LE CLIMAT

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Fondé en 1960

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PARLEMENT Quel climat aujourd’hui et demain ? Le Plan Climat et ses différentes mesures Quels efforts du côté des industriels et des territoires ? Intensifier la mobilisation internationale et rendre irréversible l’accord de Paris

Réchauffement climatique, enjeux et perspectives L e s

d o s s i e r s

t h é m a t i q u e s


L’avenir n’est pas écrit. Nous le créons tous. Nos innovations aident les villes à utiliser moins d’énergie, à rendre l’air plus propre et à faire du transport électrique une réalité. C’est pourquoi chez BASF, nous voyons l’avenir avec optimisme. Pour plus d’informations, consultez wecreatechemistry.com


“Jamais la question écologique n’a disparu de l’actualité”

ZOOM SUR L’INTERVENTION...

Hors-série | Le climat

DISCOURS DE RENTRÉE DE BARBARA POMPILI DU VENDREDI 22 JANVIER 2021

© Vernier/JBV NEWS

“Au cœur de cette crise inédite, brutale, sidérante que nous traversons, je vous souhaite à tous d’être optimistes pour cette nouvelle année. C’est mon état d’esprit : je suis une éternelle optimiste. Optimiste non pas pour occulter les épreuves, mais optimiste pour en sortir par le haut. Et parce que le pire n’est jamais sûr ! Car pendant cette épreuve, la société continue de bouger et d’aspirer à un autre modèle. Et l’écologie est le cœur de cette transformation. Je crois que, comme moi, vous avez senti cette année que le vent a définitivement tourné... Malgré la pandémie, les confinements, la bataille contre le virus: jamais, jamais, la question écologique n’a disparu de l’actualité et des préoccupations collectives. On l’a vu pendant le premier confinement, avec les réflexions sur le jour d’après. Sur la possibilité… l’envie même, d’un monde plus écologique, plus sobre, plus résilient. On l’a vu, tout au long de l’année, avec le travail de la Convention citoyenne pour le climat. Et là où certains parlaient d’un gadget, les Français se sont passionnés pour cet exercice démocratique inédit.

Barbara Pompili Ministre de la transition écologique

On l’a vu cette semaine, avec Joe Biden et le retour des Etats-Unis dans l’Accord de Paris qui rouvre une ère de coopération et de progrès. Et moi je le vois, tous les jours, en feuilletant vos pages, en écoutant vos émissions. L’écologie est en haut de la pile, au cœur de l’opinion. Au cœur de la société. Au cœur de nos vies, personnelles et collectives. L’écologie, aujourd’hui, c’est un motif d’espoir. Et comme le disait la chanteuse Joan Baez, “l’espoir est contagieux, comme le rire”. C’est une perspective de progrès, de changements. Le pays en a besoin de ce remède d’espoir. La planète en a besoin. Alors, cette année, je compte bien continuer à matérialiser cet espoir dans la vie des Français. (…) Ce nouveau modèle, c’est aussi un changement profond de notre rapport le plus direct à la nature, au vivant. Une nouvelle ère dans notre rapport aux animaux est en train de s’ouvrir. La société les considère de moins en moins comme des objets dont nous disposons, mais comme des êtres sensibles que nous devons respecter. (…) Placer 30% de la planète en espaces protégés, c’est l’ambition que la France portera en septembre au Congrès mondial de la Nature à Marseille. Puis en Chine, pour la COP 15 à Kunming, pour protéger la biodiversité mondiale. (…) C’est cette même voix, cette même ambition, que je porterai aussi pour accélérer la lutte contre le réchauffement climatique lors de la COP26 à Glasgow. La tâche est immense, mais demain comme hier, je suis déterminée à réussir cette grande transformation dont notre pays a besoin.” n

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PARLEMENT Hors-série

SOMMAIRE : Réchauffement climatique, enjeux et perspectives

“Jamais la question écologique n’a disparu de l’actualité”

1

Discours de rentrée de Barbara Pompili (du vendredi 22 janvier 2021), Ministre de la transition écologique

Politiques climatiques : le politique submergé par le réél ?

4

Éditorial de Bettina Laville, Conseiller d’État honoraire, Présidente fondatrice du Comité 21, Membre des conseils d’administration du CNRS et de l’Institut agro, et du Conseil scientifique de l’IMT

ZOOM SUR... L’effet de serre, un équilibre fragile

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QUEL CLIMAT AUJOURD’HUI ET DEMAIN ?

TRIBUNE... La Justice climatique pour et par les femmes, en première ligne

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Par Ségolène Royal, Présidente de Désirs d’Avenir pour la Planète

“La tyrannie de produire en permanence nous éloigne de la nature”

12

Entretien avec Yann Arthus-Bertrand, Président de la Fondation GoodPlanet, photographe, reporter et écologiste français

ZOOM SUR... Accord de Paris, cinq ans après : promesses tenues ?

14

TRIBUNE... Réchauffement climatique : état des connaissances scientifiques, enjeux, risques et options d’action

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Par Valérie Masson-Delmotte, Paléoclimatologue, directrice de Recherche au CEA et co-présidente du groupe N°1 du GIEC

LE PLAN CLIMAT ET SES DIFFÉRENTES MESURES

ZOOM SUR... Quelles solutions concrètes pour lutter contre le changement climatique ?

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ENERGIES VERTES... Iberdrola, l’un des leaders mondiaux en matière d’énergies renouvelables

20

Entretien avec Reginald Thiebaut, Directeur général chez Iberdrola Énergie France

Les enjeux écologiques du logement

22

Entretien avec Emmanuelle Wargon, Ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du Logement

“Construire en s’engageant pour la Terre !”

24

Entretien avec Mahomed Dahrouch, Directeur opérationnel de Valoptim

Transition écologique : le transport en “pole position”

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Entretien avec Jean-Baptiste Djebbari, Ministre délégué auprès de la ministre de la Transition écologique, chargé des Transports

Economie Circulaire (BASF) 2 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers thématiques

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ZOOM SUR... Urgence climatique : l’Etat s’engage pour la voiture électrique

30

“2021 sera une année majeure pour la biodiversité”

32

Entretien avec Pierre Dubreuil, Directeur général de l’Office français de la biodiversité

L’Institut de recherche pour le développement

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Entretien avec Valérie Verdier, Présidente-directrice générale de l’IRD

“Une agriculture principalement biologique est possible, et même souhaitable !”

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Entretien avec Sylvie Corpart et Christophe Cottereau, Secrétaires nationale “Environnement” de la FNAB

“C’est une véritable transition de notre modèle économique mais aussi sociétal qui s’amorce aujourd’hui”

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Entretien avec Jean-François Longeot, Président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable au Sénat

ZOOM SUR... Les conclusions du GIEC : un constat sans appel

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Expanscience : engagement, innovation et expertise depuis 70 ans

42

Entretien avec Karen Lemasson, Directrice RSE et Open Innovation des Laboratoires Expanscience

QUELS EFFORTS DU CÔTÉ DES INDUSTRIELS ET DES TERRITOIRES ? ZOOM SUR... Et si l’écologie était l’avenir de l’industrie ?

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MANAGEMENT CARBONE... BASF

46

Entretien avec Thierry Herning, Président de BASF France

MANAGEMENT CARBONE... Un café neutre en carbone dès 2022 : Nespresso agit !

48

Entretien avec Guillaume Le Cunff, PDG de Nespresso

ZOOM SUR... Greenwashing : l’illusion des grandes multinationales

50

“Leadership au féminin” ou la promotion des femmes chez BASF

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LA SOCIÉTÉ CIVILE DE PLUS EN PLUS ENGAGÉE POUR LA CAUSE CLIMATIQUE

“Notre avenir doit s’inscrire en prenant en compte le réchauffement climatique”

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Entretien avec Pierre Rabhi, Essayiste, paysan, conférencier et écologiste français, co-fondateur du mouvement Colibris, de l’ONG Terre & Humanisme, du Fonds de Dotation Pierre Rabhi

PORTRAIT... Greta Thunberg : le visage de la lutte climatique

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LE COURRIER DU PARLEMENT - Édité par Monde Edition S.A.S. - Siège : 3, rue Mornay, 75004 Paris - Téléphone : 01 44 54 05 50 - Fax : 01 44 54 05 55 E-mail : redaction@lecourrierduparlement.fr - www.lecourrierduparlement.fr n Directeur de la Publication - Rémy Lazimi n Secrétaire de rédaction - Sharon Lazimi n Ont contribué à ce numéro - Julien Dreyfuss, Amélie Kroell, Pauline Pouzankov, Olivier Sourd n Infographiste - Isabel Viana n Directrice de la communication - Danielle Decaris n Relations presse - Laurent Vigée n Relations publiques - Régine Laïk n N° 01 n Numéro ISSN - 2646-5361 n Imprimé en France n Dépôt légal à parution n Photo couverture - © Libre de droits / Toute reproduction, même partielle, des articles publiés dans ce numéro, nécessite explicitement le consentement écrit de l’éditeur.

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ÉDITORIAL

Politiques climatiques : le politique submergé par le réél ? L’année 2020 aura consacré l’ancrage dans la réalité des incertitudes et la gouvernance versus navigation à vue ; évidemment il s’agit de la pandémie que les gouvernements peinent à endiguer malgré la production d’un vaccin dans des délais records, mais il s’agit aussi, cinq ans après l’Accord de Paris, d’une incertitude climatique extrêmement forte, tant dans les espoirs que dans les préoccupations. C’est ce qui a été reconnu lors du Forum de Davos de janvier 2021 : il est significatif que malgré la pandémie et la crise économique annoncée, les dirigeants présents à Davos inscrivent en tête les questions liées au climat comme “une menace existentielle pour l’humanité”, avec la crainte d’une envolée des émissions quand l’économie se redressera.

Bettina Laville Conseiller d’État honoraire Présidente fondatrice du Comité 21 Membre des conseils d’administration du CNRS et de l’Institut agro, et du Conseil scientifique de l’IMT

Cette année, nous avons quitté les rives des travaux préparatoires à la bataille contre le réchauffement en attendant le 6e rapport du GIEC ; nous savons à la fois que l’accélération du réchauffement climatique est évidente, et que maintenir le climat en dessous de 2 degrés pour ce siècle impose une maîtrise des trajectoires pour tous les acteurs. Il s’agit d’un défi humain sans précédent et sur le long terme ; en 30 ans nous devons œuvrer pour arriver à la neutralité carbone puis ensuite maintenir cet effort pour que la trajectoire actuelle ne soit pas déviée. Il s’agit évidemment d’un immense effort qui requiert l’action commune de pays qui ont des niveaux économiques très différents et l’abnégation de plusieurs générations qui devront changer de mode de vie pour le bien des générations futures. Au moins trois générations, si ce n’est plus, ne verront pas le produit de leurs efforts : en cela, l’inaction climatique des 30 dernières années a sensiblement changé la définition donnée à Rio du développement durable : “un développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs”. Cette définition n’est aujourd’hui valable que si les générations présentes modifient leurs besoins, et partagent, pour les plus riches, leurs avantages ; Le Vice-Président de la Commission européenne Timmermans a raison de dire1 que la transition énergétique “sera extrêmement compliquée pour les secteurs fortement émetteurs. Ils vont vivre un changement tectonique qui sera douloureux”, mais il aurait pu le dire de tous les citoyens de la planète. En même temps, ces incertitudes sont marquées par des signes contradictoires : le confinement mondial nous a donné la vision de ce qu’un changement radical de civilisation peut avoir d’influence sur notre planète ; la baisse des émissions en 2020 a illustré la réactivité de la biosphère, mais évidemment le destin de l’humanité n’est pas d’être confiné… la période nous a fait comprendre cependant la possibilité de la réversibilité ; autrement dit une catastrophe, même qui s’éternise nous fait découvrir que la catastrophe peut ne pas être notre destin. Signe aussi positif : l’année 2020 a rompu avec le traitement habituel des crises économiques ; on peut évidemment décliner le verre à moitié vide ou à moitié plein, mais reconnaissons que l’Europe a pris un tournant sans précédent avec le Green deal et le plan de relance. Aux États -Unis le nouveau président démocrate met sur pied une politique qui va bien (1) Déclaration du 21 février 2021.

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Hors-série | Le climat

au-delà de celle d’Obama ; la Chine moins touchée que d’autres par la crise économique continue de s’engager, certes à son rythme, dans une politique… on peut multiplier les exemples sans oublier cependant la honteuse exception du Brésil ! En France, même le Haut Conseil du Climat2, pourtant assez critique, reconnait que, non seulement un tiers du Plan de relance est consacré aux mesures écologiques, mais qu’il couvrait environ 60 % des 45 orientations définies par la SNBC, ce qui constitue une rupture radicale avec la relance de 2009. Mais l’incertitude consiste dans l’influence de ces mesures sur la dégradation du climat, qui se confirme année par année : 2020 étant l’année la plus chaude jamais enregistrée, ex aequo avec 2016 et les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, caractérisant la tendance actuelle et dramatique au réchauffement (sources NASA) ; c’est évidemment la grande question des prochaines années, et les affrontements politiques, sociaux, économiques et philosophiques sur le climat tourneront autour de la question de l’efficacité, versus transition, ou radicalité. En France, le débat autour de la Convention citoyenne pour le climat illustre ce débat : certains voient dans le projet de loi du gouvernement une renonciation à l’impérieuse radicalité, d’autres trouvent que la barque écologique est trop chargée, et peut faire basculer des populations dans l’opposition à l’écologie, comme l’a fait le mouvement des gilets jaunes. Ce débat est emblématique de tous ceux qui vont suivre, et qui risquent d’ébranler les fondements de nos démocraties, incroyablement peu préparées à la gestion des catastrophes, comme on l’a vu pour la pandémie. En fait, c’est une double réinvention à laquelle nous devons nous livrer 3 : au vu de la réalité, ériger les politiques d’adaptation au même niveau que celles de l’atténuation, et nous avons là des retards considérables, moins médiatisés, mais tout aussi préoccupants, et mettre en place pour une radicalité “graduée”, concept à nourrir …à la Cop 26 n (2) Voir rapport “HCC décembre 2020 FRANCE RELANCE” : QUELLE CONTRIBUTION À LA TRANSITION BAS-CARBONE. (3) Nous avons essayé de la proposer dans le rapport du Comite 21, La grande transformation, freins, leviers et moteurs , mai 2020.

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ZOOM SUR...

Hors-série | Le climat

L’effet de serre représente pour la terre un phénomène à la fois naturel et indispensable. Mais point trop n’en faut. Et les activités humaines menacent le délicat équilibre en provoquant un effet de serre additionnel.

© A loose necktie

L’effet de serre, un équilibre fragile

émissions de ruminants (la fameuse “vache qui pète” !). De même l’exploitation forestière et son cortège de défrichement forestier et d’écobuage (cultures sur brûlis). Suivent les transports (14 %) et les bâtiments (activités de construction et chauffage) (6 %). On estime que la part humaine du CO2 a débuté vers 1750.

Le méthane Gaz plus puissant encore que le CO2 en matière d’effet de serre, il est fort heureusement moins concentré. Celui-ci est aux troisquarts d’origine humaine. On cite souvent l’agriculture comme une grande émettrice de méthane. Evoquons également les activités microbiennes (tourbes, décharges, etc.).

Les CFC et HCFC La vapeur d’eau, principal acteur naturel de l’effet de serre (72 %) Mais il s’agit d’un phénomène naturel. Le réchauffement climatique qui accentue l’évaporation de l’eau accroît cependant l’effet de serre.

Le CO2 d’origine humaine, responsable aux 2/3 de l’effet de serre anthropique ! La libération du CO2 dans l’atmosphère contribue en effet à l’accroissement des gaz à effet de serre. Elle est à 97 % naturelle (feux de forêt, éruptions volcaniques) et 3 % anthropique. Mais cette part, si faible soit-elle, est à l ’origine… des deux-tiers de l’effet de serre d’origine humaine ! Qui sont les mis en cause ? L’ensemble du secteur énergétique (hors énergies renouvelables), qui représente en tout 35 % des émissions anthropiques. Puis vient l’agriculture, à hauteur de 24 %. La céréaliculture (et notamment la riziculture en Asie) produit quant à elle du méthane avec la minéralisation par le recul du couvert végétal conçu comme une protection du stock présent dans les sols. Vient ensuite l’élevage en raison des 6 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers thématiques

Autres composés carbonés fortement incriminés : les hydrochlorofluorocarbures (HCFC) et les chlorofluorocarbures (CFC). Qui n’a pas remarqué sur une bombe aérosol le désormais fameux sigle “sans CFC” ? Les deux gaz sont également utilisés dans les systèmes de réfrigération.

Les gaz atmosphériques, comme un médicament surdosé Ces composants gazeux présents dans l’atmosphère sont pourtant vitaux. Eux seuls permettent à l’atmosphère de retenir la chaleur émise par la surface de la terre sous forme de rayonnement infrarouge. On estime que sans cet effet de serre de l'atmosphère, la température moyenne à la surface de la terre serait au plus de 19°C au lieu des 15°C que nous connaissons. Sans eux, pas de vie possible. Notre planète serait un astre mort, comme mars ou la lune. A trop forte concentration cependant, la présence de ces gaz dans l’atmosphère se révèle à double tranchant. Comme un médicament surdosé : de curatif, il devient toxique. Et sa vertu protectrice qui réchauffe l’humanité comme des cultures sous leur serre se transforme en réchauffement climatique n Olivier Sourd


CHAPITRE 1

QUEL CLIMAT AUJOURD’HUI ET DEMAIN ? Les dossiers thématiques | LE COURRIER DU PARLEMENT | 7


© B. Suard

TRIBUNE

LA JUSTICE CLIMATIQUE POUR ET PAR LES FEMMES, EN PREMIÈRE LIGNE PAR SÉGOLÈNE ROYAL, PRÉSIDENTE DE DÉSIRS D’AVENIR POUR LA PLANÈTE

Le combat climatique se gagnera par les femmes 40 milliards d’heures par an : c’est le temps que donnent les femmes africaines pour aller chercher l’eau et le bois. Et pourtant, les femmes ont été longtemps les oubliées, les invisibles des négociations climatiques. Pendant la COP21 le 8 décembre 2015, je réunissais plusieurs centaines de femmes à l’auditorium Nelson Mandela de la Conférence de Paris sur le climat. J’avais invité Mary Robinson qui fut haut-commissaire des Nations unies aux droits humains, Vandana Shiva qui a lancé le Pacte de la Terre, Winnie Byanyima, directrice d’Oxfam International. Elles ont raconté leurs beaux combats, leurs engagements et les témoignages venus de tous les coins du globe se sont succédés, dans les rires et la joie d’être ensemble.

tion, dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique à Rio, en 1992, d’un plan d’action reconnaissant les savoir-faire traditionnels des femmes et leur droit à la terre ; malgré la prise en compte de l’importance de l’égalité pour les femmes dans les objectifs du développement durable. Un tournant timide s’est amorcé dans les années 2000. La création de l’ONU Femmes, en 2010, a constitué un précieux renfort. Mais il a fallu attendre le sommet de Lima pour que soit lancé un programme de travail visant à renforcer la participation effective des femmes.

Nous avons dit que nous ne voulons plus être les oubliées du combat climatique.

Nous nous sommes battues pour que l’accord de Paris reconnaisse enfin explicitement non seulement que les femmes subissent de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique, qu’elles en sont, avec les enfants, les premières victimes, mais en outre qu’elles détiennent les solutions d’atténuation, d’adaptation et de gestion des risques climatiques. A condition d’en avoir les moyens.

Malgré l’adoption, en 1979, de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à leur égard ; malgré l’adop-

Sans les femmes, l’humanité ne reprendra pas en mains son destin climatique.

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Des intervenantes du Nord et du Sud Le 8 décembre 2015, donc, nous en avons parlé avec des femmes du Nord et du Sud qui ont en commun la forte conviction qu’on ne peut combattre les dérèglements climatiques sans lutter en même temps contre les inégalités sociales et sans renforcer, du même pas, les droits des peuples et ceux des femmes.

Les femmes, premières victimes du climat D’abord, les femmes sont plus vulnérables du fait même des inégalités qu’elles subissent et qui s’aggravent toujours davantage comme une sorte de spirale infernale. Le réchauffement climatique appauvrit les plus pauvres et, parmi eux, tout particulièrement les femmes, qui représentent 70 % des personnes vivant avec moins d’un dollar par jour. Il raréfie les ressources naturelles dont dépend, en milieu rural, la subsistance des familles, tâche qui incombe prioritairement aux femmes : recherche de plus en plus difficile du bois et de l’eau, mise à contribution des filles au détriment de leur scolarisation.

“Nous ne voulons plus être les oubliées du changement climatique.” Sécheresses, désertification, inondations : autant de menaces sur les activités agricoles dont les femmes ont majoritairement la charge, produisant dans certains pays jusqu’à 80 % de l’alimentation. L’agriculteur est d’abord une agricultrice dont le pouvoir économique est pourtant entravé par un moindre accès à la propriété foncière, au crédit, à la formation et à l’information, aux technologies nouvelles, ce qui bride leurs capacités d’initiative et d’adaptation. Quand l’insécurité alimentaire s’accroît, ce qui est une des conséquences du dérèglement climatique, les femmes nourrissent leur famille avant elles-mêmes et subissent davantage la malnutrition. Elles sont aussi, avec les enfants, les plus durement touchées par les bouleversements météorologiques extrêmes : on a calculé qu’elles étaient 14 fois plus que les hommes susceptibles de mourir dans de telles circonstances. Lors du terrible tsunami qui frappa l’Asie en 2004, près de 70 % des victimes étaient des femmes. Cyclones et typhons s’accompagnent toujours d’une surmortalité des femmes parce qu’elles cherchent d’abord à sauver les enfants et les personnes âgées, et qu’elles sont bien peu ciblées par les programmes d’alerte et de prévention des catastrophes climatiques. Réfugiées climatiques, sur les routes ou dans les camps de réfugiés, elles encourent d’autres dangers : les agressions, parfois les viols, les réseaux criminels qui recrutent pour la traite et la prostitution.

Pour elles, c’est une question de vie ou de mort Erosion côtière, salinisation des sols et des eaux, diminution des ressources halieutiques et du rendement des cultures, manque d’eau propre et potable accentuent la précarisation sociale des femmes, leur exposition aux maladies, les insécurités de toute nature. Cet impact différencié du dérèglement climatique, directement lié au statut inégal des femmes, est fréquent. Il doit être pleinement reconnu et explicitement pris en compte dans toutes les politiques climatiques. J’ai encore en tête cette phrase de Julia Marton-Lefèvre, responsable de l’Union internationale pour la conservation de la nature : “Pour les femmes, le changement climatique est souvent une question de vie ou de mort ”. Pourtant, en dépit des discriminations qui les fragilisent, et même peut-être grâce à elles, les femmes sont souvent formidablement combatives, inventives, créatives, mobilisant leurs savoirs et leurs savoir-faire pour protéger la biodiversité, résister aux effets du désordre climatique, créer des activités qui leur apportent un revenu complémentaire, économiser l’eau. Car la survie de l’enfant en dépend quotidiennement. Loin d’être passives et de subir, elles sont ingénieuses et entreprenantes. Vandana Shiva a bien expliqué que ce sont des femmes vivant en pleine forêt, illettrées et méprisées, qui ont lancé le mouvement Chipko contre l’abattage des arbres en enlaçant leurs troncs de leurs bras pour les protéger. Et ce sont des femmes de tribus du Kerala qui ont été les premières à organiser des sit-in contre l’assèchement et la pollution des nappes phréatiques par une usine d’une marque bien connue de sodas, lançant un vaste mouvement qui aboutit à la sanction de l’hydro-piratage systématique. On retrouve sous toutes les latitudes des exemples de cette réactivité des femmes aux atteintes qui détruisent l’environnement et bouleversent le climat, parce qu’elles ont en charge le quotidien et savent, même si elles ne connaissent pas forcément tous les détails du dérèglement climatique, qu’on ne doit pas travailler contre la nature mais avec elle, en portant attention aux services que nous rendent ses écosystèmes.

Vulnérables donc plus créatives Sur le terrain, les femmes s’efforcent de trouver des parades. Dans leurs pratiques agricoles, mais aussi dans d’autres domaines, comme ces femmes de Cotonou qui récupèrent et recyclent de génération en génération les déchets solides qu’elles revendent au marché et les déchets organiques qu’elles transforment en engrais achetés par les jardiniers. Ces femmes-là, qu’on appelle au Bénin les Gohotos, évitent des tonnes de mise en décharge nuisibles pour le climat et ont pu développer, avec l’aide d’Oxfam, une micro entreprise qui leur permet de gagner leur vie. Autre exemple, dans le cadre d’une coopération entre le Tamil Les dossiers thématiques | LE COURRIER DU PARLEMENT | 9


TRIBUNE Nadu et la région Poitou-Charentes que je présidais, nous avons aidé des femmes de Pondichéry à se lancer dans une activité de compostage à partir des déchets qu’elles ramassaient dans les rues. Ailleurs, dans le désert du Sud-Est marocain, des femmes protègent une oasis en développant des cultures nouvelles. Il ne faut pas oublier que les femmes sont aussi en première ligne contre la déforestation illégale. Elles pratiquent également de nouvelles techniques de conservation du poisson pour mieux valoriser le produit de la pêche, se formant à la gestion de l’eau ou contribuant à la mise au point de fours solaires qui limitent la consommation du bois pour la cuisson comme dans la région sénégalaise de Fatick. Au Sénégal, encore, des femmes ont acheté des machines pour industrialiser la production de beurre de karité bio. Au Mali, des mères de famille se sont regroupées pour fabriquer des produits en coton et plastique recyclé. Au Rwanda, des coopératives de femmes ont mis en place des techniques de production qui protègent le climat tout en accroissant les rendements agricoles. En Indonésie, elles diffusent l’éclairage solaire, des filtres à eau bon marché, et en même temps relaient des informations relatives à la pollution et au changement climatique. Je suis toujours frappée de voir combien les femmes sont réceptives aux innovations dès lors qu’elles ont été pensées avec elles. C’est pourquoi il est important de rendre plus visible tout ce qu’elles réalisent et de co-construire avec elles les programmes de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation aux effets du changement climatique, du local au global. Les projets imposés clés en main et sans la participation de celles qui assurent tous les jours la protection des ressources de la planète, ne marchent pas : ils n’intègrent pas vraiment les besoins concrets des femmes ni celles-ci comme actrices d’un changement qui doit, dans le même temps, sécuriser leurs droits et renforcer leurs capacités d’action. Il faut les aider, aussi, à pousser la porte des instances de décision, de pilotage et de suivi où elles sont encore trop peu présentes est nécessaire.

Les “héroïnes de l’alimentation” Oui, sur le terrain comme à l’échelle nationale et internationale, la lutte contre le changement climatique a besoin des femmes, de leur pragmatisme, de leur ténacité, de leur imagination, de leur détermination. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a montré que, si les femmes avaient le même accès que les hommes aux ressources productives, elles augmenteraient leur production agricole de 20 à 30 % et permettraient de nourrir 150 millions de personnes supplémentaires. C’est en libérant le potentiel de celles qu’on appelle “les héroïnes de l’alimentation” et, plus largement, de toutes celles qui sont et peuvent devenir des héroïnes de la cause climatique, que l’on pourra faire reculer conjointement la pauvreté, les inégalités et la dérive du climat. En matière climatique, de même que l’inaction est plus coûteuse que l’action, l’exclusion et la marginalisation des femmes ont un coût très élevé alors que leur inclusion et la reconnaissance de leurs droits sont bénéfiques non seulement pour elles, mais pour toute la société. Dans tous les domaines, la participation des femmes améliore le monde. 10 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers thématiques

Lutter efficacement contre le dérèglement climatique, c’est reconnaître leur rôle, renforcer leur accès à l’éducation, à la formation, aux technologies, aux emplois de la transition énergétique, aux études scientifiques et techniques. C’est élargir leurs possibilités d’entreprendre et partager avec elles le pouvoir de décider. C’est aussi faciliter l’accès aux financements pour le climat. Dans le cadre de l’impulsion donnée par le Programme des Nations Unies pour le développement, la France s’est dotée d’une stratégie “Genre et Développement” qui a permis qu’en 2014, un quart des projets de l’Agence française de développement contribuent directement à l’égalité hommes-femmes. Cette dimension doit désormais être prise en compte dans tous les projets aujourd’hui que le mouvement est lancé.

Les femmes enfin présentes dans un accord climat ! Pour la première fois dans l’histoire des négociations climatiques, avec la COP21 les femmes existent. En effet, l’Accord de Paris mentionne explicitement le lien entre la lutte contre le réchauffement climatique, le respect des droits de l’homme et la promotion de ceux des femmes, non seulement dans son préambule, mais aussi dans ses chapitres plus opérationnels et dans les financements qui vont être décidés pour l’atténuation et pour l’adaptation. Un programme de travail sur le genre a été décidé à Lima. Il doit être amplifié. La présence des femmes se renforce dans les délégations des négociations climatiques et les représentations de la société civile, comme nous avons pu le constater à la COP22 au Maroc. Un accord ambitieux pour le climat doit être aussi un accord ambitieux pour les femmes. L’un ne va pas sans l’autre. C’est pourquoi l’intégration des problématiques de genre aux politiques climatiques doit impliquer : n la reconnaissance et la prise en compte des impacts différenciés des désordres climatiques sur les femmes et sur les hommes ; n la reconnaissance et la valorisation des savoirs, des savoir-faire et des contributions des femmes aux stratégies d’atténuation et d’adaptation ; n le soutien à la réduction des inégalités entre hommes et femmes, condition d’efficacité et de justice climatique.

Combattantes de la Justice climatique : ce manifeste s’inscrit dans leurs pas J’ai tenu à livrer ici quelques portraits de femmes pionnières car l’écologie est née par les femmes et leur combat. Elles ont été beaucoup copiées et recopiées par des hommes, mais ce sont elles qui ont initié nombre de ces batailles. Le jour de la mise en place de la nouvelle Agence française pour la biodiversité, le 18 janvier 2016, c’est Hubert Reeves qui a fait remarquer que deux événements allaient rester dans l’histoire de l’écologie : la ratification de la COP21 et la création de l’Agence pour la biodiversité qui permet de changer de dimension, ce qui est


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fondamental. Ses actions s’inscrivent, a-t-il ajouté, à la suite de celles accomplies par des personnes comme John Muir et Rachel Carson pour stopper le saccage de notre planète. Cet hommage direct m’a vraiment touché, car il fait honneur à toutes celles et à tous ceux qui se sont battus pour faire avancer tout ce qu’il est possible de faire avancer. A mon tour de rendre hommage aux pionniers dans la lignée desquels le combat climatique s’inscrit et notamment hommage a Wangari Maathai.

Wangari Muta Maathai : prix Nobel de la paix Son nom n’est pas assez connu en France ; en Afrique, et singulièrement au Kenya, il est pourtant un trésor vivace, un rayon d’espoir. Prix Nobel de la paix en 2004, Wangari Muta Maathai s’était presque fait une spécialité d’être chaque fois la première, l’innovatrice, la défricheuse. Première femme d’Afrique de l’Est à obtenir une licence en biologie dans une université américaine, en 1964. Première femme docteur de l’université de Nairobi, spécialisée en médecine vétérinaire, en 1971. Tout cela grâce à sa mère, une fermière comme toute sa famille, et qui tient à ce que, malgré son statut d’aînée et donc vouée d’office à se soucier de ses frères et sœurs, Wangari aille à l’école. Elle est si brillante – “a star student ”, dira le New York Times – qu’elle obtient des bourses, fait le parcours que l’on sait aux Etats-Unis plongés dans le mouvement des droits civiques, et revient triomphalement chercher le plus haut titre universitaire à Nairobi. Première partie de cette vie passée à être une pionnière : première d’une fratrie, première à l’école, première dans l’histoire universitaire américaine et kenyane. Dans son magnifique discours d’acceptation du prix Nobel, Wangari Muta Maathai précise que son combat écologique a puisé sa source dans son enfance rurale auprès de ses parents fermiers : “Au moment de conclure, je reviens à mon enfance, quand je me baladais près d’un ruisseau à côté de notre maison afin de chercher de l’eau pour ma mère. Je buvais l’eau du ruisseau. Je jouais dans les buissons d’herbes aux flèches, j’essayais en vain de ramasser les petits œufs de grenouilles, croyant qu’ils étaient des perles. Mais à chaque fois que je tentais de les saisir avec mes petits doigts, ils se brisaient. Plus tard, j’ai vu des milliers de têtards : noirs, énergiques et frétillants dans l’eau claire contre le fond de la terre brune. Tel est le monde dont j’ai hérité de mes parents. Aujourd’hui, plus de 50 ans plus tard, le ruisseau s’est asséché. Les femmes parcourent de longues distances pour chercher de l’eau, qui n’est pas toujours propre, et les enfants ne sauront jamais ce qu’ils ont perdu. Le défi consiste à restaurer ce genre de ruisseau, retrouver ces merveilleux têtards et redonner à nos enfants un monde de beauté et d’émerveillement ”.

Devant ce spectacle, elle s’exclame : “Les femmes sont les premières victimes, et les premières spectatrices de cette catastrophe ! Elles ne savent comment faire face aux lourds mécanismes de la spéculation, aux variations des prix des matières premières, aux contraintes politiques ? Elles ont le sentiment d’être impuissantes et vouées à n’être que les jouets de ce destin écrit par d’autres ? Eh bien détrompez-les. Faisons ensemble quelque chose de révolutionnaire, de simple, qui leur fera voir qu’elles peuvent tout, à leur échelle, pourvu qu’elles soient unies. Reprenons un geste ancien, presque banal, qui changera leur vie. Plantons des arbres”.

The Women of Trees Car pour les femmes africaines, la solution était sous leurs yeux. Planter un arbre est simple, donne des résultats rapides. Et peu à peu, en seize ans, trente millions d’arbres ont été plantés. Trente millions d’arbres, ce sont des milliards de racines qui retiennent l’érosion des sols due à l’exploitation intensive, qui permettent d’évoluer dans un milieu où la vie reprend ses droits à l’ombre de leurs ramages et de lutter contre le réchauffement climatique. Son parcours politique, comme celui de Mandela, est marqué par la répression policière, les prisons miteuses, l’acharnement judiciaire. Comme cet épisode – à la fois sinistre et drôle – où, en pleine procédure de divorce, son mari argua qu’elle était trop “insoumise, trop éduquée, trop têtue, trop forte et ayant trop de succès ” pour qu’il puisse vivre avec elle, et où le juge se permit de décréter cela vrai. Wangari Muta Maathai réplique alors que ce juge ne peut être qu’incompétent ou corrompu, et elle est aussitôt jetée en prison. Cette femme ne mâchait pas ses mots, n’avait peur d’aucun puissant : seuls son amour pour les siens et sa foi dans la liberté des femmes, véritables ponts entre deux générations éduquant la génération suivante, la guidaient. Figure bouleversante et source d’inspiration, Wangari Muta Maathai, “The Woman of Trees ”, a appliqué ses principes de liberté et d’insoumission jusqu’à la fin de sa vie, en 2011, demandant expressément qu’on ne coupe pas d’arbres pour son cercueil. Bien d’autres récits pourraient être faits sur cette pionnière du combat climatique. J’ai donné son nom à la plus grande salle de programmation du Bourget à la COP21. J’avais trouvé qu’elle avait tellement compris avant l’heure notre responsabilité : “dans le cours de l’Histoire, il arrive un moment où l’humanité est appelée à s’élever à un plus haut niveau de conscience pour atteindre un terrain moral plus élevé. Un temps où nous devons nous débarrasser de notre peur et donner l’espoir aux autres” n

Wangari Muta Maathailance le Green Belt Movement A cette époque, en effet, les fermes industrielles remplaçaient les fermes traditionnelles. Le Kenya rejoignait une mondialisation des échanges qui faisait fluctuer les denrées essentielles selon des prix insaisissables. Partout, les terres étaient malmenées, et le quotidien des femmes bouleversé.

Extrait de “Manifeste pour une justice climatique” Ségolène Royal Plon 240 pages Avril 2017 Les dossiers thématiques | LE COURRIER DU PARLEMENT | 11


ENTRETIEN Engagé depuis longtemps par une sensibilité pour l’image et son intérêt pour l’écologie, Yann Arthus-Bertrand a su révéler la beauté de notre monde tout en sensibilisant le grand public aux enjeux environnementaux. Entretien dans nos colonnes.

© Yann Arthus-Bertrand

“La tyrannie de produire en permanence nous éloigne de la nature” Yann Arthus-Bertrand Président de la Fondation GoodPlanet, photographe, reporter et écologiste français

ces animaux sauvages n’ont pas peur d’être approchés par l’Homme ! Une fois rentré en France, mes autres rencontres m’ont rendu d’autant plus activiste tout en renforçant mes convictions en matière environnementale. Sous quelle forme comptez-vous faire évoluer vos actions de sensibilisation auprès du grand public ces prochaines années, notamment au sein de votre fondation GoodPlanet ? Votre sensibilité à la protection de l’environnement et de la biodiversité conduit souvent à vous définir comme “écologiste”. Cette appellation vous satisfaitelle et, de façon plus générale, pouvezvous en situer l’origine ? Je suis un “écolo de la vieille école” puisque j’ai commencé à m’y intéresser dès la vingtaine, notamment grâce à une réserve naturelle que nous avons créée avec ma première femme, qui m’a transmis sa passion pour le vivant dans son ensemble. C’est ainsi qu’à l’âge de 30 ans, je suis parti avec elle au Kenya pour étudier le comportement d’une famille de lions que j’ai photographié au jour le jour pendant près de trois ans. Une expérience formidable somme toute au sein d’un endroit où

Concernant la fondation, nous avons récemment ouvert un endroit extraordinaire à l’hippodrome de Longchamp à Paris proposant gratuitement des activités de sensibilisation comme des conférences à l’ensemble des publics, qui repartent tous avec un kit de posters en remerciement de leur participation. Nous sommes d’ailleurs leader en France de la compensation carbone solidaire ! A titre personnel, je finalise actuellement la suite du film “Home”, même si je n’ai plus beaucoup d’espoir en la façon dont nos politiques gèrent la question environnementale à l’heure d’une religion de la croissance qui ne cesse de gagner du terrain, et ce malgré les discours alarmistes. Le problème étant que les énergies renouve-

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lables s’additionnent mais ne compensent pas le fossile… Alors qu’il suffirait de réduire notre consommation de 5 % pour arriver en 2050 aux objectifs fixés par les accords de Paris. Sans oublier qu’en 2070, près de trois milliards de personnes ne pourront plus vivre dans leur pays d’origine et devront migrer en raison des conditions climatiques ! Des prévisions plus que préoccupantes quand on sait que 70 % des émissions de CO2 sont actuellement émises par 1/8ème de la population mondiale…

“Je suis “un écolo de la vieille école”.”

Dans votre précédente intervention au sein de nos colonnes vous aviez affirmé que “la politique manquait d’amour”. Ce constat vous parait-il toujours d’actualité ? Ce qui m’inquiète c’est que nous n’avons plus confiance en nos dirigeants en l’absence de leader que l’on pourrait suivre aveuglement. Pour cette raison, dans mon


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dernier film je tente de faire passer le message que la seule énergie durable est l’amour : c’est peut-être même le seul élément qui peut encore nous faire réfléchir pour assurer un avenir pérenne !

“Nous n’avons plus confiance en nos dirigeants en l’absence d’un leader que l’on suivrait aveuglement.” Le premier confinement a laissé dans une certaine mesure la nature reprendre ses droits. Comment pourrions-nous préserver ce lien essentiel sans bouleverser les fragiles équilibres économiques de nos sociétés complexes ?

En réalité, cette tyrannie actuelle de produire en permanence nous éloigne du lien essentiel à la nature. On vit dans un monde où les entreprises doivent toujours fabriquer bien plus que ce dont la population a besoin avec pour but de croitre dans une course folle en avant. Nous en sommes d’ailleurs tous responsables chacun à notre échelle en y contribuant bien au-delà du rôle que peuvent jouer les lobbies ! Sur quels projets phares travaillez-vous actuellement ? Notamment sur un film qui s’appelle “France, une histoire d’amour” car il s’agit d’un pays formidable avec un terroir, des produits, comme des lois sociales exceptionnelles ! Ce que l’on a trop souvent tendance à oublier lorsque nous avons la chance d’y vivre. Je commence aussi un

autre projet cinématographique sur les réfugiés tout en ayant acheté 30 hectares dans un endroit magnifique près de chez moi au sein duquel je compte laisser la terre reprendre ses droits. Ce projet très utopique permettra aux scientifiques d’étudier de quelle manière une prairie redevient sauvage, entre autres… Quel message souhaiteriez-vous transmettre aux responsables politiques français pour une meilleure prise de conscience de l’urgence climatique et environnementale ? En réalisant un film sur la convention citoyenne, nous nous sommes rendus compte que les 150 Français choisis au sein de celle-ci étaient beaucoup plus radicaux en matière environnementale que les écologistes eux-mêmes ! D’où l’intérêt d’éduquer nos politiques en ce domaine pour éviter d’accumuler l’énorme retard que l’on constate aujourd’hui… Cependant je pense qu’il faut éviter de toujours pointer les autres du doigt en commençant par éviter de consommer de la viande industrielle qui pèse énormément en termes de pollution sur la planète ! n Propos recueillis par Pauline Pouzankov

© Yann Arthus-Bertrand

Je pense qu’il faut relativiser ce retour à la nature puisque la grande majorité des animaux ont instinctivement peur de nous... Surtout que selon les derniers chiffres de l’association WWF, la Terre aurait perdu

70 % de sa biodiversité en 50 ans ! Encore aujourd’hui cette tendance perdure puisque l’Homme est en train de supprimer progressivement tout ce qui n’est pas humain en ce monde. A cet effet, j’espère que mon projet de réintroduire des biches et des cerfs au sein du bois de Boulogne pourra aboutir même s’il est loin de faire l’unanimité à l’échelle locale.

Ébène rose sur la montagne Kaw, Guyane, France

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ZOOM SUR... En 2015, à l’occasion de la COP21, l’accord de Paris sur le climat avait été qualifié d’historique par ses artisans : 197 pays l’avaient adopté et 188 l’ont ratifié ! Alors que le rendez-vous de la COP26 à Glasgow a dû être reporté à 2021, du fait de l’épidémie de Covid-19, cinq ans plus tard que reste-t-il de cet accord ?

Accord de Paris, cinq ans après : promesses tenues ?

signataires a permis de réduire ces prévisions entre 3°C et 4°C. Avec les nouveaux engagements de la Chine, de la Corée du Sud, du Japon, de la Colombie, de l’Afrique du Sud, et probablement des Etats-Unis on a encore raboté et on se dirige vers + 2,1°C ”. L’Accord de Paris a donc “permis de rendre beaucoup plus visible l’objectif de ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement et les implications de cet objectif en termes de réductions drastiques des émissions de gaz à effet de serre ”, comme le souligne le climatologue (UCLouvain) et ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), Jean-Pascal Van Ypersele. Pourtant cinq ans plus tard, parmi les 197 pays signataires, seuls une vingtaine ont défini un plan d’action climatique avec des engagements loin d’être concrétisés et c’est le cas de la France.

“La France loin d’être championne du Climat” “L’esprit de Paris” plus que jamais d’actualité? Dans le sillage de la COP21 de Paris, les pays signataires s’étaient engagés à limiter la hausse du mercure terrestre à 1,5 degré Celsius d'ici à 2100. Un texte “différencié, juste, durable, dynamique et juridiquement contraignant ”, selon le ministre des Affaires étrangères français de l’époque, Laurent Fabius. Dès le départ, la communauté internationale, Union européenne et Chine en tête, ont marqué leur attachement à l'accord climatique. Aujourd’hui avec le retour des USA, promis par le président élu Joe Biden, la portée de Paris est universelle ! “En 2014 on se dirigeait vers un monde entre + 4°C et + 6°C d’ici la fin du siècle ” selon Christiana Figueres, responsable climat de l’ONU pendant la COP21. “L’accord de Paris a probablement limité la casse ”. Selon elle “la première série d’engagements des Etats 14 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers thématiques

Pour être dans les clous, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) françaises doivent baisser chaque année de 1,5 %. Or, elles ne diminuent que de 0,9 %, soit presque moitié moins que nécessaire. Et le retard va encore s’accentuer à partir de 2023 alors que selon l’accord de Paris, la France doit, à partir de cette date, baisser encore plus ses émissions de CO2, à 3 % par an. Pour le Réseau Action Climat qui fédère des associations nationales et locales de lutte contre les causes des changements climatiques, “en 5 ans, l’inaction des gouvernements a rendu le défi climatique encore plus grand. (…) La transition écologique n’a progressé qu’à petits pas, bien trop lentement pour respecter les objectifs de l’Accord de Paris ”. Dans le détail, la France est le plus en retard dans quatre secteurs, qui concentrent à eux seuls 85 % des émissions du pays. Au premier lieu duquel les transports. Seul secteur à polluer plus que


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© Jeanne Menjoulet

trajectoire, “parce qu’il n’y a pas de vaccin contre le réchauffement ”, ce sont les objectifs de réduction d’émissions sur le court terme, pour 2030, qui permettront de contenir celui-ci. Des progrès énormes, notamment technologiques, ont été engrangés sous l’impulsion de l’Accord de Paris dans le secteur énergétique ou dans l’industrie. En revanche, la transition peine à se matérialiser dans la mobilité, l’agriculture, le bâtiment... ce qui sape d’un côté les progrès réalisés de l’autre.

Relancer d’urgence la coopération internationale sur le climat

dans les années 1990 : il représente la moitié des gaz à effet de serre rien qu’avec les véhicules des particuliers. L’agriculture, deuxième secteur concerné, voit ses émissions de CO2 baisser progressivement : 3,1 % au lieu de 5,8 % entre 2015 et 2019, mais n’atteint pour l’instant pas les objectifs fixés. Concernant l’industrie, en particulier la chimie, depuis cinq ans, les émissions stagnent et les industriels semblent ne plus arriver à les faire diminuer. Enfin, le BTP est aussi à la traîne. S’il est toutefois l’un des rares secteurs à être légèrement au-dessus de l’objectif fixé par l’accord, un gros défi s’annonce : éradiquer les cinq millions de passoires thermiques disséminées sur le territoire. C’est d’ailleurs l’un des grands enjeux du plan de relance du gouvernement pour maintenir l’économie française à flot malgré la crise du coronavirus.

“Le compte à rebours est enclenché et notre survie est en jeu ” a déclaré à l’AFP Mohamed Nasheed, ancien président des Maldives et ambassadeur du Climate Vulnerable Forum qui représente un milliard de personnes dans 48 pays particulièrement vulnérables aux dérèglements climatiques. “Nos pays, en particulier les petits Etats insulaires, seront condamnés à l’extinction même avec une hausse des températures limitée à + 2°C ”, ajoute-t-il. Confrontés à cet avenir sombre, les pays en développement ne cessent de rappeler les pays riches à leur promesse de porter à 100 milliards de dollars par an leur “assistance climat” pour les aider à faire face aux conséquences du changement climatique à partir de 2020, mais le compte n’y est toujours pas. Selon un rapport de l’OCDE, ce financement climat a atteint 78,9 milliards en 2018, en hausse de 11 % par rapport à 2017 mais il n’a pas atteint les 100 milliards promis par les pays développés en 2020.

Il est trop tard ? Un atout : la décarbonation du mix énergétique français Pour Emmanuel Macron, le nucléaire joue un rôle important dans la décarbonation du mix énergétique français et c’est un atout pour notre pays, le chef de l’Etat avait déclaré quelques jours avant l’anniversaire de l’accord de Paris : “nous on produit une électricité qui est parmi les plus décarbonées au monde, grâce à quoi ? Grâce au nucléaire, une énergie décarbonnée, non intermittente (…) on a cette chance, ne la sacrifions pas 1 ”.

COMMENT RETROUVER L’ESPRIT DE PARIS ? Préférer les objectifs à court terme aux grandes déclarations d’intention pour le long terme Les objectifs de neutralité carbone pour 2050 ont été entérinés pour le Japon, la Corée du Sud, l'Union européenne, et les USA (avec Joe Biden), quant à la Chine elle repousse l’échéance à 2060 ! Laurent Fabius, président de la COP21 il y a cinq ans, insiste sur la nécessité d’objectifs à court et moyen terme pour verrouiller la

Malgré tous les obstacles, limiter le réchauffement à + 1,5°C est-il encore réaliste ? “Si tous les pays arrivaient à la neutralité carbone en 2050 on y serait, mais est-ce que c’est politiquement et économiquement possible ? ” s’interroge la climatologue Corinne Le Quéré. Pour tenir cet objectif, il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7,6 % par an entre 2020 et 2030, selon l’ONU. “Si nous souhaitons maintenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2°, c’est bien l’équivalent d’un Covid tous les ans jusqu’en 2080 (soit - 5 % par an) de diminution des émissions de CO2 qu’il faudrait réaliser ” prévient Fabrice Bonnifet 2. Et le président du C3D (Collège des Directeurs du Développement Durable) de constater : “aucun politique n’a trouvé la recette de la croissance infinie dans un monde qui va devoir faire décroître sa consommation d’énergie carbonée de 80 % en 30 ans, avec un mix énergétique mondiale composé à plus de 80 % d’énergie carbonée”. Il ne reste plus qu’à “inventer la prospérité sans carbone ” n

Amélie Kroell

(1) Les Echos 8/12/2020 (2) LCI.fr

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TRIBUNE © Francis Rhodes, CEA

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RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE : ÉTAT DES CONNAISSANCES SCIENTIFIQUES, ENJEUX, RISQUES ET OPTIONS D’ACTION PAR VALÉRIE MASSON-DELMOTTE, PALÉOCLIMATOLOGUE, DIRECTRICE DE RECHERCHE AU CEA ET CO-PRÉSIDENTE DU GROUPE N°1 DU GIEC La question du changement climatique fait l’objet d’une forte présence politique et médiatique. Et si on se décidait à donner la parole à ceux qui la connaissent le mieux ? Valérie MassonDelmotte représente en France l’une des meilleures spécialistes du sujet. Le changement climatique a fait l’objet de trois rapports spéciaux du GIEC publiés en 2018 et 2019. Ces rapports fournissent des évaluations intégrées à travers les différentes disciplines scientifiques, et, pour la première fois, sont rédigés par des scientifiques de différentes disciplines dans chaque chapitre. Ils font le point sur les changements observés et leurs causes, sur les opportunités et risques futurs, en fonction de l’évolution des émissions de gaz à effet de serre, des choix de développement socioéconomiques, et sur les solutions en matière d’action climat au service d’un développement soutenable, permettant de préserver la biodiversité, et de permettre à tous de vivre dignement. Le premier rapport spécial SR15 (octobre 2018) porte sur les impacts associés à un réchauffement planétaire de 1,5 °C, ainsi que les trajectoires compatibles d’émissions de gaz à effet de serre, dans le contexte du renforcement de la réponse au changement climatique, du développement soutenable et des efforts pour éradiquer la pauvreté : www.ipcc.ch/report/SR15. 16 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers thématiques

Le second rapport spécial SRCCL (août 2019) porte sur le changement climatique et l’utilisation des terres, et tout particulièrement la désertification et la dégradation des terres, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres : www.ipcc.ch/report/SRCCL. Celui-ci aborde les défis liés à la fois à l’adaptation et l’atténuation. Le troisième rapport spécial SROCC (septembre 2019) porte sur l’océan et la cryosphère dans un climat qui change. Il est centré sur la manière dont le changement climatique affecte l’océan et la cryosphère, les écosystèmes et les sociétés humaines, dans les régions de haute montagne, les régions polaires, pour le littoral, ce qui est lié à l’océan, y compris via les évènements extrêmes et abrupts. Les options d’atténuation ne font pas partie de cette évaluation, sauf le “carbone bleu” (le potentiel des puits de carbone liés aux écosystèmes marins côtiers). Ce rapport souligne les enjeux de l’action pour renforcer la résilience : www.ipcc.ch/report/SROCC. La présente synthèse fait le point sur les évolutions observées, leurs causes, sur les projections d’évolutions futures, en particulier en ce qui concerne leurs impacts et risques, en fonction des trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre à venir, et de nos choix collectifs n


CHAPITRE 2

LE PLAN CLIMAT ET SES DIFFÉRENTES MESURES Les dossiers thématiques | LE COURRIER DU PARLEMENT | 17


ZOOM SUR... Arrêtons d’en parler et retroussons nos manches ! Depuis le début des années 2000, le phénomène aura certainement fait couler beaucoup d’encre. Mais il aura sans doute moins concrétisé d’actions de la part de chacun dans son quotidien. Suffiront-ils à vous déculpabiliser ? Chasseront-ils de vos esprits les images d’ours blancs agonisant sur une banquise ? Découvrez les 10 commandements contre le réchauffement climatique : des mesures de bon sens qui ne vous contraindront pas nécessairement à manger des steaks de soja à chaque repas !

Quelles solutions concrètes pour lutter contre le changement climatique ?

Mangeons des fruits et légumes de saison ! Revenons à la sagesse de nos grands-parents ! Consommer en fonction de la saison génère sept fois mois de gaz à effets de serre que les produits importés de l’autre bout du monde ou encore cultivés sous des serres chauffées.

gères, préserver la planète bleue en luttant contre le changement climatique.

Vive l’énergie verte ! De plus en plus de fournisseurs proposent des énergies d’origine renouvelable. Ecoutons-les !

Pourquoi pas un menu végétarien par semaine ? La décroissance énergétique en ligne de mire Réduisons notre consommation de viande ! Les protéines ne sont pas présentes uniquement dans celle-ci. Légumes secs, graines ou fruits à coque vous apporteront le tout nécessaire dans votre alimentation.

Luttons contre la déforestation !

Vous les avez sûrement remarqués. Sur chaque appareil électrique vendu dans le commerce est désormais accolée une étiquette “énergie”. Sa fonction ? Elle classe chaque article en fonction de sa consommation énergétique. A, B ou C ? Chaque lettre se réfère à un appareil plus ou moins gourmand en énergie. Les meilleurs élèves sont classés A+, A++ et même A+++ Et un appareil A++ consomme 45 % d’énergie en moins qu’un appareil A ! © Fotolia.com

Ce n’est pas une utopie. Chacun, dans la vie de tous les jours peut faire un geste. La solution ? Privilégier des produits (papier, meubles, etc.) portant le label Forest Stewardship Council (FSC) ou Programme Européen des Forêts Certifiées (PEFC). Ainsi seront préservées les forêts et privilégiée leur gestion durable. De quoi limiter les émissions de gaz à effet de serre.

Préservons les océans ! Pierre d’argile, vinaigre blanc : autant de produits ménagers sans effluents chimiques. De quoi, au quotidien et dans ses tâches ména18 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers thématiques

De plus en plus de fournisseurs proposent des énergies d'origine renouvelable.


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Réduisons nos déchets ! Interrogeons-nous sur la vraie utilité d'un achat. Privilégions les produits en vrac. Fuyons les suremballages. Produits ménagers, voire shampooing : préférons, enfin, les éco-recharges.

L’économie circulaire : une réalité ! Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Ce qui valait pour Lavoisier en chimie au XVIIIème siècle est valable pour notre consommation en 2020. Réduire est une chose. Réutiliser et recycler en sont une autre. Refusons la production inutile de nouveaux objets. L’empreinte environnementale de votre consommation s’en trouvera allégée d'autant. Réparer, donner une deuxième vie aux choses : c’est un réflexe qu’il va falloir désormais acquérir.

L’éco-mobilité Transports en commun, véhicules électriques, covoiturage : des solutions mobilité pour réduire son empreinte environnementale. Les meilleures solutions restent les transports “doux” : vélo, marche à pied. De quoi conjuguer écologie, économie et maintien en forme !

Privilégier entre autres les produits en vrac diminue considérablement l’impact carbone des ménages.

Compensons nos émissions carbone ! Depuis 2006, le programme Action Carbone Solidaire de la Fondation GoodPlanet a pour mission de lutter contre le réchauffement climatique en développant des alternatives durables et économiquement viables aux activités polluantes, au profit des populations les plus défavorisées. En soutenant ces projets de compensation carbone volontaire, nous pouvons tous contribuer à la lutte contre le changement climatique n Olivier Sourd

Réduire sa consommation de viande en privilégiant les produits de saison fait partie des alternatives efficaces pour lutter contre le réchauffement climatique.

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ENERGIES VERTES

Iberdrola, l’un des leaders mondiaux en matière d’énergies renouvelables Energéticien de rang mondial, Iberdrola s'est implanté en France en 2001 avec l’ambition de s'inscrire durablement sur le territoire national, en tant que producteur et fournisseur d'én­ ergie verte, pour devenir à terme l'un des principaux acteurs du marché de l'énergie en France.

Entretien avec Reginald Thiebaut, Directeur général chez Iberdrola Énergie France Leader mondial en énergies renouvelables, Iberdrola s’est implanté en France en 2001. Pourriez-vous présenter votre groupe ainsi que les prestations que vous proposez ? D’origine espagnole, Iberdrola est l’un des leaders mondiaux de l’énergie et le premier producteur d’énergie éolienne. Au cours des 20 dernières années, le groupe a entrepris une grande transformation de son business model en investissant massivement dans les énergies renouvelables. Aujourd’hui, les deux tiers de notre production n’émettent aucune émission de CO2 et nous nous engageons à développer des produits et services innovants qui répondent aux besoins de nos clients tout en participant à la transition énergétique. Nous sommes en effet présents en France depuis 2001 sur le marché des grands comptes, PME-PMI, et depuis octobre 2018, nous commercialisons des offres éco-responsables à prix compétitifs pour les particuliers et les professionnels. Par ailleurs, Ailes Marines, filiale d’Iberdrola, développe actuellement le parc éolien en mer de Saint-Brieuc. Le parc, dont la mise en service est prévue en 2023, sera constitué de 62 éoliennes, pour une puissance totale de 496 mégawatts. Il produira suffisamment d’énergie verte pour satisfaire la demande en électricité de 835 000 habitants environ, soit près de 9 % de la consommation électrique totale de la Bretagne. En quoi votre offre se distingue-t-elle de celles des autres énergéticiens du secteur ? Iberdrola est l’un des principaux fournisseurs d’énergie mondiaux, nous disposons du savoir-faire, de l’expérience et d’innovations déjà déployées par le Groupe et qui connaissent un succès auprès de nos clients dans le monde. C’est ce qui nous permet de proposer à nos clients français des offres responsables, sans engagement et économiques. Dans les mois à venir, nous allons également étendre notre offre avec de nouveaux services innovants fondés sur les réseaux intelligents pour répondre à une demande croissante de nos clients de gestion autonome et de personnalisation de leur consommation. Il y a 20 ans Iberdrola a été précurseur en matière environnementale en faisant le choix de décarboner son activité. Comment poursuivez-vous cet engagement

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aujourd’hui ? Aujourd’hui, Iberdrola est l’un des leaders mondiaux dans les énergies renouvelables : deux-tiers de notre capacité installée sont renouvelables et nous atteindrons la neutralité carbone en Europe en 2030. Nous développons plus d’une dizaine de projets d’envergure dans le monde entier comme le parc éolien en mer en Baie de Saint-Brieuc en France, le parc éolien en mer de Baltic Eagle en Allemagne ou encore la centrale de stockage à pompe hydroélectriques Tâmega au Portugal. Cela est possible grâce aux investissements conséquents et réguliers du Groupe dans les énergies renouvelables. A titre d’exemple, en 2020, nous avons investi 10 milliards d’euros et mis en service près de 4500 mégawatts (MW) de nouvelles capacités installées. Nous allons encore accélérer à l’avenir et prévoyons d’investir 75 milliards d’euros d’ici 2025 dans le but de tripler nos capacités renouvelables installées dans le monde d’ici 2030. Nous allons miser en particulier sur l’éolien terrestre (26 GW), l’éolien en mer (4 GW), l’énergie solaire (16 GW) et l’hydroélectricité (14 GW). Nous installerons également 600 MW d’infrastructure pour l’hydrogène vert. Quelles autres valeurs essentielles défendez-vous au sein du groupe ? L’orientation client est une valeur fondatrice d’Iberdrola, nous affinons constamment notre connaissance de ces derniers pour


Publi-rédactionnel

mieux répondre à leurs besoins et à leurs attentes. C’est cette connaissance qui nous permet de leur proposer des services innovants de qualité comme l’autoconsommation individuelle via l’installation de panneaux photovoltaïques associés à du stockage chez le particulier et la recharge de véhicule électrique via une application dédiée. Ces services sont déjà disponibles en Espagne et au Portugal, et le seront prochainement en France. L’entreprise est guidée depuis ses débuts par des valeurs d’éthique et de responsabilité sociale. Nous nous engageons à appliquer les meilleures pratiques de gouvernance d’entreprise et à agir avec responsabilité. Cela signifie, par exemple, accélérer nos achats auprès des fournisseurs pendant la crise sanitaire pour leur permettre de maintenir leur activité, mais aussi maintenir nos objectifs de recrutement (+ 5000 salariés en 2020 dont plusieurs dizaines en France) et d’investissements (10 milliards d’euros d’investissement en 2020). Nous misons également sur des partenariats qui ont du sens : nous avons conclu cette année un accord avec l’Association pour le droit à l’initiative économique (ADIE), afin de financer un module pour les micro-entrepreneurs lié aux enjeux de la transition écologique et énergétique. Cette formation part du principe que les micro-entrepreneurs accompagné par l’ADIE doivent s’adapter à ces enjeux pour éviter une troisième exclusion, après l’exclusion économique et numérique. Qu’en est-il des objectifs que vous poursuivez dans le cadre de votre développement ? Iberdrola Energie France a pour objectif de s’ancrer durablement

dans le paysage français des fournisseurs d’énergie. Pour cela, nous voulons atteindre un million de nouveaux clients sur le marché français de la fourniture d’électricité d’ici 2023, développer un plan pour les PME et structurer notre offre de PPA. Iberdrola a également l’intention de renforcer sa présence sur le marché français de la production d’énergies renouvelables. Un marché qu’elle occupe déjà en développant actuellement le parc éolien en mer de Saint-Brieuc (496 MW). En mai 2020, Iberdrola a également conclu un contrat pour acquérir Aalto Power, une entreprise française spécialisée dans les énergies renouvelables détenue par Aiolos et la Caisse des Dépôts et Consignations, pour un montant de 100 millions d’euros. Par ailleurs, le Groupe ambitionne d’ajouter 1 782 MW supplémentaires d’éolien en mer en France, Allemagne et aux Etats-Unis dans les trois années à venir. Nous restons donc attentifs aux ambitions nationales concernant le développement des futurs projets éoliens en mer. Comment contribuez-vous à l’ambition de la France de diminuer sa consommation d’énergies fossiles de 40 % d’ici 2030 ? Nous apportons également notre contribution en proposant aux Français des offres vertes compétitives. Nous nous engageons à acheter des garanties d’origine pour chaque kWh d’énergie consommé par nos clients. Nous avons également annoncé lors du mini-sommet Choose France de juin 2020, un investissement de 4 milliards d’euros d’ici 2024 afin d’accélérer la croissance des énergies renouvelables en France. Cet investissement inclut notamment le développement du parc éolien en mer en Baie de Saint-Brieuc par notre filiale Ailes Marines.

Contact : Iberdrola Energie France 5 Place de la Pyramide / 92800 Puteaux Tél. : 0 805 98 12 05

Les dossiers thématiques | LE COURRIER DU PARLEMENT | 21


ENTRETIEN Le logement est le premier lieu « d’attention écologique » des Français qui souhaitent réaliser des économies d’énergie et plus ou moins directement d’argent. La volonté de rénover et de moderniser le patrimoine pour le rendre compatible aux exigences de protection de l’environnement, occupe donc une place importante dans la politique gouvernementale.

© MB Terra

Les enjeux écologiques du logement Emmanuelle Wargon Ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du Logement

Le plan France relance s’inscrit résolument dans ces objectifs, avec notamment un investissement de 7 milliards d’ici à 2030 pour permettre à la France de se positionner à la pointe des technologies de production d’hydrogène renouvelable et bas carbone, ou encore un soutien de près de 7 milliards consacrés à la rénovation énergétique des bâtiments d’ici à 2023.

Quels sont les objectifs de la politique énergétique de notre pays et comment répondent-ils à “l’urgence écologique et climatique” ? L’objectif essentiel de la politique énergétique française est de diminuer très fortement nos émissions de CO2, à la fois en réduisant notre consommation d’énergie et en diversifiant notre mix énergétique, particulièrement en développant les énergies renouvelables. La feuille de route de cette politique est matérialisée par la programmation pluri-annuelle de l’énergie (PPE), qui couvre 10 ans et est revue tous les 5 ans (2018-2023 et 2023-2028). Elle vise ainsi de ramener la part du nucléaire à 50 % en 2035, de porter la part des énergies renouvelables à 33 % en 2030 et de réduire de 40 % la consommation d’énergies fossiles en 2030.

Quel est le bilan des contrats de transitions écologiques et comment les ménages se sont-ils approprié les démarches ? A ce jour, 100 territoires représentant plus de 200 intercommunalités sont engagés dans la démarche des contrats de transition écologique (CTE). Ils sont porteurs de plus 1000 projets concrets dans les territoires, financés à hauteur de 2,9 millions d’euros, engageant une transformation concrète et globale de nos villes (développement des énergies renouvelables, verdissement des transports, nouvelles pratiques agricoles, préservation de la biodiversité et des milieux). J’ai eu le plaisir d’accompagner le développement de ce dispositif, avec l’ensemble de nos partenaires, pendant deux années. Pour que ces contrats soient des réalités pour nos concitoyens, plus de 100 000 personnes ont été formées et sensibilisées aux enjeux de la transition écologique. Ce sont aussi plusieurs milliers

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d’emplois qui ont été créés par le développement d’activités vertes dans le cadre de ces contrats. Par ailleurs, partout où cela a été possible, nous avons veillé à faire participer les citoyens à l’élaboration de ces contrats territoriaux. Les CTE ont ainsi été une véritable expérience citoyenne.

“7 milliards consacrés à la rénovation énergétique des bâtiments d’ici à 2023.”

Vous avez souhaité intégrer dans la loi issue de la Convention citoyenne pour le climat, le plan pluriannuel de travaux obligatoire dans les copropriétés : quels sont les enjeux ? Les copropriétés ont longtemps été le parent pauvre de la rénovation énergétique et la dynamique de travaux de rénovation y reste encore nettement plus faible qu’en


© AB Terra

Hors-série | Le climat

tionnent, créent de l’emploi et sont bons pour la planète. Quatre réalisations exemplaires avaient alors été présentées au grand public disponibles à cette adresse :

https://www.gouvernement.fr/tour-defrance-des-solutions-des-projets-inspirants-pour-l-emploi-et-la-transitionecologique.

De plus en plus d’intercommunalités s’engagent dans la démarche des contrats de transition écologique.

taires, et non plus à chaque particulier, comme c'était le cas pour l'aide de l’Anah jusqu'à présent. Cette mesure devrait permettre de simplifier les travaux en copropriété.

Vous avez entrepris un “tour de France des solutions” visant à montrer ce qui avance en termes d’écologie et d’emploi : quelles sont les initiatives intéressantes qui pourraient être reprises par d’autres ? En octobre 2019, à l’issue du grand débat national, le gouvernement a en effet engagé un Tour de France des solutions, pour mettre en avant des projets qui fonc-

Par ailleurs, à l’été 2020, fort de deux années d’expérience dans l’élaboration des contrats de transition écologique, le ministère de la Transition écologique a publié un guide des solutions pratiques, afin de proposer à tous les territoires des actions rapides et un kit de mise en pratique rapide n Propos recueillis par Amélie Kroell © DC Terra

maison individuelle. La raison principale, c’est la difficulté à y prendre des décisions et à engager des travaux. Entre copropriétaires, conseil syndical et syndic, préparer puis rendre une décision lourde de travaux dans les parties communes est toujours plus lent et plus compliqué que pour les logements individuels. C’est pour cette raison que je souhaite introduire l’obligation d’élaborer puis de voter le plan pluriannuel de travaux. Aujourd’hui, c’est facultatif et de fait, très peu de copropriétés l’utilisent. Or le plan pluriannuel de travaux, assis sur un véritable diagnostic technique global de la copropriété, c’est la meilleure manière pour une copropriété d’anticiper et de préparer les investissements qu’elle aura à faire. En épargnant progressivement, via le fonds de travaux de chacun des copropriétaires, chaque année et en fonction des travaux prévus dans le plan pluriannuel, on s’assure que la copropriété ne se retrouve pas devant un mur lorsque l’urgence arrivera ou lorsque les obligations seront là. Diagnostic, plan pluriannuel et abondement du fonds de travaux, c’est le triptyque qui permettra plus de fluidité et d’efficacité dans la conduite des travaux de rénovation en donnant aux copropriétés les moyens de prendre des décisions et de s’y tenir. Et cela est cohérent avec le reste : en parallèle, nous avons créé une nouvelle aide pour la rénovation énergétique à destination de toutes les copropriétés, MaPrimeRénov' Copropriété, qui est versée directement aux syndicats de copropriété, indépendamment des revenus et statuts des coproprié-

“La rénovation thermique des bâtiments, c’est l’écologie du quotidien.”

Le gouvernement soutient la rénovation énergétique des habitations, facteur concret de la transition écologique

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ENTRETIEN Valoptim, c’est avant tout une synergie de compétences et d’expériences humaines, de personnes passionnées par les métiers de l’immobilier. Une équipe dont les membres de la direction ont plus de vingt ans de savoir-faire, doublée d’un réseau comme de la connaissance des interlocuteurs-clés.

© Valoptim

“Construire en s’engageant pour la Terre !” Directeur opérationnel de Valoptim

de serre. Quels objectifs vous êtes-vous fixés chez Valoptim pour changer la donne à votre échelle ?

consommation d’énergie finale et, en 2015, 27 % des émissions de gaz à effet

L’objectif principal vise la performance en cette période de grande transition. A cet © Valoptim

Mahomed Dahrouch

Pourriez-vous présenter Valoptim ainsi que ses missions principales ? Valoptim est une société créée en 2005 qui aborde trois grands métiers du secteur de l’immobilier : le premier étant l’activité foncière avec une dizaine de bâtiments lui appartenant en Île-de-France destinée principalement au tertiaire. Le deuxième concerne quant à lui la transaction ainsi que la gestion locative pour les particuliers au travers de la société LPDI (Le Paris de la transaction immobilière). Et enfin, la promotion immobilière développée depuis près de quatre ans, essentiellement tournée vers l’habitat vert comme la protection de l’environnement. Le secteur résidentiel et tertiaire du bâtiment est le deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre en France. Il représente à lui seul 45 % de la 24 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers thématiques


© Valoptim

Hors-série | Le climat

effet, nous avons déposé une marque en 2018 tournée vers le vivant comme l’environnement dans son ensemble. Celle-ci se caractérise tout particulièrement par sa certification NF Habitat HQE de très haut niveau ainsi que du label BiodiverCity bas carbone. De quoi prouver à notre secteur d’activité comme à nos futurs habitants le respect de nos engagements en faveur de l’écologie dans l’acte de construire ! Traçage de matériaux en privilégiant ceux qui sont biosourcés, ou encore l’utilisation de bois issus de forêts responsables sont autant de solutions qui nous ont placé à l’avant-garde de la future réglementation ! Il en va de même en matière de chauffage comme de rafraichissement, sans oublier le volet digital permettant aux habitants de piloter leur consommation énergétique via une application mobile, le retour d’expérience étant extrêmement important pour nous !

Etre accepté au club WWF est loin d’être évident pour un promoteur immobilier. Quelles en sont les conditions ? Les conditions sont effectivement très drastiques tout en étant axées essentiellement sur les TPE/PME ! La première étant de concentrer son chiffre d’affaires à 40%

minimum sur la protection de la planète. C’est un axe fort de l’ADN de Valoptim qui a d’ailleurs facilité son adhésion au club WWF. Dans cette même dynamique, nous sensibilisons nos clients comme les futurs habitants à la protection de la biodiversité dans une démarche d’habitat à la fois hybride, participatif et collaboratif tout en mixant les générations. En témoignent notamment le compost vert ou les jardins partagés qui permettent d’entretenir le lien social à taille humaine. En quoi ce partenariat vous permet de promouvoir vos projets et avancer sur le plan environnemental ? Il s’agit d’une démarche de mécénat très discrète consistant en la participation à des colloques comme à des ateliers avec les autres membres du club afin de sensibiliser nos collaborateurs comme les futurs habitants à la préservation de la nature en tant que citoyens de la planète ! Quelles autres ambitions portez-vous en matière environnementale à court et moyen termes ? A long terme, nous souhaiterions atteindre les 100 % de performance éner-

gétique au lieu des 40 % actuels tout en limitant la consommation d’eau au sein de nos bâtiments.

“Atteindre les 100 % de performance énergétique au lieu des 40 % actuels.”

Sans oublier l’utilisation de matériaux dits “innovants” ou plutôt désormais “oubliés” comme la terre coulée ou le béton de chanvre, que nous n’avons plus l’habitude d’exploiter alors qu’ils répondent entièrement aux enjeux environnementaux en cette période de double transition. D’autant plus que l’humain est au cœur de celle-ci ! n Propos recueillis par Pauline Pouzankov

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ENTRETIEN Véhicules électriques et infrastructures de recharge, avions neutres en émissions de carbone, le gouvernement s’implique sur tous ces sujets et mobilise de nombreux acteurs. Les enjeux technologiques et écologiques convergent pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, la dépendance énergétique et la pollution de l’air.

© Arnaud Bouissou - Terra

Transition écologique : le transport en “pole position” Jean-Baptiste Djebbari Ministre délégué auprès de la ministre de la Transition écologique, chargé des Transports

verts au public a été avancé d’un an sur ma proposition, dorénavant fixé à fin 2021. A plus long terme, la loi d’orientation des mobilités (LOM) fixe un objectif de fin de vente des véhicules particuliers et utilitaires légers neufs utilisant des énergies fossiles en 2040 et de décarbonation des transports terrestres en 2050.

Le gouvernement veut accélérer le déploiement des véhicules électriques et le développement du réseau d’infrastructures de recharge, quels sont vos objectifs et qui mobilisez-vous pour assurer le maillage territorial ? Le gouvernement s’est fixé des objectifs ambitieux de développement des véhicules électriques et de leurs infrastructures de recharge afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, la dépendance énergétique et la pollution de l’air. A court terme, l’objectif est d’atteindre un million de véhicules électriques et hybrides rechargeables en circulation en 2022. Pour permettre l’alimentation en électricité de ceux-ci, l’objectif gouvernemental de 100 000 points de charge ou-

La LOM prévoit également de nombreuses mesures en faveur du déploiement des bornes de recharge. D’ici 2025, les bâtiments non résidentiels disposant d’un parc de stationnement de plus de 20 emplacements devront être équipés d’au moins un point de charge par tranche de 20 places. Elle prévoit également la prise en charge à hauteur de 75 % des coûts de raccordement au réseau électrique. Elle prévoit d’assurer le maillage territorial en encourageant les territoires à se doter d’une offre suffisante de points de charge ouverts au public via l’élaboration de schémas locaux de développement des infrastructures de recharge ouvertes au public. Les points de charge installés dans le cadre de ces schémas pourront bénéficier du taux bonifié de prise en charge des coûts de raccordement au réseau électrique jusqu’à fin 2025. Il est prévu de diffuser un guide d’accompagnement pour faciliter l’élaboration des schémas.

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Par ailleurs, le gouvernement a considérablement renforcé le soutien au déploiement de bornes de recharge dans le cadre du plan France relance. De l’ordre de 100 millions d’euros du plan de relance seront ainsi dédiés à des installations de recharge rapide sur les grands axes routiers, afin de permettre les déplacements longue distance. L’objectif est d’équiper l’ensemble des stations-service du réseau.

“Cette transition vers l’électrique doit pouvoir toucher tous les Français, y compris les ménages les plus modestes.” Les aides à l’installation de bornes de recharge ouvertes au public ont été également fortement renforcées, dans le cadre du programme de certificats d’économies d’énergie ADVENIR. Les aides jusque-là comprises entre 1000 et 2000 euros par point de charge sont dorénavant comprises entre 2000 et 9000 euros, permettant de prendre en charge environ 50 % du coût de l’installation de points de


Hors-série | Le climat

charge en voirie, parkings accessibles au public, hubs de recharge et sur le réseau routier national. Pour atteindre ces objectifs, outre le renforcement et l’adaptation des dispositifs d'aide, nous comptons travailler en partenariat et mobiliser de nombreux acteurs, les collectivités, la distribution sur les centres commerciaux, le monde des copropriétés etc. Le gouvernement a ainsi lancé le 12 octobre dernier la démarche “Objectif 100 000 bornes” et plus de 10 grands acteurs publics et privés se sont engagés à cette occasion au déploiement de bornes. Ces engagements permettent à eux seuls de doubler le réseau de bornes de recharge d’ici fin 2021. Le gouvernement invite l’ensemble de l’écosystème à rejoindre la démarche et à fortement accélérer le déploiement des bornes de recharge.

Vous souhaitez poursuivre la dynamique de déploiement du véhicule électrique : quels sont les moyens envisagés ?

Ces niveaux d’immatriculations sont le fruit à la fois d’une multiplication des offres de véhicules électriques sur le marché automobile et d’un soutien très fort du gouvernement via des aides à l’achat. Dans le cadre du plan de relance automobile, le montant du bonus, attribué pour l’acquisition d’un véhicule électrique neuf, a été augmenté à 7 000 euros pour les particuliers et 5 000 euros pour les flottes. Un nouveau bonus de 2 000 euros a été créé pour les véhicules hybrides rechargeables. Suite au nouveau confinement, le gouvernement a d’ailleurs prévu de faire perdurer ces niveaux exceptionnels jusqu’au 1er juillet 2021, alors que de nouveaux barèmes devaient entrer en vigueur au 1er janvier. Cette transition vers l’électrique doit pouvoir toucher tous les Français, y compris les ménages les plus modestes. Un

nouveau bonus d'un montant de 1 000 euros a ainsi été créé pour l’acquisition d’un véhicule électrique d’occasion. Ces aides sont cumulables avec la prime à la conversion pouvant s’élever à 5 000 euros pour l’achat d’un véhicule électrique, contre la mise au rebut d’un vieux véhicule polluant. Un dispositif de micro-crédit avec garantie de l’Etat sera également mis en place début 2021 en complément des aides à l’achat, pour le reste à charge ne pouvant être assuré par les ménages les plus modestes. La transition doit également concerner les véhicules les plus lourds, et le dispositif de suramortissement pour les poids lourds à énergie alternative sera ainsi prolongé jusqu’à fin 2024. Il sera par ailleurs complété par une aide à l'acquisition de poids lourds à faibles émissions dans le cadre du plan de relance, ce qui permettra d'accompagner la montée en puissance des nouvelles technologies. Enfin, et pour préparer l’avenir, 150 millions d’euros d’aides du plan de soutien automobile sont fléchés vers la R&D et l’innovation, dont 120 millions dédiés spécifiquement au développement et à la production de composants stratégiques des véhicules électriques et hybrides rechargeables. © Arnaud Bouissou - Terra

Alors que le marché automobile français s’est écroulé au premier semestre suite à la crise sanitaire et en raison du confinement, avec des ventes en baisse de 38 % par rapport à 2019, les immatriculations de

véhicules électriques se sont quant à elles envolées : 78 000 voitures électriques neuves sur les 10 premiers mois de l’année, contre 34 000 sur la même période en 2019. Les mois d’été ont vu un triplement des ventes de véhicules électriques. Sur l’ensemble de l’année 2020, véhicules électriques et hybrides rechargeables représentent 10% des immatriculations de véhicules neufs.

Déplacement au LIDL de Chilly-Mazarin (91) pour observer les engagements des acteurs pour le déploiement des bornes.

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ENTRETIEN © Arnaud Bouissou - Terra

Hors-série | Le climat

recours à l’hydrogène comme énergie primaire. L’État accompagnera les efforts des industriels français à hauteur de 1,5 millions d’euros sur la période 2020-2022, un niveau exceptionnel de soutien à la hauteur de l’ambition pour maintenir le leadership de la France et de l’Europe dans l’aéronautique et permettre la transition énergétique du secteur, avec un effet de levier sur la flotte mondiale d’aéronefs.

Discours d’introduction de l’évènement “Objectif 100 00 bornes” au ministère de la Transition écologique le 12 octobre 2020.

Dans le cadre des objectifs fixés par l’accord de Paris, le secteur aéronautique doit atteindre les objectifs de décarbonation, comment tenir ces engagements alors que le secteur est déjà fortement affecté par la crise sanitaire ?

émissions et cette dynamique s’accélère grâce à une coordination accrue de l’ensemble des acteurs. Un des leviers identifiés est le verdissement de leurs flottes de véhicules et d’engins de piste.

Le secteur aérien est très durement affecté par la crise : le trafic aérien devrait enregistrer une baisse de 60 à 65 % en 2020 par rapport à 2019. Malgré ce contexte très difficile sur le plan économique et social, l’ensemble des acteurs du transport aérien, accompagnés par l’État, poursuit et même intensifie ses efforts pour réduire les émissions des vols sur le long terme. Air France, qui disposait déjà d’une stratégie pour le climat à l’horizon 2030, s’est engagée, en contrepartie de l’aide de l’Etat, à réduire de 50 % le volume des émissions de CO2 de ses vols métropolitains pour 2024, d’orienter en priorité ses investissements sur l’acquisition d’avions de nouvelle génération (levier le plus efficace pour réduire les émissions à la source) et de tout mettre en œuvre pour atteindre l’objectif de 2 % d’incorporation de carburant alternatif durable à l’horizon 2025, objectif fixé dans la feuille de route nationale dédiée au sein de laquelle les compagnies s’inscrivent considérant la mise en place dans le cas du projet de loi finances 2021 d’une taxe incitative relative à l'incorporation de biocarburants (TIRIB) pour les distributeurs de carburant aérien en France applicable à partir de 2022. Les aéroports sont également engagés dans une démarche de réduction de leurs

“Objectif 100 000 bornes.”

L’optimisation de la navigation aérienne réduira sur la décennie à venir la consommation et les émissions de 5 à 10 % en agissant tout au long du vol, au niveau du réseau national et international notamment grâce au programme européen SESAR. Enfin, l’ambition majeure du plan de soutien à l'aéronautique, est de préparer la rupture technologique de l’aviation pour parvenir à un avion neutre en émissions de carbone en 2035. La filière aéronautique, au travers de l’action du Conseil pour la recherche aéronautique civile, a redéfini sa feuille de route, sous l’égide du ministre chargé des Transports ; elle vise à maîtriser, dans moins d’une décennie, l’intégration dans les aéronefs des technologies de rupture portant essentiellement sur la réduction de la consommation (moteurs ultrasobres, allègement de la structure, …), l’utilisation accrue de l’énergie électrique, et le

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“L’optimisation de la navigation aérienne réduira sur la décennie à venir la consommation et les émissions de 5 à 10 %.” Où en est-on du développement d’une filière pérenne de biocarburants durables ? En janvier 2020, l’Etat a publié sa feuille de route nationale pour le déploiement des biocarburants aéronautiques durables. Elle fixe deux objectifs d’incorporation de biocarburants : 2 % en 2025 et 5 % en 2030, pour parvenir à un taux de 50 % en 2050, en cohérence avec la stratégie nationale bas-carbone. Dans la continuité de la feuille de route nationale pour le déploiement des biocarburants aéronautiques durables et afin de répondre à la future augmentation des taux d’incorporation, l’Etat a lancé en 2020 un Appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour identifier les projets d’investissement dans des unités de production de biocarburants avancés et de kérosène synthétique en France et, en particulier, ceux à destination de l’aéronautique. Les projets, fédérant des acteurs de secteurs variés, sont actuellement à l’étude par les services de l’État. Les résultats de cet AMI devraient être connus d’ici le début de l’année prochaine n Propos recueillis par Amélie Kroell


L’économie circulaire, un défi mais aussi des solutions La France fait partie des États ayant pris les positions les plus exigeantes en matière de politique environnementale en Europe. Elle doit désormais démontrer qu’elle est en mesure de développer des solutions à grande échelle pour réduire son empreinte écologique. Nous nous sommes notamment fixés des objectifs très ambitieux en matière d’économie circulaire, comme le fait d’éviter grâce au recyclage l’émission de 8 millions de tonnes de CO2 par an et de réduire de 30 % la consommation de ressources d’ici à 2030 par rapport à 2010. De même, le Pacte national sur les emballages plastiques prévoit que 60 % des emballages soient réutilisables, recyclables ou compostables d’ici 2022. L’enjeu de l’économie circulaire est désormais une priorité des politiques publiques et s’inscrit dans une volonté partagée par l’opinion publique, les industriels et les responsables politiques. Pourtant, ces objectifs sont en décalage avec la situation actuelle du recyclage des plastiques en France. En 2018, c’est seulement 24,2 % des déchets plastiques qui y ont été recyclés contre 32,5 % en moyenne dans l’Union européenne1. Au total, près des trois quarts des plastiques collectés ne trouvent actuellement pas de solution de recyclage optimale2. De nouvelles méthodes scientifiques et industrielles doivent donc être envisagées pour pallier les difficultés techniques qui freinent encore la valorisation de nos déchets.

Les innovations de BASF au service de l’économie circulaire En tant que leader mondial de la chimie, BASF s’inscrit pleinement dans cette dynamique visant à faire de l’économie circulaire un levier stratégique par le développement de solutions à grande échelle. Pour BASF, l'économie circulaire doit être placée au cœur

des produits, en l’intégrant dès leur et dans les processus de production mais aussi dans leur utilisation et réutilisation. L’approche de BASF vise donc dans un premier lieu à augmenter l’efficacité des processus de production pour réduire au maximum les déchets et les pertes d’énergie. Un exemple concret : le Verbund, l’un des principes fondateurs de BASF, qui consiste à créer des synergies entre nos unités de production et constitue ainsi notre atout majeur. En reliant de cette façon les approvisionnements en énergie et en matière, nous réduisons de manière importante nos besoins en énergie et en ressources, tout en évitant l’émission de 6 millions de tonnes de gaz à effet de serre chaque année. La fin de vie des produits est aussi essentielle dans notre approche de l’économie circulaire. BASF a développé en ce sens une technologie innovante : ChemCycling™, qui est l’aboutissement d’années de recherche et d’expérimentations dans le recyclage chimique. Cette méthode permet à la fois de recycler des plastiques qui ne disposaient jusqu’alors pas de solution de recyclage, et de produire des matériaux recyclés de même qualité que les matériaux vierges. La mise à l'échelle de cette technologie nécessite désormais l'implication de toute la chaîne de valeur et un cadre politique clair sont essentiels à cet égard. Enfin, dans le but de réintégrer des matières organiques dans les produits du quotidien, BASF a développé l’approche Biomass Balance. Cette approche permet de remplacer des matériaux fossiles par des matériaux renouvelables (partiellement issue de déchets) dans la production de matières plastiques. Avec cette technologie, les déchets deviennent une ressource pour tous. Ces technologies illustrent les nombreuses avancées de BASF, et d’autres acteurs, en matière d’économie circulaire. Il est aujourd’hui essentiel d’accompagner et de soutenir la croissance de ces innovations pour qu’elles jouent pleinement leur rôle dans l’économie et la société. L’industrie chimique est prête à accélérer cette transition, mais une coopération de tous les acteurs, publics et privés est nécessaire pour créer un cadre favorable.

1• Données Plastics Europe 2020 pour 2018 2• Chiffres : CITEO 2018

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Economie Circulaire


ZOOM SUR... Pour réduire l’impact des transports sur l’environnement et atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050, le gouvernement s’est engagé en faveur du développement de la mobilité électrique. La loi d’orientation des mobilités (LOM) fait du déploiement du véhicule électrique une priorité et fixe à 2040 la fin des ventes de véhicules thermiques et hybrides. Pour y parvenir, la France accélère le déploiement des bornes de recharge sur tout son territoire.

Urgence climatique : l’Etat s’engage pour la voiture électrique

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Hors-série | Le climat

La loi d’orientation des mobilités : un signal fort En France, le secteur des transports représente un tiers des émissions de gaz à effet de serre. Alors que sept Français sur dix se rendent au travail en voiture, le développement de la mobilité électrique est une solution pour réduire le coût financier et l’impact environnemental des déplacements. La loi d’orientation des mobilités (également dite LOM) a envoyé un signal fort en inscrivant un objectif de neutralité carbone pour 2050 avec une trajectoire claire : - 37,5 % d’émissions de CO2 d’ici 2030 et la fin de la vente d’ici à 2040 des véhicules “à carburants fossiles”, c’est-à-dire essence ou diesel, ces derniers représentent aujourd’hui plus de 95 % des ventes. Le parc électrique reste limité mais progresse fortement : + 93 %, selon l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique. À travers cette série de mesures, le gouvernement espère tripler cette part dans les trois années à venir.

sion et le bonus écologique dont le montant sera fixé jusqu'en 2022 et non plus revu chaque année. Il reviendra ainsi aux collectivités locales de déterminer les modalités de ces avantages. Pour inciter les conducteurs à s’équiper de véhicule électrique, le gouvernement leur proposera des places de parking réservées, voire gratuites, ils pourront également bénéficier de voies de circulations réservées ou prioritaires.

Parvenir à la neutralité carbone en 2050.

100 000 bornes de recharge d'ici 2022

38 % des émissions de CO2 sont émises par le secteur des transports.

Mobiliser la filière automobile L’objectif pour le gouvernement est de compter un million de véhicules électriques et hybrides rechargeables d’ici 2022, soit cinq fois plus qu’aujourd’hui. Afin d’y parvenir, il s’engage à débloquer près de 700 millions d’euros pour développer la filière des batteries électriques, son ambition étant de rivaliser avec le marché asiatique qui domine largement l’industrie. Le gouvernement a posé les jalons d’un “Airbus de la batterie” avec la création d’un consortium, financé conjointement par l’Europe, la France et l’Allemagne, dédié à la recherche et à la production de solutions de stockage. Un futur site pilote de cellules pour voitures électriques, situé à Nersac, près d’Angoulême, a été inauguré le 30 janvier 2020. Total, à travers sa filiale Saft, spécialiste des batteries de haute technologie pour l’industrie, et PSA (à travers sa filiale Opel) ont créé à cette fin Automotive Cell Company (ACC), une société conjointe destinée à développer la production, les premières batteries “made in Europe” devraient sortir mi-2021.

Accélérer la transition vers les voitures électriques Des outils concrets viennent accompagner l’engagement de l’État en faveur de la mobilité propre, tels que la prime à la conver-

Alors que le gouvernement table sur un million de voitures électriques à l’horizon 2022, l’un des objectifs de la loi LOM est de développer significativement l’offre de recharges disponibles sur le territoire en multipliant par cinq les capacités actuelles du réseau, pour atteindre 100 000 bornes accessibles au public d’ici trois ans, contre environ 25 000 aujourd’hui. Ce déploiement pourrait couter entre 400 et 500 millions d’euros1, il faudra aussi simplifier et clarifier les prix, aujourd’hui l’électro-automobiliste fait face à une jungle tarifaire qui peut freiner les usages. Le gouvernement souhaite également favoriser l’installation de bornes à domicile et assouplir les modalités de recharge sur le lieu de travail pour envisager plus amplement la voiture électrique comme une voiture de fonction.

Objectif : une borne de recharge pour dix véhicules.

Disposer d’un réseau de recharge à la hauteur est indispensable pour éliminer la peur de la panne sèche, un frein encore important à la vente de voitures électriques ! n

Amélie Kroell

(1) Clément le Roy du cabinet de conseil Wavestone, Les Echos 26/10/2020.

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ENTRETIEN L’Office français de la biodiversité est le résultat de la fusion de l’Agence française pour la biodiversité et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, prévue par la loi du 24 juillet 2019 et effective depuis le 1er janvier 2020. L’OFB a donc un an ! C’est un opérateur de l’Etat, placé sous la double tutelle du ministère de la Transition écologique et de celui de l’Agriculture et de l’Alimentation.

© Michel Monsay / Office français de la Biodiversité

“2021 sera une année majeure pour la biodiversité” Pierre Dubreuil Directeur général de l’Office français de la biodiversité

l’eau, aux espaces naturels, aux espèces, à la chasse et à la pêche. Il se charge également de l’exercice de la police sanitaire en lien avec la faune sauvage. L’OFB est ensuite en charge de missions de connaissance, de recherche et d’expertise sur les espèces, sur les milieux et sur les risques sanitaires en lien avec la faune sauvage. Cette mission couvre la coordination de systèmes d’information sur la biodiversité, l’eau, les milieux aquatiques et les milieux marins. Pourriez-vous présenter l’Office français de la biodiversité ainsi que ses principales missions ? En unissant l’AFB et l’ONCFS pour créer l’OFB, l’Etat a souhaité rassembler deux expertises, celle des milieux d’eau douce et maritimes ainsi que celle des milieux terrestres pour apporter une réponse forte et coordonnée face à l’urgence que représente l’érosion de la biodiversité. L’OFB regroupe désormais 2800 agents implantés partout dans l’Hexagone et dans les outre-mer qui agissent au niveau local et national. Les missions prévues par la loi sont très larges. Elles sont au nombre de six. Nous avons d’abord des missions de police. L’OFB contribue à l’exercice de la police administrative et judiciaire relative à

Nous apportons aussi un appui scientifique, technique et financier à la conception, la mise en œuvre des politiques publiques, des niveaux international et européen à l’échelon territorial. Cet appui est apporté, selon les situations et les enjeux, à l’État, aux établissements publics, aux collectivités ou aux acteurs économiques. L’OFB conserve un rôle historique de gestion directe de certaines aires protégées, notamment des neuf parcs naturels marins existants ou encore de certaines réserves naturelles et réserves nationales de chasse et de faune sauvage. Il assure également un appui technique à l’ensemble des réseaux de gestionnaires d’espaces naturels et aux parcs nationaux. Une autre mission est celle d’accompagner la mobilisation de l’ensemble de la société : citoyens

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et acteurs économiques et collectivités. C’est indispensable si nous souhaitons avoir des résultats en termes de protection de la biodiversité. L’OFB a ainsi un rôle de centre de ressources national et assure une mission de formation des acteurs, seul ou dans le cadre de partenariats. Enfin, nous sommes en charge de l’examen et de la délivrance du permis de chasser.

Dans quelle mesure le réchauffement climatique perturbe la biodiversité de notre planète ? L’IPBES, organisme scientifique de référence en ce qui concerne la biodiversité, identifie cinq grandes causes à l’érosion de la biodiversité : le changement d’usage des terres et des mers ; la surexploitation des ressources ; les espèces exotiques envahissantes ; la pollution et enfin le changement climatique. Le constat est clair, le changement climatique, par tout ce qu’il implique, est une menace pour de nombreuses espèces, quel que soit le milieu (marin, aquatique ou terrestre). Par quels moyens appuyez-vous les politiques publiques et les élus pour y faire face ? L’OFB est très largement sollicité par l’Etat pour contribuer à la définition et à la mise en place des différentes stratégies nationales. Par exemple, la stratégie nationale pour les aires protégées, récemment dévoilée, ou la stratégie nationale pour la


Hors-série | Le climat

L’OFB a également une capacité importante d’intervention, qu’il déploie au bénéfice de nombreux projets, à l’instar de l’appel à projets MobBiodiv ou des Atlas de la Biodiversité Communale, qui ont rencontré un grand succès en 2020. Ces projets, vont largement bénéficier du plan de relance pour lequel l’OFB sera le premier opérateur pour l’eau et la biodiversité avec 85 millions d’euros. Nous sommes un établissement de terrain et travaillons naturellement en étroite collaboration avec les élus locaux, via les ABC donc, mais aussi par le programme “Territoires engagés pour la nature” ou l’appui à la construction des agences régionales de la biodiversité. Je veux souligner enfin l’importance de la connaissance dans la décision publique. L’OFB joue un rôle central dans la mobilisation de la recherche, souvent en partenariat avec d’autres acteurs comme le Muséum ou le CNRS, permettant à l’Etat de s’appuyer sur ces données produites pour règlementer et mettre en œuvre les politiques publiques.

Qu’en est-il de la sensibilisation citoyenne ou celle des entreprises ? L’OFB doit agir en aiguillon des consciences. Je veux élever le niveau de conscience sur la biodiversité. L’accélération de la destruction des habitats naturels, l’érosion accélérée de la biodiversité c’est un fait, une réalité scientifiquement avérée. Est-ce une fatalité ? Le rôle de l’OFB c’est que ça n’en soit pas une. Pour cela il faut absolument faire monter le niveau de conscience de chacun sur les pressions qui pèsent et qui continuent de peser de plus en plus : il n’y a pas de ralentissement mais au contraire une accélération. Nous devons porter ce sujet au même niveau que la conscience du danger climatique. Je crois que la pandémie que nous vivons nous démontre depuis un an à quel point la santé humaine est fortement liée à la préservation de la biodiversité. L’été dernier, nous avons mené une campagne de communication plutôt bien perçue dans les territoires, “Ne gâchons pas nos retrouvailles avec la nature”, qui exprimait une intention stratégique : faire

en sorte que nos agents soient les ambassadeurs de la biodiversité à la rencontre des citoyens dans tous les territoires. Cette campagne s’est déclinée via des publicités dans la presse régionale et à la radio ainsi qu’avec une douzaine d’évènements dans les territoires afin de sensibiliser nos concitoyens.

Enfin, l’OFB doit continuer de se construire, après une année 2020 de fusion compliquée par la crise sanitaire. Nous travaillons sur la priorisation de nos missions à travers la négociation avec nos ministères de tutelle de notre Contrat d’objectifs et de performance (COP). Aujourd’hui la stratégie de l’Office est le prolongement de celles de l’ONCFS et de l’AFB, formalisées dans les COP de ces deux établissements. Dès l’an prochain, nous aurons nos propres priorités – on ne pourra pas tout faire en même temps ! – et des projets mobilisateurs, des thématiques phares, rassemblant nos forces.

Les entreprises ont évidemment leur rôle à jouer aussi et nous les impliquons pleinement dans notre démarche “Engagés pour la nature”. A ce jour, 103 entreprises petites ou grandes, ont signé les 10 principes communs du programme au plus haut niveau, dont 20 qui ont déposé un plan d’action détaillé et sont donc engagées pour la nature. Nous travaillons ainsi pour aider les acteurs économiques à adapter leur modèle économique aux enjeux de biodiversité.

Comment comptez-vous accompagner les acteurs de terrain et les professionnels ces prochaines années ? Nous en parlions, le COP sur lequel nous travaillons en ce moment avec l’Etat nous indiquera nos priorités pour les années à venir, il est donc encore trop tôt pour dire comment la valeur ajoutée de l’OFB sera exactement mobilisée. Une chose est sûre, nous comptons remplir les missions que nous confient la loi et nous appuyer sur ce que nous dit la science de l’état de la biodiversité comme des pressions qui pèsent sur elle pour agir n

Sur quels projets phares travaillez-vous actuellement ? 2021 sera une année majeure pour la biodiversité, avec des évènements reportés de l’an dernier. Le grand moment pour beaucoup sera le Congrès mondial de la nature, qui aura lieu en septembre à Marseille, où l’OFB animera les espaces Génération nature. Pour l’établissement, 2021 sera l’année de la haie. C’est-à-dire que l’OFB s’appuiera sur son expertise et ses nombreuses références dans le domaine pour placer la gestion durable de la haie au cœur de son activité. Le sujet, qui croise les différentes missions de l’établissement (connaissance, police, mobilisation de la société…) et rassemble un grand nombre d’acteurs (agriculteurs, pouvoirs publics…), donnera lieu à des publications, des initiatives territoriales avec les gestionnaires et les professionnels, ainsi que des évènements grand public. Et puis, il y a un point qui me tient à cœur, c’est l’implication des citoyens. Le président de la République nous a demandé de créer un établissement qui soit le plus visible possible auprès des Français. Je veux que la question de la biodiversité, et des pressions qui pèsent dessus, soient un enjeu que tous les citoyens s’approprient. Nous prévoyons dans ce sens de créer une université populaire qui aura pour but de rendre accessible aux Français les défis de biodiversité.

Propos recueillis par Pauline Pouzankov

© Adrien Jailloux / Office Français Biodiversité

biodiversité qui sera un moment important de 2021.

Lac de la Cayolle, parc national du Mercantour.

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© Alain Tendero - Divergence-images.com

Un entretien avec Valérie Verdier, Présidente­directrice générale de l’IRD Pourriez-vous présenter l’IRD ainsi que ses missions principales ? Les priorités de recherche de l’IRD s'inscrivent depuis plusieurs années dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD), avec pour ambition de développer et de proposer des solutions basées sur les connaissances produites par la science et adaptées aux défis environnementaux, économiques, sociaux et culturels auxquels les hommes et la planète font face. La mission première de l’IRD est donc de conduire une recherche d’excellence sur la zone intertropicale et méditerranéenne, fondée sur un partenariat scientifique équitable avec les communautés d’enseignement supérieur et de recherche des pays et régions concernés. Les recherches menées au sein de l’IRD ont tout au long de son histoire privilégié une présence sur le terrain sur un temps long, qui favorise des collaborations renforcées avec les partenaires. Quelle est la spécificité de votre approche ? L’IRD accorde une place importante aux approches transversales, interdisciplinaires et à la “science de la durabilité”, priorité de ma gouvernance. La science de la durabilité se caractérise par le fait que les problématiques de recherche trouvent d’abord leur source dans la confrontation aux problèmes du monde réel, plutôt que dans la dynamique propre des disciplines scientifiques qu’elle mobilise. Il s’agit de favoriser des savoirs transdisciplinaires, co-construits entre les scientifiques et les acteurs de la société, dont la finalité dépasse des intérêts disciplinaires. Cette approche est essentielle pour une meilleure compréhension de la complexité du monde moderne. La gestion des maladies émergentes est peut-être l’une des illustrations les plus convaincantes des atouts de la science de la durabilité. La pandémie de coronavirus actuelle rappelle en effet la nécessité de développer une stratégie “One Health” (une seule santé), qui stipule que santé humaine, santé animale et santé des écosystèmes sont étroitement liées et doivent être abordées comme un ensemble indissociable. Sur quels principaux objectifs travaillez-vous actuellement pour un futur durable ? Outre l’amélioration de la santé des populations (ODD 3), la préservation de la biodiversité (ODD 14 et 15) et la lutte contre le réchauffement climatique (ODD 13) comptent parmi les priorités d’action de l’IRD. Sur ce dernier axe, les recherches pluridisciplinaires de l’IRD visent à comprendre les mécanismes du climat et anticiper les changements tant au niveau global que local et régional, à mesurer les impacts du changement climatique sur les écosystèmes et la santé des écosystèmes ainsi que les conditions de vie des populations dans les environnements dans lesquels nous évoluons. Dans la dynamique de la science de la durabilité, nous nous attachons bien sûr à proposer des solutions qui soient adaptées et en phase avec les questions posées par les usagers et à limiter l’impact de ces changements. 34 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers thématiques

Quel est l’intérêt de la science de la durabilité pour définir les politiques de conservation de la biodiversité ? Alors que nous sommes confrontés aux changements climatiques et à des pandémies comme celle de la Covid-19, que le lien avec la dégradation des milieux naturels et la perte de la biodiversité est établi, la recherche doit contribuer pleinement à la préservation de la nature. L’étude de la conservation de la biodiversité ne peut être envisagée scientifiquement que dans une vision pluridisciplinaire et multisectorielle, croisée avec les principales dynamiques, humaines et non humaines. Elle associe des tendances globales à des contextes locaux et spécifiques : nos chercheurs et partenaires appréhendent donc ces enjeux scientifiques de façon interdisciplinaire, au travers du prisme de la science de la durabilité. L’IRD se mobilise aussi aux côtés d’organisations qui, comme l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) et la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) œuvrent pour la protection de la biodiversité. La biodiversité est un enjeu de société et nous devons travailler aux côtés de tous les acteurs concernés, chercheurs, praticiens, décideurs, usagers et habitants. Quels sont les axes de recherche de votre institut en la matière ? Il est urgent de favoriser des processus de recherche axés sur les utilisateurs, co-construits avec eux et qui s’appuient sur les connaissances issues de la recherche. Au Pérou, nous avons par exemple développé avec les pouvoirs publics des outils satellitaires qui permettent d’adapter et de faire évoluer le système de gestion des pêches. Des recherches sont aussi menées autour de l’aquaculture durable ou de la prise en compte de la diversité biologique des sols pour lutter contre leur dégradation et favoriser une agriculture plus saine et durable. Certaines de nos découvertes et avancées scientifiques ont de fortes résonnances éthiques et au-delà, politiques : on peut évoquer notamment le fait que des chercheurs du monde entier forment ensemble des consortium pour séquencer les génomes de plantes cultivées comme le riz ou le mil ou encore de microorganismes pour qu’ils ne soient pas privatisés. Ils participent ainsi à une science ouverte. En parallèle, l’IRD s’intéresse à l’étude et au maintien de la diversité des ressources génétiques (plantes, microorganismes) et à la compréhension des mécanismes d’interaction dans l’écosystème, notamment pour réduire l’usage des produits chimiques, en étudiant par exemple les symbioses plantes-bactéries capables de produire des engrais naturels et en travaillant avec les agriculteurs. Nous sommes donc attentifs à alerter et accompagner les décideurs sur ces enjeux. En 2021, l’IRD participe ainsi à plusieurs événements internationaux, pour partager son expertise scientifique sur les thèmes de la préservation et conservation de la biodiversité et de la lutte contre les changements climatiques avec les décideurs. One Planet Summit, 15e conférence des parties (COP15) signataires de la Convention sur la diversité biologique (CDB), Congrès mondial de la Nature et 26e conférence annuelle de l’ONU sur le climat (COP26) : autant de rendez-vous où nous seront présents !

Publi-rédactionnel

L'Institut de recherche pour le développement est un organisme de recherche public français et un acteur majeur de l’agenda international pour le développement, un institut de près de 77 ans d’existence.



ENTRETIEN Créée en 1978 afin de porter la voix des producteurs biologiques, la FNAB est à ce jour le seul réseau professionnel agricole spécialisé en agriculture biologique en France. En tant que réseau de proximité et de compétences, elle se compose d’une fédération nationale, et de groupements régionaux et départementaux répartis sur le territoire. Entretien.

© Bio46

© Bio Grand Est

“Une agriculture principalement biologique est possible, et même souhaitable !” Sylvie Corpart Secrétaire nationale “Environnement” de la FNAB

Christophe Cottereau Secrétaire national “Environnement” de la FNAB

Pourriez-vous présenter la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique ainsi que ses missions essentielles ?

d’acteurs institutionnels, à tous les niveaux et auprès d’acteurs économiques.

La Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) est le seul réseau professionnel agricole spécialisé en agriculture biologique. Nous existons depuis 1978 et sommes constitués d’une fédération nationale, des groupements régionaux et locaux d’agriculteurs biologiques répartis dans toute la France.

Dans quelle mesure l’agriculture biologique comme les femmes et les hommes de votre réseau participent à la lutte contre le réchauffement climatique ?

Nous portons la voix des agriculteurs et agricultrices bio auprès d’une diversité d’acteurs publics et privés et participons à développer ce mode de production auprès

En France, l’agriculture représente 19 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). Les pratiques agricoles intensives, mobilisant engrais minéraux, produits phytosanitaires de synthèse ou alimentation animale issue de la déforestation, sont particulièrement montrées du doigt. A contrario, l’agro-écologie en général, et l’agriculture

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biologique, sont présentées par le monde scientifique (GIEC, INRAE…) comme les solutions à promouvoir : élevage extensif, rotations longues, engrais organiques, légumineuses, engrais verts, sols riches en matière organique… Les agriculteurs et agricultrices du réseau FNAB, conscient-es de leurs réussites, continuent cependant à innover et s’engagent pour identifier, caractériser et diffuser les meilleures pratiques pour diminuer encore leur empreinte sur le climat, et plus globalement pour préserver les éléments naturels : ressource en eau, biodiversité, qualité de l’air… La création et l’entretien d’infrastructures agro-écologiques comme les haies,


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arbres ou bandes enherbées, participent autant au stockage du carbone qu’à la préservation de la biodiversité, la lutte contre l’érosion, et tout cela bénéficie ensuite aux cultures car en agriculture, il est difficile de penser “en silo”.

atteindre les objectifs du plan national “Ambition Bio” qui vise 15 % des surfaces agricoles françaises en bio en 2022, ni pour remplacer les milliers d’agriculteur-rices qui partent à la retraite chaque année, et notamment en ce moment.

Pour aller plus loin, la FNAB anime notamment un projet partenarial intitulé “Réseau Bio Climat” qui vise à mobiliser une variété d’acteurs sur ce thème et à mieux comprendre les marges d’amélioration à l’échelle de la parcelle, de la ferme, du territoire.

Le réseau FNAB encourage ces dynamiques en accompagnant les agriculteurrices conventionnel-les vers la bio, en intervenant dans l’enseignement agricole, en innovant dans les fermes, auprès des consommateur-rices…

Et si les agriculteurs et agricultrices bio de notre réseau participent à cet effort collectif pour diminuer les émissions de GES, c’est aussi parce qu’ils en subissent les effets. Le dérèglement climatique a un impact fort sur les équilibres naturels, il est une réalité quotidienne qui affecte le métier d’agriculteur-rice à travers par exemple des gels tardifs, des canicules, pluies diluviennes, tempêtes… L’agriculture biologique séduit de plus en plus de producteurs avec un rythme de croissance soutenu. Quelles actions déployez-vous au sein de votre fédération afin de consolider cette tendance ? L’agriculture biologique séduit en effet chaque année de nouveaux consommateur-rices, agriculteur-rices et porteurs de projets agricoles et c’est une très bonne nouvelle ! L’AB représente aujourd’hui 180 000 emplois directs, 47 000 fermes et 2,3 millions d’hectares (8,5 % de la surface agricole française), pour un marché de près de 12 milliards d’euros, avec une croissance toujours à deux chiffres.

De nombreux outils de politiques publiques (Stratégie nationale Bas Carbone, Schémas Directeurs d’Aménagement et de Gestion des Eaux…) appellent ainsi au développement de l’agroécologie et de l’agriculture biologique. Au-delà de la seule question du climat, la FNAB est attachée à la reconnaissance des services environnementaux de l’agriculture et notamment ceux de l’agriculture biologique, mis par exemple en avant par l’étude ITAB-INRAE “Quantifier et chiffrer économiquement les externalités de l’agriculture biologique ?” publiée en 2016. Nous soutenons, avec une grande diversité d’acteurs scientifiques, agricoles et politiques, la reconnaissance de ces “externalités positives”, qui pourrait se traduire par la mise en œuvre de paiements pour services environnementaux (PSE) au cœur des politiques publiques agricoles, à tous les échelons.

Et si l’agriculture bio continue à séduire, c’est notamment parce que, bien souvent, les fermes bio sont plus résilientes d’un point de vue économique. La FNAB œuvre ainsi pour préserver cet état de fait : nous participons ainsi à créer de nouvelles filières bio, nationales ou territoriales, en mobilisant notamment les critères du commerce équitable (“nord-nord”). Il semblerait que nos sols séquestrent plus de carbone que l’atmosphère et toutes les formes de vie réunies. Pensez-vous qu’à moyen terme l’agriculture biologique pourra s’imposer comme un modèle de production privilégié au sein de nos sociétés ?

Les collectivités sont-elles aujourd’hui prêtes à relever le défi de la bio ? Se montrent-elles volontaires ?

Différents travaux scientifiques envisagent déjà l’agriculture biologique au cœur du modèle agricole des prochaines années. C’est notamment le cas de l’INRAE et de son méta-programme “Metabio”. L’IDDRI, via son scénario “Ten Years for Agroecology”, ou Solagro et son scénario Afterres2050, imaginent l’agriculture française ou européenne en 2050, avec 50 % ou 100 % de l’agriculture en système biologique. Couplé à des changements de régime alimentaire ou à la lutte contre le gaspillage, ces travaux démontrent qu’une agriculture princi-

L’intérêt de l’agriculture biologique pour les territoires et ses “externalités positives”, dépassent la question du climat. Protection de la ressource en eau, qualité de l’air, développement de filières agricoles, création d’emploi non-délocalisables, santé, circuits courts… ses bénéfices sont pluriels et c’est pourquoi de plus en plus de collectivités locales s’engagent pour favoriser ce mode de production et pour accompagner les agriculteur-rices dans l’évolution de leurs pratiques. © FRAB Champagne Ardenne

Si ce panorama est positif, la dynamique en cours n’est pas suffisante, ni pour

palement biologique est possible, mais également souhaitable, et nous permettrait notamment d’atteindre nos objectifs de diminution des émissions de GES.

“L’agriculture biologique représente aujourd’hui 180 000 emploi directs, 47 000 fermes et 2,3 millions d’hectares.”

Plus de 350 territoires (intercommunalités, parcs naturels régionaux…) agissent aujourd’hui au développement de l’agriculture biologique : alimentation bio, installation d’agriculteur-rices, développement de nouvelles filières agricoles bio, conversion… Nous avons lancé ce printemps une plateforme, www.territoiresbio.fr, pour faire connaitre ces dynamiques et offrir des clés aux collectivités locales qui souhaiteraient faire de même n

Propos recueillis par Pauline Pouzankov Les dossiers thématiques | LE COURRIER DU PARLEMENT | 37


ENTRETIEN Si la commission présidée par Jean-François Longeot est la plus jeune du Sénat, elle n’en recouvre pas moins des domaines absolument cruciaux pour l’avenir en matière de développement durable comme d’aménagement du territoire. Entretien.

“C’est une véritable transition de notre modèle économique mais aussi sociétal qui s’amorce aujourd’hui” Jean-François Longeot Président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable au Sénat

dien, comme l’aménagement du territoire. Il se regroupe autour de trois principaux pôles : n l’aménagement du territoire, qui permet d’aborder des problématiques variées telles que la cohésion des territoires, la lutte contre la désertification médicale, la montagne ou la couverture numérique des territoires (zones blanches), ces sujets nous concernent tous en tant que citoyens mais aussi en tant qu’élus locaux ; Pourriez-vous présenter votre commission, son fonctionnement ainsi que ses missions principales ? La commission que je préside depuis le 7 octobre dernier est la plus jeune des commissions permanentes du Sénat. Créée en 2012, elle est née de la scission de l’ancienne commission de l’économie, du développement durable et de l’aménagement du territoire et réunit 49 sénateurs. Son champ de compétences est vaste, recouvrant des domaines à la fois stratégiques pour l’avenir, comme le développement durable, et essentiels pour le quoti-

n le développement durable, qui se décline de multiples manières et comprend notamment les politiques de lutte contre le changement climatique, la préservation de la biodiversité, les questions relatives aux déchets, à l’économie circulaire et à la prévention des risques naturels et technologiques, sans oublier le sujet stratégique des énergies renouvelables ; n les transports, un secteur qui donne lieu à des travaux législatifs mais inspire également de nombreux travaux de contrôle. Il concerne tous les transports (routiers, ferroviaires, maritimes, fluviaux ou aériens) en ce qu’ils sont d’ailleurs tous directement

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concernés par la question de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Ces secteurs sont autant de sujets au cœur des préoccupations des citoyens et des élus et portent sur des enjeux de long terme. Le travail de la commission s’organise autour de deux activités essentielles pour le Parlement : n l’activité législative est un volet essentiel de son action compte tenu de son vaste domaine de compétences : la commission est en effet régulièrement saisie de projets de loi préparés par le gouvernement et de propositions de loi présentées par des parlementaires. Pour vous donner un ordre d’idées, la commission a, depuis trois ans, examiné 21 textes “au fond” et 11 textes “pour avis”. Sur plus de 1 800 amendements déposés, nous en avons adopté un peu plus de 800. Parmi ces textes figuraient des réformes importantes comme la réforme ferroviaire de 2018, le projet de loi d’orientation des mobilités, la création de l’Agence nationale de la cohésion des territoires ou encore le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. Sur chacun de ces textes, la commission a adopté de nombreuses modifications qui, pour la plupart, ont été inscrites dans la loi définitivement votée ;


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n l’autre domaine d’action de la commission, et non des moindres, est le contrôle de l’action du gouvernement. La commission est souveraine pour définir ses thématiques de contrôle ainsi que les modalités d’organisation de celui-ci. Plusieurs modes opératoires sont possibles : des missions “flash” de quelques semaines sur un sujet d’actualité – comme la mission que nous avons menée en 2018 sur la pollution de l’air – ou des missions d’information qui portent sur un sujet plus étendu avec un calendrier de travaux s’étalant sur plusieurs mois. Au cours des trois dernières années, nous avons entendu une centaine de personnalités en réunions plénières et publié 12 rapports d’information sur des sujets aussi variés que la sécurité des ponts, l’empreinte environnementale du numérique, la gouvernance et la compétitivité des ports français ou encore les déserts médicaux. Ces travaux ont permis de mettre en lumière le travail de fond réalisé par notre commission et ont pu nourrir des initiatives législatives comme la rédaction de propositions de loi. Enfin, je souhaite évoquer une spécificité de notre commission qui est pionnière dans les efforts de réduction de son empreinte environnementale. Nombreuses sont ses initiatives en faveur du développement durable ! Cette démarche passe par des actions du quotidien très concrètes comme le fait d’avoir mis fin à la mise à disposition de bouteilles d’eau en plastique sur les tables pour les remplacer par des

carafes d’eau. Nous avons aussi engagé des chantiers plus ambitieux comme la dématérialisation de nos travaux. Très concrètement, cela signifie que nous n’imprimons plus de liasses d’amendements. Nous avons ainsi économisé près d’une tonne et demie de papier en trois ans. Nous utilisons nos tablettes et nos ordinateurs.

“Le numérique est à l’origine de 2% des émissions de gaz à effet de serre.” Quels principaux sujets relatifs à l’environnement comme au climat vous occupent actuellement au sein de votre commission ? Ces sujets occupent une place centrale. La naissance de notre commission en 2012 s’expliquait par la volonté du Sénat de donner aux sujets environnementaux une place à part entière et de ne plus les appréhender de manière “accessoire” par rapport aux sujets économiques. En effet, ces enjeux ont progressivement pris de plus en plus d’importance au

point de devenir aujourd’hui la pierre angulaire de nos politiques publiques. Conformément à nos engagements européens et internationaux (je pense à l’accord de Paris par exemple) et à mesure que les conséquences du réchauffement climatique et de l’érosion de la biodiversité s’amplifient, il est impératif de mesurer toutes nos politiques sectorielles à l’aune des objectifs environnementaux et climatiques que nous nous sommes fixés. C’est une véritable transition de notre modèle économique mais aussi sociétal qui s’amorce aujourd’hui. Et c’est précisément ce regard que notre commission s’attache à porter, de manière transversale. Le spectre est donc large : l’économie circulaire, les enjeux environnementaux et climatiques internationaux, la prévention des risques, les impacts de l’environnement sur la santé, la préservation de la biodiversité et les services environnementaux qu’elle peut rendre à notre économie, l’alimentation durable, la lutte contre le gaspillage alimentaire, la préservation et la protection de nos ressources (comme l’eau par exemple), les énergies renouvelables ou encore la compensation carbone. Nous travaillons aussi sur la question de l’empreinte environnementale des différents secteurs économiques ou industriels. Nous nous sommes ainsi récemment intéressés à celle du secteur numérique. Tous ces sujets rejoignent une interrogation fondamentale : comment mettre en œuvre un modèle de développement soutenable qui nous permette de laisser un monde durable et vivable à nos enfants ?

A l’heure du tout numérique, par quels moyens comptez-vous réduire l’empreinte environnementale du digital en France ? Partons d’un constat, celui de l’absence en France de toute stratégie transversale publique visant à atténuer les impacts environnementaux du numérique. Or celui-ci est à l’origine de 2 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans notre pays mais il pourrait représenter 7 % d’ici 2040, tant en raison de l’accroissement des usages que de l’achat d’équipements neufs.

“Donner aux sujets environnementaux une place à part entière.”

Face à ce constat, la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable a créé, en décembre 2019, une mission d’information sur l’empreinte Les dossiers thématiques | LE COURRIER DU PARLEMENT | 39


ENTRETIEN

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pour le climat. Notre commission sera encore une fois au rendez-vous de cette ambition. Qu’en est-il du groupe d’études “Mer et littoral” et de ses axes de travail principaux ?

“Les transports, un secteur directement concerné par la question de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.”

environnementale du numérique dont les conclusions ont été rendues en juin 2020. Une proposition de loi, cosignée par 111 sénateurs et regroupant 24 mesures issues des travaux de ladite mission d’information sera examinée le 14 décembre prochain en commission. Ce texte fixe quatre priorités : n faire prendre conscience aux utilisateurs du numérique et de son impact environnemental ; n limiter le renouvellement des terminaux numériques ; en effet, leur fabrication représente 70 % de l’empreinte carbone du numérique en France. Aussi, la proposition de loi vise à renforcer la lutte contre l’obsolescence programmée, à sanctionner l’obsolescence logicielle ou encore à allonger la durée de la garantie légale de conformité des produits numériques de deux à cinq ans. Elle propose également de renforcer l’ambition en matière de réparation et de réemploi par un taux de TVA réduit sur la réparation de terminaux et l’acquisition d’objets électroniques reconditionnés ; n promouvoir des usages numériques écologiquement vertueux ; n exiger des opérateurs de réseaux et de centres de données qu’ils souscrivent à des engagements juridiquement contraignants auprès de l’Arcep. Alors que les data centers et les réseaux sont respectivement responsables de 14 et 5 % de l’empreinte carbone du numérique en France, cette proposition de loi vise à

faire émerger une véritable régulation environnementale pour prévenir l’augmentation des consommations et émis-sions de telles infrastructures, notamment dans le contexte du déploiement de la 5G. Dans quelle mesure travaillez-vous également sur les enjeux de l’économie circulaire ? Les enjeux de l’économie circulaire sont au cœur de nos travaux. Ils constituent un pan important des politiques de développement durable visant à atteindre les objectifs climatiques de l’accord de Paris. Ils sont également un sujet de préoccupation très important pour les collectivités territoriales, et notamment les communes, chargées du service public de gestion des déchets. L’année dernière, notre commission a été saisie au fond de la loi relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire et à l’économie circulaire. Elle a considérablement enrichi un texte, dont l’ampleur était au départ limitée. Il est intéressant de remarquer que les nombreux apports du Sénat sur ce texte, concernant notamment la lutte contre les dépôts sauvages, contre le suremballage ou encore contre le gaspillage alimentaire, ont été transpartisans. Le Sénat a également eu une position très forte sur la consigne des bouteilles en plastique, qui constituait un véritable non-sens d’un point de vue environnemental ! Il y a une vraie attente sur ces sujets et le législateur doit en prendre la mesure. Ce sujet devrait d’ailleurs occuper à nouveau une place importante dans le projet de loi qui reprendra les travaux de la Convention citoyenne

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Nos territoires littoraux sont confrontés à de nombreux défis sur lesquels se penche le groupe d’études “Mer et Littoral”, qui est rattaché à notre commission depuis sa création. Je pense au recul du trait de côte, notamment due à l’élévation du niveau de la mer accélérée par le changement climatique, ou encore à l’attractivité croissante du littoral français, qui impose de mettre en place un aménagement équilibré des territoires maritimes. L’enjeu est de garantir, dans l’application de la loi “Littoral”, un équilibre entre protection de l’environnement et aménagement dynamique du territoire. Le groupe d’études et son ancien président, Michel Vaspart, ont par exemple été à l’origine de certaines évolutions apportées à ce cadre lors de l’examen du volet littoral de la loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN) en 2018 s’agissant des “dents creuses” et des activités économiques liées aux cultures marine. Enfin, ce groupe d’études assure le suivi des enjeux économiques et environnementaux du secteur maritime et portuaire. Il a ainsi travaillé sur la loi d’orientation des mobilités (LOM) en 2019 et, plus récemment, a été associé aux travaux de la mission d’information relative à la gouvernance et à la performance des ports maritimes, mise en place par notre commission en novembre 2019 et dont le rapport a été adopté à l’unanimité en juillet 2020. Notre commission vient d’ailleurs d’adopter une proposition de loi sur ce sujet, visant à traduire les recommandations de cette mission, alors que, dans le même temps, la stratégie nationale portuaire annoncée par le gouvernement depuis trois ans n’a toujours pas été publiée. Sur l’ensemble de ces sujets, le groupe d’études poursuivra ses travaux lors de la session parlementaire 2020-2021, en fonction des priorités fixées par son nouveau président n

Propos recueillis par Pauline Pouzankov


Hors-série | Le climat

ZOOM SUR...

Le 8 octobre 2020, ce bras armé de l'ONU en faveur du climat a publié une infographie alarmiste. Elle fait état de différents scénarios face au fléau du réchauffement.

Les conclusions du GIEC : un constat sans appel

Vous avez dit … “GIEC” ? Moins connu sans doute que l’OMS, la Banque Mondiale ou encore l’OMC, le GIEC est un de ces organismes intergouvernementaux régis par l’ONU. Le GIEC pour les intimes, ou encore “Groupement d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat” pour ceux à qui il a besoin d'être présenté, a été créé en 1988. Fort de 195 pays, il possède donc – c’est le moins que l’on puisse dire – une valeur universelle. Sa vocation ? Evaluer les risques liés au réchauffement climatique. Cela s’entend tout d’abord d’un point de vue purement scientifique. Le GIEC est placé sous la tutelle de l’Organisation météorologique internationale. Mais il possède également une expertise socio-économique en étant là pour évaluer les conséquences possibles de ce changement. Tout en envisageant d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation.

Demain, un monde “méconnaissable” Voilà un interlocuteur que l’on pourrait difficilement soupçonner de sensationnalisme. Ainsi, les conclusions de son infographie du 8 octobre 2020 doivent-elles aussi être prises au sérieux. À moins de changements sans précédent dans l’ensemble de nos sociétés, les bouleversements climatiques risquent de rendre le monde carrément “méconnaissable” d’ici la fin du siècle avec un “recul de l’espérance et de la qualité de vie”. Toujours selon cette infographie, les pires effets des bouleversements climatiques risquent de se faire sentir d’ici à peine quelques années, à moins d’une “action climatique forte” et très répandue dans le monde. Cette publication intervient deux ans après un précédent rapport. Dès 2018, le GIEC plaidait pour une action décisive et rapide afin de limiter la hausse mondiale des températures. Le scénario du pire se base sur une “action tardive et non coordonnée”. Le réchauffement provoquera une multiplication des vagues de chaleur dans “plusieurs villes” dans les 10 ans. Et la hausse moyenne des températures mondiales pourrait atteindre 1,5 °C dès 2030.

Le pire surviendrait par la suite, avec des“conséquences mortelles” dans les régions tropicales et + 3°C d’ici 2100. Le GIEC alarme également contre une hausse “majeure” des prix des aliments, prédisant par ailleurs conflits et migrations climatiques. Une action décisive dès 2025 en matière de transition énergétique et de renoncement progressif aux énergies fossiles n’empêcherait pas pour autant + 2°C d’ici 2050. A la clé, sécheresse, pauvreté et inégalités. Egalement la perte d’écosystèmes mais aussi “élimination” des coraux et sévère endommagement des forêts tropicales. Tout un programme.

Une “action hâtive et efficace” Seul un autre scénario, celui d’une “action hâtive et efficace” permettrait d’éviter le pire. Celui-ci supposerait une action climatique forte à tous les niveaux de gouvernements, sans oublier la décarbonisation très rapide du secteur des transports. D’ici 2025, une majorité des voitures vendues devrait elle aussi être électrique. Est prévue également la généralisation de nouvelles technologies comme la capture et le stockage de carbone. Aussi la réduction du gaspillage alimentaire et une moindre consommation de viande. Les investissements annuels nécessaires dans la transition énergétique sont quant à eux évalués à 1,5 milliard d'euros d’ici 2035. Pour atteindre l’objectif central de l’accord de Paris, soit maintenir l’augmentation de la température bien en dessous de 2°C, le GIEC estime qu’il faudra réduire les émissions mondiales de 45 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 2010 et les ramener à zéro d’ici 2050. Selon les observateurs, le premier scénario décrit par le GIEC semble le plus envisageable avec une hausse de plus de 3°C n Olivier Sourd Les dossiers thématiques | LE COURRIER DU PARLEMENT | 41


et expertise depuis 70 ans

Expanscience, laboratoire pharmaceutique et dermo­cosmétique français et familial certifié B Corp, développe et fabrique en Eure­et­Loir des produits “made in France” pour le soin de la peau et le traitement de l'arthrose.

Un reportage avec Karen Lemasson, Directrice RSE et Open Innovation des Laboratoires Expanscience Pourriez-vous présenter Expanscience ainsi que ses principales missions ? Expanscience est une ETI familiale, française et indépendante qui compte 1021 collaborateurs. Nos principales expertises sont la dermo-cosmétique avec notre marque Mustela, leader du soin de la peau du bébé en pharmacie, le traitement de l’arthrose avec notre médicament Piasclédine 300, et la production d’actifs cosmétiques d’origines naturelles. Nous réalisons plus de 70 % de notre chiffre d’affaires à l’international via nos 16 filiales et une présence dans plus de 100 pays distributeurs. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos engagements en matière de Responsabilité Sociétale d’Entreprise ? Dès 2004, notre Président Jean-Paul Berthomé a engagé Expanscience dans une démarche volontaire de RSE en adhérant au pacte mondial des Nations Unies. Cette dynamique s’est poursuivie. Nous avons été évalués “Exemplaire” par le label Engagé RSE en 2013 puis, l’impact positif de notre démarche de RSE a été reconnu par le label international B Corp en 2018. Notre ambition est de prospérer en laissant le moins de traces possible sur les écosystèmes et nous agissons pour préserver la biodiversité, développer des offres plus responsables, soutenir une économie circulaire, favoriser le zéro déchet et lutter contre le changement climatique. Sur ce dernier point nous avons, aux côtés de 500 autres entreprises B Corp, pris l’engagement lors de la COP 25 d’atteindre la neutralité carbone pour notre marque Mustela d’ici 2030. Quelles actions phares mettez-vous en place pour réduire vos émissions de GES ? Depuis 2008, nous mesurons l’impact de nos activités en réalisant des bilans carbone et mettons en place des plans d’actions pour progresser. Sur notre site de production, à Epernon en Eure-etLoir, nous avons ainsi réduit de 17 % et de 23 % nos consommations d’électricité et de gaz depuis 2010 (pour 100 unités produites, entre 2010 et 2020) et nous achetons désormais 100 % d’électricité verte. L’éco-conception de nos emballages nous a permis d’économiser 142 tonnes de plastique et 78 tonnes de carton en 10 ans.

Nous réduisons également en continu l’impact du sourcing de nos matières premières végétales. Au gobal, nous avons réduit de 6 % notre empreinte carbone* en absolu à iso-périmètre entre 2015 et 2019. Nous définissons actuellement un nouveau plan d’action carbone pour réduire de manière drastique notre empreinte et définir le chemin que doit prendre notre marque Mustela pour contribuer à la neutralité carbone mondiale. Vous souhaitez également réduire votre empreinte grâce à la vente en vrac de produits Mustela… Cette expérimentation dans deux pharmacies illustre notre volonté de faire un pas de plus vers le zéro déchet. Nous proposons une bouteille en verre consignée nommée “Reviens”, que l’on peut remplir de gel lavant certifié bio Mustela, ou de gel hydroalcoolique, et qui garantit la même qualité et la même sécurité que les autres produits Mustela. Si cette expérimentation est concluante nous pourrons la déployer plus largement dans les prochains mois. Vous célébrez vos 70 ans cette année. Quelle mission vous donnez-vous pour celles à venir ? Expanscience a 70 ans et toujours la même énergie pour se réinventer ! Nous nous donnons pour mission d’aider chacun à façonner son bien-être et avons l’ambition de renforcer notre impact positif. Notre nouvelle feuille de route RSE à horizon 2030 et 2040 adressera ces enjeux. Elle est en cours de co-construction avec nos parties prenantes, dont une quarantaine de collaborateurs volontaires dans le monde. Parce que le bien-être des Hommes est indissociable de la santé de la planète, il est de notre devoir, à tous, d’agir, ensemble.

Contact : Expanscience 1 Place des Saisons 92048 Paris La Défense Cedex Tél. : 01 43 34 60 00 www.expanscience.com * Méthode Bilan Carbone®

42 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers thématiques

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Expanscience : engagement, innovation


CHAPITRE 3

QUELS EFFORTS DU CÔTÉ DES INDUSTRIELS ET DES TERRITOIRES ? Les dossiers thématiques | LE COURRIER DU PARLEMENT | 43


ZOOM SUR... Il ne s’agit pas de penser ou d’accompagner la fin de l’industrie, mais bien sa mutation : développer des technologies réduisant les consommations énergétiques, penser recyclage, réparation, économie des ressources et études matières premières, valorisation des déchets, relocalisation…

Et si l’écologie était l’avenir de l’industrie ?

L’industrie avec ses 275 000 entreprises représente 12 % du PIB français, 70 % de nos exportations, et emploie plus de 3 millions de personnes. Longtemps l’activité industrielle et les questions environnementales ont été considérées comme inconciliables. Les usines ne produisent pas que des biens ; elles génèrent également des déchets, des rejets et des destructions de ressources naturelles, dont certaines non-renouvelables. Ces dernières années néanmoins, une prise de conscience de la gravité de la situation envi44 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers thématiques

ronnementale a poussé bon nombre d’industriels à s’engager dans la voie du développement durable, une démarche vertueuse qui s’accompagne de bénéfices, notamment en ce qui concerne la productivité.

Filières des éco-industries Les préoccupations environnementales sont particulièrement portées par les filières des éco-industries. Les professionnels du


Hors-série | Le climat

secteur de l’eau, des déchets, des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, génèrent actuellement 86 milliards d’euros de chiffre d’affaires et emploient directement 442 000 personnes. Ces nouvelles activités regroupent à la fois les entreprises produisant des biens ou services ayant pour finalité la protection de l’environnement ou la gestion des ressources naturelles, et celles favorables à l’environnement sans pour autant être leur finalité première.

Réconcilier l’industrie et l’écologie. L’industriel belge Gunter Pauli, présenté par certains comme le “Steve Jobs du développement durable ” est le promoteur de “l’économie bleue ”. Un modèle économique qui en s’inspirant des écosystèmes naturels, prétend suffire aux besoins de base en valorisant ce qui est disponible localement et en transposant à l’échelle industrielle les prouesses de la nature. Ce concept se base sur les principes de l’économie circulaire, source d’emplois, où chaque déchet deviendrait une source d’énergie pour une autre activité. Le réseau Zeri (zéro émission, zéro déchets) réunit autour de lui au sein d’une fondation plus de 3 000 chercheurs et un millier d’entreprises de par le monde.

Rationaliser la production pour rendre l’usine plus écologique Déjà, l’utilisation de technologies de pointe a permis de rationnaliser la production en optimisant les consommations de ressources énergétiques et matérielles, et de minimiser les déchets grâce à leur réutilisation soit par l’entreprise elle-même, soit par une autre organisation. De plus en plus d’entreprises choisissent de se tourner en priorité vers des producteurs de matières premières locales, ce qui réduit les coûts liés au transport de ces matières et à la logistique en général. Enfin la lutte contre le gaspillage permet à l’entreprise d’économiser de précieuses ressources financières et de disposer d’une chaîne de production plus fluide, plus efficace.

Réorienter la French Tech vers les problématiques industrielles Pour accélérer conjointement la réindustrialisation et la transition énergétique, il est nécessaire de réorienter rapidement la French Tech vers les problématiques industrielles. Sur les 120 startup les plus prometteuses, seules huit appartiennent au secteur industriel au sens large et quatre au secteur manufacturier. La French Tech ne bénéficie que très peu à l’industrie et ne contribue que marginalement à la transition énergétique dont les principaux ressorts sont liés à l’innovation industrielle. Quant à la French Fab, conçue pour être le pendant industriel de la French Tech, si elle contribue à revaloriser notamment auprès des jeunes les métiers de l’industrie, elle ne joue pas aujourd’hui ce rôle d’incubateur pour le secteur. “Il faut répliquer le modèle gagnant

de la French Tech dans le secteur industriel et le plan de relance constitue une occasion unique d’y parvenir rapidement ” estime Jean-Michel Pinto, directeur au sein du cabinet Monitor Deloitte.

Créer l’industrie de demain requiert de décloisonner les filières de l’industrie d’hier La prise de conscience de la désindustrialisation de notre pays intervient au moment où les transformations induites par la crise sanitaire et celles découlant de la transition énergétique et la digitalisation rebattent les cartes. L’industrie française peut profiter de cette période pour se renforcer. Jean-Michel Pinto plaide pour que “l’Etat demande, en échange d’un soutien public financier, logistique et réglementaire, aux industriels de s’associer pour structurer des projets d’incubateurs ambitieux et inclusifs – incluant des PME et des ETI et portés par plusieurs entreprises issues de filières industrielles différentes – et de s’engager à y investir des moyens financiers mais aussi des compétences en y allouant des talents ”. De plus en plus les entreprises industrielles réclament ces structures, elles ont besoin de s’associer pour mutualiser les risques et les investissements.

Répliquer le modèle gagnant de la French Tech dans le secteur industriel. L’innovation et la destruction créatrice Ces deux concepts désignent le processus continuellement à l’œuvre dans les économies, et qui voit se produire de façon simultanée la disparition de secteurs économiques et d’entreprises conjointement à l’apparition de nouvelles activités économiques et de nouvelles entreprises portées par des entrepreneurs. Dans ses travaux 1, Philippe Aghion approfondit le modèle inventé par Joseph Schumpeter de la “destruction créatrice”. Lorsqu’elles surgissent, les innovations rendent les précédentes technologies obsolètes. Le progrès technique va alors s’opérer par destruction créatrice. En participant à l’apparition d’innovations de rupture qui rendront leurs propres technologies obsolètes, les industriels créeront de nouveaux emplois à valeur ajoutée à même d’attirer les talents et développeront de nouveaux outils permettant de réduire notre empreinte environnementale. C’est pourquoi si la France veut tout à la fois devenir championne de la transition énergétique et remplacer son industrie dans la course mondiale, il est urgent de changer de dimension n Amélie Kroell

(1) “Modèle de croissance par destruction créatrice” et de “modèle de croissance schumpetérien” (Aghion and Howitt, 1992).

Les dossiers thématiques | LE COURRIER DU PARLEMENT | 45


MANAGEMENT CARBONE

Interview de Thierry Herning BASF est le leader mondial de la chimie, de votre point de vue, quel est le rôle des industries comme la vôtre dans la transition écologique ? Les entreprises sont parfois perçues comme des freins à la mise en œuvre d’une politique ambitieuse en faveur du climat et de l’environnement. Pourtant, les leviers les plus transformateurs sont bel et bien entre les mains des industriels. La chimie, mère de toutes les industries, fait intrinsèquement partie de la solution. Faire évoluer les grandes industries reste cependant un vrai challenge. Matières premières, usines, sources d’énergies, tous ces facteurs sont à prendre en compte. Mais nous pouvons justement agir à notre échelle pour réduire notre consommation et nos émissions. Pour être pleinement effective, la transition énergétique et environnementale nécessite un changement d’échelle, une échelle industrielle.

Quelle est la stratégie de BASF vis-à-vis de la lutte contre le réchauffement climatique ? BASF est engagé de longue date dans cette lutte et pour nous il s’agit de réduire partout où nous le pouvons nos émissions de gaz à effet de serre. Notre entreprise a réussi ce qui semblait impossible ou presque. Grâce à l’amélioration continue de l’efficacité de nos procédés de production, nous avons diminué de moitié nos émissions depuis 1990, tout en doublant notre production. Nous entendons renforcer encore cet engagement avec un objectif de croissance neutre en émission de CO2 d’ici 2030. Nous continuons à investir au niveau mondial dans le développement de nouvelles solutions. Une task-force de 100 personnes en R&D a ainsi pour objectif de trouver les prochains leviers de la sobriété énergétique.

Quelles sont les technologies de BASF emblématiques de cette stratégie selon vous ? J’en citerais deux. D’abord le Verbund. C’est le nom que nous donnons à nos sites de production hautement intégrés qui permettent de limiter au maximum les pertes de temps, d’énergie et de matières premières. Au sein de chaque Verbund, la chaleur est utilisée comme source d’énergie pour les autres sites industriels. Ce procédé a permis d’éviter 3,7 millions de tonnes d’émissions d’équivalent CO2 en 2018. Dans l’ensemble de nos sites, la cogénération permet de fournir 70 % de l’électricité du Groupe et d’éviter 2,6 millions de tonnes d’émissions d’équivalent CO2. Ensuite, notre technologie de recyclage chimique à laquelle je crois beaucoup : ChemCycling™. Elle permet de traiter à grande échelle 46 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers thématiques

des plastiques qui ne disposaient jusqu’alors pas de solution de recyclage et d’avoir une matière finale d’aussi bonne qualité que du plastique non-recyclé. C’est une technologie qui a énormément de potentiel.

Quel regard portez-vous sur la réponse environnementale de la France face à la crise liée à l’épidémie de Covid-19 ? Il est extrêmement important de continuer à nous engager dans les réponses aux défis environnementaux. La crise du Covid-19 nous l’a démontré : santé et environnement sont les deux faces d’une même pièce. Avant tout, la France s’appuie sur un avantage non négligeable : une électricité presque entièrement décarbonée. Alors que l’Union européenne envisage une taxe carbone aux frontières, ce choix énergétique devient un avantage décisif, notamment pour une industrie énergivore comme la nôtre. Ensuite, le plan France Relance vient répondre à mon avis à un enjeux particulièrement important : l’accompagnement du développement de filières durables. Je pense notamment aux filières batteries et hydrogène, mais aussi à l’automobile ou à l’aéronautique. Il est très important de faire émerger ces filières, au niveau français et européen.

Qu’attendriez-vous de plus des pouvoirs publics pour développer ces filières durables dont vous parlez ? Un engagement plus clair vis-à-vis des nouvelles technologies qui émergent. Je pense à la technologie de recyclage chimique dont je parlais plus tôt, mais pas seulement. Il est essentiel d’accompagner et de soutenir la croissance de ces innovations pour qu’elles prennent la place qui leur appartient dans l’économie et la société. La France a les moyens de devenir un champion climatique et a donc tout à gagner à créer un cadre économique et règlementaire favorable au développement de ces filières durables.


ses produits selon des critères de durabilité et entend renforcer la part des produits les plus performants sur le plan de l’environnement dans son portefeuille. Grâce à des produits comme les matériaux d’isolation, les filtres à protoxyde d’azote ou les solutions pour les éoliennes, BASF contribue directement aux solutions industrielles de demain et permet d’éviter chaque année l’émission de 640 millions de tonnes d’équivalent CO2.

BASF France agit aussi à l’échelle locale dans l’ensemble de ses sites industriels

Le management du carbone, le défi du siècle pour les industriels Le changement climatique est désormais une donnée fondamentale pour les industries et une source de déstabilisations politiques, sociales et économiques majeures. L’objectif annoncé lors des Accords de Paris de limitation de l’augmentation de la température moyenne à 2°C nécessite un engagement de tous - d’autant que nous sommes actuellement sur une trajectoire de 3 à 4°C. En tant qu’industriels, nous avons à la fois la possibilité et la responsabilité de mettre en œuvre une stratégie de gestion des émissions de gaz à effet de serre (GES) qui prenne en compte l’importance du défi écologique à venir. L’industrie de la chimie en particulier doit s’engager, elle qui représente 10 % de la consommation finale d’énergie mondiale et 7 % des émission de gaz à effet de serre (GES). Ces chiffres sont à la fois un obstacle et un levier. En agissant à l’échelle de notre industrie qui irrigue l’ensemble de l’économie, BASF entend agir à une échelle véritablement industrielle pour réduire la consommation d’énergie et les émissions.

Deuxième marché européen du Groupe, la France occupe une place incontournable et participe activement à cette démarche. Avec plus de 2 700 collaborateurs sur 15 sites, nous sommes pleinement intégrés dans l’environnement industriel et de R&D français. BASF France cherche avant tout à limiter les pertes d’énergies en renforçant la performance énergétique des sites ou la cogénération d’énergie, c’est-à-dire la réutilisation de l’énergie produite lors de la production industrielle de nos usines. Cette optimisation de l’énergie s’accompagne du développement des énergies renouvelables sur nos sites partout où c’est possible. Enfin, nous favorisons les pratiques vertueuses auprès de nos collaborateurs. Nous avons par exemple mis en place des “plans mobilité” visant à augmenter la part des véhicules électriques sur les sites, et à privilégier le co-voiturage dans les déplacements de nos collaborateurs. BASF est donc pleinement engagé dans une stratégie industrielle de management du carbone qui suppose à la fois une modification profonde du portefeuille de produits et une amélioration significative des procédés de production, démarches d’ores et déjà engagées. Nous sommes convaincus qu’il est désormais nécessaire de faire changer d’échelle la transition écologique et que les solutions résident entre les mains des industriels. Si tous les acteurs mettent en œuvre des stratégies ambitieuses, nous pouvons avoir un impact majeur sur le changement climatique et impulser les changements que nous désirons.

BASF, un Groupe ambitieux et responsable qui agit en tant que leader mondial Notre entreprise se fixe des objectifs ambitieux en matière de réduction des émissions et a déjà démontré sa capacité à les atteindre. BASF a réussi à diminuer de moitié ses émissions de GES depuis 1990, tout en doublant sa production. Nous entendons renforcer encore cet engagement avec un objectif de croissance neutre en émission de CO2 d’ici 2030. Nos sites industriels sont parmi les plus intégrés au monde, permettant d’optimiser à la fois la consommation d’énergie et de matières premières. Ainsi, grâce à la cogénération (production simultanée de chaleur et d’électricité), nous arrivons à produire 70 % de l’électricité consommée par l’ensemble du Groupe BASF. En 2018, cela a permis d’éviter l’émission de 6,3 millions de tonnes d’émissions d’équivalent CO2. Lutter contre le dérèglement climatique engage l’ensemble de l’entreprise et donc aussi ses activités et ses produits. BASF évalue Les dossiers thématiques | LE COURRIER DU PARLEMENT | 47

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Management du carbone


MANAGEMENT CARBONE

Un café neutre en carbone dès 2022 : Nespresso agit !

Malgré la praticité et la recyclabilité des capsules de café en aluminium au quotidien, leur impact environnemental est pointé du doigt depuis de nombreuses années par les consommateurs engagés. C’est pourquoi Nespresso a mis en place des filières de recyclage efficaces dès 2008 et que l’entreprise agit depuis près de 20 ans en faveur d’une agriculture durable, à l’empreinte carbone réduite. Nespresso a co­créé avec l’ONG Rainforest Alliance le Programme AAA pour une Qualité durable, un programme unique qui vise à préserver l’environnement tout en améliorant les conditions de vie des caféiculteurs. Ainsi elle réduit son empreinte carbone et compense le reste de ses émissions grâce à un programme d’agroforesterie. What else pour la suite ? l’entreprise s’engage à ce que toutes ses capsules destinées au grand public soient faites à partir d’au moins 80 % d’aluminium recyclé d’ici 2021. Enfin, un usage accru du biogaz au sein du processus de production.

Une compensation de haute qualité

Guillaume Le Cunff, CEO de Nespresso.

Un pionnier de la neutralité carbone en son domaine Si Nespresso a déjà atteint la neutralité carbone pour l’ensemble de ses opérations depuis 2017, son nouvel engagement concerne désormais toutes les émissions issues de la chaine d’approvisionnement et du cycle de vie de son café (scope 3). Sur cette dimension, Nespresso France est pionnier en étant déjà neutre en carbone depuis 2016, notamment grâce à son action de plantation de plus de 500 000 arbres par an au cœur des fermes colombiennes, au Guatemala, mais aussi en Ethiopie et en Ouganda. Cette ambition permettra d’après Guillaume Le Cunff, PDG de Nespresso, de “générer un changement positif dans le monde ”. Il s’agit de s'attaquer urgemment au sujet du changement climatique. Ainsi, au niveau mondial, “nous accélérons nos engagements pour offrir à nos consommateurs la possibilité de boire une tasse de café neutre en carbone d’ici 2022 ” affirme-t-il.

“Une diminution de 50 % des émissions carbone d’ici la fin de 2030” C’est l’un des piliers de la vision que porte Nespresso pour décarboner sa chaîne de valeurs. Parmi ses initiatives immédiates on retrouve notamment l’utilisation d’énergies renouvelables dans l’ensemble des boutiques. Vient ensuite la priorité donnée à l’économie circulaire avec l’utilisation accrue de matériaux recyclés pour ses machines, et celle d’aluminium recyclé pour ses capsules : 48 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers thématiques

Sans oublier la plantation d’arbres, qui représente à ce jour, le meilleur moyen de capter le carbone tout en protégeant les écosystèmes : une forme d’agriculture régénératrice qui a l’avantage d’offrir de nouvelles opportunités aux caféiculteurs par la vente de bois et de fruits. Les arbres apportent en effet l’ombre nécessaire pour améliorer la qualité et les quantités de café récoltées tout en prévenant les glissements de terrain comme l’érosion des sols. C’est de cette manière que Nespresso compte bien augmenter le nombre d’arbres plantés en partenariat avec PUR Projet en Colombie, au Guatemala, en Ethiopie ainsi qu’au Costa Rica.


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D’après le cofondateur de PUR Project et membre du Conseil mondial de Développement Durable de Nespresso, Tristan Lecomte, “toutes les entreprises sont sous pression pour réduire leur empreinte carbone. Et Nespresso affiche clairement sa volonté de s’attaquer à ses propres émissions de CO2 à travers ce programme de neutralité carbone ambitieux et qualitatif. Pendant que le monde entier travaille sur les innovations techniques qui permettront de réduire les émissions de carbone, il est urgent que les entreprises investissent aussi dans la séquestration de leurs émissions pour équilibrer leur bilan le plus rapidement possible. Nous sommes fiers d’accompagner Nespresso dans cette initiative depuis 2014 en plantant des millions d’arbres dans les régions productrices de café à travers le monde – en Colombie, au Guatemala et en Éthiopie – pour capter le CO2 présent dans l’atmosphère. Nous continuerons à travailler ensemble pour régénérer les écosystèmes dont nous dépendons tous ”. L’entreprise compte d’ailleurs bien travailler avec de nouveaux partenaires à court terme pour mettre en œuvre d’autres initiatives de compensation carbone certifiées Verified Carbon Standard (VCS) ou Gold Standard. Citons le soutien à la conservation des forêts et à leur gestion durable, tout comme l’investissement dans les énergies propres au sein des communautés agricoles des pays producteurs de café.

Un impact positif immédiat Dans cette même dynamique, Nespresso a bien l’intention d’investir dans des projets de conservation et de restauration des forêts afin de mettre en œuvre des solutions énergétiques propres à chaque communauté agricole. Son ambassadeur, George Clooney, témoigne : “le changement climatique est bel et bien là. Nous devons tous prendre nos responsabilités et agir rapidement. Nespresso a parfaitement compris cette urgence en accordant la priorité à la planète et à ses habitants dans toutes ses décisions. Ces ambitions et cette vision s’appuient sur un engagement en faveur du développement durable dans lequel j’ai le privilège de m’impliquer depuis plus de sept ans. J’ai été témoin des nombreux progrès que nous avons réalisés pendant cette période et je suis impatient de voir tout le bien que Nespresso va pouvoir faire au cours des dix prochaines années ”. Et pour preuve : 95 % du café Nespresso provient de fermes durables, qui rassemblent aujourd’hui plus de 110 000 caféiculteurs dans 14 pays producteurs. Ainsi, Nespresso vise à transformer le rituel du café en un engagement.

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ZOOM SUR... Le greenwashing ou discours écologique de façade, est une technique employée par certaines multinationales afin de convaincre le consommateur qu’elles protègent la planète. Le “mensonge vert” sème le doute sur l’ensemble des acteurs de l’économie alors que nombre d’entre eux, contraints ou convaincus tentent d’avancer dans la bonne direction. Comment faire le tri sans jeter la suspicion sur l’ensemble ?

Greenwashing : l’illusion des grandes multinationales

tions ou voire qui cachent des pratiques non respectueuses de l’environnement en faisant croire l’inverse. Pour se donner une bonne image sociale et environnementale, de grandes enseignes investissent des sommes colossales dans le faire-paraître écologique au risque de confondre responsabilité et marketing, d’exagérer leurs actions positives, de minimiser les aspects négatifs, de pécher par omission, voire de mentir purement et simplement !

Utiliser l’argument écologique de façon trompeuse afin de se donner une image écoresponsable. Le consommateur est dans le flou Résultat de toutes ces manipulations : le consommateur est dans le flou, il perd confiance non seulement en l’enseigne qui pratique le greenwashing, mais en bon nombre d’autres marques similaires qui se retrouvent discréditées, alors qu’elles tentent d’avancer dans la bonne direction de façon pragmatique, sans communiquer outre-mesure. Le greenwashing est donc néfaste également pour les entreprises qui ne le pratiquent pas. Difficile de déceler le vrai du faux, la marque réellement engagée de celle qui n’agit qu’avec pour seul objectif de communiquer, celui qui cherche vraiment à avoir un impact positif de celle qui ne cherche qu'à vendre plus en teintant son logo de vert !

Le “mensonge vert” ou l’art de l’illusion Changement de nom d’une marque ou d’un produit, verdissement du logo ou des emballages, arguments trompeurs : le greenwashing permet aux entreprises de redorer leur image en mettant en avant des efforts écologiques qui ne s’accompagnent pas d’ac50 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers thématiques

Des dispositifs visant à contrer le greenwashing Ces dernières années plusieurs éco-comparateurs ont vu le jour et les consommateurs, en particulier les jeunes générations, ne


Hors-série | Le climat

se laissent pas prendre ; résultat, les marques n’ont plus le choix que d’évoluer. Grâce à une application comme Moralscore, on peut choisir une entreprise sur ses valeurs. Avec Zei, le comparateur écologique des entreprises, on découvre les trois sociétés les plus engagées pour chaque secteur d’activité. L’impact santé de l'alimentation est calculé avec l’appli Yuka, qui permet de scanner des produits, les note selon 60 critères autour de trois piliers : santé, social et environnement puis suggère les alternatives correspondantes aux aspirations.

Ce n’est pas parce qu’un label est posé sur un produit de consommation qu’il faut le suivre aveuglément. Le secteur de la mode est l'un des plus polluants au monde.

L’exigence d’une démarche globale et cohérente Lorsque l’on veut engager une démarche RSE et améliorer ses processus de production, il faut bien entendu s’intéresser aux matières, à leur provenance, à leur qualité et durabilité dans le temps, mais cela ne suffit pas ! Le secteur de la mode qui est l’un des plus polluants au monde ne peut plus aujourd’hui concevoir un produit textile sans se poser la question de sa fabrication et de son impact environnemental et social à chaque étape de la chaîne de valeur. Un tee-shirt en coton bio, s’il est fabriqué par des enfants dans des conditions de travail déplorables, ne représente pas un achat responsable. Il faut absolument prendre en compte les conditions humaines et sociales dans lesquelles les produits sont fabriqués, en quelles quantités on choisit de produire, quelles substances chimiques sont employées, quel emballage est utilisé et enfin quel est le mode de transport sélectionné. Plus largement la prise de conscience écologique en promouvant la sobriété permet de lutter contre le consumérisme mimétique qui épuise nos vies et la planète.

“Le greenwashing est devenu un lieu commun trop facile” Expert de la “responsabilité sociétale” Jérôme Courcier 1 s’insurgeait, dans une tribune au “Monde 2”, contre le scepticisme face aux engagements des entreprises, “manifestation d’une confusion entre “bien moral” et “devoir envers les autres” ”. Il faisait remarquer que “lors de la Rencontre des entrepreneurs de France organisée par le Medef, une centaine d’entreprises françaises ont réaffirmé la nécessité d’engager une baisse drastique des émissions de gaz à

effet de serre (GES). Immédiatement, certains observateurs ont parlé de “greenwashing”, pointant l’écart entre les annonces faites et les engagements pris, voire les actions réalisées ”. Même suspicion lorsque l’Assemblée nationale a voté, en juillet 2020, une nouvelle aide de 45 milliards d'euros en faveur des secteurs économiques les plus touchés par la crise, tout en réclamant des engagements écologiques “forts” des grandes entreprises, notamment un rapport annuel sur leurs émissions de gaz à effet de serre. Une mesure qualifiée de “greenwashing” par les ONG environnementales.

Jugeons sur les actes, non sur les paroles.

Tout le monde sait que la transition écologique et sociale sera progressive et aujourd’hui plus de 75 % des grandes entreprises en France sont engagées dans une démarche écologique et ont pris l’initiative d’intégrer un système RSE (Responsabilité Sociale et Environnementale) dans leur politique de gestion n

Amélie Kroell

(1) Ancien responsable RSE d’une entreprise du CAC 40, est expert auprès de l’Observatoire de la responsabilité sociétale de l’entreprise /ORSE. (1) 04 octobre 2019.

Les dossiers thématiques | LE COURRIER DU PARLEMENT | 51


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CHAPITRE 4

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LA SOCIÉTÉ CIVILE DE PLUS EN PLUS ENGAGÉE POUR LA CAUSE CLIMATIQUE Les dossiers thématiques | LE COURRIER DU PARLEMENT | 53


ENTRETIEN L’action de Pierre Rabhi est née au début des années 60 de la découverte de l’agriculture biologique. Son combat s’étend aujourd’hui à un horizon plus large en dénonçant une humanité aliénée par la machine économique : un message porté par l’ONG Colibris et qui inclut la question du réchauffement climatique.

© DR

“Notre avenir doit s’inscrire en prenant en compte le réchauffement climatique” Pierre Rabhi Essayiste, paysan, conférencier et écologiste français, co-fondateur du mouvement Colibris, de l’ONG Terre & Humanisme, du Fonds de Dotation Pierre Rabhi

Son ami, le tatou, agacé, s’étonne. “Tu es fou, colibri. Comment veux-tu éteindre ce feu avec ces quelques gouttes ?” Et à l’oiseau de lui répondre : “Je fais ma part”. “Faire sa part” : c’est aujourd’hui la devise de l’ONG Colibris. Je l’ai créée en 2007 avec quelques proches dont Cyril Dion. Quelles sont ses missions ?

“Colibris” : voilà le bien joli nom que porte votre association. Quelle en est l’origine ? Connaissez-vous, chez les Amérindiens, la légende du colibri ? Les animaux, terrifiés, apeurés, voyaient la belle forêt qui les hébergeait en proie aux flammes. Chacun se sentait impuissant face au désastre. Seul l’un d’entre eux, le plus petit, tenta quelque chose. De son bec, le colibri puisait quelques gouttes pour tenter d’éteindre l’incendie.

Le Mouvement Colibris ambitionne la construction d’une société plus écologique et plus humaine : un monde qui replace l’homme et la nature au centre des préoccupations et des décisions.

ture. C’est dans l’Ardèche, où je suis toujours actuellement, que j’ai appris les rudiments du métier agricole. Cette France des Trente Glorieuses était adonnée à l’agriculture productiviste accro aux intrants chimiques. J’ai alors pris conscience du véritable poison que l’on produisait. Ce qui était destiné à nourrir toute une génération, il nécessitait un masque de protection pour le produire !

“La construction d’une société plus écologique et plus humaine.”

Et une société où chacun peut faire sa part, plus juste et soutenable. Comment avez-vous été vous-même sensibilisé à la cause environnementale ? Je suis rentré dans l’écologie par la porte de l’agriculture. Après avoir quitté mon Algérie natale, j’ai réalisé à Paris mes premiers pas dans la vie professionnelle. Un emploi d’ouvrier dans le machinisme agricole m’a conduit naturellement à l’agricul-

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Vous êtes persuadé que nous pouvons mieux vivre sans croissance. Pourriezvous en dire plus ? Comment appliquer cette frugalité au sein d’une société qui ne cesse de pousser à la consommation ? De cette première prise de conscience découle en effet plus tard ce nouveau combat. La course à la croissance agit sur l'humanité comme un véritable système carcéral.


© Terre & Humanisme

Hors-série | Le climat

moins en moins prévisible. L’agroécologie est la solution car en respectant les sols, elle respecte l’eau, l’air, la faune, la flore et la santé des êtres humains. C’est un cercle vertueux et audelà de la pratique agronomique, elle est aussi une éthique de vie. A 82 ans, comment envisagez-vous l’avenir ? Quels projets avez-vous ? Et quel legs entendez-vous laisser aux générations futures ?

Toute son existence, l’homme est enfermé : pendant sa scolarité dans un “bahut”, pendant sa vie active, dans une “boîte” … jusqu’à la dernière boîte où l’on repose éternellement. Si l’existence de l’homme se résumait en une année, elle se résumerait en quelque sorte à onze mois de coma et … un mois de réanimation ! Le monde contemporain est pour l’homme une servitude. Le capital durée de l’humanité est tout entier accaparé par le système. L’homme est advenu pour vivre et non pas pour nourrir la machine infernale du profit illimité.

dans l’histoire de l’humanité que celle que nous vivons aujourd’hui. Le réchauffement climatique a profondément bouleversé les fragiles équilibres de notre planète. Dans quelle mesure l’agroécologie présente une solution plus durable et respectueuse pour l’environnement face aux défis actuels ? Le réchauffement climatique est ce que nous redoutons le plus actuellement. Il est la conséquence de cette course effrénée à la croissance que je dénonce. Et le fonctionnement du climat est de

Mon projet est de participer, tant que je le pourrai, à l'éclairage indispensable aux actions en faveur de l’avenir durable. Je ne peux pas renoncer ! J’ai donc créé le Fonds de Dotation Pierre Rabhi pour aider à financer des projets autour de l’agroécologie et de la sécurité, de la salubrité et de la souveraineté alimentaires. Saccage de l’environnement, pollution : nous sommes dans une période suicidaire pour l’humanité. Je songe également à l’héritage que j’entends laisser aux générations futures. Mes idées et mes idéaux ont été adoptés successivement par mes enfants et même, aujourd’hui, mes petits-enfants dont l’aîné a 21 ans. De quoi avoir foi en l’avenir ! n Propos recueillis par Olivier Sourd

Il est là pour profiter des merveilles de la terre et non être asservi au PIB. Sa présence dans le monde est jubilatoire ! Et le monde où nous vivons relève bien entendu d'une totale aberration. J’ai compris très tôt cette nécessité de la protestation, ce devoir de remettre en cause le système. L’homme est aujourd’hui dans un navire dont on ne sait pas où il va. La formule “Time is money ” résume à elle seule tout le drame du monde contemporain : la vie n’est plus du temps. Elle n’est plus que de l’argent. Il n’existe pas d’aliénation plus terrible Les dossiers thématiques | LE COURRIER DU PARLEMENT | 55


Greta Thunberg : le visage de la lutte climatique

PORTRAIT

Hors-série | Le climat

© Streetsblog Denver

Elle fait parler d’elle dans tous les pays depuis plus d’un an et demi. Egérie de la cause climatique, la jeune fille oscille entre identité générationnelle et l’exagération médiatique qu’on lui prête parfois. Entre temps, elle rencontre le Pape et s’exprime devant le parlement européen. En septembre 2019, ce sera au sommet mondial pour le climat à l’ONU. Vaste programme. Ce déplacement à New-York, elle le réalisera à bord d’un voilier. Greta accompagnera ainsi dans son pays le phénomène de “flygskam”, autrement dit la honte de prendre l’avion. Ses autres déplacements, elle les effectuera en train. Ainsi à Davos, en janvier 2020, elle milite pour une fin des subventions aux énergies fossiles immédiate et non programmée.

Sonneuse d’alerte ou phénomène de mode ?

Qui est, au juste, cette Jeanne d’Arc du réchauffement climatique ? Greta s’illustre tout d’abord dans son milieu scolaire et familial comme celle qui a convaincu les autres. Devenir végane, refuser les achats inutiles ou superflus, renoncer à prendre l’avion : autant d’actions auxquelles son entourage emboîtera le pas.

L’action de Greta est souvent critiquée. On n’est pas sérieux quand on a 17 ans... et la venue de la jeune suédoise à Paris en juillet 2019 assortie d’une visite à l’Assemblée nationale lui a valu d’essuyer de nombreux reproches. D’aucuns la critiquent d’être éloignée des vérités scientifiques et de verser davantage dans l’emballement émotionnel. Certains la soupçonnent également d’être instrumentalisée par des “fabricants d’image”, des entreprises de greenwashing. Jusque dans son propre pays, on pointe du doigt un pur produit de marketing.

Très tôt, elle sera confortée dans cette vocation de “meneuse”. Greta remporte également un des ses premiers succès auprès d’un concours d’écriture organisé par un journal suédois. Les jeunes talents étaient invités à s’illustrer sur la question du climat. Puis vient la grève scolaire. Campée devant le parlement suédois, elle exige que son pays applique les réductions de CO2 prévus par l’accord de Paris. En décembre 2018, elle s’adresse à la COP24, le sommet des Nations Unies sur le changement climatique. En avril 2019, elle prend la parole devant le parlement britannique et l’été suivant, donc, à Paris, à l’Assemblée nationale. 56 | LE COURRIER DU PARLEMENT | Les dossiers thématiques

Proposée au Prix Nobel de la paix en 2019 ! Nomination aux prix du WWF et d’Amnesty International, bourse d’étude, prix Liberté de la Région Normandie, de la Ville de Montréal, d’Universités et instituts : Greta est même proposée au Prix Nobel de la Paix ! Et en 2019, elle sera faite personnalité de l’année par le Time Magazine. Cet intérêt de la presse est donc confirmé avec le magazine Nature qui la classe dans le top 10 des “catalyseurs médiatiques”. Et Forbes la désigne, toujours la même année, parmi les 100 femmes les plus puissantes du monde. Autant dire que Greta n’a pas fini de faire parler d’elle n Olivier Sourd


LA BPALC INSCRIT SON EMPREINTE CLIMATIQUE DANS L’ÉCONOMIE INNOVANTE ET SOLIDAIRE DU 21ème SIÈCLE

Au cœur du Quartier Impérial de la Ville de Metz, face à la gare, la Banque Populaire Alsace Lorraine Champagne a rénové son siège social centenaire de 25.000 m2 avec l’obtention de la certification NF HQE Haute Qualité Environnementale niveau exceptionnel grâce, notamment, à la réduction sensible des consommations énergétiques et à la densification urbaine de 5.000 m2 en cœur de ville. La BPALC accompagne également ses sociétaires et clients avec PREVair, le premier financement en France de travaux de rénovation énergétique et de qualité environnementale, créé en 1990.

ABCDE : Agir en Banque Coopérative Durable et Engagée

Banque Populaire Alsace Lorraine Champagne – Société anonyme coopérative de Banque Populaire à capital variable régie par les articles L512-2 et suivants du CMF et l’ensemble des textes relatifs aux Banques Populaires et aux établissements de crédit. Siège social : 3 rue François de Curel – BP 40124 – 57021 Metz Cedex 1 – 356 801 571 RCS Metz Société de courtage et intermédiaire en assurances inscrite à l’ORIAS n° 07 005 127.


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ON LES RECYCLE TO U T E S.

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