Normandy region has committed to the energy transfer of its economy. What are the big elements at stake? What are the innovative tools and devices that were set up?

How do you support the development of offshore wind farming?

© Syndicat mixte du Port de Dieppe

The 1 st stake of the energy transfer for Normandy in general, for Upper Normandy in particular, is employment. We are one of the 1 st regions of France for energy in terms of economic activity and wealth creation.

wind farms off Tréport and Fécamp, an R&D centre in Rouen, several maintenance ports, a network of SMEs and excellent training centres, an ideal location for export, Upper Normandy is becoming the first region of France for offshore wind farming.

The industry employs 34,000 people and generates 40,500 jobs across all sectors. In order to consolidate its position as leader, since 2009, the Region has initiated the creation of the Upper Normandy Energy Sector, which unites more than a hundred companies. In 2011, it launched the call for Energy projects (150M€) intended for companies - in particular SMEs - and for research laboratories to provoke innovative projects in this field to emerge, in particular in renewable energy. In 2013, we obtained one of the first Campus labels of trades and qualifications in the field of energy, for the CMQ3E network whose Descartes-Maupassant College in Fécamp is the flagship. For several years, the Upper Normandy Region has been pushed in this way to open a new page of its industrial history. This mobilisation without fault is rewarded today: with two

The Region intervenes at many levels involving and cross-collaborating with all the players: small and large companies, research laboratories, higher education establishments, colleges and CFAs, organisations… In 2011, the Area founded a regional committee for the coordination of offshore wind farming, which made it possible to unify the initiatives and coordinate the actions carried out, along 3 large priority axes: economic development, training and research. It strongly supports the investments necessary to welcome factories and wind farms: on the Grand Port Maritime du Havre (GPMH) and on the Port of Dieppe (SMPD) in particular. It is adapting the training on offer to these new trades which recruit, in colleges, higher education establishments and adult education organisations… What repercussions do you expect for the Region? In terms of employment, attractiveness…

“For inhabitants of Upper Normandy, we hope to see the birth of a new industrial sector with thousands of direct and indirect jobs at its heart.”

8 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

For inhabitants of Upper Normandy, we hope to see the birth of a new industrial sector with thousands of direct and indirect jobs at its heart. We also hope to build the reputation of Upper Normandy across the whole world. The Region has prepared to accommodate this new industry sector on its territory. Today, it is working to make it grow and thrive. When one thinks of Upper Normandy, one thinks of Giverny, Monet, Maupassant. In the future I would like people to think also of the excellence of the wind mills “Made in Normandie” n


Novembre 2014 | Haute-Normandie

ENTRETIEN | Alors que la Haute-Normandie se voit nommée première région en France pour l’éolien en mer, l’implantation d’Areva au Havre dessine un horizon prometteur pour la construction d’une véritable filière industrielle. Le vent à portée de main.

“Une première en Europe”

Outre son accessibilité 24h/24, le Havre possède des équipements parfaitement adaptés à l’installation d’éoliennes en mer, à savoir des quais pouvant accueillir des navires de très grande dimension communément utilisés sur les plateformes pétrolières. Aujourd’hui disponible, l’ancien Quai du paquebot France permet de bénéficier d’une surface de 50 hectares d’un seul tenant, directement en face de l’endroit où sont chargées les éoliennes. Un avantage conséquent compte tenu de la difficulté que présente le transport des pièces détachées très lourdes et volumineuses sur de longues distances, d’où notre volonté de rassembler les usines productrices en un même lieu.

“L’engagement d’Areva dans les énergies renouvelables n’a rien de paradoxal.”

qui dispose déjà de 1 000 mégawatts installés (dont une bonne partie construite par Areva), avec un objectif de 6 500 mégawatts d’ici cinq ans. Le Royaume-Uni, berceau de l’éolien offshore, souhaite quant à lui passer de 3 500 à 15 000 mégawatts, une croissance très significative. Aucun doute que la France suivra cette tendance avec l’installation prévue de 3 000 mégawatts pour 2020.

Leader mondial du nucléaire, votre implication dans les énergies renouvelables pourrait sembler paradoxale… Comment l’expliquez-vous ? Cet engagement n’a rien de paradoxal car depuis son origine, Areva fournit à ses clients des solutions pour produire de l’électricité avec moins de CO2. Si le renouvelable est un domaine bien plus complexe qu’il n’y paraît, beaucoup de personnes ignorent qu’il met en œuvre des savoir-faire similaires à ceux du nucléaire, la radioactivité mise à part. Matériaux, corrosion et fatigue des métaux, thermodynamique ou gestion de la vapeur, sont autant de sujets techniques qui font appel aux mêmes compétences, et viennent conforter notre volonté de développer le volet renouvelable.

“Notre implantation au Havre permettra de créer 750 emplois directs.” Selon vous, quel rôle pour l’éolien dans la transition et le mix énergétique ?

Plus largement, quel avenir entrevoyezvous pour la filière éolienne offshore, notamment sur le plan européen ? Les tendances sont très bonnes à l’horizon 2020-2030, notamment en Allemagne

Aucun autre cluster industriel d’éolien en mer n’existant à ce jour sur le continent, cet ensemble promet d’être une véritable première en Europe. Quelles en seront les retombées pour le territoire, en termes d’attractivité et d’emplois ? Notre implantation au Havre permettra de créer près de 750 emplois directs, avec 2 000 emplois indirects associés à ces investissements. Plus généralement à l’échelle du Grand Ouest, nos usines d’assemblage de turbines et de pales permettront d’encourager une nouvelle dynamique industrielle. 12 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© AREVA

Qu’est-ce qui a motivé votre implantation sur le territoire haut-normand ?

En tant qu’énergie nouvelle nécessitant des investissements très lourds, l’éolien offshore aura certainement une importance inférieure à celle du terrestre dans le mix énergétique français. Il n’en reste pas moins promis à un avenir très favorable, comme en témoigne son développement à l’échelle de toute l’Europe. Si l’acceptabilité des éoliennes sur terre commence à poser quelques résistances, les installations en mer ont l’avantage de moins impacter le paysage tout en produisant deux fois plus d’énergie en raison du vent plus fort et régulier sur mer que sur terre. Elles peuvent donc être amorties plus rapidement même si leur installation est plus compliquée n Propos recueillis par Pauline Pouzankov

Louis-François Durret Président Areva Renouvelables


Interview with: Louis-François Durret, Chairman of Areva Renouvelables

Whereas Upper Normandy is the number one region of France for offshore wind farming, Areva’s arrival in Le Havre offers a glimpse of a promising horizon for the construction of a genuine industrial sector. Wind within arm’s reach.

© AREVA, DIKDAK

“A first in Europe”

What motivated you to set up in Upper Normandy? In addition to its 24h/24 accessibility, Le Havre has equipment perfectly adapted to the installation of offshore windmills, namely quays able to accommodate the very large ships commonly used on oil platforms. Now available, the former dock of the cruise ship France offers an area of 50 hectares in one stretch, directly opposite the place where the windmills are loaded. This presents a significant advantage given the difficulty of transporting the very heavy and bulky components over long distances, hence our desire to gather the producing factories in one place. Given that there is to date no other offshore wind farming industrial cluster on the continent, this unit promises to be a true first in Europe. What will be the repercussions for the territory, in terms of attractiveness and employment? Our establishment in Le Havre will make it possible to create nearly 750 direct jobs, with 2,000 indirect jobs associated with these investments. More generally, our turbine and blade assembly factories will make it possible to encourage new industrial dynamics in the whole region and beyond. World leader in nuclear power, your involvement in renewable energies could seem paradoxical… How do you explain it? Our involvement is in no way paradoxical because since its origin, Areva has provided its customers with solutions to pro-

Offshore wind farming promises a very favourable future, as its development on a Europe-wide scale testifies.

duce electricity with less CO2. Whilst renewables is a much more complex field than it appears, many people are unaware that, radioactivity aside, it involves similar expertise to nuclear power. Materials, corrosion and metal fatigue, thermodynamics and steam management, are as many technical subjects which call upon same expertise, and come to consolidate our desire to develop the renewables sector.

envisaged installation of 3,000 megawatts by 2020. According to you, what is the role for wind energy in the transition and energetic mix?

More widely, what future do you see for offshore wind farming, in particular at the European level?

As a new energy requiring very heavy investment, offshore wind farming will certainly have lower importance than terrestrial in the French energetic mix. It nevertheless promises a very favourable future, as its development on a Europe-wide scale testifies.

The trend is very good on a 2020-2030 horizon, in particular in Germany which already has 1,000 megawatts installed (including a large amount built by Areva), with a goal of 6,500 megawatts within five years. The United Kingdom, cradle of offshore wind farming, aims to pass from 3,500 to 15,000 megawatts, a very significant growth. No doubt France will follow this trend with the

Whilst the acceptability of windmills on land is starting to meet some resistance, installations at sea have the advantage of impacting the landscape less while producing twice as much energy because of the stronger and more regular wind at sea that on land. They can thus be amortised more quickly even if their installation is more complicated n

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Novembre 2014 | Haute-Normandie

ENTRETIEN | Terre industrielle par tradition, la Haute-Normandie est présente dans des secteurs de pointe tels que la logistique, l’énergie ou l’aéronautique. Un projet de rapprochement avec la métropole parisienne pourrait lui permettre d’accroître son rayonnement économique et de renforcer sa position.

Une Normandie à Haute valeur ajoutée

Il s’agit d’un territoire historiquement porté sur l’industrie et très ouvert sur les échanges avec l’extérieur, puisqu’il possède une large façade maritime, hébergeant notamment en son sein le premier complexe portuaire français. L’un des enjeux clés consiste donc à gérer l’évolution du tissu industriel en fonction des mutations économiques. Dans le domaine portuaire plus particulièrement, nous sommes en compétition avec les grands ports du nord de l’Europe, ce qui nous encourage à investir pour essayer de regagner des placesl. La Haute-Normandie est la cinquième région française en matière de commerce extérieur. Quels sont ses atouts pour briller à l'international ?

année, en est un illustre représentant.

Une fusion entre les Chambres de commerce des deux régions normandes est prévue pour 2016. Quels sont les enjeux de ce rapprochement ?

Pour autant, le taux de chômage régional est légèrement supérieur à la moyenne nationale. Quelles actions pouvez-vous mener afin d’améliorer la situation de l’emploi ?

Bien que les changements juridiques officiels et définitifs ne prendront effet qu’en 2016, nous avons déjà commencé à fonctionner à la manière d’une unique entité, convaincus qu’il s’agit de la meilleure échelle pour trouver de l’efficacité et, par conséquent, pour faire des économies. Il va sans dire que ce rapprochement favorise le rayonnement et la visibilité de la région. Les deux Normandie réunies (environ trois millions de personnes) correspondent à la 6ème région française et prennent l’ampleur d’une grande métropole internationale.

S’agissant d’une région fondamentalement industrielle, de la bonne santé de nos industries dépendent directement un grand nombre d’emplois (20 % y sont liés). Par ailleurs, si le chômage y est certes supérieur à la moyenne nationale, son niveau a tendance à rester stable, sans se détériorer. La seule véritable solution repose donc sur la valorisation de nos atouts. Le regroupement des ports du Havre et de Rouen au sein de la structure HAROPA me semble être un bon exemple des initiatives qu’il nous faut prendre.

Le domaine portuaire nous confère une véritable compétence logistique qui est un atout à l’échelle de l’Europe. Nous avons en outre hérité de notre histoire industrielle la maîtrise de filières à haute valeur ajoutée telles que l’énergie (transformation du pétrole, nucléaire, éolien) – la région est notamment la première de l’hexagone en matière de raffinage de pétrole –, la pétrochimie, l’aéronautique et le spatial, l’industrie pharmaceutique ou encore la verrerie. Par ailleurs, la région a créé le pôle de compétitivité Mov’eo dans le secteur de l’automobile qui, bien que traversant une période maussade, demeure un bastion de notre industrie. La fabrique de moteurs de Cléon, qui produit près de deux millions d’unités chaque 14 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Quels seront les grands projets portés par la Chambre au cours des prochaines années ? © S. Vuillemin

Pouvez-vous nous présenter les grandes tendances de l’économie haut-normande ?

Le projet d’un territoire Paris-SeineNormandie, qui s’inscrit dans celui du Grand Paris, devrait nous occuper sur plusieurs décennies. Il s’agit d’unir les deux Normandie et l’Île-de-France (bassin de 15 millions d’habitants) pour porter de fortes ambitions d’attractivité. En plus des façades maritime et fluviale qu’offrent les trois grands ports, une dimension ferroviaire reste à construire, incarnée dans le projet d’une nouvelle ligne Paris-Normandie n Propos recueillis par Sacha Grynbaum

Jean-Pierre Desormeaux Président de la Chambre de commerce et d’industrie régionale de Haute-Normandie


Interview with: Jean-Pierre Desormeaux, Chairman of the Chamber of Commerce and Regional Industry of Upper Normandy

© Région Haute-Normandie-Eric Bénard

A high value added Normandy However, the rate of regional unemployment is slightly higher than the national average. What action can you take to improve the employment picture? Being a basically industrial region, a great number of jobs depend directly upon the good health of our industries (20% are linked to this). In addition, whilst unemployment is certainly higher than the national average, its level tends to remain stable, without worsening. The only true solution lies in the development of our assets. Uniting the ports of Le Havre and Rouen within HAROPA seems to be a good example of the initiatives we need to take.

A fusion between the Chambers of Commerce of the two Norman Regions is planned for 2016. What are the stakes of this coming together?

Upper Normandy is present in growth sectors such as logistics, energy and aeronautics.

Traditionally a land of industry, Upper Normandy is present in growth sectors such as logistics, energy and aeronautics. A project of coming together with the Parisian metropolis could enable it to increase its economic reach and reinforce its position.

Can you present to us the main trends in the economy of Upper Normandy? It is a region historically turned towards industry and very open to outside exchanges, since it has wide maritime frontage, home in particular to the number one French harbour complex. One of the key stakes thus consists in managing the evolution of the industrial fabric according to economic changes. In the area of the harbour more specifically, we are in competition with the large ports of northern Europe, which en-

courages us to invest to try to regain footing. Upper Normandy is the fifth French region in terms of foreign trade. What assets enable it to shine abroad? The area of the harbour gives us a real expertise in logistics, which is an asset on a European scale. Moreover we inherited from our industrial history, control of high value added industry sectors such as energy (oil transformation, nuclear power, wind farming) - the region is in particular the number one in France for oil refinery, petrochemistry, aeronautics and aerospace, pharmaceutical industry and glass-making. In addition, the area created the Mov' eo centre of expertise in the car sector which, although in a slow phase, remains a bastion of our industry. The engine factory of Cléon, which produces nearly two million units each year, is a famous example of this.

Although the official and final legal changes will take effect only in 2016, we have already started to function in the manner of a single entity, convinced that it is the best scale for efficiency and, consequently, costsaving. It goes without saying that this alliance supports the reach and visibility of the region. The two Normandies united (approximately three million people) make up the 6th region of France and take on the scope of a large international metropolis.

What big projects will be led by the Chamber of Commerce over the coming years? The project of a Paris-Seine-Normandy territory, which fits into that of ‘Grand Paris’, should occupy us over several decades. It is a question of linking Normandy and Île-deFrance (a pool of 15 million inhabitants) to carry strong ambitions of attractiveness. In addition to the maritime and river frontage that the three large ports offer, a rail dimension remains to be built, embodied in the project of a new Paris-Normandy line n

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Novembre 2014 | Haute-Normandie

ENTRETIEN | Au-delà du Mont-Saint-Michel et des falaises d’Étretat, la Normandie offre des possibilités touristiques originales et accessibles. La solidarité entre les acteurs de la filière a accouché d’un tourisme durable, tout au long de l’année.

Le tourisme au cœur de l’économie locale

Premier atout : son patrimoine naturel exceptionnel (la vallée et l’estuaire de la Seine, le littoral, les hautes falaises, la côte d’Albâtre, zones rurales et forestières préservées). La Normandie compte également des musées de grande qualité comme le musée d’art moderne du Havre, le musée des impressionnismes de Giverny et le musée des Beaux-arts de Rouen. Grâce au Comité régional du tourisme (CRT), qui rassemble la Haute et Basse-Normandie (il est présidé alternativement par les deux présidents des conseils régionaux), une politique touristique efficace a été mise en place pour la promotion de nos territoires.

“La Normandie compte également des musées de grande qualité.”

à Rouen des grands voiliers. Nous avons également organisé en 2013 la deuxième édition du Festival “Normandie impressionnisme”, et cette année, les Jeux équestres mondiaux. Ces manifestations drainent un public international qui, non seulement y assiste, mais aussi allonge la durée de son séjour pour profiter des parcours touristiques proposés en Haute et Basse-Normandie.

“La période 2008-2010 a mobilisé 280 millions d’euros d’investissements.” La Normandie est une terre de création artistique, de spectacles vivants, de peinture, de littérature et d’architecture. Elle ne se résume pas aux images d’Épinal du MontSaint-Michel, des plages du débarquement et des falaises d’Étretat. Nous devons travailler là-dessus pour changer son image.

Quels sont les grands axes du Schéma régional de développement du tourisme (SRDT) ? Dès 2011, les axes retenus par le CRT portaient sur la formation des acteurs, leur organisation en réseau, l’amélioration des qualités de prestation, la mise en valeur et l’optimisation des ressources pour mieux répondre aux attentes des publics. La promotion d’évènements structurants a été également soulignée dans le SRDT pour mettre en avant les patrimoines culturel et naturel de la région, comme l’Armada rassemblant tous les quatre à cinq ans 16 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© Région Haute-Normandie

Quels sont les principaux atouts de la région en matière de tourisme ?

Quel poids représente le tourisme dans l’économie locale ? Et pourquoi est-il lié à l’économie solidaire ? La filière représente 20 000 emplois salariés chaque année, soit environ 3 % de l’emploi régional. La période 2008-2010 a mobilisé 280 millions d’euros d’investissements, ce qui n’est pas négligeable. Étant une économie des territoires, le tourisme trouve sa légitimité et ses vecteurs de développement local dans l’économie solidaire. Cette activité en appelle à la coopération entre différents acteurs, qu’il s’agisse des associations locales, des entreprises et des collectivités. La structure “Pôle touristique solidaire” en est un parfait exemple : cette ancienne association de la vallée de Risle, devenue entreprise, a développé une offre proposant un hébergement à la ferme, la consommation de produits de pays et la découverte de la vallée en vélo. Ce tourisme local est susceptible de séduire des nouveaux publics qui peuvent être lassés du tourisme estival de masse. De même, à Fécamp, ville des “terre-neuvas”, des passionnés et associations se sont rassemblés pour préserver et rénover des grands voiliers qui servent maintenant pour les sorties en mer et une découverte douce du littoral. Le tourisme proposé en Normandie est original et accessible financièrement, ce qui est un critère important en ces temps de crise n Propos recueillis par Marie Pannetier

Claude Taleb Vice-président délégué à l’Économie solidaire, à l’Agriculture, à la Pêche, à la Forêt et au Tourisme


Novembre 2014 | Haute-Normandie

Interview with: Claude Taleb, Vice-president delegate to the interdependent Economy, Agriculture, Fishing, Forest and Tourism

© Région Haute-Normandie

Tourism at the heart of the local economy the plans to highlight the cultural and natural heritage of the region, like the Armada event, gathering tall ships every four to five years in Rouen. We also held in 2013 the second edition of the “Normandie Impressionist” Festival, and this year, the World Equestrian Games. These events attract an international audience which not only attends but also extends the duration of its stay to enjoy the tourist experiences on offer in Upper Normandy. Normandie is a land of artistic creation, live shows, painting, literature and architecture. It is not just stereotypical images of Mont-Saint-Michel, the landing beaches and the cliffs of Étretat. We must work to change its image.

What is the weight of tourism in the local economy? And how is it related to the interdependent economy?

“First asset of Upper Normandy : its exceptional natural heritage.”

Beyond the Mont-Saint-Michel and the cliffs of Étretat, Normandie offers original and accessible tourist possibilities. Solidarity between the industry players has given rise to sustainable tourism, throughout the year.

Beaux-arts Museum of Rouen. Thanks to the Regional Committee for tourism (CRT), which brings together Upper and BasseNormandy (it is chaired alternately by the two presidents of the regional councils), an effective tourism policy has been implemented for the promotion of our territories.

What are the principal assets of the region in terms of tourism?

What are the main axes of the Regional Development of Tourism Scheme (TDRS)?

First asset: its exceptional natural heritage (the valley and estuary of the Seine, the coastline, high cliffs, the Alabaster coast, rural and forest protection zones). Normandie also counts museums of great quality like the museum of modern art of Le Havre, the Impressionism Museum of Giverny and the

Beginning in 2011, the axes identified by the CRT focused on training of the players, their network organisation, improving performance quality, development and optimisation of resources to better meet the expectations of the public. The promotion of structural events was also underlined in

18 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

The sector represents 20,000 paid jobs each year; that is to say approximately 3% of regional employment. The period 20082010 generated 280 million euros of investment, which is significant. Being an economy of the territories, tourism finds its legitimacy and its vectors of local development in the interdependent economy. This activity calls for co-operation between various players, whether local organisations, companies or communities. The ”interdependent tourist centre” structure is a perfect example: this old association of the valley of Risle, become enterprise, developed a business offering farm lodging, consumption of local products and discovery of the valley by bicycle. This local tourism is likely to attract new audiences who might be weary of mainstream summer tourism. In the same way, enthusiasts and organisations have gathered in Fécamp, city of the Newfoundland fishing boats, to preserve and renovate sailing ships which are now used for sea outings and gentle discovery of the coastline. Tourism in Normandy is original and financially accessible, which is an important criterion in these times of crisis n


Novembre 2014 | Haute-Normandie

Giverny, l’éveil des sens

© JC. Louiset_MDI

Si le succès de Giverny n’a jamais été démenti depuis que Claude Monet y a posé ses bagages en 1883, la commune n’attire pas seulement les amateurs de peinture à l’huile, venus contempler les galeries d’Orsay grandeur nature. Depuis 2010, de nombreux visiteurs s’y déplacent pour apprécier les mélodies cuivrées et orfévriques du festival “Musique de Chambre à Giverny”. L’occasion d’allier le plaisir des yeux à celui des oreilles dans ce havre de Haute-Normandie, pour un éveil des sens garanti.

Le musée des impressionnismes à Giverny, village normand, s’intéresse à l’histoire de l’impressionnisme et à ses suites, notamment la colonie de Giverny et la vallée de la Seine.

C

’est l’histoire d’un petit village situé sur le confluent de l’Eure, qui fait de l’ombre à sa pourtant belle mais méconnue voisine Vernon, alors même qu’il ne possède pas un cinquième de sa population. À six kilomètres d’écart, la renommée de Giverny relèverait presque d’un coup de pinceau. À savoir celui de Claude Monet en personne, qui n’a eu de cesse pendant 43 ans de façonner son jardin au gré des inspirations artistiques les plus chères à son cœur. Ainsi, c'est subjugué par les jeux de lumière et les reflets des nuages sur l’eau qu’il réalisa ses nombreuses toiles peintes sur son atelier flottant, à Argenteuil ou sur les canaux de Hollande, captivé par les reflets renversés dans ces miroirs liquides. Le visiteur pourra retrouver cette obsession dans le Jardin d’Eau, un étang agrémenté du fameux pont japonais inspiré des estampes du peintre. Et si d’aventure, une envie plus tellurique lui prenait, qu’à ne cela tienne : le Clos Normand, lui, regorge de marronniers, de sycomores et de cerisiers du Japon. Entre le blanc crémeux des nénuphars et le parfum poudré de la glycine sous les premiers rayons de soleil, la nature s’offre sans fard quelle que soit la

saison. Nul doute que le passant curieux et le touriste aguerri trouveront de quoi ravir leurs yeux et leurs odorats. Mais Giverny ne se résume pas à l’extraordinaire beauté de ses paysages. Non contente d’émerveiller nos pupilles, la magie de la bourgade ensorcèle aussi nos oreilles depuis 2010, grâce au festival “Musique de Chambre à Giverny”, qui se déroule en été lors de la dernière semaine du mois d'août. À chaque édition du festival, un compositeur est invité à partager une semaine de résidence pour appor-

ter un éclairage unique sur l’interprétation de quelques-unes de ses œuvres. Aussi, une commande lui est faite d’une œuvre contemporaine écrite pour spécialement pour Giverny. Depuis plus de dix ans, cet évènement accueille de remarquables interprètes du monde de la musique de chambre d'aujourd’hui. Ces musiciens sont entourés de jeunes talents, déjà présents sur les scènes internationales et destinés à des carrières de solistes. L’année 2014 a eu comme invité principal le compositeur Thierry Escaich, nommé trois fois compositeur de l’année aux Victoires de la Musique Classique, qui était accompagné entre autres par Michel Strauss (violoncelliste), ou encore Maria Belooussova (pianiste)... Il ne reste donc plus qu’à se laisser emporter par des concertos à la fois vivifiants et feutrés, ciselés à la mesure près, comme la première brise d’un froid matin de printemps. Et, sans aucun doute, Giverny saura vous mettre des oreilles plein les yeux n Laure Verneau

La Normandie impressionniste Nicolas Mayer-Rossignol, Président de la Région Haute-Normandie et par ailleurs membre du Conseil de promotion du tourisme mis en place par le Ministère des affaires étrangères a souhaité que soit améliorée la visibilité de la gare de Vernon en l’associant au nom de Giverny. Une réflexion est ainsi en cours avec la SNCF. Une navette assure aujourd’hui les liaisons entre la gare de Vernon et Giverny pour que les visiteurs profitent de ce site mondialement connu. Or le train en provenance de Paris s’arrête en gare de Vernon sans que les voyageurs puissent identifier clairement qu’il s’agit de l’arrêt leur permettant de se rendre à Giverny. L’arrêt pourrait être renommé “Vernon-Giverny”. Cette démarche sera un plus pour le tourisme et l’attractivité du territoire, à la fois pour Giverny et pour toute la région. Les Régions Haute-Normandie, Basse-Normandie et Île-de-France ont par ailleurs répondu à un appel à projets national “contrats de destination”, lancé par le Gouvernement afin de promouvoir le tourisme. Elles souhaitent déposer un dossier de candidature intitulé “la Normandie et l’Île-de-France : destination impressionnisme”.

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© JC. Louiset_MDI

Giverny, an awakening of the senses

As its name has it the Museum of Impressionisms Giverny focuses on all the different forms of Impressionism, one of the most popular painting movement.

water lilies and the powdered perfume of the wisteria under the first sunbeams, nature appears ungilded, no matter the season. There is no doubt that the curious passerby and the seasoned tourist will find something to charm both eyes and sense of smell. But Giverny cannot be reduced to the extraordinary beauty of its landscapes. Not satisfied with filling our eyes with wonder, the magic of the village has also bewitched our ears since 2010, thanks to the “Chamber Music in Giverny” festival, which is held in summer during the last week of August. At each edition of the festival, a composer is invited to enjoy a week's residency bringing a unique approach to the interpretation of some of the works. A commission is made for a contemporary piece written especially for Giverny. For over ten years, this event has been welcoming remarkable musicians from the contemporary world of chamber music. These musicians are surrounded by young talent, already present on the international scene and intended for soloist careers. 2014 welcomed as principal guest the composer Thierry Escaich, three times composer of the year in the Victoires de la Musique Classique, accompanied among others by Michel Strauss (cellist), and Maria Belooussova (pianist)… Remains only to let yourself be transported by concertos that are both invigorating and muted, crafted down to the smallest beat, like the first breeze of a cold morning in spring. And, without any doubt, Giverny will be able to dazzle your ears to the full n

While the success of Giverny has never been contested since Claude Monet set down his luggage in 1883, the commune does not only attract amateurs of oil painting, come to contemplate the life size galleries of Orsay. Since 2010, many visitors have visited to appreciate the copper and gold-tinted melodies of the “Chamber Music in Giverny” festival. It is an opportunity to combine the pleasure of the eyes with that of the ears in this haven of Upper Normandy, for a guaranteed awakening of the senses.

painted his many canvases on his floating workshop, in Argenteuil or on the canals of Holland, captivated by the reversed reflections in these liquid mirrors. The visitor will be able to find this obsession in the Water Garden, a pond decorated by the famous Japanese bridge inspired by the painter's prints. And if perhaps, a more earthbound desire should overtake him, he need not hold back: the Norman Field abounds in chestnuts, sycamores and Japanese cherry trees. Between the creamy white of the

T

Nicolas Mayer-Rossignol, President of the Upper Normandy region and in addition member of the Council for the promotion of tourism set up in September 2014 by the minister of Foreign affairs Laurent Fabius, wishes the visibility of Vernon train station to be improved by associating it to the name Giverny. A brainstorm is therefore underway with the SNCF. A shuttle currently provides connections between the station of Vernon and Giverny so that visitors may benefit from this universally known site. However the train from Paris stops in the station of Vernon without travellers being able to identify clearly that it is the stop for Giverny. The stop could be renamed “Vernon-Giverny”. This step will be a plus for tourism and the attractiveness of the area, both for Giverny and the whole region. The regions of Upper Normandy, Lower Normandy and Île-de-France in addition answered a national call for “destination contract” projects, launched by the Government in order to promote tourism. They are planning to submit a candidate file entitled “Normandy and Île-de-France: destination impressionism”.

his is the story of a small village located on the confluence of the Eure, which overshadows its unknown but beautiful neighbour, Vernon, even though it does not have a fifth of the population. Six kilometres apart, the fame of Giverny is but a brushstroke away. The brush of Claude Monet himself, who did not fail to work on his garden over 43 years according to the artistic inspirations dearest to his heart. Thus, subject to the play of light and reflections of clouds on water, he

Impressionist Normandy

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Dialogue de terrain avec le président du Parc, Jean-Pierre Girod.

Le Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande, un outil pour concilier protection de la biodiversité et développement économique de la vallée de Seine.

L

’estuaire de la Seine constitue une zone nodale de l’activité économique française. Il accueille les grands ports maritimes du Havre et de Rouen, ainsi que de nombreuses implantations industrielles. L’estuaire de la Seine constitue également une zone nodale de la biodiversité connectant deux corridors écologiques majeurs : le littoral et la vallée de la Seine. La préservation des zones humides de la vallée de Seine constitue un enjeu majeur à plusieurs titres :

n Au titre de la biodiversité : l’estuaire de la Seine est une zone de nourrissage essentielle pour de nombreux oiseaux migrateurs, en même temps qu’un axe majeur de migration pour des espèces piscicoles amphihalines. n Au titre du maintien de la productivité des ressources halieutiques. n Au titre de la prévention du risque inondation, les milieux herbacés humides constituant des zones tampon permettant l’extension des crues. Deux outils permettent de protéger les espaces naturels de la consommation d’espace générée par le développement économique et portuaire de l’estuaire.

Le premier consiste à acquérir les zones naturelles les plus remarquables et à les placer sous un statut de protection. L’Etat joue dans ce cadre un rôle essentiel par le classement de deux réserves naturelles nationales (réserve nationale de l’Estuaire, et réserve nationale du marais Vernier) et par les politiques d’acquisition du Conservatoire du Littoral et des Rivages Lacustres et de l’Agence de l’Eau Seine-Normandie. La Région et les départements de l’Eure et de la Seine-Maritime ne sont pas en reste avec le classement de réserves régionales (Réserve du Vallon du Vivier) et les nombreux arrêtés de protection de biotope. Partenaire de l’Etat et des grandes collectivités, le Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande s’est vu confier la gestion de plusieurs de ces sites, ce qui lui permet de proposer aujourd’hui à ses partenaires une expertise reconnue en matière d’aménagement et de suivi de zones naturelles humides. Une protection stricte n’est pas possible partout. Là où sont envisagés des projets de développement industriel, portuaire ou urbains,un outil réglementaire permet de concilier des enjeux économiques et environnementaux. Il s’agit de la démarche ERC qui se traduit ainsi :

foncier pour les mesures compensatoires ... Grâce à son expérience et son savoir-faire en matière de suivi et de gestion à but environnemental de terrains, notamment en zone humide, le Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande propose aux maîtres d’ouvrage un conseil gratuit et indépendant en matière de compensation environnementale. Ce faisant, le Parc poursuit les objectifs suivants :

• Poser des limites au principe de compensation, par apport à l’obligation préalable d’évitement ou de réduction des impacts,

• Définir une stratégie locale de compensation environnementale, en cohérence avec le Schéma Régional de Cohérence Ecologique défini par l’Etat et la Région, • S’assurer de la non-perte nette, voire du gain de biodiversité à l’échelle du territoire,

• Prendre en compte de manière globale les impacts des projets, et leurs effets cumulés, • Faire participer l’ensemble des parties prenantes.

1° Eviter les impacts sur les milieux naturels et les espèces qui y sont inféodés, lors de la définition du projet ; 2° Lorsque l’évitement n’est pas possible, réduire autant que possible l’impact prévisible des aménagements sur les milieux et les espèces ; 3° Enfin, lorsque des milieux naturels sont détruits, compenser préalablement cette destruction par la restauration écologique de sites naturels comparables et proches mais présentant aujourd’hui un état dégradé. Les maîtres d’ouvrage se trouvent parfois démunis lorsqu’il faut mettre en œuvre cette séquence Eviter/Réduire/Compenser (ERC) dans leurs projets : difficulté d’évaluation de l’équivalence écologique, complexité d’appréhension des différents écosystèmes du territoire, manque de temps et d’expertise pour effectuer la recherche et l’acquisition de

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Animaux en semi-liberté pour l'entretien du marais.

Ainsi, le Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande agit pour protéger la biodiversité de l’estuaire et de la vallée de la Seine, et apporte sa contribution au développement des projets nécessaires au rayonnement économique régional n

Publi-rédactionnel

Concilier biodiversité et développement économique dans la vallée de Seine


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r ég A ri Novembre 2014 | Haute-Normandie sing en d opée ion Eur eve nn ope an r nir e egio n ENTRETIEN | La Haute-Normandie a bénéficié de 345 millions d’euros de fonds européen dédiés à des domaines aussi divers que l’agriculture, l’innovation, les infrastructures, la formation ou la pêche. La Région va pouvoir coordonner et promouvoir la complémentarité des différents niveaux d’intervention vers les territoires.

“Le fonds européen, un véritable levier”

C’est important d’abord par la somme des crédits injectés dans l’économie régionale : ce sont 345 millions d’euros de fonds européens, au service du développement de la Haute-Normandie, qui auront un véritable effet de levier, en appui à d’autres financements. Par ailleurs, en devenant autorité de gestion des fonds européens, la Région va désormais pouvoir coordonner et promouvoir la complémentarité des différents niveaux d’intervention vers les territoires (les fonds européens, le Contrat de Plan ÉtatRégion (CPER), les contractualisations avec les territoires, le CPIER Vallée de Seine), et permettre ainsi de mieux cibler les projets stratégiques et structurants pour la HauteNormandie dans une démarche de contractualisation intégrée. C’est de la simplification, de la cohérence et de l’efficacité. Entre 2007 et 2014, la Haute-Normandie a bénéficié de près de 600 millions d’euros de fonds européens : quels sont les projets financés par cette somme? Ils sont très nombreux et je ne peux tous les citer. Mais ils concernent le tramway du Havre, la modernisation du port de Dieppe, ou encore, avec Atoutmod, le développement d’une billettique multimodale en HauteNormandie ; ils renforcent des filières régionales comme celles du bois ou du lin ; ils contribuent à amplifier des projets pour une plus

grande efficacité énergétique des bâtiments ; ils ont permis des projets de recherche dans des domaines aussi divers que le vieillissement des matériaux, les technologies de décontamination des produits alimentaires et cosmétiques, la fiabilité des moteurs fusées ou la malnutrition. Sans oublier de nombreux projets de formation, les aides à la pêche ou au développement rural, ou encore les projets de coopération franco-britannique.

et quelques priorités en cohérence avec la stratégie 2020 : favoriser la compétitivité de la Haute-Normandie par la promotion de la recherche, de l'innovation et de l'économie numérique, soutenir la transition énergétique haut-normande, valoriser notre patrimoine culturel et naturel. Enfin, former tout au long de la vie pour répondre aux enjeux économiques régionaux et soutenir le développement d’espaces urbains durables.

L’un de vos objectifs principaux consiste en la réduction des dépenses publiques, par quels moyens ?

Qu’en est-il de votre coopération dans le cadre de l’arc Manche ?

Il faut surtout maitriser les dépenses de fonctionnement pour continuer à investir et soutenir la croissance et l’emploi, ce que nous permet d’ailleurs notre faible niveau d’endettement. Dans le même temps, il faut aussi nous concentrer sur nos compétences, © Mairie de Déville lès Rouen

La commission européenne a lancé la programmation 2014/2020 des fonds européens structurels et d’investissement. Quel impact aura cet accord sur le développement régional ?

La coopération autour de l’Arc Manche concerne la Haute et la Basse Normandie, la Picardie, le Nord Pas de Calais et la Bretagne. Elle s’appuie sur le programme Interreg IVA France/Manche/Angleterre dont la HauteNormandie était autorité de gestion sur la période 2007-2013. Celui-ci a permis de financer 149 projets sur cette période pour un montant de 169 millions d’Euros, associant acteurs français et britanniques dans des domaines aussi divers que les énergies marines renouvelables, la gestion des espaces maritimes et côtiers, l’efficacité énergétique, la recherche, en particulier dans le domaine de la chimie, le développement économique avec plusieurs initiatives de rapprochement de PME de la région de Dieppe et du Sussex, et enfin dans le domaine de la culture n Propos recueillis par Marie Vergne

Dominique Gambier Vice-Président du Conseil régional de HauteNormandie en charge de l'économie, de la recherche et des affaires européennes, maire de Déville lès Rouen

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Novembre 2014 | Haute-Normandie

Interview with: Dominique Gambier, Vice-president of the Regional Council of Upper Normandy in charge of the economy, research and European affairs, Mayor of Déville lès Rouen

© Région Haute-Normandie

“The European funds, a genuine boost” metic products, the reliability of rocket motors, and malnutrition. Without forgetting numerous educational projects, subventions for fishing and rural development, and Franco-British co-operation projects.

Does one of your principal objectives consist in the reduction of public expenditure and by what means?

“We should support the competitiveness of Upper Normandy through the promotion of research, innovation and the digital economy.”

Upper Normandy has benefited from 345 million euros of European funds dedicated to areas as varied as agriculture, innovation, infrastructure, training and fishing. From now on the Region will be able to coordinate and promote the complementarity of the various levels of intervention in the territories.

The European Commission launched the 2014/2020 programme of the European funds for structure and investment. What impact will this agreement have on regional development? It is important first by the sum of the funds injected into the regional economy: 345 million euros of European funds, to develop Upper Normandy, which will have a true leveraging effect, in conjunction with other financings. In addition, becoming the management authority for the European funds, from now on the Region will be able to coordinate and promote the comple-

mentarity of the various levels of intervention in the territories (the European funds, the State-Area Contract Plan (CPER), contracts with the territories, the Seine Valley (CPIER), and make it possible to better target the strategic and structural projects for Upper Normandy via a series of integrated contracts. It is simplification, coherence and effectiveness. Between 2007 and 2014, Upper Normandy benefited from almost 600 million euros of European funds: what projects have been financed by this sum? They are very numerous and I cannot cite them all. But they relate to the tram of Le Havre, the modernisation of the port of Dieppe, and, with Atoutmod, the development of multimode ticketing in Upper Normandy; they reinforce regional industries like wood or flax; they serve to amplify projects for greater energy efficiency of the buildings; they enable research projects in fields as diverse as the ageing of materials, technologies of decontamination of food and cos-

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It is especially necessary to control administrative expenditures in order to continue to invest and support growth and employment, which incidentally our low level of debt allows us. At the same time, we should also be concentrating on our areas of expertise, and some priorities in line with the 2020 strategy: to support the competitiveness of Upper Normandy through the promotion of research, innovation and the digital economy, to support the energy transition in Upper Normandy and develop our cultural and natural heritage; finally, to educate at all levels of life to respond to the regional economic stakes and support the development of sustainable urban spaces.

What about your co-operation within the framework of the “Channel Arc”? The co-operation around the “Channel Arc” relates to Upper and Lower Normandy, Picardie, the Nord/Pas-de-Calais Region and Brittany. It is based on the Interreg IVA France/Channel/England programme of which Upper Normandy was the authority of management over the period 2007-2013. This made it possible to finance 149 projects over this period for an amount of 169 million Euros, linking French and British players in fields as varied as renewable marine energies, management of maritime and coastal spaces, energy efficiency, research, in particular in the field of chemistry, economic development with several initiatives to bring together SMEs in the area of Dieppe and Sussex, and finally in the field of culture n


Novembre 2014 | Haute-Normandie

ENTRETIEN | La Région Haute-Normandie, l’Eure (27) et la Seine-Maritime (76) se sont regroupés au sein du 276. Un exemple unique en France d’association entre une région et les départements qui la composent.

276 : un espace d’expérimentations et d’innovation

Nous voulions renforcer l’efficacité de l’action publique, construire un espace d’expérimentations et d’innovation. Nous avons proposé une vision partagée de notre territoire, de ses atouts et potentiels. Elle s’est matérialisée par le “contrat 276” qui organise la synergie entre nos trois collectivités avec une force de frappe importante (1,2 milliards d’euros). Des politiques très variées ont été proposées, des initiatives originales (276, ça roule, 276 solidarité, Agriculture et Nutrition, Arts 276), des investissements importants, routiers notamment mais aussi dans le domaine médico-social, des créations, à l’instar du Musée des impressionismes de Giverny. Le 276 a fait ses preuves. En 2007, vous avez placé l’emploi au cœur de ce dispositif, quels en ont été les résultats ?

aux difficultés rencontrées par les structures œuvrant auprès des publics les plus fragiles, nous avons créé “Solidarités 276” qui nous permet de subventionner les associations caritatives pour l’acquisition de véhicules destinés à l’acheminement de l’aide alimentaire.

des modes d’exercice souhaitée par de nombreux professionnels de santé. Le régime d’aide peut représenter jusqu'à 50 % du déficit d’opération sous réserve qu’elle réponde à un projet de santé validé en étroite concertation avec l’ARS.

Le dispositif 276 est aussi actif en matière de santé, pourquoi rassembler les professionnels dans des maisons de santé pluridisciplinaires ?

Comment aller plus loin dans la coopération 276 ? Pensez-vous que ce modèle d’organisation territoriale soit exportable à d’autres régions ?

Avec une moyenne de moins de 250 médecins pour 100 000 habitants, la Région Haute-Normandie est l’une des 3 régions françaises les plus en difficulté. C’est pourquoi nous avons souhaité soutenir la création de maisons de santé pluridisciplinaires. Celles-ci proposent à la population, sur un même lieu, un ensemble de services de santé de proximité incluant des actions de prévention. En regroupant plusieurs spécialités, elles apportent aussi une réponse à l’évolution

Il y a indéniablement des spécificités à la démarche 276 qui n’en font pas forcément un modèle transposable à l’identique. Nous avons conçu le 276 pour répondre à des enjeux propres à nos territoires. Les politiques que nous avons développées ici se sont révélées efficaces. Sur la méthode de travail, il y a, j’en suis sûr, des enseignements à tirer qui dépassent nos frontières régionales. Les résultats du referendum en Alsace ont démontré que l’avenir ne résidait pas dans la suppression ou la fusion de tels ou tels niveaux de collectivités mais bien dans un approfondissement de la collaboration entre Régions et Départements avec un mode de gouvernance qui privilégie des modalités d’implication en fonction des chefs de filât et du degré d'intégration souhaité par chacun. À ce titre, le 276 est bel et bien exemplaire et peut servir de préfiguration à l’acte 3 de la décentralisation n

Nous avons développé un dispositif d’aide régionale pour cofinancer les créations de postes à durée indéterminée dans les entreprises. Aujourd’hui le dispositif a évolué et les Départements ont décidé de spécialiser leur intervention sur le retour à l’emploi des publics en insertion. Globalement, ce sont ainsi 738 emplois dans l’Eure qui ont été créés depuis 2008, sans compter l’effet levier du 276 sur l'activité économique régionale. Pouvez-vous nous parler de “solidarités 276” pour les associations ? En privilégiant une coopération de projets, nous bénéficions d’une grande souplesse dans la définition de nos actions. Ainsi, face 26 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© Département de l'Eure

Pouvez-vous nous présenter le dispositif 276 ?

Propos recueillis par Marie Pannetier

Jean Louis Destans Président du Conseil général de l’Eure, Député de la 2ème circonscription de l'Eure


Interview with: Jean Louis Destans, Chairman of the General Council of the Eure, Member of Parliament of the 2nd district of the Eure

276: a space for experiment and innovation The Upper Normandy region, the Eure (27) and Seine-Maritime (76) make up the ‘276’; a unique example in France of partnership between a region and the departments that make it.

Can you introduce the 276 initiative to us? We wanted to reinforce the effectiveness of public action, to build a space for experiment and innovation. We proposed a shared vision of our territory, its assets and potential. This materialised in the “276 contract” which organises the synergies between our three communities with a significant strike force (1.2 billion euros). Very varied policies were proposed, innovative initiatives (276, “ça roule”, 276 solidarity, Agriculture and Nutrition, Arts 276), large investments, roads in particular, but also in the medico-social field, creations like the Museum of Impressionism of Giverny. The 276 has proved itself.

In 2007, you placed employment at the heart of this initiative, what were the results? We developed a regional assistance facility to co-finance the creation of jobs of unspecified duration in companies. Today the device has evolved and the Departments decided to specialise their intervention to the return to work of people on placement. All in all, 738 jobs have been created in this way in the Eure department since 2008, without counting the leveraging effect of the 276 on regional economic activity.

Can you tell us about “solidarity 276” for organisations? By prioritising project co-operation, we profit from great flexibility in the definition of our actions. So, vis-a-vis the difficulties

encountered by structures working with the most vulnerable, we created “Solidarity 276” which enables us to subsidise charities for the acquisition of vehicles intended to carry food aid.

The 276 initiative is also active in health, why gather the professionals in multidisciplinary hospitals? With an average of less than 250 doctors for 100,000 inhabitants, the Upper Normandy Area is one of the 3 areas of France most in difficulty. This is why we wished to support the creation of multidisciplinary hospitals. These offer the population, in one place, a whole range of health services nearby, including preventative action. Gathering several specialities, they also bring a response to the changes in modes of exercise desired by many health professionals. The mode of assistance can represent up to 50% of the operating deficit provided it corresponds to a health project validated in close consultation with the ARS.

How can you to go further in terms of 276 co-operation? Do you think that this model of territorial organisation is exportable to other areas? There are unquestionably specificities in the 276 approach which do not necessarily make it an identically transposable model. We conceived 276 to answer issues specific to our territories. The policies we have developed here have shown themselves to be effective. In terms of the way of working, there is, I am sure, a lesson to be drawn that transcends our regional borders. The results of the referendum in Alsace showed that the future did not lie in the suppression or the fusion of such or such a level of the community but in deepening the collaboration between Regions and Departments with a mode of governance which privileges modes of involvement according to the leaders of an area and the level of integration desired by each party. For this reason, the 276 initiative is indeed exemplary and can be used as a prefiguration to act 3 of decentralisation n

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Novembre 2014 | Haute-Normandie

ENTRETIEN | Lien historique de Paris vers l’océan, le département de Seine-Maritime fait aujourd’hui face à l’un des plus grands défis d’aménagement territorial jamais mené en France. L’axe Seine : plus qu’une ouverture sur le commerce mondial, une véritable sortie de crise pour le pays.

“Des liens entre terre et mer” Premier département de la Haute-Normandie, pouvez-vous présenter la SeineMaritime et définir son rôle au sein du territoire haut-normand ?

L’ouverture maritime du territoire est séculaire et les grands ports de Rouen et du Havre forment le premier complexe portuaire français pour l’exportation.

Avec 1,25 millions d’habitants, les 2/3 de la population régionale vit en Seine-Maritime. Le département est le siège de la capitale régionale, Rouen, et de sa Métropole. Notre département est au cœur d’un réseau de communications et au cœur de l’arc Manche, porte maritime essentielle de notre pays.

“Les grands ports de Rouen et du Havre forment le premier complexe portuaire français pour l’exportation.”

Plus avant, la Seine-Maritime s’illustre par sa diversité, c’est une terre de liens, autour du fleuve, entre terre et mer, à la fois urbaine et rurale, une terre de patrimoine et de culture, ses paysages ont ainsi inspiré et vu naître l’Impressionnisme. La Seine-Maritime reste une terre de création, de production et de respiration.

Les filières des industries automobile, aéronautique et mécanique, de l’électronique, de l’énergie, de la chimie et de la pétrochimie, ainsi que de l’agroalimentaire y sont particulièrement représentées. La filière verre tient également une place notable (80 % des flacons de parfum haut de gamme sont par exemple produits sur notre territoire).

“Une terre de création, de production et de respiration.”

L’agriculture, et notamment l’élevage et la production laitière, ainsi que la pêche

Quelles sont les principales caractéristiques de votre territoire, notamment en matière d’activité économique ? Cette diversité et la position géographique de la Seine-Maritime ont façonné l’histoire économique du département. La part de l’industrie et de l’agriculture y est plus présente que dans d’autres territoires, même si les services représentent près de 60 % de l’emploi salarié. La logistique y tient une place particulière, tout comme la part croissante de l’activité touristique. 28 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

(Dieppe est le premier port français pour la coquille Saint-Jacques) sont importants dans notre département. Par ailleurs, la SeineMaritime concentre plus du tiers de la production française de lin, c’est une spécificité seinomarine. De fait la Seine-Maritime est à la fois exposée aux transformations que connaissent ces secteurs, très sensibles à l’ouverture mondiale, mais elle est aussi aux avantpostes de l’innovation, de la construction d’un modèle durable, avec par exemple le déploiement des énergies renouvelables telles que l’éolien en mer ou le développement des motorisations électriques et de la chimie verte ou encore la production et l’utilisation de matériaux biosourcés. Votre département s’inscrit dans un vaste projet d’aménagement territorial de l’axe Seine, qui vise à relier le Grand Paris à la mer via la Normandie. En quoi consistet-il et dans quelle mesure peut-il vous être bénéfique ? Le lien entre Paris et l’océan via la Normandie a 500 ans, au moins, et n’a cessé d’évoluer. L’axe Seine est un axe vital dans le développement de notre pays. L’enjeu de l’axe Seine aujourd’hui est de l’améliorer, de le moderniser, de le penser et de le construire, non plus dans une relation entre un centre et une périphérie, ou son exutoire maritime, mais dans une logique de réseau et de développement durable. La question des infrastructures, comme par exemple la Ligne nouvelle Paris-Normandie, y est essentielle.

Nicolas Rouly Président du Conseil général de la Seine-Maritime


© Alan Aubry – Département de Seine-Maritime

Les grands ports de Rouen et du Havre forment le premier complexe portuaire français pour l'exportation.

Il s’agit aussi d’adapter l’hinterland portuaire, les services offerts aux acteurs économiques et aux habitants. C’est à l’évidence une perspective de regain d’activité pour notre territoire, avec la prise en compte des co-usages d’un même espace et du respect des équilibres entre l’industrie, la logistique associée, l’agriculture et la préservation de l’environnement. La contribution du Département porte sur un aménagement durable de l’axe Seine et son interconnexion avec l’ensemble du littoral.

“Aux avant-postes de l’innovation et de la construction d’un modèle durable.” Dès 2007, le Département de SeineMaritime a pris l’initiative de “Grande Seine 2015”, vaste démarche collaborative, associant 80 partenaires, de Giverny jusqu’à la mer. L’objectif: engager un développement durable de notre territoire, protéger, développer, dynamiser et valoriser ensemble la vallée de la Seine dans sa partie aval. “Gran-

de Seine 2015”, ce sont plus de 150 actions identifiées, représentant 400 millions d’euros d’investissements à moyen et long terme, et favorisant la cohérence entre des projets tes que l’approfondissement du chenal de Rouen, la renaturation des berges, le soutien à l’agriculture, la maîtrise du foncier, le développement touristique, le déploiement de la logistique, etc.

Par ailleurs, la Haute-Normandie s’apprête à fusionner avec la Basse-Normandie dans le cadre de la réforme territoriale. Quel pourra être le rôle de la Seine-Maritime dans ce nouvel ensemble ? Dans un ensemble régional plus vaste, propice à une stratégie économique renouvelée, à l’interconnexion, organisé autour d’un réseau de pôles urbains, le rôle du Département sera essentiellement celui de la capillarité, donc de l’affirmation des solidarités sociales, générationnelles et territoriales. Le Département de Seine-Maritime sera ainsi une des chevilles ouvrières pour faire vivre les articulations entre une stratégie régionale et l’action locale. Soutien de l’affirmation du fait métropolitain, facteur de développement et d’attractivité, le Département

sera soucieux de favoriser le lien entre tous les territoires qui composent la Seine-Maritime. Quels seront les principaux dossiers qui vous occuperont au cours des prochains mois ? L’ensemble des questions contribuant à l’affirmation des solidarités sociales, générationnelles et territoriales est au cœur de l’agenda départemental. Il s’agit bien entendu de la question de l’emploi, cardinale, et de nos actions en matière d’insertion. Il s’agit également de nos réponses en ce qui concerne l’autonomie et l’adaptation à l’allongement de la durée de vie. En matière territoriale, l’aménagement numérique du territoire et le chantier de déploiement du Très Haut Débit, porté à travers un syndicat mixte avec les EPCI, est un dossier majeur pour les prochaines années. Enfin, dans le cadre de la réforme territoriale, les nouvelles articulations entre le Département et nos partenaires, Région, Métropole, communes, EPCI ainsi que le tissu économique et associatif local et l’adaptation à un nouveau contexte institutionnel représentent des enjeux essentiels n Propos recueillis par Sacha Grynbaum

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Novembre 2014 | Haute-Normandie

Interview with: Nicolas Rouly, Chairman of the General Council of Seine-Maritime

“Linking land and sea” Historic link between Paris and the ocean, the department of SeineMaritime now faces one of the greatest challenges of regional planning ever carried out in France. The Seine axis: more than an opening onto world trade, a real crisis exit for the country.

paid employment. Logistics hold a particular place, as does the increasing share of tourism.

“The diversity and geographical position of Seine-Maritime have forged the department’s economic history.”

Number one department in Upper Normandy, can you tell us about SeineMaritime and define its role within the Upper Normandy region? With 1.25 million inhabitants, two-thirds of the regional population live in SeineMaritime. The department is the seat of the regional capital, Rouen, and its Metropolis. Our department is at the heart of a communication network and at the centre of the Channel arc, a crucial maritime gateway to our country.

The maritime opening of the region is ongoing and the large ports of Rouen and Le Havre form the number one French harbour complex for export. The car, aeronautics and mechanics, electronics, energy, chemistry and petrochemistry industries, as indeed agri-food, are particularly present here. The glass industry also holds a notable place (80% of top-of-the-range perfume bottles for example are produced on our territory).

“A land of connections, between land and sea.”

What are the principal characteristics of your region, in particular in terms of economic activity? The diversity and geographical position of Seine-Maritime have forged the department's economic history. The share of industry and agriculture is more present here than in other regions, even though the service industry represents nearly 60% of

In fact Seine-Maritime is both exposed to the transformations in these sectors, which are very sensitive to its opening to the world, and also at the cutting edge of innovation, the construction of a sustainable model, with for example the deployment of renewable energies such as offshore wind farming, the development of electric motors and green chemistry and the production and use of bio-source materials. Your department falls within a vast project of Seine axis regional planning aiming to connect Grand Paris to the sea via Normandy. What does this mean and how can it be beneficial for you? The connection between Paris and the ocean via Normandy is 500 years old at least, and has not ceased to evolve. The Seine axis is vital in the development of our country. The aim of the Seine axis today is to improve it, modernise it, think about it and build it, no longer in a centre-periphery relationship, or as a maritime discharge

© Alan Aubry – Département de Seine-Maritime

Seine-Maritime is exemplified even more by its diversity, it is a land of connections, around the river, between land and sea, both urban and rural, a land of heritage and culture, its landscapes inspired and saw the birth of impressionism. Seine-Maritime remains a land of creation, production and inspiration.

Agriculture, in particular animal rearing and dairy production, as well as fishing (Dieppe is the first French port for scallops)

are important in our department. In addition, Seine-Maritime hosts more than a third of the French production of flax, it is a Seine Maritime specificity.

Nicolas Rouly, chairman of the General Council of Seine-Maritime visiting the Terre de Lin factory in SaintPierre-le-Viger.

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© Alan Aubry – Département de Seine-Maritime

“Seine-Maritime is exemplified even more by its diversity, it is a land of connections, around the river, between land and sea, both urban and rural.”

system, but in a logic of network and sustainable development. The question of infrastructure, such as the new Paris-Normandy line for example, is crucial here. It is also a question of adapting the harbour hinterland, the services on offer to the economic players and inhabitants. It is obviously a perspective of renewal of activity for our region, taking into account the co-uses of the same space and respecting the balances between industry, associated logistics, agriculture and the safeguarding of the environment. The contribution of the Department relates to a sustainable adjustment of the Seine axis and its interconnection with the whole of the coast.

“The connection between Paris and the Ocean via Normandy is 500 years old.”

Since 2007, the Department of SeineMaritime has adopted the “Grand Seine 2015” initiative, a vast collaborative step, uniting 80 partners, from Giverny to the sea. The objective is to commit to a sustai-

nable development of our territory, to protect, develop, instigate and develop together the valley of the Seine in its downstream portion. The “Grand Seine 2015” project, is more than 150 identified actions, representing 400 million euros of investment in the medium and long term, and promoting coherence between projects such as the deepening of the channel of Rouen, the replanting of the banks, support for agriculture, land control, tourism development, the deployment of logistics, etc.... In addition, Upper Normandy is on the point of fusing with Lower Normandy within the framework of territorial reform. What could be the role of SeineMaritime in this new unit? In a more vast regional unit, favourable to a renewed economic strategy, interconnection, organised around a network of urban centres, the role of the Department will be primarily that of capillary, therefore the affirmation of social, generational and territorial cohesion. The Department of Seine-Maritime will thus be one of joint working to bring to life the articulations between regional strategy and local action.

Support for the assertion of the metropolitan fact, factor of development and attractiveness, the Department will be careful to support the bond between all the territories which make up Seine-Maritime. What main projects will be occupying you during the coming months? All questions relating to the assertion of social, generational and territorial solidarity are at the heart of the departmental agenda. This means of course the cardinal question of employment, and our actions in terms of workplace integration. There are also our answers to questions of autonomy and adapting to lengthening lifespan. In terms of the region, the digital provision of the territory and the installation of high speed broadband, carried out via a mixed union with the EPCI, are major projects for the coming years. Finally, within the framework of territorial reform, the new articulations between the Department and our partners, Region, Metropolis, communes, EPCI, as well as the local economic and organisational fabric and the adaptation to a new institutional context, represent essential stakes n

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Novembre 2014 | Haute-Normandie

ENTRETIEN | Renforcé par Haropa, sa récente alliance avec ses homologues de Paris et du Havre, le port de Rouen appartient donc à l’un des plus importants complexes portuaires européens. Des évolutions sont toujours en cours pour lui permettre d’asseoir sa légitimité à l’international.

Le port de Rouen dans la cour des grands

En 2013, le port de Rouen représentait 22,4 millions de tonnes de trafic maritime, une progression de 6 % par rapport à une année 2012 difficile compte tenu de la fermeture de la raffinerie Petroplus. Un record historique avait été atteint en 2010 avec pratiquement 27 millions de tonnes échangées. Quant au trafic fluvial, il s’est élevé à quelque 6 millions de tonnes l’an dernier. Rouen est le premier port européen exportateur de céréales et le premier port français pour l’agro-industrie, et le groupage nord/ sud, activité de remplissage ou de dépotage des conteneurs à destination notamment de l’Afrique de l’Ouest. À l’échelle nationale, il est le 5ème derrière Marseille, le Havre, Dunkerque et Nantes. Le complexe portuaire HAROPA, créé avec nos collègues havrais et parisiens, occupe quant à lui la première place française et la 5ème place nord-européenne, avec plus de 120 millions de tonnes maritimes et fluviales.

les collectivités, fortement représentées dans notre Conseil de surveillance, ont parfaitement intégré. Y figurent donc notamment le président du Conseil régional, Nicolas Mayer-Rossignol et Valérie Fourneyron, qui a été maire de Rouen et qui est aujourd’hui membre du gouvernement.

avec l’Union européenne, l’agroalimentaire et les produits forestiers (papier, pâte à papier) constituent l’essentiel des flux, quelles que soient les destinations. Les granulats et matériaux de travaux publics figurent parmi nos filières en développement. Néanmoins, Rouen ne figure qu’à la 28e position parmi les ports européens. Que pouvez-vous faire de plus pour améliorer son positionnement ?

Le port de Rouen est à la fois maritime et fluvial, c’est-à-dire tourné vers la France et vers le reste du monde. Quel rôle jouet-il en particulier dans les échanges avec le reste de l’Europe ? Tous trafics confondus, l’Europe correspond à plus de la moitié de nos échanges, devant l’Afrique, avec quelques pays privilégiés comme le Royaume-Uni pour les céréales, par exemple. Outre les produits pétroliers issus de nos raffineries, qui représentent à eux seuls 70 % de nos échanges

Quel est l’impact du port sur la région Haute-Normandie en termes de développement économique et d’emploi ? Selon l’Insee, le port de Rouen génère au global 18 000 emplois salariés et 1/16e de la richesse de la Haute-Normandie, tandis que conjointement avec celui du Havre ils en génèrent 50 000 pour 20 % de la richesse de la région, qui est l’une des plus industrielles de France et dont le PIB est important. Le port est un poids lourd de l’économie, ce que 34 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© R. Hondier, GPMR

Pouvez-vous nous présenter en quelques chiffres le Grand Port maritime de Rouen et ses principales caractéristiques ?

Dans le paysage portuaire européen, Rotterdam est un géant qui réalise à lui seul plus que tous les ports français réunis. Notre stratégie a été de nous allier avec nos confrères de Paris et du Havre pour peser beaucoup plus sur la scène internationale et gagner en visibilité. C’est dans ce sens que nous agissons depuis 2012 au sein de la structure HAROPA, qui est aujourd’hui connue partout en Europe, voire dans le reste du monde. Un chantier de près de 200 millions d’euros a par ailleurs été engagé pour améliorer l’accès en Seine, à nos installations, de plus grands navires, la taille moyenne de la flotte de commerce croissant. En gagnant un mètre de tirant d’eau et en agrandissant sa zone d’évitage (qui leur permet de faire demitour) le port sera en mesure de recevoir 80 % de la flotte mondiale des vraquiers. Les travaux doivent aboutir en 2017-2018, après plus de dix années d’études et de réalisation n Propos recueillis par Sacha Grynbaum

Philippe Deiss Ancien directeur du port de Rouen


Novembre 2014 | Haute-Normandie

Interview with: Philippe Deiss, Former director of the port of Rouen

© GPMR-Rémi Hondier

The port of Rouen among the greats Chairman of the Regional Council, Nicolas Mayer-Rossignol and Valerie Fourneyron, who was mayor of Rouen and is now a member of the government.

The port of Rouen is both maritime and fluvial, i.e. it is turned towards France and the rest of the world. What role does it play in particular in exchanges with the rest of Europe?

“It is a region historically turned towards industry and very open to outside exchanges.”

Reinforced by HAROPA, its recent alliance with its Paris and Le Havre counterparts, the port of Rouen is part of one of the largest European harbour complexes. Changes are still underway to enable it to establish its legitimacy at the international level.

of containers destined notably for West Africa. On a national scale, it is 5 th behind Marseilles, Le Havre, Dunkirk and Nantes. The HAROPA harbour complex, created with our colleagues in Le Havre and Paris, occupies the French number one rank and the 5th North-European, with over 120 million maritime and river tonnes.

Can you present to us in a few figures the Grand Port maritime de Rouen and its principal characteristics?

What is the impact of the port on the Upper Normandy region in terms of economic development and employment?

In 2013, the port of Rouen represented 22.4 million tonnes of sea traffic, a growth of 6% compared to a difficult 2012, taking into account the closing of the Petroplus refinery. A historic record was set in 2010 with nearly 27 million tonnes exchanged. As for the river traffic, it rose to some 6 million tonnes last year. Rouen is the number one cereal exporting port in Europe and the number one port in France for agribusiness, and north/south bulk, loading and discharge

According to INSEE, the port of Rouen generates a total of 18,000 paid jobs and one 16 th of the wealth of Upper Normandy, while jointly with Le Havre, they generate 50,000 for 20% of the wealth of the area, which is one of the most industrial in France and whose GDP is significant. The port is a heavy goods vehicle of the economy, which the communities, strongly represented in our Board of trustees, have perfectly taken on board. These include in particular the

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Taking all traffic, Europe corresponds to more than half of our exchanges, before Africa, with some countries privileged, like the United Kingdom for cereals, for example. In addition to oil products from our refineries, which alone account for 70% of our exchanges with the European Union, agribusiness and forest products (paper, paper paste) constitute the main share of trade flows, whatever the destination. Aggregates and materials for public works are among our sectors in development.

Nevertheless, Rouen appears only in 28 th position among the European ports. What more can you do to improve its positioning? In the landscape of European harbours, Rotterdam is a giant who alone does more business than all French ports put together. Our strategy was to join with our colleagues in Paris and Le Havre to weigh much more on the international scene and gain visibility. This has been our direction since 2012 within the HAROPA structure, which is now known across Europe, and even across the rest of the world. A 200 million euro construction project is also underway to improve Seine access to our installations for larger ships since the average size of the merchant fleet is increasing. Gaining one metre in draught and increasing its turning radius (which enables ships to turn) the port will be able to receive 80% of the world freighter fleet. Work is set to finish in 2017-2018, after over ten years of research and realisation n


Novembre 2014 | Haute-Normandie

ENTRETIEN | En réunissant les ports de Paris, de Rouen et du Havre au sein d’un unique complexe, le projet HAROPA a permis aux trois places portuaires de se relancer dans la compétition internationale. Cet ambitieux travail de coopération crée plus que jamais les conditions du développement de l’axe Seine.

HAROPA, “un outil indispensable”

Premier port à conteneurs pour le commerce extérieur de la France, HAROPA-Port du Havre se distingue d’abord par sa situation géographique : il est le premier touché à l’import et le dernier à l’export, offrant les meilleurs transit-time d’Europe du Nord. Le Havre se démarque également par la qualité d’accueil des navires : nous sommes, avec Rotterdam, le seul port nord-européen à pouvoir accueillir 24h/24, à pleine charge, les plus grands porte-conteneurs au monde (300 en 2013). Par conséquent, notre complexe industrialo-portuaire accueille environ 1 200 entreprises, compte 32 000 emplois portuaires sur la région et affiche près de quatre milliards d’euros de valeur ajoutée. Le port évolue par ailleurs au sein du Groupement d’intérêt économique HAROPA qui le lie aux ports de Paris et de Rouen…

la compétition internationale ?

HAROPA a mis en place les meilleures pratiques au service d’une réelle “orientation clients”. Ainsi Le Havre – qui vient d’être certifié ISO 9001 Qualité – a-t-il été le premier port européen et le deuxième du monde à être certifié ISO 28000 Sûreté, dès 2010. Rouen est lui aussi certifié ISO 9001 Qualité pour l’accueil des navires, tandis que le port de Paris est quant à lui certifié ISO 14001 Environnement.

Fluidifier le passage de la marchandise dans nos ports, développer l’offre foncière pour l’accueil d’entreprises au plus près des installations portuaires, développer nos trafics massifiés ferroviaires et fluviaux sur un large arrière-pays ouest-européen : tels sont nos objectifs prioritaires. C’est d’ailleurs le sens de notre terminal multimodal situé au pied du Pont de Normandie. Grâce à lui, les opérateurs longue distance bénéficieront d’un accès toujours plus performant et les clients chargeurs de nouveaux services. Notons en outre qu’HAROPA est le premier ensemble portuaire de France à disposer d’une personne en charge des affaires européenne basée à Bruxelles. Cela s’avère aujourd’hui très utile, notamment pour obtenir des subventions essentielles, en soutien à nos propres capacités d’investissement.

Dans quelle mesure HAROPA peut-il participer au projet territorial dit de l’axe Seine ? Le document commun “HAROPA 2030” fixe une ligne commune pour les quinze prochaines années. Celle-ci porte sur quatre ambitions : n constituer un système logistique performant en France et en Europe ; n accueillir un cluster industriel durable capable d’offrir des conditions d’implantation et de fonctionnement optimales sur l’axe Seine ;

Quelles sont les exigences fixées au sein du groupement en matière de qualité et de sécurité ?

Créé en 2012, HAROPA constitue l’outil indispensable pour promouvoir nos ports, tous trois complémentaires. Ensemble, Paris, Rouen et Le Havre bénéficient d’une meilleure lisibilité à l’international. Ils sont par ailleurs en mesure de proposer aux clients (chargeurs, logisticiens, industriels) un service complet de bout en bout, un “guichet commercial” unique sur tout l’axe Seine. Cette démarche collaborative constitue un modèle nouveau dont certains ports s’inspirent. Avec plus de 120 millions de tonnes maritimes et fluviales, le complexe HAROPA occupe la 1ère place française et la 5ème place européenne. Que pouvez-vous faire pour poursuivre sa progression dans 38 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© E.Houri, GPMH

Pouvez-vous présenter le port du Havre et préciser son impact économique sur la région ?

n devenir une référence en matière d’intégration port-environnement ; n contribuer à faire de la Seine un territoire touristique attractif. C’est dans ce cadre que les projets stratégiques en cours de validation dans les trois ports permettront de fixer les premières orientations pour les cinq années à venir n Propos recueillis par Sacha Grynbaum

Hervé Martel Directeur Général du Grand Port Maritime du Havre et Président de HAROPA


Interview with: Hervé Martel, Director General of the Grand Port Maritime du Havre and Chairman of HAROPA

© Patrick Boulen/HAROPA – Port du Havre

HAROPA, “an essential tool” Thanks to this, the long distance operators will benefit from increasingly more efficient access and loading customers from new services. Let us note moreover that HAROPA is the first harbour complex in France to have a person in charge of European affairs based in Brussels. This proves very useful today, in particular to obtain essential subsidies, supporting our own ability to invest.

What are the requirements set within the group in terms of quality and safety? “Created in 2012, HAROPA constitutes an essentiel tool to promote our ports, all three complementary. Together, Paris, Rouen and Le Havre read better internationally.”

By bringing together the ports of Paris, Rouen and Le Havre in a unique complex, project HAROPA has allowed the three ports to relaunch themselves into international competition. This ambitious work of co-operation creates more than ever the conditions for development along the axis of the Seine.

Can you introduce the port of Le Havre and clarify its economic impact on the region? Number one container port for external trade in France, HAROPA-Port of Le Havre is distinguished by its geographical situation: it is the first port of call for import and the last for export, offering the best transit time from Northern Europe. Le Havre is distinguished also by the quality of the ships: we are, with Rotterdam, the only Northern European port to be able to receive, 24/7 at full load, the largest container ships in the world (300 in 2013). As a result, our industrial port complex hosts approximately 1,200 companies, has 32,000 port jobs within the region and displays nearly four billion Euros of added value. In addition the port evolves within the

“Groupement d’Interet Economique” (Economic Interest Group) HAROPA which links it to the ports of Paris and Rouen… Created in 2012, HAROPA constitutes an essential tool to promote our ports, all three complementary. Together, Paris, Rouen and Le Havre read better internationally. They are able in addition to offer customers (loaders, logistics, industrials) a complete service from beginning to end, a single “commercial counter” along the whole axis of the Seine. This collaborative step constitutes a new model that some ports take as a starting point.

With more than 120 million maritime and river tonnes, the HAROPA complex is number one in France and number five in Europe. What can you do to continue its progress in the international competition? Our top priorities are to facilitate the passage of goods in our ports, develop the land offer to receive companies as close as possible to the harbour installations, develop our mass railway and river traffic over a wide Western-European hinterland. It is also the direction of our multimode terminal located at the foot of the Bridge of Normandy.

HAROPA has set up the best practices at the service of real “customer orientation”. Thus Le Havre - which has just been certified ISO 9001 Quality - was the first European port and the second in the world to be certified ISO 28000 Safety, from 2010. Rouen is also certified ISO 9001 Quality for the reception of ships, whilst the Port of Paris is certified ISO 14001 Environment.

To what point can HAROPA participate in the so-called “Seine axis” regional project? The joint document “HAROPA 2030” fixes a common direction for the next fifteen years. This relates to four ambitions: n to constitute a powerful logistics network in France and Europe; n to accommodate a sustainable industrial cluster able to offer optimal conditions for set up and operation on the axis of the Seine; n to become a benchmark standard as regards port-environment integration; n to contribute to making the Seine an attractive tourist territory.

It is within this framework that the strategic projects in the course of approval in the three ports will make it possible to fix the first directions for the coming five years n

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 39


ire s n o t u ri oir ledge tere sav f know d ory o it Terr

ENTRETIEN|La Haute-Normandie consacre près de 78 millions d’euros annuels à l’apprentissage. Un investissement pour des formations qui correspondent aux réalités de l’économie, et qui offrent aux jeunes diplômés de véritables débouchés.

La formation et le suivi des jeunes sont les maîtresmots de la Région en matière d’apprentissage

Si un établissement dispense une formation, nous ne la proposons pas en apprentissage et ce pour éviter une concurrence entre la formation sous statut scolaire et la formation par voie d’apprentissage. En effet, la politique de la Région est claire : nous ne souhaitons absolument pas faire un appel d’air vers l’apprentissage et nous tenons à ce que le jeune soit d’abord formé dans le cadre des collèges et des lycées. Par rapport à l’apprentissage, depuis 2009 nous avons, en partenariat avec le CREFOR (Centre Ressources Emploi Formation), mis en place l’évaluation et le suivi des jeunes. Ce dispositif, auquel participe près de 85 % des sortants, vise à évaluer l’insertion dans la vie active des apprentis dans les 18 mois qui suivent la fin de leur contrat d’apprentissage par le biais de trois entretiens téléphoniques. Ainsi, nous croisons les données des jeunes et les données des CFA pour améliorer les formations et adapter notre carte des formations. Afin de soutenir l’apprentissage, la Région accorde des aides aux employeurs d’apprentis du secteur privé installés sur le territoire hautnormand. Tout contrat d’apprentissage ouvre droit à une prime de 1 000 euros. Une autre mesure spécifique est l’accès à la formation des jeunes recrutés en emplois

d’avenir en Haute-Normandie. En septembre 2014, ils étaient 2 151 jeunes de moins de 25 ans à avoir conclu un tel contrat : 1400 dans le secteur non-marchand et 751 dans le secteur marchand. Pour permettre à ceux recrutés dans le secteur non marchand d’être formés et qualifiés, la Région finance des actions de formation à hauteur de 90 % du coût pédagogique, dans la limite de 200 heures pour les jeunes de niveau BAC et plus, et de 400 heures pour les jeunes de niveau infra BAC. La Région participe aussi à leur rémunération en allouant une aide de 150 € par mois pour les employeurs du secteur non marchand et 100 € pour ceux du secteur marchand, en complément de l’aide de l’Etat.

42 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

Pouvez-vous nous parler du Contrat d’accès à la qualification (CAQ) instauré pour lutter contre le chômage des jeunes sortis du système scolaire sans qualification ? Créé par la Région en 2011, le CAQ est un dispositif qui permet aux jeunes de 16 à 25 ans, sans emploi ni diplôme, d'accéder à un premier niveau de qualification grâce à un parcours de formation individualisé. Il comprend 3 phases :

© RHN

Quels moyens la Région et le rectorat mettent-ils en place pour lutter contre l’accroissement du taux de chômage et pour aider les 98 500 demandeurs d’emplois ?

n Phase 1 : la définition du parcours de formation (environ 20 heures). Un bilan de la situation du jeune est réalisé (niveau de connaissances, centres d'intérêt, freins à l'insertion…) afin de l’aider à définir son projet professionnel et ses objectifs de formation. Ces objectifs sont ensuite repris dans un contrat (le CAQ) signé avec la Région, la Mission locale et l’organisme de formation concernés. n Phase 2 : la préparation à la formation (de 400 à 1 200 heures). Le jeune affine son projet professionnel et se prépare à entrer en formation qualifiante. Cette phase est le cœur du dispositif et lui permet de valider ses choix et de réaliser une période d’immersion en entreprise.

Hélène Segura Vice-présidente de la Région Haute-Normandie en charge de la formation


Novembre 2014 | Haute-Normandie

n Phase 3 : l’entrée en qualification (durée variable). Cette phase marque l'entrée du jeune en formation qualifiante (en organisme de formation ou en centre de formation d'apprentis). Dans tous les cas, il est rémunéré durant cette période et continue à bénéficier d'un suivi personnalisé jusqu'à obtention de sa qualification (diplôme, titre professionnel, certification…). Tout au long de son parcours, l’apprenant est suivi et accompagné par un conseiller de sa Mission locale et par un référent pédagogique chargé de veiller à la pertinence et à la faisabilité de son projet. Le budget annuel sur ce dispositif est de 7,5 millions d’euros pour 1 000 contrats par an.

Quels sont les fruits de l’élaboration du contrat régional de développement des formations professionnelles (CPRDF) et du contrat régional de développement économique (CRDE) ? Ces deux contrats ont pour but d’assurer la cohésion entre le développement économique, l’emploi, le développement des compétences et des métiers et de la

formation. L'ambition première du CPRDF est de faire se rencontrer deux types de demande : celle des publics à former et celle des employeurs. Il s'agit de s'assurer que la formation réponde aux choix des individus tout en les menant vers l'insertion professionnelle. Il s'agit, parallèlement, d'être à l'écoute des entreprises pour aider celles-ci à maintenir et créer des emplois. Plusieurs secteurs (énergies, aéronautique, certains services…) peinent à recruter faute de candidats formés. Pour lever ce paradoxe, la Région et Pôle emploi financent prioritairement cette année des actions de formation professionnelle dans les métiers dits “en tension”, destinées aux demandeurs d’emplois dans des zones

géographiques moins bien pourvues. L’économie régionale est en transition et pleine d’espoir, notamment avec les deux parcs éoliens au large de Fécamp et du Tréport et la constitution d’une nouvelle filière industrielle. Les partenaires (Etat, Pôle Emploi, Région, entreprises de la filière) agissent en concertation pour répondre aux besoins en main d’œuvre qualifiée de façon cohérente en termes de recrutement, de formation initiale et continue, afin de favoriser la sécurisation des parcours de formation et permettre aux publics les plus éloignés de l’emploi de se réinsérer durablement n Propos recueillis par Anaïs Normand

Le pass Région Mobilité-Emploi La mobilité est aujourd’hui un facteur décisif pour l’autonomie des jeunes et leur insertion durable dans le monde du travail. La Région a mis en place un dispositif de soutien à la mobilité en faveur des jeunes ayant un projet professionnel (emploi ou formation qualifiante). Le pass Région Mobilité-Emploi est destiné aux jeunes haut-normands de moins de 25 ans recrutés en Emploi d’avenir ou suivant une formation qualifiante dans le cadre d’un Contrat d’accès à la qualification (CAQ), de bénéficier d’une aide financière pour passer leur permis de conduire voiture (permis B). Cette aide peut couvrir jusqu’à 50 % du coût des cours de code et de conduite en auto-école, dans la limite de 1 000 € par jeune.

Publi-rédactionnel

Aspen Pharma : Un géant mondial s’installe en Normandie En rachetant le site de production de Notre‐Dame‐de‐Bondeville au britannique GSK, l’industriel pharmaceutique sud‐africain Aspen Pharma inverse la tendance. Lorsqu’un pays en développement investit en France… et y relance l’activité.

Un entretien avec Franck Morineau, Directeur d’Aspen Manufacturing Europe

La reprise des activités de GSK s’est-elle bien déroulée ? Le processus s’est jusqu’ici bien déroulé, aussi bien sur le plan social, industriel que culturel. Si la stratégie du groupe Aspen est aujourd’hui très bien perçue par l’ensemble de nos 700 collaborateurs, la transition a été favorisée par l’accueil chaleureux des élus locaux, et notamment du président de la région Nicolas MayerRossignol et du député Christophe Bouillon.

Pouvez-vous nous présenter le groupe Aspen Pharma ? Fondé il y a une dizaine d’années, ce groupe sud-africain a tout de suite connu une réussite exceptionnelle, doublant son chiffre d’affaire tous les trois ans. L’acquisition de la franchise thrombose de GSK l’a porté au neuvième rang des génériqueurs dans le monde et au premier rang sur tout l’hémisphère sud. En parallèle, le groupe Aspen produit aussi des princeps non génériqués et possède une branche de produits OTC.

En quoi consiste votre activité au sein de votre site de production haut-normand ? Il s’agit d’un site hautement technologique capable de produire plus de 150 millions de doses injectables stériles par an. Il est le seul au monde à fabriquer la Fraxiparine et l’Arixtra (en plus d’un diluant pour vaccins), de la purification chimique au packaging, en passant par le remplissage et l’inspection automatique des seringues. L’exigence qualité est à nos yeux essentielle et omniprésente à chaque étape. Quelles sont vos perspectives de développement pour les années à venir ? Un investissement à hauteur de 40 millions d’euros a été confirmé sur une ligne de remplisseuses haute cadence. L’objectif se veut clair : accroître nos volumes dans les pays émergents et les maintenir dans les pays développés. Globalement, il s’agit même de les doubler d’ici trois ans sur le site Aspen de Notre-Dame-de-Bondeville. Contacts : Aspen Notre-Dame-de-Bondeville 1, rue de l’Abbaye - 76960 Notre-Dame-de-Bondeville Tél. : 02 35 14 34 00 - www.aspenpharma.com Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 43


Novembre 2014 | Haute-Normandie

Interview with: Hélène Segura, Vice-president of the Upper Normandy Region responsible for training

Upper Normandy devotes nearly 78 million euros per annum to apprenticeships. This represents an investment in training that corresponds to the realities of the economy, and offers young graduates real opportunities.

© Alan Aubry – Département de Seine-Maritime

Training and support for young people are the watchwords of the Region in terms of apprenticeships

What measures are the Region and the vice-chancellorship putting in place to combat the increase in unemployment and help the 98,500 jobseekers? If an establishment offers training, we do not offer it as an apprenticeship to avoid creating competition between schoolbased training and apprenticeships. Indeed, the Regional policy is clear: we absolutely do not wish to create an in-draught towards apprenticeships and we aim to make sure that young people are trained initially within the framework of schools and colleges. In terms of apprenticeships, since 2009, we have, in partnership with the CREFOR (Centre for Employment Training Resources), set up assessment and support for young people. This facility, in which nearly 85% of graduates take part, aims to assess entry into professional life of apprentices in the 18 months following the end of their apprenticeship contract by means of three telephone conversations. Thus, we cross-reference the young people's data and the data of the CFAs to improve the training and adapt our course offering. In order to support apprenticeships, the Region gives grants to the employers of apprentices in the private sector within the Upper Normandy territory. Any apprenti-

Mobility is now a deciding factor for the autonomy of young people and their sustainable insertion into workplace.

44 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires


© Région Haute-Normandie-Mathieu Olingue

Throughout the course, the student is supported and accompanied by an adviser at their local centre and a teaching specialist responsible for supervising the relevance and feasibility of the project. The annual budget for this facility is 7.5 million euros for 1000 contracts per annum.

What are the fruits of the development of the regional contract of development of vocational courses (CPRDF) and the regional contract of economic development (CRDE)?

“The purpose is to ensure cohesion between economic development, employment, the development of skills and trades and training.”

ceship contract gives the right to a premium of € 1,000. Another specific measure is access to the training for young people recruited into jobs of the future in Upper Normandy. In September 2014, there were 2,151 young people under 25 signed up to one of these contracts: 1,400 in the non-commercial sector and 751 in the commercial sector. To allow those recruited in the non-commercial sector to be trained and qualified, the Region finances training activities to a total value of 90% of the teaching cost, within a 200-hour limit for young people educated to Baccalaureate-level plus, and 400 hours for young people at sub-Baccalaureate level. The Region also takes part in their remuneration by allocating a grant of €150 per month for employers in the non-commercial sector and €100 in the commercial sector, on top of the State aid.

Can you tell us about the Contract of Access to Qualification (CAQ) founded to combat unemployment among young people leaving school system without qualifications?

person is carried out (level of knowledge, centres of interest, barriers to entry…) in order to help define their professional project and training objectives. These objectives are then included in a contract (the CAQ) signed with the Region, the local Centre and the relevant training organisation. n Phase 2: preparation for training (from 400 to 1,200 hours). The young person refines their professional project and prepares to enter a qualifying course. This phase is the heart of the programme and allows the student to validate their choices and carry out a period of immersion in a company. n Phase 3: entry to qualification (variable duration). This phase marks the entry of the young person onto a qualifying course (in a training organisation of apprentice training centre). In all the cases, this period is remunerated and the student continues to benefit from personalised support until they have obtained their qualification (diploma, professional title, certification…).

The purpose of these two contracts is to ensure cohesion between economic development, employment, the development of skills and trades and training. The foremost ambition of the CPRDF is to bring together two types of demand: those in need of training and employers. It is a question of making sure that the training fits the choices of individuals whilst carrying them towards professional life. In parallel it is a question of listening to companies to help them to maintain and create jobs. Several sectors (energy, aeronautics, some services…) are finding it difficult to recruit for want of trained candidates. To eradicate this paradox, this year the Region and Employment Centre gives priority to the financing of vocational training initiatives in trades identified as “under stress”, intended for job applicants in less well served geographical areas. The regional economy is in transition and full of hope, in particular with the two wind farms off Fécamp and Tréport and the constitution of a new industry sector. The partners (State, Employment Centre, Region, sector companies) are acting in concert to meet the qualified manpower needs in a coherent way in terms of recruitment, initial and ongoing training, in order to make secure the training courses and allow people who are furthest away from employment to sustainably reinsert themselves n

Mobility-Employment Region pass Created by the Region in 2011, the CAQ is a facility to allow young people between 16 and 25 years old, without employment or diploma, to reach a first level of qualification thanks to an individually tailored training course. It consists of 3 phases: n Phase 1: the definition of the training course (approximately 20 hours). An assessment of the situation of the young

Mobility is now a deciding factor for the autonomy of young people and their sustainable insertion into the workplace. The Region has set up a facility to support mobility in favour of young people with a professional project (employment or qualifying course). The Mobility-Employment Region pass is intended for young people of Upper-Normandy, under 25 years of age, recruited into “Jobs of the future”, or attending a qualifying course within the framework of a Contract of access to qualification (CAQ), to benefit from financial assistance to obtain their driving licence car (B license). This grant can cover up to 50% of the cost of the Highway Code and driving school lessons, within a limit of €1,000 per young person.

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 45


Novembre 2014 | Haute-Normandie

ENTRETIEN | Essentiellement implantée sur l’agglomération rouennaise, l’université de Rouen est également présente à Elbeuf, Evreux et jusqu’au Havre. Une forte connexion avec les territoires normands qui en fait un acteur incontournable de l’aménagement et du développement économique local.

“Garantir les meilleurs débouchés”

Il s’agit d’une université pluridisciplinaire qui accueille 26 000 étudiants, en licence (les deux tiers environ), master (7 000 d’entre eux) et doctorat (plus de 2 500). Organisée en six pôles de recherche et d’enseignement, elle comprend 40 laboratoires dont 75 % sont reconnus au meilleur niveau : énergie, matériaux électronique, chimie-biologie-santé, sciences humaines et sociales, sciences de l’environnement et gestion des risques, logistique et mobilité intelligente. Quels liens l’université entretient-elle avec le tissu socio-économique régional ? En premier lieu, des liens forts sont noués avec les collectivités qui ne peuvent concevoir l’aménagement du territoire sans l’université de Rouen. Dans le cadre de nos antennes délocalisées, à l’image des IUT d’Elbeuf et d’Evreux, des conventions introduisent des financements et des contributions de leur part. Bien qu’il ne s’agisse pas de compétences obligatoires pour elles, les enjeux d’attractivité du territoire et de maillage industriel qui en résultent suffisent à motiver leur démarche. Par ailleurs, formant et fournissant des cadres à l’industrie, il s’agit de bien orienter nos élèves en amont pour s’adapter à la demande et leur garantir les meilleurs débouchés. Nous travaillons donc en partenariat étroit avec le monde socio-économique, notamment dans le cadre des stages et de la formation continue, mais aussi des activités de recherche dont l’essentiel des

financements provient de contrats établis avec les entreprises. L’université de Rouen favorise également la création de nouvelles sociétés à partir des travaux de recherche menés dans ses laboratoires. Plus de quinze startups ont ainsi été créées, bénéficiant d’un hébergement et de l’accès à des équipements pendant la période de leur lancement.

nent la qualité de vie étudiante, les conditions de travail des personnels, les transports, la santé. Un projet de guichet unique pour regrouper tous les services proposés aux étudiants est également prêt à être déployé. Une vice-présidente et un responsable environnement et “plan vert” coordonnent le programme dans sa globalité.

En quoi consiste le “plan vert” adopté par l’université et qui en régit la gestion ?

Dans quelle direction sera engagé votre prochain projet de développement stratégique ?

Il renvoie à la maîtrise des dépenses, de la consommation énergétique et à la qualité environnementale. Il a été question, dans une première étape, de caractériser notre patrimoine immobilier en matière de coût énergétique afin de favoriser des aménagements et restructurations qui diminuent les pertes. Plus globalement, l’initiative “plan vert” couvre plusieurs aspects qui concer-

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© Université de Rouen

Pouvez-vous nous présenter l’université de Rouen ainsi que ses principales formations ?

La loi du 22 juillet 2013 sur l’enseignement supérieur a prévu la création des Communautés d’Universités et Établissements. La mise en place de la ComUE Normandie Université nous tient donc fortement à cœur. Le futur projet de développement stratégique s’articulera autour de la sobriété énergétique, de la transition numérique, de l’attractivité des campus et de la restructuration plus intégrée de la recherche et de l’innovation. Par ailleurs, l’université de Rouen va ouvrir à la prochaine rentrée une école d’ingénieurs “ESITech”, avec deux spécialités : génie physique et technologies du vivant. Elle va également expérimenter une licence “sciences de la santé”, dans le but de diversifier le recrutement dans les filières médicales. Il faut désormais mettre tous les moyens nécessaires pour que ces beaux projets soient réalisés et pérennisés n Propos recueillis par Sacha Grynbaum

Cafer Özkul Président de l’Université de Rouen


Interview with: Cafer Özkul, Chairman of the University of Rouen

Primarily established in the greater Rouen area, the University of Rouen is also present in Elbeuf, Evreux and Le Havre. This strong connection with the Norman territories makes it a key player in terms of the local economic planning and development.

© Université de Rouen

“Guaranteeing the best opportunities”

Can you introduce us to the University of Rouen, as well as its principal training courses? This is a multi-field university with 26,000 students, bachelors (two thirds approximately), masters (7,000 of them) and doctorate (more than 2,500). Organised in six centres of research and teaching, it includes 40 laboratories of which 75% are recognised at the highest level: energy, electronic materials, chemistry-biologyhealth, social sciences, environmental sciences and risk management, logistics and intelligent mobility. What links does the university maintain with regional socio-economic fabric? First of all there are strong links with the communities, which cannot conceive of regional planning without the University of Rouen. In the context of our off-site offices, like the IUTs of Elbeuf and Evreux, there are agreements to introduce funding and contributions of their own. Although not mandatory skills for them, the attractiveness of the territory and industrial mesh issues resulting therefrom are sufficient to motivate their approach. Furthermore, training and providing executives for the industry, it is about guiding our students upstream to adapt to demand and guarantee the best opportunities for them. We are therefore working in close partnership with the socioeconomic world, including through internships and ongoing training, but also research activities with the bulk of the funding coming from contracts set up with the companies. The university of Rouen also

The University of Rouen is a multi-field university with 26,000 students, bachelors, masters and doctorate.

supports the creation of new companies starting from the research work undertaken in its laboratories. More than fifteen startups have been created in this way, benefiting from a location and access to equipment for the period of their launch.

In what consists the “green plan” adopted by the university and who governs its management? It comes back to the control of expenditure, power consumption and environmental quality. There was talk at first of classifying our buildings in terms of energy cost in order to support installations and refurbishments that reduce energy losses. More generally, the “green plan” initiative covers several aspects relating to quality of student life, the working conditions of the personnel, transport and health. A one-stop shop project to combine all the services on offer to students is also ready to be launched. A vice-chairman and a person in charge of the environment and “green plan” coordi-

nate the program as a whole.

What direction will your next strategic development project take? The law of July 22, 2013 on higher education provided for the creation of the Communities of Universities and Establishments. We are therefore strongly committed to the establishment of the ComUE Normandy University. Future strategic development projects will revolve around energy sobriety, digital transition, the attractiveness of the campus and a more integrated restructuring of research and innovation. Furthermore, next school year the University of Rouen will open "ESITech", a school of engineers, with two specialties: engineering physics and technology. It also will try out a “health sciences” degree, with the aim of diversifying recruitment in the medical sector. It is necessary from now on to deploy all means necessary so that these beautiful projects can be carried out and made sustainable n

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 47


Novembre 2014 | Haute-Normandie

ENTRETIEN | Cofinancée par l’État, OSEO, la Région Haute-Normandie et l’Union Européenne, l’agence Seinari encourage et soutient la création de projets innovants. Elle s’appuie pour cela sur une dynamique entrepreneuriale confortée par une démarche réseau (réseaux d’entreprises et réseau d’appui à l’innovation) efficace.

“Développer l’esprit d’entreprendre”

Souvent, les chefs d’entreprise se sentent seuls face à la stratégie qu’il convient d’adopter pour mener à bien leurs projets. Le fait d’intégrer un réseau leur permet d’échanger, de s’informer et de collaborer ensemble dans le cadre d’une filière ou d’un cluster, le tout en élargissant leur vision de l’économie régionale. Créatrice d’idées nouvelles, cette synergie favorise l’émergence de partenariats avec d’autres confrères en répondant aux interrogations en interne : autant de facteurs qui luttent contre l’isolement et éveillent un regard différent sur sa propre structure.

partenariat avec la filière Normandie AeroEspace),

à risque de leur structuration, en les orientant vers les bons acteurs et les soutiens les plus pertinents.

n l’efficacité des systèmes énergétiques à propulsion (avec le pôle de compétitivité Mov’eo),

Dans quelle mesure la Haute-Normandie se montre-t-elle compétitive à l’échelle européenne ? Que lui manque-t-il pour conforter son tissu économique, à votre avis ?

n les nouvelles technologies en chimie et les biologies appliquées à la santé et au bienêtre (avec la Technopole CBS - Chimie Biologie Santé),

Très portée sur l’industrie, la HauteNormandie s’attache à diversifier ses projets innovants, tant sur les plans technologiques que de management d’entreprise. Dans le cadre de la smart spécialisation, six grands secteurs de pointe ont été déterminés dans notre région, SEINARI assure, avec un partenaire du réseau de l’innovation, le suivi des projets concernés :

n la fiabilité et le vieillissement des matériaux, n la performance logistique (avec le pôle de compétivité Novalog), n l’éolien (en partenariat avec la filière Energies en Haute-Normandie).

n la fiabilité des systèmes et des composants dans les systèmes embarqués (en

Plus concrètement, en quoi consiste votre stratégie de soutien à l’innovation régionale ? Seinari a choisi de miser essentiellement sur l’esprit et les qualités entrepreneuriales du porteur de projet et l’effet démultiplicateur de son intégration en réseau ; favorisant le contact avec les bons interlocuteurs. Cette approche possède de multiples avantages, augmentant à la fois la visibilité, le potentiel de développement et d’innovation des entreprises et leur permettant de saisir des opportunités nouvelles. Le management d’un projet innovant nécessite de répondre à des enjeux très divers, nos conseillers accompagnent les entrepreneurs dans les phases les plus amont qui sont aussi les plus 50 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

© Seinari

L’innovation se définit par la capacité d’inventer de nouveaux produits et les améliorer : dans quelle mesure le travail en réseau améliore-t-il la compétitivité des entreprises haut-normandes ?

Cette dynamique régionale s’appuie sur des écosystèmes innovants, elle encourage également l’émergence de compétences et de ressources économiques nouvelles à l’exemple des soutiens qui sont apportés par la Région de Haute-Normandie et la Métropole Rouennaise au développement d’une véritable filière web et numérique n Propos recueillis par Pauline Pouzankov

Didier Pézier Président de Seinari (l’Agence de l'innovation en région Haute-Normandie)


Interview with: Didier Pézier, Chairman of Seinari (the Upper Normandy Regional Agency for Innovation)

“Developing entrepreneurship”

Supported by Seinari, the Rouen-based start-up company GAMIT has launched a smartphone application “En-Quête Rouen” which enables the visitors to discover the town along a playful and cultural route.

Co-financed by the State, OSEO, the Upper Normandy Region and the European Union, the Seinari agency encourages and supports the creation of innovative projects. For this it relies on an entrepreneurial dynamic reinforced through an effective network approach (networks of business and innovation support network).

Innovation is defined as the ability to invent new products and improve them: to what extent does networking improve the competitiveness of companies in Upper Normandy? Often, entrepreneurs feel alone when deciding which strategy should be adopted to carry out their projects. Joining a network allows them to exchange, learn and collaborate in a sector or a group, whilst expanding their vision of the regional economy. Creative of new ideas, this synergy supports the emergence of partnerships with fellowmembers whilst responding to questions internally: many factors that fight against insulation and awaken a different glance on one's own structure. More concretely, in what does your stra-

tegy of support for regional innovation consist? Seinari has chosen to capitalise primarily on the spirit and entrepreneurial qualities of the project leader and the leveraging effect of joining a network; promoting contact with good people. This approach has multiple advantages, increasing at the same time the visibility, development potential and innovation of companies and enabling them to grab new opportunities. The management of an innovative project needs to respond to very varied stakes, our advisers support entrepreneurs in the more upstream phases which are also the most at risk of their set up, by directing them towards good players and the most relevant support.

To what extent is Upper Normandy competitive on a European scale? What is missing to consolidate its economic fabric, in your opinion? Very focused on industry, Upper Normandy attempts to diversify its innovative projects, as much on the technological level as on the company management level. Within the framework of smart specia-

lisation, six wide-growth industries were defined in our area. SEINARI ensures, with a partner from the innovation network, follow-up on the projects in question: n reliability of the systems and the components in the systems used (in partnership with the Normandy Aerospace sector), n effectiveness of propulsion energy systems (with the Mov'eo centre of expertise), n new technologies in chemistry and the biologies applied to health and the wellbeing (with CBS Technopolis - Chemistry Biology Health), n reliability and ageing of materials, n logistical performance (with the Novalog centre of expertise), n offshore wind farming (in partnership with the Upper Normandy energy sector).

This regional policy is based on innovative ecosystems, it also encourages the emergence of new skills and economic resources following the example of support offered by the Upper Normandy Region and the Metropolis of Rouen to the development of a genuine web and digital sector n

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Hau et d The te-noemai Upp r n er N man la of t orm die o a

ENTRETIEN | À l’horizon d’une Normandie réunifiée en 2016, Nicolas Mayer-Rossignol, le président de la Région Haute-Normandie, dresse un portrait ambitieux et enthousiaste du territoire de demain.

mo nd rrow y

Big-Bang territorial : la Haute et la Basse-Normandie ne feront plus qu’une seule Normandie en 2016

Nous ne devons pas avoir peur du changement s’il va dans le sens du progrès. Notre pays a besoin de simplification et de clarification. Simplifier, c’est rendre la politique plus compréhensible et donc plus démocratique. Clarifier, c'est dire qui fait quoi. Supprimer les doublons sans supprimer les services rendus aux habitants, c’est faire des économies et améliorer l’action publique. Nos concitoyens, nos entreprises, nos forces vives l'attendent. Nous travaillons déjà sur de nombreux projets en coopération avec nos amis bas-normands. Les projets n’ont que faire des frontières administratives pour nous depuis longtemps. Nous sommes prêts pour bâtir ensemble cette Normandie du 21ème siècle.

Concrètement, comment préparez-vous aujourd’hui la grande Normandie de demain ? Ma première démarche est d’écouter les besoins, les interrogations que les HautNormands expriment, un peu partout sur le territoire, au sujet de cette fusion. J’ai d’ores et déjà tenu une série de rencontres à l’occasion de réunions publiques consacrées à l’avenir de notre Région, que je compte amplifier. La concertation est indispensable pour que les Normands soient les acteurs de cette réforme. De nombreuses questions cruciales sont soumises à la réflexion : quel projet com-

mun ? Comment préserver la proximité des services publics et l’équilibre des territoires, auxquels je suis très attaché? Quelles compétences et quels moyens? Par ailleurs, nous avons saisi conjointement avec mon homologue de Basse-Normandie les Conseils économiques, sociaux et environnementaux pour leur demander d’examiner les politiques pouvant être mises en convergence le plus vite possible afin de préparer au mieux cette évolution. Notre objectif est de proposer un premier budget commun dès janvier 2016. Quelles politiques souhaitez-vous voir développer comme emblèmes de la future Normandie ? Notre priorité n°1, c’est l’emploi ! Nous avons aujourd’hui une base solide pour

© David Morganti RHN

Comment avez-vous réagi suite à l’annonce de la réforme territoriale qui verra les deux Normandie réunifiées en 2016 ?

bâtir une grande Eco-Région attractive et solidaire, autour de la vallée de la Seine, avec la réalisation des parcs éoliens de Fécamp, du Tréport, de Courseulles-sur-mer, l’installation d’éoliennes et d’hydroliennes, le développement des ports de Cherbourg, du Havre, de Dieppe… Avec cette nouvelle filière industrielle des énergies marines renouvelables, c’est l’espoir de voir des milliers d’emplois directs et indirects, nondélocalisables, créés. Elle complète un panorama économique déjà riche de plusieurs filières d’excellence : l’automobile du futur, l’aéronautique, les technologies électroniques sécurisées, la logistique et le portuaire, la chimie-biologie-santé, l’industrie agro-alimentaire, la pêche… Notre autre point fort, c’est le nom “Normandie”, connu dans le monde entier et un patrimoine exceptionnel (les plages du Débarquement, les jardins de Claude Monet, le Mont-SaintMichel, les falaises d’Etretat, la Cathédrale et le Gros Horloge à Rouen, l’Abbaye de Jumièges, le centre-ville du Havre, la cathédrale de Lisieux) qui font de la Normandie l’une des régions où la dynamique touristique est actuellement la plus forte. À nous de l’amplifier n Propos recueillis par Julien Dreyfuss

Nicolas Mayer-Rossignol Président de la Région Haute-Normandie

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 55

?


Novembre 2014 | Haute-Normandie

Interview with: Nicolas Mayer-Rossignol, Chairman of the Upper Normandy Region

Territorial big-bang: Upper and Lower Normandy will make just one Normandy in 2016

ROUEN SAINT-LO CAEN EVREUX

ALENÇON

With the prospect of a unified Normandy in 2016, Nicolas MayerRossignol, President of the Upper Normandy Region, draws an ambitious and enthusiastic portrait of the region of tomorrow.

How did you react to the announcement of the territorial reform, which will see the two Normandies unified in 2016? We should not be afraid of change if it goes in the direction of progress. Our country needs simplification and clarification. To simplify is to make policy more comprehensible and thus more democratic. To clarify is to say who does what. To remove doubling up without removing the services to the inhabitants, is to make savings and improve public policy. Our fellow-citizens, our companies, our strong voices are waiting for

this. We are already working on many projects in co-operation with our friends in Lower Normandy. For us projects have only had administrative borders for a long time. We are ready to build together this Normandy of the 21 st century.

Concretely, how are you preparing today the big Normandy of tomorrow? My first step is to listen to the needs and questions of the people of Normandy, across the whole territory, regarding this fusion. I have already held a series of summits at public meetings devoted to the future of our Region, which I intend to scale up. Dialogue is essential in order that the people of Normandy be the players in this reform. Many crucial questions have been subject of reflexion: what projects are you undertaking in common? How will we preserve the proximity of public services and

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the balance of the territories, to which I am much attached? With what expertise and by what means? In addition, along with my counterpart of Lower Normandy, we jointly approached the economic, social and environmental Councils to ask them to examine the policies that can be put together as quickly as possible in order to prepare this change as well as possible. Our objective is to propose a first common budget from January 2016.

What policies do you wish to see develop as emblems of future Normandy? Our number one priority is employment! We now have a solid base to build a large attractive and interdependent Eco-Region, around the valley of the Seine, with the realisation of the wind parks of Fécamp, Tréport and Courseulles-sur-mer, the installation of windmills and marine turbines, the development of the ports of Cherbourg, Le Havre and Dieppe… With this new industrial sector of renewable marine energy, we hope to see the creation of thousands of non-offshorable, direct and indirect jobs. This supplements an already rich economic panorama several sectors of excellence: the car of the future, aeronautics, protected electronic technologies, logistics and the harbour complex, chemistry-biology-health, the food industry, fishing… Our other strong point, it is the name “Normandy”, known across the world and an exceptional heritage (the Normandy landing beaches, the gardens of Claude Monet, Mount-SaintMichel, the cliffs of Etretat, the Cathedral and the Large Clock in Rouen, the Abbey of Jumièges, the historic city centre of Le Havre, the cathedral of Lisieux) which make Normandy one of the regions where tourist dynamics are currently strongest. Up to us to amplify it n


Novembre 2014 | Haute-Normandie

ENTRETIEN | Terre d’énergies, la Haute-Normandie s’attaque aux émissions de gaz à effet de serre par le biais des projets qu’elle poursuit, particulièrement celui de l’Axe Seine.

Aménagement du territoire : quels projets pour un territoire durable?

Notre territoire est fortement marqué par le poids de son industrie. Cela étant, il ne faudrait pas voir la Haute-Normandie comme une grosse cheminée qui fume ! La protection de l’environnement est un élément pris en compte avec beaucoup d'intérêt dans nos politiques régionales et défendu avec conviction par les élus régionaux, notamment ma collègue Véronique Bérégovoy en charge de l’environnement. Le conseil régional a adopté en juin 2007 le plan climat énergies. Il vise à intégrer la lutte contre le changement climatique dans l'ensemble des politiques de la Région. Il favorise et accompagne des actions concrètes pour que chaque Haut-Normand puisse participer à la lutte contre les changements climatiques.

gique et favoriser l’émergence sur notre territoire de filières d’envergures internationales dans les énergies alternatives.

afin de s’assurer que nos objectifs en termes de développement durable soient respectés.

Nous aidons aussi les Haut-Normands à réduire leurs consommations d’énergie et donc réduire les émissions de gaz grâce au “chèque Énergies” qui les aide à mieux isoler leur maison.

Certains voient dans le projet de développement de la Vallée de la Seine l’occasion d’une triple reconquête écologique du fleuve : économique, environnementale et citoyenne. Quel est votre sentiment ?

La Région a également adopté un SRCAE (schéma régional climat-air-énergie) élaboré avec la préfecture ; un document chargé de définir une stratégie régionale répondant aux engagements nationaux et internationaux de la France sur les questions du climat, de l’air et de l’énergie, une feuille de route qui fixe des priorités pour une “région durable” à l’horizon 2020. Enfin, nos aides économiques sur les travaux sur les bâtiments publics sont éco-conditionnées, ceci

Dans le cadre des contrats de territoires, la Région a élaboré un Schéma régional d'aménagement et de développement du territoire (SRADT) qui fixe les orientations fondamentales, à moyen terme, du développement durable du territoire régional. La Haute-Normandie est la 1ère région énergétique en termes d’emploi et de production de richesse. Nous avons le devoir de permettre l’émergence de projets énergétiques alternatifs et de les accompagner. Ainsi, grâce à la mise en place de l’“appel à projets Énergies”, la Région accompagne et soutient depuis 2011 les projets d’avenir pour préparer la mutation économique et écolo58 | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | Les dossiers Territoires

L’Axe Seine est la colonne vertébrale de notre territoire. Ce projet est le prolongement du travail que nous menons avec les collectivités locales notamment d’Ile-deFrance et de Basse-Normandie depuis plusieurs années pour l’aménagement de nos territoires.

© Région Haute-Normandie

Quelle est la stratégie régionale de développement durable ?

C’est un projet ambitieux, l’un des plus grands défis d’aménagement du territoire actuels (qui représente 1/3 du PIB national) et qui permet d’aborder les enjeux stratégiques pour notre territoire : la Ligne Nouvelle Paris-Normandie (LNPN) ; les éco-mobilités, en particulier la mobilité électrique ; le développement des ports ; l’avenir de l’industrie ; les projets culturels et touristiques communs ; sans oublier le préservation de la biodiversité protection et l’amélioration de la qualité de l’eau n Propos recueillis par Anaïs Normand

Laurent Logiou Conseiller régional de Haute-Normandie, 4ème viceprésident délégué à l'aménagement des territoires


Novembre 2014 | Haute-Normandie

Interview with: Laurent Logiou, Regional Advisor of Upper Normandy, 4th vice-president delegate to regional planning

Land of energies, Upper Normandy is tackling greenhouse gas emissions by means of the projects it pursues, particularly the Seine Axis project.

© Région Haute-Normandie

Regional planning: which projects lead to a sustainable region?

What is the regional sustainable development strategy? Our territory is strongly marked by the weight of its industry. However, we should not see Upper Normandy as a big smoking chimney! The protection of the environment is an element taken into account with a lot of interest in our regional policies and defended with conviction by elected regional representatives, including my colleague Véronique Bérégovoy in charge of the environment. In June 2007, the Regional council adopted the climate energy plan. It aims to integrate the fight against climate change into all policies in the Region. It promotes and supports concrete actions so each inhabitant of Upper Normandy can participate in the fight against climate change. Within the framework of territorial contracts, the Region has developed a regional Diagram of planning and development of the territory (SRADT), which sets the fundamental directions, in the medium term, for the sustainable development of the regional territory. Upper Normandy is the number 1 region for energy in terms of use and wealth creation. We have the duty to allow the emergence of alternative energy projects and to support them. Thus, thanks to the implementation of the “call for energy projects”, the Region has promoted and supported, since 2011, future plans to prepare for economic and ecological transition and foster

Upper Normandy is strongly marked by the weight of its industry.

in our territory alternative energy sectors of international scope. We also help the inhabitants of Upper Normandy to reduce their energy consumption and therefore reduce gas emissions thanks to the “energy cheque” that helps better insulate their homes. The Region also adopted a SRCAE (regional climate-air-energy plan) developed in collaboration with the prefecture; a document responsible for defining a regional strategy answering the national and international engagements of France on the questions of climate, air and energy, a roadmap which fixes priorities for a “sustainable region” by 2020. Finally, our economic subsidies for work on public buildings are “eco-conditioned” in order to make sure that our objectives in terms of sustainable development are respected. Some see the Seine Valley development project as an opportunity for a triple

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ecological reconquest of the river: economic, environmental and citizen. What is your feeling? The Seine axis is the spinal column of our territory. This project is the prolongation of the work we have undertaken over several years with the local communities in particular Ile-de-France and Lower Normandy for the development of our territories. It is an ambitious project, one of the greatest current challenges of regional planning (which accounts for 1/3 of the national GDP) and which makes it possible to tackle the strategic stakes for our territory: the New Paris-Normandy Line (LNPN); ecomobility, in particular electric mobility; the development of the ports; the future of industry; cultural and tourism projects in common; without forgetting the safeguarding of biodiversity and the protection and improvement of water quality n


ENTRETIEN | Si la Haute-Normandie, du fait de son héritage industriel et de ses activités de pétrochimie et de raffinage, souffre d’une pollution importante, plusieurs initiatives s’efforcent d’améliorer sa situation environnementale. Le Conseil régional multiplie les actions à cette fin.

Agir pour la transition énergétique Pouvez-vous nous présenter les principales actions du Conseil régional en matière d’écologie ?

forte mobilisation de la Région, le gouvernement vient d’attribuer le projet de parc éolien en mer au Tréport.

Un premier volet concerne la préservation de l’environnement et de la biodiversité. Différents acteurs que nous soutenons contribuent à ce travail, à l’image du Conservatoire d’Espaces Naturels, du Conservatoire du Littoral ou de l’Agence Régionale de l’Environnement de Haute-Normandie. Par ailleurs, un Schéma Régional de Cohérence Écologique (SRCE) doit être présenté d’ici à l’automne. Issu de la loi Grenelle II, piloté par la Région et l'Etat, construit avec l'ensemble des acteurs concernés, il permet d'identifier les secteurs essentiels à protéger, afin de limiter l'artificialisation des sols et de fournir aux pouvoirs publics un outil d’aide à la décision. Le second volet porte sur l’énergie, essentiellement par le biais d’un Schéma Régional Climat Air Energie, voté en 2013. Il permet de dresser l’état des lieux en matière d’émissions de gaz à effet de serre, de consommation et d’énergies renouvelables, pour établir une stratégie d’action. Cette dernière tend vers l’objectif des “trois fois vingt” (baisse de 20 % des émissions de gaz à effet de serre et de l’énergie utilisée, augmentation de la part des énergies renouvelables à 20 % dans la consommation totale d'énergie d’ici 2020). Pour cela, différentes orientations avec des objectifs chiffrés par secteur ont été élaborées, dont la rénovation de 20 000 logements par an. Dès 2010, un Chèque Energies a également été proposé pour les habitations individuelles, visant à faire baisser leurs consommations, et leurs factures ! Et récemment, suite à une

Pouvez-vous nous présenter les principales politiques incluses dans le “Plan climat énergies” adopté par votre Région en 2007 ?

Ayant évalué l’efficacité de chaque mesure prise en 2007, nous travaillons sur le prochain plan pour la période 20152020. Il intègrera la problématique de l’air (Plan Air Climat Énergie Régional), prolongera les mesures jugées bénéfiques tout en s’adaptant aux nouvelles normes et aux nouveaux objectifs. Parmi les innovations, l’introduction du tiers-financement pour soutenir massivement la rénovation énergétique des bâtiments a notamment été décidée.

Ce plan est relatif, entre autres, aux économies d’énergie dans le fonctionnement de l’appareil régional. Des mesures très concrètes ont ainsi été prises, favorisant par exemple la rénovation des lycées, les plans de déplacements du personnel, ou subventionnant des projets respectueux de l’environnement. En 2010, un “Appel à projet Energies” a par ailleurs été mis en place pour encourager des initiatives de Recherche/ Développement qui portent sur des enjeux environnementaux et énergétiques. © Groupe EELV - Région Haute-Normandie

Quelles démarches pourront permettre de mieux préserver l’environnement dans le futur ? Engager la transition écologique est essentielle. L’une des clés de l’avenir se situe dans la prise de conscience et la sensibilisation de tous. Des structures telles que l’Observatoire de la Biodiversité de Haute-Normandie, inauguré en 2010, permettent de faire connaître les enjeux liés à la préservation de l’environnement. Car pour se soucier de quelque chose, encore faut-il l’appréhender et le comprendre. C'est pour cela que nous allons lancer deux appels à projets, l'un sur la biodiversité, l'autre sur l'éducation à l'environnement et au développement durable, pour mobiliser le maximum d'acteurs sur ces enjeux n Propos recueillis par Sacha Grynbaum

Véronique Bérégovoy 11e Vice-présidente du Conseil régional de Haute-Normandie, déléguée à l’environnement, au plan climat-énergies et au logement

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 61


Novembre 2014 | Haute-Normandie

Interview with: Veronique Bérégovoy, 11th Vice-president of the Regional Council of Upper Normandy, delegate to the environment, the climate-energy plan and housing

© CC BY-SA 3.0

Acting for energy transition their consumption, and their bills! And recently, following a strong mobilisation of the Region, the government has given the offshore wind farm project to Tréport. Can you tell us about the main policies involved in the “Plan climat énergies” adopted by your Region in 2007?

The “Plan climat énergies” relates, among other things, to the energy economy within the operation of the regional apparatus.

Whilst Upper Normandy, because of its industrial heritage and its petrochemistry and refining activities, suffers from significant pollution, several initiatives are trying to improve its environmental situation. The Regional Council is multiplying activities to this end.

Can you tell us about the principal activities of the Regional Council as regards the ecology? A first segment relates to the safeguarding of the environment and biodiversity. We support various players who contribute to this work, like the Conservatoire d’Espaces Naturels, the Conservatoire du Littoral and the Regional Agency for the Environment of Upper Normandy. In addition, a Regional Plan for Ecological Coherence (SRCE) must be presented between now and autumn. Resulting from the Grenelle II law, controlled

by the Region and the State, built in conjunction with all the players involved, this plan makes it possible to identify the sectors it is essential to protect in order to limit the modification of the soil and provide the authorities with a tool to aid decisionmaking. The second segment relates to energy, primarily by means of a Regional Climate Air Energy Plan, voted on in 2013. It makes it possible to draw up an inventory of fixtures regarding greenhouse gas emissions, from consumption and from renewable energies, in order to establish an action plan. The latter is aiming towards the “three times twenty” objective (20% drop in greenhouse gas emissions and energy used, increase in share of renewable energies to 20% of overall consumption of energy by 2020). To that end, various directives with quantitative objectives per sector were worked out, including the renovation of 20,000 homes per annum. Since 2010, an “Energy Cheque” has also been on offer for private homes, aiming to cause a drop in

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This plan relates, among other things, to the energy economy within the operation of the regional apparatus. Very concrete measures have been taken, promoting for example the restoration of colleges, personal travel plans, and subsidies for projects that respect the environment. In 2010, a “Call for Energy projects” was also set up to encourage Research and Development initiatives relating to environmental and energy stakes. Having evaluated the effectiveness of each measure taken in 2007, we are working on the next plan for the period 2015-2020. It will include the issue of air (Regional Air Climate Energy Plan), will prolong the measures considered to be beneficial whilst adapting to the new standards and objectives. Among the innovations, it was in particular decided to introduce thirdparty financing to strongly uphold the energy restoration of buildings. What steps will make it possible to better preserve the environment in the future? It is essential to begin the ecological transition. One of the keys to the future is to awaken and sensitise people to the issues at stake. Infrastructure such as the Biodiversity Observatory of Upper Normandy, inaugurated in 2010, allows us to make known the issues related to safeguarding the environment; because to care about something, it is necessary to know and understand it. For this reason we are launching two calls for projects, one on biodiversity, the other on education about the environment and sustainable development, to mobilise the maximum number of players around these issues n


ENTRETIEN | Portée par son industrie performante, une agriculture fructueuse et un sens pointu de l’innovation, la Haute-Normandie donne le ton aux autres Régions françaises, tant en termes d’ambition que de prospérité.

“Une terre apaisée sur la voie de la réussite” Incarnant la continuité de l’État sur ce territoire, quels sont les sujets de préoccupation majeure en Haute-Normandie ? Le Haute-Normandie est la troisième région industrielle française. Mais pas seulement, car c’est aussi une terre d’agriculture et d’innovation. Du tissus au verre et en passant par les énergies (notamment l’éolien), elle dispose de tous les atouts d’un territoire porteur de développement, et a prouvé à chaque fois ses capacités à rebondir. En ce sens, dans quelle mesure la préfecture doit-elle jouer un rôle de communication et de pédagogie envers ses administrés ? Le préfet de région est le représentant de l’État en région. C’est à dire qu’il est sur le territoire, le représentant du Premier ministre et de chacun des ministres. En cela, son rôle est de mettre en œuvre l’ensemble des politiques gouvernementales, avec tout ce que comporte l’interministérialité. Il est un partenaire, non seulement des élus en Région mais aussi de l’ensemble des forces vives. Fortement marquée par l’industrie et l’innovation (notamment l’éolien en mer), quels sont les atouts de la Haute-Normandie à l’échelle nationale et européenne, selon vous ? Je vous l’ai dit, la Haute-Normandie est une région ambitieuse qui s’inscrit dans la cour des grands. Récemment, elle vient encore de montrer la voie sur les énergies éoliennes. C’est une terre d’énergie qui donne l’exemple dans la transition énergétique voulue par

le gouvernement. C’est aussi une terre industrielle qui aime toutes les formes d’industrie et qui, de par son histoire et ses traditions, possède de grandes qualités d'adaptation. Elle le démontre au quotidien. Quels objectifs vous-êtes vous fixés pour “booster” le territoire haut-normand au terme de votre mandat ? Un préfet, de surcroît de région, est au service de son territoire et de ses habitants. J’ai cette mission que j’assume tous les jours avec les élus et notamment le président de la Région. Nous avons parlé d’industrie, mais je pense bien évidemment et en premier lieu à l’emploi, qui est ma priorité. À l’heure où nos compatriotes souffrent trop souvent du chômage et de la précarité, je me félicite que la Haute-Normandie affiche actuellement une légère baisse du chômage. Je ferai tout, avec mes partenaires, pour favoriser cette tendance. C’est un devoir.

Quel visage pour la Haute-Normandie de demain ? Une terre apaisée, qui a su trouver la voie d’une réussite post industrielle et le chemin du dialogue avec les territoires qui l’entourent, au sein de la vallée de la Seine. Une région européenne, fière d’appartenir à cet espace et qui a pour ambition de construire la paix et la prospérité pour ses habitants n Propos recueillis par Pauline Pouzankov

Pierre-Henry Maccioni Préfet de Région Haute-Normandie

Les dossiers Territoires | LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN | 63


Novembre 2014 | Haute-Normandie

Interview with: Pierre-Henry Maccioni, Upper Normandy Regional Prefect

© Alan Aubry – Département de Seine-Maritime

“A land of peace on the way to success”

“Upper Normandy is an ambitious region, which takes its place among the greats.”

Carried by its powerful industry, a profitable agricultural sector and a keen nose for innovation, Upper Normandy sets the tone for the other French Regions, both in terms of ambition and prosperity.

the territory, he is the representative of the Prime Minister and each minister. In that, the role is to implement the governmental policies as a whole, with all the interministeriality that this entails. He is a partner, not only of the elected officials in the Region, but also of all the strong voices.

Embodying the continuity of the State in this territory, what areas are of major concern in Upper Normandy?

Strongly marked by industry and innovation (in particular offshore wind farming), what are, according to you, the assets of Upper Normandy on a national and European scale?

Upper Normandy is the third French region for industry, but not just that, because it is also a land of agriculture and innovation. From fabric to glass via energy (in particular wind), it has all the attributes necessary to be a territory of development, and has proved its capacity to rebound every time. In this sense, to what extent does the prefecture have a communication and pedagogy role towards its residents? The prefect of region is the representative of the State in area. That is to say on

As I have told you, Upper Normandy is an ambitious region, which takes its place among the greats. Recently, it has once more led the way on wind power. It is a land of energy, which is setting an example in the energy transition desired by the government. It is also an industrial land which likes all forms of industry and which, in terms of its history and traditions, has great qualities of adaptation. It demonstrates this daily. What objectives have you set to “boost”

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the Upper Normandy region by the end of your mandate? A prefect, especially regional, is at the service of his region and its inhabitants. I have this mission, which I take on every day with the elected officials and in particular the president of the Region. We have spoken about industry, but I think obviously and first of all of employment, which is my priority. At a time when our compatriots too often suffer from unemployment and precariousness, I am pleased that Upper Normandy currently posts a slight fall in unemployment. I will do everything, with my partners, to support this trend. It is a duty. What does the Upper Normandy of tomorrow look like? A land of peace, which has managed to find the way to post-industrial success and the way of dialogue with the surrounding territories, within the valley of the Seine. A European region, proud to belong to this space, and with ambition to build peace and prosperity for its inhabitants n


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