Le Fil 31 janvier 2013

Page 1

La troupe de théâtre Les Treize lance sa saison hivernale avec Mesure pour mesure, une pièce de Shakespeare jouée sur une trame sonore pop. p11

Volume 48, numéro 17 31 janvier 2013

Un bain de bactéries ?

Fréquenter un spa favorise la santé et le bien-être… sauf quand on néglige de changer l’eau. Bonjour Legionella et Pseudomonas ! p6


2

actualités

en bref

le fil | le 31 janvier 2013

Qui veut s’occuper des maladies orphelines ? Le professeur Jacques P. Tremblay souhaite une mobilisation internationale pour lutter contre 10 000 maladies héréditaires rares par Jean Hamann

Halldór Ásgrímsson, chef du Conseil nordique des ministres.

Visite d’un ancien premier ministre de l’Islande Quels grands enjeux se dessinent pour les pays nordiques ? À quoi ressemble le modèle scandinave de développement économique et social ? Comment le Québec et le Canada peuvent-ils collaborer avec ces pays du froid ? Voilà les questions qui seront abordées par Halldór Ásgrímsson, ancien premier ministre de l’Islande, lors de la conférence qu’il donnera ce jeudi sur le campus. Le politicien de 65 ans est aujourd’hui secrétaire général du Conseil nordique des ministres, un organisme qui prône la coopération entre huit États de la grande Scandinavie. Il est en visite au Québec pour se familiariser avec l’expertise locale en développement durable, changements climatiques et affaires autochtones. À l’Université, il rencontrera notamment le directeur scientifique d’ArcticNet, Louis Fortier, et du Centre d’études nordiques, Warwick Vincent, ainsi que le recteur Denis Brière. Il sera aussi reçu par le gouvernement du Québec, avec lequel il signera une déclaration d’intention de collaboration dans le domaine du développement nordique durable.

Grâce à la génomique, on connaît maintenant la cause de 10 000 maladies héréditaires attribuables au mauvais fonctionnement d’un seul gène. De la cause à la guérison, il n’y a qu’un pas qui pourrait être franchi par l’intermédiaire de la thérapie génique. « Si la recherche sur les maladies héréditaires monogéniques bénéficiait d’un soutien financier adéquat, il serait possible de trouver un traitement pour la plupart de ces 10 000 maladies d’ici 20 ans », affirme Jacques P. Tremblay, professeur à la Faculté de médecine et président de l’Association de thérapie génique du Québec. Le hic est que les fonds de recherche alloués à ce domaine sont faméliques. « Il s’agit essentiellement de maladies rares, comme l’ataxie de Friedreich ou la dystrophie musculaire de Duchenne, auxquelles les

compagnies pharmaceutiques ne s’intéressent pas parce que le marché pour un éventuel traitement ne serait pas rentable. C’est pour cette raison qu’on les décrit comme des maladies orphelines. Le financement des travaux provient essentiellement de petites fondations mises sur pied par les proches des malades », précise le spécialiste, membre du Centre de recherche du CHUQ. Le professeur Tremblay veut que les choses changent. Il a donc mobilisé 50 autres chercheurs qui publient avec lui, dans le dernier numéro de la revue Molecular Therapy, un plaidoyer pour la création d’un consortium international qui disposerait de moyens à la mesure de ce défi. « Ce serait l’équivalent du projet Apollo qui nous a permis d’aller sur la Lune. On pourrait améliorer la qualité de vie de tous ces

malades et les technologies développées en cours de route créeraient des retombées pour les entreprises de biotechnologie. » La thérapie génique a déjà commencé à livrer des résultats pour quelques-unes de ces maladies, assure-t-il. Des enfants atteints d’hémophilie ou de cécité héréditaire auraient complètement guéri à la suite d’une thérapie génique. Le même succès aurait été remporté avec des enfants-bulles souffrant

«

Ce serait l’équivalent du projet Apollo qui nous a permis d’aller sur la Lune

d’une déficience immunitaire héréditaire. La plupart de ces traitements reposent sur des cellules souches provenant du malade qui sont modifiées in vitro avant de lui être transplantées par l’intermédiaire de virus. D’autres avenues visant la réparation in vivo du gène défectueux sont aussi explorées. Comme on ne peut espérer d’investissements de la part des compagnies pharmaceutiques, il appartient aux gouvernements des pays industrialisés de soutenir la recherche sur ces maladies, estime le professeur. « Le Canada devrait consentir un financement particulier à la recherche sur les thérapies géniques, comme il l’a fait il y a quelques années pour stimuler le développement de la génomique. » Les signataires du plaidoyer et les chercheurs intéressés par cette cause se rencontreront en mai prochain à Salt Lake City en marge du congrès de l’American Society of Gene and Cell Therapy. Ce rassemblement, qui servira à jeter les bases du consortium, sera déterminant pour l’avenir du projet.

Jeudi 31 janvier à 17 h, au local 2320-2330 du pavillon Gene-H.-Kruger.

Portes ouvertes à l’Université Plus de 4 000 futurs étudiants de toutes les régions du Québec sont attendus ce samedi à l’Université pour assister à la journée portes ouvertes. Une occasion unique de découvrir les 400 programmes d’études offerts, de parcourir les lieux et d’échanger avec les gens. Près de 40 kiosques d’information permettront aux visiteurs d’en savoir plus sur les études et les services. Il y aura aussi des visites guidées des principaux coins du campus et des conférences sur divers sujets, comme la mobilité internationale. En prime : accès gratuit au réseau sans fil. Samedi 2 février de 10 h à 16 h, sur le campus. ulaval.ca/portesouvertes

Journée carrière en sciences humaines La 2e édition de la Journée carrière en sciences humaines se tiendra ce mercredi au pavillon Charles-De Koninck. Les étudiants en sciences sociales, lettres, philosophie et théologie sont invités à venir explorer les possibilités d’emplois liées à leur champ de compétences. Près de 30 employeurs sont attendus. Mercredi 6 février, de 11 h à 16 h, dans l’atrium du pavillon Charles-De Koninck.

L’Américain David Vetter, dit Bubble Boy, a dû passer sa vie dans un environnement stérile à cause d’une déficience immunitaire. Il est décédé en 1984 à l’âge de 12 ans. Aujourd’hui, la thérapie génique offre de nouveaux espoirs aux enfants-bulles.

On peut le lire en ligne au www.lefil.ulaval.ca et s’abonner gratuitement à un avis de parution électronique. Écrivez-nous ! Le Fil accueille vos idées avec plaisir.

Le journal de la communauté universitaire Fondé en 1965, Le Fil est un hebdomadaire publié 30 fois par an par la Direction des communications de l’Université Laval et distribué gratuitement sur le campus.

Les lettres destinées au courrier des lecteurs – 400 mots maximum – doivent nous parvenir au plus tard le vendredi midi précédant la parution, à l’adresse le-fil@dc.ulaval.ca. Le contenu de ce journal peut être reproduit à condition de mentionner la source et l’auteur. Rédaction Éditrice : Hélène Côté, directrice des communications

Rédactrice en chef : Mélanie Saint-Hilaire Journalistes : Jean Hamann, Renée Larochelle, Yvon Larose Journaliste nouveaux médias : Julie Picard Collaborateurs : Martine Frenette, Pascale Guéricolas, Stéphane Jobin Rédactrices-réviseures : Anne-Marie Lapointe, Manouane Théberge Secrétaire à la rédaction et recherchiste photo : Josée Nadeau Production Infographie : Léa Robitaille, Service de reprographie de l’Université Laval Impression : Les Presses du Fleuve, Montmagny (Québec)

Ventes publicitaires Élisabeth Farinacci 418 656-2131 poste 4618 Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec, ISSN 022-1-1965 Pour nous joindre 2325, rue de l’Université, local 3108 Québec (Québec) G1V 0A6 Téléphone : 418 656-2131 poste 4687


actualités

le fil | le 31 janvier 2013

3

«

C’est bien beau les gestes individuels, mais la solution sera forcément collective, donc politique

Un plateau de glace se fracture sur cette photo prise en 2008 sur l’île Ward Hunt, dans l’océan Arctique. photo Denis Sarrasin

Politiques tièdes sur un enjeu chaud À défaut de s’entendre sur une réduction des émissions de gaz à effet de serre, les États sont contraints à se préparer au pire par Jean Hamann Pendant 4000 ans, le nord de l’île d’Ellesmere, au Nunavut, a été bordé par des plateaux de glace formés par la patiente accumulation d’eau de mer gelée et de neige. Au début du 20e siècle, ces plateaux couvraient 8900 km 2, soit 18 fois la taille de l’île de Montréal. Aujourd’hui, à peine 5 % de cette superficie subsiste. Aux yeux du directeur scientifique du Centre d’études nordiques, Warwick Vincent, il ne fait pas de doute que la disparition de ces zones et des écosystèmes qui en dépendaient concorde avec l’hypothèse d’un changement climatique accéléré à l’échelle planétaire. « C’est la même chose

dans le Nord du Québec où le réchauffement est sept fois plus élevé que ce qu’on observe à l’échelle du globe », ajoute-t-il. Que faire devant ce bouleversement mondial du climat ? Le 1er février, lors du Sommet de l’hiver, le professeur Vincent et son collègue du Département de science politique, Thierry Rodon, participeront à une table ronde ayant pour thème « Solutions à la crise climatique : que nous dit la science ? ». Les deux chercheurs feront alors valoir que la science ne laisse planer aucun doute sur ce qu’il convient de faire – réduire la concentration de gaz à effet de serre dans

l’atmosphère –, mais que, malheureusement, c’est la politique qui mène. « C’est bien beau les gestes individuels, mais la solution sera forcément collective, donc politique », souligne le professeur Rodon. Comme il n’y a pas d’entente internationale en vue, de nombreux pays ont opté pour une politique d’adaptation qui consiste à se préparer à affronter les soubresauts du climat. Pareilles mesures sont particulièrement urgentes dans le Nord où la hausse des températures sévit déjà avec véhémence. Selon le professeur Vincent, il faudrait créer dès maintenant des parcs et des zones de conservation en territoires nordiques pour limiter les stress qui menacent ces milieux et pour fournir des refuges aux espèces vulnérables. La suggestion surprend considérant que la presque totalité de ces vastes territoires est encore à l’état sauvage.

« C’est justement pour cette raison qu’il faut agir tout de suite, fait-il valoir. Ce sera beaucoup plus difficile dans 50 ans, si on en juge par le rythme auquel le Nord se développe. » Par ailleurs, le biologiste estime qu’il faut intervenir immédiatement pour limiter les répercussions du réchauffement climatique sur les collectivités nordiques, qu’il s’agisse de protéger les sources d’eau potable et la faune ou encore les aéroports, les routes et les habitations menacés par la fonte du pergélisol. Les peuples du Nord ne pèsent pas lourd dans l’équation internationale, constate le professeur Rodon. « Pour les Inuits, le réchauffement est surtout synonyme de problèmes. Ils ne reconnaissent plus leur environnement, les bons lieux de chasse, les passages sécuritaires sur les glaces. C’est une attaque à leur mode de vie traditionnel. » Les pays dont l’économie carbure à l’exploitation des ressources d’hydrocarbures fossiles hésitent à s’engager dans des ententes qui nuiraient à leur prospérité économique, surtout quand leurs voisins se montrent tout aussi réticents qu’eux à le faire. « Pour que les choses changent, il faudrait que les coûts économiques du réchauffement climatique dépassent les bénéfices du statu quo pour la plupart des pays, résume le politicologue. Avant qu’il y ait un consensus international, il faudra donc que les choses aillent beaucoup plus mal que maintenant, ce qui risque de prendre du temps. » Vendredi 1er février à compter de 11 h 30, à la salle Jean-Paul-Tardif du pavillon La Laurentienne. Entrée gratuite, mais réservation obligatoire sur le site www.davidsuzuki.org/sommetdelhiver.

Des neurones pour sauver des neurones La cartonnerie Norampac finance une bourse de recherche sur la maladie d’Alzheimer par Martine Frenette C’est lors de la Journée annuelle de sensibilisation à la maladie d’Alzheimer, tenue le 27 janvier dernier au pavillon AlphonseDesjardins, que la première bourse Norampac sur la maladie d’Alzheimer – Faculté de médecine de l’Université Laval a été remise. Cette enveloppe de 25 000 $ a été décernée à Maya Dickler. L’étudiante au doctorat en neurobiologie, qui travaille sous la supervision du professeur Emmanuel Planel, examine les effets de l’anesthésie générale et de la chirurgie sur

les biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer. Plus spécifiquement, elle se penche sur la protéine tau, impliquée dans la dégénérescence des neurones. « Cette bourse couronne mon travail des cinq dernières années, affirme la lauréate avec fierté. Elle me permettra de conduire des expériences additionnelles et d’en présenter les résultats lors de congrès internationaux. Elle m’inspire à m’engager encore plus dans la recherche sur la maladie d’Alzheimer, qui affecte tellement de familles canadiennes. »

Grand manufacturier de cartons-caisses, Norampac a permis la création du Fonds de recherche et de développement sur la maladie d’Alzheimer par un don de 100 000 $. Cette donation est à la source de la bourse annuelle qui vient d’être décernée pour la première fois. « Il est rassurant et motivant de constater l’engagement d’entreprises comme celle-ci, souligne le vice-doyen à la recherche et aux études supérieures, Michel J. Tremblay. En choisissant d’appuyer la Faculté de médecine, Norampac témoigne de son souci d’influencer notre avenir en santé en collaborant à la formation de l’expertise de demain. » Lors de la Journée de sensibilisation, la Société Alzheimer de Québec a aussi octroyé une subvention à

Rémi W. Bouchard, professeur agrégé de clinique au Département de médecine. Le neurologue a prononcé une conférence ayant pour titre « La maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées : tout ce qu’il faut savoir, de la recherche aux impacts quotidiens ». Il a également profité de l’occasion pour présenter un bilan des recherches de plusieurs de ses collègues qui se consacrent à ce sujet. François Rousseau, professeur agrégé de clinique au Département de psychiatrie et neurosciences, a aussi fait un exposé sur « L’impact psychologique et comportemental de la maladie d’Alzheimer ». La Journée s’est terminée par une période de questions. Près de 600 per- La boursière Maya Dickler est entourée de Martin P. Pelletier, de sonnes sont venues entendre Norampac, et de Michel J. Tremblay, vice-doyen à la recherche de la Faculté de médecine. photo Louise Leblanc ces spécialistes.


4

actualités UL

en bref Départ du président de l’ÆLIÉS L’Association des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures (ÆLIÉS) est présentement à la recherche d’un nouveau président. Les personnes intéressées par le poste ont jusqu’au vendredi 8 février à midi pour poser leur candidature. Elles doivent remplir un formulaire, lequel doit être ratifié par 10 membres de l’ÆLIÉS, dont 2 de ses officiers ou administrateurs. Le président coordonne et voit à la bonne marche de l’ensemble des activités. Il est le principal représentant et porteparole de l’Association. L’élection aura lieu le 13 février lors de la séance du conseil d’administration de l’ÆLIÉS. Pour information : Roula Hadchiti, sg@aelies. ulaval.ca.

Colloque en développement international La section locale de l’organisme Entraide universitaire mondiale du Canada organise un colloque grand public en marge de la Semaine de développement international, qui se tient du 4 au 8 février. Les auditeurs pourront notamment entendre les conférences de la Congolaise Marie Katawondwa, présidente de l’Action communautaire pour l’éducation, la santé et le développement intégré en milieu rural, et de Diana Nungaray Giacinti, étudiante à l’Université, qui parlera de l’éducation des jeunes filles au Mexique. Ces moments de réflexion seront suivis de la performance d’un artiste qui récitera des poèmes. Le lundi 4 février, de 15 h 30 à 17 h 30, à la cafétéria ouest du pavillon Alphonse-Desjardins.

Pecha Kucha des auteurs Les membres du Centre interuniversitaire de recherche sur les lettres, les arts et les traditions (CÉLAT) ont trouvé une manière originale de présenter les livres issus de leurs recherches. Ce vendredi, ils tiendront une présentation Pecha Kucha. Chaque conférencier introduira son ouvrage en 20 images qui dureront 20 secondes chacune, ce qui donnera un court exposé de moins de 7 minutes. Les auteurs sont tous publiés depuis juin dernier. Parmi eux se trouvent Réginald Auger (Histoire du Nord du Québec), Célia Forget (Vivre sur la route) ainsi que Yvan Leanza et Camille Brisset (Adaptation et socialisation des minorités culturelles en région). L’activité se terminera par un cocktail avec bouchées.

le fil | le 31 janvier 2013

De Port-au-Prince à Québec Depuis le séisme de 2010, une trentaine d’étudiants haïtiens ont poursuivi des études de maîtrise à l’Université Laval par Yvon Larose « À l’Université Laval, j’apprécie énormément l’organisation de l’enseignement, la dimension recherche-action, la Bibliothèque, les laboratoires de recherche, la vie étudiante, ainsi que l’ambiance d’interculturalité. » De toute évidence, l’étudiant haïtien Jean Sergo Louis ne regrette aucunement sa décision d’être venu terminer son mémoire de maîtrise en histoire, mémoire et patrimoine à l’Université Laval. Arrivé cet automne, il vient d’entreprendre sa deuxième et dernière session sous la supervision du professeur d’histoire Laurier Turgeon. Son sujet de recherche ? La mémoire plurielle des objets recyclés à Port-au-Prince : entre marginalité et construction identitaire. Jean Sergo Louis détient un diplôme de premier cycle en anthropologie et sociologie de l’Université d’État d’Haïti. S’il n’a pu terminer ses études de maîtrise chez lui, c’est à cause du terrible séisme du 12 janvier 2010 qui a fait plus de 300 000 morts. De très nombreux bâtiments ont été détruits, dont 10 des 13 bâtiments de l’université située à Port-au-Prince. « Trois obstacles m’ont obligé à poursuivre mes études à

l’étranger, explique-t-il. Ce sont le manque de bibliothèques, l’absence de laboratoires et le manque de professeurs spécialistes dans mon domaine d’études. » Selon lui, l’Université Laval était un choix logique. « C’est le meilleur endroit pour développer ses compétences dans les études du patrimoine et de la mémoire, compte tenu de ses laboratoires, de ses projets de recherche et du cumul de ses spécialistes. » Le jeune homme entend poursuivre ses études au doctorat, et même jusqu’au postdoctorat. Faire carrière comme professeur universitaire est son objectif. « Je voudrais également fonder avec d’autres collègues une société haïtienne des sciences sociales et humaines. » Jean Sergo Louis fait partie de la cohorte 2012-2013 des étudiants venus de la Perle des Antilles terminer leurs études de maîtrise dans de bonnes conditions à l’Université Laval. Il s’agit du troisième groupe depuis 2010-2011. L’Université a accueilli à ce jour une trentaine de ces ressortissants, habituellement pour six mois. Ils sont tous encadrés par des professeurs qui dirigent leurs travaux.

Les 15 étudiants qui composent la cohorte 2012-2013 ont tous obtenu des bourses d’études, notamment du Bureau canadien d’éducation internationale. Les deux tiers sont inscrits en patrimoine et tourisme culturel, ou en éducation. Cinq ont reçu une bourse de leadership et développement durable de l’Université Laval. Ces derniers étudient en droit, en administration des affaires, en biogéosciences de l’environnement et en communication publique. « Les étudiants qui sont inscrits à la maîtrise en patrimoine à l’Université d’État d’Haïti à Port-au-Prince ont

«

L’Université Laval est le meilleur endroit pour développer ses compétences dans les études du patrimoine

du mal à terminer leur programme car il leur est difficile d’avoir accès à un encadrement scientifique, explique Laurier Turgeon, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique. Les professeurs haïtiens sont peu nombreux, et donc surchargés de travail. De plus, les livres, articles de revue, sites Web et autres ressources en ligne sont souvent payants. » Par ailleurs, cinq professeurs de l’Université Laval vont faire de l’enseignement à Haïti chaque année dans des matières comme l’archéologie, la muséologie et le patrimoine immatériel. Ils donnent 20 heures de cours réparties sur une semaine entre les mois de février et juin. Ces voyages sont défrayés par l’Agence universitaire de la Francophonie. « Nous pouvons assurer une continuité entre Port-auPrince et l’Université Laval, soutient Laurier Turgeon. Les étudiants haïtiens que nous accueillons ici connaissent déjà nos professeurs. Souvent des complicités intellectuelles se sont développées. L’encadrement offert ici, par la suite, s’en trouve facilité. » Selon lui, plusieurs diplômés, de retour chez eux, ont trouvé des postes d’enseignants à l’Université d’État ou comme fonctionnaires au ministère de la Culture, dans les musées ou les parcs nationaux. « Mais certains sont revenus ici faire leur thèse de doctorat ! »

Vendredi 1er février à 16 h, au local 5172 du pavillon Charles-De Koninck.

Procédures en cas de tempête Pour savoir si l’Université Laval suspend ses activités en cas de mauvais temps, consultez le site www.ulaval.ca ou appelez au 418 656-2131. Les critères qui encadrent cette décision sont expliqués dans le document suivant. www.ulaval.ca/sg/reg/Politiques/tempetesverglas1.pdf

Tam tiddi tam : la vice-rectrice adjointe aux études et aux activités internationales Nicole Lacasse s’initie au djembé sous le regard amusé des étudiants haïtiens inscrits à l’Université cette session. À sa gauche se tient Laurier Turgeon, professeur spécialiste du patrimoine. Une soirée d’accueil a eu lieu le 24 janvier dans l’atrium du pavillon Alphonse-Desjardins. photo Marc Robitaille


politique

le fil | le 31 janvier 2013

5

La décentralisation des pouvoirs varie beaucoup d’une nation à une autre

Le récent séjour de Pauline Marois en Écosse a fait les choux gras des caricaturistes, dont Ygreck.

Défenseurs de l’autonomie et de l’identité Des experts de divers pays se réunissent à Québec pour discuter du rôle des parlements de nations non souveraines par Yvon Larose Au terme de sa troisième mission à l’étranger, la première ministre du Québec, Pauline Marois, s’est entretenue cette semaine avec son homologue indépendantiste écossais, Alex Salmond. Dans quel but ? « L’Écosse constitue un exemple du succès de l’approche gradualiste, répond Guy Laforest, professeur au Département de science politique. Cela pourrait donner des idées à madame Marois. » Le Scottish National Party dirigé par Alex Salmond a pris le pouvoir en 2007 et formé un gouvernement minoritaire. « Le premier ministre a bien gouverné au point où son parti a été réélu majoritaire en 2011, poursuit-il. Peu de gens pensaient que ce parti réussirait à remporter une majorité de sièges, puisque Salmond prépare un référendum sur l’indépendance de l’Écosse pour l’automne 2014. Mais le gouvernement a établi une conversation nationale. Il a consulté la population. » Aujourd’hui, ce jeudi 31 janvier, ainsi que demain, Guy Laforest participera à Québec à un colloque international sur les parlements de huit nations autonomes, c’està-dire non souveraines, dont l’Écosse. La Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires a organisé ce colloque avec le Groupe de recherche sur les sociétés plurinationales. L’activité se tient à l’hôtel du Parlement du Québec. Elle réunit une brochette d’experts. Coorganisateur

et responsable du programme scientifique, Guy Laforest fera une présentation sur l’Assemblée d’Irlande du Nord. « Sur le plan de la recherche de l’autonomie politique et de la consolidation identitaire, ces nations ont plusieurs choses en commun avec l’Assemblée nationale du Québec, sans que ce soit exactement pareil », soutient-il. Comme le Québec, la Catalogne, l’Écosse, la Flandre, la Galice, le Pays basque espagnol, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord ont le statut de nations minoritaires membres d’ensembles politiques plus vastes. Ces États sont la Belgique, le Canada, l’Espagne et le Royaume-Uni. Non souveraines, ces nations disposent néanmoins d’une relative autonomie. Elles sont toutes administrées par une institution parlementaire régionale. « Le Québec et l’Écosse, ainsi que la Catalogne, étudient beaucoup leurs politiques respectives, indique Guy Laforest. Ils essaient de s’inspirer de ce que les autres font de mieux. » Selon lui, les conférenciers Michael Keating et Carles Viver attireront le plus l’attention. « Ils parleront respectivement des parlements écossais et catalan, ditil. Ces deux régions font l’actualité. En 2014, le gouvernement catalan prévoit, comme celui d’Écosse, tenir un référendum sur la création d’un État indépendant. » Si personne au Royaume-Uni ne remet en question le droit des Écossais de se prononcer sur leur avenir, il en va tout autrement

en Espagne. « Le gouvernement central à Madrid considère inconstitutionnel un référendum sur l’avenir de la Catalogne, souligne Guy Laforest. D’ailleurs, des Catalans voudraient établir une alliance avec le gouvernement écossais afin de faire double pression sur leurs gouvernements centraux. » Dans ce dossier, Londres accepte la règle de la majorité absolue du 50 % des voix plus une. « En comparaison, c’est plus tendu au Canada à cause du résultat serré du référendum québécois de 1995, rappelle-t-il. Depuis la Loi sur la clarté référendaire, Ottawa refuse de s’engager sur 50 % plus un. »

Le parlement écossais à Édimbourg, ouvert en 2004.

Très réelle, la décentralisation des pouvoirs varie beaucoup d’une nation à une autre. « Par exemple, en matière de contrôle de l’immigration, l’autonomie du Québec est beaucoup plus importante que celle de la Catalogne, affirme Guy Laforest. Pour une population comparable, les Catalans ont dû accueillir un million de personnes de l’extérieur de leur territoire depuis 2000. » Les parlements d’Écosse, de Catalogne et de Flandre incarnent particulièrement bien la responsabilité institutionnelle de l’autonomie politique et de la consolidation identitaire. « La nation qui a le plus élargi son autonomie est l’Écosse, explique Guy Laforest. Cela s’est produit après la dévolution de 1997-1998 au Royaume-Uni. Londres avait alors délégué certains pouvoirs politiques à l’Écosse, mais aussi à l’Irlande du Nord et au Pays de Galles. » Rappelons que le parlement écossais n’avait plus siégé depuis la fusion, en 1707, du royaume d’Écosse avec le royaume d’Angleterre. En Belgique, le Parlement flamand adopte des décrets relatifs à une douzaine d’aspects de la vie quotidienne. Ces décrets vont de la culture à l’enseignement, en passant par l’économie et l’environnement. En Espagne, la Catalogne, la Galice et le Pays basque sont reconnus comme des nations ayant des droits historiques. Au Royaume-Uni, le projet de dévolution prévoyant la création de l’Assemblée nationale du pays de Galles a été adopté par référendum en 1997 avec seulement 50,3 % des voix. Où en seront ces différentes régions dans 10 ou 20 ans ? « Je pense que l’Écosse et la Catalogne auront plus de pouvoirs, répond Guy Laforest. Quant à la souveraineté, cela demeure improbable dans leur cas. »


6

santé publique

le fil | le 31 janvier 2013

ils ont dit... Sur le débat entourant le mariage entre conjoints de même sexe et l’adoption

Michel Dorais, professeur à l’École de service social Le Devoir, 24 janvier

À peine 32 % des exploitants de spas effectuaient la vidange du bassin et le nettoyage de ses parois au moins une fois par mois

En France, le projet de loi sur le mariage homosexuel provoque des manifestations monstres. Il ouvrirait la porte à l’adoption pour les gais. Or, les opposants estiment qu’un jeune a besoin d’un père et d’une mère pour s’épanouir. Selon le sociologue de la sexualité Michel Dorais, cet argument n’est pas fondé. « À ce jour, toutes les recherches scientifiques disponibles montrent que le devenir de ces enfants n’est pas problématique et ressemble en tous points à celui de leurs pairs qui ont des parents de sexe différent. »

Sur la décision de la Cour suprême dans la cause « Éric contre Lola »

Louise Langevin, professeure à la Faculté de droit et ex-titulaire de la Chaire d’études ClaireBonenfant sur la condition des femmes

Le Soleil, 27 janvier

Le 25 janvier, le plus haut tribunal du pays a rendu son jugement de ne pas accorder aux conjoints de fait les mêmes droits qu’aux gens mariés. La question de l’appauvrissement des familles à la suite d’une rupture demeure en suspens, estime Louise Langevin. « Ce n’est pas vrai que c’est réglé. À la suite d’une rupture, il y aura encore des femmes qui seront dans une situation économique difficile et qui devront aussi s’occuper des enfants. Dans la vraie vie, les gens n’ont pas tous 53 M$ à partager. »

Sur les changements associés à la retraite

Denis Latulippe, directeur de l’École d’actuariat La Presse, 26 janvier

Fini le temps où la retraite sonnait le glas de la carrière, observe Denis Latulippe. « Les nouveaux retraités d’aujourd’hui sont très différents de ceux de 1995. Les gens qui parvenaient à la retraite dans les années 1990 n’avaient pas eu la chance d’avoir un accès aussi grand à l’éducation […] On travaillait à temps plein jusqu’à un vendredi donné à 17 h, et on était retraité à temps plein à partir du lundi suivant à 8 h. Ce qui est en train de changer, ce n’est plus juste l’âge de retraite, mais toute la transition du travail à la retraite. »

Cette jeune dame en quête de bien-être risque de partager son bain avec plus que des fleurs : les bactéries de type Legionella, responsables de la maladie du légionnaire et de la fièvre de Pontiac, et Pseudomonas aeruginosa, qui peut engendrer des infections cutanées.

Soupe à la bactérie Le quart des spas publics abriterait une inquiétante faune bactérienne par Jean Hamann E n 2008, 26 % de s s pas publics abritaient des concentrations préoccupantes de bactéries pouvant être nocives pour la santé. C’est ce que révèle une étude menée par des chercheurs de la Faculté de médecine et de l’Institut national de santé publique. Les données publiées dans le numéro de janvier de l’International Journal of Environmental Health Research montrent également que des bactéries du légionnaire ont été détectées dans 23 % des spas examinés. Les chercheurs ont analysé l’eau de 95 spas situés dans 75 hôtels, auberges, gîtes touristiques, campings et centres

de relaxation et de mieuxêtre des régions de Québec, de l’Estrie et de ChaudièreAppalaches. L’étude s’est limitée à trois groupes problématiques de bactéries : les espèces appartenant au genre Legionella, responsables de la maladie du légionnaire et de la fièvre de Pontiac, Pseudomonas aeruginosa, qui peut engendrer des infections cutanées, et E. coli, un indicateur de contamination fécale. Les tests ont révélé la présence de Legionella, de P. aeruginosa et d’E. coli dans respectivement 23 %, 41 % et 2 % des spas. Selon les données recueillies par les chercheurs, à peine 32 % des exploitants de spas

effectuaient la vidange du bassin et le nettoyage de ses parois au moins une fois par mois. Au moment de l’étude, deux répondants sur trois ignoraient les règlements touchant l’entretien de cet équipement au Québec et à peine 5 % avaient suivi une formation à ce sujet. L’entretien des spas est un exercice délicat qui oppose le risque bactériologique et le risque chimique causé par les produits de désinfection. « Il est irréaliste de viser l’absence complète de bactéries dans un spa, commente Nicholas Brousseau, premier auteur de l’étude. L’eau y est maintenue à plus de 32 degrés Celsius, ce qui en fait un écosystème accueillant plusieurs espèces. De plus, la densité de baigneurs par volume d’eau y est beaucoup plus élevée que dans une piscine. Notre étude a tout de même mis en lumière

la nécessité de mieux former les personnes chargées de leur entretien. » Maintenant à l’emploi de la Direction de la santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec, Nicholas Brousseau souligne que les concentrations de bactéries observées lors de l’étude pourraient causer des problèmes de santé aux personnes dont le système immunitaire est très affaibli. « Les personnes traitées en chimiothérapie et celles qui prennent des médicaments immunosuppresseurs devraient éviter de fréquenter régulièrement les spas. » À la lumière de cette étude, le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs a entrepris une campagne d’information destinée aux propriétaires de spas publics afin de mieux faire connaître les bonnes pratiques d’exploitation. Le même ministère, de concert avec Santé et Services sociaux du Québec, travaille présentement à la révision du Règlement sur la qualité de l’eau des piscines et autres bassins artificiels afin de mieux encadrer l’entretien des spas. L’ a r t i c l e p u b l i é d a n s l’International Journal of Environmental Health R e s e a r ch e st s i g n é p a r Nicholas Brousseau, Benoît Lévesque, Thibault Guillemet, Denis Gauvin, Jean-Philippe Giroux, Suzanne Gingras, PierreAndré Côté, Éric Dewailly, Philippe Cantin (Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec) et François Proulx (Service de l’environnement de la Ville de Québec).


3Q

droits humains

le fil | le 31 janvier 2013

7

Jean-Claude Bernheim sur le traitement des détenus dans les prisons canadiennes Q Comment changer la situation ?

Récemment, en Saskatchewan, une détenue aurait manqué de soins alors qu’elle faisait une crise cardiaque. Pendant ce temps, l’enquête se poursuit sur la mort d’Ashley Smith, qui s’était étranglée dans une prison de Nouvelle-Écosse en 2007… Ces actualités relancent la polémique sur les conditions d’emprisonnement au Canada, en particulier pour les personnes aux prises avec des maladies mentales. Le criminologue Jean-Claude Bernheim, qui familiarise les étudiants à l’univers carcéral dans les cours qu’il donne à l’École de service social, pose un jugement sévère sur la situation. Q De quelle façon ces deux décès reflètent-ils la réalité des conditions de détention au Canada ? R C’est très représentatif de ce qui se passe, même s’il est difficile de connaître la situation exacte dans les pénitenciers et les prisons provinciales. Au Québec, en 2002, on a beaucoup parlé du cas de Roger Guimond, un homme épileptique qui était enfermé au pénitencier de Port-Cartier. Durant une ronde de nuit, le gardien l’a vu râlant sous son lit. Le supérieur a constitué une équipe de six personnes, avec boucliers et matraques, avant d’ouvrir la porte de la cellule, mais l’infirmier qui se trouvait avec eux n’a pas prêté secours au prisonnier. Guimond est finalement décédé, au moins deux heures après qu’on l’ait découvert. L’enquête a conclu ensuite que les gardiens avaient suivi les procédures de sécurité, et seul l’infirmier a été blâmé par son ordre professionnel. Dans le cas d’Ashley Smith, on voit sur les bandes vidéo que les autorités l’avaient isolée le plus possible, car elle dérangeait. Lorsqu’elle n’a plus respiré après s’être étranglée et qu’elle ne présentait plus de danger, ils ont ouvert la porte... Le système carcéral n’a jamais pris en compte qu’elle souffrait de problèmes de santé mentale. Dans des situations d’urgence en prison, les mesures de sécurité ont préséance sur les mesures médicales.

R Malheureusement, ce n’est pas un phénomène nouveau. Le droit s’arrête à la porte de la prison. En 1976, une vaste enquête sur l’ensemble des pénitenciers du Service correctionnel du Canada a eu lieu à la suite de plusieurs événements et émeutes. Une des conclusions était que ce service ne tenait pas compte des principes de droit. Vingt ans plus tard, la juge Louise Arbour a produit un autre rapport sur ce qui s’était produit dans la prison des femmes de Kingston. Elle concluait que la culture d’entreprise du Service correctionnel se situait en dehors du droit au Canada, et que l’équipe d’intervention d’urgence faisait régner la terreur dans cet établissement. L’enquêteur correctionnel, l’équivalent de l’ombudsman, fait des recommandations depuis les années 1970 pour mieux prendre en charge les détenus atteints de maladie mentale, sans que rien ne change. Les gouvernements se montrent d’ailleurs souvent incohérents. L’ancien ministre de la Justice du Québec a dénoncé la loi C-10 des conservateurs qui préconise des peines minimales plus sévères. Le nouveau ministre, quant à lui, a demandé au gouvernement Harper d’augmenter les peines pour les conducteurs avec des facultés affaiblies. C’est très hypocrite. Q Que pensez-vous des pressions qui pourraient venir de l’extérieur du pays, d’organismes comme les Nations-Unies, par exemple ? R Cela n’a pas vraiment d’effet, si l’on considère le cas de la France, qui a été condamnée à de très nombreuses reprises sur la question par des instances internationales. Il faut se battre pour que l’opinion publique dénonce la situation, car les détenus ont un très faible rapport de force dans la société. Tant qu’un réel débat public sur le système pénal et le système criminel n’aura pas lieu, rien n’avancera. Toutes les autres institutions publiques ont été remises en question, sauf la justice. N’oublions pas que le pouvoir politique définit ce qu’est un crime. Ainsi, cela fait très longtemps qu’on sait qu’il existe de la corruption au Québec. Mais seule l’indignation de la population a permis qu’il y ait une enquête à ce sujet, alors que les politiciens étaient au courant. Pour que les choses changent, il faut donc absolument un débat public. Propos recueillis par Pascale Guéricolas

Sit-in à la place de la Kasbah, à Tunis, le 28 janvier 2011. photo Leomaros

Le chant après le silence L’ouvrage Le silence tunisien, qui a révélé aux Occidentaux l’horreur du régime politique de Ben Ali, sera bientôt mis à jour et traduit en arabe par Pascale Guéricolas Bien avant que le printemps arabe n’éclate comme une bombe à la face des dictateurs, un livre a osé dénoncer l’envers d’un régime que personne ne voulait voir. Rédigé en 1998 par Lise Garon, sociologue de la communication à l’Université Laval, Le silence tunisien, publié à L’Harmattan, constituait une des premières réflexions du monde universitaire sur l’oppression et la corruption auxquelles le président Ben Ali soumettait son peuple. L’ouvrage a eu le mérite de lever le voile sur une réalité ignorée des élites, et surtout de redonner l’espoir à ceux qui luttaient contre la dictature, comme l’a appris l’auteure à l’occasion d’un récent séjour à Tunis. Lise Garon a été reçue en effet par les présidents de l’Assemblée nationale et de la Tunisie à l’occasion d’une réception donnée en l’honneur de ceux qui, par le passé, ont soutenu les opposants en exil. Au cours de sa rencontre, elle a discuté avec le président Moncef Marzouki de son projet de traduire son livre en arabe en y ajoutant quelques pages sur les leçons à tirer de la Révolution tunisienne. Épuisé en librairie, son ouvrage n’est en effet disponible qu’en version électronique aux éditions de L’Harmattan et à Zbooks, un éditeur anglais qui l’a publié avec une mise à jour il y a quelques années. « Il faut se rappeler qu’à la fin des années 1990, la Tunisie bénéficiait de nombreuses complicités internationales, en particulier celle de la France, trop contente de profiter des juteux investissements dans le secteur du tourisme, relate la chercheuse aujourd’hui à la

retraite. En plus, Ben Ali avait le mérite, aux yeux de l’Occident, d’avoir écarté les intégristes du pouvoir. » Dans ces conditions, les opposants avaient bien du mal à convaincre les médias étrangers de la dure réalité du régime, eux qui étaient souvent invités dans les stations balnéaires de luxe tunisiennes, ou encore les élus d’autres pays qui observaient la situation de l’extérieur. Ben Ali aimait se présenter comme un défenseur du droit des femmes et un grand démocrate. Pourtant, il n’avait rien à envier aux despotes des pays voisins, souligne Lise Garon. Elle décrit dans son livre un régime corrompu, autoritaire, sans liberté de presse, dont les citoyens avaient peur de parler sous peine de torture et d’emprisonnement. Un régime qui, par bien des côtés, ressemblait à celui de l’ex-URSS. « J’ai pris

Lise Garon recevant son prix du président de la Tunisie, Moncef Marzouki, en décembre dernier. photo Palais de Carthage

soin dans mon livre de ne pas centrer mon propos sur l’exception arabe, car il traite d’un drame humain universel, celui de la confiscation de la liberté », explique-t-elle. Malgré tout, des groupes d’opposants ont réussi à s’organiser au sein même du pays, malgré la censure et la peur. Quand un jeune marchand de légumes ambulant s’est immolé par le feu en janvier 2011 dans la petite ville de Sidi Bouzid, les réseaux syndicaux ont pu notamment propager la nouvelle. Les émeutes ont suivi, puis la chute de Ben Ali. C’est de ce travail de sape souterrain et des leçons à tirer de la Révolution tunisienne que veut témoigner la professeure dans la mise à jour qu’elle rédige à l’occasion de la traduction de son livre en arabe. Car à ses yeux, la Tunisie a des chances d’accéder un jour à la démocratie, contrairement à plusieurs des pays qui ont eux aussi tenté de mettre leur dirigeant à la porte. « Bien sûr, la transition démocratique demeure fragile, mais aujourd’hui les gens n’ont plus peur de parler, s’enthousiasme la sociologue de la communication. La culture de la contestation, endormie depuis les années 1970, s’est éveillée, mais la culture du dialogue n’existe pas encore. » L’alliance des forces de gauche avec les islamistes, pourtant hautement improbable, ne l’inquiète pas trop. À ses yeux, les deux présidents, Mustapha Ben Jaafar à l’Assemblée nationale et Moncef Marzouki au gouvernement, disposent de fortes personnalités capables de tenir cette coalition. Leur alliance a permis d’éviter une guerre civile, mais l’éclatement de l’opposition rend difficile la reconstruction d’un pays sans véritable expérience démocratique. Bref, la jeune retraitée suit avec passion ce véritable feuilleton de la révolution tunisienne.


8

le fil | le 31 janvier 2013

1

6

Du design urbain réaliste et au Des étudiants en architecture ont conçu des scénarios d’aménagement viables pour des secteurs stratégiques de Québec par Yvon Larose L’adaptation aux changements climatiques, les préférences résidentielles de la population, la densité optimale et la mobilité durable : tous ces concepts à la fine pointe du progrès préoccupent aujourd’hui les experts en réaménagement des villes. L’automne dernier, ils étaient au cœur de la réflexion des étudiants à la maîtrise en architecture inscrits au Laboratoire de design urbain. La présentation finale de leurs projets a eu lieu le 19 décembre. « Les étudiants ont réalisé des projets très stimulants pour cinq secteurs stratégiques de Québec, indique la professeure Geneviève Vachon, coresponsable du laboratoire. Diversifiés, ces secteurs présentent aussi des défis très variés. »

Selon elle, les projets s’appuient sur des principes de réaménagement tout à fait cohérents avec ceux du Plan directeur d’aménagement et de développement de la Ville de Québec et du Plan de mobilité durable. « Les étudiants ont proposé des scénarios réalistes de consolidation et de développement urbains pour les décennies à venir. » Un de ces projets vise le secteur SaintDavid de l’arrondissement de Beauport. Anthony Bouchard et Éric Lizotte ont travaillé sur la partie nord tandis qu’Alexandre Boulianne et Antony Roy s’occupaient de la partie sud. Anthony Bouchard et Éric Lizotte ont cherché un dialogue entre la banlieue existante, les vestiges agricoles

et le nouveau tissu résidentiel. Ils ont voulu permettre à la nature de s’infiltrer jusque dans chaque unité d’habitation, que ce soit par les champs cultivés, un parc public ou des jardins privés. Ils ont imaginé un parc traversé par le ruisseau du Moulin et occupé par des bassins de rétention des eaux de pluie. Alexandre Boulianne et Antony Roy, eux, ont voulu créer un nouveau paysage autoroutier. Ce dernier est rythmé par des immeubles de bureaux et à vocation commerciale, des Promenades Beauport restructurées et un grand bassin de captation des eaux de ruissellement. Ils ont proposé le percement des Promenades Beauport, ce qui favorise l’éclairage naturel dans les bâtiments. Ils ont aussi créé une passerelle pour piétons et cyclistes entre le nord et le sud de l’autoroute. « Les étudiants ont été très habiles, affirme Geneviève Vachon. Ils ont su capter une ambiance de banlieue durable. Ils ont développé un tissu

Les étudiants ont présenté leurs idées à des représentants de la Ville de Québec, du Réseau de transport de la Capitale et du ministère des Affaires municipales

résidentiel, avec des mais des duplex et des triplex, étroites très marchables a d’espaces verts. Ils ont m cours d’eau. Ils ont fait d’u dorsale du quartier qu’ils o dans les Promenades Be rendu ce centre commer avec une emprise automo Ce projet en deux part selon elle, « un beau mél et de réalisme ». La prof de la même façon le pro Coutu-Sarrazin, d’Ém Loranger, de Jean-Franç de Dominique Morin-R derniers se sont penchés de la tête des ponts à l’ou Foy, au pied de la falaise. propose un nouveau q en remplacement de l’ac triage. Le site possède un fort sager. Les étudiants l’ont un parc récréotouristiqu


repenser la ville

9

2

1 Ce parcours sinueux est l’axe de transit principal entre le parc régional proposé dans le projet de la tête des ponts de Sainte-Foy et le quartier résidentiel. Il met en valeur le paysage le long de secteurs parfois boisés, parfois ouverts sur le fleuve. 2 Le parc du Ruisseau, dans la partie sud du secteur Saint-David de Beauport. L’habitation locative se partage l’espace avec des commerces de proximité. 3 Un aperçu de la zone résidentielle nord du secteur Saint-David de Beauport, l’hiver. 4 La place paysagère de la partie sud du secteur Saint-David de Beauport comprend une passerelle pour piétons et cyclistes qui enjambe l’autoroute. 5 Dans le secteur de la tête des ponts de Sainte-Foy, cette perspective de la rue Fabre montre des bâtiments bas, pensés en fonction d’une luminosité optimale. 6 La rue du Ruisseau constitue le cœur du quartier résidentiel à la tête des ponts de Sainte-Foy. On y voit l’importance des espaces publics.

5

udacieux

sons en rangée, le long de rues avec beaucoup mis en valeur un un parc l’épine ont fait aboutir eauport. Ils ont rcial agréable, obile réduite. » ties constitue, lange d’audace fesseure décrit ojet d’Étienne milie Gagnéçois Laroche et Robitaille. Ces s sur le secteur uest de Sainte. Leur concept quartier mixte ctuelle gare de

Ce parc linéaire relie la base de plein air de Sainte-Foy à la promenade Samuel-De Champlain. Au cœur de ce nouveau parc se trouve l’actuelle gare de triage. D’importantes variations topographiques ont constitué le principal défi. Le quartier résidentiel proposé comprend une grande quantité de bâtiments de faible hauteur. Cela permet l’ensoleillement d’un maximum de logements. Les espaces publics, au centre du quartier, favorisent l’interaction et les rencontres. « Les étudiants ont démontré une grande sensibilité aux dimensions paysagères du site, explique Geneviève Vachon. Ils ont tenu compte de la vue sur les ponts, du contact avec le fleuve, de la falaise. Ils ont aussi saisi à bras le corps le patrimoine ferroviaire de l’endroit. » Selon elle, ils ont jonglé avec une série de variables, comme l’orientapotentiel pay- tion des vents et du soleil, la gestion des t structuré avec eaux de ruissellement et la proximité ue d’envergure. d’une autoroute.

3 « Les étudiants ont relevé le défi d’imaginer un quartier durable bien arrimé à la ville, soutient-elle. Le long de la voie ferrée se trouvent de très beaux espaces publics transformables. Le quartier résidentiel est en dialogue constant avec la nature. Les types de logements pour les familles viennent avec cour et jardin. Les stationnements sont à étages. Les conducteurs marchent jusqu’à leur résidence par des rues moins envahies par l’automobile. » Un comité interdisciplinaire d’experts et de professionnels a accompagné les étudiants et les responsables du laboratoire tout au long de la session. Ensemble, ils ont déterminé les secteurs sur lesquels intervenir. À quatre reprises, les étudiants ont présenté leurs idées au comité. Les membres du comité provenaient notamment de la Ville de Québec, du Réseau de transport de la Capitale et du ministère des Affaires municipales.

3

4


10

science

en bref

le fil | le 31 janvier 2013

Survoltés aux oméga-3 Ces molécules modifient l’expression de centaines de gènes, même chez les personnes qui ont une alimentation exemplaire par Jean Hamann

Le chercheur Éric Lévesque.

Une étoile montante en cancer de la prostate Éric Lévesque, de la Faculté de médecine, a décroché l’une des quatre subventions attribuées par l’organisme Cancer de la Prostate Canada dans le cadre de son programme « Les étoiles montantes de la recherche sur le cancer de la prostate ». Le professeur Lévesque recevra 150 000 $ annuellement au cours des trois prochaines années pour poursuivre ses travaux de recherche sur de nouveaux marqueurs pronostiques de cette maladie. Le programme « Les étoiles montantes de la recherche sur le cancer de la prostate » est financé par la Fondation Movember. Il apporte un soutien financier à des chercheurs exceptionnels qui ont obtenu un poste universitaire depuis moins de cinq ans et qui travaillent sous la direction d’un chercheur chevronné.

Les études montrant les bienfaits des oméga-3 sur la santé abondent, mais l’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF) vient d’ajouter une preuve d’un autre ordre au dossier. En effet, dans le dernier numéro du Journal of Nutritionnal Biochemistry, une équipe de ce centre de recherche démontre que la consommation d’oméga-3 modifie l’expression de centaines de gènes chez des sujets qui avaient pourtant une alimentation irréprochable. À la demande des chercheurs, 13 hommes et à 17 femmes ont adopté pendant 8 semaines une alimentation qui respectait scrupuleusement le Guide alimentaire canadien. À partir de la deuxième semaine, les participants devaient également consommer quotidiennement l’équivalent de trois grammes d’oméga-3 sous forme de

capsules. « Ça correspond à la dose pharmacologique prescrite aux personnes qui ont un taux de triglycérides élevé, précise Iwona Rudkowska, stagiaire postdoctorale à l’Institut. Nous avons choisi cette dose afin de savoir quels gènes étaient régulés par les oméga-3. » Des échantillons de sang prélevés au début et à la fin de l’étude révèlent que la prise de ces suppléments a modifié l’expression de 610 gènes chez les hommes et 250 chez les femmes. L’expression d’un gène est dite modifiée lorsque la concentration finale de son ARN est inférieure à 0,8 fois sa valeur initiale ou supérieure à 1,2 fois cette même valeur. « Il y a une différence dans le nombre de gènes altérés chez les hommes et chez les femmes, mais ces gènes font partie des mêmes voies métaboliques, commente

la chercheuse. Leurs fonctions sont liées aux effets anti-inflammatoires et antiathérogéniques des oméga-3 rapportés dans les études antérieures, ce qui confirme leur rôle protecteur pour la santé cardiovasculaire. » Une substance antiathérogène prévient le rétrécissement des vaisseaux sanguins. À terme, l’étude entreprise par l’INAF aidera à mieux comprendre pourquoi tous les individus ne répondent pas de la même manière aux oméga-3, ajoute la chercheuse. Elle permettra aussi d’identifier des marqueurs grâce auxquels il sera possible de personnaliser les conseils nutritionnels en fonction du patrimoine génétique de chacun. « Pour profiter des bienfaits des oméga-3, il n’est pas nécessaire ni plus avantageux d’opter pour les suppléments en capsules. Il s’agit d’inclure dans son alimentation des aliments qui en sont enrichis ou des poissons gras, conseille la chercheuse postdoctorale. Par contre, les suppléments sont une avenue intéressante pour les gens qui n’aiment vraiment pas le poisson. »

L’étude de l’INAF est signée par Iwona Rudkowska, AnnMarie Paradis, Elisabeth Thifault, Pierre Julien, André Tchernof, Patrick Couture, Simone Lemieux, Olivier Barbier et Marie-Claude Vohl.

À terme, l’étude aidera à mieux comprendre pourquoi tous les individus ne répondent pas de la même manière aux oméga-3

Quatre autres projets sur le cancer La Société de recherche sur le cancer financera quatre nouveaux projets à l’Université Laval. Yves Fradet, Lucie Jeannotte, JeanYves Masson et Thomas Moss, de la Faculté de médecine, se partageront une somme de 479 000 $. Au cours des cinq dernières années, l’organisme a versé près de 2 M$ à des équipes de l’Université pour réaliser 16 projets de recherche, ce qui représente 8 % des sommes qu’il a allouées dans tout le Canada. La Société de recherche sur le cancer est un organisme national sans but lucratif dont la mission est de financer la recherche sur tous les types de cancer, contribuant ainsi à l’avancement de la science afin de prévenir, détecter et traiter cette maladie.

Les gens de sciences et génie lâchent leur fou Le traditionnel Festival des étudiants de sciences et génie commence ce lundi, alors ne vous étonnez pas si vous voyez de drôles de scènes se dérouler sur le campus. Parmi les activités au menu cette année : bricolage de décors inspirés de la science dans l’atrium du pavillon Vachon, bataille d’oreillers, bain de neige, combat de « roche, papier, ciseaux », sans oublier la construction de forteresses en plein air sur le campus même. Des heures de plaisir ! www.festivalsg.com

Pour profiter des bienfaits des oméga-3, il n’est pas nécessaire ni plus avantageux d’opter pour les suppléments en capsules. Il suffit d’inclure des poissons gras et des aliments enrichis en oméga-3 dans son alimentation, conseille Iwona Rudkowska.


arts

le fil | le 31 janvier 2013

11

en bref

Scène du spectacle théâtral La Boîte.

Mise en boîte Amateurs d’art sortant des sentiers battus, unissez-vous en allant voir La Boîte. Cet essai dramaturgique sans paroles est une allégorie sur la vacuité de l’existence et sur la solitude, transposée dans un monde burlesque qui mélange théâtre et cinéma. Entre l’univers du film en projection à l’écran et l’univers scénique s’ouvrent des passages. Le théâtre se prolonge, dans une esthétique hyperréaliste, au-delà de l’écran, dans le film devenu… vivant. Mise en scène de Liviu Dospinescu, professeur adjoint à la Faculté des lettres. Jeudi 31 janvier et vendredi 1er février, à 20 h, au LANTISS, local 3655 du pavillon LouisJacques-Casault. Billet au coût de 5 $ pour les étudiants, 10 $ pour les autres. www.lantiss.ulaval.ca

Hiver en musique Le metteur en scène Maxime Robin a situé cette histoire de mœurs dans une église, comme le montre cette photo de la troupe en répétition. photo Marc Robitaille

Quand Shakespeare rencontre Britney Spears Les Treize dépoussièrent l’œuvre du grand Will, Mesure pour mesure, en y injectant une dose de plaisir coupable sous la forme de chansons pop par Renée Larochelle D e s ch a n s o n s d e L a d y G a g a e t Madonna intégrées dans une pièce de Shakespeare ? Et pourquoi pas ? Si cette proposition vous amuse, ne manquez pas d’assister au prochain spectacle joué par les Treize. Pour ouvrir en grand la saison d’hiver, cette troupe de théâtre semi-professionnelle invite le public à redécouvrir le grand dramaturge anglais avec sa pièce Mesure pour mesure, adaptée musicalement façon 2013. Écrite autour de 1604, cette pièce est dite « à problèmes ». En effet, on n’a jamais trop su s’il agissait d’une comédie ou d’une tragédie. Il semble que tout dépend du point de vue qu’on choisit d’adopter sur cette histoire qui traite essentiellement de moralité et de tolérance. Metteur en scène de la pièce, Maxime Robin a résolument opté pour la comédie. « Nous, ce qu’on souhaite, c’est dépoussiérer un peu Shakespeare, dit ce jeune diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Québec. Son œuvre est tellement intemporelle qu’elle est

toujours d’actualité. Les gens ont parfois peur que ce soit trop lourd ou inaccessible. C’est une fausse impression. » Résumons cette histoire quelque peu rocambolesque dont l’action se déroule à Venise. En l’absence du duc, le prude Angelo est chargé de veiller sur la ville. Soucieux de préserver la moralité sexuelle de la population, il instaure une loi contre la fornication en dehors du mariage. Une des victimes de cette législation est Claudio, le frère d’Isabella, une jeune femme pure et chaste aspirant à la vie religieuse. Ayant mis sa fiancée enceinte, Claudio est condamné à mort. Isabella, par loyauté filiale, vient plaider pour la vie de Claudio devant Angelo, qui succombe bientôt à ses charmes. Reniant ses pieux principes, Angelo propose à Isabelle de coucher avec lui pour permettre à Claudio d’avoir la vie sauve. Ouf ! À côté de ces personnages solennels évoluent deux prostitués, une tenancière de bordel, un coureur de jupons et, enfin, un clown. « C’est complètement

fou comme pièce », admet Maxime Robin qui a situé l’action… dans une église. Ne craignant pas de prendre des libertés avec le texte, il a ajouté des personnages et en a retranchés. D’autres ont été fondus en un seul. Même la fin a été modifiée. Tout ce beau monde joue avec le plus grand naturel vêtu d’une soutane, suivant en cela la volonté du metteur en scène d’abolir la barrière des sexes. « On s’amuse tellement lors des répétitions, lance-t-il. On espère que le public va embarquer. » Pour ajouter à l’originalité du projet, les comédiens se donnent parfois la réplique en chansons, interprétant allégrement des mélodies d’artistes en vogue comme Justin Timberlake et Britney Spears. Loin de dénaturer la pièce, ces divers ajouts lui donnent du punch, estime Maxime Robin. « On invite tous les gens qui souhaitent rire un bon coup et découvrir Shakespeare sous un autre jour ! » Du mercredi 6 au dimanche 10 février, à 20 h, à l’amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins. Les billets sont en prévente au coût de 12 $ au Bureau de la vie étudiante (local 2344 du pavillon Desjardins). À la porte, l’entrée coûte 14 $. www.lestreize.org

La Faculté de musique propose de beaux moments cet hiver aux amateurs de jazz, d’opéra, de musique classique ou contemporaine. La plupart des concerts au programme ont lieu à la salle Henri-Gagnon, au local 3155 du pavillon Louis-Jacques-Casault. L’entrée est libre ou à un tarif modeste. Certains concerts sont présentés au Théâtre de la cité universitaire et à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec. La Faculté mise sur la qualité et la diversité : il suffit de consulter la programmation pour s’en convaincre. Pour s’aérer l’esprit et se frotter à la beauté du monde, rien de tel que la musique ! www.mus.ulaval.ca

Un village la nuit Un petit village de maisons éclairées qu’on apercevrait à vol d’oiseau : c’est ce à quoi ressemble l’installation imaginée par deux étudiants de l’École d’architecture, Anthony Laliberté-Vincent et Jean-Nicolas Bouchard. Intitulée Chaumières, l’installation est située à l’angle des rues Caron et Saint-Joseph. Elle s’inscrit dans un projet de parcours intérieur et extérieur de sculptures de neige et de glace, organisé par EXMURO arts publics à l’occasion du OFF Carnaval. Le contraste entre la chaleur et le froid, comme le cocon que représentent nos maisons dans l’hiver glacial, a inspiré le duo d’étudiants. Durant cette même période, sept artistes présenteront leurs œuvres rue Saint-Joseph, entre le presbytère de l’église Saint-Roch et l’église Notre-Dame-de-JacquesCartier. Pour les amateurs d’art et de plein air. Du 1er au 10 février, rue Saint-Joseph.


12

service

le fil | le 31 janvier 2013

Bal masqué pour la cause En mars prochain, 10 étudiants de l’Université se rendront à Washington pour participer à la simulation panaméricaine de l’Assemblée générale de l’Organisation des États américains. Ils seront les seuls Canadiens inscrits à cet événement qui devrait les aider à parfaire leurs connaissances scolaires et leurs habiletés professionnelles. Afin de financer leur projet, ils organisent un bal masqué ouvert au grand public. Venez faire admirer l’excentricité de votre accoutrement ! Vendredi 8 février dès 21 h, à l’atrium du pavillon Charles-De Koninck. Billets à 10 $ en prévente dans les kiosques du pavillon et à 13 $ à la porte. www.wmoas.laval@gmail.com

T’es pas game de me parler ! Le collectif La Béquille, le Réseau d’aide aux étudiants en médecine et l’Association générale des étudiants en pharmacie s’apprêtent à souligner de façon originale la Semaine de la sociabilité, du 4 au 8 février. La semaine prochaine, ils distribueront des macarons indiquant que ceux qui les portent sont ouverts à se faire adresser la parole par des inconnus ! L’idée est de créer une ambiance amicale au pavillon Ferdinand-Vandry. Diverses activités, comme une séance publique de zumba, pimenteront la semaine. Le président d’honneur est le doyen de la Faculté de médecine, Rénald Bergeron. Du 4 au 8 février au pavillon FerdinandVandry. Macarons et popcorn gratuit au kiosque d’information situé dans le hall d’entrée, ouvert de 11 h 30 à 13 h 30.

Soutenir le cinéma étudiant Le Festival du film étudiant de Québec organise un spectacle-bénéfice pour financer ses activités. Venez entendre plusieurs artistes tout en contribuant à soutenir la création ! Émile Proulx-Cloutier, lauréat de sept prix au Festival en chanson de Petite-Vallée 2011, montera sur scène. Il sera suivi de Doloréanne, Red Sideburns et Annabelle Doucet, entre autres. Le Festival lui-même aura lieu du 22 au 24 février au cinéma Le Clap et à l’Université. Mercredi 6 février à 20 h au Cercle (228, rue Saint-Joseph Est). Billets à 5 $ en prévente sur le site Internet et à 8 $ à la porte. www.ffeq.ca

Avis officiel CONSEIL UNIVERSITAIRE Séance ordinaire du 5 février 2013 ORDRE DU JOUR

1. Ouverture de la séance 2. Adoption de l’ordre du jour 3. Adoption du procès-verbal de la séance ordinaire du 4 décembre 2012 4. Rapport du président sur le progrès accompli dans l’exécution des décisions du Conseil universitaire 5. Communications du président 6. Questions des membres 7. Centre d’études nordiques (CEN) : évaluation périodique − Avis de la Commission de la recherche − Recommandations de la vicerectrice à la recherche et à la création 8. Programme de formation médicale spécialisée en pédiatrie : modifications − Présentation par le doyen de la Faculté de médecine − Recommandation du vice-recteur aux études et aux activités internationales 9. Programme de maîtrise en orthophonie : évaluation périodique − Rapport du vice-recteur aux études et aux activités internationales − Plan d’action du doyen de la Faculté de médecine 10. Programme de maîtrise en sciences infirmières : évaluation périodique − Rapport du vice-recteur aux études et aux activités internationales − Plan d’action de la doyenne de la Faculté des sciences infirmières 11. Programme de baccalauréat en cinéma et culture numérique : création − Présentation par le doyen de la Faculté des lettres − Avis de la Commission des études − Recommandation du vice-recteur aux études et aux activités internationales 12. Programme de maîtrise en psychoéducation : changement de l’appellation du grade − Recommandations du vice-recteur aux études et aux activités internationales 13. Programme de doctorat en agroéconomie : création − Présentation par le doyen de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation − Recommandation du vice-recteur aux études et aux activités internationales

14. Faculté d’aménagement, d’architecture et des arts visuels : changement d’appellation − Présentation par le doyen de la Faculté d’aménagement, d’architecture et des arts visuels − Recommandation du vice-recteur aux études et aux activités internationales 15. Bibliothèque : mandat et composition du comité-conseil − Recommandation du vice-recteur aux études et aux activités internationales 16. Rapport de la secrétaire générale sur la répartition des sièges prévue au paragraphe 6 de l’article 90 des Statuts de l’Université 17. Critères de promotion : Département des systèmes d’information organisationnels de la Faculté des sciences de l’administration 18. Huis clos 19. Clôture de la séance

procédure de nomination Directeur ou directrice du Département d’anthropologie APPEL DE CANDIDATURE

Le doyen de la Faculté des sciences sociales sollicite des candidatures pour le poste de directeur ou de directrice du Département d’anthropologie qui deviendra vacant le 1er juin 2013. Le candidat ou la candidate à ce poste doit avoir le titre de professeure ou de professeur agrégé ou titulaire à l’Université Laval. La personne recherchée devra être particulièrement soucieuse de la formation et de l’encadrement des étudiants inscrits aux trois cycles d’études et démontrer un intérêt tangible pour la poursuite des activités de recherche du Département ainsi que pour la collaboration avec les autres administrateurs de la Faculté. De façon plus précise, les candidatures seront examinées à la lumière de l’article 4.1 de la Procédure de nomination des directeurs de département et d’école actuellement en vigueur. Afin d’éclairer ses choix, le doyen invite toute personne ou organisme à lui faire des suggestions sur le profil du candidat ou de la candidate au poste à pourvoir, d’ici à la date mentionnée ci-dessous. Les propositions de candidatures doivent être soumises par écrit, au moyen du formulaire prévu à cette fin (accessible à l’adresse ci-dessous et au secrétariat du Département) et accompagnées du curriculum vitae de la candidate ou du candidat. Elles doivent être reçues au bureau du doyen avant 16 h, le 28 février 2013, à l’adresse suivante : François Blais, doyen de la Faculté des sciences sociales, bureau 3468, pavillon Charles-De Koninck, Université Laval. Le 23 janvier 2013

Je choisis de compenser mes émissions de GES. Et vous ? ulaval.ca/jecompense

Élisabeth Farinacci, conseillère à la Direction des communications


santé mentale

le fil | le 31 janvier 2013

13

À bas la vision binaire ! Le sociologue Michel Dorais présentera une conférence sur la difficulté d’être soi-même quand on déroge à la règle établie en matière de sexualité par Renée Larochelle Il n’y a pas que les hétérosexuels et les homosexuels dans la vie. Il y a aussi les bisexuels qui, comme leur nom l’indique, sont attirés vers les personnes des deux sexes. Les asexuels, eux, ne ressentent pas de désir ni d’attirance sexuelle pour une autre personne. Quant aux ambisexuels, leur sexualité n’est ni clairement homosexuelle ni nettement hétérosexuelle, à la frontière de deux univers. Sans parler des intersexués, dont les organes génitaux sont difficiles ou même impossibles à définir comme mâles ou femelles, selon les critères habituels. Bienvenue dans le monde merveilleux de la sexualité humaine, où rien n’est jamais aussi simple qu’on le croit ou qu’on le voudrait. Une conversation avec Michel Dorais, sociologue de la sexualité, suffit à s’en convaincre. « Dans notre société, on est soit un homme, soit une femme. On est hétéro ou homo. Tout se passe comme si, en dehors de ces identités, il n’y avait pas d’autres choix, d’autres modèles. De plus en plus de chercheurs remettent en question cette vision binaire du monde », explique-t-il. Professeur à l’École de service social et auteur de nombreux ouvrages sur la sociologie des pratiques sexuelles, Michel Dorais prononcera une conférence sur le sujet le 5 février. Organisée par l’Association canadienne pour la santé mentale, la rencontre portera sur le défi d’être soi en ces temps où cela… ne va pas toujours de soi. « Parfois, cela ne prend pas grandchose pour se sentir différent, dit Michel Dorais. Dans une cour d’école, être un garçon aux manières un peu efféminées ou une fille à l’allure masculine peut s’avérer une expérience très difficile. Malgré les embûches, il faut se donner la permission d’être soi. »

À cet égard, la mission des adultes ne consiste pas à être des modèles mais bien des personnes inspirantes, bien dans leur peau et à l’aise avec leurs différences, le cas échéant. Être soi-même et s’aimer comme on est constituent le plus beau cadeau qu’on puisse faire à un ado, estime le sociologue. Relever le défi d’être soi dans un monde où la différence est suspecte n’est pas simple. La difficulté ne se limite pas à l’identité sexuelle. Les magazines de mode regorgent d’articles invitant les jeunes filles (le plus souvent) à trouver leur « style », tout en les incitant à suivre les canons de beauté en vigueur. « On parle beaucoup d’hypersexualité chez les jeunes mais jamais du même phénomène chez les vieux, souligne Michel Dorais. On clame partout qu’on doit rester séduisant durant toute notre vie. Pourtant, être soi, c’est aussi accepter de vieillir avec ses rides. Des rides d’expression dans le visage, cela peut tout simplement vouloir dire qu’on a beaucoup ri dans notre existence ! » Être soi-même, c’est aussi ne pas se sentir dévalorisé parce qu’on n’est pas engagé dans une relation amoureuse. Dans les chansons ou dans les téléromans en vogue, le message transmis tient en cette phase : « Je ne suis rien sans toi. » « Si tu n’as pas quelqu’un qui t’aime, c’est signe que tu ne vaux rien », résume Michel Dorais. Mais c’est d’abord en étant bien avec soi-même qu’on prend la chance d’être bien avec les autres. C’est aussi en cultivant notre différence et notre originalité qu’on prend la chance d’être attirant. Et ce, qu’on soit un homme ou une femme, homo ou hétéro, ou qu’on se trouve ailleurs dans l’infinie palette des couleurs identitaires. Mardi 5 février, à 19 h 30, au Centre communautaire Lucien-Borne (100, chemin Sainte-Foy). Entrée libre.

Dans notre société, on est homme ou femme, hétéro ou homo, comme s’il n’y avait pas d’autres choix.

Envie de sauter dans le vide ? Des gens sont là pour vous aider. Centre de prévention du suicide de Québec : 418 683-4588 ou 1-866-APPELLE. www.cpsquebec.ca

Prévenir le grand saut Des activités se dérouleront sur le campus pour souligner la Semaine nationale de prévention du suicide L’Université Laval a été le premier établissement québécois à offrir un réseau de sentinelles dans chacune de ses facultés. Ces employés, qui se trouvent en contact régulier avec les étudiants, sont formés pour détecter la détresse psychologique. En référant les jeunes désespérés aux services professionnels qui leur sont offerts, ils contribuent sûrement à empêcher que le pire se produise. Pour la 23e Semaine nationale de prévention du suicide, du 4 au 8 février, le comité responsable de cette question à l’Université organise une série d’activités sur le campus. Mardi midi se tiendra un atelier sur le thème « Comment assister une personne en détresse ». L’activité se tiendra avec Marie-Claude Bédard, du Centre de prévention du suicide de Québec (CPSQ), et Véronique Mimeault, du Centre d’aide aux étudiants de l’Université. Les intervenantes promettent des réponses à ceux qui se demandent comment intervenir quand on perçoit des signaux de désespoir dans son entourage. Elles expliqueront la situation et rassureront l’auditoire quant aux bons gestes à poser lorsqu’un proche avoue qu’il pense mettre fin à ses jours. En après-midi, le même jour, le Groupe gai de l’Université organise une table ronde sur

Discussion sur la violence homophobe et le suicide : mardi 5 février, de 15 h 30 à 17 h, à l’atrium JeanGuy-Paquet du pavillon les liens entre la violence Alphonse-Desjardins. homophobe et le suicide. Les invités sont Daniel Fradette, Colloque du Centre de conseiller à la vie spirituelle prévention du suicide de et communautaire au Bureau Québec : jeudi 7 février. de la vie étudiante, Louise Inscription auprès de Careau, psychologue au Maryse Mercier à Centre d’aide aux étudiants, accueil@cpsquebec.ca ou au et Marie-Claude Bédard, du 418 683-0933. Coût variant CPSQ. Ils discuteront des entre 80 $ et 95 $. enjeux et des solutions possibles pour briser le lien, malheureusement encore fort, entre l’homosexualité et les pensées noires. Pour leur part, les membres de l’Association des étudiants Mardi midi en psychologie ont décidé de se tiendra prendre au mot le thème de la semaine : « À l’Université un atelier Laval, on a à cœur d’agir pour sur le thème la prévention du suicide ». Pendant toute la journée, « Comment ils parcourront les pavillons assister une pour recueillir des dons destinés à la Fondation du CPSQ. personne en Enfin, la journée du jeudi détresse » 7 février sera consacrée au colloque de ce centre qui agit pour réduire le nombre de décès volontaires. Réunis au pavillon AlphonseDesjardins, des experts parleront des bonnes pratiques en matière de prévention du suicide et de promotion des saines habitudes de vie. Les participants doivent payer pour s’inscrire. Atelier « Comment assister une personne en détresse » : mardi 5 février, de 12 h à 13 h 30, au local 1883 du pavillon Ferdinand-Vandry.


14

garder la foi

le fil | le 31 janvier 2013

«

Ils ont développé des techniques différentes de soin comme le yoga, chaque personne devenant une thérapeute pour elle-même

Communier pour mieux vivre La religion et la spiritualité permettraient à des personnes atteintes de cancer de reprendre le contrôle de leur existence par Renée Larochelle Pour une personne venant de recevoir un diagnostic de cancer, la religion et la spiritualité seraient des outils importants pour reprendre le contrôle et la maîtrise de soi. Ils donneraient au malade un sentiment de pouvoir dans sa lutte pour guérir. Le recours aux pratiques religieuses et spirituelles peut prendre

plusieurs formes : assistance à la messe, pèlerinage dans un lieu saint, pratiques de méditation et de visualisation, communion étroite avec la nature. Toutes permettraient à la personne de s’engager activement à mieux vivre avec sa maladie. C’est ce qui se dégage d’une étude réalisée conjointement

par Nicolas Vonarx, anthropologue et professeur à la Faculté des sciences infirmières, et Shelley-Rose Hyppolite, médecin spécialiste en santé publique. L’étude a été réalisée à Québec, auprès de 7 femmes et 3 hommes âgés de 55 à 74 ans. Certaines personnes étaient en phase de rémission tandis que d’autres subissaient encore des traitements de chimiothérapie. Tous les répondants vivaient à leur domicile, où se déroulaient les entrevues d’une durée de deux heures. Au cours de ces rencontres, les répondants étaient invités à parler de leur

mode de vie et de leur vision du monde avant l’annonce de leur maladie. Ils étaient ensuite interrogés sur la place accordée à la religion et la spiritualité dans leur vie, après avoir su qu’ils étaient atteints d’un cancer. « Avant le diagnostic, un grand nombre de personnes s’étaient débarrassées de tout référent religieux et avaient rompu avec l’Église, souligne Nicolas Vonarx. Mais celles qui allaient déjà à la messe ont continué d’y participer, certaines avec plus d’assiduité. D’autres sont allées vers le bouddhisme ou l’hindouisme. Plusieurs se sont

plongées dans la lecture de livres écrits par des gens ayant vaincu la maladie, en espérant que la même chose leur arrive. Pour changer leur sort, certains ont sollicité Dieu, la Vierge Marie, le SaintEsprit, leur ange gardien. En complément de la biomédecine, ils ont développé des techniques différentes de soin comme le yoga, le Reiki et diverses pratiques méditatives. En somme, chaque personne a été une thérapeute pour elle-même. » L’expérience a occasionné un retour sur soi salutaire. Les participants ont affirmé comprendre qu’ils avaient

Semaine de prévention du suicide

À l’Université Laval, on a à cœur d’agir pour la prévention du suicide! Mardi le 5 février Le Comité de prévention du suicide à l’Université Laval vous invite à participer aux activités offertes dans le cadre de cette semaine : Collecte de fonds au profit de la Fondation du Centre de prévention du suicide de Québec Surveillez les bénévoles de l’Association des étudiants en psychologie qui parcourront les pavillons du campus pour recueillir vos dons! Pour effectuer un don en ligne, cliquez sur www.cpsquebec.ca/don-en-ligne

Mardi 5 février – Gratuit et sans inscription Atelier de sensibilisation à la problématique du suicide : comment assister une personne en détresse?

Mardi 5 février – Gratuit et sans inscription Panel de discussion* La violence homophobe et le suicide : enjeux et ressources

Jeudi 7 février

12 h à 13 h 30, pavillon Ferdinand-Vandry, local 1883. Cet atelier permettra de démystifier la problématique du suicide, mieux reconnaître les signes de détresse pouvant être lancés par des personnes de votre entourage, et savoir quoi faire si vous soupçonnez qu’une personne pense au suicide. De plus, les ressources d’aide disponibles seront présentées. Atelier animé par le Centre de prévention du suicide de Québec en collaboration avec le Centre d’aide aux étudiants de l’Université Laval.

15 h 30 à 17 h, Atrium du pavillon Alphonse Desjardins. Discussion animée par l’Association québécoise de prévention du suicide en collaboration avec le Groupe Gai de l’Université Laval, le Centre de prévention du suicide de Québec, le Comité de prévention du suicide à l’Université Laval, et le Bureau de la vie étudiante.

8 h 30 à 16 h 30, Le Cercle, pavillon Alphonse Desjardins. Inscription obligatoire (85 $-95 $ incluant repas) Pour information : Maryse Mercier accueil@cpsquebec.ca ou 418 683-0933

* Cette activité est organisée par le Groupe Gai de l’Université Laval (GGUL).

Les bonnes pratiques. Journée colloque du Centre de prévention du suicide de Québec

Pour information Centre d’aide aux étudiants 418 656-7987 www.aide.ulaval.ca

une part de responsabilité dans ce qui leur arrivait. L’un d’entre eux a souligné que le désir d’avoir toujours plus d’argent et de réussir n’était sans doute pas étranger à l’apparition de la maladie. Quelques répondants ont pointé du doigt leurs relations compliquées avec les autres qui leur avaient en quelque sorte empoisonné l’existence. Difficulté à s’affirmer, sentiment de vacuité : il n’en fallait pas plus, selon eux, pour que les cellules cancéreuses s’activent dans leur corps malade. La religion et la spiritualité sont reliées à une quête de sens. Et c’est bien à cela que sont confrontées les personnes atteintes de cancer, de souligner Nicolas Vonarx. Après avoir été submergé par un sentiment de désespoir et d’impuissance, le malade réalise qu’il dispose de certains pouvoirs de guérison. La religion et la spiritualité font partie des outils à utiliser pour faire face à cette triste musique. Avec le but ultime de redevenir le chef d’orchestre de sa vie.

4 au 8 février 2013 RESSOURCES D’AIDE EN CAS DE BESOIN Centre d’aide aux étudiants : 418 656-7987 Programme d’aide au personnel de l’Université Laval : 418 656-2131, postes 3741 et 3763 Centre de prévention du suicide de Québec (24/7) : 1-866-APPELLE


le fil | le 31 janvier 2013

Les adieux du stade Le stade couvert du PEPS accueillera début mars le dernier championnat de volleyball de son histoire Stéphane Jobin Le Championnat de volleyball masculin 2013 de Sport interuniversitaire canadien, présenté par Rogers du 1 er au 3 mars, marquera la fin d’une époque. Ce sera en effet la dernière fois que cet événement d’envergure se tiendra dans le stade couvert du PEPS. Les huit meilleures formations au pays se livreront bataille pour le trophée Tantramar, emblème de la suprématie au volleyball universitaire masculin canadien. Le Rouge et Or, hôte de l’événement, est déjà assuré de sa place dans le tournoi. Il tentera de mettre fin à la domination des équipes de l’Ouest, qui ont remporté le titre lors des 18 dernières saisons. La formation de l’Université Laval est d’ailleurs la dernière équipe à l’Est de Winnipeg à avoir enlevé la précieuse bannière nationale. C’était en 1994. Il s’agira du neuvième championnat national de volleyball à se dérouler au stade couvert. C’est après le tournoi masculin de 1999, présenté au PEPS, que l’idée de le déménager dans un plus grand espace avait surgi. Cette année-là, la brillante performance de la troupe de Pascal Clément, qui avait perdu la finale aux mains des

Huskies de la Saskatchewan, avait permis d’attirer tout près de 7 000 personnes en trois jours dans le grand gymnase du complexe sportif. L’automne suivant, on avait testé le stade couvert lors du traditionnel Challenge SSQ. L’expérience avait été suffisamment concluante pour qu’on décide d’y tenir le championnat canadien, en mars 2000. Depuis, quatre tournois masculins (2001, 2004, 2005 et 2008) et trois féminins (2002, 2003 et 2011) ont été présentés dans l’enceinte qui peut accueillir plus de 3 000 personnes. Le directeur du programme d’excellence Rouge et Or, Gilles Lépine, a vécu cette transition aux premières loges. « Je me souviens encore des yeux des gens quand ils sont entrés dans le stade couvert pour la première fois et qu’ils ont vu le montage qu’on avait préparé, racontet-il. Tout le monde était très impressionné. C’était la première fois à Québec qu’on tenait des matchs de volleyball dans un amphithéâtre aussi imposant. » Lui-même ancien étudiantathlète et entraîneur-chef, il se rappelle particulièrement de l’atmosphère électrisante qui régnait lors de la dernière édition du championnat

masculin à se tenir au PEPS, en 2008. Le Rouge et Or affrontait l’Université Thompson Rivers en quart de finale le vendredi soir. « Ça a été un point culminant des 10 dernières années, dit-il. Les gens ne cessaient d’entrer dans le stade, si bien que pour la première fois, on s’est vraiment demandé si on allait fermer les portes 30 minutes avant la partie. » Il note aussi le récent exploit de l’équipe féminine, qui a attiré quelques milliers de personnes en demi-finale contre Trinity Western en 2011, en route vers la finale canadienne. « Les Spartans

Les futurs matchs se tiendront au Super PEPS, ce qui demandera beaucoup moins de montage

avaient une équipe beaucoup plus imposante physiquement, explique-t-il. Mais l’appui de la foule avait été extraordinaire et avait soulevé nos joueuses, qui avaient réussi à remporter le match. » Même si le championnat à venir sera le neuvième e n 14 a n s , l e d é f i t e ch nique en reste un de taille. L’installation des loges, des gradins et de la surface de jeu demande encore une imposante planification. « Aménager les infrastructures dans le stade couvert exige une grosse logistique. Ça reste une préoccupation pour le comité organisateur et un beau défi, même si nous sommes habitués », soutient Gilles Lépine. Cet aspect se verra de beaucoup allégé à compter de l’an prochain. En effet, les futurs matchs se tiendront au Super PEPS, ce qui demandera beaucoup moins de montage. « Ça va être un tout autre niveau ! assure Gilles Lépine. Les amateurs de volleyball et les joueurs, surtout, pourront profiter d’un plafond plus haut. Ce sera un avantage majeur, puisque ça permettra d’allonger certains échanges. Et on ne parle pas des 3 300 places assises et des loges permanentes. Ça va augmenter le calibre du spectacle, il n’y a aucun doute. » Laissez-passer en prévente à la billetterie du Rouge et Or au tarif de 25 $ pour les étudiants et de 40 $ pour les adultes (30 $ et 50 $ à compter du 10 février). 418 656-PEPS

sports

15

en bref

Soccer jeunesse au PEPS.

Du badminton et du soccer à l’honneur Durant la semaine de lecture, les jeunes auront l’occasion de participer à l’un ou l’autre des camps sportifs du Rouge et Or qui se tiendront du 4 au 8 mars. Les 9 à 17 ans pourront perfectionner leur habileté au badminton et les 6 à 14 ans pourront plutôt consacrer leur relâche à l’apprentissage du soccer dans le nouveau stade TELUS-Université Laval. La supervision de ces camps se fera sous l’œil expérimenté d’étudiants-athlètes et d’entraîneurs des équipes du Rouge et Or. Il est possible d’inscrire votre jeune pour la semaine entière ou pour seulement deux ou trois jours, et ce, avant le 22 février à 16 h. Téléchargez le formulaire d’inscription au www.peps.ulaval.ca, onglet Programmation x–section Activités jeunesse, Camp de soccer/badminton de la relâche.

Sept façons d’être zen Durant les mois de février, mars et avril, le PEPS offre à nouveau sept styles de yoga sous forme d’ateliers. Essayez-les ! Respectez vos limites et abordez l’activité dans un état d’esprit calme et ouvert. Profitez de ces différents moments pour vous détendre et retrouver la forme. Pour plus d’information sur ces ateliers, consultez la section des cours de yoga au www.peps.ulaval.ca. Apprendre à méditer

Samedi 23 février de 14 h à 16 h

Yoga duo

Vendredi 29 mars de 18 h à 20 h Vendredi 12 avril de 18 h à 20 h

Yoga ballon

Vendredi 22 mars de 18 h à 20 h

Préparation à l’accouchement

Vendredi 5 avril de 18 h à 20 h 30

Yoga son et mudras

Mardi 16 avril de 12 h à 13 h 30

Automassage et relaxation

Mercredi 17 avril de 12 h à 13 h 30

Yoga et méditation guidée

Jeudi 18 avril de 12 h à 13 h 30

Du basketball pour les assos Beaucoup d’ambiance est à prévoir jeudi prochain alors que le club de basketball Rouge et Or tiendra sa traditionnelle soirée des associations étudiantes. À l’occasion de la visite des Martlets et des Redmen de l’Université McGill, les étudiants membres des différentes associations du campus sont invités à assister à cette rencontre. Les 100 premiers spectateurs à se présenter recevront un t-shirt du Rouge et Or. Comme c’est l’habitude, sur présentation de la carte étudiante, votre entrée vous coûtera 5 $ et vous recevrez une consommation gratuite. De nombreux concours et prix de présence agrémenteront cette soirée de basketball.

La dernière fois que l’Université Laval a accueilli le Championnat canadien de volleyball masculin, c’était en 2008. Plus de 3 000 personnes avaient assisté au match d’ouverture. photo Rouge et Or

Jeudi 7 février dans le grand gymnase du PEPS. Pour information, communiquez avec votre association étudiante ou la billetterie du Rouge et Or au 418 656-PEPS.


16

au fil de la semaine

le fil | le 31 janvier 2013

Que faire pour protéger nos hivers ? Le Sommet de l’hiver, qui commence aujourd’hui et se poursuit jusqu’au 3 février, présente demain une table ronde dont le sujet est en phase avec nos préoccupations actuelles : quelles sont les solutions privilégiées par la communauté scientifique pour faire face à la présente crise climatique ? Cinq invités en débattront dont deux professeurs de l’Université : Thierry Rodon, titulaire de la Chaire sur le développement durable du Nord, ainsi que Warwick Vincent, directeur scientifique du Centre d’études nordiques. Le tout sera animé par le communicateur Thomas Gervais, de l’émission Le Code Chastenay. Le Sommet de l’hiver est organisé par la Fondation David-Suzuki. Il vise à sensibiliser les Québécois aux répercussions des changements climatiques sur nos hivers et notre culture. Vendredi 1er février de 11 h 30 à 13 h, à la salle Jean-PaulTardif du pavillon La Laurentienne. Inscription requise au www.davidsuzuki.org/sommetdelhiver.

01/02 01/02

03/02

04/02

06/02

06/02

Concert intime Tissu urbain et Rêver l’ère émissions de GES avec Robert, postcapitaliste Clara et Johannes

L’art figuratif et Trop Gros Jam abstrait des Innus

Si vous voulez comprendre, chiffres à l’appui, à quel point la mobilité des personnes est liée à la forme urbaine et aux profils sociodémographiques des ménages, il faut assister à la conférence que donnera à ce sujet François Des Rosiers. Ce professeur en finance, assurance et immobilier est un spécialiste de la modélisation statistique et des systèmes d’information géographique. Il démontrera à quel point l’augmentation de la densité du tissu urbain contribue à la réduction des GES, tout comme le revenu et la taille des ménages. Cette communication est organisée par le Centre de recherche en aménagement et développement.

Les communautés innues de Mashteuiatsh et d’Uashat Mak Mani-Utenam ont créé des œuvres intrigantes de la préhistoire jusqu’à l’époque coloniale. Qu’est-ce que leur iconographie a de singulier ? C’est ce que Carole Charrette a voulu savoir. La stagiaire postdoctorante au Département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal a élaboré un lexique visuel des langages graphiques et symboliques de la nation innue. Elle viendra témoigner de sa recherche lors de sa conférence « L’iconographie autochtone, un véhicule de transmission de la culture » qu’elle donnera mercredi. Cette activité fait partie des midis-recherche présentés par le Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions.

Vendredi 1er février à 12 h, au local 1613 du pavillon Félix-Antoine-Savard.

C’est demain que s’amorce une série de quatre concerts de musique de chambre à la salle Henri-Gagnon. Ces représentations marquent le point culminant des deux semaines de travail intensif réalisé par des élèves sous la supervision des membres du quatuor Arthur-Leblanc. Le concert de dimanche entremêle les œuvres de trois compositeurs qui ont entretenu de solides liens d’amitié et d’amour : Clara et Robert Schumann ainsi que Johannes Brahms. Au programme, deux œuvres de Clara Schumann (Trio en sol mineur pour piano, violon et violoncelle op. 17 ainsi que Trois Romances pour piano et violon, op. 22), des lieder de Brahms ainsi que deux mouvements de la Sonate F-A-E dédiée à Clara et composée par son mari et Brahms. Dimanche 3 février à 14 h, à la salle Henri-Gagnon du pavillon Louis-JacquesCasault. Entrée gratuite.

L’association Cinéma Politica de l’Université, qui fait la promotion du cinéma indépendant à saveur politique, présente son deuxième film de la session d’hiver. Il s’agit du docufiction Les Sentiers de l’Utopie. L’artiste activiste John Jordan et la chercheuse indépendante Isabelle Frémeaux ont réalisé cette œuvre après un périple de 7 mois dans 11 communautés d’Europe. Ils y visitent des usines occupées en Serbie, une ferme ayant aboli la propriété privée ainsi qu’un camp installé illégalement par des anarchistes aux abords de l’aéroport Heathrow, en Angleterre. Le voyage nous mène à la rencontre de rebelles qui ont choisi de vivre librement dans les interstices du système dominant. Un autre monde serait-il possible ? Lundi 4 février à 19 h, au local 3850 du pavillon Alexandre-Vachon. Entrée gratuite.

Mercredi 6 février de 11 h 30 à 13 h, au local 5172 du pavillon Charles DeKoninck.

En plein cœur de la Semaine du développement international, une soirée et un souper multiculturels rassemblent les étudiants provenant des associations du campus. Ce Trop Gros Jam commencera par une dégustation de plats provenant de plusieurs pays pendant laquelle les convives pourront battre du pied au son des rythmes endiablés d’une troupe de danse burundaise. Suivra une performance du groupe haïtien Chay Nanm suivie de celle du groupe de musique traditionnelle Les Chauffeurs à pieds. Réjouissant party en perspective.

07/02

Voisinage et cousinage à Montréal au 19e siècle La professeure au Département de géographie de l’Université McGill Sherry Olson est de passage jeudi à l’Université Laval pour parler de l’espace urbain de Montréal et de sa morphologie au 19e siècle. Durant sa conférence, elle parlera des micro-espaces de la ville – façades, ruelles et escaliers – qui favorisaient une culture de proximité et encourageaient les uns et les autres à s’apprivoiser. Le Centre interuniversitaire d’études québécoises est l’instigateur de cette activité.

Mercredi 6 février à 19 h à la cafétéria du pavillon Jeudi 7 février à 12 h, au Alphonse-Desjardins. Les local 3244 du pavillon billets sont au coût de Charles-De Koninck. 10 $ au Bureau de la vie étudiante (local 2344 du pavillon Desjardins) et auprès d’AGIR International (local 0117 du pavillon PaulComtois).

Consultez le calendrier complet des activités sur le campus à ulaval.ca


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.