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PARLEMENT LE MAGAZINE DES GRANDS ENJEUX

Fondé en 1960

N°864 / 2017 - 12,00 €

Anne HidAlgo :

N°864 / 2017 - 12,00 €

LES DERNIERS JOURS DU GOUVERNEMENT DONALD TRUMP ET L’EUROPE

“nous ne sommes pAs en guerre contre lA voiture, mAis contre lA pollution AtmospHérique”

DOSSIER : LA CALI, UN PÔLE DE DÉVELOPPEMENT STRATÉGIQUE DE LA GIRONDE SUPPLÉMENT : LE GARD, ATTRACTIVITÉ, DYNAMISME ET VITALITÉ ÉCONOMIQUE


ÉDITORIAL par Jean-François Bège

© Vernier/JBV NEWS

Les cLoches de Rome

I

l y a soixante ans, le 25 mars 1957, le maire de Rome avait eu l’idée de faire tinter les campaniles de sa ville pour célébrer la signature en période pascale du traité instituant le Marché Commun, première esquisse des institutions supranationales de l’après-guerre. Par un curieux retour des choses, il est loisible de constater que, l’anniversaire de ce pacte fondateur tombant en pleine campagne présidentielle française, les plus ardents partisans de la construction européenne se feraient plutôt “sonner les cloches” en ce moment. On n’en est certes plus, chez les europhobes d’aujourd’hui (qui ont la particularité d’être en général rétribués comme parlementaires par les institutions de Bruxelles et Strasbourg) à fustiger “l’Europe noire”, celle des soutanes. Cette caricature était inspirée par l’appartenance à la mouvance démocrate-chrétienne des pères fondateurs, notamment le français Robert Schuman. Un autre fantasme, émanant comme il se doit du puissant parti communiste de l’époque, voulait que la réunion des états européens dans une perspective fédérale ne puisse être qu’une création de la CIA et du Département d’Etat américain. Ces vieilles histoires ont la peau dure. Il est sidérant de les voir resurgir, sous des formes plus ou moins complotistes, dans un véritable salmigondis politicien alliant tout et son contraire. Un seul exemple à ce sujet mais on pourrait en trouver dix autres : l’Europe serait le fer de lance de l’économie mondialisée alors même que les ultra-libéraux, derrière Trump et les partisans du Brexit, ne rêvent que d’une chose : voir l’Union européenne et la zone euro exploser pour pouvoir spéculer à cœur joie sur les monnaies faibles et profiter de la levée des normes en tous domaines. Qui, dans notre grand steeple-chase présidentiel, sait encore défendre l’Europe des pères fondateurs, son rôle majeur pour la Paix du continent, la reconstruction, l’avènement de la démocratie après Franco, Salazar et les colonels, puis les tyrans rouges des satellites de l’Est ? Qui dira, qu’en dépit des difficultés et de tout ce qu’il faut modifier aujourd’hui en matière agricole, l’objectif essentiel qui était de ne pas mourir de faim dans les années cinquante a été plus qu’atteint ? Que l’on ne parle de l’Union européenne dans une campagne présidentielle que pour la maudire ou la défendre du bout des lèvres reste dommageable. C’est contraire à l’investissement financier et intellectuel consenti par tout notre peuple, avec plus ou moins d’enthousiasme, sur six décennies. Mais il y a plus grave et cela interpelle autant les responsables des grandes chaînes de télévision que nos politiques : le silence, la méconnaissance des mécanismes fondamentaux comme de la simple actualité. Une présidentielle en France, c’est comme une grande crise d’infantilisme. Ce que les psychiatres appellent le “syndrome de Peter Pan”. On voudrait ne pas savoir ce que les adultes font à côté de nous. Autour de l’anniversaire du Traité de Rome s’orchestre pourtant une triple réflexion. À propos de l’opposition entre la surenchère fédéraliste et la démagogie nationalpopulisme anti-européenne, d’abord. Il faut en sortir par plus de pédagogie démocratique. Quant à la taille possible, ensuite, de futurs sous-ensembles (la fameuse “Europe à plusieurs vitesses” vers laquelle on s’achemine sans doute). Au sujet, enfin, de la meilleure façon de rappeler le principe de base : ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous sépare. Tout simplement parce que l’on peut relever à plusieurs des défis que l’on ne saurait affronter seuls n

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ÉDITORIAL... Les cloches de Rome par Jean-François Bège.

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EN COUVERTURE

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POLITIqUE

Anne hidalgo : “Nous ne sommes pas en guerre contre la voiture, mais contre la pollution atmosphérique” propos recueillis par pauline pouzankov. Le “fiasco” du centre de déradicalisation de Pontourny par Delphine sitbon.

10 ANALYSE

L’etat ne ferme pas boutique par François Domec. clap de fin pour claude Bartolone par pauline pouzankov.

12 INTERNATIONAL

L’après Brexit : sursis ou… sursaut ? par aurélie Baert.

décret anti-avortement : Trump signe, les députés européens s’indignent par Delphine sitbon.

16 POLITIqUE

Antoine Bueno : “Voter ne sert à rien” propos recueillis par pauline pouzankov.

Les lionceaux de la gauche par Delphine sitbon.

L’utilité de l’eNA débattue au sénat par Delphine sitbon.

“L’appel des solidarités” : un vote avant l’heure par aurélie Baert.

23 TRIBUNE 18

L’inquiétude d’un dentiste hospitalo-universitaire par le professeur stéphane simon, praticien hospitalier, Université paris Diderot, groupe hospitalier de la pitié-salpêtrière.

24 ÉCONOMIE Julien dourgnon, penseur moderne du revenu universel

par Justine Hagard.

26 SOCIÉTÉ michèle Rivasi : “le logo Nutri-score est une petite victoire”

propos recueillis

par pauline pouzankov.

Laboratoires et facultés de médecine : une amitié toxique ? par Delphine sitbon. Flore Berlingen : “la démarche zéro déchet n’est plus un tabou” propos recueillis par pauline pouzankov.

Égalité filles-garçons : les enseignants aussi doivent apprendre par Justine Hagard.

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“depuis la vache folle, la confiance entre citoyens et agriculteurs est rompue” propos recueillis par Delphine sitbon. La fin des pesticides est-elle amorcée ? par aurélie Baert.


38 LOCAL

L’axe seine : le projet numéro un en Normandie propos recueillis par pauline pouzankov.

courbevoie s’apprête à remodeler son centre-ville par Delphine sitbon.

42 CULTURE

L’Afrique se raconte au musée du quai Branly par Justine Hagard.

44 CHRONOLOGIE

par Justine Hagard et Delphine sitbon.

38 46 ZOOM EN COULISSES

manque de fibre en zone rurale / hommage à l’Assemblée nationale / Pénurie de saint-Jacques / Les “néonics” remis sur la table / La poésie : mémoire d’un pays / La Tour eiffel est-elle une “pizza burger à découper” ? / Les Français, “assistés” de l’intelligence artificielle / La nouvelle plateforme des territoires : un outil au service des élus et agents territoriaux...

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MAPPEMONDE

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DOSSIER

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PROSPECTIVE

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RENDEZ-VOUS MÉDIAS

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LIVRES

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TRIBUNE

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Les mains sales : tour d’horizon de la corruption dans le monde par pauline pouzankov. LA cALI, un pôle de développement stratégique de la Gironde sommaire détaillé page 53 donald Trump et l’europe : le feuilleton ne fait que commencer par François Domec. Face caméra : l’homme de droite vu... par son pote de gauche propos recueillis par Delphine sitbon. La géopolitique des séries ou le triomphe de la peur Le sexisme au travail, fin de la loi du silence ? Les chefs-d’oeuvre du moma espionnes : doubles vies sous haute tension dans les coulisses de la loi Lui, Président. Que reste-t-il des promesses de François hollande ? La commune est la forge républicaine où se façonne la démocratie par Jean Lassalle, Député de la 4 e circonscription des pyrénées-atlantiques, candidat à l’élection présidentielle.

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SUPPLÉMENT

Le Gard, attractivité, dynamisme et vitalité économiqueLe Gard, attractivité, dynamisme et vitalité économique sommaire détaillé page ii - iii

LE COURRIER DU PARLEMENT - Édité par Monde Edition S.A.S. - Siège : 3, rue Mornay, 75004 Paris - Téléphone : 01 44 54 05 50 - Fax : 01 44 54 05 55 E-mail : redaction@lecourrierduparlement.fr - www.lecourrierduparlement.fr n Directeur de la Publication - Rémy Lazimi n Secrétaire de rédaction - Sharon Lazimi n Rédacteur en chef - Jean-François Bège n Journalistes - Aurélie Baert, Jonathan Bensadoun, Sarah Bouchaïb, Julien Da Sois, Valentine De Brye, François Domec, Julien Dreyfuss, Justine Hagard, Pauline Pouzankov, Pierre Sauvey, Delphine Sitbon n Dessins - Julie De Halleux n Infographiste - Isabel Viana n Directrice de la communication - Danielle Decaris n Relations presse - Laurent Vigée n SUPPLÉMENT LE GARD : Remerciements - Mathieu Laurent, Elisabeth Montez, Raphaël Seznec, Vincent Taisseire n N° 864 n Numéro ISSN - 0045-8899 n Imprimé en France n Dépôt légal à parution n Photo couverture © Henri Garat / Toute reproduction, même partielle, des articles publiés dans ce numéro, nécessite explicitement le consentement écrit de l’éditeur.

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© Jean-Baptiste Gurliat

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Anne hidalgo :

“Nous ne sommes pas en guerre contre la voiture, mais contre la pollution atmosphérique” Piétonisation des voies sur berge, lutte contre la pollution, candidature parisienne aux Jeux Olympiques 2024 et élection présidentielle : autant de sujets sur lesquels s’exprime la maire de Paris dans nos colonnes.

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Le nombre de voitures dans Paris ne semble pas diminuer. La stratégie de piétonisation n’entraîne-t-elle pas l’asphyxie des autres axes de circulation, en particulier lors des heures de pointe ? Des parkings relais supplémentaires seront-ils prévus pour les personnes qui n’habitent pas à Paris et qui s’y rendent en voiture pour travailler ?

leur voiture polluante peuvent par exemple recevoir jusqu’à 400 euros de la part de la Ville, soit pour acquérir un vélo ou un triporteur électrique, soit pour financer leur première année de Pass Navigo. Les professionnels, de Paris et de petite couronne, sont éligibles à une aide allant de 3000 à 9000€ pour l’achat d’un véhicule électrique. Ces dispositifs ont l’intérêt d’être cumulables avec les aides de la Métropole du Grand Paris, de la Région et de l’Etat. Évidemment, il faut aussi que les transports en commun suivent… Si Paris est classée comme la ville la mieux desservie au monde, des efforts importants restent à faire à l’échelle de la petite et de la grande couronnes.

Ce sujet suscite beaucoup de passion et il est important d’y apporter de la raison. Je tiens d’abord à rappeler qu’avec mon équipe, nous ne sommes pas en guerre contre la voiture, mais contre la pollution atmosphérique. Elle est l’une des premières causes évitables de mortalité en France. Elle réduit de deux ans l’espérance de vie des Franciliens. Et à chaque pic de pollution, nous constatons une augmentation notable du nombre de consultations aux urgences pour des problèmes respiratoires. Cette crise sanitaire est comparable au scandale de l’amiante.

Les avaries répétées sur les lignes RER ne sont pas acceptables. J’ai interpellé Valérie Pécresse sur cette question, comme j’avais eu l’occasion de le dire à son prédécesseur. Il faut que le Conseil régional, dont c’est la compétence, investisse davantage dans ce domaine et qu’il ose l’innovation. J’ai par exemple demandé que l’on étudie l’accroissement des horaires d’ouverture d’une partie des lignes de métro, sur le même principe que ce qui est fait à Londres. Ce serait une avancée très utile pour les Franciliens. En ce qui concerne Paris, j’assume pleinement mes responsabilités, en allouant 381 millions d’euros par an au Syndicat des Transports d’Ile-de-France (STIF), dont un quart relève de la péréquation et sert à financer des infrastructures en dehors de son territoire.

“A Paris, le trafic routier est reponsable de plus de la moitié des émissions de particules polluantes."

Ces deux dernières années, le gouvernement a considérablement amélioré la réaction des pouvoirs publics aux pics de pollution. Nous devons cela à Ségolène Royal, qui a non seulement écouté les demandes formulées par les collectivités territoriales, mais qui a aussi su les traduire en actes, dans le cadre de la loi sur la transition énergétique. Mieux réagir aux pics de pollution ne doit toutefois pas nous faire oublier le véritable objectif : celui de préve© Nogues/JBV NEWS

Je suis convaincue que, dans quelques années, les industriels de l’automobile et les politiques qui n’auront pas agi à temps devront en répondre pénalement devant les tribunaux. Si en zone rurale, la première cause de cette pollution est le chauffage au bois, en zone urbaine il s’agit du trafic routier. À Paris, celui-ci est responsable de plus de la moitié des émissions de particules polluantes. C’est pourquoi notre ville est engagée depuis 2001 dans la réduction de la place de la voiture. Sous les deux précédents mandats, le trafic automobile intramuros a baissé de 30% et la pollution de l’air a diminué dans les mêmes proportions. Dès mon élection en 2014, j’ai tenu à poursuivre et à amplifier ces efforts. J’agis avec conviction, mais en aucun cas dans la précipitation. Le débat sur la piétonisation des rives de la Seine, par exemple, a été ouvert il y a quinze ans. Il figurait dans mon programme en 2014, pour une entrée en vigueur rive droite fin 2016 ! Entre temps, nous avons développé de nombreuses alternatives : les voies réservées aux bus et aux taxis, le tramway sur les Maréchaux, Vélib’, Autolib’, Utilib’…

Face aux pics de pollution constatés en Ile-de-France cet hiver, la circulation alternée a eu des effets réels mais limités sur la qualité de l’air. Quelles mesures pourraient permettre d’agir sur la pollution chronique, c’est-à-dire de tous les jours ?

L’offre de transports en commun devra compenser la réduction de l’usage de la voiture : quels développements faudraitil prévoir ? Pour encourager les citoyens à utiliser des modes de transport plus propres, il faut en effet adosser aux restrictions de circulation des mesures incitatives et positives. C’est le sens des vélos et des voitures électriques partagés, pour lesquels nous avons établis des grilles tarifaires volontairement très abordables. C’est aussi le sens d’une série d’aides que j’ai instaurées en 2014 avec mon adjoint aux transports, Christophe Najdovski. Les particuliers qui renoncent à

Anne hidalgo, maire de Paris, et son homologue de madrid, manuela carmena, visitent un camp de réfugiés dans la capitale française.

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© Jean-Baptiste Gurliat

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Anne hidalgo estime que “le gouvernement a considérablement amélioré la réaction des pouvoirs publics aux pics de pollution.”

nir les pics, en améliorant durablement la qualité de l’air. À moyen terme, nous pourrons y arriver en zone urbaine, avec la possibilité pour les villes de mettre en place des zones à circulation restreinte (ZCR), au sein desquelles les véhicules les plus émetteurs de pollution sont interdits. La première ZCR française est entrée en application à Paris en janvier dernier, avec l’instauration des vignettes Crit’air, qui permettent aux forces de police d’identifier facilement les contrevenants. A Paris, nous avons ainsi planifié l’interdiction progressive des véhicules les plus anciens, à un rythme volontariste tout en étant soutenable pour les citoyens. J’invite ceux qui doutent de ces mesures à regarder ce que d’autres grandes villes dans le monde ont fait. En dix ans, Tokyo a totalement éradiqué le diesel. Oslo est en train de le faire. Madrid, Bruxelles ou encore Mexico ont rendu piéton une grande partie de leur centre-ville. Berlin a mis en place des vignettes depuis dix ans… Chaque fois, les effets constatés sont très positifs. Apaiser la circulation, faire plus de place aux piétons, revient à améliorer le cadre de vie des habitants. C’est un atout social, mais aussi économique, car cela renforce notre attractivité. Peut-on “chiffrer“ le coût de la pollution de l’air à Paris ? Nous avons longtemps manqué d’études sur le sujet, mais ce retard est aujourd’hui comblé. L’Organisation mondiale de la santé, l’Union européenne, un certain nombre de fondations, ont financé de nombreux travaux de recherche. Dans l’hexagone, nous pouvons nous appuyer sur le rapport récent de l’agence Santé Publique France, qui chiffre le coût humain de la pollution de l’air à 48000

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morts prématurés par an, dont 6500 à l’échelle du Grand Paris. Sur le plan économique, un travail de grande qualité a été produit en 2015 par une commission d’enquête du Sénat, présidée par le sénateur de Meurthe-et-Moselle Jean-François Husson. Elle a évalué le coût sanitaire de la pollution entre 68 et 97 milliards d’euros par an, dont 3 milliards pour la seule Sécurité sociale… avec 650000 journées d’arrêt de travail prescrites ! À cela s’ajoute, toujours selon les parlementaires, un impact non sanitaire – sur la nature, la production agricole ou encore l’entretien des bâtiments – de l’ordre de 4,3 milliards d’euros. Ces chiffres n’ont pas été déclinés spécifiquement à l’échelle parisienne, mais ils nous démontrent clairement qu’au scandale sanitaire s’ajoute un coût économique majeur. La ville de Paris a essuyé trois refus, dont un échec à seulement trois voix en 2012, face au comité international olympique. Qu’est-ce qui rend sa candidature plus pertinente que les précédentes cette fois-ci ? Nous avons appris de ces échecs pour bâtir une candidature plus solide et plus adaptée aux demandes de la famille olympique. Paris 2024, c’est d’abord un projet initié et co-construit par les athlètes français : leur rôle a été déterminant pour choisir les sites des épreuves, pour concevoir des équipements parfaitement adaptés aux besoins de chaque fédération sportive… C’est aussi une vraie unité politique, qui dépasse les clivages traditionnels. Je tiens à saluer l’engagement des députés et des sénateurs, qui m’ont invité à présenter ce projet lors d’auditions très constructives. Les Maires des communes françaises sont eux aussi très


mobilisés, ils ont voté des motions de soutien dans leurs conseils municipaux, ils organisent des actions de promotion dans leurs villes et leurs villages.

“Réenchanter la Gauche nécessite de renforcer la démocratie.” Cet enthousiasme, que l’on ressent auprès d’une très grande majorité de Français, nous le devons notamment au fait que la candidature a été pensée pour être utile aux citoyens, porteuse d’un héritage concret, d’un message d’avenir pour les jeunes générations. Cet héritage sera très fort à l’échelle de Paris et du Grand Paris, mais pas seulement. Le centre d'économie et de droit du sport de Limoges (CDES) évalue les retombées de l’organisation des Jeux en France à 10,7 milliards d'euros et près de 250.000 emplois pérennes. Vous aviez affirmé lors d’une audition au Sénat en septembre dernier que Paris “avait besoin” d’accueillir les Jeux. Est-ce à dire qu’il n’existe pas de plan alternatif d’équipement et de développement ?

Si Paris est retenue, plus d’une dizaine de sites seront des lieux de baignade après les JO en Ile-de-France. Est-il indispensable d’attendre l’opportunité olympique, notamment pour améliorer la qualité de l’eau de la Seine ? Nous n’attendons pas ! Dès cet été, il sera possible de nager en eau libre dans le bassin de la Villette. En 2019, la baignade sera ouverte dans le lac Daumesnil, au bois de Vincennes. Pour ce qui est de la Seine, le défi est plus important, mais il peut être relevé d’ici 2024. Sans attendre de savoir si la candidature de Paris sera gagnante, nous avons mis en place un comité de pilotage, qui fédère les collectivités, les opérateurs et le secteur industriel. JeanFrançois Carenco, le Préfet de la Région Ile-de-France, s’est investi avec succès pour mettre tout le monde autour de la table et enga-

© Sophie Robichon

Paris et toute la Métropole du Grand Paris sont déjà engagées dans un plan d’équipement et de développement très ambitieux.

C’est le cas dans le domaine de l’urbanisme, avec des appels à projets d’ampleur internationale comme “Réinventer Paris” et “Inventons la Métropole”. C’est aussi le cas des transports, avec le Grand Paris Express. Je pense également au secteur numérique, avec l’Arc de l’Innovation qui a été impulsé il y a un an par plus d’une vingtaine de collectivités. Nous sommes un territoire très dynamique et très bien équipé. C’est d’ailleurs un atout dans la candidature de Paris 2024, puisque 95% des installations nécessaires sont déjà existantes ou temporaires. Mais le dynamisme du Grand Paris ne retire rien au fait que nous avons besoin des Jeux, parce qu’ils constituent justement un formidable accélérateur pour ces politiques publiques, qu’ils nous projettent vers l’avenir et qu’ils fédèrent durablement toute la société.

La candidature de Paris aux Jeux olympiques doit être “utile aux citoyens, porteuse d’un héritage concret, d’un message d’avenir pour les jeunes générations” d’après Anne hidalgo.

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© Alain Nogues/JBV NEWS

EN COUVERTURE gence et les compétences pour conduire un tel rassemblement à l’échelle du pays. Je trouve d’ailleurs son idée de s’entourer d’un “Conseil citoyen” pour la présidentielle particulièrement intéressante. D’après vous, qu’est-ce qui pourrait réenchanter la gauche et donc l’envie de voter pour elle - dans notre pays ? Nous devons être en capacité de nous projeter vers l’avenir. On ne gagne pas une campagne présidentielle sur un bilan ou en regardant en permanence dans le rétroviseur. Il faut bien sûr tirer les leçons du passé, mais il faut surtout voir loin, exprimer une vision, un cap clair auquel les Français peuvent adhérer. Cela implique d’être ambitieux pour le pays. La France a des atouts formidables, elle est respectée et écoutée dans le monde entier. Le défi climatique – plus grand défi de ce siècle – et l’économie numérique – la quatrième révolution industrielle – ouvrent des opportunités formidables, à condition de les encadrer et de réguler leur développement. C’est le rôle du politique. Il ne revient qu’à nous de les saisir. Les mutations profondes de notre société nous donnent aussi la possibilité d’aller vers de nouvelles conquêtes sociales. Enfin, réenchanter la Gauche nécessite de renforcer la démocratie.

ger le travail. J’ai également mandaté l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) pour qu’il étudie les zones potentielles de baignade. Il a déjà identifié 49 sites à l’échelle du Grand Paris, en bord de Seine et en bord de Marne. Vous avez dénoncé “l’immense gâchis du quinquennat” dans un entretien au Monde : pensez-vous qu’un candidat de gauche peut encore convaincre les Français lors de la prochaine élection présidentielle ? J’en suis convaincue. La Primaire de la Gauche a rempli ses objectifs, en remobilisant notre famille politique et en créant une dynamique forte en faveur de Benoit Hamon. Il talonne aujourd’hui dans les sondages le candidat de la droite républicaine, qu’on présentait il y a quelques semaines encore comme le grand favori. Il faut à présent rassembler au-delà du Parti socialiste et des Radicaux de Gauche : les écologistes, les communistes, toute la famille politique progressiste et humaniste, ainsi que la société civile. Nous pouvons aboutir à un programme de gouvernement cohérent, qui fédère une large coalition. Je ne crois pas au candidat providentiel, à un homme seul qui aurait raison sur tout. Ma conviction, c’est que l’on est toujours plus intelligent à plusieurs, par le dialogue, la confrontation des idées et la recherche du consensus. Tous les responsables d’exécutifs locaux le savent. A Paris, la majorité municipale est d’une grande diversité : elle réunit toute la Gauche, mais aussi un ancien MoDem ou encore une ancienne chiraquienne. Ces différences sont une richesse et une force. Je suis certaine que Benoit Hamon a l’intelli-

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À l’heure où les populismes progressent partout en Europe et dans le monde, nous devons surmonter la crise de la représentativité politique qui frappe aujourd’hui la France. Je suis favorable à la proportionnelle intégrale aux élections législatives et à la restriction du cumul des mandats dans leur nombre mais aussi dans le temps. Il faudra aussi réfléchir à l’évolution du Sénat pour qu’il devienne une instance plus représentative de la société. Les règles déontologiques doivent aussi être considérablement renforcées. Un tel projet ne peut être incarné que par la Gauche. C’est pourquoi je crois à une victoire de Benoit Hamon à l’élection présidentielle n propos recueillis par pauline pouzankov © Sophie Robichon

“Je ne crois pas au candidat providentiel, à un homme seul qui aurait raison sur tout.”

“Les Jeux Olympiques pourraient rapporter 10,7 milliards d'euros et près de 250 000 emplois pérennes.”

“Les mutations profondes de notre société nous donnent aussi la possibilité d’aller vers de nouvelles conquêtes sociales” estime Anne hidalgo.


Le “FIAsco” du ceNTRe de dÉRAdIcALIsATIoN de PoNTouRNy

POLITIqUE

Un “fiasco complet”, une “gabegie financière”, des “organismes sans savoir-faire”... La mission sénatoriale rapportée par Catherine Troendlé et Esther Benbassa a dressé un sombre portrait, teinté d’amateurisme, du centre de déradicalisation installé à Pontourny (Indre-et-Loire) depuis seulement six mois.

© Assemblée Nationale

Les sénatrices Esther Benbassa (EELV) et Catherine Troendlé (LR) ont publié mercredi 22 février un rapport d’étape concernant les processus de désembrigadement en cours dans l’Hexagone. Elles pointent l’échec cuisant du seul centre de déradicalisation actuellement en fonctionnement, et citent la prévention comme l’alternative la plus crédible.

La sénatrice esther Benbassa.

Le bâtiment est aujourd’hui vide d’occupant. Lorsque les sénatrices s’y sont rendues le 3 février, elles ont rencontré le seul pensionnaire des lieux, aujourd’hui parti. Il “errait” entre les murs, “pas franchement dans un état d’esprit positif” raconte Mme Troendlé. Sur une capacité de 25 places, le centre a connu son pic d’activité lors de son ouverture, avec neuf personnes inclues au programme.

“Les pensionnaires, ayant la possibilité de rentrer chez eux le week-end, ne revenaient parfois plus jamais.” Un “centre aéré” La belle bâtisse arborée, posée au milieu de la campagne, confinait au “centre aéré” pour Catherine Troendlé. Esther Benbassa regrette quant à elle le “déracinement inutile” que l’isolement de Pontourny faisait vivre aux pensionnaires. Son fonctionnement aura pourtant couté 2,5 millions d’euros, pour “zéro résultat” selon le Président de la Commission des lois Philippe Bas (LR). Le centre de Pontourny devait être le premier des treize prévus à travers toute la France, une démultiplication aujourd’hui avortée. Quant aux personnes choisies pour suivre le programme, ils devaient répondre à deux critères cumulatifs : être volontaires et ne pas présenter de signes de dangerosité. Une équation quasi impossible. Les pensionnaires, ayant la possibilité de rentrer chez eux le

week-end, ne revenaient parfois plus jamais. Il était aussi difficile d’appréhender le niveau de risque qu’ils représentaient pour autrui. Le 20 janvier 2016 est écroué un des occupants du centre de Pontourny, pour avoir tenté de se rendre en Syrie. Ayant déjà fait partie d’une filière djihadiste à Strasbourg, le jeune homme n’avait pas le casier judiciaire vierge attendu pour un participant au programme.

“N’importe quel gouvernement aurait fait les mêmes erreurs” Outre la structure, Esther Benbassa déplore l’échec du concept. Une formation de dix mois serait bien trop courte pour réussir à déconstruire une idéologie inoculée dans un esprit. Elle exhorte donc de développer en priorité le volet préventif : “Le désembrigadement semble hors de portée, mais la prévention est possible”. Multiplier les actions de sensibilisation sur internet, autour des mosquées, dans les prisons et auprès des familles en serait l’objectif. Philippe Bas souligne quant à lui la “réflexion insuffisante des pouvoirs publics” et l’empressement dans lequel la structure a été mise en place, ouverte en septembre 2016 à la suite de la vague d’attentats qui a endeuillé la France. Mme Benbassa ne jette pourtant pas la pierre aux instigateurs du projet : “N’importe quel gouvernement aurait fait les mêmes erreurs, dans ce contexte d’inexpérience et de manque de temps”. Le choix de mauvais interlocuteurs a aussi été montré du doigt. Notamment certaines associations très intéressées par la manne des subventions mises à disposition. La parlementaire EELV cite ces présidents d’association “coachs en ligne” ou projetant de “faire des gâteaux” pour aider au désendoctrinement. “Tout le monde pouvait s’ériger en ‘‘déradicalisateur’’ !” soupire-t-elle. Pour pallier cet écueil, “il est urgent de mettre en place un cahier des charges national pour le recrutement et l’appel d’offres des associations subventionnées” affirme sa collègue des Républicains. Quant aux recommandations définitives, elles seront disponibles en juillet 2017 n Delphine sitbon

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ANALYSE

L’etat ne ferme pas boutique en Lisière DU DéBat présiDentieL, Le cHeF De L’etat et Le preMier Ministre veiLLent à La Bonne MarcHe Des institUtions. périoDe cUrieUse.

C’

est le CDD le plus prestigieux de France. Mais un peu court tout de même. Cinq mois et quelques jours. En fonction à Matignon depuis le 6 décembre de l’année dernière, Bernard Cazeneuve assistera sans doute aux cérémonies du 8 mai, anniversaire de la victoire de 1945 contre l’Allemagne. Puis il transmettra ses pouvoirs au nouveau Premier ministre désigné par le Président de la République élu le 7 mai. Ses ministres et Secrétaires d’Etat auront le droit, ainsi que lui-même, d’être honorés à vie dans la correspondance ou lors des cérémonies officielles par le rappel de leur titre ancien mais éphémère. Tous auront été, pour l’Histoire, les équipiers d’une singulière aventure : un gouvernement de fin de mandat présidentiel marqué par la particularité d’être aux ordres d’un chef d’Etat ne se représentant pas. Sous la IV ème, alors que la succession des constitutions et renversements de gouvernements se voulait rapide, il arrivait que des ministres restaient en place quelques jours en attendant que surviennent leurs successeurs qui n’avaient pu être joints ou qui n’avaient pu se libérer à temps d’engagements antérieurs. On disait alors de ces ministres gardiens des palais nationaux qu’ils étaient “chargés d’expédier les affaires courantes”. Expression qui n’a jamais cessé de faire sourire. On imagine “une affaire” nantie d’un dossard piquant un cent mètres dans son couloir… Le gouvernement Cazeneuve n’est pas dans ce cas de figure. Il

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n’assure pas à proprement parler un intérim. Ses membres jouiront jusqu’au bout des droits et prérogatives républicaines liées à leurs fonctions. Mais qu’en font-ils ? Il est frappant de constater, ne seraitce que par une consultation rapide des sites officiels, que personne ne profite de la situation pour se vautrer dans les délices de Capoue ou s’abandonner aux plaisirs du farniente. D’ailleurs, à l’Elysée, le cabinet de François Hollande continue à demander des notes et des synthèses sur tous les sujets. En février, le Premier ministre s’est rendu à Pékin, à Londres et à Berlin, pour ne citer que les destinations les plus marquantes. A chaque fois, il a eu de longs entretiens avec ses homologues. Depuis le mois de décembre, pas une journée ne s’est passée - à l’exception de la période des fêtes - sans que le chef de l’Etat et le chef du gouvernement ne prononcent un discours à l’occasion d’un déplacement officiel. Seule différence avec une période “normale” : les sollicitations médiatiques sont infiniment moins nombreuses que dans l’emploi ordinaire d’un chef de gouvernement, journaux et télévisions étant accaparés par les candidats à l’élection présidentielle.

Une réforme au passage Depuis la réforme constitutionnelle de 2008 initiée par Nicolas Sarkozy, les anciens ministres peuvent revenir au Palais-Bourbon


alors qu’il leur fallait naguère, depuis les débuts de la Vème et en vertu d’un dispositif voulu par le général de Gaulle pour enrayer l’instabilité ministérielle, inviter leurs suppléants à démissionner puis repasser devant les électeurs à l’occasion d’une élection partielle. Ces jours-ci, cela a donné lieu à une situation cocasse puisque Manuel Valls a fait son retour à l’Assemblée nationale alors même que son successeur Bernard Cazeneuve faisait dans l’hémicycle des adieux émus. On lui prête l’intention de renoncer à toute fonction politique pour se consacrer à une carrière d’avocat. Le travail parlementaire de l’ancien Premier ministre éliminé aux primaires, Manuel Valls, sera bref avant les élections législatives de juin et sa probable réélection. Mais il a quand même recruté, d’ici là, un assistant parlementaire qui n’est autre que le député qui fut son suppléant pendant ses “années ministérielles” : Carlos Da Silva, par ailleurs président du groupe socialiste à la région Ile-de-France. Celuici sera candidat en septembre aux sénatoriales dans l’Essonne avec de bonnes chances de l’emporter.

rait pas dans ces périodes intermédiaires, quand gouvernement et Parlement semblent naviguer comme des vaisseaux fantômes en attente de nouveaux équipages n François Domec

cLAP de FIN PouR cLAude BARToLoNe Le président de l’Assemblée nationale ne briguera pas de nouveau mandat aux prochaines législatives. Cette annonce a fait l’effet d’une bombe à l’ouverture de la dernière séance de questions au gouvernement de la 14ème législature. En direct du perchoir, Claude Bartolone a d’abord souhaité “bonne chance” à ses collègues qui se présenteront dans quelques mois devant les électeurs puis adressé “ses meilleurs voeux pour la suite, à tous ceux qui ont fait le choix, tout comme [lui], de ne pas se représenter.” “Vous mesurez sans doute l’émotion qui est la mienne, puisque c’est aujourd’hui, parce que je l’ai choisi, la dernière fois que je rentre dans cet hémicycle en tant que député, alors que j’y ai mis les pieds pour la première fois en 1981 à la suite de l’élection de François Mitterand.”

Ces anecdotes liées à la vie parlementaire passent assez inaperçues en ce moment puisque toute l’attention est focalisée sur la présidentielle. Ce serait, en théorie, une période idéale pour les lobbies. Aussi a-t-on regardé avec une grande suspicion la réforme de la prescription de l’abus de biens sociaux, introduite dans un esprit consensuel par un député de droite (Georges Fenech, LR) associé à l’un de ses collègues de gauche (Alain Tourret, PRG). Il s’agit d’un feuilleton parlementaire vieux de plus d’une vingtaine d’années qui s’est achevé (peut-être provisoirement) en douceur dans les dernières heures de la mi-février où l‘Assemblée siégeait encore en séance publique.

Cette décision est d’autant plus surprenante que son mandat de député de Seine Saint-Denis ne semble pas particulièrement menacé. Le président de l’Assemblée a aussi ajouté que sa “plus grande fierté” aura été de présider l’hémicycle, souhaitant à ses collègues de faire “vivre le débat démocratique dans notre pays, qui en a plus que jamais besoin.” A l’issue d’une séance d’échanges énergiques, il a rappelé que “quelles que soient les relations entre la majorité et l’opposition, nous partageons tous le même amour de la France et de la République.” n

Un accord avec le Sénat

Pauline Pouzankov

© Vernier/JBV NEWS

Depuis les années quatre-vingt dix, en effet, de gros cabinets d’avocats d’affaires font pression sur les élus pour obtenir que soit modifié le délai de prescription des abus de bien sociaux, l’un des délits les plus fréquents dans le cadre de la délinquance en col blanc. Il consiste, en gros, à prendre de l’argent dans la comptabilité d’une société pour régler des dépenses personnelles ou l’utiliser à des fins n’ayant que peu à voir avec l’activité de l’entreprise. Dès les années trente, les parlementaires avait associé à ce délit un délai de prescription plus long que celui du droit pénal ordinaire sachant que des faits de ce genre ne sont souvent découverts (notamment à l’occasion de faillites) que longtemps après qu’il aient été commis. La prescription ayant été prolongée par d’autres textes, ces délits ont été considérés comme pratiquement imprescriptibles alors même que cette caractéristique n’est applicable qu’au crime contre l’humanité. Non sans grincements de dents du côté de certains juges et journalistes d’investigation mais dans un calme parlementaire relatif, une réforme de la prescription a finalement été votée à main levée et en l’absence d’opposition le 16 février 2017. Le texte ayant fait l’objet d’un accord avec le Sénat après examen préalable, il devrait être faire l’objet de décrets d’application assez rapidement. Désormais la prescription sera de douze ans.

ANALYSE

En clair, l’auteur présumé de faits répréhensibles commis dans une entreprise ou une collectivité locale avant 2005 et n’ayant jamais été démasqué n’est plus susceptible de poursuites. Le grand calme ayant entouré l’adoption de cette réforme discutée avec passion depuis des années pourrait déboucher sur deux constats différents. Le premier serait qu’il y a un temps pour tout et qu’après tout, aux controverses doit succéder le consensus. Le second consisterait plutôt à se demander si le moment idéal pour réformer ne se situe-

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L’APRès BRexIT : suRsIs ou… suRsAuT ?

INTERNATIONAL

Mercredi matin au Sénat, Jean-Pierre Raffarin, président de la commission des affaires étrangères, et Jean Bizet, président de la commission des affaires européennes du Sénat ont présenté leurs conclusions sur la refondation de l’Union européenne après le Brexit. Relancer et renforcer le projet européen sont les objectifs de ce rapport présenté le 22 février dernier. Un sursaut attendu à la veille du soixantième anniversaire du traité de Rome.

Brexit, crise migratoire, attaques terroristes, impuissance face à la crise économique et financière : l’Europe aurait perdu la confiance de ses citoyens. Le président du Sénat, Gérard Larcher, a décidé de mettre en place un groupe de suivi du retrait du Royaume-Uni et de la refondation de l’Union européenne. Des mesures se voulant pragmatiques pour que l’Europe puisse renouer avec l’esprit du Traité de Rome. “Un choc puissant” : c’est en ces termes que Jean-Pierre Raffarin a évoqué le Brexit, le qualifiant de “non-sens géostratégique” dans un contexte où la globalisation s’organise de plus en plus autour d’Etats-continents : Chine, Brésil, Russie, Inde… En ce sens, les sénateurs ont estimé qu’une consultation des parlements nationaux sera nécessaire avant la ratification du prochain accord entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne. Ils précisent que les relations de long terme avec les voisins d’Outre Manche devront être préservées, notamment dans le domaine de la défense et de la sécurité.

Crise migratoire et terrorisme Dans le domaine de la défense, les sénateurs souhaitent instaurer une vraie dynamique inter-gouvernementale avec un dialogue politique permanent au plus haut niveau. Pour vaincre le terrorisme, une Union de la sécurité doit être créée. Le groupe de travail incite également les États membres à se doter d’un PNR national pour renforcer son homologue européen. En outre, la coopération en matière de police et de justice devra être renforcée avec la création d’un parquet européen. Concernant la crise migratoire, la réponse devrait passer par un contrôle effectif des frontières extérieures avec la mise effective et rapide du mandat rénové de Frontex. Les préconisations du groupe : coopérer avec les pays d’origine et de transit, sécuriser l’espace Schengen et rénover le système européen d’asile.

Retrouver sa plus-value

“La seule issue positive du Brexit serait la refondation de l’Europe.”

D’après Jean-Pierre Raffarin, “la seule issue positive du Brexit serait la refondation de l’Europe”. Son rapport pourrait même en constituer “la feuille de route” , dans un contexte où l’UE a besoin de retrouver sa légitimité pour porter des messages de paix. D’autant plus que la guerre est à ses frontières. Les sénateurs affirment que la nouvelle stratégie européenne doit s’articuler autour de trois axes. S’imposer comme puissance en répondant à la demande de protection de ses citoyens, retrouver la voie de la compétitivité et se recentrer sur l’essentiel, en faisant vivre le principe démocratique et en affirmant ses valeurs.

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Pour le groupe de suivi, le numérique et l’énergie sont les priorités européennes du XXIème siècle. Si Jean Bizet affirme qu’“il y a tout à écrire dans le numérique”, une coopération renforcée est souhaitable. Quant à l’énergie, l’Europe doit aller plus loin que la simple inter-connexion entre les États. Un coup de jeune : c’est ce dont aurait besoin la politique de la concurrence menée en Europe depuis les années soixante à en croire les sénateurs. Un renouveau nécessaire pour ne pas freiner l’émergence de véritables “champions mondiaux”. Le groupe de travail encourage également une convergence sociale, dont la nécessité est soulignée par le dossier des travailleurs détachés. La compétitivité passera par la gouvernance de l’Euro, qui doit être parachevée avec un directoire de la zone euro.

Une Europe proche et lisible Se recentrer sur l’essentiel : c’est l’appel que les sénateurs Raffarin et Bizet ont lancé à l’unisson. Maintes fois critiquée pour


son opacité bureaucratique, l’Europe gagnerait d’après eux davantage de transparence en dotant les parlements nationaux d’un vrai pouvoir, avec un principe de subsidiarité respecté à la lettre. Le groupe de travail propose un droit d’initiative pour les parlements nationaux qui se réuniraient régulièrement à Strasbourg afin d’examiner les sujets de l’actualité européenne. Le rôle d’impulsion et de coordination du Conseil européen devrait lui aussi être conforté : les sénateurs estiment que le vote à la majorité qualifiée au Conseil serait préférable (sauf en matière de défense). Pour plus de lisibilité, ils prônent également une harmonisation du mode de scrutin des parlementaires européens.

européen. Dans la même veine, le sénateur souhaiterait lever les blocages institutionnels comme la définition des métiers, qui diffère selon les pays de l’Union. Un projet qui prendrait tout son sens quand on sait qu’Erasmus concerne trois millions de jeunes européens.

Le Brexit, “un choc puissant” pour Jean-Pierre Raffarin.

Davantage de proximité avec les citoyens

La création d’un Erasmus des apprentis, défendu par Jean Bizet, permettrait également de mobiliser les jeunes autour du projet

Pour mettre en œuvre cette “feuille de route”, le groupe de suivi propose de s’appuyer sur le moteur franco-allemand qui bénéficiera, à compter de l’automne 2017, de cinq années de stabilité des exécutifs. Jean-Pierre Raffarin insiste : “Le Brexit est un rendezvous avec l’Histoire, il faut saisir cette chance pour refonder l’Union Européenne.” n aurélie Baert © European Union 2017 – Source : EP

L’Europe des valeurs doit être réaffirmée avec force selon Jean Bizet. Elle doit même redevenir le projet partagé des citoyens européens. Créer une carte d’identité européenne, encourager les États membres dans l’exécution de l’hymne européen après toute exécution de l’hymne national, lancer une radio “France Europe” sont autant de propositions avancées en ce sens.

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dÉcReT ANTI-AVoRTemeNT : TRumP sIGNe, Les dÉPuTÉs euRoPÉeNs s’INdIGNeNT

INTERNATIONAL

© European Union 2017 – Source : EP

Le mardi 14 mars, les députés européens ont débattu avec le commissaire chargé de l’aide humanitaire Christos Stulianides des suites à apporter à la décision de Donald Trump de rétablir la “règle du bâillon mondial”, suspendant le financement américain des ONG pro-avortement.

Les députées européennes ulrike Lunacek (à gauche) et Terry Reintke (à droite).

“D’un coup de stylo, Donald Trump a placé une hypothèque sur les politiques en faveur des femmes”. Pour la députée autrichienne Angelika Mlinar, le décret signé par le Président des Etats-Unis le 23 janvier 2017 est lourd de sens. Plus qu’à réaliser des économies, il viserait à remettre en question les droits des femmes.

leurs interlocutrices, lorsqu’ils examinent avec elles les différentes options de planning familial. Un silence à respecter y compris lorsque la grossesse est liée à un viol, ou que la santé de la mère ou de l’enfant est en danger. Si l’ONG ne s’y conforme pas, elle risque de perdre les aides financières qui lui permettent de fonctionner.

Le mémorandum incriminé coupe court à tout financement américain aux organisations non gouvernementales (ONG) étrangères pratiquant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ou informant sur ses modalités. Des actions humanitaires pourtant salutaires en Afrique, en Asie et en Amérique latine, évitant à de nombreuses femmes de se retrouver dans des situations de détresse par manque de moyens financiers, d’accompagnement ou d’informations.

Le décret pris par le Président des États-Unis amène à 600 millions de dollars la perte financière à venir pour les ONG concernées. Des députés européens souhaitent que l’Union compense ce manque à gagner, notamment par la défense de l’initiative “She Decides”. Actuellement alimenté à hauteur de 180 millions d’euros selon la députée belge Maria Arena, ce fonds est né de la volonté des États suédois, belge, néerlandais et danois. La collecte de dons (venant de gouvernements et de particuliers) a démarré le 28 janvier.

Cette politique mise en vigueur par M. Trump est surnommée la “règle du bâillon mondial”. Du fait que les bénévoles de terrain doivent s’abstenir d’évoquer toute hypothèse d’avortement auprès de

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L’Union européenne est-elle dans son rôle en aidant à combler ce trou de 600 millions d’euros ? Pour Sophia in’t Veld au nom du


© European Union 2017 – Source : EP

groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe : bien entendu. La députée néerlandaise s’est d’ailleurs engagée à proposer des amendements à la loi de budget de l’Union européenne (UE) pour prévoir le cadre d’une aide, et appelle ses codéputés à la soutenir en ce sens.

Défense de l’autonomie des Etats-Unis et arguments “pro-vie” La dénonciation du décret n’a pas été partagée par l’ensemble des orateurs présents cet après-midi. Faisant fi de leurs conséquences internationales, le député britannique Raymond Finch souhaite que l’UE se tienne à l’écart des décisions américaines : “Chaque pays a le droit de dépenser l’argent de ses contribuables comme bon lui semble”. La députée française Marie-Christine Arnautu persiste et signe, mettant en avant la souveraineté des Etats-Unis : “Il appartient au gouvernement américain de décider de ses propres critères de financement des ONG”. À plusieurs reprises, les arguments “pro-vie” ont aussi émergé dans le débat. La députée Arnautu, membre en France du Front national, ajoute à son raisonnement : “À l’heure où près de 50 millions d’avortements sont pratiqués chaque année à travers le monde, la réduction du recours à l’avortement devrait réellement devenir un objectif de santé publique”. Une vague d’avortements que Marek Jurek (ECR) qualifie “d’industrie de la mort”, tout en félicitant les EtatsUnis d’avoir pu la “bloquer”.

La députée sophia in ‘t Veld intervenant à la tribune.

“L’enfer des avortements clandestins” La majorité des orateurs interrogés ce mardi se sont positionnés en faveur d’une action de l’UE, et ont condamné le décret de M. Trump. Pour expliquer l’urgence de la situation, Anna Maria Corazza Bildt (PPE) raconte qu’à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes le 8 mars, elle a entendu l’histoire de deux jeunes femmes désespérées. En voulant avorter, l’une a été gravement blessée pour avoir tenté de le faire en s’enfonçant une antenne de télévision dans l’utérus, la seconde est morte après avoir ingéré des pesticides. L’autrichienne Ulrike Lunacek avance un chiffre : les avortements non médicalisés représenteraient la deuxième cause de mortalité des femmes entre 15 à 19 ans. La députée française Constance Le Grip abonde en parlant du risque d’être “plongée dans l’enfer des avortements clandestins”. Un autre argument régulièrement avancé – dans l’hémicycle mais aussi dans la société civile – est que la volonté d’un seul homme ne devrait pas influer sur la santé de millions de femmes. La fameuse photo de Donald Trump signant le décret dans le bureau ovale, uniquement entouré d’hommes, a ajouté au malaise. Pour Linda McAvan (S&D), “il n’est pas juste que l’accès des femmes au planning familial devienne un football politique (…) Une personne décide de droits qui ne la concerne pas : ce sont les femmes les plus pauvres du monde qui paieront les pots cassés”. Après avoir rappelé la place prépondérante du choix de la mère et la nécessaire prise en compte de son état de santé, Christos Stylianides va plus loin : “C’est aux médecins qu’il faut laisser le choix de la meilleure façon de traiter les femmes et les jeunes filles. Ce n’est pas aux avocats qu’incombe cette mission”.

Au nom du Groupe des Conservateurs et réformistes européens, Branislav Škripek aura surement eu la plus virulente diatribe antiavortement, parlant de “génocide”, et d’une nécessaire “défense de ceux qui ne peuvent se défendre, ceux qui ne sont pas encore nés”. Il terminera son intervention en déclarant que “l’avortement, c’est tuer un enfant”. Face à ce glissement du débat, Anna Maria Corazza Bildt argue qu’“il ne s’agit pas d’être pour ou contre l’avortement, mais de législation humanitaire.”

Les conséquences de ce décret, potentiellement sans précédent La règle du bâillon mondial n’a pas été imaginée par Donald Trump. Elle date en réalité de 1984, date à laquelle le Président conservateur Ronald Reagan annonce une suspension des financements américains à destination des ONG aidant aux avortements. Cette déclaration a été prononcée à Mexico, d’où un autre qualificatif à la règle du bâillon mondial : la “politique de Mexico”. Depuis, cette coupure des aides a été systématiquement abrogée par les présidents démocrates, et réinstaurée sous les présidences républicaines. Pour la dirigeante de l’ONG Women’s Health Coalition, le décret pris par Donald Trump pourrait avoir des effets encore plus dévastateurs que lors des précédentes administrations conservatrices. En fonction des prochains règlements d’application, l’ensemble du budget américain lié aux initiatives de santé à l’étranger pourrait être placé sous la règle du bâillon, et plus seulement l’enveloppe pouvant être allouée au planning familial. Résultat : toute ONG travaillant à la prévention ou au traitement d’autres problèmes de santé à l’étranger (VIH, paludisme, virus Zika…) devra prendre garde à ce qu’aucun pan de son programme n’aide ou n’informe sur l’IVG. Sous peine, pour elle aussi, de perdre toute aide américaine nécessaire à son fonctionnement n

Delphine sitbon

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POLITIqUE

ANToINe BueNo : “VoTeR Ne seRT à RIeN”

© Bruno Klein

A quelques semaines de l’élection présidentielle, Antoine Bueno revendique un “coup de gueule démocratique” et appelle à l’abstention dans son dernier livre “No Vote !”.

d’en parler aujourd’hui en connaissance de cause. Je pousserais même la réflexion plus loin : si le centrisme s’ancre dans un rejet du clivage gauche-droite, on peut tout autant en venir à rejeter l’ensemble du système partisan et s’interroger sur l’état de la représentation en France. En ce sens, mon livre est aussi une proposition pour faire évoluer notre régime.

“Je suis très favorable à la reconnaissance du vote blanc.”

En quelques mots, pourquoi s’abstenir selon vous ?

Antoine Bueno Chargé de mission au Sénat pour le groupe centriste, écrivain, essayiste

Vous êtes chargé de mission au Sénat pour le groupe centriste et l’une des anciennes plumes politiques de François Bayrou. Dans votre livre, vous appelez pourtant à ne pas aller voter en mai prochain. N’est-ce pas contradictoire au vu de votre parcours? Absolument pas. Bien au contraire, c’est justement mon expérience du système représentatif et parlementaire qui me permet

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Une simple analyse du système représentatif actuel permet de se rendre compte que voter ne sert à rien. Et ce pour deux raisons principales. D’abord parce qu’une part importante du pouvoir est aujourd’hui détenue par des autorités non élues, comme les commissaires européens. Ensuite parce que le statut même de nos élus ne leur laisse que très peu de marges de manoeuvre. La majorité d’entre eux (neuf sur dix) sont des élus d’assemblées. Or, les assemblées n’ont aujourd’hui aucun pouvoir, ce sont de simples chambres d’enregistrement. Les élus qui pourraient agir, ceux des exécutifs, (soit un élu sur dix) n’ont quant à eux aucun intérêt à le faire en raison de la logique carriériste et clientéliste consistant à être réélu. C’est pourquoi je propose d’essayer le régime d’assemblée avec mandat unique, voire de tester la démocratie fondée sur le tirage au sort. Comment vous positionnez-vous par rapport au vote blanc ? Doit-il être pris en compte ? Je suis très favorable à la reconnaissance du vote blanc, théoriquement supérieur à l’abstention parce qu’il est sans ambiguïté. Le message est clair : on s’intéresse à la chose politique sans pour autant être satisfait de l’offre. Sauf que, dans notre cadre législatif, voter blanc est une double erreur : non pris en compte, il augmente


© Vernier/JBV NEWS

S’abstenir est donc déjà bénéfique mais pourrait l’être encore plus, à condition que ceux qui s’abstiennent en expliquent les raisons et réclament un certain nombre de mesures institutionnelles en échange de leur retour aux urnes. Une dynamique de groupe de pression, somme toute. D’après vous, le “vote utile” dénature-t-il l’essence même de cet acte, car il consiste à soutenir un candidat dont on ne partage pas vraiment les convictions ? Voter n’implique pas nécessairement une adhésion de cœur, on peut très bien le faire pour des raisons purement tactiques.Mais le vote utile est une stratégie court-termiste pour faire barrage au Front national, ce qui, in fine, exonère les politiques d’engager de vraies réformes. On alimente ainsi le caractère fondamentalement immobiliste du système, qui nourrit structurellement le FN. Pour contester, mieux vaut s’abstenir que voter pour le FN en réclamant des réformes institutionnelles pour en tarir la source.

“Le vote utile est une stratégie court-termiste pour faire barrage au Front national”

Pour Antoine Bueno, voter blanc est une double erreur puisqu'il augmente le taux de participation sans être pris en compte pour autant.

pourtant le taux de participation qui fonde justement la légitimité des élus ! Soit le résultat inverse de ce qui était recherché au départ.

“Pour contester, mieux vaut s’abstenir que voter pour le Front national.”

Vous affirmez que “la démocratie mérite mieux que le vote”. Quel pourrait être ce “mieux” ? Il faut d’abord avoir les idées très claires sur le terme “démocratie” qu’il ne faut pas confondre avec l’Etat de droit ou la mobilité sociale. Notre système s’apparente davantage à une oligarchie élective, soit un petit groupe de population qui détient le pouvoir et dont la régénération intervient par les urnes. La représentation a été très clairement imaginée en 1789 pour permettre à ceux qui avaient fait la Révolution de conserver l’autorité. Je pense à titre personnel que l’on pourrait essayer une véritable démocratie fondée sur le tirage au sort n propos recueillis par pauline pouzankov

A quelles conditions l’abstention pourrait-elle déclencher de véritables réformes politiques ? Elle ne change absolument rien d’un point de vue quantitatif : même un taux d’abstention de 80% ne ferait pas bouger le système d’un millimètre. En revanche, le simple fait d’avoir une certaine masse d’abstentionnistes a déjà motivé toutes les réformes de modernisation du système représentatif mises en œuvre depuis une trentaine d’années.

NO VOTE ! antoine Buéno préface de Michel onfray editions autrement 159 pages 12 €

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Les LIoNceAux de LA GAuche

POLITIqUE

© Sciences Po Paris

À Sciences Po, antichambre fantasmée du pouvoir, les responsables des principaux partis de gauche montrent des ambitions éloignées du parcours passant par l’ÉNA et terminant par un mandat.

L’entrée de sciences Po Paris, 27 rue saint-Guillaume.

En 1995, Benoit Hamon est hilare dans son polo en coton délavé. Avec fougue et dévouement, le président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) s’attelle à chauffer une salle pour le candidat Lionel Jospin. Ce reportage d’Antenne 2 a récemment refait surface ; l’occasion de s’interroger. Quelqu’un avait-il deviné que ce garçon dégingandé deviendrait un apparatchik de la gauche ? Pouvait-on déceler dans ce sourire ingénu l’avenir du “présidentiable” d’aujourd’hui ? Il est un lieu en particulier où ce jeu de prospective prend tout son piquant. 27 rue Saint-Guillaume, Paris 7e. Sciences Po Paris, d’où cinq des sept présidents de la Vème République sont issus. En “péniche”, le hall d’entrée où gît ce banc qui rappelle un navire, des étudiants se croisent sans se voir, se saluent chaleureusement ou plus froidement, mangent un sandwich ou refusent un tract. Cette grande échalasse vêtue d’un costume par 25 degrés, attaché-case et Libé sous le bras, sera-t-il un jour député ? Cette jeune fille fluette 18 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

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aux larges boucles couleur miel, la prochaine Anne Hidalgo ?

“Je me suis plusieurs fois demandé si je devais rester ou pas.” Peut-être que l’avenir de la gauche est assis au café Le Bizuth, sur le Boulevard Saint-Germain, ce lundi matin. Derrière ses lunettes, les cheveux blonds de Maëlle encadrent un regard assuré mais apaisé. La jeune fille est chef de section du Parti socialiste Sciences Po. Son phrasé lent lui donne un air sage. Maëlle prend le temps de réfléchir, de se poser des questions et parfois même de trouver quelques réponses. Le virus de la politique l’a contaminée tôt, elle commence à militer dans sa Sarthe natale dès 16 ans. “Je me suis toujours intéressée à la politique, mais c’est en découvrant Jaurès, Blum et le


Front Populaire à l’école que mon engagement s’est précisé”. Elle a aujourd’hui 21 ans et suit un Master d’Histoire à l’école doctorale de Sciences Po.

soi. “En entrant à Sciences Po, je me suis dit que je resterai loin des politiques. Je voyais les partis comme des bourreurs de crâne. Des politiciens tous pourris, tous les mêmes”.

Maëlle retourne, tort, réfléchit et interroge constamment son militantisme. Rien n’est acquis, surtout pas ses idées, qui se forgent au fur et à mesure de ses lectures. “Étudier l’Histoire nourrit très bien mon engagement. En me formant, je change d’avis. Par exemple sur l’Union européenne, où Coralie Delaune, David Cayla et les économistes atterrés ont vraiment aidé à développer mon esprit critique”.

Tout change au printemps 2016, lors des mouvements de protestation contre la “loi travail” portée par Myriam El Khomri. “Je n’avais presque jamais participé à des manifs. Cette fois c’était différent, j’étais à chacun des grands rendez-vous”. Elle a ensuite découvert les idées de Jean-Luc Mélenchon. Ça lui a “parlé”, en faisant par exemple écho à son engagement préexistant en faveur des droits LGBT.

Mais cette jeune vieille militante sort esseulée de l’année écoulée. “Je me suis plusieurs fois demandée si je devais rester ou pas.” Encore et toujours, il fallait répondre aux critiques sur François Hollande. Invitées à des événements organisés par son équipe, les figures de la gauche invoquaient constamment des agendas trop chargés. Et puis les défections de militants ont été nombreuses, un système de vase communicant avec En Marche ! a décimé les rangs. Souvent, elle a eu l’impression de tenir l’antenne socialiste de Sciences Po “à bout de bras”.

Elle est aujourd’hui l’une des quatre membres du bureau de La France insoumise Sciences Po. “Je suis engagée spécifiquement pour Jean-Luc Mélenchon, pour ce programme-ci, cette fois-ci” précise celle qui se méfie toujours des systèmes de partis.

“Je ne suis pas sûre de rester au parti après les législatives. Je trouve que le militantisme est une activité très noble, mais ça peut fatiguer” euphémise-t-elle les yeux dans le lointain.

Le soutien à “Jean-Luc”

© Télé de Gauche Paris

Cassandre, elle, n’a pas encore connu le temps de la désillusion. Tout juste majeure, cheveux coupés courts et visage poupin, l’étudiante en deuxième année s’apprête à commander un jambonbeurre à la cafétéria du 56 rue des Saint-Pères. Les anciens locaux de l’ÉNA. Dans la file d’attente, elle raconte son soutien à “JeanLuc”, comme elle l’appelle. Une prise de position qui n’allait pas de

Plus tard, elle ne se voit pas vraiment assumer de mandat politique. “Pas les épaules” songe-t-elle aujourd’hui. Mais comme Maëlle, responsable de section au PS, la recherche l’attire. “Il y a une vraie influence du milieu universitaire sur les politiques. Spécialement à gauche.” Ou l’objectif de peser dans le débat public, sans forcément être une élue.

HEC et “primo-encartés” Comme Cassandre, Paul se donne le temps de la réflexion. Se voit-il plus tard faire de la politique ? “Pour l’instant ce n’est pas à l’ordre du jour. Mais si des opportunités se présentent, pourquoi pas”. Un temps, d’ailleurs, qui lui manque. On le retrouve sur un coin de table, juste avant une conférence qu’il organise avec En Marche ! Sciences Po. Il en est le président. Ce mardi soir, c’est le maire de Lyon Gérard Collomb qui vient prêcher la parole de l’ancien ministre de l’économie. Malgré un rendez-vous prévu à l’avance, le président de l’association En marche ! à Sciences Po n’a que cinq minutes devant lui. “Je suis désolé, j’aurais encore moins de temps après la conférence”. Poli mais pressé, entre deux grands sourires un peu automatisés, il garde toujours un œil sur son smartphone. En double diplôme Sciences Po et HEC, stagiaire dans le prestigieux cabinet de conseil BCG, Paul quantifie, structure, analyse plus qu’il n’intellectualise. “60% des adhérents à En Marche ! Sciences Po sont des primo-encartés”. Son engagement à lui aussi est tout neuf. “Je me suis toujours intéressé à la chose politique mais c’était tout. Puis Emmanuel Macron a semé des petits cailloux dans mon esprit, un contact m’a proposé de rejoindre son mouvement, j’ai accepté”.

cassandre, l’une des quatre membres du bureau de La France insoumise sciences Po.

On s’aventure à demander si Macron pourrait, selon lui, être l’avenir de la gauche. Il s’anime et complète “mais pas que de la gauche, de la France !” Pour proposer une définition à “la gauche”, justement, il ne répond pas du tac-au-tac. Pour la première fois. “Hmm. Je dirais que la gauche c’est l’égalité. La liberté, aussi, et la fraternité”. Comme son candidat, le garçon assume d’avoir un profil de gestionnaire plus que d’universitaire. Loin d’être faits du même bois, Maëlle, Cassandre et Paul n’ont décidément en commun que les bancs de leur école n Delphine sitbon

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L’uTILITÉ de L’eNA dÉBATTue Au sÉNAT

POLITIqUE

© Claude TRUONG-NGOC

Le 1er février, à l’initiative du groupe RDSE (Rassemblement démocratique et social européen), neuf sénateurs se sont succédés dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg pour débattre de l’avenir de l’ENA (Ecole nationale d’administration).

Aussi prestigieuse que discutée, l'eNA fait régulièrement l'objet d'un débat sur son efficience.

Ironie des habitudes, le discours de chaque orateur aura pris la même forme. Grand Un : “Non, il ne faut pas supprimer l’école nationale d’administration”. Grand Deux : “Mais il faut la réformer.” Le “Oui/Non, mais…”, ou l’archétype du plan de dissertation enseigné à Sciences Po, antichambre officielle de la haute et si discutée ENA. Cette école, en situation de monopole quant à la formation des hauts fonctionnaires français, a été créée juste après-guerre. Le conseiller du Général de Gaulle Michel Debré avait suggéré au chef du Gouvernement provisoire de créer une école unique pour fournir la crème du pouvoir exécutif. L’objectif était de tordre le cou au népotisme, à la cooptation et aux pratiques de recrutement opaques qui régnaient jusqu’alors. L’ENA prend vie en 1945, sous l’étendard de la méritocratie républicaine. Depuis, trois anciens élèves sont devenus Présidents de la République et de nombreux autres ministres.

Pudeur, pudibonderie ou pruderie ? Inlassablement pourtant, le débat sur l’efficience de l’ENA re20 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

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jaillit dans l’espace public. “Le débat que nous avons mis à l’ordre du jour pourrait être considéré comme un marronnier, comme on dit dans le jargon journalistique. Mais je crois qu’il est de ces débats qui sont particulièrement utiles” prévient Jacques Mézard, président du groupe RDSE. Nicole Duranton, des Républicains, abonde : “Cette question est récurrente, considérée parfois et à tort comme un débat accessoire. (…) Critiquer les élites est facile, voire populiste. S’interroger sur leur sélection et leur formation est utile”.

Quels sont alors les reproches formulés à cette école aussi prestigieuse que discutée ? La première pomme de discorde concerne le mode de sélection des futurs élèves. “L’absence de diversité dans le recrutement ne fait plus de doute” pour M. Mézard, bien qu’il concède “quelques heureuses exceptions”. A quelques mètres de lui se trouve justement une de ces fameuses pépites. Yves Détraigne, sénateur apparenté UDI, est un ancien de l’école. Peutêtre son plus farouche défenseur parmi les orateurs inscrits ce soir. Il loue la “prime au travail” que permet l’ENA, lui qui est fils d’un “couple de petits agriculteurs, qui n’avaient que leur certificat


d’étude en poche”. Le sénateur Détraigne ne fait donc pas partie des 28% de membres des grands corps de l’Etat qui ont eux-mêmes au moins un parent passé par l’école. Les origines modestes sont en effet loin d’être la norme. Le portrait-robot du nouvel admis type est précis. C’est un homme (seul 1/4 de la promotion 2016 était féminine), issu d’une préparation suivie à Sciences Po Paris (le cas pour 70% des admis au concours externe de 2016). Les épreuves du concours font toujours la part belle à la culture générale, matière favorisant les candidats bien nés, ayant goûté les belles lettres au biberon. A l’oral, certaines questions s’éloignent sérieusement des enjeux de l’administration et creusent l’écart. Est citée cette colle déjà posée à un candidat : “Quelle est la différence entre pudeur, pudibonderie et pruderie ?”

tion publique devrait se recentrer sur sa raison d’être : exécuter les décisions des élus de la nation. Or, on observe de plus en plus l’inverse.” Est alors esquissée l’influence de ces nombreux conseillers de l’ombre, dont le rôle dans les décisions politiques est prégnant.

Coup de pied dans la fourmilière “A l’approche des élections présidentielle et parlementaires, comme à chaque grand remplacement, nous assisterons à la valse des cabinets ministériels où des énarques seront remplacés par d’autres, avec le même profil” soupire le sénateur Républicain Pascal Allizard. Certains candidats à l’élection présidentielle souhaitaient pourtant mettre un coup de pied dans la fourmilière. Bruno Le Maire (luimême un ancien de l’école) souhaitait supprimer l’ENA. Le sénateur LR du Calvados poursuit à ce propos : “De tous les bords politiques, des modernistes – revendiqués comme tels en tous cas – proposent de réformer voire de supprimer l’ENA. La plupart du temps ils en sont eux mêmes issus, et ne l’ont critiqué qu’après avoir tiré profit du statut de haut fonctionnaire et du réseau des anciens élèves”. En ce qui concerne le “pantouflage”, la ministre de la fonction publique Annick Girardin, invitée à exposer son point de vue en fin de débat, a annoncé avoir soumis au Président de la République et au Premier Ministre une proposition de décret obligeant à démissionner de la fonction publique et rembourser le coût de sa formation, dans le cas où l’engagement décennal n’est pas strictement honoré.

“Diarrhée règlementaire” A l’issue des trois concours (externe, interne et troisième voie), 90 étudiants français et étrangers sont sélectionnés chaque année pour bénéficier des deux ans de formation. Dans cette école dite “d’application”, les heureux élus devront effectuer trois stages de plusieurs mois : à l’international, en entreprise ou dans des collectivités. Un classement de sortie sanctionnera leur passage à l’école. Les grands corps administratifs de l’Etat (le Conseil d’Etat, l’Inspection générale des Finances et la Cour des comptes) seront uniquement accessibles aux 12 à 15 étudiants les mieux classés à la sortie. Jean-Claude Requier (sénateur Radical de gauche) souligne d’ailleurs que l’accès à ces grands corps peut être incohérent avec les compétences de ceux qui les choisissent. Un élève ayant reçu une formation d’économiste peut parfaitement choisir de rejoindre le Conseil d’Etat, à condition que son classement final le lui permette…

Des pantoufles en or

© Vernier/JBV NEWS

On peut aussi se demander si la haute administration peut absorber sans mal l’ensemble des étudiants sortant chaque année de l’école, depuis 1945. Jacques Mézard en doute. Les nombreuses créations d’agences administratives ou de hauts conseils serviraient notamment à “caser” toujours plus de ces énarques. Avec poésie il ajoute : “il en résulte une véritable diarrhée règlementaire au point qu’on a parfois le sentiment que la machine administrative a inventé le mouvement perpétuel”.

Plus largement, la ministre considère que l’ENA doit bien être réformée. Les choses seraient selon elle sur la bonne voie. Une femme est aux commandes de l’école depuis 2012 (Nathalie Loiseau), et pas même issue de ses rangs. Le concours d’entrée a été repensé pour que la motivation et le parcours du candidat soient davantage mis en valeur. Peut-être est-ce le début de la réalisation du vœu formulé par Pascal Allizard : “Je ne pense pas qu’il faille fermer l’ENA, mais bien au contraire l’ouvrir encore plus.” n Delphine sitbon

Comme à Polytechnique et à l’Ecole Normale Supérieure, les élèves de l’ENA sont rémunérés durant leurs années de scolarité. En contrepartie, ils s’engagent à consacrer dix années de leur vie professionnelle au service de l’Etat. C’est ce qu’on appelle “l’engagement décennal”. Pourtant, entre la règle et son application, un fossé s’est creusé. Les fonctionnaires de catégorie A+, dont le profil est très recherché, peuplent les conseils d’administration des entreprises du CAC 40. Pourtant, ces énarques partant travailler dans le privé ne remboursent presque jamais le montant des rémunérations qu’ils percevaient à l’ENA (la fameuse pantoufle, l’équivalent de 1399€ net pendant 27 mois pour ceux qui sont entrés par le concours externe). “Il existe une trop grande porosité entre les sphères publique et privée” déplore Jacques Mézard. Le procès de ceux qui restent travailler au service de l’intérêt général a aussi été tenu. De l’avis du sénateur du Cantal, “la fonc-

Le sénateur Jacques mézard, Président du groupe Rdse.

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“L’APPeL des soLIdARITÉs” : uN VoTe AVANT L’heuRe

POLITIqUE

© JérémieEloy-wanaiifilms

Mercredi 23 mars à la Maison de la radio, Nicolas Hulot et Thierry Khun, président d’Emmaüs France, ont lancé leur propre “campagne présidentielle”. Ils appellent les citoyens à se rassembler autour d’un vote pour “la solidarité”.

Nicolas Hulot et Thierry Khun ont lancé à l’unisson un appel pour permettre à “la solidarité d’être l’ADN de notre démocratie”. Ils ont rappelé à ce titre quelques chiffres éloquents : la France représente à ce jour “six millions de chômeurs et quatre millions de personnes mal logées malgré une richesse en augmentation constante”. Alors que l’élection présidentielle approche à grands pas, cette initiative est l’occasion d’organiser “un vote avant l’heure”. Quatrevingts associations de tous horizons se sont ainsi réunies derrière le slogan “répondre présent” symbolisé par un index levé. L’objectif : “se recentrer sur l’essentiel et mettre la dignité humaine au sommet de nos valeurs”, comme l’a souligné Nicolas Hulot. D’après lui, le monde s’est globalisé et connecté mais les citoyens se sont paradoxalement désunis. Cette initiative est aussi un hommage aux citoyens œuvrant chaque jour au sein des associations pour le vivre ensemble tout en luttant contre les inégalités. Dans quelle mesure le prochain chef de l’État sera t-il concerné par ces préoccupations ?

Une campagne pour “répondre présent” Dans des sociétés subissant de plein fouet les attentats, la tendance à ériger des murs peut-être légitime selon Nicolas Hulot, 22 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

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d’où l’intérêt de montrer l’exemple. À Thierry Khun de souligner que la solidarité n’est plus une option mais un projet de société.

Des affiches, une tournée dans sept villes de France, des évènements sur le terrain comme sur internet : une véritable campagne est en train de se mettre en place pour soutenir non pas un candidat mais la solidarité, représentée par les associations et leurs bénévoles. Un mécanisme de vote simple : un SMS gratuit “présent” au 32 32 1 ou par internet sur le site www.appel-des-solidarite.fr. Le programme s’articule autour de cinq caps pour lutter contre les inégalités, protéger le climat, aider les personnes exclues et discriminées et organiser une coopération entre les pays et les continents.

Pour le président d’Emmaüs, lutter contre la précarité entrainerait un cercle vertueux sociétal. Par exemple, remettre des logements vacants aux normes reviendrait à donner du travail et retrouver la mobilité dans la ville : autant de retombées positives qui s’observeraient sur le long terme.

Impacter les candidats Cette élection citoyenne a pour objectif d’impacter la campagne présidentielle au-delà des clivages politiques. Les associations espèrent évidemment une mobilisation importante pour que la solidarité puisse peser légitimement dans le prochain quinquennat. Nicolas Hulot évoque par ailleurs une campagne en “open source” pour créer une vraie dynamique. De la même façon, il avait apporté sa pierre à l’édifice au moment de l’élection en 2007. Son engagement a découlé sur la mise en œuvre du paquet énergie climat et sur la Loi de transition énergétique. Ce vote aura t-il une force assez percutante pour atteindre le candidat nouvellement élu le 7 mai prochain ? Nicolas Hulot se veut réaliste : “si les politiques prennent en compte ces voix ce serait fantastique”, tout en rappelant que “le principal est de favoriser le rapprochement des hommes autour de valeurs supérieures.” A l’en croire, “nous ne sommes ni naïfs ni bêtement optimistes, mais il est trop tard pour être pessimistes.” n aurélie Baert


TRIBUNE

L’INQuIÉTude d’uN deNTIsTe hosPITALo-uNIVeRsITAIRe

proFesseUr stépHane siMon*, praticien HospitaLier, Université paris DiDerot, groUpe HospitaLier De La pitié-saLpêtrière Le 6 mars dernier, mon propre employeur, l’administration, a brisé Praticien hospitalier, sans activité privée, mes revenus ne sont pas mes rêves en imposant à la profession une nouvelle convention. impactés par ces décisions. Au moins pour cette fois, on ne pourra Par un “arbitrage” unilatéral, l’état nous inpas tomber dans le populisme récurrent qui terdit de prodiguer à nos patients des soins consiste à insinuer qu’un dentiste ne se bat Quand je me suis engagé dans que pour ses revenus. Si j’écris ces lignes, modernes répondant aux données acquises de la science et nous replonge vingt ans en la voie hospitalo-universitaire, c’est que je suis inquiet. Quel exercice cette arrière. Nous, praticiens, nous restaurons des convention réserve aux étudiants que nous après 17 ans d’exercice libéral, formons ? Je suis inquiet car j’anticipe le fait sourires et des fonctions masticatoires, nous conservons les dents de nos patients, les moque cette convention obligera les praticiens mon objectif était de tivons à prendre conscience que leurs dents à pratiquer un exercice rétrograde ; les contransmettre aux futurs font partie intégrante de leur santé. Et cela damnera à prodiguer des soins comme l’a sans aucun soutien des assurances privées praticiens mes connaissances de fait une structure “low cost” qui a défrayé la et une faible participation des organismes la dentisterie moderne ; un rôle chronique récemment. Cette structure, par sociaux. Les étudiants se sont mis en grève une gestion purement financière des soins, a de passeur. pendant des semaines. Les praticiens se momis en application en avance, ce que l’admibilisent pour essayer d’expliquer que leur prénistration nous imposera au 1er janvier prochain. Je suis inquiet car je connais les déoccupation n’est pas leur revenu mais bien la camisole de force dans laquelle on essaie de les museler. Le triste gâts que cette “dentisterie pas chère” a causé chez les patients ; je constat que nous faisons tous aujourd’hui, c’est que si le patient connais aussi les coûts indirects que cette structure fait porter doit payer ses soins, ce n’est pas parce que les dentistes “sont aujourd’hui au contribuable, pour réparer les préjudices physiques chers”, mais simplement parce que les assurances ne jouent pas et psychologiques. Il est encore temps pour reconsidérer les choses. leur rôle. L’odontologie moderne a un coût. Personne ne le nie. La De nombreux hospitalo-universitaires, chirurgiens-dentistes et France n’aurait-elle pas les moyens de s’offrir une santé moderne ? prothésistes dentaires, sont disposés à vous expliquer honnêteAlors en tant qu’enseignant, que dois-je faire ? Dois-je revoir mes ment les choses et vous montrer le risque que cette convention fait programmes d’enseignements ? Et aux techniques de biotechnolo- courir à la population. Laissez-nous venir vous rencontrer. Il est gies, de Biomométisme, de conservation et d’ingénierie tissulaire, temps d’intervenir pour que dans 20 ans, vous n’ayez pas à dire à dois-je me remettre à faire des cours sur le bouchage des caries vos électeurs, “prenez le train pour vous faire soigner les dents. Ici, il n’y a plus de dentiste, il n’y a que des arracheurs de dents” n avec du plombage ? * stephane.simon@univ-paris-diderot.fr

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JuLIeN douRGNoN, PeNseuR modeRNe du ReVeNu uNIVeRseL

ÉCONOMIE

À l’occasion de la sortie de son livre, “Revenu universel. Pourquoi ? Comment ?”, l’économiste Julien Dourgnon est revenu sur les origines de cette proposition, le contexte dans lequel elle a été pensée, sa finalité et ses possibles modes de financement. Après avoir été directeur des études à l’UFC-Que Choisir, conseiller politique d’Arnaud Montebourg au ministère du Redressement productif et collaborateur d’ “Alternatives Économiques”, il travaille aujourd’hui comme consultant.

© Margot L’Hermite

Pour lui, le niveau de productivité globale d’un pays serait d’origine sociale : puisqu’on ne peut pas mesurer la contribution de chacun d’entre nous à cette productivité globale, tous les citoyens seraient des ayant droits de cette valeur ajoutée, qu’il faudrait alors redistribuer de manière égale à chacun.

Les limites du capitalisme salarial Si l’auteur défend les bénéfices du revenu universel, c’est parce qu’il fait le constat de l’échec de ce qu’il nomme le “capitalisme salarial”. D’après lui, si le salariat a toujours existé, il représentait auparavant une forme d’emploi minoritaire. Aujourd’hui, il serait devenu majoritaire, voire “monopolistique”. Or, pour Julien Dourgnon, ce système a atteint certaines limites : n la limite de la promesse d’intégration sociale. Le capitalisme salarial promettait l’intégration sociale. En échange de la soumission à sa hiérarchie, l’individu se voyait offrir l’inclusion : “la subordination contre la sécurité”. Aujourd’hui, Julien Dourgnon constate toujours une action de subordination de la part des salariés, mais de moins en moins de sécurité ;

Hommage à Yoland Bresson Julien Dourgnon doit son intérêt pour le revenu universel à l’un de ses anciens professeurs d’université aujourd’hui décédé, Yoland Bresson, qu’il qualifie de “plus grand théoricien du revenu universel en France”. Ce dernier, qui fut économiste et professeur de sciences économiques à Paris XII et à Abidjan, fonda en 1985 l’Association pour l’instauration du revenu d’existence (AIRE). Selon Dourgnon, trois de ses ouvrages sont essentiels pour comprendre sa pensée du “revenu d’existence” : Le capital-temps (1977), L’Après-salariat (1984) et Le partage du temps et des revenus (1994). À travers son livre, et bien que leurs idées soient parfois divergentes, l’auteur a souhaité “lui rendre hommage”. Il explique que Bresson choisit de s’appuyer sur la valeur “temps” plutôt que sur la valeur “travail”.

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Julien Dourgnon fait le constat de l’échec du “capitalisme salarial”. n la limite des gains du progrès technique sur l’emploi. Le progrès technique doit, à terme, produire plus d’emplois qu’il n’en détruit. Mais pour que cette causalité fonctionne, il faut qu’il y ait un déversement de la richesse créée par le progrès technique vers le plus grand nombre. Sans cela, il n’y a pas de demande de services nouveaux, donc pas d’emplois créés. Selon l’auteur, les gains du progrès technique seraient captés uniquement par un petit groupe de


personnes, ce qui gênerait le déversement. Le revenu universel serait, de ce point de vue, un outil de diffusion des gains productifs ; n la limite de la croissance soutenue indéfinie. Le capitalisme salarial ne fonctionne que si la croissance économique est soutenue. Or, une incertitude de plus en plus grande s’installe concernant notre capacité à la faire perdurer. À cela s’ajoute la nouvelle contrainte du développement durable, qui oblige à produire plus tout en utilisant le moins d'énergie possible. La réussite de ce projet demeure également incertaine ; n la limite de la consommation émancipatrice. Si la consommation a été, par le passé, un levier d’émancipation, notamment à travers l’équipement des ménages, on observe aujourd’hui une décorrélation entre surplus de consommation et bien-être. L’auteur va jusqu’à évoquer la “prolétarisation du consommateur”, reprenant l’expression du philosophe Bernard Stiegler ; n la fragilisation de la protection sociale. Le régime de protection sociale était originellement fondé sur le plein-emploi. Mais la France connaît un “sous-emploi chronique depuis 40 ans” qui s’accompagne d’une précarisation de sa population. Des aides qui devaient être de courte durée et peu fréquentes sont devenues des outils insatisfaisants mais permanents de gestion de la population active.

Temps du travail, temps du loisir D’après Julien Dourgnon, le capitalisme salarial ne connaît que deux temps sociaux : celui du travail et celui du loisir. Autrement dit, tout ce qui échappe à l’emploi s’apparente à du loisir, même si ce sont des activités qui participent à la vie en société. C’est là que le revenu universel intervient, car il refuse cette catégorisation en deux temps sociaux. Que dire de toutes les activités auxquelles les citoyens s’adonnent et qui ne s’associent ni à un travail rémunéré, ni à de l’oisiveté, mais qui pourtant ajoutent de la valeur à la vie sociale : faire du bénévolat, écrire un blog, emmener ses enfants à leur cours de dessin, être entraîneur de l’équipe de football de son fils, etc. ? Le revenu universel vient réfuter cette identification travail/emploi et emploi/revenu. Il cherche à créer un nouveau canal de revenu. Il n’est pas une allocation mais un revenu socle, garanti et permanent, quand les revenus de l’emploi apparaissent au contraire aléatoires et variables. Il ne s’agit donc pas, pour l’auteur, de prôner la fin de l’emploi, mais de mettre en place une “stratégie d’ouverture du capitalisme salarial” où l’emploi continuera d’occuper une place importante. Le revenu universel permettrait de valider socialement des activités qui se trouvent hors de l’emploi, sans pour autant leur donner un prix de marché. Julien Dourgnon résume la démarche par la formule suivante : “Aller d’une société de plein emploi à une société de pleine activité”. L’auteur considère également que le capitalisme salarial véhicule une corrélation, dans l’imaginaire collectif, entre emploi et estime de soi. Comme s’il fallait avoir un travail pour commencer à s’aimer. Il se demande alors comment supporter une société où “un tiers des individus ne se sentent pas intégrés à la vie sociale” (chômeurs, “halo” du chômage, précaires, etc.), comme l’explique l’économiste et directeur de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) Xavier Timbeau, s’appuyant sur les données de l’INSEE (Institut national de la Statistique et des Études écono-

miques). À ceux qui pensent que le revenu universel détruirait le travail, Julien Dourgnon répond que l’emploi est aujourd’hui en train d’être détruit : soit on nous oblige à l’accepter, soit on nous empêche d’y accéder. Le revenu universel serait alors une manière de redonner de la valeur au travail en permettant aux citoyens d’avoir la liberté du choix.

“Aller d'une société de plein emploi à une société de pleine activité.” Mise en œuvre et financement L’auteur rappelle le caractère fondamental de l’universalité d’accès au revenu universel, qui serait un droit. Tout citoyen percevrait la même somme, et ce “au nom de la communauté et de la non-stigmatisation”. Le but serait de sortir de la logique de l’assistance, puisque le revenu universel n’est pas un revenu solidaire mais un revenu “de communauté” : toutes les aides qui feraient doublon seraient ainsi supprimées (allocations familiales, Revenu de solidarité active, etc.). Seul le triptyque, intouchable, des allocations contributives – chômage, santé, retraite – serait conservé. Julien Dourgnon rappelle que le revenu universel n’est pas seulement une mesure de pouvoir d’achat : l’objectif est de remplir une promesse d’inclusion et de partage des gains du progrès technique. Pour financer une amorce “en douceur” du revenu universel, l’auteur choisit de s’intéresser au “capital cristallisé dans le “stock” du patrimoine mobilier et immobilier”. Il s’agirait donc de mettre en place un impôt progressif sur le patrimoine net de dette. Ce dernier est tellement concentré que, selon lui, une redistribution importante serait engendrée. Cela impliquerait de supprimer la taxe foncière et l’ISF (Impôt de solidarité sur la fortune). Intervenir sur le patrimoine est significatif : pour lui, le revenu universel doit devenir un socle de prévoyance, et plus seulement pour ceux dont les parents possèdent du patrimoine. Il ne s’apparente pas à une nouvelle dépense de l’État puisqu’il est automatiquement redistribué. D’après Julien Dourgnon, il devrait être inscrit dans le droit constitutionnel afin de devenir un “nouveau pilier de l’ordre public social”. L’auteur est parfaitement conscient des risques que comporte le revenu universel. Il le définit comme un “objet politique en soi” qui “recouvre des intérêts divergents, de la gauche à la droite de l’échiquier”. Mais si les possibilités de détourner l’outil sont multiples, il croit en la présence des forces sociales, garde-fous du bien-commun n Justine Hagard

REVENU UNIVERSEL. POURqUOI ? COMMENT ? Julien Dourgnon éditions Les petits Matins coll. politiques de la transition en coédition avec l’institut veblen 128 pages 12 €

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mIchèLe RIVAsI : “Le LoGo NuTRI-scoRe esT uNe PeTITe VIcToIRe”

SOCIÉTÉ

© European Union 2017 – Source : EP/Fred Marvaux

Si la députée européenne EELV Michèle Rivasi se réjouit de la mise en place du nouvel étiquetage alimentaire dans les supermarchés, la balle reste encore dans le camp du consommateur et des institutions européennes pour en assurer l’efficience.

michèle Rivasi est persuadée qu'un boycott des industriels qui n'appliquent pas l'étiquetage Nutri-score finirait par leur faire adopter le nouveau logo.

Les industriels pourront désormais apposer le logo Nutri-score pour aider le consommateur à choisir des produits plus sains. Toutefois, le fait qu’il ne soit pas obligatoire ne risque-t-il pas de conduire à l’inefficacité de ce système ?

L’annonce d’un logo simplifié a longtemps suscité la défiance des industriels, parmi lesquels certains souhaitent développer leur propre étiquetage. Cette multiplication de signes va-t-elle créer une cacophonie et perdre le consommateur ?

C’est effectivement un risque. Pour cette raison, nous avons lancé une pétition sur le site change.org afin de mobiliser les consommateurs et demander à ce que les industriels utilisent bien le label Nutri-score, comme ils s’y étaient engagés. Maintenant, vontils tenir parole ? D’autant plus qu’il suffirait que certains d’entre eux jouent le jeu pour que les autres suivent, ce qui permettrait de créer un cercle vertueux incitant à fabriquer des produits avec une meilleure qualité nutritionnelle.

C’est même certain. La ministre de la Santé doit en ce sens maintenir qu’elle ne souhaite voir qu’un seul et même logo tout en jouant sur le plan européen pour le faire appliquer dans l’ensemble des pays membres. D’autant plus que le poids de la France est très important dans le choix de l’étiquetage, tout comme l’est celui des consommateurs.

Une initiative citoyenne a également été lancée en parallèle : j’espère qu’elle parviendra à récolter plus d’un million de signatures d’ici la fin de l’année pour montrer la mobilisation des consommateurs en faveur de ce type de label. 26 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

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Le changement d’étiquetage n’est pas un chantier nouveau : comment les industriels ont-ils joué la montre ? Les industriels ont repoussé l’échéance en proposant leur propre étiquetage, avec un calcul nutritionnel sur des portions très fai-


bles (30 grammes) pour ne pas rentrer dans le rouge. Leur argument ? Que le logo Nutri-score allait stigmatiser certaines enseignes. Ce qui est faux puisque sur une même gamme de cassoulet ou de céréales la couleur attribuée varie d’une marque à l’autre, en fonction de la quantité utilisée de gras ou de sel par exemple. En réalité, les industriels ne veulent pas accentuer la concurrence encore davantage : or l’étiquetage sert justement à aider le consommateur à faire un choix éclairé.

“Le consommateur n’imagine pas à quel point le choix des produits est un pouvoir politique à lui seul !” Comment le consommateur peut-il agir à son échelle pour faire entendre sa voix ? Le consommateur n’imagine pas à quel point le choix des produits est un pouvoir politique à lui seul ! Si l’on boycotte les industriels qui n’appliquent pas l’étiquetage Nutri-score, ces derniers finiront bien par l’adopter. J’appelle également les citoyens à signer notre pétition sur change.org en faveur d’un caractère obligatoire pour le codage à cinq couleurs.

Les autorités européennes peuvent-elles s’emparer du sujet pour imposer un seul et même étiquetage dans la zone de l’UE ? Je suis justement en pleine réflexion sur la manière dont la directive sur l’étiquetage pourrait être révisée à la Commission européenne pour l’harmoniser à l’ensemble des pays. On nous l’a refusée en 2010 à seulement quelques voix, en raison du poids du lobby agro-alimentaire qui affirmait que le logo tricolore allait amener la fermeture de certaines sociétés. Le Nutri-score est en ce sens une petite victoire qui sera concrétisée uniquement si le consommateur joue le jeu en favorisant les entreprises qui utilisent ce label n propos recueillis par pauline pouzankov

Qu’esT ce Que Le LoGo NuTRI-scoRe ? Prévu dans la loi Santé, ce nouveau logo nutritionnel adopte un code couleur selon la qualité des aliments, allant de la meilleure note en vert (A) à la moins bonne, en orange foncé (E). Le but ? Rendre l’information nutritionnelle de l’étiquetage plus lisible et ainsi inciter les consommateurs à acheter des produits plus sains, notamment pour lutter contre l’obésité et le surpoids. Pour le choisir, quatre pictogrammes ont été testés pendant dix semaines dans 60 supermarchés en condition réelle d’achat. Résultat : c’est avec le Nutri-score que la qualité du panier moyen avait le plus augmenté. La ministre de la Santé Marisol Touraine avait même affirmé : “Pour la première fois, l’intérêt de l’étiquetage nutritionnel est démontré”.

michèle Rivasi est “en pleine réflexion sur la manière dont la directive sur l’étiquetage pourrait être révisée à la commission européenne pour l’harmoniser à l’ensemble des pays.”

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LABoRAToIRes eT FAcuLTÉs de mÉdecINe : uNe AmITIÉ ToxIQue ?

SOCIÉTÉ

Début janvier, l’association Formindep a publié le premier classement des universités françaises en fonction de leur degré d’indépendance. En filigrane, la question des liens qu’entretiennent ces établissements avec l’industrie pharmaceutique est posée. Véritable menace pour la santé publique ou rapprochement salutaire des sphères publique et privée ? Les avis divergent.

sciences de l’éducation Paul Scheffer, se montre plus optimiste. Le jeune homme se félicite de la réponse donnée par la Conférence nationale des doyens, quelques jours après la publication du classement. Dans un communiqué, ses membres affirment en effet s’allier pour “prendre exemple sur les facultés européennes et/ou américaines, où la transparence est affichée plus clairement sur le portail des UFR”. Interrogé, le Comité de Déontovigilance des Entreprises du Médicament (Codem), chargé de veiller au respect de la déontologie au sein de l’industrie pharmaceutique, ne condamne pas l’initiative du Formindep. “Une alerte a été donnée. Nous la respectons, bien que la méthodologie utilisée pour créer ce classement peut être questionnée. L’objectif est maintenant d’élaborer une solution équilibrée, pour lutter efficacement contre les conflits d’intérêts” commente son président, le docteur Grégoire Moutel.

L’amphithéâtre Boiron Des pains au chocolat et des réglettes. Anecdotiques en apparence, ces cadeaux régulièrement mis à la disposition des étudiants en médecine cristallisent la présence des laboratoires dans leur quotidien. Depuis treize ans, le Formindep, sous forme d'association, lutte pour que leur formation soit pourtant exempte de toute influence. Au soir du 9 janvier, à son initiative, le classement des trente-sept facultés de médecine françaises en fonction de leur indépendance vis-à-vis des laboratoires est publié dans la revue scientifique PLOS ONE. Les résultats laissent songeur. Faute d’information disponible, 28 universités sur 37 ont obtenu la plus mauvaise note en termes d’indépendance, par défaut. Et bien que la faculté Lyon-Est arrive première du classement, elle ne totalise que 5 points sur les 26 possibles. Un peu comme si le premier d’une classe ne se targuait que d’un 4 sur 20 de moyenne générale… Pour élaborer ce classement, le Formindep a eu recours à plusieurs procédés parmi lesquels une demande directe d’informations adressée à chaque doyen d’université. Sur les 37 contactés, seuls trois ont répondu aux sollicitations de l’association. Pour sa présidente, Anne Chailleu, ce silence traduit leur “réel désintérêt” pour la question. Le principal auteur du classement, le doctorant en 28 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

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Mais quels liens – éventuellement problématiques – sont visés précisément ? Par l’intermédiaire des fondations d’universités, les laboratoires peuvent par exemple financer des nouveaux bâtiments ou des réfections. L’amphithéâtre Boiron (du nom du laboratoire de produits homéopathiques) accueille par exemple les étudiants de Lyon Sud depuis 2011. On apprend aussi dans le rapport d’activité 2014 des fondations de l’Université de Strasbourg qu’un don du laboratoire Sanofi a permis au palais universitaire de restaurer les statues qui ornaient sa façade. La société fait d’ailleurs partie du “Cercle argent” des grands donateurs de l’université : le montant de ses dons sont compris entre 100 000 et 249 999€ depuis 2009. Pour Philippe Lamoureux, Directeur général de l’association professionnelle des entreprises du médicament (LEEM), cet engagement des laboratoires à l’université n’a rien de choquant, il serait même souhaitable. “Les sphères publique et privée doivent cesser de s’ignorer. Cela s’inscrit dans la logique des partenariats publicprivé.” Grégoire Moutel (Codem) enchaine à propos du mécénat des laboratoires : “Le vrai danger serait que les industriels se désengagent. Si les mécènes se retirent, que deviendraient nos institutions ?”.


Sympathie et reconnaissance La présence des laboratoires est aussi visible au sein des hôpitaux, par le biais des visiteurs médicaux. “Ils font partie des murs de l’hôpital” constate la présidente du Formindep. Des petits-déjeuners sont régulièrement organisés, à l’occasion desquels ils présentent de nouvelles molécules. Externes et internes y sont bien entendu conviés, et attirés à grand renfort de viennoiseries disposées sur les tables. La tentation de déguster ces gourmandises – cadeaux des laboratoires – peut être grande après plusieurs éreintantes heures de garde. Offrir des réglettes permettant de mieux lire les électrocardiogrammes fait aussi partie des techniques d’approche les plus communes. Soit des dons de petits objets sans grande valeur pécuniaire. Serait-il possible que cela puisse tout de même influencer les prescriptions ? La revue Prescrire s’est penchée sur la question dans son article : “Petits cadeaux : des influences souvent inconscientes mais prouvées”. L’auteur y conclut : “Si les petits cadeaux sont efficaces, c’est parce qu’ils font appel aux ressorts psychologiques (sympathie, reconnaissance, etc.) (…) mais aussi parce que rien de cela n’est conscient chez le récipiendaire”.

Le gruyère de la base transparence santé Ces petits présents ne constituent que la partie émergée de l’iceberg. L’Etat s’intéresse davantage aux dons de plus grande valeur financière : matériel médical, repas, hébergements ou transports. La loi dite “Bertrand” du 29 décembre 2011 consacre l’obligation pour les laboratoires pharmaceutiques de déclarer tout cadeau et avantage qu’ils accordent aux professionnels de santé et étudiants, à partir de 10 euros. Depuis un décret d’application pris par Marisol Touraine en décembre 2016, les professionnels de santé doivent aussi rendre public le montant des contrats qu’ils concluent avec des laboratoires. La Base transparence santé, en accès libre, agrège l’ensemble des cadeaux déclarés ainsi que leur bénéficiaire. Une députée s’est montrée particulièrement impliquée lors de l’élaboration de la loi Bertrand. Catherine Lemorton, pharmacienne de formation, avait déjà une sensibilité développée pour le sujet. Elue à l’Assemblée Nationale en 2007, sa lutte contre l’influence des laboratoires pharmaceutiques remonte à 2008 lorsqu’elle rédige un rapport sur la consommation de médicaments en France. Les sollicitations des laboratoires étant incessantes, elle découvre l’étendue de leur volonté de contrôle. Depuis, elle a fait de la régulation des actions de lobbying – que ce soit auprès des parlementaires ou des professionnels de santé – le cheval de bataille de sa mandature. La députée de haute-Garonne catherine Lemorton.

La députée PS reconnaît elle-même que la loi est perfectible. “Les laboratoires doivent venir volontairement déclarer tout cadeau offert aux professionnels de santé (médecins, soignants, pharmaciens, etc.), mais très honnêtement, je ne sais pas quel moyen de contrôle on a. Comment peut-on savoir si un labo n’a pas invité discrètement un ou deux médecins à déjeuner ?”

“Cette vision erronée des médicaments peut créer une menace pour l’intérêt du patient.” Un “risque de vision biaisée du médicament” Pour Anne Chailleu du Formindep, le système de contrôle actuel devrait être revu de fond en comble. Catherine Lemorton nuance, les mesures en place seraient déjà “mieux que rien” : “La loi Bertrand est une avancée. D’autant plus au vu du puissant lobbying qui a présidé à son élaboration, et du manque de moyens humains disponibles pour s’assurer de son application”. Le LEEM rejoint la députée sur au moins un point : ce cadre légal est un progrès. “Des évolutions positives ont été constatées depuis la publication des textes récents. Il faut cesser de pointer exclusivement les dysfonctionnements et se féliciter de la dynamique en cours”. “Les forts liens entre les universités et les laboratoires impliquent un risque de vision biaisée du médicament.” affirme tout de même Mme Lemorton. Des mauvaises prescriptions, par exemple. Le docteur Bernard Bégaud, cité en 2013 par Le Monde lors du procès du laboratoire Servier pour l’affaire Mediator, considère qu’un tiers des 18 000 décès par an liés aux médicaments sont causés par des prescriptions injustifiées. “Cette vision erronée des médicaments peut créer une menace pour l’intérêt du patient et pour l’intérêt général. Si je suis réélue députée en juin 2017, j’engagerai sur ces questions une commission d’enquête parlementaire” continue la députée.

De la pire à la meilleure note : le cas Harvard Outre-Atlantique, des étudiants en médecine ont aussi pris le problème à bras le corps. The New York Times racontait en 2009 l’engagement contre les conflits d’intérêt pris par plusieurs étudiants de Harvard après avoir découvert qu’un de leur professeur était aussi consultant rémunéré pour plusieurs laboratoires pharmaceutiques. Il faut dire que les Etats-Unis ont inspiré la France sur l’idée même d’un classement, dont les résultats ont été là-bas très probants. En 2007, l’Association américaine des étudiants en médecine (AMSA) attribue une note de A à F à toutes les universités de médecine du pays. La prestigieuse Harvard sort piteuse, affublée de la pire note : un F. Neuf ans plus tard, le classement 2016 lui attribue un A, et 41 autres facultés partagent avec elle cette excellente note. Peut-on espérer qu’en France, les lignes bougent de la même façon ? Du côté du Formindep, les projets sont en tous cas d’envergure. “Une édition 2017 du classement est en préparation” annonce Paul Scheffer. “Nous réfléchissons aussi à un classement des hôpitaux en fonction de leur perméabilité aux sollicitations de l’industrie du médicament. De quoi mettre un coup de pied dans la fourmilière.” n Delphine sitbon

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SOCIÉTÉ

FLoRe BeRLINGeN : “LA dÉmARche zÉRo dÉcheT N’esT PLus uN TABou”

Considérées jusqu’à récemment comme une utopie, les politiques “zéro déchet” s’installent progressivement dans le débat public. Entretien avec Flore Berlingen, directrice de l’association Zero Waste France.

Il n’en reste pas moins qu’une véritable prise de conscience est en train de s’opérer : à l’étranger comme en France, de nombreuses solutions se mettent en place à tous les niveaux, individuel et collectif. Certaines collectivités italiennes ont même mené des politiques “zéro déchet” avec des résultats concrets : notre pays peut donc s’en inspirer et faire avancer le débat de manière plus efficace. Nous avons aujourd’hui une énorme marge de manoeuvre qui reste encore inexploitée.

“Les biodéchets, non polluants par nature, le deviennent en étant mélangés à d'autres ordures.” Le compostage permettrait de réduire de près d’un tiers le volume de nos poubelles : si c’est pratique en jardin, quelles solutions pourraient faciliter la démarche en appartement ?

Flore Berlingen Directrice de l’association Zero Waste France

On parle souvent du réchauffement climatique, mais beaucoup moins de l’impact des déchets sur celui-ci : quelle en est la raison ? Si l’on ne fait pas le lien intuitivement entre déchets et changement climatique, c’est parce que le sujet a pendant longtemps été abordé presque exclusivement sous l’angle de la pollution. Les conséquences climatiques sont pourtant bien réelles : le traitement par incinération, les décharges ou le cycle de vie des produits jetables avant même qu’ils ne deviennent des déchets sont autant d’impacts directs sur le réchauffement de la planète.

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Nous assistons aujourd’hui à une situation complètement illogique : les biodéchets, non polluants par nature, le deviennent en étant mélangés à d’autres ordures au sein de nos poubelles. Le compostage apporte en ce sens une réponse intéressante avec un traitement sur place, que ce soit dans un lycée, un quartier ou chezsoi. On entend fréquemment l’argument des mauvaises odeurs pour ne pas s’y mettre en appartement : c’est une idée reçue. Un compost qui fonctionne bien ne sent pas, sinon ce serait ingérable ! En réalité, les gaz malodorants sont produits par un manque d’aération ou un excès de matières azotées. Toutefois, le compostage individuel ne permet pas de capter tous les flux de biodéchets : c’est pourquoi notre association préconise, en complément, une collecte séparée pour pouvoir composter à grande échelle, comme cela est fait à San Francisco, ou


© Fanny Berlingen

est dommageable alors qu’il existe des alternatives responsables facilement accessibles. En témoignent la vente en vrac où l’on apporte son propre contenant, ou encore le sac réutilisable.

“En 2022, tous les territoires français seront passés à l'extension des consignes de tri.” Au-delà de ses bénéfices évidents pour l’environnement, le zéro déchet est-il souhaitable pour l’économie et l’emploi ?

La vente en vrac, en croissance ces dernières années, permet de réduire l’impact environnemental des produits commercialisés.

Parfaitement, une étude menée en Ile-de-France montre que le traitement d’une même quantité de déchets crée dix fois plus d’emploi dans les filières de tri et de recyclage que dans le traitement par incinération. Le tout pour un budget à peu près similaire. Etonnement, le “zéro déchet” s’avère encore plus bénéfique pour l’économie : la vente en vrac, le réemploi, la réparation sont autant de secteurs en pleine croissance ces dernières années. Pour répondre à la demande, les porteurs de projets sont au rendez-vous, de plus en plus nombreux puisque les 800 entrepreneurs que nous suivons actuellement n’avaient pour la plupart pas encore créé leur société il y a deux ans n

bien la méthanisation des biodéchets. Si le traitement par méthanisation a l’avantage de produire du biogaz, il est revanche plus complexe à gérer à l’échelle industrielle.

propos recueillis par pauline pouzankov © Emily Estienne

“A partir du moment où l’emballage est jetable ou à usage unique, son impact sur l'environnement est dommageable.” Malgré la campagne nationale “Le tri, c’est simple comme Bonjour !”, les consignes de tri restent encore complexes à comprendre pour beaucoup de Français. Pourquoi ne sont-elles toujours pas plus claires à ce jour ? Elles vont le devenir puisque d’ici 2022 tous les territoires français seront passés à l’extension des consignes de tri : autrement dit, l’ensemble des plastiques seront à recycler sans exception. Toutefois, on est en droit de se demander pourquoi les règles sont encore mal assimilées, sachant que le recyclage existe en France depuis 1992. Beaucoup de consommateurs croient encore que le logo Point Vert signifie que l’emballage se recycle alors que ce n’est pas du tout le cas. Il indique seulement que l’entreprise qui commercialise le produit participe au financement de la collecte et du tri. L’adoption du logo “Triman” entendait faciliter les consignes : seulement les entreprises peuvent se contenter de le mettre uniquement sur leur site internet et pas sur l’étiquette. Les sacs en papier sont-ils une alternative saine aux sacs plastiques sachant qu’ils peuvent concourir à la déforestation ? C’est un éternel débat que notre association ne souhaite pas trancher, parce que nous nous refusons “l’usage unique”, qu’il s’agisse de papier ou de plastiques. A partir du moment où l’emballage est jetable ou à usage unique, son impact sur l’environnement

“Le traitement d'une même quantité de déchets crée dix fois plus d’emploi dans les filières de tri et de recyclage que dans le traitement par incinération.”

LE SCÉNARIO ZERO WASTE 2.0 ON PASSE à L’ACTION ! Zero Waste France editions rue de l’échiquier 128 pages 10 €

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ÉGALITÉ FILLes-GARçoNs : Les eNseIGNANTs AussI doIVeNT APPReNdRe

SOCIÉTÉ

Le 22 février 2017, le Haut Conseil à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes (HCE) a présenté son rapport sur la formation à l’égalité filles-garçons.

L

e rapport détaille l’offre de formation actuelle en matière d’égalité filles-garçons des personnels enseignants et nonenseignants qui travaillent dans les écoles, pointe ses failles et formule des propositions pour porter plus loin cette exigence.

L’école, lieu de l’apprentissage de l’égalité Pour Danielle Bousquet, la présidente du HCE, “l’égalité doit faire l’objet d’une attention partout”, et d’autant plus à l’école. Selon elle, il n’y a pas de pente naturelle vers l’égalité. Il faut donc l’inculquer : comme la cellule familiale échoue, dans bien des cas, à l’enseigner, l’école doit être le premier lieu de cet apprentissage. Seulement, comme le souligne le rapport : “les personnels enseignants et d’éducation sont aux prises, comme l’ensemble de la société, avec les stéréotypes sexistes et reproduisent des attentes différenciées” vis-à-vis des élèves en fonction de leur sexe. Il appa-

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raît, par exemple, que les enseignants interagissent en moyenne plus fréquemment avec les garçons (56 %) qu’avec les filles (44 %). Dans son webdocumentaire, L’École du genre, Léa Domenach montre que garçons et filles n’utilisent pas l’espace de la cour de récréation de la même façon. Les garçons ont tendance à occuper la majorité de l’espace, au centre de la cour, tandis que les filles se regroupent davantage dans des petits coins. L’entrée de ces dernières sur l’espace de jeu masculin déclenche généralement des conflits. L’orientation professionnelle est également encore très sexuée : 7 garçons sur 10 s’orientent vers une filière scientifique, et 4 filles sur 10 vers une filière littéraire. Les élèves, selon leur sexe, vivent donc des scolarités différentes.

Des carences dans les formations Le HCE fait le constat suivant : les formations initiales et continues à l’égalité filles-garçons sont insuffisantes et disparates. Comme


© Vernier / JBV NEWS

Cependant, certaines initiatives sont encourageantes. Le 1er février 2017 a été inaugurée une plateforme de vidéos pédagogiques dédiées à l’égalité entre les sexes, “Mathilda”. Réalisé par l’association “v.ideaux”, le site s’adresse aussi bien aux personnels de l’éducation qu’aux élèves et aux parents. Le ministère de l’Éducation nationale a, de son côté, lancé une plateforme “m@gistère” de formation à distance relative à la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes. Ce parcours en ligne a été suivi par 12 enseignants en 2015-2016.

Les recommandations du HCE Comme ces initiatives sont insuffisantes, le HCE a formulé 6 recommandations qui permettront aux personnels enseignants et éducatifs d’être les moteurs de l’apprentissage de l’égalité fillesgarçons : 1. Renforcer et généraliser l’éducation à l’égalité filles-garçons dans la formation initiale des personnels enseignants et d’éducation. 2. Conforter la présence de personnes ressources sur l’égalité femmes-hommes dans chaque ESPE. 3. Faire de l’égalité filles-garçons une connaissance requise pour l’obtention des diplômes d’enseignants, de personnels d’inspection, de direction, des conseillers d’orientation-psychologues et des conseillers principaux d’éducation.

danielle Bousquet, présidente du hce.

Dans son webdocumentaire, Léa Domenach montre que garçons et filles n’utilisent pas l’espace de la cour de récréation de la même façon.

4. Développer et garantir une offre de formation continue sur l’égalité des sexes. 5. Élaborer un Guide pratique de la formation à l’égalité fillesgarçons visant à accompagner et outiller les professionnels de l’Éducation nationale. 6. Développer et faire connaître un réseau de formateurs et formatrices à l’égalité filles-garçons n Justine Hagard

l’explique Françoise Vouillot, la présidente de la Commission “Stéréotypes”, parmi les 24 Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE) qui ont accepté de répondre à l’enquête (sur 32), seuls 50 % considèrent avoir formé la totalité de leurs étudiants à l’égalité. Seule la moitié des ESPE propose un module dédié à cette question, et ces formations jouissent d’une grande liberté de faire, autant dans la durée que le contenu. Margaux Collet, corapporteure du rapport, ajoute que la formation continue – celle des personnels déjà en poste – n’est pas suffisamment encouragée. En 2014-2015, les personnels de direction et les corps d’inspection se sont vus proposer seulement 3 journées de formation sur des thématiques englobant racisme, homophobie et égalité. En ce qui concerne les académies, 20 sur 28 proposent des modules dédiés, et, en 2013-2014, le thème de l’égalité représentait 1,6 % de l’ensemble des journées de formation réalisées.

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“dePuIs LA VAche FoLLe, LA coNFIANce eNTRe cIToyeNs eT AGRIcuLTeuRs esT RomPue”

SOCIÉTÉ

Les agriculteurs ne pourront pas relever seuls les défis qui sont les leurs. Voici en substance le message que souhaite faire passer Christian Decerle, Président de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire et éleveur lui-même. Touchés de plein fouet par les campagnes de contrôle des abattoirs et de promotion du végétarisme, les exploitants sont les victimes collatérales de nos nouveaux modes de consommation. Pourtant, depuis vingt ans, M. Decerle voit le soutien de la société aux producteurs s’étioler. Entretien.

Les agriculteurs font plus que jamais face à de graves difficultés : dégradation de leur niveau de vie, solitude… Comment les soutenez-vous ? Dans des périodes comme celles-ci, nous avons l’impression d’être à la fin d’un Tour de France. Le peloton du monde agricole s’étire péniblement. Si certains conservent la tête, d’autres sont tentés par l’abandon. Il reste des agriculteurs confiants, solides, combatifs, qui font face. Ils jouissent peut-être de plus de réserves morales et financières. Mais le nombre d’exploitants qui décrochent, qui abdiquent, va croissant. “Ne restez pas seuls” : voilà le message que diffuse la Chambre d’agriculture à ceux qui se sentent fragilisés. Des accompagnements existent : économique, organisationnel ou autre. Par exemple, si acheter seul de nouvelles machines est possible, on peut aussi réfléchir à des coopérations entre agriculteurs pour partager ce capital fixe : les échanges s’avèrent régulièrement sources de progrès. Ces réunions sont d’autant plus nécessaires qu’en période de crise, les exploitants sont davantage stressés, sous pression. Leurs premiers réflexes ne sont souvent pas les meilleurs.

“Les agriculteurs ont L’impression de faire l’objet d’une inquisition permanente.”

j’ai une crédibilité, car je connais les défis auxquels ils doivent faire face tout au long de leur vie professionnelle. Mon équipe et moimême sommes par exemple très attentifs au processus d’installation des jeunes agriculteurs. Nous vérifions pendant leurs cinq premières années que tout se passe bien pour eux. L’écart entre projections et réalité peut être grand, et le ressentir est parfois violent.

“J’espère que les Français ne se réveilleront pas un matin en se demandant pourquoi il n’y a plus de bergers dans les alpages.” Dans quelle mesure de nouvelles pratiques alimentaires, notamment le végétarisme, impactent la production bovine ? Pour l’instant, nous ne souffrons pas de conséquence économique majeure liée à la baisse de la consommation de viande. Elle n’est pas une explication déterminante dans les difficultés économiques des agriculteurs. Mais nous sentons en revanche que ce fond de critique ne nous est pas favorable et pose question. Les éleveurs se sentent blessés, au niveau moral et émotionnel. Le monde agricole a l’impression d’être montré du doigt. Que ressentent les agriculteurs ?

Est-ce qu’être agriculteur vous aide dans votre mission ? Le végétarisme est pour eux un sujet assez douloureux, qui Bien sûr. Les agriculteurs supportent mal les pistes de réflexion touche leur sensibilité. Quelque chose s’est brisé au moment de la christian decerle défend que "les éleveurs sont des gens passionnés, attentifs à leurs animaux, travaillant parfois nuit et jour." avancées par des gens qui ne sont pas pétris de réalité. A leurs yeux crise de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB, ou épidémie 34 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

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de la “vache folle”), en 1996. Ce fut la rupture d’une relation de confiance qui n’avait jamais failli entre la société civile d’une part, et les agriculteurs et éleveurs d’autre part. A partir de ce moment, les consommateurs ont découvert – assez stupéfaits – qu’on avait recours aux farines de viande et aux déchets d’abattoirs pour nourrir les bêtes. Le consommateur était abasourdi de voir qu’un herbivore pouvait consommer des farines de viande. Cette période marqua le début d’une attention nouvelle, critique, de la part des citoyens. Parfois à juste titre, la société civile a pris l’habitude de demander des comptes sur les pratiques agricoles et l’alimentation des animaux. Les remarques que nous entendons sont tantôt fondées, tantôt injustifiées. Vous le soulignez : ces critiques sont parfois formulées à juste titre. Que reprochez-vous à cette dynamique de rationalisation de la consommation de viande ?

© L’Exploitant Agricole

On sent qu’aujourd’hui, une communication assez dure enserre le monde de l’agriculture au sens large. Les abattoirs deviennent des sujets d’actualité, les associations pour la protection du bienêtre animal sont très actives. Quant aux agriculteurs, ils ont l’impression de faire l’objet d’une inquisition permanente. Certes une association comme L214 ne vise pas directement les éleveurs, mais de façon incidente ils se sentent tout de même attaqués et touchés. Il faudrait que les métiers des uns et des autres soient mieux compris. Les éleveurs sont des gens passionnés, attentifs à leurs animaux, travaillant parfois nuit et jour, par exemple durant les vêlages. Les exploitations se transmettent souvent de père en fils. L’élevage et le repas de viande rouge fait partie intégrante de notre

culture. Lorsqu’on entend qu’elle peut être cancérigène, cela semble à des kilomètres de ce que nous vivons et la manière dont nous la percevons. La forte affluence constatée chaque année au salon de l’agriculture – 619 000 personnes pour l’édition 2017 – n’est-elle pas un signal d’encouragement adressé aux exploitants ? Absolument, la foule qui se presse à ce salon est en effet un signe positif, qui met du baume au cœur des agriculteurs. Mais cet évènement ne se produit qu’une semaine par an. Il reste toutes les autres. Quel message souhaitez-vous faire passer à la classe politique ? Le milieu politique et la société civile ne doivent pas sous-estimer l’agriculture en tant que richesse collective. Elle est aujourd’hui en danger, fragilisée par tout un environnement économique et sociétal. Il faut y faire attention collectivement. Le risque est sinon de perdre des actifs pour toujours. J’espère que les Français ne se réveilleront pas un matin en se demandant pourquoi il n’y a plus de bergers dans les alpages, de fermiers dans les campagnes. On ne peut éternellement engager tant d’énergie, de travail et de capitaux sans gagner notre vie. D’autant plus que sans considération et soutien populaire, la tentation devient grande de changer de métier n propos recueillis par Delphine sitbon

christian decerle sur son exploitation.

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SOCIÉTÉ

LA FIN des PesTIcIdes esT-eLLe AmoRcÉe ?

© Guillaume BODIN

Joël Labbé, sénateur du Morbihan, a déposé mercredi 29 mars une proposition de résolution européenne visant à généraliser l’interdiction des pesticides pour les usages non agricoles. Il en profite pour revenir sur l’impact de sa loi en France.

dans certains quartiers, la biodiversité reprend ses droits.

“Les citoyens ne veulent plus de pesticides” : ce constat est sans appel pour Sophie Bordères de l’association Génération future. Elle cite en appui une étude de l’INSERM parue en juin 2013 soulignant “l’existence d’une association entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte, dont la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate comme le lymphome non hodgkinien et les myélomes multiples”. Ces produits au cœur du débat regroupent les herbicides, les fongicides et les insecticides, où des milliers de molécules seraient également impliquées. “Nous n’avons plus le temps d’attendre la prochaine génération” s’alarme Joël Labbé. C’est pourquoi il souhaite une application européenne de sa Loi de 2014 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Depuis le 1er janvier 2017, l’État, les collectivités territoriales et les établissements publics ont l’interdiction 36 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

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d’utiliser des pesticides pour l’entretien de leurs espaces. Par ailleurs, la Loi Labbé prévoit l’arrêt de la vente des produits phytosanitaires aux particuliers à compter du 1er janvier 2019.

Les alternatives aux pesticides pour des “villes Zéro-phyto” De nombreuses collectivités françaises ont franchi le cap sans attendre l’entrée en vigueur de la Loi. C’est notamment le cas de Versailles, Mouans-Sartoux, Rennes ou encore Grande-Synthe qui sont passés au zéro-phyto y compris sur “les espaces à contraintes” comme les cimetières ou les terrains de sport. À ce titre, Joël Labbé rappelle que : “si les villes françaises ont réussi, toutes les villes européennes doivent suivre, la Belgique est déjà en avance”.


“Comment faire pour maîtriser les herbes indésirables ?” : Joël Labbé évoque en ce sens plusieurs techniques curatives alternatives comme le désherbage manuel ou thermique. Pour Sophie Bordères, l’intérêt de La loi Labbé est d’entamer une vraie réflexion sur les différents procédés envisageables pour éviter le recours aux phytos. Le sénateur Labbé estime qu’il est essentiel de sensibiliser la population locale et de l’impliquer, rappelant que “la loi est passée parce que les citoyens se sont emparés du sujet”. Pour Sophie Bordères, il faudra encore du temps pour faire accepter les nouvelles pratiques d’entretien et montrer que les “mauvaises herbes” ne sont pas forcément synonymes de saleté ou de négligence. Elle donne l’exemple des cimetières danois dans lesquels la nature a repris ses droits, contrairement à la France qui n’est pas encore dans cet état d’esprit.

Préserver les pollinisateurs : une nécessité pour la biodiversité Anne Furet, chargée de projet à l’Union Nationale des Apiculteurs Français, signale une situation paradoxale : “les abeilles se portent mieux en ville qu’à la campagne”. Cette espèce est particulièrement menacée alors que leur pollinisation est indispensable pour notre écosystème. Elle pointe du doigt les néonicotinoïdes qui agissent directement sur leur système nerveux, les insectes sont ainsi fragilisés et davantage vulnérables aux menaces. Dans le cadre de l’examen du projet de Loi biodiversité en mars 2016, les députés ont voté l’interdiction de ce type d’insecticides à compter du 1er septembre 2018 pour l’ensemble des cultures agricoles, quels que soient les usages (pulvérisations, traitement des sols ou enrobage de semences). “Une belle victoire pour la biodi-

versité” s’enthousiasme Joël Labbé, espérant que sa proposition relance le débat pour leur interdiction totale en Europe.

La Loi Labbé : une première étape vers une agriculture sans pesticides ? Le sénateur Labbé a profite de la semaine “pour les alternatives aux pesticides” organisée par l’association Générations futures pour rappeler à quel point la transition vers une agriculture zérophyto serait possible grâce au développement d’autres méthodes. D’autant plus que le 8 mars 2017, le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies a critiqué sévèrement le recours à grande échelle de ces produits au nom de la productivité de l’agriculture industrielle. Pour Joël Labbé, l’échec du plan ECOPHYTO 1 en France s’expliquerait par le manque d’options proposées aux agriculteurs. Selon lui, la solution se trouverait dans la polyculture sans engrais qui combine une ou plusieurs cultures et au moins un élevage. Les animaux sont alimentés par les cultures et prairies, lesquelles sont fertilisées en retour par leurs déjections. Aujourd’hui, le plan ECOPHYTO 2 a pour objectif de réduire de 50 % à l’horizon 2025 le recours aux produits phytosanitaires : en ce sens, le Sénateur Labbé envisage de nouveaux paradigmes pour parvenir à un succès. Alors que la France reste le deuxième utilisateur de pesticides en Europe, Joël Labbé sait bien que la route sera longue, notamment dans un contexte économique extrêmement difficile pour le monde agricole. Il évoque également le poids des lobbies en prenant pour exemple l’affaire récente du glyphosate. Néanmoins, à l’en croire, cette proposition de résolution européenne pourrait constituer une première étape vers la réduction massive de l’utilisation de pesticides dans l’agriculture n aurélie Baert © Guillaume BODIN

Paradoxalement, “les abeilles se portent mieux en ville qu’à la campagne” à en croire Anne Furet, chargée de projet à l’union Nationale des Apiculteurs Français.

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L’Axe seINe : Le PRoJeT NumÉRo uN eN NoRmANdIe

LOCAL

© Virginie Bruneau

Ouvrir la métropole parisienne à la mer : telle est l’ambition de l’axe Seine, un projet dont l’enjeu est d’apporter une cohérence d’ensemble au développement de la Vallée de la Seine.

la vallée de la Seine ? L’un des grands atouts de la vallée de la Seine est d’être un bassin industriel de premier plan où de nombreuses filières sont implantées. L’enjeu consistera à y structurer les activités logistiques et donc trouver le foncier nécessaire, en repensant les connexions entre le rail, la route et le fleuve.

“L’axe Seine est considéré aujourd’hui comme une priorité dans les schémas d’aménagement réalisés par la Région.” Un autre aspect dont on parle moins mais qui ne manque pas d’intérêt est le tourisme fluvial. Notre agglomération en a fait l’expérience en installant des pontons en bordure de la Seine il y a deux ans, ce qui nous a rapporté 70 000 visiteurs l’année dernière, soit 550 escales. C’est une nouvelle forme de voyage qui plait particulièrement aux seniors, une clientèle à fort potentiel financier. C’est une opportunité importante et créatrice d’emploi dont il faut s’emparer pour valoriser le patrimoine local. Car malgré l’avion et le train,

Jean-Claude Weiss

L’axe Seine est le projet d’extension du Grand Paris dans la vallée de la Seine jusqu’à Rouen et le Havre : dans quelle mesure cette vision de développement répond-elle aux intérêts locaux des collectivités ?

© Virginie Bruneau

Président de la Communauté d’agglomération Caux vallée de Seine

Elle servira les intérêts locaux uniquement s’il s’agit d’une vision réellement commune : autrement dit de tous les acteurs qui travaillent sur l’axe Seine pour créer du dynamisme et de l’emploi. En ce sens, la Seine doit devenir un axe de transport et de traffic massifié qui n’exclura ni le routier ni le fer, obligeant les collectivités à repenser l’aménagement du territoire en conséquence, sur le foncier en particulier. Cette complémentarité entre une entrée maritime et une zone de consommation importante, l’Ile-de-France, permettrait à nos territoires de s’ouvrir sur le monde tout en concurrençant les ports de Rotterdam et d’Anvers. Quelle mutation ce projet entrainerait-il pour les industries de

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“dans la continuité de Port-Jérôme, une autre zone d’aménagement concerté est en train de voir le jour.”


© Studio Huon de Caudebec

“L’un des grands atouts de la vallée de la seine est d’être un bassin industriel de premier plan.”

les fleuves restent aujourd’hui des axes de pénétration intéressants et d’autant plus d’un point de vue écologique. C’est aussi l’occasion de désamorcer le Canal Seine Nord, qui représente une concurrence non seulement pour la Normandie mais pour la France toute entière, risquant à terme de faire de Rotterdam et d’Anvers les ports de l’Ile-de-France. Quel écho ce projet trouve-t-il aujourd’hui ? L’axe Seine est considéré aujourd’hui comme une priorité dans les schémas d’aménagement réalisés par la Région : c’est même le projet numéro un à mettre en avant. Car un port important avec à l’autre bout une zone de distribution comme Paris alimente toute la Normandie ainsi que les autres territoires à la ronde. A mon sens, cet axe pourrait même irriguer l’Europe en concurrençant Anvers et Rotterdam.

Votre agglomération se veut un pôle d’équilibre entre le Havre et Rouen : quel rôle concret serait-elle amenée à jouer dans le projet d’axe Seine et quels bénéfices, notamment économiques et en termes d’attractivité, en attendriez-vous ? Ces enjeux nous concernent directement puisque le tourisme et le foncier sont des compétences de l’Agglomération. A nous d’assurer le rôle de facilitateur en aménageant le terrain : plusieurs projets sont aujourd’hui en train d’être concrétisés en ce sens, notamment via un protocole d’accord avec le promoteur immobilier Panhard. Le groupe logistique hollandais Katoën Natie se développe également chez nous depuis quelques années. Dans la continuité de Port Jérôme, une autre zone d’aménagement concerté est en train de voir le jour.

Qu’en est-il de l’aspect environnemental ? La nécessité de mettre en place des mesures compensatoires ne fait pas débat, mais l’interprétation réglementaire que certains services de l’Etat en fait freine quelque peu le développement économique. Si tout le monde souhaite promouvoir le fluvial, il suppose que des quais soient en bordure de la Seine, or c’est là que se trouvent toutes les zones humides qu’il faudra recréer ailleurs pour conserver la biodiversité. Créer de l’activité dans ces espaces devient donc extrêmement complexe. On essaye quand même d’y parvenir avec les possibilités que nous offre la législation, notamment au travers du Plan climat énergie territorial et le Schéma d’aménagement et de gestion des eaux.

“La Seine doit devenir un axe de transport et de trafic massifié qui n’exclura ni le routier ni le fer.” Compte tenu du foncier disponible sur Caux Seine agglo et de notre implantation géographique idéale sur l’estuaire de la Seine, nous sommes le territoire parfait pour accueillir les projets les plus innovants en matière de logistique et d’industrie. J’insiste notamment sur le projet Panhard pour lequel nous avons institué une gouvernance partagée entre le groupe Panhard et l’agglomération. Ce partenariat nous permettra de décider des différentes conditions nécessaires à l'implantation des entreprises sur Port-Jérôme. C’est un exemple d’innovation parmi d’autres n propos recueillis par pauline pouzankov

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couRBeVoIe s’APPRêTe à RemodeLeR soN ceNTRe-VILLe

LOCAL

© Cabinet Croixmariebourdon

La mairie de Courbevoie (Hauts-de-Seine) a annoncé le 31 janvier avoir lancé un processus pour réaménager son centre-ville. La pierre angulaire de ce projet : un nouveau centre commercial Charras, devenu vieillissant et peu accueillant au fil des années. Les riverains et commerçants poussent un soupir de soulagement et espèrent que le projet aboutira.

de marché et parking) pour 2019. L’ensemble constituera le nouveau centre-ville de Courbevoie : végétalisé, accueillant et respirant. Le promoteur Nicolas Desjouis analyse : “La seule chose qui ne s’est pas démodée dans le commerce, ce sont les centres-villes ”. AccorHotels, propriétaire de l’hôtel Mercure La Défense (complexe de 507 chambres situé à Courbevoie) et la société Carrefour Market, se réjouissent des changements à venir. Hors de question que leur dynamisme soit enrayé par l’allure ronflante du centre Charras. Grâce à cette opération, le maire espère quant à lui revaloriser le patrimoine immobilier alentour.

Projection de ce que sera la future halle du marché charras, prévue pour 2019.

Les commerçants se languissent L’élu tient à préciser qu’il restera “très attentif à l’avenir des commerçants indépendants du centre”. Car leur futur reste flou. Si les propriétaires de boutiques se réjouissent de ce réaménagement, certains regrettent de ne pas avoir été davantage consultés pendant l’élaboration du projet. Pour beaucoup, les inquiétudes demeurent. Où seront-ils déplacés durant les travaux ? Dans quelle mesure leurs charges augmenteront-elles ? Le projet aboutira-t-il bel et bien cette fois ? Comment survivre jusqu’à la date de livraison alors que l’affluence du centre se réduit de jour en jour ? Autant de questions qui devront trouver une réponse, afin que le projet porte sans encombre des fruits tant attendus n

I

l est de ces personnes dont on se dit qu’elles ont été belles, dans le temps. Tel est aussi le cas du centre commercial Charras (Courbevoie), situé à deux pas de La Défense. La transformation de cette ancienne caserne date de 1969. Après son âge d’or, le bâtiment a vieilli dans l’ombre du gigantesque complexe des Quatre Temps, éloigné de moins de deux kilomètres. 70 des 85 boutiques qui lui donnaient vie ont désormais fermé. Enclavé et peu visible de l’extérieur, certains nouveaux habitants de la ville ne connaissent même pas son existence. À l’intérieur, les allées blanches et aseptisées donnent une impression de lendemain de fête.

“Pour la première fois, tous les interlocuteurs sont réunis”

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© Arte Charpentier

L’annonce du réaménagement de ce centre commercial était donc au centre des attentes. Dans le passé, plusieurs projets ont été avortés. Le maire (Les Républicains) de Courbevoie, Jacques Kossowski, l’explique : “La différence est qu’aujourd’hui, pour la première fois, tous les interlocuteurs sont réunis autour d’une table”. Parmi eux, la société Desjouis, qui vient de racheter l’édifice. Moins “rouleau-compresseur” que son prédécesseur le groupe Klépierre, le PDG Nicolas Desjouis assure que sa société accordera toute l’attention nécessaire à la réalisation des travaux. “Peut-être que le projet n’était pas assez gros pour intéresser Klépierre. Mon entreprise est différente, familiale. Je m’implique, je me rends très régulièrement sur place” affirme-t-il. La date de livraison du Centre Charras est prévue pour 2022, ses aménagements extérieurs (halle

Delphine sitbon

croquis du futur centre commercial charras.


CULTURE

L’AFRIQue se RAcoNTe Au musÉe du QuAI BRANLy

© Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits

Jusqu’au 12 novembre 2017, le musée du Quai Branly - Jacques Chirac accueille l’exposition “L’Afrique des routes”. L’histoire du continent y est détaillée, mettant en avant un espace carrefour où hommes, objets et idées circulent depuis des millénaires.

L’Afrique : un continent sans histoire ? Décrite par Stéphane Martin, président du musée, comme “une entreprise d’intelligibilité et de vérité”, la nouvelle exposition du Quai Branly a pour objectif d’aller à l’encontre du préjugé selon lequel l’Afrique serait un continent sans histoire. Catherine CoqueryVidrovitch, commissaire associée, parle même d’une véritable “bataille”contre les idées reçues. Si les objets occupent une place prépondérante, c’est parce qu’ils sont, selon la commissaire Gaëlle Beaujean, “des preuves, des indices de cette histoire”.

L’Afrique est le berceau de l’humanité : c’est au sud du Sahara, au niveau du Tchad actuel, que serait apparu l’être humain, entre 200 000 et 150 000 avant notre ère. Depuis, les cultures et les peuples africains ont circulé, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du continent, de manière constante. C’était d’ailleurs l’un des objectifs de la colonisation que de stabiliser ces déplacements. Dès le Ier siècle, les Asiatiques voyagent et commercent en Afrique, longtemps avant que les Européens ne fassent de même, à partir du XVIème siècle. En effet, bien que “l’Afrique ait toujours été en contact avec le reste du monde”, “les Européens sont les derniers à avoir découvert ce continent”, rappelle Catherine Coquery-Vidrovitch.

cosmographia, claude Ptolémée (90-168)

1. Les routes et moyens de transports Les Africains maîtrisent, dès 3 500 avant notre ère, le portage animal (cheval puis dromadaire), notamment pour le commerce. Les déplacements se font aussi sur les fleuves, lagunes et lacs, ainsi que sur les mers, qui sont des passerelles entre les continents. L’astronome et géographe grec Ptolémée a dessiné les premières mappemondes, dont l’objectif était de donner un aperçu du monde habité connu. Si le nord de l’Afrique est représenté à travers quelques contours réalistes, le reste demeure imaginaire jusqu’au XVIème siècle. © Musée du quai Branly - Jacques Chirac

L’exposition évoque les routes terrestres, fluviales et maritimes par lesquelles sont passés les hommes, les marchandises et les idées depuis le Vème millénaire avant notre ère. Ce panorama des circulations permet de peindre, pour reprendre les mots de Stéphane Martin, “le portrait d’un continent au cœur de l’histoire”.

Même si quelques œuvres artistiques exposées émouvront les spectateurs par leur beauté et leur sincérité, l’exposition est avant tout une “claque historique”. Riche de près de 300 objets, elle se présente comme une mine d’informations aussi surprenantes qu’authentiques qui remettront les idées en place à quiconque douterait de l’extraordinaire passé du continent. Pari réussi.

Un parcours thématique de l’exposition L’exposition suit une approche thématique afin d’aborder tous les types de routes, au sens littéral et figuré, qui ont composé les circulations africaines. Panorama et explication de ces différents thèmes.

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zanzibar, fin du xIxème siècle (album)

2. Les villes, jalons de route Les villes sont des points de repère ou d’étape, notamment dans le commerce local, régional et international. Chaque ville a eu, dans


5. Les routes esthétiques Certaines œuvres (poteaux funéraires, masques, arts du métal…) ont une histoire liée à des routes migratoires, linguistiques ou technologiques. Par exemple, les poteaux funéraires sont le fruit d’une rencontre entre les cultures d’Afrique orientale et certaines cultures de l’Océan Indien. 6. Les routes coloniales Les relations coloniales entre l’Afrique et L’Europe ont entraîné l’exportation de matières premières comme l’or, le cuivre, le fer, les diamants, le charbon, le pétrole ou l’uranium, dont l’Afrique est riche. Des infrastructures ont alors été créées pour extraire ces ressources, généralement liées au travail forcé. De nombreux objets africains ont également été acquis par les Européens, pour rejoindre des collections privées, des expositions, des musées ou le marché de l’art. Leur mode d’acquisition – butins de guerre, confiscations, achats, dons ou commandes – a souvent laissé inconnu le nom de l’artiste. Au début du XXème siècle, certains artistes européens d’avant-garde, comme Picasso, voient ce qu’ils appellent “l’art nègre” autant comme une source d’inspiration que comme un art qui leur est proche. 7. La nation des artistes

© Musée du quai Branly - Jacques Chirac / Photo Claude Germain

4. Les routes spirituelles et religieuses Entre les “religions du terroir” et les monothéismes qui s’installent à partir du XIXème siècle, l’Afrique a connu de nombreuses circulations spirituelles. De plus, les cultes africains-américains doivent leur existence aux esclaves déportés entre les XVIème et XIXème siècles. Bien que forcés de se convertir au christianisme, ils ont apporté certaines croyances, notamment en Haïti et au Brésil.

Cette dernière partie de l’exposition donne à voir les communications et les échanges qui ont eu lieu entre les artistes africains et occidentaux. Emprunt des techniques, inspiration des thèmes, puisement dans les imaginaires : ces circulations rappellent que les artistes, aussi singuliers soient-ils, appartiennent à une même nation et s’expriment dans un langage commun n

come on Board! (2000)

© Philip Kwame Apagya / Courtesy CAAC - The Pigozzi Collection, Genève

3. Les routes commerciales Les échanges commerciaux entre l’Afrique et le reste du monde existent depuis des millénaires. Le sel, très peu présent en Afrique, était troqué contre de l’or ou du fer. Les perles ont alimenté les circulations depuis l’Antiquité entre l’Afrique, Venise et la Bohême. L’ivoire, le cuivre et les esclaves étaient également des ressources d’exportation, qui transitaient aussi bien vers l’Eustatue féminine rope que vers la Chine et l’Inde, par l’Océan Indien. De ces deux derniers pays étaient importées de la soie et de la porcelaine. Les Pays-Bas ont créé l’industrie du wax, qu’ils exportaient vers l’Afrique jusqu’à l’arrivée du wax chinois. Les connaissances médicinales africaines ont contribué à l’avancée pharmacologique à échelle mondiale.

© Musée du quai Branly - Jacques Chirac / Photo Claude Germain

l’histoire, sa spécificité : Tombouctou et la pénétration de l’Islam, les forts côtiers et la traite négrière, Dakar et la conquête coloniale, etc.

Justine Hagard

“L’Afrique des routes” Du 31 janvier au 12 novembre 2017 Musée du quai Branly Mezzanine ouest Entrée gratuite pour les moins de 26 ans Portrait de mammy Watta, femme légendaire au sénégal symbolisant la fécondité (vers 1950).

Plus d’informations sur www.quaibranly.fr

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© Vernier/JBV NEWS

CHRONOLOGIE

2 février Un jeune homme de 22 ans, Théo L., est violemment interpelé par quatre policiers à Aulnay-sous-Bois. Il est alors hospitalisé et se voit prescrire 60 jours d’incapacité totale de travail. Il souffre de blessures graves. Les quatre policiers sont mis en examen le 5 février par un juge d’instruction du tribunal de Bobigny pour violences volontaires en réunion. L’un d’eux est également mis en examen pour viol, soupçonné d’avoir porté des coups de matraque télescopique au jeune homme, provoquant une lésion de 10 cm du canal anal. Suite à cet événement, de nombreux mouvements de soutien ont émergé, ponctués par des incidents et violences.

© Nogues/JBV NEWS

François Bayrou, Président du modem, renonce à se présenter à l’élection présidentielle.

22 février François Bayrou, le président du MoDem, renonce à se présenter à l’élection présidentielle et propose une alliance à Emmanuel Macron, fondateur du mouvement “En marche !”. Ce dernier répond alors qu’il accepte cette proposition, qu’il qualifie de “tournant dans la campagne présidentielle”. Le lendemain, c’est Yannick Jadot, le candidat d’Europe Écologie - Les Verts, qui annonce qu’il retire sa candidature pour soutenir Benoît Hamon, le candidat socialiste. Les deux hommes passent alors un “accord”. une manifestation contre les violences policières.

22 février 13 février Michael Flynn, conseiller à la sécurité nationale du président américain, Donald Trump, démissionne de son poste. Il était au centre d’une polémique pour des contacts inappropriés avec la Russie lorsque le président Obama était encore en fonction. Ce départ, qui a lieu moins d’un mois après la prise de fonction officielle de Donald Trump, est un coup dur pour son administration.

Catherine Griset, la chef du cabinet de Marine Le Pen, est mise en examen pour recel d’abus de confiance dans l’affaire des emplois fictifs d’assistants parlementaires du Front national au Parlement européen. Elle avait précédemment été placée en garde à vue pour être entendue par les policiers de l’Office anticorruption de la police judiciaire (OCLCIFF). Thierry Légier, le garde du corps de Marine Le Pen, qui était également en garde à vue, a été remis en liberté. Le Parlement européen réclame toujours 339 946 euros à Marine Le Pen, la somme qui aurait été versée aux deux assistants entre 2010 et 2016 par des fonds publics européens.

20 février Le Soudan du Sud déclare l’état de famine dans plusieurs zones du pays, notamment dans la région pétrolière d’Unité, au nord. Sur 11 millions d’habitants, 4,9 millions ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence. Plus d’un million d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition sévère. Selon les Nations unies, cette catastrophe humanitaire est liée à une sècheresse grave, la guerre civile qui dure depuis décembre 2013 et l’effondrement de l’économie nationale. L’organisation affirme avoir besoin de 4,4 milliards de dollars pour faire face aux situations de famine au Soudan du Sud, au Nigeria, en Somalie et au Yémen. 44 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

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9 mars L’ancien Premier ministre polonais Donald Tusk est réélu à la tête du Conseil européen pour deux ans et demi. Il présidait déjà depuis 2014 cet organe réunissant les chefs d’Etats ou de gouvernement des États membres. Le sommet européen de Bruxelles a débuté par ce vote, conclu par 27 voix en faveur du Président sortant contre une seule main levée. L’unique pays réfractaire à cette réélection n’est autre que la nation d’origine de M. Tusk : la Pologne. Le parti nationaliste et eurosceptique Droit et justice (PiS) au pouvoir


depuis novembre 2016 s’oppose farouchement au président du Conseil européen depuis plusieurs années. © European Union 2017 - Source : EP

révélé que M. Fillon s’était fait offrir par un généreux ami pour 48 500€ de costumes sur-mesure, payés pour partie en liquide. Le déontologue de l’Assemblée nationale s’est saisi de l’affaire.

21 mars L’émission Quotidien diffusée sur TMC révèle que les deux filles du ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux ont été employées par leur père. Vingt-quatre contrats à durée déterminée en tant qu’assistantes parlementaires furent signés entre 2009 et 2016, pour un montant total de 55 000 euros. Problème : les deux jeunes filles n’étaient que lycéennes ou étudiantes durant cette période, et cumulaient parfois plusieurs occupations. Par exemple, entre juin et septembre 2016, l’aînée était à la fois rétribuée par l’Assemblée Nationale et en stage chez Yves Rocher, en Belgique. Le cabinet du Ministre reconnait l’existence de ces contrats et maintient qu’un travail a été effectué, parfois à distance. L’ouverture d’une enquête préliminaire par le Parquet national financier est intervenue moins de vingt-quatre heures après ces révélations, tout comme la démission de Bruno Le Roux du gouvernement. Matthias Fekl devient le nouveau ministre de l’Intérieur n

donald Tusk, réélu à la tête du conseil européen.

© JBV NEWS

Justine Hagard et Delphine Sitbon

14 mars

© Vernier/JBV NEWS

François Fillon est mis en examen pour détournement de fonds publics et abus de biens sociaux dans l’affaires des soupçons d’emplois fictifs de son épouse Penelope et de ses deux enfants ainés Charles et Marie. Le candidat de la droite à l’élection présidentielle a refusé de répondre aux juges, mais leur a lu une déclaration répétant la “réalité” du travail de son épouse. Cette convocation intervient deux jours après de nouvelles révélations embarrassantes pour l’ancien Premier ministre. Le Journal du Dimanche a en effet

François Fillon et son épouse Penelope au Trocadéro le 5 mars.

Bruno Le Roux lors de la passation de pouvoir à matthias Fekl.

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ZOOM EN COULISSES

© Julie De Halleux

anglaises, mais également irlandaises et européennes, notamment la Commission européenne, se saisissent de ce problème de la pêche en mer, sans limites, qui fait courir des risques à la fois à la filière normande mais également aux ressources naturelles” a affirmé l’élue. Au risque de voir les Saint-Jacques se transformer en coquilles vides.

LES “NÉONICS” REMIS SUR LA TABLE

MANqUE DE fIBRE EN ZONE RURALE La France accuse un retard en matière de couverture internet et la députée LR Laure de La Raudière n’a pas manqué de le rappeler à en croire La Tribune. Lors d’une séance de questions au Gouvernement, l’élue a affirmé que “seulement 30% des habitations des zones rurales ont accès au très haut débit, contre plus de 65% dans les grandes villes”. Un “décrochage” qui contraste avec “l’avance sur ses partenaires européens ” dont bénéficiait l’Hexagone en 2012. Si la députée estime que l’ “on laisse crever nos territoires ruraux ”, Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du numérique et de l’innovation a répondu que “100% de la population française” sera couverte à l’horizon 2022.

L’insecticide tueur d’abeilles serait également dangereux pour l’homme. C’est ce que suggère une étude publiée dans la revue Environnemental Health Perspectives de l’Institut national des sciences de la santé environnementale (NIEHS), montrant une corrélation entre l’exposition chronique à ces produits et des conséquences négatives sur le développement ainsi que le plan neurologique chez l’humain. A savoir : augmentation du risque d’autisme, pertes de mémoire, malformations congénitales du cœur et du cerveau. L’information n’a pas empêché pour autant la Commission européenne de prendre la décision de prolonger jusqu’en 2020 l’autorisation de la substance imidaclopride, molécule de la famille des néonicotinoïdes la plus massivement autorisée. De quoi faire bondir la députée socialiste et ancienne ministre de l’Ecologie Delphine Batho, qui a demandé à la France “d’intervenir ferme-

ment au niveau européen” contre cette décision, jugeant l’initiative “scandaleuse”.

HOMMAGE à L’ASSEMBLÉE NATIONALE

LA POÉSIE : MÉMOIRE D’UN PAYS

Le 8 février, le président Claude Bartolone a rendu un hommage émouvant à l’un des membres du personnel du Palais-Bourbon, actuellement plongé dans un coma profond. Jean-Michel Gaudin, le responsable de la buvette parlementaire, s’est fait ruer de coups à la sortie du métro Bastille en plein Paris, après avoir défendu deux personnes âgées contre quatre individus qui les agressaient. De nombreux élus l’ont également soutenu à travers les réseaux sociaux, parmi lesquels Valérie Pécresse (LR), Lionel Tardy (LR), ou encore Nadine Morano (PPE).

Le triste feuilleton du décret anti-immigration pris par Donald Trump le 27 janvier ne semble toujours pas achevé. Quelques jours avant la suspension de ce texte par un tribunal fédéral, le sénateur Eric Bocquet interpellait le Premier ministre sur la réaction diplomatique de la France. En incipit, l’élu des Hauts-de-France a rappelé cet extrait d’un poème d’Emma Lazarus, gravé au pied de la statue de la Liberté à New-York. Une ôde à l’accueil des étrangers qui tranche singulièrement avec les décisions du nouveau Président des Etats-Unis : “Envoyez-moi vos fatigués, vos pauvres, Envoyez-moi vos cohortes qui aspirent à vivre libres, Les rebuts de vos rivages surpeuplés Envoyez-les moi, les déshérités, que la tempête m'apporte, De ma lumière, j'éclaire la porte d'or ! ”

PÉNURIE DE SAINT-JACqUES Les pêcheurs normands ont trouvé un défenseur de poids en la sénatrice PS de Seine-Maritime Nelly Tocqueville. Lors d’une séance de questions au Gouvernement, elle a interpellé le secrétaire d’Etat chargé des transports, de la mer et de la pêche Alain Vidalies sur le problème que pose la présence britannique dans les zones de pêche française, et ce en pleine saison de la très appréciée coquille Saint-Jacques. Alors que les Français doivent se contenter de pêcher deux tonnes par jour, leurs homologues peuvent aller jusqu’à quinze tonnes de manière quotidienne. “Il est urgent que les autorités 46 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

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LA TOUR EIffEL EST-ELLE UNE “PIZZA BURGER à DÉCOUPER” ? Lors d’une question au Gouvernement jeudi 9 janvier, le sénateur LR Jacques Legendre s’est montré outré. A l’entendre, le slogan affiché sur la Tour Eiffel pour promouvoir la candidature de Paris


aux Jeux Olympiques de 2024 s’avère aussi décevant sur le fond que sur la forme. “Made for sharing” lui rappelle ce “slogan publicitaire recyclé, qui a servi à vanter les produits de Quality Street en 1979, de Cadbury ou encore à lancer une pizza burger à découper.” Quid de la Tour Eiffel ? Et que dire de l’anglais, utilisé en lieu et place du français, “langue olympique” si l’on en croit l’historien Pierre de Coubertin. Thierry Braillard, le secrétaire d’Etat chargé des Sports, tempère en soulignant que le slogan de Paris sera bicéphale. “Made for sharing ” a été créé pour nos amis non francophones, et exceptionnellement affiché sur la Tour Eiffel le jour du lancement de la campagne internationale. Son pendant dans la langue de Molière existe bel et bien : “Venez partager”.

LA NouVeLLe PLATeFoRme des TeRRIToIRes : uN ouTIL Au seRVIce des ÉLus eT AGeNTs TeRRIToRIAux Le 2 février 2017, le Groupe Caisse des Dépôts a lancé à

© Julie De Halleux

Orléans la nouvelle Plateforme Numérique des Territoires, en présence de Pierre-René Lemas, directeur général de la Caisse des Dépôts, et Charles-Éric Lemaignen, président de l’Assemblée des Communautés de france. à travers ce dispositif, Pierre-René Lemas a souhaité que “la Caisse des Dépôts redevienne la Caisse des territoires”, en proposant un outil à destination des élus et agents territoriaux. L’interface numérique simplifiée se compose de quatre onglets principaux pour guider les usagers dans leur navigation : Informer, Conseiller, financer, Réaliser. Le site donne également accès aux services de Localtis – un outil d’information en ligne dédié aux collectivités et utile aux acteurs dans l’exercice de leurs missions – et de Mairie-conseils, devenu Territoires conseils, qui fournit des renseignements juridiques et financiers. La Caisse des Dépôts propose des offres d’ingénierie et de financement, mais aussi les services de ses filiales. La plateforme permet enfin de partager les bonnes pratiques, de gérer ses droits à la retraite et à la formation, et d’être mis en relation

“En termes d’intelligence artificielle, nous sommes un pays du tiers monde ” assène l’entrepreneur Laurent Alexandre, le 19 janvier au Sénat. Ce spécialiste de biotechnologies, cofondateur de Doctissimo et chrirugien de formation, n’est pas tendre avec la France. L’Hexagone aurait tout faux. Exportatrice de têtes bien faites, s’envolant travailler à l’étranger, et importatrice massive d’intelligence artificielle américaine, via nos iPhones et autres systèmes Android. Si Lénine considérait que “les bourgeois de gauche sont les idiots utiles de la révolution”, Laurent Alexandre déclare lui que “nous sommes tous les idiots utiles de l’intelligence artificielle”. La solution ? Se donner de toute urgence les moyens de créer de l’intelligence artificielle en Europe, au risque de devenir les “colonies numériques” des mastodontes Google, Apple, Facebook et Amazon n

avec les directions régionales. Défini par Pierre-René Lemas comme “une première nationale et même européenne”, le site est gratuit et accessible à l’adresse : www.caissedesdepotsdesterritoires.fr. Justine Hagard © Caisse des Dépôts

LES fRANçAIS, “ASSISTÉS” DE L’INTELLIGENCE ARTIfICIELLE

Delphine sitbon et paulina pouzankov

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Les mAINs sALes : TouR d’hoRIzoN de MAPPEMONDE

Au mois de janvier, l’ONG Transparency International a dévoilé son classement annuel sur l’indice de perception de la corruption dans le monde pour 2016. Cette année, plus de deux tiers des pays et territoires analysés se situent au dessous de la moyenne de 50, l’échelle allant du très corrompu (0) au plus propre (100).

États-Unis Les Etats-Unis reculent, passant de la 16ème à la 18ème place en 2016 avec un score de 74 points contre 76 l’année précédente. Transparency International craint d’ailleurs que leur situation ne se détériore avec l’élection de Donald Trump, mettant en exergue le lien existant entre populisme et corruption. Dans un communiqué, l’ONG a d’ailleurs affirmé : “l’année 2016 a montré que, dans le monde entier, la corruption systémique et l’inégalité sociale se renforcent mutuellement, conduisant à une désillusion populaire vis-à-vis du monde politique et fournissant un terreau fertile à la montée des politiciens populistes.” A José Gaz, président de Transparency International, d’ajouter : “Dans les pays dirigés par des leaders populistes ou autocrates, nous constatons souvent des démocraties en déclin et des tentatives inquiétantes de réprimer la société civile, de limiter la liberté de la presse et d’affaiblir l’indépendance du pouvoir judiciaire.”

Somalie Sans surprise, la Somalie arrive en 176ème position avec un score de 10 sur 100. Deux points de plus que les années précédentes, où elle se trouvait déjà en bas du classement ex-aequo avec la Corée du Nord. Depuis 1991, la guerre civile entrave le développement économique du pays, qui repose essentiellement sur l’agriculture et l’exploitation de mines de sel. Le réseau routier se trouve dans un état catastrophique, d’autant plus qu’il est dangereux de s’y aventurer en raison de la présence de hors-la-loi encadrés par des chefs de guerre. Sans oublier la famine qui n’arrange en rien la situation. 48 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

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LA coRRuPTIoN dANs Le moNde france Stable, la France reste 23ème du classement comme en 2015, si ce n’est que son score a baissé d’un point, 69/100 contre 70 l’année passée. Un cas jugé “atypique en Occident” par le magazine Foreign Policy si l’on compare ce résultat à certains de ses voisins européens bien mieux placés. Alors que l’ONG Transparency International avait salué au mois décembre les progrès réalisés sous la présidentielle Hollande en matière de corruption, la mise en cause des époux Fillion provoque un tollé médiatique ainsi que l’ouverture d’une enquête pour soupçon de “détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits”. De quoi susciter de nombreuses interrogations sur la capacité de l’ancien Premier ministre à apparaître comme le champion de la morale publique lors de l’élection présidentielle.

Danemark Bon élève, le Danemark conserve sa première place en 2016 ex aequo avec la Nouvelle-Zélande, pour un score de 90 points. Les pays nordiques rentrent eux aussi dans le peloton de tête : la Finlande (3ème), la Suède (4ème) et la Norvège (6ème). Si ces pays ne sont bien sûr pas exempts de corruption, l’ONG constate que ceux qui ont obtenus les meilleures notes partagent les caractéristiques suivantes : un gouvernement transparent, la liberté de la presse, la garantie des libertés civiles et des systèmes judiciaires indépendants.

Roumanie En 57ème position, la Roumanie a amélioré son score de cinq points en trois ans, 48 contre 43 en 2013. Les Roumains n’en ont pas moins perdu confiance en leur gouvernement, comme le confirme la vague de mobilisation inédite qui traverse le pays, jamais vue depuis la chute du dictateur Nicolae Ceausescu en 1989. En cause, un décret adopté dans l’urgence le 31 janvier, qui aurait permis à des élus d’échapper à la justice, rendant l’abus de pouvoir passible d’une peine de prison uniquement en cas de préjudice supérieur à 44 000 euros. Malgré un retrait tardif du texte, la colère et les rassemblements de rue persistent.

Corée du Sud Avec 53 points contre 56 l’année précédente, la Corée du Sud régresse. Une 52ème position soulignée par le récent scandale de corruption à l’issue duquel la présidente Park Geun-Hye a été destituée par les députés sud-coréens. Une étonnante disgrâce pour celle qui était appelée la “Reine des élections”. Impliquée dans une affaire de traffic d'influence, sa destitution a été confirmée par la Cour constitutionnelle le 10 mars dernier, jugeant que la fille de l’ex-dictateur Park Chung-hee a “gravement compromis l'esprit de la démocratie et l’État de droit.” N° 864 / 2017

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© Pierre Sauvey

LA cALI, uN PôLe de dÉVeLoPPemeNT sTRATÉGIQue de LA GIRoNde

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d o s s I e R

“Il y a la volonté de désenclaver un territoire, ou de ne pas le faire !” 54 Entretien avec Philippe Buisson, Président de la CALI, maire de Libourne

La cALI, territoire “business-friendly” 57

Le centre aquatique fait peau neuve 59

A Libourne, des transports gratuits pour tous 62

La cALI : entre culture et tourisme, une agglomération attrayante 64

Les 20 ans d’un festival monté sur piles 66

Viticulture et climat : le verre à moitié vide 67

La cALI voit “vert” 68

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DOSSIER | La cALI, un pôle de développement stratégique de la Gironde

La CALI, Communauté d’agglomération de Libourne, “l’agglo rive droite de Bordeaux”, mise sur l’effet LGV pour son développement économique et démographique. Elle renforce ses liens avec BordeauxMétropole, tout en s’affirmant comme ville centre d’un bassin de vie de 150 000 habitants.

© Aurélien Marquot pour Ville de Libourne

“Il y a la volonté de désenclaver un territoire, ou de ne pas le faire !” Philippe Buisson Président de la CALI, maire de Libourne

sance d’une métropole qui est aujourd’hui l’une des plus attractives de France ! La deuxième jambe de Libourne est donc d’assumer son statut métropolitain.

Vous venez de poser les bases d’une coopération territoriale en signant une convention avec Alain Juppé, président de Bordeaux-Métropole. Qu’attendezvous de ce rapprochement avec votre grande voisine ? Pour comprendre, il faut faire un peu d’histoire et de géographie. Libourne est une ville centre d’un bassin de vie de 150000 habitants environ, qui enjambe les vallées de l’Isle et de la Dordogne. Ces deux rivières s’y rejoignent puis vont jusqu’à la mer sans passer par Bordeaux. Donc Libourne a d’abord été une ville centre avant d’être en périphérie de Bordeaux ! Jusqu’alors, nous nous adossions en nous négligeant. Mais un fait nouveau est apparu dans les dix dernières années : c’est la nais-

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Libourne est ainsi une ville moyenne qui a un double statut, à la fois péri-métropolitaine et centre d’un arrière-pays. Elle n’est pas une banlieue. Sa fonction de ville centre s’est affirmée avec la naissance de la communauté d’agglomération de Libourne, la CALI, le long de l’autoroute A89. Son statut de ville qui veut épouser le fait métropolitain, surfer sur la vague et la dynamique de Bordeaux Métropole, se forge à partir d’un dialogue. Nous créons les conditions de celui-ci entre la métropole bordelaise et la communauté d’agglomération du libournais. Je sais gré à Alain Juppé d’en avoir accepté le principe. Cela signifie que la métropolisation n’entraîne pas ipso facto l’assèchement des territoires périphériques, dont le nôtre. Comment avez-vous travaillé ? Quelles sont vos priorités en la matière ? Nous avons travaillé des projets, sur la base d’une convention qui va donner lieu à un protocole très opérationnel. Nous souhaitons avancer en particulier sur la mobilité, la gouvernance alimentaire et le déve-

loppement économique. Par exemple, des entreprises qui ne peuvent plus trouver de foncier sur la métropole, mais qui s’avèrent pourtant importantes pour celle-ci, pourraient trouver l’espace dont elles ont besoin sur un territoire périphérique comme le nôtre. Cela peut être le cas notamment dans le domaine de la logistique. Donc, pourquoi ne pas avoir une entente entre la CALI et la métropole pour financer ensemble, dans la communauté d’agglo du libournais, des zones économiques dédiées à des secteurs qui nous intéressent ? Sur la mobilité, le grand contournement routier de Bordeaux doit être remis sur l’établi. L’option par l’ouest, qui aurait désenclavé le Médoc, a été rendu caduque il y a une dizaine d’années. Je fais mien le projet d’Alain Juppé de grand contournement par l’est, c’est-à-dire par le libournais. Son atout est qu’il peut être phasé dans le temps en reliant des barreaux autoroutiers : A10 (Paris-Bordeaux), A89 (Bordeaux-Lyon), A62 (Bordeaux-Toulouse), A63 (BordeauxEspagne)… Nous avons convenu d’essayer de cofinancer avec la CCI BordeauxGironde une étude pour objectiver la captation des flux routiers. Nous porterons également avec Alain Juppé une sollicitation auprès de la Région : la naissance d’un syndicat mixte des transports autour de la métropole : comment on fait de l’interopérabilité, comment on fait de la billétique, comment on crée les conditions d’une gouvernance des transports à l’échelle d’un bassin de mobilité !


Pour cela, vous avez dépassé vos différences politiques ? Il y a des dialogues utiles. Libourne et la CALI veulent marcher sur leurs deux jambes : l’une, est d’être le fanion de cette partie girondine du nord est aquitain, et l’autre est d’être en dialogue avec la métropole, pour construire des conventions de développement de nos collectivités. On voit bien que les territoires qui se développent sont ceux qui ont su lever les fractures politiques partisanes. Libourne avait autrefois du mal à discuter avec l’ensemble de ses voisins. D’une part on échangeait très peu avec la viticulture, notamment avec la juridiction de Saint-Emilion. D’autre part on ne dialoguait pas du tout avec la métropole ! Nous arrivons maintenant à avoir des discussions, des objectifs et des actions communes avec ces deux territoires. Les fractures territoriales s’estompent et, dans une gouvernance moderne, on doit dépasser les fractures politiques : il n’y a pas un grand contournement de droite ou un grand contournement de gauche : il y a la volonté de désenclaver un territoire, ou de ne pas le faire !

Que va changer pour Libourne la mise en service de la LGV Bordeaux-Paris le 2 juillet prochain ? Garder une gare TGV avec la nouvelle ligne à grande vitesse a été un beau combat ! Cela mettra Libourne à 2h40 de Paris au lieu de 3h10 actuellement. Nous conserverons des arrêts avec quatre aller-retours quotidiens vers Paris : cela amène la capacité d’un développement économique, touristique encore plus important et celle de profiter pleinement de l’attractivité de Bordeaux-Métropole. Cela nous apporte une conquête en matière d’habitat, notamment dans le centre-ville. On voit des cadres parisiens qui viennent pour travailler à Bordeaux et veulent habiter à Libourne, parce que le logement y est deux fois moins cher ou deux fois plus grand qu’à Bordeaux. Le fait d’être connecté à Paris par le TGV et à Bordeaux par le TER, c’est très rassurant pour un parisien et plus encore pour un chef d’entreprise ! Cela entraîne clairement du développement économique, des entreprises qui viennent s’implanter. Je cite

© Aurélien Marquot pour Ville de Libourne

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Les casernes de Libourne vont être reconverties en pôle hôtelier de haut niveau avec un Palais des congrès, un hôtel 5 étoiles et un hôtel 3 étoiles à l'horizon mi 2019.

l’exemple d’une start-up, Entomopharm, qui va déménager de Blanquefort (ndlr : dans la banlieue nord-ouest de Bordeaux) à Libourne. Elle fabrique de la farine d’insectes pour nourrir des poissons. On va donc produire de la sauterelle et du grillon à Libourne. Et bien Entomopharm a validé son choix après avoir eu confirmation des arrêts TGV. Cela amène aussi la reconversion des casernes de Libourne. Cet endroit militaire magique, va être reconverti en pôle hôtelier de haut niveau avec un Palais des congrès, un hôtel 5 étoiles et un hôtel 3 étoiles à l’horizon mi 2019, grâce à la gare TGV. Aujourd’hui, tous les projets qui naissent à Libourne, toute cette lumière qui jaillit à nouveau, ne sont possibles que parce que le combat TGV a été gagné. La CALI, contrairement à d’autres territoires, a fait le choix de financer la LGV dans le cadre d’une convention de desserte. Cela nous a coûté deux millions d’euros. C’est peu au regard du coût global de la LGV, mais très positif pour nous. Cela fait partie des atouts de centralité de Libourne. Parmi ceux-ci, il y a l’hôpital, l’un des plus grands du sud de la France, que l’on doit à Robert Boulin et notre gare TGV, que l’on doit à Gilbert Mitterrand. Ces deux combats ont été dû être menés de nouveau au début des années 2000 et ont de nouveau été gagnés. L’hôpital Robert Boulin est

en cours de reconstruction, et le Président de la République est venu courant mars 2017 visiter le chantier. C’est l’un des plus importants chantiers hospitaliers de France. Il faut noter qu’il est rare d’avoir un hôpital aussi important à proximité d’une métropole. Cela veut dire que l’aménagement du territoire sanitaire a également été réalisé en bonne intelligence.

2017 est une année importante pour la CALI qui a aussi gagné au 1er janvier 12 communes et 15000 habitants ! Depuis le 1er janvier la CALI s’est en effet agrandie. Nous comptons maintenant 90 000 habitants, le long de l’autoroute A89, de Izon à Coutras, des portes de BordeauxMétropole au nord de la Gironde. Même si le périmètre n’est pas encore complètement pertinent, cela apporte une cohérence dans la discussion avec la métropole. Une des belles compétences d’une agglo, c’est le transport. Cela va nous permettre de créer un schéma de mobilité, un schéma de transport plus pertinent. Jusqu’à l’année dernière à Libourne, songez que les bus ne pouvaient pas franchir les ponts ! L’extension de cette agglomération rend le service public communautaire plus performant. Mais il faudra que la communauté de communes du Fronsadais et celle du Grand Saint-Emilionnais nous rejoignent pour que l’agglo épouse totalement le bassin de vie.

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© Aurélien Marquot pour Ville de Libourne

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en termes de R&D. Ce fleuron incontesté dans le monde des startups demeurera donc à Libourne. Libourne doit développer une économie parallèle à la viticulture : nous sommes dans la cosmétique, l’aliment nouvelle génération, le médicament, les biotechnologies… Cela m’intéresse de réfléchir à cette filière, à côté de la filière vitivinicole. Toute la panoplie de l’immobilier d’entreprise sera offerte sur le territoire de la CALI, mais nous allons essayer de thématiser, d’avoir une logique de filière, et ne pas être un territoire attrape-tout. Et quel est votre projet urbain pour Libourne ?

La maquette de l'hôpital de Libourne présentée au président François hollande.

Il y a cette intention dans le schéma régional d’intercommunalité. Un article prospectif prévoit ainsi qu’à l’échéance de 2020, le territoire de la CALI englobera ceux du Fronsadais et du Saint-Emilionnais. Je ne pense pas que cela se fasse en fait en 2020, année électorale, mais le prochain mandat municipal devra “finir le job”. Je fais ce choix que la CALI devienne attractive, qu’elle soit la locomotive du bassin de vie. Certains regrettent peut-être déjà de ne pas nous avoir rejoints dès 2017. Quels sont les autres grands projets de la CALI ? Nous devons être dans les trois ans au rendez-vous de cette nouvelle démographie haut de gamme qui veut venir s’installer à proximité de Bordeaux et qui va, je l’espère, faire le choix du libournais. Les deux grandes compétences mobilité et habitat doivent s’emboîter pour cela. Il faut donc que l’on travaille la reconversion de notre habitat ancien, notamment en centre bourg, à Libourne et dans les villages. Prenons l’exemple de Pomerol. Cette marque est connue internationalement, mais connaît un vrai problème de désertification de son bourg. Nous allons donc lancer des “opérations habitat” pour la rénovation, la restructuration de nos coeurs de villes et de nos cœurs de bourgs. 56 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

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Le projet urbain est de redonner à Libourne des identités qu’elle avait perdues. Nous sommes en train de reconquérir celle de “ville-bastide” avec la piétonisation du centre-ville.

Mais on ne réussira à capter des habitants que si on leur promet des facilités de transport, notamment vers la métropole. C’est là que la discussion avec le Conseil régional est importante, pour une offre TER tout à fait adaptée et fiable !

Nous avons aussi une identité de ville portuaire, pour laquelle nous nous adossons au tourisme fluvial qui se développe. Nous avons construit deux pontons, il y en aura bientôt un troisième.

Ensuite il y a l’aménagement du territoire avec le développement de la fibre sur l’ensemble de la CALI à l’horizon 2020.

“Libourne et la CALI veulent marcher sur leurs deux jambes.”

Troisièmement, il y a à porter des équipements collectifs, comme celui du Pôle aquatique de grande envergure, avec un investissement de 25 millions d’euros, à proximité des Dagueys, pôle international de canoë et d’aviron. Il ouvrira en 2020. On manque de stades nautiques et ce sera aussi un atout d’attractivité. A côté de ce futur pôle nautique il y aura cinq à six hectares dédiés à du développement économique, aux portes de l’autoroute A 89. On aura plus demandes que de terrains à offrir ! Quelle est votre vision pour le développement économique ? Nous avons une locomotive avec CEVA Santé animale. Dans le domaine des biotechnologies innovantes, Fermentalg promet le maintien de l’entreprise sur le site de Libourne et son développement sur place

Nous avons également une identité de ville viticole, avec les appellations Pomerol et Saint-Emilion sur notre territoire. Nous avons pacifié les relations avec la viticulture. J’ai emmené des viticulteurs en Chine en lançant une coopération entre les thés de Pu’Er et les vins du libournais, en reliant l’excellence des vins à l’excellence des thés. Nous aurons cet été la deuxième édition de “Libourne fête le vin”, inspirée de “Bordeaux fête le vin”. Pour boucler la boucle, c’est parce que nous avons ces identités multiples que nous ne sommes pas une ville banlieue mais une ville centre à proximité de la métropole n Propos recueillis par Pierre Sauvey


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Ambition première de la Communauté d’agglomération du Libournais, le développement économique est mis en avant à travers des aides à l’implantation et des partenariats avec des structures voisines.

La cALI, territoire “business-friendly”

S

econd pôle économique de la Gironde avec plus de 6 500 entreprises et 27 000 emplois salariés, la CALI accorde une part importante à l’économie sur son territoire. Si bien que pour attirer de nouveaux commerces et investisseurs, l’agglomération a conclu récemment un partenariat avec la Chambre de Commerce et de l’Industrie (CCI) de Bordeaux. Une convention a ainsi été signée début octobre 2016, comme premier acte anticipé de la future “CCI Bordeaux-Gironde”, résultat du rapprochement entre les deux chambres.

Un territoire économique prospère La CALI n’en est pas à sa première collaboration. Elle s’est déjà entourées de partenaires incontournables : la Région Aquitaine Limousin Poitou Charentes, la CCI de Libourne et l’agence de promotion des investissements de Bordeaux et de la Gironde, la BGI. De par sa géographie, au carrefour des grands flux économiques de la région et desservie par des autoroutes, elle a développé un environnement entrepreneurial dynamique. Ainsi, de la filière viticole de renommée internationale, aux niches technologiques dans le domaine des biotechnologies (Fermentalg), de la recherche animale et végétale (Ceva, Irstea, Activ’Inside), en passant par le fabricant d’appareillages électriques (Schneider Electric), des TPE de mécanique industrielles, mais également par le domaine du bois papier (Smurfit Kappa, Abzac SA) ou de l’économie circulaire avec l’émergence de nouveaux modes de production vertueux (label TEP-CV), la CALI a su se diversifier. A cela s’ajoutent une tradition artisanale dans le bâtiment, avec plus de 600 artisans qui cohabitent avec de grands groupes français de la construction, comme Veolia.

Des aides à l’installation Dans la mouvance de promotion économique du territoire, la CALI propose un accompagnement aux entrepreneurs souhaitant s’y implanter. L’équipe de l’agglomération propose des conseils et une assistance dans les projets (propositions de sites d’implantation, mobilisation des partenaires potentiels…), une aide aux solutions de financements, une veille prospective permanente sur les

QuATRe PRoJeTs d’eNVeRGuRe n FIBRE OPTIQUE La CALI réalise de nombreux investissements dans le domaine des infrastructures de développement au numérique. Ainsi, depuis 2010, 80 km de fibre ont été déployés et quatorze nœuds de raccordement abonnés (NRA), renforcés. Dans l’objectif de favoriser l’accès au haut débit des entreprises et foyers du territoire, sans distinction entre la ville et la campagne, la CALI a pris en charge 25% des 11 millions d’euros investis par les collectivités territoriales, sur la période 2017-2020. n SANTÉ L’agglomération a lancé un diagnostic complet sur l’ensemble du territoire, des outils et dispositifs de santé. Si la CALI se situe dans la moyenne nationale quant au nombre de médecins par habitants, son offre de spécialistes reste toutefois trop limitée. En mobilisant les acteurs de la chaine médicale et médico-sociale, ainsi qu’en associant les élus et habitants aux réflexions, elle espère rebâtir un projet de santé plus équitable. n CENTRE AQUATIQUE Un centre aquatique est en projet au cœur du site des Dagueys. Dans une volonté d’associer convivialité, modernité, détente et performance, il devrait proposer une piscine avec lignes de nage et d’apprentissage, un espace ludique avec attractions de glisse et un espace bien-être avec hammam, douche massante ou sauna. Ce centre remplacera l’équipement existant à Libourne. n LA VÉLO ROUTE La V90, inscrite au schéma des vélo-routes et voies vertes de France est en cours de jalonnement sur le territoire. Au total, le projet couvre 50 km sur la CALI et permet de relier Libourne à Périgueux. L’agglomération est en charge de la coordination du tourisme sur son territoire, pour offrir des étapes attractives et conviviales aux cyclistes.

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DOSSIER | La cALI, un pôle de développement stratégique de la Gironde L’ÉcoNomIe de LA cALI eN chIFFRes

ticipatif pour les entreprises, commerces, artisans et petits producteurs implantés sur le territoire. Bilb in Town est spécialisé dans le “don contre don”, ciblant essentiellement les projets de proximité. Happy Capital, quant à elle, est une plateforme concentrée dans la prise de capital (“equity crowdfunding”) qui cible les projets d’envergure.

2nd pôle économique de la Gironde 6 500 entreprises 27 000 emplois salariés 15 hectares disponibles pour 3 zones d’activité 17% de l’activité est lié à l’agriculture 14% des établissements sont dédiés au service public (administration, santé, éducation, action sociale) 9% des activités relèvent du BTP 5% concernent l’industrie

De nombreuses aides fiscales sont également à disposition pour les jeunes entreprises innovantes ou récemment créées, pour les médecins, les jeunes agriculteurs, etc.

© Aurélien Marquot pour Ville de Libourne

dispositifs existants et une intégration dans les réseaux économiques de la Région.

Dans l’esprit du partage et de l’aide à l’entreprise entre citoyens, des espaces de “coworking” sont à disposition à Coutras et Libourne, gérés par l’Arrêt Minute n Sarah Bouchaïb

Développement du financement participatif Parmi les solutions complémentaires à l’aide au financement, la CALI encourage au “crowfunding”, en français, financement participatif. Cela passe par la création de liens entre l’agglomération et les outils existants dans ce domaine. Deux plateformes sont ainsi mises en avant : Bulb in town et Happy Capital. Travaillant en relation avec la CALI, ces structures proposent des solutions de financement par-

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Pépinière d’entreprises à la cALI.


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Bonne nouvelle pour les baigneurs confirmés comme occasionnels : en plein coeur du vaste site protégé des Dagueys, un nouveau centre aquatique va voir le jour à l’horizon 2020.

Le centre aquatique fait peau neuve

S

i la ville de Libourne accueille déjà l’un des plus beaux bassins d’Europe, un nouveau complexe remplacera le centre nautique existant d’ici quelques années. Hammam, douches massantes et sauna viendront ainsi compléter l’offre de sports pratiqués en bassin. Pour une expérience alliant détente et performance, au sein de trois parties principales : un espace nageur, une zone dédiée aux loisirs ainsi qu’une autre réservée au bien-être, avec deux bassins de balnéo-détente à la clé. Les sportifs bénéficieront de huit lignes de nage au sein d’un bassin de 25 mètres de long et de deux mètres de profondeur, le tout avec un espace d’apprentissage. L’occasion pour la CALI de pouvoir prétendre accueillir des compétitions et championnats à l’échelle nationale. Les amateurs de sensations fortes ne seront pas non plus en reste puisqu’ils pourront profiter de cinq toboggans dont “l’anaconda” et le “kamikaze” en période estivale. Puis se remettre de leurs émotions en profitant du sauna ou encore des douches massantes, le tout à quelques minutes du centre-ville, au coeur d’un grand espace naturel et protégé de 150 hectares. Se voulant complémentaire au site de Saint-Seurin, ce projet d’envergure entend satisfaire l’ensemble de la population et particulièrement les habitants de l’est girondin, puisqu’il n’existe aucune

© Octant Architecture

Projection de ce que sera le futur centre aquatique des dagueys.

autre structure à ce jour avant la métropole bordelaise. La conception se fera quant à elle dans le respect du label TEP-CV (territoire à énergie positive pour la croissance verte) : autrement dit, les 2500 mètres cubes d’eau nécessaires à l’alimentation du complexe nautique pourraient être puisés au sein du lac des Dagueys. Le chantier devrait débuter en 2018 pour pouvoir accueillir jusqu’à 200 000 visiteurs par an n Pauline Pouzankov

Le sITe des dAGueys…eN BReF

Situé à seulement cinq minutes du centre-ville de Libourne, le pôle nautique des Dagueys est reconnu comme l’un des meilleurs bassins français et européens par les cadres techniques internationaux. Depuis avril 2012, il est en conformité avec la règlementation pour l’organisation de compétitions internationales, notamment d’aviron ou de canoë-kayak. Le centre nautique actuel représente actuellement 1700 m2. En offrant un point d’ancrage aux compétitions comme un relai aux activités sportives, ce site constitue un outil de valeur pour l’accès au sport dans le libournais.

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En utilisant le réseau urbain Calibus, les habitants de la CALI peuvent se déplacer gratuitement dans Libourne, sur simple demande.

© Pierre Sauvey

A Libourne, des transports gratuits pour tous

La gratuité a été mise à l’honneur également dans le cadre de la Semaine Européenne de la mobilité, cette année du 16 au 22 septembre 2016. Afin de permettre aux habitants de l’agglomération de tester les cars Calibus, la CALI a offert un aller-retour gratuit sur l’ensemble des lignes du réseau (lignes 311, 312 et 319). Pour bénéficier de l’offre, des bons d’essai gratuit étaient disponibles sur les flyers distribués dans les boîtes aux lettres, mairies des communes de l’agglomération, commerces de proximité ou en libre-service à la gare routière de Libourne.

LA cALI FAVoRIse Les “dÉPLAcemeNTs doux”

La rénovation du centre ville de Libourne et la mise en service de la LGV ParisBordeaux le 2 juillet 2017 renforcent l’attractivité de la ville.

A

vec sa création, l’agglomération Rive Droite de Bordeaux est devenue l’Autorité Organisatrice des Transports sur l’ensemble du territoire. A ce titre, elle s’occupe de la mobilité et veille à sa simplification. C’est ainsi que depuis le 1er janvier 2013, la CALI gère le réseau urbain (Libus), les transports scolaires, les lignes interurbaines (Transgironde) et le transport à la demande (TransAdapt). La petite révolution succédant au transfert de compétences, fut sans nul doute l’ouverture à la gratuité des bus de Libourne à tous les résidents de la CALI. Une seule condition : retirer préalablement sa carte d’adhérent, le Libus Pass. Pour l’obtenir, il suffit de justifier sa domiciliation dans une commune de la CALI.

Les sIx LIGNes GRATuITes de LIBouRNe

Les cinq premières circulent du lundi au samedi, au départ de Garderose Hôpital, Vercors, Carré, Gare SNCF et Barreau. La sixième, la Bastidette, fait une boucle au départ de Montaudon, et ne circule que les mardis et vendredis non fériés, de 9h à 11h30.

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La Communauté d’agglomération du Libournais soutient le covoiturage. Dans une réelle volonté de développer les solutions alternatives à la voiture individuelle, la CALI a rejoint la plateforme Covoiturage Transgironde sur le site http://covoiturage.transgironde.fr/vers/lacali. Aux côtés de plusieurs collectivités et partenaires publics et privés, l’agglomération promeut ce mode de transport, qu’elle décrit sur son site comme “économie, solidaire et responsable”. Plusieurs aires de co-voiturage ont été aménagées, à proximité des entrées d’autoroute.

Transport à la demande sur l’agglomération La CALI propose un service de transport de personnes à mobilité réduite sur l’ensemble de son territoire. Dédié aux personnes en situation de handicap ou en perte d’autonomie permanente ou momentanée, la prestation vise à lutter contre l’isolement. Disponible tous les jours de la semaine y compris les jours fériés, de 7h à 20h, le service peut être utilisé pour les rendez-vous médicaux et administratifs, mais également pour des trajets à buts plus personnels comme les activités culturelles ou de loisirs. Les trajets réguliers de type professionnel ou scolaire sont exclus. Pour bénéficier de ce service il faut être domicilié sur le territoire de la CALI, être âgé de 75 ans et plus, être en situation de handicap ou en perte d’autonomie. Après inscription auprès du CCAS ou du secrétariat de la commune de résidence principale, le véhicule pourra être réservé au plus tôt un mois avant le trajet, au plus tard avant 18h la veille de celui-ci. Le tarif est unique : 2,50€ l’aller, 4€ l’aller-retour n Sarah Bouchaïb


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La Communauté d’agglomération du Libournais, dont la richesse touristique n’est plus à prouver, accorde aussi une place toute particulière à la culture.

La cALI : entre culture et tourisme, une agglomération attrayante

Le tourisme au cœur de La CALI : une expérience inédite

© Aurélien Marquot pour Ville de Libourne

Dotée d’une superficie de 585,36 km2, la CALI est le point de confluence de trois rivières, la Dordogne, l’Isle et la Dronne. Entre paysages de vignes et patrimoine architectural de taille, l’agglomération offre un panorama hétéroclite saisissant. Plus largement, la région du Libournais est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Pas moins de 3 000 visiteurs sont recensés chaque année par l’Office du tourisme local. Tournée depuis toujours vers le fleuve et le com-

merce du vin, la région a connu une grande prospérité et dispose d’un patrimoine unique comme la bastide anglaise de Libourne, datant du XIIIème siècle, mais aussi d’églises, de moulins et de châteaux qui valent le détour. Ainsi la Chapelle Royale Notre Dame-deCondat et l’Eglise Saint Jean-Baptiste à Libourne sont des bijoux de style gothique. Parmi les autres incontournables de la région se trouvent l’Abbatiale Notre-Dame à Guîtres et le Château et le moulin d’Abzac. Enfin, la CALI est le lieu idéal pour goûter aux traditions culinaires et gastronomiques du sud-ouest. Pendant le mois

La cALI est le lieu idéal pour goûter aux traditions culinaires et gastronomiques du sud-ouest.

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La CALI encourage et accompagne également les grandes manifestations culturelles du territoire : le festival Fest’Arts, le festival MusiK à Pile, la saison musicale de l’Accordeur, la saison musicale de l’abbatiale de Guîtres, le Printemps photographique de Pomerol, le festival Ritournelle et le festival Invasion de Lucanes n Justine Hagard

uN TeRRIToIRe à dÉcouVRIR… PAR Les PAPILLes

L'oenotourisme ou la découverte de la région viticole et de ses productions, occupe une place centrale dans le tourisme local.

L’œnotourisme, ou la découverte de la région viticole et de ses productions, occupe une place centrale dans le tourisme de l’agglomération. En effet, le territoire ne compte pas moins de 22 appellations de renommée internationale, ce qui amène des visiteurs du monde entier à venir déguster les grands crus du Libournais. Des propriétés viticoles, des caves coopératives et des maisons de négoce ouvrent leurs portent aux touristes pour leur faire découvrir leur savoir-faire et leurs productions. Nombreuses possèdent le label “Vignobles et Découvertes” ou “Vignobles et Chais”, gage de qualité au niveau départemental. Parmi elles se trouvent notamment le Château de Sales, de l’Epine à Libourne, ou encore le Château Thibeaud Maillet à Pomerol.

de juillet, un marché gourmand s’installe par exemple à Libourne, sans oublier les autres manifestations permettant de découvrir les spécialités de la région tout au long de l’année.

La place de la culture dans l’éducation L’agglomération de la CALI s’efforce par ailleurs de mettre en avant l’éducation artistique et culturelle. Ainsi, elle a mis en place des dispositifs à l’attention des élèves scolarisés dans les écoles de ses communes. TERRASSEMENT

Pour les plus petits (CP, CE1 et CE2), l’agglomération a élaboré une programmation itinérante de spectacles “jeunes publics” pour leur permettre d’avoir une première expérience de spectateur et une approche ludique de la culture.

HYGIENE PUBLIQUE ROUTES GENIE CIVIL ENVIRONNEMENT

Pour les plus grands (CM1, CM2, CLIS et IME), la CALI a prévu trois parcours gratuits, appelés parcours d’éducation artistique et culturelle, dans le cadre du Contrat Local d’Education Artistique de l’agglomération. Ils permettent aux élèves de s’initier, durant leur année scolaire, à la pratique du théâtre, de la danse ou de la poésie, mais aussi de rencontrer des artistes, d’assister à des représentations et de fréquenter des lieux culturels. Ces activités sont organisés par trois prestataires : MKP MusiK à Pile, Permanence de la littérature et le théâtre Le Liburnia, et financés par la DRAC Aquitaine Limousin Poitou-Charentes, l’Education nationale, le Conseil départemental de la Gironde et d’Iddac – agence culturelle de la Gironde. Tous ces dispositifs sont gratuits, y compris le transport. L’année dernière, 40 classes de CM1, CM2, CLIS et IME de 22 établissements scolaires différents ont participé à ces parcours, ce qui représente près de 1 000 élèves et 57% du total des élèves concernés.

Siège social : Avenue du Général de Gaulle BP.160 • 33502 LIBOURNE CEDEX Tél : 05 57 55 32 90

Fax : 05 57 55 32 99

E-mail : info@fayattp.fayat.com Etablissement secondaire : Rue Richelieu • BP.40114 • 33271 FLOIRAC CEDEX Tél : 05 56 21 02 00

Fax : 05 56 21 02 49

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À seulement 45 minutes de Bordeaux, le festival de musique et de spectacle vivant Musik à Pile vous donne rendez-vous pour deux jours de festivités bucoliques, les 9 et 10 juin 2017.

© j.jacques Rambeau photographie

Les 20 ans d’un festival monté sur piles

à tous. Le festival rempile avec la même idée pour cette année : l’entrée entre 12h et 18h le samedi 10 juin sera entièrement gratuite. Sinon, il faudra compter 26 euros pour un Pass 2 soirs, avec un rabais de 2 euros pour les habitants de la CALI.

Le groupe soviet suprem lors de la 19ème édition de musik à Pile.

A

près avoir fêté sa majorité il y a deux ans, vu passer 300 formations artistiques dont une cinquantaine de groupes (chorales, harmonies, fanfares...), le festival Musik à Pile persiste et signe pour célébrer en juin ses 20 ans tout ronds.

Même lieu, même pomme : les sept hectares du parc du Château de Bômale (Saint-Denis-de-Pile) seront investis pour deux jours de fête. Si la programmation complète n’est pas encore connue, les artistes déjà annoncés donnent l’eau à la bouche. En tête d’affiche : les formidables Radio Elvis. Partie prenante de la nouvelle scène rock française osant chanter dans la langue de Molière (avec les non moins géniaux La Femme ou Feu! Chatterton), le trio rafle moult récompenses depuis sa formation. Notamment le trophée de “l’Album révélation de l’année” aux dernières Victoires de la musique pour son premier opus : “Conquêtes”. Le 10 juin, ces trois garçons à guitare feront danser le public de Musik à Pile depuis la scène Biloba Châpiteau. Autres artistes ayant d’ores et déjà répondu à l’appel de la CALI : le groupe de rock fusion The Inspector Cluzo, extrêmement énergiques en live (et producteurs de foie gras à leurs heures perdues !) ainsi que l’argentine La Yegros, interprète du tube “Viene de mi”. Ils rejoignent une liste longue de presque 3000 artistes s’étant déjà produits à Musik à pile, parmi lesquels Manu Dibango, Le peuple de l’herbe, M, Arthur H, Brigitte Fontaine ou encore la Grande Sophie. Que du bon au château de Bômale. L’an dernier, plus de 3500 festivaliers s’y étaient pressés, payant une entrée ou profitant de la journée du samedi, gratuite et ouverte 66 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

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Une envie soudaine de s’y rendre, sans avoir prévu de prévente ? Pas de problème, l’entrée pour un soir vous coûtera 20 euros, le pass 2 jours 30 euros. Sans oublier qu’un espace camping sera accessible gratuitement, l’occasion de regarder les étoiles avec des rythmes encore plein la tête n Delphine Sitbon

FesTIVAL “musIk à PILe”

Parc du château Bômale, 1 route de Guîtres à Saint Denis de Pile (33) Vendredi 9 et Samedi 10 juin 2017


DOSSIER | La cALI, un pôle de développement stratégique de la Gironde

Le vin est-il en passe de devenir un produit de luxe ? Alors que la production viticole française ne cesse de baisser, la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale a organisé, mercredi 16 novembre, une table ronde sur la vigne et le changement climatique. Car la vitesse des dérèglements actuels risque bien de prendre les professionnels au dépourvu.

Viticulture et climat : le verre à moitié vide

S

i la fonte des glaciers reste le symbole emblématique du changement climatique, la vigne en a été incontestablement un révélateur pertinent. Sécheresse, grêles, orages et autres aléas : elle subit déjà les conséquences du réchauffement, comme en témoignent des vendanges de plus en plus précoces chaque année. En bouche, même constat : moins acides, plus expressifs, les profils aromatiques des vins français s’en retrouvent eux aussi profondément modifiés, mettant à mal la notion de terroir ainsi que le système des appellations. Car bien que les consommateurs apprécient ces nouvelles notes, ils s’en retrouvent vite lassés au bout d’une ou deux semaines et reviennent aux nectars actuels, à en croire Jean-Marc Touzard, directeur de l’Inra et co-animateur du projet Laccave, dont la mission est justement d’adapter les vignobles aux bouleversements à venir.

Plusieurs scénarios possibles Pour lui, pas de doute : les viticulteurs pourront s’adapter à une augmentation de température de moins de 2°C, leur profession nécessitant un ajustement constant aux conditions météorologiques. Sauf que la somme des efforts des Etats signataires de l’accord de Paris n’atteint pas pour l’instant l’objectif fixé. Si “le vin est un produit que l’on ne peut pas délocaliser”, comme le rappelle Anne Haller, déléguée de la filière vins FranceAgriMer, la carte des vignobles pourrait pourtant changer radicalement d’ici quelques années. Dans le cadre du projet Laccave, quatre scénarios ont été soumis aux scientifiques et aux producteurs de plusieurs régions viticoles françaises pour élaborer des stratégies d’adaptation locale, en fonction des spécificités de chacune :

Une adaptation inévitable La France n’est pas la seule à être concernée par ces enjeux. D’autres pays comme l’Espagne et l’Italie explorent eux aussi les outils pouvant les aider à s’adapter au changement climatique, les territoires n’étant pas égaux face aux dérèglements. Certaines régions pourront même en tirer profit. Toutefois, comme le rappelle la députée RRDP Jeanine Dubié, “si, à court terme, l’augmentation des températures peut bonifier le vin, à long terme, c’est tout un secteur qui risque de s’effondrer”. Les adaptations peuvent être de plusieurs ordres : technique (comme l’irrigation raisonnée), oenologique, spatial ou institutionnel, avec par exemple la révision du cahier des charges de chaque appellation (AOC). La viticulture pourra également jouer un rôle positif dans la lutte contre le réchauffement climatique via la gestion respectueuse de l’éco-système, notamment grâce au potentiel de capture de carbone dans des sols très pauvres en matières organiques. Une chose est certaine pour Anne Haller : “la prise de conscience va obliger les professionnels à s’ouvrir à d’autres raisonnements et à se questionner sur leur mode de fonctionnement jusque-là”. Car plus qu’un élément important de l’agriculture française, le vin en est aussi un symbole culturel : “on ne peut pas vivre sur ce capital, il faut le valoriser pour le faire fructifier” a résumé la déléguée de FranceAgriMer n Pauline Pouzankov

n un scénario “conservateur”, autrement dit une adaptation passive avec peu de changements ; n un scénario “innover pour rester” invitant les acteurs de la filière à l’initiative ; n un scénario “vignes nomades” permettant de relocaliser les vignes en fonction des conditions climatiques régionales ; n un scénario plus “libéral” ouvrant la voie à toutes les possibilités.

Le changement climatique oblige aujourd'hui les viticulteurs à s'adapter aux bouleversements à venir.

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DOSSIER | La cALI, un pôle de développement stratégique de la Gironde

La politique de développement durable de l’agglomération s’appuie sur deux éléments : le label Territoire à Energie Positive pour la Croissance Verte (TEPCV) et le Plan Climat Energie Territorial (PCET).

© Aurélien Marquot pour Ville de Libourne

La cALI voit “vert” Le PCET

Lors de la création de l’agglomération en 2012, cette dernière s’est engagée dans une démarche de Plan Climat Energie Territorial “Service et patrimoine”. L’idée consiste à lutter contre le changement climatique et s’adapter à ses effets. Le PCET se compose d’un Bilan des Emissions de gaz à effet de serre, dont la finalité est d’estimer et quantifier l’impact carbone des activités de la collectivité. Il est mis à jour tous les trois ans. Ce programme veille aussi à l’analyse des vulnérabilités climatiques du territoire. Enfin, il a conduit à l’élaboration d’un plan d’actions avec des objectifs chiffrés, parmi lesquelles la mise en place d’un programme d’amélioration énergétique et de développement des énergies renouvelables, ou encore la sensibilisation et la mobilisation des élus aux enjeux du couple énergie/climat. Un rapport annuel de développement durable disponible sur le site internet de l’agglomération permet de mesurer la portée concrète de ses actions n Justine Hagard

La cALI a été labellisée “Territoire à energie Positive pour la croissance Verte” en juillet 2015.

Le label TEPCV En juillet 2015, le Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer a attribué à la CALI le label Territoire à Energie Positive pour la Croissance Verte, accompagné d’un fonds de financement de la transition énergétique pour permettre à l’agglomération de mener à bien sa politique de développement durable. L’objectif est de diminuer l’effet du réchauffement climatique, réduire les besoins en énergie et encourager les alternatives renouvelables à se développer localement, faciliter l’implantation de filières vertes, reconquérir la biodiversité et de valoriser le patrimoine naturel. Un programme d’actions a donc été élaboré afin d’atteindre les ambitions fixées. Parmi elles, on trouve, par exemple, la réhabilitation énergétique de l’aire d’accueil des gens du voyage de Libourne, la construction d’une nouvelle aire d’accueil des gens du voyage à Coutras, l’acquisition de “véhicules propres” (électriques ou hybrides) ou encore la promotion du covoiturage et le déploiement de places de stationnement réservées à cet effet. 68 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

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L’AcTIoN socIALe, GAGe de dÉVeLoPPemeNT duRABLe

La CALI intervient à travers des plans d’action sociale en faveur des familles (petite enfance et enfance) et des personnes à mobilité réduite. Concernant la petite enfance, des événements dédiés à la parentalité sont organisés une semaine par an autour d’un thème spécifique. Il existe également deux ludothèques, à Libourne et à Saint-Denis de Pile : ce sont des lieux de retrait qui permettent d’emprunter des jeux et où sont organisées des animations à destination des plus jeunes. Pour les enfants (maternelle et primaire), des ALSH (Accueils de loisirs sans hébergement) existent dans la plupart des communes. Les services à domicile font aussi partie intégrante de la politique d’action sociale de l’agglomération. Ainsi, les habitants de La CALI peuvent bénéficier du portage communautaire de repas à domicile. L’objectif est de prévenir l’isolement des personnes en perte d’autonomie en maintenant un lien social. Les repas sont préparés par un traiteur qui en assure la livraison. Autre dispositif : le transport de personnes à mobilité réduite, favorisant le déplacement des personnes handicapées ou en perte d’autonomie.



doNALd TRumP eT L’euRoPe : Le FeuILLeToN Ne FAIT Que commeNceR

PROSPECTIVE

Le soMMet De L’otan, à BrUxeLLes Le 25 Mai, sera capitaL poUr savoir à qUoi s’en tenir avec La noUveLLe aDMinistration aMéricaine.

T

ant à Washington que dans les capitales européennes, il est convenu d’affirmer que Donald Trump est un béotien qui découvre tout de la politique. Le pronostic le plus fréquent veut que l’on en revienne à des relations à peu près aussi mauvaises qu’elles l’ont été à l’époque de la guerre d’Irak, même si elles se sont (un peu) améliorées pendant l’ère Obama. Ce raisonnement pêche cependant par son caractère péremptoire. Car si la manie des tweets cinglants et les propos provocateurs de Donald Trump changent certainement quelque chose à l’Amérique, nul ne saurait dire en revanche ce qui est susceptible de bouger dans les semaines à venir en France et en Allemagne. Les deux pays piliers de l’Europe se trouvent en effet à la veille d’échéances électorales importantes. Vu de Paris et de Berlin, Marine Le Pen ne paraît pas avoir de chance réelle de s’installer à l’Elysée et le départ éventuel d’une Angela Merkel remplacée par Martin Schulz ne changerait rien à l’équilibre européen. Mais, à Washington, les hypothèses de bouleversements politiques ne sont pas du tout prises à la légère par les experts qui se “couvrent” en envisageant tous les cas de figure. Malgré son phénoménal bagou, Donald Trump risque de se retrouver pendant plusieurs mois sous la coupe des “spécialistes” du fait de sa totale inexpérience des relations internationales. L’approche des dirigeants européens présents et à venir par la MaisonBlanche sera donc prudente, peu confiante et, paradoxalement, plus technocratique qu’elle ne l’aurait été entre des politiques rompus à la diplomatie, cet art laissant toujours une petite place aux complicités personnelles. Pour le meilleur et pour le pire. S’interroger sur les relations entre les Etats-Unis et l’Europe revient, aujourd’hui, à se poser beaucoup de questions sur l’Union européenne et la zone euro. Les Américains disposent pour leur part d’une visibilité politique à deux ans - jusqu’aux élections législatives du “mid-term” voire quatre si l’on considère la fin du mandat présidentiel. Rien de tel chez nous. Le plus probable est que le match élyséen et les législatives organisées immédiatement après amèneront aux affaires une majorité pro-européenne, quel que soit le socle – droite, gauche, centre – dont elle sera issue. Mais la victoire d’une famille d’idées atteinte d’europhobie ne saurait être tout à fait exclue. Elle bouleverserait la perspective, dans la mesure où l’Europe serait encore moins en situation de parler “d’une seule voix” au président américain qu’elle ne l’a jamais été. On connait la 70 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

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vieille plaisanterie d’Henry Kissinger : “En cas de besoin, c’est quoi le numéro de téléphone de l’Europe ?”. Elle risque fort de connaître une nouvelle actualité, victoire ou non des anti-européens. Car il existe de nombreuses autres inconnues, en plus des incertitudes électorales en France et en Allemagne, dans le paysage communautaire.

Hollande après Junker ? Le président de l’organe exécutif de l’Union, la Commission dite de Bruxelles, a annoncé qu’il ne briguerait pas un deuxième mandat en 2019. D’où l’élaboration d’un scénario, dans les milieux parisiens dits “bien informés” : aidé par un président français pro-européen et sans hostilité au socialisme (ce qui semble désigner Emmanuel Macron ou Benoît Hamon et exclure François Fillon !), François Hollande pourrait mettre ses pas dans ceux de son maître à penser Jacques Delors en devenant à son tour président de la Commission. Ainsi pourrait-il relancer enfin l’Europe et lancer l’harmonisation économique et financière, notamment au sein de la zone euro, qu’une personnalité comme Jean-Claude Junker, ancien Premier ministre d’un paradis fiscal (le Luxembourg) serait supposée freiner. Ce scénario reste bien sûr une vue de l’esprit reposant sur beaucoup de pré-supposés. On imagine cependant le casse-tête des fonctionnaires du Département d’Etat américain censés résumer en peu de mots de telles subtilités prospectives devant quelqu’un comme Donald Trump ! Plutôt que de s’aventurer dans les schémas prophétiques, mieux vaut donc, pour eux comme pour nous, regarder la vérité en face, même si elle ne présente pas un visage souriant. Prenons le cas de la dette grecque. Les dix-neuf pays de la zone euro n’arrivent pas à s’entendre sur les modalités de versement des sommes liées au dernier plan de sauvetage. Notamment parce qu’Angela Merkel, déjà en difficulté à cause de la question des migrants, ne veut pas être accusée de dilapider les excédents allemands… Le Fonds Monétaire International multiplie les mises en demeure car il est partie prenante. Ses dirigeants sentent bien que plus l’on va vers les élections et moins l’on joue collectif. Les Etats-Unis ne détestent pas ces situations qui rendent l’Europe moins puissante.


Encore qu’il y ait toujours eu deux doctrines chez eux. La thèse de ceux qui veulent une Europe diffuse et peu efficace, donc moins “concurrentielle”. Et puis celle des partisans d’un continent unifié et amie, avec un pouvoir identifié ( le fameux “numéro de téléphone” de Kissinger !). Barack Obama était, surtout en fin de mandat, résolument dans ce camp. Il avait “conseillé”, fermement mais en pure perte comme l’on sait, aux Britanniques de ne pas céder aux sirènes du Brexit.

Une impression bizarre Les questions militaires, de toute façon, finiront par délivrer l’administration Trump et ses interlocuteurs européens de la tentation de l’irréalisme. Il faudra bien décider. On aura vu les lieutenants de Trump, à la mi-février, laisser une impression bizarre à ceux qu’ils ont rencontré – notamment les ministres français Ayrault et Le Drian – lors de leur tournée en Europe. Les “envoyés spéciaux” étaient notamment le Secrétaire d’Etat Rex Tillerson, le chef du Pentagone le général Mattis et le gendre du président Jared Kushner. Les propos étaient aimables, dans le style : “nos premiers alliés sont en Europe”. Mais personne n’a pu déceler de contradiction avec les propos officiels de Donald Trump sur “l’obsolescence” de l’OTAN ou sur le fait que “Paris ne serait plus Paris” en raison du terrorisme. Il est difficile en outre de savoir quels sont les rapports de force dans l’entourage de Donald Trump même si l’on devine qu’il n’y a pas forcément consensus sur le maintien des deux grands accords internationaux signés pendant l’ère Obama : le nucléaire iranien et le climat après la Cop 21 de Paris. Fédérica Mogherini, diplomate en chef de l’UE, est revenue ces jours-ci de Washington avec le sentiment qu’il faudra attendre le mois de mai prochain pour en savoir plus, après une réunion du G7 en Italie et, surtout, le sommet des 28 chefs d’Etat membres de

l’Otan à Bruxelles le 25 mai. Donald Trump a annoncé qu’il serait là. On sait déjà qu’il va dire et répéter que les “Européens ne dépensent pas assez pour leur sécurité”. Après cette figure de style destinée à son électorat, le président américain mettra peut-être un peu d’eau dans son vin sous l’influence de certains de ses conseillers. Il serait stupide par exemple de braquer les Allemands alors que, là encore sollicités en tant que “pays riche”, ils vont mettre au pot de l’Alliance une participation financière supérieure à celle de la France. La lutte contre le terrorisme sera aussi l’un des grands thèmes et il est possible que Trump demande à ce qu’elle passe entièrement sous le contrôle de l’Otan, perspective à laquelle la France s’oppose. Mais les gros titres auront trait sans aucun doute à la relation avec la Russie de Vladimir Poutine. Bâtie, en dépit des réticences “gaulliennes” de notre pays, pour protéger l’Europe d’une invasion soviétique, l’Otan a retrouvé une partie de sa raison d’être avec l’affaire ukrainienne et l’annexion de la Crimée par la Russie. Les pays baltes et plusieurs nations issues de l’ancien bloc de l’Est entendent lui voir plus que jamais jouer son rôle de bras armé au service des valeurs démocratiques occidentales. La plupart des Européens redoutent de toute façon “une trop belle entente” entre Poutine et Trump. On n’en est plus, ne serait-ce qu’en raison de la montée fulgurante de la Chine et de l’Asie dans le concert international, au “partage du monde” de style Yalta entre Roosevelt et Staline. Mais la mémoire européenne garde trace de l’indifférence des EtatsUnis et de leurs alliés lorsque l’URSS jetait sa griffe d’ours sur la Hongrie, la Tchécoslovaquie et la Pologne… Ainsi se mesure toute l’importance stratégique, psychologique et économique du prochain sommet de l’Otan du 25 mai. Les Français seront d’autant plus attentifs à la réunion qu’ils y seront représentés par leur nouveau président de la République, élu moins de trois semaines avant n François Domec

donald Trump, 45e Président des États-unis.

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FAce cAmÉRA : L’homme de dRoITe Vu... PAR soN PoTe de GAuche

RENDEZ-VOUS MÉDIAS

D’où est venue l’idée de suivre Edouard Philippe sur le long terme ?

DepUis 2004, Le réaLisateUr LaUrent ciBien sUit L'ascension poLitiqUe D'eDoUarD pHiLippe, DépUté-Maire Les répUBLicains DU Havre. Une approcHe originaLe DévoiLant Les saLons où se Façonnent Les Décisions poLitiqUes et Les MoteUrs personneLs D'Un HoMMe De poUvoir. Le preMier épisoDe De sa série DocUMentaire a été DiFFUsé sUr France 3 en août 2016, Le DeUxièMe voLet est prévU poUr 2018. rencontre.

Le point de départ, c’est ma relation amicale avec Edouard. Nous avons passé un an ensemble en hypokhâgne. On partageait un vrai goût pour l’histoire, notamment politique. À l’époque il était plutôt rocardien, appréciait Pierre MendèsFrance. On est devenus très copains puis il est parti étudier à Sciences Po, à la fin de la première année de prépa. On s’est perdus de vue jusqu’en 2002, où une brève dans le Canard enchainé a attiré mon attention. Un certain Edouard Philippe est nommé Directeur général des services de l’UMP. Au niveau de l’âge, du nom… je me dis que ça pourrait être lui. Je l’appelle à son parti et on se retrouve pour boire un verre. Il était devenu apparatchik de la droite, moi reporter à l’étranger – pas du tout spécialiste des questions politiques – et foncièrement de gauche. Une des premières questions que je lui ai posé a été : “Mais comment t’es devenu de droite ?” Et c’est parti de là. Quelle était l’intention du premier épisode d’ “Edouard, mon pote de droite”, au Havre ?

Toute la série documentaire vise à mieux comprendre comment se construit une carrière politique, comment se déroule la conquête du pouvoir, et ce que ça dit de l’homme qui s’y lance. Le premier épisode s’intitule “Le Havre”. Je suis Edouard Philippe durant sa campagne municipale de 2014. Le Havre est une ville tra72 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

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ditionnellement positionnée à gauche, mais lui est de droite. Il devient pourtant vite favori. Je ne créé pas de suspense factice, dès le début on se doute qu’il va gagner. Ces unités de temps et de lieu permettent de découvrir le personnage, voire de s’y attacher. Est-il arrogant ? Est-il sympathique ? Chaque spectateur aura un avis différent.

Dans le deuxième épisode, Edouard Philippe participe à la campagne d’Alain Juppé pour l’élection présidentielle. En quoi était-ce différent ?

Dans ce deuxième épisode qui se déroule à Paris, on change d’échelle, et Edouard change de rôle. Il n’est plus candidat en son nom propre mais un des porte-parole d’Alain Juppé pendant la primaire de la droite et du centre. Je m’interrogeais sur plusieurs points. Pourquoi consacrer une telle énergie au service de quelqu’un d’autre ? Comment se modifie la parole lorsqu’on est censé représenter un tiers ? Dans le premier épisode, Edouard Philippe a une parole très libre, il est assez “cash”. Va-t-il essayer de modifier ça ? Justement, l’ombre d’Alain Juppé, qu’il représentait en tant que porte-parole, a-t-elle pesé durant le tournage ? Ce deuxième épisode reste centré sur Edouard, c’est lui qui m’intéresse. Il m’est bien sûr arrivé de filmer Alain Juppé lors de meetings ou, parfois, à leur Quartier Général, mais il ne sera pas très


© Laurent Cibien

présent dans le film. En tous cas pas à l’image, car sinon il est omniprésent dans les paroles d’Edouard et de tous ceux qui travaillent à le faire gagner cette primaire. Dans quelle mesure Edouard Philippe a-t-il un droit de regard sur vos films ? Il n’a aucun contrôle sur les images que je tourne, et n’a jamais demandé à les voir avant le résultat final. C’était notre contrat de départ. Après, je me suis aussi engagé à diffuser les films hors du calendrier politique. L’épisode deux filmé durant la primaire de la droite ne pourra être visionné qu’en 2018, ce qui laisse un certain temps de recul. À l’écran, comment transcender ce qu’il souhaitait bien laisser paraître pour obtenir des moments de sincérité ?

“Je pense que ce film ne le dessert, ni ne le sert.”

Notre relation amicale a beaucoup aidé. Je le connais bien. Je pouvais rapidement cerner s’il me gratifiait d’un discours un peu préparé comme celui qu’il pouvait tenir à d’autres journalistes, ou s’il me donnait vraiment le fond de sa pensée. Je glanais des indices dans le ton de sa voix, sa posture, ses expressions… Et puis il était suffisamment habitué à la présence de ma caméra pour faire comme si qu’elle n’existait pas. C’est l’avantage de le filmer depuis plus de dix ans, je suis foncièrement associé à ma caméra désormais.

Quelle a été sa réaction lorsqu’il a vu le premier épisode ? Il était un peu abasourdi. C’est difficile de se regarder pendant 1h30. Malgré des désaccords que nous avons pu avoir sur le film, il m’a concédé : “Je ne peux pas dire que ce n’est pas moi”. Je lui ai tendu un miroir plutôt fidèle, et beaucoup de gens qui le connaissent s’accordent pour dire ça. Je pense que ce film ne le dessert, ni ne le sert.

En tournant le deuxième épisode durant la primaire de la droite, qu’avez-vous appris de la fabrique du pouvoir ? Beaucoup de choses m’ont étonné dans le rapport entre journalistes et politiques. Je m’y suis beaucoup intéressé et je pense que ce sera un élément central du film. On taxe parfois les journalistes politiques de complaisance vis-à-vis des hommes et femmes politiques. Je crois que la réalité est bien plus complexe, nuancée et intéressante que cela. Les intervieweurs et les interviewés jouent et alternent entre le rapport de force, les tentatives de séduction et la méfiance. Des deux côtés, l’enjeu est d’en dire sans trop en dire, d’établir une relation de confiance pour que l’entretien puisse tourner à son avantage.

Au-delà de votre relation amicale, qu’est-ce que vous trouvez d’intéressant ou de particulier chez Edouard Philippe ?

© Laurent Cibien

Il a une personnalité assez ambivalente. C’est à la fois l’archétype du politique (son allure de jeune premier, son parcours Sciences Po/ENA…) et puis il cultive son propre caractère, qui tranche. Il se montre souvent amusé, distant ou moqueur. La tension entre ces deux facettes fait de lui un bon personnage de film.

J’ai eu l’occasion de filmer de nombreuses interviews d’Edouard (le “in”) et des déjeuners de presse (le “off”). Ça m’a permis d’observer de près cette co-construction de l’information. Un exemple est lorsque les médias et les équipes politiques se sont persuadés de l’imminence du duel Nicolas Sarkozy-Alain Juppé, qui n’a en fait jamais eu lieu. L’ancien Président de la République a beaucoup monopolisé les discussions jusqu’à la remontée fulgurante de François Fillon. Sa victoire aux primaires a été une vraie surprise, personne ne l’a anticipée. À un instant seulement, Edouard a pu avoir une sorte de pressentiment. Il se demande où iront les votes traditionalistes et conservateurs, qui risquent de peser. Il n’a pas la réponse. Il est amusant de voir qu’il se posait la bonne question, mais ne parvenait pas à mettre le doigt sur la solution, aujourd’hui évidente n Propos recueillis par Delphine Sitbon

Série documentaire “Edouard, mon pote de droite”. Réalisé par Laurent Cibien, monté par Claude Clorennec, produit par Lardux Films. Laurent cibien filmant edouard Philippe durant la primaire de la droite et du centre.

Episode 1 : Le Havre. Diffusé le 10 août 2016, disponible en DVD et VoD. Episode 2 : La Primaire. En cours de montage.

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LIVRES

LA GÉOPOLITIqUE DES SÉRIES OU LE TRIOMPHE DE LA PEUR Dominique Moïsi éditions Flammarion coll. champs actuel 196 pages 9€

La géopolitique des séries : un “binge-watching” instructif Décrypter l’état du monde grâce aux séries télévisées. C’est le défi osé que s’est lancé le politologue et géopoliticien Dominique Moïsi dans son dernier livre, prolongeant ainsi sa réflexion entamée dans La Géopolitique de l’émotion : comment les cultures de peur, d’humiliation et d’espoir façonnent le monde. Qu’en ressort-il ? Que “l’hiver approche” (“winter is coming”), dans tous les sens du terme. La crainte de la barbarie et le triomphe du chaos dans Game of thrones, la peur de la fin de la démocratie avec House of Cards, celle du terrorisme pour Homeland ou encore d’un ordre du monde qui disparait dans Downtown Abbey, sans oublier la menace russe avec Occupied. Comme si les séries s’étaient “de fait transformées en source d’inspiration utiles pour les politiques eux-mêmes, sinon comme le meilleur moyen de faire passer un message à un public toujours plus large”. Bien que le sujet semble un peu léger au départ, l’auteur offre une lecture aussi accessible qu’instructive de la société contemporaine, rappelant à quel point notre vision du monde est biaisée par la domination médiatique américaine et anglo-saxonne. Voilà une bonne excuse pour sortir le pop-corn et regarder encore un épisode ou deux sans (trop) culpabiliser n

Pauline Pouzankov

LES CHEfS-D’OEUVRE DU MOMA glenn David Lowry editions place des victoires 304 pages 39,95 €

LE SExISME AU TRAVAIL, fIN DE LA LOI DU SILENCE ? Brigitte grésy editions Belin 77 pages 6,50 €

Le sexisme au travail, fin de la loi du silence ? “Le racisme scandalise. Le sexisme est considéré comme naturel, incurable et inévitable” déplore l’écrivaine Benoîte Groult. Cesser de minimiser ce fléau en entreprise est justement l’objet du dernier livre de Brigitte Grésy, la Secrétaire générale du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. L’occasion d’expliquer à ces Messieurs ce qui n’est pas toujours simple à appréhender, notamment en quoi les “blagues graveleuses” et autres réflexions désagréables peuvent constituer de réelles atteintes à la dignité des femmes. Car nombreuses sont celles qui sortent sidérées de remarques déplacées ou tiraillées par les stéréotypes en cours dans notre société. Un exercice de mise en perspective est mené avec application : où en est le travail du législateur français, longtemps sourd à cette problématique ? Que nous apprennent les enquêtes d’opinion menées en entreprise, les travaux des sociologues ? Autant d’informations dépeignant un grand tableau de la situation actuelle et incitant à s’emparer de la “boite à outils de résistance au sexisme” que propose ici Brigitte Grésy n

Delphine Sitbon

Les chefs-d’oeuvre du momA : hymne à l’art du présent

“L’art de notre temps, l’art moderne, est aussi important, aussi vital, que l’art du passé” affirme le directeur du Museum of Modern Art (MoMA), Glenn D. Lowry. Les chefs-d’œuvres du MoMA offre en ce sens quelques pistes pour le découvrir. L’auteur signe un ouvrage sur les plus saillantes oeuvres qu’abrite le musée qu’il dirige. Par une approche quasi encyclopédique, son livre présente et analyse chronologiquement deux cents quarante œuvres d’art parmi les cent mille exposées dans le bâtiment new-yorkais. Du XIXe siècle à nos jours, de Mondrian aux Young British artists, on se délecte d’abord des figures de proue du 74 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

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musée. Les Demoiselles d’Avignon de Picasso ou les Boîtes de soupes Campbell du très américain Andy Warhol, pour ne citer qu’elles. Mais on y découvre aussi des collections thématiques plus confidentielles, de celles qui ne jouissent pas du magnétisme de la peinture ou de la photographie. Feuilleter les pages consacrées à l’illustration, à l’imprimerie ou à l’art cinématographique sont alors autant d’occasions de mieux percevoir l’étendue des domaines d’expression de l’art moderne : comme une invitation à errer à travers les couloirs du musée n Delphine Sitbon


ESPIONNES : DOUBLES VIES SOUS HAUTE TENSION Dalila Kerchouche editions Flammarion coll. arthaud 304 pages 21 €

Les femmes de l’ombre Une plongée dans le quotidien des vraies femmes d’action. C’est ce que propose la journaliste Dalila Kerchouche dans son livre Espionnes : Doubles vies sous haute tension après avoir mené une enquête tout au long de l’année 2015, notamment pendant la période des attentats de Paris. Mères, compagnes, célibataires ou jeunes diplômées : elles représentent aujourd’hui un agent sur quatre et ont du batailler longtemps pour se faire accepter dans un milieu essentiellement masculin. A force de persévérance, l’auteure est parvenue à rencontrer plusieurs de ces espionnes pour en dresser des portraits aussi fascinants que complexes, aux antipodes d’une James Bond girl ou de Mata Hari. Truffé d’anecdotes, le livre aborde de nombreux sujets comme la difficulté de mener une double vie, tout en dépeignant le quotidien des métiers du renseignement, entre traques, planques et écoutes. Une immersion captivante dont il est difficile de décrocher n Pauline Pouzankov

DANS LES COULISSES DE LA LOI noëlle Herrenschmidt & sébastien Miller préface d’antoine garapon éditions La Martinière 240 pages 29 €

dans les coulisses de la loi

Que sait-on réellement de la loi et de ses méandres ? Les textes que nous connaissons sont le résultat de plusieurs mois voire années de travail au sein de nos institutions. Dans son ouvrage Dans les coulisses de la loi, Noëlle Herrenschmidt retrace ce cheminement capricieux. Durant six ans, la reporter-aquarelliste a suivi l’élaboration de la loi, de son initiative à sa publication. Des cabinets ministériels au Conseil constitutionnel, en passant par l’Elysée ou le Parlement, toutes les institutions concernées et leurs acteurs sont merveilleusement représentés à travers des témoignages et dessins en mine de plomb et aquarelle. Ce récit graphique, agrémenté des textes techniques de Sébastien Miller, administrateur à la Commission des lois du Sénat, nous dévoile les coulisses du monde institutionnel. Original et instructif, l’ouvrage atteint son but : conduire “le lecteur à porter un regard différent sur ce monde mal connu, souvent mal aimé, le monde politique” n

Sarah Bouchaïb

LUI, PRÉSIDENT. qUE RESTE-T-IL DES PROMESSES DE fRANçOIS HOLLANDE ? corentin Dautreppe, clément parrot & Maxime vaudano éditions armand colin 222 pages 14,90 €

Lui, Président : que reste-t-il des promesses de François hollande ? “Moi, président de la République”. Chacun se souvient de cette anaphore martelée quinze fois par le candidat socialiste et futur président François Hollande à la figure de son adversaire, Nicolas Sarkozy, resté muet. Ce syntagme s’est transformé en une nuit en un hymne à l’ouverture du champ des possibles, de quoi faire rêver chaque Français. Le vainqueur de la présidentielle de 2012 s’est fait élire sur 60 promesses envoyées dans toutes les boites aux lettres, accompagnées d’un message : “Ce sont mes engagements. Je les tiendrai”.

Après l’élection de François Hollande, trois jeunes journalistes, Corentin Dautreppe, Clément Parrot et Maxime Vaudano, créent un site web, “Lui Président”, afin de suivre la réalisation des dites promesses. Ces cinq années d’observation ont permis aux auteurs de donner la parole, de manière fictive, à cinq personnalités : une sympathisante socialiste, un compagnon de route du président, une de ses ministres, un de ses conseillers, un député de droite et… François Hollande lui-même. Chacun tente de trouver sa réponse à la question “que reste-t-il de ces

promesses ?”. Si ce livre nous rappelle “qu’un président ne peut pas tout” car “son pouvoir, important sur le papier, est borné, limité et contraint dans la réalité”, la conclusion laisse le lecteur seul dans sa quête de sens de l’action politique. François Hollande appliquera-t-il à lui-même la demande qu’il avait faite à Nicolas Sarkozy au moment de prendre sa place à l’Elysée : “acquitter la note des promesses qu’il a faites et dont il savait qu’elles ne seraient pas tenues” ? n Justine Hagard

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| LE COURRIER DU PARLEMENT | 75


© Thierry Franco

TRIBUNE

LA commuNe esT LA FoRGe RÉPuBLIcAINe où se FAçoNNe LA dÉmocRATIe

Jean LassaLLe, DépUté De La 4e circonscription Des pyrénées-atLantiqUes, canDiDat à L’éLection présiDentieLLe J’ai appris à l’école que la France avait plus de 36 500 communes. me battre aujourd’hui. A quoi bon mon existence, si je ne transmets Certains ont prétendu qu’il y avait autant de communes en France rien d’autre à mes fils que des biens matériels ? Ils ont ma gueule, que dans toute l’Europe des 12. Et alors, où ma trogne. Mais si je veux leur transmettre est le problème ? D’où vient cette volonté de mes valeurs, mon histoire, notre histoire, je J’ai ressenti, tout au long politiques sans mémoire à vouloir en réduire dois sauvegarder mon éco-système démole nombre ? Les structures sans âmes au de mes marches, l’attachement cratique communal. Difficile de tricher, de ne sein desquelles la loi NOTRe veut les regroupas tenir parole quand vous êtes sous le de mes concitoyens à leur per sont à la démocratie ce que les barres regard et le jugement des autres. La démod’immeuble sont au vivre ensemble : une imcratie s’apprend chaque jour. Elle ne supcommune. En France, passe. pas les compromissions. Elle n’a pas la conquête de nos libertés s’est porte besoin d’expert. Mais elle exige pour foncDans toutes les communes que j’ai traver- réalisée à partir des communes. tionner des hommes et femmes expérimensées, j’ai établi des contacts avec leurs habiElles ont été le point de départ tés. Elle est plus proche de l’artisanat que de tants. Essayez ! Vous verrez que c’est plus la production en chaîne. de la construction de notre facile que dans la plus grande galerie commerciale. La commune respecte l’homme. Il espace national. Combien de Dans la mondialisation, tout devient inters’agit d’une démocratie à hauteur d’homme. nos villes ou villages ont dans changeable. Tout doit se décider tout de Je me bats pour l’avenir de mes enfants, de suite. Bien sûr qu’il y a des urgences. Mais leur nom le mot nos enfants. Je ne repars pas dans le passé. lors de la grève de la faim, j’ai éprouvé dans “Villefranche” ? mon corps l’évidence qu’il est des choses J’ai été frappé de voir en Syrie la richesse, trop fondamentales pour être abandonnées maintenant détruite, de ces “grappes” de villes à une structure bureaucratique quelconque. et de villages qui occupaient l’espace. Il ne reste maintenant que J’ai également appris, lors de ce combat, le rôle du temps. des familles parquées dans des camps ou des habitations de fortune. La liberté a toujours favorisé la diversité. Mais sans cadre comLa France peut retrouver sa grandeur en prenant le temps de la mun d’expression, la diversité se transforme en chaos. construction d’une voie originale vers le bonheur. Elle part de la Emmanuel Lévinas affirmait que “l’homme moderne est né de père commune pour aller à l’infini. C’est le sens de ma candidature à la inconnu”. Je connais mes ancêtres. Ils me donnent le courage de Présidence de la République n 76 | LE COURRIER DU PARLEMENT |

N° 864 / 2017


Fondé en 1960

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Hors-série

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PARLEMENT SUPPLÉMENT

L’un des principaux poumons industriels de la région Occitanie Pyrénées-Méditerranée Le tourisme : Première ressource de l’économie gardoise Un territoire agricole d’excellence

Le Gard,

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d o s s i e r s

Te r r i t o i r e s

© Istock 2017

attractivité, dynamisme et vitalité économique



ÉDITORIAL

Le Gard

© Christophe Cabrié - CD30

Le pacte, notre plan de travail jusqu’en 2021 ! Depuis mon élection à la Présidence du Département du Gard et chaque jour sur le terrain, auprès des Gardoises et des Gardois, auprès de leurs élus locaux, j'ai constaté que les besoins étaient réels, les efforts conséquents et les attentes concrètes. Des Cévennes à la mer, du Vidourle au Rhône, c’est la mobilisation de tous qui est attendue et nécessaire. Plus que jamais, l'intérêt général et le bien commun guident notre action et nos choix. La vie quotidienne des Gardoises et des Gardois et l’avenir de notre Département ne peuvent dépendre d’enjeux extérieurs, de stratégies politiques, d’arbitrages partisans. C’est pourquoi j’ai voulu m’engager, avec les élus départementaux, dans un rapport de confiance avec les Gardoises et les Gardois.

Denis Bouad

Il se concrétise par le Pacte pour les Gardois qui est notre plan d’action jusqu’en 2021 pour un Gard innovant, attractif et solidaire.

Président du Département du Gard

Ce pacte vous permettra également de mesurer le travail effectué et le respect de nos engagements. Au plus près de la vie quotidienne, au plus près des besoins, j’ai rencontré l’ensemble des élus gardois et je signerai avec toutes les communes et toutes les communautés de communes des “Contrats de Territoire” pour concrétiser l’engagement du Département à leur côté. J’ai également décidé et créé les conditions pour que soient renforcées la solidarité territoriale et l’aide aux communes (travaux routiers, eau et assainissement, monuments historiques) en mobilisant des moyens pour mettre en œuvre le Crédit Départemental d’Equipement dont l’objectif est de soutenir des projets locaux et complémentaires du développement global du département. Voilà le Pacte que je propose pour le Gard n

SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

| LE COURRIER DU PARLEMENT | I


SOMMAIRE : Le Gard

Le pacte, notre plan de travail jusqu’en 2021 !

I

Editorial de Denis Bouad, président du Département du Gard

“Les raisons d’espérer sont nombreuses dans le Gard”

IV

Entretien avec Didier Lauga, préfet du Gard

“La collectivité est un employeur d’envergure”

VII

Entretien avec Pilar Chaleyssin, présidente de l’Association des Maires du Gard et maire d’Aubais

Le Gard Rhodanien : un territoire à l’économie florissante

VIII

Entretien avec Jean-Christian Rey, président de la Communauté d'agglomération du Gard rhodanien

Le Gard... en bref

X

Une économie à multiples facettes Mise au vert dans le Gard

XII

Entretien avec Dominique Granier, président de la Chambre d’Agriculture du Gard

L’enseignement supérieur, la formation, la recherche et l’innovation au cœur du développement départemental “Le développement autour du numérique doit se faire dès à présent”

XVIII

Entretien avec Nathalie Nury, vice-présidente déléguée à l’Éducation et aux Collèges

“Une des spécificités de l’université de Nîmes est la proximité”

XX

Entretien avec Emmanuel Roux, président de l’université de Nîmes

Urbanisme, infrastructures et transports Le transport interurbain à l’honneur

Entretien avec Olivier Gaillard, vice-président délégué aux infrastructures et aux déplacements

II | LE COURRIER DU PARLEMENT | SUPPLÉMENT N°864 / 2017

XXIV


Cadre de vie, environnement et solidarités

“Notre priorité est de mettre le travail au centre des préoccupations”

XXVIII

Entretien avec Christophe Serre, vice-président délégué à l‘autonomie des personnes âgées et handicapées

Initier l’écologie populaire

XXIX

Entretien avec Geneviève Blanc, vice-présidente déléguée à l’Environnement et à la prévention des risques

“Encourager la création d’habitations à loyer réduit”

XXX

Entretien avec Christian Bastid, vice-président délégué à l'habitat et au suivi de l’ANRU

“Nos citoyens sont demandeurs d’une alimentation de qualité”

XXXI

Entretien avec Cathy Chaulet, vice-présidente en charge du Développement du Bio et des circuits courts, de la qualité alimentaire et de la restauration collective

“Soutenir l’insertion par l’activité économique”

XXXII

Entretien avec Carole Bergeri, vice-présidente déléguée à l’insertion et à l’accès à l’emploi

Favoriser l’accès de la population aux services de proximité”

XXXIV

Entretien avec Alexandre Pissas, vice-président délégué à l’Accessibilité des services au public et Président du Service départemental d’incendie et de secours

Coup de jeune pour la politique de la ville

XXXVI

Entretien avec Amal Couvreur, vice-présidente déléguée aux contrats de ville et à la jeunesse

Culture, sport et tourisme

“L’œuvre d’art est une somme d’efforts, de travail, d’émotions”

XXXVIII

Entretien avec Patrick Malavieille, vice-président délégué à la Culture, au Patrimoine et à l’Éducation artistique

“Le tourisme est le secteur économique le plus important du département”

XL

Entretien avec Philippe Pécout, président de Gard Tourisme, président de l’association Gîtes de France/Tourisme Vert du Gard et vice-président de l’EPCC (Établissement Public de Coopération Culturelle) du Pont du Gard, conseiller départemental délégué au tourisme

“Plus de 200 000 Gardois sont licenciés dans des clubs sportifs”

XLII

Entretien avec Jacky Valy, conseiller départemental délégué aux sports

SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

| LE COURRIER DU PARLEMENT | III


ENTRETIEN Si le département gardois connait l’un des taux de chômage les plus élevés de France, il n’en conserve pas moins de nombreux atouts en matière d’emploi. Notamment grâce à la manière dont il est “entré dans la nouvelle économie”, d’après le préfet Didier Lauga.

“Les raisons d’espérer sont nombreuses dans le Gard” Didier Lauga Préfet du Gard

Nous encourageons l’investissement productif des collectivités territoriales plutôt que les dépenses de fonctionnement. En 2016 et en 2017, l’État mobilisera dans le Gard 15 millions d’euros d’aides à l’investissement grâce à la Dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR) et au Fonds de soutien à l’investissement local (FSIL).

Lors de votre prise de fonction en 2016, vous avez affirmé que vos priorités étaient “la sécurité et l’emploi”. Comment luttez-vous contre un taux de chômage qui s’est élevé jusqu’à 14 % de la population active au début de l’année ? Avec 14,1% de chômeurs en 2015, le Gard est le troisième département au taux de chômage le plus élevé de France métropolitaine. Dans ces conditions, pour le Préfet que je suis, l’emploi ne peut qu’être une priorité. L’État dans le Gard, en étroite collaboration avec l’unité territoriale de la DIRECCTE, Pôle Emploi et les collectivités territoriales, agit sur absolument tous les leviers dont nous disposons pour lutter contre le chômage, tant de manière préventive que curative. En amont, nous nous efforçons de renforcer le dynamisme économique du Gard afin de favoriser la création d’entreprises et, par conséquent, d’emplois nouveaux. IV | LE COURRIER DU PARLEMENT | SUPPLÉMENT N°864 / 2017

Parallèlement, nous favorisons l’investissement productif des entreprises grâce au versement de la Prime d’Aménagement du Territoire (PAT) et des Aides à Finalité Régionale (AFR). Le Gard comptant de nombreuses jeunes entreprises innovantes, l’intervention de BPI France, sous forme de prises de participation, contribue à stimuler l’investissement innovant. Ces politiques marchent puisqu’aujourd’hui le Gard se remet à créer de l’emploi. Au premier trimestre 2016, les créations nettes d’emplois ont ainsi augmenté de 0,3 % et le nombre d’emplois a atteint 121 618. Cette croissance est supérieure à celle du reste de la région en moyenne. Mais nous agissons aussi en aval du marché de l’emploi, et de manière plus directe. Nous réduisons le coût unitaire du travail et incitons à l’embauche grâce à l’Aide à l’embauche d’un premier salarié pour les TPE, lancée en 2015, l’aide à l’embauche PME, lancée en 2016, les exonérations de cotisations patronales dans les zones de revitalisation rurale ou encore les aides à l’apprentissage.

Enfin, nous mettons en place des emplois aidés, particulièrement bien adaptés à la structure du chômage gardois, caractérisé par une part de personnes en situation de faible employabilité assez élevée. C’est pourquoi, depuis le début de l’année 2016, nous avons déjà créé 5500 emplois aidés dans le département. Nous ciblons, en particulier, les jeunes en difficulté pour qui nous avons déjà signé, en 2016, plus de 660 emplois d’avenir et 620 garanties jeunes.

“Le secteur du tourisme est un employeur majeur.” Aujourd’hui, si la situation de l’emploi dans le Gard demeure dégradée, ces différents leviers utilisés portent leurs fruits. Au premier trimestre 2016, le chômage a diminué de 0,3 % pour atteindre 13,7 %. Cette décrue, encore “poussive”, devrait néanmoins se poursuivre dans les prochains mois. L’activité économique départementale donne-t-elle quelques espoirs pour amorcer la baisse du chômage ? C’est tout le paradoxe du Gard. Si le taux de chômage est élevé, les raisons d’espérer sont nombreuses ! Le département conserve d’abord de véritables atouts en matière d’emploi. Son secteur agricole recrute encore et la part


Le Gard

des Gardois y travaillant est plus de 50 % supérieure à la moyenne nationale. En 2015, cette part atteignait 4,3 %, notamment grâce à la production de fruits et légumes, qui nécessite une main d’oeuvre importante, et au développement des cultures agro-biologiques. Quatorze produits agricoles gardois bénéficient d’une appellation d’origine contrôlée et le secteur de l’agroalimentaire comprend, en son sein, des marques de renommée mondiale telles que Perrier et Royal Canin. Le secteur industriel demeure lui aussi solide, employant 12,6 % des Gardois, ce qui le situe dans la moyenne nationale. Il peut compter sur de gros recruteurs, tels que le centre nucléaire de Marcoule ou l’usine Sanofi d’Aramon. Enfin, le secteur du tourisme est un employeur majeur. Le Gard bénéficie d’une très grande richesse patrimoniale, dont de nombreux sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO à l’image du Pont du Gard, des Arènes et de la Maison carrée de Nîmes, mais aussi des paysages des Cévennes et des Causses. Le littoral gardois accueille la plus grande marina de Méditerranée à PortCamargues. Ma plus grande raison d’espérer reste la manière spectaculaire avec laquelle ce

département est pleinement entré dans la nouvelle économie. L’alliance d’une attractivité certaine, de politiques économiques bien ciblées et d’un réel esprit d’entreprise et d’innovation de la population a permis l’émergence de nombreuses start-ups à succès. La liste serait longue si je devais toutes les citer. Mais je pense, par exemple, à Phyto Control, créée à Nîmes il y a dix ans et déjà leader français du contrôle sanitaire, LFB Biomanufacturing, spécialisée dans les biotechnologies et qui s’engage dans la recherche contre le cancer, ou encore Pack Solutions, designer de services d’assurance, lancée il y a 15 ans et qui emploie aujourd’hui plus de 100 personnes.

Commerce de Languedoc-Roussillon, joue un rôle déterminant dans cette réussite économique.

Quels sont les grands chantiers en cours sur votre territoire ?

“L’investissement productif est une priorité dans le Gard.”

L’investissement productif est une priorité dans le Gard, qui se réalise aussi dans le domaine de l’équipement par plusieurs grands travaux en cours. J’en citerai deux qui me semblent majeurs pour le département. Tout d’abord, près de la moitié du Gard étant en zone inondable, nous menons de nombreux travaux d’aménagement du territoire dans le cadre du programme d’action et de prévention des inondations (PAPI). La ville de Nîmes met ainsi en œuvre un ambitieux plan d’aménagement hydraulique. Les digues du Rhône au sud de Beaucaire font l’objet d’un programme de renforcement et de modernisation pour éviter de nouvelles inondations du type de celles qui se sont produites en 2003.

La force du Gard tient à sa capacité à allier secteurs traditionnels et nouvelle économie. Son offre de formation diversifiée et de haut niveau, avec, par exemple, l’Ecole des mines d’Alès, l’Université de Nîmes et les écoles d’apprentissage de la Chambre de

Dans le même temps, un autre grand chantier concerne la construction d’un nouveau tronçon de ligne à grande vitesse, afin de contourner le centre-ville de Nîmes, aujourd’hui surchargé par le passage des TGV. Une gare nouvelle est en cours de construction au sud-est de Nîmes, entre

“ma plus grande raison d'espérer reste la manière avec laquelle ce département est pleinement entré dans la nouvelle économie.”

SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

| LE COURRIER DU PARLEMENT | V


ENTRETIEN

Le Gard

un intense travail de coordination des différents services de l’Etat afin d’apporter des réponses adaptées pour assurer la sécurité des Gardois. Vous vous décrivez comme “un homme de terrain”. Allez-vous régulièrement au contact des Gardois et si oui, quels sont les sujets qui les préoccupent le plus actuellement ?

“La sécurité est, avec l’emploi, l’une de mes deux priorités.”

Manduel et Redessan. Elle comprendra l’ensemble des aménagements nécessaires pour permettre une intermodalité efficace : gare routière, routes, transports en commun, parkings voitures et vélos. Ces grands projets d’investissement vont non seulement conduire à améliorer les conditions de vie de Gardois, mais aussi stimuler l’activité économique et soutenir la création d’emploi marchand. Qu’en est-il en matière de sécurité ? La sécurité est, avec l’emploi, l’une de mes deux priorités. En effet, le Gard a pour particularité de connaître une insécurité protéiforme. La délinquance y est, par endroits, plus élevée que dans les autres départements métropolitains. Néanmoins, et c’est le plus important pour moi, la tendance est globalement à la diminution des actes de délinquance, ce qui est une vraie réussite dans un contexte socio-économique très difficile. Ces bons résultats sont obtenus grâce à une alliance intelligente des moyens de prévention et de répression. La création de deux Zones de Sécurité Prioritaire a contribué à mieux cibler les moyens. Nous avons, par exemple, mis en place des chantiers d’insertion pour les jeunes alors que des municipalités, notamment Nîmes, ont développé un ambitieux programme de vidéosurveillance. Nous bénéficions ainsi d’une très bonne coordination des services de l’État et des collectivités territoriales. Aujourd’hui les résultats sont là, bien que nous ayons enVI | LE COURRIER DU PARLEMENT | SUPPLÉMENT N°864 / 2017

core des efforts à faire en matière de lutte contre les cambriolages. La menace djihadiste ne doit pas être écartée. Le Gard a connu plusieurs départs pour la Syrie. Ainsi, les différents services de l’État sont pleinement mobilisés pour surveiller les personnes radicalisées. Parallèlement, nous prenons toutes les dispositions possibles pour sécuriser les grandes manifestations. La gestion de la Feria des Vendanges à Nîmes, constitue un exemple dans le domaine de la prévention des risques terroristes. Les risques en matière de sécurité prennent donc des formes multiples dans le Gard. La sécurité civile joue un rôle central pour prévenir les risques d’inondations et d’incendie, mais aussi les risques technologiques liés à plusieurs grandes industries. D’ailleurs, depuis le début de l’année 2017, nous avons rassemblé sur l’aéroport de Nîmes-Garons l’ensemble des moyens aériens de sécurité civile de la zone sud. La base aérienne de sécurité civile de Nîmes devient ainsi l’épicentre de la sécurité civile européenne. La sécurité routière est, quant à elle, un grand combat départemental. Sur les neuf premiers mois de l’année 2016, le nombre de morts sur les routes gardoises a connu une baisse significative par rapport à la même période l’an dernier. Néanmoins, ce nombre est bien trop élevé et nous devons donc continuer de lutter contre ce fléau, tant par la prévention que par la répression des comportements dangereux. Face à ces risques multiples, je réalise

Absolument. Je me fixe pour objectif de faire au moins un déplacement par jour à la rencontre des Gardois. Je vais partout dans le département pour voir les habitants, les services publics, les forces de l’ordre, les entreprises, les partenaires sociaux, les associations, les responsables religieux et, évidemment, les élus. Je crois qu’aller sur le terrain est absolument indispensable à un Préfet. Bien sûr, comme haut fonctionnaire, je me dois de passer du temps dans mon bureau pour préparer une expertise technique sur mes dossiers. Mais cette expertise n’est rien si elle n’est pas confrontée au réel. Les rencontres, que je fais tous les jours, me permettent de mieux comprendre les défis du département et de prendre conscience des forces et faiblesses des politiques publiques que nous mettons en œuvre. Les deux sujets qui préoccupent le plus les Gardois sont la sécurité et l’emploi. Comme nous le disions, les risques sécuritaires, dans le Gard, parce que protéiformes, sont très prégnants. Nous mobilisons tous les moyens possibles, mais la crainte reste humaine. Or, aujourd’hui, celle-ci est renforcée par l’incertitude économique. Les Gardois ont conscience que leur département, qui détient des fleurons, créé des emplois ; mais, ils ont parfois l’impression ne pas avoir été armés pour bénéficier de ces postes. Notre devoir, c’est donc de continuer à améliorer le service de l’emploi pour que la diminution du taux de chômage se poursuive. A coté de ces deux priorités, les Gardois ont d’autres sujets auxquels ils accordent beaucoup d’importance. Je pense d’abord à la préservation de leurs traditions et de leur patrimoine : le Gard est une terre de ferias et la construction du musée de la romanité à Nîmes, qui bénéficie d’un large soutien populaire, nous rappelle l’importance que les habitants attachent à leurs racines romaines. La protection de l’environnement se révèle aussi être un sujet essentiel pour la population, notamment dans les Cévennes n Propos recueillis par Pauline Pouzankov


ENTRETIEN

Le Gard

L’association des maires du Gard coordonne l’information et la formation des maires, mais aussi leurs actions de protestation, lorsqu’elles doivent exister.

© Polak Photographie

“La collectivité est un employeur d’envergure”

2016 contre la réduction des subventions accordées aux collectivités. Comment cette baisse des dotations de l’Etat se traduit dans le quotidien des maires du Gard ?

Pilar Chaleyssin Présidente de l’Association des Maires du Gard et maire d’Aubais

Quels sont les défis spécifiques à votre territoire auxquels doivent faire face les maires du département ?

Une de ses premières missions est de recenser puis de rapprocher les maires du territoire. L’objectif est de leur dispenser toutes les informations utiles provenant de l’Association des maires de France (AMF), dont nous sommes une émanation. De cette façon, les élus peuvent être tenus à jour des nouvelles lois, des nouveaux décrets ou d’un calendrier prévisionnel susceptible de les intéresser. Nous avons aussi monté une “école des maires” durant deux ans après les élections municipales, afin de familiariser aux bonnes pratiques, au vocabulaire professionnel, etc. Les réunions par thème sont aussi régulières, parfois organisées avec des spécialistes tels que des géomètres, des notaires, des experts de la préfecture… Nous travaillons main dans la main avec les services préfectoraux, ce qui est très appréciable.

Le climat du Gard est une de ses spécificités, pour le meilleur comme pour le pire. Nous redoutons les épisodes de canicule et d’inondation, les consignes de sécurité pour mettre à l’abri les populations sont très précises. La maitrise des situations doit être particulièrement rapide, les maires doivent être à la hauteur. Dans ce cadre, les réunions de travail et d’information sont très utiles pour apprendre à gérer ce type d’urgences. Enfin, l’augmentation de la démographie est également à prendre en compte. Elle est d’un peu plus de 1% dans le département, soit environ 8000 personnes par an. Quels sont les grands chantiers prévus pour 2017 ? Tout d’abord le rapprochement des communes et des institutions régionales, par le biais de l’association des élus locaux et des présidents d’intercommunalités de la région Occitanie Pyrénées Orientales. Treize présidents d’associations de maires participent à cette entité créée en novembre 2016 et qui déploiera ses activités en 2017. Il y aura aussi le centième salon de l’association des maires de France, au mois de novembre 2017. L’association des maires de France a appelé à se mobiliser le 19 septembre

Propos recueillis par Delphine Sitbon

© Michel Di Cristofano

Pouvez-vous définir les principales missions de l’association des maires du Gard ?

Fin 2015, le Président de la République a annoncé lors du Congrès des maires de France le gel des dotations aux communes à partir de 2016. Pour la ville d’Aubais dont je suis maire, cela représente environ 100 000 euros à manquer sur l’année. Nous devons alors économiser sur le personnel, les achats… Pour ne pas baisser le budget des écoles, nous avons par exemple réduit le nombre et l’ampleur des travaux sur la voirie. En sachant que la collectivité est un employeur d’envergure, on peut craindre une hausse des chiffres locaux du chômage. En signe de protestation à cette réduction des dotations, l’association des maires du Gard a suivi la consigne de l’AMF et a organisé le rassemblement de plusieurs maires devant la préfecture. Le préfet a ensuite reçu une délégation. Une manifestation bien suivie par les Maires et élus du Gard n

Le rapprochement des communes et des institutions régionales est l’un des grands chantiers de l’association des maires du Gard.

SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

| LE COURRIER DU PARLEMENT | VII


ENTRETIEN La Communauté d’agglomération du Gard Rhodanien est attentive à son développement économique. Pour cela, l’emploi, le tourisme ou l’agriculture sont des secteurs particulièrement mis en exergue.

Le Gard Rhodanien : un territoire à l’économie florissante Jean-Christian Rey

n La promotion du territoire par son vignoble.

Président de la Communauté d'agglomération du Gard rhodanien

retombée économique hors nuitées est de 30 millions d’euros chaque année. L’essentiel de nos actions est donc de travailler sur ces secteurs de manière à rendre l’agglomération attractive. Pouvez-vous nous parler du Centre d’Excellence numérique en Territoire Rural ?

“Nous voulons mettre en exergue le tourisme au sein de l’agglomération.” Quels sont les sujets qui vous préoccupent au sein de la Communauté d’agglomération du Gard Rhodanien ? Globalement, c’est l’emploi et l’économie qui sont les domaines pour lesquels nous consacrons le maximum de notre temps. Pour cela, trois secteurs clés sont mis en évidence au sein du Gard Rhodanien : n L’industrie nucléaire et la logistique ; n L’agriculture et particulièrement la viticulture ; n Le tourisme. Le territoire accueille chaque saison de nombreux touristes. Sa VIII | LE COURRIER DU PARLEMENT | SUPPLÉMENT N°864 / 2017

Le Centre d’Excellence numérique est un projet d’aménagement économique autour de l’outil numérique en territoire rural : il s’agit d’un espace de mixité proposant des espaces de “Coworking” ou de “Fab Lab”. Ce centre représente une réelle plus-value touristique puisqu’il nous permet d’accueillir de nombreux séminaires. En quoi la Communauté d’Agglomération du Gard rhodanien est-elle un atout pour le département du Gard ? Elle est un atout pour le département du Gard mais aussi pour la région Occitanie grâce à nos trois piliers économiques : n L’industrie : nous venons d’acheter une zone de 70 hectares dévolus à ce secteur. Il n’y a aucune comparaison sur la totalité de la région. Il s’agit donc d’un vrai potentiel industriel et foncier. Nous avons également un savoir-faire sur ce secteur qui est véritablement une plus-value. n Le tourisme.

“Notre territoire est un atout pour le département mais aussi pour la région.” Vous consacrez la majeure partie de votre budget à l’aménagement et services urbains : concrètement que mettez-vous en place dans ce secteur ? Aujourd’hui, nous avons un budget de 50 millions d’euros. Sur cette somme, 25 milions sont redistribués à l’aménagement et aux services urbains. C’est la compétence pour laquelle nous accordons financièrement le plus de place. 13 millions d’euros sont consacrés aux ressources humaines et le reste est dédié au sport, à la culture, aux transports et à l’urbanisme .

Quel avenir budgétaire espérez-vous pour le territoire du Gard ? Il y a deux niveaux à cet effet car notre travail nous rend serein mais les dotations de l’état sont particulièrement inquiétantes : n Nous sommes une jeune agglomération née en 2013. Cette année, le premier budget de fondation de l’agglomération va enfin être mis en place. Ce dernier structure notre organisation territoriale, nos grands projets et différentes actions ;


Le Gard

n Il faut que cessent rapidement les baisses de dotation de l’Etat et que nous ayons un peu de visibilité sur ces sujets.

Quelles sont vos ambitions pour l’agglomération du Gard Rhodanien dans les années à venir ?

Industrie, tourisme et promotion du territoire par le vignoble sont autants d'atouts de la communauté d’agglomération du Gard rhodanien.

“L’emploi et l’économie sont les domaines pour lesquels nous consacrons le maximum de notre temps.”

L’agglomération travaille actuellement sur le PVSI (Pôle de Valorisation des Sites Industriels), ce qui lui permet de rayonner à l’échelle internationale grâce aux compétences et au savoir-faire du territoire. Nous voulons également mettre en exergue le tourisme au sein de l’agglomération : la grotte Chauvet, Avignon, le pont du Gard sont des lieux renommés et se concentrent dans un rayon de 50 km aux alentours de notre territoire. La logique est donc de capitaliser la centralité de l’agglomération afin qu’elle ne soit plus seulement un lieu de passage, mais un territoire dans lequel naissent et grandissent les projets n

Propos recueillis par Valentine de Brye

C

réée en 2013, la Communauté d’agglomération du Gard rhodanien est issue de la fusion de cinq Communautés de communes (Rhône-Cèze-Languedoc, Cèze Sud, Valcèzard, Val de Tave et Garrigues Actives), mais également de l’extension à trois communes, Lirac, Tavel et Issirac.

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Située au Nord-Est du département du Gard, cette Communauté d’agglomération de 611 km2, regroupe 43 communes pour 75 000 habitants. La ville-centre est Bagnols-Sur-Cèze, troisième ville du Gard (18 538 habitants). Son territoire représente l’un des plus grands pôles économiques de la région Languedoc Roussillon, du fait notamment de la présence d’une filière nucléaire, de nombreuses activités industrielles, et aussi d’une filière agricole essentiellement viticole de haute qualité. Un patrimoine naturel et culturel est également fortement présent sur l’ensemble du périmètre de la Communauté d’agglomération. C’est aussi la troisième Communauté d’agglomération du Gard derrière celles de Nîmes et d’Alès.

Edité par la Caisse Régionale de Crédit Agricole Mutuel du Languedoc, société coopérative à capital variable agréée en tant qu’établissement de crédit. Siège social : avenue de Montpelliéret, Maurin 34977 Lattes cedex. 492 826 417 RCS Montpellier. Société de courtage d’assurance immatriculée à l’ORIAS sous le n° 07 025 828. SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

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Le Gard... en bref TouRIsme eT GAsTRoNomIe Avec 250 jours de soleil par an et 23 km de littoral, le Gard s’impose comme une destination touristique prisée. 4,5 millions de visiteurs y viennent chaque année pour découvrir 465 monuments classés, comptabilisant près de 19,5 millions de nuitées touristiques. Port Camargue est aussi le premier port de plaisance d’Europe avec 4600 anneaux. Autre attrait du département, la cuisine cévenole et gardoise, qui offre une très grande variété de mets issus de terroirs très diversifiés, notamment reconnus pour la production de charcuterie sèche. Petit pâté de Nîmes, Bajana, Agriade saint-gilloise, Gardiane, Brandade de Morue ou Pélardon sont autant de spécialités propres au territoire.

© Vi..Cult...

PRÉseNTATIoN Au quatrième rang national de la croissance démographique, le Gard rassemble 735 000 habitants sur une superficie de 5853 km2, composée à 65% de nature et d’agriculture. Il regroupe au total 23 cantons, 353 communes, 21 intercommunalités avec quatre centres urbains et économiques : Nîmes, Alès, Bagnols sur Cèze et Le Vigan. A la jonction de trois régions, ce département est limitrophe à six autres.

AGRIcuLTuRe De la mer à la montagne, l’agriculture méditerranéenne présente une gamme de productions particulièrement diversifiée. Si la Région Languedoc-Roussillon présente 59 appellations différentes, le Gard n’en compte pas moins de 21 d’entre elles, ce qui en fait le premier producteur de produits sous signes officiels de qualité dans la région. Sept d’entre elles sont viticoles : Clairette de Bellegarde, Costières de Nîmes, Côtes du Rhône, Côte du Rhône Villages, Languedoc, Lirac et Tavel. L’olive de Nîmes, l’oignon doux des Cévennes, le taureau de Camargue et les volailles du Languedoc comptent aussi parmi les fleurons de l’agriculture gardoise. Le Département aide par ailleurs les jeunes agriculteurs à s’installer grâce à la Dotation Départementale Jeune Agriculteur (DDJA), complément financier à la Dotation Jeune Agriculteur (DJA) versée par l’Etat. ecoNomIe eT emPLoI Bien que la loi ne lui en donne pas obligation, le Conseil départemental développe une série d’initiatives d’impulsion de l’économie et d’accompagnement vers l’emploi. Une des plus novatrices est la Cité des Métiers du Gard : ce lieu d’accueil permet anonymement et gratuitement à chacun de trouver des informations pour construire son projet professionnel, choisir sa formation, créer une entreprise ou reprendre une activité. Le Département soutient également de manière financière les projets d’immobilier collectif d’entreprises tels que les pépinières, les ateliers-relais et les “bâtiments en blanc” portés par les Communautés de Communes, d’Agglomération et les Chambres de Commerces et d’Industrie. Le foncier étant un enjeu déterminant pour attirer et retenir les entrepreneurs, le Gard a engagé une politique incitative sous forme d’aides aux investissements immobiliers portés par les entreprises elles-mêmes.

X | LE COURRIER DU PARLEMENT | SUPPLÉMENT N°864 / 2017


CHAPITRE 1

© Gérard JOYON

uNe ÉcoNomIe à muLTIPLes FAceTTes SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

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ENTRETIEN Le Département du Gard se montre très soucieux des enjeux écologiques et agrobiologiques à venir, tout en voulant préserver des conditions de travail optimales pour les agriculteurs.

© Chambre d’agriculture du Gard

mise au vert dans le Gard Dominique Granier Président de la Chambre d’Agriculture du Gard

vignes ou des fruits, et ce malgré des conditions climatiques difficiles. Le seul bémol concerne l’élevage, qui était déjà en début de crise. Pour donner un chiffre, je dirais que l’année 2015 fut à 80 % plutôt positive. La culture de la vigne est importante dans le département, puisqu’elle représente 50 % du produit brut, les fruits et légumes eux sont estimés à 25 % - 30 %, enfin les céréales et l’élevage composent 20 à 25 % du chiffre global. Le Gard est-il soucieux de la demande accrue des produits bio ?

Dans le Gard, les agriculteurs ont connu de très bonnes récoltes, qu’il s’agisse des

Le Gard a choisi de s’orienter vers l’agroécologie, étant non seulement pionnier

“Il faut davantage faire confiance au monde paysan.”

Nous sommes donc très attentifs à la demande du consommateur. Pour que cette © jean-louis zimmermann

Quel bilan pourriez-vous faire des récoltes de ces dernières années ?

dans la production biologique et deuxième au niveau national, derrière la Drôme, dans ce domaine. En tant que Président de la Chambre d’agriculture du Gard, je peux vous affirmer que le Département ne considère pas la culture bio comme un effet de mode, mais bien comme une préoccupation qui remonte à de nombreuses années.

“Les agriculteurs ont connu de très bonnes récoltes et ce malgré des conditions climatiques difficiles.”

XII | LE COURRIER DU PARLEMENT | SUPPLÉMENT N°864 / 2017


© Véronique PAGNIER

Le Gard

"Nous sommes très attentifs à la demande du consommateur."

culture soit durable, celle-ci doit être rentable économiquement. Le département s’interroge donc sur l’avantage des prix que peut rapporter ce marché et dans un souci écologique, conserve l’objectif de n’avoir plus recours aux herbicides. Que fait justement le département pour l’écologie ? Comment avez-vous perçu la COP21 ? L’agroécologie rentre dans une logique environnementale, économique et sociale. Les économies d’eau ou encore le concept du “goutte à goutte” font partie des méthodes utilisées. La mairie et les conseils généraux sont aussi très soucieux de ces questions-là, et nous travaillons main dans la main avec toutes les collectivités, les chercheurs ou encore les écologistes. Concernant la COP21, je l’ai personnellement prise comme une excellente nouvelle en tant que citoyen, mais aussi comme agri-

culteur. Les prises d’initiatives effectuées pour que l’Homme dans son ensemble puisse vivre dans un monde habitable sont à féliciter. Les agriculteurs se considèrent eux comme les premiers écologistes et notre métier nous lie directement à la nature. J’ai une grande reconnaissance envers le monde paysan qui s’adapte quotidiennement au défi que représente l’environnement. Que pouvons-nous vous souhaiter pour les prochaines récoltes ? Un climat favorable, car notre profession y est liée. Pour un agriculteur, un mauvais temps est celui qui dure. La chaleur sur une période longue amène de la sécheresse alors qu’une météo trop humide, elle, se caractérise par un engorgement important de nos terres. Ce que je souhaiterais, c’est que les agriculteurs se concentrent sur leur métier. Il faut une prise de conscience de l’opinion

publique pour un assouplissement des fardeaux administratifs. Les professionnels passent leur temps à être contrôlés ou encore à remplir des formulaires qui sont destinés aux institutions publiques. Il faut davantage faire confiance au monde paysan ; remplacer le contrôle par la confiance : n’alourdissons pas nos conditions de travail n Propos recueillis par Jonathan Bensadoun

“je peux vous affirmer que le département ne considère pas la culture bio comme un effet de mode.” SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

| LE COURRIER DU PARLEMENT | XIII


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PARLEMENT

Retrouvez tous nos anciens numéros sur notre site

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JE M’ABONNE Au Courrier du Parlement pendant un an (hors-séries inclus) et je joins à ce bulletin un règlement de 180 euros par chèque bancaire ou postal à l’ordre de Monde Edition. Mme/ M./ - Prénom/ Nom : ................................................................................................................................................. Organisme/ Société : ............................................................................................................................................................... Adresse : ........................................................................................................................................................................................ Tél. : ……………………………...........………………… E-mail : ……………………………………………........................……………………… À retourner à : Le Courrier du Parlement / Monde Édition S.A.S. - 3, rue Mornay - 75004 Paris CONTACT : redaction@lecourrierduparlement.fr - Tél. : 01 44 54 05 50 - Fax : 01 44 54 05 55


CHAPITRE 2

L’eNseIGNemeNT suPÉRIeuR, LA FoRmATIoN, LA RecheRche eT L’INNoVATIoN Au cœuR du dÉVeLoPPemeNT dÉPARTemeNTAL SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

| LE COURRIER DU PARLEMENT | XVII


ENTRETIEN Le Conseil départemental du Gard souhaite anticiper le tournant du numérique dans les collèges. Il accorde une place fondamentale à l’éducation sportive, artistique et culturelle, essentielles à l’épanouissement des collégiens.

© Département du Gard

“Le développement autour du numérique doit se faire dès à présent” Nathalie Nury Vice-présidente déléguée à l’Éducation et aux Collèges

Quelle est votre politique en direction de l’éducation ? Le Département est le partenaire éducatif quotidien des collèges, à travers l’accueil, l’entretien des locaux, la maintenance, la restauration scolaire, etc. Plus de 500 de nos agents travaillent dans les 54 établissements gardois. Sous l’impulsion des mutations technologiques, le Gard a fait le pari de poursuivre son Grand plan numérique, car nous pensons que le développement autour du numérique doit se faire dès à présent. Treize établissements ont été dotés de tablettes, et 20 de plus le seront cette année. Elles sont financées à 50 % par l’État. Les collèges possèdent plus de 7 000 postes d’ordinateurs et tableaux interactifs, subventionnés à 100 % par le Département. XVIII | LE COURRIER DU PARLEMENT | SUPPLÉMENT N°864 / 2017

Plus de la moitié d’entre eux sont labellisés numériques, notamment car le Conseil départemental a fait le choix de revoir le réseau de tous les établissements. L’éducation sportive tient également une place importante dans notre politique. Deux halles de sport sont en train d’être mises en place à Manduel et Uzès, tandis que deux autres sont à l’étude pour Gallargues-le-Montueux et Bellegarde. Il ne faut pas oublier que l’éducation sportive fait partie intégrante des programmes de l’Éducation nationale. Nous menons enfin une politique foncière qui passe par des constructions : un collège a ouvert à Bellegarde en 2016, deux autres vont être reconstruits à Nîmes et à Remoulins. Enfin, le Département a intégré le Plan sur la mixité sociale de la ministre de l’Éducation nationale : pour la rentrée 2018, nous prévoyons une nouvelle sectorisation dans huit collèges du nord de Nîmes. Quelles sont les difficultés auxquelles doit faire face le territoire dans ce domaine ? La principale difficulté rencontrée est financière. C’est grâce au financement que nous pouvons mener les projets à leur terme dans un délai respectable. À cause des problèmes budgétaires du Département, notre équipe a dû mettre en place des me-

sures d’économie, tout en préservant les ressources matérielles et humaines des établissements. Les marges de manœuvre pour le prochain budget sont très limitées… Je regrette fortement le désengagement de l’État vis-à-vis de la maintenance numérique. En effet, bien que ce dernier nous ait poussé et aidé à développer le numérique dans les collèges, il retirera le personnel qui s’occupait de la maintenance informatique à la rentrée prochaine. Même si le Département a anticipé en créant une équipe de quatre personnes, qui montera à sept par la suite, ce ne sera pas suffisant pour gérer les équipements numériques des 54 collèges. Par ailleurs, nous sommes conscients de la pénibilité au travail des personnels techniques (ATTE) travaillant dans les collèges. Notre ambition est de réduire la souffrance au travail de ces agents techniques.

Qu’avez-vous mis en œuvre pour subvenir aux besoins en matière d’équipement des 54 collèges publics du Département ? Pour suivre les besoins des collèges au jour le jour, nous avons mis en place un logiciel, “Batigam”, qui nous fait remonter quotidiennement toutes les difficultés rencontrées en matière d’équipement. Notre personnel intervient ensuite directement sur place. Nous travaillons en ce moment sur la création d’équipes mobiles, par thème et par territoire, qui se déplaceraient de collège en collège, afin de mutualiser les moyens.


Le Gard

Quelles sont les activités proposées dans les collèges et mises en place ou financées par le Gard ?

son public, le Département poursuivra l’opération afin de couvrir l’ensemble du territoire n Propos recueillis par Justine Hagard

© Jean-Mathieu Cazenove

Le dispositif “Artiste au collège” connaît un grand succès depuis quelques années : il a engendré la mise en place de 150 parcours artistiques et de 30 résidences d’artistes sur le territoire. Il permet à des professeurs de mettre en œuvre des activités pédagogiques liées à l’art. Le Département y consacre une enveloppe de 250 000 euros. Pour nous, l’éducation artistique et culturelle au sein des établissements est en effet une préoccupation majeure. Depuis cette année, nous avons créé un autre dispositif, à titre expérimental : “Sportif au collège”. L’objectif est de sensibiliser les jeunes aux valeurs du sport, du travail, de l’engagement, de la cohésion, du fair-play et de la citoyenneté, en faisant intervenir des athlètes de haut niveau. Des moments d’échange ont lieu au sein du collège : les sportifs rencontrent les collégiens et discutent avec eux de leur métier. Les jeunes se voient ensuite offrir la possibilité de participer à des entraînement ou d’aller voir des matchs. Pour le

moment, nous travaillons en collaboration avec l’USAM, le club de handball de Nîmes, et le Rugby Club nîmois. Si le dispositif trouve

Inauguration de la première tranche de la traversée de la commune de Pujaut (juillet 2016).

Les collèges possèdent plus de 7 000 postes d'ordinateurs et tableaux interactifs, subventionnés à 100% par le département.

SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

| LE COURRIER DU PARLEMENT | XIX


ENTRETIEN L’université de Nîmes est un lieu central du département du Gard, à la fois proche de son territoire et innovante au niveau national.

© Alain Verpillot

“une des spécificités de l’université de Nîmes est la proximité” Emmanuel Roux Président de l’université de Nîmes

La mission d’ascenseur social des universités de proximité est unanimement reconnue. Leur valeur ajoutée est incontestable, en matière de formation comme en recherche, dès lors que des choix appropriés ont été faits et que l’on respecte une parfaite synergie entre les caractéristiques du territoire où elles se trouvent et la stratégie de développement menée. L’université de Nîmes offre des formations en lien avec le territoire et originales, construites en complémentarité avec les universités voisines. Dans quelle mesure l’établissement estil ancré dans le paysage local, national et international ? Le paysage universitaire français offre une grande diversité, à la fois dans la taille des structures et les disciplines proposées. Une des spécificités de l’université de Nîmes est la proximité. Les universités de proximité sont appelées à jouer un rôle essentiel sur leur territoire, notamment à travers le développement économique qu’elles permettent, mis au service de la population et en lien avec les entreprises. La proximité de l’université de Nîmes facilite l’accès aux études supérieures des bacheliers du bassin gardois. Par exemple, en 2014/2015, en Licence, Licence professionnelle et Master, 66,5 % des étudiants inscrits à l’université provenaient du département du Gard. (Source : OVIE 02/10/2015) XX | LE COURRIER DU PARLEMENT | SUPPLÉMENT N°864 / 2017

UNÎMES a été, dès 1999, la première université de France à proposer une licence Arts appliqués complète dans la discipline. En 2015, elle a su faire évoluer la filière en adoptant une nouvelle maquette pédagogique et en devenant la Licence Design (LID). Dans le paysage universitaire français, l’université témoigne d’une place privilégiée dans les secteurs de pointe innovants tels que le design ou les sciences du risque. L’université est par exemple devenue la première de France à se doter d’une unité de recherche entièrement dédiée au design. Quelles sont les formations proposées par l’université ? Existe-t-il des formations professionnelles ? Réuni en juin 2015, le Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a validé à l’unanimité les 30 diplômes

nationaux en Arts et Design, Droit-ÉconomieGestion, Lettres Modernes, Langues, Histoire, Psychologie et Sciences, tous délivrés par l’établissement. Parallèlement aux formations généralistes, l’université a œuvré au développement des formations professionnalisantes, en adéquation avec le bassin de l’emploi gardois. Elle a également veillé à promouvoir les avantages offerts par ce mode de formation, à la fois pour les étudiants et pour les entreprises. L’insertion reste une préoccupation constante. 88,9% des diplômés actifs – en emploi et en recherche d’emploi – ont un travail 30 mois après l’obtention de leur diplôme. (Source : enquête de décembre 2015) L’université de Nîmes participe par ailleurs activement aux actions de l’académie au sein du Centre de Formation des Apprentis de l’Enseignement Supérieur en LanguedocRoussillon.

Quelle est la place de la recherche au sein de l’université ? La labellisation de l’équipe d’accueil “CHROME” EA 7352, en janvier 2015, sur la gestion des risques chroniques et émergents est sans nul doute la première grande réussite scientifique de l’université. Ce projet colossal est basé sur une dynamique de partenariats, tant académiques qu’industriels. Adossée à CHROME, l’Ecole doctorale 583 “Risques et Société”, créée au 1er septembre 2015, permet de renforcer la structuration de la recherche de notre établisse-


Le Gard

Quelle est la politique en matière de relations internationales ? La mise en place d’une vice-présidence

dédiée aux relations internationales a permis de favoriser la mobilité sortante, d’améliorer la qualité d’accueil des étudiants et personnels étrangers et de consolider les relations avec les partenaires universitaires, notamment pour la mise en place de cotutelles de thèses.

et des Carmes, tous deux en location, et apportera par conséquent une gestion plus efficace du parc immobilier universitaire. Le CPER 2015-2020, la Ville de Nîmes, l’agglomération Nîmes Métropole et le Conseil départemental du Gard accompagnent le financement de cette deuxième tranche pour un montant total de 28 millions d’euros n

Où en sont les travaux du site Hoche ? En 2013, la première phase des travaux du site Hoche a permis la réhabilitation de l’ancien hôpital Gaston Doumergue. UNÎMES comporte depuis un quatrième site. Aujourd’hui s’annonce la finalisation de ce projet immobilier avec l’inscription au CPER de la deuxième phase des travaux du projet Hoche. La réhabilitation du bâtiment et la construction de bâtiments neufs permettront de regrouper l’université en deux sites uniquement, ce qui améliorera la lisibilité. Les travaux contribueront également à un regroupement des laboratoires et à la construction de trois amphithéâtres nécessaires aux évolutions du public étudiant. Ce projet entraînera la libération des sites GIS

Propos recueillis par Justine Hagard © Université de Nîmes

ment en lui offrant la possibilité, pour la première fois depuis sa création, de délivrer des diplômes de doctorat. La première soutenance de thèse a eu lieu en novembre 2015 et 15 doctorants sont déjà inscrits. Le 23 septembre 2016, par décision de Madame la Ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, nous avons eu la joie d’apprendre que notre autre grand projet allait voir le jour : ainsi a été créée, au 1er décembre 2016, l’équipe d’accueil en design “PROJEKT” EA 7447. C’est, moins de deux ans après la création de l’équipe CHROME, une nouvelle grande réussite qui conforte les orientations scientifiques et la visibilité de notre établissement. Cette création est un événement à échelle nationale : en créant l’équipe d’accueil PROJEKT, la France se dote de sa première unité de recherche entièrement dédiée au design.

“La mission d’ascenseur social des universités de proximité est reconnue.”

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SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

| LE COURRIER DU PARLEMENT | XXI


CHAPITRE 3

uRBANIsme, INFRAsTRucTuRes eT TRANsPoRTs

© Jean-Louis Zimmermann

SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

| LE COURRIER DU PARLEMENT | XXIII


ENTRETIEN

Le Gard

Avec de nombreux projets d’infrastructures en route, le Conseil départemental du Gard s’attache à optimiser son offre de transports en commun, moderniser sa flotte et délivrer une meilleure information aux voyageurs.

© Département du Gard

Le transport interurbain à l’honneur Olivier Gaillard Vice-président délégué aux infrastructures et aux déplacements

De quelles infrastructures stratégiques le Gard bénéficie-t-il en matière de transport ? La situation géographique du Gard, au carrefour de la vallée du Rhône et de l’Arc méditerranéen, fait de ce département un territoire de mobilité, traversé par des infrastructures de transport de niveau international et national. Autoroutes A9, A54, ligne grande vitesse, fret ferroviaire et fluvial par le canal du Rhône à Sète, plateforme aéroportuaire de Nîmes-Garons. Au niveau régional et local, le département bénéfice également d’une étoile ferroviaire bien développée autour de Nîmes et d’un important réseau de 4500km de routes départementales et 130km de routes nationales. Quels sont vos grands projets en cours ? En termes d’infrastructures nouvelles, le Département du Gard est concerné par plusieurs grands projets engagés ou à venir. Par exemple, le contournement ferroviaire par XXIV | LE COURRIER DU PARLEMENT | SUPPLÉMENT N°864 / 2017

une ligne mixte fret et grande vitesse au sud de Nîmes et Montpellier dont les travaux arrivent à terme. D’importants projets d’infrastructures routières sont avancés à divers degrés. Ils concernent principalement les contournements des agglomérations de Nîmes et d’Alès afin d’améliorer l’accès du bassin alésien au couloir languedocien et au réseau TGV, et de réduire les nuisances liées au trafic de transit à l’intérieur des zones urbaines. Au-delà des procédures administratives et de concertation, et vu le contexte budgétaire difficile, la réalisation de tels projets dépendra aussi des partenariats qui pourront s’établir pour financer ces infrastructures. Comment le Département œuvre-t-il à optimiser et sécuriser les déplacements sur son territoire ? Pour répondre aux besoins de déplacements quotidiens des Gardois, en complément des dessertes TER, le Département a engagé en 2009 une importante politique de développement du transport interurbain, en modernisant sa flotte de véhicules et en mutualisant dans un réseau de cars “Edgard” l’ensemble des lignes voyageurs et scolaires. Une tarification attractive et unique, quelle que soit la distance parcourue, a été mise en place pour rendre ce service accessible à tous et assurer une solidarité avec les territoires ruraux. Plus récemment, le développement d’une billettique interopérable avec les réseaux de transports urbains va vont nous permettre d’optimiser

encore cette offre de transports, et de la valoriser par une meilleure information aux voyageurs. Autant de services à la population et d’alternatives aux déplacements en véhicule individuel qu’il faudra veiller à pérenniser lors des transferts de compétence à la Région prévus par la loi NOTRe. Communiquez-vous auprès des habitants pour les inciter à adopter des pratiques plus écologiques ? En complément, les déplacements doux sont également soutenus par le Département à travers un schéma dont l’objectif principal est de promouvoir la pratique du vélo et d’accompagner la réalisation d’aménagements cyclables par les communes et EPCI, ou en portant directement la maitrise d’ouvrage de voies vertes sur d’anciens chemins de hallage et de voies ferrées désaffectées. C’est ainsi 250 km de voies vertes et de boucles cyclo-découverte qui sont aujourd’hui mis à la disposition des Gardois et des touristes qui viennent découvrir le Gard à vélo. Le Département et la Communauté d’agglomération de Nîmes Métropole ont développé une plateforme de covoiturage : covoiturage.gard.fr. Cette plateforme orientée à l’origine vers les déplacements domicile-travail, en partenariat avec les entreprises, a été élargie à tous types de déplacements du quotidien et de proximité, activités sportives et de loisirs, sorties culturelles ou événementielles. En déposant une offre de covoiturage, les organisateurs peuvent ainsi faire la promotion de leur manifestation tout en réduisant leur empreinte carbone n Propos recueillis par Pauline Pouzankov


CHAPITRE 4

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cAdRe de VIe, eNVIRoNNemeNT eT soLIdARITÉs SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

| LE COURRIER DU PARLEMENT | XXVII


ENTRETIEN

Le Gard

À travers ses infrastructures et l'insertion professionnelle, le Gard met tout en œuvre pour garantir un meilleur accueil aux seniors et aux personnes possédant un handicap.

© Conseil départemental du Gard

“Notre priorité est de mettre le travail au centre des préoccupations” Christophe Serre Vice-président délégué à l‘autonomie des personnes âgées et handicapées

territoire et appartenant à nos partenaires, que ce soit les syndicats, les collectivités ou encore les mairies. Le département a lancé depuis maintenant de près deux ans, une action se nommant loc’adapt. Ce programme est une plateforme pour les personnes nécessant un logement adapté à leur handicap. Les commerces s’accommodent eux aussi progressivement, et ce même si des retards ont pu être constatés, en grande partie à cause des coûts des travaux.

Quelles ont été vos initiatives depuis votre prise de fonction? La priorité consiste à aller à la rencontre de tous les services en charge des personnes agées avec un handicap, pour définir les différentes actions à mener par le Département, mais aussi les difficultés que celuici peut rencontrer. Mon travail à l’origine était centré sur l’aménagement du territoire, mais grâce à mes équipes, je suis en mesure aujourd’hui de maitriser tous les sujets autour de ce thème. Quelles sont vos actions pour l’accessibilité des personnes en situation de handicap dans les lieux publics? La première chose, c’est l’accessibilité à nos propres bâtiments, où des travaux d’aménagement sont en cours. Mais aussi à des établissements répartis sur l’ensemble du

Dans le domaine de l’emploi, que fait le Gard pour les personnes en situation de handicap? Le Gard compte un certain nombre de fonctionnaires avec un handicap et le département possède un taux d’embauche des personnes invalides se trouvant même audessus de la moyenne nationale. Notre rôle est aussi d’informer via la MDPH (la Maison Départementale des Personnes Handicapées), ce qui représente un travail de longue haleine. Le taux de chômage du Gard s’élevant à 15 %, l’idée du président du Conseil départemental est de mettre le travail au centre des préoccupations. Notre but est de ramener les demandeurs d’emplois, handicapés ou même seniors vers une activité. Comment allez-vous appréhender le “papy boom” à venir?

XXVIII | LE COURRIER DU PARLEMENT | SUPPLÉMENT N°864 / 2017

Le Gard rassemble 60 000 habitants

qui ont 75 ans et plus ; à l’horizon 2020 il pourrait en compter 47 000 supplémentaires. C’est une problématique à prendre en considération. Nous allons donc développer les structures d’accueil telles que les maisons de retraite ou médicalisées, tout en cherchant à les diversifier. Le Gard a développé plus de 1600 lits pour héberger les personnes âgées ; nous nous trouvons donc dans la norme française. Mais il reste beaucoup à faire pour répondre aux besoins de cette population, qui veut rester autant que possible à domicile. Cela signifie trouver une solution pour adapter les logements, créer de nouveaux modes d’hébergement. Le concept de Maison en partage a été lancé pour que ces per-sonnes aient un choix d’habitations avec des structures pour les accompagner et les aider sur place. Quels sont vos projets en cours? Le 13 octobre 2015, l’Assemblée Départementale a voté le nouveau schéma départemental en faveur de l’autonomie des personnes âgées et handicapées. Notre secteur mobilise un maximum de partenaires, que ce soient les maisons de retraites ou encore les aides à domiciles et les travailleurs sociaux. Nous travaillons aussi sur la loi adoptée le 28 décembre 2015 sur, sur l’adaptation de la société au vieillissement et dont le Gard attend de celle-ci un certain nombre de décrets, entre autres, sur le financement du département. Parmi nos projets, l’amélioration de certaines structures visant à faciliter la vie aux individus âgés et handicapés est à l’étude n Propos recueillis par Jonathan Bensadoun


ENTRETIEN

Le Gard

Le département du Gard est, depuis de nombreuses années, engagé dans une politique de protection de l’environnement et met en place de nombreuses actions en ce sens.

© Conseil Départemental

Initier l’écologie populaire

munes à recruter les bureaux d’études qui mettent en place cette dimension environnementale.

Geneviève Blanc Vice-présidente déléguée à l’Environnement et à la prévention des risques

nariat a également été créé avec le tissu associatif, qui est organisé en réseau sur tout le territoire. Nous travaillons main dans la main avec ces associations sur les observations et l’éducation/sensibilisation à l’environnement par un appel à projet annuel.

Pouvez-vous nous parler de la démarche HQE (Haute Qualité Environnementale) que le Département accompagne ? De quelle façon agissez-vous en faveur de l’environnement et quelles sont vos actions en la matière ? J’accorde beaucoup d’importance à ce que j’appelle l’écologie populaire. Aujourd’hui, l’environnement devient un enjeu politique et il faut que cela devienne une préoccupation commune qui passe par la sensibilisation du public, mais aussi par le partage des espaces. Concrètement, notre premier volet d’actions concerne les milieux naturels. Le département compte 4500 hectares d’Espaces naturels sensibles et 5 syndicats (dans les Gorges du Gardon et la Camargue Gardoise, les Cévennes) en faveur de l’environnement. Le Département travaille actuellement sur le schéma des ENS (Espaces Naturels Sensibles) afin de partager ces espaces, d’informer au mieux les citoyens à ce sujet et pour attirer leur attention sur la protection de l’environnement. Par ailleurs, une mission “Bois Energie” a été mise en place en vue de promouvoir le développement du chauffage automatique au bois. Un parte-

Récemment, deux centres médicosociaux ont été bâtis et construits avec des matériaux naturels. Par exemple, dans la commune de Vauvert, située dans le LanguedocRoussillon en Camargue gardoise, nous avons utilisé la Sagne (roseaux de Camargue) sur les façades. Une grange a également fait l’objet d’une restructuration.

Tout cela dans l’idée d’obtenir un PADD (Plan d’Aménagement de Développement Durable) qui soit concerté et accepté par la population de la commune. L’agriculture biologique est aussi un axe fort de l'économie départementale qui amène un gain environnemental et sanitaire. De même pour l’agriculture “domestique” avec les jardins partagés qui permettent de donner un accès à la terre et à une alimentation saine à des personnes qui n’en ont pas toujours les moyens. Créer sa propre nourriture fait partie d’une politique de développement durable, car c’est le circuit le plus court possible. Quelles sont vos démarches de prévention des risques ? Le Gard est un département à risques. Concernant les inondations, nous avons 6 barrages en gestion et autant de syndicats de bassins. Ils sont notre bras armé en termes de politique de lutte contre les inondations, particulièrement autour des rivières. De son côté, le site “Noé Gard” permet l’information et la sensibilisation des populations à ces enjeux.

Cette approche s’applique tout autant en ce qui concerne l’habitat social : la gestion de l’eau et de l‘énergie est un critère que le Département essaye d’intégrer. Dans ce cadre, des opérations particulières ont été créées sur 130 logements écologiques. Quels sont vos engagements en termes de politique publique de développement durable ? J’ai eu la chance de piloter les Plans Locaux d’Urbanisme Gard durable. Il s’agit d’une démarche qualité pour les PLU (Plans Locaux d’Urbanisme) qui intègre en amont la participation citoyenne. Nous encourageons et aidons financièrement les com-

Le dispositif ALABRI permet de réaliser des travaux pour sécuriser les habitations, ainsi que les entreprises ou les bâtiments publics. Formation des élus et information des populations sont sans cesse à renouveler pour entretenir la conscience du risque, prévenir et protéger au mieux n

SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

Propos recueillis par Valentine de Brye | LE COURRIER DU PARLEMENT | XXIX


ENTRETIEN

Le Gard

Avec de nombreux secteurs ruraux, le Gard s’emploie à rééquilibrer l’offre de logements sur l’ensemble de son territoire, tout en luttant contre la précarité des publics les plus sensibles.

“encourager la création d’habitations à loyer réduit” Christian Bastid Vice-président délégué à l'habitat et au suivi de l’ANRU

le nôtre, se pose aussi la question du vieillissement de la population et donc de l’adaptation des logements et du maintien à domicile.

Quelles aides proposez vous en faveur des propriétaires et des locataires ?

En quoi consiste le Plan Départemental de l’Habitat ? Créé dans le cadre de l’engagement national pour le logement, ce plan vise à favoriser une meilleure cohérence de l’habitat dans les départements, car la question se pose différemment selon les territoires. La démarche, initiée par l’un des précédents présidents du Conseil général, et soutenue par l’actuel président Denis Bouad, s’est conclue par la rédaction d’un document se voulant le plus informatif et opérationnel possible, permettant de faire travailler l’ensemble des partenaires concernés, chacun dans le cadre de ses compétences, au bénéfice de tous. Produire une offre de logements suffisante et abordable, améliorer le bâti existant, apporter des réponses aux publics spécifiques (notamment les personnes âgées et handicapées), tout en s’inscrivant dans une logique de développement durable, sont autant d’enjeux qu’il met en lumière. Pour les départements méditerranéens comme XXX | LE COURRIER DU PARLEMENT | SUPPLÉMENT N°864 / 2017

Côté locataires, l’un des premiers objectifs du département consiste à encourager la création d’habitations à loyer réduit, notamment dans le cadre du logement social. Le dispositif “Habiter mieux”, quant à lui, donne la possibilité aux propriétaires de réduire leur factures énergétiques et de réaliser des travaux de rénovation thermique dans leur logement, avec une aide financière délivrée sous certaines conditions. Beaucoup de communes sont par ailleurs concernées par les inondations : nous avons donc monté le programme “A l’abri” en partenariat avec l’Etat pour financer des travaux obligatoires et réduire leur vulnérabilité.

Quel genre d’aide propose l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) ? Cet organisme met en oeuvre une politique nationale de développement et d’amélioration du parc de logements privés existants. Il accorde, notamment, des aides d’améliorations des résidences principales de propriétaires occupants modestes ou de logements locatifs de propriétaires bailleurs privés, en échange de contreparties sociales.

Quelles sont vos priorités concernant l’ANRU ? Le principal bailleur départemental est “L’Habitat du Gard” : son activité porte essentiellement sur le territoire de Nîmes, où se trouvent de nombreuses constructions très anciennes datant des années 60. C’est dans ces quartiers-là que les premiers programmes rénovation urbaine ont été ciblés, en vue d’améliorer les conditions de vie des habitants. L’enveloppe prévue pour le déploiement des activités dans le cadre de l’ANRU 1 s’élève à près de 15 millions d’euros. Avez-vous des projets ou des ambitions pour le département dans les années à venir ? L’urgence consiste à aider les personnes les plus défavorisées, tout en travaillant sur les secteurs ruraux qui ont pris du retard en termes de logement et de solidarité. Côté projets, une convention a été signée avec Loc’Adapt 30 au mois de mai 2016 pour favoriser la création d’habitations adaptées aux personnes handicapées et âgées. Par ailleurs, nous avons reçu de très bons échos à propos du nouveau dispositif, “Maison en partage” : un concept novateur et intergénérationnel, où les habitants co-habitent dans les espaces de vie commune. Dans le cadre de l’ANRU 2, une opération de rénovation va être lancée dans le quartier du Mas de Mingue à Nîmes. Nous nous battons pour que la reconstruction du Collège Jules Vallès soit intégrée à cette opération ; cette reconstruction est l’un des engagements de ce mandat n Propos recueillis par Pauline Pouzankov


ENTRETIEN

Le Gard

Premier département bio de la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, le Gard s’attache à déployer une politique alimentaire de qualité, en soutenant le développement d’une agriculture durable.

“Nos citoyens sont demandeurs d’une alimentation de qualité” Cathy Chaulet Vice-présidente en charge du Développement du Bio et des circuits courts, de la qualité alimentaire et de la restauration collective

Quelles mesures avez-vous mis en place pour développer la filière bio et les circuits courts ? Quelles aides accordez-vous aux agriculteurs ? Nous avons choisi une approche globale et transversale. Pour nous, le développement d’une agriculture durable est un facteur d’équilibre et d’attractivité du territoire, et l’alimentation un paramètre important de la qualité de vie de nos citoyens. Nous soutenons le développement d’une agriculture durable au service d’une alimentation de qualité pour les Gardois. Pour cela, nous mettons en œuvre une politique alimentaire départementale, qui se décline en trois axes : la structuration d’une offre alimentaire de qualité sur le territoire, l’accès de cette offre aux Gardois, et enfin l’éducation à la consommation responsable et la valorisation de notre patrimoine gastronomique. Dans ce cadre, le Département mène deux plans d’actions : le Plan d’action Bio depuis 2009 et le Plan d’action des Circuits de Proximité depuis 2013. Ils sont construits en partena-

riat avec les organismes agricoles et les professionnels (exploitations et entreprises), et sont un outil pour générer de l’animation et des projets, individuels ou collectifs, que nous finançons également. Nous poursuivons ces dispositifs comme la loi NOTRe nous y autorise. Mais, au titre de la solidarité territoriale, l’une de nos priorités consiste à déployer notre politique sur les territoires, pour encourager l’émergence et accompagner les projets alimentaires territoriaux. Parallèlement, le Département développe une gouvernance alimentaire territoriale. Nous mettrons en place des Conseils Alimentaires Territoriaux mobilisant les acteurs des territoires autour de ces projets.

Qu’en est-il de la qualité alimentaire dans la restauration collective ? La restauration collective permet au plus grand nombre d’avoir accès à une alimentation de qualité, c’est donc l’une des priorités de notre politique, qui illustre notre déploiement territorial et la gouvernance alimentaire. Nous intervenons pour les collèges mais aussi pour l’ensemble des structures de restauration collective du territoire. Le Département a fait le choix politique fort de réintégrer des cuisines autonomes dans les collèges, de supprimer ses deux unités de production culinaire pour les remplacer par une unité de conditionnement de légumes et de créer un groupement de commandes pour mieux maîtriser l’approvisionnement. Dans le cadre de notre labellisation

“Programme National pour l’Alimentation” du Ministère, nous avons organisé un colloque avec la Préfecture, où l’ensemble des collectivités et structures de restauration du territoire était invité. L’objectif : susciter des projets d’approvisionnement de qualité pour les accompagner à une échelle locale. Quels sont les moyens d’une collectivité départementale pour mener une telle politique? Pour atteindre nos objectifs, nous avons défini trois stratégies. D’une part, nous avons identifié la nécessité d’un pilotage interne transversal. De nombreux services de la collectivité contribuent à cette politique, leur collaboration est indispensable et c’est bien l’un des objectifs de ma délégation. D’autre part, la gouvernance alimentaire territoriale est un axe essentiel de déploiement, puisque notre volonté est d’être au plus proche des territoires du département et de leurs projets. Enfin, il est essentiel que les citoyens à qui nous destinons cette politique en aient connaissance et y adhèrent, d’où une stratégie de communication auprès des Gardois. Les chiffres nous montrent d’ailleurs que nos citoyens sont demandeurs d’une alimentation de qualité et nous confortent évidemment dans nos choix politiques : la demande de produits issus de l’agriculture biologique connaît une forte croissance, nos entreprises génèrent une dynamique positive de création d’emplois et le nombre de producteurs bio continue d’augmenter. Nous sommes d’ailleurs le premier département bio de notre nouvelle grande région en nombre de producteurs n Propos recueillis par Pauline Pouzankov

SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

| LE COURRIER DU PARLEMENT | XXXI


ENTRETIEN Le Gard s’est engagé dans une politique dynamique en faveur de l’emploi : le soutien des structures d’insertion professionnelle en est un des volets forts.

© Département du Gard

“soutenir l’insertion par l’activité économique” Carole Bergeri Vice-Présidente déléguée à l’insertion et à l’accès à l’emploi

Vous avez mis en place un programme en faveur de l’emploi sur 2015 et 2016, quel est son objectif ? Il s’agit d’apporter une réponse aux besoins des publics en insertion, ainsi :

pour démultiplier les chances d’une première expérience professionnelle des jeunes. Quelles sont vos priorités pour développer l’emploi au sein du département ? Pour faciliter le retour à l’emploi de personnes exclues du marché du travail, le Département a priorisé trois axes : Quelles sont vos actions et vos initiatives dans le cadre de l’insertion ?

n favoriser et soutenir l’entreprenariat pour les publics en insertion ;

Je m’inscris totalement dans le sillon tracé par le Département en maintenant nos actions envers des publics éloignés de l’emploi, notamment les bénéficiaires du RSA. Notre collectivité, chef de file de l’insertion, doit le rester. L’offre d’insertion est large, son articulation avec les politiques de droit commun incontournable. Le département est très actif aux cotés des services de l’Etat pour soutenir l’insertion par l’activité économique. En 2015, 41 chantiers d’insertion ont été financés, c’est un véritable levier pour apprendre un métier : 43 % des bénéficiaires retrouvent le chemin de l’emploi ou de la formation. Nous soutenons aussi plusieurs actions individuelles et collectives d’accompagnement vers l’emploi. Notre politique en faveur des emplois aidés est aussi très soutenue, notamment dans le secteur de l’éducation où les besoins des collèges sont permanents. Nous réfléchissons à la mise en place du service civique

n favoriser le développement local durable et l’économie sociale et solidaire ; n favoriser la formation professionnelle et l’apprentissage. Le taux de chômage au sein du département a atteint 14 %. Comment expliquezvous ce taux important ? Bien que le Gard crée chaque année un nombre conséquent d’entreprises et de postes, il est marqué par un essor démographique constant (741 000 habitants) et une économie dépendante de la saisonnalité. On recense 30 870 allocataires RSA fin 2015, même si ce chiffre tend à se stabiliser. Autre facteur, un besoin important de qualification dans certains métiers oblige parfois les employeurs à recourir à de la main d’œuvre hors département.

XXXII | LE COURRIER DU PARLEMENT | SUPPLÉMENT N°864 / 2017

n Pôle Emploi développe une offre de services adaptée et harmonisée à celle du Département ; n le Département organise un maillage territorial d’accueil des demandeurs d’emploi à travers des relais emploi portés par les Communautés de Communes ; n il propose aussi une “Cité des Métiers du Gard” offrant des services individualisés, des ateliers thématiques, des forums de l’emploi.

“Le Gard s’est engagé dans une politique dynamique pour l’emploi.” Cet objectif est complété par le soutien aux actions menées par les acteurs institutionnels, associatifs et économiques. L’Economie sociale et solidaire y a toute sa place. Pouvez-vous nous parler de la clause d’accès à l’emploi ? Le Gard s’est engagé à travers sa poli-


Le Gard

Le recours à cette clause facilite le recrutement de personnes éloignées de l’emploi et soutient les structures d’insertion par l’activité économique. Désormais, l’insertion est une des conditions d’exécution des marchés de travaux du Département. Quels sont vos projets futurs en terme d’insertion et d’accès à l’emploi ?

carole Bergeri au forum des métiers et de l’emploi de Laudun l’Ardoise.

tique d’achat dans une démarche dynamique en faveur de l’emploi. Depuis 2010, notre collectivité a généralisé la clause d’accès à l’emploi dans l’ensemble des

marchés publics. Sur une centaine de marchés, plus de 77 000 heures d’insertion ont été réalisées, soit en moyenne 102 ETP mensuels/5 ans.

VENEZ VIVRE UNE

EXPÉRIENCE

Le Programme Départemental d’Insertion et de Lutte contre les Exclusions voté en 2012 s’achève. Ma priorité est de réaliser un nouveau PDI prenant appui sur l’évolution des dispositions juridiques et réglementaires. Nous avons déjà commencé à mobiliser les acteurs institutionnels et associatifs afin de faire converger nos actions pour une politique dynamique de l’insertion, sans oublier de consulter les bénéficiaires eux-mêmes. Le travail de concertation avec les partenaires institutionnels et associatifs est en cours. Le nouveau PDI devrait être soumis au vote de l’assemblée départementale début 2017 n Propos recueillis par Paulina Pouzankov

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| LE COURRIER DU PARLEMENT | XXXIII


ENTRETIEN

Le Gard

Dans le Gard, l’accessibilité des services est une préoccupation majeure, portée par la mise en place d’un schéma départemental. La lutte contre les incendies représente également un enjeu de taille.

© Département du Gard

“Favoriser l’accès de la population aux services de proximité” Alexandre Pissas Vice-président délégué à l’Accessibilité des services au public et Président du Service départemental d’incendie et de secours

timent d’isolement voire d’abandon. Cela crée une défiance vis-à-vis de la classe politique, alimentée par la fermeture des commerces et services de proximité comme les bureaux de poste. L’accessibilité concerne plusieurs domaines : accessibilité temporelle, physique, de l’information, pratique, dématérialisée (internet), culturelle, sociale et financière.

La Préfecture et le Département du Gard ont pour objectif l’élaboration d’un schéma départemental d’amélioration de l’accessibilité des services au public. Vous êtes en charge de la création de ce schéma. En quoi consiste-t-il ? Les objectifs de ce schéma sont de : n favoriser l’accès de la population aux services de proximité, n réduire les inégalités territoriales, n améliorer la qualité de vie des habitants, n favoriser l’attractivité et le développement du territoire, n encourager la mise en œuvre de démarches partenariales. Les populations sont de plus en plus insatisfaites de l’accès aux services sur leurs territoires et tendent à ressentir un fort sen-

“Les populations sont de plus en plus insatisfaites de l’accès aux services sur leurs territoires et tendent à ressentir un fort sentiment d’isolement.” Quelle est la stratégie mise en place pour élaborer ce schéma et quels acteurs implique-t-elle ? Il faut d’abord identifier les zones présentant un déficit d’accessibilité et les publics rencontrant des difficultés d’accès. Cela permet de faire un diagnostic territorial. Il apparaît alors que les déficits d’accessibilité se concentrent sur certaines zones : les espaces ruraux, mais aussi les couronnes

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éloignées des grands pôles urbains, les quartiers défavorisés de la politique de la ville et les franges départementales. Le programme d’action dure six ans et doit permettre d’atteindre les objectifs fixés. Une fois que le schéma aura été mis en place, il faudra se demander qui financera les projets à mener pour améliorer l’accessibilité. Les communes, notamment, seront sollicitées pour le financement. Quatre types de publics ont été consultés pour l’élaboration du schéma : n la population gardoise, n les maires et présidents des Établissements Publics de Coopération Intercommunale, n les opérateurs de services au public, n les usagers. Vous êtes également Président du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS). Quelles sont ses missions ? Le SDIS est chargé de la prévention, de la protection et de la lutte contre les incendies. Il s’occupe également des détresses vitales et des accidents de la route. Quel est son rôle dans la préservation de l’environnement et des espaces naturels notamment ? Le SDIS a, par exemple, lancé une campagne contre les feux de forêt. En juillet, certains endroits deviennent particulièrement sensibles à ce phénomène n Propos recueillis par Justine Hagard


ENTRETIEN

Le Gard

De nombreuses actions telles que les garanties jeunes ou encore les emplois d’avenir ont été mises en place afin de lutter contre le chômage chez les plus jeunes.

© Département du Gard

coup de jeune pour la politique de la ville Amal Couvreur Vice-présidente déléguée aux contrats de ville et à la jeunesse

jouent un rôle, par exemple, dans le cadre de la parentalité ou encore de la citoyenneté. De 2007 à 2014, alors même que ce n’était pas de sa compétence, le Conseil départemental a consacré plus de 13 millions d’euros à la politique de la ville et les quartiers prioritaires en ont été bénéficiaires. Que mettez-vous en œuvre pour accompagner la jeunesse du Gard ? Huit contrats de ville ont été signés au sein du département. Quel est leur objectif ? Dans le Gard, huit contrats de ville 20152020 ont été signés depuis le 1er juin 2015. Ces contrats ont pour objectif d’améliorer la cohésion sociale, l’emploi et le cadre de vie dans des quartiers désignés afin d’y rétablir une certaine égalité républicaine. En effet, sur le département, une personne sur dix habite en quartier prioritaire. En rénovant ces espaces, nous embellissons le quotidien des habitants de la ville au sens global du terme. Ces contrats ont donc été définis dans le cadre de la loi et chacun d’entre eux possède une spécificité ayant pour objectif de s’appuyer sur l’ensemble des politiques (jeunesse, culture, logement…). Par ailleurs, je tiens également à spécifier que le tissu associatif nous a été d’une aide considérable afin d’améliorer la politique de la ville. Les associations sont très efficaces et interviennent sur les quartiers prioritaires dans lesquelles la population est en très grande précarité. Elles

Président du département, Denis Bouad, a affiché d’entrée sa volonté que l’élu en charge de la politique de la ville, soit également en charge de la jeunesse puique ces deux domaines sont étroitement liés. Par ailleurs, les quartiers prioritaires regroupent une forte concentration de jeunes ; il n’y a donc rien d’antinomique à ce que j‘exerce ces deux fonctions. Concrètement, j’accompagne au mieux la jeunesse gardoise au titre de la formation et de l’emploi afin de leur garantir un avenir meilleur. Pouvez-vous nous expliquer les bénéfices de la garantie jeunes ? Il s’agit d’un dispositif ambitieux mis en place pour lutter contre le chômage des jeunes. C’est un accompagnement vers une première expérience professionnelle et qui garantit des ressources financières. Nous essayons de créer des opportunités de travail pour la jeunesse gardoise. Le résultat se fait déjà ressentir puisque 368 gardois ont déjà signé cette garantie jeune alors que

XXXVI | LE COURRIER DU PARLEMENT | SUPPLÉMENT N°864 / 2017

l’objectif du département est de 450. Vous avez également mis en place les emplois d’avenir au sein du département. De quoi s’agit-il ? Le département du Gard s’est engagé dès 2013 en faveur des jeunes dans le cadre des emplois d’avenir. Ce contrat aidé permet l’accès à une qualification et à une insertion professionnelle durable. Il a soutenu le secteur associatif en complétant l’aide de l’Etat et ainsi contribué au recrutement de près de 150 emplois d’avenir. Il a par ailleurs recruté directement 30 jeunes dans ses services. Aujourd’hui, une vingtaine de jeunes sont sortis avec une formation qualifiante à l’issu de ces emplois d’avenir. Quels sont vos projets et objectifs dans ces domaines pour les années à venir ? Nos principaux objectifs pour le département sont de : n proposer aux jeunes de 16 à 25 ans d’effectuer leur service civique au sein même du Conseil départemental ; n maintenir et développer les emplois d’avenir ; n Impliquer tous mes collègues du département afin qu’ils se mobilisent en faveur de la politique de la ville en activant l’ensemble de nos politiques. Je crois également que les conseils citoyens et la parole donnée aux habitants sont des éléments primordiaux car nous avons besoin de l’opinion de chacun pour avancer n Propos recueillis par Valentine de Brye


CHAPITRE 5

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cuLTuRe, sPoRT eT TouRIsme SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

| LE COURRIER DU PARLEMENT | XXXVII


ENTRETIEN La culture est un secteur soutenu par le département du Gard, entre mise en valeur du patrimoine historique et sensibilisation des plus jeunes à l’art.

© Conseil départemental du Gard

“L’œuvre d’art est une somme d’efforts, de travail, d’émotions” Patrick Malavieille Vice-président délégué à la Culture, au Patrimoine et à l’Éducation artistique

Comment le Gard met-il en avant la culture dans la sa diversité ? La politique culturelle du département se décline, à parts financières à peu près égales, en trois grands chapitres :

Quels sont les principaux atouts culturels et patrimoniaux du territoire ? Le Pont du Gard est, en premier lieu, notre joyau et emblème. Il a un rôle moteur à jouer au carrefour de trois régions : Occitanie, PACA et Auvergne-Rhône-Alpes. L’art roman est très présent, à Nîmes notamment. Je suis d’ailleurs au côté de la ville de Nîmes pour qu’elle obtienne son classement au Patrimoine Mondial, qui sera un atout pour le département. Le pastoralisme dans les Causses et dans les Cévennes, l’Abbatiale de Saint-Gilles, la mémoire de la réforme protestante et du Désert en Cévennes et le bassin industriel alésien forment également le patrimoine gardois. En termes d’art et de création contemporaine, je citerais la scène nationale du Cratère et le Pôle National des Arts du Cirque d’Alès, la Scène de Musiques Actuelles et le Théâtre de Nîmes et le Centre de développement chorégraphique d’Uzès. Plus de 1 000 intermittents et 250 personnels administratifs vivent dans le Gard. Auxquels s’ajoutent les artistes plasticiens, les écrivains, etc.

n le soutien à l’économie artistique, qui regroupe toutes les aides directes de notre collectivité aux artistes professionnels, individus, associations et compagnies dans leur processus de création et de diffusion ; n le soutien au développement culturel des territoires, c’est-à-dire l’accompagnement des lieux et évènements emblématiques du Gard (festivals, scènes nationales, théâtres, saisons culturelles, etc.) ; n l’éducation artistique.

“TOUT INDIVIDU ET Tout citoyen doit avoir accès à la culture.” Quels sont les moyens mis en œuvre pour élargir et diversifier l’accès à la culture ? Élargir, c’est donner accès au plus grand nombre et dès le plus jeune âge. C’est

XXXVIII | LE COURRIER DU PARLEMENT | SUPPLÉMENT N°864 / 2017

des ménestrels dans la ville médiévale de sommières.


Le Gard

pourquoi nous avons créé le dispositif Artistes au Collège. Il s’agit notamment de proposer à des artistes professionnels d’établir leur résidence de création dans un collège. Le principe est que l’artiste ouvre les portes de son processus créatif aux élèves et que ces derniers peuvent éventuellement y participer, mais surtout apprendre que l’œuvre d’art n’est pas seulement un produit fini et consommable mais une somme d’efforts, de travail, d’émotions… Diversifier, c’est ouvrir à des publics particuliers ou “empêchés” (malades, handicapés, personnes âgées, détenus, etc.). Nous soutenons ainsi des associations et des artistes qui travaillent dans des quartiers ZUS ou avec des personnes handicapées ou en insertion.

L’idée maîtresse de cette politique est que tout individu et tout citoyen doit avoir accès à la culture.

“Elargir, c’est donner accès au plus grand nombre et dès le plus jeune âge.” Quels sont les événements phares de la programmation culturelle pour 2017 ? À part un concours de musiques actuel-

les à visée professionnalisante, le département n’organise pas lui-même les événements. Cependant, de janvier à décembre, l’offre culturelle est aussi riche que variée. À l’agenda, vous pouvez retrouver : Les Trad’hivernales, festival occitan à Sommières en janvier, Itinérance, festival de cinéma à Alès en mars, TINALS, festival de musique indie à Paloma, et Uzès Danse en juin, Les Rocktambules à Rousson, Transes Cévenoles à Sumène et Nuits Musicales d’Uzès en juillet, Barjac M’en Chante en août, Festival flamenco à Nîmes en novembre, Charbon Ardent à La Grand’Combe en décembre, etc n Propos recueillis par Justine Hagard

SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

| LE COURRIER DU PARLEMENT | XXXIX


ENTRETIEN Climat, patrimoine, espaces naturels… Le Gard dispose de nombreux atouts, qui en font une destination très prisée des touristes. Mais le département ne se repose pas sur ses lauriers : il impulse, avec son agence Gard Tourisme, de nombreuses initiatives et projets pour accroître la fréquentation tout au long de l’année.

© Conseil Departemental du Gard

“Le tourisme est le secteur économique le plus important du département” Philippe Pécout Président de Gard Tourisme, président de l’association Gîtes de France/Tourisme Vert du Gard et vice-président de l’EPCC (Établissement Public de Coopération Culturelle) du Pont du Gard, Conseiller Départemental délégué au tourisme

l’UNESCO, comme les Causses et Cévennes et l’abbatiale de Saint-Gilles. Le Gard abrite également des villes classées “Villes et Pays d’art et d’histoire”, telles que Nîmes, Uzès ou Beaucaire, trois villages ayant reçu le label “Plus Beaux Villages de France” ainsi que des “Villages de caractère”.

Quels sont les atouts du Gard en matière touristique ? Le Gard est un département du Midi de la France, donc très attractif sur le plan du climat. Et c’est également un territoire qui reste très nature, entre la montagne et la mer. Depuis les Cévennes jusqu’à la mer Méditerranée et la Camargue, nous avons toute une variété de paysages, avec des offres touristiques de grande qualité s’adressant à toutes les générations et en particulier aux familles. Le département bénéficie d’un patrimoine exceptionnel essentiellement autour de la romanité avec le Pont du Gard, qui est notre référence et fait partie des sites les plus fréquentés de France, avec 1,5 million de visiteurs par an. Autour de ce site, nous avons la chance d’avoir d’autres monuments inscrits au patrimoine mondial de XL | LE COURRIER DU PARLEMENT | SUPPLÉMENT N°864 / 2017

Nous avons des productions à forte valeur ajoutée que sont les vins et les produits du terroir reconnus à travers de nombreux labels que nous accompagnons, comme “Vignobles & Découvertes”, “Militants du Goût” ou “Sites Remarquables du Goût”. Le Gard est d’ailleurs le seul département en France à se prévaloir d’avoir quatre “Produits Remarquables du Goût” : le taureau de Camargue, l’huile d’olive de Nîmes, l’oignon doux des Cévennes et la truffe de l’Uzège. Quel est le poids économique du tourisme dans le Gard ? Le tourisme est le secteur économique le plus important du département ; il crée 16 000 emplois non délocalisables sur l’ensemble du territoire et génère 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Nous comptabilisons en effet plus d’un million de visiteurs

dans les 38 offices de tourisme gardois (dont les bureaux d’information touristique), près de 4 150 000 visiteurs dans les sites et monuments, plus de 320 000 lits touristiques et 18 millions de nuitées par an.

Comment faites-vous pour développer l’écotourisme sur votre territoire ? L’écotourisme se développe notamment en Camargue, un endroit classé parmi les Grands Sites naturels de France. Nous retrouvons localement des ambassadeurs, qui accueillent les touristes, les guident et leur font découvrir leur patrimoine. Ils les invitent à respecter ce lieu naturel pour les générations futures, à avoir un œil bienveillant sur les espaces que l’on découvre, à les protéger, à savoir ne pas jeter n’importe quoi n’importe où et à se faire soi-même ambassadeur auprès d’autres visiteurs. L’écotourisme est développé aussi sur deux autres sites gardois : les Causses et Cévennes et les Gorges du Gardon.

Comment faites-vous la promotion du département en France et à l’étranger ? La promotion du Gard en France se fait au sein de salons, dans lesquels Gard Tourisme est présent chaque année pour vanter les atouts du département. Mais c’est surtout au travers d’une politique webmarketing offensive que nous promouvons le Gard. Nos espaces numériques enregistrent plus de deux millions de visiteurs par an.


© Conseil Departemental du Gard

Le Gard Le pont du Gard est l'un des monuments emblématiques du département.

développement pour les années à venir. Quels sont vos projets en préparation pour les mois à venir ?

gère vient principalement des pays d’Europe : Belgique, Suisse et Pays-Bas notamment. Des populations d’autres pays commencent à fréquenter notre territoire, comme les Américains. Nous espérons dans l’avenir toucher les pays concernés par le contrat d’“Arts de vivre en Provence”. Mais le Gard est spécialisé dans le tourisme de proximité. C’est donc notre grand axe de

Propos recueillis par Julien Da Sois

© JWolfgang Staudt

Pour mettre en avant notre territoire à l’étranger, nous venons d’adhérer au contrat d’“Arts de vivre en Provence”. Le Gard s’associe à la Provence pour louer les spécialités et les richesses de la région, notamment l’aspect de romanité qui est une force pour le Gard. Ce contrat s’adresse surtout aux populations lointaines, notamment celles des pays asiatiques. Notre clientèle étran-

En lien avec le Conseil départemental et les acteurs locaux, nous menons aujourd’hui une réflexion sur la mutualisation de nos moyens et la valorisation de notre expertise auprès des collectivités locales et de la région Occitanie. Gard Tourisme travaille par ailleurs avec les douze autres Agences de Développement Touristiques de la région pour apporter sa contribution dans le nouveau Schéma Régional du Tourisme. Ces travaux sont autant de pistes et d’actions mutualisées pour co-construire la nouvelle politique touristique régionale, garante d’équité entre les destinations, de solidarité et d’innovation. A travers ce manifeste, nous réaffirmons le rôle essentiel de l’échelon départemental pour conduire des projets efficients de proximité en faveur de l’ensemble des territoires, urbains ou ruraux n

à Nîmes, un seul monument de spectacle antique peut encore être admiré. Il s’agit de l'amphithéâtre, aujourd’hui appelé « les Arènes », qui est l’un des mieux conservés du monde romain et de France.

SUPPLÉMENT N° 864 / 2017

| LE COURRIER DU PARLEMENT | XLI


ENTRETIEN

Le Gard

Avec ses dizaines de milliers de pratiquants, ses grandes stars comme Yannick Agnel et ses nombreuses infrastructures, le Gard est un département très sportif. Le sport y est même vu comme un outil de développement du territoire.

“Plus de 200 000 Gardois sont licenciés dans des clubs sportifs” Jacky Valy Conseiller départemental délégué aux sports

Et puis il y a l’action des institutions, les pôles espoirs régionaux de handball à Nîmes, les centres de formation, les grands rendezvous tels que l’Etoile de Bessèges et nos champions locaux : Virginie Razzano, Laurent Blanc ou Yannick Agnel pour ne parler que des plus récents.

Le Gard est un département où le sport dans son ensemble brille. Quel est le secret de cette réussite ? Ce n’est pas mon rôle de minimiser les mérites des politiques publiques, mais je dois d’abord énoncer des raisons historiques et patrimoniales. Au départ industriel, le Gard a bénéficié d’afflux importants de populations et d’une organisation dynamique du monde ouvrier en matière de sport. De nombreux clubs existent toujours, issus des grandes structures économiques. Nous avons également des atouts naturels à faire valoir et attractifs pour les sports de pleine nature, avec des paysages aussi beaux que variés pour la randonnée, le cyclisme, les sports nautiques, de rivière, etc. Des dizaines de milliers de pratiquants en profitent chaque année. XLII | LE COURRIER DU PARLEMENT | SUPPLÉMENT N°864 / 2017

“le sport a été institué par le législateur comme un élément essentiel du développement humain et territorial.”

Si le Gard dispose d’équipes performantes à haut niveau, les Gardois sont-ils de grands pratiquants de sports ? Plus de 200 000 Gardois sont licenciés dans des clubs sportifs (près de 30 % de la population) et ils sont au moins le double à avoir une pratique sportive, au minimum

occasionnelle. Donc je dirai oui, avec pour fait remarquable, lié à l’action du département, le développement du sport pour tous, à travers notre soutien important aux sports adaptés et scolaires.

“Nous avons également des atouts naturels à faire valoir et attractifs pour les sports de pleine nature.”

Que pouvons nous vous souhaiter pour cette année très sportive pour le département ? Avec la loi NOTRe qui en a fait une compétence partagée par tous les niveaux de collectivités, le sport a été institué par le législateur comme un élément essentiel du développement humain et territorial. Je souhaite donc pouvoir continuer à agir et être utile, et pour cela que la contrainte sur les finances des collectivités soit moins forte n Propos recueillis par Jonathan Bensadoun


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