— Numéro sept —
L’édito du professeur Chen Sacha marche tranquillement dans cette rue qu’il connaît si bien. Il ne prête pas attention à ce qui l’entoure, tant le décor lui est familier. Sa concentration est à son comble, il s’apprête à affronter Albert, dresseur du mont-Dévaloir, dans l’arène mythique de Johto. Il tâte une fois de plus ses poches pour vérifier qu’il n’oublie rien. Après d’interminables minutes de marche, il arrive enfin au pied de l’arène, qu’il salue des yeux, comme un rituel porte-bonheur. Sacha est populaire, tout le monde le connaît, il n’est pas rare qu’on l’accoste pour lui serrer la main. D’ordinaire sympathique, il ne lève aujourd’hui pas la tête et marche tout droit, quiconque se mettrait en travers de son chemin se verrait remercié du dédain du plus grand dresseur du Bourg-Palette. Personne ne veut s’infliger l’indifférence. Personne ne viendra franchir la bulle intime de Sacha. L’arène de Johto se dessine comme un oursin géant, parfaitement rond, un demi-globe avec des centaines de protubérances triangulaires tout atour. Les gradins sont pleins, le public en émoi. Sacha se dirige vers les vestiaires, en jetant un discret regard circulaire pour intégrer l’ampleur de l’événement, que son corps trop calme n’a pas encore l’air de saisir. Il aperçoit Albert, son adversaire, qui a les yeux rivés sur son pokédex. « Personne n’est à la hauteur de Pikachu », murmure-t-il, avec toute l’incertitude du monde. Il revisse sa casquette et s’enfile dans son vestiaire. « Êtes-vous prêts à assister au plus grand match de la saison ? » crachent les haut-parleurs du stade. Son pouls commence à se faire sentir et Sacha se lève en sursaut, comme réveillé d’un mauvais rêve. Il enfile son gilet, ferme les yeux quelques instants et chemine vers le centre de l’arène, les poings serrés. En franchissant le terrain, il est ébloui et ne voit d’Albert que sa silhouette impressionnante. Son adversaire est là, les bras croisés, le regard calme. « Que le spectacle commence ». Albert n’attend pas plus longtemps et fait appel à son meilleur Pokémon ; NEO NEO. Sacha, fidèle à lui-même, appelle Pikachu, qui surgit, comme enragé, et fait face à son rival. « Neo Neo ! Attaque BLACK MOVIE ! », Pikachu se retrouve submergé d’un flot brillant de films indépendants dans des langues qu’il ne connaît pas, ce qui manque de le faire tomber à la renverse. Mais il riposte d’une de ses fameuses attaques éclaires. Neo Neo est touché. Albert fait alors apparaître Billy Ben, un pokémon feu. Billy Ben sort le grand jeu et balance une grande presse typographique. Pikachu est complètement sonné, il se relève avec grande peine. Sacha est désemparé, les pokémons de son adversaire sont inconnus de son pokédex. Et force est d’admettre que les attaques proférées contre son pikachu l’impressionnent de beauté. Albert décide d’épargner Billy Ben et appelle Andrea Heller, sans doute la plus mystérieuse de ses pokémons. Cette dernière se met à esquisser un escalier sur le sable du terrain à l’aide d’un charbon, et lorsque pikachu s’approche pour lui mettre une raclée, il se voit propulsé dans les cieux par le dessin, et ne semble pas redescendre. Sacha perd toute contenance, il se met à genou et pleure. L’audience toute entière est bouche-bée par le spectacle qui s’est déroulé sous ses yeux. Bientôt, le bruit courra qu’Albert est le plus grand des dresseurs. Bientôt, il se fera appeler Albert le spectaculaire.
Laura Morales / Janvier 2014
BASTIEN CONUS
Antagoniste n. et adj. 1. Personne, groupe, en lutte avec un(e) autre, en opposition. Qui s'oppose à ; contraire. 2. Se dit d'un organe, d'une substance qui s'oppose à l'action d'un autre organe, d'une autre substance. Dévaloir n.m. Suisse.
Ressac n.m.
1. Couloir dans les forêts de montagne, servant à faire descendre les billes de bois. SYN. : châble 2. Le Dévaloir est un fanzine lausannois d’une cinquantaine de pages de friandises oculaires, dont des portfolios d’artistes suisses, des illustrations à la pèle, une bande dessinée, une interview, des chroniques, beaucoup d’amour, un peu d’humour, le tout est GRATUIT et n’attend qu’une seule chose : se retrouver chez vous !
1. Agitation de la surface marine, résultant de l’interférence de la houle et de sa réflexion contre une côte ou contre les obstacles qu’elle rencontre. SYN. : vague 2. Le Dévaloir est édité par l’association Ressac. Cette association a été créée le 19 février 2012 par Anaëlle Clot, Laura Morales et Vanessa Besson. Elle a pour but de promouvoir les artistes suisses par le biais notamment de publications et d’événements mais également de démocratiser différents moyens d’expressions artistiques en les rendant accessibles au plus grand nombre.
Site : www.ledevaloir.ch Blog : www.ledevaloir-blog.tumblr.com Facebook : www.facebook.com / ledevaloir
N°7 ANTAGONISTE
Couverture Laura Morales
5
Raphaël Rapin
www.raphaelrapin.com
6
Sebastian Davila
www.sfnks.tumblr.com
7
Sim Ouch
www.snffnglu.com
8
Sophie Gagnebin
www.sophiegagnebin.ch
9
Stéphanie Jeannet
www.stephaniejeannet.com
10 Nicolas Wouters
www.nicowouters.blogspot.ch
11 Pierre Schilling www.pierreschilling.ch
12 Franck Doussot www.franckdoussot.com
13 Denis Martin
www.totalanimal.tumblr.com
15 Fanny Dreyer www.fannydreyer.com
16 Bastien Conus www.bconus.ch
17 Portfolio Billy Ben www.billyben.ch
32 Portfolio Andrea Heller www.andreaheller.ch
37 Lisa Voisard www.lisavoisard.ch
38 Carte blanche
Sébastien Deriaz
40 Fanny Vaucher www.fixement.com
42 Black Movie www.blackmovie.ch
46 Neo Neo
www.neoneo.ch
48 Tapisserie
www.anaelleclot.ch
50 Fix
www.asomohammadi.tumblr.com
51 Portrait
www.lauramorales.ch
52 Où trouver Le Dévaloir ?
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Bonjour, je suis Bénédict Rohrer. Quand j’étais petit garçon, on m’appelait Billy Ben. Ce nom m’est resté, et depuis 2004 je l’utilise à nouveau. Quand je ne travaille pas dans mon petit-bureau-une-place de graphiste à Fribourg, j’imprime des trucs avec ma presse. Quand je n’imprime pas des trucs avec ma presse, je fais du vélo. Quand je ne fais pas de vélo, je me promène. Quand je ne me promène pas, je regarde des trucs (jolis et moches). Quand je ne regarde pas des trucs, j’essaie de découvrir des trucs que je ne connais pas. Quand je ne découvre pas des trucs que je ne connais pas, j’écoute de la musique. Quand je n’écoute pas de musique, je lis des recettes. Quand je ne lis pas de recettes, je cuisine. Et parfois je fais ces trucs en même temps, sans ordre particulier. Et parfois je fais d’autres trucs que je n’ai pas mentionnés ici. Et parfois, je trouve le temps de mettre mes travaux récents sur mon site : www.billyben.ch
BILLY BEN ET JULIEN CHAVAILLAZ
BILLY BEN ET JULIEN CHAVAILLAZ
Andrea Heller Active depuis une dizaine d’années sur la scène artistique suisse et internationale, Andrea Heller (CH, 1975) vit et travaille actuellement à Paris et Zurich. Le propos de cette artiste pluridisciplinaire s’inspire du quotidien, révélant ses aspects sensibles par une transcendance qui relie les éléments en apparence opposés dans une énergie fluide : le solide semble fondre, les personnages se prolongent, l’air se fige dans des ballons de verre soufflés, ses sms privés deviennent phrases qui nous accompagnent. Elle titre sa monographie « Die Wurzeln sind die Bäume der Kartoffeln / The roots are the potatoes’ trees » (éd. Patrick Frey) et son exposition à davel 14 (CH) « It was nice to go wrong ». L’univers d’Andrea Heller répond d’un décloisonnement, c’est donc naturellement qu’elle collabore régulièrement avec d’autres artistes, comme Paul Harper pour les éditions « Death Disco » et « Death Jukebox » ou Max Küng dans la correspondance « Mille Feuilles », dernièrement avec Rebecca Geldard pour la publication « Holeness ». CARMILLA SHMIDT www.andreaheller.ch
Pendant des siècles, on a opposé la nature à la culture. Mais dès la fin du XIXe siècle, quelques intellectuels ont tout remis en question en quelques décennies : de La Blache le géographe, Heisenberg le physicien… Et les scientifiques n’ayant pas le monopole, les philosophes s’y sont mis : Aldo Leopold, Hans Jonas, ou encore Arne Næss. Et avec eux, c’est tout le mouvement écologiste qui est né. Et l’art dans tout ça ? J’y viens, tu n’es pas venu pour rien, rassure-toi. En parallèle des premiers scientifiques et philosophes, de rares écrivains s’attaquent à cet antagonisme nature-culture. Dans « The Waste Land », par exemple, T. S. Eliot est un des premiers à se lâcher à propos de la culture de notre « civilisation moderne » : une terre déserte, stérile, morcelée. Heureusement, les écrivains et autres poètes ne se sont pas contentés de cette situation insatisfaisante. Il faut désormais panser la plaie. Et là, mon cœur de tree hugger s’est emballé pour une Écossaise, Kathleen Jamie. Je vais te parler d’un poème, « The Wishing Tree », et de deux nouvelles, courtes mais efficaces, Aurora et Pathologies. Dans « The Wishing Tree », un arbre nous parle. Jamie lui prête sa plume, elle lui donne un corps et nous transmet sa pensée… En une pincée de mots, qu’on sent choisis avec minutie, elle parvient à créer une atmosphère paisible, au creux d’une vallée verte sous le vent. On se sent immédiatement serein, loin du brouhaha de la ville. Puis tout bascule : on vient planter des petits pennies de bronze dans son tronc. C’est la tradition pour réaliser un vœu. Les consonnes occlusives font écho aux coups qui lui sont portés, les pièces qui s’accumulent sont autant de secrets que l’arbre conserve. Avec le temps, ses blessures cicatrisent, les pièces de bronze s’oxydent, verdissent et s’effacent, elles se fondent dans les couleurs du paysage. Alors qu’il étouffe, empoisonné par une tradition, notre culture, regarde : il est toujours en vie – en fait, il bourgeonne. Au fil de ce poème, elle parvient non seulement à faire coexister nature et culture, mais aussi à les rendre indissociable l’un dans l’autre. Le lecteur est planté là, il assiste à la scène. Il imagine, il entend et ressent. Dans Aurora et Pathologies, l’auteure récidive, mais en prose cette fois : dans un texte comme dans l’autre, les mois glissent et ravissent, forment une mélodie d’une unité exemplaire… Ces deux nouvelles, courtes mais efficaces, emmènent le lecteur que tu seras – je le souhaite – dans deux voyages aussi identiques qu’opposés. Une relation curieuse, comme celle que, d’ailleurs, la culture continue d’entretenir avec la nature. Dans le premier, tu tourneras ton regard vers la nature, vers l’extérieur, vers l’immensité immaculée de l’Arctique. Pleine d’esprit, Jamie joue avec le son et la lumière, multipliant les métaphores, associant l’Homme à l’animal, la technologie à un phénomène naturel, et vice versa… si bien que les deux ne font plus qu’un. Dans Pathologies, le mouvement s’inverse : à travers un microscope, haut symbole de la science, tu tourneras ton regard vers la nature humaine, vers l’intérieur. Dans ce mouvement, elle projette les paysages, la nature, sur cet intérieur. Elle les compare, multipliant là aussi les métaphores pleines d’esprit. Avec son écriture, Jamie redonne vie à la nature, intrinsèquement liée à notre Nature. Et nous qui croyions la nature inerte, opposée à la culture. Amis artistes, à qui le tour ? Kathleen Jamie, The Tree House, Picador, 2004. Kathleen Jamie, Sightlines, Sort of Books, 2012.
SÉBASTIEN DERIAZ
BLACK Les objectifs fixés à l’époque, les avez-vous atteint ?
© CHERCHER LA PELLICULE À TAIPEI
Black Movie souffle cette année ses 15 bougies de lanterne magique. L’occasion de faire le point avec Kate Reidy et Maria Watzilawick, le binôme qui gèrent en main de maître la programmation et la direction du festival. Rencontre. Parlez-nous des débuts, en 1999 : Maria Watzlawick : Black Movie était auparavant un festival consacré essentiellement au cinéma et à l'art africain. Lorsqu’on l’a repris avec Virginie Bercer, nous avons recentré sur le cinéma. On a ensuite progressivement ouvert sur d'autres pays : d'abord l'Afrique du nord, puis le moyen orient, l’Amérique du sud et enfin sur l'Asie depuis 2004, 2005. Depuis, Virginie est partie et c’est Kate Reidy qui est à mes côtés.
Kate Reidy : Nous n’avions pas vraiment d'objectifs au début, ça s’est passé de façon beaucoup plus organique, on a simplement suivi nos envies et les opportunités qui s’offraient à nous au fur et à mesure. C'est progressivement, intuitivement presque, que nous avons fait avancer le festival. Ce n'est qu'à partir du moment où on a commencé à avoir une certaine audience qu'on s’est formulé des objectifs. Car le festival est devenu un rendez-vous important au niveau du cinéma d'auteur mondial. M. W. : la seule chose qui est restée permanente, c'est le fait de montrer des films qui ne sortent pas en Suisse. Comme un point de départ qui est resté à travers toutes ces années : c'est de largement privilégier ces films-là, qu'on ne voit pas. Ce sont des films qui n'ont aucune place, ou très peu dans l'industrie du cinéma. Et de moins en moins au fil des années qui passent. Justement, ils ne sortent pas au cinéma, mais arrive-t-il que des distributeurs vous contactent après le festival ? K. R. : Non. ll n'y a pas de place pour que ce genre de choses se déroule de manière aussi directe. II faut savoir que l'industrie du cinéma est très bouchée, particulièrement lorsqu'on parle de cinéma d'auteur… On est soumis à une très forte pression économique, les salles sont obligées de garder un film à l'affiche s'il marche bien, ou de l'enlever au contraire s'il a moins de succès. Ils ont par ailleurs des accords avec
MOVIE des entités commerciales internationales qui leur fournissent des films en « pack », ils ne les choisissent donc pas, et sont tenus de les diffuser ou du moins en partie.
Par contre je pense qu'on contribue à faire connaître un certain type de cinéma grâce aux films qu'on présente ici. A familiariser le public avec ces films d'autres provenances et donc à encourager les distributeurs à être moins frileux dans les choix qu'ils opéreraient ensuite. Chaque année, vous articulez votre festival par thématiques. Comment les choisissez-vous ? K. R. : En fonction des films. On part en prospection dès la fin d'une édition en vue de la suivante. D'abord sans parti pris et sans forcément d'idées préconçues. C'est un petit peu en fonction de ce qu'on va voir, des liens que nous faisons entre les films que nous voyons et les tendances qui se dessinent. Après on décide de les reconnaitre ou pas, de les inventer ou de suivre des questions de provenances. Dans ce dernier cas, c'est plutôt un travail de chercher quelle connexion on peut trouver et comment on peut la mettre en valeur. Il y a en fait énormément de façons d'organiser une programmation avec les mêmes films. Tout dépend ce que l'on veut souligner. Est-ce que vous avez des critères précis, au niveau formel ? M. W. : C'est à la fois extrêmement large et extrêmement exigent : ce sont des films d'auteurs, des films qui sont très novateurs en terme de forme, qui sont le moins « mainstream » possible. Après, ce sont des films de tous genres, de tous formats de toutes longueurs. Nous avons pas mal
de courts et de moyens métrages cette année. Ce sont vraiment des films d'auteur indépendants. K. R. : Le terme « mainstream » est peut-être un peu dur, je dirais plutôt qu’ils soient le moins formatés possible. Qu’ils ne soient pas fabriqués à l'identique comme beaucoup de films le sont, qu'ils aient vraiment une originalité soit dans le propos, soit dans la forme, ou dans les deux. Cela n'exclu pas qu'il y ait des films très grand public et avec de très gros budgets. Des films à gros budget, ça reste des films indépendants ? M. W. : ce qu'on entend par « indépendant » regroupe aussi le simple fait qu'ils ne sortent pas en Suisse. Nous présentons des films de genre coréens, ce sont des films qui cartonnent en salle dans leur pays, on pourrait dire qu'ils sont « mainstream » là-bas et ici on ne les voit pas du tout. Est-ce que vous avez constaté une tendance, une vague dans le cinéma indépendant actuel ? K. R. : Oui, il y a tout qui change tout le temps. (rires) M. W. : Oui, c'est très facile de nos jours d'avoir une caméra, ce qui fait qu'il y a une multiplication des choses qui se produisent. Il y a donc beaucoup de films qui n'existaient pas forcément avant, des petits projets qui étaient restés au stade d'essais cinématographiques sont maintenant plus faciles à produire et réaliser. Ils sont extrêmement intéressants dans ce que ça raconte.
K. R. : Je dirais qu'il y a une baisse de la qualité de manière générale. Une perte de savoir faire, une perte de culture, tout simplement, de connaissance de ce qu'est le cinéma et de ce qu'il a été. D'un côté on peut saluer et se réjouir de la facilité avec laquelle les gens peuvent faire des films aujourd'hui, car beaucoup de gens ont compris comment ça fonctionnait. Par contre, des grands films, des œuvres solides et abouties sont de plus en plus rares.
Pensez-vous que le cinéma indépendant a une plus grande place qu'auparavant ?
Avez-vous l'impression qu'avec l’avènement d'internet et la mondialisation, tout se ressemble ?
M. W. : Du noir au rose (rires). On termine une convention sur 4 ans avec la ville et l'état, on est en train de renégocier pour les 4 prochaines années. ça va énormément dépendre de leur réponse et vu la crise, c'est pas très joyeux.
K. R. : Oui. Mais ce n’est pas forcément négatif, les idées circulent, les manières de raconter circulent, ça peut produire des choses intéressantes. Bien sûr qu'il y a une uniformisation. Mais on constate qu'il y a encore énormément de différences culturelles très marquées entre un endroit et un autre, malgré ce qu'on veut bien en penser. Vous ne présentez pas beaucoup d'artistes suisses… M. W. : Non, parce que ce sont des films qui sortent déjà en Suisse. Que ce soit à Soleure, Locarno ou ailleurs. A priori tous les long métrages et documentaires sortent en salle ou en TV en Suisse. Justement, le cinéma suisse, qu'en pensez-vous ? M. W. : Les films suisses sont plus formatés, selon moi. Le cinéma suisse est très assisté, très accompagné, ce qui abouti souvent sur des films très mainstream. Dans un pays très riche comme le notre, les gens vont d'abord tenter de réunir les moyens nécessaires avant de produire quelque chose. Alors qu'ailleurs, parfois, il n'y a aucun soutien financier à attendre, si les gens veulent faire, ils le font tout de suite. Ça crée une dynamique plus vivante que d'attendre des subventions et de l'assistance.
M. W. : En tout cas pas dans les salles suisses. Quand on regarde les statistiques, il y a environ 80% de films américains, peut-être 15% de films francophones et environ 4% consacrés au cinéma du reste du monde. Comment voyez-vous l'avenir de Black Movie ?
K. R. : Rien n'est sur, chaque édition, c'est un tour de force pour réussir à la monter. D'un côté ce qui est réjouissant, c'est que la pertinence et l'intérêt de ce genre d'événement à tendance à s'accroître. C’est d’autant plus important que ça existe, ça devient de plus en plus justifié et précieux et dans ce sens là, c'est quelque chose qui est gratifiant et stimulant. C'est à dire qu'on essaie de contribuer à ce que ces films puissent trouver un public et qu'ils favorisent l'élévation de l'esprit. M. W. : Les retours des médias, qui sont quand même extrêmement positifs, ça fait du bien de temps en temps (rires). Mais aussi le retour du public et surtout celui des cinéastes. C'est très important pour nous, car ce sont des cinéastes qui voyagent souvent dans l’Europe entière, dans d’énormes festivals comme Canne, Venise ou Berlin et qui, en venant ici, nous disent « ah, enfin ! Ici, on parle du cinéma ! » On touche au cœur de quelque chose d'essentiel et on arrive à le préserver. C'est sur qu'au long de l'année on est confrontés aux questions d'argent et aux difficultés et on perd cette vue là, celle du festival lui-même, on ne tiendrait pas sans ça. www.blackmovie.ch LAURA MORALES
NEO
Neo Neo est un studio de communication visuelle basé à Genève et composé de Thuy-An Hoang et Xavier Erni, anciens étudiants à la Head et passionnés de design. Évoluant dans différents domaines du design graphique, ils sont également responsable de la communication visuelle du festival Black Movie depuis trois ans. C'est d'ailleurs après avoir grandement apprécié le design graphique des précédentes éditions de ce festival que nous avons décidé d'aller à leur rencontre ! Ils nous ont volontiers accordé un peu de leur temps pour nous en dire plus sur leur parcours, leur travail et leurs rêves !
NEO
Quelle est la genèse du projet Neo Neo ? Nous nous sommes connus à la Head (Haute école d'art et de design, Genève), on faisait les mêmes études en communication visuelle. Nous avons ensuite vécu à Paris où nous avons pu travailler sur des projets communs et lorsque nous sommes revenus en Suisse, nous avons tout de suite eu l'opportunité de pouvoir s'installer dans cet atelier (atelier La Fonderie à Carouge). Du coup, nous avons eu l'idée de créer Neo Neo. Ça fait environ quatre ans que nous travaillons ensemble. Vous faites aussi bien de l'édition que de la photo, de la typographie ainsi que la conception de sites internet. Pourquoi cette envie de polyvalence ? La polyvalence vient probablement du fait que notre formation était assez pluridisciplinaire, on nous poussait à faire de tout ! Graphisme, photographie, sites internet etc… En plus, quand on rentre dans la vie active, on a envie d'explorer différentes choses, c'est pourquoi au début nous avons voulu faire un peu de tout dans la plupart de nos projets personnels. Toutefois, on ne vend jamais nos services en tant que photographes. De plus, ce qui est motivant dans un métier comme celui-ci c'est d'avoir la possibilité de ne pas tout le temps faire la même chose et de pouvoir varier son activité afin que le travail ne devienne pas trop ennuyeux. Comment faites-vous pour trouver un équilibre entre les besoins du client et votre sensibilité artistique ? On essaie toujours de trouver une « idée juste ». En d'autres termes c'est une idée qui plaira autant au client qu'à nous. Pour cela, il faut faire des compromis et s'éloigner au fur et à mesure de l'avancement du projet d'une idée de départ. Le fait d'avoir beaucoup de projets en lien avec le milieu culturel nous facilitent aussi la tâche car si nous avions plus de clients commerciaux avec des chartes graphiques bien établies, on pourrait pas autant se faire plaisir.
Pouvez-vous nous raconter comment a débuté votre collaboration avec le festival Black Movie ? Après avoir changé de graphiste, le festival a fait une mise au concours en demandant à plusieurs studios de communication visuelle de leur soumettre des projets en lien avec le festival. Notre proposition n'a pas été retenue mais ils nous ont rappelés l'année suivante pour nous proposer de travailler avec eux. Donc c'est après un échec que l'on a eu le mandat. Partez-vous toujours d'une thématique lorsque vous créez une nouvelle identité visuelle pour le festival ? Ça dépend des années, parfois elles (directrices du festival) nous proposent un thème qui reste très vague et adaptable et parfois comme cette année, nous avons carte blanche ! En général, nous travaillons avec des images car c'est une volonté des programmatrices. Etant donné que c'est un festival de film, il faut qu'il y ait un rapport à l'image. Pour les deux précédentes éditions, nous nous sommes beaucoup inspirés du cinéma asiatique mais pour la dernière on voulait faire en sorte qu'il y ait un contraste entre deux couches. La première couche est représentée par une affiche de publicité déchirée et la deuxième couche en dessous, représente Black Movie avec un aspect un peu brut et rugueux. Existe-t-il un projet que vous rêveriez de faire ? Un beau livre… mais ça reste dans le domaine du possible. www.neoneo.ch VANESSA BESSON
Le Dévaloir est disponible ici :
Rue du Maupas 4 Lausanne
Route de Genève 57 Lausanne
Escalier du Grand-Pont 5 Lausanne DELICIEUX STREET STORE
Escaliers du Grand-Pont 5 / Lausanne www.delicieux.co
Rue Rouvenettaz 1 Montreux
4 Place des Volontaires Genève
Rue Centrale 16 Lausanne
Place de l'Europe 1A Lausanne
Rue de Bourg 51 Lausanne
Cheneau-de-Bourg 4 Lausanne
Rue du Four 7 Yverdon-les-Bains
Rue de Lausanne 27 Fribourg
15 Rue Jean Macé Paris
Avenue de Rumine 4 Lausanne
Place de la Riponne 6 Lausanne
Av. des Sports 5B Yverdon-les-Bains
Rue du lac 22 et 35 Vevey
Rue Davel 14 Cully
Av. Plantaud 122 Monthey
32 Rue des Francs-Bourgeois Paris
Merci à nos lecteurs pour leur soutien sur wemakeit.ch ainsi qu'à la Fondation Sandoz.
LE DÉVALOIR EST IMPRIMÉ EN OFFSET À 700 EXEMPLAIRES CHEZ CRIC PRINT SOCIÉTÉ COOPÉRATIVE.